Une Vie Sainte
Une Vie Sainte
Une Vie Sainte
VIE SAINTE
ET
PAR
DE LONDRES
Août 2003
Texte mis à disposition par :
Béthanie
UNE VIE SAINTE ET COMMENT
VIVRE UNE TELLE VIE
INTRODUCTION
Qu'est-ce qu'une vie sainte ?A cette question, nous trouvons dans la parole de
Dieu bien des réponses qui toutes se complètent admirablement. Cette une vie
qui marche avec Dieu (Gen. 5, 24), qui demeure en Christ (Jean 15, 4), enracinée
et fondée en Lui (Col. 2, 6), une vie crucifiée (Gal. 2, 20), et pourtant ressuscitée
{Col. 3, 1) ; c'est vie cachée (Col. 3, 3) et pourtant manifeste, comme une lettre
lue de tous les hommes (2 Cor. 3, 2); c'est une vie vécue dans l'amour de Dieu
(Jude 21), dans la foi au Seigneur Jésus-Christ (Gal. 2, 20). Enfin, c'est, d'une
façon très spéciale, une vie dans l'Esprit, selon l'Esprit (Gal. 5, 16), conduite par
l'Esprit (Gal. 5, 18), puissamment fortifiée par l'Esprit (Eph. 3, 16). C'est une vie
dans laquelle le croyant est rendu parfait et accompli en toute bonne oeuvre pour
faire la volonté de Dieu (Héb. 13, 20-21), dans laquelle il est sanctifié
complètement, conservé pur et irrépréhensible, son esprit, son âme et son corps,
jusqu'au jour de l'avènement du Seigneur Jésus (1 Thess. 5, 23). De plus; c'est
une vie de service actif, dans laquelle nous sommes ouvriers avec Christ (2 Cor.
6, 1), ses témoins (Act. 1, 8), contraints par son amour à renoncer à ,nous-mêmes
(Marc 8, 34) et à vivre pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous (2 Cor. 5,
15).
Nous allons essayer de décrire le chemin qui mène à cette vie sainte, chemin de
bénédictions ineffables, de pureté, de puissance pour tous ceux qui l'ont
fidèlement suivi. Des milliers de chrétiens pourraient en témoigner et nous dire
joyeusement: le jour où nous nous sommes mis à marcher dans ce chemin, notre
vie a été transformée et nous avons été remplis d'un amour, d'une joie, d'une
paix, d'une force que nous n'avions jamais connus. En nous y engageant, nous
disions tristement: « Je ne fais pas le bien que je voudrais faire, mais le mal que
je ne voudrais pas faire ! Misérable que je suis, qui me délivrera du corps de
cette mort?». Mais à mesure que nous avancions, nous prenions pour nous cette
promesse : « Le péché n'aura plus de pouvoir sur vous », et ce magnifique
cantique de victoire: « La loi de l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ m'a délivré
de la loi du péché et de la mort ». Voilà, cher lecteur, le chemin où je vous invite
à entrer et à marcher avec moi, sous la garde et avec la force de l'Esprit de Dieu.
Mais auparavant je désire savoir si vous remplissez les conditions suivantes:
1° Etes-vous déjà chrétien, régénéré par le Saint-Esprit, uni à Jésus par une foi
vivante? S'il n'en est pas ainsi., vous n'aurez pas grand profit ,à lire ces pages qui
ne sont pas pour les inconvertis. Notre but, ici n'est pas de prêcher le pardon et
d'offrir aux âmes le Sauveur, qui nous « a rachetés de la malédiction de la loi,
ayant été fait malédiction pour nous » (Gal.3,13). Nous supposons que cette foi
existe déjà chez le lecteur ; notre tâche est de fortifier la vie spirituelle là où elle
existe déjà. Or il est bien évident que l'on ne peut parler de communion avec
Jésus qu'à ceux qui se sont déjà unis à Lui. Si donc, cher lecteur, vous n'êtes pas
chrétien, fermez ce livre, mettez-vous à genoux, et avec la confiance du petit
enfant, recevez Jésus-Christ comme votre Sauveur et votre maître.
Je ne saurais trop insister sur ce point, car j'ai la certitude que, chez beaucoup de
chrétiens, le défaut d'une sainteté personnelle vient au fond d'une incrédulité
secrète à l'égard de la Bible. Il se mettent ainsi dans une situation d'infériorité :
ignorant les bénédictions que Dieu veut leur accorder, ignorant aussi toutes les
possibilités de vie pure et sainte que Dieu leur a acquises.
Je suppose, cher lecteur, que vous recevez la Bible comme la Parole de Dieu. Eh
bien ! s'il en est ainsi, recevez comme Parole de Dieu, tous les commandements
qui s'y trouvent en les observant promptement et complètement et recevez aussi
comme parole de Dieu toutes les promesses, ne doutant pas un instant de leur
réalisation, puisqu'elles viennent de celui qui ne peut mentir.
4° Avez-vous le désir d'être saint coûte que coûte ? Voulez-vous accepter tous les
renoncements, tous les appels, toutes les souffrances que Dieu vous montrera ?
Si vous répondez oui, vous pouvez devenir semblable au Seigneur Jésus.
Nous voulons être saints, mais notre premier devoir est de nous demander ce qui
nous a empêché de l'être jusqu'ici. Nous admettons sans peine que nous ne
sommes pas ce que nous devrions être. Nous avons fait la triste expérience que
jusqu'à ce jour notre vie spirituelle n'a été qu'une série de mécomptes et de
désappointements. Nous n'avons pas atteint le degré de sainteté que nous
rêvions, lors de notre première rencontre avec Christ. Pourquoi cette déception ?
Pourquoi toutes ces entraves à nos progrès spirituels ? C'est ce que nous allons
rechercher.
A toute âme désireuse de sainteté, Dieu demande tout d'abord un examen sérieux
et approfondi d'elle-même. Il faut que cet examen se fasse avec la plus absolue
franchise et s'étende jusque dans ces coins et recoins où se cachent volontiers les
choses défendues. N'appelons pas faiblesse ce que nous devons appeler péché.
Ouvrons à Dieu tout notre coeur et que l'orgueil de nos expériences spirituelles
antérieures n'atténue pas la sincérité de cet examen. Laissons Dieu nous révéler
toute l'étendue de notre misère, et confessons lui avec honte et douleur les
péchés qu'il nous aura fait découvrir dans notre coeur. Une chose fatale à la
sainteté, c'est de se croire ce que l'on n'est pas. Une chose qui la favorise au
contraire et qui la rend possible, c'est d'être avec Dieu d'une parfaite honnêteté et
de ne rien lui cacher de notre état.
Aux temps de la Pâque juive, quand Dieu venait vers son peuple pour le bénir, il
lui donnait cet ordre : « Otez le levain de vos maisons, qu'on n'y trouve pas de
levain ! » Aussitôt les juifs s'empressaient d'obéir, car ils savaient que la
bénédiction de l'Eternel ne pouvait pas descendre dans la maison où l'on cachait
le moindre levain. Allumant une lampe, ils fouillaient attentivement les coins les
plus obscurs de leurs demeures et jetaient dehors tout le levain qu'ils pouvaient
trouver. Et même après cela, pour être en règle avec leur Dieu, ils prononçaient
la formule suivante: « J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour enlever le
levain de ma maison; mais s'il en reste encore, je le maudis et le renie
complètement! ».
