Effets Des Postures de Relâchement Selon La Méthode Busquet

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Savoirs Kinesither Rev 2019;19(205):10–17

Effets des postures de relâchement


selon la méthode Busquet dans une
population saine : essai contrôlé
randomisé
Effect of relaxation posture using Busquet Method in
healthy patient: Randomized Control Trial

Marion Cnudde a a
10, rue de la république, 03270 Saint-Yorre, France
Mathilde Borrel b b
3, rue Vaillant-Couturier, 69200 Vénissieux, France
Sébastien Girold c c
Boulevard Denière, 03200 Vichy, France
Michèle Vanderheyden-Busquet d d
19, avenue d'Ossau, 64000 Pau, France
Léopold Busquet d
Reçu le 15 avril 2018 ; reçu sous la forme révisée le 26
juillet 2018 ; accepté le 2 octobre 2018

RÉSUMÉ MOTS CLÉS


Introduction. – La méthode Busquet « les chaînes physiologiques » est une méthode globale Méthode Busquet
fondée sur le principe de la relation entre le « contenant et le contenu ». L'objectif principal de Chaînes musculaires
cette étude était d'évaluer les effets immédiats et à 15 jours des postures de relâchement des Lombalgie
chaînes musculaires d'extension et de flexion lombaire. Mobilité lombaire
Méthode. – Le groupe expérimental (n = 14) a reçu des postures de relâchement des chaînes Posture de relâchement
musculaires et le groupe témoin (n = 14) a reçu un massage abdominal profond selon la
méthode. Ces effets ont été évalués au niveau de la gêne et de la mobilité lombaire dans le KEYWORDS
plan sagittal, chez une population d'étudiantes en kinésithérapie. Busquet method
Résultats. – Le groupe expérimental a diminué significativement les scores de gêne lombaire Lumbar mobility
(p = 0,027). L'extension a été amélioré significativement (p = 0,005). Low back pain
Conclusion. – Les postures de relâchement des chaînes musculaires ont amélioré de 70 % la Muscle chains
gêne lombaire et de 40 % l'extension lombaire, 15 jours après le traitement. Relaxation postures
Niveau de preuve. – 4.
© 2018 Publié par Elsevier Masson SAS.

SUMMARY
Background. – The Busquet method "physiological chains'' is a method of global rehabilitation
based on the relationship between "container and content''. The benefits of such a method on low
back pain and mobility is unknown.
Objective. – This randomized controlled trial was undertaken to evaluate the immediate and 15-
day effects of lumbar muscle relaxation postures on extension and flexion range.
Methods. – The experimental group (n = 14) followed muscle relaxation postures while the
control group (n = 14) received a deep abdominal massage according to the method. The effects
were evaluated by the level of discomfort and mobility of the lumbar part, in the sagittal plane,
among a population of students in physiotherapy.
Results. – Immediately after the treatment and 15 days later, the experimental group significantly
decreased in lumbar discomfort scores (P = 0.027) and the extension was significantly improved
(P = 0.005).
Conclusion. – Muscle relaxation postures based on the Busquet's method "physiological chains'' Auteur correspondant :
decreased the lumbar discomfort by 70 % and improved the lumbar extension by 40 % after M. Cnudde,
treatment. 10, rue de la république, 03270
Level of evidence. – 4. Saint-Yorre, France.
© 2018 Published by Elsevier Masson SAS. Adresse e-mail :
[email protected]

https://doi.org/10.1016/j.kine.2018.10.011
© 2018 Publié par Elsevier Masson SAS.
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Effets des postures de relâchement selon la méthode Busquet dans une population saine : essai
contrôlé randomisé
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système viscéral « contenu ». Le diagnostic des tensions


