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Lille La faim justifie les moyens !

11 mars 2010
Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

4ème Carrefour de la Solidarité Etudiante Page | 2


Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Sommaire

Le mot du Président ....................................................................................................................... 4

Les organisateurs et les précédents carrefours............................................................................. 5

Ateliers :
Atelier 1 - La faim : l’exemple de l’Afrique ........................................................................... 7
Atelier 2 - Comment nourrir 9 milliards d’habitants en 2050 ?.............................................. 9
Atelier 3 - La faim en France ................................................................................................ 11
Atelier 4 : Alimentation et Ethique : Existe-t-il une éthique ? .............................................. 14
Atelier 5 : Eau et assainissement : un enjeu majeur dans la lutte contre la faim................. 17
Atelier 6 : La malnutrition .................................................................................................... 20

Le Forum des Associations ........................................................................................................... 23

Le concours .................................................................................................................................. 25

Conférence-débat sur le thème « La faim justifie les moyens » ................................................. 27

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Le mot du Président

Le 4ème Carrefour de la Solidarité est organisé par 8 élèves-ingénieurs de


l’Ecole des Mines de Douai, avec le soutien de l’association Action Contre la
Faim

« Merci pour cette rencontre intelligente,


amicale et constructive.
Jeunes, révoltez-vous, restez passionnés ! »

Denis Metzger
Président

Action Contre la Faim


4 Rue Niépce
75014 Paris
www.actioncontrelafaim.org

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Les organisateurs

L’Ecole des Mines de Douai a été créée il y a plus d’un siècle et elle forme
chaque année près de 200 ingénieurs généralistes. Son engagement constant
auprès de l’industrie et des entreprises, tant en matière de formation que de
recherche, lui a permis de développer sa notoriété pour la placer aujourd’hui
dans le peloton de tête des Grandes Ecoles françaises.

L’Ecole fait partie de la CRGE (Conférence Régionale des Grandes Ecoles) et du GEM (Groupe
des Ecoles des Mines), aux côtés de 6 écoles en France dont l’Ecole des Mines de Paris.

En 2007, l’Ecole a rejoint l’association Alliances, dont l’objectif est d’accompagner les
entreprises de la région Nord-Pas-de-Calais (telles que La Redoute, Auchan...) afin qu’elles
améliorent leurs performances en respectant l’homme et l’environnement.

Un évènement qui perdure

En 2004, un groupe d’élèves de l’école des Mines de Douai a pris l’initiative d’organiser le
premier « Carrefour de la Solidarité Etudiante », afin de promouvoir l’engagement des étudiants dans
l’humanitaire et le social. Cet évènement a connu un tel succès qu’il a été renouvelé à deux reprises,
réunissant des personnalités telles que SŒUR EMMANUELLE, Bernard KOUCHNER, Philippe RYFMAN
ou encore Jacques HINTZY.

Par le biais de ce 4ème Carrefour, nous désirions favoriser la création de liens entre des
associations et des étudiants de la région Nord-Pas-de-Calais en organisant un forum ; mais également
confronter les étudiants, lors des ateliers, aux problèmes que peuvent rencontrer des associations à but
humanitaire. Enfin une conférence-débat sur la faim dans le monde est venue clore cette journée.

Rétrospective sur la réussite des trois derniers carrefours, animés par Bernard de la
VILLARDIERE :

5 février 2004 : 1er Carrefour de la Solidarité Etudiante


« Osons l’humanitaire », présidé par Sœur EMMANUELLE

Le 5 février 2004 a eu lieu la 1ère journée " Osons l’Humanitaire " à


l'Ecole des Mines de Douai, avec la participation notamment de Sœur
EMMANUELLE et de Stéphane DIAGANA. Cette journée, qui
comprenait des ateliers de réflexion l'après-midi et une conférence-
débat le soir, avait pour but de promouvoir l'engagement humanitaire des étudiants des Grandes Ecoles
de la région Nord-Pas-de-Calais.

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9 février 2006 : 2ème Carrefour « Construisons la solidarité », présidé par


Bernard KOUCHNER

Le second carrefour a eu lieu le 9 Février 2006 également à l'Ecole des


Mines de Douai. Dénommé " Construisons la Solidarité ", il a su rassembler
un large public étudiant autour d'invités tels que Bernard KOUCHNER,
Philippe VASSEUR, ou encore le violoniste Didier LOCKWOOD.

7 février 2008 : 3ème Carrefour « Donnons l’envie d’agir », sous le Haut


Patronage de Rama YADE et présidé par Jacques HINTZY

Ce troisième rendez vous a pris comme thématique générale « l'Enfance en


danger », au travers de 3 ateliers parmi les 8 proposés. Nous avons
notamment pu compter sur la présence de Jacques HINTZY et Philippe
RYFMAN.

Résumé de la journée

Un parcours animé 9h-12h

Nous avons sensibilisé des élèves de CM2 à la question de la faim dans le


monde, par le biais d’un film créé spécialement pour ce public, suivi d’une
exposition et d’une discussion avec ces enfants. Nous avons travaillé avec 50
élèves de l’école primaire de Hellemmes-Lille.

Un forum des associations 13h30-17h30

Il a permis à 25 associations humanitaires et de développement d’envergure


locale, nationale ou internationale de se faire connaître auprès du public
étudiant.

Des ateliers de réflexion 14h30-17h

Six ateliers-débat ont été animés par des spécialistes des sujets proposés. Les
étudiants ont pris part à une réflexion sur divers thèmes tels que « La
malnutrition en France », « L’assainissement et la faim » ou encore
« Comment nourrir 9 milliards d’habitants en 2050».

Une conférence débat 18h-20h30

Ouverte au public étudiant et associatif, elle s’est organisée autour du thème


de la malnutrition, accueillant de nombreuses personnalités de grande
envergure des mondes associatif, économique, politique et culturel.

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Atelier 1 - La faim : l’exemple de l’Afrique

L’Afrique compte un milliard d'habitants, dont 260 millions souffrent de la faim. Ce sont en général des pays à
forte natalité, où le problème ne fait que s'aggraver. En outre, les crises successives ont multiplié le prix des
matières premières par trois et le taux de chômage est très important. Enfin, on estime que 40% de la part du PIB
est donné par des migrants vivant dans les pays riches.
 Quelles sont les véritables raisons de la faim en Afrique ?
 Quelles sont les solutions pour résoudre ce problème grandissant ?
 Quelles sont les difficultés de mise en place de ces solutions ?

Intervenants :
 Béatrice BOUQUET, Présidente de l’association Loos N’Gourma
 Pascal CODRON, Directeur de l’ISA
 Christophe WAGNER, Chargé de programme d’Elevage sans frontières
 Pauline CASALEGNO, Coordonatrice de l’antenne GRDR Nord Pas-de-Calais.

Modérateur :
Charles BASSIL, Elève-ingénieur des Mines de Douai

Rapporteur :
Jean-Luc WOJKIEWICZ, Enseignant-chercheur à l’Ecole des Mines de Douai

Ecoles participantes :
Arts et Métiers ParisTech, Ecole des Mines de Douai, ESJ, IESEG, ISA, Polytech’Lille, Université Lille 1 & 2,
Université d’Artois

En début d’atelier, les intervenants précisent leurs domaines de compétence.

Béatrice Bouquet nous présente l’association Loos N’Gourma qui


propose, notamment, une aide technique pour la culture des champs
et des prêts sur l’honneur aux paysans pour l’acquisition d’un âne et
d’une charrue. Plusieurs bâtiments ont été construits, dont un centre
de formation, un centre d’hébergement pour les formateurs et les
stagiaires, et deux bâtiments pour le stockage du matériel et des
récoltes. Le projet devrait s’étendre progressivement à toute la région,
contribuant ainsi à la lutte durable contre la pauvreté.

Pauline Casalegno explique l’importance de la formation au développement rural des populations locales.
Elle aborde également les enjeux sociaux et fonciers en évoquant la répartition des terres et les conflits qui en
découlent.

Pascal Codron va dans le même sens en mettant en avant la formation des habitants locaux. Ils peuvent
ensuite à leur tour transmettre ce savoir, pour acquérir leur autonomie. Il parle de ses actions au Congo, dont la
production de pommes de terre, l’élevage d’animaux et le maintien de l’agriculture pour alimenter des villes en
pleine expansion.

Christophe Wagner présente l’association Elevages sans frontières, qui aide des familles rurales dans les pays
en développement à acquérir une autonomie durable, alimentaire et économique, grâce aux microcrédits. Cette

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association aide des projets gérés par des habitants locaux, qui connaissent bien le terrain, notamment au
Sénégal, au Maroc, au Togo ou au Bénin.

S’ensuit un échange entre les étudiants et les intervenants :

Quelles sont les principales raisons de la faim en Afrique ?


Le débat met l'accent sur les problèmes politiques, les problèmes
d'infrastructure (manque de routes pour acheminer les denrées de la
campagne vers la ville, manque de moyens de transport...), le mode de
consommation des pays riches qui pourraient aider au développement de l’Afrique est également mis en cause.
La mondialisation joue également un rôle, car il n'existe pas de régulation des prix des denrées agricoles. Un
étudiant africain donne l'exemple du poulet produit sur place qui est deux fois plus cher que le poulet européen,
ainsi les habitants n’achètent pas nécessairement les produits locaux, ce qui nuit à l’économie du pays.
Enfin certains pays africains sont dans des situations instables, en guerre notamment, ce qui rend le
développement à long terme difficile.

Pourquoi les Africains, qui ont tant de ressources naturelles, n’arrivent-ils pas à se nourrir ?
Cela s’explique par une mauvaise exploitation et répartition des richesses naturelles en Afrique.
L’exploitation minière, par exemple, est essentiellement menée par des industries étrangères. De plus, les routes
et les voies de chemin de fer ont été conçues par les européens pour exporter les richesses exploitées de l’Afrique
à l’Europe, ainsi les pays africains n’ont pas de réelles infrastructures pour un commerce intérieur. L’exploitation
minière profite très peu à l’ensemble de la population. Enfin, les matières premières sont vendues à des coûts
très bas sur le marché mondial. Des pays africains vont même jusqu’à se faire concurrence sur les matières
premières qu’ils produisent, ce qui accentue la baisse des prix.

Quels sont les atouts du continent Africain ?


L'Afrique possède des atouts de part sa biodiversité, sa main d'œuvre jeune et la superficie des terres
disponibles pour l'agriculture. L’Afrique devra d’ailleurs augmenter par quatre sa production agricole d’ici à 2050,
ce qui ne sera possible que si des politiques efficaces sont mises en œuvre.

L’espoir est-il dans des solutions locales ou globales ?


Les associations présentes rappellent qu'elles n'interviennent pas sur le plan
de la politique mais apportent un soutien au développement local et les
intervenants sont en accord pour dire que les solutions sont locales. Les
intervenants insistent sur le rôle de la formation des africains aux nouvelles
technologies qui doivent être adaptées à l'Afrique pour assurer un
développement durable, l'exemple de plants de pomme de terre produits
localement est donné.
Le développement de nouvelles pratiques agricoles conciliant la production et la préservation du patrimoine
nourricier et de l’environnement est important. Béatrice Bouquet fait remarquer que l’agro-écologie s’inspire du
fonctionnement des écosystèmes naturels et de l’agriculture traditionnelle. L’amélioration des sols est rendue
possible par les rotations de culture, les engrais verts et un labour minimal. Peut-être est-ce une solution en
Afrique.

