Democratie Et Totalitarisme

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25 DÉMOCRATIE

ET TOTALITARISME
Fruit de la Grèce antique, la démocratie émerge à nouveau au XVIIIe siècle avec la
séparation des pouvoirs. Au XXe siècle, elle se découvre une vocation universelle
mais la crise de 1929 et la guerre froide font surgir des régimes violents. À partir
de 1973, la démocratie occidentale laisse apparaître ses limites.

DÉFINITIONS
q La démocratie représentative
La liberté, l’égalité et la loi en sont les principes fondateurs et l’État est garant du
principe de souveraineté exercé par le peuple. Le régime démocratique représentatif
s’attache à convaincre les citoyens par la raison pour les impliquer dans la responsabilité
des décisions prises par les gouvernements. Il organise l’exercice des droits légitimes
afin de contenir les velléités régaliennes de l’État et veille à la non-contradiction des
comportements et des conduites dans la mise en œuvre de son projet. Mais les assem-
blées des représentants sont-elles, peuvent-elles ou doivent-elles être le reflet du
peuple? C’est le débat des philosophes du XVIIIe siècle, toujours d’actualité. Le suffrage
universel apparaît comme un principe de précaution salutaire.

q Les totalitarismes
Ce sont les adversaires modernes des démocraties contemporaines, comme autrefois
la monarchie ou la tyrannie. La notion d’État totalitaire est proclamée pour la première
fois par Mussolini en 1925. Elle s’attache à
préserver les apparences de la légitimité
populaire et peut donc être appréhendée Paroles d’experts
comme un avatar diabolique de la démo-
cratie. Les totalitarismes se signalent par « Nous, comme les communistes, nous
croyons à la nécessité d’un État centrali-
une idéologie d’État, un parti unique, le
sateur et unitaire, qui soumette chacun
monopole de la violence et des moyens à une discipline de fer : avec cette diffé-
de communication, une terreur de masse, rence qu’ils arrivent à cette conclusion à
la centralisation de l’économie et la néga- travers l’idée de classe, et nous à tra-
tion de l’existence de conflits sociaux. vers celle de nation. » Mussolini (1921).
Le national-socialisme, comme le tota- « La société sans classes des marxistes
litarisme stalinien, et à la suite du fas- est une folie. L’ordre implique toujours
une hiérarchie. Mais la conception dé-
cisme italien se donnent pour mission mocratique d’une hiérarchie basée sur
d’éduquer le peuple, de l’amener au l’argent n’est pas une moindre folie.
dévouement au chef, à la soumission Une véritable domination ne peut naître
totale. Les assemblées ne sont plus que des bénéfices hasardeux réalisés par la
des chambres d’entérinement. La propa- spéculation des gens d’affaires… La vé-
ritable domination ne peut naître que là
gande, de bas niveau intellectuel si où se trouve la véritable soumission. »
nécessaire, affirmait Hitler dans Mein Hitler (1932).
Kampf (Mon combat en français, 1925), la

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mise en scène du régime, ses grandes parades populeuses, le culte du chef, s’adressent
directement au pathos épique ou à l’instinct de survie des masses, jamais à leur raison.

LE VERTIGE TOTALITAIRE DE LA DÉMOCRATIE UNIVERSELLE


À partir de 1973, les chocs pétroliers successifs, l’entrée dans la dépression économique,
la fin des Trente Glorieuses, font douter d’elles-mêmes les sociétés démocratiques euro-
péennes qui perdent partiellement le contrôle de la situation internationale. L’avenir de la
démocratie apparaît incertain, écartelé entre la volonté des États d’affirmer leurs particula-
rismes et une volonté politique de mobilisation universelle vers des objectifs sans cesse
renouvelés mais qui ne correspondent pas nécessairement à toutes les attentes. Il en
résulte une idéologie souvent incohérente qui prête à des interprétations dangereuses où
s’opposent élan vital de survie et prétention totalitaire de la maîtrise de la démocratie
pour le bien de tous. Situation en évi-
dence dans les États périphériques de
l’ancien empire soviétique et dans le De l’utilité d’une éthique
Tiers-Monde où la misère, la violence des
antagonistes sociaux et le choc des cul-
universelle !
tures ont longtemps favorisé les régimes
Selon l’UNESCO, elle énoncerait les im-
à parti unique. Ainsi, en vue de réduire les pératifs auxquels tout peuple se confor-
disparités socioculturelles qui entachent merait, sans adopter le même style de
le principe d’égalité des droits de développement et sans faire du moder-
l’homme, les États-Unis posent le principe nisme occidental le seul modèle à
de la ségrégation positive ou préféren- suivre. Une grande liberté serait ainsi
laissée à la créativité politique et au plu-
tielle. Ce principe, mal compris et utilisé à
ralisme culturel.
rebours du bon sens pour imposer le pos-
tulat de l’intérêt général qui nie l’exis-
tence des minorités ethniques, linguistiques ou religieuses, peut justifier tous les
massacres : Soudan, Congo, Ouganda, Proche-Orient et Moyen-Orient, Cambodge,
Afghanistan et Serbie, tout comme dans les démocraties de type marxiste (Tchétchénie,
Tibet, peuples des Ouïgours et des Kazakhs).

q Mondialisation et totalitarisme
Par ailleurs, le développement de la mondialisation, avec ses propres structures
(Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation mondiale du com-
merce…), impose ses propres interprétations en termes de dictature des marchés, et
des médias au service de la pensée unique derrière laquelle se cachent des gouverne-
ments devenus peu lisibles aux yeux des citoyens.
La mondialisation accroît les interdépendances au profit des mieux placés et des
plus riches et génère des flux migratoires qui ont déjà profondément modifié les pays
du Nord. En ce sens, on peut se demander si la mondialisation profite à la démocratie,
et s’il ne convient pas de promouvoir une « civilisation de solidarité ». Pourtant, jamais
le désir de reconnaissance réciproque ne s’est manifesté avec autant d’ampleur qu’au-
jourd’hui où tant d’individus et de peuples ressentent le mépris ou l’indifférence
comme des atteintes à leur liberté.

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