Guide Retraitement Des Anciennes Chaussées Aux LHR Version Finale 29 Avril 2016
Guide Retraitement Des Anciennes Chaussées Aux LHR Version Finale 29 Avril 2016
Guide Retraitement Des Anciennes Chaussées Aux LHR Version Finale 29 Avril 2016
I.1 Principe 8
II.2 La fragmentation 12
II.7 Finition 15
III.1 Epandeur 17
III.3 Compacteur 18
Guide technique 2
IV.2 Caractérisation des matériaux en place 24
CHAPITRE V : DIMENSIONNEMENT 28
Guide technique 3
INTRODUCTION
Pour construire ou entretenir un réseau routier, il est indispensable de mobiliser des quantités
importantes de matériaux naturels ou traités avec un liant comme le bitume pour faire des graves-
bitume, ou le ciment pour faire des graves-ciment.
Toutefois, il est possible de limiter ces impacts cités précédemment moyennant une alternative aux
solutions traditionnelles : le recyclage et la valorisation des matériaux présents dans la chaussée.
La technique de retraitement en place à froid des chaussées dégradées constituent l’une des
techniques de recyclage.
Cette technique consiste à créer, à partir des matériaux d’une chaussée dégradée, une structure
ayant des performances adaptées au trafic à supporter. Il s’agit d’incorporer au matériau in situ un
liant hydraulique lui permettant d’améliorer ses performances et son homogénéité.
Le présent guide synthétise l’ensemble des connaissances et des règles de l’art de la technique de
retraitement en place à froid aux liants hydrauliques routiers, et est composé de cinq chapitres :
Chapitre I : Technique de retraitement en place à froid des anciennes chaussées aux LHR–
Principe, domaine d’emploi et avantages
Chapitre V : Dimensionnement
Guide technique 4
Comment ce guide a-t-il été élaboré ?
Le présent guide s’inscrit dans le cadre d’un projet intitulé « LHR-Maroc ». Ce projet a été proposé
en tant qu’action d’intérêt général par le CETEMCO lors d’un appel à projets de développement
lancé en juin 2014 par le Ministère de l’Industrie, dans le cadre du Fonds d’Appui aux Centres
Techniques (FACET).
Le projet LHR a été piloté par Kenza BAMMOU, Directeur technique du CETEMCO, et réalisé par
Imane GHATTAS et Mohamed EL MOUSTIT, ingénieurs, avec l’appui technique des experts Joseph
ABDO (Cimbéton), Serge KRAFFT (Eiffage Travaux Publics) et Tarik JORDANE (GTR).
Le guide a été préparé par l’équipe CETEMCO sous la supervision de Serge KRAFFT et Marc PELCE.
La validation a été faite par la profession cimentière.
Le contenu de ce guide est inspiré du guide établi par Cimbéton sur la technique de retraitement
des anciennes chaussées.
Guide technique 5
L’INDUSTRIE CIMENTIERE AU MAROC
L’activité cimentière au Maroc est une activité structurée et répartie sur l’ensemble du territoire
national. Ce secteur compte 12 unités cimentières ayant une capacité installée de 21 millions de
tonnes et 3 centres de broyage (voir la carte ci-dessous), et réalise un chiffre d’affaires de 15
milliards de Dirhams.
Les usines cimentières font l’objet continuellement d’importants travaux de mise à niveau
technologique, visant notamment l’optimisation de la production, l’amélioration des performances
et la protection de l’environnement. Elles bénéficient toutes des technologies modernes et d’un
système de management performant.
L’industrie cimentière marocaine contribue à la création de 2600 emplois directs et 3100 emplois
indirects, et compte une masse salariale de 1 milliard de Dirhams. Le professionnalisme du
personnel et l’appui des partenaires européens qui se situent parmi les groupes cimentiers les plus
importants dans le monde sont les garanties certaines de la qualité des produits.
Guide technique 6
CHAPITRE I : Technique de retraitement en
place à froid des anciennes chaussées aux
LHR– Principe, domaine d’emploi et avantages
Guide technique 7
I.1 Principe
Lorsqu'une chaussée n'a plus la qualité d'usage souhaitée, la méthode traditionnelle consiste à
effectuer un entretien ou une réhabilitation par apport de matériaux supplémentaires pour réaliser
selon les besoins de nouvelles couches de surface, une nouvelle couche de base ou de fondation.