En conclusion, la situation est très préoccupante. Les pays du nord pourraient aider au développement de
l’agriculture africaine. Certains pays d'Afrique sont riches (uranium, nickel, diamants...), cette richesse doit
profiter aux africains. Il y a, de plus, un sérieux problème de formation des élites et des élus qui ne sont pas à
l’écoute de leur population. Enfin, la gestion de l'économie globale et locale ainsi que l'organisation des échanges
interafricains doivent être réformées pour que les pays d’Afrique améliorent leur situation économique et sociale.

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Atelier 2 - Comment nourrir 9 milliards d’habitants en 2050 ?


D’ici à 2050, notre population devrait passer de 6,8 à 9 milliards d’habitants, entrainant des besoins accrus en
nourriture. Comment va-t-on produire ces aliments ?
 Pourquoi la faim et comment l’éradiquer? Les émeutes de la faim que le monde a connues début 2008
risquent-elles de se reproduire?
 La recherche, le bio, les OGM, les avancées technologiques permettront-elles de nourrir la planète tout
en respectant les écosystèmes ?
 Comment faire face aux situations d’urgence ? L’exemple d’Haïti

Intervenants :
 Frédéric BAUDOUIN, Adjoint du chef de service Risques à la DREAL Nord-Pas-de-Calais et auteur de « La
faim dans le monde : Crises d’aujourd’hui et défis de demain »
 Jean-Paul CHARVET, Professeur émérite à l'Université de Paris Ouest – Nanterre, auteur de
« L'alimentation dans le monde : Mieux nourrir la planète »
 Jean-Louis RASTOIN Ingénieur agronome, Professeur à Montpellier SupAgro, auteur de « Nourrir 9
milliards d’homme en 2050 »
 Philippe RYFMAN, Professeur et Chercheur associé au Département de Science Politique et au Centre
Européen de Sociologie et Science Politique (CESSP-Sorbonne), Université Paris I, Panthéon, Sorbonne.
Auteur de « Une histoire de l’humanitaire » et « Les ONG »
 Faustine WAWAK, Directrice de Cap Solidarité

Modérateur : Antoine DE RAVIGNAN, Journaliste à Alternatives Economiques et Alternatives Internationales

Rapporteur : Laure GUILLAUD, Elève organisatrice, Ecole des Mines de Douai

Représentant de la CRGE : Jean-Claude DURIEZ, Directeur de l’Ecole des Mines de Douai

Ecoles participantes : CNAM Lille, Ecole Centrale de Lille, Ecole des Mines de Douai, EDHEC, HEI, IEP Lille, IESEG,
ISA, Polytech’Lille

Antoine de Ravignan commence par donner quelques chiffres et ordres de grandeur : après 2050, la
population mondiale se stabilisera autour de 9
milliards d’habitants. Si le monde entier adoptait
une alimentation à l’indienne (plutôt végétarienne)
nous pourrions être 10 milliards à nous nourrir,
tandis qu’avec le modèle américain nous serions
seulement 2,5 milliards et 5 milliards avec le modèle
italien. A l’heure actuelle, 40% des terres sont
cultivées, mais l’urbanisation, les forêts et la mauvaise qualité de certaines terres réduisent les 60% d’espaces
cultivables restant.
Après un rapide tour de table afin que chacun se présente, les intervenants prennent la parole.

Est-ce qu’aujourd’hui le monde produit assez ?

Selon Frédéric Baudoin, 150 millions de personnes vivent en dessous du nombre de calories nécessaires
par jour. Pourtant les besoins humains sont de 2200 kcal/j/personne et la production mondiale est de
2800kcal/j/personne selon la FAO. Il y a donc un problème de développement économique et d’accès à la
nourriture, produire plus ne suffit pas. Il faudrait quelque chose d’équivalent au plan Marshall. La réduction du

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gaspillage n’est pas non plus une solution viable à long terme pour réduire la faim dans le monde (40% de la
nourriture américaine part à la poubelle, 30% en France).
Il faut développer l’agriculture et les infrastructures là où il y a des problèmes. Jean-Louis Rastoin partage
partiellement cette analyse et rappelle le principe du droit à l’alimentation des Nations Unies : tout citoyen a le
droit de se nourrir en qualité et quantité suffisante selon ses coutumes.
Pour Jean-Paul Charvet, une des mauvaises solutions est la libéralisation des marchés comme le fait
l’OMC ; en effet pour qu’un marché fonctionne il faut que les clients soient solvables (contre exemple : Haïti). Il
avance également que l’agriculture biologique est incapable de nourrir tout le monde.

Qu’en est-il du système actuel ?

Selon Philippe Ryfman, les liaisons politiques sont une cause forte du
problème de la faim dans le monde. L’urbanisation importante exerce une pression
sur les politiques. Il y a également un problème de gouvernance mondiale : la FAO
fonctionne mal car elle ne permet pas d’assurer la sécurité alimentaire mondiale. En
prenant l’exemple de la France on se rend compte qu’il y a un problème de
coordination administrative: les ministères de la santé, agriculture et développement durable sont gérés par 3
personnes différentes.
Selon Faustine Wawak, les émeutes de la faim sont un problème social et politique, les hommes n’avaient
pas les moyens d’acheter et d’accéder à de la nourriture. Les pays du Nord subventionnent leurs productions, qui
se retrouvent moins chères que les productions du Sud. Une des solutions pour les pays du Sud serait de favoriser
prioritairement un développement local de leur production. Le local doit se battre contre le global. Jean-Louis
Rastoin affirme que le capitalisme financier gère notre alimentation et qu’il nous faut une gouvernance agricole et
non financière. Un exemple : de nombreux fonds d’investissement achètent ou louent des terres cultivables dans
les pays de l’Est qui ont ainsi dépassé les Etats-Unis dans l’exportation de blé.
Si on ne change rien aujourd’hui nous allons vers une dégradation encore plus importante de
l’environnement, 500 000 agriculteurs n’auront plus de travail et la nourriture produite sera de plus en plus de
mauvaise qualité.
Jean-Louis Rastoin souligne également qu’au Nord on ne fait plus attention à son alimentation (qui
représente actuellement 10% du budget alors que c’était 40% après-guerre). Il faut une éducation et une
formation à l’alimentation.

Quelles solutions peut-on envisager ?

Il faut 2 milliards d’hectares de terres pour nourrir tout le monde soit 500 000 exploitations. Il faudrait 30
milliards de dollars pour moderniser l’agriculture du sud et pour former les paysans. C’est une somme négligeable
par rapport au budget d’armement annuel dans le monde estimé à 900 milliards de dollars. Il faut une aide
durable pour les pays en développement, les actes de solidarité ne sont que des solutions à court terme. Une des
solutions envisagées est le scénario Agrimonde 1. C’est un scénario possible d'agriculture et d'alimentation
durables qui propose notamment l’effondrement du marché de la viande : diviser par 3 la consommation de
viande au Nord, diviser par 2 en Chine et au Brésil. C’est très peu probable. Ce scénario est parti du constat qu’il
faut 10cal de céréales pour produire 1cal de viande. 70% de la production bovine en France provient des
pâturages. Réduire la consommation de viande permettrait de libérer des terres pour les cultures.
Les OGM sont une solution très controversée en Europe où la
priorité est donnée au principe de précaution. Il y a actuellement dans le
monde 130 millions d’hectares de terres cultivées d’OGM. Ils permettent
de réduire l’utilisation d’engrais (9% de moins que pour l’agriculture
« classique ») et la consommation d’eau. Il n’y a pour l’instant aucun
problème avéré sur la santé humaine (les Etats-Unis consomment des OGM
depuis 20 ans). Les principales craintes sont environnementales : il y a le
problème de la dissémination et le risque du franchissement des barrières des espèces. Dans les petits pays les
OGM tuent la biodiversité. Les OGM sont donc craints au niveau du consommateur car il y a des problèmes de
transparence de l’information et de monopole (exemple de Monsanto) mais au niveau de l’agriculture ils sont
reconnus comme fiables et rentables.

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Atelier 3 - La faim en France


Qu’ils soient étudiants, immigrés ou non, en France aussi des personnes rencontrent des difficultés à subvenir à
leur besoins. Comment est-ce possible dans l’un des pays les plus industrialisés au monde ?
 Pourquoi certaines personnes sont-elles poussées à recourir aux aides alimentaires ?
 Comment sont réparties et distribuées les aides financières en France ?
 Qui sont les demandeurs et qui sont les donneurs ?
 Les étudiants subissent parfois eux aussi la précarité
 Comment peut-on agir à notre échelle ?

Intervenants :
 Véronique COLUCCI, Administratrice aux Restos du Cœur
 Jean-Louis CALLENS, Directeur général de la Fédération Nord du Secours Populaire
 Didier PIARD, Directeur de l’Action Sociale à la Croix Rouge Française

Modérateur : Benoit THIRION, Ancien élève de l’Ecole des Mines de Douai, Cadre à la direction nationale du FRET
de la SNCF.

Rapporteur : Clarisse DELATTRE, Elève organisatrice, Ecole des Mines de Douai

Représentant de la CRGE : Etienne CRAYE, Président de la Conférence Régionale des Grandes Ecoles, Directeur de
l’Ecole Centrale de Lille

Ecoles participantes : CNAM Lille, CUEEP Lille 1, Ecole des Mines de Douai, EDHEC, ESC Lille, IAE, Université
Catholique de Lille, Université Lille 2, Université Lille 3.

Après un rapide tour de table afin que chacun se présente, les intervenants prennent la parole pour
présenter les associations au sein desquelles ils travaillent. Suite à cela, le débat s’instaure entre étudiants et
intervenants.

Peut-on dresser un profil type du demandeur ?


Monsieur Piard souligne une dégradation de la situation. Les aides ne cessent de croître, subissant une
augmentation de 15%. On peut effectivement regrouper les demandeurs :
- Les retraités représentent 13% des personnes bénéficiant des aides. Ils sont les visages invisibles car ils
possèdent un toit, souvent une retraite mais vont recourir à l’aide alimentaire car leurs revenus ne suffisent pas.
Ce sont souvent des personnes issues du Baby Boom, beaucoup ont subit la crise économique et vivent avec 630€
par mois.
- Les plus jeunes représentent 10% des demandeurs. Aussi touchés par les difficultés financières liées aux
études, ils n’hésitent pas à sauter des repas et recourent aux associations lorsque la situation devient critique. Ils
ne bénéficient d’aucunes aides : étudiants, ils ne peuvent exercer un emploi
rémunéré à plein temps et ils ne peuvent toucher le RSA car l’âge minimal est
de 25 ans. Sur Lille, 327 étudiants se rendent à l’antenne sur Secours
Populaire installée en collaboration avec des jeunes et pour les jeunes.
- Les travailleurs représentent aussi une grande partie des
demandeurs. Ce sont souvent des personnes qui touchent le SMIC mais qui
peinent à s’en sortir à cause de l’augmentation du coût de la vie. Environ 40 %
des aides financières sont alloués aux demandeurs pour leur permettre de
garder leur maison.

Madame Colucci insiste sur le fait que nous sommes face à une situation grave qui ne s’arrange pas. 322 000
personnes profitant de l’aide des Restos sont sans emploi, la crise du logement et l’augmentation du coût de la

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vie ont des conséquences désastreuses. Les personnes recherchent donc de l’aide matérielle mais elles ont aussi
un besoin vital de lien social, qu’elle nomme justement « l’appétit vital ».

