Cours - Geochimie Abassen
Cours - Geochimie Abassen
Cours - Geochimie Abassen
Objectifs de l’enseignement
Il s’agit de donner à l’étudiant des notions sur les méthodes de datation
géochronologique et sur la géochimie isotopique.
Contenu de la matière :
COURS
I. Introduction
- définitions et généralités
- rappels sur la classification périodique des éléments
- rappels sur les liaisons chimiques
- notion de cristallochimie
Définitions
• En tant que Science, cette branche de la géologie comporte aussi bien un aspect
fondamental qu'appliqué. Certains géochimistes étudient les matériaux terrestres
pour comprendre le fonctionnement du système Terre et les principes qui régissent
ce système. La géochimie a ainsi contribué d'une manière remarquable à la
compréhension de divers processus tels que la convection mantellique, la formation
des planètes ou l'origine des roches magmatiques telles que les granites et basaltes.
• Biogéochimie : Etude du rôle des systèmes biologiques sur les conditions physico-
chimiques régnant à la surface de notre planète.
• Géochimie des eaux : elle traite de l'abondance absolue et relative des éléments et
des isotopes dans l'eau, ainsi que de l'évolution de leur concentration en fonction des
conditions physico-chimiques rencontrées par l'eau pendant son cycle ou son
emmagasinement.
• Géochimie environnementale : utilise les données de la géochimie pour l'étude de
l'environnement.
• Géochimie marine : Etude des principes qui régissent la répartition des éléments,
isotopes et composants et les lois de leur comportement chimique dans le milieu
marin.
• Les atomes :
• Dans le cas d’un atome neutre, chaque élément possède le même nombre de
protons et le même nombre d’électrons.
• Les isotopes sont des atomes d'un même élément mais qui possèdent un nombre
différent de neutrons. Certains isotopes sont instables et donc radioactifs.
• Ce sont les électrons qui sont responsables des propriétés chimiques des atomes. La
configuration électronique détermine les types d’atomes qui peuvent être liés à
d’autres, la force et le type de la liaison. Donc, nous allons aborder l’étude des
électrons et de la configuration électronique des atomes.
• L’atome de Bohr
• Le nombre d’électrons dans chaque couche est contrôlé par le nombre quantique
principal suivant la relation : # électrons = 2n2
• Les électrons des couches externes possèdent une énergie plus élevée que ceux des
couches internes, car ils libèrent plus d’énergie lors de leur transition vers les
couches internes. Lorsque ces transitions électroniques ont lieu, l’énergie est libérée
sous forme de photons, comme les rayons X.
• Planck a trouvé que l’énergie libérée lors des transitions électroniques est effectuée
selon des paquets discrets, qu’il a appelé « quanta », et ces paquets d’énergie sont
liés à une constante (appelée constante de Planck) et à la fréquence ou à la longueur
d’onde de la radiation libérée.
• E = hν = hc/λ
où E = énergie
• ν = fréquence
• λ = longueur d’onde.
• La mécanique quantique nous apprend que les électrons gravitent autour du noyau
sous forme de nuage électronique. L'électron n'est pas localisé au sens ponctuel du
terme mais on peut décrire des régions de l'espace où cet électron a une forte
probabilité de se trouver : c'est l'orbitale atomique. Ces orbitales atomiques sont
désignées par leur nombre quantique principal n et également par un nombre qui
caractérise la forme des orbitales atomiques : c’est le nombre quantique azimutal ou
nombre quantique orbital, l. Une orbitale atomiques ne peut contenir que 2
électrons au maximum. Chaque électron possède un nombre quantique de spin
ayant une valeur de +1/2 ou de –1/2. Les couches d'électrons sont décomposables en
sous-couches s, p, d, f selon les valeurs du nombre quantique orbital d’après le
tableau suivant :
Valeur de 1 0 1 2 3
Notation de la sous-couche s p d f
• Cette notation des sous-couches dérive des termes anglais qualifiant l'aspect des
raies sharp, principal, diffuse, et fundamental. Les formes des surfaces décrites par
ces sous-couches sont les suivantes :
• Orbitales s- sont de forme sphérique. Lorsque la valeur du nombre quantique
principal n augmente, le rayon moyen de l'orbitale augmente Chacune de ces
orbitales peut loger un maximum de deux électrons.