Le retraitement en place à froid des chaussées aux liants hydrauliques routiers est une technique
destinée à reconstruire une nouvelle structure homogène à partir d’une structure existante. Elle
consiste à réutiliser les matériaux de la chaussée usée, dégradée sur une épaisseur allant de 15 à
30 cm généralement, en les mélangeant in situ au liant hydraulique routier jusqu’à l’obtention d’un
matériau homogène et performant. Une couche de roulement adaptée au trafic est ensuite
appliquée.
Un liant hydraulique routier est un produit fini, fabriqué en usine et distribué prêt à l'emploi. Il se
présente sous forme d'une poudre minérale qui, mélangée avec de l'eau, forme une pâte faisant
prise et durcissant progressivement, aussi bien à l'air que sous l'eau.
Les liants hydrauliques routiers utilisés confèrent aux matériaux traités, en présence d’eau, une
cohésion permanente dénommée « prise hydraulique », dont l’importance et la qualité
dépendent de :
Les principes d'action des liants hydrauliques routiers ne sont pas fondamentalement différents de
ceux des ciments car on y retrouve, avec des proportions différentes, des phénomènes de prise
hydraulique de même nature, mais le plus souvent avec des cinétiques spécifiques.
Guide technique 8
Reprofilage de la chaussée à retraiter ;
Ajout de matériaux pour correction granulaire ;
Ajout de matériaux;
Apport de liants hydrauliques sous forme pulvérulente ou sous forme de suspension (eau
liant hydraulique) ;
Fragmentation de l’ancienne chaussée ;
Malaxage des matériaux et du liant avec apport d'eau.
Après ces travaux, les opérations qui suivent ne sont pas spécifiques à la technique de
retraitement (réglage, compactage, couche de cure… etc.)
Toutes les structures routières, notamment les routes nationales, les autoroutes, les routes
aéroportuaires, régionales et provinciales peuvent être entretenue moyennant cette technique
La technique du retraitement en place des chaussées dégradées aux liants hydrauliques routiers
présente des avantages sur les plans technique, économique, écologique et environnemental.
Le retraitement en place des chaussées permet la valorisation des matériaux existant en place,
d’où une économie de granulats, de transport, et une moindre sollicitation du réseau adjacent lors
d’un apport de nouveaux matériaux. La technique présente un bon comportement par temps
chaud sans déformation ni orniérage et résiste bien aux cycles gel dégel grâce à la rigidité du
matériau et à l’effet de dalle induit.
Les réalisations ont montré également que la technique de retraitement en place permet de
s'adapter plus facilement aux contraintes d'exploitation comparativement à une technique de
rechargement (durée d'intervention sur chaussée plus courte).
La technique du retraitement en place à froid est rapide, ce qui est source d’économie d’énergie et
une moindre gêne pour les usagers. Elle valorise les matériaux du site, réduit l’apport des
granulats et évite le rehaussement excessif des accotements.
Cette technique permet également de préserver le réseau routier au voisinage du chantier grâce à
la réduction du tonnage de granulats.
Guide technique 9
I.3.3 Sur les plans écologique et environnemental
Le travail à froid réduit la pollution et le rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, il permet
aussi d’économiser l’énergie en diminuant les quantités de matériaux à transporter, à mettre en
décharge et de minimiser la fatigue du réseau routier adjacent, ainsi que les impacts indirects
(nuisances sonores, olfactives, hygiène et sécurité, etc.). Le retraitement à froid permet également
une préservation des ressources naturelles non renouvelables (carrières, ballastières) en valorisant
les matériaux en place.
La limite d'emploi est la dimension maximale (D) du plus gros élément du matériau disponible qui
doit être inférieur à 63 mm. Sont donc exclues, les chaussées rigides (en béton) ou pavées, sauf si
des techniques de fracturation préalable permettent de respecter la règle concernant le D.
Dans certains cas rares, la présence de matières inhibiteurs de prise ou pouvant générer des
gonflements, notamment les nitrates et les sulfates, empêche l’utilisation de cette technique. Les
études de laboratoire sont indispensables pour mettre en évidence la présence de ces matières.
