PauvreteUrbaine Financement ActiviteInformelle
PauvreteUrbaine Financement ActiviteInformelle
PauvreteUrbaine Financement ActiviteInformelle
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Statisticien-Economiste, Chargé de cours à l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management (ex INE) de
l’Université d’Abomey-Calavi et Directeur des Statistiques Sociales à l’Institut National de la Statistique et de
l’Analyse Economique (INSAE)
E-mail : [email protected]
INTRODUCTION
Le financement des activités d’une entreprise est un élément essentiel qui conditionne son
niveau d’activité et son développement. C’est le premier souci de tout entrepreneur, qu’il
soit dans le secteur traditionnel ou dans le secteur moderne. Il se pose dès le départ avec
la constitution de l’entreprise, il intervient ensuite dans le cadre de son fonctionnement
courant et devient crucial dans la réalisation de nouveaux investissements destinés au
développement de l’entreprise.
L’efficacité du secteur financier informel a été pendant longtemps mise en cause. Fondée
sur des relations de proximité, la finance informelle se pratique en circuit fermé, entre les
personnes qui se connaissent et qui se rencontrent régulièrement. L’argent ne peut
circuler qu’au sein de groupes relativement restreints. L’allocation des ressources n’est
donc pas optimale. Il y a peu d’accumulation car les créances et les dettes s’éteignent
rapidement. L’argent prêté l’est toujours à court terme, la durée n’est jamais au cœur de
ces opérations qui sont dénouées rapidement. Dans ces conditions, la finance informelle
contribue certes au financement de l’activité économique, mais elle n’y contribue que
faiblement, pour des montants limités et pour des durées courtes.
Le Bénin n'échappe pas à cette situation où le financement des actifs constitue l’un des
principaux obstacles au développement des activités du secteur informel. Malgré ces
difficultés dues à l'accès difficile aux ressources financières, un capital d'investissement
permet au petit producteur de monter sa propre unité et d'assurer outre son emploi, celui
d'éventuels travailleurs. Mais que savons-nous réellement des circuits généralement
empruntés par les acteurs du secteur informel ? L’adaptabilité des diverses formes de
financement aux activités informelles, leur impact sur les résultats économiques de l'activité
ainsi que leur évolution sont peu connus.
Le présent papier s'attache donc à établir la corrélation entre les différentes sources de
financement et les résultats économiques de l'activité informelle ainsi que la pauvreté dont
l’incidence au sein des acteurs du secteur informel urbain au Bénin sera évaluée à l’aide
des indices FGT. Ce travail est structuré en quatre parties:
- l'approche méthodologique;
- quelques résultats économiques des activités informelles urbaines au Bénin
- les sources de financement dans le secteur informel urbain au Bénin
- l’analyse diagnostique des sources de financement.
2
I – APPROCHE METHODOLOGIQUE
Cette définition adoptée par la 15ème CIST a été liée au cadre conceptuel du Système de
Comptabilité Nationale (SCN) dans le but entre autres :
- de mesurer le secteur informel en tant que partie intégrante de l'économie
nationale,
- d'utiliser la même définition du secteur informel dans les statistiques du travail
et dans les comptes nationaux.
Au Bénin le secteur informel comprend l’ensemble des entreprises (quelle que soit leur taille)
privées qui présentent des caractéristiques socio-économiques (effectif de salariés
permanents, effectif de l’ensemble des apprentis et des aides familiaux) et juridico-
institutionnelles (tenue d’une comparabilité suivant un plan comptable, appartenance à une
personne physique ou à une association de personnes, non-affiliation à la sécurité sociale)
différentes des entreprises modernes. Ce sont des activités à petite échelle, où le salariat est
limité, le capital investi est faible mais où il y a néanmoins circulation monétaire et production
de biens et services onéreux avec des techniques à haute intensité de main-d’œuvre. Les
qualifications sont acquises le plus souvent en dehors du système scolaire et le marché
échappant à tout règlement est ouvert à une concurrence cruelle.
La typologie utilisée pour classer les différents types d’activités est celle des Nations Unies, à
savoir la CITI rév.2 (Classification Internationale Type par Industrie, révision 2)
La production a été évaluée par le biais d’une variable « proxy », le chiffre d’affaire, sauf
pour le secteur du commerce. Cette estimation est certainement au-dessous des valeurs
réelles puisqu’elle ne prend pas en compte les variations des stocks de produits finis.
