Les Système de CG Et La Perf Globale Des PME
Les Système de CG Et La Perf Globale Des PME
Les Système de CG Et La Perf Globale Des PME
I
« L’Université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans
cette thèse ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur. »
II
REMERCIEMENTS
L’élaboration de cette thèse a été dirigée par le Professeur Philippe CHAPELLIER et Madame
Claire GILLET-MONJARRET MCF, HDR. Ils m’ont soutenue tout au long de la préparation
de ce travail de recherche, par leur implication, leurs encouragements, sympathie, conseils et
confiance, partageant sans cesse leurs connaissances. Ils m’ont apporté une aide inestimable
afin d’assurer la réussite de mon travail. Mes mots sont insuffisants pour leur témoigner ma
gratitude. Je tiens à leur adresser mes premiers remerciements pour le temps précieux qu’ils
m’ont accordé afin que je mène à bien ma thèse de doctorat.
Je souhaite remercier l’ensemble des membres de jury qui ont accepté de lire et évaluer mon
travail de recherche. Je remercie ainsi les Professeurs Christophe GODOWSKI et Thierry
NOBRE d’avoir accepté d’être rapporteurs de cette thèse de doctorat et le Professeur Sophie
SPRING et Madame Anne-Laurence LAFONT (MCF) de l’examiner.
L’aboutissement de cette recherche a également été favorisé par de nombreux échanges avec
les dirigeants de PME. Je les remercie pour leur disponibilité, leur confiance et toutes les
informations qu’ils m’ont fournies.
Je remercie particulièrement Professeur Aziza MAHIL qui m’a accompagnée durant toute cette
expérience, sans elle cette recherche n’aurait pas été aussi pertinente. Merci de m’avoir
encouragée et donnée le goût de la recherche.
Je souhaite adresser ma vive reconnaissance à mon père Bouchaib SAFY, sans son soutien cette
thèse de doctorat n’aurait jamais vu le jour. Il a été un repère pour moi tout au long de ma vie
et plus particulièrement durant cette expérience. Je remercie également ma mère Touria
ABOUFARISS pour son amour inconditionnel, sa présence et sa patience d’avoir supporté les
hauts et les bas de ce travail. Je remercie mon frère Waile SAFY, mes oncles Louhab, Hadi,
Jalil et ma grand-mère Amina pour leur soutien quotidien durant la rédaction de la thèse. Je
III
remercie de tout cœur mes chères cousines Sara CHARKI et Soukaina MIR pour leur présence,
leur aide précieuse et ces moments passés.
Enfin, je me retourne vers mes amis qui sont chers à mes yeux. Merci à Fatima Zahra
HASSANI, Hasnaa TAHIRI, Khadija TAHIRI, Imane BENNOUNA, Afaf EL GHAZALI
Loubna EL MOKHTARI, Nadia ESSAFI, Hind BENMENSSOURA, Meryem HAFIDI, Sarra
SERRHINI, Meryem FARAHI, Ibtissam JBILOU, Zakaria ELFADILI, Sara BEN LAANAYA,
Saad BAYOUDA, Tahar BOUABDELLAH et Mehdi KHACHII. Je remercie particulièrement
Sarah TAHIRI pour sa disponibilité, sa gentillesse et son humour. Je remercie également mes
amis du laboratoire pour tous ces moments passés ensemble et nos échanges, Kenza, Ouafa,
Ines, Michèle, Marcella, Samia, Emna, Sara, Wanlapha, Agathe, Alexandre B, Alexandre V et
Bastien.
IV
SOMMAIRE
V
INTRODUCTION GÉNÉRALE
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est un mouvement qui s’inscrit dans la relation
entre l’entreprise et la société. Cette notion s’est développée suite à la réunion de deux courants,
à savoir l’éthique des affaires et le développement durable (Mathieu, 2008). Elle évoque la
contribution des entreprises aux enjeux du développement durable (environnemental, social et
économique) (Quairel-Lanoizelée, 2012). Le concept de RSE a émergé au début des années 50.
Au niveau académique, le concept de RSE a été initié par l’ouvrage de Bowen en 1953. Il
développe l’idée selon laquelle les hommes d’affaires peuvent contribuer à un meilleur
ajustement entre l’économie et le social. Néanmoins, la contribution des entreprises à
l’amélioration de la société et leur prise en compte des parties prenantes peut remonter à des
centaines d’années (Carroll et al., 2012). La littérature académique portant sur le sujet de la
RSE a été développée aux États-Unis. Ensuite, le concept s’est diffusé dans le monde entier
sous différentes appellations (Carroll, 2016). Il a été défini par plusieurs auteurs (Carroll, 1979,
1991 ; Wood, 1991 ; Wartick et Cochran, 1985 ; Windsor, 2001 ; Schwartz et Carroll, 2003 ;
Dahlsrud, 2008) qui l’ont qualifié d’ambigu. De plus, cette notion a été critiquée dans la
littérature. Par exemple, Levitt (1958) s’est attardé sur les dangers de la RSE. Ce chercheur a
affirmé que l’objectif principal des entreprises était lié à la maximisation du profit. Dahlsrud
(2008) a précisé que trente-sept définitions ont été attribuées au concept de la RSE. Toutefois,
il y a un manque de consensus entre les chercheurs qui ont défini ce concept (Dahlsrud, 2008 ;
Van Marrewijk, 2003). Les principales définitions vont au-delà de l’aspect économique et
s’appuient principalement sur la relation entre l’entreprise et la société. Dahlsrud (2008) a décrit
le concept de la RSE selon cinq dimensions : sociale, environnementale, économique, parties
prenantes et caractère volontaire. Pour Carroll (1979), la RSE renvoie à des obligations vis-à-
vis de la société, à savoir les obligations économiques, légales, éthiques et philanthropiques.
Ces obligations représentent une base fondamentale de la RSE, et permettent de délimiter et de
1
caractériser la nature des responsabilités des entreprises envers la société (Carroll, 2016).
Ainsi, l’entreprise devra agir d’une manière responsable et prendre en compte l’impact de son
activité tout au long de sa chaîne logistique. En Outre, la Commission européenne définit la
RSE comme « l’intégration volontaire par les entreprises, des préoccupations sociales et
environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties
prenantes »1. Cette démarche fait référence à la prise en considération des préoccupations
économiques, sociales et environnementales par les entreprises dans leurs activités et leurs
relations avec les parties prenantes de manière volontaire.
Les travaux de recherche réalisés sur le thème de la RSE s’intéressent plus souvent aux grands
groupes et aux entreprises multinationales (Clarkson, 1995 ; Lee, 2008 ; Porter et Kramer, 2006,
2011) sous la pression de différentes parties prenantes (Paché et Colin, 2000), notamment, les
consommateurs (Hartmann and Moeller, 2014), les ONG ou les medias (Andersen et Skjoett-
Larsen, 2009), et moins fréquemment aux PME (Oueghlissi, 2013). Ces dernières sont des
structures de moins de 250 salariés dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 50 millions d’euros
(Commission Européenne, 2015). Le poids des PME dans l’économie mondiale est pourtant
très important. En France, elles représentent 99,9 % du tissu économique et équivalent à 41 %
de temps plein (INSEE, 2017). Les PME font parties de la société et y évoluent. Selon
Williamson et al., (2006), à l’échelle mondiale, les PME contribuent pour 70 % à 80 % à la
pollution industrielle. Leur pérennité n’est possible que si elles disposent d’une légitimité leur
permettant d’utiliser les ressources dont elles ont besoin pour exercer leur métier. De ce fait,
elles sont « redevables à l’égard de cette société » (Capron, 2012). Elles devront ainsi prendre
en compte les attentes de leurs parties prenantes et surmonter les contraintes financières,
humaines et de temps qui pourraient les empêcher de mettre en œuvre la RSE. Par ailleurs, les
PME peuvent être des fournisseurs de grands groupes qui sont susceptibles d’exiger la RSE
dans la chaîne logistique des PME pour assurer leur pérennité (Tachizawa et Wong, 2014). Par
conséquent, les PME devront prendre en considération les exigences des grands groupes en
matière de RSE pour mieux répondre à leurs attentes et assurer leur durabilité.
Intérêt de la recherche
Tout comme les grandes entreprises, les PME sont amenées à prendre en considération les
intérêts de la société (Fassin, 2008). Toutefois, les stratégies mobilisées dans le cadre des
grandes entreprises ne peuvent pas être appliquées dans le cadre des PME, car ces dernières « ne
2
sont pas comme de petites grandes entreprises » (Tilley, 2000). En effet, les PME sont
spécifiques. Elles se distinguent par leurs propres critères, notamment le système de gestion
personnalisé, l’adoption de stratégies informelles et la simplicité du système d’information
(Wtterwulghe, 1998 ; Julien et Marchesnay, 1988 ; Torrès, 1999). Ainsi, le déploiement de la
RSE dans les PME nécessite d’être adapté à leurs spécificités. En outre, le comportement des
PME est fortement influencé par les dirigeants (Nobre et Zawadzki, 2013). Le dirigeant dispose
du pouvoir et assure toutes les responsabilités au sein de l’entreprise (Parent, 1978). En effet,
la personnalité du dirigeant représente « un facteur central d’influence sur les pratiques de
gestion des ressources humaines et plus généralement sur la stratégie et la gestion de
l’entreprise » (Castro J-L, 2002, p.181).
Dans cette lignée, la PME dépend fortement de l’implication personnelle du dirigeant
(Courrent, 2012). Cet acteur représente une source d’influence du déploiement de la RSE à
travers ses valeurs éthiques et sociales, et sa perception de la RSE (Santos, 2011). Ainsi, le
dirigeant joue un rôle primordial pour impulser la RSE, d’où la nécessité de mettre en évidence
ses motivations (Redien-Collot et Leger-Jarniou, 2018) et d’analyser comment la RSE est
perçue par les dirigeants (Lapointe et Gendron, 2004 ; Murillo et Lozano, 2006).
Le comportement responsable des PME peut porter sur des pratiques environnementales au
profit de la planète (l’utilisation optimale et efficace des ressources naturelles, la gestion des
déchets, le recyclage, etc.), sociales envers les employés (le bien-être au travail, la réduction
des inégalités sociales, le déploiement du dialogue social, etc.) et sociétales vis-à-vis de la
communauté (le soutien des associations caritatives, le parrainage, le mécénat, etc.).
3
peuvent toutefois accéder à des dispositifs RSE, notamment les labels et les certificats fondés
sur la norme RSE comme le label Lucie, Afaq 26000, Palme Verte, B-Corp, etc. En effet, la
norme de ces dispositifs s’appuie sur des règles et propose des pistes d’actions que l’entreprise
doit respecter pour assurer sa conformité. Ainsi, l’entreprise devrait se conformer à une norme
RSE et formaliser son engagement à travers des dispositifs RSE (Label et certificat RSE) afin
de justifier son engagement auprès des parties prenantes.
Plusieurs initiatives ont été développées par des organismes afin d’accompagner les entreprises
dans le déploiement de la RSE, notamment le Global Compact (Pacte Mondial), l’OIT, le Livre
Vert de la Commission Européenne, etc. Ces initiatives proposent des lignes directrices et
incitent les entreprises à communiquer sur leurs contributions en matière de RSE. En effet, les
pratiques RSE qui ne sont pas mesurées pourront être négligées (Gond et al., 2012). À ce titre,
la mise en œuvre d’une démarche RSE nécessite des outils pour gérer, mesurer et communiquer
sur les enjeux de cette démarche (Epstein, 2008 ; Gladwin et al., 1995 ; Robert et al., 2002). Par
conséquent, la mobilisation des systèmes de contrôle de gestion pourrait être utile afin
d’intégrer et gérer les pratiques RSE en entreprise. Les systèmes de contrôle de gestion
représentent un ensemble de mécanismes qui permettent de gérer les ressources et de diriger le
comportement des membres de l’entreprise vers l’atteinte des objectifs organisationnels
(Bedford et Malmi, 2015 ; Langfield-Smith, 2007 ; Merchant et Van der Stede, 2011). Les
systèmes de contrôle de gestion permettent à l’entreprise de s’adapter à l’environnement dans
lequel elle évolue et d’obtenir les résultats attendus par les parties prenantes, notamment les
actionnaires (Merchant et Otley, 2007). Selon la littérature académique, les systèmes de
contrôle de gestion se composent de deux catégories de contrôle : contrôle formel et contrôle
informel (Crutzen et al., 2017 ; Durden, 2008 ; Guenther et al., 2016 ; Laguir, et al., 2019). Le
contrôle formel représente les pratiques et les règles, la mesure de la performance, les
récompenses, la budgétisation pour contrôler les résultats de l’entreprise (Norris et O’Dwyer,
2004). Ce contrôle permet aux dirigeants de s’assurer de la mise en place de stratégies en
entreprise (Simons, 1995). Néanmoins, le contrôle informel ne permet pas de contrôler les
résultats de l’entreprise à travers des mesures vérifiables (Crutzen et al., 2017). Il favorise un
climat organisationnel et porte sur les croyances, les valeurs et les traditions communes afin de
guider le comportement des membres de l’organisation (Abernethy et Vagnoni, 2004 ;
Falkenberg et Herremans, 1995 ; Ouchi, 1979). Le contrôle informel n’est pas nécessairement
conçu pour diriger l’attention des collaborateurs vers les objectifs de l’entreprise (Bedford et
al., 2016 ; Stacey, 2010 ; Ouchi, 1979). Ces deux modes de contrôle nécessitent d’être regroupés
afin de mieux saisir le déploiement des systèmes de contrôle de gestion et leur rôle dans la mise
en place des pratiques RSE. En outre, certains chercheurs ont attribué des cadres théoriques
4
afin de regrouper les systèmes de contrôle de gestion, notamment le « Management Control
Systems as a Package » (Malmi et Brown, 2008) et les « Levers of Control » (Simons, 1995).
Dans le cadre de ce travail de doctorat nous avons mobilisé le cadre de Simons (1995) basé sur
quatre leviers de contrôle, à savoir 1) les systèmes de croyances qui permettent de communiquer
sur les valeurs organisationnelles, 2) les systèmes de frontières qui assurent la conformité de
l’engagement de l’entreprise avec les normes et permettent de minimiser les risques, 3) les
systèmes de contrôle diagnostic qui servent à mesurer les résultats de l’entreprise, 4) et les
systèmes interactifs qui s’appuient sur les échanges avec les parties prenantes favorisant la
collecte des informations afin de cerner les incertitudes liées à la concurrence et aux
compétences internes. Les leviers de contrôle de Simons (1995) sont adaptés à notre recherche
du fait qu’ils facilitent le déploiement de la RSE. De plus, ils ont souvent été mobilisés avec
succès dans le cadre des études qualitatives.
Les SCG traditionnels sont axés sur des objectifs économiques et nécessitent d’être adaptés afin
de faciliter la mise en place des pratiques RSE. A ce titre, des systèmes de contrôle de gestion
responsables (SCGR) ont émergé dans la littérature (Bebbington et Thomson, 2013 ; Crutzen,
et al., 2017 ; Figge et Hahn, 2013 ; Gond et al., 2012). Ils ont pour vocation de renforcer les
valeurs responsables, assurer la conformité de l’engagement responsable de l’entreprise et gérer
les incertitudes environnementales et sociales, mesurer les pratiques responsables, et
promouvoir la RSE au sein de l’entreprise.
La formalisation de la démarche RSE en entreprise conduit à la mobilisation des dispositifs
RSE. Ces derniers s’appuient sur les lignes directrices et l’audit pour orienter le comportement
de l’entreprise et évaluer la conformité de son engagement aux normes responsables (Cochoy,
2007). Cela permettra à l’entreprise de justifier son engagement en RSE auprès des parties
prenantes. Les systèmes de contrôle de gestion responsables pourront donc accompagner les
dispositifs RSE et transformer les pratiques de l’entreprise afin d’assurer leur conformité avec
la politique RSE (Gond et al., 2012).
Par ailleurs, la performance financière est très importante pour l’entreprise et représente une
condition pour traiter les enjeux de la RSE (Fitzgerald et al., 2010). Toutefois, elle ne se confond
pas avec la performance globale. Cette dernière représente une extension de la performance
financière afin d’y incorporer les enjeux de la responsabilité sociale et/ou sociétale et
environnementale de l’entreprise (Gond, 2006). Le concept de performance globale a pris son
envol grâce aux travaux du « Centre des Jeunes Dirigeants » (CJD) et se définit comme
l’association des performances, sociale et environnementale et économique (Capron et Quairel-
Lanoizelée, 2006) qui renvoie aux enjeux de la RSE. Plusieurs outils de pilotage ont émergé
dans la littérature afin d’assurer la mesure unidimensionnelle (au niveau environnemental : le
5
bilan environnemental, ISO 14000 et au niveau social : Bilan social, Norme SA 8000) et
multidimensionnelle (Global Reporting Initiative, Tripple Bottom Line et le Sustainability
Balanced Scorecard) de la performance globale. Le Balanced Scorecard développé par Kaplan
et Norton (2001) est un système de contrôle de gestion très mobilisé dans la mesure de la
performance globale en raison de sa capacité à intégrer des indicateurs de la RSE (Meyssonnier
et Rasolofo, 2008). Cet outil a été modifié par certains chercheurs afin d’incorporer des
indicateurs de mesure de la RSE (Bieker, 2002 et Hockerts, 2001). Kaplan et Norton (2001)
considèrent le Balanced Scorecard comme un modèle universel qui peut être mobilisé dans le
cadre des PME (Kaplan et Norton, 2001), d’où la nécessité de l’adapter selon les spécificités
de l’entreprise (Bourguignon et al., 2002). Néanmoins, le manque de temps et de ressources
financières et humaines peut empêcher le déploiement du BSC dans les PME (Hudson et al.,
2001 ; Marchesnay, 1993).
La littérature révèle que les PME sont de plus en plus sensibles à la RSE. Les travaux de
recherche mettent l’accent sur le rôle du dirigeant (Berger-Douce, 2008 ; Courent, 2012 ;
Jenkins, 2006 ; Julien, 1993 ; Labelle et al., 2013 ; Laaraf et al., 2015 ; Lapointe et Gendron,
2005 ; Paradas et al., 2017 ; Santos 2011) et les facteurs favorisant la mise en place de la RSE
(Jenkins 2004, 2006 ; Hamann et al., 2015 ; Murillo et Lozano, 2006 ; Santos, 2011). Toutefois,
peu d’études ont été réalisées sur le rôle des SCG dans la mise en place d’une démarche RSE
(Arjaliès et Mundy, 2013 ; Gond et al., 2012, Perez et al., 2007), son influence sur la
performance globale et plus particulièrement dans le contexte de petites et moyennes
entreprises (PME).
Intérêt théorique
L’objectif de ce travail de recherche est de mettre en lumière le rôle des systèmes de contrôle
de gestion sur la performance globale de PME. Cette idée a été développée suite à une absence
considérable de travaux académiques sur ce sujet. Il nous a donc semblé judicieux d’étudier les
facteurs favorisant le déploiement des SCGR au sein des PME. De ce fait, nous mobilisons la
théorie néo-institutionnelle et la théorie des parties prenantes. La première a été mobilisée pour
identifier les pressions (DiMaggio et Powell, 1983) qui contribuent à la mise en place des
SCGR. Cette théorie stipule que l’environnement qui entoure l’entreprise se distingue par des
contraintes responsables que l’entreprise devrait prendre en compte afin d’atteindre sa
légitimité. Ainsi, le déploiement des SCGR permettra de répondre aux pressions
institutionnelles. La seconde théorie est la plus mobilisée dans le cadre de la RSE et met l’accent
sur la prise en compte des attentes des parties prenantes (Donaldson et Preston, 1995). Il en
6
découle que les parties prenantes pourraient influencer les dirigeants des entreprises à s’engager
dans la démarche RSE qui implique la mise en œuvre des systèmes de contrôle de gestion
responsables. Cette théorie a pour vocation d’identifier les motivations liées au déploiement de
la RSE et des systèmes de contrôle de gestion responsables.
Problématique de recherche
Notre analyse de la littérature nous conduit à nous interroger sur le déploiement des systèmes
de contrôle de gestion responsables dans le contexte des PME, de leur rôle d’accompagnateur
de mise en place des pratiques RSE dans la performance globale de l’entreprise. Nous tenterons
ainsi de répondre à la problématique suivante :
Quel est le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance
globale des PME ?
Pour répondre à cette problématique, nous avons établi quatre sous-questions de recherche :
QR1. Quels sont les systèmes de contrôle de gestion responsables et les pratiques RSE mises
en œuvre dans les PME ?
QR2. Quelles sont les motivations des dirigeants à mettre en place des systèmes de contrôle de
gestion responsables ?
QR3. Quelles sont les pressions exercées par les parties prenantes en matière de déploiement
des systèmes de contrôle de gestion responsables ?
QR4. Dans quelle mesure les systèmes de contrôle de gestion responsables contribuent-ils à la
performance globale des PME ?
La première question de recherche (QR1) permet d’identifier les pratiques RSE et les systèmes
de contrôle de gestion responsables mobilisés dans le cadre de la démarche RSE en PME. En
effet, la littérature portant sur les SCGR et la RSE est peu développée. Peu d’études se sont
notamment attardées sur le rôle des SCGR dans la mise en place d’une démarche de RSE dans
le contexte des PME. Par exemple, Perrini et Tencati (2006) ont conçu un modèle de tableau
de bord RSE mais il vise tout type d’entreprise. De leur côté, Wolff et Bosia (2014) proposent
un tableau de bord de pilotage des pratiques RSE spécifique aux PME mais il ne porte que sur
un seul levier de contrôle, celui des systèmes de contrôle diagnostic. Les autres leviers de
contrôle (systèmes de croyances, systèmes de frontières et systèmes de contrôle diagnostic)
n’ont à notre connaissance, pas été abordés dans le contexte de PME. Nous souhaitons donc
identifier l’ensemble des SCGR mobilisés dans les PME qui semblent faciliter la mise place
des pratiques RSE.
7
La deuxième question de recherche (QR2) permet d’identifier les motivations des dirigeants de
PME qui contribuent à la mise en place des SCGR. Certains travaux antérieurs n’ont apporté
un éclairage que sur les déterminants des pratiques RSE dans les PME, mais nous nous
interrogeons à travers notre sous-question de recherche, sur les facteurs qui peuvent inciter les
dirigeants de PME à intégrer des SCGR.
La troisième question de recherche (QR3) est liée aux pressions exercées par les parties
prenantes dans la mise en place des SCGR. Ces pressions pourraient provenir des clients
(Jenkins, 2006 ; Spence, 2000) qui prennent en considération la RSE dans leur processus
d’achat ou de sous-traitance (Brodhag, 2012), mais aussi des salariés, des fournisseurs... Les
parties prenantes étant intéressées par la RSE exigent certaines preuves d’engagement de la part
des PME. Ces dernières sont amenées à mettre en œuvre des SCGR et des dispositifs RSE (label
et certificat RSE) pour justifier leur démarche auprès des parties prenantes. Nous souhaitons
ainsi définir les types de pressions exercées par les parties prenantes afin de mobiliser les
SCGR.
Enfin, la dernière question de recherche (QR4) se penche sur les SCGR permettant de faciliter
et de gérer l’intégration des pratiques RSE et nous souhaitons déterminer leur rôle sur la
performance globale de PME. Du fait que les travaux portant sur les SCGR et la performance
globale des PME ont été négligés, nous envisageons d’examiner en profondeur le rôle des
SCGR dans la performance globale des PME. L’ensemble de nos questions de recherche sont
synthétisées dans le modèle ci-dessous (figure 1).
8
Figure 1 : Modèle conceptuel
9
dirigeants. Les données recueillies ont été analysées à l’aide d’une analyse thématique (Gavard-
Perret et al., 2012) élaborée sur le logiciel Nvivo 12 afin de faciliter le codage du corpus. Les
résultats obtenus suite à cette première étude ont conduit à la réalisation d’une seconde étude
qualitative basée sur une étude de cas.
Cette dernière étape qui porte sur la réalisation d’une étude de cas unique auprès d’une PME
française a duré cinq semaines, entre mai et juin 2019. Elle a pour vocation de compléter et
approfondir les premiers résultats de l’étude exploratoire et d’étudier le rôle des SCGR dans le
pilotage de la performance globale. Durant notre immersion, nous avons mené quinze entretiens
semi-directifs auprès des parties prenantes saillantes de l’entreprise (dirigeants, salariés, clients
et fournisseurs) à l’aide d’un guide d’entretien afin d’orienter et d’aider les participants à
exprimer leur pensée (Hlady-Rispal, 2002). Ces entretiens ont été accompagnés des
observations non participantes de l’environnement de l’entreprise et de sa réalité. Ces
observations nous ont permis de participer à des réunions et des événements organisés dans le
cadre de la RSE. De plus, nous avons collecté des documents internes (rapports intégrés, rapport
d’audit RSE, les mailings de la semaine du développement durable, les comptes rendus des
réunions, etc.) et externes (le site internet et charte RSE fournisseurs) de l’entreprise. Ces
données collectées ont été analysées à l’aide d’une analyse thématique basée sur le logiciel
Nvivo 12 et ont apporté des éléments de réponse à notre question de recherche.
Plan de la recherche
Notre travail doctoral s’organise autour de deux parties. En première partie, nous présentons le
cadre conceptuel et théorique de la recherche. Dans la seconde partie, nous exposons la méthode
de recherche, les résultats des deux études qualitatives et leurs discussions. Chaque partie est
composée de deux chapitres.
Le premier chapitre se penche sur le déploiement de la RSE en PME. Dans une première
section, nous présentons les fondements du concept de responsabilité sociale des entreprises.
Nous tentons d’expliquer les principaux courants de la RSE, notamment le développement
durable et l’éthique des affaires, et nous exposons notre positionnement théorique. Dans une
seconde section, nous nous focalisons sur la littérature de la RSE dans le contexte des PME.
Nous apportons un éclairage sur le concept de PME ainsi que son intérêt pour la recherche.
Nous expliquons l’engagement responsable des PME en nous appuyant sur les déterminants et
les obstacles de la mise en place de la démarche responsable. Nous évoquons également le rôle
du dirigeant comme acteur principal dans l’intégration de la RSE au sein des PME.
Le deuxième chapitre met l’accent sur les systèmes de contrôle de gestion responsables. La
10
première section expose les fondements et les définitions des systèmes de contrôle de gestion.
En outre, elle apporte un éclairage sur les cadres théoriques sous-jacents aux systèmes de
contrôle de gestion. La deuxième section présente l’émergence des systèmes de contrôle de
gestion responsables dans la mise en place et la gestion des pratiques RSE. Enfin, la troisième
section explique le lien entre les SCGR et la performance globale. Elle justifie l’importance des
SCGR dans la mesure des dimensions de la performance globale.
11
Figure 2 : Structure de la thèse
12
PREMIÈRE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET
THÉORIQUE DE LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DES
ENTREPRISES (RSE) ET DES SYSTÈMES DE
CONTRÔLE DE GESTION RESPONSABLES (SCGR) EN
PME
13
INTRODUCTION DE LA PREMIÈRE PARTIE
Il s’agira dans le premier d’exposer les fondements du concept de responsabilité sociale des
entreprises (RSE). Plus précisément, nous présentons dans une première section l’évolution et
les principales définitions de la RSE. Puis, nous abordons les différentes notions relatives à ce
concept, à savoir le développement durable et l’éthique des affaires. Enfin, nous tenterons
d’évoquer les théories liées à la RSE, notamment la théorie des parties prenantes et la théorie
néo-institutionnelle. La deuxième section vise à situer la RSE dans le contexte des PME et à
définir les spécificités de cette dernière. Ensuite, elle définit le rôle du dirigeant comme étant
un acteur principal dans la mise en place de la démarche RSE. Enfin, nous présentons le
positionnement stratégique (l’approche proactive et l’approche défensive) des PME en termes
du déploiement de la démarche responsable.
Le deuxième chapitre se concentre sur la mise en place des systèmes de contrôle de gestion
responsables en PME. Dans un premier temps, nous exposons les définitions et les cadres
théoriques des systèmes de contrôle de gestion. Nous revenons ensuite sur les systèmes de
contrôle de gestion adaptés à la gestion de la RSE. En s’appuyant sur les travaux académiques,
nous mettons en évidence les dispositifs RSE favorisant le déploiement des systèmes de
contrôle de gestion responsables. Ce chapitre s’achève sur la présentation de l’émergence du
14
concept de la performance globale et met l’accent sur le lien entre les systèmes de contrôle de
gestion et la mesure de cette performance.
15
CHAPITRE 1 : LA RSE : UN VERITABLE LEVIER POUR LES PME
La responsabilité sociale des entreprises a attiré l’attention de plusieurs chercheurs, mais sans
parvenir à une définition universelle de ce concept (Dahlsrud, 2008 ; Van Marrewijk, 2003).
L’objectif de cette démarche est d’apporter un équilibre entre les enjeux environnementaux,
sociaux et économiques. Ces dimensions renvoient au triple Bottom Line au sens d’Elkington
(1994) et sont susceptibles de se renforcer mutuellement.
Les recherches académiques portant sur l’engagement responsable des PME se sont
significativement développées ces dernières décennies. Ces recherches mettent en évidence le
rôle du dirigeant comme étant le principal décideur de la mise en place des pratiques RSE en
PME en s’appuyant sur ses valeurs éthiques et morales. L’objectif de ce chapitre est de
comprendre la mise en place des pratiques RSE en PME à travers les systèmes de contrôle de
gestion.
La première section de ce chapitre permet de présenter les fondements du concept de la RSE.
En déterminant les courants relatifs à la RSE, l’émergence de cette dernière est étudiée plus
finement. De plus, les théories mobilisées (théorie des parties prenantes et théorie néo-
institutionnelle) dans le cadre de cette recherche peuvent expliquer les motivations et les
pressions en matière de RSE.
La seconde section nous permet d’approcher la RSE dans le contexte des PME. Il s’agit dans
un premier temps d’exposer les spécificités qui permettent de distinguer les PME des grandes
entreprises. Ensuite, nous nous centrons plus spécifiquement sur les critères favorisant
l’intégration de la RSE dans les PME ainsi que les obstacles liés à cette démarche. Enfin, nous
nous attardons sur la manière dont la RSE est mobilisée dans les PME.
16
Section 1 : Les fondements et l’émergence de la responsabilité sociale des
entreprises
17
1. L’émergence et les définitions de la RSE
La notion de RSE a pris son envol à partir des années 1950 suite aux travaux d’auteurs
américains, notamment, Abrams (1951), Bowen (1953), Drucker (1954). En effet Bowen est
considéré comme le père fondateur du concept de la RSE (Carroll, 1979, 1999 ; Wood, 1991).
En 1953, Bowen a été le premier auteur à développer dans son ouvrage « The Social
Responsibilities of the Businessman », les fondements théoriques de la RSE. La vision de cet
auteur tente de répondre aux attentes des églises évangéliques en mobilisant une doctrine
sociale et en s’appuyant sur des préceptes bibliques (Stewardship prinicple et charity principle).
L’ouvrage de Bowen (1953) est l’une des références incontournables dans la recherche en RSE
(Carroll, 1979, 1999 ; Wood, 1991). Il est fondé sur un ensemble de témoignages de dirigeants
permettant d’introduire la « responsabilité sociétale » qu’il nomme « Corporate Social
Responsibilities » (social traduit en sociétale selon Déjean et Gond (2004))2. Il constitue le socle
du courant de recherche « Business and society » portant sur la relation entre l’entreprise et la
société aux États-Unis (Acquier et Gond 2007 ; Caroll 1979, 1999 ; Wood, 1991). Les idées
développées dans l’ouvrage de Bowen sont fondées sur le bien-être social plutôt que sur la
maximisation du profit de l’entreprise (Acquier et Gond 2007). Selon Bowen (1953, p.6), « la
RSE renvoie à l’obligation, pour les hommes d’affaires, de mettre en œuvre les politiques, de
prendre les décisions et de suivre les lignes de conduite qui répondent aux objectifs et aux
valeurs considérées comme désirables par notre société ». Autrement dit, Bowen encourage les
hommes d’affaires à prendre en considération les valeurs morales et éthiques de la société, dans
la gestion des activités de l’entreprise. Ainsi, le succès des travaux de Bowen a contribué à la
diffusion du concept de la RSE. Ce concept de RSE a ensuite été repris par d’autres auteurs
(Carroll, 1979 ; Wood, 1991 ; Wartick et Cochran, 1985 ; Windsor, 2001 ; Dahlsrud, 2008).
Même si un manque de consensus existe entre eux (Van Marrewijk, 2003 ; Dahlsrud, 2008 ;
Bocquet et Mothe, 2013), leurs travaux ont mis en exergue une notion qui s’est peu à peu
diffusée au sein des organisations. La réflexion de Bowen a été complétée par les travaux de
Carroll (1979, 1991) qui définit la RSE comme l’« ensemble des attentes économiques, légales,
2 Selon Déjean et Gond (2004 p.6) « le terme « sociétal » est utilisé de préférence à « social » lorsqu’il désigne
les responsabilités de l’entreprise à l’égard de multiples parties prenantes, au-delà̀ des relations
employeurs/employés ».
18
éthiques et philanthropiques que peut avoir la société à l’égard d’une entreprise à un moment
donné ».
Caroll (1979) souligne que les entreprises sont amenées à assimiler les quatre responsabilités
qui permettent de caractériser la nature des responsabilités des entreprises envers la société :
- Responsabilité économique : l’entreprise produit et propose des biens et des services
qui répondent aux attentes de la société. En retour, elle doit générer du profit pour
assurer sa pérennité.
- Responsabilité légale : l’entreprise doit exercer son activité en respectant la loi et les
obligations légales.
- Responsabilité éthique : consiste au respect des normes éthiques et des principes dans
le milieu de travail.
- Responsabilité philanthropique ou discrétionnaire : s’intéresse au bien-être des
individus et à l’amélioration de leur situation sans avoir une récompense. Cette
responsabilité encourage l’équité et la participation à des œuvres de charité.
Ces quatre dimensions ont été établies par Carroll en1979. Ensuite, elles ont été présentées sous
forme de pyramide de RSE en 1991 par l’auteur lui-même. Selon cet auteur, la dimension
économique représente la base de la pyramide RSE du fait de son caractère fondamental en
entreprise et qu’elle permet de soutenir les autres attentes de la société. Ensuite, les entreprises
devront se conformer à la loi et aux règles de la société et fonctionner de manière éthique avec
l’ensemble des parties prenantes. Enfin, les entreprises devront apporter des aides (financières
et humaines) à la communauté.
19
Figure 3 : La pyramide de la RSE de Carroll (1991) (adapté de Carroll,
2016)
Selon Carroll (1979, 1991), chaque responsabilité représente une dimension de base de la RSE.
Ainsi, les quatre catégories de responsabilité doivent être prises en compte par les entreprises
afin d’atteindre des objectifs économiques, légaux, éthiques et philanthropiques. Toutefois, ces
auteurs soulignent que les firmes accordent plus d’importance au volet économique et légal
plutôt qu’au volet éthique et philanthropique.
Watrick et Cochran (1985) et Wood (1991) ont élargi le modèle de la RSE proposé par Carroll
(1979) en y intégrant l’approche de performance sociétale des entreprises (PSE). Watrick et
Cochran (1985) définissent cette dernière comme « l’interaction sous-jacente entre les principes
de responsabilité sociale, le processus de sensibilité sociale et les politiques mises en œuvre
pour faire face aux problèmes sociaux » (Watrick et Cochran, 1985, p.758). Pour Wood (1991),
la performance sociétale des entreprises représente « une configuration organisationnelle de
principes de responsabilité sociale, de processus de sensibilité ainsi que de politique, de
programmes et de résultats observables qui sont liés aux relations sociétales de l’entreprise »
(Wood, 1991, p.693).
Par ailleurs, plusieurs auteurs ont tenté de définir la RSE ces dernières décennies. Selon
Dahlsrud (2008), trente-sept définitions ont été attribuées au concept de RSE. Ces définitions
sont fondées sur cinq dimensions : environnementale, sociale, économique, de parties prenantes
et de volontariat (Dahlsrud, 2008). Malgré l’évolution des travaux académiques en matière de
RSE, il n’existe pas de définition universelle (Dahlsrud, 2008 ; Van Marrewijk, 2003). Nous
proposons ainsi dans le tableau (1) les principales définitions du concept de la RSE.
20
Tableau 1 : Les principales définitions de la RSE
21
Ces principales définitions dépassent l’aspect économique de la notion d’intérêt privé et
s’appuient essentiellement sur la relation entre l’entreprise et la société en favorisant la prise en
compte des attentes des parties prenantes. Sur la base de ces définitions, le concept de la RSE
couvre de nombreuses dimensions à savoir, la dimension sociale, la dimension
environnementale, la dimension sociétale et la dimension économique. Il est donc préférable
que les entreprises intègrent les attentes de parties prenantes dans leur système de gestion plutôt
que de chercher une définition universelle de la RSE. Ainsi, la RSE permet à la fois d’assurer
la rentabilité de l’entreprise et de réaliser les objectifs d’intérêt général (Dlimi et Cherkaoui,
2016).
Après avoir présenté les principales définitions de la RSE, nous retenons celle de la
Commission européenne (2001) qui considère la RSE comme « L’intégration volontaire par
les entreprises, des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités
commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. » Cette définition est intéressante,
car elle souligne la prise en compte de manière volontaire des problématiques globales, à la fois
économiques, sociales et environnementales par les entreprises dans leurs activités et leurs
relations avec les parties prenantes. Elle évoque la contribution des entreprises aux enjeux du
développement durable (Quairel-Lanoizelée, 2012).
Le concept de RSE s’est développé suite à la rencontre de deux paradigmes distincts : l’éthique
des affaires et le développement durable (Mathieu, 2008). La notion de développement durable,
et tout particulièrement les questions sur le changement climatique, l’épuisement des ressources
naturelles et la croissance des inégalités, sont devenues prégnantes (Montiel, 2008 ; Nixon et
al., 2011). La prise en compte de ces questionnements a eu pour conséquence l’émergence de
nouvelles réglementations et l’augmentation de la pression des parties prenantes (Rodrigue et
al., 2013). Ainsi, les entreprises deviennent de plus en plus sensibles à ces concepts et
susceptibles de communiquer sur leurs contributions responsables (Bouten et Hoozee, 2013 ;
Figge et Hahn, 2013).
L’éthique des affaires (Business Ethics) est définie comme la conduite des affaires socialement
responsable par les dirigeants, en intégrant des valeurs et des principes culturels, sociaux,
22
éthiques et humanistes dans leurs décisions (Bowen, 1953). Ce courant a été étudié dans la
littérature anglo-saxonne afin d’expliquer certains concepts, à savoir la gouvernance (Igalens
et Point, 2009), la performance sociétale des entreprises (Caroll, 1979 ; Clarkson, 1995) et la
citoyenneté (Caroll, 1979).
Caroll (1979) s’est intéressé à la dimension éthique et incite à la mise en place d’un code de
conduite pour encourager les collaborateurs à considérer les obligations morales. De plus,
Dubouchet et al., (2004) soulignent que les entreprises mettent en place la RSE pour des raisons
éthiques en s’appuyant sur des codes éthiques et des chartes. Par ailleurs, les valeurs éthiques
des dirigeants ont un impact très important sur l’engagement responsable de l’entreprise et sur
la performance (Hirèche, 2004). D’autre part, Mercier (2004) insiste sur la prise en
considération de quatre piliers permettant de formaliser l’éthique et la RSE au sein de
l’entreprise, notamment les valeurs de l’entreprise, les règles de conduite, les principes
d’actions et le code de déontologie. La démarche RSE trouve ses racines dans l’éthique. Ainsi,
il est primordial de développer un comportement éthique et moral dans la culture de l’entreprise
(Acquier et Aggerri, 2008 ; Caroll, 1991).
3
Diffusé par les Éditions Chiron, 40, rue de Seine, 75006 Paris.
23
affirmé que : « Le développement durable doit tenir compte des facteurs sociaux et écologiques
aussi bien qu’économiques »4. Ainsi, trois dimensions résument l’engagement du
développement durable des entreprises : la dimension sociale, la dimension environnementale
et la dimension économique qui sont susceptibles de se renforcer mutuellement (Bansal, 2005).
Ces trois dimensions renvoient à la notion de « Triple Bottom Line » développé par Elkington
(1994), désignant que la performance de l’entreprise doit porter sur le social, l’environnemental
et l’économique (People, Planet, Profit).
La dimension environnementale, incite les organisations à protéger l’environnement et à réduire
leur empreinte écologique, autrement dit diminuer leurs impacts et leurs pressions sur la nature
(Bansal, 2005). Cette dernière suggère d’utiliser raisonnablement les ressources qui ne
détruisent pas l’avenir des générations futures. Cette dimension environnementale encourage
la mise en place d’un système de gestion environnemental afin de mieux gérer l’impact de
l’entreprise sur l’environnement et assurer sa crédibilité envers les parties prenantes (Walley et
Whitehead, 1994). La dimension sociale renvoie à la santé et au bien-être au travail et à la prise
en compte des attentes de l’ensemble des parties prenantes dans la prise de décision (Bansal,
2005). Enfin, la dimension économique explique que le succès de l’entreprise réside dans la
création de valeur par le biais des produits et services qu’elle développe. Plus l’entreprise est
efficace et efficiente, plus elle accroît la création de valeur (Conner, 1991). Les deux
dimensions précédentes (environnementale et sociale) ne doivent pas avoir un impact négatif
sur la dimension économique.
Ainsi, les travaux de Quairel-Lanoizelée (2012) impliquent que la RSE représente la
contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Les entreprises doivent
prendre en considération les trois dimensions et les intégrer dans leur mode de gestion (Bansal,
2005). De ce fait, la RSE et le développement durable sont traités de manière interchangeable
par les acteurs économiques et les chercheurs, même s’ils présentent des problématiques
distinctes (Aggeri et Godard, 2006).
La norme internationale ISO 260005 établit un lien explicite entre responsabilité sociale et
développement durable quand elle définit la responsabilité sociétale de l’entreprise comme sa
responsabilité vis-à-vis des impacts de ses activités sur la société et l’environnement, se
traduisant par un comportement éthique et transparent qui :
4
Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources (1980), Stratégie mondiale de conservation, Gland,
Suisse.
5ISO 26000 est une norme de l’organisation internationale de normalisation relative à la responsabilité sociétale
des organisations. Elle définit comment les organisations peuvent et doivent contribuer au développement durable.
24
1) Contribue au développement durable, à la santé et au bien-être de la société ;
2) Prend en compte les attentes des parties prenantes ;
3) Respecte les lois en vigueur et est en accord avec les normes internationales de
comportement ;
4) Est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations.
Les travaux de Capron et Quairel-Lanoizelée (2010) ont révélé que les deux concepts du
développement durable et de la RSE étaient distincts. En d’autres termes, « le DD concernant
l’avenir de la planète, la RSE concernant le rôle de l’entreprise dans la société. » (Capron et
Quairel-Lanoizelée, 2010, p.126). Ces auteurs affirment que depuis l’année 2000, ils
s’intéressent au « couplage » du développement durable et de la RSE.
Par ailleurs, Capron et Quairel-Lanoizelée (2010) affirment que les entreprises appliquent la
RSE à l’égard de différents acteurs, à savoir, les actionnaires dans le but de générer du profit
vis-à-vis de ces derniers, les parties prenantes que l’entreprise doit identifier et satisfaire et
l’intérêt général pris en considération par l’entreprise.
Dans cette sous-section nous nous attardons sur les théories adaptées à notre recherche comme
piste de réflexion afin de déterminer les motivations et les pressions favorisant le déploiement
des systèmes de contrôle de gestion responsables dans les PME.
La théorie des parties prenantes est la plus mobilisée dans le cadre de la RSE et s’appuie sur la
prise en compte des intérêts des parties prenantes dans la démarche responsable.
La notion de parties prenantes a été utilisée pour la première fois en 1963 par Stanford Research
Institute (Freeman, 1984). Freeman (1984, p.46) définit une partie prenante comme « un
individu, ou un groupe d’individus, qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des
objectifs organisationnels ». Les parties prenantes peuvent ainsi impacter ou être impactées par
l’entreprise (Freeman, 1984). Il s’agit d’une relation bidirectionnelle entre l’organisation et ses
25
parties prenantes qui permet de catégoriser cette théorie. La théorie de parties prenantes insiste
non seulement sur l’identification des parties prenantes, mais aussi sur l’intégration de ces
acteurs dans le choix de stratégie en entreprise (Dontenwill, 2005). En outre, Mercier (1999) a
également défini le concept de parties prenantes : ces dernières représentent « l’ensemble des
agents pour lesquels le développement et la bonne santé de l’entreprise constituent des enjeux
importants » (Mercier, 1999, p.59). Il convient ainsi de noter que les parties prenantes
représentent un ensemble d’acteurs ayant une influence ou peuvent être influencées par les
objectifs de l’organisation.
Toutefois de nombreux auteurs ont tenté de définir la notion de parties prenantes. Le tableau
ci-dessous synthétise l’ensemble des définitions issues de la littérature.