INTRODUCTION tissulaires et musculaires est effectué selon ces principes.
Les lombalgies représentent aujourd'hui un véritable enjeu de Le traitement repose sur des postures de relâchement des
santé publique. Elles sont la 8e cause de consultation médi- différents points de tension observés sur le trajet des chaînes
cale et représentent un coût pouvant atteindre 1 % du PIB [1]. afin de limiter les douleurs, les dysfonctions et les déforma-
Dans le cadre de cette entité pathologique, il convient de tions [7].
distinguer la lombalgie non spécifique chronique de la lombal- Ces points de tensions correspondent à une augmentation du
gie aiguë. La première se définit comme « une douleur habi- tonus postural le long de ces trajets anatomiques et sont
tuelle de la région lombaire évoluant depuis plus de 3 mois. » caractérisés par une augmentation de la rénitence musculaire
[2] alors que la seconde est caractérisée par une douleur ne et une perturbation des mobilités articulaires [8].
persistant pas au-delà de 7 jours. Sur le plan épidémiologique, Ce tonus postural est régi par un mécanisme physiologique
toutes les catégories socioprofessionnelles sont touchées. Le réflexe influencé par des messages issus du cortex cérébral.
port de charges, l'exposition aux vibrations, les postures et les En plus des facteurs mécaniques, des facteurs émotionnels
facteurs socio-économiques sont des facteurs de risques peuvent donc également augmenter ou induire de telles surpro-
influençant la prévalence de la lombalgie chronique. D'après grammations, appelé en neurobiologie le tonus émotionnel [9].
les données de l'enquête décennale Santé 2002–2003 [3], la Les techniques de relâchement utilisées dans la méthode vont
fréquence de la lombalgie des femmes âgées de 30 à 39 ans permettre de déprogrammer ces surprogrammations en
est de 58 %, elle s'élève à 66 % si elles sont exposées à des répondant aux 2 facteurs précédents ; d'une part, par la mise
ports de charges lourdes et plus le niveau d'étude est élevé en course externe lente et non douloureuse du muscle indui-
plus le risque est important. sant ainsi une inhibition du réflexe myotatique, [10] et d'autre
En 2009, Ponomareva et al. ont réalisé une enquête concer- part, par la participation consciente du patient dans le relâ-
nant les troubles musculosquelettiques dans une population chement du tonus, utilisée également dans les techniques de
de kinésithérapeutes français. Parmi les 50 réponses obte- relaxation dont les effets sur la réponse tonique musculaire ont
nues, 36 % présentait une lombalgie chronique [4]. En été validé [11].
l'absence de données épidémiologiques plus récentes de
niveau national ou international concernant la lombalgie au L'objectif principal de cette étude était d'évaluer les
sein de la population des masseurs-kinésithérapeutes nous effets immédiats et à 15 jours des postures de
prendrons comme princeps que son exercice est pourvoyeur relâchement des chaînes musculaires d'extension et
de lombalgie. Nous nous sommes intéressés plus précisément de flexion selon la méthode des chaînes
aux kinésithérapeutes femmes et tout particulièrement aux physiologiques de Busquet.
étudiantes dans une dimension de dépistage et de prévention.
Les étudiantes en kinésithérapie cumulent les principaux fac- Ces effets ont été évalués au niveau de la gêne lombaire et de
teurs de risques de lombalgie, il est donc primordial de les la mobilité lombaire dans le plan sagittal chez une population
prévenir par des moyens adéquats. d'étudiantes en kinésithérapie saine (sans diagnostic médical
Coyle et al. en 2017 [5] ont par ailleurs mis en évidence un de pathologie).
facteur de corrélation significatif entre la mobilité lombaire et la
douleur lombaire. Les auteurs ont comparé la mobilité chez
108 patients dont la moitié présentait une lombalgie chronique. MATÉRIEL ET MÉTHODE
La différence d'amplitude dans le plan sagittal s'est révélée
significativement plus basse chez les patients douloureux Éthique
(p = 0,006). Dans leur revue systématique de 2017 [6], Sadler
« Cette étude a été réalisée en suivant le guide de bonnes
et al. Indique également que le manque de mobilité lombaire
pratiques énoncées dans la déclaration d'Helsinki. Chaque
pourrait être prédictif d'apparition de la douleur. Les partici-
patient a participé librement, après avoir été suffisamment
pants des études revues avaient 144 % de chances d'avoir
informé sur la nature du protocole de l'étude. La participation
une lombalgie s'ils avaient une perte de flexion latérale.
à l'étude n'a en aucun cas modifié les habitudes de vie des
En kinésithérapie, des techniques de gain d'amplitude sont
sujets. ».
régulièrement utilisées dans les prises en charges de patients
et des méthodes de postures globales permettent l'améliora-
tion des amplitudes de mobilité lombaire et peuvent être uti- Design de l'étude
lisées tout aussi bien dans un but prophylactique que Il s'agit d'une étude randomisée interventionnelle contrôlée en
thérapeutique. double insu. Elle a débuté en septembre 2016 par une pré-
La Méthode Busquet est une méthode globale. L'un de ses étude réalisée sur 10 patientes présentant une lombalgie
principes fondamentaux est que l'organisation motrice à voca- chronique et des troubles fonctionnels digestifs. Face aux
tion statique et dynamique s'organise selon des chaînes mus- difficultés de recrutement, nous avons redéfini les critères
culaires pré-programmées que le sujet acquiert et perfectionne d'inclusion. L'étude s'est effectuée à l'Institut de Formation
au fil de ses apprentissages. en Masso-Kinésithérapie de Vichy (IFMK) au cours de deux
Elle met également en exergue une continuité des circuits journées cliniques : les 13 et 14 novembre 2016.
anatomiques entre les chaînes musculaires et les chaînes
conjonctives. Ces dernières se prolongent dans toutes les
cavités. La relation « contenant-contenu » est établie selon
La population
cette continuité. Le deuxième principe est donc l'interrelation Afin d'avoir une population la plus homogène possible, nous
entre le système musculosquelettiques « contenant » et le avons choisi de réaliser l'étude sur des étudiantes de première

