L'Univers Quantique

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Brian Cox

Jeff Forshaw

L’univers quantique
Tout ce qui peut arriver arrive…

Traduit de l’anglais
par Guy Chouraqui
L’édition originale de cet ouvrage a été publiée en anglais
en 2011 par Penguin, sous le titre : The Quantum Universe:
Everything That Can Happen Does Happen.

The original edition of this work has been published in


English in 2011 by Penguin, under the title: The Quantum
Universe: Everything That Can Happen Does Happen.

Copyright © Apollo’s Children Limited


and Jeff Forshaw, 2011

Couverture : Delphine Dupuy

© Dunod, Paris, 2013, pour la traduction française


2018 pour cette édition
11 rue Paul Bert 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-077983-3
1
Trois pas dans l’étrange

Quantique – Quantum – Quanta : dès l’abord, ces mots


inspirent-ils votre imagination, votre réflexion ou vos
craintes ? C’est selon : pour certains, ces mots témoignent
de la réussite de la science, pour d’autres, ils symbolisent les
limites de l’intuition humaine lorsqu’elle est confrontée à
l’indéniable étrangeté du domaine de l’atome. Pour le phy-
sicien, la mécanique quantique est l’un des trois grands
piliers sur lesquels repose notre connaissance du monde.
Les deux autres sont dus à Einstein : relativité restreinte et
relativité générale, qui traitent de la nature de l’espace et du
temps, et de la gravitation. Quant à la théorie quantique,
elle traite de tout le reste ! Votre imagination, vos réflexions
ou vos craintes n’y ont pas la moindre importance : elle est
simplement là pour décrire le fonctionnement intime de la
matière. Sous cet angle pragmatique, elle brille par sa préci-
sion et sa capacité d’explication. Prenons l’exemple d’un des
tests de l’électrodynamique quantique, la première et la
mieux connue des théories du domaine, dont le but est de
décrire le comportement d’un électron dans un champ
magnétique. D’un côté, les théoriciens ont effectué des
calculs ardus, avec papier, crayon, ordinateur, pour prévoir le
résultat de l’expérience. Pour leur part, en inventant les
techniques les plus ingénieuses, les expérimentateurs ont
6 L’univers quantique

mesuré les phénomènes observés. Les deux camps ont


abouti à des valeurs d’une précision telle, qu’on peut la
comparer à une détermination de la largeur de l’Atlantique
au centimètre près. D’une façon remarquable, ces valeurs
– celles prévues et celles observées – se sont révélées parfai-
tement concordantes.
Certes, une telle perfection est impressionnante, mais
elle demeure quelque peu ésotérique. Si cartographier le
monde miniature est tout ce que peut offrir la théorie des
quanta, à quoi bon faire tant d’histoires ? Voici un début
de réponse : la science n’a pas pour but d’être utile, mais
on connaît de nombreux exemples d’évolutions technolo-
giques, ayant profondément marqué nos sociétés et changé
nos vies qui sont nées de recherches fondamentales. Elles
sont dues à des explorateurs modernes, dont la seule moti-
vation était de mieux comprendre le monde qui nous
entoure. Certes, nous devons à l’avancement de l’ensemble
des disciplines scientifiques des bénéfices aussi divers que
l’allongement de l’espérance de vie, les déplacements aériens
intercontinentaux, les télécommunications modernes, une
certaine indépendance vis-à-vis de l’agriculture de subsis-
tance, et bien au-delà, une vue renouvelée de notre place
dans le vaste univers, source de méditation et d’humilité.
Mais ce ne sont là que des retombées secondaires d’une soif
de savoir primordiale, sans rapport avec le désir d’en retirer
du confort, ni même un regard nouveau sur notre monde.
La mécanique quantique est sans doute le meilleur
exemple d’une théorie extrêmement ésotérique devenue
profondément utile. Ésotérique, car sa description des
phénomènes naturels implique qu’une particule se trouve
réellement en plusieurs endroits à la fois, et ne se déplace
qu’en explorant tout l’Univers simultanément. Utile, car
comprendre le comportement des éléments les plus petits de
Trois pas dans l’étrange 7