26
Tableau 2 : Les définitions du concept de parties prenantes (adapté de Mitchell,
Agle et Wood, 1997)
Auteurs Les parties prenantes
Standford « those groups without whose support the organization would cease to
memo, (1963) exist” (cité par Freeman & Reed, 1983 et Freeman, 1984)
« are depending on the firm in order to achieve their personal goals and
Rhenman (1964)
on whom the firm is depending for its existence »(cité par Näsi, 1995)
Ahlstedt et « driven by their own interests and goals are participants in a firm, and
Jahnukainen, thus depending on it and whom for its sake the firm is depending » (cité
(1971) par Näsi, 1995)
Large: « can affect the achievement of an organization’s objectives or
Freeman et Reed who is affected by the achievement of an organization’s objectives »
(1983) Étroite: « on which the organization is dependent for its continued
survival »
« can affect or is affected by the achievement of the organization’s
Freeman (1984)
objectives »
Freeman &
« can affect or is affected by a business »
Gilbert (1987)
Cornell er
« claimants » who have « contracts »
Shapiro (1987)
Evan et Freeman
« have a stake in or claim on the firm »
(1988)
Evan et Freeman « benefit from or are harmed by, and whose rights are violated or
(1988) respected by, corporate actions »
Bowie (1988) « without whose support the organization would cease to exist »
Alkhafaji (1989) « groups to whom the corporation is responsible »
« asserts to have one or more of these kinds of stakes » – « ranging from
Carroll (1989) an interest to a right (legal or moral) to ownership or legal title to the
company’s asserts or property »
Freeman et
contract holders
Evan, (1990)
Thompson et al.
in « relationship with an organization »
(1991)
Savage et al. « have an interest in the actions of an organization and... the ability to
(1991) influence it »
« constituents who have a legitimate claim on the firm...
Hill et Jones established through the existence of an exchange relationship » who
(1992) supply « the firm with critical resources (contributions) and in exchange
each expects its interests to be satisfied (by inducements) »
« having some legitimate, non-trivial relationship with an organization
Brenner (1993) (such as) exchange transactions, actions impacts, and moral
responsibilities »
« asserts to have one or more of the kinds of stakes in business » – may
Carroll, 1993
be affected or affect...
Freeman (1994) participants in « the human process of joint value creation »
Wicks et al.
« interact with and give meaning and definition to the corporation »
(1994)
the firm is significantly responsible for their well-being, or they hold a
Langtry (1994)
moral and legal claim on the firm
27
« can and are making their actual stakes known » – « are or might be
Starik (1994)
influenced by, or are potentially influencers of, some organization »
« bear some form of risks as a result of having invested some form of
Clarkson (1994) capital, human or financial, something of value, in a firm » or « are
placed at risk as a result of a firm activities »
« have or claim, ownership, rights, or interests in a corporation and its
Clarkson (1995)
activities »
Näsi (1995) « interact with the firm and thus make its operation possible »
Brenner (1995) « are or which could impact or be impacted by the firm/organization »
Donaldson et « persons or groups with legitimate interests in procedural and/or
Preston (1995) substantive aspects of corporate activity »
Toutefois, il n’existe pas de définition universelle du concept des parties prenantes. Freeman et
Reed (1983) révèlent une divergence d’opinions sur le concept de partie prenante et son
opérationnalisation au sein de l’organisation. Selon une analyse de la littérature, les parties
prenantes sont souvent classées par catégories. Nous détaillons ainsi dans ce qui suit les
différentes typologies de ces acteurs.
La considération des parties prenantes dans l’engagement responsable des entreprises est
primordiale (Wood et Jones, 1995). Courrent (2012, p.25) affirme que la notion de parties
prenantes est « indissociable à la RSE ». Afin de mieux saisir le concept de parties prenantes,
les auteurs ont identifié des typologies. Carroll (1989) distingue des parties prenantes primaires
et secondaires : les parties prenantes primaires font partie du processus économique de
l’entreprise et ont une relation contractuelle avec cette dernière. Il s’agit des salariés, des
actionnaires, des clients, des fournisseurs, etc. Les parties prenantes secondaires peuvent
affecter l’entreprise ou être affectées par ses activités, mais ne disposent pas d’une relation
contractuelle avec la firme. Il s’agit des associations, des ONG, des collectivités territoriales,
des médias, etc. Clarkson (1995) propose une définition qui distingue les parties prenantes
volontaires des parties prenantes involontaires en matière de risque : « les parties prenantes
volontaires supportent une certaine forme de risque dans la mesure où elles ont investi une
forme de capital – humain ou financier – quelque chose de valeur dans l’entreprise. Les parties
prenantes involontaires sont placées en situation de vulnérabilité du fait des activités de
l’entreprise ». (Clarkson, 1995, p. 106).
Mitchell et al. (1997) quant à eux proposent un modèle basé sur trois critères, le pouvoir, la
légitimité et l’urgence afin de catégoriser les parties prenantes. Pfeffer (1981, p.3) s’appuie sur
la définition de Dahl (1957) pour définir le pouvoir comme « une relation entre acteurs sociaux
28
dans laquelle un acteur social A peut faire exécuter à un autre acteur social B une action que
B n’aurait pas fait autrement ». Il s’agit donc d’un pouvoir exercé par les parties prenantes
externes sur l’organisation. En effet, Pfeffer et Salancik (1978) soulignent que l’entreprise
dépend de ses parties prenantes externes en termes de ressources et par conséquent l’entreprise
devrait prendre en compte les attentes de ces acteurs.
La légitimité représente « une perception ou une hypothèse générale que les actions d’une
entité ont reconnue, appropriée à certains systèmes construits de normes sociales, des valeurs,
des croyances et des définitions » (Suchman, 1995, p.5740). Selon Mitchell et al., (1997) la
légitimité est souvent associée au pouvoir. Ces auteurs révèlent que les parties prenantes
légitimes sont certainement puissantes et vice versa.
Enfin, l’urgence s’appuie sur deux critères, d’une part la sensibilité au temps qui représente le
degré du retard à partir duquel la partie prenante estime que le délai de réponse de la direction
est inacceptable. D’autre part, l’importance de la relation pour la partie prenante.
Ainsi, l’urgence représente la limite à partir de laquelle les parties prenantes réclament une
attention immédiate de la part de l’organisation (Mitchell et al., 1997) alors que, les deux
premiers critères, notamment le pouvoir et la légitimité sont statiques (Laaraf et al., 2015) et
n’intègrent pas l’aspect temporel.
Enfin, Carroll et Näsi (1997) distinguent les parties prenantes internes et les parties prenantes
externes selon leur localisation. Les parties prenantes internes renvoient à l’ensemble des
personnes internes à l’entreprise, à savoir les salariés, les dirigeants et les propriétaires. Les
parties prenantes externes représentent l’ensemble des personnes externes à l’entreprise,
notamment les clients, les concurrents, le gouvernement, les médias, les groupes de pression,
l’environnement naturel et la communauté.
Il existe de nombreuses typologies des parties prenantes dans la littérature. Dans le cadre de ce
travail doctoral, nous mobilisons l’approche de Carroll et Näsi (1997) qui classent les parties
prenantes par leur sphère d’action et leur positionnement par rapport à l’entreprise.
Selon les travaux de Cherkaoui (2016) la théorie des parties prenantes trouve ses origines dans
les travaux de Bernard (1938) et Dold (1932). Elle représente la relation entre l’entreprise et les
acteurs intéressés par l’activité et les décisions de la firme (Capron et Quairel-Lanoizelée,
2010). Cette théorie a pris son envol suite aux travaux d’Ansoff (1968, cité par Mercier, 2001)
dans la définition des objectifs organisationnels. Selon ce dernier, le rôle de l’entreprise est de
29
réunir les intérêts contradictoires des groupes qui sont en relation avec la structure, notamment
les dirigeants, les actionnaires, les salariés, les distributeurs et les fournisseurs. La théorie des
parties prenantes stipule que le dirigeant ne doit pas uniquement chercher à maximiser le profit
de l’entreprise pour satisfaire les seuls actionnaires, mais doit assurer un équilibre équitable
entre les parties prenantes (Mercier, 1999). Elle soutient que les décisions au sein de l’entreprise
doivent être prises en tenant compte des attentes de l’ensemble des acteurs impactés (Martinet
et Reynaud, 2001).
Donaldson et Preston (1995) expliquent que la théorie des parties prenantes permet d’une part,
de diriger et d’évaluer la responsabilité de l’entreprise afin d’assurer une gestion stratégique et
éthique et, d’autre part, de déterminer les décisions de la firme envers ses parties prenantes. Ils
identifient trois approches relatives à la théorie des parties prenantes : descriptive, instrumentale
et normative.
L’approche descriptive décrit les relations entre l’entreprise et son environnement. Autrement
dit, cette théorie explique comment les parties prenantes affectent ou sont affectées par les
décisions de l’entreprise. Elle décrit le comportement de l’entreprise envers ses parties
prenantes, comment l’entreprise gère sa relation avec les parties prenantes et de quelle manière
elle prend en compte les intérêts de ces acteurs (Mullenbach, 2007). En effet, la théorie des
parties prenantes s’appuie sur le fonctionnement des processus de gestion et la prise en
considération des intérêts des parties prenantes (Kochan et Rubinstein, 2000 ; Mitchell et
al.1997). Elle répond ainsi aux interrogations sur l’influence des entreprises vis-à-vis de
l’environnement et de la société.
L’approche instrumentale permet d’étudier le lien entre la prise en compte des attentes des
parties prenantes et la performance de l’entreprise (Mullenbach, 2007). Elle considère que ce
sont les parties prenantes qui permettent aux dirigeants d’atteindre leurs objectifs (Clarkson,
1995 ; Hill et Jones, 1992 ; Jones et Wicks, 1999). Hosseini et Brenner (1992) affirment que la
satisfaction de l’intérêt des parties prenantes garantit l’atteinte des objectifs de performance et
la survie de l’entreprise. En effet, la prise en considération des attentes des parties prenantes
n’est assurée que pour atteindre la performance de l’entreprise (Mullenbach, 2007). Selon ce
dernier, la vision instrumentale s’inscrit ainsi dans une relation « donnant-donnant ». De ce fait,
l’approche instrumentale propose aux dirigeants de mieux comprendre les parties prenantes
pour les gérer de manière stratégique. De plus, elle est susceptible de les motiver à intégrer la
RSE en prenant en considération les attentes des parties prenantes pour atteindre la
performance.
Enfin, l’approche normative fondée par Evan et Freeman (1988) défend quant à elle les intérêts
des parties prenantes et apporte un cadre théorique pour justifier les responsabilités de la firme
30
envers elles. Evan et Freeman (1988) précisent que la firme doit être orientée vers le bénéfice
de ses parties prenantes et qu’il existe une relation fiduciaire entre les dirigeants et celles-ci. La
prise en compte des intérêts des parties prenantes renvoie à l’intégration de ces dernières dans
les décisions des entreprises (Evan et Freeman, 1988). L’approche normative soutient ainsi que
l’objectif de survie de l’entreprise nécessite un équilibre des intérêts conflictuels des parties
prenantes (Donaldson et Preston, 1995).
La théorie des parties prenantes représente ainsi un modèle adapté à la mise en place des enjeux
de la RSE. Courrent (2012) souligne que les approches de cette théorie placent la RSE dans des
visions opposées, à savoir la vision utilitariste « orientée Business » et la vision normative
« orienté éthique ».
La vision utilitariste associe la prise en compte des intérêts des parties prenantes à la
performance économique de l’organisation. Cette vision renvoie à l’approche instrumentale de
la théorie des parties prenantes qui s’appuie sur « l’hypothèse que l’intérêt de l’entreprise et de
ses actionnaires passe par la mise en œuvre de réponses adaptées aux attentes des parties
prenantes » (Courrent, 2012, p.26). Le chercheur rajoute que les PME adoptent souvent un
comportement responsable à travers la prise en compte des intérêts des parties prenantes sous
l’angle de l’approche instrumentale.
La vision normative porte sur les obligations morales de la firme envers ses parties prenantes
dans le cadre d’un contrat social. L’entreprise est donc redevable envers la société. Elle doit
reconnaître la légitimité de ses parties prenantes et intégrer leurs attentes dans ses objectifs. À
travers cette vision normative, le dirigeant doit assurer l’équité entre les parties prenantes et se
préoccuper de la justice sociale.
L’émergence dans la littérature d’un lien entre RSE et parties prenantes date du début des
années 2000 (Van Marrewijk, 2003). La théorie des parties prenantes est la plus mobilisée dans
le contexte de la RSE. En effet, cette théorie considère la RSE comme une extension de la
gouvernance de l’entreprise qui nécessite la prise en considération des attentes de l’ensemble
des parties prenantes, c’est-à-dire des acteurs internes (les actionnaires, les employés,
syndicats…), mais aussi externes (fournisseurs, clients, créanciers, société civile…), qui
peuvent influencer l’entreprise (Freeman, 1984 ; Sahed-Granger et Boncori, 2014). À ce titre,
les dirigeants sont amenés à intégrer les intérêts des parties prenantes dans le processus de prise
de décision.
31
Comme le stipule l’approche instrumentale, la prise en compte des intérêts des parties prenantes
contribue à l’amélioration de la performance de l’entreprise. En suivant l’approche descriptive,
la théorie des parties prenantes s’appuie sur la manière dont les dirigeants intègrent et gèrent
les attentes des parties prenantes. Enfin l’approche normative implique un équilibre dans la
gestion des relations avec les parties prenantes de l’entreprise.
Ainsi, nous avons choisi de mobiliser la théorie des parties prenantes afin d’identifier les
motivations de la mise en place des pratiques RSE et des systèmes de contrôle de gestion
responsables dans le cadre des PME. En effet, les parties prenantes pourraient influencer les
dirigeants des entreprises à s’engager dans une démarche responsable qui se traduit par le
déploiement des systèmes de contrôle de gestion responsables. En outre, des pressions
institutionnelles sont susceptibles de favoriser la démarche RSE dans les PME. Nous présentons
ainsi dans ce qui suit les différentes pressions exercées par les parties prenantes.
La théorie néo-institutionnelle peut être jumelée à la théorie des parties prenantes afin
d’identifier les pressions qui contribuent au déploiement des systèmes de contrôle de gestion
responsables.
L’environnement qui entoure l’entreprise renvoie à des exigences et des obligations sociales
que la structure doit respecter pour atteindre sa légitimité (Meyer et Rowan, 1977). Par exemple,
la réglementation, le développement économique et technologique peuvent inciter les
entreprises à s’engager en RSE (Cherkaoui, 2016)
La théorie néo-institutionnelle soutient que les dirigeants des entreprises implantées dans un
milieu hautement institutionnalisé subissent une pression plus élevée quant au respect des
principes particuliers (DiMaggio et Powell, 1983). En effet, DiMaggio et Powell (1983, P.440)
révèlent que « les organisations ne sont pas seulement en concurrence pour les ressources et
les clients, mais aussi pour obtenir le pouvoir politique et la légitimité institutionnelle ». Ainsi
l’évolution de l’entreprise s’appuie principalement sur la légitimité plutôt que l’efficience
(Meyer et Rowan, 1977). Cette légitimité peut s’appliquer lorsque les pratiques de l’entreprise
se conforment aux normes et aux valeurs sociales (Suchman, 1995).
32
Dans le cadre de cette théorie néo-institutionnelle, DiMaggio et Powell (1983) ont identifié
trois types d’isomorphisme susceptibles d’expliquer les pressions institutionnelles qui poussent
les organisations à s’adapter aux exigences sociétales et culturelles :
1) l’isomorphisme coercitif qui représente des contraintes assorties de sanctions exercées par
l’État, les autorités publiques ou privées et toutes organisations en position de force afin
d’adopter un comportement particulier. Selon DiMaggio et Powell (1983), la contrainte
coercitive renvoie aux pressions exercées sur les entreprises par des institutions et des
organisations dont elles dépendent. Baden et al., (2009) affirment que les PME dépendent
essentiellement des clients, notamment les grandes entreprises imposant une crédibilité en
termes de RSE. Le renforcement du cadre institutionnel et juridique de la RSE peut être
considéré comme un exemple de contrainte coercitive imposant aux entreprises de
communiquer sur les contributions responsables (Cherkaoui, et al., 2019).
2) L’isomorphisme normatif, lui, renvoie à des contraintes et des normes qui s’appliquent dans
le milieu professionnel. Ces contraintes dirigent le comportement des organisations à travers
des bases cognitives sans impliquer de sanctions (Capron et Quairel, 2010). Par exemple les
normes RSE (norme ISO 26000, charte RSE, normes GRI, etc.) peuvent représenter une
contrainte normative dans la mesure où l’entreprise doit se conformer aux enjeux
environnementaux, sociaux et/ou sociétaux (Cherkaoui et al., 2019).
3) L’isomorphisme mimétique enfin, s’exerce dans des situations d’incertitudes dans lesquelles
les entreprises imitent le comportement d’autres entreprises ayant réussi, ou qui sont perçues
comme performantes (Meyer et Rowan, 1977). Dans le cadre de la RSE, l’isomorphisme
mimétique s’explique par la reproduction de pratiques responsables (Courent, 2012). Par
exemple, la publication des rapports RSE peut contribuer à une pression mimétique, car les
entreprises vont ainsi imiter et appliquer les pratiques RSE publiées dans le rapport afin de
justifier leur engagement responsable (Cherkaoui, et al., 2019).
Selon Deephouse et Carter (2005), les isomorphismes peuvent s’exercer dans le cadre d’une
légitimité. Par ailleurs la théorie néo-institutionnelle, stipule que plusieurs forces sont
susceptibles d’inciter les entreprises à mettre en place des pratiques RSE (Fernando et
Lawrence, 2014). Par exemple, les entreprises ayant une base économique solide se dotent
d’une capacité à mobiliser la RSE. La théorie néo-institutionnelle pourrait ainsi aider à analyser
les pressions exercées sur les PME afin de mettre en œuvre des systèmes de contrôle de gestion
responsables.
33
3.2.2 Le choix de la théorie néo-institutionnelle
Les systèmes de contrôle de gestion fournissent des informations aux dirigeants sur l’utilisation
des ressources et l’impact sur l’environnement (Bartolomeo et al., 2000). De plus, ils permettent
d’identifier les parties prenantes qui influencent les décisions de l’entreprise en matière de RSE
(O’Dwyer, 2005). Selon Arjaliès et Ponssard (2010), le contrôle et le pilotage des pratiques
RSE sont nécessaires aux entreprises afin d’identifier les bénéfices de leurs pratiques et de
développer un avantage concurrentiel. Toutefois, les actions RSE non jumelées à des résultats
mesurés sont susceptibles d’être négligées (Gond et al., 2012).
L’objectif de ce travail de recherche est d’apporter un éclairage sur le rôle des systèmes de
contrôle de gestion dans le pilotage de la performance globale des PME, dans la mesure où nous
avons constaté une absence considérable de travaux académiques sur ce sujet. Il nous a donc
semblé pertinent d’étudier les facteurs favorisant le déploiement des SCGR au sein des PME.
De ce fait, nous mobilisons la théorie néo-institutionnelle afin d’identifier les pressions qui
contribuent au déploiement des SCGR. Cette théorie stipule que l’environnement qui entoure
l’entreprise se distingue par des contraintes responsables. L’entreprise devrait ainsi prendre en
compte ces contraintes afin d’atteindre sa légitimité, et le déploiement des SCGR permettra de
répondre aux pressions institutionnelles.
34
Conclusion de la section 1
Cette première section nous a permis d’approfondir les définitions attribuées au concept de la
RSE ainsi que son émergence. À l’issue de l’étude de la littérature, la RSE se définit notamment
au travers de la réunion de deux paradigmes, l’éthique des affaires et le développement durable.
Elle représente la prise en compte, de manière volontaire, des enjeux du développement
durable, à la fois économiques, sociaux et environnementaux, par les entreprises, dans leurs
activités et leurs relations avec les parties prenantes.
La considération des parties prenantes dans l’engagement responsable des entreprises est
primordiale (Wood et Jones, 1995). L’entreprise ne doit pas uniquement chercher à maximiser
le profit pour satisfaire les actionnaires, mais doit également assurer un équilibre équitable entre
l’ensemble des parties prenantes. C’est dans cette perspective que nous avons construit notre
cadre théorique permettant d’expliquer les raisons qui favorisent la mobilisation des pratiques
RSE et des systèmes de contrôle de gestion responsables. Ce cadre repose sur la théorie des
parties prenantes et la théorie néo-institutionnelle qui semblent adaptées à notre sujet de
recherche. La première favorise la prise en compte des intérêts des parties prenantes dans
l’engagement responsable de l’entreprise et permet d’identifier les motivations de la mise en
place des pratiques RSE. La deuxième quant à elle permet de distinguer les pressions des parties
prenantes qui contribuent au déploiement des systèmes de contrôle de gestion responsables.
35
Section 2 : La RSE dans le contexte des PME
Les PME sont définies par l’INSEE comme des entreprises qui « occupent moins de
250 personnes, et ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 50 millions d’euros ou dont le
total de bilan n’excède pas 43 millions d’euros. Elles incluent la catégorie des microentreprises
(MIC). » (INSEE, 2017) En effet, les PME jouent un rôle primordial dans l’économie mondiale.
En France, elles représentent 99,9 % du tissu économique et représentent 41 % de temps plein
(INSEE, 2017). De ce fait, elles sont redevables envers la société (Capron, 2012) et doivent
prendre en compte les enjeux du développement durable. En effet, la notion de RSE s’est peu
à peu diffusée au sein des petites et moyennes entreprises (PME) afin de répondre aux exigences
de leurs parties prenantes. Ces structures se distinguent par leurs propres caractéristiques
(Lapointe et Gendron, 2005). Ainsi l’intégration d’une démarche RSE au sein des PME
nécessite la mise en place de démarches et de stratégies spécifiques.
Cette deuxième section s’intéresse à la mise en place de la RSE dans les PME. Dans un premier
temps, nous exposons les définitions et les caractéristiques des PME. Dans un deuxième temps,
nous mettons en évidence les déterminants et les obstacles liés au déploiement des pratiques
RSE en PME. Enfin, nous analysons la motivation et les caractéristiques du dirigeant favorisant
l’engagement responsable des PME.
36
1. Éclairage du concept de PME
Les PME sont considérées comme des acteurs économiques qui jouent un rôle central dans la
RSE. La prise en compte de leur impact sur la société a intéressé beaucoup de chercheurs ces
dernières décennies. Selon Hitchens et al. (2005), la contribution des PME dans la production
des déchets s’élève à 60% et leur part de pollution totale représente 80% (Williamson et al.,
2006). En raison de leurs spécificités, les PME ne disposent pas du même système de gestion
que les grandes entreprises (Jenkins, 2004). Le déploiement de la RSE nécessite une adaptation
aux critères spécifiques de PME. Le paragraphe suivant apporte un éclairage sur les
caractéristiques des PME et les profils de leurs dirigeants.
Les PME représentent une entité primordiale dans l’économie mondiale. En France, elles
englobent plus de 99 % des firmes et représentent deux tiers des emplois dans le secteur privé
(Wolff et Bosia, 2014). De nombreux auteurs ont révélé un manque de définition universelle
de la notion de PME (Habersaat et al., 2000 ; Julien, 1994 ; Torrès, 1997). Selon les travaux de
Wtterwulghe (1998), Courrent et Quairel-Lanoizelée (2012), la définition de la PME s’appuie
sur deux approches : approche qualitative et approche quantitative. Selon l’approche
qualitative, la PME se définit comme étant « une entité propre où les fonctions sont toutes
intégrées ou du moins fortement reliées et où le propriétaire-dirigeant contrôle la plupart des
aspects, et pour quelques-unes, en y participant directement » (Julien, 1997). Cette approche
renvoie aux caractères descriptifs de l’entreprise qui permettent de mieux comprendre les
spécificités de la PME, à savoir, la centralisation de la gestion, la faible formalisation de
processus de prise de décisions, le manque de ressources et la faible spécialisation des tâches
(Marchesnay, 2003). L’approche quantitative quant à elle, permet de définir les PME en
s’appuyant sur des indicateurs mesurables (Courrent, 2012), notamment l’effectif qui
représente le nombre de personnes exerçant une activité régulière au sein de l’entreprise
(salariés, propriétaires et actionnaires), le total du bilan et le chiffre d’affaires de l’entreprise.
Julien et Marchesnay (1988) ont mentionné que l’effectif des PME est fixé à 500 employés aux
États-Unis, tandis qu’en France selon la Commission Européenne (2015), l’effectif des PME
est inférieur à 250 personnes ayant un emploi à plein temps. Selon Courrent (2012), il est
37
préférable de privilégier l’approche qualitative des PME, car elle permet de comprendre les
spécificités de ces entreprises et les distinguer des grands groupes.
Ainsi, nous pouvons distinguer trois types de PME : les moyennes entreprises (ME) qui
comprennent entre 50 et 249 salariés, les petites entreprises (PE) qui comptent entre10 et 49
salariés et les microentreprises ou très petites entreprises (TPE) qui ne dépassent pas 10 salariés.
Toutefois, cette approche quantitative a été critiquée dans la littérature académique. Certains
chercheurs refusent l’idée que la taille soit le principal élément qui caractérise les PME
(Jenkins, 2006). Le tableau 3 permet de synthétiser les caractéristiques de ces entreprises.
Selon Torrès (1999), l’appellation « La PME » n’est pas pertinente, il est préférable
d’utiliser « Les PME », car ces structures sont diverses. Malgré la multiplicité des définitions
attribuées à la PME, les spécificités de cette dernière demeurent évidentes (Hervas-Oliver et
al., 2016). Plusieurs auteurs ont attribué des spécificités communes aux PME (Wtterwulghe,
1998 ; Julien et Marchesnay, 1988 ; Torrès, 1999) :
- Gestion centralisée et personnalisée par le dirigeant de l’entreprise : (cette centralisation
reflète l’image du dirigeant)
- Personnel polyvalent (manque de spécialisation)
- Communication interne peu formalisée avec les différentes parties prenantes internes et
externes
- Communication externe basée sur le contact direct avec la clientèle
- Structure de la firme peu hiérarchisée
- Difficulté de négociation des achats et des ventes
6
Commission européenne. (2015), Guide de l'utilisateur pour la définition des PME - Europa EU.
38
- Difficulté d’obtention de capitaux
Les PME se caractérisent par un système de gestion personnalisé par le dirigeant (Courrent,
2012 ; Julien, 1997). En effet, de différentes caractéristiques des PME ont été évoquées dans la
littérature, mais la principale porte sur le rôle central du dirigeant. Le comportement des PME
est souvent lié à l’agissement du dirigeant. Toutes les décisions sont prises par le dirigeant
(Chabaud et Sammut, 2016). De plus, la personnalité de cet acteur majeur influence fortement
le fonctionnement de l’entreprise (Filion, 2007). Ainsi le dirigeant est le personnage clé des
PME, car tous les changements et les décisions se font à travers cet acteur. De ce fait, la mise
en place de la RSE dans les PME est strictement influencée par le dirigeant résidant au cœur
des PME.
Les écrits sur le dirigeant de la PME permettent de mieux cerner la manière dont ce personnage
influence son entreprise et imprègne son style de gestion. Sa personnalité influence grandement
la stratégie et la gestion de l’entreprise (Castro, 2002 ; Duchénaut, 1997). Cet acteur joue un
rôle capital dans la PME (Cherkaoui et Jalal, 2017 ; Courrent, 2012). Plusieurs études ont
toutefois montré l’existence en PME de profils de dirigeants différents. Bauer (1993) identifie
par exemple trois profils : 1) l’homo economicus, un dirigeant tourné vers les résultats et le
profit de son entreprise, 2) l’homo politicus, un dirigeant obsédé par le pouvoir de son
entreprise, 3) le pater familias, un dirigeant désirant créer une dynastie à léguer à ses
successeurs. Marchesnay (1991) distingue le dirigeant « PIC » qui recherche Pérennité et
Indépendance, mais par forcément la croissance, et le dirigeant « CAP » qui recherche
croissance et autonomie et, sachant que les phases de croissance s’avèrent souvent de courte
durée, n’est pas attaché à la pérennité. Jaouen (2008) distingue quant à elle le
carriériste (recherche de croissance, pluridisciplinaire et s’entourant de collaborateurs),
l’hédoniste (prise de risque, manque de compétence, stratégie intuitive), l’alimentaire (manque
de ressources financières, absence de réseaux, stratégie émergente) et le paternaliste (entreprise
familiale, absence de stratégie, pluri-compétent s’entourant de collaborateurs). Chacun de ces
profils agirait différemment et aurait potentiellement des valeurs, convictions personnelles et
principes différents. Or l’engagement responsable des PME serait fortement lié aux valeurs,
aux convictions personnelles et aux principes du dirigeant (Laarraf et al., 2015). Il semble ainsi
inévitable de se focaliser sur le profil du dirigeant de PME pour tenter d’expliquer les pratiques
RSE dans ces structures (Cherkaoui, 2016).
39
2. L’engagement responsable des PME
De nos jours, les entreprises font face aux attentes de nombreuses parties prenantes (Arvidsson,
2010). De plus, elles subissent des pressions afin de résoudre des problèmes de société (Johnson
et Greening, 1999). Par conséquent, ces entreprises sont amenées à prendre en compte leur
impact sur la société (Lee, 211). Plusieurs facteurs peuvent encourager l’engagement
responsable des PME. Cet engagement pourrait ainsi se traduire par la mise en place de
pratiques environnementales, sociales et sociétales.
La Commission Européenne (2011) souligne que la RSE renvoie aux pratiques responsables
mises en place par les entreprises au-delà de leurs obligations légales vis-à-vis de la société et
de l’environnement. Dans cette perspective, Caroll (1991) insiste sur l’importance de la RSE
afin de mieux saisir les devoirs et les obligations de l’entreprise envers la société. Elle a proposé
un cadre qui classe les principaux domaines de la RSE selon quatre dimensions : économique
(générer du profit), juridique (respecter la loi et la réglementation), éthique (respecter les
normes et les principes dans le milieu de travail) et philanthropique (favoriser l’équité et la
charité). Certains auteurs soulignent que la RSE est bénéfique pour l’ensemble des entreprises
ainsi que pour la société (Reynaud et al., 2011). Cette démarche responsable se distingue par
une certaine utilité et est considérée comme moyen nécessaire et avantageux qui permet de
contribuer à la performance de l’entreprise. Mescon et Tilson (1987) annoncent par exemple
que, la RSE contribue à la création d’opportunités et à l’innovation dans les PME.
En effet, les PME ont été ignorées dans la littérature académique en sciences de gestion. Les
travaux de recherche réalisés sur le thème de la RSE s’intéressent plus souvent aux grands
groupes et moins fréquemment aux PME (Courrent, 2012 ; Oueghlissi, 2013). Le poids des
PME dans l’économie mondiale est pourtant très important. La formalisation des pratiques RSE
conçues pour les grandes entreprises ne peut que rarement être appliquée telle quelle aux PME
(Jenkins, 2004 ; Katz, 1989) parce que ces dernières ont leurs propres particularités (Lapointe
et Gendron, 2005), comme l’adoption de stratégies informelles, la personnalisation de la gestion
par le dirigeant, la simplicité du système d’information (Wtterwulghe, 1998 ; Julien et
Marchesnay, 1988 ; Torrès, 1999) qui les rendent spécifiques. Selon, Murillo et Lozano (2006),
les liens qu’établissent les PME entre les pratiques RSE, la rentabilité et la compétitivité sont
40
importants et nécessitent d’être étudiés.
Du fait des spécificités des PME, la mise en place de la RSE au sein de ces structures nécessite
des démarches et des stratégies spécifiques (Oueghlissi, 2013). Bien que moins nombreuses
que celles portant sur les grandes entreprises (Berger-Douce, 2008), les recherches académiques
portant sur la RSE dans les PME se sont significativement développées ces dernières années
(Cherkaoui, 2016 ; Courrent, 2012 ; El Bouserghini et al., 2016 ; Laaraf et al., 2015 ; Paradas et
al., 2017). Les travaux de Berger-Douce (2007) ont montré que l’engagement responsable des
PME est en croissance. De plus, une étude réalisée sur les pratiques RSE des PME en France
auprès de 12 686 entreprises suite à l’enquête de Changement et Organisationnels et
Informatisation (COI) de 2006, a dévoilé que 36,71 % des PME en France mettent en place la
RSE (Oueghlissi, 2013). Les travaux de Paradas (2006) et Mandl (2006) révèlent que les PME
s’engagent dans une démarche RSE sans le savoir. Par exemple, ces structures investissent
souvent dans le capital social sans exprimer cette initiative par une démarche RSE formalisée
(Habisch, 2004).
L’analyse des travaux de recherche antérieurs révèle que plusieurs facteurs peuvent inciter les
entreprises à adopter un comportement responsable. Ces facteurs portent principalement sur les
valeurs éthiques et sociales des dirigeants, le réseau des dirigeants et les pressions des parties
prenantes.
Le dirigeant est un acteur majeur de l’engagement responsable des PME. Selon les travaux de
Kusyk et Lozano (2007) et de Murillo et Lozano (2006), l’adoption de la RSE est fortement
liée aux valeurs morales et éthiques de dirigeants. De même, Jenkins (2004, 2006) affirme que
les pratiques RSE en PME sont déterminées sur la base des valeurs des dirigeants. Certains
chercheurs ont noté que les sentiments et la religion du dirigeant sont susceptibles d’influencer
les décisions en matière de RSE au sein des PME (Dincer et Dincer, 2013). De leur côté,
Heugens et al. (2008) ont affirmé que les entreprises sont fondées sur des aspirations et des
valeurs personnelles du dirigeant. Ainsi, cet acteur est-il considéré comme l’unique décideur
au sein des PME (Fassin et al., 2011), celui qui pourrait décider de mettre en place des pratiques
RSE et les adapter selon ses propres valeurs. En outre, le réseau du dirigeant a été identifié dans
la littérature comme étant un déterminant qui encourage le déploiement de la RSE au sein des
PME. En ce sens, Hamann et al. (2015) mettent l’accent sur le rôle des initiatives collectives
41
favorisant l’engagement responsable des PME. Ces auteurs révèlent que les valeurs et les
normes partagées entre les dirigeants par le biais des associations des entreprises, contribuent
au développement des pratiques RSE dans les PME.
Les travaux antérieurs soulignent que, tout comme pour les grandes entreprises (Labelle et al.,
2013), la mise en œuvre des pratiques RSE au sein des PME implique la prise en considération
des attentes des parties prenantes, internes et externes, ayant un impact sur l’activité de
l’entreprise (Sahed-Granger et Boncori, 2014). Dans le cadre des PME, plusieurs chercheurs
ont mis en évidence les pressions exercées par les parties prenantes en matière de RSE. Ces
pressions proviennent souvent des clients (Jenkins, 2006 ; Spence, 2000) et de l’État (Quairel
et Auberger, 2005 ; Jenkins, 2006 ; Murillo et Lozano, 2006 ; Spence, 2000) :
D’une part, les avantages économiques qui découlent de la prise en compte des attentes des
clients favorisent l’adoption de pratiques RSE (Santos, 2011 ; Sen et Cowley, 2013). Autrement
dit, l’insertion des PME au sein de la chaîne d’approvisionnement est nécessaire pour mettre en
place la RSE. En effet, les PME sont susceptibles d’intégrer les pratiques RSE afin de répondre
aux contraintes des grandes entreprises qui prennent en considération la RSE dans leur
processus d’achat ou de sous-traitance (Brodhag, 2012). Les grandes entreprises exigent
l’obtention d’un dispositif RSE (label ou certificat) dans le cadre d’une collaboration avec les
PME afin que ces dernières puissent justifier de la conformité de leur engagement aux normes
responsables (Santos, 2011). En outre, les partenariats noués avec les acteurs locaux sont
susceptibles de stimuler l’innovation (Spence, 1999).
D’autre part, les pressions exercées par l’État constituent la motivation principale pour
l’ensemble des entreprises en termes d’intégration des enjeux de la RSE (Quairel et Auberger,
2005). De même, les travaux de Murillo et Lozano (2006) relèvent l’importance de la
réglementation dans la mise en place des pratiques RSE. Toutefois, cette réglementation ne
contribue pas nécessairement à l’adoption d’un comportement responsable pour les PME
(Santos, 2011 ; Hamann et al., 2015). Néanmoins, les travaux de Perrini et al. (2007) révèlent
qu’il est difficile pour les PME d’identifier les parties prenantes concernées et de répondre à
leurs attentes. Ainsi, il est essentiel d’appréhender les manières dont les PME s’engagent en
RSE et en quoi elles diffèrent des grandes entreprises (Morsing et Perrini, 2009).
42
2.1.3 Autres déterminants de la RSE
D’autres déterminants ont également été abordés dans la littérature académique. Par exemple,
l’impact de la RSE sur la performance de l’entreprise représente un facteur fondamental de la
mise en place des pratiques responsables (Santos, 2011). À ce titre, les travaux de Vázquez-
Carrasco et López-Pérez (2013) et de Nybakk et Panwar, (2015) ont souligné que les PME sont
motivées par des avantages stratégiques et économiques de la RSE. En outre, l’âge de
l’entreprise semble expliquer l’engagement responsable des PME. Il est à noter que l’ancienneté
de l’entreprise peut stimuler la démarche RSE (observatoire des PME européennes, 2004).
Enfin, d’autres facteurs peuvent intervenir dans la sensibilisation des entreprises à adopter un
comportement responsable, notamment le secteur d’activité (Oueghlissi, 2013) et la taille de
l’entreprise (Spence et al., 2006). En effet, les entreprises du secteur industriel sont plus
sensibles à la démarche responsable et intègrent des pratiques RSE pour répondre aux attentes
des parties prenantes (Jenkins et Yakovleva, 2006) ; la taille de l’entreprise joue également un
rôle dans l’adoption d’une démarche RSE (Cherkaoui, 2016). Autrement dit, plus la taille de la
structure est grande plus cette dernière tend à prendre en considération les préoccupations
sociales et environnementales.
Toutefois, l’engagement responsable des PME est susceptible d’être freiné par le manque de
temps et de ressources (financières et humaines), l’insuffisance de connaissances et de
technologie (Berger-Douce, 2008 ; Kusyk et Lozano 2007 ; Labelle et al., 2013 ; Perrini et al.,
2007 ; Princic, 2003 ; Schaper, 2002), et les difficultés à mesurer l’impact des pratiques RSE
(Santos, 2011). En effet les PME ayant des difficultés financières sont faiblement engagées en
matière de RSE (Santos, 2011). De ce fait, les PME, peuvent dépendre de leurs partenaires et
des acteurs publics pour soutenir leurs actions RSE (Clemens, 2006). D’autres chercheurs ont
considéré l’absence de lois en matière de RSE pour les PME et de soutiens publics comme des
freins à l’intégration des pratiques RSE (Hattabou et Louitri, 2011 ; Santos, 2011).
Bien que de nombreuses recherches aient démontré des pratiques responsables différentes dans
le contexte des grandes entreprises, notre objectif est d’identifier l’engagement RSE spécifique
aux PME lié à la mise en place des pratiques RSE et des systèmes de contrôle de gestion
responsables.
43
2.2 La mise en œuvre des pratiques RSE en PME
44
Selon ces derniers, les actions sociales et environnementales sont complémentaires. Autrement
dit, la minimisation de l’impact environnemental de l’entreprise nécessite l’implication des
salariés ainsi que des fournisseurs (Ramus et Steger, 2000). Cette convergence peut alors
générer une performance économique en matière de RSE (Chang et Kuo, 2008). Dans cette
lignée, les clients sont de plus en plus intéressés par des produits et des services responsables
et sont susceptibles de boycotter ces derniers dans la mesure où ils ont un impact
environnemental et social négatif (Akeb et al., 2015).
Au-delà des pratiques environnementales et sociales, l’entreprise devrait également intégrer des
pratiques sociétales axées sur la prise en compte des parties prenantes externes et le
développement de la communauté. Ces pratiques portent par exemple sur la cohésion sociale,
le soutien des associations caritatives, le parrainage, le mécénat, etc.
Toutefois, certains auteurs révèlent une opposition entre la dimension environnementale et la
dimension économique de l’entreprise. Les travaux de Simpson et al., (2004) ont montré que
les dirigeants de PME étudiées estiment que la mise en place des pratiques environnementales
génère un coût supplémentaire. Bien que ces pratiques permettent de générer des économies,
les dirigeants des PME ne sont pas sûrs de l’intérêt d’un investissement environnemental (Akeb
et al., 2015). De ce fait, ces chercheurs précisent que le conflit demeurant entre les enjeux
environnementaux et les enjeux économiques peut complexifier l’instauration des piliers de la
RSE.
Au final, l’engagement responsable des PME nécessiterait des investissements financiers et
humains, des changements et du temps. En outre, des systèmes de contrôle de gestion
responsables peuvent accompagner les pratiques RSE mises en place dans le cadre d’une
démarche responsable, afin d’évaluer la contribution des enjeux de la RSE et de s’assurer de
l’engagement des PME.
45
3.1 Rôle et caractéristiques des dirigeants
Les PME se distinguent par un système de gestion personnalisé à travers le dirigeant qui à son
tour, influence l’intégration de la RSE (Bolton, 1971). Cela implique que la démarche
responsable des PME dépend principalement de l’implication du dirigeant (Courent, 2012), de
ses convictions personnelles, de ses valeurs et de sa perception de la RSE (Berger-Douce, 2008 ;
Elbousserghini, 2016 ; Jenkins, 2006 ; Labelle et al., 2013 ; Laaraf et al., 2015 ; Paradas et al.,
2017 ; Santos 2011). Une étude menée par Laaraf et al., (2015) confirme que la mise en place
de la RSE en PME dépend fortement des convictions personnelles du dirigeant et de ses valeurs.
Pour Dokou et al., (2000), l’engagement responsable des PME est lié au rôle et aux aptitudes
du dirigeant. Autrement dit, les dirigeants ayant des valeurs éthiques sont plus sensibles à la
RSE. Dans le cas contraire, cela peut freiner le développement de la démarche responsable
(Paradas, 2007). Suite à la personnalisation du processus de prise décisions par le dirigeant en
PME, il semble inévitable de se focaliser sur la conception personnelle du dirigeant en matière
de RSE afin de mieux appréhender le degré et les types d’engagements de la PME (Courrent et
Quairel-Lanoizelée, 2012). Cet acteur jouant un rôle central au sein de la PME (Bonneveux et
Soparnot, 2016 ; Julien, 1993 ; Marchesnay et Carrier, 2005 ; Torrès, 2008) et principalement
dans la mise en place de la RSE (Berger-Douce, 2008 ; Lapointe et Gendron, 2005), plusieurs
auteurs se sont intéressés au rôle du dirigeant dans l’intégration de la RSE dans les PME
(Cassells et Lewis, 2011 ; Paradas et al., 2017).
La question sur les caractéristiques (sexe et âge) des dirigeants de PME intéresse les chercheurs
(Labelle et St-Pierre, 2010 ; Schaper, 2002 ; St-Pierre, et al., 2011). Certains travaux antérieurs
révèlent que les dirigeants de sexe féminin sont plus sensibles au déploiement de la RSE en
PME. Par exemple, une étude menée par Labelle et St-Pierre (2010) auprès de 490 dirigeants
de PME indique que les femmes sont généralement plus impliquées dans la démarche RSE. De
même, St-Pierre et al. (2011) ont démontré que les femmes sont plus sensibles à la RSE que les
hommes. Dawson (1997) souligne l’existence de différences éthiques entre les hommes et les
femmes au niveau du relationnel. En outre, la sensibilité éthique des dirigeants envers les
parties prenantes a également été étudiée dans la littérature. Blodgett et al. (2001) constatent
une sensibilité accrue chez les femmes envers les parties prenantes, notamment les salariés.
Toutefois, d’autres travaux de recherche ne parviennent pas à marquer des différences entre les
hommes et les femmes en matière de RSE (Paradas, et al., 2017 ; Schaper, 2002).
Par ailleurs, l’âge du dirigeant a également été abordé dans le contexte de la RSE. En effet, les
46
dirigeants plus âgés ont plus tendance à développer des pratiques RSE que les jeunes (Dawson,
1997 ; Dwson et al., 2002 ; Pradas et al., 2017 ; Ede et al., 2000). Certains chercheurs confirment
une relation positive entre l’âge du dirigeant et le déploiement de la RSE en PME. Par exemple,
les résultats des travaux de Labelle et St-Pierre (2010) témoignent que les dirigeants les plus
âgés sont plus impliqués dans la démarche RSE. Toutefois, les travaux de Cassells et Lewis
(2011) révèlent que l’âge des dirigeants n’impacte pas l’attitude des dirigeants en matière de
RSE.
Ainsi les travaux portant sur l’influence des caractéristiques des dirigeants dans la mise en place
de la RSE ont noté deux résultats : soit les dirigeants plus âgés et de sexe féminin sont plus
sensibles aux pratiques RSE, soit les résultats ne parviennent pas à établir des différences en
termes d’âge et de sexe. Au-delà des variables âge et sexe, le niveau d’éducation des dirigeants
a été également examiné par les chercheurs. Les travaux de Kum-Lung et Teck-Chai (2010)
montrent que les personnes ayant un niveau de formation plus élevée sont plus sensibles à la
RSE et que les personnes avec un niveau de formation moins élevé sont moins sensibles à la
RSE. Toutefois, Paradas et al. (2017) ont constaté que le niveau de formation des dirigeants
n’influence pas l’engagement responsable des PME.
En effet, certains travaux de recherche ont souligné l’existence d’un écart entre ce dont les
dirigeants témoignent et ce qu’ils appliquent en entreprise en matière de RSE (Cassels et Lewis,
2011 ; Schaper 2002). De plus, rares sont les études ayant porté sur les pratiques plutôt que sur
les intentions des dirigeants (Paradas et al., 2017). Ainsi notre étude de cas permettra d’étudier
les pratiques RSE menées réellement par l’entreprise.
La RSE représente un véritable levier stratégique pour les entreprises. En effet l’idée d’un
« business case de la RSE » a été exposée dans la littérature sous l’angle d’une stratégie
« gagnant-gagnant » (Courrent, 2012). Cette idée s’inscrit dans le cadre d’une approche
utilitariste qui incite les entreprises à adopter la RSE afin d’atteindre la performance
économique. Courrent (2012) précise que l’approche utilitariste se présente sous la forme de
deux arguments. Le premier défend le fait que l’amélioration de l’image de l’entreprise et de
ses processus contribue à la réputation de l’entreprise engagée et à la fidélisation des parties
prenantes (clients et salariés). Le deuxième argument s’appuie sur l’avantage compétitif qui
permet de renforcer les compétences et les ressources de l’entreprise. Selon Courrent (2012)
47
l’avantage compétitif est basé sur la légitimité de l’entreprise accordée par ses parties prenantes
suite à un comportement responsable envers ses acteurs. Dans ce sens, le Business case de la
RSE permet de concilier les objectifs économiques avec les enjeux de la performance globale
(Courrent, 2012).