Voilà ce que nous devons faire. Si nous voulons que le Seigneur entre dans notre
vie, il faut l'examiner, la fouiller avec un soin jaloux et en bannir tout ce qui
pourrait l'offenser. Et même après avoir fait cela, ne nous croyons pas purs, car
nous ne savons pas jusqu'où s'étend notre péché, mais reposons-nous avec
confiance sur Celui qui nous connaît et qui peut nous purifier.
Examinons d'abord notre vie intérieure. C'est la vie des pensées qui ne
s'expriment jamais, des ambitions jamais réalisées, des décisions jamais
exécutées. C'est une vie dont nos bien-aimés, ceux qui sont avec nous tous les
jours, n'ont peut-être jamais soupçonné l'existence - vie intérieure, vie solitaire
connue de nous et de Dieu seul. Que de péchés n'y voyons-nous pas ! Quand la
lumière de Dieu pénètre dans cette obscurité, rien d'étonnant si nous nous
sentons comme blessés au coeur, car nous nous trouvons en face :
De nos désirs coupables, impurs, hélas ! désirs que nous caressons et chérissons
souvent, désirs qui se manifestent parfois dans nos rêves avec une intensité
terrible - désirs qui ne tarderaient pas à se transformer en actes, si notre
éducation chrétienne n'était là pour nous retenir.
Voilà les deux formes sous lesquelles nous apparaît le levain du péché, quand
nous descendons dans les profondeurs de notre vie intérieure. Lisons maintenant
cette description du coeur naturel, faite par notre Seigneur et puissions-nous, en
la lisant, dans un esprit d'humiliation, sentir se briser en nous la puissance de
notre misérable orgueil ! « Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui le rend
impur !car c'est du dedans , c'est-à-dire du coeur des hommes que sortent les
pensées mauvaises : fornication, vol, homicide, adultère, rapacité, méchanceté,
tromperie, impudicité, calomnie, orgueil, démence. »(Marc 7,21.) Oh ! les
affreuses découvertes que Dieu nous fait faire, quand sa sainteté brille sur nous !
Cher lecteur, il y a des péchés dans votre vie intérieure ; voilà ce qui a entravé
votre marche vers la sainteté.
Jetons maintenant un coup d'oeil sur nos lectures. La lecture occupe une large
place à notre époque et exerce sur nous une puissante influence, bonne ou
mauvaise. Les livres que nous avons lus ! Ne serait-ce pas une des raisons du
déclin de notre vie spirituelle ? Nous nous sentons moins de joie en Christ
qu'auparavant, moins de zèle à son service, moins de liberté et de puissance dans
la prière. C'est que nous avons lu certains ouvrages, qui faisaient passer sur notre
âme comme un souffle d'incrédulité et nous éloignaient ainsi, à notre insu, du
Dieu vivant ; et il est arrivé que, graduellement, les livres, livres de toutes sortes,
bon et mauvais, utiles et nuisibles, ont fini par remplacer la Bible. Dès lors
pourquoi s'étonner de nos chutes ? Notre âme demandait du pain, nous lui avons
donné des pierres ; elle demandait le fruit, nous lui avons donné l'écorce.
Cher lecteur, examinez avec soin votre bibliothèque, et demandez à Dieu de vous
montrer les livres qui lui déplaisent et dont vous devez vous débarrasser.
N'y a-t-il rien à dire sur notre manger, notre boire, notre vêtement ? Il peut
sembler étrange d'en parler à propos de la sainteté. N'importe, notre examen doit
être complet. Du reste, notre sauveur en a parlé et c'est lui qui nous a mis en
garde contre les « que mangerions-nous ? que boirons-nous ? De quoi serons-
nous vêtus ? » il savait que les questions matérielles allaient occuper une place
énorme dans le coeur de son peuple. Comme il doit souffrir, de nos jours, en
voyant les tables de ses enfants chargées d'un luxe inutile, quand des milliers de
pauvres gens, qu'il a légué en héritage à l'Eglise, meurent parce qu'il n'ont pas de
pain.
Que peut penser le Seigneur de ces prétendus disciples qui se permettent d'user
de ce qui ruine le corps et l'âme de milliers de créatures humaines, de ce qui
mènent au vice, au crime, à la misère ! que peut bien penser le Seigneur de ces
professants de christianisme qui sacrifient à la vanité, à la mode en matière de
vêtement, préférant se conformer au peuple frivole qui les entoure que d'écouter
celui qui a dit : « Chargez-vous de mon joug et apprenez de moi que je suis doux
et humble de coeur ! » A mon avis, la moindre indulgence sur ce chapitre-là est
une des plus graves entraves à la sainteté ! Si nous pénétrons dans notre vie de
famille, là encore nous trouvons le levain qui empêche le Seigneur de nous bénir.
Que de choses nous tolérons et qui nous scandaliseraient chez les autres : par
exemple, la mauvaise humeur, ce grand trouble fête de la paix domestique, la
mauvaise humeur qui fait tant de ravage dans nos foyers. C'est à elle qu'il faut
attribuer ces paroles aigres échangées entre mari et femme ces accusations, ces
récriminations entre personnes qui avaient fait le voeu, devant Dieu de s'aimer
toujours ; ces querelles entre maîtresse et servante, qui rendent les unes
continuellement irritées et les autres obstinément maussades ; ces disputes entre
frère et soeur, qui empoisonne la vie de famille et détruisent la paix du foyer. La
mauvaise humeur est parfois bien égoïste ! Voici un mari qui rentre du travail. Il
commence à murmurer et à se fâcher parce que le dîner n'est pas prêt ou que la
maison n'est pas tout à fait en ordre… il ne voit pas tout le chagrin qu'il cause à
une femme aimante et dévouée qui a dû ce jour-là soigner des enfants malades et
s'occuper en même temps du ménage.
Vous me direz : ce sont là de bien petites choses ! Il n'y a rien de trop petit
devant Dieu et les plus petits péchés offensent Dieu. Si nous en sommes
coupables c'est-à-dire si nous avons été dans nos maisons, irritables, insouciants,
légers, alors ne nous étonnons pas de la médiocrité de notre vie chrétienne. Ces
petites choses sont comme des mouches qui enlèvent aux parfums toutes leur
vertu, ou encore comme de petit morceaux de levain que nous gardons chez nous
et qui empêchent le Sauveur d'entrer.
Et maintenant quelle a été notre conduite dans nos rapports sociaux ? Il y a dans
ce département de la vie bien des entraves à la sainteté. La société actuelle, prise
dans son ensemble, est essentiellement mondaine ; et l'esprit qui l'anime est bien
différent de celui du Christ. Ainsi Jésus nous ordonne de dédaigner les richesses;
le monde nous dit de les rechercher. L'Evangile dit: ne mentez pas; le monde
nous enseigne à cacher nos vrais sentiments sous de trompeuses expressions.
L'Evangile interdit la médisance; dans le monde, c'est le thème principal des
conversations. A nous de voir dans quelle mesure nous avons fait comme le
monde à cet égard. Comme la fausseté et l'hypocrisie de la vie sociale doivent
attrister notre Sauveur! Que peut-il penser de notre amour pour nos semblables
quand cet amour n'est que de l'indifférence ou parfois de la haine ? Que peut-il
penser de notre admiration pour eux, quand cette admiration n'est que de l'envie,
ou de notre respect, quand ce respect n'est que du mépris? Il faut à tout prix
enlever le masque et marcher dans cette sphère de la vie, comme dans les autres
sur les traces de Jésus-Christ.