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Savoirs M. Cnudde et al.

et de deuxième année de l'IFMK, sans discrimination de la été effectuée pour la première mesure de mobilité en exten-
douleur lombaire chronique et de la mobilité lombaire. Chaque sion (Fig. 1).
étudiante s'est vue remettre une lettre de consentement ainsi
qu'un questionnaire d'inclusion, qu'elle devait remplir et signer.
Critères d'inclusion : être âgée de 18 à 30 ans, et présenter un La randomisation
IMC compris entre 18,5 et 30. La répartition aléatoire des étudiantes en deux groupes s'est
Critères d'exclusion : être enceinte, présenter une cicatrice faite en aveugle par un des investigateurs. Il a constitué une
abdominale, avoir des antécédents de chirurgie du rachis, liste des participantes par jour et par heure de passage en
avoir subi une chirurgie orthopédique des membres inférieurs fonction des disponibilités des étudiantes et en dehors de leurs
dans une période de moins de 6 mois, présenter une patho- horaires de cours. Une étudiante sur deux était alors répartie
logie médicale ou suivre un traitement médical. Elle ne devait de façon aléatoire soit dans le groupe expérimental soit dans le
pas avoir eu d'épisode de lombalgie aiguë dans les 3 derniers groupe témoin.
mois et ne devait pas avoir ses menstruations lors des jour-
nées cliniques. Les étudiantes avaient le choix de participer ou
non à l'étude et pouvaient se retirer à tout moment du
Les praticiens
protocole.
Après avoir passé en revue chaque dossier, les investiga- Les thérapeutes
teurs ont inclus 29 étudiantes. Nous avons retiré une étu- Un kinésithérapeute était chargé de réaliser le traitement du
diante de l'analyse statistique car une erreur de notation a groupe expérimental tandis qu'un autre kinésithérapeute

Figure 1. Schéma expérimental.

