314 DR AZAB

MAKANDA EBEBE Fabrice Calvin
20I042
Philosophie, Licence 3
Dr AZAB A BOTO Christine Lydie
UE PHI 314
Philosophie Politique
Sujet : Les grandes idéologies sensées rendre effectif l’épanouissement de l’homme dans
l’Etat sont-elles satisfaisantes ?
Une idéologie est un « ensemble cohérent et intégré d’idées et de croyances (ou d’idées
transformées en croyances) destinées à expliquer l’attitude de l’homme envers la vie en
société, et à établir une ligne de conduite conforme à ces idées et à ces croyances 1 ». Parmi
les idéologies, certaines sont appelées grandes idéologies du fait de leur implantation et de
leur emprise sur la vie des hommes. Toutefois, la vision de l’Etat qu’elles prônent, arrivent-
elles à la réaliser tout en garantissant la liberté de l’homme au sein de celui-ci ? D’où le
rapport entre grandes idéologies et liberté de l’homme. En somme, il s’agit de répondre à la
question de savoir si les grandes idéologies garantissent-elles la liberté de l’homme ?
Les grandes idéologies ont trois caractéristiques, elles sont « formulées de manière à être
communicable à la masse des gouvernés ; soutenues par la croyance des masses et non
restreinte à un cercle relativement limité formé par une élite ou par les initiés ; orientées vers
une option humaine, ou une valeur sociale, ou un ensemble cohérent de valeurs2 ». Pour
devenir grande, une idéologie doit « paraître attrayante à la masse des gouvernés qui doivent
l’accepter et l’embrasser parce qu’elle est conforme à leurs intérêts propres (…) elle doit
s’adapter à une consommation de masse3 ». S’il est vrai que pour devenir grande, une
idéologie s’investit à fond dans l’ « efficacité des méthodes de propagande4 », dès que la
masse se montre « réceptive5 » à la propagande, la nouvelle grande idéologie peine à réaliser
son idéal, la faute au caractère contradictoire de ses buts. Dans le premier but qui est « le
désir de changer l’ordre politique et social existant et d’aboutir à une répartition plus
1
Loewenstein Karl, « Les systèmes, les idéologies, les institutions politiques et le problème de leur diffusion »,
in Revue française de science politique, 3ème année, n°4, 1953, p. 680.
2
Idem
3
Ibidem, p. 681.
4
Idem
5
Idem
1
équitable du pouvoir entre les diverses classes qui constituent la communauté politique 6 », la
liberté de l’homme est visée ; cependant dans le second, afin d’assurer sa pérennité et son
emprise, la grande idéologie va restreindre ou annihiler la liberté de l’homme, d’où « la
volonté de maintenir le statu quo politique et social et l’aménagement du pouvoir politique
qui en découle7 ». Pour être acceptées, les grandes idéologies prônent la liberté de l’homme,
mais dans leur implémentation, elles annihilent la liberté de l’homme, car elles se soucient
plus de leur pérennité et de leur emprise. Une autre limite qui empêche les grandes idéologies
de s’investir à la liberté de l’homme est qu’elles « trouvent leur origine dans un groupe ou
dans une classe8 ». Ainsi, même si elles ont une implémentation globale et une emprise
conséquente sur les masses, « ce sont en général des intérêts spéciaux de groupe ou de classe
qui conditionnent les valeurs sociales et par là les idéologies qui les reflètent 9 », au lieu d’être
au service de la liberté de l’homme, les grandes idéologies servent les intérêts d’un groupe,
d’une classe. Tous les hommes ne pouvant être à l’origine d’une grande idéologie, ni gérer
son implémentation ; ces privilèges revenant à un groupe ou à une classe, en conséquence,
une grande idéologie ne peut servir les intérêts de tous les hommes, elle servira ceux de ceux
qui en sont à l’origine et qui gèrent son implémentation, car « très souvent, au cours de
l’histoire, le pouvoir s’est trouvé aux mains d’un individu qui, tout en prétendant représenter
des valeurs sociales généralement désirables, ne faisait en réalité que donner libre cours à
ses aspirations personnelles au pouvoir10 ».
Durant cette réflexion, il a s’agit pour nous de parler du rapport entre grandes idéologies et
liberté de l’homme. Notre réflexion nous permet de dire que, si dans leur discours officiel, les
grandes idéologies prônent la liberté de l’homme, dans leur mise en application, elles
restreignent, annihilent la liberté de l’homme au profit de leur pérennité et de leur emprise,
mais aussi, au profit du groupe ou de la classe qui domine. Toutefois, pour que la liberté de
l’homme advienne, il faut remplacer les grandes idéologies et les groupes ou classes qui
dominent, par des institutions justes et fortes, un peuple tout-puissant et des hommes au
service de l’intérêt commun. Cependant, il faut se départir du rêve d’une liberté absolue et
rechercher la liberté la plus juste et réalisable, car, nous vivons dans un monde limité, habité
par des hommes limités, qui comme Sisyphe, tendent tous les jours vers la liberté absolue,
sans jamais l’atteindre, mais sans jamais arrêter d’y tendre.
6
Idem
7
Idem
8
Ibidem, p. 686.
9
Ibidem, p. 685.
10
Idem

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