Zone de Libre

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Zone de libre-échange continentale africaine (Langue anglais, arabe, espagnol, français,

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Organisation

Membres 54 États africains signataires, 36 ratificateurs1 (février 2021)

La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA, ZLEC ou Zlecaf), est un


projet de zone de libre-échange en cours de création sur l'ensemble du continent africain. Elle
doit regrouper la zone tripartite de libre-échange, qui doit inclure le Marché commun de
l'Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) et la
Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), avec d'autre part la Communauté
économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États
de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb arabe et la Communauté des États
sahélo-sahariens2,3. L'objectif du projet est d'intégrer à terme l'ensemble des 55 États de
l'Union africaine au sein de la zone de libre-échange.

Histoire[modifier | modifier le code]
La décision de lancer le projet de zone de libre-échange continentale est prise en janvier 2012,
lors de la 18e session ordinaire de la Conférence de l'Union africaine. L'objectif fixé pour créer
cette zone de libre-échange est l'année 20174.
Le processus de négociation est lancé en juin 2015 à Johannesbourg lors de la 25e session
ordinaire de la Conférence de l'Union africaine. Lors de cette session, les objectifs, les principes,
la feuille de route pour créer la ZLECA sont fixés5.
En février 2016, le premier forum de négociation de la zone de libre-échange continentale a lieu
à Addis-Abeba en Éthiopie. Le même mois, une réunion se tient à Abidjan pour préparer ce
forum, regroupant, en plus des communautés régionales listées ci-dessus, des membres des
Nations unies, de l'Union africaine, de la Banque africaine de développement et des membres de
la société civile.
En mai 2016, le deuxième forum de négociation de la zone de libre-échange continentale se tient
à Addis-Abeba. Il vise à définir les contours de la ZLECA, le tout en collaboration avec
les Nations unies et l'Union africaine4.
En octobre 2016, le troisième forum de négociation de la zone de libre-échange continentale a
lieu à Addis-Abeba6.
Le 21 mars 2018, 44 pays sont signataires lors d'un sommet à Kigali. Quelques autres pays qui
ont des réserves ne rejoignent pas le projet, tels que le Nigeria, le Burundi, l'Érythrée,
la Namibie et la Sierra Leone7,8.
Fin décembre, il ne restait que la ratification de 7 États sur les 22 nécessaires pour sa mise en
place9. Le 29 avril 2019, le seuil des 22 États est atteint avec la ratification du Sahara
occidental et de la Sierra Leone10.
Le 7 juillet 2019, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, et le président du Bénin, Patrice
Talon, signent l'accord de libre-échange lors d'un sommet de l'Union africaine à Niamey,
au Niger, portant à 54 le nombre des pays signataires. L'Érythrée devient le seul pays africain à
n'avoir pas rejoint la ZLECA11.
Le 15 décembre 2019, l'Algérie approuve la ratification de l'accord de libre-échange12,13,1.
Le 10 février 2020, en fin de journée, après plusieurs jours de débat, le Sud-Africain Wamkele
Keabetswe Mene (en) est élu Secrétaire général de la zone de libre-échange continentale
africaine14.
Le 11 novembre 2020, le Nigeria approuve la ratification de l'accord de libre-échange15,1. Le 30
novembre 2020, la Tunisie et le Lesotho le signent à leur tour16 ; le lendemain, le Cameroun
approuve la ratification à son tour17,1.
Le Maroc a engagé un processus législatif en 2019 pour permettre la ratification de
l'accord18,19,20,21 ; le 6 décembre 2020, la ratification n'était pas encore intervenue22.
En août 2020, le secrétariat de la zone de libre-échange est inauguré à Accra au Ghana23.
Le 1er janvier 2021, la ZLECA est mise en place pour les pays ayant ratifié l'accord, alors que
cette mise en place était initialement prévue pour le 1er juillet 2020, mais elle a été retardée à
cause de la pandémie de Covid-1924,23.
Liste des pays signataires

Afrique du Sud, Algérie, Angola , Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi,


Cameroun, République centrafricaine, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Comores, République du
Congo, République démocratique du Congo, Djibouti, Égypte, Érythrée, Eswatini, Éthiopie,
Gabon, Gambie, Ghana ,Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Liberia,
Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie,
Niger, Nigeria, Ouganda, Rwanda, République arabe sahraouie démocratique , Sao Tomé-
et-Principe, Sénégal , Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan du Sud, Soudan,
Tanzanie,Tchad , Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe

Contenu[
L'accord prévoit une suppression des droits de douane pour 90 % des lignes tarifaires sur 5 ans
pour les pays les plus développés et sur 10 ans pour les pays les moins développés. Les droits
de douane devront être supprimés à une échéance ultérieure pour 7 % des lignes tarifaires42.