L’approche proactive soutient que les PME instaurent la RSE dans le but de repérer de
nouvelles opportunités (Jenkins, 2007 ; Porter et Kramer, 2006). Par exemple, Ahlstrom (2010)
affirme que la mise en place des pratiques RSE peut aider les entreprises à développer de
nouveau produits et services. En outre, elle encourage l’intégration des PME dans un
environnement local (Fitzgerald et al., 2010). De leur côté, Quairel et Auberger (2005)
soulignent que l’approche proactive permet à l’entreprise de bénéficier d’avantages
économiques. D’une part, en matière de résultats, l’entreprise pourrait minimiser les coûts liés
à la consommation d’énergie, d’eau, etc., et réduire les risques liés à l’activité de l’entreprise et
les risques de procès (amendes). D’autre part, en matière de ressources, cette approche permet
à l’entreprise de renforcer ses compétences et de bénéficier d’un avantage compétitif à travers
la motivation des salariés et le développement de l’innovation de nouveaux produits et marchés.
La prise en compte des attentes des parties prenantes permet aux entreprises de partager des
valeurs dans leur environnement et d’assurer la pérennité de leurs activités (El Baz et al., 2014).
De plus, cette vision stratégique est importante en période de crise, la RSE permet d’atténuer
les effets négatifs qui pourraient découler d’un ralentissement économique (Peloza, 2006).
Selon l’approche défensive, les PME mettent en place des pratiques RSE restreintes afin de
répondre aux attentes de parties prenantes ainsi que de gérer les risques (Castello et Lozano,
2009). En effet, l’engagement responsable de l’entreprise nécessite un investissement dans la
santé et la sécurité des salariés (Jenkins, 2009). Ces initiatives sont susceptibles de renforcer la
motivation des collaborateurs (Brammer et al., 2007). Pour éviter toutes conséquences
négatives, les entreprises devront également s’assurer que les attentes des parties prenantes sont
prises en compte et minimiser les empreintes environnementales. Elles doivent donc respecter
les normes dédiées à la préservation de l’environnement (Boiral, 2009). Les entreprises devront
également contribuer au développement de la communauté afin d’inspirer confiance aux parties
prenantes.
Ainsi, la gestion des risques sociaux, environnementaux et sociétaux est fondamentale pour les
PME. Elle aide les entreprises à éviter les problèmes juridiques (taxes et pénalités) (Levine,
2008) et à atteindre leur légitimité (Castello et Lozano, 2009). Dans cette perspective
l’influence des parties prenantes en matière de RSE peut être considérée comme une contrainte
pour les entreprises. Dans cette perspective, Courrent (2012) a identifié trois types de
48
comportements des PME en matière de déploiement de la RSE, à savoir le comportement de
rejet, le comportement d’évitement et le comportement de conformité aux valeurs de la RSE
avec la mise en place des pratiques RSE.
Les typologies de comportement des PME proposées par Courrent (2012) s’appuient sur deux
critères, les pressions des parties prenantes et la performance économique. Autrement dit,
lorsque les parties prenantes n’exercent pas de pression en matière de RSE et que cette dernière
ne permet pas d’atteindre une performance économique, l’entreprise pourrait donc rejeter la
démarche responsable. Le comportement d’évitement s’applique lorsque les parties prenantes
exercent une forte pression en matière de RSE, mais que cette dernière ne permet pas
d’améliorer la performance. Ce comportement s’inscrit dans une approche défensive qui
consiste à mettre en place des pratiques RSE restreintes afin de répondre aux attentes des parties
prenantes. Enfin, le comportement de conformité aux valeurs de la RSE s’inscrit dans une
approche proactive dont l’objectif est d’atteindre la performance économique à travers la mise
en place des pratiques RSE, quel que soit le niveau de pression exercé par les parties prenantes.
49
Conclusion de la section 2
Au cours de cette deuxième section, nous nous sommes intéressée à l’engagement responsable
des PME. Dans un premier temps, nous avons apporté des précisions concernant la notion de
PME. Ces dernières se distinguent des grandes entreprises par un système de gestion
personnalisé, des stratégies informelles, des ressources financières et humaines limitées et des
connaissances technologiques insuffisantes. Du fait de ces spécificités, l’engagement
responsable des PME nécessite d’être adapté. De plus l’adoption des pratiques RSE en PME
est souvent motivée par les valeurs éthiques du dirigeant (Jenkins, 2004, 2006 ; Kusyk et
Lozano, 2007 ; Murillo et Lozano, 2006) jumelées aux pressions des parties prenantes (Jenkins,
2006 ; Santos, 2011 ; Spence, 2000).
Nous avons par la suite souhaité explorer le rôle des systèmes de contrôle de gestion
responsables dans la mise en place des pratiques RSE. Pour cela nous nous sommes attardée
sur le rôle du dirigeant du fait que ce dernier est considéré comme un acteur principal au sein
des PME, ayant une relation directe avec la mise en place des stratégies. Par ailleurs, nous avons
mis en évidence l’approche proactive et l’approche défensive comme véritables déterminants
de la RSE. D’une part, les entreprises peuvent se doter d’une démarche proactive et aller au-
delà des attentes des parties prenantes en vue d’atteindre une performance économique. D’autre
part, les contraintes des parties prenantes permettent de donner du sens pour les entreprises dans
le cadre d’une approche défensive. Cette dernière incite les entreprises à mettre en œuvre un
nombre de pratiques limité comme réponses aux exigences des parties prenantes. Nous
mobilisons ainsi ces deux approches afin de déterminer les motivations liées à la mise en place
des systèmes de contrôle de gestion responsables en PME.
50
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE
La RSE représente un véritable levier pour les PME. (Jenkins, 2004, 2006 ; Kusyk et Lozano,
2007 ; Murillo et Lozano, 2006). Elle contribue à la fidélisation des parties prenantes et
représente un avantage compétitif qui permet de renforcer les compétences et les ressources de
l’entreprise. Cette démarche est donc essentielle pour les PME qui souhaitent améliorer leur
performance. Dans ce premier chapitre, nous nous sommes focalisée sur la mise en place de la
RSE au sein des PME.
La première section a été centrée sur la définition de la RSE et son émergence. Il en découle
que la RSE se définit par la prise en compte des enjeux du développement durable et des attentes
des parties prenantes. Par ailleurs, la RSE s’appuie sur différents courants théoriques. La théorie
des parties prenantes et la théorie néo-institutionnelle se complètent pour étudier la notion de
la RSE à différents niveaux (Lee, et al., 2017). Cela permet aux PME de mettre en place la RSE.
En effet, la théorie des parties prenantes est majoritairement mobilisée dans le contexte de la
RSE, car elle met l’accent sur la prise en compte des attentes des parties prenantes et stipule
que la considération de ces acteurs contribue à l’amélioration de la performance de l’entreprise.
Cette théorie est complétée par la théorie néo-institutionnelle qui explique les pressions des
parties prenantes qui poussent les entreprises à mettre en place la RSE. Suite à ces deux
fondements théoriques, notre recherche permet de conceptualiser les facteurs principaux de la
mise en œuvre de la RSE.
Dans un deuxième temps nous avons analysé la RSE dans le cadre des PME. Il en résulte que
les PME sont spécifiques et les stratégies de gestion sont souvent influencées par la personnalité
du dirigeant (Castro, 2002 ; Duchénaut, 1997). Ainsi, la démarche RSE au sein des PME
nécessite un ajustement. Cette démarche peut être incorporée dans les PME à travers les valeurs
éthiques et sociales du dirigeant et les pressions des parties prenantes. De plus, cet engagement
peut varier selon la vision et les objectifs attendus par le dirigeant, dans le but de dépasser les
attentes des parties prenantes et d’atteindre une meilleure performance de l’entreprise ou pour
répondre aux exigences des parties prenantes de façon restreinte et éviter les risques. Dans cette
lignée, nous abordons dans le chapitre 2 les systèmes de contrôle de gestion qui pourront
accompagner la mise en œuvre des pratiques RSE et influencer la performance de l’entreprise.
51
CHAPITRE 2 : SYSTÈMES DE CONTRÔLE DE GESTION
RESPONSABLES ET PERFORMANCE GLOBALE
52
la notion de performance globale et dans un deuxième temps, nous exposons les SCGR
consacrés à la mesure unidimensionnelle et multidimensionnelle de la performance globale.
53
Section 1 : Les systèmes de contrôle de gestion
54
1. Fondements et évolution des systèmes de contrôle de gestion
La définition des systèmes de contrôle de gestion a connu une évolution ces dernières
décennies, passant d’une notion axée sur des informations financières, d’aide à la prise de
décisions, à un champ d’analyse plus vaste comprenant des données extra-financières.
(Chenhall, 2003, 2007). Les systèmes de contrôle de gestion sont souvent associés aux contrôles
cybernétiques (Anthony, 1965) et permettent de responsabiliser les collaborateurs afin de
contribuer à la performance de l’entreprise (Merchant et Van der Stede, 2011). Ils se focalisent
principalement sur la gestion des ressources dans le cadre de la réalisation des objectifs de
l’entreprise (Bedford et Malmi, 2015 ; Langfield-Smith, 2007). En effet, le contrôle de gestion
est une discipline qui porte sur deux approches distinctes, notamment, la théorie
comportementale et la théorie de l’agence (Kren, 1997, cité par Langevin et Naro, 2003). La
théorie comportementale « behaviorale » repose sur la relation entre le contrôle de gestion et
son impact sur les comportements et la performance (Langevin et Naro, 2003). La théorie de
l’agence quant à elle, a pour objectif d’étudier l’impact des différents systèmes d’évaluation et
de rémunération sur l’effort et la performance de l’agent (Langevin et Naro, 2003).
Anthony (1965) est l’un des premiers chercheurs ayant proposé une définition du système de
contrôle de gestion. Il le définit comme « un processus par lequel les managers s’assurent que
les ressources sont obtenues et utilisées de manière efficace et efficiente afin de réaliser les
objectifs de l’organisation » (Anthony, 1965, p.17). Cette définition a été ensuite enrichie par
l’auteur lui-même, qui considère alors le contrôle de gestion comme « un processus par lequel
les managers influencent les autres membres de l’organisation dans la mise en place des
stratégies organisationnelles » (Anthony, 1988 ; Anthony et Govindarajan, 2007). Autrement
dit, le premier rôle du contrôle de gestion de « facilitation de la décision (décision-facilitating)
est donc complété par un second mécanisme dont la finalité est d’influencer (decision-
influencing) les comportements des acteurs de l’organisation dans le sens attendu par cette
dernière » (Demski et Feltham, 1976 cités par Langevin et Naro, 2003, p.1). La fonction du
contrôle de gestion est ainsi en lien direct avec le top management, car elle a pour but d’aider
les dirigeants à prendre des décisions pour atteindre les résultats prévus (Langevin et Naro
(2003). De plus, le recours à des systèmes de contrôle de gestion permet aux entreprises de
mettre en œuvre de nouvelles stratégies (Chapellier et al., 2017) et d’éviter les risques menaçant
l’atteinte d’une meilleure performance (Merchant et Otley 2007). En effet, Anthony (1965) a
identifié dans son ouvrage « Planning and Control Systems : A Framework for Analysis » trois
55
niveaux de contrôle, à savoir le contrôle stratégique, le contrôle de gestion et le contrôle
opérationnel.
1) Le contrôle stratégique est un processus qui définit les objectifs organisationnels, les
changements de ces objectifs, les ressources pour les atteindre, et les politiques pour mieux
gérer l’acquisition et l’utilisation de ces ressources (Anthony, 1965). Ce premier niveau de
contrôle a des conséquences sur le long terme et implique d’une part le choix des objectifs et
d’autre part le processus de réalisation de ces objectifs (Anthony, 1965). 2). Le contrôle
opérationnel est un processus qui garantit la réalisation des tâches de manière efficace et
efficiente (Anthony, 1965). Il s’appuie sur des variables quantitatives afin d’évaluer et
d’améliorer l’efficacité des employés (Cugueró-Escofet et Rosanas, 2017). 3) Enfin, le contrôle
de gestion établit un lien entre le contrôle stratégique et le contrôle opérationnel pour contribuer
à l’atteinte des finalités recherchées. Le contrôle de gestion est donc un intermédiaire entre le
contrôle stratégique et le contrôle opérationnel et permet de décliner les objectifs stratégiques
en tâches quotidiennes (Anthony, 1965). Il a, en effet, séparé le contrôle de gestion des autres
niveaux de contrôle (contrôle stratégique et contrôle opérationnel) afin d’éviter les ambiguïtés
relatives à ces deux derniers et de saisir un modèle de contrôle de gestion universel qui convient
aux différents types d’organisation (Merchant et Otley, 2007).
À l’issue des travaux d’Anthony (1965), plusieurs définitions du concept de contrôle de gestion
ont émergé dans la littérature académique. Selon Simons (1995), les SCG représentent « les
processus et les procédures fondés sur l’information que les managers utilisent pour maintenir
ou modifier certaines configurations des activités de l’organisation ». D’après Malmi et Brown
(2008), le contrôle de gestion est un ensemble de procédures et de systèmes qui permettent aux
managers de s’assurer que les comportements et les décisions des employés correspondent aux
objectifs et aux stratégies de l’organisation. Quant à Otley et Soin, (2014), pour eux les
systèmes de contrôle de gestion représentent un processus qui assure le pilotage des
organisations à travers l’environnement dans lequel elles opèrent afin d’atteindre leurs objectifs
à court terme et à long terme. Ainsi, nous retenons de ces définitions que le contrôle de gestion
contribue à l’atteinte des objectifs de la firme en s’appuyant sur plusieurs critères, l’approche
comportementale, la définition des choix stratégiques, l’optimisation des ressources et le
pilotage des activités de l’entreprise. En outre, Lindsay et al. (1996, cité par Norris et O’Dwyer,
2004)7 considèrent trois composantes principales des systèmes de contrôle de gestion : 1) la
7 Selon Lindsay et al. (1996, cité par Norris et O’Dwyer, 2004), All three components are necessary. The setting
and communicating of objectives ‒ statements of purpose or desired achievements ‒ is essential because without
aim or purpose control has no meaning (Otley and Berry, 1980). The second component provides feedback on the
56
définition et la communication des objectifs, 2) le pilotage de la performance et 3) la motivation
des employés à atteindre les objectifs. Dans ce contexte, l’entreprise mobilise des contrôles de
gestion, notamment basés sur « les systèmes, les règles, les pratiques, les valeurs et les autres
activités de gestion afin de gérer le comportement des employés » (Malmi et Brown, 2008,
p. 290). Ces processus conçus par l’organisation sont appelés des systèmes de contrôle de
gestion (SCG) (Malmi et Brown 2008). Ces systèmes permettent à l’entreprise de s’adapter à
l’environnement dans lequel elle évolue et d’obtenir les résultats attendus par les parties
prenantes, plus particulièrement les actionnaires (Merchant et Otley 2007). Par ailleurs,
Chenhall (2003, 2007) souligne que la notion de SCG est très vaste et englobe un ensemble de
contrôles, notamment, les systèmes de comptabilité de gestion « Management Accounting
Systems ». Ces derniers consistent à mettre en place un ensemble de pratiques de la comptabilité
de gestion « Management Accounting », telles que la budgétisation ou le coût de revient du
produit, afin d’atteindre les objectifs (Chenhall, 2003, 2007).
Une analyse des travaux antérieurs permet d’identifier une multitude de critères qui
caractérisent les SCG. Le tableau suivant synthétise les critères d’analyse des SCG adaptés des
travaux de Santin et Van Caillie (2008).
performance of those being measured, allowing management to monitor the implementation of plans designed to
achieve the firm’s objectives and to take corrective action as needed (Anthony, 1988). The final component serves
to motivate and encourage the employees to perform in a goal congruent manner (Anthony, 1988; Merchant, 1985).
57
Tableau 5 : Caractéristiques des Systèmes de contrôle de gestion (adapté de
Santin et Van Caillie, 2008)
Caractéristique de contrôle Critère dominant Outils de contrôle
Traditionnel Traditionnel Financier Budgets
versus non Outils de mesure de la
traditionnel performance financière
(Arnaud et al., Non traditionnel Non financier Balanced Scorecard (BSC)
2001 ; Ittner et Activity Based Costing
Larcher, 1995) (ABC)
Centralisé Centralisé Informel Contrôles de type top-down
versus
Décentralisé Formel
décentralisé
(Burns et
Waterhouse,
1975 ; Whitley,
1999
Ex post versus Ex ante Planification Respect des procédures mises
Ex ante en place au sein d’un SCG
(Fernandez et Ex post Pilotage Analyse des écarts entre les
al., 1996) ressources budgétées et les
ressources utilisées
Proactif versus Proactif Préventif Processus de planification
réactif des actions à réaliser
(Merchant et Mise en place d’une veille
Van Der Stede, stratégique.
2007) Réactif Informatif Analyse des écarts entre les
ressources budgétisées et les
ressources utilisées pour une
période donnée
Formel versus Formel Traditionnel : Règles
informel Contrôle financier Procédures opérationnelles
(Anthony et al., Ex ante : standard
1989 ; Contrôles Systèmes de budgets
Langfield- administratifs
Smith, 1997 ; Informel Système de
Simons, 1995 ; communication entre
Otley, 1980 ; niveaux
Flamholtz, organisationnels
1983)
Mécaniste Mécaniste Formels Règles
versus bureaucratiques Programmes et procédures
Organique Hiérarchie et fixation des
(Perrow, 1970 ; objectifs
Ouchi, 1977, Organique Informels et sociaux Indépendance des tâches et
1979 ; des systèmes d’information
Mintzberg, verticale et horizontale
1983)
58
Il en découle que les systèmes de contrôle de gestion ont évolué d’un cadre formel intégrant les
données financières vers un cadre global couvrant les données financières et non financières
(Chenhall, 2003).
Notre travail doctoral repose sur les deux contrôles complémentaires, le contrôle formel et le
contrôle informel (Falkenberg et Herremans, 1995 ; Langfield-Smith, 1997). Les systèmes de
contrôle informel sont aussi importants que les systèmes de contrôle formel. Ils permettent de
créer un climat organisationnel propice à la RSE qui incite les employées à mettre en place des
pratiques responsables (Durden, 2008 ; Norris et O’Dwyer, 2004). Nous définissons ainsi les
deux modes de SCG (formel et informel) dans la sous-section suivante.
Dans la littérature de SCG, nous pouvons distinguer deux modes de contrôle, le contrôle formel
et le contrôle informel (Crutzen et al., 2017 ; Durden, 2008 ; Laguir, et al., 2019 ; Ouchi, 1979).
Le contrôle formel est un ensemble de procédures et de politiques écrites qui dirigent le
comportement organisationnel vers les objectifs de la firme (Ouchi, 1977). Il permet aux
dirigeants de s’assurer de la mise en œuvre de stratégies en entreprise (Simons, 1995). De plus,
il implique le pilotage et la mesure des résultats, et la mise en place d’actions correctives
(Langfield-Smith, 1997). Ce mode de contrôle porte sur les objectifs organisationnels, les
règles, les critères de récompense, la mesure de la performance, les systèmes de budgétisation
et les codes d’éthique afin de contrôler les résultats (Falkenberg et Herremans, 1995 ; Langfield-
Smith, 1997 ; Norris et O’Dwyer, 2004).
En revanche, le contrôle informel ne permet pas de contrôler le comportement de l’organisation
à travers des mesures vérifiables explicites (Crutzen et al., 2017 ; Falkenberg et Herremans,
1995 ; Norris et O’Dwyer, 2004). Il recouvre plutôt les croyances, les valeurs en commun et les
traditions pour orienter le comportement des membres de l’organisation, notamment les
employés (Ouchi, 1979, 1980). Ces systèmes de contrôle informel sont transmis aux employés
à travers les supérieurs hiérarchiques (Crutzen et al., 2017, Falkenberg et Herremans, 1995) et
sont au moins aussi efficaces que les contrôles formels (Bedford et al., 2016 ; Stacey, 2010 ;
Ouchi, 1979). Les systèmes de contrôle informel sont moins visibles que les contrôles formels,
et moins appropriés pour orienter délibérément l’attention des employés vers les objectifs de
l’organisation (Ouchi, 1979 ; Lueg et Radlach, 2015 ; Stacey, 2010).
En effet, le contrôle de comportement organisationnel à travers des systèmes formels nécessite
la mise en place de règles appropriées à des situations spécifiques (Falkenberg et Herremans,
59
1995). Toutefois, ces contrôles formels procurent des directives limitées, car il est difficile de
fournir un ensemble de règles pour faire face à toutes les éventuelles situations (Ouchi, 1980).
Le contrôle informel quant à lui s’oppose au contrôle formel en ce qu’il ne requiert pas de règles
précises pour orienter le comportement organisationnel (Falkenberg et Herremans, 1995). Selon
ces derniers, le contrôle informel procure des connaissances implicites à travers lesquelles les
employés peuvent identifier des règles spécifiques pour gérer toute situation particulière. De
plus, il permet de soutenir le contrôle formel. Autrement dit, « lorsque les normes et les valeurs
du système de contrôle informel renforcent les comportements qui s’appuient sur des valeurs
et/ou des objectifs formels de l’organisation, les systèmes sont congruents » (Falkenberg et
Herremans, 1995, p. 134). Cette congruence des systèmes de contrôle formel et informel dirige
le comportement des managers et des employés vers les valeurs et les objectifs de l’organisation
(Falkenberg et Herremans, 1995). Ainsi, le contrôle formel et le contrôle informel sont des
systèmes complémentaires (Ouchi 1980). La combinaison de ces deux contrôles permet de
comprendre comment les SCG sont conçus et mis en place afin d’influencer les résultats de
l’organisation (Ahrens et Chapman, 2004 ; Simons 1995), et plus particulièrement de saisir le
rôle des SCG dans la mise en œuvre de la RSE et le pilotage de la performance globale en PME
que nous allons étudier dans le cadre de notre travail de recherche.
Néanmoins, il n’existe pas de SCG universel adapté à toutes les organisations (Langevin et
Naro, 2003 ; Otley 1999). Selon ces auteurs, le choix de SCG appropriés est intimement lié aux
caractéristiques de l’entreprise. Par exemple, Chenhall (2003) souligne que la taille de
l’entreprise est une variable contextuelle qui affecte le mode de contrôle. Autrement dit, les
grandes firmes se distinguent par les systèmes de contrôle formel (Chenhall 2003), tandis que
les petites entreprises se caractérisent par les systèmes de contrôle informel (Chenhall 2003,
Merchant et Van der Stede, 2007, Sandelin, 2008). Par conséquent, les systèmes de contrôle
informel sont des processus essentiels dans le contexte de PME (Hosoda, 2017).
Les entreprises mobilisent un certain nombre de systèmes de contrôle de gestion afin d’aligner
les activités de l’entreprise sur les finalités attendues (Malmi et Brown, 2008). De ce fait,
plusieurs approches ont émergé dans littérature des SCG, visant à regrouper ces derniers dans
un cadre théorique. Nous présentons dans ce qui suit les différents cadres théoriques des SCG.
60
3. Les cadres théoriques sous-jacents en contrôle de gestion
Les systèmes de contrôle de gestion sont souvent abordés d’une manière indépendante, à
différents moments et ne sont que vaguement coordonnés (Otley, 2016). Selon la vision de
Malmi et Brown (2008), les systèmes de contrôle de gestion ne fonctionnent pas séparément et
nécessitent d’être regroupés. Cette conception permet de comprendre l’interaction et la
complémentarité entre les SCG fondés sur la comptabilité et les autres types de contrôle (le
contrôle administratif et le contrôle culturel), et de mieux saisir l’impact des uns sur les autres
(Malmi et Brown, 2008). Ces derniers ajoutent que le regroupement des différents SCG mis en
place par l’entreprise constitue un « package ». Cette approche globale de SCG est susceptible
de contribuer à la performance de la firme, soit à travers l’orientation de comportement des
employés vers l’atteinte des finalités attendues (Zimmerman, 2014) soit en soutenant les
managers dans le processus de prise de décision (Labro, 2015).
En effet, les besoins de contrôle en entreprise changent avec le temps. Autrement dit, les besoins
de contrôle actuels diffèrent de ceux développés antérieurement (Nixon et Burns, 2014). Cela
implique que les précédents cadres de contrôle de gestion ont pu connaître une évolution. Ainsi,
Nixon et Burns (2014) soulignent qu’il est nécessaire pour les entreprises d’apporter des
améliorations à ce sujet. De plus, l’évolution des cadres théoriques de contrôle de gestion peut
être influencée par des événements et des expériences organisationnelles, à savoir le
développement de la culture organisationnelle ou la mise en place (préalablement réussie ou
non) d’outils de comptabilité de gestion (Berg et Madsen, 2020). Dans ce contexte, plusieurs
approches ont été proposées au sens du regroupement des systèmes de contrôle de gestion,
notamment, le « Management Control Systems as a Package » (Malmi et Brown, 2008) et les
« Levers of Control » (Simons, 1995) que nous allons aborder dans ce qui suit.
Les travaux portant sur les SCG traditionnels s’appuient sur des outils de contrôle qui ont abouti
à des résultats divergents et qui manquent de clarté (Ferreira et Otley, 2005 ; Otley 1999). La
vision de Malmi et Brown (2008) consiste à regrouper les SCG en « package », plutôt que de
les aborder séparément. Ces auteurs cherchent à rassembler les mécanismes qui permettent à
l’entreprise d’atteindre ses objectifs en associant certains contrôles aux valeurs et à la culture
de la firme. Ils proposent ainsi dans leur article un cadre plus large de systèmes de contrôle de
61
gestion intitulé le « Management Control Systems as a Package ». Ce cadre est composé de
cinq typologies de contrôle, à savoir : la planification, les systèmes de contrôle cybernétiques,
les systèmes de récompense, les systèmes de contrôle culturel et les systèmes de contrôle
administratif. Chaque typologie comprend des sous-catégories et sera présentée dans ce qui
suit.
3.1.1 La planification
La planification est une forme de contrôle qui permet de définir les objectifs et de diriger les
comportements et les efforts des employés vers les résultats souhaités (Malmi et Brown, 2008).
Ces derniers ajoutent que la planification définit les normes à suivre pour atteindre les objectifs
ainsi que les efforts attendus des employés. Elle permet également de faciliter la coordination
entre les objectifs et les domaines fonctionnels, et de contrôler les activités des membres de
l’organisation (Malmi et Brown, 2008). En outre, cette forme de contrôle implique les employés
dans les deux approches de la planification, notamment la planification d’action et la
planification à long terme (Lueg et Radlach, 2016). La première permet de réaliser les actions
et les objectifs sur le court terme et la deuxième sur le moyen et le long terme (Malmi et Brown,
2008).
Green et Welsh (1988) définissent le contrôle cybernétique comme un processus basé sur une
boucle de rétroaction. Cette dernière repose sur un ensemble de dispositifs, notamment les
normes de la performance ou les objectifs à atteindre, les systèmes d’évaluation de la
performance, le processus de comparaison entre les résultats obtenus et les normes, l’analyse
des écarts (entre les résultats et les normes) et la modification de comportements des systèmes
pour contribuer à la mise en place des actions correctives (Green et Welsh, 1988). Malmi et
Brown (2008) ajoutent que cette typologie de contrôle recouvre les budgets, les systèmes de
mesure financiers, les systèmes de mesure extra-financiers et les systèmes de mesure hybrides
(portant sur la mesure financière et extra-financière), notamment le « Balanced Scorecard »
(BSC).
Le budget est un système de contrôle de gestion universel au sens de Bunce et al. (1995), utilisé
dans la planification et l’évaluation de la performance. Les systèmes de mesure financiers
62
portent sur la fixation des objectifs et permettent de responsabiliser les employés en termes de
mesure de la performance financière, tels que le retour sur investissement ou la valeur ajoutée
économique (Malmi et Brown, 2008). Les systèmes de mesure extra-financiers deviennent de
plus en plus importants au sein des organisations et complètent les systèmes de mesure
financiers. Ils permettent de surmonter les limites identifiées par les systèmes de mesure
financiers et de définir les facteurs favorisant la performance (Malmi et Brown, 2008). Enfin,
les systèmes de mesure hybrides regroupent les systèmes de mesure financiers et les systèmes
de mesure extra-financiers, tels que le « Balanced Scorecard » présenté par Kaplan et Norton
(1996). Cet outil permet de mesurer la performance financière et extra-financière, et facilite
l’intégration de nouvelles stratégies au sein de l’organisation (Kaplan et Norton, 1996).
Les systèmes de récompense permettent de motiver les employés afin d’aligner leurs objectifs
avec ceux de l’organisation (Malmi et Brown, 2008). Ces systèmes portent sur des récompenses
et des compensations dont le but est d’augmenter les efforts des individus et d’atteindre les
objectifs. Les travaux de Bonner et Sprinkle (2002) illustrent que les incitations monétaires
permettent d’accroître les efforts individuels et d’améliorer la performance organisationnelle.
En effet, la relation entre les efforts des employés et les tâches à réaliser peut avoir un impact
sur la performance (Malmi et Brown, 2008). Cet impact s’articule autour de trois dimensions,
la direction de l’effort (les tâches sur lesquelles se focalisent les employés), la durée de l’effort
(le temps consacré à la tâche) et l’intensité de l’effort (l’attention consacrée à la tâche). En
outre, les systèmes de compensation sont souvent liés aux contrôles cybernétiques. Ils sont
mobilisés par l’entreprise afin de conserver les employés et favoriser le contrôle culturel (Malmi
et Brown, 2008).
63
d’administration et la composition des différentes équipes de gestion. Ces composantes de la
gouvernance établissent des directives formelles d’autorité et de responsabilité et facilitent la
coordination entre les différentes fonctions et unités au sein de l’organisation et les politiques
et les procédures qui constituent l’approche bureaucratique, pour définir les comportements et
les processus au sein de l’organisation.
- Le recrutement des individus ayant des valeurs qui s’accordent avec celles de l’entreprise ;
la modification des valeurs des individus afin de convenir aux valeurs organisationnelles,
et enfin la congruence entre le comportement des employés et les valeurs de la firme ;
- Les contrôles par les symboles impliquent la création des « expressions visibles » (Malmi
et Brown, 2008, p.294) afin de développer une culture spécifique au sein de l’organisation.
Par exemple, l’aménagement du milieu de travail pour favoriser une culture de
collaboration ;
- Enfin, les contrôles par le clan représentent une forme de contrôle culturel et renvoie à des
sous-cultures organisationnelles (Malmi et Brown, 2008). Ces contrôles reposent sur la
socialisation des individus qui permet d’inculquer à ces derniers un ensemble de valeurs et
de compétences (Ouchi, 1979). Ainsi, les contrôles par le clan ont pour fonction d’établir
des valeurs et des croyances auxquelles les individus doivent se conformer.
64
Figure 4 : Le cadre conceptuel des SCG de Malmi et Brown (2008)
Le cadre de Malmi et Brown (2008) s’inscrit dans la continuité des travaux d’Otley (1980) et
Flamholtz (1983) lui-même ayant introduit le concept de regroupement des systèmes de
contrôle de gestion. Il permet de définir les objectifs de la firme, de contrôler le comportement
des membres de l’organisation et d’assurer une cohérence entre l’intérêt des employés et ceux
de l’organisation. En outre, ce cadre théorique repose également sur des systèmes de mesure
pour comparer les résultats obtenus avec les objectifs attendus.
Par ailleurs, certains travaux révèlent que les contrôles cybernétiques sont largement appliqués
dans le contexte de la RSE au sein des organisations européennes (Arjaliès et Mundy, 2013 ;
Crutzen et al., 2013). De plus, ces contrôles sont considérés comme les plus importants dans la
démarche responsable (Lueg et Radlach, 2016). Toutefois, ces auteurs affirment que les
contrôles cybernétiques nécessitent des contrôles supplémentaires pour assurer l’efficacité des
systèmes de contrôle de gestion responsables (cf. la section 2 du chapitre 2). De plus, le cadre
de Malmi et Brown (2008) n’a pas été mobilisé dans le contexte du déploiement de la RSE. La
majorité des travaux se réfère au Balanced Scorecard (Kaplan et Norton, 1992) ou bien aux
leviers de contrôle de Simons (1995) pour étudier les SCG et la RSE (Gond et al., 2012). Nous
présentons dans la sous-section suivante le cadre conceptuel des leviers de contrôle de Simons
(1995).
65
3.2 Les leviers de contrôle de gestion de Simons (1995)
Le cadre de Simons (1995, 2000) est le plus fréquemment mobilisé dans les travaux de
recherches qualitatives. En effet, Martyn et al., (2016) révèlent que trente-et-un travaux sur
quarante-cinq ayant mobilisé le cadre de Simons portent sur des études qualitatives. Ces
dernières avaient pour objectif de démontrer l’interaction entre l’ensemble des leviers de
contrôle de Simons (Martyn et al., 2016). Ces derniers rajoutent que le cadre de Simons met en
évidence la relation entre les SCG et la stratégie organisationnelle. De plus, ce cadre théorique
s’est étendu pour inclure les thématiques portant sur la RSE et le reporting environnemental.
Simons (1995) considère les SCG comme un ensemble de procédures facilitant la gestion des
activités de l’organisation. Ce chercheur s’intéresse à la manière dont les systèmes de contrôle
de gestion sont utilisés en entreprise pour atteindre les objectifs, plutôt qu’à la nature des outils
mobilisés. Dans ce contexte, Simons (1995) a élaboré un cadre de contrôle formel basé sur
quatre leviers, les systèmes de croyances, les systèmes de frontières, les systèmes de contrôle
diagnostique et les systèmes de contrôle interactif. C’est à travers ce cadre de contrôle formel
que les entreprises mettent en place les stratégies.
Simons (1995, p.34) définit les systèmes de croyances (Belief systems) comme un ensemble de
« définitions organisationnelles que les managers communiquent formellement et renforcent
systématiquement, afin de fournir des valeurs de base, des objectifs et une orientation
organisationnelle ». Autrement dit, les systèmes de croyances ont été créés à travers un
ensemble formel d’énoncés organisationnels explicites (credo, énoncés de mission) qui
permettent de définir, de communiquer et de renforcer les valeurs et les objectifs de
l’organisation (Ahrens et Chapman, 2004 ; Simons, 1995). Les valeurs fondamentales de la
firme émanent principalement des valeurs personnelles du manager et orientent le
comportement des membres de l’organisation (Simons, 2000). Ces systèmes favorisent une
certaine stabilité et continuité au sein de l’entreprise, comme ils peuvent déclencher un
changement organisationnel dans la mesure où les dirigeants les utilisent pour intégrer de
nouvelles valeurs ou priorités (Bruining et al., 2004 ; Simons, 1995). Dans le cadre la RSE, les
systèmes de croyances sont susceptibles d’incorporer un ensemble de valeurs responsables afin
66
d’orienter les parties prenantes de l’organisation vers des objectifs durables (Arjaliès et Mundy,
2013).
Les systèmes de frontières (Boudaries systems) établissent des règles et des limites explicites
(codes de conduites, directives opérationnelles et systèmes de planification stratégique) qui
doivent être respectées afin de minimiser les risques et atteindre les objectifs de l’organisation
(Simons, 1995). Ces systèmes de frontières sont ainsi utilisés pour communiquer aux
collaborateurs les activités acceptables et celles considérées comme non acceptables afin de
permettre à ces acteurs de gérer efficacement les risques de l’organisation (Arjalies et Mundy,
2013). Les dirigeants font appel aux systèmes de frontières afin d’intégrer les contributions
responsables de l’organisation dans les rapports internes. L’audit social et environnemental est
sollicité pour sensibiliser les collaborateurs aux risques de l’organisation (Burritt et
Schaltegger, 2010) et favorise l’usage de certains moyens, notamment les normes, lignes
directrices et codes de conduites, afin de contrôler le comportement des collaborateurs (Sarre
et al., 2001) et mieux gérer les incertitudes. Ces systèmes sont ainsi conçus pour prévenir les
risques et tout ce qui pourrait représenter un danger pour l’organisation (Simons, 2000).
67
de systèmes de contrôle adaptés à la mesure de la performance RSE (Schaltegger et Burritt,
2010).
Enfin, les systèmes interactifs (Interactive systems) sont des processus formels mis en place par
les dirigeants afin de s’impliquer régulièrement dans les activités de prises de décision des
subordonnés par le biais des réunions (Simons, 2000). Ces processus impliquent des échanges
et favorisent la collecte d’informations externes afin de mieux cerner les incertitudes
stratégiques et les stratégies émergentes (Simons, 1995). En effet, les incertitudes stratégiques
portent sur des changements relatifs à la concurrence et aux compétences internes que
l’entreprise doit prendre en considération (Bisbe et al., 2007). Par ailleurs, les systèmes de
contrôle interactifs permettent aux dirigeants de mieux comprendre les capacités et les
opportunités potentielles tout en indiquant aux employés les priorités stratégiques de
l’organisation (Simons, 1995).
Dans le cadre de la RSE, les systèmes interactifs nécessitent des échanges avec les parties
prenantes externes, notamment les communautés et les ONG afin d’identifier de nouvelles
stratégies RSE et avoir un avis externe sur les actions responsables établies par l’entreprise
(Gond et al., 2012). Ainsi, les systèmes de contrôle interactif sont essentiels, font apparaître de
nouvelles initiatives et stimulent le changement stratégique au sein de l’organisation
(Abernethy and Brownell, 1999 ; Ittner et Larcker, 2003 ; Simons, 1995).
La combinaison des quatre leviers de contrôle contribue à l’atteinte des objectifs et permet aux
employés d’identifier les opportunités et de faire face aux obstacles (Ahrens et Chapman, 2004 ;
Simons, 1995). Les systèmes de croyances et les systèmes interactifs favorisent les
comportements innovants, tandis que les systèmes de frontières et les systèmes de diagnostics
permettent de s’assurer de la conformité du comportement des acteurs vis-à-vis des règles
prédéfinies (Simons, 1995). En outre, Simons (1995) a introduit quatre concepts clés qui
nécessitent d’être pris en compte dans la mise en place d’une stratégie, à savoir les valeurs
fondamentales, les risques à éviter, les variables affectant la performance et les incertitudes
stratégiques. Ces concepts sont ainsi contrôlés par les leviers de contrôle de gestion et peuvent
être considérées conjointement. Les leviers de contrôle doivent ainsi s’aligner avec la stratégie
de l’entreprise. La figure suivante récapitule les quatre leviers de contrôle de Simons (1995).
68
Figure 5 : Les leviers de contrôle de Robert Simons (1995)
Systèmes de Systèmes de
croyances frontières
Valeurs Risques à
fondamentales éviter
Stratégie
Variables Incertitudes
affectant la stratégiques
performance
Systèmes
Systèmes de
interactifs
diagnostics
Toutefois, le cadre de Simons (1995) se limite aux systèmes de contrôle formels (Martyn et al.,
2016). Simons (1995) considère que les quatre leviers de contrôle formel sont adaptés aux
grandes entreprises, car son cadre théorique n’intègre pas les systèmes de contrôle informel.
Les contrôles informels favorisent en effet un climat organisationnel propice à la RSE et portent
sur les croyances, les valeurs et les traditions communes afin de guider le comportement des
membres de l’organisation (Abernethy et Vagnoni, 2004 ; Falkenberg et Herremans, 1995 ;
Lueg et Radlach, 2015 ; Ouchi, 1979).
In fine, les définitions attribuées aux systèmes contrôle de gestion s’accordent sur le fait que
ces derniers ont pour but d’atteindre les objectifs de l’entreprise. En outre, la performance se
mesure à travers des indicateurs financiers et non financiers qui sont intimement liés aux quatre
leviers de contrôle développés par Robert Simons. Les SCG sont alors perçus comme un
système de pilotage de la performance des entreprises. Par ailleurs, plusieurs cadres de contrôle
de gestion ont été évoqués dans la littérature, notamment le « Management Control Systems as
a Package » (Malmi et Brown, 2008) et les « Levers of Control » (Simons, 1995). Les deux
modèles sont intéressants mais le cadre de Malmi et Brown (2008) nous semble complexe.
Nous mobilisons donc le cadre de SCG au sens de Simons (1995), fondé sur les quatre leviers
car il nous paraît particulièrement adapté à notre travail de recherche. D’une part, les leviers de
69
contrôle de Simons (1995) sont adaptés à notre recherche en matière d’analyse de la mise en
place de la RSE et de pilotage de la performance globale. L’utilité du cadre de Simons (1995)
dans la gestion des pratiques RSE a été mise en évidence dans les travaux d’Arjaliès et Mundy
(2013). Ces derniers ont également illustré comment les leviers de Simons (1995) sont utilisés
pour gérer les stratégies de la RSE. D’autre part, le cadre de Simons (1995) est adapté à notre
méthodologie de recherche étant donné qu’il a été examiné dans le cadre de nombreuses études
qualitatives (Martyn et al., 2016).
70
Conclusion de la section 1
Cette section permet d’apporter un éclairage sur le concept des systèmes de contrôle de gestion.
Il en découle que ce dernier a évolué d’un cadre intégrant la mesure financière à un cadre plus
global couvrant à la fois la mesure financière et la mesure extra-financière (Chenhall, 2003,
2007). Plusieurs chercheurs ont tenté de définir ce concept (Anthony, 1965 ; Malmi et Brown,
2008 ; Otley et Soin, 2014 ; Simons, 1995). Nous retenons de ces définitions que les SCG
contribuent à l’atteinte des objectifs de la firme en s’appuyant sur plusieurs critères, notamment,
la définition des choix stratégiques, la communication des objectifs, l’optimisation des
ressources, le pilotage des activités de l’entreprise et la motivation des employés à atteindre les
objectifs. Suite à une analyse des travaux académiques, il ressort que de nombreuses
caractéristiques ont été attribuées aux systèmes de contrôle de gestion (Santin et Van Caillie,
2008). Notre travail doctoral repose sur le contrôle formel (Falkenberg et Herremans, 1995 ;
Langfield-Smith, 1997 ; Simons, 1995). Ce mode de contrôle nécessite d’être adapté afin de
mieux saisir le rôle des SCG dans le déploiement de la RSE et le pilotage de la performance
globale en PME, ce que nous cherchons à démontrer dans le cadre de ce travail de recherche.
Dans cette lignée, nous avons mis en évidence les cadres théoriques qui visent à regrouper
l’ensemble des SCG (Malmi et Brown, 2008 ; Simons, 1995), afin de mieux saisir leur
complémentarité. Ces deux cadres théoriques s’avèrent être intéressants. Dans le cadre de notre
recherche nous choisissons le modèle de Simons (1995). La majorité des travaux ont mis en
place les leviers de contrôle de Simons (1995) pour étudier les SCG et la RSE (Gond et al.,
2012). Le cadre de Simons (1995) porte sur quatre leviers, à savoir : 1) les systèmes de
croyances qui permettent de de communiquer et de renforcer les valeurs fondamentales et les
objectifs de l’entreprise, 2) les systèmes de frontières fixent des limites afin de minimiser les
risques, et atteindre les objectifs de l’organisation, 3) les systèmes de contrôle diagnostic
servent à contrôler et à mesurer les résultats de l’entreprise et 4) les systèmes interactifs
impliquent des échanges afin de mieux cerner les incertitudes. Ainsi le cadre basé sur les leviers
de Simons (1995) a été retenu pour la suite de ce travail, car il est adapté à notre problématique
de recherche ainsi qu’à la méthodologie mobilisée, étant donné qu’il a été examiné dans le cadre
de nombreuses études qualitatives.
71
Section 2 : La mise en place de la RSE à travers les systèmes de contrôle de
gestion
La RSE et les systèmes de contrôle de gestion représentent un sujet émergent dans la littérature
(Berry et al., 2009). Ces systèmes de contrôle de gestion sont indispensables dans l’intégration
des enjeux du développement durable, à savoir, l’environnemental, le social et l’économique
(Durden, 2008 ; Epstein et Roy, 2001 ; Gond et al., 2012 ; Norris et O’Dwyer, 2004 ; Stacey,
2010) et permettent d’orienter le comportement des employés vers les objectifs de
l’organisation (Merchand et Van Der Stede, 2011).
La formalisation de l’engagement responsable de l’entreprise induit la mobilisation des
dispositifs RSE (label et certificat RSE). Ces derniers sont souvent alignés sur les principes des
normes responsables et permettent à l’entreprise de structurer sa démarche RSE et de répondre
aux pressions des parties prenantes. Par conséquent ils se traduisent par le déploiement des
systèmes de contrôle de gestion responsables qui, à leur tour, vont contrôler la conformité de
l’entreprise aux normes et évaluer les pratiques RSE.
Cette section s’intéresse à la mise en place de la RSE à travers les systèmes de contrôle de
gestion responsables (SCGR). Pour cela, nous définissons dans un premier temps les dispositifs
de formalisation de la démarche RSE qui contribuent au déploiement des SCGR. Dans un
second temps, nous apportons des précisions à la notion de SCGR et son émergence. Enfin,
nous exposons le lien entre les pratiques RSE et les SCGR.