L’enquête comprenait une question sur les produits vendus, les prix unitaires de vente, les
quantités fabriquées et vendues ainsi que le montant des recettes encaissées par
l’entrepreneur pendant la période de référence. La production brute de biens et services
comprend :
3
- l’accroissement net des produits en cours de fabrication (évalués à leur coût) et des
stocks de produits finis (évalués au prix à la production),
- les loyers perçus au titre des bâtiments, des machines et des équipements.
Afin d’évaluer la production du commerce, les enquêteurs ont utilisé les marges, à savoir
la différence entre le montant des ventes et celui du coût d’achat des marchandises
vendues. Le taux de marge moyen calculé est de 33%.
La production est définie ici comme le résultat de l’activité économique, qui consiste à
créer des biens et des services au cours d’une période donnée à partir des facteurs de
production s’échangeant sur le marché. La valeur ajoutée c’est l’excédent de la valeur des
biens ou services produits sur la valeur des biens et services consommés pour les
produire. Elle représente la valeur nouvelle ou richesse additionnelle créée au cours du
processus de production. La valeur ajoutée comprend les impôts sur production nets de
subvention, la rémunération des salariés et l’excédent brut d’exploitation qui représente le
solde du compte d’exploitation et montre ce qui reste de la valeur nouvelle créée.
A partir de l'EBE un seuil S qui représente les deux tiers (2/3) de la médiane de l'EBE de
l'ensemble des unités de productions informelles enquêtées a été considéré;
L’approche de la médiane est une approche très utilisée par les institutions
internationales. Cette approche est fondée sur le concept de seuil relatif qui part du
principe que la pauvreté est avant tout un phénomène relatif entre catégories socio-
économiques d'une même société. On distingue deux catégories de mesures relatives: les
mesures purement relatives et les mesures quasi-relatives. Une mesure purement relative
consiste à considérer comme pauvres tous les individus dont le revenu ou la dépense se
situe, par exemple, dans le quintile inférieur de la distribution des revenus ou des
dépenses. Une mesure quasi-relative consiste à considérer comme pauvres tous ceux
dont le revenu ou la dépense est inférieur, par exemple, à 75% du revenu médian ou
moyen (dépense médiane ou moyenne). La notion de pauvreté relative ne définie pas un
seuil de pauvreté en tant que tel; elle suppose qu'il y a toujours des pauvres et s'attache
plutôt à mesurer comment les revenus ou les dépenses de ceux-ci évoluent par rapport
aux non pauvres [A. ADEGBIDI, 2001]. Le choix de cette approche se justifie par le fait que
le secteur informel constitue un groupe socio-économique plus homogène que l'ensemble
des ménages.
Trois indices de pauvreté sont calculés pour appréhender le niveau de pauvreté 2,.
1) P0 : incidence de pauvreté qui indique la proportion des pauvres au sein de la
population ;
2) P1 : indicateur de la profondeur ou du fossé de pauvreté ; il permet d’apprécier
l’intensité du déficit d'exploitation ou du phénomène de pauvreté ;
2
Ces indicateurs sont basés sur la méthodologie proposée par Foster, Greer et Thorbecke (1984) "A Class of
Decomposable Poverty Measures" Econometrica et utilisés par exemple dans les profils de pauvreté réalisés en
Côte d'Ivoire au Ghana par Boateng, Ewusi, Kabour et McKay (1992) Un profil de pauvreté au Ghana Document
de travail n° 5, Projet Dimensions Sociales de l'Ajustement, Banque mondiale, Washington, D.C. il a été également
utilisé au Bénin dans l'Etude sur les Conditions de Vie en milieu Rurale ECVR2
4
3) P2 : indicateur de sévérité de la pauvreté ; il permet d’apprécier l’ampleur de la
disparité du déficit parmi les pauvres.
Soit P la classe des indices décomposables de pauvreté. Si X est un indicateur du niveau de vie (dépense ou revenu par
équivalent adulte par exemple), alors P s’écrit pour une ligne de pauvreté z
1 n
Pα = ∑
n i =1
(1 − xi / z )α 1( xi < z )
Deux groupes de chefs d'unités de production informelle (UPI) sont définis suivant leur
catégorie socio-économique :
• la première catégorie, les Non pauvres, regroupe les chefs d'UPI qui ont enregistré
des EBE supérieurs à 100% du seuil de pauvreté considéré;
• la seconde catégorie, les Pauvres, regroupe les chefs d'UPI dont l'EBE est en
dessous du seuil de pauvreté.