Les pays africains ont été priés de créer des répertoires d’entreprises spécifiques à chaque pays pour
exploiter le potentiel de l’accord de zone de libre-échange continentale de l’Afrique (Zlecaf).

Les représentants de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique


(CEA) et de l'Union africaine (UA) ont lancé mercredi dernier un appel urgent.
Par la même occasion un groupe d'experts des pays africains, qui a rassemblé des experts des
pays membres de l'UA, des communautés économiques régionales, du secteur privé, du
monde universitaire et des institutions de développement se sont réunis à Addis
Abeba (Ethiopie) pour étudier 2 points en particulier :
 les leviers qui aideraient à l'intégration régionale de l'Afrique, en mettant un accent
particulier sur le pacte continental de libre échange;
 le projet de méthodologie pour l’indice des entreprises par pays de la Zlecaf.
David Luke, coordinateur du Centre de politique commerciale pour l'Afrique à la CEA, a déclaré aux
experts l'importance capitale de l'Indice de gestion par pays pour exploiter les opportunités offertes par le
pacte de libre-échange continentale. Il a déclaré : "L'Indice contribuera non seulement à une meilleure
compréhension des défis auxquels sont confrontés les opérateurs du secteur privé et les négociants à divers
niveaux, mais fournira également un outil pour articuler leurs défis aux décideurs".

Selon la CEA, les entreprises africaines sont actuellement confrontées à plusieurs contraintes
à savoir :
 des coûts commerciaux élevés;
 des cadres réglementaires divergents;
 des problèmes de gouvernance qui mettent en péril l'efficacité de leurs opérations sur
le continent africain.

La CEA a déclaré dans un communiqué lors de la réunion que "ces goulots d'étranglement
devraient être résolus par la mise en œuvre effective de l'accord du Zlecaf"  ajoutant que
"l'indice de commerce par pays proposé par l'accord de libre-échange était un outil robuste
conçu pour mesurer et contrôler l'expérience des entreprises en matière de mise en œuvre du
dit accord au niveau des pays. "
La conseillère technique principale et chef de l'unité Zlecaf de la Commission de l'UA, a
également noté que l'indice par pays devrait être conçu de manière à compléter d'autres
initiatives et outils, notamment l'Observatoire africain du commerce et le Système panafricain
de paiement et de règlement-livraison. cet objectif est de soutenir la mise en œuvre du pacte
de libre-échange continental. Elle a en outre demandé aux experts "d'affiner la méthodologie à
développer en utilisant des indicateurs facilement mesurables et compréhensibles pour
soutenir les décisions politiques qui maximisent les avantages de l'accord de libre échange
pour le secteur privé".
Selon la CEA, la méthodologie de l'Indice des entreprises par pays de la Zlecaf sera tout
d'abord affinée et testée dans certains pays, tels que le Cameroun et la Zambie, et validée en
novembre de cette année.
L'impact de toutes ces améliorations est conséquent car nous savons qu' une fois pleinement
opérationnel, l'accord de la zone de libre-échange devrait augmenter le niveau des échanges
intra-africains de plus de 52% d'ici 2022, selon la CEA avec un PIB combiné estimé 2,5
billions de dollars américains. 
Partie d’un constat sur la faiblesse des relations commerciales entre pays
africains, estimées à 16 % seulement contre environ 70 % avec l’Europe et
l’Asie, la création d’une zone de libre-échange continentale africaine a
germé et fait sa route au sein de l’Union africaine. Elle a pour objectif
d’ouvrir l’Afrique sur elle-même, un marché qui compte environ 1,2 milliard
d’habitants et qui, selon les estimations, va atteindre 2,5 milliards en 2050.