• Orbitales d- ne peuvent être présentes que si la valeur du nombre quantique principal soit
égale ou supérieure à 3.
• métaux alcalino-terreux = groupe 2 (bloc s)
• halogènes = groupe 17 (bloc p)
·les non-métaux
Font partie des non-métaux l'hydrogène (H), le carbone (C), l'azote (N), le phosphore
(P), l'oxygène (O), le soufre (S) et le sélénium (Se) ainsi que les gaz nobles et les
halogènes qui ont leur propre classification ! Ils ne conduisent pas le courant
électrique ou seulement dans certaines modifications, comme par exemple le
graphite.
· les alcali-métaux
Éléments du 1er groupe de la classification périodique : lithium (Li), sodium (Na),
potassium (K), rubidium (Rb), césium (Cs), francium (Fr) mais sans hydrogène. Les
métaux légers mous de brillance métallique ne possèdent qu'un électron faiblement
lié et sont très réactifs.
• · les métaux alcalino-terreux
Les éléments chimiques des numéros atomiques 21 à 30, 39 à 48, 57 à 80 et 89 à 112 sont
appelés des éléments transitoires. Ce nom vient de leur position dans la classification
périodique, car on y trouve la transition par l'augmentation successive des électrons dans
l'orbital d le long de chaque période. Les lanthanides et les actinides, représentés par leur
propre classification, sont également des métaux transitoires. Les métaux transitoires se
distinguent par leur grande résistance à la traction ainsi que par leur densité et leurs points
de fusion et d'ébullition élevés.
Environ 80% de tous les éléments sont des métaux. Ce sont généralement de bons
conducteurs électriques. Dans cette application, les « autres métaux » sont les éléments qui
sont situés entre les métaux transitoires et les métalloïdes et ne sont pas contenus dans les
classifications spéciales des métaux. En font partie l'aluminium (Al), le gallium (Ga), l'indium
(In), le thallium (Tl), l'étain (Sn), le plomb (Pb) et le bismuth (Bi).
· les métalloïdes
Font partie des métalloïdes les éléments qui ne conduisent le courant électrique que dans
certaines conditions ou structures cristallines. Il s'agit du bore (B), du silicium (Si), du
germanium (Ge), de l'arsenic (As), de l'antimoine (Sb), du tellure (Te) et du polonium (Po).
On distingue les conducteurs métalliques et les semi-conducteurs. Les conducteurs
métalliques conduisent le courant même à basse température et présentent une résistance
croissante lorsque la température augmente. A basse température, les semi-conducteurs
présentent une forte résistance qui diminue lorsque la température augmente.
· les halogènes
On appelle halogènes les éléments du 17e groupe de la classification périodique : fluor (F),
chlore (Cl), brome (Br), iode (I) et astate (At).
Les halogènes réagissent avec des métaux en formant des sels.
· les gaz nobles
Les gaz nobles sont les éléments du 18e groupe de la classification périodique. Il s'agit des
éléments suivants : hélium (He), néon (Ne), argon (Ar), krypton (Kr), xénon (Xe) et radon
(Rn). Tous les gaz nobles sont incolores et inodores, ininflammables et guère solubles. Ils
sont atomiques et non moléculaires, car ils sont pratiquement incapables d'établir des
liaisons. La raison en est que les niveaux (couches) d'énergie de l'atome sont complets, c'est-
à-dire entièrement remplis d'électrons.
· les lanthanides
Le lanthanide (semblable au lanthane) représente une classification d'éléments semblables.
En font partie le lanthane (La) et les quatorze éléments suivants dans la classification
périodique : cérium (Ce), praséodyme (Pr), néodyme (Nd), prométhium (Pm), samarium
(Sm), europium (Eu), gadolinium (Gd), terbium (Tb), dysprosium (Dy), holmium (Ho), erbium
(Er), thulium (Tm), ytterbium (Yb) et lutétium (Lu). Les lanthanides sont des métaux de
brillance argentée, relativement mous et entrent facilement en réaction. Les lanthanides
appartiennent aux éléments transitoires internes ou éléments du bloc f, car dans ces séries
les orbitales f ne sont pas entièrement remplies d'électrons.