Enfin notre examen, pour être complet, doit porter sur notre état, notre
commerce, nos affaires. Ne croyons pas que la religion n'a rien à voir dans ce
domaine. S'il en était ainsi, il ne vaudrait pas la peine d'en avoir une. De quelle
façon dirigeons-nous nos affaires? Peut-être en lisant ces lignes, quelques-uns
verront tous les changements qu'il faut apporter à leurs idées, à ce point de vue,
pour pouvoir prétendre à la sainteté. La préoccupation exagérée des recettes, le
manque de franchise, l'avarice, l'esprit mercantile, les dettes, voilà autant de
points sur lesquels nous devons nous examiner. Les dettes, en particulier, sont un
rongement d'esprit et un obstacle insurmontable sur le chemin de la sainteté, et
plus d'un chrétien, en payant ses dettes, a trouvé le secret de bénédictions
nouvelles.
Ici, nous arrêterons notre examen. Mais quelles terribles découvertes nous avons
faites, n'est-ce pas ? et quel abîme de péché nous avons trouvé en nous ! Dans
notre vie secrète: absence de prières, incrédulité, pensées mauvaises, imagination
coupable, désirs impurs; dans notre vie de famille : égoïsme, mauvaise humeur,
luxe dans notre vie sociale: hypocrisie, envie, jalousie, médisance, paroles
méchantes; dans nos affaires: amour du lucre, cruauté, avarice, fourberie, et
derrière tout cela, notre coeur, source de tout le mal, un coeur rusé et
désespérément malin.
Encore une fois, faut-il s'étonner de nos défaillances lorsque nous tolérons dans
notre âme une telle somme de péché ?
Je t'apporte ma souillure
Mes péchés, Sauveur puissant ;
Jésus, rends mon âme pure
En la lavant dans ton sang.
Et vous entendrez sa réponse : « Je répandrai sur vous des eaux pures et vous
serez lavés ; je vous nettoierai de toutes vos souillures et toutes vos idoles. »
(Ezéch.36,25) Ce que vous ne pouvez pas faire, Dieu peut le faire. Mais il faut se
donner à Lui sans réserve et sans partage se mettre dans sa main.
CHAPITRE II
Le secret de la pureté
Nous avons vu que la première condition requise pour être saint, c'est de savoir
ce qui nous a empêché de l'être dans le passé. Et pour cela, nous avons dû faire
un sérieux examen de nous-mêmes, examen qui nous a révélé toute notre
indulgence, toutes nos excuses à l'égard du péché : voilà le secret de nos défaites.
La seconde condition est de savoir ce qu'il faut faire pour être débarrassé de
notre péché ; et la question que nous devons nous poser est la suivante : quelle
transformation doit subir mon coeur pour les mauvaises pensées, les mauvais
désirs qui s'y trouvaient d'ordinaire ne s'y trouvent plus désormais ? Comment
chasser ma mauvaise humeur ? Comment retenir ma langue pour qu'elle ne
profère plus de paroles égoïstes, amères, méchantes ? En un mot, que dois-je
faire pour être purifié ? Pour répondre à cette question, nous allons prendre pour
thème l'histoire du lépreux (Matth.8,1).
Cette histoire nous montre les trois phases successives par lesquelles nous
devons passer pour être purifiés.
Vous qui cherchez la sainteté, regardez ce lépreux. C'est votre propre image.
Reconnaissez-vous la ressemblance ? Le péché, cette lèpre affreuse, s'est emparé
de vous. Votre sang en est corrompu et empoisonné. Vous êtes un lépreux, mais
êtes-vous un lépreux conscient ? sentez-vous le besoin d'être purifié ? Gloire à
Dieu s'il en est ainsi ! Gloire à Dieu si, tellement convaincu de votre orgueil, de
votre avarice, de votre médisance, de vos paroles coupables, de votre vie sans
prières, vous avez pu vous écrier : « Nous sommes tous devenus comme une
chose souillée, et toute notre justice est comme le linge le plus souillé ; nous
sommes tous tombés comme la feuille, et nos iniquités nous ont emportés
comme le vent. » (Es. 64, 5.)
Mais si vous êtes conscient de votre lèpre, savez-vous que vous ne pouvez vous
purifier vous-même, que cette oeuvre est une grâce d'En-Haut qu'il vous faut
recevoir pour échapper à l'enfer ? Lecteur, voyez-vous ce qu'il y a d'urgent dans
la question que je vous pose ? Rappelez-vous que « sans la sainteté nul ne verra
le seigneur » (Héb. 12, 14.) Christ est-il pour vous un inconnu en matière de
sainteté ? Il était autrefois pour vous un inconnu en matière de piété. Depuis lors,
vous avez fait l'expérience qu'il est votre justice. Il faut que vous réalisiez qu'Il
est aussi votre sanctification. (1 Cor. 1, 30.)
b) La deuxième chose que nous devons imiter chez ce lépreux, c'est son
attitude vis-à-vis de Jésus. « il se prosterna devant lui, et il lui dit :
seigneur ! » Ce simple mot : Seigneur, nous montre que pour le lépreux
jésus était un prophète et plus qu'un prophète. Plus nous sentons notre
misère, plus la personne de jésus s'élève à nos yeux. Voilà pourquoi les
aveugles, les impotents, les lépreux eurent du Christ une connaissance
autrement complète et autrement haute que celle des docteurs d'Israël. Voilà
pourquoi ce lépreux s'adresse à Jésus en l'appelant : Seigneur ! et en se
prosternant devant Lui dans un abandon complet de lui-même. Voulons-
nous nous agenouiller de cette façon aux pieds de notre Maître et lui dire ce
mot qu'au sein de notre souillure son Esprit nous inspirera, ce simple mot :
seigneur ! et le lui dire en nous abandonnant à Lui sans réserve et sans
partage ? C'est à ce prix seulement que nous pouvons être purifiés.
Voyez cette scène, comme elle est simple et grande tout à la fois. Il faudrait, pour
la décrire, non pas une plume, mais un pinceau d'artiste. Regardez-la avec les
yeux de l'âme, pour apercevoir tout ce qu'elle fait éclater de vie et de puissance.
Voici le Maître dans toute la force de sa jeunesse, dans tout l'éclat de ce
ministère qui commence. A ses pieds, agenouillé dans une humble et suppliante
attitude, le lépreux, l'horrible, le repoussant lépreux ! A quelques pas, la foule
curieuse, étonnée, qui s'avance pour voir puis recule d'épouvante en face de cette
loque souillée. Mais voici qu'au milieu du plus profond silence, ceux qui sont au
premier rang ont entendu cet appel désespéré : « Seigneur ! si tu veux tu peux
me nettoyer » alors, on voit les mains bénissantes du Christ qui s'abaissent vers
le misérable ; elles touchent ce corps couvert d'ulcères, ces plaies qui sont pour
tous un objet de répulsion. On entend la voix du Maître : « Je le veux, sois
nettoyé » . A l'instant même, un rayonnement de vie traverse le visage du
lépreux ; la santé s'épanouit sur cette face blême et décharnée ; l'étrange
expression de désespoir a fait place à une joie débordante. Cette joie brille dans
ses yeux. Regardez-le : sa démarche n'est plus débile, chancelante, mais ferme et
assurée. Son corps cassé, ses membres crispées ont repris leur position normale.
L'esclave est devenu un homme. Et tout cela, dans un moment ! Un miracle vient
de s'accomplir. Le lépreux a été nettoyé.
Examinons avec soin comment cette guérison fut reçue par cet homme.
Evidemment il accepta comme un don, et comme un don venant directement du
Christ. La main du Seigneur se posa sur lui et fit entrer dans son corps malade,
souillé, tombant déjà en décomposition, une puissance extraordinaire qui purifia
son sang, pénétra dans toutes les fibres de son être, expulsa tous les germes de
mort et redonna à tous ses organes comme des ruisseaux de vigueur et de santé.