Le tabou étant levé, est-ce que les jeunes osent maintenant recourir aux aides ?
Monsieur Callens répond que ceux qui n’ont jamais franchi le pas viennent effectivement avec une grande
inquiétude. En effet, on peut se retrouver rapidement dans cette situation alors que rien ne la laissait présager.
Après le début de la crise financière par exemple, 70 000 emplois ont été supprimés dans le Nord, parmi ces
familles où les 2 conjoints travaillaient, beaucoup avaient des enfants étudiants. Le temps de faire une demande
de bourse et de valider le changement de situation nécessite un certain délai et c’est précisément durant ce délai
où les familles peuvent se retrouver dans des situations très difficiles.
Monsieur Piard souligne aussi que beaucoup des jeunes bénéficiaires sont des jeunes en rupture sociale
et familiale que ce soit à cause de conflits ou parce qu’ils sont migrants. De même Madame Colucci précise qu’il
existe une spirale infernale : fils, petits fils… Ces jeunes sont englués dans la pauvreté depuis plusieurs
générations, ont vu leur père, grand père bénéficier des aides et ce cycle se reproduit indéniablement…
Tous s’accordent à dire que presque un français sur 6 est touché et que cela dénote bien un problème
dans un pays qu’on dit « riche ». De plus en plus se posent la question « Quel est l’espoir de la vie ? »

N’est-il pas irrespectueux de parler de « profil type ? »


Tous soulignent qu’il ne s’agit absolument pas de « profil type » dans le sens péjoratif. Chaque cas est
différent, des personnes ayant par exemple une vie très correcte peuvent être extrêmement fragilisés à la suite
d’un choc et dégringoler totalement pour se retrouver sans rien.
Il s’agit simplement d’observer les personnes qui ont besoin de recourir
aux aides afin d’analyser les variations des demandes au sein de la
population française. (On peut ainsi dire clairement que le pourcentage de
jeune est en augmentation).
Monsieur Callens précise qu’il ne s’agit en aucun cas de charité. La
dignité de chacun doit être préservée autour de la solidarité. En effet il part
du principe que celui qui reçoit doit pouvoir aussi donner de son temps
pour participer et aider à préparer les repas par exemple. De plus, les
relations avec les personnes deviennent différentes lorsqu’elles ont aidé à leur tour. Un exemple : le Secours
Populaire a mis en place un fond de solidarité étudiant. Le jeune en difficulté va bénéficier d’une aide financière
mais va en contrepartie s’engager dans des actions de participation au sein de l’association.

Quelles sont les aides mises en place au niveau de l’Etat ?


Le Programme Européen d’Aide au plus Démunis (PEAD) fait parti du budget global de la Politique Agricole
Commune (PAC) qui prévoit que les populations des Etats membres doivent avoir accès à une alimentation
suffisante et saine, dans le cadre d’un équilibre optimal entre les prix, les volumes et la qualité des denrées. En
2009, les crédits destinés à la France s’élevaient à 77 millions d’euros, qui sont ensuite partagés entre la
Fédération française des banques alimentaires, les Restos du cœur, le Secours Populaire, et la Croix-Rouge
française.
Cependant l’Etat récupère ailleurs ce qu’il peut donner, en se justifiant de précédant dons déjà effectués au
siège de l’association ou en invoquant l’aide Européenne déjà obtenue.
Des regroupements des associations sont effectués au niveau territorial et ces dernières travaillent aussi
avec la grande distribution.

Comment les personnes bénéficiaires sont-elles sélectionnées ?


L’établissement d’un barème est indispensable. L’aide gratuite a eu un effet pervers et ce barème a été crée
à la suite de trop nombreux abus car le budget des associations n’est pas élastique. Il est calculé en fonction des
revenus du demandeur et de ses charges. Le barème est actuellement de 7€ par jour par personne, les
demandeurs situés en dessous de ce seuil peuvent bénéficier de l’aide. Cependant les personnes sont traitées au
cas par cas et il existe une inconditionnalité d’accueil. Parfois, selon les circonstances le barème peut être
dépassé. De la même façon il n’y a aucune sélection lorsqu’il s’agit d’une urgence.

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Tous précisent bien que ces barrières ne sont pas mises en place par plaisir, et que l’un des pires rôles est
celui de l’inscripteur, car parfois des personnes peuvent-être refusées à quelques euros près. Ces barrières sont
cependant nécessaires bien que laissées souples dans certains cas.

N’est-il pas possible de récupérer les excédants de production alimentaire ?


C’est une question très difficile car les règles sanitaires sont très strictes et n’autorisent aucune prise de
risque. Les associations récupèrent parfois les aliments prêts à être périmés et les écoulent très vite sur des
chaînes courtes ou bien les congèlent. C’est cependant difficile d’établir des partenariats forts et durables avec la
grande distribution car elle réclame une régularité que les associations ne peuvent pas assumer. En effet,
Madame Colucci signale qu’en dehors de l’hiver les distributions cessent.

Pourquoi y a-t-il autant d’argent alloué à des choses beaucoup moins importantes que nourrir les
hommes ?
Monsieur Piard signale que les questions de solidarité sont importantes mais que ce sont des thèmes et des
problématiques peu portées politiquement, des choses qui ne sont pas investies. Madame Colucci rajoute que le
quinquennat laisse peu de marge. De plus, paradoxalement, certaines personnes font des dons mais ne voudront
jamais entendre parler des questions de solidarité et seront totalement réticentes à l’installation d’une antenne
des Restos près de chez eux.

Existe-t-il un profil type du donneur ?


Il existe de moins en moins de profils types. Tous affirment qu’il n’y a pas d’égoïsme, que de plus en plus de
personnes donnent, certes un peu moins, mais plus régulièrement grâce notamment aux techniques de
marketing et au développement des dons par internet. Au Restos du Cœur, le don moyen est de 107 euros. Ceci
s’explique notamment par la mise en place de loi Coluche et l’arrivée de la crise qui lève une vague de solidarité
en faveur des plus démunis. Les fluctuations des dons sont liées à l’émotion des gens mais les Français sont plutôt
généreux et donnent assez facilement.

N’y a-t-il pas un paradoxe entre le fait que les français soient généreux et la faiblesse venant du manque
de lien social ?
Les associations telles que les Restos du Cœur, la Croix Rouge Française ou le Secours Populaire créent du
lien social. Monsieur Piard nuance en ajoutant que parfois elles contribuent aussi à faire que les gens démunis
fassent partie du paysage… Madame Colucci présente un livre réalisé par Thierry Marx, « Les recettes des Restos,
65 plats pour tous les jours », destinés à réapprendre aux personnes à se nourrir avec des recettes simples et
abordables. Ce livre est également accessible aux illettrés. Le but de ce livre est de permettre le lien social par la
cuisine, de réapprendre l’équilibre alimentaire même quand on a peu…

Comment les étudiants peuvent-ils participer à cette solidarité ?


Madame Colucci nous informe que les maraudes les soirs sont
destinées à des populations assez jeunes.
Monsieur Piard nous conseille d’aller sur le site de la Croix Rouge ou de
se rendre dans une des nombreuses délégations. Nous pouvons agir de
différentes façons : participer dans une équipe mobile, en finançant
des microcrédits, en effectuant des bénévolats spécialisés... Tous
signalent que la solidarité est nécessaire, que cela donne du sens à sa
vie et qu’il est important de donner de soi même.

Monsieur Callens affirme qu’il est formidable que des jeunes viennent pour s’investir, notamment des
étudiants des grandes écoles du Nord, en organisant de nombreux petits projets de solidarité (financement des
bus pour les maraudes, etc.). Ces jeunes en sont ensuite transformés.
Les 3 intervenants témoignent avec force et passion et délivrent un message très riche. Madame Colucci
conclue en partageant son sentiment : ce ne sont jamais que quelques heures de données, et elles ne pèsent pas.
Même si parfois on peut ressentir le blues ou même la colère, on retire beaucoup de satisfaction à voir les gens
s’en sortir, et un immense plaisir.

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Atelier 4 : Alimentation et Ethique : Existe-t-il une éthique ?


La mondialisation des échanges commerciaux ne permet pas aujourd’hui à tous les producteurs de vivre
dignement de leur métier. Le marché est inéquitable, les chances de commencer librement ne sont pas les
mêmes. Quelles sont les causes de ces déséquilibres ? Pourquoi en est-on arrivé là ? Comment peut-on renverser
la tendance ? Quelles sont les modifications à apporter ?
 Les règles du marché de l’alimentaire : constitue-t-il un marché particulier ? La concurrence est-elle
parfaite ? (protectionnisme, subventions, quotas, lobbies, …) Pourquoi les prix sont-ils si volatiles ? Quel
est le rôle de la spéculation à ce niveau ?
 Les économies locales face aux échanges alimentaires internationaux : difficultés des producteurs locaux
à mener une activité pérenne. Le commerce équitable, la micro-finance sont-ils des alternatives ?
Comment professionnaliser ce secteur majoritairement informel ?

Intervenants :
• Dominique BOUNIE, Maître de conférences Département Ingénierie Agroalimentaire de Polytech’Lille,
travaux en collaboration avec le PAM.
• Laurent CHEREAU, Responsable Administration et Communication à la SIDI (Solidarité Internationale
pour le Développement et l’Investissement)
• Denis BOLLENGIER, Vice Président de la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants
Agricoles) et Membre du bureau de la Chambre d’Agriculture.
• Christian TRANNOY, Directeur de l’Agence Crédit Coopératif d’Arras

Modérateur : Geoffrey VANCASSEL, Elève à l’Ecole des Mines de Douai

Rapporteur : Guillaume GOURINEL, Elève organisateur, Ecole des Mines de Douai

Représentant de la CRGE : Bertrand BONTE, Directeur de Telecom Lille

Ecoles participantes : CNAM, Edhec Business School, Ecole Centrale de Lille, Ecole des Mines de Douai, IEP de
Lille, IESEG, ESPEME, ISA, Université Lille 1, Université Lille 2.

Après une présentation rapide du thème de l’atelier et de ses problématiques, chacun des participants est
invité à se présenter, et à expliquer les raisons qui l’ont poussé à venir participer à cet atelier.
Les étudiants présents ont montré une motivation très diverse, de part leurs profils différents. On peut citer
la réalisation d’une thèse sur la gouvernance mondiale de l’agriculture, des projets étudiants solidaires ou encore
la simple envie de s’informer par soi-même et de pouvoir comparer à l’information diffusée par les médias.

Puis les intervenants ont pris la parole pour se présenter :


Denis BOLLENGIER présente ainsi son engagement au sein de la FDSEA, mais aussi son rôle de Président de
l’association Novagri, qui promeut l’agriculture du Nord-Pas-de-Calais auprès du grand public, notamment par la
réalisation d’une ferme en centre ville. Il fait aussi parti de l’AFDI, Agriculteurs Français et Développement
International.
Laurent CHEREAU représente la SIDI, filiale du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le
Développement). Cette association est
chargée de développer la micro finance. En
valorisant l’apport des agriculteurs dans leur
activité, elle aide ainsi à une amélioration de
leur niveau de vie, via les micros-prêts et
l’apport d’une assistance technique gratuite.
Afin de financer ses activités, elle utilise le
principe de l’épargne solidaire en France.