Entré en vigueur depuis le 30 mai 2019, cet accord peut accélérer


l’intégration sous-régionale qui est timide dans certaines sous-régions
d’Afrique. Elle peut aussi pousser les pays africains à devenir plus
compétitifs et leur permettre d’éviter d’être une zone d’influence à
l’avantage des pays exportateurs de biens et de services en Afrique. Elle
favorisera aussi la mise à niveau des compétences locales en vue de
l’industrialisation et une mise à jour des textes juridiques applicables dans
les États qui prendront désormais en compte les nouvelles formes de
moyens d’échange.

Cette initiative de l’Union africaine, qui semble porteuse d’espoir pour les
économies locales présente, tout de même, de nombreux défis auxquels les
pays africains doivent faire face.

Faire disparaître les barrières douanières ne fera pas, d’un coup de bâton
magique, décoller l’économie africaine et assurer son développement
durable. Pour que la levée des obstacles douaniers puisse avoir l’effet
souhaité, plusieurs questions doivent être préalablement résolues.

Les défis présentés par la mise en œuvre de la Zone de libre-échange


africaine sont de plusieurs ordres et sont à même de la ralentir ou de la
plomber. Ils sont, entre autres, d’ordre politique, juridique, infrastructurel,
financier et sécuritaire.

Des défis liés à la volonté politique


Au vu des expériences passées, la volonté politique a beaucoup manqué aux
dirigeants du continent pour mettre en œuvre des résolutions visant le
développement du continent. Le Nouveau partenariat pour le
développement économique de l’Afrique, le financement des activités de
l’Union africaine et l’intégration inachevée des sous-régions en Afrique en
sont des exemples.

La signature de cet accord sur la zone de libre-échange africaine ne garantit


donc pas des actions concrètes de la part des États. Après quelques
tergiversations, le Nigéria a finalement rejoint l’accord. Sans ce « poids
lourd » économique du continent, le marché intérieur africain ne pourrait
réaliser ses ambitions.

En dehors de la volonté politique en matière d’initiatives à l’échelle du


continent, il faut parler aussi de celle qui consiste à accompagner les
entreprises dans les pays. En effet, les industries locales ne sont pas
développées, tant en termes de main-d’œuvre qualifiée que de types
d’industries et de production. Un phénomène de désindustrialisation a
même été constaté dans certains pays. Il faut pointer là du doigt, le
problème d’absence de planification dans les pays.

Le risque ici, c’est que l’ouverture du marché africain ne profite pas du tout
à l’Afrique mais plutôt aux grands pays exportateurs de biens et de services
vers le continent, comme en atteste la controverse autour des Accords de
partenariat économique. Ces accords complexifient davantage la possibilité
de créer une zone de libre-échange véritable sur le continent.

Les préalables juridiques


Au plan juridique, l’Accord de zone de libre-échange n’a pas pris en compte
la question de la gestion des droits de propriété intellectuelle. Comme pour
l’accord sur les droits de propriété intellectuelle liés au commerce de
l’Organisation mondiale du commerce, il ne peut y avoir d’échanges
commerciaux internationaux qui ne tiennent compte des droits de propriété
intellectuelle sur les biens et services échangés.

Pour favoriser la fluidité des échanges, la disparité des systèmes de gestion


des droits de propriété intellectuelle doit être harmonisée avec des
standards minimums. Sans ce préalable, le respect des droits de propriété
intellectuelle sera un obstacle à l’objectif de fluidifier davantage
les échanges commerciaux intra-Afrique.

Par ailleurs, les communautés économiques régionales n’ont pas encore,


pour certaines, achevé une intégration régionale satisfaisante concernant la
libre circulation des biens et des personnes. Or, ceci peut rendre inopérante
la mise en œuvre de la zone de libre-échange.

Des obstacles économiques non négligeables


Sur le plan infrastructurel, l’absence de voies de communication entre les
pays du continent peut être un frein considérable pour la zone de libre-
échange continentale. Se déplacer d’un pays à l’autre n’est pas souvent
facile. Certaines communautés économiques régionales ont déjà fait des
avancées sur ce terrain en créant des routes pour relier les différentes
capitales: par exemple, en Afrique de l’Ouest avec l’autoroute côtière ouest-
transafricaine de 4 500 kilomètres, presque achevée, reliant Nouakchott
(Mauritanie) à Lagos (Nigéria) et des voies ferrées telle que celle reliant
Addis-Abeba (Éthiopie) à Djibouti (Djibouti) en Afrique de l’Est. Mais
beaucoup reste à faire en termes de voiries, voies ferrées et correspondances
aériennes. Sans ces infrastructures de communication entre les pays,
échanger les biens et les services va demeurer un vœu pieux.

