Effets Des Postures de Relâchement Selon La Méthode Busquet
Effets Des Postures de Relâchement Selon La Méthode Busquet
Effets Des Postures de Relâchement Selon La Méthode Busquet
Marion Cnudde a a
10, rue de la république, 03270 Saint-Yorre, France
Mathilde Borrel b b
3, rue Vaillant-Couturier, 69200 Vénissieux, France
Sébastien Girold c c
Boulevard Denière, 03200 Vichy, France
Michèle Vanderheyden-Busquet d d
19, avenue d'Ossau, 64000 Pau, France
Léopold Busquet d
Reçu le 15 avril 2018 ; reçu sous la forme révisée le 26
juillet 2018 ; accepté le 2 octobre 2018
SUMMARY
Background. – The Busquet method "physiological chains'' is a method of global rehabilitation
based on the relationship between "container and content''. The benefits of such a method on low
back pain and mobility is unknown.
Objective. – This randomized controlled trial was undertaken to evaluate the immediate and 15-
day effects of lumbar muscle relaxation postures on extension and flexion range.
Methods. – The experimental group (n = 14) followed muscle relaxation postures while the
control group (n = 14) received a deep abdominal massage according to the method. The effects
were evaluated by the level of discomfort and mobility of the lumbar part, in the sagittal plane,
among a population of students in physiotherapy.
Results. – Immediately after the treatment and 15 days later, the experimental group significantly
decreased in lumbar discomfort scores (P = 0.027) and the extension was significantly improved
(P = 0.005).
Conclusion. – Muscle relaxation postures based on the Busquet's method "physiological chains'' Auteur correspondant :
decreased the lumbar discomfort by 70 % and improved the lumbar extension by 40 % after M. Cnudde,
treatment. 10, rue de la république, 03270
Level of evidence. – 4. Saint-Yorre, France.
© 2018 Published by Elsevier Masson SAS. Adresse e-mail :
[email protected]
https://doi.org/10.1016/j.kine.2018.10.011
© 2018 Publié par Elsevier Masson SAS.
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Effets des postures de relâchement selon la méthode Busquet dans une population saine : essai
contrôlé randomisé
Savoirs
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Savoirs M. Cnudde et al.
et de deuxième année de l'IFMK, sans discrimination de la été effectuée pour la première mesure de mobilité en exten-
douleur lombaire chronique et de la mobilité lombaire. Chaque sion (Fig. 1).
étudiante s'est vue remettre une lettre de consentement ainsi
qu'un questionnaire d'inclusion, qu'elle devait remplir et signer.
Critères d'inclusion : être âgée de 18 à 30 ans, et présenter un La randomisation
IMC compris entre 18,5 et 30. La répartition aléatoire des étudiantes en deux groupes s'est
Critères d'exclusion : être enceinte, présenter une cicatrice faite en aveugle par un des investigateurs. Il a constitué une
abdominale, avoir des antécédents de chirurgie du rachis, liste des participantes par jour et par heure de passage en
avoir subi une chirurgie orthopédique des membres inférieurs fonction des disponibilités des étudiantes et en dehors de leurs
dans une période de moins de 6 mois, présenter une patho- horaires de cours. Une étudiante sur deux était alors répartie
logie médicale ou suivre un traitement médical. Elle ne devait de façon aléatoire soit dans le groupe expérimental soit dans le
pas avoir eu d'épisode de lombalgie aiguë dans les 3 derniers groupe témoin.
mois et ne devait pas avoir ses menstruations lors des jour-
nées cliniques. Les étudiantes avaient le choix de participer ou
non à l'étude et pouvaient se retirer à tout moment du
Les praticiens
protocole.
Après avoir passé en revue chaque dossier, les investiga- Les thérapeutes
teurs ont inclus 29 étudiantes. Nous avons retiré une étu- Un kinésithérapeute était chargé de réaliser le traitement du
diante de l'analyse statistique car une erreur de notation a groupe expérimental tandis qu'un autre kinésithérapeute
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Figure 2. Postures de relâchement (chaîne de flexion, chaîne d'extension, chaîne de flexion et d'extension gauche) [12].
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obtenue était de 40 % de la douleur pour le groupe 1 et de résultats ne notre travail concernant le groupe expérimental
67,7 % pour le groupe 2. D'après ces auteurs, l'ajout de tech- semblent aller dans le même sens que ceux de Purepong.
niques d'étirements globaux était donc une plus-value au trai- Même si les outils de mesure n'étaient pas identiques, l'incli-
tement actif, de type renforcement musculaire. nomètre® et le Flexicurve® ont chacun montré que leur utilisa-
En 2009, Diaz et Ramos [22] ont comparé les effets d'un tion ne présentait pas de différence significative avec les
traitement conventionnel de physiothérapie (groupe témoin) mesures radiologiques [26]. Ils sont tous les deux très fiables
avec 15 séances de rééducation selon la méthode GDS avec des ICC intra et inter-évaluateur supérieur à 0,85 [27].