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Christian TRANNOY participe justement au développement de l’épargne solidaire en France. Via l’agence du
Crédit Coopératif d’Arras qu’il dirige, il collecte des fonds destinés à être utilisés pour financer des projets de ses
partenaires solidaires.
Dominique BOUNIE, maître de conférences, se présente plus comme un technologue et un formateur.
Convaincu qu’il y a de la place pour l’éthique dans les formations, notamment dans la recherche de nouvelles
solutions économiques. Il souligne le piège de l’aide alimentaire qui ne résout aucun problème mais traite juste
les symptômes.

L’économie de l’alimentaire : un problème d’ordre global.

Les denrées alimentaires répondent d’abord à des besoins de base qui sont partagés par l’ensemble de la
planète. C’est pour cette raison que ce marché est très important, et qu’il est un enjeu stratégique majeur pour
les Etats et certaines entreprises.

M. Bollengier intervient sur un exemple : la PAC en Europe, et plus globalement les subventions agricoles
dans les pays riches. Celles-ci permettent en effet de créer la sécurité alimentaire. Néanmoins, cela induit certains
effets pervers. On peut noter que, pour le Nord-Pas-de-Calais, la somme des subventions est égale à la somme
des revenus des agriculteurs. Autrement dit, sans subvention, impossible de maintenir son activité.
Un exemple de la disproportion est que l’agriculture représente 40% du budget de l’UE, mais uniquement
3% du PIB des Vingt-Sept. M. Trannoy ajoute une différence majeure : il ne faut pas confondre les subventions
nécessaires à l’autosuffisance, et celles au-delà qui conduisent à des excédents et donc à l’exportation.

Actuellement, les prix des matières premières sont fixés par la loi de « Répondre à la faim,
l’offre et de la demande. La bourse de Chicago, spécialisée dans cette
matière, est le théâtre de nombreuses opérations spéculatives visant à faire ce n’est pas que
un maximum de profit. Une solution envisageable serait de faire contrôler le combattre la faim. »
niveau des prix par un organisme international, afin d’éviter les abus.
Le critère de la volatilité des prix reste néanmoins très dépendant de l’état des récoltes au niveau mondial.
Les pays du Nord possèdent des réserves stratégiques pouvant être utilisées en cas de hausse des prix, au
contraire des pays du Sud ne possédant pas d’agriculture développée. Ils sont alors obligés de s’endetter afin de
répondre à leurs besoins.
Au final, l’impact des biocarburants sur les prix n’est que très peu élevé, car ils ne représentent qu’une infime
part de la demande mondiale, du moins pour l’instant.

Les déséquilibres Nord – Sud : vers une économie plus solidaire ?

D’un point de vue plus général, l’agriculture des pays du Sud


souffre d’une grande désorganisation causée par l’inondation des
produits du Nord, au prix du marché mondial. Du coup, il n’est
même plus rentable de rester agriculteur dans ces régions. De
même, certains pays ont mis en place une politique d’exportation,
qui a conduit à de véritables catastrophes économiques.
La tentation du protectionnisme alimentaire ne peut plus être
utilisée dans de nombreux pays, contraints à ouvrir leurs frontières
commerciales en échange d’aides du FMI pour subvenir à leurs
dettes.
L’agriculture des Pays du Sud manque aussi d’importants moyens logistiques : les conditions de transport ne
sont pas bonnes et les financements n’arrivent pas, car il n’y a pas vraiment de coopératives ou d’opérations de
regroupement. Les microcrédits deviennent alors une chance de salut, permettant le développement
d’entreprises locales. La plupart sont réalisés dans des optiques de développement durable.

La consommation de produits locaux n’a jamais été développée, que ce soit au Nord ou au Sud. Tous les
achats alimentaires passent par de nombreux intermédiaires pour aboutir dans les rayons de la Distribution, en
ayant énormément augmenté au passage. On retrouve ceci dans les forts profits réalisés par la distribution. Le

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développement des achats de producteurs à particuliers permettrait sûrement une meilleure rationalisation des
prix au détail.
Le développement du commerce équitable est une bonne chose : il apporte l’idée de développement
durable, apporte une source de profit à la collectivité… Mais il reste très en marge du commerce réel, et n’est pas
une démarche réaliste à long terme. Seul un basculement complet du commerce des aliments vers le « Fair
Trade » serait vraiment viable.
La présence de nombreux intermédiaires dans les marchés occidentaux a un très fort impact. L’idéal serait de
mettre en place de plus en plus des ventes locales, réduisant ainsi drastiquement le nombre d’intermédiaires.
Ceci apporterait une garantie au producteur et au consommateur. Une sorte de commerce équitable Nord-Nord.

Au niveau local : l’impact des initiatives solidaires

Les pays du Sud souffrent globalement d’un problème


de mauvaise stratégie agricole qui les empêche de se
développer. On peut d’abord citer les problèmes de
logistique : par manque de moyens, les produits ne
peuvent être réellement mobiles, ce qui pénalise le
producteur.
S’ajoutent à cela des problèmes financiers :
l’exploitant agricole a besoin de fonds entre la fin de la
récolte et le début de la récolte suivante. La mise en place
d’un plan micro-financier aide, mais une organisation
évitant les spirales serait nécessaire.

La micro-finance a été développée dans l’objectif d’aider les personnes ne disposant pas des institutions
nécessaires à leur survie financière. Les banquiers trouvent aussi leur compte dans ces micro-prêts grâce à la
garantie de caution solidaire. Pourtant, ce modèle n’est que peu satisfaisant à long terme car les taux sont
généralement bas, ce qui ne joue pas en la faveur de ces prêts.
Cette méthode est surtout pratiquée en Asie, il est très difficile de la mettre en place en Afrique.

Cette solution doit être couplée à d’autres, car c’est uniquement l’ensemble qui permettra l’établissement
d’un cercle vertueux. On peut citer le développement par regroupement, la création d’infrastructures permettant
l’export, le développement ou l’apport de technologies, la fin des instabilités politiques, etc.
De réelles améliorations sont possibles, via l’affirmation de stratégies de développement claires et précises :
valorisation des ressources locales, stratégie de développement à long terme, émergence des projets durables…
Le levier clairement établit est celui du financement, qui permet de faire perdurer toutes les actions menées
et permettent ainsi un développement efficace. Ses effets sont difficilement mesurables, mais on s’aperçoit que
globalement les villages aidés voient leur activité augmenter.

Le commerce Equitable et la Finance solidaire via les épargnes solidaires permettent à la société civile un
certain pouvoir de choix du changement de l’éthique de l’économie.
Au final, ce problème reste globalement politique, car il dépend des choix et des valeurs que les pouvoirs
publics sont prêts à appliquer au niveau mondial afin de tendre vers une économie moralisée.

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Atelier 5
Eau et assainissement : un enjeu majeur dans la lutte contre la faim

« Parmi tout ce que j’ai appris en tant que dirigeant politique, il y a le rôle central de l’eau dans les domaines
sociaux, politiques et économiques de notre pays, de ce continent et du monde »
(N. Mandela, Ouverture du Sommet Mondial pour le développement durable de Johannesburg, 28 Août 2002)

L’eau et la faim sont liées par de nombreux éléments plus ou moins directs : boisson, agriculture irriguée,
pêche, cuisine, hygiène, production d’électricité… Pourtant, environ 1,2 milliards d’hommes n’ont pas accès à
l’eau potable, c’est à dire qu’ils ne disposent pas de 25L/pers./jour et à moins de 200m du lieu d’habitation.
Le problème de l’eau sur notre planète n’est pas lié à la quantité globale disponible mais à son inégale répartition
géographique et sociale.
 Comment lutter contre la faim en traitant le problème de l’eau ?
 Quelles sont les méthodes et solutions que l’ont peut mettre en place aujourd’hui ?
 Qui sont les acteurs influents au cœur de ces enjeux mondiaux ?
 Quel va être le rôle de notre génération ?

Intervenants :
• Etienne BASHIZI, Retraité des Nations Unies et ancien représentant de l’UNICEF
• Christelle JACQUART, Chargée de mission eau et assainissement d’Action Contre la Faim, ancienne
employée de SAFEGE
• Hugues LACOQUELLE, Responsable client logistique et chargé de mission d’Action Contre la Faim
• Lionel ROBAUX, Directeur Général adjoint à l’Office International de l’Eau
• Jean VERGNES, Docteur Es-Sciences. Consultant UNESCO et MAE. Chargé du développement durable à
l'UISF et au RMEI.

Modérateur : Etienne BRUANT, élève à l’Ecole des


Mines de Douai

Rapporteurs : Christian VEIDIG, DREAL Rhônes Alpes,


ancien élève de l’Ecole des Mines de Douai / Amélie
BEYSSAT, élève organisatrice, Ecole des Mines de Douai

Représentant de la CRGE : Eric DUMETZ, Directeur des Arts et Métiers ParisTech, centre de Lille

Ecoles participantes : CNAM Lille, HEI, IESEG, ISA, Ecole des Mines de Douai, ENSIAME, Polytech’Lille, Université
catholique de Lille

Quelle est l’évolution de la situation de l’eau ?


L’enjeu majeur des siècles à venir réside dans l’accès à l’eau portable. L’eau est une ressource naturelle
limitée, notamment puisée dans les nappes souterraines qui se reconstruisent très lentement. Parallèlement la
population ne cesse de croître et devrait atteindre les 9 milliards d’habitants en 2050. En outre, la démographie
galopante se trouve souvent dans les pays où il y a peu de ressource. Se pose alors le problème du transport de
l’eau, très couteux. Ces problématiques sont accentuées par le changement climatique qui s’opère, et qui
favorisera l’augmentation des zones sans accès à l’eau potable.
La principale consommation d’eau est due à la production d’énergie, avant l’agriculture qui utilise 50 à 80%
des eaux disponibles. Certes, l’irrigation est très consommatrice d’eau, mais elle est aussi très rentable, et permet
de produire une tonne de blé avec 2000 à 6000m3 d’eau, alors qu’une tonne d’acier nécessite 12000m3 d’eau. Par
comparaison, l’homme a la possibilité de se laver avec 1L d’eau.

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Comment résoudre le problème d’accès à l’eau potable sachant qu’il y a des zones sans nappes
phréatiques ?
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les nappes phréatiques sont réparties dans le monde entier. Mais
elles ne sont pas forcément accessibles. La plus grosse nappe se trouve sous le Sahara, mais se situe entre 250 et
300m de profondeur, et les technologies permettant son exploitation sont très chères et donc inaccessibles pour
plusieurs pays. L’Algérie par exemple, relativement riche, peut y accéder, alors que ces voisins le Niger et le Mali
ne peuvent pas l’extraire. Cela pourrait bien provoquer un conflit. Au Bengladesh en revanche, on peut trouver
des nappes à 1m de profondeur, mais elles sont dons plus sensibles à la pollution. Il y a notamment des
problèmes de contamination des eaux à l’Arsenic. En France enfin, plusieurs nappes sont exploitées, mais
certaines connaissent des problèmes de pollution - en Bretagne et dans la région parisienne -.
Concernant les eaux transfrontalières, on peut par ailleurs citer le cas du Mexique qui dénonce la
surexploitation du Colorado par son voisin. Avec 10 grands barrages et d’importants canaux de dérivation, le
fleuve ne déverse qu’un mince filet d’eau à son embouchure.

Peut-on parler de rentabilité de l’irrigation dans les pays désertiques ?