l’Univers sous-tend la compréhension de tout le reste. Tout


le reste ? Voilà une affirmation qui semble déraisonnable,
vu la diversité et la complexité des phénomènes naturels. Et
pourtant, nous avons découvert qu’absolument tout est bâti
à partir d’une poignée de particules élémentaires, obéissant
aux lois de la théorie quantique ; et ces lois sont si simples
qu’on pourrait les résumer au dos d’une enveloppe. Cela
même est en soi l’un des plus grands mystères : pourquoi
n’a-t‑on pas besoin de toute une bibliothèque pour expli-
quer la nature essentielle des choses ?
Il se trouve que mieux nous comprenons les structures
élémentaires du monde, plus il nous apparaît simple. Nous
expliquerons, en temps voulu, ces lois fondamentales, et
comment de minuscules briques élémentaires constituent
la trame de la nature. Mais un mot d’avertissement est
inévitable ici, pour éviter d’être ébloui à l’excès par la sim-
plicité sous-jacente de l’Univers. Si les règles du jeu sont
fondamentalement simples, leurs conséquences ne sont
pas nécessairement évidentes à calculer. Notre expérience
quotidienne du monde tient à des relations entre de vastes
ensembles de milliards de milliards d’atomes et il serait
insensé d’imaginer qu’on puisse déduire de principes fon-
damentaux le comportement des plantes ou des humains.
Cette restriction ne réduit pourtant pas la radicalité du
constat : tous les phénomènes sont réellement sous-tendus
par la physique quantique des particules élémentaires.
Considérez le monde qui vous entoure. Vous avez en
main un livre fait de papier, fabriqué à partir de la cel-
lulose des arbres1. Ceux-ci sont des usines capables de se

1.  À moins naturellement que vous ne soyez en train de lire la version


électronique de ce livre, auquel cas il vous faudrait faire un petit effort
d’imagination...
8 L’univers quantique

procurer des atomes et des molécules, de les décomposer


et de les recombiner en colonies interdépendantes, compo-
sées de plusieurs milliards de milliards de constituants. Ils
y parviennent grâce à la chlorophylle, molécule composée
de guère plus de cent atomes de carbone, d’hydrogène et
d’oxygène, imbriqués dans un échafaudage compliqué,
comprenant aussi quelques atomes de magnésium et
d’azote. Cet assemblage capture la lumière de notre étoile,
située à 150 millions de kilomètres : le Soleil, qui est une
fournaise nucléaire, d’un volume égal à un million de fois
celui de la Terre. L’énergie de son rayonnement parvient au
cœur des cellules des feuilles, où elle permet de construire
des molécules à partir de gaz carbonique et d’eau, libérant
ainsi l’oxygène vital. Les arbres, les êtres vivants et le papier
de votre livre, sont le produit de telles machines molécu-
laires. Vous pouvez lire ce livre et en comprendre le texte
car vos yeux convertissent la lumière diffusée par les pages
en impulsions électriques, qu’interprétera votre cerveau, la
structure la plus complexe connue dans l’Univers. Nous
avons découvert que toutes ces choses ne sont rien de plus
que des assemblages d’atomes, et que toute la diversité des
atomes ne repose que sur trois particules : les électrons, les
protons et les neutrons. Nous avons également découvert
que les protons et les neutrons sont eux-mêmes constitués
d’entités encore plus petites appelées quarks, et c’est là que
notre description s’arrête, au stade actuel de nos connais-
sances. À la base de tout cela, il y a la théorie des quanta.
L’image de notre Univers, révélée par la physique
moderne, est donc celle d’une simplicité sous-jacente  ;
d’élégants phénomènes dansent hors de notre vue, et en
émerge l’extrême diversité du monde macroscopique. C’est
peut-être là le couronnement de la science moderne, que
cette réduction de la formidable complexité du monde,
Trois pas dans l’étrange 9

êtres humains y compris, au comportement d’une poi-


gnée de particules subatomiques, et des quatre forces qui
agissent entre elles. Les meilleures descriptions de trois
de ces forces dont nous disposions – les forces nucléaires
forte et faible, qui agissent au cœur du noyau atomique, et
la force électromagnétique, qui sert de lien dans les atomes
et les molécules – sont fournies par la théorie quantique.
Actuellement, seule la force de gravitation, la plus faible
mais la plus familière des quatre, ne dispose pas de des-
cription satisfaisante dans le cadre quantique.
Encore un mot d’avertissement, à propos cette fois
de l’indéniable réputation d’étrangeté de la théorie des
quanta. Elle a fait l’objet de nombreuses divagations : les
chats peuvent être tout à la fois vivants et morts, les par-
ticules sont partout à la fois, et selon Heisenberg, tout
est incertain. Il y a du vrai à la base de tout cela, et le
monde des quanta présente des aspects bien étranges  ;
mais il ne faudrait certainement pas, comme c’est souvent
le cas, en tirer la conclusion que nous baignons dans un
mystère généralisé ! La « perception extra-sensorielle », les
«  guérisons mystiques  », les «  bracelets magnétiques qui
protègent contre les rayonnements » – nous vous laissons
le soin de compléter la liste – sont constamment introduits
en contrebande dans le panthéon des choses possibles,
sous couvert du jargon quantique. Toutes ces absurdités
naissent d’esprits confus, procèdent de la pensée magique,
proviennent de malentendus authentiques ou intention-
nels –  ou de toute combinaison malheureuse de ce qui
précède. La théorie quantique décrit le monde avec pré-
cision, en utilisant des lois mathématiques avec autant de
rigueur que Newton ou Galilée. C’est bien pourquoi le
comportement d’un électron soumis à un champ magné-
tique peut être calculé avec une précision extraordinaire.
10 L’univers quantique