Le lépreux reçut à l'instant ce principe de vie. N'oublions pas ces mots : « et
aussitôt sa lèpre le quitta ». Il en est toujours ainsi quand le Seigneur travaille.
N'attendons pas une guérison graduelle venant de la pratique d'une médecine
compliquée - mais une guérison immédiate, reçue comme un don de notre
sauveur.
Voilà le moyen, et j'ajoute le seul moyen par lequel vous puissiez être purifié,
cher lecteur. Il n'y en a pas d'autre. Les plus grands efforts de notre volonté, la
discipline morale la plus sévère, la plus persévérante, ne chasseront jamais
complètement de votre coeur la haine, l'envie, l'égoïsme. Seul, Jésus en est
capable. Seul, Jésus peut et veut le faire, à une condition toutefois : c'est que
vous le vouliez aussi. Pourquoi rester à la merci de votre péché, puisse que vous
pouvez en être délivré, en venant, comme le lépreux, vers Jésus et en disant :
« Seigneur ! si tu veux tu peux me nettoyer ». dites-lui cela dans un entier
abandon de vous-même, et vous entendrez sa réponse : « Je le veux, sois
nettoyé » . vous sentirez sa main percée posée sur vous ; vous sentirez l'Esprit de
Dieu entrer dans votre coeur, prendre possession de tout votre être. Et alors vous
sentirez monter dans votre âme des énergies de vie nouvelle. Et alors vous serez
purifié. La vieille convoitise, la vieille malice, la vieille haine, la vieille avarice,
le vieil égoïsme ne pourront supporter la présence du Saint-Esprit et
disparaîtront. La vie chassera la mort, la lumière chassera les ténèbres, la pureté
chassera le péché. Vous serez purifié.
Ne croyez pas que le changement soit trop merveilleux pour être possible ; trop
merveilleux pour être possible à l'homme, j'en conviens, mais pour Dieu il y a-t-
il quelque d'impossible ? y a-t-il quelque chose de bon et de grand qu'il ne puisse
accomplir ? Lui « qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour
nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas toute choses en lui ? ». (Rom 8,
32).
Jésus peut vous purifier. Jésus veut vous purifier. Ecoutez sa voix.
CHAPITRE III
Le secret de la persévérance
Il y a, je le sais, bien des chrétiens qui ont connu cet abandon complet d'eux-
mêmes, et c'était alors comme une immense vague de bénédictions qui passait
sur eux. Heures bénies que celles-là ! Ils goûtaient une joie, une paix inconnues
jusqu'alors. Ils tenaient écrasés sous leurs pieds leurs ennemis spirituels.
Ineffable ravissement, mais de bien courte durée, hélas ! Car après la première
fièvre d'enthousiasme, des questions se posaient anxieuses à leur esprit : cela
durera-t-il ? Est-ce là une expérience d'un jour ou de tous les jours que je dois
faire ? Cette paix, cette joie, si sensibles à mon âme, quand je m'abandonne à
Dieu, puis-je les posséder toujours, et tous les jours ?
Oui, lecteur, cela est possible. Vous pouvez marcher avec Dieu, jour après jour,
année par année. Que devez-vous faire pour cela ? C'est ce que nous allons
examiner.
Bien des chrétiens traversent, dans leur vie, des heures spéciales de bénédiction :
près de la table de communion, à une époque de réveil ou de grandes assemblées
de croyants. Oh ! dans ces moments-là, ils ont des ailes d'aigle qui les
transportent bien vite au-dessus des soucis et des misères d'ici-bas vers les
sommets où brille le soleil. Malheureusement ils en redescendent pour y
remonter plus tard, il est vrai, à une prochaine occasion, mais leur vie chrétienne
n'est qu'une série d'accès spirituels, et le niveau en est généralement bas.
Bouillants un jour, froids un autre jour, enthousiastes, puis découragés, tout feu,
tout flamme pour le service et la gloire de Dieu, puis se demandant s'il vaut
vraiment la peine de faire tant d'efforts. Leur vie est une suite de victoires et de
défaites, surtout de défaites. Savez-vous ce qui arrive alors ? C'est que ces
chrétiens s'imaginent que c'est l'état normal et qu'une vie spirituelle boiteuse est
tout ce que nous pouvons rêver d'atteindre, au moins de ce côté-ci du tombeau.
Et portant Jésus n'a-t-il pas dit : « Demeurez en moi et moi en vous » (Jean
15,4) ? N'a-t-il pas promis des choses étonnamment merveilleuses à l'âme qui
demeure en Lui ? (1Jean 3, 6.) Arrière donc cette idée que le chrétien est
condamné à pécher ! Comme quelqu'un l'a dit : « Tout acte ou pensée coupables,
toute orientation d'esprit ou de sentiments déplaisant à Dieu, est la négation
même des premiers principes de l'Evangile ».
Mais, direz-vous, s'il en est ainsi, comment se fait-il que je succombe si souvent
en face de la tentation ? Probablement parce que votre abandon au Seigneur
Jésus n'a pas été complet - ou bien encore parce que votre abandon n'a pas été
suivi d'une attitude d'absolue dépendance vis-à-vis du Sauveur. Si nous sommes
appelés non seulement à entrer, mais à marcher dans le chemin de la sainteté, la
foi agissante, par laquelle nous avons reçu l'esprit de purification doit être suivie
de la foi confiante qui se repose sur Jésus, lequel seul peut nous mettre en état
d'être vainqueur. Une vie sainte, avec ses victoires continues sur les tentations, sa
certitude de toute la présence de Dieu, sa paix toujours renouvelée, son pouvoir
conquérant, ne peut être réalisé seulement par des actes de consécration, si
grands et si profonds qu'ils soient ; il faut les faire suivre d'une attitude
journalière, continuelle de dépendance complète à l'égard de Jésus, notre
Gardien.
Une foi confiante, voilà le secret de la victoire continuelle. « Il vous sera fait
selon votre foi », a dit Jésus. Après une telle promesse, nous devons nous
attendre à être gardés, gardés même à tel point que nous ne trouvions plus
naturel de succomber à la tentation. C'est pour avoir douté de cette promesse que
bien des chrétiens, et des chrétiens consacrés, comptent si peu de victoires dans
leur vie. Ils se sont abandonnés dans une certaine mesure, mais ils ne peuvent
pas comme l'apôtre, s'écrier : « je sais qui j'ai cru et je suis persuadé que celui-là
a le pouvoir de garder mon dépôt jusqu'au grand jour » (2 Tim.1,12.) Eprouvez-
vous vous-même, cher lecteur. Je suppose par exemple que votre plus grande
difficulté jusqu'ici ait été votre caractère irascible. Eh bien ! vous ne pourrez le
vaincre, ce caractère, tant que vous ne l'aurez pas placer comme un dépôt entre
les mains du Seigneur Jésus. Ce matin vous avez fait votre prière ; vous avez dit
à Dieu : Seigneur, garde-moi aujourd'hui ! Mais qu'est-il arrivé ensuite ? Avez-
vous conservé pendant la journée, à travers vos soucis, vos travaux, vos
difficultés cette attitude humble et confiante ? N'avez-vous pas craint de céder à
l'irritation, à la mauvaise humeur, à la colère, au lieu de vous en remettre à Celui
seul qui peut garder ? Ne voyez-vous pas que cette crainte est précisément une
preuve que votre confiance en Jésus n'est pas complète ? Et alors votre paix ne
peut pas être complète non plus. La moindre incrédulité à l'égard de la puissance
de Dieu éloigne de nous ses plus précieuses bénédictions.