L’irrigation est indispensable pour avoir une agriculture de qualité. L’Arabie Saoudite était à une époque le
3ème producteur agricole mondial, par une volonté politique d’ouverture. Mais avant de parler d’exportation, il est
nécessaire d’avoir une autonomie alimentaire.
On remarque que les ressources disponibles ne sont pas toujours utilisées à bon escient : le fleuve du Niger a
un débit de 6000m3/s non exploité. L’Egypte au contraire, qui est riche à comparé, a très bien su exploiter le Nil
(débit équivalent) avec la construction du barrage d’Assouan en 1971, qui permet de produire de l’électricité,
mais également d’irriguer des exploitations agricoles et de limiter les dégâts des crues.
Concernant les quantités d’eau utilisables, en France, la législation régule l’utilisation de l’eau, notamment
pour l’agriculture en période de sécheresse. Dans d’autres pays, il peut y avoir une autorégulation locale, avec des
périmètres d’irrigation limités par exemple. De toute évidence, il faut éviter le gaspillage. Si on réduisait celui-ci
de 50%, on pourrait régler les problèmes d’eau dans le monde. En France, on compte 20% de perte de l’eau
traitée. En Algérie, ce chiffre s’élève à 60%, et jusqu’à 70% en Espagne.

Qu’est-ce que l’assainissement ? Quelle est la situation mondiale ?


Deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’assainissement. Dans certaines zones, les gens font leur
besoin dans les rivières ou dans des endroits non dédiés. Dans un premier temps, la solution est d’installer des
latrines familiales (c’est-à-dire un simple trou dans le sol)
Le problème de l’assainissement se pose surtout dans l’évacuation
des eaux (pluviales, sanitaires, etc.). Cela nécessite des gros ouvrages
couteux, car il faut respecter des conditions très strictes (pente de
1/1000, installation de pompes de relevage, raccordement des
particuliers). Dans les pays en développement, il est donc plus rentable
de construire des latrines ventilées n’utilisant pas d’eau, et créant ainsi
de la matière sèche, réutilisable comme engrais pour l’agriculture (après
environ 2 ans). La construction de telles latrines coûte dans les 20000 à
50000 Francs CFA (3000 à 7500€), sachant que le revenu moyen
trimestriel dans les pays pauvres est de 500F CFA (75€). Pour rappel, le seuil de pauvreté se trouve à 1€/jour. Par
ailleurs, il faut aussi être très vigilant à l’orientation des latrines lors de leur construction. Par exemple dans les
pays musulmans, celles-ci ne doivent pas être orientées vers l’est.
Les intervenants ont insisté sur l’importance de prendre en compte l’aspect culturel. Exemple : en
Afghanistan, ils utilisent des pierres et ne sont pas accoutumées à utiliser de l’eau, et il y a un risque que
l’utilisation des latrines ne soit pas durable. On peut également citer des pays où la réutilisation des matières
fécales comme engrais est impensable.
L’assainissement coûte cher, et il est difficile d’en mesurer les bénéfices. Cependant, le coût de la prise en
charge des malades à Karachi (Pakistan) est 6 fois plus important dans les zones non assainies.

Qui décide des lieux où l’assainissement doit être réalisé ? Qui le met en place ?
Cela dépend du contexte local. Il n’y a pas d’intervention unilatérale : la communauté et les acteurs ont tous
un rôle important à jouer. La demande directe des communautés ou des ONG est la plus efficace. Les plans

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gouvernementaux sont plus délicats à gérer, car ceux-ci imposent un nombre de latrines posées dans tout le pays,
qui n’est pas nécessairement adapté aux besoins.
Il y a parfois un manque de coordination entre les ONG et les Nations Unies, ou entre les Nations Unies.

Qu’en est-il de la sensibilisation à l’hygiène ? Est-ce une solution efficace ?


Apprendre aux gens à se laver les mains est sans aucun doute une des bases avant même de penser à
l’assainissement. En effet, l’eau est aussi bien vitale que vecteur de maladies graves.

Comment gérer la présence de plusieurs ONG sur une même zone ? Que reste-t-il après le départ des
ONG ?
Les tâches sont réparties avec une certaine coordination par un interlocuteur des Nations-Unies. Après
identification des besoins, les programmes sont montés, et il faut rechercher des bailleurs de fond (validation ou
non), qui suivent l’évolution du projet. MSF est bailleur de fond privé donc plus autonome.
La démarche par programme est plus rentable que la démarche par projet, car elle permet de réduire les
coûts de la gestion du financement.
Le but des ONG est de transférer la connaissance pour que les populations soient autosuffisantes. Les
résultats sont variables et proportionnels à la qualité des intervenants. Quand les
communautés prennent le problème en main, le relais passe rapidement et
efficacement. Il est important de ne pas utiliser des machines trop
perfectionnées, et de former les populations locales afin qu’elles acquièrent leur
indépendance, et que les aides ne restent pas de l’assistanat.
Dans les cas d’urgence, seules des ONG stabilisées sont sollicitées. Des
stocks de première urgence sont positionnés près des aéroports (Kits d’urgence).

Quels sont les critères de recrutement des expatriés ? Peut-on intégrer une ONG pour un stage ?
Toutes les organisations ont des DRH qui favorisent par exemple les connaissances techniques et la capacité
d’intégration. Le recrutement se fait beaucoup sur le profil et la disponibilité puisque le besoin d’aller sur le
terrain à l’étranger peut arriver à tout moment. Il existe des formations aux métiers humanitaires comme
BioForce.
Il est possible d’intégrer une ONG pour stage, mais également le siège de l’UNESCO ou autre. Les étudiants
sont entièrement pris en charge, au même titre qu’un stage en entreprise. Il existe des missions de 2 semaines
(Volontaire de Solidarité Internationale) à 1 an. Les étudiants peuvent aider dans le domaine technique. En
revanche, la compréhension et l’adaptation aux valeurs locales est parfois plus difficile.
Après les études universitaires, il y a également la possibilité d’obtenir un financement du gouvernement
français. Dans le cadre des Volontaires des Nations-Unies ou des Volontaires du Progrès en France, le
gouvernement français propose un financement, ainsi qu’une indemnité de la part du pays d’accueil.

En conclusion, s’il fallait retenir quelques mots, voici le message principal de chaque intervenant :
Etienne Bashizi rappelle que l’UNICEF est très expérimenté, et implanté à Lille. Toute solidarité commence
par le comportement individuel (économies d’eau…). Il ne faut pas se limiter à l’urgence émotive de l’instant mais
il faut poursuivre et instaurer des aides durables.
Christelle Jacquart explique que les ONG sont l’émanation de la société civile qui porte des valeurs. Elles
veulent éviter d’être contrôlées car elles souhaitent garder leur liberté d’action. Son conseil : rester humble et
rester à l’écoute.
Jean Vergnes souligne que la solidarité, c’est aussi penser au développement durable et aux campus
durables.
Hugues Lacoquelle insiste sur le fait qu’il faut identifier les besoins des populations locales, identifier les
causes qui nécessitent d’intervenir, et ne pas foncer sans connaître ces informations.
Eric Dumetz va dans le même sens et précise qu’iil faut prendre contact avec des experts de terrain. Avant de
lancer des projets, il faut aller sur le terrain pour s’imprégner du contexte local et donner du sens à son projet.

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Atelier 6 : La malnutrition

Plus d’un milliard de personnes et 1/3 des enfants de moins de 5 ans des pays en développement souffrent de
malnutrition. Des solutions sont connues, mais ne sont pas mises en place.
 Comment pousser les États des pays en voie de développement à faire de la lutte contre la malnutrition
une priorité ?
 Dans quelles mesures les organisations telles que l’OMC ou la FAO sont-elles impliquées et comment
peuvent-elles lutter contre la malnutrition ?
 Comment soutenir efficacement les agriculteurs locaux afin qu’ils augmentent leur rendements et
deviennent compétitifs ?
 Comment sont élaborées les pâtes nutritives, encore appelées Aliments Thérapeutiques Prêts à l’Emploi
(RUTF), et comment agissent-elles ?

Intervenants :
 Erice DALLE, Dermatologue et Administrateur de l’association Virlanie
 Paul DEROUBAIX, Président Fondateur du SOC International (Sciences Outils Culture)
 Léonce DESPREZ, Député honoraire du Pas de Calais
 Stéphane DOYON, Responsable de la campagne nutrition et chargé de mission MSF
 Denis Metzger, Président d’Action Contre la Faim
 Simone MONTAGNE, Secrétaire Générale de l’UNICEF Nord
 Bertrand SALVIGNOL, Expert du PAM

Modérateur : Alexandre CASTEL, Ancien Élève de l’École des Mines de Douai, Étudiant en Master 2
développement durable à HEC.

Rapporteur : Marine RICAU, Étudiante à l’École des Mines de Douai

Représentant de la CRGE : Marc BONPAIN, Directeur de la communication de l’Ecole des Mines de Douai

Écoles participantes : CNAM Lille, Ecole des Mines de Douai, ENSAIT, IESEG, ISA, Polytech’Lille, Université Lille 1,
Université Lille 2.

Définissons la malnutrition
Le modérateur donne tout d’abord la parole à Denis Metzger pour définir plus précisément ce qu’est la
malnutrition. Celui-ci la définit comme la faim moderne, qui arrive par la pauvreté.
Paul Deroubaix propose à son tour sa définition en la décomposant en trois termes : la sous-alimentation
chronique, la famine qui est une crise aigue et la malnutrition qui est le besoin de palier aux carences profondes.
Stéphane Doyon explique que la malnutrition est une mauvaise nutrition par carence ou excès. Par carence,
on parle de dénutrition. Il y en a différents types :
- la malnutrition aigue, calculée par un rapport poids-taille, lorsque le poids est inférieur de 20% à la taille.
On parle de malnutrition aigue sévère, si le poids est inférieur de 30% à la taille, avec l’apparition d’œdèmes. Elle
concerne 65 à 70 millions d’enfants ;
- la malnutrition aigue chronique avec un retard de
croissance sans déformation du corps concerne 200
millions d’enfants sur 700 millions ;
- la malnutrition invisible due à une carence de
micronutriments.

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Les causes de la malnutrition


L’Inde concentre 40% de la malnutrition mondiale. Celle-ci concerne
principalement les enfants de moins de 2 ans. Jusqu'à 6 mois, les nourrissons ont
besoin exclusivement de lait maternel mais entre 6 mois et 2 ans, il faut y ajouter
d’autres aliments avec notamment un fort apport en protéines. Or il est parfois difficile
de trouver des aliments riches et divers. Stéphane Doyon donne l’exemple de la
période de soudure qui existe dans les pays du Tiers-Monde : entre deux récoltes,
pendant quelques mois, les personnes doivent vivres sur leurs réserves, souvent
minces, il n'y a alors pas de nourriture assez variée pour les enfants. Or les
conséquences sur le long terme de la malnutrition agissent sur les capacités cognitives
et cérébrales. Même les enfants soignés gardent des séquelles (difficulté à s'intégrer, manque de
concentration...).
A l’inverse, d’après Denis Metzger, dans les pays développés comme sous-développés, la difficulté de
s’intégrer socialement ou un grand bouleversement dans l'environnement de la personne peuvent être à l’origine
de la malnutrition. Des causes plus spécifiques ont été identifiées, spécialement pour les pays en
développement :
- l’augmentation de la démographie ajoutée à la migration vers les villes entraîne une inadaptation des modes de
vie à l’agriculture mondiale,
- la production de viande rouge fait exploser la consommation de céréales ; en effet, nourrir les bêtes consomme
sept fois plus de céréales que si on les mangeait directement,
- l’utilisation d’agro-carburants augmente considérablement le prix des céréales et entraîne un monde
déséquilibré,
- le sous-investissement dans l’agriculture locale au profit de l’agriculture à l’exportation y participe aussi,
- les changements climatiques détruisent et appauvrissent les terres notamment par les catastrophes naturelles,
- la libéralisation des marchés par le FMI entraîne des absurdités comme le fait que le prix du kilo de riz soit le
même dans tous les pays.