La théorie quantique fournit une description de la Nature


qui, comme nous allons le découvrir, détient un immense
pouvoir prédictif et explicatif, couvrant une vaste gamme
de phénomènes, des puces de silicium au fonctionnement
des étoiles.
Notre objectif en écrivant ce livre est de démystifier la
théorie quantique, cadre théorique bien connu pour les
difficultés d’interprétation qu’il a provoquées, même chez
ses découvreurs. Notre approche consiste à adopter une
perspective moderne, bénéficiant d’un siècle de progrès
des connaissances. Pour planter le décor, cependant, nous
commencerons notre voyage au tournant du xxe  siècle
pour analyser les problèmes qui ont conduit les physiciens
à une rupture radicale avec ce qui prévalait.
La théorie des quanta est issue, comme c’est souvent le
cas en science, de la découverte de phénomènes naturels ne
pouvant être expliqués dans le cadre des paradigmes scien-
tifiques de l’époque. Pour la théorie quantique, ils furent
nombreux et variés. Une cascade de résultats inexplicables
provoqua de l’excitation et de la confusion, et a catalysé
une période d’innovation expérimentale et théorique
exceptionnelle, qui mérite amplement cette dénomination
stéréotypée : un âge d’or. Les noms des protagonistes sont
gravés dans la mémoire de tous les étudiants en physique
et ils dominent même aujourd’hui les cours des premières
années d’université : Planck, Einstein, Rutherford, Bohr,
de Broglie, Heisenberg, Pauli, Schrödinger, Dirac. Il n’y
aura probablement plus jamais de moment de l’histoire
où tant de savants prennent place parmi les plus grands,
autour de la poursuite d’un unique objectif  : une nou-
velle théorie des atomes et des forces dominant le monde
physique. En 1924, se remémorant les deux premières
décennies de la mécanique quantique, Ernest Rutherford,
Trois pas dans l’étrange 11

le physicien d’origine néo-zélandaise qui a découvert le


noyau atomique à Manchester, écrivait : « L’année 1896
[…] a marqué le début de ce qui a été justement appelé
l’âge héroïque de la Science Physique. Jamais auparavant
dans l’histoire de la physique, on n’a pu être témoin d’une
période d’activité aussi intense, où les découvertes fonda-
mentales se sont succédé avec une rapidité vertigineuse. »
Mais avant de nous rendre à Paris en 1896 pour assister
à la naissance de la théorie des quanta, interrogeons-nous
sur l’origine du mot «  quantum  » lui-même. En 1900,
c’est Max Planck qui introduit ce terme en physique. Il
cherchait à décrire le rayonnement lumineux émis par les
corps chauds – nommé « rayonnement du corps noir » –
apparemment suite à une commande que lui avait faite
une société d’éclairage électrique : il arrive parfois que des
causes bien prosaïques ouvrent les portes de l’Univers.
Plus loin dans le livre, nous discuterons plus en détail de
la grande idée de Planck, mais en cette brève introduction,
qu’il nous suffise de dire que pour expliquer les propriétés
de ce rayonnement, il formula l’hypothèse que la lumière
est émise par petites quantités d’énergie, qu’il nomma
«  quanta  ». Le mot lui-même désigne une quantité dis-
continue, un «  paquet  ». Au début, Planck considérait
cette idée comme un pur artifice mathématique, mais
en 1905, l’article d’Albert Einstein sur l’effet photoélec-
trique renforça son hypothèse. Ces résultats étaient d’une
grande portée, car ils suggéraient que ces petits paquets
d’énergie électromagnétique pouvaient être assimilés à des
particules.
L’idée que la lumière puisse se comporter comme
un flux de petits projectiles a une longue et illustre his-
toire, qui remonte à la naissance de la physique moderne
et à Isaac Newton. Mais en 1864, le physicien écossais
12 L’univers quantique

James Clerk Maxwell balaya les incertitudes qui pou-


vaient subsister sur la nature ondulatoire de la lumière.
Il publia une série d’articles, « la plus profonde et la plus
féconde que la physique ait connue depuis l’époque de
Newton  », selon Albert Einstein. Maxwell y démon-
trait que la lumière est une onde électromagnétique
traversant l’espace, sa nature ondulatoire était donc cer-
taine et, semblait-il, inattaquable. Pourtant, lors d’une
série d’expériences menées de 1923 à 1925 à l’université
Washington à Saint-Louis (Missouri), Arthur Compton
et ses collègues observèrent l’interaction d’un rayonne-
ment lumineux avec des électrons  : durant ce choc, les
deux protagonistes se comportaient comme des boules
de billard. Cela prouvait clairement que la conjecture de
Planck était solidement fondée dans le monde réel. En
1926, les quanta de lumière ont été baptisés « photons ».
On avait la preuve irréfutable que la lumière se comporte
tout à la fois comme une onde et comme une particule :
cela marqua la fin de la physique classique, et l’essor de la
théorie quantique.
2
Le don d’ubiquité