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contrôlé randomisé
Savoirs

réalisait le traitement du groupe témoin. Les deux praticiens Les mesures


sont expérimentés dans la pratique de la Méthode Busquet et
également enseignants de la méthode. Les mesures initiales
Les étudiantes devaient indiquer sur le questionnaire d'inclu-
Les évaluateurs sion leur âge, leur poids et leur taille.
Les deux évaluateurs étaient indépendants du groupe des Avant de recevoir le traitement, elles devaient remplir un
thérapeutes. Ils ne connaissaient ni l'attribution des étudiantes questionnaire d'évaluation de la gêne lombaire ressentie au
dans le groupe ni le traitement dont elles bénéficiaient. Ainsi les quotidien lors des 15 derniers jours (GLQ initial). Le GLQ est
évaluateurs et thérapeutes étaient parfaitement indépendants, composé d'un item gradué de 7 points sur une échelle de Likert
l'évaluation s'est ainsi déroulée en aveugle. Les évaluateurs [15,16] (Fig. 3).
étaient 2 étudiants de 3e année de l'IFMK qui avaient participé L'intensité de cette gêne lombaire au quotidien était mesurée
au préalable à un entraînement des mesures. La mobilité était par une échelle visuelle analogique (EVA initiale).
mesurée par double inclinométrie (inclinomètre Bi-Level) [12]. La mobilité lombaire en flexion et en extension était mesurée
en aveugle 5 minutes avant l'intervention thérapeutique. Le
Les techniques de soins choix de la méthode s'est tourné vers la double inclinométrie
afin d'obtenir des valeurs en degrés, mais également de par la
Le groupe expérimental (A) bonne reproductibilité de l'outil ainsi que sa corrélation étroite
avec les mesures radiologiques [17]. Dans un premier temps,
Le praticien avait quatre postures de relâchement de la région les évaluateurs ont annoté les repères anatomiques : le milieu
lombaire à réaliser (Fig. 2). La durée de chaque posture était des 2 Épines Iliaques Postéro-Supérieures (EIPS) et l'épi-
comprise entre 3 et 5 minutes et dépendait du relâchement neuse de T12 [18]. La consigne était donnée aux patientes
ressenti par le praticien. Le traitement global était donc au d'entretenir les marquages jusqu'à l'évaluation finale afin de
maximum de 20 minutes. limiter les biais de repérages.
Le thérapeute réalisait dans un premier temps la posture de la Dans un deuxième temps, l'évaluateur donnait la consigne
chaîne d'extension en position genu-pectoral. Elle était suivie et réalisait la démonstration du test de flexion : « Vous allez
de 3 postures sur ballon de Klein de 75 cm : la posture de la vous pencher vers l'avant. Vous descendez au maximum
chaîne de flexion et les postures bilatérales de relâchement de sans forcer et sans plier les genoux. La tête reste relâchée.
la chaîne de flexion combinée à la chaîne d'extension homo- Vous resterez ensuite le temps de la mesure dans cette
latérale. Les techniques réalisées ont été effectuées comme position et quand je vous l'indiquerai vous pourrez remonter
décrit dans le cahier de pratiques de la Méthode Busquet [13]. en pliant les genoux et en prenant appui avec les mains sur
Le praticien pouvait adapter les techniques si l'étudiante res- vos cuisses ». L'évaluateur réalisait le 0 sur les 2 inclinomè-
sentait une gêne, un inconfort ou une douleur dans une des tres avant que l'étudiante réalise le mouvement de flexion.
positions. Les 2 mesures obtenues étaient retranscrites sur la fiche
d'évaluation.
Le groupe témoin (B) Le troisième temps était celui de la mesure de l'extension
lombaire. La consigne était de se pencher vers l'arrière et
Le traitement du groupe témoin consistait en la réalisation d'un
d'aller le plus loin possible sans plier les genoux, La tête restait
massage abdominal profond effectué également selon les
relâchée, la position devait être maintenue le temps de la
manœuvres de la méthode décrites dans le tome 6 [14]. Ce
mesure. La procédure de mesure d'extension était la même
massage concerne la chaîne statique abdominale décrite par
que pour la flexion.
les auteurs, soit le tissu conjonctif de soutien des organes
abdominaux constitué des replis péritonéaux. Les techniques
consistent en des pressions glissées profondes réalisées dans
le sens des mésos et des épiploons. Les mesures intermédiaires
La durée totale était également comprise entre 15 et 20 minu- Les évaluateurs mesuraient à nouveau la mobilité lombaire en
tes et le praticien changeait de technique en fonction des flexion et en extension, 5 minutes après que les patientes aient
sensations de relâchement qu'il percevait. reçu le traitement.

Figure 2. Postures de relâchement (chaîne de flexion, chaîne d'extension, chaîne de flexion et d'extension gauche) [12].

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Savoirs M. Cnudde et al.

Figure 3. Échelle d'évaluation de la gêne ou de la douleur lombaire.

Les mesures finales La comparaison intergroupe des évaluations initiales a montré


une différence significative concernant la valeur du GLQ, qui
Les mesures finales ont été réalisées 15 jours après la journée
s'est avérée significativement plus importante (p = 0,03) pour
clinique. Les étudiantes ont rempli le GLQ final et ont quantifié
le groupe expérimental. Initialement, le groupe A (GLQi = 2,14
la gêne lombaire ressentie durant les 15 derniers jours à l'EVA
 1,46) avait une gêne lombaire plus important que le groupe
finale.
témoin B (GLQi = 0,78  1,25).
Un seul évaluateur a réalisé la double inclinométrie lombaire
dans le plan sagittal. Cette mesure était réalisée en aveugle.