Même les communications électroniques et l’accès à l’Internet et au


téléphone, qui sont des outils importants pour les transactions à distance,
demeurent à des prix prohibitifs dans certains pays comme ceux de la zone
CEMAC qui sont les plus élevés du continent. En outre, la qualité de la
connexion Internet est aussi problématique, tout autant que la production
et la distribution d’énergie.
Abaisser les barrières douanières signifie, pour la plupart des États
africains, renoncer à une grande source de revenus. Les budgets de
plusieurs États dépendent largement des recettes douanières et de
l’exportation des matières premières. Leur cours d’exportation étant
fluctuant et plus enclin à la baisse qu’à la hausse, les recettes budgétaires se
verront donc réduites considérablement. Cela n’aurait pas été grave si le
secteur de production locale était bien structuré. Hélas, il est encore à l’état
embryonnaire dans la plupart des pays du continent.

Avec un secteur informel qui, selon les estimations, représente plus de la


moitié du PIB dans certains pays, les recettes fiscales ne vont pas augmenter
du jour au lendemain. Par ailleurs, les multinationales aussi, bien
implantées en Afrique, échappent à une taxation normale à cause de
stratagèmes de plus en plus élaborés et de lois inadaptées. Les États
africains auront fort à faire pour pouvoir équilibrer des budgets déjà
déficitaires car grevés par des dettes auprès des pays développés et auprès
des instances financières internationales.

Face aux crises sécuritaires


L’Afrique est aussi ce continent qui connaît de graves crises sécuritaires, y
compris la sécurité alimentaire, induites par les conflits dans toutes les
régions. Ces défis sécuritaires sont non négligeables, et peuvent ralentir
considérablement les échanges sur le continent. En effet, les conflits
internes dans plusieurs pays, la criminalité organisée et autres trafics des
personnes, traite humaine, exploitation sexuelle et terrorisme, instabilité
politique, qui sont déjà des obstacles à l’intégration dans les sous-régions,
sont à même de l’être aussi pour l’effectivité de la zone de libre-échange
continentale.

La zone de libre-échange continentale est indubitablement une initiative qui


peut apporter un renouveau à l’économie africaine en s’assurant que ses
produits soient consommés sur le continent puisqu’elle ne réussit pas à les
exporter et à entrer véritablement dans les marchés des autres continents. À
l’instar de certaines initiatives (African Growth and Opportunity Act,
accords de partenariat) qui ont semblé porteuses au départ, cette initiative
n’aura de résultats heureux que si, dans le même temps, les défis relevés ici
et bien d’autres sont pris à bras le corps.

Zone de libre-échange africaine : qu'est-ce qui va changer?


La zone de libre-échange Africaine, la ZLECA, est devenue une réalité le 1er
janvier 2021, promettant de faciliter les affaires sur tout le continent.
L'idée, dont on parle depuis des années, est de créer l'une des plus grandes zones
de libre-échange au monde, ouvrant un marché de plus de 1,2 milliard de personnes,
avec un PIB combiné de plus de 3 billions de dollars. Cela permettrait de créer des
opportunités commerciales - et des emplois - dans toute l'Afrique, tout en réduisant le
coût de certaines marchandises dans les magasins et sur les marchés.
Le lancement de la zone de libre-échange continentale africaine fait suite à des
années de négociations et de préparatifs, et plus récemment à des mois de retard en
raison de la pandémie mondiale de coronavirus.
Que s'est-il passé le 1er janvier ?
À partir de cette date, les 41 pays qui avaient soumis leurs plans de réduction des
droits de douane, ou des taxes sur les biens importés, ont pu échanger des
marchandises dans le cadre des nouvelles règles. Chaque État ou bloc commercial
régional établit ses propres plans et ces informations sont finalement hébergées sur
le site web de l'Observatoire du commerce africain (OCA).
A ne pas manquer sur BBC Afrique :

 Le "problème Biden" de Mark Zuckerberg


 Moi, ma pilule et un caillot sanguin fatal
 Quel avenir pour Kabila et les siens en RDC?