Si vous voulez vivre une vie vraiment sainte et marcher de progrès en progrès
sur le chemin de la sainteté, permettez-moi de vous donner ces quelques
conseils :
2° Croyez ensuite que le Seigneur veut vous garder. Ici, le moindre doute peut
être fatal. Certaines gens osent prétendre que Dieu permet parfois que nous
tombions : Il lâche notre main ; ainsi ferait une mère avec son enfant, pour lui
apprendre à marcher seul. Oui, certainement, mais il faut faire une distinction
entre péché et infortune. Dieu, dans ses desseins mystérieux et miséricordieux,
peut nous envoyer des épreuves - mais il ne peut pas vouloir que nous péchions.
Sa volonté nous est révélée par ses commandements et il nous dit : « Soyez
saints, car je suis saint. » Jésus ne nous permet aucune compromission avec le
péché. Il est venu pour sauver son peuple de ses péchés (Matt. 1, 21). Alors
pourquoi n'accomplirait-il pas jusqu'au bout cette mission ? Cher lecteur, cessez
de répéter le « Si tu veux » (Matt. 8, 2), mais pensez au « Je le veux » (Matt. 8,
2), qui résonne, à travers les âges, aux oreilles de tous ceux qui cherchent en
Dieu la toute-puissance.
Est-ce à dire que nous ne devions pas lire la Bible, que nous puissions négliger la
prière et les bonnes oeuvres ? Loin de moi une telle pensée ! Tout cela ne nous
en deviendra que plus cher ! Savez-vous quel est le premier résultat d'un
abandon complet ? C'est la joie que nous avons à de prier, de lire, de nous
consacrer plus que jamais au service de Dieu. Mais ces choses ne sont plus pour
nous le but, qui est et qui ne saurait être que Jésus, mais le moyen ; le moyen de
maintenir et de fortifier notre communion avec le Sauveur, sur lequel seul nous
nous reposons pour vaincre le péché, être saints et remplis d'amour pour Dieu.
Cette communion ne se maintient pas d'elle-même. Comme la plante, elle
demande un terrain pour se développer, et ce terrain, c'est précisément la prière,
la lecture de la parole de Dieu, une vie chrétienne active. N'est-il pas vrai de dire
que le sentiment que nous avons du Dieu-Amour s'évanouit bien vite chez celui
qui ne prie pas, qui n'apprend pas dans la Bible comment il faut aimer se
dévouer ? La vie de foi n'est donc pas inerte et passive. Ici, comme ailleurs, on
n'a rien sans effort.
Au fond, il n'y a que deux vies possibles ici bas : la vie de celui qui veut soulever
des fardeaux avec ses propres muscles et la vie de celui qui les soulève avec
l'aide d'une machine puissante. Dans les deux cas il y a effort. Mais entre les
deux efforts quelle différence ! Et entre les deux résultats quel abîme !Cher
lecteur, cessez de regarder à vous pour avoir la victoire, mais placez-vous tout
entier en face de votre avenir, entre les mains victorieuses du Seigneur Jésus.
Pour illustrer ce que nous venons de dire, lisons cette merveilleuse histoire qui
est racontée au chapitre quatorze de saint Matthieu. Nous sommes transportés
sur le lac de Galilée. La nuit est noire, le vent souffle en tempête, la mer est
tourmentée. Au milieu des flots, nous apercevons une barque. Elle porte les
disciples au Sauveur. Ceux-ci, pour obéir à l'un de ses ordres, veulent gagner
l'autre rive, mais au prix de quels efforts ! Le vent est contraire, les vagues sont
hautes et Jésus n'est pas là. Ils se fatiguent à ramer et ils n'avancent que
lentement. Et ils croient que cela va durer ainsi jusqu'au terme du voyage. Mais
voici qu'à travers l'obscurité, ils aperçoivent tout d'un coup une forme humaine
s'avançant sur les flots. Ils sont effrayés tout d'abord, mais ce sentiment de
crainte disparaît bien vite lorsqu'ils reconnaissent la voix de leur
maître : « Rassurez-vous, c'est moi, n'ayez point de peur ! » La vue de Jésus
marchant sur les eaux fut pour eux une révélation. Ce qu'ils n'avaient jamais cru
possible se réalisait. L'un d'eux même rempli du désir de faire comme son
maître, s'écria : « si c'est toi, Seigneur, commande que je vienne à toi sur les
flots ! » Jésus ne le lui défendit pas. Il ne lui dit pas non plus que marcher sur les
eaux n'était possible qu'au seul Fils de Dieu. Au contraire, il lui donne
l'ordre : « Viens !» Et Pierre descendit de la barque, et voici « il marcha sur les
flots et alla vers Jésus » (Matt. 14, 29).
Ce miracle n'est-il pas aussi une parabole ? N'y a-t-il pas des milliers et des
milliers de chrétiens qui rament péniblement sur l'océan de la vie, se fatiguant à
accomplir la volonté de leur Maître ? Tout d'abord ils s'imaginent qu'il n'y a de
possible ici-bas qu'une existence de difficultés et de luttes. Puis, à mesure qu'ils
étudient la vie du Sauveur, il reconnaissent en lui celui marcha un jour sur les
eaux, celui qui put toujours dire : « Ta volonté fait mes délices, ô mon Dieu ; oui
Ta loi est dans mon coeur »(Ps. 40, 9). Alors ils sont, comme Pierre tout pleins
du désir de faire comme Jésus. Ils soupirent après cette paix et cette joie qui, au
travers d'une vie tourmentée, n'ont jamais quitté le Seigneur. Ils lui disent : «
Seigneur, commande que je vienne à toi sur les flots ! » Et Jésus leur
répond : « Venez ! »
Lecteur pensez-y bien. Le Christ vous dit que votre vie peut être ce qu'elle doit
être, c'est-à-dire la sienne. Vous voyez donc ce qu'il faut faire. Pour marcher sur
les flots, Pierre avait besoin d'une absolue confiance en la puissance du Seigneur.
Il savait que le Seigneur pouvait et voulait l'empêcher de s'enfoncer dans la
mer ; dès lors, il ne craignait pas d'exposer sa vie en descendant de la barque.
Voilà ce que vous devez faire. Si vous voulez vivre une vie sainte, débordante de
paix, de joie et de triomphes, appuyez-vous sur Jésus. Descendez donc de la
barque. Christ vous appelle. Si vous le faites, vous sentirez sous vos pieds la mer
dure comme un rocher - et quelle que soit la furie des vagues, si vous tenez
toujours les yeux fixés sur le Maître, si votre main est toujours dans la sienne,
vous marcherez victorieusement sur les eaux jusqu'au jour béni où vous
aborderez au céleste rivage.
CHAPITRE IV
La vie en abondance
« Je suis venu pour qu'ils aient la vie, et pour qu'ils l'aient même en
abondance. » (Jean 10, 10).
Nous avons vu dans les pages précédentes que pour atteindre la sainteté il faut
tout d'abord faire un examen sérieux et complet de nous-mêmes, puis renoncer à
l'instant même à tous les péchés dont nous avons conscience, enfin nous
soumettre entièrement à Jésus, seul capable de nous purifier et de nous garder.
Dans ce chapitre, nous voudrions énumérer quelques bénédictions spéciales qui
nous paraissent être la conséquence nécessaire de cet abandon complet.