Pourquoi, alors que les causes ont été identifiées, les politiques ne trouvent pas de solutions concrètes ?
Léonce Desprez affirme que la question est évoquée depuis 40 ans dans les assemblées politiques mais qu’il
y a un problème de transfert des dépenses : il y a plus d'investissements dans l’armement que dans la nutrition.
Cela est dû, d'après lui, à l'absence de gouvernance mondiale et au manque de volonté populaire pour pousser les
politiques. Avec la Politique Agricole Commune (PAC), l'Europe évolue trop lentement car les pouvoirs nationaux
ne veulent pas déléguer leur pouvoir à l'Europe.

Quelle forme d’aide est la plus adaptée ?


Denis Metzger parle d’un cas pratique qu'ACF a mis en place : dans la bande du Sahel, ils ont donné un
capital matériel et financier à 1000 foyers pour qu'ils puissent mettre en place une agriculture de longue durée.
Or la malnutrition n'a pas évolué à cause de problèmes culturels. En effet, 60% des revenus engrangés allaient à
l'éducation, 30% en objets pour la cuisine et seulement 5% pour l'alimentation. Cela fut pire pour les plus pauvres
d'entre eux qui ont vu leurs conditions de vie se détériorer encore plus : ils ont subi des pressions de la part des
plus riches, leur ont vendu leur matériel et, n'ayant pas été travaillé en ville pendant ce temps, se sont appauvris.
Une étudiante demande alors quelle est la bonne solution, l’aide alimentaire directe ou l'aide à l'agriculture?
Bertrand Salvignol recadre la question en se demandant plutôt si l'aide alimentaire de masse est de
l'assistanat. D'après lui, cette tendance diminue bien qu'elle soit encore d'actualité dans certains pays. Pour cela,
sur les 4,5 millions de tonnes de nourriture distribuées, 70% sont achetées directement dans les pays
bénéficiaires.
D'après Stéphane Doyon, la situation s'est d'ailleurs largement améliorée. Les chiffres augmentent mais les
pourcentages baissent. Ainsi, seulement 36 pays regroupent 90% de la malnutrition et la famine a quasiment
disparu.
Paul Deroubaix a un avis contraire. Après 1996 et le sommet mondial de la faim à Rome, les pays avaient pris
des engagements qu'ils n'ont pas respectés, en partie à cause du FMI qui a poussé les pays en développement à
faire de la culture de rente pour rembourser leurs dettes. Ainsi, de nos jours, 1 personne sur 6 est atteinte par la
famine et un enfant sur 6 meurt de la famine ; sachant qu'une partie des autres ont des séquelles neurologiques
ou des faibles défenses immunitaires.

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L’importance de l’éducation
Simone Montagne affirme qu'il est essentiel de former les filles à l'hygiène alimentaire, aux soins aux enfants
et remarque que celles ayant été à l'école sont plus réceptives. En effet, ce sont elles qui nourrissent, élèvent et
éduquent les enfants ; elles sont donc les premières à devoir être informées des dangers d'une mauvaise
nutrition. L'UNICEF aussi met en place différents moyens de lutte contre la malnutrition des enfants. Des centres
de santé itinérants permettent le dépistage de la malnutrition, la distribution de pâte nutritive et la vaccination
des enfants malnutris, qui sont plus vulnérables aux maladies infectieuses. Des usines de fabrication locale de
pâte nutritive à partir de produits locaux permettent d'embaucher de la main-d’œuvre et contribue au transfert
de savoir.

Une production locale est-elle adaptée aux besoins des populations ?


Bertrand Salvignol explique que le PAM lutte contre l'insécurité alimentaire en faisant de la production locale
d'aliments fortifiés. Des micronutriments sont ainsi importés d'Europe (en faible quantité pour éviter des coûts
trop élevés) et les aliments sont ensuite adaptés aux goûts locaux.
Stéphane Doyon explique qu'il n'existe pas de produits de ce type adaptés aux enfants de moins de 2 ans car
ceux-ci ont besoin de protéines animales. La pâte nutritive joue un rôle important mais temporaire. Elle peut être
utilisée de 30 à 40 jours mais ce n'est pas une solution durable s'il n'y a pas de sécurité alimentaire après l'arrêt.

Des actions efficaces


En France, depuis 150 ans, beaucoup d'efforts ont été réalisés notamment au niveau de l'assainissement
pour diminuer la malnutrition. Les mêmes efforts ont lieu dans d'autres pays comme le Brésil ou le Niger. Le
problème de la malnutrition est devenu un problème politique à tel point que, dans certains pays, si des ONG
révélaient les chiffres de la malnutrition, ils se feraient expulser du pays car les gouvernements comprennent bien
les enjeux de telles révélations. Il y a quand même eu de nombreuses évolutions depuis le début des années
1990 :
-en 1993 apparaît la pâte nutritive qui permet de soigner la malnutrition sévère des enfants. C'est une pâte
prête à l'emploi (à base d'arachide, de poudre de lait et de micronutriments) qui permet de traiter les enfants à
domicile et augmente ainsi le nombre d'enfants soignés, sans avoir recourt à l'hospitalisation ;
-en 2005 avec la crise du Niger, on n'oppose plus l'urgence et l'aide sur le long terme, dans 45 pays la
malnutrition aigue sévère est reconnue comme une maladie devant être prise en charge ;
-au commencement, l'aide alimentaire consistait en la valorisation des surplus des pays riches, maintenant,
avec l'aide de l'Europe sous forme d'argent, on peut favoriser l'innovation avec la mise en place de coupons,
l'achat local, la distribution d'argent, etc. Seuls les États-Unis donnent encore majoritairement de la nourriture.
Paul Deroubaix donne un exemple d'action mise en place qui a fonctionnée : l'opération Charrues du Sahel.
Celle-ci consistait à donner un capital de départ sous forme de matériel à des villageois qui devaient ensuite le
rembourser. Ceci avait le double avantage d'améliorer le niveau technique et donc la productivité des paysans et
l'argent remboursé servait à renouveler l'expérience avec d'autres villages.
Il explique ensuite l'innovation mise en place par SOC International. Se basant sur le rapport de la FAO
affirmant que la pomme de terre est un aliment de première nécessité, SOC International veut développer
l'utilisation de tubercules in vitro qui seront produits sur place, dans les laboratoires des pays en développement.
Ainsi, en quatre générations, on passe de 1000 micro tubercules à 30 à 40 millions de tonnes produites, avec la
possibilité de replanter les tubercules ensuite. C'est une culture rentable pour le producteur, adaptée aux
conditions du pays. Des laboratoires ont été créés au Mali, au Burkina Faso, au Niger et bientôt au Cameroun.
Cette solution répond au problème de diversification alimentaire en proposant autre chose que de la production
céréalière et au problème de sécurité alimentaire car il est possible d'étaler la production sur toute l'année.
Cependant, la pomme de terre ne contient que 2% de protéines, c'est donc un aliment qui doit être combiné
avec d'autres.

Conclusion
Stéphane Doyon confirme qu'il n'existe pas de solution magique mais bien plusieurs solutions qui doivent
être combinées. Il rappelle que ce ne sont pas les ONG qui élimineront la famine, mais que c'est aux
gouvernements, aux peuples d'agir. M. Desprez insiste sur l'importance de l'implication des étudiants qui peuvent
et doivent influencer l'avenir. Denis Metzger conclut en rappelant que la démographie est la conséquence de la
pauvreté et non la cause et qu'il faut faire attention à ne pas se préoccuper plus des plantes que des hommes.

4ème Carrefour de la Solidarité Etudiante Page | 22


Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Le Forum des Associations

24 stands étaient présents au forum, qui s’est tenu tout l’après-midi au Nouveau Siècle, mélangeant étudiants,
bénévoles et professionnels.

• Action Contre la Faim


Association marraine de la journée
www.actioncontrelafaim.org

• Les Amis de la Terre


Association de protection de l'Homme et de l’environnement
www.amisdelaterre.org

• CCFD
Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement
www.ccfd.asso.fr

• CERes (projet finaliste du concours)


Projet visant la mise en place d’une coopérative agricole dans un village du Burkina Faso

• CRDTM
Centre régionale de documentation et d'information pour le développement et la solidarité internationale
http://crdtm.canalblog.com/

• La Croix-Rouge
www.croix-rouge.fr

• Élevages sans frontières


Association de solidarité internationale développant l’élevage dans les pays en voie de développement
www.elevagessansfrontieres.org

• EPH (projet finaliste du concours)


Projet visant la mise en place d’un jardin potager entretenu par les élèves dans une école du Burkina Faso afin
d’alimenter la cantine

• Essor
ONG qui travaille à la réalisation de projets de développement en
pays lusophones et francophones
www.cyo.com/essor

• Étudiants et Développement
Réseau d’associations étudiantes de solidarité internationale
www.etudiantsetdeveloppement.org

• Furet du Nord
www.furet.com

• GRDR
Groupe de recherche et de réalisations pour le développement rural
www.grdr.org

• La Guilde

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Association accompagnant les projets de solidarité internationale d’associations et d’étudiants


www.la-guilde.org

• Ingénieurs sans frontières


Rassemble étudiants et professionnels en activité pour des actions de solidarité internationale
www.isf-france.org

• Lions club
www.lions-france.org

• Loos N’Gourma
http://www.fondation-nicolas-hulot.org/engagement/soutien-projets/actions-internationales/loos-n-gourma-
avapas

• Médecins Sans Frontières


www.msf.fr

• PEPSS (Projet finaliste du concours)


Création et mise en place d’n bassin piscicole dans un village du Togo

• SCI
Association proposant des actions de volontariat de court terme et long terme
www.sci-france.org

• Student Consulting for Development


Projet de développement durable, de finance solidaire et de micro-crédit
www.scdevelopment.org

• UNICEF
Agence de l'ONU ayant pour vocation d'assurer à chaque enfant santé, éducation, égalité et protection
www.unicef.fr

• Virlanie
Fondation basée aux Philippines ayant pour vocation de protéger et de réinsérer les enfants des rues.
www.virlanie.org

• World Forum
Colloque annuel pour le développement d’une gestion des entreprises responsable
www.worldforum-lille.org

4ème Carrefour de la Solidarité Etudiante Page | 24


Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Concours

En parallèle du 4ème Carrefour de la Solidarité Étudiante a été organisé un concours ouvert à tous les
Étudiants de France (en Écoles ou Universités). Il avait pour thème « Nourrir la planète : un défi humanitaire,
pourquoi pas le vôtre ? », avec un premier prix de 2 000 € pour aider à la réalisation d’un projet innovant, grâce à
notre entreprise partenaire du concours : SODEXO

Ce concours a permis un premier élan de communication vis-à-vis du 4ème Carrefour de la Solidarité,


puisque, dès le début du mois d’octobre, plus de 150 Écoles et Universités de France ont été contactées via leur
BDE et associations étudiantes. Des relances supplémentaires ont également eu lieu via les réseaux d’associations
étudiantes comme Animafac.

