Dissertation Conseil Constit

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DISSERTATION

DROIT CONSTIT

« Lorsque, à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, il


est soutenu qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et
libertés que la Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être
saisi de cette question. » L’instauration par la révision constitutionnelle
du 23 juillet 2008 de la question prioritaire de constitutionnalité
témoigne de l’évolution du rôle du Conseil constitutionnel, désormais
chargé de la protection des droits fondamentaux.

Le Conseil constitutionnel, soit l’institution française créée par la


Constitution de la Cinquième République, est pourtant d’abord conçu
comme un « chien de garde de l’exécutif. » Chargé du contrôle de
constitutionnalité des lois, il lutte en réalité contre les excès du
parlementarisme et délimite l’action du Parlement dans le domaine de
la loi.

Cependant, par sa décision Liberté d’association, la révision


constitutionnelle du 29 octobre 1974 et celle du 23 juillet 2008, le Conseil
constitutionnel semble aujourd’hui assurer non seulement une plus
grande protection des droits fondamentaux mais aussi un rôle de
contre-pouvoir.

Dans quelle mesure le Conseil constitutionnel est-il passé de chien de


garde à l’exécutif au rôle de protecteur des droits fondamentaux ?

Le Conseil constitutionnel apparaît dans un premier temps comme un


chien de garde de l’exécutif chargé de délimiter le domaine de la loi,
mais se donne lui-même le rôle de protecteur des droits fondamentaux
(I). De plus, l’instauration de la question prioritaire de constitutionnalité
conduit à la création d’un contrôle a posteriori, tandis que le Conseil
constitutionnel tient aujourd’hui compte des circonstances
exceptionnelles (II).

I/ Un juge chargé de la délimitation du domaine de la loi, puis


protecteur des droits fondamentaux

Le Conseil constitutionnel apparaît dans un premier temps comme un


chien de garde de l’exécutif chargé de délimiter le domaine de la loi, (A)
mais se donne lui-même le rôle de protecteur des droits fondamentaux
(B).

A/ Un juge chargé de la délimitation du domaine de la loi


Le conseil constitutionnel est un organe créé par la constitution du 4
octobre 1958. Sa mission principale est d'effectuer un contrôle de
constitutionnalité des lois. Ils vérifient que les lois votées par le
parlement soit conformes à la constitution. En fait, il vérifie que la loi
votée par le parlement est conforme à ce que l'on appelle le bloc de
constitutionnalité. C'est un ensemble de textes ou de principes qui ont
“valeur constitutionnelle”. Ce contrôle est obligatoire pour les lois
organiques et les règlements des assemblées parlementaires,
facultatif dans les autres cas.

Mais en pratique, il était le chien de garde de l’exécutif. Marie Anne


cohendet disait ” Celui qui est là pour aboyer quand les
parlementaires sortent de leur domaine”. Ainsi au début de la Vème
République, le conseil constitutionnel apparaissait comme un
“contre-pouvoir” fort et robuste capable de freiner les excès législatifs
de la majorité installée. On peut prendre l’exemple de 1982. En effet, le
conseil constitutionnel avait censuré la loi relative à la nationalisation
adoptée par la majorité socialiste. Sommes toutes, le conseil
constitutionnel était considéré comme étant une “arme” contre le
parlement. Il s’opposait à toutes les majorités parlementaires. La
saisine a également été utilisée dans le but de modifier les textes
discutés.

Le conseil constitutionnel assure la délimitation entre le domaine de la


loi par rapport au domaine réglementaire. Dans l’exercice de son
contrôle de constitutionnalité des lois, il s’efforce de veiller à la
délimitation des compétences de l’exécutif et du Parlement,
c’est-à-dire qu’il vérifie que le pouvoir législatif n’intervient pas dans
une matière n’appartenant pas au domaine de la loi défini par la
Constitution. Il essaye aussi et surtout de garantir le respect par le
législateur des droits et libertés fondamentales des citoyens.

Cependant, il ne se prononce pas sur le projet de loi référendaire. Le


conseil constitutionnel avait été saisi par le président du Sénat d’un
demande de déclarer non conforme à la constitution la loi relative à
l’élection du président de la république adoptée par le réferendum du
28 octobre 1962, où il s’était déclaré incopétant. Le motif étant que la
loi n'émanait pas des représentants mais du peuple souverain
lui-même et qu’aucun contrôle ne pouvait être effectué sur le
souverain.

B/ Un juge chargé de la protection des droits fondamentaux


On peut énoncer la décision Liberté d’association du 16 juillet 1971. En
effet, le juge constitutionnel érige un principe fondamental reconnu par
les lois de la République soit le principe de liberté d’association. La
décision du conseil constitutionnel du 1971 relative au contrat
d'association, plus communément appelé décision liberté d'association,
fait date dans le droit constitutionnel français . Le texte de loi voté visait
à modifier certaines dispositions de la loi sur la liberté d'association de
1901.