72
1. Les dispositifs de formalisation de la démarche RSE
73
juridique. Quant aux normes informelles, elles s’appuient sur des comportements acceptés par
l’entreprise, à savoir les habitudes, les mœurs et les coutumes. Les dispositifs RSE sont souvent
alignés sur les principes de la norme responsable et permettent à l’entreprise de structurer sa
démarche RSE et répondre aux pressions des parties prenantes. À ce titre, l’entreprise pourra
« se donner un cadre de référence et de crédibilité plus large que ses propres codes de conduites
internes, sur lesquels elle peut d’ailleurs les articuler » (Dubigeon, 2009, p.390). Dans la même
lignée, Debruyne (2011) précise que la certification s’appuie sur des normes formalisées et
représente « une annonce publiquement observable qu’une organisation a subi une batterie de
tests dictés de l’extérieur par des organismes dûment habilités, satisfaisant ainsi à des
spécifications précises » (Debruyne, 2011, p.251). De même, la labellisation RSE assure la
transparence de l’engagement de l’entreprise et représente « une marque collective détenue par
un organisme certificateur dépositaire du droit d’homologation. Cette dernière n’est pas
définitive et elle peut être retirée. » (Bouhaouala et Bouchet, 2007, p. 132). En effet, les
dispositifs RSE s’appuient sur des systèmes de contrôle de gestion, des lignes directrices, pour
guider le comportement de l’entreprise et l’audit afin de vérifier la conformité de l’engagement
de l’entreprise aux normes responsables (Cochoy, 2007). Par conséquent, les dispositifs RSE
vont concrétiser la démarche RSE de l’entreprise et assurer une cohérence entre les pratiques
de l’entreprise et les discours des dirigeants. Selon Courrent (2012), il existe trois catégories de
dispositifs RSE, les dispositifs portant sur les enjeux du développement durable (principes du
Global Compact), les dispositifs portant sur le pilotage de la performance globale et les
dispositifs de reporting RSE. Cet auteur rajoute que ces dispositifs peuvent :
- Intégrer les enjeux de la RSE de manière globale ou ne porter que sur un seul volet (au
niveau social : SA 8000 ou OHSAS 18 00 et au niveau environnemental : ISO 14 001 ou
EMAS) ;
- S’inscrire dans une approche de standardisation portant sur de simples lignes directrices,
des standards qui donnent lieu à des audits et des certifications ;
- Cibler l’ensemble des secteurs d’activités ou se focaliser sur un secteur spécifique (label
FSC qui concerne la filière du bois).
Il en découle que les dispositifs RSE sont nécessaires pour la formalisation de la démarche
responsable de l’entreprise. La mise en place de ces dispositifs assure la crédibilité de
l’entreprise auprès de ses parties prenantes. En outre, elle se traduit par le déploiement des
systèmes de contrôle de gestion qui, à leur tour, permettent d’évaluer les pratiques RSE,
contrôler la conformité de l’entreprise aux normes, gérer les incertitudes et promouvoir la RSE
au sein de l’entreprise. Toutefois, Pesqueux, (2007) a signalé que les dispositifs RSE sont
coûteux, ce qui pourra donc induire un ralentissement de l’engagement des entreprises.
74
2. Les systèmes de contrôle de gestion responsables (SCGR)
75
Les systèmes de contrôle de gestion responsables (SCGR) sont considérés comme un ensemble
de systèmes de contrôle portant sur les enjeux de la RSE (Essid, 2009) afin de contrôler les
interactions de l’entreprise avec la société et l’environnement (Bennett et James, 1997). Ces
SCGR ont pour objectif d’assurer la cohérence des comportements et des décisions des
employés avec les objectifs de la RSE (Crutzen et al., 2017). Toutefois, peu de travaux ont
démontré que le contrôle de gestion permet de promouvoir la RSE en entreprise (Arjaliès et
Mundy, 2013 ; Gond et al., 2012 ; Norris et O’Dwyer, 2004 ; Henri et Journault, 2010 ;
Schaltegger, 2012 ; Laguir et al., 2019).
En outre, rares sont les travaux ayant traité conjointement les trois volets du système de contrôle
de gestion responsable. En effet, les systèmes de contrôle de gestion sont multiples, d’où la
nécessité de les regrouper dans un système global afin de faciliter leur utilisation ainsi que leur
interprétation (Asif et al., 2010). Selon Lueg et Radlach (2015), il existe différents types de
SCGR mobilisés au sein des entreprises et de nombreuses recherches se sont penchées sur le
volet environnemental. Néanmoins, ces auteurs ont précisé que peu de SCGR établissent une
cohérence entre la RSE et la performance financière. De plus, l’utilisation d’un seul type de
contrôle de gestion est insuffisante pour assurer une démarche complète en matière de RSE
(Lueg et Radlach, 2015). Par conséquent, il est nécessaire de mobiliser l’ensemble des systèmes
de contrôle de gestion afin de mieux gérer les pratiques responsables.
Les systèmes de contrôle de gestion responsables ont pour but d’assurer la conformité des
comportements et des décisions des employés avec les objectifs et les stratégies des
responsables de l’entreprise (Crutzen, et al., 2017). Certains travaux de recherche ont été
réalisés pour démontrer le rôle des systèmes de contrôle de gestion dans la mise en place de
pratiques RSE. Par exemple, une étude de cas réalisée auprès d’une petite entreprise (Durden,
2008) révèle que les managers et les employés n’étaient pas motivés à mettre en place la RSE,
car l’entreprise ne mobilise pas de SCG (formel et informel) pour gérer la RSE. Ainsi, Durden
(2008) a souligné que les SCG (formel et informel) sont indispensables dans le processus
d’intégration de la RSE. De plus, une étude réalisée par Morsing et Oswald (2009) démontre
d’une part, que les systèmes de contrôle formel, tel que le Balanced Scorecard, permet de
mesurer les pratiques RSE, et d’autre part que les systèmes de contrôle informel, notamment la
culture organisationnelle, assure la gestion des pratiques responsables par le biais du leadership
de la direction. En outre, une étude menée par Riccaboni et Leone (2010) montre que les
76
systèmes de contrôle formel et informel transforment la stratégie RSE en actions et apportent
des modifications à ces dernières en fonction des changements stratégiques. Une autre étude
(Arjalies et Mundy, 2013) montre également que les systèmes de contrôle de gestion,
notamment les systèmes interactifs, permettent d’intégrer les attentes des parties prenantes (les
ONG, les communautés et les investisseurs) dans la démarche RSE. Par conséquent, les SCGR
jouent un rôle central dans l’intégration de la RSE dans les plans et les stratégies de l’entreprise
(Durden, 2008 ; Gond et al., 2012 Crutzen et al., 2017). Dans le contexte des contrôles formels,
Simons (1995) a élaboré un cadre de contrôle basé sur quatre leviers (les systèmes des
croyances, les systèmes de frontières, les systèmes de contrôle diagnostique et les systèmes de
contrôle interactif) à travers lequel les entreprises mettent en places les stratégies. Ces leviers
de contrôle peuvent être utilisés pour motiver les membres de l’entreprise à mettre en œuvre les
pratiques RSE et à intégrer les attentes des parties prenantes. Les systèmes de croyances
peuvent être mobilisés afin d’intégrer et renforcer des valeurs responsables au sein de
l’entreprise. Les systèmes de frontières peuvent être utilisés par l’entreprise pour mettre en
évidence les menaces environnementales. Autrement dit, l’audit environnemental rappelle aux
employés les principaux risques de l’entreprise (Schaltegger et Burritt, 2010). En outre, les
systèmes de frontières s’appuient sur des normes ou des lignes directrices afin de mieux gérer
les incertitudes sociales et environnementales ainsi que les coûts de la non-conformité (Arjaliès
et Mundy, 2013 ; Laguir, et al., 2019). Par ailleurs, les systèmes de contrôle diagnostique vont
permettre de mieux gérer les coûts de la démarche responsable. En effet, la réussite d’une
politique RSE dépend fortement de la capacité de l’entreprise à identifier les bénéfices de la
RSE pour développer un avantage concurrentiel (Arjaliès et Mundy, 2013). Les pratiques RSE
qui ne sont pas accompagnées de résultats mesurables sont susceptibles d’être négligées (Gond
et al., 2012). Ainsi, la mesure de la RSE permettra d’assurer un suivi et de contrôler la
conformité de l’engagement de l’entreprise. Les systèmes de contrôle interactif peuvent
également être utilisés pour promouvoir les pratiques RSE. Ces systèmes permettent aux
dirigeants d’obtenir des informations sur la démarche responsable de leur entreprise et de
découvrir de nouvelles pratiques RSE (Gond et al., 2012).
Enfin, les systèmes de contrôle informels vont favoriser un climat organisationnel, à travers des
valeurs responsables pour orienter le comportement des parties prenantes vers la RSE (Laguir,
et al., 2019). Dans cette perspective, Bedford et al., (2016) affirment que l’atteinte des objectifs
sociaux et environnementaux de l’entreprise nécessite la réunion des systèmes de contrôle
formel et informel. Les deux composantes des SCGR doivent fonctionner conjointement afin
de motiver le dirigeant à développer un comportement responsable (Crutzen et al., 2017).
Néanmoins, peu d’études se sont intéressées au rôle des SCG dans la mise en place d’une
77
démarche de RSE (Arjaliès et Mundy, 2013 ; Gond et al., 2012, Perez et al., 2007) et son
influence sur la performance, tout particulièrement dans le contexte des petites et moyennes
entreprises (PME). Perrini et Tencati (2006) ont toutefois proposé un modèle de tableau de bord
nommé « The sustainability evaluation and reporting system » (SERS) applicable, selon eux,
dans tout type d’organisation. L’objectif de ce tableau de bord est de proposer une méthodologie
efficiente qui agit sur l’évaluation de la performance de l’entreprise à travers des indicateurs
RSE et d’intégrer ces derniers dans la prise de décision. De leur côté, Wolff et Bosia (2014) ont
conçu un tableau de bord synthétique qui permet de simplifier la mise en œuvre et le pilotage
des pratiques RSE dans les PME. Nous pourrions également citer le bilan sociétal du CJDES,
le SD 21000, l’AFAQ 26000 ou le label Lucie (Capron, 2012).
L’objectif de notre travail de recherche est de permettre de combler des lacunes dans la
recherche en explorant les systèmes de contrôle de gestion mobilisés dans le contexte des PME.
De plus ce travail permet d’examiner en profondeur rôle des SCGR dans le déploiement des
pratiques RSE et dans le pilotage et l’amélioration de la performance globale des PME.
78
Conclusion de la section 2
Cette section est focalisée sur le rôle des SCGR dans la gestion des pratiques RSE. Les
entreprises ayant pour but d’intégrer la RSE modifient la conception des systèmes contrôle de
gestion traditionnels en intégrant les dimensions de la RSE afin de contrôler les interactions de
l’entreprise avec la société et l’environnement. Dans cette perspective les SCGR sont mobilisés
dans le cadre d’un engagement responsable. Cet engagement est assuré par des dispositifs de
formalisation de la RSE, notamment les labels et les certificats RSE qui s’appuient, d’une part,
sur des lignes directrices pour guider le comportement de l’entreprise et d’autre part, sur l’audit
pour vérifier la conformité des pratiques RSE aux normes responsables (Cochoy, 2007). Les
leviers de contrôle de Simons (1995) peuvent être utilisés pour motiver les membres de
l’entreprise à mettre en œuvre les pratiques RSE et intégrer à leurs objectifs les attentes des
parties prenantes. À ce titre, ces leviers de contrôle permettent de renforcer les valeurs
responsables, mettre en évidence les principaux risques et gérer les incertitudes
environnementales et sociales, mesurer et contrôler la conformité des pratiques responsables,
et promouvoir la RSE au sein de l’entreprise.
Toutefois, le rôle des SCG est peu étudié dans le processus de mise en place des pratiques
responsables (Arjaliès et Mundy, 2013 ; Gond et al., 2012, Perez et al., 2007) au sein des petites
et moyennes entreprises. Ces dernières sont redevables à la société et doivent assurer un
équilibre entre les attentes des différentes parties prenantes. L’objectif de ce travail doctoral est
de combler des lacunes dans la recherche en explorant le rôle des SCGR dans le cadre de la
démarche RSE en PME.
79
Section 3 : Le lien entre le contrôle de gestion responsable et la performance
globale
80
1. Fondements et émergence de la performance globale
81
et de programmes, de politiques et de résultats observables qui sont liés aux relations sociétales
de l’entreprise ». De son coté, Clarkson (1995) a mis l’accent sur la théorie des parties prenantes
afin de mieux appréhender la performance sociétale. Cette dernière repose sur la gestion des
intérêts des parties prenantes (Gond, 2003). Par ailleurs, la relation entre la RSE et la
performance s’est développée en Europe grâce aux travaux réalisés par un mouvement patronal
nommé « Centre des Jeunes Dirigeants » (CJD), fondé en 1938 afin de défendre les valeurs et
les actions préconisant un libéralisme responsable dans la société (Calme et Bonneveux, 2015).
Le CJD affirme qu’il est nécessaire pour les organisations de parvenir à concilier un ensemble
de performances : 1) la performance économique fondée sur la confiance des actionnaires et
des clients, 2) la performance sociale qui renvoie au bien-être de l’entreprise et des salariés, 3)
la performance environnementale qui implique la minimisation des impacts de l’entreprise sur
l’environnement naturel et 4) la performance sociétale qui prend en considération le rôle de
l’entreprise dans la société et dans le développement du territoire (Berger-Douce, 2014). Pour
plusieurs auteurs, notamment, Reynaud (2003), Baret (2006) et Capron et Quairel-Lanoizelée
(2006), le concept de performance globale se définit comme l’agrégation des performances
économiques, sociales et environnementales correspondant à la prise en compte des trois enjeux
du développement durable nommés « Tripple Bottom line » ou « People, Planet, Profit »
(Elkington, 1997). Quairel (2006, p.1) souligne que la performance globale « représente la
contribution de l’entreprise aux objectifs de développement durable. Elle s’inscrit dans le
contrôle de la RSE. Elle suppose une multiplication des domaines de contrôle et un
élargissement de leur périmètre. Elle implique, en théorie, l’intégration et l’équilibre entre les
objectifs économiques, environnementaux et sociaux ». D’autres auteurs (Caroll, 1997 ;
Wartick et Cochran, 1985 ; Wood, 1991) n’apportent pas de définition spécifique à la
performance globale. Selon eux, cette performance s’exprime à travers le déploiement de la
RSE. La performance globale renvoie donc à un équilibre entre les enjeux de la RSE. En outre,
St-Pierre et Cadieux (2011) ont exploré la performance telle qu’elle est perçue par les dirigeants
de PME et la manière dont elle est influencée par le profil de ces acteurs. Ces auteurs ont
identifié trois types de performance, à savoir la performance personnelle (qui garantit la qualité
de vie du dirigeant), la performance économique (qui génère plus de profit) et la performance
durable (sociale et environnementale).
Néanmoins, il apparaît selon la littérature académique que la mesure de la performance globale
est difficile. Certains chercheurs ont présenté des systèmes de contrôle ayant pour objectif de
mesurer une seule dimension de la performance, notamment les systèmes de contrôle
environnemental (Caron et al., 2007 ; Henri et Giasson, 2006) ou les systèmes de contrôle social
(Naro, 2006). Mais, l’intégration de l’ensemble des piliers de la RSE dans un seul système de
82
contrôle de gestion semble compliquée. Nous détaillons dans le paragraphe suivant les
différents systèmes de contrôle identifiés dans la littérature afin de mesurer la performance
globale.
83
Tableau 6: Les outils de pilotage de la RSE (adapté de Capron et Quairel-
Lanoizelée, 2004)
Niveaux d’application
Nature
Planification Pilotage Audit Reporting
ü EMAS ü Bilan
Environnementale ü ISO 14000 environnemental
ü Eco conception ü EMAS
ü OHSAS 18000 ü Bilan social
(Occupational
Sociale Health and Safety
Assessment Series)
ü Norme SA 8000
ü Sustainability ü Sustainability ü GRI
Balanced Balanced ü Bilan sociétal
Scorecard Scorecard ü Compta sociétale
Globale ü ISO 26000 ü SD 21000
ü Navigateur ü Navigateur
Skandia Skandia
Il en découle que plusieurs systèmes de contrôle permettent de gérer et de mesurer les pratiques
RSE. Nous nous appuyons sur la synthèse Dohou et Berland (2007) afin de présenter et définir
l’ensemble des systèmes de contrôle susceptibles d’intégrer les enjeux de la RSE et de mesurer
les dimensions de la performance globale conjointement ou séparément (tableau 6).
84
Le système communautaire de management
environnemental et d’audit (EMAS) vise à
promouvoir une amélioration continue des
Norme EMAS
résultats environnementaux de toutes les
organisations européennes, ainsi que
l’information du public et des parties intéressées.
L’éco-conception est « une démarche
préventive et innovante qui permet de réduire
Eco-conception
les impacts négatifs du produit, service ou
bâtiment sur l’environnement sur l’ensemble de
son cycle de vie (ACV), tout en conservant ses
qualités d’usage » l’ADEME8 (2012).
Composante du reporting RSE qui vise à
Le bilan communiquer sur les pratiques
environnemental environnementales auprès des parties prenantes.
- Exprimer la contribution, négative ou
positive de l’entreprise à son environnement
- Saisir les effets de la société sur l’entreprise
Comptabilité sociale - Gérer les responsabilités dans les domaines
sociaux et sociétaux et en rendre compte aux
tiers concernés. (Capron, 2000).
8
ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l'Énergie.
9 https://ohsas-18001.fr
85
« Guide pour la prise en compte des enjeux du
Guide SD 21000 développement durable dans la stratégie et le
management de l’entreprise. » (Afnor, 2003)
Elle donne des lignes directrices pour la
Norme ISO 26000
responsabilité sociétale.
Évolutions du
Évolution du BSC en élargissant les champs du
Balanced Scorecard
BSC classique à la RSE.
(BSC)
La notion défend l’idée selon laquelle la
performance globale d’une entreprise doit être
Triple Bottom Line
mesurée en fonction de sa triple contribution à la
reporting
prospérité économique, à la qualité de
l’environnement et au capital social.
Il définit des lignes directrices pour la mise en
œuvre des rapports au développement durable et
Reporting GRI propose des indicateurs de performance répartis
en trois sections, économique, environnementale
et sociale.
« Le bilan sociétal proposé par le Centre des
jeunes dirigeants de l’économie sociale (CJDES)
Performance présente une double originalité : d’une part, il
globale repose sur une évaluation croisée des parties
prenantes, d’autre part, il mobilise une vision
Bilan sociétal
très large des critères d’évaluation correspondant
à différentes logiques. (...) Il met en exergue les
pratiques de l’entreprise dans les domaines
sociétaux » (Capron et Quairel-Lanoizelée,
2010, p.97).
Elle représente un ensemble d’informations qui
permettent d’évaluer la manière dont l’entreprise
respecte son contrat social. (Trebucq, 2006)
Comptabilité « L’entreprise doit rendre compte de l’influence
sociétale de ses actions sur son environnement et mesurer
sa contribution nette sociale, renvoyant en cela à
la problématique des « externalités » positives ou
négatives » (Trebucq, 2006, p.106)
Modèle de tableau de bord suédois qui porte sur
les mêmes axes que le Balanced Scorecard et est
Navigateur de composé du capital humain et du capital
Skandia
structurel (Edvinsson et Malone, 1997) (voir
annexe 6).
Néanmoins les outils exposés ci-dessus ne sont pas exempts de limites. Ces outils proposés
n’intègrent pas tous les trois dimensions de la RSE. De plus, la norme ISO26000 donne des
lignes directrices pour la mise en place des enjeux de la RSE en entreprise, mais ne propose pas
d’outils de mesure pour évaluer les résultats obtenus (Dohou et Berland 2007).
En effet, une étude menée par Berland et Essid (2011) auprès d’une entreprise qui met en place
un système de contrôle de gestion pour mesurer la performance globale a démontré que s’il est
86
possible de prendre en considération les enjeux de la RSE dans un seul système de contrôle de
gestion, des complications peuvent subsister quant à son intégration. Nous détaillons ci-dessous
des systèmes de contrôle intégrant les trois dimensions de la performance globale.
La norme « Global Reporting Initiative » (GRI) peut être considérée comme un outil permettant
de mesurer la performance globale des entreprises. La GRI représente une référence
internationale en matière de reporting de performance globale (KPMG, 2017). Elle propose des
lignes directrices pour la mise en place des rapports du développement durable ainsi que des
indicateurs économiques, environnementaux et sociaux (Dohou et Berland, 2007). Son objectif
principal est d’assurer une transparence des rapports RSE envers les parties prenantes de
l’entreprise (GRI, 2018). Ce référentiel propose ainsi une liste d’indicateurs qui permettent de
mesurer l’avancement des programmes RSE d’une entreprise. Les domaines abordés sont ceux
de l’économie, de l’environnement, des droits de l’homme, des relations sociales, de la
responsabilité vis-à-vis des produits, et de la société (GRI, 2018). Ainsi les entreprises peuvent
s’appuyer sur ces indicateurs comme référence et utiliser également des indicateurs adaptés à
leurs caractéristiques (Asif et al., 2013). Toutefois, la norme GRI a été critiquée par plusieurs
chercheurs qui remettent en question sa capacité à promouvoir la RSE et à assurer la
transparence des organisations en matière de performance globale (Boiral, 2013 ; Milne et Gray,
2013 ; Moneva et al., 2006). En effet, les lignes directrices n’assurent pas la transparence des
rapports RSE. Par exemple, l’analyse des rapports de GRI menée par Boiral (2013) dans le
secteur des mines et de l’énergie illustre qu’une majorité n’a pas réussi à démontrer les impacts
négatifs. De même, Isaksson et Steimle (2009) ont montré, suite à une analyse des rapports
RSE, que les lignes directrices de la GRI n’étaient pas suffisantes pour dévoiler le
87
comportement responsable des entreprises. Néanmoins, les raisons pour lesquelles la GRI ne
parvient pas à promouvoir la RSE semblent peu étudiées.
Le Triple Bottom Line (TBL) a été proposé par Elkington dans les années 90 afin de mesurer
la performance globale en fonction de la triple contribution de l’entreprise au niveau
économique, environnemental et social (Elkington, 1997). Le TBL est souvent nommé « triple
P » : « People, Planet, Profit » (Slaper et Hall, 2011) et représente un bilan composé des trois
volets séparés de la RSE. Cet outil s’appuie sur des valeurs que l’entreprise doit intégrer pour
limiter l’impact de son activité et répondre aux attentes des parties prenantes. La mesure de la
dimension économique n’est désormais plus suffisante, les parties prenantes sont de plus en
plus intéressées par le comportement responsable des entreprises, notamment envers la société
et l’environnement (Jennifer et Taylor, 2007). Ainsi le TBL permet de saisir l’interaction de
l’entreprise avec ses parties prenantes et apporte une vision complète de la performance globale
(Jennifer et Taylor, 2007). Bien que le TBL permette d’assurer un équilibre entre les trois
dimensions de la RSE, ces dernières ne sont pas toujours traitées de la même manière et
certaines dimensions sont susceptibles d’être sous-évaluées (Goh, 2017).
Le « Sustainability Balanced Scorecard » (SBSC) (Bieker, 2002 ; Figge et al., 2002 ; Hockerts,
2001 ; Naro et Noguera, 2008) est inspiré du modèle initial du Balanced Scorecard (BSC)
(Kaplan et Norton, 1992 et 2001a). Le BSC porte sur des indicateurs de performance qui
permettent de mesurer et de gérer les objectifs stratégiques de l’organisation (Kaplan et Norton,
1992). Ces indicateurs sont classés en quatre axes, finance, clients, processus interne et
apprentissage organisationnel (voir annexe 7). Le SBSC diffère du BSC classique en
intégrant les objectifs de la RSE et la mesure de la performance globale. Le modèle de SBSC
proposé par Hockerts (2001) représente une extension du BSC classique en intégrant des
indicateurs de mesure de la performance sociale et environnementale. Bieker (2002) quant à lui
modifie la structure de BSC traditionnel en ajoutant un cinquième axe intitulé « axe sociétal ».
Selon Bieker (2002), l’approche sociétale est une dimension essentielle à la survie de
l’entreprise et il précise que l’ensemble des axes sont interdépendants. Par ailleurs, les travaux
de Biecker (2002) et Meyssonnier et Rasolofo (2008) révèlent que le système de contrôle de
88
gestion le plus mobilisé dans la mesure de la performance globale est le Balanced Scorecard
développé par Kaplan et Norton (2001) en raison de sa capacité à intégrer des indicateurs de la
RSE. En effet, le BSC classique ne permet pas de mesurer la performance globale. Par
conséquent, Bieker (2002) et Hockerts (2001) ont modifié la structure du BSC en lui ajoutant
un axe RSE ou des indicateurs de mesure de la performance environnementale et sociale. Selon
l’ouvrage de Simons (1995), le BSC représente un exemple de système de contrôle
diagnostique. Naro et Travaillé (2011) rappellent que le BSC peut également constituer un
système de contrôle interactif favorisant l’émergence de stratégies et l’apprentissage
organisationnel. Ces auteurs ont toutefois signalé l’absence d’exemples d’utilisation de BSC de
manière interactive dans les travaux de Kaplan et Norton (1996, 2001b). En effet, Kaplan et
Norton (2001) ont noté que le BSC peut être appliqué dans le cadre des PME, car ces dernières
sont considérées comme de « grandes entreprises en modèle réduit » (Julien, 2005). Selon eux,
le BSC représente un modèle universel de la mesure de la performance, nécessitant une
adaptation selon le contexte de l’entreprise (Bourguignon et al., 2002). Les PME se distinguent
des grandes entreprises par leurs propres spécificités (Julien, 2005 ; Torres, 2007), d’où la
nécessité de s’interroger sur le fait qu’elles requièrent des systèmes de gestion de performance
au même titre que les grands groupes (Oriot et Misiaszek, 2012).
Le BSC permet de formaliser la stratégie de l’entreprise. Certains chercheurs encouragent les
PME à mobiliser cet outil afin de gérer les incertitudes et accroître la compétitivité (Naro, 2006 ;
Santin et Van Caillie, 2006). Toutefois, certaines contraintes peuvent empêcher le déploiement
du BSC dans les PME, notamment le manque de temps et de ressources financières et humaines
(Hudson et al., 2001 ; Marchesnay, 1993). De plus, rares sont les travaux ayant étudié le BSC
dans le contexte des PME (Oriot et Misiaszek, 2012).
89
maintenir leur relation avec les parties prenantes (Asif et al., 2013). Plusieurs systèmes de
contrôle permettent à l’entreprise de communiquer sur ses pratiques responsables, notamment
le reporting GRI, le rapport annuel de l’entreprise, les rapports extra-financiers, le site Internet
(Holder-Webb et al., 2009 ; Ziek, 2009).
Les systèmes de contrôle de gestion dédiés à la performance globale ont donc émergé de la
littérature, mais, du fait de leur complexité et des procédures formelles, ils ne conviennent pas
aux PME (Perrini et Tencati, 2006). Les travaux de Murillo et Lozano (2006) soulignent
pourtant que les liens qu’établissent les PME entre la RSE, la rentabilité et la compétitivité sont
importants et nécessitent la mise en place d’outils. Les caractéristiques de la PME permettent
de mieux comprendre comment le dirigeant conçoit la performance globale de son entreprise
et comment il envisage son pilotage (Courrent et Quairel-Lanoizelée, 2012). Il est donc utile de
réaliser des recherches afin d’identifier les SCGR mobilisés par les PME et leur rôle dans la
mesure et le pilotage de la performance globale.
90
Conclusion section 3
De nos jours, le rôle des entreprises envers la société a évolué et ne se limite plus à l’atteinte
d’objectifs financiers pour satisfaire les actionnaires. Il doit également intégrer des
préoccupations environnementales et sociales. Cette démarche représente un véritable levier
permettant d’assurer la pérennité de l’entreprise. À ce titre, le concept de performance s’est
élargi afin de couvrir une vision plus large incluant l’atteinte des objectifs de la RSE
(environnementaux, sociaux et économiques). C’est dans ce contexte qu’a émergé le concept
de performance globale.
Cette troisième section nous a permis de nous pencher sur ce concept. La performance globale
a été définie par plusieurs chercheurs et renvoie à la contribution des entreprises aux enjeux de
la RSE. L’évolution du concept de performance financière vers la performance globale
nécessite l’adaptation des systèmes de contrôle de gestion traditionnels (Ball et Milne, 2005).
En effet, les travaux académiques ont mis en avant des systèmes de contrôle de gestion
responsables pour gérer les pratiques RSE et mesurer les dimensions de la performance globale
conjointement ou séparément. Toutefois, peu de travaux académiques ont mis l’accent sur les
systèmes de contrôle de gestion dédiés à la mesure multidimensionnelle des enjeux de la
performance globale (Global Reporting Initiative, Tripple Bottom Line et Sustainability
Balanced Scorecard). Toutefois, ces systèmes n’ont pas été abordés dans le contexte des PME.
Bien que ces dernières représentent un modèle réduit des grandes entreprises (Julien, 2005),
Kaplan et Norton (2001) ont souligné que le BSC peut être appliqué dans le cadre de ces
entreprises.
En raison de sa capacité à intégrer des indicateurs de la RSE, le Balanced Scorecard est le
système de contrôle de gestion le plus mobilisé dans la mesure de la performance globale
(Biecker, 2002 ; Meyssonnier et Rasolofo, 2008). Ce système peut être appliqué dans le cadre
des PME afin de gérer les incertitudes et accroître la compétitivité (Naro, 2006 ; Santin et Van
Caillie, 2006). Toutefois, le manque de temps et de ressources financières et humaines peut
empêcher la mise en œuvre du SBSC dans les PME (Hudson et al., 2001 ; Marchesnay, 1993).
Notre travail doctoral permet donc d’identifier les différents SCGR mobilisés dans le contexte
des PME et d’étudier leur rôle dans la mesure et le pilotage de la performance globale.
91
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
Après avoir présenté la RSE dans le contexte des PME dans le premier chapitre, le deuxième
chapitre est centré sur le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la
performance globale des PME.
La première section de ce chapitre nous a permis de présenter les systèmes de contrôle de
gestion qui s’appuient souvent sur la mesure financière et représentent un réel levier pour
l’atteinte des objectifs organisationnels. Certains chercheurs ont regroupé l’ensemble des SCG
dans des cadres théoriques afin de mieux saisir leur complémentarité (Malmi et Brown, 2008 ;
Simons, 1995). Dans le cadre de notre travail doctoral, nous mobilisons le cadre de Simons
(1995) du fait qu’il est adapté à notre recherche.
La seconde section apporte un éclairage sur le rôle des systèmes de contrôle de gestion dans le
déploiement des pratiques RSE. La littérature nous a éclairée sur le fait que les SCG nécessitent
d’être adaptés afin de mieux gérer la démarche RSE, d’où l’émergence du concept des systèmes
de contrôle de gestion responsables. Ces derniers permettent à l’entreprise de communiquer sur
ses valeurs responsables, d’identifier les points forts et les points faibles de son engagement,
d’évaluer ses pratiques RSE et d’échanger avec les parties prenantes afin de promouvoir la
RSE. Cette section a également exposé les dispositifs de formalisation de la démarche RSE de
l’entreprise.
Enfin, la troisième section a expliqué le lien entre les systèmes de contrôle de gestion
responsables et la performance globale. Elle a exposé dans un premier temps les fondements de
la performance globale. Dans un deuxième temps, elle a mis en avant le rôle des systèmes de
contrôle de gestion responsables dans la mesure de la performance globale. Selon la littérature,
les SCGR ne sont pas tous dédiés à la mesure multidimensionnelle de la performance globale
et peuvent concerner un ou plusieurs volets de cette dernière. Enfin, nous avons présenté les
SCGR spécifiques à la mesure multidimensionnelle de la performance globale. Nous
synthétisons ainsi dans le modèle ci-dessous le lien entre les systèmes de contrôle de gestion
responsables et la performance globale.
92
Figure 6 : Le lien entre les SCGR et la performance globale
93
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
Dans cette première partie, nous avons abordé les éléments constitutifs de notre cadre
conceptuel et théorique.
Nous avons présenté dans un premier temps le concept de la responsabilité sociale des
entreprises dans le contexte des PME. Cette démarche est souvent influencée par les
motivations du dirigeant, acteur primordial au sein des PME. Par ailleurs, les pressions des
parties prenantes s’avèrent être nécessaires pour favoriser l’engagement responsable des PME.
Le cadre théorique de cette recherche a également été exposé et porte sur la théorie des parties
prenantes et la théorie néo-institutionnelle. La première théorie explique les motivations du
déploiement des pratiques RSE qui peuvent susciter la mise en place des SCGR. La seconde
théorie permet d’identifier les pressions encourageant la mise en œuvre des SCGR.
Dans un deuxième temps, nous avons exposé le lien entre les systèmes de contrôle de gestion
responsables et la performance globale. Il en découle que les SCGR facilitent la gestion des
pratiques RSE. Cela s’explique à travers la diffusion des valeurs responsables auprès des
membres de l’organisation, la gestion des incertitudes sociales et environnementales,
l’évaluation des pratiques RSE et l’échange avec les parties prenantes pour découvrir de
nouvelles pratiques RSE. Nous précisons également le rôle des SCGR dans la mesure et
l’amélioration de la performance globale. Toutefois, les travaux portant sur les SCGR et la RSE
sont peu développés dans la littérature et demeurent inexistants dans le cadre de la performance
globale des PME.
À l’issue de notre revue de littérature, nous proposons la question de recherche suivante :
Quel est le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance
globale des PME ?
94
- Objectif 4 : étudier le rôle des SCGR dans la performance globale des PME.
95
DEUXIÈME PARTIE : ÉTUDE EMPIRIQUE DU RÔLE
DES SYSTÈMES DE CONTRÔLE DE GESTION
RESPONSABLES SUR LA PERFORMANCE GLOBALE
DES PME
96
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
Nous terminerons cette partie par le chapitre cinq qui sera dédié à la discussion des résultats
de notre travail de recherche au regard de la littérature académique.
97
CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
98
Ce chapitre s’articule autour de deux sections. La première section consiste à présenter notre
positionnement épistémologique ainsi que notre démarche méthodologique portant sur l’étude
qualitative exploratoire et la méthode de collecte de données. La seconde section est consacrée
à la description de l’étude de cas, la présentation de l’unité d’analyse et la méthode de recueil
des données.
99
Section 1 : Étude qualitative exploratoire
Dans le cadre de cette première étude qualitative, nous avons réalisé vingt-sept entretiens semi-
directifs auprès des dirigeants des PME françaises pour comprendre comment les dirigeants
perçoivent le rôle des SCGR vis-à-vis de la performance. Ces entretiens ont été menés, en face
à face, dans les locaux des entreprises entre octobre 2017 et mai 2018 à l’aide d’un guide
d’entretien. Les entretiens retranscrits ont été analysés selon une analyse thématique (Bardin,
2003 ; Gavard-Perret et al., 2012). Nous nous sommes appuyée sur le logiciel Nvivo 12 afin de
faciliter la décontextualisation et la recontextualisation des données. Les résultats de cette
recherche nous ont permis de réaliser l’étude de cas.
100
1. Positionnement épistémologique et méthodologique
Notre recherche s’inscrit dans un courant interprétativiste. Plusieurs écoles de pensée ont
contribué au développement du courant interprétativiste. Ce dernier révèle que ce qui est
connaissable dépend de « l’expérience de la vie » de l’individu (Husserl, 1970 cité par Gavard-
Perret et al., 2018). Dans le cadre de ce courant, le processus de connaissance permet de saisir
la construction de sens réalisée dans différentes situations. En effet, la posture interprétativiste
est souvent liée aux études qualitatives et s’appuie sur des processus d’interprétation (Gavard-
Perret et al., 2018). Ce courant permet d’appréhender comment les individus démontrent la
réalité (Allard-Poesi et Maréchal, 2003). Ces derniers rajoutent que la réalité est fondée sur les
expériences des individus concernés par la recherche et des chercheurs. Selon Guba et Lincoln
(1994), de nombreuses réalités découlent de la construction intellectuelle des individus. Ainsi,
la connaissance réalisée doit convenir aux individus étudiés, à travers une interprétation de la
réalité qui nécessite une crédibilité envers ces acteurs (Allard-Poesi et Perret, 2014). Ce courant
n’impose pas de méthode de recherche spécifique (Royer et Zarlowski, 2003). Dans cette
lignée, nous le mobilisons dans le cadre de notre recherche doctorale.
Dans le cadre de notre thèse nous avons réalisé dans une première étape, une recherche
qualitative exploratoire, qui permet, selon Yin, (2011), la compréhension de la vie quotidienne
des différents acteurs, ce qu’ils pensent et comment ils affrontent la réalité. Le choix de cette
approche se justifie par la qualité novatrice de notre problématique de recherche (Wacheux,
1996). En effet, rares sont les travaux ayant abordé le sujet des systèmes de contrôle de gestion
responsables dans le contexte des PME. L’objectif étant d’identifier le rôle des SCGR dans la
performance globale des PME. Cet objectif correspond à l’intérêt de la recherche qualitative
101
développé par Miles et Huberman (2003, p.21) et réside dans « l’identification (et la
catégorisation) d’éléments, l’exploration de leurs relations ». De plus, la recherche qualitative
permet de comprendre le « pourquoi » et le « comment » des phénomènes dans une situation
concrète (Wacheux, 1996). Dans le cadre de notre thèse, nous cherchons à comprendre
pourquoi les SCGR sont mis en place dans le contexte de la RSE et comment ils assurent le
l’amélioration de la performance globale des PME.
Par ailleurs, certains auteurs affirment que l’approche qualitative est largement préconisée dans
le contexte de la RSE en PME (Spence, 2007). De plus, la majorité des travaux antérieurs
portant sur la mise en place des leviers de contrôle et la RSE dans le contexte des grandes
entreprises ont mobilisé des études qualitatives. Autrement dit, l’approche qualitative est plus
appropriée dans l’étude de l’intégration et l’interaction de l’ensemble des leviers de contrôle
(Martyn et al., 2016). Alors que les données quantitatives se concentrent sur l’association de
quelques systèmes de contrôle, notamment les systèmes interactifs et les systèmes de contrôle
diagnostic (Martyn et al., 2016). De plus elles visent à tester des hypothèses et ne prennent pas
en considération les informations spontanées des interviewés. Notre travail de recherche quant
à lui tente d’explorer un phénomène spécifique portant sur le rôle des SCGR dans la
performance globale des PME. Nous cherchons donc à développer des connaissances qui
s’appuient principalement sur les perceptions des dirigeants des PME et le contexte dans lequel
les SCGR sont mobilisés. Ceci s’aligne avec les fondements de notre positionnement
épistémologique notamment, le paradigme interprétativiste. Ainsi, la méthode qualitative nous
semble adaptée à notre recherche afin de connaître le vécu des acteurs. Elle devrait nous
permettre d’identifier les SCGR mis en œuvre dans les PME, l’influence des parties prenantes
et les motivations des dirigeants en matière de mise en place des SCGR. De plus, cette méthode
pourrait nous apporter un éclairage sur la perception des dirigeants du rôle des SCGR dans la
performance globale de PME.
Dans cette thèse nous avons opté pour deux recherches qualitatives. La première porte sur une
étude exploratoire et la deuxième se focalise sur une étude de cas. Nous présentons dans ce qui
suit la manière dont les données de l’étude exploratoire ont été collectées. Ensuite nous
exposons les caractéristiques des PME et dirigeants interrogés.
102
archives. Dans le cadre de notre recherche, nous avons choisi dans un premier de temps de
mener des entretiens semi-directifs exploratoires auprès des dirigeants de PME. Dans un
deuxième temps, nous avons réalisé une étude de cas basée sur des entretiens semi-directifs
auprès des parties prenantes et une analyse des documents internes et externes à l’entreprise
que nous allons présenter dans la section 3 de ce chapitre. Le choix de ces techniques de collecte
de données dépend de la problématique de recherche, de la méthodologie et de la possibilité
d’accéder au terrain d’étude. Dans cette sous-section nous allons présenter la méthode de
recueil de données à travers les entretiens semi-directifs (2.1) et l’échantillon de notre étude
exploratoire (2.2).
Les PME se distinguent par un système de gestion personnalisé par le dirigeant (Marchesnay,
2003). En effet, le dirigeant joue un rôle central au sein de la structure. Cette centralisation se
caractérise par une forte personnalisation du dirigeant dans le processus de prise décision
(Courrent et Quairel-Lanoizelée, 2012). Cet acteur est au courant de toutes les actions mises en
œuvre et prend toutes les décisions importantes. Personne ne connaît mieux son organisation
que lui-même. De plus, Courrent et Quairel-Lanoizelée (2012) ajoutent que l’engagement
responsable des PME dépend fortement de la conception personnelle du dirigeant en matière
de RSE. Il est considéré comme un « agent de moralité » au sens de Quinn et Jones (1995) et
se préoccupe d’apporter des solutions aux problèmes éthiques et moraux au sein de
l’organisation. Selon notre revue littérature, nous remarquons que les dirigeants des PME sont
des acteurs incontournables dans la mise en place de la RSE (Courrent, 2012) et leur rôle n’est
plus à démontrer. Dans cette perspective, nous avons choisi de réaliser des entretiens auprès
des dirigeants de PME afin de répondre à notre problématique de recherche. Ces entretiens
permettent de mieux comprendre comment ces dirigeants interprètent les situations en
s’appuyant sur les valeurs et les croyances (Usinier et al., 2000).
Par ailleurs, Wacheux (1996) a identifié quatre catégories d’entretiens qualitatifs, à savoir 1)
l’entretien directif qui porte sur un ensemble de questions explicites et fermées auxquelles
l’interviewé apporte des réponses directes et précises sans pouvoir les développer ; 2) l’entretien
semi-directif est le plus utilisé en sciences de gestion et repose sur des questions précises qui
permettent à l’interviewé de développer son opinion ; 3) l’entretien non directif se caractérise
par un échange libre à partir d’une thématique proposé par le chercheur ; 4) et enfin l’entretien
103
de groupe consiste à réunir un ensemble de personnes pour saisir des idées et des représentations
suite aux interactions entre les membres du groupe.
Dans le cadre de notre recherche, nous avons choisi la technique des entretiens semi-directifs
qui permet de « recueillir les traces des comportements, les interactions sociales et les
perceptions par le discours des acteurs » (Wacheux, 1996, p.205). Les données de notre étude
ont donc été collectées en réalisant des entretiens semi-directifs non structurés auprès de
dirigeants de PME engagées en matière de RSE. Pour obtenir les informations utiles à notre
recherche, nous nous sommes appuyée sur un guide d’entretien composé de quatre thématiques.
Les dirigeants ont été amenés à répondre à des questions ouvertes. Ce type de questions permet
aux interviewées d’apporter des réponses spontanées. Notre guide d’entretien est centré
principalement sur l’engagement et la motivation des dirigeants en matière de pratiques RSE et
de SCGR ainsi que sur les pressions des parties prenantes sur la mise en place de ces SCGR et
leur rôle dans la performance globale de l’entreprise. L’encadré suivant présente les différents
thèmes abordés dans notre guide d’entretien.
Les entretiens ont été réalisés avec les dirigeants, en face à face, dans les locaux des entreprises
entre octobre 2017 et mai 2018, à l’aide du guide d’entretien. Ils ont duré entre une heure et
deux heures. Tous ont été enregistrés avec l’accord des répondants et entièrement retranscrits.
La taille de notre échantillon a été fixée suite à une saturation sémantique. Cette dernière
consiste à arrêter la collecte d’informations lorsque l’entretien n’apporte plus de nouvelles
connaissances (Glaser et Strauss, 1967 ; Mucchielli, 1991). Nous présentons dans ce qui
suit l’échantillon de notre étude exploratoire.
104
2.2 Présentation de l’échantillon de l’étude exploratoire
Notre première étude exploratoire a été réalisée en nous appuyant sur vingt-sept entretiens semi-
directifs auprès des dirigeants de PME françaises et engagée en RSE. Ces dernières ont été
sélectionnées selon deux méthodes. Dans un premier temps, nous avons approché différents
organismes qui nous ont apporté des informations sur des PME susceptibles d’intégrer notre
échantillon, notamment la communauté Lucie, la Confédération des Petites et Moyennes
Entreprises d’Occitanie (CPME Occitanie), le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD),
l’association de Dirigeants responsables de l’Ouest (DRO), le Global Compact, la communauté
Benefit Corporations (B-Corps) et le réseau Entrepreneurs d’Avenir. Ensuite, nous avons utilisé
la méthode d’échantillonnage « boule de neige ». Nous avons demandé aux premiers dirigeants
de nous diriger vers d’autres PME engagées en RSE, ce qui nous a permis de diversifier nos
sources d’échantillonnage.
Nous avons atteint la saturation théorique au sens de Glaser et Strauss (1967) et Mucchielli
(1991) à partir de 27 entretiens. Nous avons ainsi arrêté la collecte de données, car nous
n’obtenions plus de nouvelles informations. Cette technique nous a aidé à définir la taille de
notre échantillon. En effet, les PME de l’échantillon n’etaient pas représentatives de l’ensemble
des PME françaises. L’échantillon est en effet composé de PME affichant clairement leur
implication en matière de RSE (labélisation Lucie, certifications Afnor, label Palm Verte, label
B-Corp, …).
Parmi les vingt-sept dirigeants de PME que nous avons interrogés, vingt-cinq des répondants
sont des hommes et deux sont des femmes. L’effectif de ces PME varie de 10 à 250 salariés.
Dix-neuf PME sont des petites entreprises (entre 10 et 50 salariés) et huit sont des entreprises
moyennes (entre 50 et 250 salariés). Ces entreprises ont été créées plus ou moins récemment et
ont à leur tête des dirigeants dont la formation varie de Bac à Bac+6. Elles sont toutes reparties
dans différentes régions en France (Île-de-France, Occitanie, Pays de la Loire, Provence-Alpes-
Côte d’Azur et Rhône-Alpes) et exercent leur métier dans des secteurs distincts (le conseil et
audit, la propreté, la communication et l’événementiel, l’informatique, l’industrie et d’autres
secteurs). Le tableau suivant résume les caractéristiques des 27 participants à l’étude.