Guide technique 10
CHAPITRE II : Etapes de mise en œuvre de la
technique
Guide technique 11
Le recours à la technique du retraitement en place à froid au ciment ou au liant hydraulique routier
intègre différentes opérations :
Pour minimiser le pourcentage des matières organiques dans le mélange, il est indispensable de
nettoyer la surface à retraiter avant le début des travaux. Lorsqu’au moins de 10% des graviers
présents sont supérieurs à 63mm, il est nécessaire de concasser le matériau à l’aide d’une unité de
broyage mobile.
Des matériaux d’apport sont posés sur la couche à retraiter lorsqu’il faut :
II.2 La fragmentation
Suivant la dureté des matériaux rencontrés, il est nécessaire de changer plus ou moins
fréquemment les outils du rotor de fraisage.
Guide technique 12
Figure 1 : vue générale d’une fraiseuse en action – source : Cimbéton
Il s’agit d’épandre le liant hydraulique routier sur les matériaux de la chaussée, en respectant la
quantité définie dans l’étude de formulation. Pour ce faire, la chaussée devra être quadrillée.
Chaque carré définit la surface sur laquelle un sac complet doit être répandu.
La qualité de l’épandage du liant est déterminée par les caractéristiques de l’épandeur utilisé (cf.
coefficient LTV paragraphe III.4. Critères de performances du matériel page 18).
Guide technique 13
Figure 2 : épandage du liant – source : Cimbéton
L’apport d'eau doit être réalisé lors du malaxage des matériaux. La quantité d’eau ajoutée est
maîtrisée grâce à une pompe volumétrique asservie à la vitesse de translation de la machine.
Le malaxage consiste à mélanger intimement les matériaux, l’eau et le liant hydraulique routier.
L’obtention sur le chantier des performances obtenues en laboratoire dépend de la finesse de la
mouture, de l’ajout de la quantité nécessaire et suffisante d’eau et de l’homogénéité du mélange
(cf. coefficient HEPIEl paragraphe III.4. page 18).
Guide technique 14
II.5 Compactage et nivellement
Le compactage est réalisé par de puissants rouleaux lisses vibrants. Le résultat du compactage est
évalué par la masse volumique sèche qui doit égaler au moins 95 % de la valeur de l’optimum
Proctor.
Comme pour toutes les couches de chaussées en matériaux traités au liant hydraulique, le réglage
est réalisé en deux étapes. Un premier nivellement est effectué à la niveleuse juste derrière
l’atelier de recyclage. Cette opération est suivie d’un premier compactage. La couche est ensuite
recoupée à la niveleuse de façon à obtenir l’altimétrie souhaitée. Le compactage final est ensuite
réalisé pour obtenir les compacités requises.
Immédiatement après la fin du compactage, un enduit de cure doit impérativement être réalisé sur
l’ensemble de la couche traitée au liant hydraulique. Cette opération indispensable évite la
dessiccation de surface.
Pour avoir une fondation stabilisée, il est indispensable d’assurer une bonne protection contre la
dessiccation en posant une couche d’asphalte de surface pour les routes à faible trafic. Quant aux
forts trafics, pour éviter les remontées des fissures, la pose de joints dans la fondation est
nécessaire.
II.7 Finition
Sur la nouvelle assise de la chaussée, on applique une couche de surface ou d’autres couches de
chaussée (couche de cure) destinées à protéger la couche retraitée des intempéries, de
l’évaporation de l’eau et du trafic.
Guide technique 15
CHAPITRE III : Matériels de retraitement
Guide technique 16
La technique de retraitement fait appel à une variété de matériels. Il y a des matériels spécifiques
à la technique de retraitement en place à froid aux liants hydrauliques routiers, et il y a des
matériels utilisés même dans les travaux routiers traditionnels tels que la niveleuse et le
compacteur.
III.1 Epandeur
L’épandeur est un engin permettant d’épandre la quantité de liant hydraulique routier nécessaire
sur les matériaux de la chaussée objet du retraitement. Il dispose d’un système de dosage asservi
à la vitesse d’avancement de l’engin et permet par conséquent de maîtriser avec plus ou moins de
précision et d’homogénéité la quantité de liant à épandre par mètre carré de chaussée.