Dans le cadre de l'accord commercial, les droits de douane sur 90 % des


marchandises seront progressivement supprimés dans un délai de dix ans, et
davantage pour les 10 % restants. Cela se fait par étapes et pourrait donc prendre
jusqu'en 2035, selon le secrétariat de l'AfCFTA.
Le prix des marchandises dans les magasins a-t-il
changé ?
Non, pas encore.
Pour que les prix dans les magasins et sur les marchés changent, il faut d'abord que
les taxes sur les marchandises importées diminuent. De nombreux pays ont
officiellement réduit les taxes et certains produits peuvent donc bénéficier de tarifs
réduits, mais cela n'est pas encore effectif.
En effet, les pays sont d'abord tenus de publier au journal officiel (ou dans un registre
officiel) les modifications spécifiques apportées aux tarifs douaniers, et cette
information est publiée sur le site web de l'ATO.
Comme ce processus n'est pas encore terminé, les droits ou taxes payés n'ont
pratiquement pas changé. En outre, tous les pays qui ont proposé de réduire les
taxes à l'importation n'ont pas encore finalisé leurs procédures douanières, telles que
les procédures de présentation, d'identification et de dédouanement des
marchandises.
"Dans la plupart des cas", déclare David Luke, expert en politique commerciale à la
Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, "les droits seront
remboursés [plus tard] puisque le processus, y compris la publication au journal
officiel, est en cours".
Mais une fois que la réduction des taxes prend effet, ce qui dépend de la date à
laquelle les pays individuels achèvent leur processus, les prix des marchandises
devraient baisser.
Par exemple, les oranges importées d'Afrique du Sud pour être vendues dans un
supermarché au Kenya sont actuellement frappées d'un droit de douane de 25 %,
selon l'Observatoire africain du commerce.
Donc, si le Kenya supprime cette taxe, et que tous les processus requis sont prêts, le
prix de ces oranges devrait baisser de manière significative.
Andrew Mold, le responsable de l'intégration régionale et du groupe AfCFTA à
l'Uneca, estime que la réduction des prix sera assez modeste pour les biens tels que
les denrées alimentaires et les matériaux de construction, mais que la pression pour
réduire les prix du secteur des services sera plus forte.
"Avec une plus grande concurrence, nous devrions voir les prix baisser pour des
services comme les télécommunications, les services aux entreprises et la finance",
dit-il.
Quelle différence cela fera-t-il pour les commerçants
?
Cela pourrait potentiellement faire une grande différence pour les personnes qui
essaient d'exporter des marchandises d'un pays africain à un autre.
Mabel Simpson est une créatrice de mode à Accra, au Ghana, qui fabrique des
articles à partir d'imprimés africains, tels que des sacs pour ordinateurs portables,
des sacs à main et des oreillers faits à la main. La plupart des matières premières
qu'elle utilise sont importées et, selon elle, les taxes sur celles-ci rendent les produits
finaux trop chers pour être vendus ailleurs sur le continent.
Ses principaux marchés d'exportation sont actuellement les États-Unis et le
Royaume-Uni, car des facteurs tels que les taxes à l'importation et d'autres coûts
rendent les marchandises trop chères pour être vendues ailleurs en Afrique.
"Si je dois expédier un article aux États-Unis, si j'expédie un article qui pèse un kilo,
ça me coûte 25 dollars, mais si je dois expédier le même article en Ouganda, le coût
sera de 60 dollars. Alors, qu'est-ce qui est le moins cher ? Les États-Unis".
Si elle pouvait vendre ses produits de manière rentable en Ouganda et dans d'autres
pays africains, elle dit qu'elle le ferait, ce qui pourrait créer plus d'emplois au Ghana
et pour ceux qui vendent ses produits ailleurs.
Elle dit également qu'une zone de libre-échange africaine pourrait rendre ses
produits moins chers, car elle paie actuellement des taxes sur les biens qu'elle
importe.
"Cette zone [ZLECA] signifie que nous allons pouvoir produire en nombre et que plus
de gens vont pouvoir se permettre nos produits et nous allons pouvoir être plus
compétitifs en Afrique", dit-elle.
Qu'en est-il des grandes entreprises ?
Avec un marché des marchandises vaste et homogène, la zone de libre-échange
devrait attirer davantage d'investissements nationaux et étrangers, ce qui favorisera
la croissance industrielle du continent.
C'est l'un des objectifs de la ZLECA, qui sera la plus grande zone de libre-échange
au monde en nombre de pays, une fois qu'elle sera pleinement opérationnelle.