A la date finale, il y avait 17 dossiers en compétition, provenant essentiellement d’Écoles d’Ingénieurs (8


dossiers) mais aussi d’Écoles de Commerce (5 dossiers) puis d’Universités et d’Écoles d’Agronomie (4 dossiers
chacun). On peut remarquer la forte présence d’Écoles et Universités Parisiennes (11 dossiers). Voici le détail des
participations :

1 Centrale Paris Paris Association Soleils Indiens


2 Chimie ParisTech Paris Association PEPSS
3 EICNAM Paris Projet Electroculture
4 EIPC Longuenesse Projet Au poids de l'amitié
5 EM Lyon Lyon Projet Nyale
6 ENSGSI Nancy Association Plein d'épices
7 ESME Sudria Paris Association IDEES Madagascar
8 ESSEC Paris Association EDI-KITCHUA
9 ESSEC Paris Association ESSEC Partenariat Humanitaire (EPH)
10 LaSalle Beauvais Beauvais Projet Tami 2010
11 Istom Cergy-Pontoise Association Expert'Istom
12 Istom Cergy-Pontoise Association Ayem
13 Mines d'Alès Alès Projet Mongolie
14 Mines de Paris Paris Association CERes
15 Université Paris 7 Paris Projet Inde, une santé pour tous
16 Université Paris-Sud 11 Paris Association Médicaments pour tous
17 Université Paris-Sud 11 Paris Projet Défi humanitaire

Les projets ont été jugés sur plusieurs critères avec un accent particulier mis sur la cohérence avec le
thème et le caractère innovant du projet.

La sélection du vainqueur a eu lieu en deux temps :

 Une présélection, effectuée par trois membres du groupe projet ; Benoit Thirion (Organisateur du 2ème
Carrefour) et Marc Bonpain (Responsable de la communication de l’École des Mines de Douai), a désigné
les trois meilleurs projets « finalistes » le 22 février 2010 :

- le projet de l’association CERes de l’École des Mines de Paris,


- le projet de l’association EPH de l’ESSEC
- le projet de l’association PEPSS de Chimie ParisTech,

 Les trois dossiers finalistes ont ensuite été transmis au jury final, constitué de :

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

- M. Pierre BELLON, Président-Fondateur de SODEXO, entreprise marraine du concours ;


- M. Etienne CRAYE, Président de la CRGE Nord ;
- M. Philippe VASSEUR, PDG du Crédit Mutuel Nord Europe ;
- M. Bernard DE LA VILLARDIERE, journaliste.

Chacun nous a ensuite renvoyé leur évaluation que nous avons transmise à M. Bellon, Président du Jury.
Celui-ci a alors annoncé le vainqueur en ouverture de conférence : l’association EPH de l’ESSEC. Leur projet
consiste à mettre en place des champs scolaires ou des jardins à proximité d’écoles au Burkina Faso, afin de
nourrir ou de fournir un complément alimentaire aux élèves, avec des légumes ou des céréales.

Les 3 finalistes ont eu la possibilité d’exposer leur travail au forum des associations, afin de donner un
côté plus visuel de leur projet, mais également de montrer comment agir concrètement aux étudiants. Au début
de la conférence, le vainqueur s’est vu remettre un chèque de 2000€ de la part de SODEXO pour soutenir son
projet.

Organisé pour la deuxième fois en 2010, le concours a de nouveau connu un grand succès qui laisse
espérer une nouvelle édition en 2012.

4ème Carrefour de la Solidarité Etudiante Page | 26


Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Conférence-débat sur le thème


« La faim justifie les moyens »

Animateur :
Christian TROUBE, Rédacteur en
chef de l’hebdomadaire « La Vie »
et Vice-président d’Action Contre
la Faim

Intervenants :
Marie-Pierre ALLIE, Présidente de Médecins Sans Frontières
Pierre BELLON, Président-Fondateur de Sodexo
Olivier BERTHE, Président des Restos du Cœur
Emmanuel MARCHANT, Directeur Général Délégué de Danone Communities
Jean-François MATTEI, Président de la Croix-Rouge Française
Edgard PISANI, Ancien Ministre de l’Agriculture
Patrick POIVRE D’ARVOR, Ambassadeur de l’UNICEF
Bertrand SALVIGNOL, Expert du Programme Alimentaire Mondial (PAM)

A la suite de la remise du prix aux gagnants du concours, Patrick Poivre d’Arvor a pris la parole pour rendre
un hommage à Sœur Emmanuelle, personnage emblématique de la Solidarité et marraine du premier Carrefour de
la Solidarité en 2004. Il raconte quelques moments partagés avec Sœur Emmanuelle, dont on oubliera jamais la
générosité et la simplicité : « L’humanitaire c’est d’entrer en relation avec l’humain, et la première relation avec
l’autre, c’est de le regarder et de lui sourire, après vas-y ! »

Christian Troubé a ensuite ouvert le débat avec une première question à l’intention d’Olivier Berthe :
on constate une forte augmentation du nombre de repas servis par jour par les Resto du Cœur, or cette solution,
proposée par Coluche, ne devait être qu’un soutient provisoire... Qu’en est t-il ?

Aujourd’hui 75 000 tonnes de marchandises sont distribuées sur une


campagne. Les Restos ont été lancés en septembre 1985, dès le début Coluche a
voulu pérenniser cette action mais il ne pensait certainement pas que cela durerait
si longtemps. Il y a 25 ans le nombre de personnes aidées était 15 fois inférieur,
nous en sommes à 840 000 personnes par jour aujourd’hui. Il y a une évolution des
populations demandeuses : il y a 25 ans c’était des personnes en fin de droit, SDF,
aujourd’hui : mère seules, jeunes, travailleurs pauvre, personnes âgées, ce qu’on ne
voyait pas avant. De nombreuses personnes n’ont pas les ressources nécessaires
pour manger correctement.

Y a-t-il un épuisement des bénévoles ? Et qu’en est-il des rapports avec la politique, l’Etat ?

Cette situation est compliquée. Une étude de la Cours des Comptes montre que quand les fonds engagés
par l’Etat sont de 1 cela crée un effet de 5, il y a un effet levier. Cela couterait 5 fois plus cher si l’Etat organisait
tout. Mais si l’Etat est garant de l’alimentation, ce problème est l’affaire de tous. Il faut construire une chaine de
solidarité. L’Europe doit donner aux associations le cadre et les moyens d’agir.
Les pauvres forment le plus grand pays de l’Europe : ils sont aujourd’hui 80 millions.

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

J. F. Mattei, vous faites un constat similaire avec votre ouvrage « Humaniser


la vie ». Vous tirez la sonnette d’alarme concernant l’individualisme : les
associations doivent se remobiliser car l’Etat ne peut pas tout.

Je suis en révolte. De plus en plus de familles monoparentales


viennent nous trouver car le parent en charge des enfants ne peut plus
travailler. Notre génération a été marquée par les 30 glorieuses et la
révolution de 68 qui a développé un égoïsme, un consumérisme, un
individualisme, une recherche de plaisir à travers l’hédonisme, si bien que
nous avons oublié que ce qui fait de nous des humains est le contact avec
les autres. Une preuve ? Le droit opposable au logement. Une société qui
remplace ce qui est normalement un devoir moral par un devoir légal car le
devoir moral ne s’applique plus est une société en perdition. L’obligation
morale est le fondement d’une société ! Et quand il ne s’applique plus, on légifère.
Nous vivons dans un monde où on a été jusqu'à inventer la fête des voisins car on ne connaît plus ces
gens. Les exclus ? On ne peut pas vraiment les connaitre, les détenus sont coupés de tout liens sociaux, les
enfants victimes de maltraitance souvent isolés, tout comme les personnes handicapée, âgées (les 15 000 morts
de la canicule ce n’est pas un problème sanitaire !) et les pauvres se cachent souvent par pudeur.
La nouvelle génération a le devoir de remettre en valeur nos références morales ! Cela constitue le tissu
humain ! Il est impossible de construire un bonheur entouré de malheureux ! Et il n’est pas de plus grand bonheur
que de reconnaitre en l’autre celui à qui on va donner, mais aussi celui qui va nous rendre. Il faut absolument
retisser un lien social attentif à ce que chaque homme, femme, enfant puisse vivre sa vie d’homme, femme,
enfant. La Croix Rouge jeunesse se composait de 1 000 000 de jeunes après guerre. Une grande opération de
recrutement est prévue dans le but de recréer cette Croix Rouge jeunesse de 7 à 27 ans.

PPDA, les médias jouent-ils le bon rôle en ce moment ? Ce rôle d’alerte ? De recoudre ce lien social ?

Les médias jouent un rôle de médiateurs, et diffusent souvent de tels sujets. Par exemple, pour Coluche,
tout avait commencé sur Europe 1. Mais ils peuvent encore en faire plus. Par exemple lors des émeutes de la
faim, nous avions lancé une édition spéciale et ce journal a été très regardé ! Cela montre que les gens se sentent
solidaires, ils ne sont pas juste amateurs de frivolités. Lors du tsunami en 2005 il a été facile de toucher les gens
car il y avait des victimes occidentales et cela est survenu le 26 décembre.
Il est beaucoup plus difficile de toucher les gens quand il s’agit des pauvres qu’on ne voit pas. Car pour
des millions de français cela se joue à quelques euros, quelques dizaines d’euros. Les médias doivent être là pour
continuer à témoigner. Le tissu social existe encore dans des sociétés traditionnelles comme en Afrique. Il faut
bien se dire que cela commence dès ses voisins. J’ai personnellement un très grand regret : qu’on n’ait pas
remplacé la suppression du service militaire par l’instauration du service civil. Car on est tous de la même
planète : celle du cœur dont parlait Sœur Emmanuelle.

Pierre Bellon, vous êtes à la tête de Sodexo, une entreprise responsable ?

Il y a aujourd’hui un milliard de sous alimentés dans le monde.


Ce problème est en partie politique. C’est la politique qui a orienté
l’agriculture depuis 30 ans, et les aides à l’agriculture sont 10 fois
supérieures à l’aide aux pays pauvres. Le principe de précaution est
aussi irraisonné. C’est le problème des grandes peurs : la vache folle
par exemple. On a fait abattre un certain nombre de troupeaux pour
le principe de précaution, ce qui a entrainé la ruine de nombreux
éleveurs. Les grandes peurs, encouragées par la presse, cela fait des
catastrophes. Une société sans risque cela n’existe pas. Alors qu’un
milliard d’enfants meurent de faim on parle de nos polémiques. Et les
aides agricoles sont là car une voie agricole pèse beaucoup plus lourd
qu’une voix urbaine, et le découpage se fait selon le découpage
électoral. Tout cela est un débat de fond.

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

Edgar Pisani, votre réaction en tant qu’ancien Ministre de l’agriculture ?

Il meurt aujourd’hui plus d’être humains du fait de la faim que du


fait de la guerre, voilà la donnée fondamentale de laquelle il faut partir. Or
tout nous incite à penser qu’il sera de plus en plus difficile de produire plus.
Le manque d’eau est un vrai problème, la destruction de 200 000 hectares
de forêt au Brésil est un vrai problème, l’utilisation des champs pour
produire des huiles-carburant est un vrai problème, le développement des
villes est un vrai problème. Nous avons beau faire des discours, si nous
n’attaquons pas le problème en dehors de lui-même nous n’avancerons
pas. Le niveau de la production alimentaire mondiale dépend presque moins de l’agriculture que des atteintes
dont elle est l’objet. Nous devons donc repenser totalement les données de la production et peut-être aussi celles
de la consommation pour avoir une chance modeste de faire face aux besoins des hommes.