Ernest Rutherford mentionne 1896 comme origine de la


révolution quantique car c’est l’année où Henri Becquerel,
travaillant dans son laboratoire à Paris, a découvert la
radioactivité. Il essayait d’utiliser des composés d’uranium
pour produire des rayons X, découverts quelques mois
auparavant par Wilhelm Röntgen à Würzburg. Au lieu de
cela, il observa que ces composés émettaient des « rayons
uraniques », capables de noircir des plaques photogra-
phiques, même à travers un emballage parfaitement opaque.
L’importance des rayons de Becquerel a été reconnue par
Henri Poincaré dès 1897, dans un article publié dans la
Revue Scientifique. Avec beaucoup de clairvoyance, voici ce
qu’il disait de cette recherche : « on peut penser aujourd’hui
qu’elle va nous ouvrir l’accès de tout un monde nouveau que
nul ne soupçonnait.2 » Le rayonnement radioactif observé

2. Henri Poincaré, « Les rayons cathodiques et les rayons Roentgen »,


Revue Scientifique 7 (1897), accessible par le lien suivant vers les Archives
Henri Poincaré (université de Lorraine) :
http://www.univ-nancy2.fr/poincare/bhp/pdf/hp1897rs.pdf
Dans le même article, Poincaré ajoutait également, avec tout autant de
clairvoyance : « Tous ces faits [rayons cathodiques, Roentgen, Becquerel]
seront sans doute un jour reliés entre eux et rattachés à une même cause.
Bien d’autres alors viendront sans doute se grouper autour d’eux et com-
pléter un tableau dont nous commençons à entrevoir l’esquisse ».
14 L’univers quantique

par Becquerel présentait un caractère très bizarre, mais qui


indiquait en même temps la piste de la nature du phéno-
mène : rien ne semblait en déclencher l’émission ; les
substances l’émettaient spontanément et de manière
imprévisible.
Voici comment Rutherford posait le problème en
1900 : « Tous les atomes formés en même temps devraient
avoir une durée de vie bien déterminée. Au contraire, les
observations montrent que les atomes ont des durées de
vie pouvant prendre n’importe quelle valeur entre zéro et
l’infini.  » Cet aspect aléatoire du monde microscopique
représentait une rupture, car jusque-là, la physique était
fondamentalement déterministe  : si à un instant donné
on connaissait tous les éléments d’une situation, on pen-
sait qu’il serait possible de prévoir, avec une certitude
absolue, ce qui se produirait par la suite. L’abandon de cet
espoir est une caractéristique centrale de la théorie quan-
tique, qui traite de probabilités, et non de certitudes ; ce
n’est pas dû à un défaut de connaissances, mais au fait
que certains aspects de la Nature sont intrinsèquement
gouvernés par le hasard. C’est ainsi qu’il est impossible
de prévoir à quel instant un atome particulier va se désin-
tégrer. La radioactivité marque la première rencontre de
la physique et du hasard dans les phénomènes naturels,
et cela posera longtemps des problèmes à de nombreux
physiciens.
L’intérieur des atomes suscitait donc beaucoup
d’intérêt, même si sa structure demeurait totalement
inconnue. Une découverte fondamentale fut réalisée par
Rutherford en 1911, en utilisant une source radioactive
pour bombarder une très mince feuille d’or avec ce que
l’on nommait à l’époque les rayons alpha (des noyaux
d’hélium). Avec ses collaborateurs Hans Geiger et Ernest
Le don d’ubiquité 15

Marsden, il constata avec une immense surprise qu’une


proportion d’environ une particule alpha sur huit mille ne
traversait pas l’or, mais rebondissait vers l’arrière. Voici
comment Rutherford décrivit plus tard ce moment, dans
son langage coloré si caractéristique : « C’est l’événement
le plus incroyable qui me soit arrivé. C’est presque comme
si on tirait un obus de 15 pouces3 sur une feuille de papier
de soie, et qu’il revienne en arrière nous frapper. » D’après
tous les témoignages, Rutherford était un homme très
attachant, et plein de bon sens ; d’un personnage officiel
imbu de lui-même, il dira un jour  : «  Il est exactement
comme un point euclidien  : il a une position, mais une
grandeur nulle. »
Rutherford a calculé que ses résultats expérimentaux
ne pouvaient s’expliquer que si l’atome était constitué d’un
très petit noyau en son centre, avec des électrons en orbite
autour de celui-ci. À l’époque, il avait probablement à l’es-
prit l’analogie des planètes tournant autour du Soleil. Le
noyau représente la quasi-totalité de la masse de l’atome,
ce qui explique qu’il soit capable d’arrêter les « obus » des
particules alpha, et de les renvoyer vers l’arrière. L’atome
d’hydrogène, l’élément le plus simple, comporte un noyau
constitué d’un proton, dont le rayon est environ 1,75 ×
10‑15 m (soit 0,000 000 000 000 001 75 mètre, autrement
dit un peu moins de deux millionièmes de milliardièmes
de mètre !).
Quant à l’unique électron, autant que nous puissions
le dire aujourd’hui, ce n’est qu’un point, comme l’im-
portant personnage dépeint par Rutherford… Il est en
orbite autour du noyau d’hydrogène, à un rayon environ
100 000 fois plus grand que le diamètre nucléaire. Le noyau