Les données servant de base à la présente communication sont issues de l'enquête sur
les unités économiques informelles de 1999.
Le champ de l'enquête englobe deux aspects :
i) le champ économique qui couvre les activités économiques à savoir la production, le
commerce et les services.
ii) du point de vue géographique, l'enquête a couvert les six grandes villes du Bénin à
savoir Cotonou, Porto-Novo, Abomey, Bohicon, Parakou et Djougou. Ces villes ont été
choisies suivant deux critères : leur poids économique et l'importance des micro-
entreprises qui y opèrent.
Les fonds nécessaires aussi bien à la mise en place d'une unité économique qu'au
renforcement ultérieur de l'équipement proviennent le plus souvent des circuits financiers non
formels. Il ressort de l'enquête de 1999 que la majorité des investissements est réalisée en
dehors du circuit bancaire.
5
Graphique 1 : Distribution des UPI selon la source de
financement
Programme
Tontine d'aide
Prêt d'amis Autofinanceme
Héritage et don nt
Prêt de famille
Banque et IMF
Le recours quasi exclusif au circuit informel au détriment du système moderne procède des
contraintes imposées par ce dernier et qui sont impossibles à surmonter pour tout individu
dont le statut socio-économique n'est pas parfaitement défini 3.
3 J.P. LACHAUD: les activités informelles de production et l'emploi au Bénin: Analyse et stratégie de développement, Programme Mondial de l'emploi, OIT, Genève, Avril 1986
.
6
3- L’ANALYSE DIAGNOSTIQUE DES SOURCES DE FINANCEMENT DANS LE
SECTEUR INFOEMEL URBAIN AU BENIN
Il s'agit des sources de financement telles les tontines, les micro-financements et les
programmes d'aide. De façon exclusive, les tontines sont apparues comme la principale
source de financement des activités économiques des micro-entreprises du secteur
informel. 5,9% parmi elles ont eu recours aux tontines uniquement pour financer les
activités productives alors que 1,43% d’entre elles ont été financées grâce aux crédits
bancaires.
a) – Les tontines
Les entreprises qui ont eu recours exclusivement aux tontines pour financer leurs activités
ont enregistré un chiffre d’affaires qui varie entre 4.800 FCFA et 8.400.000 FCFA soit une
valeur moyenne de 2.032.709 FCFA et le salaire moyen de ces entreprises est de 44.011
FCFA en 1999. Les niveaux moyens de la valeur ajoutée et de l’excédent brut
d’exploitation sont respectivement de 534.790 FCFA et 490.770 FCFA.
b) – Programmes d’aide.
Très peu d’entrepreneurs du secteur informel ont recours exclusivement aux programmes
d’aide pour financer leurs activités. En examinant les soldes caractéristiques des
entreprises, on note que le salaire moyen distribué est d’environ 15.800 F.CFA et les
ventes moyennes réalisées par elles est de 84.000 F.CFA alors que la valeur ajoutée
7
dégagée par chacune d’entre elles est de 76.478 F.CFA pour un excédent brut
d’exploitation moyen de 60.678 F.CFA.
Il faut noter que les tontines étant de l’épargne individuelle, leur mobilisation est aisée
contrairement aux crédits bancaires, aux micro-finances et aux programmes d’aides qui
requièrent des fois des garanties ou des avaliseurs. Elles constituent une entraide sociale et
par simple esprit de solidarité, un demandeur arrive à mobiliser d’importantes ressources au
démarrage, l’extension ou pour le renouvellement d’une activité économique.
Il est important de signaler qu’en 1999 aucune UPI n’a eu recours aux micro-finances de
façon exclusive pour financer ses activités.
2010000
1810000
1610000
1410000
1210000
Tontine
1010000
Crédits bancaires
810000 Programmes d'aide
610000
410000
210000
10000
Chiffre d'affaires Valeur ajoutée Salaire Excédent brut
d'exploitation
Les sources de financement pris individuellement semblent avoir un impact sur les
résultats de l'activité informelle. Qu'en est-il de leur combinaison ?