105
Tableau 9 : Présentation des dirigeants et des PME étudiées
Master
E8 2004 Conseil Ile-de-France (Paris) 48 Homme 48
spécialisé
Diplôme
E9 2001 Conseil Ile-de-France (Paris) 60 Homme 52
d’ingénieur
E10 1985 Communication Occitanie (Toulouse) 20 Homme 53 Master
Diplôme
E17 2011 Conseil Ile-de-France (Paris) 10 Homme 31
d’ingénieur
Provence-Alpes-Côte
E20 1989 Propreté 140 Homme 55 Master
d’Azur (Cannet)
Communication Pays de la Loire
E21 1997 32 Homme 52 Bac+6
et événementiel (Nantes)
Ile-de-France
Communication
E22 2009 (Boulogne- 10 Homme 46 Master
et digital
Billancourt)
Licence et
Ile-de-France
E23 2008 Informatique 18 Homme 43 autre
(Massy)
formation
1994 Ile-de-France
E24 Industrie 500 Homme 49 Master
(Bagneux)
E25 2007 Informatique Occitanie (Toulouse) 10 Homme 43 Master
106
3. Méthodes d’analyse des données qualitatives exploratoires
L’analyse thématique des données que nous avons réalisées se compose de plusieurs étapes.
Après avoir enregistré et retranscrit intégralement les entretiens, nous avons procédé à une pré-
analyse portant sur une lecture « flottante » (Gavard-Perret et al., 2018) afin d’écarter les
informations qui n’avaient pas d’intérêt. Les autres informations ont été affectées à des thèmes
et sous-thèmes. Cette lecture flottante nous a permis de définir une grille de catégories de
codage afin de classer les données par catégories et enfin les analyser. Nous allons commencer
par la présentation de l’analyse thématique des données que nous avons effectué à partir des
données collectées lors des entretiens exploratoires (3.1). Ensuite, nous exposons la méthode
de codage issu de la littérature et des données du terrain (3.2).
L’analyse des données consiste à affiner les réponses obtenues et les regrouper selon des thèmes
afin de tirer des conclusions. Autrement dit, elle permet de « réduire les informations pour les
catégoriser, les mettre en relation, avant d’aboutir à une description, une explication ou une
configuration » (Wacheux, 1996, p.227). Une fois que les données ont été collectées et
retranscrites, nous avons procédé à une analyse thématique (Gavard-Perret et al., 2012). Cette
analyse permet d’identifier « les thèmes récurrents entre les différents documents ou entretiens
du corpus et les contenus qui s’y rattachent » (Gavard-Perret et al., 2018, p. 254). L’analyse de
contenu représente un « ensemble de techniques d’analyse des communications visant, par des
procédures systématiques et objectives de descriptions du contenu des messages, à obtenir des
indicateurs qui permettent l’inférence de connaissances relatives aux conditions de production
et/ou de réception de ces messages » (Bardin, 2003, p.47). Selon ce dernier, l’analyse de
contenu peut correspondre à deux types d’analyse : l’analyse thématique et l’analyse lexicale.
Pour d’autres auteurs, l’analyse thématique est considérée comme une technique à part entière
(Gavard-Perret et al., 2018). La différence avec l’analyse de contenu est que dans l’analyse
thématique, seules les informations pertinentes sont prises en compte vis-à-vis des thèmes
maintenus (Gavard-Perret et al., 2018). En effet, lors des entretiens nous avons jugé que certains
dirigeants avaient abordé certaines informations dans leurs discours qui nous semblaient peu
appropriées et nous avons décidé de les écarter afin de garder les informations les plus
pertinentes. Ainsi, nous avons fait le choix de mener une analyse thématique au sens de Gavard-
Perret et al. (2018) car elle nous semble adaptée à notre recherche. Le principe de l’analyse
107
thématique repose sur une démarche de décontextualisation-recontextualisation du corpus
(Tesch, 1990). Il s’agit d’un découpage de corpus afin d’isoler les extraits de leur contexte.
Ensuite, regrouper tous les extraits ayant le même sens dans le même thème (Dahlsrud, 2008)
pour faciliter l’interprétation. Cette méthode nécessite la retranscription et le codage des
données par thèmes. Nous présentons ainsi notre méthode de codage dans la sous-section
suivante.
Le codage renvoie à une opération technique qui permet de regrouper les données dans des
catégories (Selltiz et al., 1977, cité par Hlady-Rispal, 2002). Il s’agit dans un premier temps de
définir les unités d’analyse (mot, phrase, paragraphe, etc.) afin de réaliser le découpage du
corpus (Gavard-Perret, 2018). Ensuite, il faut établir les catégories pour coder les données
collectées (unités d’analyse identifiées). Ces catégories peuvent être présentées sous forme de
concept ou de thèmes (Blanc et al., 2014) et permettent de rassembler l’ensemble des unités
ayant le même sens (Mucchielli, 2006). Dans notre cas, les catégories correspondent aux thèmes
définis dans notre recherche et qui ont donné lieu aux rubriques du guide d’entretien.
Dans le cadre de notre recherche, nous avons mobilisé deux méthodes de codage (Gavard-
Perret, 2018), à savoir le « codage a priori » et le « codage émergent ». Dans un premier temps
nous avons réalisé un codage à partir des thèmes provenant de la littérature (codage a priori).
Ces thèmes portent sur le profil des dirigeants et de l’entreprise, l’engagement et la motivation
des dirigeants en matière de RSE, et les pressions des parties prenantes en matière de SCGR.
Ensuite, le codage a été complété par des thèmes émergents que nous avons identifiés suite à
une relecture des entretiens (codage émergent). Ces thèmes émergents portent sur le rôle des
SCGR dans la mise en place des pratiques RSE, et le rôle des SCGR dans l’amélioration et le
suivi de la performance globale. Le codage thématique a été réalisé à l’aide du logiciel Nvivo 12
afin de faciliter la décontextualisation et la recontextualisation des données. Ce travail a
nécessité l’importation des entretiens retranscrits qui ont fait un total de 158 pages, dans le
logiciel afin de coder les données dans des thèmes intitulés « nodes » dans le logiciel Nvivo 12.
Nous présentons dans la figure 7 les différentes catégories de codages à travers le logiciel
Nvivo.
Par ailleurs, certains travaux révèlent qu’il existe deux approches d’analyse distinctes :
l’approche verticale et l’approche horizontale (Bardin, 2003 ; Gavard-Perret et al., 2012 ;
108
Hlady-Rispal, 2002). L’approche verticale permet de traiter les données, entretien par entretien
afin de repérer des logiques individuelles propres à chaque répondant. L’approche horizontale
quant à elle, est transversale. Elle consiste à identifier les récurrences dans les corpus et de voir
comment chaque thème du guide d’entretien a été traité par l’ensemble des participants. Pour
analyser les données recueillies, nous avons utilisé l’approche horizontale. Une fois les données
analysées, nous avons interprété les résultats. Ensuite, nous avons comparé ces derniers avec la
revue de littérature.
Après avoir présenté les éléments de notre première étude qualitative, à savoir la méthodologie
de recherche, et la méthode de collecte et d’analyse des données obtenues, nous allons détailler
dans la prochaine section notre deuxième étude qualitative portant sur l’étude de cas.
109
Conclusion de la section 1
110
Section 2 : Étude de cas
Cette section se concentre sur l’étude de cas réalisée auprès d’une PME sélectionnée parmi les
vingt-sept entreprises de la première étude exploratoire. Cette étude de cas a été réalisée pour
compléter les résultats de la première recherche et étudier de manière plus approfondie notre
question de recherche. Nous avons intégré la structure à plein temps pendant cinq semaines
entre mai et juin 2019. Cette immersion nous a permis d’observer ce qui se passe réellement en
entreprise et de collecter un ensemble de données afin de mieux comprendre le rôle des SCGR
dans la performance globale mesurée. Cette recherche s’appuie sur un ensemble de données,
notamment 15 entretiens avec les parties prenantes internes et externes de l’entreprise, des
observations non participantes et des documents internes et externes de l’entreprise. Nous avons
ensuite analysé les données à travers une analyse thématique. L’objectif de cette section est de
présenter la démarche méthodologique, la collecte des données et l’analyse des données.
111
1. Présentation de la méthodologie de recherche : étude de cas
Les premiers résultats de notre étude exploratoire qualitative ont été complétés à travers une
étude de cas auprès d’une PME faisant partie des vingt-sept entreprises de l’échantillon de la
première recherche exploratoire. Nous allons définir dans ce qui suit la méthode de cas, ensuite
nous justifierons le choix de l’étude de cas unique ainsi que de l’entreprise retenue pour cette
seconde étude empirique.
L’étude de cas est considérée comme l’une des méthodologies les plus mobilisées dans les
études qualitatives (Stake, 2005). Elle permet de collecter des informations nécessaires sur une
organisation, une personne ou un ensemble d’individus afin de mieux comprendre son
comportement en situation réelle (Berg, 2000). En effet, plusieurs auteurs ont tenté de définir
l’approche de l’étude de cas. Selon Wacheux (1996, p. 89), cette méthodologie de recherche
représente « une analyse spatiale et temporelle d’un phénomène complexe par les conditions,
les événements, les acteurs et les implications ». Pour Yin (2003, p.13), l’étude de cas se définit
comme « une méthode empirique qui explore un phénomène (le cas) contemporain en
profondeur dans son contexte réel, lorsque les frontières entre phénomène et contexte ne sont
pas clairement évidentes » (Yin, 2017, p.15). Elle consiste à apporter des réponses aux
questions de type « comment » ou « pourquoi » (Yin, 2003, p.9 ; Yin, 2017, p.13). De plus, elle
permet de comprendre un environnement à travers le recueil de données diverses via
l’observation et l’entretien (Gombault, 2005 ; Hlady-Rispal, 2002). Les dispositifs de collecte
de données mobilisés dans une étude de cas permettent d’obtenir des informations riches et
approfondies (Barlatier, 2018). L’objectif était d’identifier le rôle des systèmes de contrôle de
gestion responsables dans la performance globale mesurée. Cette question est peu appréhendée
dans la littérature académique, notamment dans le contexte des PME. Ainsi, notre recherche
vise à comprendre pourquoi les SCGR sont instaurés dans le contexte de la RSE et comment
ils agissent sur la performance en PME. Dans cette perspective, nous cherchons à explorer un
phénomène émergent d’où la nécessité d’opter pour une méthode de recherche qualitative axée
sur une étude de cas au sens de Yin (2003). Cette méthodologie de recherche nous permet de
parcourir de nouvelles pistes et d’étudier le cas en profondeur afin de compléter les résultats de
la première étude exploratoire et d’apporter des réponses sur le rôle des SCGR dans le pilotage
112
de la performance globale. Cette méthode de recherche nous permet aussi de réaliser une
comparaison entre, les résultats obtenus en termes de performance mesurée et les résultats de
la première étude exploratoire portant sur la performance perçue.
La littérature antérieure révèle que la méthode de cas repose sur un cas unique ou des cas
multiples. Les études de cas multiples s’appuient sur la logique de « réplication » (Yin, 2017).
Ils sont préconisés lorsque le chercheur dispose du choix des cas et des ressources nécessaires
pour la réalisation des études de cas (Yin, 2003, 2017). La multiplicité des cas permettra de
démontrer des résultats similaires ou distincts des cas étudiés ce qui renforcera la validité
externe de l’étude (Yin, 2017). Toutefois, ce dernier affirme que cette multiplicité des cas
nécessite souvent du temps et des ressources qui dépassent les moyens des chercheurs.
L’étude de cas unique est utilisée en sciences de gestion pour étudier un cas rare et unique,
jamais étudié (Yin, 2017). Elle assure une meilleure compréhension du phénomène étudié et
apporte de nouvelles connaissances sur le sujet. La validité externe de ses résultats peut être
réalisée en les comparants avec les travaux académiques (Eisenhardt, 1989). En effet, certaines
raisons ont été identifiées dans la littérature afin de guider le choix vers une étude de cas unique.
Conformément aux travaux de Yin (2017), cinq situations permettent de justifier le choix d’un
cas unique. Pour la première situation, il s’agit de tester une théorie sur un cas critique afin de
la confirmer, la compléter ou la réfuter. La seconde raison du choix d’une étude de cas unique
se justifie lorsque le cas représente un caractère extrême ou inhabituel. L’unicité du cas découle
ainsi de la rareté du phénomène étudié. La troisième est lorsqu’il s’agit d’un cas commun dont
l’objectif est de saisir les circonstances et les conditions d’une situation quotidienne. La
quatrième porte sur un cas révélateur d’un phénomène inaccessible dans la recherche
scientifique. Enfin, une étude de cas unique est recommandée dans le contexte d’une étude
longitudinale dont l’objectif est d’étudier l’évolution des phénomènes au cours du temps.
Néanmoins, la méthode de cas unique comporte également des limites, notamment l’absence
de généralisation des résultats et sa forte idiosyncrasie (Hlady-Rispal, 2002).
Dans le cadre de notre recherche, nous avons mobilisé une étude de cas unique pour certaines
raisons. Dans un premier temps, l’unicité de cas permet selon Armato et Caren (2002)
d’expliquer un phénomène, de manière plus approfondie et d’apporter la description d’une
situation qui ne requiert pas explicitement une comparaison intersites (Darke et al., 1998). La
113
méthode de cas unique est souvent préconisée dans les perspectives interprétatives (Thietart et
al., 2014). Le choix de l’entreprise a été fait selon des critères issus de la première étude
qualitative exploratoire : il fallait d’une part sélectionner une PME qui faisait partie de
l’échantillon de la première étude et qui mettait en place l’ensemble des SCGR. D’autre part, il
fallait que les parties prenantes les plus importantes dans la mise en place des SCGR soient les
salariés, les clients et les fournisseurs. De plus, nous nous sommes appuyés sur l’une des cinq
raisons proposées par Yin (2017) afin de justifier notre choix en termes de cas unique. Cette
raison porte sur la rareté du cas et sa particularité (Yin, 2017) qui sont susceptibles de révéler
de nouvelles informations (Stake, 1994 cité par Hlady-Rispal, 2002). Pour expliquer cela, la
PME que nous avons sélectionnée fait partie des vingt-sept PME de la première étude
exploratoire et se distingue par un caractère unique (Yin, 1990, cité par Hlady-Rispal, 2002).
Elle est la première à avoir été labéllisée RSE (Label Lucie) dans son secteur d’activité, celui
de l’expertise comptable. Elle met en place différents systèmes de contrôle de gestion
responsables. Son dirigeant révèle que les parties prenantes les plus importantes dans la mise
en place de la démarche RSE sont les salariés, les clients et les fournisseurs. De plus,
l’entreprise dispose dans son équipe d’une responsable RSE en charge des missions extra-
financières, ce qui est rare dans les PME et plus particulièrement en cabinet d’expertise
comptable.
Au-delà des cas uniques ou multiples, l’étude de cas peut porter sur une ou plusieurs unités
d’analyse ce qui renvoie à un design holistique ou enchâssé (Yin, 2017). L’approche holistique
porte sur une seule unité d’analyse tandis que l’approche enchâssée s’appuie sur plusieurs unités
d’analyse. Yin (1994, 2003, 2017) identifie quatre types d’études de cas en fonction du nombre
et du design des cas, à savoir : l’étude de cas unique holistique qui porte sur une seule unité
d’analyse, l’étude de cas unique enchâssée qui s’appuie sur plusieurs unités d’analyse au sein
d’un seul cas, l’étude de cas multiple holistique qui couvre plusieurs cas et chacun représente
une unité d’analyse, et l’étude de cas multiple enchâssée qui étudie plusieurs cas et chaque cas
repose sur plusieurs unités d’analyse. Le tableau ci-dessous présente les différents types de
designs d’étude de cas.
114
Tableau 10 : Les différents types de design des études de cas (adapté de Yin,
2017, p. 48)
Ainsi, notre choix porte sur une étude de cas unique holistique (type 1) reposant sur une seule
unité d’analyse, notamment la PME E16, car nous nous intéressons à l’entreprise sélectionnée
dans son ensemble. Cette étude de cas a duré cinq semaines (entre mai et juin 2019) et nous a
permis de mieux comprendre le fonctionnement des SCGR au sein de l’entreprise et de collecter
les données nécessaires pour répondre à notre problématique.
Notre étude de cas unique a été menée auprès de l’entreprise E16 qui fait partie des vingt-sept
PME de l’échantillon de la première étude qualitative exploratoire.
Créé en 1989 à Paris, E16 est une PME de 150 salariés et se situe dans le secteur de l’expertise
comptable. Elle accompagne 2500 clients en expertise-comptable, audit, fiscalité, gestion de
patrimoine, conseils juridiques... Ses principaux clients sont des PME, des startups et des ETI.
L’entreprise dispose de quatre sites implantés dans la région Île-de-France. En 2018,
l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 14,7 millions d’euros. Sa démarche RSE a débuté en
2008 avec le recrutement d’une responsable RSE en charge des missions extra-financières,
chose inhabituelle dans les PME et les cabinets d’expertise comptable. Dans le cadre de cette
démarche, l’entreprise a réalisé une auto-évaluation interne portant sur les thématiques de la
norme ISO 26000 avant qu’elle soit auditée par l’agence Vigeo. En 2012, elle est la première à
être à être labéllisée Lucie (label RSE basé sur la norme ISO 26000) dans son secteur d’activité.
De plus, elle a été récompensée par l’IFEC pour son engagement RSE. Le cabinet a été Lauréat
des trophées Social et Ressources Humaines de l’IFEC (syndicat majeur de la profession
comptable dans la catégorie RSE). Le cabinet dispose également de différents SCGR afin de
gérer et faciliter la réalisation d’actions responsables. Son engagement RSE s’articule autour
de trois grandes thématiques, notamment la prise en compte des parties prenantes, l’engagement
sociétal et le respect de l’environnement naturel. Le tableau ci-dessous synthétise les
115
caractéristiques de l’entreprise étudiée.
L’objectif de notre recherche est d’étudier de manière plus approfondie les rôles des SCGR
dans la mesure de la performance globale de l’entreprise. Dans cette perspective nous avons
opté pour la méthode d’étude de cas. Cette technique a été réalisée en nous appuyant sur le
recueil des données primaires (entretiens semi-directifs) et des données secondaires
(documentation interne et externe à l’entreprise) et sur l’observation. Les entretiens et la
documentation représentent « deux sources incontournables lorsque l’on s’intéresse aux
acteurs, à l’organisation et aux comportements des acteurs dans l’organisation » (Wacheux,
1996, p.192). Une partie de notre question de recherche porte largement sur le comportement
des acteurs dans la mise en place des SCGR. Ainsi, Ces méthodes de collecte de données nous
semblent appropriées afin d’apporter des éléments de réponses à notre question de recherche.
Nous allons ainsi présenter dans les paragraphes suivants les données primaires (2.1) et les
données secondaires (2.2) que nous avons collectées pour répondre à notre problématique.
La nature de notre méthode de recherche nous a conduit à réaliser dans un premier temps des
entretiens semi-directifs en face à face, avec les parties prenantes de l’entreprise. La technique
des entretiens constitue une source essentielle de données pour les études de cas (Yin, 2017).
116
En effet, nous nous sommes intéressés à la perception des parties prenantes impliquées dans
l’engagement de l’entreprise en matière de SCGR. Ces parties prenantes vont nous permettre
de comprendre comment elles perçoivent l’engagement de l’entreprise en matière de SCGR et
le rôle de ces derniers dans la performance globale. Cette technique de recueil de données a été
mobilisée afin d’assurer la triangulation des données obtenues.
Les réponses obtenues lors de notre première étude exploratoire ont montré que les parties
prenantes saillantes en matière de RSE sont les salariés, les clients et les fournisseurs dans une
moindre mesure. Nous avons donc jugé qu’il était pertinent pour notre travail de recherche
d’interviewer ces trois catégories de parties prenantes les plus impliquées dans la démarche
responsable. Quinze entretiens ont ensuite été réalisés auprès de onze collaborateurs du cabinet,
deux clients et deux fournisseurs. Le nombre d’entretiens a été défini comme précédemment,
en respectant le principe de saturation sémantique au sens de Glaser et Strauss (1967) et
Mucchielli (1991), qui consiste à arrêter les entretiens lorsque ces derniers n’apportent plus de
nouvelles informations. Les entretiens menés auprès des parties prenantes facilitent une
« compréhension approfondie des phénomènes organisationnels contextualisés » (Demers,
2003, p.176). Ces entretiens ont duré entre trente et soixante minutes. Ils ont tous été enregistrés
et entièrement retranscrits. Les tableaux 12 et 13 résument les caractéristiques des quinze
parties prenantes internes et externes qui participent à l’étude de cas.
117
Tableau 12 : Présentation des parties prenantes internes de la PME étudiée
Les entretiens ont été menés dans les locaux de l’entreprise, à l’aide du guide d’entretien afin
d’orienter les participants vers les principaux thèmes de l’entrevue et les aider à exprimer leur
pensée (Hlady-Rispal, 2002). De plus, Yin (2003, 2017) souligne que le guide d’entretien
permet de minimiser les biais qui risquent d’être causés par les répondants. À cette fin, nous
118
avons élaboré trois guides d’entretien (Encadré 2) adaptés au type de parties prenantes et
portant sur les mêmes thématiques. L’ensemble des participants ont été amenés à répondre à
des questions ouvertes afin de nous faire part de leur perception en matière de SCGR et
performance de l’entreprise.
Ces entretiens ont été accompagnés d’une observation. La méthode d’étude de cas nécessite la
présence du chercheur en entreprise afin d’observer le contexte du phénomène recherché, le
comportement des acteurs et de collecter les données (Wacheux, 1996). L’observation se définit
comme « une technique de collecte de données primaires visibles et audibles » (Gavard-Perret
et al., 2018, p.140). Autrement dit, l’observation permet d’une part, de voir ce que les acteurs
font et comment les phénomènes ou les objets sont utilisés. D’autre part, elle permet d’entendre
ce que disent les acteurs observés.
Cette présence en entreprise nous a donné l’opportunité d’observer son environnement et sa
réalité, et de participer à des événements (Hlady-Rispal, 2002), notamment les réunions et les
événements organisés dans le cadre de la RSE (salon Produrable, vernissage, course des Héros,
journée découverte apiculture, etc.). Ces observations ont facilité la compréhension des rôles
des acteurs ainsi que des SCGR sur de la performance globale. Durant cette observation, nous
avons pris des notes afin de construire un corpus de données qui vont apporter des réponses à
notre problématique. Notre prise de note permet de décrire la situation observée en termes de
SCGR et de comportements des acteurs.
119
2.2 Le recueil des données secondaires : la documentation
Nous nous sommes également appuyée sur des données secondaires afin de compléter les
données primaires. Il s’agit tout d’abord de documents internes obtenus en entreprise, à savoir
les rapports intégrés avec des indicateurs RSE, le rapport d’audit RSE de la labellisation Lucie,
le bilan carbone, les mailings de la semaine du développement durable, les comptes rendus des
réunions mensuelles (auxquelles nous avons assisté), les documents de sensibilisation à la RSE
distribués en interne. Nous avons également analysé les documents externes, notamment le site
internet du cabinet et la charte RSE des fournisseurs. L’analyse de ces données secondaires
permet une meilleure compréhension du contexte (Yin, 2003, 2017). De plus, elle assure la
triangulation entre les données recueillies à travers les entretiens, la documentation et
l’observation. Ces données secondaires ont complété les données primaires afin de mieux
comprendre le rôle des SCGR dans la performance globale mesurée de l’entreprise. Le tableau
suivant récapitule les documents internes et externes de l’entreprise.
Après avoir collecté les données primaires et secondaires de notre étude de cas, nous avons
procédé à une analyse en deux étapes. Dans un premier temps, nous avons réalisé une pré-
120
analyse portant sur une « lecture flottante » (Gavard-Perret et al., 2018) des données collectées.
Nous avons ensuite effectué une analyse thématique (Gavard-Perret et al., 2018) que nous avons
expliquée dans le paragraphe 4 de la section 2. En effet, nous sommes confrontés à une
multiplicité de sources de données.
Cette analyse a été réalisée en nous appuyant sur les thèmes du guide d’entretien construit à
partir de la littérature (codage a priori) et complétés par une thématique qui a émergé du terrain
(codage émergent). Cette thématique porte sur le rôle des SCGR dans la mesure et le pilotage
de la performance globale. Nous présentons ci-dessous notre grille thématique. Pour réaliser
cette analyse, nous avons opté pour la méthode horizontale qui est transversale. Elle nous a
permis de saisir comment chaque thème a été traité par l’ensemble des participants. Le codage
des données a été réalisé avec le logiciel Nvivo 12 qui nous a aidé à coder le corpus à partir des
thèmes issus de la littérature et du terrain. Cette méthode d’analyse est identique à celle de
l’étude exploratoire. Nous avons débuté notre analyse par les données obtenues lors des
entretiens. Ensuite, nous avons examiné notre prise de note issue de l’observation. Enfin, nous
avons étudié les données secondaires (la documentation).
121
Conclusion de la section 2
Cette section avait pour but de présenter notre deuxième méthode de recherche, à savoir l’étude
de cas qui a duré cinq semaines, entre mai et juin 2019. Nous avons défini le choix de l’étude
de cas réalisée auprès d’une PME engagée en RSE afin de compléter les premiers résultats de
la première étude exploratoire. Quinze entretiens auprès des parties prenantes saillantes
(salariés, clients et fournisseurs) ont été menés pour mieux saisir leur perception en matière
d’engagement de l’entreprise et leur influence dans la mise en place des SCGR. Des
observations non participantes ont complété les résultats obtenus suite aux entretiens et ont
facilité la compréhension du rôle des acteurs en matière de déploiement des SCGR. Enfin, la
collecte de données secondaire (la documentation) a été réalisée pour étudier le lien entre les
SCGR et la performance mesurée.
L’analyse des données a été réalisée en deux étapes. La première porte sur une lecture
flottante des données collectées. La deuxième s’appuie le codage thématique basé sur le codage
a priori et complété par le codage émergent. Nous présentons dans le chapitre suivant les
résultats des deux études qualitatives ainsi que la discussion au regard de la littérature.
122
CONCLUSION DU CHAPITRE 3
Ce troisième chapitre expose notre posture épistémologique ainsi que notre démarche
méthodologique qui porte sur deux études qualitatives : étude exploratoire et étude de cas
unique.
Notre travail de recherche s’inscrit dans un courant interprétativiste qui permet de comprendre
comment les individus expliquent la réalité en s’appuyant sur leurs propres expériences (Allard-
Poesi et Maréchal, 2003). Dans cette perspective, une étude qualitative exploratoire a été menée
afin comprendre comment les dirigeants des PME perçoivent le rôle des SCGR dans la
performance globale. Ensuite nous avons mené une étude de cas pour mieux saisir le rôle des
SCGR dans la performance globale mesurée.
L’étude qualitative exploratoire s’appuie sur vingt-sept entretiens semi-directifs auprès des
dirigeants des PME engagées en RSE. Cette étude permet d’apporter des réponses spontanées
sur les SCGR mobilisés, les motivations des dirigeants à mettre en place les SCGR, les
pressions des parties prenantes en matière de déploiement des SCGR et le rôle de ces derniers
dans la performance globale perçue. L’étude de cas unique complète la première étude
qualitative et porte sur une entreprise engrangée en RSE afin d’étudier le rôle des SCGR dans
la performance globale mesurée. Les données de cette étude ont été collectées suite à des
entretiens, des observations et des documents internes et externes de l’entreprise.
La méthode d’analyse des données a été également exposée dans ce chapitre. Nous avons mené
une analyse thématique au sens de Gavard-Perret et al. (2018) qui a nécessité la retranscription
et le codage des données par thèmes. Le codage a été réalisé à partir des thèmes provenant de
la littérature (codage a priori) et complété par des thèmes émergents que nous avons défini suite
à une relecture des entretiens (codage émergent).
Ce chapitre a été consacré à la démarche méthodologique de notre travail doctoral, le prochain
chapitre sera centré sur les résultats des deux études qualitatives. Ensuite, nous discutons les
résultats que nous avons obtenus au regard des travaux antérieurs et nous présentons les apports
théoriques, méthodologiques et managériaux ce travail de recherche.
123
CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION DES RESULTATS DE L’ETUDE
EMPIRIQUE
Ce chapitre est consacré à la présentation des résultats issus de l’étude exploratoire et l’étude
de cas. Nous montrons le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la
performance perçue (section 1) et la performance mesurée (section 2).
Les entreprises ont eu recours à des pratiques RSE afin de répondre aux attentes des parties
prenantes. Ces pratiques sont associées à des systèmes de contrôle de gestion responsables pour
faciliter leur mise en palace.
Les SCGR jouent un rôle central dans la performance globale des PME. La première section
est axée sur le rôle des SCGR dans l’amélioration de la performance. Elle présente les différents
SCGR mobilisés par les PME. De plus, elle expose les pressions des parties prenantes et les
motivations des dirigeants à recourir à des SCGR.
124
Section 1 : Analyse des résultats de l’étude qualitative exploratoire
Cette première section présente les résultats de l’étude qualitative exploratoire, fondés sur
vingt-sept entretiens semi-directifs auprès des dirigeants de PME responsables. Nos résultats
sont focalisés sur le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance
perçue par les dirigeants des PME.
Dans un premier temps, nous présentons les résultats relatifs à l’engagement responsable des
PME en matière de pratiques RSE et les systèmes de contrôle de gestion responsables. Nous
exposons ensuite les motivations du dirigeant en matière de mise en place des SCGR. Les
pressions des parties prenantes sur la mise en place des SCGR sont également évoquées. Enfin,
nous détaillons le rôle des SCGR dans la performance perçue par les dirigeants. Dans cette
perspective, deux rôles distincts des SCGR sont exposés : le déploiement des pratiques RSE et
l’amélioration de la performance globale.
125
1. L’engagement responsable des PME : pratiques de RSE et SCGR
Les résultats de l’étude exploratoire mettent en évidence la présence des pratiques de RSE
(sociales, environnementales et sociétales) dans les PME étudiées ainsi que de différents
systèmes de contrôle de gestion responsables. Dans un premier temps nous allons détailler les
différentes pratiques de RSE mises en place par l’ensemble des PME. Ensuite, nous allons
présenter les SCGR mobilisés afin d’accompagner les pratiques RSE.
Les PME de l’échantillon ont toutes entrepris des pratiques entrant dans le cadre de la RSE.
Qu’il s’agisse des pratiques sociales (annexe 2), environnementales (annexe 3) et sociétales
(annexe 4), et même si elles ne sont pas toujours désignées en des termes similaires, des
pratiques RSE sont réalisées dans les 27 PME de notre échantillon. Les résultats de notre étude
dévoilent que les entreprises mettent en place des pratiques RSE en prenant en considération
les attentes de leurs principales parties prenantes, notamment, les salariés, les clients et les
fournisseurs.
Au niveau social, les entreprises sont conscientes de l’importance des salariés et mettent en
place des pratiques sociales afin de répondre à leurs attentes. Le dirigeant de l’entreprise E2
affirme que « pour le social, on respecte tout ce qui est pénibilité, le confort des salariés sur
les sites, on a une formation continue pour nos salariés. » (E2). De plus, le dirigeant de
l’entreprise E18 propose des solutions afin de minimiser les accidents du travail « On a mis en
place des PTI (protections du travailleur isolé) (…). On essaie de trouver une solution pour
diminuer le taux d’accident au travail » (E18).
Par ailleurs, les dirigeants veillent à améliorer les conditions de travail en assurant un équilibre
vie professionnelle et vie privée : « on a mis en place des jours « enfant malade » (…). Cela
veut dire qu’une personne qui a un enfant malade de moins de 13 ans, a droit jusqu’à trois
jours de congé pour rester avec lui sans entamer ses congés payés. » (E9). Les dirigeants de
PME proposent également le télétravail tout en mobilisant les moyens nécessaires pour
126
travailler à distance « on a mis en place du temps partiel, du télétravail, les gens travaillent une
fois par semaine de chez eux, donc, pour éviter le transport, ils viennent travailler 4 jours par
semaine au lieu de cinq, on met en place un serveur et tout un système pour qu’on puisse
travailler de l’extérieur. » (E4). Certaines entreprises sont assez flexibles au niveau des horaires
de travail : « On a des horaires flexibles, chacun vient quand il veut et part quand il veut »
(E13). Les collaborateurs peuvent gérer eux-mêmes les horaires de travail : « il y a une très
grande liberté sur les horaires, il n’y a pas de pointage, les gens ont des choses à faire ils
s’organisent entre le bureau et chez eux pour les faire, et ils vont gérer eux-mêmes leurs
horaires. » (E6)
Les dirigeants assurent le développement des compétences de leurs salariés. De ce fait, ils
proposent des formations aux collaborateurs : « On fait plein de choses dans le social, par
exemple on dépense 7 % du chiffre d’affaires en formation, on a un parcours de
professionnalisation » (E8), et favorisent la transmission de savoir-faire : « On a un équilibre
chez nous sur le sujet de la transmission de savoir-faire » (E21). En outre, les entreprises
accordent une grande importance au bien-être au travail. Dans cette perspective, les entreprises
proposent des activités aux collaborateurs afin de casser la routine et éviter le stress au travail.
Par exemple, le dirigeant E24 affirme « On a un club d’activité sportive pour que les salariés
puissent faire du sport entre midi et deux, on fait des sorties pour les salariés ». Le dirigeant E7
rajoute, que son entreprise propose des fruits, des séances de massage et des congés solidaires
à ses collaborateurs : « toutes les semaines on a un panier de fruits qui est déposé dans
entreprise, et donc les collaborateurs ont la possibilité de manger des fruits en entreprise. On
propose des massages à nos collaborateurs, on a mis en place des congés solidaires. (…) Donc,
c’est totalement gratuit, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’impact autre que le bien-être du salarié »
(E7). Dix-huit entreprises sur vingt-sept proposent des activités similaires. De plus, certaines
entreprises établissent des enquêtes de bien-être afin de mieux connaître le ressenti des
collaborateurs. Le dirigeant de l’entreprise E17 révèle « on adresse un questionnaire à
l’ensemble des salariés pour connaître leurs ressentis par rapport au fonctionnement de
l’entreprise » (E17).
Le respect des droits de l’Homme et la lutte contre la discrimination représentent un pilier
fondamental des pratiques RSE. Selon le dirigeant E23, « Il y a la lutte contre la discrimination,
il y a les droits de l’homme dans un sens assez large. (…). Je vais vous donner un exemple, en
ce moment on est rentré en période de ramadan, il y’a une pièce qui est réservée pour ceux qui
font le ramadan, ils peuvent même se reposer » (E23).
Les entreprises de l’échantillon accordent également une importance à la récompense des
collaborateurs, en leur proposant une gratification, une aide financière « Pour nos salariés, c’est
127
vrai qu’ils ont une gratification de fin d’année, après on les aide par des prêts quand ils ont
des difficultés passagères » (E20) et un intéressement salarial « On est allé il y a deux ans sur
le terrain de l’intéressement salarial, on partage une grosse partie des bénéfices avec les
salariés » (21). De plus, certaines entreprises favorisent la transparence de l’information,
notamment au niveau du salaire « on a mis en place des systèmes de rémunération qui sont
transparents, qui sont connus par tout le monde » (E15) et privilégie l’égalité homme-femme
« On a l’égalité homme-femme, donc l’égalité au niveau des rémunérations » (E23).
D’autres pratiques sociales s’avèrent être intéressantes et peuvent tout d’abord porter sur
l’implication des collaborateurs dans le processus de recrutement « on est plutôt dans une
entreprise agile dans laquelle nos équipes participent au recrutement » (E12). Elles visent
ensuite à promouvoir les recrutements des personnes en situation de handicap « pour
l’embauche, on fait en sorte qu’il n’y ait pas de discrimination et on favorise les personnes en
situation de handicap » (E5).
Ainsi, les résultats montrent que les entreprises accordent une grande importance au capital
humain et mettent en place un ensemble de pratiques sociales afin de favoriser les meilleures
conditions de travail. Ces pratiques s’articulent principalement autour de cinq thématiques, à
savoir 1) le développement de compétence (formation, transmission de savoir-faire et GPEC),
2) le télétravail, la flexibilité des horaires, et l’équilibre vie professionnelle et vie privée, 3)
l’égalité homme-femme, 4) l’implication des collaborateurs et la transparence de l’information,
et 5) d’autres pratiques assurant le bien-être des collaborateurs (gratification et intéressement
salarial, santé et sécurité de travail, recrutement des personnes en situation de handicap, lutte
contre la discrimination). Le tableau suivant récapitule les pratiques sociales mises en place par
les PME.
128
Tableau 15 : Pratiques sociales des PME étudiées
129
1.1.2 La mise en place de pratiques environnementales
Les entreprises sont conscientes de leur impact sur l’environnement et mènent des actions ayant
pour but de préserver l’environnement. En effet, les entreprises participent grandement à la lutte
contre la pollution. Par exemple, dix-neuf entreprises optent pour la minimisation de déchets
en favorisant le tri « On a mis en place le tri sélectif de collecte de déchets qui est à la fois sur
notre site mais aussi sur nos événements, qui nous permet d’avoir 27 types de déchets différents.
On est les premiers en France à avoir fait ça » (E21), le recyclage et/ou la dématérialisation
« On achète des photocopieurs recyclés, recyclables, qui utilisent le moins d’encre possible
(…) on a choisi du papier recyclé, on est passé à la dématérialisation » (E16). Les entreprises
peuvent également opter pour l’économie circulaire « On fait de l’économie circulaire c’est-à-
dire qu’on collecte les vêtements professionnels usagés auprès de nos clients et on les recycle.
Par exemple on a transformé des uniformes usagés en tabliers. » (E26). D’autre part, les
entreprises mobilisent des stratégies pour réduire l’empreinte carbone. Dans cette perspective,
les PME essaient de limiter les déplacements en proposant des visio-conférences et privilégient
des moyens de transport ayant moins d’impact sur l’environnement « On utilise le transport en
commun et on prend en charge la moitié des frais des transports en commun afin d’encourager
nos salariés à les utiliser, 90 % de nos trajets se font en train. On fait des visio-conférences
pour réduire les déplacements » (E17). En outre, les entreprises favorisent des techniques de
compensation carbone. Le dirigeant de l’entreprise E26 déclare que : « On essaie de compenser
nos émissions en CO2 en finançant des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre
par la reforestation en France, en Asie et en Afrique » (E26).
Par ailleurs, les entreprises prévoient de nombreuses mesures afin de réduire la consommation
des ressources naturelles. Par exemple, l’entreprise (E12) de services spécialisés dans la
propreté, met en place une machine de nettoyage qui consomme moins d’eau : « 70 % de nos
équipes travaillent avec une machine qui s’appelle le « Vapodil ». C’est une technique de
nettoyage à vapeur sèche. Pour nettoyer une chambre avec un nettoyage classique, on pollue
l’eau et il en faut quatre-vingts litres dans une salle de bain pour la nettoyer et la rincer. Là,
avec cette machine de nettoyage à vapeur sèche, on utilise un litre et demi d’eau (…) au lieu
de quatre-vingts litres d’eau » (E12). En outre, les entreprises privilégient des moyens qui
consomment moins d’énergie, par exemple l’entreprise (E11) utilise des LED qui consomment
moins d’électricité : « nous avons installé des ampoules LED qui consomment beaucoup moins
d’électricité, ce qui nous a permis de réaliser des économies et de consommer moins d’énergie
pour nous éclairer » (E11).
130
D’autres pratiques sont également mobilisées sur le volet environnemental, notamment la
protection de la biodiversité et la minimisation de l’usage de produits nocifs. Au niveau de la
biodiversité, cinq dirigeants ont décidé de mettre en place une ruche en entreprise. Le dirigeant
de l’entreprise E16 déclare « on a installé une ruche dans le jardin, en octobre 2018 on a eu
notre première production de miel de 22 kilos qu’on a partagés avec nos collaborateurs. »
(E16). Le dirigeant de l’entreprise (E21) rajoute : « On a passé un accord avec la LPO (Ligue
pour la Protection des Oiseaux), c’est l’association française qui protège le mieux les oiseaux
en France. » (E21). Une minorité de dirigeants décide de limiter les produits nocifs. Le
dirigeant de l’entreprise E4 signale « On s’est engagé à prendre des traitements où on exclut le
plus possible tous les produits CMR (Cancérogène, Mutagène et Reprotoxique) et on fait des
choix pour arriver à diminuer le plus possible notre impact sur l’environnement avec des vrais
moyens derrière. » (E4).
Les résultats de notre étude montrent que les pratiques environnementales sont fortement
orientées vers la lutte contre la pollution en optant pour la minimisation des déchets et la
réduction de l’empreinte carbone, l’optimisation de ressources et la protection de la
biodiversité. Le tableau suivant synthétise les pratiques environnementales mises en place par
les PME de notre échantillon.
131
Tableau 16 : Pratiques environnementales des PME étudiées
132
1.1.3 La mise en place de pratiques sociétales
D’autre part, les pratiques sociétales portent sur l’achat responsable et la lutte contre la
corruption. Par exemple, le dirigeant de l’entreprise E26 signale qu’ « On est aussi fortement
engagé dans le commerce équitable, on utilise une matière première locale et vertueuse : on
utilise du coton bio ou équitable, etc. Dans notre activité on respecte les principes du Global
Compact, notamment la lutte contre la corruption, on ne fait pas travailler les enfants, etc. »
(E26). Certaines entreprises ont également mis en place une charte afin de garantir une
concurrence loyale : « On a une charte éthique pour les commerciaux, les consultants qui
vendent la formation pour garantir une concurrence loyale » (E6).
Les entreprises mobilisent également d’autres pratiques sociétales relatives à la protection des
données des clients « Un autre point, la protection des données est un sujet extrêmement
important chez nous, on est certifiée ISO27001, c’est un système de management de la sécurité
des informations. Donc on a un engagement fort sur la protection des données. » (E23), des
pratiques visant au soutien des associations « On avait décidé de se rapprocher de deux
associations à titre un petit peu humanitaire. (…) On fera un don à deux organismes à but
caritatif. » (E20) ou à la communication responsable « sur l’aspect sociétal on participe à des
événements qui contribuent à faire la promotion de la RSE ou celle de la communication
133
responsable, on a créé de grands procès de la RSE, on a créé notre événement sur la
communication du développement durable » (E10).
Cette étude montre que certaines PME mettent en place des pratiques sociétales qui portent
principalement sur trois thèmes : 1) le mécénat de compétences, 2) l’achat responsable, la
concurrence loyale et/ou lutte contre la corruption, et 3) d’autres pratiques telles que la
protection des données des clients, le soutien des associations ou la communication
responsable. Le tableau suivant résume les pratiques sociétales mises en place par les PME de
notre échantillon.
134
Tableau 17 : Pratiques sociétales des PME étudiées
Toutefois, la mise en place conjointe des trois types d’action (environnementale, sociale et
sociétale) n’est pas systématique dans les PME de notre échantillon. De même, les contraintes
financières et de temps peuvent parfois empêcher le développement de nouvelles actions RSE.
Selon le dirigeant E18, « Il y a plein d’actions à mener, mais il faut avoir les moyens pour les
135
mener, surtout financiers. (E18). Le dirigeant (E25) rajoute : « On essaie aussi de travailler sur
les avantages sociaux, mais on n’arrive pas toujours à le faire dans une petite boîte. (…) On
ne se rend pas compte, mais il y a beaucoup de gestion et un gérant n’a pas forcément le
temps. » (E25).
Les résultats de notre recherche révèlent que les pratiques RSE sont traitées par priorisation au
sein des PME. Autrement dit, certaines entreprises accordent plus d’importance au côté social.
Ces PME conçoivent la RSE comme un engagement social envers les salariés en assurant le
bien-être de ces derniers : « Notre engagement est plus social qu’environnemental parce que,
sur l’environnement, on a une marge de manœuvre qui est quasi nulle. » (E2). Certaines
entreprises de services (E2, E14, et E19) considèrent que leur activité est non polluante et
estiment que leur entreprise n’a pas d’impact environnemental. Or, la consommation d’énergie
est susceptible de nuire à l’environnement, le dirigeant de l’entreprise E2 affirme : « Pour ce
qui est environnemental, on a une activité qui est quasiment avec une trace carbone zéro, c’est
de l’humain qui est placé sur un site, on n’utilise pas de machine. Donc pour ça, il n’y a pas
de difficulté particulière. » (E2). De plus, le dirigeant de E19 souligne que « On ne fait pas
grand-chose sur le volet environnemental, comme je vous ai dit on est une entreprise de conseil
donc on n’a pas vraiment un impact sur l’environnement. » (E19).
Le tableau suivant synthétise les principales pratiques RSE mises en place par les PME de notre
échantillon.
136
1.2 Les systèmes de contrôle de gestion responsables des PME
Les résultats de notre recherche révèlent que toutes les PME observées ont mis en place un
SCGR, mais toutes n’ont pas mis en œuvre un dispositif de formalisation de RSE sous forme
de labels, certificats, chartes… L’engagement des PME est pour cette raison présenté sous
forme de deux approches : SCGR avec dispositif de formalisation de RSE et SCGR sans
dispositif de formalisation de RSE. Vingt-et-une entreprises, ont eu recours à des dispositifs
RSE (des labels, des certificats, des chartes, et/ou une adhésion au Global Compact) afin de
formaliser leur démarche responsable. Cet engagement se traduit par la mise en place de
systèmes de contrôle de gestion responsables, notamment les systèmes de croyances, les
systèmes de frontières, les systèmes de contrôle diagnostic et les systèmes de contrôle
interactifs relevés par Simons (1995). Six entreprises n’ont pas encore mis en place des
dispositifs de formalisation de la démarche RSE (label, certificat, etc.) pour formaliser leur
engagement responsable. Ces PME ont toutefois elles aussi mobilisé des systèmes de contrôle
de gestion responsables soit d’une manière volontaire, soit pour demander des dispositifs RSE,
et formaliser leur engagement par la suite. Nous présentons dans ce qui suit les deux types
d’engagements des PME.