Dr Vera Songwe: "La ZLECA va développer le commerce intra-


africain"
Les investisseurs et les opérateurs économiques réfléchissent ce 7 juillet à
Niamey, capitale du Niger, sur les enjeux de l'accord de la Zone de libre-
échange continentale africaine.
Une rencontre organisée en marge de l'ouverture du sommet extraordinaire des
chefs d'Etat de l'Union africaine au Niger.
Selon le docteur Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique
pour l'Afrique (CEA), le lancement de la zone de libre-échange représente une étape
cruciale dans le développement multiforme de l'Afrique.
"Nos chefs d'Etat, nos dirigeants et notre secteur privé, ont décidément pris l'option
d'avoir une autonomie économique. Quand je pense à la zone de libre-échange
continentale africaine, je pense à un panafricanisme économique, une libération
économique du continent, qui veut dire qu'on va s'intégrer davantage", précise-t-elle.
Pour elle, cette intégration passe notamment par la diversification de l'économie sur
le continent africain et la création d'emplois.
La moitié du continent est jeune et est à la recherche d'un emploi, chaque année sur
le continent on a besoin de 16 millions d'emplois. Avec la ZLECA, nous pouvons
diversifier nos économies. Avec la ZLECA, on va ouvrir un marché de 1,2 milliards de
personnes. Si nous prenons par exemple le bétail du Niger, on a un marché du cuir
qui peut se développer. On aurait aussi un marché laitier. Le bétail lui-même est
fortement demandé au Nigeria", explique la secrétaire exécutive de la CEA.
Docteur Vera SONGWE poursuit : "Des recherches menées au niveau de la
Commission économique pour l'Afrique démontrent que quand l'Afrique commerce
entre elle, elle ajoute de la valeur et fait de l'innovation. Pourtant, quand elle
commerce avec l'étranger, elle commerce souvent avec ses matières premières".
Entrée en vigueur de la ZLEC africaine
Chefs d'Etats africains et de Gouvernements lors du Sommet de l'Union africaine pour
l'établissement de la Zone de libre-échange continentale à Kigali, Rwanda, le 21 mars 2018.
L'Accord de libre-échange continental africain est légalement entré en vigueur
ce 30 mai à minuit, mais les pays signataires ont jusqu'au mois de juillet pour
en définir les modalités de fonctionnement.Ce n'est qu'à partir de ce moment-là
que nous commencerons à voir quel sera son impact.
Le commissaire de l'UA pour le commerce et l'industrie a célébré la nouvelle en ces
termes, à travers son compte Twitter :
"Un jalon historique ! L'Accord de libre-échange africain est entré en vigueur
aujourd'hui. Nous célébrons le triomphe de l'intégration économique audacieuse,
pragmatique et à l'échelle du continent. Nous lançons le marché commun le 7 juillet
2019 et commençons le voyage de la transformation pour préserver une prospérité
inclusive".
Jusqu'à présent, seuls 24 pays africains sur 54 ont ratifié l'accord commercial avec,
entre autres, le Nigéria, la plus grande économie africaine qui n'a pas encore
signé.Le Burkina Faso est devenu le dernier pays à ratifier mercredi.
L'accord pour la ZLEC est entré en vigueur jeudi à minuit.
L'accord vise à créer un marché unique continental pour les biens et les services
avec la libre circulation des biens, des personnes et des investissements, similaire à
celui de l'Union européenne.
Les experts affirment que cela stimulera le commerce en Afrique et renforcera la
position du continent dans le commerce mondial.
La Commission économique de l'ONU pour l'Afrique estime que l'accord a le
potentiel d'accroître le commerce intra-africain de 53 %.
Cependant, certaines petites entreprises peuvent craindre de ne pas pouvoir
concurrencer les géants continentaux et les multinationales. L'AfCFTA négocie cette
année un protocole sur la politique de concurrence qui vise à créer des conditions
équitables pour toutes les entreprises.
L'agence conjointe des Nations unies et de l'Organisation mondiale du commerce, le
Centre du commerce international, affirme que la zone de libre-échange pourrait
également faciliter l'expansion des petites entreprises dans les pays voisins.
Les petites entreprises pourraient trouver des marchés de niche mais peuvent aussi
se spécialiser dans le cadre de la chaîne d'approvisionnement de plus grandes
entreprises.
Certains obstacles subsistent encore, notamment la faiblesse des infrastructures
physiques telles que les réseaux routiers et ferroviaires, les systèmes douaniers, les
questions de sécurité et les barrières de communication qui peuvent encore poser un
problème pour la libre circulation des marchandises au sein du continent.
Pourquoi l'Union africaine est-elle si désireuse de
créer une zone de libre-échange ?
Essentiellement parce que le commerce entre les pays africains est relativement
faible.
La faiblesse des infrastructures et les délais douaniers sont d'autres raisons qui expliquent la
faiblesse du commerce intra-africain
Par exemple, le Kenya est un grand exportateur de fleurs, mais le Nigeria en importe
des Pays-Bas. De même, l'huile de palme du Kenya provient probablement de
Malaisie, plutôt que du Nigeria.
L'idée derrière la zone de libre-échange est de voir des fleurs kenyanes dans les
rues de Lagos et de l'huile de palme nigériane en vente à Nairobi.
Sur l'ensemble du continent, seuls 2 % des échanges commerciaux ont été réalisés
avec d'autres pays africains au cours de la période 2015-17, contre 47 % en
Amérique, 61 % en Asie, 67 % en Europe et 7 % en Océanie, selon l'agence
commerciale des Nations unies, la Cnuced.