8
a) – Les tontines et micro-finances
Très peu d’unités économiques du secteur informel ont eu à combiner les tontines et les
micro-finances pour les financements de leurs activités. Mais celles qui ont combiné ces
deux sources de financement ont enregistré des chiffres d’affaires moyens non
négligeables (600.000 F.CFA) et une valeur ajoutée moyenne relativement élevée
(546.000 F.CFA), dans le même temps elles ont distribué 76.478 F.CFA comme salaires
aux employés.
9
micro-finances et autres sources distribuent relativement plus de salaires. De même, elles
font relativement plus de chiffre d’affaires et conséquemment dégagent plus de valeur
ajoutée. Il faut cependant noter que ces différences relatives ne sont pas très
significatives.
300000
250000
200000
50000
0
Chiffre d'affaires Valeur ajoutée Salaire Excédent brut
d'exploitation
Masculin Féminin
Soldes moyens
10
Graphique 4 : Indicateurs de gestion des unités économiques du secteur informel par
sexe
700000
600000
500000
400000
Masculin
300000 Féminin
Ensemble
200000
100000
0
Chiffre d'affaires Valeur ajoutée Salaire Excédent brut
d'exploitation
La propension des chefs d’entreprises à aller vers telles ou telles autres sources de
financement est-elle influencée par le sexe ? Dans ce paragraphe on procèdera à
l’analyse des indicateurs de gestion selon le sexe du premier responsable de l’entreprise.
a) – Les tontines
On observe que les femmes plus que les hommes ont plus recours aux tontines. En effet,
59,4% des chefs finançant leurs activités économiques avec les tontines sont des
femmes.
L’examen des soldes caractéristiques de gestion relatifs aux tontines comme sources de
financement, fait ressortir que chaque unité économique dirigée par une femme réalise en
moyenne 3.048.292 F.CFA de chiffre d’affaires et distribue un salaire moyen de 34.586
F.CFA alors que la valeur ajoutée moyenne est de 768.081 F.CFA, le niveau moyen de
l’excédent brut d’exploitation est de 733.494 F.CFA.
Au niveau des entreprises dirigées par les hommes, il faut observer que les ventes
moyennes sont estimées en 1999 à 544.386 F.CFA et le salaire moyen payé aux
travailleurs est de 57.823 F.CFA dégageant ainsi une valeur ajoutée moyenne de 192.907
F.CFA et un excédent brut d’exploitation moyen de 135.084 F.CFA.
Ainsi la valeur ajoutée dégagée par une unité économique dont le responsable est une
femme semble relativement plus élevée que celles ayant pour chef un homme. Il est ainsi
apparu que malgré que le chiffre d’affaires des entreprises de femmes est plus élevé,
11
elles contribuent très faiblement à la réduction de la pauvreté de part le faible niveau des
salaires payés aux travailleurs du secteur.
On pourrait justifier cette situation par le type d’activité. En effet, comme nous l’avons
souligné plus haut le commerce, domaine de prédilection des femmes utilise des mains-
d’œuvre très peu qualifiées et surtout infantiles donc très faiblement rémunérées. Mieux
cette activité n’utilise pas de consommations intermédiaires diminuant ainsi certaines
charges (fixes ou variables). Alors que pour les unités économiques des hommes, on a
souvent besoin de main-d’œuvre qualifiée (cas des BTP et de la sidérurgie) et des
consommation intermédiaires (cas de la menuiserie, de la fonderie et de la sidérurgie).
3500000
3000000
2500000
2000000
Masculin
1500000 Féminin
1000000
500000
0
Chiffre d'affaires Valeur ajoutée Salaire Excédent brut
d'exploitation
12
L'observation des soldes caractéristiques de gestion, permet de s’apercevoir que le chiffre
d’affaires moyen est de 600.000 F.CFA alors que la valeur ajoutée de chacune des unités
économiques est d’environ 546.800 F.CFA. Cependant, le salaire moyen distribué paraît
relativement élevé (72.000 F.CFA).
Notons qu'au niveau des trois sources, la combinaison de sources de financement ne
concernent que les tontines et micro-crédits.
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Graphique 6: Indicateurs de gestion par combinaison de sources de financement selon le
sexe
450000
400000
350000
300000
100000
50000
0
Masculin Féminin Masculin Féminin
Mais les institutions financières autres que les banques sont nombreuses dans la plupart
des pays, elles ne font pas toutes de la micro-finance et celles qui en font n’en font pas
toutes de la même façon. En Afrique de l’Ouest, la loi sur les mutuelles n’est pas vraiment
adaptée à la micro-finance. Elle est une loi « excluante » ou « habilitante », en ce sens
qu’elle interdit toute activité d’épargne et de crédit à une institution non agréée, ou non
reconnue. Par ailleurs, la finance informelle n’était pas institutionnalisée, elle n’a
commencé à l’être que depuis peu. Les banques devaient donc être en contact avec les
agents eux-mêmes, les paysans, les femmes, les artisans [M. Lelart, 2001].