(groupe expérimental) sur un groupe de 126 patients présen- Leurs mesures présentant une forte corrélation (= 0,86) [28],
tant une lombalgie chronique non spécifique. Leur étude était nous pouvons donc estimer que nos résultats sont compara-
réalisée en double insu, les patients ont été répartis dans bles aux études utilisant les mêmes outils.
chaque groupe par randomisation et les groupes présentaient Toutefois, les résultats positifs obtenus par notre étude sont
des caractéristiques homogènes. Ils ont montré une améliora- à pondérer. Malgré la randomisation et même si nous n'avons
tion significative de l'ordre de 58 % des scores d'EVA dans leur pas retrouvé de différences d'amplitudes de mobilités initiale-
groupe expérimental contre 30 % pour le groupe témoin et ce ment, il s'est avéré que le groupe expérimental était initiale-
immédiatement après un traitement comprenant 15 sessions ment plus douloureux que le groupe témoin. Il semble donc
de rééducation selon la méthode GDS. logique que le groupe expérimental ait une meilleure progres-
Lawand et al. [23] ont trouvé des résultats similaires lors de la sion de ce critère.
réalisation de leur essai clinique randomisé et en aveugle. Ils De plus, la taille de notre échantillon (28 personnes au total)
ont comparé les effets d'un programme de 12 séances d'éti- était faible, en l'augmentant nous améliorerions probablement
rements utilisant la méthode posturale globale (GPR) chez la significativité de nos résultats.
30 personnes avec un groupe témoin (30 individus) qui pren-
aient uniquement un traitement médicamenteux. Ils ont montré
une amélioration de 50 % de la douleur lombaire pour le
groupe GPR après les 12 semaines de rééducation alors
que le groupe témoin n'avait pas d'amélioration significative.
CONCLUSION
Nous retrouvons les mêmes résultats dans l'étude préliminaire Les résultats de cette étude montrent que pour le groupe
de Purepong et al. [24] avec une amélioration de 34 % de la expérimental, les postures de relâchement selon la Méthode
douleur, mesurée à l'aide d'une EVA, après une série 5 pos- Busquet « Les chaînes physiologiques », réalisées chez des
tures réalisées quotidiennement pendant 15 jours. étudiantes en kinésithérapie saines et dans un but préventif,
Peu d'études ont montré à ce jour les effets immédiats et permettent d'améliorer de 70 % la gêne lombaire et de 40 %
à courts-termes sur la douleur d'un traitement unique basé l'extension lombaire à court terme et ce, lors d'une seule
sur des techniques de relâchements ou de postures globales. séance. Un suivi sur le long terme permettrait d'évaluer la
Il s'agit pour la plupart des essais cliniques des prises en durabilité de ces résultats. Une deuxième étude permettant
charge comprenant plusieurs séances s'étalant sur plusieurs de densifier notre population afin de rééquilibrer le groupe
semaines voire plusieurs mois. expérimental par rapport au groupe témoin en termes de gêne
Les résultats obtenus dans notre étude par le groupe expéri- lombaire renforcerait les résultats. Cette étude est en cours de
mental, qui étaient significativement plus douloureux avant réalisation.
l'intervention, sont encourageants et laissent supposer que Toutes les postures ont également été réalisées de manière
si nous l'appliquons à une population pathologique, les résul- standardisée, alors qu'habituellement elles sont effectuées
tats seraient encore supérieurs. uniquement si l'évaluation révèle un déficit.
En ce qui concerne notre critère secondaire, qui était la mobi- Il serait donc opportun de faire une analyse au cours de
lité lombaire en flexion et en extension, la population totale de laquelle la réalisation des techniques correspondrait à une
notre étude présentait initialement une mobilité globale réelle diminution des mobilités. De futurs travaux sont donc
moyenne dans le plan sagittal de 81,928 19,34. Dufour nécessaires pour confirmer les effets thérapeutiques et pro-
[25] rapporte des valeurs normales comprises entre 708 et phylactiques de la Méthode Busquet « les chaînes physiolo-
908. Dans notre étude, 71,42 % de notre population présentait giques » chez des patients potentiellement lombalgiques.
des valeurs initiales normales. La marge de progression était
donc limitée. Au final, nous n'avons pas mis en évidence de
Déclaration de liens d'intérêts
différence des amplitudes actives immédiatement après l'inter-
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.
vention entre les 2 groupes. Cependant, l'extension mesurée
15 jours après l'intervention a été améliorée en moyenne de
40,74 % pour le groupe A. Contributions des auteurs
À ce jour, aucune étude n'a montré les effets des méthodes Marion Cnudde et Mathilde Borrel ont co-rédigé le protocole, récolté
globales ou d'assouplissements de la région lombaire sur la les données et co-rédigé l'article. Sébastien Girold a effectué l'analyse
mobilité lombaire chez une population saine. statistique. Michèle et Léopold Busquet ont supervisé le projet.
Cependant dans leur étude préliminaire sans groupe témoin
de 2012, Purepong et al. [24] ont montré les effets de 5 pos-
tures d'étirements réalisées quotidiennement pendant 15 jours
chez 35 patients présentant un déficit de mobilité lombaire RÉFÉRENCES
associé à une lombalgie chronique ou subaiguë non spéci-
fique et sans déficit neurologique. Ils ont rapporté une amé- [1] Institut national de la santé et de la recherche médicale. Lombal-
lioration de 33 % de la flexion lombaire et une amélioration de gies en milieu professionnel : quels facteurs de risque et quelle
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