Question du public sur la nocivité des OGM : une menace pour l’agriculture ? Réponse de J.F Mattei

Toute position extrême sur le sujet est déraisonnable. Il n’est pas exclu que les OGM sauvent la planète
de la famine, tout comme il n’est pas exclu qu’ils soient à l’origine de grandes difficultés environnementales. Le
débat en est là car il a mal été lancé ! Les grands producteurs d’OGM ont déclaré qu’ils allaient sauver la planète
avec des OGM, mais plutôt que de prendre des terres au Sahel pour prouver leurs dires ils ont fabriqué des fraises
qui résistent au gel, des pommes de terre qui se conservent plus longtemps. Réaction logique de la population :
« les OGM on n’en a pas besoin ». Deuxième erreur, on globalise en parlant « des » OGM alors que chaque espèce
est à prendre à part. Comme dans les études médicamenteuses chaque OGM doit faire l’objet d’études autorisant
sa mise sur le marché quand son innocuité aura été prouvée, en poursuivant une vigilance comme pour les
pharmacovigilances.

PPDA, quel a été le rôle des médias dans ce débat ?

Ils ont globalement inquiété, car nous vivons dans


une société qui se base de plus en plus sur les peurs. Les
années 2000 seraient, s’il fallait les résumer, les années de
la peur, des peurs déraisonnées. L’Europe a vécu des
horreurs absolues, puis une réelle peur de la guerre
nucléaire ; aujourd’hui nos sociétés sont beaucoup plus
apaisées si ce ne sont les peurs naturelles de perdre son
emploi, de ne pas manger à sa faim… Cependant il faut se
couvrir en cas d’alerte orange, prendre son masque,
s’essuyer les mains… et on se retrouve avec 94 millions de
vaccins non utilisés. Grippe aviaire, vache folle, il faut bien
sûr s’en occuper sérieusement mais il y a trop de peur
actuellement. C’est mauvais pour un jeune d’entendre sans
cesse que l’amour est dangereux à cause du sida, que le travail est mauvais car on risque de le perdre… il devient
frileux... Il faut aujourd’hui réfléchir, écouter tous les arguments et ne pas se placer dans l’extrême ni dans
l’excitation.

Deuxième table ronde :

Denis Metzger, nous fêtons cette année les 30 ans d’Action Contre la Faim, mais il y a 30 ans il y avait moins de
500 millions de personnes souffrant de malnutrition. Elles sont aujourd’hui 1 milliard selon la FAO, n’est-ce pas
désespérant ?

Non, on ne peut pas désespérer quand on voit les visages de ceux qui souffrent. Rien n’est plus motivant
que de les voir. Nous sommes certes dans une situation qui nous interpelle, qui pourrait nous désespérer, mais
nous vivons ce combat au quotidien, avec 4000 membres d’ACF constamment sur le terrain pour développer des

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

solutions, des micros solutions adaptées à chaque problème. Et de plus en plus de personnes nous rejoignent car
c’est un travail fascinant, le plus beau des combats.

Marie Pierre Allie, MSF est spécialisé sur le médical, y-a-t-il eu des progrès dans le domaine du traitement de la
malnutrition sévère ?

Bien sur, et nous pouvons même parler de véritable révolution


depuis le début des années 2000. Dans les années 80 il fallait que les
volontaires eux-mêmes préparent le lait, l’huile, le sucre, c’était très
complexe, et nous avions besoin d’hospitaliser systématiquement les
enfants avec leur mère. Depuis 2000 un nouveau produit aux mêmes
qualités nutritionnelles mais dont l’administration est beaucoup plus facile
a fait son apparition, et nous n’avons plus besoin d’hospitaliser l’enfant s’il
n’y a pas de complication médicale.
Entre l’Angola en 2002 et le Niger en 2005 avec ces nouveaux
produits, le nombre d’enfants traités a été multiplié par 10. Cela a
complètement changé les stratégies de traitement ! Nous avons
maintenant la possibilité de traiter en ambulatoire, c’est un changement
énorme dans le prise en charge de la malnutrition sévère.

Ces techniques inventées par des humanitaires sur le terrain sont ensuite produites par des industriels. Emmanuel
Marchant, expliquez-nous le rôle de Danone Communities…
Danone Communities est née d’une rencontre entre le professeur Yunus (Prix Nobel 2006) et Franck
Riboud (PDG de Danone). La mission de Danone est : la santé par l’alimentation pour le plus grand nombre. Or on
constatait à l’époque que cela était loin d’être le cas : Danone était de plus en plus présent dans les pays sous
développés mais ne servait que les riches de ces pays.
De ce constat est née l’idée de faire des produits pour
les pauvres plutôt que pour les riches, comme pour les
micros crédits (banque pour les pauvres plutôt que pour
les riches). L’opération a donc été lancée au Bangladesh
où la malnutrition touche une grande partie de la
population (carence en vitamines, fer, zinc, iode).
En 2007 une usine a été ouverte, avec pour
objectif de vendre des produits ayant une influence
positive sur la santé suffisamment bon marché pour que
cela perdure. L’opération est une réussite mais pourtant
25% du Bangladesh reste non touché par cette
production. Nous prévoyons l’ouverture d’usines dans
une dizaine de nouveaux pays.

Denis Metzger, il n’y a encore que quelques année il y avait une « guerre de tranchées » entre le monde de
l’humanitaire (tout gratuit) et le monde des « méchants entrepreneurs » à la recherche de parts de marché dans le
« bas de la pyramide ». Existe-t-il une complémentarité entre ces deux mondes ?

Il existe en tout cas au moins un dialogue, car nos parcours sont parallèles et qu’on retrouve des
personnes de bonne volonté dans ces entreprises. Mais attention à ne pas aller trop vite en besogne et qualifier
Danone de grande ONG.

Bertrand Salvignol, quel est le rôle du PAM (Programme Alimentaire Mondial) ?

Le but du PAM est de lutter contre la faim en travaillant prioritairement avec les producteurs locaux,
c’est-à-dire avec les ressources mêmes du pays. Il faut savoir que sur les 2.8 millions de tonnes de nourriture
achetées chaque année dans le monde par le PAM, les deux tiers le sont dans les pays du Sud. Pour cela nous

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

effectuons d’abord un zonage du pays pour situer les zones de surproduction et celles de déficit en terme
alimentaire, puis nous achetons les surplus pour les redistribuer ensuite où
cela est nécessaire.
Nous cherchons aussi à aider les agriculteurs locaux afin qu’ils
produisent plus car ils rencontrent deux principaux problèmes : la qualité et la
logistique (à quoi bon produire plus si personne ne m’achète ma
marchandise ? si je ne peux me rendre à la capitale pour la vendre ?). Nous
avons donc globalement pour mission de mettre en relation les différents
acteurs au sein d’un même pays. Nous sommes aussi en collaboration avec les
ONG, et leur aide nous est nécessaire : elles constituent souvent en grande
partie le réseau de distribution sur le terrain.

Et qu’en est-il de l’action de Sodexo ?

Sodexo, c’est 380 000 employés, 34 000 sites pris en charge (hôpitaux, écoles…), 50 millions de repas
servis par jour dans 80 pays. J’ai défini une double vocation il y a 42 ans : améliorer la qualité de vie au quotidien
de nos clients, de nos consommateurs, de notre personnel et contribuer au développement économique et social
des villes, des régions et des pays où nous sommes implantés (et nous avons ajouté à cela le développement
environnemental il y a quelques années). Nous avons deux priorités : une meilleure nutrition qui favorise et
privilégie le bien-être et une aide des communautés locales. Par exemple nos clients des pays pauvres nous
demandent d’avoir les mêmes exigences en termes de sécurité alimentaire que dans les pays riches : Sodexo
demande à ses fournisseurs locaux de progresser dans ce domaine, et donne des cours dans ce but. Les résultats
sont au rendez vous car certaines entreprises locales se développent ainsi très rapidement.
Stop Hunger est un programme qui a été créé aux Etats-Unis en 1997 pour garder les cantines des écoles
ouvertes l’été car les enfants pauvres en étaient réduits à faire les poubelles pour se nourrir durant cette période.
Ce programme est aujourd’hui mis en œuvre dans 29 pays (en 2020 objectif 80 pays), et consiste en la
mobilisation des volontaires du personnel de Sodexo, du personnel des clients, du personnel des fournisseurs et
des consommateurs afin de récolter des denrées alimentaires. Sodexo est aussi en partenariat avec 237 ONG
souvent locales.

Question du public : existe-t-il des solutions pour l’Afrique ? Réponse de Denis Metzger :

La solution est de sortir de l’égoïsme, car notre monde est aujourd’hui complètement injuste : comment
expliquer qu’un riche californien consomme en un plein de son 4x4 les 200 kg de céréales nécessaires à un paysan
africain pour faire vivre sa famille pendant un an ? Comment expliquer des subventions de 1 milliard par jour pour
l’agriculture occidentale, alors que le besoin pour combattre efficacement la faim est de 3 milliards par an ?
Comment expliquer que des banquiers de Goldman Sachs se distribuent un certain jour de janvier 2010 16
milliards de dollars ? Nous sommes dans un mode soit aveugle, soit égoïste, et nous avons besoin que la nouvelle
génération s’empare de ce problème aux niveaux politiques, moraux, humains et qu’il y ait un peu de révolte !

Nous avons besoin que le Nord consomme


différemment et que le Sud produise différemment. Il faut
par exemple revoir le mode de droit de propriété dans de
nombreux pays d’Afrique, favoriser les regroupements
coopératifs, favoriser la culture vivrière plutôt
qu’exportatrice, interrompre la déforestation par des aides
publiques, utiliser raisonnablement les biotechnologies,
créer des plans de gestion de l’eau à long terme et stabiliser
les prix par un monde moins libéral sur les biens
alimentaires, car ce ne sont pas des biens comme les autres… Mais cela constitue une longue liste de points à
coordonner et montre bien la complexité du problème.

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Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010

CONTACTS
Le 4ème Carrefour de la Solidarité a été organisé par une équipe de 8 élèves-ingénieurs de
l’Ecole des Mines de Douai.

 Responsable du projet Amélie BEYSSAT


[email protected]

 Matinée des enfants et trésorerie Charles BASSIL


[email protected]

 Organisation des Ateliers et Relations Clarisse DELATTRE


publiques [email protected]

 Communication Guillaume GOURINEL


[email protected]

 Partenariats Laure GUILLAUD


[email protected]

 Relations Grandes Ecoles Guillaume PERRIN


[email protected]

 Organisation du concours et du forum Marine RICAU


[email protected]

 Logistique Romain WYTS


[email protected]

 Relations Ecole des Mines de Douai :

Marc RYCKEBUSCH
ECOLE DES MINES DE DOUAI
59508 DOUAI Cedex
Tél. : 03.27.71.21.68 / 06.78.49.26.21
Mail : [email protected]
4ème Carrefour de la Solidarité Etudiante Page | 32
Lille La faim justifie les moyens ! 11 mars 2010
www.ensm-douai.fr