14
4- ANALYSE DE LA PAUVRETE SELON LA SOURCE DE FINANCEMENT
Des études ont révélé une forte incidence de la pauvreté au niveau des ménages aussi
bien en milieu urbain qu'en milieu rural. On dénombre de plus en plus de pauvres qui
trouvent pour "refuge" le secteur informel. L’incidence de la pauvreté dans le secteur
informel urbain au Bénin est de 40,2%. L'indicateur de la profondeur de la pauvreté révèle
que l'écart moyen entre l'EBE moyen des chefs d'UPI pauvres et le seuil de pauvreté est
de 38%. La sévérité de la pauvreté au niveau des chefs d'unité de production du secteur
informel se situe aux environ de 19% [D. M. MOUSTAPHA, 2002 4].
Selon la source de financement, on note que la pauvreté est moins accentuée dans les
rang des acteurs qui ont eu recours aux tontines que ceux qui ont utilisé les services
bancaires et les services des institutions de micro-finances.
Tableau 6: Les indices de pauvreté selon les sources de financement
S1=12.122 FCFA S2=24.245 FCFA 5
Source de P0 P1 P2 P0 P1 P2
financement
Autofinancement
0,249 0,138 0,099 0,384 0,231 0,169
0,014 0,009 0,007 0,016 0,010 0,009
Micro-finance
0,362 0,247 0,195 0,478 0,330 0,270
0,058 0,040 0,039 0,034 0,050 0,04
Tontines
0,230 0,120 0,090 0,397 0,220 0,154
0,040 0,024 0,019 0,040 0,030 0,020
Autofinancement
0,288 0,182 0,146 0,440 0,280 0,216
&Prêt famille
0,059 0,044 0,040 0,060 0,050 0,040
Autofinancement
0,440 0,160 0,090 0,550 0,330 0,220
& tontines
0,070 0,037 0,028 0,070 0,050 0,040
Autofinancement 0,379 0,233 0,162 0,414 0,310 0,250
& héritage-don
0,090 0,060 0,060 0,090 0,070 0,060
Prêt de famille & 0,250 0,130 0,080 0,350 0,198 0,150
Tontines
0,096 0,060 0,050 0,110 0,070 0,060
4
Cf . « Pauvreté et secteur informel urbain au Bénin » dans le cadre des travaux du MIMAP-Bénin en 2002
5
Sous cette forme, on constate que ce seuil de pauvreté S2 correspond, à peu près, à la norme de 1$/jour admis par les
Nations Unies. Ce seuil peut donc servir valablement d'échelle de valeur. Cf : D. M. MOUSTAPHA (2002): Pauvreté et
secteur informel en milieu urbain au Bénin
Pα − P22α
6
Les écart-types se calculent comme suit : σα = avec N la taille de l'échantillon, Pα les indicateurs de
N
pauvreté avec α =0,1 et 2.
15
4.1- Incidence de la pauvreté
L’incidence de la pauvreté est la proportion des chefs d'unités dont le niveau de leur
quasi-revenu autrement dit ceux dont le niveau de l’EBE est inférieur au seuil déterminé.
Au seuil S2, l'incidence de pauvreté est de 40,2%. En effet pour 40,2% des chefs d’unité
de production informelle, leur activité informelle ne leur permet pas de subvenir aux
besoins vitaux. Cette incidence est relativement plus élevée dans les rangs des chefs
d’UPI qui financent leurs activités en combinant l’autofinancement et la tontine (0,55).
Cette incidence est moindre au niveau des chefs d’UPI utilisant les prêts de famille et la
tontine (0,35) pour financer leurs activités. Il est important de noter que prise de façon
isolée, l’autofinancement (0,38) de même que la tontine (0,40) constituent des sources de
financement pour lesquelles l’incidence de la pauvreté est moindre par rapport à la
moyenne nationale dans le secteur informel urbain (0,402). De même les combinaisons
autofinancement-prêt de famille (0,44) et autofinancement-héritage et don (0,41).