Il existe des épandeurs à dosage pondéral, où la vidange du liant est assurée par l’intermédiaire
d’une vis d’extraction et contrôlée par un dispositif de pesage, et d’autres à dosage volumétrique.
On peut juger la performance d’un épandeur par son aptitude à répartir le liant d’une manière
précise et homogène. Cette performance est mesurée à partir des coefficients LTV détaillés dans le
paragraphe « III.4.
Dans le cas d’un trafic faible et pour des petits chantiers, le retraitement peut être effectué par les
machines agricoles (rotobêche ou charrue à disque). A noter qu’il ne sera alors presque impossible
de retrouver les performances obtenues lors de l’étude de laboratoire.
Guide technique 17
Le matériel de reconditionnement des chaussées : un matériel spécifique, de conception récente et
intégrant, en un seul bloc, toutes les opérations de retraitement des anciennes chaussées qui sont
effectuées en continu, sans intervention manuelle, depuis le défonçage de la chaussée jusqu’au
compactage. Ce matériel, doté d’un malaxeur longitudinal, permet l’obtention d’une
bonnehomogénéitébonne homogénéité transversale du matériau retraité.
La performance des machines de retraitement sont testées à partir des critères HEPIE l détaillés
dans le paragraphe « III.4. Page 18.
III.3 Compacteur
Après l’obtention d’un compactage régulier on fait appel à une niveleuse pour régler la chaussée à
la cote souhaitée.
Un compacteur à cylindre lisse passe ensuite pour compacter la partie supérieure de couche
retraitée. Un dernier compactage est réalisé à l’aide d’un compacteur à pneus.
Guide technique 18
III.4 Critères de performances du matériel
Le niveau de qualité de retraitement que le maitre d’œuvre peut supposer dans le cadre d'un appel
d'offre ou accepter dans le cadre d’une variante est fixé en fonction de la nouvelle assise dans la
chaussée (couche de fondation ou de base ou de liaison).
Cas de chantier
Qualité de
Fonction de la retraitement
Classe de trafic
couche retraitée
Liaison ou base T > TPL4 R1
Liaison ou base T < TPL4 R1 (R2 admise)
Fondation Tous trafics R1 (R2 admise)
Tableau 1: choix de la qualité de retraitement en fonction du chantier
El: la possibilité de doser un liant sous forme liquide (Eau + liant hydraulique).
Critère 3 2 1
Guide technique 19
Homogénéisation dans
Homogénéisation dans Homogénéisation très
H le sens transversal et
l’épaisseur traitée limitée
dans l’épaisseur traitée
Coefficient de variation
de l’épaisseur < 5% Coefficient de variation Coefficient de variation
E
avec une fonction de l’épaisseur ≤ 5% de l’épaisseur > 5%
supplémentaire
P ≥ 70 kW/ml 35 < P < 70 35 kW/ml
Liquide dans la
chambre de malaxage
possible Pas de possibilité
Liquide dans la
+ plage de débit d’injecter un liquide
I chambre de malaxage
suffisante dans la chambre de
possible
+ largeur variable malaxage
+ asservissement de la
vitesse
Dosage du liant sous
forme liquide Dosage du liant sous Dosage du liant sous
+ asservissement à la forme liquide forme liquide sans
El
translation + asservissement à la asservissement à la
+ pesée des translation translation
constituants
Tableau 2 : critères de qualification des matériels de retraitement HEPIEl
Critère 3 2 1
La performance de l’épandeur selon les critères LTV est testée sur chantier comme suit :
Des bâches en caoutchouc ou des bacs métalliques de dimensions respectives 1,00 x 1,00 m et
0,50 x 0,50 m sont disposés selon un maillage précis sur la chaussée objet de retraitement avant
le passage de l’épandeur. Ensuite le liant déposé dans ces bacs ou bâches est pesé.