· les actinides
L'actinide (semblable à l'actinium) représente une classification d'éléments semblables. En
font partie l'actinium (Ac) et les 14 éléments suivants dans la classification périodique :
thorium (Th), protactinium (Pa), l'uranium (U), neptunium (Np), plutonium (Pu), américium
(Am), curium (Cm), berkélium (Bk), californium (Cf), einsteinium (Es), fermium (Fm),
mendélévium (Md), nobélium (No) et lawrencium (Lr). Tous les actinides forment des ions à
triple charge et appartiennent aux éléments transitoires internes ou éléments du bloc f, car
dans ces séries les sous-couches f ne sont pas entièrement remplies d'électrons. Tous les
actinides sont radioactifs et font partie des métaux.
REMARQUE
• La configuration électronique des Lanthanides et Actinides ne sont pas connues avec
certitude (elle diffère un peu selon les auteurs).
• Tous les éléments dont Z supérieur à celui de l’Uranium ont été produits
artificiellement dans les réactions nucléaires.
• Les éléments Fe, Co, Ni bien qu’ils possèdent en théorie 8, 9, 10 e- de valence ont été
tous les trois classés dans le groupe VIII en raison de la similitude de leurs propriétés
chimiques, ils forment une triade.
Classification Goldschmidt des éléments
• Goldschmidt a examiné le partitionnement des éléments dans les météorites et lors de la
fusion de minerai d’oxydes et de sulfures dans une fonderie ("smelter")
• Trouvé que les éléments préfèrent une des quatre phases
- Fer fondu → Sidérophile
- Souffre fondu (matte) → Chalcophile
- Silicates fondus (scorie) → Lithophile
- Gaz → Atmophile
• Similaire à la différentiation initiale par séparation de densité dans les planètes
→ refroidissement du matériel d’accrétion fondu des nébuleuses
→ chauffé par les impacts des protoplanètes et la désintégration radioactive (238U, 232Th,
40K)
- Noyau de Fe
- Couche de sulfures (n’existe pas car l’abondance de S est faible)
- Croûte de silicates
- Atmosphère
• Examinons ensuite une ligne du tableau périodique pour voir comment le rayon est
affecté par la charge ionique (tableau ci-dessous).
• Comme nous l’avons vu, il existe une tendance chez les atomes à perdre ou à gagner
des électrons et devenir des ions dans le but d’acquérir une configuration
électronique stable avec des couches électroniques externes saturées. Les ions
chargés positifs sont appelés cations et ceux chargés négatifs sont les anions. Ces
ions peuvent acquérir différentes valeurs de charge électrique qui dépendent du
nombre d’électrons perdus ou gagnés.
• +1 cations monovalents.
• +2 cations divalents.
• +3 cations trivalents.
• +4 cations tétravalents.
• +5 cations pentavalents.
• -1 anions monovalents.
• -2 anions divalents.
• Lorsque les atomes se transforment en des ions chargés, la force d’attraction entre
les ions de charges opposés conduit à la formation d’une liaison ionique.
• Par exemple (figure ci-dessous), Na possède un électron dans sa couche externe. Il
aura tendance à céder cet électron et devenir un ion Na +1. De la même façon, Cl
possède 7 électrons sur sa couche externe et aura tendance à gagner un électron
pour devenir un ion Cl-1.
• Une fois que ces atomes se transforment en Na +1 et Cl-1, la force d’attraction entre
ces ions de charges opposées conduit à la formation d’une liaison ionique.
La liaison ionique est une liaison d’interaction électrostatique non directionnelle, car chaque ion est
soumis au champ de ses voisins. Les cristaux qui possèdent des atomes liés entre eux par une liaison
ionique présentent les propriétés suivantes :
• Leur dissolution dans des solvants polaires comme l’eau est très facile (H 2O est un
solvant polaire car les ions d’hydrogène se placent dans un seul côté de la molécule
d’eau et donnent une légère charge positive tandis que l’autre côté de la molécule
d’eau possède une légère charge négative).