Si nous nous donnons à Jésus sans réserve et sans partage, comptant sur Lui et
sur Lui seul pour toutes choses, nous aurons toujours la force de résister au mal,
de vaincre une mauvaise habitude, etc., et cette force même nous étonnera, tant
elle sera puissante et efficace. Etre consacré ne signifie pas être délivré de la
tentation. C'est bien plutôt le contraire qui est vrai, car notre complet abandon à
Jésus est un prétexte nouveau aux attaques de l'ennemi. C'est quand nous lui
échappons qu'il nous attaque avec le plus de furie. N'oublions pas que le Fils de
l'homme, celui qui était sans péché, fut constamment tenté (Héb. 4, 15), et
qu'immédiatement après son baptême, quand le Saint-Esprit descendit sur lui il
fut conduit dans le désert pour y être tenté (Marc 1, 12). Une vie sainte n'est pas
une vie inerte, passive ; c'est une vie de combat. Mais c'est le combat de la
foi(1Tim. 6, 12), et ce combat est une victoire. Nous ne pouvons échapper à la
tentation, mais béni soit Dieu de ce que nous pouvons échapper à la défaite !
Quoique facilement irascibles, il nous sera possible de vaincre notre caractère et
de rester calmes au milieu des circonstances les plus épouvantables, quoique
portés à l'ennui, à la tristesse que causent les mille tracasseries de l'existence,
nous nous trouverons possesseurs d'une paix qui surpasse tout entendement.
Quand nous serons tentés d'envier le succès des autres, notre confiance en Jésus
fera que nous nous en réjouirons ; quand nous serons tentés de porter des
jugements peu aimables sur notre prochain, la même confiance élargira nos
coeurs et augmentera notre amour.
Il y a deux méthodes bien différentes qu'on peut employer pour faire face aux
tentations qui nous environnent. La première consiste à prendre en nous tout ce
qu'il y a de volonté et d'énergie et à appeler ensuite Dieu à notre aide. J'attaque
ainsi la tentation en face, avec la détermination de la surmonter ; et pour fortifier
cette détermination, je me sers de tous les moyens possibles : le raisonnement, la
prière, la lecture de la Bible. La seconde méthode consiste, au contraire, dès que
la tentation m'assaille, à me mettre entre les mains de Jésus, lui
disant : « Seigneur, voici la tentation, je me repose sur Toi, garde-moi ! » C'est
ainsi qu'au lieu de dresser mes énergies en face de la tentation, je les emploie à
me réfugier en Jésus.
Comme on le voit, dans les deux cas, il y a effort. Mais, tandis que dans le
premier tout l'effort consiste à vaincre la tentation, dans le second, tout l'effort
consiste à réaliser et à maintenir la communion avec le Seigneur.
La première méthode pourrait être appelée méthode morale. Elle est enseignée
par les philosophes, par un grand nombre de prédicateurs et suivie par la plupart
de ceux qui font profession de christianisme. Son résultat, nous le connaissons :
c'est l'âme en détresse qui s'écrie avec un accent désespéré : « Ah ! misérable que
je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ! »
La seconde pourrait être appelée méthode spirituelle. Son résultat, c'est l'âme qui
enfin a trouvé la paix et qui chante ce beau cantique : « Il n'y a plus aucune
condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ ; la loi de l'Esprit de vie qui est
en Jésus-Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort (Rom. 8, 2) ».
Comme on le voit, les victoires du chrétien ne sont pas ses victoires à lui. Elles
sont l'oeuvre de la puissance de Dieu. L'orgueil spirituel est donc une chose
impossible, et ce qui doit exister dans le coeur du croyant, c'est bien plutôt la
plus profonde humilité. Plus il se repose en effet sur Jésus, plus il devient
conscient de son impuissance. Plus aussi il apprend à se connaître et à découvrir
dans sa vie de nouveaux péchés qui ne lui avaient pas encore été manifestés. A la
lumière et dans la communion de l'Esprit Saint, nous reconnaissons qu'il manque
toujours quelque chose à notre sainteté.
Un autre résultat de l'abandon complet est que nous n'aurons plus peur de
tomber. Quelle bénédiction que celle-là ! Etre débarrassé de la peur, ce sentiment
qui au fond déshonore Dieu et qui de plus nous rend déjà les esclaves du péché.
Le soldat qui a peur est à moitié battu. Le chrétien qui a peur est à moitié vaincu.
Que de chrétiens dans cette terrible situation ! Le tentateur s'est efforcé de leur
faire croire que le péché est irrésistible, et malheureusement il n'y a que trop bien
réussi. En les pressant de se garder avec soin de cette erreur : l'absolue
perfection, il les fait tomber dans une autre erreur plus dangereuse : le péché
inévitable. Il leur a fait croire que, parce que l'homme est condamné jusqu'à son
dernier soupir à garder en lui la tendance au mal, cette tendance doit
nécessairement se traduire au dehors par des pensées impures, des paroles
mauvaises, des actes coupables. Alors ils se sont levés pour combattre mais sans
espoir de succès, se sentant déjà vaincus d'avance et… ils sont tombés.
Ah ! quand une âme se repose en Jésus, quel changement de situation ! Quand
notre confiance est en lui, nous n'avons plus peur. Quand nous sentons que ce
n'est pas nous qui combattons, mais que c'est Lui, nous n'avons plus le moindre
doute sur l'issue de la bataille. Nous savons qu'en toutes choses, nous sommes
« plus que vainqueurs par celui qui nous a tant aimés » (Rom. 8, 37). C'est ainsi
que nous voyons disparaître du ciel ce nuage noir qui l'assombrissait et qui
s'appelle : la frayeur.
En effet, il est facile de voir que lorsque nous nous sommes donnés entièrement
à Dieu, que notre regard est constamment tourné vers Lui, nous sommes sans
inquiétude en face de l'avenir. La volonté divine est d'une clarté merveilleuse
pour celui qui ne recherche pas la gloire de Dieu. Il se laisse conduire jour après
jour, et il apprend à vivre au jour le jour, comme un enfant du Père céleste, sans
s'embarrasser ni se tourmenter du lendemain. N'a-t-il pas mis toutes choses sous
la garde de son Sauveur ?
Avec la paix, nous avons la joie. Je ne parle pas ici de cette première joie qui
accompagne notre naissance spirituelle et qui est celle du pardon. Je parle d'une
autre joie, d'une nouvelle joie, qui est le résultat d'une vie de consécration et qui
ne se manifeste que chez le chrétien consacré. Savez-vous quel est un des plus
grands obstacles au triomphe de l'évangile ? C'est l'absence de cette joie chez la
plupart des chrétiens. Persuadons-nous bien que nous ne pouvons jamais amener
des indifférents à Christ, source de bonheur, s'ils ne voient pas ce bonheur
rayonner sur notre visage et pénétrer notre vie. Mais pour cela il faut que notre
abandon soit complet. Et alors quelle joie débordante remplira notre coeur, joie
pleine de gloire (1 Pierre 1, 8) et qu'aucune parole humaine ne peut décrire ! Elle
ne nous dispensera pas des épreuves, mais elle sera plus grande encore que les
épreuves. Ce sera la joie de Christ lui-même ; quand nous demeurons en lui, sa
joie demeure en nous et notre joie est parfaite (Jean 15, 11).