Guide technique 20
3 2 1
H * x
E * x
Malaxeur P x x
I x x
El x x
L x x
Epandeur T ** **
V ** **
Tableau 4: matériels nécessaires pour une qualité de retraitement R1
: accepté
* : accepté si T = 3 et V = 3
** : accepté si H = 3
x : refusé
3 2 1
H
E
Malaxeur P
I x
El x
L x
Epandeur T ** **
V ** **
Tableau 5: matériels nécessaires pour une qualité de retraitement R2
: accepté
** : accepté si H = 3
x : refusé
Guide technique 21
CHAPITRE IV : Etudes techniques
Guide technique 22
Il est indispensable d’effectuer une étude préalable avant de réaliser une opération de
retraitement en place de chaussée. Cette étude doit servir à identifier les caractéristiques du
matériau traité, en partant des éléments constituants (les matériaux présents sur chantier, les
éventuels corrections granulométriques, le liant hydraulique routier, les conditions de mise en
œuvre).
Le diagnostic vise à déterminer les causes probables des dégradations constatées et à définir des
zones homogènes à retraiter. Il est basé sur :
Les sondages permettent de visualiser la nature des matériaux par couche, et de prélever ces
matériaux pour caractériser leur état hydrique, leur nature granulométrique et leur argilosité, afin
de confirmer la faisabilité technique du traité.
Les sondages doivent être réalisés sous forme de tranchées à la pelle mécanique ou moyennant
une fraiseuse, avec une fréquence d’un sondage par 500 mètres au minimum, voire moins dans le
cas d’une chaussée hétérogène.
Lors des prélèvements, il faut passer le matériau prélevé au tamis de 63 mm. Le passant au tamis
63 mm est conservé et transporté au laboratoire pour analyse. La quantité de matériau nécessaire
est de 100 kg par sondage.
Guide technique 23
IV.2 Caractérisation des matériaux en place
Pour caractériser les matériaux de la chaussée existante, il est indispensable de réaliser les essais
permettant leurs caractéristiques précises :
La courbe granulométrique donne des premiers indices sur le comportement du matériau à traiter,
leur sensibilité à l’eau et sur l’éventuelle nécessité d’utiliser un matériau correcteur.
Le comportement des matériaux dont le passant à 80 µm est supérieur à 35% doivent être
considéré comme régi par le comportement de cette fraction fine (≤ 80 µm), dont il restera à
déterminer son argilosité.
Les matériaux dont le passant à 2 mm est supérieur à 70 % doivent être considérés comme des
matériaux sableux. En deçà de ce pourcentage, ils seront considérés comme des matériaux
graveleux.
Un autre indicateur du comportement est le positionnement de la courbe granulométrique des
matériaux à traiter dans le fuseau définit par la norme NF EN 13-285 sur les graves non-traitées. A
ce stade de l’étude, il peut-être envisagé l’emploi d’un matériau correcteur pour rentrer dans ce
fuseau.
L’argilosité d’un matériau peut être appréhendée soit par son indice de plasticité (IP– NM 13.1.012
/ NM 13.1.007) ou par sa valeur au bleu (VBS – NF P 94-068). Le matériau est considéré comme
faiblement argileux si IP ≤ 12 ou VBS ≤ 0,8.
Lorsque les matériaux à traiter sont argileux (IP>12 ou VBS>0,8), il presque toujours nécessaire
de faire un prétraitement des matériaux à la chaux afin d’annihiler l’action des argiles.
La teneur en eau naturelle des matériaux (Wnat) et la teneur en eau à l’Optimum Proctor Modifié
(WOPM) permettent de définir l’état hydrique des matériaux (très sec, sec, moyen, humide, très
humide).Ces données permettent aussi de calculer la quantité d’eau à ajouter pour réaliser la mise
en œuvre dans des conditions optimales.
La densité à l’optimum Proctor modifié doit être utilisée comme référence pour définir le niveau de
compactage des matériaux traités, tant au niveau de la confection des éprouvettes que de la mise
en œuvre sur le chantier.
L’aptitude au traitement des matériaux (NF P 94-100) est un essai qui a pour but de s'assurer que
le matériau traité avec de la chaux et/ou un liant hydraulique aura une stabilité dimensionnelle
(pas de gonflement) et développera une prise hydraulique satisfaisante. En effet, la présence
éventuelle d’éléments indésirables (sulfure, sulfate, nitrate, matières organiques…etc.) est
susceptible de perturber cette prise et/ou de provoquer des gonflements.