1.2.1 Les SCGR des PME avec des dispositifs de formalisation de RSE
Vingt-et-une PME de notre échantillon ont formalisé leur pratiques RSE à travers la mise en
place de dispositifs de formalisation de la démarche RSE : labels, certificats et charte RSE,
et/ou ont adhéré au Global Compact des Nations Unies. L’engagement de ces PME se distingue
par un large choix de labels, chartes et certificats RSE. Au niveau des labels, neuf entreprises
sur les vingt-et-une ayant formalisé leur engagement (E5, E6, E7, E8, E9, E10, E13, E15, E16)
ont opté pour le label Lucie10 qui est aligné sur la norme internationale ISO 2600011. Le
référentiel Lucie est structuré autour de sept thèmes d’engagement, à savoir la gouvernance de
l’organisation, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, les
bonnes pratiques des affaires, les questions relatives aux consommateurs, et les communautés
et le développement local. Ces thèmes d’engagement sont composés de vingt-sept principes
10
https://www.labellucie.com/la-norme-iso-26000
11
ISO 26000 est une norme internationale généraliste RSO, publiée en novembre 2010 et
considérée aujourd’hui comme la norme internationale RSO/RSE de référence. Cette norme est
aujourd’hui le texte de base de la plupart des démarches RSO/RSE se voulant crédibles et
comparables sur un plan international.
137
d’actions (PA) qui permettent d’évaluer la politique RSE de l’entreprise sur les actions menées
et les résultats tangibles. Ainsi, l’entreprise s’engage à mettre en place des actions en fonction
de chaque thème afin de répondre aux exigences du référentiel. Pour ce faire, l’entreprise est
amenée à mettre en place un plan d’action sur des engagements concrets et adaptés à son
activité. La synthèse des thèmes d’engagement et des principes d’action de la labellisation
Lucie est présentée en annexe 1. Par exemple, le dirigeant de l’entreprise E7 déclare que « Pour
rendre plus visibles nos actions, on est allé assez naturellement vers le label Lucie qui est donc
un label RSE ISO 26000 (…) qui est validé par l’Afnor, c’est-à-dire qu’on signe avec le label
et on est suivi par le label pour correspondre à ce que la norme ISO26000 attend, puis juger
par l’Afnor ». Par ailleurs, trois entreprises du secteur de la propreté (E12, E18 et E20) ont
instauré le label Palme Verte12. Ce dernier est délivré par la Fédération des Entreprises de
Propreté (FEP) afin de récompenser les entreprises pour leur engagement dans une démarche
de développement durable. Le dirigeant de E18 affirme que : « On est adhérent à la fédération
des Entreprises de Propreté et c’est cette fédération qui délivre le label Palme Verte avec l’aide
des consultants et c’est ce qui nous permet d’être certifiés Palme Verte ». En outre, deux
entreprises ont établi le label Engagé RSE13 (E4 et E21) délivré par Afnor Certification. Ce
label est basé sur la norme ISO 26000 et propose une évaluation de la démarche RSE aux
entreprises de moins cinquante salariés. Il aborde la RSE de manière plus approfondie et rend
visibles les actions RSE de la structure. Le dirigeant de E21 explique que « Dans le cadre du
label Engagé RSE de l’Afnor, on a été évalué AFAQ26000 (…) On a une grille d’indicateurs
qui couvre les quatre champs de l’AFAQ et à partir de là on apporte les preuves, on télécharge
des fichiers sur la plateforme ». D’un autre côté, une entreprise (E27) a opté pour le label B-
Corp14 (Benefit-Corporation) qui a été lancé aux États-Unis en 2006 afin de certifier les
entreprises qui intègrent des enjeux sociaux, environnementaux et sociétaux. Ce label s’articule
autour de cinq thématiques, à savoir la gouvernance, les collaborateurs, la collectivité,
l’environnement et les clients. Le dirigeant de l’entreprise E27 souligne que « Dans le cadre du
label B-Corp, on a un audit, on doit répondre à un questionnaire sur la plateforme digitale. Ce
questionnaire regroupe un ensemble de questions sur les pratiques environnementales, sociales
et de gouvernance. ». Enfin, l’entreprise E3 a mis en place le label Qualitraiteur15 qui est adapté
aux traiteurs et certifié par le bureau Veritas. Cette charte met en exergue les enjeux du
développement durable : « On a le label Qualitraiteur qui est le seul critère de qualité pour les
12
https://www.lagardoise.com/label-palme-verte/
13
https://certification.afnor.org/developpement-durable-rse/label-engage-rse
14
https://bcorporation.eu/about-b-lab/country-partner/france
15
https://traiteurs-de-france.com/fr/actualites/lengagement-responsable-des-traiteurs-de-france-
certification-iso-20121/
138
traiteurs, c’est une norme vérifiée par le bureau Veritas dans laquelle on a la satisfaction du
client, la veille sanitaire, la formation et on a également le développement durable » (E3).
Au niveau des certificats RSE, nous pouvons distinguer un grand nombre de certificats
permettant de formaliser l’engagement des PME. Par exemple, le certificat Haute Valeur
Environnementale16 (HVE) mis en œuvre par l’entreprise E4 : « On est allé sur le certificat
HVE (haute valeur environnementale) issu du Grenelle environnement. Le gouvernement
français a dit il faut certifier les entreprises agricoles sur une norme environnementale. On y
est allé et on l’a obtenu en 2013 » (E4). Ce dispositif est établi par le Grenelle de
L’Environnement et destiné aux exploitations agricoles. Il s’appuie sur le respect de la
réglementation environnementale, la mise en place de technique à faible impact
environnemental et la mesure de la performance environnementale. Les certificats FSC17 et
PEFC18 instaurés par E10, attestent la gestion responsable et le respect des enjeux
environnementaux, sociaux et sociétaux de la forêt : « Le fait qu’on est certifié FSC et PEFC
nous permet d’avoir une traçabilité sur les papiers, on utilise du papier recyclé, etc. » (E10).
Par ailleurs, l’entreprise E11 a mis en place le certificat Afnor Optique19 adapté aux entreprises
du secteur de l’optique-lunetterie et assure la qualité de service envers les clients : « Notre
entreprise est certifiée Afnor, engagement de service de qualité en Optique référence 230 »
(E11).
De même, le certificat ISO 1400120 a été instauré par E15, E24 et E26. Il est délivré par Afnor
Certification, et définit les critères d’un système de management environnemental. Ce dispositif
permet aux entreprises de concrétiser leur engagement environnemental auprès des clients :
« On est certifié ISO 14001. On a une démarche éthique en parallèle (…). Le certificat ISO est
très important, c’est une garantie qui nous permet de rassurer les clients sur notre démarche
environnementale et notre sérieux » (E24). En outre, le certificat ISO 2700121 de
l’entreprise E23 est également établi par Afnor Certification afin d’assurer la gestion et la
protection des données personnelles. Le dirigeant de l’entreprise E23 affirme que « Le certificat
ISO 27 001 par exemple nous a donné envie de rentrer dans une démarche qualité au sens
large. On l’a fait sur la sécurité du système d’information parce qu’on a envie de l’étendre ».
Enfin, le certificat Ecocert22 insaturé par E26, permet d’évaluer la conformité des produits ou
16
https://hve-asso.com/la-hve/
17
https://fr.fsc.org/fr-fr/certification
18
https://www.pefc-france.org/pefc-comment-ca-marche/
19
https://certification.afnor.org/services/engagement-de-service-qualite-en-optique
20
https://certification.afnor.org/environnement/certification-afaq-iso-14001
21
https://certification.afnor.org/numerique/certification-iso-27001
22
https://www.ecocert.com/fr-FR/certification
139
services selon les exigences environnementales et sociales : « On a le certificat de type Ecocert
pour valoriser nos pratiques qui ont un impact positif sur l’environnement et assurer la
conformité de nos produits aux exigences du référentiel » (E26).
Les PME ont également eu recours à des chartes RSE, notamment la charte fournisseur (E7, E9
et E16) pour assurer des achats responsables : « On a mis en place une charte fournisseur pour
adhérer à nos principes RSE » (E9), et la charte diversité (E9) pour agir en faveur de la
diversité : « On a une charte diversité qui lutte contre la discrimination à l’embauche et dans
la gestion des emplois » (E9).
Enfin, l’adhésion des PME au Global Compact23 des Nations Unies, représente également une
forme de dispositif de formalisation de la démarche RSE. Cette adhésion mène les entreprises
à prendre en considération le référentiel des objectifs du développement durable (ODD) et à
établir un rapport RSE pour communiquer sur les contributions environnementales, sociales et
sociétales. Cinq PME de notre échantillon (E10, E12, E17, E23 et E26) sont membres du Global
Compact. Par exemple, le dirigeant de E17 révèle que « On est signataire du Global Compact
France et c’est ce qui nous amène à rédiger ce rapport RSE (…) On règle notre cotisation
annuelle au Global Compact France ». Nous synthétisons donc l’ensemble des dispositifs de
formalisation des pratiques RSE en PME dans le tableau suivant.
23
« Global Compact France rassemble des organisations à but non lucratif autour des enjeux de la RSE
et du développement durable. Il offre un engagement volontaire construit autour des droits de l’homme,
droits du travail, environnement et lutte contre la corruption. Il est mandaté par l’ONU pour
l’appropriation des objectifs du développement durable. » http://www.globalcompact-france.org
140
Tableau 19 : Les dispositifs de formalisation de la démarche RSE des PME
Charte
Labels RSE Certificats RSE
Membre du Global
RSE
Entreprise
Compact
Label Qualitraiteur
Charte fournisseur
Label Palme Verte
Charte diversité
Afnor Optique
Label B-Corp
FSC et PEFC
Label Lucie
ISO 14001
ISO 27001
Ecocert
HVE
E3 X
E4 X X
E5 X
E6 X
E7 X X
E8 X
E9 X X X
E10 X X X
E11 X
E12 X X
E13 X
E15 X X
E16 X X
E17 X
E18 X
E20 X
E21 X
E23 X X
E24 X
E26 X X X
E27 X
Total 9 3 2 1 1 1 1 3 1 1 1 1 3 5
141
Ces dispositifs RSE (labels RSE, certificats RSE, etc.) sont essentiels dans la formalisation de
la démarche RSE des entreprises. Ils permettent à ces dernières d’avoir une évaluation et de se
questionner sur les conséquences de leurs actes. Par exemple, les simples gestes relatifs au
fonctionnement de l’entreprise comme les déplacements, la dématérialisation des documents,
etc. ont un impact sur l’environnement. Certains dirigeants d’entreprises de services négligent
cet effet et considèrent que leur activité a un faible impact sur l’environnement, comme le
souligne le dirigeant de E8 : « Un moment on a rencontré le label Lucie on s’est dit c’est une
bonne idée. (…) Ça nous a amenés à nous questionner sur beaucoup de choses notamment
parce qu’on avait l’impression qu’on n’avait pas tellement d’impact environnemental. Alors
que c’était une fausse impression, mais on n’avait jamais trop creusé la question. Et puis quand
on creuse, on s’aperçoit qu’on fait pas mal de déplacements, qu’on fait des achats, etc., et du
coup on a tout rebalayé. » (E8). Ainsi, les dispositifs RSE permettent aux PME de formaliser
leur engagement responsable et les incitent à développer de nouvelles pratiques RSE.
Quant à la mise en place des systèmes de contrôle de gestion responsables, notre revue de
littérature révèle que les travaux antérieurs n’ont pas abordé l’ensemble des SCGR dans le
contexte des PME. Toutefois, les résultats de notre recherche montrent que l’engagement des
PME à travers des dispositifs RSE, se traduit par la mise en place des systèmes de contrôle de
gestion responsables (Figure 9). En effet, les vingt-et-une entreprises ayant des dispositifs de
formalisation de la RSE ont mis en place différents systèmes de contrôle de gestion
responsables pour assurer l’instauration de la RSE. Ces SCGR permettent aux entreprises de
communiquer sur les valeurs responsables et diriger le comportement des membres de
l’entreprise à travers des valeurs en commun, mettre en évidence les menaces et identifier les
incertitudes environnementales et sociales, mesurer et suivre l’évolution des pratiques RSE, et
échanger sur la démarche responsable et promouvoir la RSE. Les SCGR mobilisés par les
entreprises renvoient aux leviers de contrôle de Simons (1995) (système de croyances, systèmes
de frontières, systèmes de contrôle diagnostic et systèmes de contrôle interactif).
142
Figure 9 : Engagement responsable des PME avec des dispositifs de
formalisation de RSE
Dans les paragraphes suivants nous allons expliquer les différents SCGR mis en place par les
PME ayant des dispositifs de formalisations de la démarche RSE.
Dix-neuf PME sur les vingt-et-une ayant des dispositifs de formalisation de la RSE ont mobilisé
des systèmes de croyances afin de communiquer sur les valeurs et les enjeux de la RSE auprès
de leurs collaborateurs, et de développer une culture responsable au sein de l’organisation.
Douze entreprises parmi les dix-neuf ont instauré des sessions de formation afin de former les
collaborateurs aux enjeux de la RSE, comme le souligne le dirigeant de l’entreprise E27 : « On
propose des formations RSE pour s’assurer que les collaborateurs soient bien informés et qu’ils
puissent participer à la mise en place de la RSE ». Le dirigeant de E9 rajoute que « Pour diffuser
la culture RSE au sein de l’entreprise, on met en place des formations pour les collaborateurs,
on les sensibilise sur les axes de la diversité et les bonnes pratiques du quotidien. »
De plus, les entreprises établissent un plan d’action pour définir leur stratégie RSE : « On a des
plans d’action qui sont divisés afin de garantir les conditions d’une gouvernance responsable,
respecter les individus, etc. » (E5). Pour l’entreprise E12 : « Nous avons élaboré un plan
d’action pour consolider nos actions RSE et poursuivre nos efforts sur l’ensemble des enjeux
du développement durable ».
143
Par ailleurs, les entreprises organisent des événements pour inciter les collaborateurs aux enjeux
de la RSE. Par exemple, l’entreprise E3 organise des journées solidaires pour sensibiliser les
salariés : « On sensibilise notre équipe à la RSE, on organise des journées solidaires, on nettoie
des espaces naturels, on fait de la collecte de vêtements pour aider les associations. On
organise des événements sur les enjeux sociaux et environnementaux. » (E3). L’entreprise E4
organise des visites et des ateliers films pour encourager les collaborateurs à limiter l’impact
environnemental. « On a organisé (…) des visites, on a regardé des films où les collaborateurs
s’approprient les fondements de la RSE et ils ont le réflexe. Donc ils sont beaucoup plus
conscients et soigneux des problématiques environnementales, ils ont conscience eux-mêmes
des risques qu’ils prennent parce qu’ils vivent dedans et donc ils agissent pour cette qualité
environnementale. » (E4). Le dirigeant E27 ajoute : « On essaie de sensibiliser nos
collaborateurs sur le sujet, on organise des événements autour de la RSE, on anime des ateliers
sur les bonnes pratiques au bureau ».
Enfin, les entreprises mobilisent également certains outils pour communiquer sur les pratiques
de la RSE. Le dirigeant de l’entreprise E7 affirme : « On a un onglet RSE interne qui est ouvert
à l’ensemble des participants sur lequel sont déposés tous les comptes rendus du comité RSE
et sont partagés avec l’ensemble des collaborateurs, donc toutes les décisions prises sont
partagées ». L’entreprise E8 quant à elle met en place des affiches éco-gestes « On a des
affiches éco-gestes dans les couloirs et dans la salle de réunions qui incitent les gens à éteindre
la lumière avant de partir, à diminuer la température, on a d’autres dans la cuisine pour les
sensibiliser au tri des déchets, etc. ».
Ainsi, les PME mobilisent de différents systèmes de croyances pour communiquer sur les
valeurs et la culture responsable de l’entreprise. Ces systèmes portent principalement sur les
sessions de formation, les plans d’actions RSE, les événements et ateliers RSE (journées
solidaires, visites, ateliers, films), et les outils de communication (affiches éco-gestes, onglet
RSE, etc.). Le tableau suivant reprend l’ensemble des systèmes de croyances mis en place dans
les PME.
144
Tableau 20 : Les systèmes de croyances mis en place dans les PME
E3 X
E4 X X
E5 X X
E6 X X
E7 X X X
E8 X
E9 X
E10 X
E12 X X
E13 X
E15 X X
E16 X X
E17 X
E18 X
E20 X X
E23 X
E24 X X
E26 X
E27 X X
Synthèse 7 12 6 5
145
1.2.1.2 Les systèmes de frontières
La démarche responsable des PME conduit à la mise en place des systèmes de frontières afin
d’assurer la conformité de leur engagement aux règles et aux normes responsables. Ces
systèmes permettent aux entreprises de minimiser les risques et d’atteindre les objectifs
organisationnels. Ils sont utilisés pour communiquer aux collaborateurs les activités acceptables
et celles considérées comme non acceptables afin de gérer efficacement les risques de
l’entreprise. Dix-neuf PME sur vingt-et-une ayant des dispositifs de formalisation de la RSE
ont mobilisé des systèmes de frontières. Il s’agit principalement de l’audit, des lignes directrices
et des objectifs du développement durable du Global Compact établi dans le cadre d’un
engagement formel en matière de RSE. L’audit est réalisé par l’organisme délivrant le label ou
le certificat, et/ou par d’autres organismes externes (Vigeo, Veritas ou Afnor) afin d’assurer la
conformité de l’engagement de l’entreprise avec les normes RSE. Par exemple, le dirigeant de
l’Entreprise E9 souligne qu’« Il y a un organisme indépendant, VIGEO, qui vient rectifier tout
ce qu’on a dit, il nous pose des questions, il nous demande certains documents et il en parle
aux collaborateurs. Il regroupe les informations pour voir si ce qu’on a dit on le fait vraiment.
La même chose avec les fournisseurs, avec les clients. À la fin, il rend un rapport au comité de
labellisation Lucie. » Le dirigeant de E4 explique que « L’Afnor vient pendant trois jours avec
un évaluateur tous les trois ans et évalue l’entreprise sur son engagement RSE sur les sept
piliers : les droits de l’homme, l’environnement, le social, l’ancrage territorial, la loyauté des
pratiques et le consommateur. ».
Les PME s’appuient également sur les lignes directrices en matière de RSE proposées dans le
cadre d’un engagement formel pour affiner leur démarche RSE et éviter les risques « On a un
audit qui évalue notre engagement en suivant les lignes directrices de l’ISO 27001 » (E23). Le
dirigeant de E8 rajoute que « On a une plateforme qui met les 25 principes d’actions possibles
du label, qui nous donne des pistes de choses qu’on peut faire ».
Pour les entreprises membres du Global Compact, il s’agit de suivre le référentiel des objectifs
de développement durable « En adhérant au Pacte Mondial, on s’engage à aligner nos
stratégies sur les principes de droits de l’Homme, de l’environnement, des conditions de travail
et de lutte contre la corruption. » (E10).
Pour conclure, les résultats de cette recherche montrent que la conformité de l’engagement
responsable des PME nécessite la mise en place des systèmes de frontières, notamment l’audit,
les lignes directrices en matière des pratiques RSE et le référentiel des objectifs du
développement durable. Nous synthétisons dans le tableau suivant les systèmes de frontières
mobilisés par les PME.
146
Tableau 21 : Les systèmes de frontières mis en place dans les PME
ODD du Global
Audit Les lignes directrices
Compact
E3 X X
E4 X X
E5 X X
E6 X X
E7 X X
E8 X X
E9 X X
E10 X X X
E11 X
E12 X
E13 X X
E15 X X
E16 X X
E17 X
E21 X X
E23 X X X
E24 X X
E26 X
E27 X X
Synthèse 16 13 5
147
1.2.1.3 Les systèmes diagnostics
Vingt PME sur vingt-et-une ayant des dispositifs de RSE ont instauré des systèmes de
diagnostics pour mesurer et suivre l’évolution des pratiques RSE. Ces systèmes se traduisent
par des indicateurs environnementaux, sociaux et/ou sociétaux présentés sous différentes
formes, notamment le tableau de bord, le rapport RSE (interne ou externe), le bilan carbone, le
bilan social et le logiciel de pilotage RSE développé par l’entreprise. D’autre part, les systèmes
diagnostics portent également sur un autodiagnostic réalisé par l’entreprise dans le cadre du
label Lucie.
En effet, sept entreprises (E4, E6, E10, E13, E15, E16, E17, E18, E20, E21 et E24) présentent
les indicateurs RSE sous forme d’un tableau de bord. Ces indicateurs permettent aux PME de
suivre et d’évaluer la progression de leurs actions RSE. Par exemple, le dirigeant de
l’entreprise E6 affirme que « On a le tableau de bord environnemental essentiellement pour
poursuivre notre consommation de papier, d’électricité, d’eau, etc. On a le tableau de bord
social pour voir l’évolution en termes d’ancienneté, de salaire, etc. ». Le dirigeant de E4 rajoute
que : « On a les informations dans le tableau de bord sous forme d’indicateurs, on suit leur
progression et on voit si on est dans une bonne progression ou une mauvaise progression ».
Onze entreprises (E4, E6, E7, E9, E10, E12, E16, E17, E23, E26 et E27) intègrent les
indicateurs RSE dans un rapport RSE annuel. Cet outil permet aux entreprises de communiquer
sur leurs contributions responsables auprès des parties prenantes : « On a un suivi annuel. Tous
les ans, on fait un rapport intégré sur nos données économiques, sociales et environnementales
qu’on présente aux collaborateurs. » (E16).
Par ailleurs, huit entreprises (E3, E4, E10, E13, E16, E17, E21et E24) ont choisi le bilan carbone
comme outil de pilotage des enjeux environnementaux. Cet outil permet de mesurer l’impact
de l’activité de l’entreprise sur l’environnement : « On travaille sur notre bilan carbone avec
les voyages et l’avion. (…) On surveille nos impacts énergétiques sur tous les centres de
vacance, on les suit pour que ça diminue en eau, en électricité et en gaz » (E13).
En outre, trois PME ont mis en place le bilan social pour assurer le suivi des actions sociales.
Par exemple, la dirigeante de l’entreprise E12 explique qu’ils ont « un bilan social qui leur
permet de déterminer le turnover, le nombre d’absences, la parité homme-femme, les égalités
de salaires, combien de personnes on a formé et pendant combien d’heures, etc. » (E12).
L’entreprise E23 quant à elle utilise son propre outil de pilotage, le logiciel E23 qui est composé
de plusieurs indicateurs RSE pour mesurer les actions responsables de l’entreprise : « On utilise
nos propres outils notamment le logiciel E23 avec des indicateurs qui nous permettent en partie
de mesurer nos actions RSE. (…) Il y a des indicateurs tout à fait pertinents pour mesurer le
148
nombre de formations, le nombre de recrutements, le nombre de postes créés, l’augmentation
des salaires, l’augmentation d’intéressement, le turnover, etc. ».
Enfin, quatre entreprises (E5, E6, E8 et E9) ont recours à un autodiagnostic proposé dans le
cadre de la labellisation Lucie. Cet outil permet à l’entreprise de suivre ses actions RSE et
connaître son niveau d’engagement : « Dans le cadre du label Lucie, on a l’autodiagnostic qui
est très utile parce que ça nous a permis de voir de manière structurée et d’être assez objectif.
(…) Cet autodiagnostic est un outil qui nous a été proposé par l’agence Lucie pour évaluer nos
actions RSE. Il se présente sous la forme d’un fichier Excel avec des questions sur nos actions
et après il nous indique à quelle hauteur on se positionne. Enfin, on a comme un ratio, si l’on
est partiellement responsable, entièrement responsable ou pas du tout responsable. Ça nous
permet de voir le niveau de notre engagement ».
Les systèmes diagnostics fondés principalement sur les indicateurs RSE permettent également
de s’assurer de la pertinence des actions mobilisées par l’entreprise : « Les outils sont
importants, car ils nous permettent de suivre la démarche. Ils nous permettent déjà de calculer
si on prend par exemple la question du carbone, ça nous permet de connaître nos empreintes
carbone, de trouver les meilleurs types d’actions. Donc ça nous permet de structurer la
démarche pour être sûrs que les actions sont pertinentes. Donc ça peut toujours nous
encourager à développer de nouvelles actions RSE. » (E17). Ils permettentent de connaître les
points forts et les points faibles de leur engagement RSE, et d’apporter de nouvelles actions
correctives. Par exemple, le dirigeant de l’entreprise E20 spécialisé dans le nettoyage industriel
affirme que « On fait un rapport social chaque année (…). Et ces rapports nous permettent de
mesurer l’évolution de nos actions. Ça nous permet aussi d’apporter des actions correctives.
On a beaucoup de difficultés à amener les gens au cours d’alphabétisation. Encore une fois,
c’est par rapport aux horaires des gens, c’est compliqué d’avoir des gens dans les mêmes
horaires. Et ces rapports-là, nous permettent de dire que voilà, il y a un problème au niveau de
nos actions » (E20).
Ainsi, les résultats de notre recherche montrent que les systèmes diagnostics mobilisés par les
PME portent principalement sur des indicateurs RSE qui sont présentés sous différentes formes.
Ces outils permettent aux entreprises de suivre la progression de leurs pratiques RSE et de
s’assurer de leur pertinence, connaître les points forts et les points faibles de l’engagement RSE
et apporter de nouvelles actions correctives. De plus, les systèmes diagnostics présentés dans
les rapports RSE permettent de communiquer sur les enjeux de la RSE auprès des parties
prenantes de l’entreprise. Le tableau suivant illustre l’ensemble des systèmes diagnostics mis
en place par les PME.
149
Tableau 22 : Les systèmes diagnostics mis en place dans les PME
Systèmes diagnostics
Autodiagnostic/
autoévaluation
Indicateurs RSE
Entreprise
Rapport
Tableau
carbone
Logiciel
pilotage
de bord
social
Bilan
Bilan
RSE
de
E3 X
E4 X X X
E5 X
E6 X X X
E7 X
E8 X
E9 X X
E10 X X X
E12 X X
E13 X X
E15 X
E16 X X X
E17 X X X
E18 X
E20 X X
E21 X X
E23 X X X
E24 X X
E26 X
E27 X
Total 11 11 8 3 1 4
150
1.2.1.4 Les systèmes interactifs
Les systèmes interactifs sont également mis en place par vingt PME qui ont des dispositifs de
formalisation de l’engagement RSE. Ces systèmes permettent aux entreprises d’échanger avec
les parties prenantes (collaborateurs, clients et associations) sur la démarche responsable, avoir
des retours sur les pratiques RSE, et identifier les incertitudes de la démarche responsable.
D’une part, huit entreprises établissent des échanges avec les parties prenantes internes à travers
des réunions afin de partager et d’échanger des informations avec l’ensemble des
collaborateurs : « Tous les mardis, l’ensemble du corps de la société se réunit de façon
informelle pour partager et échanger des informations » (E7). De plus, le dirigeant de E7
affirme que ces réunions impliquent les collaborateurs dans le choix des pratiques RSE : « Lors
de notre dernière réunion, on a fait un brainstorming sur toutes les actions qu’on pourrait
mener en 2018 (…) Donc on a listé les actions qui étaient sans impact budgétaire et les actions
qui avaient un impact budgétaire et à la fin, on a choisi les actions sur lesquelles on allait être
pertinent, c’est-à-dire qu’on a validé toutes les actions qui étaient sans impact budgétaire, et
puis on a fait notre choix au regard de l’enveloppe ». En outre, les échanges en interne
s’effectuent à travers des entretiens avec les collaborateurs afin d’identifier les risques de
démotivation. Par exemple, le dirigeant de l’entreprise E9 déclare que : « Mon assistante RH et
moi, on fait un entretien qu’on appelle entretien RSE, qui ne parle pas des compétences métier,
mais de comment le collaborateur vit sa mission. Alors c’est un entretien libre, je vais manger
avec eux le midi (…) Donc, je vois comment est leur charge de travail individuelle, on parle de
l’organisation de travail, de l’amplitude des journées de travail, des trajets professionnels, de
l’articulation de vie professionnelle et de vie privée, la rémunération, les congés, etc. Et donc
à la suite de ça, je me retrouve avec une cinquantaine de fiches avec tous ces points si ça va, si
ça ne va pas ou si c’est moyen et je fais un baromètre annuel. » Enfin, les échanges en interne
peuvent être réalisés sous forme des enquêtes auprès des salariés afin d’améliorer le bien-être
au travail : « On a mis en place une enquête de bien-être au travail, on voulait que toutes les
parties prenantes s’expriment, quel que soit leur niveau de bien-être. (…) Toutes les semaines,
les collaborateurs reçoivent quatre questions. Et du coup, je reçois une photographie
hebdomadaire du bien-être des collaborateurs » (E7).
D’autre part, dix-sept PME réalisent des échanges avec les parties prenantes externes sur les
pratiques RSE : « L’association DRO nous influence parce que je fais partie de l’association,
on a des conférences, on a des ateliers. Là par exemple on a l’atelier qui s’appelle « l’atelier
fragilité » comment la fragilité peut être un plus pour les entreprises ? Et donc ça nous aide,
ça nous permet d’échanger sur le sujet des bonnes pratiques. » (E15). Les échanges avec les
151
parties prenantes externes représentent une source d’inspiration pour les PME, et leur
permettent d’améliorer leur engagement RSE comme le souligne le dirigeant de E8 :
« Régulièrement il y a le cercle Lucie qui se réunit dans une des boîtes labellisées, où la boîte
présente un peu ce qu’elle fait en matière de RSE. Ça, c’est une bonne source d’inspiration
pour nous, ça nous permet de prendre de bonnes idées de chez les autres. Par exemple, on a
arrêté de prendre les bouteilles d’eau, maintenant on prend de l’eau filtrée, on a commencé à
utiliser du papier recyclé, on fait le tri sélectif, etc. ».
Les résultats de cette recherche permettent d’identifier deux types de systèmes interactifs
mobilisés par les PME, les échanges avec les parties prenantes internes (les collaborateurs) qui
peuvent être réalisés sous différentes formes (réunions périodiques, entretiens, enquête de bien-
être) et les échanges avec les parties externes (les associations, les entreprises, etc.) afin de
promouvoir la RSE. Nous synthétisons dans le tableau suivant les différents systèmes interactifs
mobilisés par les PME.
152
1.2.2 L’engagement responsable des PME sans dispositifs de formalisation de la
démarche RSE
Six PME (E1, E2, E14, E19, E22 et E25) de notre échantillon n’ont pas encore concrétisé leurs
pratiques responsables à l’aide des dispositifs de formalisation de RSE (label, certificat, charte
ou adhésion au Global Compact). Elles ont toutefois instauré des outils que l’on peut qualifier
de SCGR, soit d’une manière volontaire, soit pour demander un dispositif RSE ultérieurement.
Les systèmes de contrôle de gestion responsables mobilisés sans dispositifs de RSE portent
principalement sur les systèmes interactifs (échanges avec les parties prenantes internes et
externes. Par exemple, le dirigeant de l’entreprise E15 souligne qu’« Adhérer au CJD est
intéressant, parce que le CJD est une école de formation pour les dirigeants. En gros, on
apprend énormément de choses, on partage et l’on apprend. Et puis, c’est un endroit où l’on
peut discuter avec des dirigeants, et échanger des idées en matière d’actions environnementales
et sociales ». D’autres entreprises ont instauré des systèmes de croyances : « On a fait un plan
d’action en matière de responsabilité sociale et sociétale qui impacte notamment la façon dont
on achète nos produits. (…) On a mis en place un plan de formation pour nos collaborateurs »
(E19) et/ou des systèmes diagnostics : « Je suis mon taux d’absentéisme et mon turnover deux
fois par an » (E1). En revanche, les systèmes de frontières sont absents dans les PME qui n’ont
pas eu recours à des dispositifs de formalisation de RSE.
Par ailleurs, les résultats révèlent que les entreprises E22 et E25 ont instauré des systèmes de
contrôle de gestion responsables afin de formaliser la démarche RSE ultérieurement. Par
exemple, pour le dirigeant de E25 : « On n’est pas labellisé, par contre, là on est au démarrage.
(…) On est rentré dans le Parcours 1, 2, 3… Lucie pour être vraiment dans la communauté,
s’auto évaluer, être accompagné et vraiment disposer du référentiel Lucie et travailler sur notre
démarche ». Le dirigeant de l’entreprise E22 ajoute : « Quand j’ai regardé l’étude B-Corp, il y
a eu pas mal de sujets sur lesquels on ne s’était pas posé de questions. (…) Et sûrement, à un
moment il faudra être labellisé. Donc on optera sûrement pour le label B-Corp ». Par
conséquent, les SCGR sont mobilisés par ces deux de PME (E22 et E25) dans le processus de
demande de dispositifs de formalisation des pratiques RSE.
Pour résumer, les PME qui n’ont pas de dispositifs de formalisation de RSE (labels, certificats,
chartes, etc.) mettent malgré tout en place des SCGR, mais uniquement les systèmes de
croyances, les systèmes diagnostics et les systèmes interactif mais pas les systèmes de
153
frontières. Ces PME instaurent les systèmes de contrôle de gestion responsables volontairement
ou afin de formaliser la démarche RSE ultérieurement.
Nous présentons dans le tableau suivant les SCGR mis en place sans dispositif de formalisation
de RSE.
154
Tableau 24 : Les systèmes de contrôle de gestion responsables mis en place sans
dispositif de RSE
E1 Indicateurs
sociaux
E2 Échanges avec
les parties
prenantes
externes
155
2. Les motivations des dirigeants dans le recours aux SCGR
Afin de mieux comprendre ce que représentent les SCGR pour les dirigeants et leurs
motivations pour la mise en place de ces outils en PME, nous avons tout d’abord demandé aux
dirigeants de définir spontanément les systèmes de contrôle de gestion. Ensuite, nous leur avons
présenté une définition des SCGR basée sur les quatre types de systèmes de contrôle de gestion
responsables et sur les enjeux de la RSE pour qu’ils puissent ajuster et commenter les réponses
en fonction de ces critères. Le tableau suivant synthétise les motivations de dirigeants dans le
recours aux SCGR.
156
Les résultats de notre recherche révèlent des convergences et des divergences entre les réponses
attribuées aux motivations de mise en place des SCGR. En effet, vingt-cinq dirigeants ont choisi
de mettre en place les SCGR par conviction personnelle comme le souligne le dirigeant de
l’entreprise E16 : « Alors là c’est nous. C’est un choix personnel, c’était vraiment dans l’ADN
de l’entreprise. On n’a même pas fait appel à des consultants. On s’est vraiment lancé dedans
tout seul. Tout ce qu’on a fait, on l’a fait tout seul ». De même, la dirigeante de E12 affirme :
« on n’a été soumis à aucune obligation, on n’a eu aucune contrainte extérieure, c’est un choix
100 % personnel ».
157
Catégorie 1 : des PME qui mettent en place les SCGR par conviction personnelle et pour
atteindre la performance globale (E4, E5, E7, E8, E9, E10, E12, E15, E16, E17, E21, E22, E26
et E27).
Catégorie 2 : des PME qui mettent en place les SCGR par conviction personnelle et pour
atteindre la performance économique (E1, E2, E3, E6, E13, E14, E18, E19, E20, E23 et E25).
Catégorie 3 : des PME qui voient les SCGR comme une contrainte exercée par parties
prenantes mais leur permettent d’atteindre la performance économique (E11 et E24).
Par ailleurs, nos résultats nous permettent également d’identifier les SCGR les plus mobilisés
dans chaque profil. Autrement dit, les PME du profil 1 mettent en place l’ensemble des SCGR,
notamment les systèmes de croyances, les systèmes de frontières, les systèmes de contrôle
diagnostic et les systèmes interactifs. Pour le profil 2, les PME privilégient les systèmes de
contrôle diagnostic et les systèmes de croyances. Enfin, les PME du profil 3 se distinguent par
les systèmes de frontières et les systèmes interactifs.
158
3. Les pressions des parties prenantes sur la mise en place des SCGR
Les résultats de notre recherche montrent que tous les dirigeants de PME interrogés intègrent
les parties prenantes dans le processus de mise en place des SCGR. En effet, l’engagement
formel en matière de RSE est très souvent énoncé par les dirigeants comme un engagement de
transparence destiné à satisfaire les parties prenantes : « Pour moi un engagement responsable
est un engagement de transparence, montrer qu’on est engagé à discuter avec ses parties
prenantes, engagées à échanger avec elles, à écouter leurs attentes et leur montrer de manière
transparente qu’on met en place une stratégie et des décisions qui tiennent compte de leurs
attentes » (E4). De plus, la dirigeante de l’entreprise E5 affirme que « C’est un engagement
pour l’entreprise par rapport à toutes les parties prenantes. Un engagement que ce soit d’un
point de vue éthique, social, écologique ou sociétal ».
Les entretiens réalisés permettent d’avancer que les parties prenantes sont classées par
importance et interaction. En effet, les salariés et les clients sont pris en compte par les vingt-
sept PME de l’échantillon et ils ont plus de poids dans le déploiement des SCGR. Le dirigeant
de l’entreprise E16 déclare que : « Je peux dire que les salariés et les associés représentent les
parties prenantes les plus impliquées. Après en externe, on a des clients qui savent qu’on est
dans cette démarche et qui sont très intéressés ». Le dirigeant de E23 rajoute que : « Nos clients
nous influencent beaucoup à travers des éléments qu’ils nous demandent, dans les appels
d’offres, dans les contrats, dans les engagements qu’on a avec eux, ce sont eux, qui nous
sollicitent sur certains points concrets. Ils nous posent des questions, ils nous font remplir des
questionnaires. Donc ils nous influencent beaucoup. (…) Pour la norme ISO27001, ce sont nos
donneurs d’ordre qui nous ont sensibilisés à avoir cette norme ».
Les fournisseurs viennent juste après les clients et les salariés. Treize dirigeants de PME (E4,
E6, E7, E8, E9, E11, E13, E15, E16, E20, E22, E23, E24, E25, E26) confirment l’importance
des fournisseurs dans le cadre d’une démarche formelle : « Nos bonnes conduites RSE font que
les fournisseurs sont très contents de travailler avec nous. Donc ça crée une certaine
fidélisation des collaborateurs comme des fournisseurs » (E9). De plus, les entreprises
privilégient les fournisseurs proposant des produits écologiques afin de minimiser leur impact
environnemental : « Pour les fournisseurs, quand on en choisit un, on regarde ce qu’il fait en
termes de RSE, on ne prend que des fournisseurs engagés. Et dans le cadre de la labéllisation,
on va changer notre fournisseur d’électricité pour prendre une source renouvelable. Ça, ça fait
159
partie de nos derniers engagements. Donc on va prendre un fournisseur qui nous assure une
énergie verte. » (E6).
Les associations sont également prises en compte par les PME dans le processus de mise en
œuvre des SCGR. Ce résultat a été confirmé par neuf dirigeants sur vingt-sept. Ces associations
permettent aux PME de se réunir, d’échanger sur les bonnes pratiques : « Pour l’association
DRO, elle nous influence parce que je fais partie de l’association, on a des conférences, on a
des ateliers (…). Et donc ça nous aide, ça nous permet d’échanger sur le sujet des bonnes
pratiques. » (E15). De plus, les entreprises interrogées soutiennent des associations à travers le
mécénat de compétences qui consiste à partager gratuitement les compétences de l’entreprise
avec les associations : « On a soutenu une association on a donné beaucoup de temps au
mécénat de compétence ». (E19). De plus, les entreprises participent à la fondation des
associations axées sur le développement durable, comme le précise le dirigeant de
l’entreprise E21 : « Alors dans DRO, je suis cofondateur du conseil d’administration. J’avais
créé l’association des entreprises de La Chapelle-sur-Erdre, cette association avait développé
plusieurs projets d’entreprises collectivement, notamment celui du CO2 et j’avais aussi mis en
place une formation de covoiturage écologique ». Ainsi, les associations peuvent être définies
comme des accompagnateurs pour les entreprises désirant prendre le virage RSE.
Ensuite, six dirigeants affirment que les auditeurs externes et les consultants sont des parties
prenantes partenaires qui influencent grandement la mise en place des SCGR au sein des
entreprises. Ces parties prenantes assurent la conformité de l’engagement de l’entreprise avec
les normes et les réglementations. Le dirigeant de l’entreprise E4 a fait remarquer que « On a
un consultant en accompagnement qui est expert en RSE. Lui nous aide et nous accompagne
dans la mise en place de ces outils, dans la mise en place de la RSE. Et après on a tous les
tableaux de bord de la RSE, le tableau de bord stratégique, la sphère d’influence, la matrice
de matérialité, les domaines d’action. Un tas de tableaux qu’on actualise et pour respecter le
« PDCA » qui nous permet de suivre l’évolution de la RSE. ». Le dirigeant de E6 rajoute que
« Les personnes qui peuvent nous conseiller, ça peut être les auditeurs de « Vigeo » quand ils
viennent faire l’audit, ils peuvent nous conseiller sur la forme du tableau de pilotage RSE ».
Ces parties prenantes partenaires ont un rôle primordial dans la mise en œuvre des systèmes de
contrôle diagnostic.
Toutefois, d’autres parties prenantes impactent légèrement le déploiement des SCGR en PME,
à savoir les actionnaires, les associés, les concurrents et l’expert-comptable.
Il apparaît que les parties prenantes ne semblent pas contraindre les dirigeants de PME à
recourir à des SCGR (à l’exception de E11 et E24). Elles peuvent toutefois les aider à formaliser
160
et à structurer leur démarche RSE. Ainsi, nos résultats révèlent que les parties prenantes les
plus importantes dans le processus de mise en place des SCGR sont les salariés, les clients et
les fournisseurs.
Par ailleurs, notre recherche montre que les dirigeants interrogés perçoivent différemment
l’influence des parties prenantes en matière d’engagement responsable. En effet, les pratiques
RSE et les SCGR sont complémentaires et intéressent les parties prenantes principales de
l’entreprise (salariés, clients et fournisseurs). Les résultats de notre recherche font apparaître
trois types de pressions exercées par les parties prenantes saillantes. D’une part, les salariés sont
de plus en plus attentifs à la RSE et la considèrent comme un critère décisif pour le choix de
l’entreprise. Ils exercent une pression normative envers l’entreprise en matière de déploiement
de pratiques RSE. Cette démarche représente un facteur déterminant permettant d’assurer la
pérennité de l’entreprise. Ainsi, pour mieux répondre aux attentes des salariés, l’entreprise doit
intégrer et maintenir la RSE.
D’autre part, les clients exercent une pression coercitive sur l’entreprise qui se traduit par la
mobilisation des SCGR. Il s’agit de mettre en place des dispositifs RSE (label, certificat, etc.)
donnant lieu à un système de frontières (audit et lignes directrices) qui permettent d’assurer la
conformité de l’engagement de l’entreprise aux règles, et les systèmes de contrôle diagnostic
qui justifient l’engagement de l’entreprise à travers l’évaluation des pratiques RSE et des
résultats chiffrés. En outre, les fournisseurs exercent également une pression normative sur les
PME. Ces acteurs proposent des solutions pour le déploiement de la RSE en entreprise à travers
les SCGR.
Notre étude permet d’analyser le rôle perçu par les dirigeants, de la mise en œuvre des systèmes
de contrôle de gestion responsables dans la performance globale de leur entreprise
(économique, sociale et environnementale).
Le recours à des pratiques de RSE et des SCGR semble aux yeux des dirigeants, apporter une
réelle valeur ajoutée et contribuent à l’amélioration de leur performance économique, sociale
et/ou environnementale.
161
Selon les dirigeants interrogés, les pratiques RSE permettent aux entreprises d’accroître leur
performance sociale et économique en permettant la baisse de l’absentéisme, du turnover ou
encore en améliorant la productivité de l’entreprise : « Les actions sociales jouent sur la
motivation, sur l’amélioration des compétences, sur la base du turnover, l’absentéisme ici je
n’en ai pas. Pour la productivité, ça va surtout être liée à leur formation à l’encadrement, au
télétravail. Et on évalue ça : on leur fait remplir un questionnaire par exemple au bout des trois
mois, ils évaluent l’état de nos actifs et l’état de nos actions » (E7). Ainsi, l’ensemble des
dirigeants reconnaissent l’influence positive du recours aux pratiques RSE sur la performance
extra-financière et financière de leur entreprise : « Les gens sont très peu absents, ça c’est
concret, c’est de l’argent qu’on gagne, le taux d’absentéisme est très faible. Et ça nous permet
de dire que les actions sociales qu’on met en place nous permettent d’être plus performants au
niveau social et même au niveau environnemental. Au niveau économique : là on achète du vin
parce qu’on est négociant. Du fait d’avoir la RSE et de montrer qu’on est là pour faire des
démarches durables, on a des nouveaux fournisseurs qui nous proposent leur vin parce qu’ils
sont intéressés de travailler avec des gens qui sont aussi comme eux responsables et du coup
on a un prix qui est meilleur. Il y a des entreprises qui font du très bon vin et avec qui on partage
les mêmes valeurs, et ça, c’est de l’argent gagné. Et donc l’aspect économique est largement
aidé par la RSE » (E4).
Les résultats de notre étude montrent que les systèmes de contrôle diagnostic mis en place par
les PME permettent aux dirigeants d’évaluer et de piloter leur performance globale. En effet,
ces outils permettent de suivre la progression des pratiques RSE, de détecter les points forts et
les points faibles et d’apporter des actions correctives afin d’améliorer l’engagement RSE de
l’entreprise : « Quand on a un outil qui nous donne la consommation d’eau d’une année par
rapport à ce qu’on a fait l’année d’avant et qu’on voit qu’il y’a un problème, ben oui ça impacte
parce qu’on a une action corrective et du coup on corrige pour ne pas consommer plus d’eau.