3.  Environ 40 centimètres.


16 L’univers quantique

a une charge électrique positive et l’électron a une charge


électrique négative, ce qui signifie qu’une force d’attrac-
tion s’exerce entre eux, analogue à la force de gravité qui
maintient la Terre en orbite autour du Soleil. Les atomes
ne sont en grande partie que de l’espace vide. Si le noyau
avait la taille d’une balle de tennis, l’électron ne serait qu’un
grain de poussière en orbite à une distance d’un kilomètre.
Ces chiffres sont tout à fait surprenants, car l’aspect de la
matière solide ne suggère nullement qu’elle est essentielle-
ment vide.
L’atome nucléaire de Rutherford a posé toute une série
de problèmes aux physiciens de l’époque. On savait par-
faitement par exemple que l’électron en circulant sur son
orbite devait perdre de l’énergie en émettant un rayonne-
ment électromagnétique, comme toute charge électrique
se déplaçant sur une trajectoire courbe. C’est le principe
même de l’émetteur radio, dans lequel le mouvement des
électrons s’accompagne d’émission d’ondes. Heinrich
Hertz inventa cette technique en 1887, et au moment où
Rutherford découvrait le noyau atomique, il existait une
station de radio commerciale qui transmettait des mes-
sages à travers l’Atlantique, de l’Irlande jusqu’au Canada.
La théorie électromagnétique était donc parfaitement
établie, d’où la difficulté à admettre l’hypothèse d’un mou-
vement perpétuel des électrons autour du noyau.
Un autre phénomène lui aussi inexplicable, était celui
de la mystérieuse lumière rayonnée par les atomes lors-
qu’ils sont chauffés. Dès 1853, le scientifique suédois
Anders Jonas Ångström avait analysé le rayonnement
émis par une étincelle provoquée dans un tube empli
d’hydrogène. On s’attendrait à ce qu’un gaz incandescent
produise de la lumière blanche, réunissant toutes les cou-
leurs de l’arc-en-ciel : après tout, qu’est-ce que le Soleil,
Le don d’ubiquité 17

sinon une boule de gaz incandescente ? Au lieu de cela,


Ångström observa que l’hydrogène émettait de la lumière
de trois couleurs bien distinctes : rouge, bleu-vert et violet,
une sorte d’arc-en-ciel réduit à trois arcs étroits de cou-
leur pure. On a vite découvert que chacun des éléments
chimiques se comportait de cette manière, émettant
son propre «  code-barres  » de couleurs. Au moment où
l’atome nucléaire de Rutherford a été conçu, un scienti-
fique du nom de Heinrich Gustav Johannes Kayser avait
rédigé un ouvrage de référence en six volumes regroupant
5 000 pages, intitulé Handbuch der Spectroscopie (Manuel
de spectroscopie), recensant toutes les raies de couleur
émises à partir des éléments connus. La question était,
bien sûr : pourquoi ? Non pas seulement : « Pourquoi vous
donner tout ce travail, Professeur Kayser  ?  » (nous vous
laissons imaginer le succès qu’il pouvait remporter, lors
des dîners en ville…), mais aussi « Pourquoi une telle pro-
fusion de lignes colorées ? » C’est que plus de soixante ans
après sa découverte, la spectroscopie était tout à la fois
une extraordinaire moisson d’observations et un désert
théorique.
En mars 1912, un physicien danois, Niels Bohr, fas-
ciné par le problème de la structure atomique, se rendit
à Manchester pour rencontrer Rutherford. Plus tard,
il compara la tentative de décoder le fonctionnement
interne de l’atome à partir des données spectroscopiques,
à l’espoir de déduire les bases de la biologie d’après l’ob-
servation des couleurs de l’aile d’un papillon. Le modèle
de l’atome de Rutherford, conçu comme un système
solaire, fournit à Bohr un point de départ, et en 1913, il
publia la première théorie quantique de la structure ato-
mique. Bien sûr, cette théorie rencontra des problèmes,
mais elle recèle plusieurs idées clés qui sont à la base
18 L’univers quantique

du développement des théories quantiques modernes.