Guide technique 24
Après malaxage, le mélange doit être stocké en sacs étanches pendant 60 min. Les éprouvettes
doivent alors être confectionnées et la détermination de l'indice faite moins de 90 min après la fin
du malaxage.
La résistance après immersion du sol traitée st le rapport des résistances moyennes d’au moins 3
éprouvettes immergées 28 jours dans l’eau (Ri) et de 3 autres conservées 28 jours dans un sac
hermétique (R). Les 6 éprouvettes doivent être confectionnées à partir de la même gâchée en
utilisant la même méthode de confection. La résistance après immersion des matériaux traités doit
satisfaire les exigences minimales suivantes :
La connaissance des caractéristiques mécaniques des matériaux traités est indispensable pour
réaliser le dimensionnement de la chaussée (cf. CHAPITRE V : page 28).La détermination de ces
caractéristiques n’est pas réalisable pour les sols fins. La confection des éprouvettes (dimensions,
élancement, mode de compactage) est définie dans la norme NF P 98-114-3 de mai 2009 :
Ø5 x h5
Ø5 x h10
Matériaux Ø10 x h10 ρde = 97% ρOPM
Par vibrocompression
sableux Ø10 x h20 We = WOPM
ø16 x h16 (EN 13286-52)
ou compression axiale
ø16 x h321
(EN 13286-53)
Matériaux Ø16 x h16 ρde = 98,5% ρOPM
graveleux Ø16 x h322 We = WOPM
Tableau 8 : confection des éprouvettes
Les performances mécaniques à long terme sont mesurées conformément aux normes :
EN 13286-43 pour le module ;
EN 13286-40 pour la résistance en traction directe ;
EN 13286-42 pour la traction indirecte.
1
2
Les éprouvettes de dimensions Ø16 x h32 doivent être privilégiées pour permettre l’installation aisée des
dispositifs de mesurage des déformations pour la détermination du module selon EN 13286-43.
Guide technique 25
IV.3 Etude de formulation
L’étude de formulation vise à déterminer le dosage optimal en liant hydraulique routier. Elle
consiste à déterminer la composition granulaire du mélange et à évaluer ses performances
mécaniques.
E60/E360 = 0,80
Avec:
On peut aussi réaliser un essai de traction indirecte en adoptant la règle Rt = 0,8 Rtb dans le cas
où le pourcentage des matériaux bitumineux ne dépasse pas 20% du mélange, avec Rtb : la
résistance à la traction indirecte.
Ainsi, il est nécessaire d’établir une analyse économique et environnementale afin de prendre des
décisions pertinentes et rapides quant aux choix des techniques d'entretien des structures
routières.
Guide technique 26
IV.4.2 Etude de comparaison environnementale
Cette étude traite principalement les volets suivants :
Guide technique 27
CHAPITRE V : Dimensionnement
Guide technique 28
La méthode consiste à évaluer le trafic cumulé, la portance du sol support, les caractéristiques des
matériaux envisagés et le dimensionnement proprement dit.
Cette méthode développée dans le présent chapitre concerne les trafics supérieurs à TPL4.
Le trafic est exprimé en nombre moyen journalier de poids lourds de plus de 8 tonnes en charge
sur les deux sens de circulation selon le Catalogue Marocain des structures types de chaussées
neuves.
Nbre journalier
0à5 5 à 50 50 à 125 125 à 250 250 à 325 325 à 450
de PL > 8T
Tableau 9: classes de trafic selon le Catalogue Marocain des structures types de chaussées neuves
D’après le Catalogue Marocain des structures types de chaussées neuves, pour les chaussées à
fort trafic, les risques calculés devront être moindres, la durée de vie prise en compte sera plus
courte (10 ans).
offrent pour une légère surépaisseur une durée de vie fortement augmentée ;
entraînent un entretien onéreux et lourd dès que nécessaire.
C’est pourquoi, il est conseillé d’adopter une durée de vie longue (15 à 20 ans) pour ces
structures. Cependant, dans les cas des chaussées semi-rigides, une solution de structure à durée
de vie courte est présentée en option.
Le taux d’accroissement des poids lourds est pris égal à 4% selon le Catalogue Marocain des
structures types de chaussées neuves.