Donc les outils de gestion font du monitoring et nous permettent de vraiment de voir au niveau
de tous nos indicateurs notre progression. » (E4). De même, le dirigeant de E10 souligne que
les systèmes de contrôle diagnostic permettent de piloter leur démarche de RSE dans un objectif
d’amélioration continue : « Les outils sont très importants à notre dimension. (…). Donc c’est
à la fois pour suivre la politique de l’entreprise parce qu’on ne peut pas avoir la politique si
on n’a pas d’outil de pilotage. (…). Donc ça permet de suivre les objectifs environnementaux,
sociaux et économiques, et puis quand on fait le point sur ces indicateurs ça permet de définir
les orientations, de voir ce que ça donne, quelle dynamique ça peut générer, etc. Alors vis-à-
vis de la performance globale, les outils permettent d’avoir du sens, une feuille de route, une
vision globale, ça nous permet de piloter, de vérifier ce qu’on a dit. Voilà, ça sert au processus
162
d’amélioration continue ».
Les résultats montrent également que les systèmes de frontières permettent de vérifier la
conformité de la démarche RSE de l’entreprise avec la norme ISO 26000. Le dirigeant de
l’entreprise E4 précise que « Quand on va à l’ISO 26000, notre consultant nous accompagne.
(…) Ensuite l’auditeur vient pour évaluer et puis voit si on a respecté cette démarche, il vérifie
le plan PDCA c’est-à-dire on a planifié, on a déployé on a checker et on a amélioré. Donc si
on respecte cette démarche logique on peut avoir 100 points, si on fait que la moitié c’est sur
50 points. L’ISO26000 c’est 1000 points et il faut sur toutes les thématiques du développement
durable arriver à 600 points ».
4.2 Le rôle des SCGR dans la performance globale perçue des PME
Vingt-quatre PME ayant mis en place des systèmes de frontières et/ou des systèmes de contrôle
diagnostic ont apporté des réponses sur l’impact perçu des SCGR dans la performance globale.
Les résultats mettent en exergue que les systèmes de contrôle de gestion responsables,
notamment les systèmes de frontières et les systèmes diagnostics ne contribuent pas
conjointement aux trois piliers de la performance globale. Seules douze PME montrent que les
SCGR contribuent à la performance globale de leur entreprise (E4, E6, E8, E10, E11, E13, E15,
E16, E20, E23, E24 et E27). Par exemple, le dirigeant de l’entreprise E27 explique que « Les
outils sont très importants, plus on mesure nos actions, plus on progresse de manière globale.
Lorsqu’on met en place des outils, c’est pour mesurer et suivre toutes les actions RSE. L’outil
nous permet de voir si on fait bien les choses. Par exemple, sur le volet environnemental, les
indicateurs nous permettent de suivre notre consommation d’énergie et de faire des économies.
Donc c’est positif pour notre performance environnementale parce que l'on consomme moins
d’énergies et pour notre performance financière, car ça nous permet de faire des économies.
Pour le social, c’est pareil on a des indicateurs pour mesurer la progression de nos actions
sociales et qui nous ont permis d’être plus productifs. ». Le dirigeant de l’entreprise E6 rajoute
que :
« Les outils ont un impact du fait qu’ils nous permettent de nous améliorer. Sur l’impact
environnemental, le fait de pouvoir suivre les engagements et mesurer leur efficacité a
automatiquement un impact sur les actions à venir. Sur le côté social, ça va être par exemple
de veiller au bon climat pour que notre capital humain soit dans les meilleures conditions pour
travailler. Par exemple, on a mis des entretiens de fin de période d’essai ou lorsque les
collaborateurs sont confirmés, on débriefe leurs trois premiers mois et on cherche à améliorer
163
tout ce qu’on peut faire pour faciliter leur intégration. (…) Ça a été mis dans le cadre de la
labélisation parce qu’on cherchait des voies d’amélioration en termes de gestion sociale. Au
niveau économique, c’est typiquement les calculs que l’on fait, c’est-à-dire des indicateurs sur
les conditions de travail au sens large qui impactent la productivité des collaborateurs… ça
peut être la politique sociale, le télétravail, l’entretien de fin de période d’essai aussi… tout ce
que l’on fait a un impact économique de toute façon ».
Trois PME sur les vingt-quatre ayant des systèmes de frontières et des systèmes de contrôle
diagnostic ont affirmé que les SCGR ont un impact sur la performance sociale et économique
(E3, E9, E21). Selon le dirigeant de E21 : « Sur le volet économique, les outils ont un impact
positif sur cet aspect, il faut quand même le reconnaître. (…) Sur la performance
environnementale, depuis cinq ans non, à mon avis pas assez. Et sur le social je dirais oui
quand même, on a des gens qui sont quand même bien chez nous et on arrive à les garder.
Quand on est sur des tranches d’âges de 25 à 30 ans, ce n’est pas facile de garder les gens.
Donc, c’est plutôt positif sur la performance sociale ». De même, le dirigeant de E3 affirme
que « Dès qu’on a une norme de qualité, c’est une image positive vis-à-vis du client qui se sent
rassuré et donc effectivement ça apporte une garantie au client. Après au niveau interne, ça
motive plus toute l’équipe, ça permet de sensibiliser l’ensemble des équipes à la démarche
globale de l’environnement. J’estime que notre performance a évolué au quotidien parce que
plus les salariés sont sensibilisés plus ça évolue. Ça va toujours dans un sens d’évolution
positive. Donc la connaissance des objectifs, de la charte et les explications données à travers
la démarche qualité permettent d’accroître cette performance ».
Les entreprises E5 et E7 révèlent que les SCGR impactent uniquement la performance sociale :
« Sur la performance environnementale, l’impact n’est pas très élevé. (…) Sur la performance
sociale, ça nous permet d’avoir une ouverture plus large et d’être plus enclins à mettre en place
des choses pour les collaborateurs. Sur la performance économique, pour l’instant il n’y a pas
d’impact, mais je pense que dans le futur il est possible que ça impacte positivement ».
Le dirigeant de l’entreprise E25 a annoncé que les systèmes de contrôle diagnostic impactent
uniquement la performance environnementale : « Sur la performance environnementale, notre
outil est intéressant, parce qu’il nous fait poser des questions sur notre activité, notre
consommation, le déchet, notre application. Grâce à cet outil, on est en train d’améliorer
quelques actions. (…). Sur la performance sociale, je ne suis pas sûr que ça nous fait faire des
choses. Nous, on a déjà commencé avec des actions de RSE dès la création de l’entreprise.
(…). C’est trop dur de mesurer la performance économique » (E25).
Toutefois, six PME (E1, E12, E17, E18, E19 et E26) ont révélé que les SCGR n’impactent pas
la performance. Les dirigeants de ces PME déclarent que les SCGR servent uniquement à
164
piloter et à suivre les pratiques RSE, mais ils n’assurent pas la performance de l’entreprise :
« Encore une fois les outils servent à piloter, ils ne servent pas à faire de la performance. Ça
sert à mesurer, il ne faut pas confondre les deux. Ce qui fait de la performance c’est absolument
les actions, les outils servent juste à mesurer et à suivre et éventuellement à décider, mais en
aucun cas ils peuvent générer de la performance. (…). Encore une fois, on fait la RSE parce
que c’est un devoir pour nous en tant qu’entreprise citoyenne, mais on ne la fait pas pour avoir
une performance économique. » (E17).
Pour résumer, les pratiques RSE et les SCGR coexistent et s’influencent mutuellement. Dans
le cadre d’un engagement responsable avec des dispositifs de formalisation de RSE (label,
certificat, etc.), les entreprises mettent en place l’ensemble des SCGR afin faciliter le
déploiement des pratiques en PME. Les systèmes de croyances permettent de communiquer sur
les valeurs RSE de l’entreprise auprès de ses parties prenantes pour favoriser un comportement
responsable en entreprise. Les systèmes de frontières permettent de structurer les pratiques RSE
et de leur donner une légitimité à l’engagement responsable de l’entreprise. Puis, les systèmes
de contrôle diagnostic permettent de mesurer les pratiques RSE, de suivre leur progression et
d’apporter des actions correctives si nécessaire. De plus, ils permettent de communiquer sur les
pratiques RSE auprès des parties prenantes de l’entreprise. Enfin, les systèmes interactifs
permettent de promouvoir l’engagement responsable des PME à travers des échanges avec les
parties prenantes internes et externes.
Ainsi, les pratiques RSE vont donner lieu à la mise en place des SCGR qui permettent de
mesurer leur impact sur la performance de l’entreprise. Toutefois, certaines PME appliquent
directement des pratiques RSE sans passer par les systèmes de contrôle diagnostic et les
systèmes de frontières et se contentent uniquement des systèmes interactifs et des systèmes de
croyances. Les raisons qui expliquent ce choix sontl’absence d’un dispositif de formalisation
de RSE, la méconnaissance de l’utilité des systèmes de diagnostics et des systèmes de
frontières, le manque de ressources financières et humaines, et le manque de conviction quant
à l’utilité de ces outils. Les dirigeants des PME qui adhèrent cette vision sont plutôt axés sur le
résultat lié aux pratiques RSE et motivés par l’atteinte de la performance économique à travers
l’instauration de la RSE.Ainsi, la contribution des systèmes de contrôle de gestion responsables
à la performance globale s’inscrit dans un processus d’amélioration continue, intitulé PDCA
(Plan, Do, Check, Action). Ce processus est plus répandu dans le cadre d’un engagement
formalisé à travers des dispositifs RSE. Autrement dit, dans le cadre d’une labellisation ou
certification RSE des PME, le déploiement des SCGR s’inscrit dans ce processus
d’amélioration continue pour l’obtention et le maintien des dispositifs RSE. Le tableau suivant
présente les étapes de ce processus d’amélioration continue.
165
Tableau 27 : Les étapes du processus d’amélioration continue
Les étapes du processus Les pratiques RSE
PDCA
Étape 1 : Plan Les systèmes de croyances (plan d’action RSE), les
Planification des pratiques RSE systèmes de frontières (lignes directrices) et les systèmes
interactifs (échanges avec les parties prenantes) permettent
de planifier et de structurer les pratiques RSE à mener en
fonction des attentes des parties prenantes.
Étape 2 : Do La réalisation des pratiques RSE s’appuie sur les SCGR
Mise en place des pratiques qui assurent les choix en matière de ces pratiques.
RSE
Étape 3 : Check Les systèmes de frontières (audit et lignes directrices) et
Mesurer et suivre l’évolution les systèmes de diagnostics (indicateurs RSE) permettent
des pratiques RSE de mesurer, de suivre la progression des actions en
fonction des objectifs fixés, et d’identifier les forces et les
faiblesses des pratiques afin d’apporter des actions
correctives si nécessaire.
Étape 4 : Action Amélioration de l’engagement responsable à travers la
Mise en place des actions mise en place de nouvelles actions correctives.
correctives
166
Conclusion de la section 1
Cette première section permet de mettre en avant les résultats de notre première étude
qualitative exploratoire menée auprès de vingt-sept dirigeants de PME française.
Il résulte que les PME de notre échantillon mettent en place des pratiques RSE, sociale
environnementale et/ou sociétale afin de répondre aux attentes des parties prenantes (les
salariés, les clients, les fournisseurs et les associations).
En effet, les pratiques sociales ont pour but d’assurer le bien-être des salariés et portent sur le
développement de compétence, le télétravail, la flexibilité des horaires, l’équilibre vie
professionnelle et vie privée, l’égalité homme-femme, l’implication des collaborateurs et la
transparence de l’information. Les pratiques environnementales s’articulent autour de la lutte
contre la pollution, l’optimisation de ressources et la protection de la biodiversité. Les pratiques
sociétales portent sur le mécénat de compétences, l’achat responsable, la concurrence loyale, la
lutte contre la corruption et la protection des données des clients.
Par ailleurs, l’engagement responsable des PME est présenté sous forme de deux approches :
engagement avec dispositif de formalisation de RSE et engagement sans dispositif de
formalisation de RSE. Le premier engagement renvoie à la mise en place des dispositifs RSE
(labels, certificats, charte, etc.) afin de concrétiser la démarche responsable. Le deuxième
engagement se distingue par l’absence de dispositif de RSE pour formaliser l’engagement de
l’entreprise.
Les deux types d’engagements contribuent à la mise en place de systèmes de contrôle de gestion
responsables (les systèmes de croyances, les systèmes de frontières, les systèmes de diagnostics
et les systèmes interactifs).
Les systèmes de croyances portent principalement sur les sessions de formation, les plans
d’action RSE, les événements et ateliers RSE. Ces systèmes permettent de communiquer sur
les valeurs et les enjeux de la RSE et de développer une culture responsable au sein de
l’organisation.
Les systèmes de frontières s’appuient essentiellement sur l’audit et les lignes directrices en
matière de RSE afin d’assurer la conformité de l’engagement responsable de l’entreprise aux
règles et aux normes responsables, et d’éviter les risques.
Les systèmes de diagnostics se distinguent par les indicateurs RSE présentés sous différentes
formes (tableau de bord, rapport RSE, bilan carbone, bilan social, logiciel de pilotage RSE et
autodiagnostic). Ces systèmes permettent de suivre la progression des pratiques RSE et de
167
s’assurer de leur pertinence, connaître les points forts et les points faibles de l’engagement RSE
et apporter de nouvelles actions correctives.
Enfin, les systèmes interactifs s’appuient sur des échanges avec les parties prenantes internes
et externes qui permettent de promouvoir et d’améliorer la démarche RSE en entreprise.
Les systèmes de contrôle permettent d’orienter le comportement de l’organisation vers la
démarche responsable à travers des labels RSE. Nous résumons dans le tableau 18 les systèmes
de contrôle de gestion responsables mobilisés par les PME étudiées.
Tableau 28 : Synthèse des systèmes de contrôle de gestion responsables des PME étudiée
168
internes et
externes
E10 ü Plan d’action ü Audit ü Tableau de ü Échanges avec
Engagement RSE ü Lignes bord RSE les parties
formel directrices ü Bilan prenantes
ü Objectifs du Carbone externes
développement ü Rapport RSE
durable
E11 ü Audit ü Échanges avec
Engagement les parties
formel prenantes
externes
E12 ü Plan d’action ü Objectifs du ü Rapport RSE ü Échanges avec
Engagement RSE développement ü Bilan social les parties
formel ü Outils de durable prenantes
communicati externes
on RSE
E13 ü Événement ü Audit ü Tableau de ü Échange avec
Engagement RSE ü Lignes bord RSE les parties
formel directrices ü Bilan carbone prenantes
externes
E14 ü Échanges avec
Engagement les parties
informel prenantes
externes
E15 ü Événement ü Audit ü Tableau de ü Échanges avec
Engagement RSE ü Lignes bord RSE les parties
formel ü Session de directrices prenantes
formation externes
E16 ü Événement ü Audit ü Tableau de ü Échange avec
Engagement RSE ü Lignes bord RSE parties
formel ü Session de directrices ü Bilan prenantes
formation Carbone internes et
ü Rapport RSE externes
E17 ü Session de ü Objectifs du ü Tableau de ü Échange avec
Engagement formation développement bord RSE parties
formel durable ü Bilan prenantes
Carbone internes et
ü Rapport RSE externes
E18 ü Session de ü Tableau de ü Échanges avec
Engagement formation bord RSE les parties
formel prenantes
externes
E19 ü Session de ü Indicateurs ü Échanges avec
Engagement formation sociaux les parties
informel ü Plan d’action prenantes
RSE externes
E20 ü Session de ü Tableau de ü Échanges avec
Engagement formation bord RSE les parties
formel ü Outils de ü Bilan social prenantes
communicati externes
on RSE
E21 ü Audit ü Tableau de ü Échanges avec
Engagement ü Lignes bord RSE les parties
formel directrices ü Bilan prenantes
Carbone externes
169
E23 ü Session de ü Audit ü Rapport RSE ü Échanges avec
Engagement formation ü Lignes ü Bilan social les parties
formel directrices ü Logiciel E23 prenantes
ü Objectifs du de pilotage externes
développement
durable
E24 ü Événement ü Audit ü Tableau de ü Échange avec
Engagement RSE ü Lignes bord RSE parties
formel directrices ü Bilan prenantes
Carbone internes
E25 ü Logiciel E25 ü Échange avec
Engagement de pilotage parties
informel prenantes
internes et
externes
E26 ü Plan d’action ü Objectifs du ü Rapport RSE ü Échange avec
Engagement RSE développement parties
formel durable prenantes
internes
E27 ü Session de ü Audit ü Rapport RSE ü Échanges avec
Engagement formation ü Lignes les parties
formel directrices prenantes
externes
Synthèse 21 19 23 25
Par ailleurs, la majorité des dirigeants interviewés mobilisent des systèmes de contrôle de
gestion responsables par conviction personnelle afin d’atteindre une performance globale ou
économique. Toutefois, peu de dirigeants mettent en place les SCGR par contraintes des parties
prenantes et pour atteindre une performance économique. Les résultats font ainsi apparaître
trois catégories de PME en matière de déploiement des SCGR, et identifient les SCGR les plus
mobilisés dans chaque catégorie :
Catégorie 1 : mise en place de l’ensemble des systèmes de contrôle formels par conviction
personnelle et pour atteindre la performance globale.
Catégorie 2 : mise en place des systèmes de croyances et des systèmes de diagnostic par
conviction personnelle et pour atteindre la performance économique.
Catégorie 3 : mise en place des systèmes de frontières et des systèmes interactifs par contrainte
des parties prenantes et pour d’atteindre la performance économique.
De plus, les résultats révèlent que les parties prenantes les plus importantes dans le processus
de mise en place des SCGR sont les salariés, les clients et les fournisseurs.
Enfin, le recours à des SCGR facilite le déploiement des pratiques en PME : 1) les systèmes de
croyances facilitent la diffusion des valeurs RSE au sein de l’entreprise ; 2) Les systèmes de
frontières assurent la légitimité de l’engagement responsable de l’organisation ; 3) Les systèmes
de contrôle diagnostic permettent de mesurer les pratiques RSE, de suivre leur progression et
d’apporter des actions correctives si nécessaire ; 4) et les systèmes interactifs permettent de
promouvoir les pratiques responsables des PME.
170
Ainsi, la contribution des SCGR à la performance globale se traduit par un processus
d’amélioration continue. Ce processus s’articule autour de quatre étapes. La première étape
consiste à planifier les pratiques RSE à l’aide des systèmes de croyances (plan d’action RSE),
des systèmes de frontières (lignes directrices) et des systèmes interactifs (les échanges avec les
parties prenantes). La deuxième étape consiste à mettre en œuvre les pratiques RSE. La
troisième étape permet de mesurer et de suivre l’évolution des pratiques RSE à travers les
systèmes de frontières (audit et lignes directrices) et les systèmes de diagnostics (indicateurs
RSE). La dernière étape se distingue par la mise en place des actions correctives afin
d’améliorer l’engagement responsable de l’entreprise.
Les premiers résultats de l’étude qualitative exploratoire apportent un éclairage sur le des
systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance globale perçue par les
dirigeants des PME. Dans une deuxième étape, nous cherchons à étudier, à travers une étude
cas unique, le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance
globale mesurée. Nous présentons ainsi les résultats de la deuxième étude qualitative dans la
section 2 de ce chapitre.
171
Section 2 : Analyse des résultats de l’étude de cas
Cette deuxième section permet d’exposer les résultats de l’étude de cas unique afin de
compléter et d’affiner les premiers résultats de l’étude qualitative exploratoire. Nous cherchons
à étudier de manière plus approfondie le rôle des SCGR dans la performance globale mesurée
en PME.
Dans un premier temps, la perception de l’engagement de l’entreprise par les parties prenantes
saillantes est exposée. D’une part, elle s’appuie sur la description des pratiques RSE mises en
place dans le cadre d’une démarche responsable. D’autre part, elle présente l’ensemble des
SCGR mobilisés afin d’assurer le déploiement des pratiques RSE. Dans un deuxième temps,
nous présentons l’influence des parties prenantes saillantes (salariés, clients et fournisseurs) en
matière de mise en place des SCGR. Enfin, la contribution des SCGR à la mesure et au pilotage
de la performance globale est présentée. Elle est structurée en fonction des trois volets de la
performance globale, à savoir la performance sociale, la performance, environnementale et
performance sociétale. La mesure de la performance globale est principalement assurée par des
systèmes de contrôle diagnostic, notamment les indicateurs RSE, présentés sous forme de
tableau de bord ou de rapport RSE.
172
1. Perception de l’engagement de l’entreprise et mise en place des pratiques RSE
et des SCGR
L’analyse des réponses des parties prenantes et l’étude des documents internes et externes
permettent de décrire l’engagement responsable de l’entreprise E16 que nous avons choisi
comme unité d’analyse. Dans un premier temps, nous allons exposer les résultats liés à
l’engagement perçu par les parties prenantes principales et les pratiques RSE perçues par ces
dernières. Ensuite, nous allons présenter les systèmes de contrôle de gestion responsables
mobilisé par l’entreprise à travers les données primaires et secondaires.
Les résultats de notre étude montrent que toutes les parties prenantes jugent que l’entreprise est
impliquée en matière de RSE : « Je trouve qu’il y a un vrai effort de ce côté-là qui est assez
appréciable » (Collab 5). De même, le client 2 de l’entreprise affirme : « Je trouve que la
démarche RSE du cabinet répond à nos exigences. Je pense qu’ils sont mieux que nous en
RSE ». Toutefois, les parties prenantes internes révèlent que cet engagement nécessite des
améliorations continues et évolue dans le temps comme le souligne la responsable des
ressources humaines : « La RSE de l’entreprise est concrète. Ce ne sont pas que des mots pour
valoriser l’image, ça se traduit concrètement sur le terrain. (…) On peut toujours faire mieux,
mais c’est déjà bien, il faut continuer et plus le temps avance plus on a de nouvelles
problématiques puis on a des nouveaux outils. À chaque période il y’a une phase qui évolue en
RSE. » (Collab 11).
Par ailleurs, certains collaborateurs comparent l’engagement responsable de l’entreprise en
s’appuyant sur leurs anciennes expériences vécues dans d’autres organisations. Ces acteurs
témoignent que la démarche RSE de l’entreprise E16 leur permet d’atteindre un niveau
intéressant : « Moi, quand j’ai vu ce cabinet-là j’étais surpris qu’il y ait autant d’engagements
pour la RSE. Pour moi, les entreprises ne faisaient pas vraiment attention à ça, donc ça m’a
plutôt surpris que ça se passe comme ça dans ce cabinet. » (Collab 8). De même, la
collaboratrice 10 explique que : « Par rapport à d’où je venais, je trouve qu’elle est assez
développée ». Les salariés de l’entreprise E16 expliquent globalement qu’ils sont heureux au
travail : « On a de la chance d’avoir un métier où l’on a beaucoup de travail partout. Donc si
je n’étais pas contente, je serais partie, tout simplement. » (Collab 2).
173
Ainsi, nous pouvons déduire que l’entreprise E16 peut être qualifiée d’engagée en RSE même
si son engagement nécessite une amélioration continue.
1.2 Perception des parties prenantes sur les pratiques RSE de l’entreprise
L’analyse des réponses des différentes parties prenantes interrogées a permis de décrire
l’engagement responsable de l’entreprise. Les parties prenantes jugent que l’entreprise est
impliquée en matière de RSE à la fois au niveau social, environnemental et sociétal. Les
entretiens semi-directifs, ainsi que l’analyse des documents de l’entreprise ont permis de mettre
en évidence un ensemble d’actions répondant aux attentes spécifiques de chaque partie
prenante.
Au niveau social, les salariés considèrent que l’entreprise prend en considération leurs attentes
et se soucie de leur bien-être. Il s’agit par exemple de la mise en place du télétravail : « le
télétravail est possible. Le jour où j’ai un problème avec les enfants, je leur dis. Et ça, c’est
quand même très pratique » (Collab 10). Cette même collaboratrice explique aussi : « On a une
flexibilité dans les horaires. Par exemple, le mardi je dois aller chercher les enfants à 16 h 30
à l’école, on ne m’a jamais rien dit, ils savent que je travaille derrière. » (Collab 10). Un autre
collaborateur souligne l’existence d’un management transversal : « On est dans un cabinet où
on peut discuter avec nos grands chefs. Ils ne vont pas accéder à toutes nos demandes (…),
mais ce sont des gens qui sont accessibles. » (Collab 5). Un autre note la possibilité laissée aux
collaborateurs de s’impliquer dans la démarche RSE : « Il y a le côté ambiance interne,
notamment avec des idées qui viennent directement des collaborateurs comme le compost qui
a été mis en place par une collaboratrice. » (Collab 3).
Le cabinet mène aussi des actions environnementales ayant pour but de préserver les ressources
naturelles. Il s’agit de la consommation de papier qui diminue année après année grâce à la
dématérialisation de l’activité, mais aussi de l’électricité : « Là, ils sont en train de changer les
lampes, ils ont remplacé les néons par des lampes à LED qui consomment moins d’électricité
et proposent une lumière beaucoup plus naturelle. » (Collab 5). D’autres actions visent à
minimiser la pollution et protéger la biodiversité : « On a une ruche, on a eu 22 kilos de miel
au mois d’octobre et on l’a distribué aux collaborateurs. On a aussi le compost où on peut
mettre les épluchures et les restes de nourriture » (Collab 4).
Enfin, le dirigeant affirme que le cabinet accorde beaucoup d’importance aux activités
sociétales, notamment en matière de mécénat : « On a décidé de travailler avec une association
nationale qui s’appelle « Laurette Fugain » qui lutte contre leucémie et les maladies du sang
174
en général (…). Avec eux, on fait tout un tas d’actions diverses (…) On pousse nos
collaborateurs à donner du sang durant les heures de travail. » (Dirigeant).
Le dirigeant explique ensuite que, pour répondre aux attentes de certains clients sensibles à la
problématique de la RSE, le cabinet fournit des informations sur la démarche qu’il mène. Il
explique ses actions et présente des fiches ESS (Économie Sociale et Solidaire) à travers son
site Internet. Le dirigeant indique par ailleurs qu’il encourage ses collaborateurs à communiquer
auprès des clients sur l’importance accordée à la RSE au sein du cabinet. Cela favorise, selon
lui, l’attractivité de l’entreprise vis-à-vis de ses clients.
De même, l’entreprise sensibilise ses fournisseurs et réalise des actions conjointement avec
eux : « on peut aussi réfléchir à ce qu’ils (le cabinet) font et si on a envie de faire la même
chose, on leur dit qu’on voudrait essayer de développer tel ou tel aspect conjointement avec
eux » (Fournisseur 2).
Toutefois, les réponses des parties prenantes révèlent que les pratiques de l’entreprise E16 ne
sont pas exemptes de limites et nécessitent des améliorations au niveau social et
environnemental. Sur le volet social, les limites portent sur l’accessibilité au télétravail, la
répartition des tâches et la charge de travail, la gestion du stress, le recrutement des personnes
en situation de handicap, l’absence de comité d’entreprise et le manque de transparence
financière. Quant au volet environnemental, les limites portent principalement sur l’impression
et l’usage excessif du papier et l’utilisation de matériel de bureau jetable. Nous présentons les
principales limites sociales et environnementales de l’engagement de l’entreprise mis en
évidence par les collaborateurs du cabinet dans les tableaux suivants.
175
Tableau 29 : Les limites des actions sociales
176
1.3 Les systèmes de contrôle de gestion responsables mis en place par l’entreprise
Pour déployer les pratiques RSE, suivre leur évolution, et répondre ainsi aux attentes de ses
parties prenantes, l’entreprise mobilise des SCGR au sens de Simons (systèmes de croyances,
systèmes de frontières, systèmes de contrôle diagnostics et interactifs) et des dispositifs
d’engagement RSE (label Lucie et charte fournisseur) qui contribuent à renforcer les quatre
leviers des systèmes de contrôle et à créer un climat organisationnel propice à la RSE. Nous
nous sommes appuyée sur les entretiens avec les parties prenantes ainsi que sur une analyse
documentaire afin d’identifier le rôle des différents systèmes de contrôle de gestion
responsables de l’entreprise. Tous les SCGR ne sont pas destinés à la gestion de l’ensemble des
piliers de la RSE simultanément. Certains permettent de mesurer l’évolution d’un seul des trois
volets RSE. Le bilan carbone par exemple mesure l’impact environnemental exercé par
l’entreprise. Le bilan social permet d’identifier la performance au niveau social. D’autres
SCGR, par exemple les indicateurs RSE présentés dans le rapport intégré ou le tableau de bord
RSE, concernent les trois enjeux de la RSE. Le tableau 31 synthétise les systèmes de contrôle
de gestion responsables mis en place par l’entreprise.
177
Tableau 31 : Les SCGR de l’entreprise
L’entreprise a mis en place de nombreux outils RSE qui peuvent être classés en fonction des
quatre leviers de contrôle identifiés par Simons (1995). Certains outils concernent les systèmes
de croyances. Ils permettent de communiquer les valeurs RSE auprès des parties prenantes. Ces
outils sont les sessions de formation, les comptes rendus d’événements responsables (journée
découverte du cycle de vie des abeilles, participation à la course des Héros pour accompagner
l’association Laurette Fugain…), les outils de communication comme les campagnes de
sensibilisation sur le thème du développement durable, le livret « zéro déchet », des dépliants
RSE, le journal interne... Le collaborateur 5 affirme ainsi : « Il y a beaucoup de communication
RSE, il y a des mails, on a aussi des affiches, notamment dans notre espace de cuisine, pour
indiquer ce qu’il faut trier, ce qu’il ne faut pas trier (…) Lors des réunions mensuelles, ils
abordent le sujet de la RSE, il y a toujours un peu de temps consacré à ça… Là, on organise
une course des Héros pour l’association Laurette Fugain, on a aussi reçu une invitation pour
aller visiter la cité des abeilles. » (Collab 5). Le collaborateur 6 confirme : « On a des mails
réguliers sur les actions qui sont en cours, on nous parle aussi des actions RSE lors de la
178
réunion mensuelle, on a des informations dans notre magazine, on a beaucoup d’informations
qui reviennent régulièrement sur les actions financées via le fonds de dotation » (Collab 6).
D’autres outils concernent les systèmes de frontières. L’entreprise a en effet mis en place des
audits responsables et des lignes directrices formalisées sur les pratiques RSE afin de s’assurer
de la conformité de son engagement avec des règles. L’entreprise réalise un audit de suivi tous
les dix-huit mois et un audit de renouvellement tous les trois ans : « À la suite d’un audit
effectué par Vigéo Eiris, l’entreprise voit sa labellisation Lucie renouvelée, attestant ainsi de
la sincérité et de la cohérence de la politique menée par le cabinet en matière de RSE. » (Extrait
du site Internet de l’entreprise).
Certains outils concernent les systèmes de contrôle diagnostic. L’entreprise mobilise en effet
différents systèmes de contrôle afin de mesurer ses actions RSE, évaluer l’atteinte de ses
objectifs et apporter des actions correctives. Ces systèmes portent sur le bilan carbone : « On a
le bilan carbone pour calculer nos émissions de gaz à effet de serre. Cet outil nous dit combien
on dépense en transport, en énergie, etc., et ça nous permet d’apporter des actions correctives »
(Dirigeant). Ils portent aussi sur le rapport intégré : « Tous les ans, on fait un document sur nos
données économiques, sociales et environnementales qu’on présente aux collaborateurs. C’est
un document purement interne qu’on ne présente pas à l’extérieur, on s’en sert pour faire notre
point de transparence. Dans ce document il y a une partie économique, une partie sociale et
une partie environnementale. » (Dirigeant). Dans ce rapport intégré, l’entreprise établit une
matrice SWOT permettant d’identifier les opportunités/menaces liées à son environnement et
forces/faiblesses de sa démarche RSE. Cet outil a pour objectif la mise en place d’une analyse
stratégique de la RSE. « Notre rapport intégré présente donc la vision, les objectifs, la stratégie,
la gouvernance et la performance du Groupe, ainsi que ses forces et faiblesses dans
l’environnement dans lequel il opère. Il met en lien les informations extra-financières et
financières et permet de présenter la création de valeur de l’entreprise » (Extrait du rapport
intégré de l’entreprise). Un tableau de bord RSE basé sur des indicateurs sociaux et
environnementaux est également élaboré : « Pour le quantitatif, on a un tableau de bord RSE
sur Excel qu’on a créé nous-mêmes avec des indicateurs. (…) Le tableau de bord nous permet
d’avoir une vision de l’évolution de nos actions, et de mettre en place des actions correctives »
(Dirigeant). Un bilan social est également réalisé : « Ils nous montrent un petit bilan social
avec la moyenne de rémunération, la répartition homme/femme, les anciennetés, des choses
comme ça. » (Collab 10).
Enfin, l’entreprise met en place des systèmes de contrôle interactifs pour identifier les
opportunités et les innovations afin d’améliorer son engagement RSE. Ces outils sont par
exemple des réunions ou des échanges avec les parties prenantes internes et externes : « Il y a
179
souvent des discussions, des réunions ou la possibilité d’échanger sur ce qui pourrait être
amélioré » (Collab 9). Des enquêtes de satisfaction auprès des collaborateurs sont également
réalisées chaque année et le cabinet participe au salon responsable « Salon Produrable » pour
interagir avec d’autres professionnels et réaliser ainsi une « veille RSE ».
L’entreprise a également obtenu un label RSE (Label Lucie) et mis en place une charte RSE
fournisseurs qui contribuent au renforcement des valeurs responsables (systèmes de croyances),
a conduit à la mise en place d’audit et impacté les lignes directrices sur les pratiques (systèmes
de frontières), impacté le contenu du tableau de bord, engendré la mise en place du bilan social
et du bilan carbone (système de contrôle diagnostic) et amorcé des échanges et réunions lors de
leur mise en place, mais aussi régulièrement depuis celle-ci (systèmes de contrôle interactif) :
« À partir de 2008, on s’est posé des questions sur nos valeurs. On fait tout un brainstorming
des valeurs et suite à ça, on a décidé de se faire labélliser. L’avantage de la labéllisation
Lucie c’est que ça formalise tout. On a réduit nos délais de paiement aux fournisseurs, on a
envoyé un questionnaire aux fournisseurs pour savoir ce qu’eux-mêmes faisaient en RSE, on a
fait une charte avec eux. » (Dirigeant). L’entreprise a obtenu le label Lucie, qui est aligné sur
la norme internationale ISO 26000 en 2012, « le groupe devient le premier cabinet d’audit,
d’expertise et de conseil labellisé LUCIE » (extrait du site internet). Le référentiel Lucie est
structuré autour de sept thèmes d’engagement. Ces derniers sont composés de principes
d’action permettant d’évaluer la politique RSE de l’entreprise sur les actions menées et les
résultats tangibles : « Après une formation sur la norme ISO 26000 et la démarche de
labellisation Lucie, l’entreprise s’autoévalue sur les sept engagements RSE (déclinés en 28
principes d’action) du référentiel Lucie, alignés sur les sept questions centrales de la norme. »
(Extrait du site Internet de l’entreprise). Les thèmes d’engagement correspondent à la
gouvernance responsable, le respect des droits de personnes, les conditions de travail
responsables, la préservation de l’environnement, l’éthique dans les relations d’affaires, le
respect des intérêts des consommateurs et le développement local, et l’intérêt général. Chaque
engagement est composé de deux à sept principes d’action permettant d’évaluer la politique
RSE de l’entreprise sur les actions menées et les résultats tangibles. Ainsi, l’entreprise s’engage
à mettre en place des actions RSE sur chaque thème afin de répondre aux exigences du
référentiel. Pour ce faire, l’entreprise a été amenée à proposer un plan d’action sur des
engagements concrets et adaptés à son activité.
180
2. Influence des parties prenantes sur la mise en place des SCGR
Dans cette partie nous analysons l’influence des parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs
et associations) les plus importantes sur la mise en place des SCGR.
Les entretiens réalisés auprès des parties prenantes permettent d’avancer que la notion de RSE
intéresse l’ensemble des parties prenantes internes et externes et est souvent considérée comme
indispensable : « La démarche RSE m’intéresse, parce que je pense que c’est non négociable,
c’est dans l’air du temps, c’est quand même quelque chose qui doit être réalisé. » (Collab 6).
Le fournisseur 1 rajoute que « C’est toujours intéressant de travailler avec des clients engagés
dans cette démarche. C’est une démarche qui permet de mieux consommer, de mieux vivre pour
tout le monde. On travaille beaucoup avec les entreprises engagées en RSE. » (Frns 1).
Par ailleurs, la démarche responsable représente un critère de choix pour les salariés et les
clients. Par exemple, le client 1 souligne qu’il privilégie les entreprises engagées en RSE dans
des relations de partenariats : « En partenariat on privilégie les entreprises qui sont engagées
dans cette démarche. En tout cas dans les partenariats et toutes les actions qu’on peut faire en
France pour la visibilité de l’association, pour faire des événements, on essaye de travailler
avec des gens qui ont les mêmes valeurs que nous, des valeurs partagées avec l’association ».
(Clt 1). De plus, la collaboratrice 4 affirme que la RSE stimule le choix de l’entreprise et permet
à cette dernière de se distinguer par rapport aux autres : « Moi je suis venue ici parce qu’ils ont
de la RSE. Pour moi, c’est quelque chose qui m’attire et à chaque fois je m’investis plus sur
ces sujets-là. » (Collab 4).
Dix parties prenantes sur quinze interrogées expriment un intérêt envers les SCGR, et plus
particulièrement, les systèmes de contrôle diagnostic. Ces derniers permettent d’évaluer et de
concrétiser les efforts responsables réalisés par l’entreprise. Selon les échanges avec les parties
prenantes, la mesure de RSE est considérée comme une preuve d’engagement aux yeux des
parties prenantes, notamment les salariés et les clients, et leur permet d’avoir une idée sur
l’évolution de la RSE en entreprise : « C’est toujours important de voir ces résultats, parce
qu’à partir du moment où l’on évalue quelque chose, ça montre que l’action est faite. Le fait
de chiffrer ce qu’on a fait, c’est une manière d’évaluer sa propre action et donc ça prouve
qu’on a fait quelque chose » (Collab 6). De même, le client 1 mentionne que la mesure des
actions RSE représente une preuve de l’engagement responsable de l’entreprise : « Je trouve
que c’est très intéressant de voir les résultats des actions que nos fournisseurs ont menées, pour
qu’on se rende compte des actions concrètes qu’ils peuvent mener au-delà du label et de ce
qu’ils annoncent » (Clt1).
181
En outre, certaines parties prenantes internes participent à la mise en place des systèmes de
contrôle diagnostic. Par exemple, la responsable des ressources humaines a expliqué qu’« En
partie je participe à la mise en place des outils de mesure des actions sociales, mais on est
plusieurs. ». (Collab 11).
D’autres SCGR peuvent intéresser les parties prenantes internes de l’entreprise, notamment les
systèmes de croyances ayant pour but de communiquer sur la RSE : « Aujourd’hui, quand j’ai
une affiche au-dessus de moi, un tableau, un vernissage comme demain soir, oui c’est vrai que
c’est intéressant, ça stimule différemment, ça permet de s’intéresser à des choses que peut-être
on n’aurait jamais regardé par soi-même aussi. » (Collab 5).
Les systèmes de contrôle interactifs intéressent également les parties prenantes et leur
permettent d’échanger sur les nouvelles pratiques à mettre en place : « Hier l’association est
venue présenter ses actions à la réunion pour sensibiliser les collaborateurs, c’est pour ça il
faut aider ce type d’association parce que c’est utile, ça va dans la continuité parce qu’on incite
les collaborateurs à donner leur sang. » (Collab 11). En effet, les parties prenantes utilisent les
systèmes de contrôle interactif afin de proposer des actions responsables ainsi que des
améliorations : « Ils ont mis en place la boîte à idées. (…) Chacun peut mettre des suggestions
d’amélioration, de nouveautés au sein de l’entreprise sur tous les thèmes, on l’a en version
numérique et on dépose nos suggestions d’amélioration en termes de condition de travail ou
de proposition d’événements. J’ai déjà participé à cette boîte à idées, on était quatre salariés,
on avait suggéré de participer à la course des Héros. » (Collab 6). Les systèmes interactifs
permettent également aux collaborateurs de participer à l’amélioration du bien-être en
entreprise. Par exemple, les collaborateurs ont proposé l’instauration d’un forfait qui prend en
charge une activité sportive : « L’instauration du forfait Zen, qui est pris en charge par
l’entreprise, qui donne 120 euros sur justification d’une activité sportive ou culturelle. On
trouve cette idée de bien vouloir aider le salarié dans sa recherche de bien-être, et ça, c’était
une suggestion qui a été faite et qui a été acceptée parce que tout le monde a trouvé que c’était
une bonne idée. L’idée du compost a aussi été suggérée par des collaborateurs à travers la
boîte à idées. » (Collab 6). Les fournisseurs peuvent aussi sensibiliser l’entreprise en matière
de RSE à travers les systèmes de contrôle interactifs : « Ça nous arrive de sensibiliser nos
clients, quand on a une nouvelle animation on leur propose, quand on a une action auprès du
public un peu différent par exemple faire des choses RSE pour des enfants ou ce genre de chose
ou un programme. » (Frns 2).
Par ailleurs, les échanges avec les parties prenantes de l’entreprise révèlent que le dispositif
RSE (label Lucie) est susceptible d’intéresser les clients. La responsable commerciale de
l’entreprise E16 qui est en contact direct avec les clients, a souligné que le label Lucie permet
182
de prouver l’engagement RSE de l’entreprise vis-à-vis des clients : « On a ce label Lucie et
pour les clients c’est vraiment un gage de qualité de savoir qu’on est labellisé, parce que ça
prouve l’engagement. (…). Quand ils voient justement qu’on est labellisé Lucie depuis 2012 et
qu’on dit qu’on a été le premier cabinet à être labellisé, ça joue en notre faveur parce qu’ils
voient qu’on est vraiment investi et à travers cette labellisation, c’est vraiment une preuve de
notre engagement. La labellisation attire l’attention des clients, des gens intéressés par ce côté
RSE. » (Collab 3).
Les résultats de notre étude de cas montrent que le recours à des SCGR facilite le déploiement
de la RSE et permet de mesurer et piloter la performance globale de l’entreprise à travers des
indicateurs sociaux (3.1), environnementaux (3.2) et sociétaux (3.3).
Sur le volet social, l’entreprise dispose d’indicateurs dans le tableau de bord RSE et dans le
rapport intégré (systèmes de contrôle diagnostic) et d’informations issues des enquêtes de
satisfaction (systèmes de contrôle interactif). Le tableau de bord RSE renseigne par exemple
sur l’évolution de l’effectif global, la répartition hommes/femmes, l’âge moyen, l’ancienneté,
le salaire moyen des hommes, le salaire moyen des femmes, le salaire moyen des associés, le
budget alloué à la formation et le taux de CDI (tableau 32).
183
Tableau 32 : Indicateurs sociaux de l’entreprise E16
Indicateurs sociaux
Année 2016 2017 2018
Effectif 128 132 146
Proportion des
34 % 34 % 34 %
hommes
Proportion des
66 % 66 % 66 %
femmes
Age moyen 33 ans 35 ans 33 ans
Ancienneté H/F 6 ans 6,5 ans 5,36 ans
Salaire moyen
40607 euros 41595 euros 42910 euros
hommes
Salaire moyen
37244 euros 37427 euros 38542 euros
femmes
Salaire moyen 45416 euros 44 659 euros Non fourni
Coût de formation 68172 euros 71906 euros 68298 Euros
Embauche en CDI 90 % 93 % 90 %
Les résultats révèlent que l’effectif au sein de l’entreprise E16 est en augmentation, il passe de
128 salariés (2016) à 146 salariés (2018). La répartition hommes femmes est stable sur les trois
années. Toutefois, l’entreprise porte une attention à la féminisation de l’effectif : la proportion
des femmes est la plus élevée (66%). L’âge moyen des salariés connaît une légère augmentation
de 2016 (33 ans) à 2017 (35ans), diminue ensuite à 33 ans en 2018. L’âge moyen est
globalement stable sur les trois années (33 ans) et représente la moyenne de la population active.
L’ancienneté moyenne a diminué en passant de 6 ans en 2016 à 5,38 ans en 2018. Certains
facteurs sont susceptibles de justifier cette baisse d’ancienneté, notamment, les démissions, les
licenciements ou les retraites. La rémunération moyenne des collaborateurs connaît une
évolution depuis 2016 pour les hommes (de 40607 euros à 42910 euros) ainsi que pour les
femmes (de 37244 euros à 38542 euros). Toutefois, nous pouvons constater une inégalité de
salaire entre les hommes et les femmes. En 2018, le salaire moyen des hommes s’élevait à
42910 euros tandis que celui des femmes était de 38542 euros. Au niveau de la formation,
l’entreprise met en place un plan de formation en prenant en considération l’axe stratégique de
l’entreprise et les attentes des collaborateurs. L’entreprise prévoit un budget de formation dédié
à l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise. Ce budget est approximativement stable sur les
trois années (68298 euros en 2018). Enfin, l’entreprise favorise les emplois pérennes. Certains
stagiaires et alternants sont embauchés en CDI. Le taux d’embauche en CDI est quasiment
stable sur les trois années.
Ces résultats permettent de justifier la performance sociale de l’entreprise E16. En effet,
l’entreprise a augmenté ses effectifs durant les trois années. Cela prouve une certaine sécurité
184
de l’emploi au sein de l'entreprise. S’ajoute à cela une moyenne de CDI constante autour des
90% avec des salaires en constante augmentation. De plus, le budget alloué à la formation
permet à l’entreprise d’améliorer ses compétences internes tout en misant sur des emplois à
long terme. Globalement, l’entreprise a gardé une certaine stabilité durant les 3 années tout en
améliorant la motivation des salariés par l’augmentation de salaires et le maintien d’un budget
de formation important. Toutefois, certains indicateurs sociaux révèlent des limites. Ils
soulignent par exemple une inégalité dans la répartition des salaires entre les hommes et les
femmes (les femmes sont plus nombreuses que les hommes, mais le salaire moyen des hommes
est plus élevé que celui des femmes…), mais aussi une réduction récente de l’ancienneté
moyenne des salariés.