• Ils possèdent une dureté et une densité modérée.
• Leur température de fusion est élevée.
• Ils sont généralement de faible conducteur de chaleur et d’électricité (ce sont de
bons isolants thermique et électrique).
La liaison covalente
• Les liaisons covalentes se forment lorsque les atomes acquièrent une configuration
électronique stable en partageant des électrons avec d’autres atomes. Le résultat est
que les deux atomes possèdent en même temps une configuration électronique
stable.
• Par exemple (figure suivante), l’oxygène possède 6 électrons sur sa couche externe, 2
sont sur des orbitales s et 4 sur des orbitales p. S’il peut capter deux électrons pour
compléter la sous-couche p, il possédera alors la configuration électronique stable
d’un gaz rare. Un second atome d’oxygène aura lui aussi besoin de deux électrons
pour atteindre une configuration stable. Si les deux oxygènes mettent en commun 2
électrons chacun, ils posséderont alors une configuration électronique stable
permanente. La liaison covalente ainsi formée est très forte. Ainsi, on trouve
l’oxygène gazeux formé de la molécule O 2. De la même manière, les gaz F2 et Cl2 sont
composés chacun d’une paire F et Cl formée par une liaison covalente.
• Les liaisons de Van der Waals sont aussi des liaisons résiduelles qui résultent de la
polarisation des atomes ou des molécules. Il s'agit d'une liaison très faible qui lie des
molécules neutres et des unités structurelles essentiellement non chargées. La liaison
est faite par l'intermédiaire de petites charges électrostatiques (figure suivante).
Cette liaison est plus faible que les liaisons ioniques, covalentes et métalliques.
• Le graphite C, est un exemple d'un minéral qui possède des liaisons van der Waals. Le
graphite se compose de feuillets d'atomes où chaque feuillet est constitué de liaisons
covalentes - ces feuillets sont solides et flexibles. Chaque atome dans ces feuillets se
lie avec trois autres atomes de carbone (notez que dans le diamant chaque atome se
lie avec quatre autres atomes de carbone). Les feuillets adjacents sont liés faiblement
entre eux par des liaisons van der Waals qui sont très faibles et sont facilement
cassées. Le graphite est employé comme lubrifiant aux hautes températures à cause
des propriétés de ces liaisons van der Waals.
LA REPARTITION DES ELEMENTS GEOCHIMIQUES DANS LES ROCHES
• Le Clarke: La répartition des éléments chimiques dans l’écorce terrestre n’est pas
homogène. Des études dont celle de l’Américain W. CLARKE, 1889 intitulée « the relative
aboundances of the chemical elements » donnent pour chaque élément une composition
moyenne dans l’écorce terrestre. Le Clarke définit donc la teneur moyenne d’un élément
chimique donné dans l’écorce terrestre. On l’exprime en %, ppm, ppb, g/t .
• Sur la base de leur teneur moyenne, les éléments de l’écorce terrestre ont été
scindés en deux groupes géochimiques : les éléments majeurs et les éléments en
traces. 1% = 1000g/t
• Les éléments majeurs:
• On appelle éléments majeurs tous les éléments dont la teneur dans les échantillons
analysés est supérieure à 0,1%. Dans une analyse chimique, ils sont exprimés en
pourcentage pondéral. Ils sont prépondérants dans l’écorce terrestre et représentent
à eux seuls près de 98.5% du volume de l’écorce terrestre.
• Les résultants sont exprimés en oxydes : SiO 2, AlO3, FeO, Fe2O3, MgO, CaO, Na2O, K2O,
TiO2.
• En géochimie, les éléments majeurs revêtent deux aspects : Normatif et Génétique.
• Camouflage : l’élément en trace prend la place d’un majeur banal de même valence.