Conformément au catalogue Marocain des structures types pour les chaussées neuves, l’agressivité
du trafic est déterminée selon le tableau suivant :
Guide technique 29
Structure TPL1 TPL2 TPL3 TPL4 TPL5 TPL6
Le tableau suivant indique les valeurs minimales à retenir pour les classes de trafic :
Pour le dimensionnement, les caractéristiques des matériaux traités sont identifiées parla
contrainte de rupture par traction et flexion pour à un million de cycles et le module d’élasticité.
Deux cas se présentent :
Le trafic T > TPL4 : les valeurs sont déterminées à partir de l’étude de formulation en utilisant les
formules :
Guide technique 30
Le trafic T≤TPL4 : les valeurs sont données par le tableau suivant :
Un matériau traité est classé M1s’il satisfait les deux conditions suivantes :
Les niveaux de qualité de retraitement R1 et R2 sont détaillés dans le chapitre III, paragraphe 4.
D’autres paramètres de dimensionnement sont à prendre en compte, telle la dispersion sur les
résultats en fatigue, la pente de la courbe de fatigue, la dispersion sur l’épaisseur Sh. Ces données
peuvent être prises égales aux valeurs indiquées sur le tableau suivant :
Pour que le dimensionnement avec le logiciel ALIZE soit valide, il suit que cette contrainte et cette
déformation doivent être inférieures aux valeurs admissibles pour chaque matériau.
Guide technique 31
V.6 Exemple de dimensionnement réalisé
Le tronçon objet d’étude est un tronçon situé à la route régionale 409 à Sidi Slimane (au Pk 20).
Les conditions de cette chaussée sont détaillées sur le tableau suivant :
Plaine du Gharb
Nature géologique
Série épaisse de marnes bleues
Environnement climatique Zone semi humide et stable (zone 1)
Pluviométrie moyenne
400 à 600 mm
annuelle
Sollicitations Trafic de classe TPL4
-Déformation du profil en travers
-Ressuage
Etat actuel de la chaussée
-Arrachements importants du revêtement
-Couche de base B2 (non satisfaisante)
Tableau 14: conditions de la chaussée
Les matériaux en place sont des matériaux de type B3 selon le classement GTR.
Pour déterminer le dosage optimal nécessaire à l’obtention des caractéristiques mécaniques ciblées
du mélange matériaux - LHR, trois formules ont été réalisées :
Formule 1 : 4% de LHR
Formule 2 : 5% de LHR
Formule 3 : 6% de LHR
Guide technique 32
Le tableau ci-dessous récapitule les résultats obtenus.
4% 5% 6%
0,70
0,60
0,50
0,40
Rt,360 moy.(Mpa)
Rtb,28 (Mpa)
0,30
Rt,360 (Mpa)
Objectif
0,20
0,10
0,00
0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7%
Ainsi, pour la suite du dimensionnement, nous proposons de retenir un dosage de 5%de liant
hydraulique routier.
Guide technique 33
V.6.2 Hypothèses de dimensionnement
Trafic
Le trafic prévisionnel est de classe TPL4 (125 à 250 PL/jour). Il est exprimé en nombre moyen
journalier de poids lourds de plus de 8 tonnes en charge sur les deux sens de circulation.
Durée de vie
Pour les chaussées à fort trafic, les risques calculés devront être moindres, la durée de vie prise en
compte sera plus courte. La durée de dimensionnement retenue est donc de 10 ans.
Croissance du trafic
La croissance du trafic n’est pas communiquée. Comme indiqué dans le catalogue Marocain des
structures types pour les chaussées neuves (Annexe I page 42), un taux d’accroissement du trafic
des poids lourds égal à 4 %a été retenu.
Agressivité du trafic
Conformément au catalogue Marocain des structures types pour les chaussées neuves (Annexe I
page 42), l’agressivité du trafic CAM=0,8 recommandée pour les structures semi- rigides a été
retenue.
Le trafic cumulé équivalent (0,38 millions de PL) est lu directement dans le tableau du
catalogue Marocain des structures types pour les chaussées neuves (Annexe I page 42).