De nombreux pays font encore plus de commerce avec leur ancienne puissance
coloniale qu'avec leurs voisins.
La théorie est que si les pays africains faisaient plus d'affaires entre eux, ils en
tireraient tous profit, en créant plus d'emplois et en améliorant ainsi le niveau de vie
sur tout le continent.
Le domaine commercial cherche également à résoudre les problèmes liés à
l'appartenance multiple et souvent superposée à des blocs commerciaux régionaux,
tels que le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), la Cedeao en
Afrique de l'Ouest, la Sadc dans le sud et la Communauté de l'Afrique de l'Est.
Quelle est la suite ?
Ce n'est que le début d'un processus qui pourrait durer jusqu'en 2035.
L'accord, signé par 54 des 55 États membres de l'Union africaine (UA) et ratifié par
34 d'entre eux jusqu'à présent, engage les pays à supprimer les droits de douane sur
90 % des produits dans un délai de cinq ans.
Pourquoi ce retard ?
La pandémie mondiale de coronavirus a repoussé la mise en œuvre de l'accord
commercial qui devait commencer en juillet 2020.
Les négociations ont pris des années, depuis 2012, date à laquelle l'Union africaine a
lancé le plan de création d'une zone de libre-échange.
CRÉDIT PHOTO,GETTY IMAGES
Légende image,

Les dirigeants africains ont signé l'accord de libre-échange africain en 2018


La fermeture des économies du monde entier en raison de la pandémie est toutefois
considérée comme un facteur augmentant le besoin de commerce intra-régional et
d'intégration des économies africaines qui ont été fortement dépendantes des
importations de Chine, d'Europe, des États-Unis et d'ailleurs.
"Covid-19 a démontré que l'Afrique est trop dépendante de l'exportation de matières
premières, trop dépendante des chaînes d'approvisionnement mondiales", a déclaré
Wamkele Mene, secrétaire général du secrétariat de l'AfCFTA lors du lancement de
la zone de libre-échange.
"Lorsque les chaînes d'approvisionnement mondiales sont perturbées, nous savons
que l'Afrique souffre".
Tous les pays sont-ils membres ?
En 2018, 44 pays ont signé l'accord, tandis que 10 d'entre eux, dont le Nigeria, la
plus grande économie d'Afrique, étaient initialement réticents à signer, avant
d'accepter plus tard de s'y joindre.
Sur les 55 pays du continent, seule l'Érythrée doit encore rejoindre le bloc
commercial.
Au total, 34 pays ont ratifié l'accord et 41 pays et unions douanières ont soumis leur
offre de réduction des tarifs. Cela signifie que presque tous sont favorables à
l'accord, même si les pays ont pris des engagements plus ou moins importants.

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