Paix et joie, cela est beaucoup et pourtant à mon avis, il y a encore quelque
chose d'infiniment précieux que nous apporte une communion complète avec
Jésus : c'est une nouvelle conception de sa personne. A mesure que nous le
connaissons, il grandit à nos yeux ; il nous apparaît comme un transfiguré. Bien
des disciples du sauveur ont fait cette expérience et se sont écriés : nous avons
trouvé un nouveau Christ, voulant ainsi exprimer toute leur admiration et tout
amour pour leur maître. Pour eux Christ n'est plus extérieur, mais intérieur. Ils
lui ont ouvert la porte de leur âme ; il y est entré et, y a fait resplendir une gloire
qu'ils n'avaient jamais connue jusque-là. Alors toute une révolution s'est
accomplie dans leur vie spirituelle.
D'abord elle fortifie notre foi en lui. Quand, éclairés par le Saint-Esprit, nous
avons salué en Jésus la puissance de Dieu même, nous ne mettons plus de bornes
à son pouvoir et nous osons lui demander des choses qu'auparavant nous
n'aurions jamais espérées, par exemple : être délivrés du péché, croître dans sa
grâce, porter beaucoup de fruits à son service.
Elle fortifie aussi notre amour pour lui. C'est le Saint-Esprit qui nous révèle
l'amour de Jésus, en le répandant dans nos coeurs. Cet amour, senti avec une
puissance nouvelle, allume le nôtre et le fait brûler avec intensité. L'amour
répond à l'amour. Celui de l'homme ne peut naître ni se développer que dans la
révélation de celui de Dieu. Or, c'est seulement à l'âme qui s'est abandonnée
complètement, que se manifeste par le Saint-Esprit, tout l'amour du Christ (Eph.
3, 19).
Elle nous donne une faim et une soif nouvelles de sa parole. La bible nous est
précieuse dans la mesure où Jésus nous est précieux. Plus nous connaissons un
Christ glorieux, plus nous désirons connaître cette parole dans laquelle il s'est
révélé. Voici une règle absolue et universelle : un peu de foi Jésus, n'engendre
que peu de zèle dans la lecture de la bible ; beaucoup de foi en lui la fait étudier
avec passion.
Elle nous fait trouver de nouvelles délices dans la prière. La même raison qui
nous pousse à écouter Dieu dans sa parole, nous porte à lui parler dans la prière.
La vie sainte est par-dessus tout une vie de prière, puisque l'essence de la prière
c'est le contact par excellence avec Dieu.
Elle fait naître dans nos coeurs un amour nouveau pour le peuple de Dieu.
« Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu ; et quiconque aime
Dieu qui l'a engagé, aime aussi celui qui est né de lui » (1 Jean 5, 1). Nous
refaisons ainsi l'expérience de l'apôtre Jean. Nous nous sentons tous « unis en
Jésus ». Plus nous aimons Jésus, plus nous aimons ses disciples. Un amour
intense pour lui crée inévitablement un amour égal pour son peuple.
Cher lecteur, telle est la vie que vous pouvez vivre par un acte de complet
abandon : vie de victoire, vie de paix, vie de joie parfaite. Telle est la vie à
laquelle Dieu nous appelle. Avez-vous répondu à cet appel ? Avez-vous une vie
sainte ? Etes-vous complètement au Seigneur ? Pouvez-vous chanter de tout
votre coeur ces paroles du cantique :
Je suis à toi , gloire à ton nom suprême
O mon sauveur, je fléchis sous ta loi !
Je suis à toi, je t'adore, je t'aime !
Je suis à toi, toujours à toi !
CHAPITRE V
Une vie débordante
« Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive découleront de lui. » (Jean 7,
38).
Ces paroles nous montrent que lorsque Dieu donne la vie, il veut la donner avec
abondance et sans la marchander à chacun de ses enfants. Dans les pages
précédentes, nous avons vu cette vie divine remplissant la vie du chrétien ; nous
allons maintenant la voir déborder de son coeur.
Qu'est-ce que la sainteté d'un homme qui ne fait aucun effort pour arracher ses
frères à la perdition ? Que peuvent bien valoir sa joie et sa paix, si toutefois il les
possède ?
Donner la vie, quel noble, quel saint désir que celui-là ! Mais comment le
réaliser ? Sera-ce en comptant sur l'énergie de notre volonté, les lumières de
notre expérience, la ténacité de nos efforts ? Non, car se serait s'exposer à de
bien cruelles déceptions. Pour sauver des âmes, il nous faut recevoir le don du
Saint-Esprit. Voilà cher lecteur, ce que vous avez, peut-être, besoin d'apprendre.
Vous voulez gagnez des coeurs à Jésus-Christ, vous le voulez avec opiniâtreté, et
pourtant jusqu'ici votre travail semble avoir été vain auprès du Seigneur ; vaines
vos paroles, vos conversations, vos prédications ; vaines toutes les heures, toutes
les journées employées au service de votre maître. Vous avez fait de votre mieux
et vous n'avez pas réussi. Vous vous demandez ce qui a bien pu vous en
empêcher.
Eh bien ! La raison, la voici : il vous manque encore une chose, le don du Saint-
Esprit. Pour faire l'oeuvre de Dieu, il nous faut avoir le Saint-Esprit de Dieu.
Après le maître, voyons les disciples. C'étaient des hommes de Dieu qui avaient
vécu longtemps dans l'intimité de Jésus. Ils l'avaient vu mourir, ils l'avaient vu
ressusciter des morts. Mais ni leur connaissance personnelle de Jésus, ni leur
amour pour lui, ni les richesses de leur expériences ne les auraient rendus
capables d'être les témoins de leur Maître au sein de leur génération. Pour être à
la hauteur d'une si noble mission, il leur fallait autre chose : « Vous recevrez,
leur avait dit Jésus, la puissance du Saint-Esprit qui descendra sur vous. » (Act.
1, 8). Ils ne pouvaient travailler avec succès avant d'avoir reçu cette force ; aussi
Jésus leur recommande-t-il de rester dans la ville, jusqu'à ce fussent revêtus de la
puissance d'en haut (Luc 24,49). Ils attendirent donc ; et le jour de la pentecôte
était arrivé, ils étaient tous ensemble réunis, et tout à coup, il se produisit, venant
du ciel un bruit semblable à un vent impétueux, bruit qui remplit toute la maison
où ils se trouvaient ; « il leur apparut alors, séparées les unes des autres, des
langues ressemblant à des flammes ; il s'en posa une sur chacun d'eux ; et ils
furent tous remplit du Saint-Esprit » (Act. 2, 1-4). C'est avec la puissance de cet
Esprit que Pierre prit alors la parole, et ce jour-là trois mille personnes se
convertirent.
Ces exemples prouvent clairement que, pour travailler à l'oeuvre de Dieu et pour
gagner des âmes à Jésus, le don du Saint-Esprit est indispensable. La vie
débordante, les « fleuves d'eaux vives » ne sont possibles que par son moyen. Il
faut donc cher lecteur, pour que vos efforts ne restent pas stériles, que vous
soyez remplit du Saint-Esprit.
« Si un homme n'a pas l'Esprit de Christ, il n'est point à lui », a dit Saint Paul.
Mais dans un autre, tout chrétien n'est pas nécessairement remplit du Saint-
Esprit. C'est cette nouvelle mesure de l'Esprit de Dieu qui fait déborder nos
coeurs d'amour, qui fait de nous des serviteurs vraiment utiles et que, hélas ! bien
des disciples de Jésus ne possèdent pas. C'est à ce point de vue que l'on peut dire
d'eux : ils n'ont pas encore reçu le Saint-Esprit.
Quels sont les effets de cet Esprit ? Il y aurait là-dessus beaucoup à dire, car le
Saint-Esprit change tout, transforme tout, crée tout, fait toute une révolution dans
le coeur de l'homme. Nous ne pouvons ici qu'esquisser son oeuvre dans ses traits
principaux.