En considérant le seuil S1 symbolisant l'extrême pauvreté, on trouve qu’un peu plus d'un
chef d'UPI sur 4 est extrêmement pauvre dans le secteur informel urbain. La combinaison
autofinancement-tontine et l’autofinancement pris isolement gardent les mêmes positions
par rapport à la pauvreté. Les positions des autres sources de financement ont différé
légèrement. Ainsi la tontine devient la source de financement ayant l’incidence la plus
faible (0,23).
16
comme une source de financement non adaptée. Hormis la combinaison autofinancement-
tontine, les positions relatives des autres sources de financement ont différé légèrement.
La pauvreté au niveau des chefs d'unité de production du secteur informel est plus sévère
dans les rangs de ceux qui utilisent les micro-finances (0,27) que ceux d’entre les chefs
d’UPI qui utilisent la combinaison ‘prêts de famille et tontines’ (0,15). Nonobstant quelques
légères modifications de positions, le même constat est fait en ce qui concerne la situation
d’extrême pauvreté, ainsi que le montre le tableau ci -après. Il faut noter que les tontines
utilisées exclusivement occupent une bonne position (0,15).
17
La micro-finance soulève plus de difficultés parce qu’elle prend en compte le créancier et
parce que le créancier est souvent une institution. Les tontines assimilées à la finance
informelle recouvre plutôt des pratiques d’épargne et sont considérées davantage comme
une incitation efficace à épargner que comme un moyen d’obtenir du crédit. On peut
certes trouver un intérêt à un programme de libéralisation financière, mais on voit mal
comment des taux d’intérêt plus élevés suffiraient pour amener l’épargne informelle – qui
est informelle depuis toujours – dans les banques qui sont parfois des filiales de banques
étrangères. Or on a suffisamment opposé les comportements dans ces deux secteurs.
D’ailleurs les acteurs du secteur informel constituent un groupe socio-économique
particulier pour lequel il faut un filet de protection sociale permanent. Car très souvent
lorsque survient un choc entraînant un ralentissement de l’activité économique, c’est sur le
secteur informel que se reporte la pression. Par exemple, une crise financière peut
contribuer à une baisse de la rémunération des salariés du fait de suppressions d’emplois
dans le secteur formel, de la baisse de la demande de services rendus par le secteur
informel et d’une diminution des heures de travail et des salaires réels. Lorsque les
salariés du secteur formel ayant perdu leur emploi arrivent dans le secteur informel, ils
exercent une pression supplémentaire sur les marchés de travail informel 7.
7
E. BALDACCI, L. De MELLO et G. INCHAUSTE : Crises financières, pauvreté et répartition du revenu, in
FINANCES ET DEVELOPPEMENT n°2 Volume 39, Juin 2002, pp. 22-27
18
CONCLUSION
Le secteur informel est très pourvoyeur d'emplois dans un processus plus extensif
qu'intensif. Mais sa contribution à la formation du PIB reste encore faible.
Le financement des activités est assuré par diverses sources de financement dont les plus
important sont les tontines, les micro-finances et les programmes d'aides. L'analyse des
indicateurs de gestion fait apparaître l'existence d'une corrélation entre les sources de
financement et les résultats économiques de l'entreprise informelle. Il apparaît que les
meilleurs résultats sont observés avec les tontines prises isolement tandis qu'en
combinaison ce sont les micro-finances qui jouent le même rôle. Mais l’étude de la
pauvreté par le biais des indicateurs FTG a révélé l’inadaptabilité de la micro-finance aux
activités du secteur informel. La pauvreté est plus manifeste au niveau des chefs d’UPI
utilisant les ressources de la micro-finance par rapport aux autres sources de financement.
Il apparaît au regard de tous ces constats, la nécessité d’une innovation financière pour
assurer la promotion des activités économiques du secteur informel L’adaptabilité de la
micro-finance dépend d'un certain nombre de paramètres parmi lesquels l'on peut citer :
- des processus technologiques dont l'objectif est double: apporter une aide sociale
croissante et pertinente au niveau de la population cible et assurer la durabilité financière.
19
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
7- J-M SERVET (sous la direction de) (1999) :Exclusion et liens financiers : Rapport
du Centre Walras 1999-2000, Economica, Paris.
9- J-M SERVET (sous la direction de) (1999) :Exclusion et liens financiers : Rapport
du Centre Walras 1999-2000, Economica, Paris.
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