L'analyse statistique Les évaluations intermédiaires


Toutes les données ont été analysées par l'Unité de recherche L'extension lombaire et la flexion lombaire n'ont pas montré de
clinique de l'Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de différence significative lors de cette évaluation.
Vichy, structure indépendante des investigateurs. La normalité
des données a été évalué par un test de Shapiro–Wilk. Les
moyennes et les écarts types ont été calculés pour toutes les
variables. Des analyses de variance (anova à mesures croi- Les évaluations finales
sées avec un test Post Hoc de Tukey–Kramer) ont été utilisées Au niveau des variations de GLQ, aucune différence n'a été
pour comparer l'ensemble des caractéristiques, les mesures observé entre GA et GB.
effectuées et leurs variations, avant, immédiatement après et Lors de l'évaluation finale, comparaison de l'EVA entre les
à j15. groupes A et B ne révèle pas l'existence de différence.
Des tests t de Student ont été réalisés afin de comparer, pour Des analyses de variations intra-groupes ont été réalisées.
chaque groupe, les valeurs relevées, avant, immédiatement Pour le groupe A, entre la phase initiale et finale, le score
après et à j15. Le coefficient de corrélation (r) de Pearson, a moyen du GLQ a diminué significativement de 0,78 points
été calculé pour chacun des groupes entre les variations des (p = 0,027), le score moyen de l'EVA a diminué significative-
mesures de l'EVA et du GLQ, avec le logiciel Statistica® ment de 2 points (p = 0,002) (Fig. 4) et l'extension finale
(StatSoft, Inc. Tulsa, Oklahoma, États-Unis). Pour toutes les (EXT3A) était significativement supérieure de 11
analyses statistiques, le niveau de significativité était fixé  12,32 par rapport à l'EXT1A (p = 0,005) (Fig. 5).
à 0,05. Des analyses de variations des résultats obtenus ont été
effectuées et ont mis en avant des différences significatives
entre les variations d'EVA pour les groupes A et B, montrant
une diminution significativement plus importante des valeurs
LES RÉSULTATS pour GA (p = 0,04).

Les évaluations initiales


L'échantillon se composait de 28 étudiantes. La moyenne
d'âge était de 20,5  0,75 ans. L'évolution sur la durée totale du protocole
L'IMC moyen était de 21,52  1,5 (Tableau I) Le GLQ initial Une corrélation a été mise en évidence entre les variations de
était de 1,46  1,5. L'EVA initiale était de 1,88  2,11. La résultats obtenus pour l'EVA et le GLQ. Pour le groupe A, avec
flexion lombaire était de 58,35  13,78 et l'extension lombaire l'indice de corrélation est de 0,71 (p = 0,04).
initiale de 23,57  13,41. Pour le groupe B, l'indice de corrélation est de 0,91 (p < 0,05).

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Effets des postures de relâchement selon la méthode Busquet dans une population saine : essai
contrôlé randomisé
Savoirs

Tableau I. Caractéristiques initiales de la population.