Le conseil constitutionnel s’est basé sur le préambule pour prendre la


décision concernant le projet de loi. En effet, c’est la première fois que
ce préambule a été placé au même niveau que la constitution de 1958.
Le préambule à été cité lors de la décision car il contient la déclaration
des droits de l’ homme et du citoyen de 1789 et le préambule de la
constitution de 1946 qui sont des textes garants des libertés
fondamentales. De ce fait, la liberté d'association est le premier principe
consacré comme étant un des principes fondamentaux reconnus par
les principes de la république dans le préambule de la constitution de
1946.

Il y a une certaine reconnaissance du bloc de constitutionnalité,


composé de la Constitution de 1958, de son Préambule et des textes
auxquels il renvoie . La décision liberté d’association a permis de créer
le bloc de constitutionnalité. Dès lors, en incluant le préambule à la
décision, le conseil constitutionnel lui a donné une véritable valeur
juridique constitutionnelle, ce qui va permettre « l’émergence d'un bloc
de constitutionnalité » comme l'annonçait Louis Favoreu.

Il est également important d' énoncer le fait que la révision de 1975 a


permis l’élargissement de la saisine.

L’instauration de la question prioritaire de constitutionnalité conduit à


la création d’un contrôle a posteriori, tandis que le Conseil
constitutionnel tient aujourd’hui compte des circonstances
exceptionnelles.

II/ La pleine émergence du conseil constitutionnel, juge chargé du


contrôle de constitutionnalité a posteriori, désormais aussi juge des
circonstances exceptionnelles

L’instauration de la question prioritaire de constitutionnalité conduit à


la création d’un contrôle a posteriori (A), tandis que le Conseil
constitutionnel tient aujourd’hui compte des circonstances
exceptionnelles (B).
A/ Un juge chargé du contrôle de la constitutionnalité a posteriori

Le contrôle a posteriori intervient après la promulgation de la loi a


priori,ce contrôle a posteriori intervient dans le cadre de ce que l'on
appelle la question prioritaire de constitutionnalité.La question
prioritaire de constitutionnalité est un droit reconnu à toute personne
qui est partie à un procès ou une instance de soutenir qu’une
disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la
Constitution garantit.

La procédure et le verrou du Conseil d’Etat et de la Cour de cassation


ne sont toutefois pas les mêmes. La QPC tend à produire des effets
absurdes au regard des choix fondamentaux opérés par le pouvoir
constituant en 2008. La QPC a permis de placer les juridictions
suprêmes sous l’attention du Conseil constitutionnel, mais il a pourtant
eu pour rôle de renforcer le Conseil d'État et la Cour de cassation en
tant que juridiction suprême.

De plus, bien que la réforme de 2008 ait écarté l'option d'un contrôle
nébuleux de constitutionnalité des lois, en confiant au seul Conseil
constitutionnel le pouvoir d'abroger la loi inconstitutionnelle, il est
possible d'affirmer aujourd'hui que ce Conseil est un juge
constitutionnel d'exception tandis que Conseil d'État et Cour de
cassation sont devenus juges constitutionnels de droit commun.

Après 10 ans de mise en œuvre le Conseil d’État a transmis 388 QPC et la


cour de cassation a transmis à son tour 451 QPC. Entre la mise en
application du dispositif et le 31 décembre 2019. Donc, 730 décisions ont
été rendues.

B/ La prise en compte des circonstances exceptionnelles par le Conseil


constitutionnel

En effet, le conseil constitutionnel prend en compte des exceptions.


Pour illustrer cette idée, on peut mettre en exergue la loi organique
d’urgence mise en place pour faire face à l’épidémie de Covid-19 élaboré
en 2020. Cette illustration prouve le fait qu'il est possible de déroger à la
Constitution en cas de circonstances particulières.

Le conseil s’est ainsi adapté et a pris en compte la circonstance


particulière de l’état sanitaire en prenant l’initiative de contrôle et
valider de la prolongation de l’état d’urgence sanitaire.
On peut également pointer une autre exception du conseil
constitutionnel en énonçant la décision du n° 2020-843 QPC du 28 mai
2020. Le Conseil constitutionnel a été saisi le 5 mars 2020 par le Conseil
d’Etat d’une question prioritaire de constitutionnalité portant sur la
conformité de l’article L. 311-5 du code de l’énergie dans sa rédaction
issue de l’ordonnance du 9 mai 2011 aux dispositions de l’article 7 de la
Charte de l’environnement. Effectivement, le conseil constitutionnel
avait qualifié de législatives les dispositions d’une ordonnance non
ratifiée relevant de la loi une fois passé le terme de l’habilitation, au
motif que le Gouvernement ne peut alors plus les modifier.

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