1° Il nous donne un nouveau courage pour être les témoins de notre Maître.
Pleins du Saint-Esprit, « nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous
avons vu et entendu » (Act. 4, 20). Voyez Jérémie. Il avait accepté une mission
bien difficile, une des plus ardues que Dieu eût jamais confiée à un de ses
serviteurs. Eh bien ! la parole de l'Eternel devient en lui comme un feu brûlant
caché dans ses os. Il voudrait se taire, mais il ne peut se contenir (Jér. 20, 9).
Voyez Pierre. Lui qui tremblait jadis devant les railleries d'une servante, paraît
devant le Sanhédrin avec une telle hardiesse que les Anciens et les Scribes
restent muets d'étonnement. Le faible et timide Simon, fils de Jonas, est devenu
l'apôtre Pierre, l'homme indomptable de la Pentecôte.
Regardez Paul s'écriant : « c'est une obligation qui m'est imposé, et malheur à
moi si je ne prêche pas l'Evangile ! » ( 1 Cor. 9, 16).
Le courage de Jérémie, de Pierre, de Paul, voilà ce qu'il nous faut pour être des
témoins fidèles de Jésus, partout où nous sommes, au salon, au bureau, à l'atelier,
en chemin de fer, dans la rue. Ah ! nous avons peur, peut-être. Nous pensons aux
railleries, aux quolibets, aux insultes qui vont pleuvoir sur nous. Ami lecteur,
pensez aux apôtres du Christ ; vous pouvez avoir leur courage. Demandez
seulement à Dieu de vous donner son Saint-Esprit.
2° Avec un nouveau courage, l'Esprit de Dieu nous donne une nouvelle sagesse,
ici encore les apôtres sont nos modèles, car leur sagesse est tout aussi
remarquable que leur courage. A Iconium, nous dit le livre des Actes, ils
parlèrent de telle sorte que Juifs Grecs devinrent croyants en grand nombre.
Comme, à notre époque, nous avons besoin de cette sagesse ! Et comme « le
zèle sans connaissance » est à redouter ! Que s'agit-il de faire en effet ? Secouer
les indifférents, convaincre les incrédules, ramener les égarés dans le bon
chemin, réconforter les découragés, consoler ceux qui pleurent, être un guide
pour ceux qui doutent. En face d'une mission si belle mais si difficile, nous nous
écrions avec désespoir : « Qui est suffisant pour ces choses ? » Mais nous
retrouvons toute notre confiance en pensant que notre « pouvoir » est en Dieu. Il
peut faire abonder sa grâce en nous, afin que nous puissions nous-mêmes
abonder en toute bonne oeuvre. Avec l'ordre, le père céleste donne toujours la
puissance de l'accomplir. N'essayons donc pas d'entreprendre une tâche
quelconque sans le secours de Dieu. Abandonnons-la plutôt que de nous reposer
sur nos propres forces, ou plutôt attendons d'être « revêtus de la vertu d'en haut
». Est-ce à dire que nous devons attendre longtemps ? Non, Dieu veut nous
donner son Saint-Esprit, maintenant.
Ici se pose une question. Que dois-je faire pour obtenir ce nouveau baptême du
Saint-Esprit ? Pour cela, voici les conditions qu'il faut remplir :
1° Etre tout d'abord obéissant. « Le Saint-Esprit est donné par Dieu à ceux qui
lui obéissent. » (Act. 5, 32). Il est évident que Dieu ne peut nous donner son
Esprit pour accomplir notre volonté propre. Le pouvoir divin ne peut être mis au
service que de la volonté divine. « O Dieu, que ta volonté soit faite et non pas la
mienne ! », voilà la prière du coeur vraiment obéissant.
2° Ne désirer le don du Saint-Esprit que pour la gloire de Dieu, et non pour avoir
plus d'influence, de popularité, de succès. Que chacun examine et voie s'il n'a
pas obéi à des motifs charnels. C'est seulement quand notre être est dépouillé du
« moi » et vide de tout égoïsme que le Saint-Esprit peut le remplir
complètement.
3° N'en vouloir que ce qui est nécessaire à nos besoins, c'est-à-dire vivre «
spirituellement » au jour le jour. Dieu ne nous donne pas, une fois pour toutes,
un capital de puissance où nous pourrions puiser, à notre gré, suivant nos
dispositions ou nos compétences. Il nous donne son Esprit comme l'arbre donne
la sève à la branche. Souvenons-nous que Christ est le cep et que nous sommes
les sarments, et des sarments qui ne doivent jamais se détacher du cep, sous
peine de sécher, de rester stériles et de mourir.
La vie divine ne procède pas par jets, par secousses : elle est un courant
ininterrompu entre Jésus-Christ, qui est le tronc et nous, qui sommes les
rameaux.
Quel bonheur de penser que tous les enfants de Dieu peuvent être remplis du
Saint-Esprit, aux conditions que nous venons d'énumérer ! Ce don du père
céleste n'est pas un privilège réservé à quelques-uns. Comme nous l'avons déjà
dit, quand Dieu fait naître une âme à la vie spirituelle, il veut toujours donner
cette vie avec abondance et surabondance. Il voudrait qu'elle fût débordante en
toutes les créatures. « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive ; celui
qui croit en moi, des fleuves d'eau vive découleront en lui » (Jean 7, 38). Et
quand Jésus disait cela, « Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui
avaient cru en lui ».
Mais, s'il en est ainsi, direz-vous, pourquoi ne suis-je pas rempli de l'Esprit de
Dieu ? Peut-être parce que vous n'avez pas rempli les conditions requises. Il y a
eu probablement de la désobéissance et de l'égoïsme dans votre vie. Vous n'avez
peut-être jamais demandé d'être remplit de l'Esprit. Vous n'en avez pas senti le
besoin ou vous n'avez pas cru que ce privilège vous fût réservé, à vous.
Cher lecteur, demandez et vous recevrez. Il est peu de biens que le père céleste
donne plus volontiers que celui-là : « Si vous, qui êtes mauvais, savez donner de
bonnes choses à vos enfants, combien plus votre père céleste donnera-t-il le
Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent » (Luc 11, 13). Chassez donc le doute
de votre âme ; demandez avec confiance, avec humilité, et vous recevrez ce don
magnifique, une vie spirituelle débordante, des mains du Christ ressuscité. Vous
irez ensuite, au milieu des difficultés de cette vie, et vous verrez que quoique très
pauvre et très indigne, des fleuves de bénédictions découleront de votre âme sur
les âmes de ceux que vous rencontrerez sur votre route.
Et maintenant, chers lecteurs, adieu ! J'ai tâché de vous montrer où est le chemin
de la sainteté. Laisser agir Dieu pour vous révéler votre péché, vous humilier,
vous purifier, vous garder, vous rendre utiles à lui-même et aux autres, par une
vie de paix, de joie, de pureté qui se répande au dehors. Voilà ce vous devez
faire, si vous voulez avoir une vie sainte. Puissiez-vous vous engager aujourd'hui
dans cette voie royale ! Puissiez-vous la suivre toujours ! C'est la seule qui
conduise à la gloire. « Et il y aura une route et un chemin, qui s'appellera le
chemin de la sainteté. Celui qui est souillé n'y marchera point ; … les rachetés y
marcheront. Ceux dont l'Eternel aura payé la rançon, retourneront et viendront
en Sion avec un chant de triomphe ; une allégresse éternelle sera sur leur tête. Ils
obtiendront la joie et l'allégresse ; la douleur et le gémissement s'enfuiront. » (Es.
35, 8-10).
FIN