Figure 9: Trafic cumulé selon le catalogue Marocain des structures types chaussées neuves
Portance de la plateforme
Le chantier à réaliser est situé dans une zone climatique semi-humide. Les matériaux du site sont
classés B3 suivant le guide des terrassements routiers. Nous n’avons pas d’information sur les
éventuels dispositifs de drainage de la chaussée. En suivant la méthode décrite dans le catalogue
Marocain des structures types pour les chaussées neuves, nous pouvons classer les matériaux du
site en catégorie II ou III (cf. tableau 1 – page 11). La portance à long terme de la partie
supérieure des terrassements est St2. En l’absence de couche de forme, la règle Pj = Pi = Sti
s’applique. Il suit que nous aurons au minimum une plateforme de classe P2 (50 MPa).
Guide technique 34
Et Pour permettre une intégration dans les calculs de dimensionnement de la chaussée de la
couche en matériaux du site traités, il faut connaitre les valeurs de module et de résistance en
traction données par l’étude de traitement réalisée au laboratoire.
De l’étude de laboratoire précédemment menée, nous pouvons extraire les données R tb28jours des
matériaux B3 traités avec 5% de LHR.
Pour le dimensionnement, nous retenons donc les valeurs suivantes pour la couche en matériaux
traités avec 5% de LHR:
E = 13 000 MPa
σ6= 0,443MPa
Solution d’entretien avec matériaux traités in-situ au LHR
Guide technique 35
V.6.3 Etude de comparaison économique et environnementale
Trafic TPL4
Renforcement GAC Retraitement en place
La consommation des ressources naturelles est exprimée en kg antimoine équivalent (Kg Sb éq).
Cet indicateur tient compte de la consommation des ressources en pondérant chaque ressource
par un coefficient correspondant à un indice de rareté. Par convention, l’antimoine a une valeur de
1. Une valeur supérieure à 1 indique que l'on consomme une ressource plus rare que l'antimoine.
Donc, plus cet indicateur est grand plus le produit "épuise" les ressources. Il s'exprime donc en kg
antimoine équivalent/m².
0,3
0,25
0,2
kg Sb eq/m²
0,05
0
Ressources naturelles
Guide technique 36
La solution de retraitement en place au LHR présente une économie de consommation des
ressources naturelles de 6% par rapport à la solution de renforcement à la grave améliorée au
ciment.
600
500
400
MJ/m²
100
0
Consommation d'énergie
La solution de retraitement en place au LHR présente une économie d’énergie de 6% par rapport à
la solution de renforcement.
V.6.3.3 Acidification
Certains composés émis dans l’atmosphère, notamment le dioxyde de soufre (SO2), sont
susceptibles de se transformer en acide et contribuent à des impacts non négligeables sur
l’environnement. Cet indicateur est construit comme l'indicateur changement climatique en prenant
pour référence la contribution à l'acidification du SO2. Il est donc exprimé en kg équivalent
SO2/m².
Guide technique 37
0,1
0,09
0,08
0,07
kg SO2 eq/m²
0,06
0,03
0,02
0,01
0
Acidification
La solution de retraitement en place au LHR présente un avantage de 15% de moins de SO2 par
rapport à la solution de renforcement.
V.6.3.4 Eutrophisation
0,016
0,014
0,012
0,01
kg PO4 eq/m²
0,004
0,002
0
Eutrophisation
Guide technique 38
La solution de retraitement en place au LHR présente un avantage de 32% de moins de PO4 par
rapport à la solution de renforcement.
90
80
70
60
50
l/m²
Retraitement en place
40
Renforcement
30
20
10
0
Consommation d'eau
700
600
500
400
Dhs/m²
Retraitement en place
300
Renforcement
200
100
0
Tarif
La solution de retraitement en place au LHR présente une économie de 71% par rapport à la
solution de renforcement.
Guide technique 39
BIBLIOGRAPHIE
ABDO, J. éd. 2013, Le retraitement en place à froid aux liants hydrauliques. Paris
ABDO, J. éd. 2012, Les liants hydrauliques pour la valorisation des matériaux en place : écologie,
économie et contribution au développement durable. Paris
Cimbéton. http://lhr.cimbeton.net
Direction des Routes et de la Circulation Routière, éd. 1995, Catalogue des structures types de
chaussées neuves.
Guide technique 40