Ex Ge4+ (0,53A) remplace Si4+ (0,42A) ou Ni2+ remplace Mg2+
• Capture : l’élément trace de valence supérieure prend la place d’un majeur de faible
valence. Sur le plan énergétique, la nouvelle structure est plus stable que la
précédente. Ex : Pb2+ (1,2A) ou Ba2+ (1,34A) remplace K+ (1,33A)
• Admission : l’élément en trace de faible valence remplace un majeur de valence plus
élevée. La nouvelle structure est moins stable que la précédente. Ex :Li + (0,68)
remplace Mg2+ (0,66A).
• Pour les roches magmatiques typiques, les éléments en traces les plus importants
sont :
• - Certains éléments alcalins et alcalino-terreux : Ce, Sr, Rb, Ba.
• - les terres rares (Lanthanides) : La, Ce, Pr, Nd, Pm, Sm, Eu, Yb,Lu…..
• - des éléments de numéro atomiques élevés (Pb, U, Th)
• On appelle éléments en trace les éléments en trace qui peuvent se substituer aux
éléments majeurs dans les minéraux et sont dispersés dans les phases liquides ou
solides sans s’exprimer minéralogiquement.
• Leur concentration dans les roches est inférieure à 1000ppm. (1ppm = 10 -6 / g de
roche).
• Les éléments de ce type les plus couramment utilisés en géochimie sont les éléments
de transition. Qu’est ce qu’un élément de transition ?
• Les éléments en trace sont divisés en 2 groupes d’après leur comportement vis-à-vis
de la phase solide et liquide du magma lors du processus d’évolution. Ces éléments
se répartissent de façon inégale on dit qu’ils sont fractionnés, entre la phase solide, la
phase liquide ou même gazeuse.
• Ces éléments obéissent aux lois thermodynamiques des solutions idéales.
• Lorsque 2 phases (solides, liquides ou gazeuses) sont en équilibre, le R/R de
l’abondance d’un élément en trace entre ces 2 phases est appelé coefficient de
• partage (K) ou de distribution (D) de cet élément. Ce coefficient de partage peut
varier en fonction de la T, de la P mais aussi de la composition chimique des phases
considérées.
• Cette classification est basée sur les rayons ioniques. On distingue ainsi :
• les éléments compatibles qui ont tendance à se concentrer dans la phase solide
• (D >1)
• les éléments incompatibles ou hygromagmatophiles qui ont une préférence pour la
phase liquide. (D< 1)
Les éléments compatibles
• Ils sont représentés par les éléments de la 1ière série de transition : Sc, Cr, Co, Ni, V,
ils s‘incorporent préférentiellement dans les minéraux tels que l’olivine (Co, Ni), le
clinopyroxène (Cr, Sc) et les oxydes (V, Sc) au début de la différenciation
magmatique ; leur concentration dans les liquides résiduels devient rapidement très
faible. Ces éléments permettent d’établir le caractère primitif d’un magma car leur
concentration dans les magmas primaires est « tamponnée » par celle du manteau
supérieur avec lequel ces magmas sont en équilibre. (Villemant et Treuil, 1983).
Les éléments incompatibles
• Ils sont subdivisés en 4 familles en raison de leurs propriétés physicochimiques
différentes :
• les LILE (Large Ion Lithphile Element) éléments à grand rayon ionique et faible
charge : ce sont les alcalins à degrés d’oxydation +1 : Rb, Cs, K (bien qu’il ne soit pas
un élément en trace) et les alcalino-terreux Sr, Ba à degrés d’oxydation +2.
En raison de leur taille (rayon ionique ›1Å) ils ne peuvent être incorporés dans les
minéraux. Cependant ils présentent des coefficients de partage relativement élevés
pour certains minéraux de roches magmatiques intermédiaires et évoluéescomme
les plagioclases (pour le Sr ), les feldspaths alcalins (K, Ba, Rb) et les micas (K, Rb).
• Les HFSE (High Field Stength Element ) éléments à petit rayon ionique et à forte
charge. Ce sont : Y3+, Ti4+, Zr et Hf5+ Nb et Ta 5+. Ces cations de petites taille (< 1Å),
mais de forte charge, tentent à se complexer avec l’oxygène dans les liquides
silicatés. Ils ne peuvent alors rentrer dans le réseau cristallin des minéraux. Ceci dit,
certains minéraux, comme l’amphibole, les oxydes ferrotitanés et le sphène, peuvent
fractionner le Nb et le Ta alors que le zircon fractionne Zr, Hf, Th, et U.