Bohr parvint à la conclusion que les électrons ne peuvent
occuper que certaines orbites, l’orbite de plus basse énergie
se trouvant la plus proche du noyau. Ils sont capables de
sauter d’une orbite à l’autre : parvenant à une orbite plus
haute, quand ils reçoivent de l’énergie (à partir d’une
étincelle dans un tube par exemple), et retombant au bout
d’un certain temps, en émettant alors de la lumière. La
couleur de la lumière est déterminée précisément par la
différence d’énergie entre les deux orbites. La figure 2.1
illustre l’idée de base, la flèche représente un électron qui
saute du troisième niveau d’énergie vers le second, en
émettant de la lumière (représentée par la ligne ondulée).
Dans le modèle de Bohr, l’électron ne peut emprunter
que des orbites particulières, dites «  quantifiées  »  ; une
descente continue en spirale en direction du noyau est
tout simplement interdite. De cette façon, le modèle de
Bohr permet de calculer les longueurs d’onde (c’est-à-dire
les couleurs) de la lumière observée par Ångström – elles
sont attribuées à des sauts d’électrons de la cinquième
orbite jusqu’à la deuxième (lumière violette), de la qua-
trième orbite jusqu’à la seconde (lumière bleu-vert) ou
de la troisième orbite jusqu’à la seconde (lumière rouge).
Ce modèle prévoit aussi correctement qu’il doit exister
de la lumière émise à la suite d’un saut d’électrons vers
la première orbite. Cependant, cette lumière représente
la partie ultra-violette du spectre, invisible pour l’œil
humain, et qui n’avait pas été détectée par Ångström.
Elle fut repérée en 1906 par Theodore Lyman, physicien
à Harvard, et le modèle de Bohr est en excellent accord
avec les résultats de Lyman.
Le don d’ubiquité 19

Figure 2.1 Le modèle atomique de Bohr, illustrant l’émission d’un


photon (ligne ondulée) lorsqu’un électron (indiqué par la flèche) arrive
sur une orbite d’énergie plus basse.

Même si Bohr n’a pas étendu son modèle au-delà de


l’hydrogène, les idées qu’il avait introduites peuvent être
appliquées à d’autres atomes. Si on admet en particulier
que les atomes de chaque élément sont caractérisés par
des orbites spécifiques, ils ne pourront jamais émettre
que de la lumière appartenant à un ensemble de couleurs
bien déterminées. La lumière émise par les atomes est un
moyen de les identifier, un peu comme des empreintes
digitales ; naturellement les astronomes ne tardèrent pas à
exploiter l’unicité des raies spectrales, pour déterminer la
composition chimique des étoiles.
Le modèle de Bohr constituait un bon départ, mais des
questions embarrassantes subsistaient : qu’est-ce qui interdit
au juste à l’électron d’évoluer en spirale en perdant de
l’énergie par émission d’ondes électromagnétiques, une idée
bien enracinée dans le réel depuis l’invention de la radio ?
20 L’univers quantique

Et tout d’abord, pourquoi les orbites sont-elles quantifiées ?


Enfin, concernant les éléments plus lourds que l’hydrogène,
comment allait-on pouvoir déchiffrer leur structure ?
Même incomplète, cette théorie marqua une étape
décisive, et elle reste un bon exemple de la marche des
sciences vers le progrès des connaissances. En effet, il ne
faut surtout pas rester bloqué face à des questions non réso-
lues, souvent totalement déconcertantes. Dans de tels cas,
la stratégie des scientifiques est de formuler une conjec-
ture, une hypothèse à peu près justifiée, avant de calculer
les conséquences de cette supposition. Si cela fonctionne,
au sens où la théorie est en accord avec l’expérience, alors
on peut progresser de manière plus assurée, en tentant de
justifier plus avant l’hypothèse de départ. L’approche de
Bohr fut un succès, mais plusieurs de ses aspects demeu-
rèrent inexpliqués pendant treize années encore.
Nous reviendrons sur l’histoire de ces premières idées
quantiques au cours du livre ; pour l’instant attardons-nous
sur la masse de résultats étranges et d’interrogations à
demi résolues, auxquels les pionniers de la théorie quan-
tique durent faire face. Faisons très brièvement le point :
alors que Maxwell a démontré que la lumière est une
onde, Planck, puis Einstein, réintroduisent l’idée que la
lumière est composée de particules. Rutherford et Bohr
ouvrent ensuite la voie à la compréhension de la structure
des atomes, mais la façon dont les électrons s’y com-
portent ne concorde avec aucune théorie connue. Et les
divers phénomènes, collectivement désignés sous le nom
de radioactivité, dans lesquels les atomes se désintègrent
spontanément sans raison repérable, restent un mystère,
notamment parce qu’ils introduisent un troublant élément
de hasard dans la physique. Il n’y a plus de doute : quelque
chose d’étrange se passe dans le monde subatomique.
Le don d’ubiquité 21