Groupe expérimental Groupe témoin
(n = 14) (n = 14)
Poids (kg)
Moyenne  écart 59,42  8,4 58,07  6,41
Maximum 78 72
Minimum 48 46
Taille (mètres)
Moyenne  écart 1,65  0,045 1,64  0,061
Maximum 1,76 1,74
Minimum 1,6 1,53
IMC
Moyenne  écart 21,59  2,6 21,43  2,22
Maximum 26,7 24,9
Minimum 18,8 17,1
Âge (années) Figure 5. Évolution de l'extension.
Moyenne  écart 20,21  0,69 20,28  0,82
Maximum 21 22 été observé. Les variations de celles-ci étaient de moins de 5,
Minimum 19 19 ce qui correspond aux biais de mesures [14].
Les mesures effectuées 15 jours après le traitement ont mon-
Moyenne  écart type. tré une amélioration significative de 70 % de la gêne lombaire
et de 40 % de l'extension lombaire uniquement pour le groupe
expérimental.
DISCUSSION En ce qui concerne notre critère principal, 15 jours après le
traitement, les postures ont montré une amélioration signifi-
L'objectif de l'étude était de montrer les effets immédiats et cative des valeurs de GLQ et d'EVA alors que le massage n'a
à court terme des postures de relâchement selon la Méthode pas montré de différence.
Busquet sur la gêne lombaire et la mobilité lombaire dans le La corrélation qui a été mise en évidence entre ces deux
plan sagittal chez une population d'étudiantes en kinésithéra- valeurs peut nous permettre de substituer l'une par rapport
pie, chez qui l'entretien de bonnes mobilités lombaires pourrait à l'autre et de n'utiliser uniquement l'EVA, qui est la plus
permettre de limiter l'apparition de lombalgie. Les techniques référencé dans la littérature.
ont été comparées à des techniques de massage abdominal La majorité des études ont utilisé une échelle visuelle numé-
profond également selon la Méthode Busquet. rique (EVN) alors que nous avons utilisé une EVA. En 2011,
Immédiatement après le traitement, aucune différence signi- Hjermstad et al. [19] ont réalisé une revue de littérature, incluant
ficative des amplitudes d'extension et de flexion lombaire n'ont 54 articles, sur la comparaison des différents outils d'évaluation
de la douleur. Ils ont déduit de leur revue que les résultats
d'évaluation de la douleur obtenus par la EVN ou la VAS étaient
similaires. Nous pouvons donc facilement comparer nos résul-
tats à ceux des autres études utilisant l'un de ces 2 outils.
Dans leur revue de littérature de 2008, Ostelo et al. [20] ont
montré qu'un changement de plus de 15 mm sur 100 mm ou
de 30 % de la mesure à l'EVA était considéré comme une
évolution significative. Même si la gêne lombaire ressentie
initialement était légère, les changements obtenus par ce
groupe expérimental de 2 points soient plus de 70 % de
diminution ont été significatifs.
Les résultats obtenus au cours d'une séance par le groupe
expérimental étaient similaires à ceux rapportés par Nagral
et al. [21]. Ils ont comparé dans un groupe de 60 personnes
lombalgiques sans atteintes neurologiques, les effets d'un pro-
gramme de mobilisation et de stabilisation vertébrale (groupe 1)
versus le même programme associé à des étirements de type
slump (groupe 2). Leur étude était réalisée en double insu avec
une indépendance entre les évaluateurs et les praticiens. Le
groupe 1 et 2 avait des caractéristiques homogènes en début
de prise en charge. La douleur était évaluée par le patient avec
une échelle numérique. Les auteurs ont montré qu'après
Figure 4. Évolution de l'EVA. 6 séances étalées sur 2 semaines, l'amélioration moyenne

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Savoirs M. Cnudde et al.