• Les actinides : Th et U possèdent à la fois des rayons ioniques relativement élevés et
des charges importantes. Ils sont très incompatibles vis-à-vis des minéraux sauf le
zircon.
• Les lanthanides ou Terres rares (REE) sont des éléments de la 3 ième série de transition.
On distingue les terres rares légères (LREE) qui sont plus incompatibles que les terres
rares lourdes (HREE).
• L’Y est souvent associé aux HREE, l’ensemble de ces éléments a un K élevé vis-à-vis
de certains minéraux tels que le grenat, alors que l’Eu (MREE)est fractionné par les Pl.
• L’étude des R/R caractéristiques, tels que LILE/HFSE, LREE/HFSE, LREE/HREE permet
de caractériser le ou les processus d’évolution et la nature de la source pour chacune
des séries magmatiques, à condition de s’affranchir des variations dues aux
fractionnements décrits précédemment. Les éléments en trace constituent alors un
outil géochimique puissant.
• LES TERRES RARES (REE)
• C’est l’ensemble des 15 éléments allant du La au Lu . Ce sont les lanthanides ou REE. Les
lanthanides ou Terres rares (REE) sont des éléments de la 3 ième série de transition. On
distingue les terres rares légères (LREE) (du La au Nd) qui sont plus incompatibles que les
terres rares lourdes (HREE) (du Dy au Lu), l’Y est souvent associé aux HREE. Entre LREE et
HREE nous avons les MREE (Sm, Eu, Gd).
• Structure électronique
• Les REE appartiennent au groupe III A des éléments de transition, dans le tableau
périodique, c’est la 6ième série. La configuration électronique des TR est celle du Xe+
4f , c'est-à-dire :
• 1s2, 2s2,2p6, 3s2,3p6,3d10,4s2,4p6,4d10,5s2, 5p6,6f2, +4f
• 4f pouvant contenir 14 électrons est remplie régulièrement par l’addition d’un
électron à chaque fois que le N° atomique Z augmente d’une unité. L’ordre de
remplissage des sous couches s’explique par la variation de l’énergie des électrons
contenus dans ces sous couches. (Les sous couches de niveau énergétique plus faible
étant remplies les premières). On note cependant 3 exceptions pour le La, Ce, Gd où
une orbitale de la sous couche 5 d est occupée par un électron avant le remplissage
des 14 orbitales 4f.
Propriétés physicochimique des REE
• Valence:
• Les orbitales 4 f ont un volume plus petit que celui des orbitales 5 d et 6s, par
conséquent les électrons appartenant à ces 2 dernières participent toujours aux
liaisons chimiques avant les orbitales 4f. Ceci explique l’état normal de valence 3 des
REE. Mais il existe un certain nombre d’exceptions dues à la grande stabilité de
certaines configurations électroniques qui sont :
• Xe 4f0, Xe 4f7, Xe 4f14
• Les éléments dont la configuration est proche de ces structures particulières ont
tendance à quitter la valence 3 :
• Ce : Xe 4f1 5d1 6s2 donne Ce4+ : Xe
• Eu : Xe 4f7 6s2 donne Eu2+ : Xe 4f2
• Yb : Xe 4f14 6s2 donne Yb2+ : Xe 4f14
• Cependant seul Ce et Eu existe à l’état naturel.
Electronégativité des REE
• C’est la faculté pour un électron de capter plus ou moins facilement un électron.
• L’échelle d’électronégativité de PAULING varie de 4 pour le F à 0,7 pour le Fr. (voir
tableau).
• L’électronégativité est assez homogène, elle croit du La au Lu, les valeurs les plus
faibles sont observées pour l’Eu et l’Yb. Ces valeurs plutôt faibles permettent un
départ plus facile des électrons périphériques des atomes, d’où le caractère ionique
important des liaisons dans les combinaisons des TR avec d’autres éléments plus
électronégatifs.