La première étape vers une vue cohérente et unifiée est


unanimement attribuée au physicien allemand Werner
Heisenberg  : on lui doit tout simplement une approche
totalement nouvelle de la théorie de la matière et des
forces. En juillet  1925, il publia un article balayant tout
l’échafaudage conceptuel ancien, ses incohérences et ses
fragiles hypothèses –  y compris le modèle atomique de
Bohr  !  – pour inaugurer une approche neuve de la phy-
sique. Voici les premiers mots de ce texte : « Cet article vise
à fournir les bases d’une mécanique théorique quantique
exclusivement fondée sur des relations entre des grandeurs
en principe observables4. » C’est une étape importante, car
Heisenberg y affirme que les mathématiques sous-jacentes
à la théorie quantique ne correspondent pas nécessaire-
ment à quoi que ce soit de familier. Le propos de la théorie
quantique doit être de prévoir des grandeurs directement
observables, telles que la couleur de la lumière émise par
des atomes d’hydrogène. Il ne faut pas s’attendre à obtenir
quelque image mentale satisfaisante du fonctionnement
interne de l’atome, par exemple la position ou la vitesse de
l’électron sur une orbite, car d’une part cela n’est pas néces-
saire, et cela peut même être impossible. D’un seul coup,
Heisenberg élimine la prétention selon laquelle le fonc-
tionnement de la Nature devrait nécessairement concorder
avec le sens commun. Ce n’est pas qu’une théorie du
monde subatomique n’ait pas à retrouver les résultats de
notre expérience quotidienne, concernant le mouvement
des objets de grande taille, les balles de tennis ou les avions.
Il convient seulement, si les observations expérimentales
4.  Werner Heisenberg, « Réinterprétation en théorie quantique de rela-
tions cinématiques et mécaniques » (Trad. B. Escoubès), dans José Leite
Lopes, Bruno Escoubès, Sources et évolution de la physique quantique :
Textes fondateurs (EDP Sciences)
22 L’univers quantique

l’exigent, d’abandonner le préjugé selon lequel, à l’échelle


de l’atome ou de ses composants, tout devrait se passer
comme avec des modèles réduits d’objets ordinaires.
S’il ne fait aucun doute que la théorie quantique est
d’un maniement délicat, alors il ne fait strictement aucun
doute que l’approche de Heisenberg est d’un maniement
extrêmement délicat… Laissons à Steven Weinberg,
lauréat du prix Nobel, l’un des plus grands physiciens
vivants, le soin de donner son appréciation du mémoire
de Heisenberg de 1925 :
« Si le lecteur ou la lectrice reste perplexe devant le travail
de Heisenberg, qu’il ou elle sache que d’autres sont dans
le même cas. J’ai tenté plusieurs fois de lire l’article que
Heisenberg a écrit au retour de l’île d’Heligoland et, même
si je crois que je comprends la mécanique quantique, je n’ai
jamais saisi les raisons d’Heisenberg pour enchaîner les
étapes mathématiques de cette publication. Les physiciens
théoriciens dans leurs travaux les plus profonds ont tendance
à jouer l’un des deux rôles suivants : ils sont soit des sages,
soit des magiciens… Il n’est généralement pas difficile de
comprendre les articles des physiciens-sages, mais ceux des
physiciens-magiciens sont souvent incompréhensibles. En ce
sens, le mémoire de Heisenberg de 1925 était pure magie. »
La philosophie de Heisenberg, cependant, n’est pas
«  pure magie  ». Elle est simple, et elle est au cœur de
notre approche dans ce livre : le propos d’une théorie de
la Nature est de prévoir les valeurs de quantités qui pour-
ront être comparées à des résultats expérimentaux. Il ne
s’agit pas de trouver une théorie en adéquation avec notre
perception générale du monde. Pour notre part, bien que
nous adoptions la philosophie de Heisenberg, nous aurons
Le don d’ubiquité 23