obtenue était de 40 % de la douleur pour le groupe 1 et de résultats ne notre travail concernant le groupe expérimental
67,7 % pour le groupe 2. D'après ces auteurs, l'ajout de tech- semblent aller dans le même sens que ceux de Purepong.
niques d'étirements globaux était donc une plus-value au trai- Même si les outils de mesure n'étaient pas identiques, l'incli-
tement actif, de type renforcement musculaire. nomètre® et le Flexicurve® ont chacun montré que leur utilisa-
En 2009, Diaz et Ramos [22] ont comparé les effets d'un tion ne présentait pas de différence significative avec les
traitement conventionnel de physiothérapie (groupe témoin) mesures radiologiques [26]. Ils sont tous les deux très fiables
avec 15 séances de rééducation selon la méthode GDS avec des ICC intra et inter-évaluateur supérieur à 0,85 [27].
(groupe expérimental) sur un groupe de 126 patients présen- Leurs mesures présentant une forte corrélation (= 0,86) [28],
tant une lombalgie chronique non spécifique. Leur étude était nous pouvons donc estimer que nos résultats sont compara-
réalisée en double insu, les patients ont été répartis dans bles aux études utilisant les mêmes outils.
chaque groupe par randomisation et les groupes présentaient Toutefois, les résultats positifs obtenus par notre étude sont
des caractéristiques homogènes. Ils ont montré une améliora- à pondérer. Malgré la randomisation et même si nous n'avons
tion significative de l'ordre de 58 % des scores d'EVA dans leur pas retrouvé de différences d'amplitudes de mobilités initiale-
groupe expérimental contre 30 % pour le groupe témoin et ce ment, il s'est avéré que le groupe expérimental était initiale-
immédiatement après un traitement comprenant 15 sessions ment plus douloureux que le groupe témoin. Il semble donc
de rééducation selon la méthode GDS. logique que le groupe expérimental ait une meilleure progres-
Lawand et al. [23] ont trouvé des résultats similaires lors de la sion de ce critère.
réalisation de leur essai clinique randomisé et en aveugle. Ils De plus, la taille de notre échantillon (28 personnes au total)
ont comparé les effets d'un programme de 12 séances d'éti- était faible, en l'augmentant nous améliorerions probablement
rements utilisant la méthode posturale globale (GPR) chez la significativité de nos résultats.
30 personnes avec un groupe témoin (30 individus) qui pren-
aient uniquement un traitement médicamenteux. Ils ont montré
une amélioration de 50 % de la douleur lombaire pour le
groupe GPR après les 12 semaines de rééducation alors
que le groupe témoin n'avait pas d'amélioration significative.
CONCLUSION
Nous retrouvons les mêmes résultats dans l'étude préliminaire Les résultats de cette étude montrent que pour le groupe
de Purepong et al. [24] avec une amélioration de 34 % de la expérimental, les postures de relâchement selon la Méthode
douleur, mesurée à l'aide d'une EVA, après une série 5 pos- Busquet « Les chaînes physiologiques », réalisées chez des
tures réalisées quotidiennement pendant 15 jours. étudiantes en kinésithérapie saines et dans un but préventif,
Peu d'études ont montré à ce jour les effets immédiats et permettent d'améliorer de 70 % la gêne lombaire et de 40 %
à courts-termes sur la douleur d'un traitement unique basé l'extension lombaire à court terme et ce, lors d'une seule
sur des techniques de relâchements ou de postures globales. séance. Un suivi sur le long terme permettrait d'évaluer la
Il s'agit pour la plupart des essais cliniques des prises en durabilité de ces résultats. Une deuxième étude permettant
charge comprenant plusieurs séances s'étalant sur plusieurs de densifier notre population afin de rééquilibrer le groupe
semaines voire plusieurs mois. expérimental par rapport au groupe témoin en termes de gêne
Les résultats obtenus dans notre étude par le groupe expéri- lombaire renforcerait les résultats. Cette étude est en cours de
mental, qui étaient significativement plus douloureux avant réalisation.
l'intervention, sont encourageants et laissent supposer que Toutes les postures ont également été réalisées de manière
si nous l'appliquons à une population pathologique, les résul- standardisée, alors qu'habituellement elles sont effectuées
tats seraient encore supérieurs. uniquement si l'évaluation révèle un déficit.
En ce qui concerne notre critère secondaire, qui était la mobi- Il serait donc opportun de faire une analyse au cours de
lité lombaire en flexion et en extension, la population totale de laquelle la réalisation des techniques correspondrait à une
notre étude présentait initialement une mobilité globale réelle diminution des mobilités. De futurs travaux sont donc
moyenne dans le plan sagittal de 81,928  19,34. Dufour nécessaires pour confirmer les effets thérapeutiques et pro-
[25] rapporte des valeurs normales comprises entre 708 et phylactiques de la Méthode Busquet « les chaînes physiolo-
908. Dans notre étude, 71,42 % de notre population présentait giques » chez des patients potentiellement lombalgiques.
des valeurs initiales normales. La marge de progression était
donc limitée. Au final, nous n'avons pas mis en évidence de
Déclaration de liens d'intérêts
différence des amplitudes actives immédiatement après l'inter-
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.
vention entre les 2 groupes. Cependant, l'extension mesurée
15 jours après l'intervention a été améliorée en moyenne de
40,74 % pour le groupe A. Contributions des auteurs
À ce jour, aucune étude n'a montré les effets des méthodes Marion Cnudde et Mathilde Borrel ont co-rédigé le protocole, récolté
globales ou d'assouplissements de la région lombaire sur la les données et co-rédigé l'article. Sébastien Girold a effectué l'analyse
mobilité lombaire chez une population saine. statistique. Michèle et Léopold Busquet ont supervisé le projet.
Cependant dans leur étude préliminaire sans groupe témoin
de 2012, Purepong et al. [24] ont montré les effets de 5 pos-
tures d'étirements réalisées quotidiennement pendant 15 jours
chez 35 patients présentant un déficit de mobilité lombaire RÉFÉRENCES
associé à une lombalgie chronique ou subaiguë non spéci-
fique et sans déficit neurologique. Ils ont rapporté une amé- [1] Institut national de la santé et de la recherche médicale. Lombal-
lioration de 33 % de la flexion lombaire et une amélioration de gies en milieu professionnel : quels facteurs de risque et quelle
20 % de l'extension lombaire à la fin du traitement. Les prévention ?. Paris: Inserm; 2000 [Expertise collective].

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Effets des postures de relâchement selon la méthode Busquet dans une population saine : essai
contrôlé randomisé
Savoirs

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