Rayon ionique
• On observe une décroissance régulière du Ri du La au Lu, c’est la contraction
lanthanidique.
Abondance naturelle
• Le Pm n’existe pas à l’état naturel. Les Tr sont relativement abondantes. Ainsi
l’élément le plus répandu est le Ce. Il est aussi abondant dans la croûte terrestre que
les métaux de transition (Cr, Ni, Zn). Le Lu est le moins répandu il est cependant plus
abondant dans la croûte terrestre que Ag, Au, Hg. Cependant contrairement aux
métaux cités les TR sont dispersés dans la nature et rarement concentrées dans les
minerais.
Représentations graphiques
• Pour représenter l’abondance des éléments (traces et REE) dans les roches on utilise
un diagramme particulier, dit diagramme de Coryell- Massuda.
• En effet les éléments de N° atomique pairs sont toujours plus abondants dans
l’univers que leurs voisins de N° atomique impairs. (Différence qui tient au processus
initiaux de nucléosynthèse des éléments). On obtiendrait alors systématiquement
des courbes en « dents de scie » difficilement interprétables.
• Pour éliminer ces irrégularités on fait alors le R /R entre l’abondance des éléments
dans le milieu analysé et celles des mêmes éléments dans un milieu de référence
exemple la composition moyenne du manteau primitif, de la croûte océanique ou
croûte continentale etc.…ou chondrites. Ce sont les valeurs normalisantes.
• Ces valeurs sont données par la littérature, il faut toujours préciser l’auteur de ces
valeurs normalisantes (référence biblio). On dit alors qu’on normalise par rapport aux
chondrites ou MORB etc.
• Le diagramme est un diagramme semi Log avec en abscisses les différents éléments
trace ou REE ou les 2 et en ordonné le R/R précédemment défini.
• Les diagrammes obtenus sont des spectres ou arachnogrammes ou des spider
diagramms. On distingue : les spectres de TR normalisé aux chondrites et les
diagrammes multiéléments ou multi élémentaires ou spectre des TR étendues quand
il s’agit des trace ou trace et TR.
• D’une façon générale on dit qu’un spectre est enrichi lorsque les concentrations
normalisées au manteau primitif ou aux chondrites diminuent en fonction du N°
atomique et on utilise le R/R (La/Sm)N qui est supérieur à 1 ;
Dans le cas inverse le spectre est dit appauvri et (La/Sm)N est inférieur à 1.
• Pour les processus magmatiques les résultats sont particulièrement significatifs avec
les éléments incompatibles puisqu’ils se concentrent préférentiellement dans les
liquides. Ils permettent d’en suivre facilement l’évolution.
• Les mesures montrent qu’il existe souvent des corrélations simples entre 2 éléments
de ce type lors de la différenciation magmatique. Là encore différents modèles de
fractionnement permettent d’expliquer ces corrélations. (Diagramme Log-Log de 2
éléments incompatibles.)
• De même les R/R de 2 éléments incompatibles en fonction de la concentration en Th
et Ta qui augmente avec la différenciation magmatique permettent de mettre en
évidence des phénomènes de CF ou de FP.
• Un autre intérêt de ce type de représentation est de caractériser les réservoirs
initiaux qui ont fourni les magmas, par les R/R initiaux des éléments. (Diagramme
Ta/Tb en fonction du Ta.
• On peut également utiliser les R/R Nb/Zr, La/Nb, La/Yb, Ta/Hf, car ces éléments sont
insensibles aux phénomènes d’altération et qu’ils constituent une signature plus sure
que les R/R (La/Sm)N, ceci quant à la nature enrichie ou appauvrie de la source.
Comportement des éléments en traces au cours des processus magmatiques
• L’interprétation de la répartition des éléments en traces entre les phases d’un système
naturel est liée à des considérations structurales, thermodynamique et cinétique. De ce fait,
quelques notions de thermodynamique méritent d’être précisées avant d’aborder ce volet. Il
s’agit des notions de système, phase, équilibre chimique, coefficient de distribution,
potentiel chimique