la chance d’aborder plus tard dans ce livre l’approche plus


transparente de Richard Feynman du monde quantique.
Nous avons utilisé le mot «  théorie  » assez libre-
ment dans les pages précédentes et, avant de continuer à
construire la théorie quantique, il serait utile d’examiner
en détail un exemple moins complexe. Une bonne théorie
scientifique implique un ensemble de règles définissant ce
qui peut ou non se produire dans un certain domaine. Elle
doit permettre de faire des prévisions susceptibles d’être
confrontées à l’observation. Si elles se révèlent fausses,
la théorie est mauvaise et doit être remplacée. Si elles
s’avèrent en accord avec l’observation, la théorie a simple-
ment survécu à ce test ; car aucune théorie n’est « vraie »,
dans le sens où il doit toujours être possible de la mettre en
défaut. Comme le biologiste Thomas Huxley l’a écrit : « La
science est du bon sens organisé, où mainte belle théorie a
été mise à mort par un vilain fait. » Toute théorie qui ne se
prête pas à la réfutation n’est pas une théorie scientifique
– en fait même, on peut aller jusqu’à affirmer qu’elle est
dépourvue de toute information. C’est là ce qui différencie
les théories scientifiques de simples questions d’opinion.
D’ailleurs, le mot « théorie » lui-même n’a pas la même
signification en science et dans le langage courant, où il
connote souvent un certain degré de spéculation abstraite.
Les théories scientifiques peuvent être purement spécu-
latives, au stade où elles n’ont pas encore été confrontées
aux faits, mais une théorie établie est nécessairement sou-
tenue par un grand nombre de preuves expérimentales.
Les scientifiques s’efforcent de développer des théories
englobant un éventail aussi large que possible de phéno-
mènes, et les physiciens en particulier sont guidés par la
perspective de décrire tout ce qui se passe dans le monde
matériel, avec un minimum de règles.
24 L’univers quantique

Un exemple de bonne théorie, disposant d’une large


gamme d’applications, est la théorie de la gravitation d’Isaac
Newton, publiée le 5 juillet 1687 dans son traité Philosophiae
Naturalis Principia Mathematica. C’est la première théorie
scientifique moderne, et même si, par la suite, elle s’est mon-
trée inexacte dans certaines circonstances particulières, sa
validité est si bonne qu’on l’utilise encore aujourd’hui. Ce
n’est qu’en 1915 qu’une théorie plus précise de la gravitation,
la relativité générale, fut développée par Einstein.
Une seule équation suffit pour représenter la théorie de
la gravitation de Newton :
mm
=

Selon votre degré de familiarité avec les notations


mathématiques, une telle équation vous paraîtra élé-
mentaire ou complexe. Nous aurons d’autres occasions
de rencontrer des équations, et nous vous suggérerons
de sauter allègrement les passages qui vous paraissent
difficiles, car nous nous efforcerons systématiquement
d’exposer les idées clés indépendamment des mathéma-
tiques. En revanche, il est nécessaire d’avoir recours aux
formules, car elles permettent de montrer pourquoi les
choses sont ce qu’elles sont. Sans formules, il nous fau-
drait recourir à l’attitude du physicien-gourou, capable de
faire surgir des idées profondes du néant, or aucun des
auteurs ne se sentirait à l’aise dans le rôle de gourou.
Maintenant, revenons à l’équation de Newton. Imaginez
une pomme, par un après-midi d’été, à peine accrochée à sa
branche. Si l’on en croit la légende, c’est en réfléchissant à
la cause de la chute de cette pomme mûre sur sa tête, que
Newton fut mis sur la piste de sa théorie. Newton se dit que
la pomme était soumise à la force de gravité, qui l’attirait
Le don d’ubiquité 25

vers le sol  ; cette force est symbolisée par F dans l’équa-


tion. L’équation permet donc de calculer la force exercée
sur la pomme, à condition de préciser la signification des
variables figurant dans le membre droit de l’équation.
Le symbole r représente la distance entre le centre de la
pomme et le centre de la Terre. C’est r 2 qui figure dans la
formule, car Newton a découvert que la force dépend du
carré de la distance entre les objets  : si on double la dis-
tance, la force gravitationnelle est divisée par 4 ; si on triple
la distance, elle diminue d’un facteur 9, et ainsi de suite.
La force est inversement proportionnelle au carré de la dis-
tance. Le symbole m1 représente la masse de la pomme et
m2 celle de la Terre. La force d’attraction gravitationnelle
entre deux objets est donc proportionnelle au produit de
leurs masses. Cela soulève alors la question : qu’est-ce que
la masse  ? C’est une question intéressante en elle-même,
et pour utiliser la réponse la plus profonde disponible
aujourd’hui, il nous faudra attendre d’étudier la particule
quantique connue sous le nom de boson de Higgs. Pour
l’instant, contentons-nous de dire que la masse mesure la
quantité de matière contenue dans quelque chose ; la Terre
est plus massive que la pomme. Telle quelle, cette défini-
tion est tout à fait insuffisante ; heureusement, Newton a
également établi les trois lois du mouvement – les préférées
de tous les apprentis physiciens… or la deuxième offre un
moyen de mesurer la masse d’un objet indépendamment de
la loi de la gravitation. Rappelons ces lois :
1) Chaque objet reste dans son état initial, au repos, ou
en mouvement rectiligne uniforme, sauf s’il est soumis à
une force ;
2) Un objet de masse m soumis à une force F subit une
accélération a. L’équation s’écrit :
F = ma

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