Par ailleurs, l’entreprise a mobilisé un système de contrôle interactif, notamment, l’enquête de
satisfaction auprès des collaborateurs sur trois années 2016, 2017 et 2018 afin de mieux sonder
la satisfaction et la qualité perçue par les salariés. Les résultats de l’enquête de satisfaction
révèlent chaque année l’opinion des collaborateurs sur la qualité de vie au travail (ambiance,
organisation, intégration, outils), la communication, la reconnaissance au travail, la sensibilité
des collaborateurs à la RSE et la volonté de recommander l’entreprise à des personnes
recherchant un emploi et à de futurs clients.
185
Tableau 33: résultats des enquêtes de satisfactions (2016-2017-2018)
186
Sensibilité des 75% des collaborateurs
collaborateurs à ont attribué une note de
l’engagement RSE 8, 9, 10/10
de l’entreprise
Il en découle que l’ensemble des collaborateurs sont satisfaits de leur travail en entreprise E16.
Cela représente ainsi la performance sociale de l’entreprise. Ces résultats sont susceptibles
d’influencer la performance économique car cette dernière ne peut être pérenne que si la
performance sociale est correcte. En d’autres termes, la performance sociale favorise
l’efficacité des salariés au travail et l’efficience (en termes de rentabilité). De plus, le dirigeant
indique que cette prise de conscience permise par les outils a engendré la mise en place
d’actions correctives et aide ainsi au pilotage de la performance globale.
Sur le volet environnemental, chaque année l’entreprise réalise un rapport intégré contenant des
données environnementales et le présente aux collaborateurs lors d’une réunion spécifique. Ce
rapport (système de contrôle diagnostic) donne par exemple des informations chiffrées (tableau
34) sur la consommation de papier par l’entreprise et par les collaborateurs, la consommation
d’électricité par l’entreprise et par les collaborateurs, le recyclage des déchets.
La consommation de papier par l’entreprise connaît une diminution, passant par 911690 copies
en 2016 à 824231 copies en 2018. Cela se justifie par l’attention porté à la dématérialisation
des supports, qui réduit la consommation de papier. La consommation d’électricité est stable
durant les trois années. L’entreprise essaye de minimiser sa consommation de papier à travers
la dématérialisation. Toutefois, cette dernière engendre une consommation électrique
supplémentaire. Ainsi, le gain généré par la diminution de papier est compensé par la perte
engendrée par la consommation d’énergie croissante (qui augmente avec la dématérialisation).
Enfin, pour assurer une démarche d’amélioration continue, l’entreprise met en place une
nouvelle action corrective en 2018, notamment, le recyclage de papier utilisé et de déchets pour
améliorer sa performance environnementale. Les résultats montrent que l’entreprise a recyclé
138 kilos de ses déchets en 2018.
187
Tableau 34 : Indicateurs environnementaux de l’entreprise E16
Indicateurs environnementaux
Années 2016 2017 2018
Consommation de
papier (copies) par 911690 863894 824231
l’entreprise
Consommation de
papier (copies) par 8213 7140 5930
collaborateur
Consommation
d’électricité (kw) par 166915 186736 169741
l’entreprise
Consommation
d’électricité (kw) par 37 46 46
personne
Recyclage de déchets
138
(kg)
Les résultats montrent que l’entreprise fournit des efforts pour réduire la consommation de
ressources. Le dirigeant souligne avec fierté la diminution du nombre de feuilles de papier
consommées chaque année par chaque collaborateur qui est passée de 8213 pages en 2016 à
5930 pages en 2018. Il explique ce résultat par l’attention portée à la dématérialisation des
supports et affirme que le fait de mesurer cette consommation a fait naître une sorte de challenge
dans l’organisation pour que celle-ci continue de baisser. L’entreprise a par ailleurs mis en place
une action en 2018 relative au recyclage du papier ainsi qu’un outil de mesure le concernant.
Les entretiens réalisés auprès des salariés montrent toutefois que la performance
environnementale du cabinet reste à leurs yeux encore améliorable.
Le bilan carbone est un autre SCGR, mis en place dans l’entreprise depuis 2013, servant à
piloter la performance environnementale de l’entreprise. Il est utilisé comme un outil de
système de contrôle diagnostic qui permet à l’entreprise d’analyser sa situation au niveau
environnemental. Les indicateurs environnementaux figurant dans le bilan carbone sont
mesurés sur l’ensemble des sites afin d’avoir une approche globale de la performance
environnementale. Le dirigeant indique que ce bilan permet de faire un point sur les actions
environnementales et d’étudier les impacts de celles-ci dans le temps grâce à des indicateurs
clés pour ensuite faire évoluer les actions futures et la performance globale. Il s’agit également
d’un outil permettant de communiquer sur la performance environnementale de l’entreprise
auprès des parties prenantes et notamment des salariés. Le bilan est diffusé en interne, mais il
est également publié sur le site Internet de l’entreprise et visible pour les parties prenantes
externes. Cet outil est adapté aux spécificités de la PME et les indicateurs mesurés sont des
caractéristiques du secteur. Il s’agit principalement des indicateurs relatifs aux impacts
188
environnementaux des trajets des salariés (91 tonnes de CO2 émis pour les « déplacements »),
à l’impact carbone des déchets (notamment déchets papier avec 165 tonnes de CO2 émis pour
les « intrants ») et à la consommation d’électricité. Les SCGR tels que le bilan carbone et le
rapport intégré ont permis à l’entreprise d’amorcer une réflexion collective avec les
collaborateurs sur plusieurs leviers d’amélioration comme les enjeux de la dématérialisation ou
encore de la rationalisation des espaces/postes de travail.
Au niveau sociétal, l’entreprise mesure le budget total des dons et du mécénat qui a connu une
augmentation significative passant de 24 600 euros en 2016 à 50 040 euros en 2018. Ces
indicateurs sont diffusés dans le rapport intégré de l’entreprise. En effet, l’entreprise E16
favorise l’emploi local ainsi que des jeunes à travers des contrats en alternance. Toutefois, le
taux de recours à l’alternance n’est pas valorisé dans le rapport intégré de l’entreprise, ni le
nombre d’heures de mécénat de compétences.
Le dirigeant affirme que son cabinet fait preuve d’un fort dynamisme concernant la
participation à des initiatives d’intérêt général. En complément des indicateurs chiffrés relatifs
aux montants des dons, l’entreprise présente dans le rapport intégré certaines de ses actions non
mesurables comme le don de sang. Elle promeut également ce volet de la RSE auprès de ses
clients en présentant les avantages fiscaux possibles sur son site Internet. Même si les données
mobilisées sont insuffisantes pour évaluer ce volet de la performance globale, elles permettent
d’étudier l’évolution des actions et des indicateurs sociétaux. Par exemple, dans le
prolongement de la démarche RSE, en 2017, un fonds de dotation a été créé pour financer des
projets d’intérêt général (culturel/artistique, santé, insertion et environnement). Dans la
continuité de cette démarche, en 2018, l’entreprise a financé à hauteur de 5 000 euros pour
chacun, trois projets d’intérêt général présentés par des clients et/ou des partenaires du cabinet.
189
Conclusion de la section 2
Plusieurs résultats sont mis en exergue dans cette recherche. L’étude de cas montre d’abord que
la mise en place des SCGR permet de faciliter et de contrôler le déploiement des pratiques RSE
de l’entreprise. Cette dernière met en place l’ensemble des SCGR (système de croyances,
systèmes de frontières, systèmes de contrôle diagnostic et systèmes interactifs) afin de
communiquer sur les valeurs RSE, assurer la conformité de pratiques RSE et suivre leur
évolution, et échanger avec les parties prenantes afin d’identifier de nouvelles pratiques. En
effet, les SCGR et les pratiques RSE s’influencent mutuellement afin de contribuer à
l’amélioration continue de la performance de l’entreprise. À ce titre, les systèmes de contrôle
diagnostic permettent de mesurer et de connaître l’évolution des trois dimensions de la
performance globale et d’identifier les forces et les faiblesses de l’engagement de l’entreprise.
De plus, ils contribuent à la mise en place des actions correctives afin d’améliorer la
performance globale de l’entreprise.
Ainsi, les résultats de notre recherche révèlent que les SCGR remplissent deux rôles distincts.
D’une part, ils permettent de piloter en interne la performance globale et d’autre part, ils
permettent de réaliser un reporting pour communiquer auprès des parties prenantes internes et
externes.
190
CONCLUSION DU CHAPITRE 4
Ce quatrième chapitre met en exergue les résultats de notre travail de recherche. Ces résultats
sont divisés en deux parties complémentaires. La première partie porte sur les résultats de
l’étude exploratoire. La deuxième partie met en avant les résultats de l’étude de cas.
Il résulte que les PME mettent en place des pratiques RSE sociales, environnementales et
sociétales afin de répondre aux attentes des parties prenantes. D’autre part, les entreprises ont
eu recours à des SCGR (les systèmes de croyances, les systèmes de frontières, les systèmes de
contrôle diagnostic et les systèmes interactifs) que ce soit dans le cadre d’un engagement avec
ou sans des dispositifs RSE (label, certificat ou charte). Ces SCGR permettent ainsi de
communiquer sur les pratiques RSE, évaluer et suivre leur progression, assurer la conformité
de l’engagement de l’entreprise, développer de nouvelles idées et améliorer la démarche RSE.
Les PME sont en effet motivées pour mobiliser des SCGR afin d’atteindre une performance
globale ou économique. Toutefois, peu de PME subissent des contraintes en matière de
déploiement des SCGR. Ces résultats ont donc permis de définir trois catégories de PME basés
sur le type de la performance à atteindre (globale ou économique) et la motivation des dirigeants
(conviction personnelle ou contraintes des parties prenantes). De plus, nous avons identifié les
SCGR les plus mobilisés dans chaque catégorie de PME.
Les pressions des parties prenantes ont également été étudiées. Il apparaît que les parties
prenantes saillantes (salariés, clients et fournisseurs) exercent deux types de pressions sur les
PME en matière de déploiement des SCGR. Les salariés et les fournisseurs exercent une
pression normative, les clients exercent une pression coercitive sur l’entreprise.
Notre travail de recherche montre ainsi que le recours à des SCGR facilite la mise en place des
actions RSE en PME. Ce résultat a été confirmé par les deux études qualitatives. En outre, le
rôle des SCGR envers la performance perçue s’explique à travers un processus d’amélioration
continue qui s’articule autour de la planification et la mise en œuvre des pratiques RSE, le suivi
et l’évaluation de ces dernières, et l’amélioration de l’engagement à travers des actions
correctives. Au niveau de la performance mesurée, les SCGR remplissent deux rôles distincts.
D’une part, ils permettent de piloter en interne la performance RSE et d’autre part, ils
permettent de réaliser un rapport extra-financier pour communiquer auprès des parties
prenantes internes et externes.
191
CHAPITRE 5 : DISCUSSION DES RÉSULTATS
Dans ce chapitre nous discutons les résultats relatifs au rôle des SCGR dans la performance
globale afin de présenter les contributions de ce travail de recherche. La première section,
permet de discuter les pratiques RSE et les systèmes SCGR mobilisés dans les PME. Nous
discutons les motivations des dirigeants de PME en matière de déploiement des SCGR. Des
profils de PME ont été identifiés pour la mise en place des SCGR, selon les motivations et types
de la performance à atteindre. Puis, la discussion sera focalisée sur les pressions exercées par
les parties prenantes qui encouragent le développement des SCGR. Dans une deuxième section.
Le rôle des SCGR dans la performance globale perçue sera discuté dans la deuxième section.
Enfin, nous discutons le rôle des SCGR dans le pilotage de la performance mesurée.
192
Section 1 : Les SCGR dans le contexte des PME
Les travaux académiques portant sur les SCGR révèlent que le lien entre la littérature et les
travaux empiriques est faible. La majorité des chercheurs (Figge, et al., 2002 ; Hubbard, 2009 ;
Moore, 2013) s’est focalisé sur le cadre théorique des SCGR sans réaliser d’étude empirique.
Lueg et Radlach (2016) évoquent pourtant que l’application du concept de SCGR dans des
travaux empiriques pourrait faciliter la compréhension du déploiement des pratiques RSE.
Grâce à une étude empirique sur les SCGR dans le cadre des PME, nous proposons de discuter
les résultats obtenus.
Nous discutons dans cette section les SCGR mobilisés dans le contexte des PME, les profils de
PME en matière de déploiement des SCGR et les différentes pressions des parties prenantes
liées à la mise en place des SCGR dans le contexte de PME.
193
1. Les SCGR identifiés dans le contexte des PME
Nos résultats montrent que l’ensemble des PME observées ont eu recours à des pratiques RSE
environnementales, sociales, et/ou sociétales. Ces pratiques RSE sont mobilisées à travers des
systèmes de contrôle de gestion responsables sous forme de deux approches : SCGR avec
dispositifs de formalisation de la démarche RSE et SCGR sans dispositifs de formalisation de
RSE. Dans le cadre d’un engagement formel, les entreprises mettent en place des dispositifs
RSE, à savoir les labels, les certificats les chartes, et/ou l’adhésion au Global Compact afin de
formaliser leur engagement RSE. Ces dispositifs permettent à l’entreprise de concrétiser son
engagement auprès des parties prenantes (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2010), et se traduisent
par le déploiement des SCGR (Cochoy, 2007).
Comme l’indique Courrent (2012), les résultats de notre étude montrent que certains dispositifs
RSE concernent l’ensemble dimensions de la RSE (label Lucie, label B-corp, label Engagé
RSE, le label Palme Verte, etc.), d’autres sont centrés sur un seul volet de la RSE, notamment
le volet environnemental (le certificat Haute Valeur Environnementale, le certificat
ISO 14001). De même, les dispositifs peuvent être spécifiques à un secteur d’activité (le label
Qualitraiteur pour le secteur de restauration, le certificat Haute Valeur Environnementale
destiné aux exploitations agricoles, le label Palme Verte qui concerne le secteur de la propreté,
le certificat Afnor Optique adapté au secteur de l’optique-lunetterie, etc.) ou porter sur
l’ensemble des secteurs (label Lucie, label B-Corp, etc.) (Courrent, 2012). Nous discutons dans
ce qui suit nos résultats portant sur les SCGR mobilisés par les PME et le lien avec le cadre
théorique de Simons (1995).
Les PME mettent en place des systèmes de croyances pour communiquer sur les valeurs et la
culture responsable de l’entreprise. Ces systèmes portent principalement sur les sessions de
formation, les plans d’actions RSE, les événements et ateliers RSE (journées solidaires, visites,
ateliers, films), et les outils de communication (affiches éco-gestes, onglet RSE, etc.). En
communiquant sur les valeurs responsables, les systèmes de croyances permettent aux membres
de l’entreprise d’avoir la même vision de la RSE et renforcent leur comportement responsable
(Ahrens et Chapman, 2004 ; Simons, 1995). Ces systèmes permettent à l’entreprise d’établir un
plan d’action afin de définir sa stratégie RSE et de poursuivre ses contributions en matière de
RSE. De plus, ils incitent les collaborateurs à prendre en compte les enjeux de la RSE et à
194
limiter leur impact environnemental grâce à l’organisation des événements responsables. Ainsi,
les systèmes de croyances jouent un rôle central dans l’implication des salariés dans la
démarche RSE qui pourront par la suite mieux répondre et satisfaire les attentes des parties
prenantes, notamment les clients. Les PME organisent également des ateliers RSE afin de
communiquer sur leurs produits et services responsables auprès des clients et fournisseurs. Cela
permet de fidéliser les parties prenantes et renforcer l’image de l’entreprise. Les systèmes de
croyances sont mobilisés par les PME pour communiquer sur les valeurs et les contributions
responsables de l’entreprise et améliorer la performance organisationnelle.
Les PME mettent en place des systèmes de frontières afin d’assurer la conformité de leur
engagement aux règles et aux normes responsables. Ces systèmes portent principalement sur
l’audit, les lignes directrices et les objectifs du développement durable du Global Compact
établi dans le cadre d’un engagement formel en matière de RSE. En effet, ces systèmes
s’appuient sur des principes qui permettent aux entreprises d’identifier des pratiques adéquates
en matière de RSE. Ils ont donc pour but de minimiser les risques (Arjalies et Mundy, 2013 ;
Burritt et Schaltegger, 2010 ; Simons, 2000) et affiner la démarche responsable afin d’atteindre
les objectifs organisationnels.
Les PME ont instauré des systèmes de contrôle diagnostic par le biais des indicateurs
environnementaux, sociaux et/ou sociétaux présentés sous différentes formes, notamment le
tableau de bord, le rapport RSE (interne ou externe), le bilan carbone, le bilan social,
l’autodiagnostic et le logiciel de pilotage RSE développé par l’entreprise. Le tableau de bord et
le rapport RSE sont les plus mobilisés dans les PME couvrant l’ensemble des volets de la RSE.
D’autres outils sont spécifiquement dédiés à la mesure d’une seule dimension de la RSE, à
savoir le bilan carbone pour le pilotage des enjeux environnementaux et le bilan social pour
évaluer les pratiques sociales. Notre étude montre que les indicateurs RSE permettent aux PME
de suivre la progression de leurs pratiques RSE, d’identifier les points forts et les points faibles
de l’engagement RSE (Simons, 1995), d’évaluer l’atteinte des objectifs et d’apporter de
nouvelles actions correctives. En outre, les indicateurs présentés dans les rapports RSE de
l’entreprise permettent de communiquer sur les enjeux de la RSE auprès des parties prenantes
(Henri et Journeaut, 2010). À ce titre, les systèmes de contrôle diagnostic jouent un rôle
primordial dans le processus de mise en place des pratiques RSE et permettent à l’entreprise
d’évaluer l’impact de ses contributions responsables sur la performance globale.
195
Les systèmes de contrôle interactif
Enfin, les PME mettent en place des systèmes de contrôle interactifs à travers les échanges avec
les parties prenantes internes réalisés sous différentes formes (réunions périodiques, entretiens,
enquêtes de bien-être) et les échanges avec les parties externes (les associations, les entreprises,
etc.) afin de promouvoir la RSE. Les échanges avec les parties prenantes internes par le biais
des réunions permettent de partager et d’échanger des informations sur la RSE avec l’ensemble
des collaborateurs, de fixer des objectifs et d’identifier les éléments qui pourraient freiner leur
motivation. De plus, ils permettent d’améliorer les conditions de travail. Les échanges avec les
parties prenantes externes sont considérés comme une source d’inspiration pour les PME leur
permettant d’identifier de nouvelles pratiques et d’améliorer leur engagement RSE (Abernethy
and Brownell, 1999 ; Ittner et Larcker, 2003 ; Simons, 1995).
Par ailleurs, notre étude révèle que peu d’entreprises n’ont pas encore mis en place de dispositifs
de formalisation de RSE (label, certificat, etc.) pour formaliser leur démarche RSE. Ces PME
ont mobilisé des SCGR formels soit volontairement soit dans le cadre de la demande de
labellisation ou de certification RSE. Les systèmes de contrôle de gestion formels les plus
mobilisés dans le cadre d’un engagement sans dispositifs de formalisation de RSE, sont les
systèmes interactifs. Les systèmes de contrôle diagnostic et les systèmes de croyances sont
légèrement mobilisés par ces entreprises. Toutefois les systèmes de frontières sont négligés
dans le cadre d’un engagement sans dispositifs de formalisation de RSE. Les résultats de notre
recherche montrent que les PME se caractérisent principalement par des SCGR formels. Cela
réfute les travaux de (Chenhall 2003, Merchant et Van der Stede, 2007, Sandelin, 2008) qui
affirment que les petites entreprises se caractérisent par les systèmes de contrôle informels
(Chenhall 2003, Merchant et Van der Stede, 2007, Sandelin, 2008).
Au final, peu d’études se sont intéressées au rôle des SCG dans la mise en place d’une démarche
RSE (Arjaliès et Mundy, 2013 ; Gond et al., 2012, Perez et al., 2007). En outre, notre revue
littérature révèle que les travaux antérieurs n’ont pas abordé l’ensemble des SCGR dans le
contexte des PME. Nous contribuons donc à la littérature en analysant à travers notre recherche
l’engagement responsable des PME, qui se traduit par la mise en place des systèmes de contrôle
de gestion responsables fondés sur les leviers de contrôle de Simons (1995) afin d’accompagner
la mise en place des pratiques RSE.
196
2. Les profils de PME et les SCGR
Les résultats montrent que certains critères contribuent à la motivation des dirigeants en matière
de déploiement des SCGR. Tout d’abord, beaucoup de dirigeants mettent en place les SCGR
soit par conviction personnelle et vont au-delà des attentes des parties prenantes afin de
bénéficier d’un avantage compétitif, soit par contrainte des parties prenantes et mobilisent un
nombre restreint de SCGR comme réponse aux exigences des parties prenantes. Le premier
critère renvoie à l’approche proactive (Porter et Kramer, 2006) qui stipule que les PME
instaurent la RSE dans le but de repérer de nouvelles opportunités, tandis que le deuxième
rejoint l’approche défensive (Castello et Lozano, 2000) qui précise que les PME mettent en
place des pratiques RSE restreintes afin de répondre aux attentes de parties prenantes et de gérer
les risques.
Les dirigeants mettent aussi en place des SCGR pour améliorer leur performance économique.
Ce résultat rejoint l’approche instrumentale de la théorie des parties prenantes qui stipule que
la prise en considération des attentes des parties prenantes favorise la performance économique
(Hosseini et Brenner, 1992). D’autres dirigeants mettent en place les SCGR pour améliorer leur
performance globale.
Ces résultats font apparaître trois catégories de PME en matière de déploiement des SCGR, et
mettent en évidence les SCGR les plus mobilisés dans chaque catégorie. En alignant nos
résultats à ceux des travaux de El Baz et al. (2016) qui eux ont proposé des profils de PME en
matière de RSE, nous pouvons ainsi identifier trois types de profils de PME :
Profil 1 : Les entreprises mettent place l’ensemble des systèmes de contrôle formels par
conviction personnelle et pour atteindre la performance globale. Les dirigeants perçoivent les
SCGR comme une opportunité globale (El Baz et al., 2016) et mettent en place les SCGR
volontairement pour atteindre les objectifs de performance globale. Ces résultats rejoignent les
conclusions de Jenkins (2009) qui démontrent que les PME identifient des opportunités à
travers le déploiement de la RSE et considèrent les contraintes comme des opportunités
(Berger-Douce, 2008). Ce profil mobilise les quatre leviers de Simons (1995) (systèmes de
croyances, systèmes de frontières, systèmes de contrôle diagnostic et systèmes interactifs).
Profil 2 : Les entreprises considèrent les SCGR comme une opportunité économique (El Baz
et al., 2016). Ils mettent en place les SCGR volontairement pour atteindre la performance
économique. Le déploiement des SCGR s’inscrit dans une approche gagnant-gagnant qui
permet de maximiser les profits en prenant en compte les attentes des parties prenantes
(Mullenbach, 2007). Ce profil se mobilise principalement les systèmes de croyances et les
systèmes de contrôle diagnostic.
197
Profil 3 : Du fait de leurs ressources limitées, les entreprises considèrent les SCGR comme une
contrainte économique (El Baz et al., 2016). Elles mobilisent des SCGR par contrainte des
parties prenantes pour atteindre la performance économique. Ce profil mobilise principalement
les systèmes de frontières et les systèmes interactifs.
Nous résumons ainsi les profils des entreprises avec les SCGR les plus mobilisés dans la figure
suivante. Nous nous sommes appuyée sur les travaux de El Baz et al., (2016) comme piste de
réflexion afin d’identifier les SCGR les plus mobilisés dans chaque profil.
Figure 11 : Les profils de PME et les SCGR (adapté de El Baz et al., (2016))
Les résultats de notre recherche montrent que la majorité des PME considère les SCGR comme
une opportunité globale. Ces entreprises optent pour une approche proactive, mettent en place
les SCGR par conviction personnelle et vont au-delà des attentes des parties prenantes. Nos
résultats révèlent que la majorité des PME est intéressée par la RSE et mobilise des SCGR pour
gérer leurs pratiques responsables. Peu de PME ont mobilisé les SCGR conséquemment par
contraintes des parties prenantes. Ces résultats réfutent ceux de Labaronne et Gana-Oueslati
198
(2011) qui précisent que les dirigeants des PME sont peu intéressés par la RSE et se soucient
uniquement de la survie de leur entreprise.
Par ailleurs, les travaux de El Baz. et al. (2016) proposent des catégories de profils de PME en
matière de déploiement de pratiques RSE. Nous complétons ces travaux en établissant des
profils de PME en termes de motivations de mise en place de SCGR. Nous contribuons ainsi à
la littérature en identifiant les SCGR les plus mobilisés dans chaque profil de PME.
3. Les pressions des parties prenantes dans la mise en place des SCGR
Parmi les multiples classifications des parties prenantes proposées dans la littérature, notre
étude fait apparaître les deux types de parties prenantes présentés par Caroll et Näsi (1997)
internes (les salariés, les actionnaires et associés) et externes (les clients, les fournisseurs, les
concurrents, les associations, etc.).
Les résultats de notre recherche montrent que tous les dirigeants de PME interrogés intègrent
les parties prenantes dans la mise en place des SCGR. Ces résultats sont en forte adéquation
avec les travaux de Mercier, (2010) et Sahed-Granger et Boncori, (2014) qui favorisent la prise
en considération du rôle des parties prenantes, internes et externes dans le cadre de la RSE.
Les entretiens réalisés permettent d’avancer que l’engagement formel en matière de RSE est
souvent énoncé par les dirigeants de PME comme un engagement de transparence destiné à
satisfaire les parties prenantes. Ce résultat rejoint l’approche descriptive de la théorie des parties
prenantes qui s’appuie sur la prise en considération des intérêts des parties prenantes (Kochan
et Rubinstein, 2000).
Par ailleurs, les travaux de recherche portant sur les SCGR et les parties prenantes abordent ces
dernières de manière globale. Rares sont les études ayant classé les parties prenantes par ordre
d’importance. Toutefois, notre recherche révèle que les parties prenantes les plus importantes,
ayant une influence sur le déploiement des SCGR sont les salariés, les clients, et les
fournisseurs. Ainsi, les résultats font apparaître trois types de pressions exercées par les parties
prenantes saillantes.
Conformément aux travaux de Baden et al., (2009), les PME subissent des pressions coercitives
principalement de la part de leurs clients. Ce résultat conforte les conclusions des travaux de
DiMaggio et Powell (1983) qui stipulent que la contrainte coercitive renvoie aux pressions
exercées sur les entreprises par des institutions et des organisations dont elles dépendent. En
effet, les PME dépendent essentiellement des clients, notamment les grandes entreprises
199
imposant une crédibilité en termes de RSE (Baden et al., 2009). Cette pression coercitive se
traduit par la mobilisation de dispositifs RSE et de SCGR. Il s’agit de mettre en place des
dispositifs RSE (label, certificat, etc.) nécessitant à la fois, des systèmes de frontières (audit et
lignes directrices) pour assurer la conformité de l’engagement de l’entreprise aux règles et aux
normes responsables, et des systèmes de contrôle diagnostic pour quantifier les résultats des
contributions aux enjeux de la RSE et les communiquer auprès des clients. Ce résultat rejoint
également l’approche instrumentale de la théorie des parties prenantes qui souligne le lien entre
la prise en compte des attentes des parties prenantes et la performance de l’entreprise (Berman
et al., 1999 ; Mullenbach, 2007). Ainsi, la considération des clients permet d’atteindre les
objectifs économiques de l’entreprise. De même, les fournisseurs exercent une légère pression
coercitive sur les PME insistant sur la crédibilité de ces dernières (Hall, 2011). Certains
fournisseurs peuvent arrêter les livraisons pour l’entreprise s’ils ne sont pas fidèles à cette
dernière (Hall, 2011).
Par ailleurs, les salariés sont de plus en plus attentifs à la RSE et la considèrent comme un
critère décisif dans le choix de l’entreprise dans laquelle ils souhaitent travailler. Ils exercent
ainsi une pression normative sur l’entreprise en matière de déploiement de pratiques RSE. Ce
résultat repose sur les travaux de DiMaggio et Powell (1983) en termes de contraintes qui
s’appliquent dans le milieu professionnel. Ces pressions normatives incitent l’entreprise à se
conformer aux enjeux de la RSE afin de répondre aux attentes de ses salariés. En outre, les
fournisseurs exercent également une pression normative sur les PME. Ces acteurs proposent
des solutions pour le déploiement de la RSE en entreprise.
Enfin, les PME subissent une légère pression mimétique de la part des concurrents (DiMaggio
et Powell, 1983). Cette pression s’explique par la reproduction de dispositifs RSE (Courrent,
2012), notamment le label Lucie qui a été mobilisé par neuf des vingt-sept entreprises
observées.
Nous contribuons donc à la littérature en précisant les différentes pressions liées au déploiement
des SCGR dans le contexte des PME.
200
Conclusion de la section 1
Les PME sont motivées pour mobiliser des SCGR afin d’accroître leur performance globale ou
économique. Toutefois, peu de PME subissent des contraintes en matière de déploiement des
SCGR. La discussion de nos résultats a donc permis de définir trois catégories de profils basés
sur le type de performance à atteindre (globale ou économique) et la motivation des dirigeants
(conviction personnelle ou contraintes des parties prenantes). De plus, nous avons pu identifier
les SCGR les plus mobilisés dans chaque profil.
Les pressions des parties prenantes ont également été discutées. Il apparaît que les parties
prenantes saillantes (salariés, clients et fournisseurs) exercent deux types de pressions sur les
PME en matière de déploiement des SCGR. Les salariés et les fournisseurs exercent une
pression normative alors que les clients exercent une pression coercitive sur l’entreprise.
201
Section 2 : Le lien entre les SCGR et la performance globale des PME
Peu d’études se sont intéressées au rôle des SCG dans la mise en place d’une démarche de RSE
(Arjaliès et Mundy, 2013 ; Gond et al., 2012, Perez et al., 2007). Son influence sur la
performance globale est quasiment inexistante dans le contexte de petites et moyennes
entreprises. Ce travail de recherche est, à notre connaissance, le premier à étudier le rôle SCGR
dans la performance globale des PME. Nous discutons dans cette section le rôle des systèmes
de contrôle de gestion responsables dans la performance globale perçue et la performance
globale mesurée dans le contexte de PME.
202
1. Le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance
globale perçue
Notre étude montre que les SCGR et les actions RSE coexistent, se complètent et s’influencent
mutuellement dans un objectif d’amélioration continue de la démarche de RSE. Les dispositifs
RSE (label, certificat, etc.) donnent lieu à des SCGR. Le recours à ces derniers facilite le
déploiement des pratiques en PME (Durden, 2008 ; Gond et al., 2012 Crutzen et al., 2017) : 1)
les systèmes de croyances permettent de communiquer sur les valeurs RSE et la culture de
l’entreprise auprès de ses parties prenantes pour orienter le comportement des collaborateurs
ainsi que leur attention vers les objectifs de la RSE. 2) Les systèmes de frontières permettent
d’assurer la conformité des pratiques RSE et de donner une légitimité à l’engagement
responsable de l’entreprise. 3) Les systèmes de contrôle diagnostic permettent de mesurer les
pratiques RSE, de suivre leur progression et d’apporter des actions correctives si nécessaire. De
plus, ils permettent de communiquer sur les pratiques RSE auprès des parties prenantes de
l’entreprise. Enfin, les systèmes interactifs permettent de promouvoir l’engagement
responsable des PME à travers des échanges avec les parties prenantes internes et externes.
Nous contribuons à la littérature en précisant que les SCGR sont présents dans les PME tout
comme dans les grandes entreprises. Toutefois, ces SCGR sont adaptés aux spécificités de
chaque PME. Certaines PME ne mettent pas en place l’ensemble des SCGR et privilégient que
les systèmes interactifs et les systèmes de croyances. Le manque de ressources financières et
humaines, mais aussi de conviction de dirigeant représentent les causes principales qui
empêchent le déploiement de l’ensemble des SCGR (Hudson et al., 2001 ; Marchesmay, 1993).
En effet, les SCGR permettent de mesurer l’impact des pratiques RSE sur la performance
globale de l’entreprise. Ils contribuent à l’amélioration continue de la performance globale.
Cela s’explique comme suit :
- Les systèmes de croyances, les systèmes de frontières et les systèmes interactifs
participent à la planification des pratiques RSE en intégrant les attentes des parties
prenantes
- La mise en place des pratiques se réalise ensuite à travers les SCGR
- Les systèmes de frontières et les systèmes de diagnostics assurent le suivi de la
progression des pratiques RSE en fonction des objectifs fixés, et identifient les forces et
les faiblesses des pratiques afin d’apporter des actions correctives si nécessaire.
203
- Enfin, les nouvelles actions correctives pourront améliorer l’engagement responsable
de l’entreprise qui mènera vers l’amélioration de la performance.
Nous contribuons alors à la littérature en détaillant le rôle des SCGR dans l’amélioration
continue de la performance globale des PME. La figure suivante synthétise les étapes de ce
processus d’amélioration continue de la performance globale :
Étape 1 : Plan
Planification des pratiques
RSE
Étape 3 : Check
Mesure et suivi de
l’évolution des pratiques
RSE
Les résultats de la première étude qualitative exploratoire nous ont permis d’étudier le rôle des
SCGR envers la performance perçue par les dirigeants des PME. Dans un deuxième temps,
nous allons discuter le rôle des SCGR dans le pilotage de la performance mesurée de
l’entreprise identifié à travers l’étude de cas.
Les résultats de l’étude de cas portant sur l’engagement de l’entreprise en matière de pratiques
RSE et de SCGR confortent les conclusions de la première étude qualitative exploratoire.
L’étude montre que déploiement de SCGR permet d’accompagner, faciliter et contrôler le
déploiement des actions RSE du cabinet. Ce résultat complète ceux relatifs aux travaux de
Durden (2008), Gond et al. (2012) et Crutzen et al. (2017). Notre recherche montre que le
204
cabinet a mis en place des outils de contrôle au sens de Simons (1995) qui permettent : 1) de
divulguer les valeurs et les principes RSE de l’entreprise auprès des parties prenantes internes,
mais aussi externes pour favoriser un comportement responsable en entreprise (système de
croyances : campagnes de sensibilisation, formation, mailing, journal interne, affiche, livret…),
2) de s’assurer de la conformité de l’engagement responsable (système de contraintes : audits
responsables, lignes directrices RSE…) (Laguir, et al., 2019), 3) de mesurer l’évolution des
actions RSE et d’apporter des actions correctives pour améliorer l’engagement de
l’entreprise (système de contrôle diagnostic : tableau de bord RSE, rapport intégré, bilan social,
bilan carbone), et 4) d’échanger avec les parties prenantes internes et externes afin de
développer de nouvelles idées et d’orienter les décisions du dirigeant (système de contrôle
interactif : enquêtes de satisfaction, réunions…) (Gond et al., 2012). D’autres outils (un label
RSE et une charte RSE fournisseurs) permettent de soutenir ces quatre leviers de contrôle et
renforcent la RSE pour orienter les comportements des parties prenantes.
L’étude montre ensuite que les SCGR et les actions RSE coexistent, se complètent et
s’influencent mutuellement dans un objectif d’amélioration continue de la démarche de RSE
mise en place au sein de l’entreprise. Les systèmes diagnostics par exemple sont jugés très
importants par les parties prenantes, car il prouve, par les indicateurs RSE qu’ils fournissent,
l’engagement de l’entreprise. Les composants de ces systèmes permettent de mesurer et de
connaître l’évolution des trois dimensions de la performance globale et d’identifier les forces
et les faiblesses de l’engagement de l’entreprise. Le dirigeant, mais aussi les parties prenantes
de l’entreprise voient les résultats des actions mises en œuvre. Ce système de contrôle conduit
le dirigeant, pour éviter toute suspicion de greenwashing, à mettre en place des actions
correctives afin d’améliorer la performance globale de l’entreprise. Ainsi, selon les parties
prenantes, l’entreprise n’apparaît pas comme ayant un comportement opportuniste avec des
« stratégies manipulatrices » (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2016) puisqu’il ne s’agit pas de
faire de l’affichage, mais d’améliorer les pratiques internes au cours du temps. La démarche
responsable de l’entreprise fonctionne autour d’un projet cohérent impliquant les différentes
dimensions de la RSE. Cette démarche est formalisée par des pratiques structurées en actions
et des SCGR permettant la mesure et le pilotage de la performance globale. L’entreprise peut
alors être considérée comme une entreprise « génétiquement programmée » au sens
d’Asselineau et Piré-Lechalard (2009) et Asselineau et Cromarias (2011) puisqu’elle apparaît
relativement exemplaire.
Notre travail de recherche montre ainsi que le recours à des SCGR facilite la mise en place des
actions RSE en PME. Il montre aussi que la combinaison des SCGR et des pratiques RSE est
utile pour mesurer et piloter la performance globale de la PME. Nos résultats mettent en
205
évidence que les SCGR remplissent deux rôles distincts. D’une part, ils permettent de piloter
en interne la performance RSE et d’autre part, ils permettent de réaliser un reporting pour les
parties prenantes internes et externes (Damak-Ayadi 2010, Hopwood et al., 2010, Renaud,
2013).
Ainsi, notre étude met en exergue que les PME peuvent mobiliser différents SCGR afin de gérer
leurs pratiques RSE et évaluer leur performance globale. Elle contribue à l’étude du
développement du recours aux SCGR, peu abordée dans la littérature (Arjaliès et Mundy, 2013 ;
Gond et al., 2012, Perez et al., 2007), et plus particulièrement dans le cadre des PME. Elle
montre ensuite que la manière dont les PME s’engagent en RSE est différente de celle des
grandes entreprises. Les PME mobilisent, comme les grandes entreprises, des SCGR, mais
ceux-ci sont adaptés aux particularités des PME. Autrement dit, les SCGR observés dans le
contexte des grandes entreprises tels que la norme GRI (Dohou et Berland, 2007), ou le TBL
(Elkington, 1997) par exemple, n’ont pas été mobilisés dans la PME étudiée. Le SBSC
(Hockerts 2001, 2002) mobilisé par les grandes entreprises est néanmoins adapté aux
caractéristiques des PME et donne lieu à un tableau de bord basé sur des indicateurs RSE
spécifiques à l’entreprise. Ainsi, l’entreprise observée a mis en place des systèmes de contrôle
plus simples et conformes à ses spécificités (Chapellier et Dupuy, 2014 ; Ben Hamadi, et al.,
2019).
206
Conclusion de la section 2
Notre travail de recherche montre que le recours à des SCGR facilite la mise en place des
actions RSE en PME. En outre, le rôle des SCGR envers la performance perçue s’explique à
travers un processus d’amélioration continue qui s’articule autour de la planification et la mise
en œuvre des pratiques RSE, le suivi et l’évaluation de ces dernières, et l’amélioration de
l’engagement responsable à travers des actions correctives. Au niveau de la performance
mesurée, les SCGR remplissent deux rôles distincts. D’une part, ils permettent de piloter en
interne la performance RSE et d’autre part, ils permettent de réaliser un rapport extra-financier
pour communiquer auprès des parties prenantes internes et externes.
La contribution de ce travail de recherche réside dans la mobilisation des SCGR dans les PME
afin de gérer leurs pratiques RSE et évaluer leur performance globale. La manière dont les PME
s’engagent en RSE est différente de celle des grandes entreprises. Les PME mobilisent des
SCGR plus simples adaptés à leurs spécificités. En outre, notre contribution porte sur la
définition des SCGR les plus mobilisés dans chaque profil de PME. Les différentes pressions
liées au déploiement des SCGR dans le contexte de PME font partie des contributions de cette
recherche. Enfin, notre travail de recherche contribue au rôle des SCGR dans l’amélioration et
le pilotage de la performance mesurée et perçue de l’entreprise.
207
CONCLUSION DU CHAPITRE 5
Dans ce chapitre nous avons discuté les résultats des deux études qualitatives que nous avons
menées dans le cadre de notre travail doctoral. Ceux-ci nous permettent de démontrer
l’existence des systèmes de contrôle de gestion responsables dans le contexte des PME ainsi
que leur rôle dans le déploiement des pratiques RSE. De plus, il a été précisé que plusieurs
critères favorisent l’instauration des SCGR dans les PME. D’une part, les SCGR sont mobilisé
selon une approche proactive par conviction personnelle du dirigeant dans le but d’atteindre de
nouvelles opportunités ou à travers une approche défensive selon laquelle les PME appliquent
un nombre de pratiques RSE restreintes pour répondre aux attentes des parties prenantes.
D’autre part, les dirigeants mettent en place les SCGR pour atteindre une performance
économique ou globale. Il en découle que trois profils de PME peuvent être identifiés en matière
de mise en place des SCGR : le profil 1 vise une opportunité globale, le profil 2 vise une
opportunité économique et le profil 3 subit des contraintes économique (El Baz et al., 2016).
En outre, nous identifions les SCGR les plus mobilisés dans chaque profil de PME.
Il a été souligné que différentes pressions sont liées au déploiement des SCGR dans le contexte
de PME, notamment les pressions coercitives de la part des clients, les pressions normatives
exercées par les salariés et les pressions mimétiques légèrement exercées par les concurrents.
Finalement, notre discussion met en évidence l’importance du rôle des SCGR dans
l’amélioration continue et le pilotage de la performance des PME.
208
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE
Cette seconde partie nous a permis de présenter notre posture épistémologique et notre
démarche méthodologique. Cette dernière a porté sur deux études : 1) une étude qualitative
exploratoire basé sur vingt-sept entretiens semi-directifs auprès des dirigeants des PME
françaises engagées en RSE et 2) une étude de cas unique auprès d’une PME ayant un
comportement responsable. La première étude avait pour mission d’étudier le rôle des SCGR
dans la performance globale perçue par les dirigeants des PME. La deuxième étude a complété
la première en mettant en exergue le rôle des SCGR dans la performance globale mesurée. Les
résultats de ces études ont été discutés au regard de notre revue de littérature.
À l’issue de notre étude empirique, nos principaux résultats révèlent que les SCGR existent
dans les PME et permettent de faciliter le déploiement des pratiques RSE. Les SCGR sont
influencés par la conviction personnelle de dirigeants de PME mais aussi par les contraintes des
parties prenantes. Les objectifs de performance encouragent le déploiement des SCGR en PME.
Autrement dit, les dirigeants mobilisent des SCGR pour atteindre une performance globale ou
économique. Enfin, les SCGR contribuent à l’amélioration de la performance à travers un
processus d’amélioration continue. Ce dernier met l’accent sur la planification et la mise en
place des pratiques RSE, l’évaluation et le suivi de ces dernières, et la mise en place d’actions
correctives pour améliorer l’engagement responsable de l’entreprise. Les SCGR contribuent
également au pilotage de la performance globale de PME.
209
CONCLUSION GÉNÉRALE
Les PME jouent un rôle primordial sur le territoire français. Elles recouvrent un grand nombre
de structures et représentent un réel moteur de croissance et d’emploi. Ces entreprises diffèrent
des grands groupes et se distinguent par leurs propres caractéristiques, à savoir la gestion
personnalisée par le dirigeant, la mise en place de stratégies informelles et le manque de
spécialisation (Julien et Marchesnay, 1988 ; Torrès, 1999). Les PME doivent prendre en
considération leurs contributions environnementales est sociales tout comme les grandes
entreprises. Cet engagement est favorisé par le dirigeant (Nobre et Zawadzki, 2013) qui
représente un acteur central au sein des PME (Courrent, 2012). Le dirigeant de PME est le
principal décideur de la démarche RSE. Cette dernière dépend de la perception du dirigeant, de
ses valeurs, de ses principes et de sa conviction personnelle (Laarraf et al., 2015 ; Santos, 2011).
De même, les pressions des parties prenantes pourront également contribuer au déploiement de
la RSE dans les PME (Jenkins, 2006 ; Spence, 2000). À ce titre, les PME sont amenées à prendre
en compte les intérêts des parties prenantes (Mercier, 2010 ; Sahed-Granger et Boncori, 2014).
Notre recherche montre que les systèmes de contrôle de gestion responsables s’avèrent être
nécessaires pour accompagner les pratiques RSE dans les PME.
210
déploiement des SCGR (Gond et al., 2012) pour assurer l’obtention et le maintien de ces
dispositifs de RSE.
La performance représente un levier fondamental pour toutes les entreprises. Ce concept s’est
élargi dans la littérature académique afin de couvrir les enjeux de la RSE (environnementaux,
sociaux et économiques). C’est dans ce contexte qu’émerge la notion de performance globale
afin de regrouper l’ensemble des performances environnementale, sociale et économique
(Capron et Quairel-Lanoizelée, 2006). Les systèmes de contrôle de gestion responsables
mobilisés dans la littérature sont dédiés à la mesure unidimensionnelle ou multidimensionnelle
de la performance globale. Toutefois, peu de SCGR permettent de mesurer l’ensemble des
dimensions de la performance globale conjointement (Global Reporting Initiative, Tripple
Bottom Line et Sustainability Balanced Scorecard). Bien que le rôle et les contributions des
PME sont aussi importants que ceux des grandes entreprises, les travaux antérieurs n’accordent
que peu d’importance aux SCGR et la performance globale des PME. De plus, le manque de
temps et de ressources financières et humaines sont susceptibles d’empêcher la mise en place
de SCGR dans les PME (Hudson et al., 2001 ; Marchesnay, 1993).
Les PME doivent assurer un équilibre entre les attentes des parties prenantes et prendre en
considération leurs contributions responsables. Ainsi, notre travail doctoral permet de combler
les lacunes de la recherche et d’explorer le rôle des SCGR dans la performance globale des
PME. Nous avons donc formulé la problématique suivante :
Quel est le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance
globale des PME ?
En partant de notre revue de littérature, nous avons proposé quatre sous-questions de recherche :
QR1. Quels sont les systèmes de contrôle de gestion responsables mis en œuvre dans les PME ?
QR2. Quelles sont les motivations des dirigeants à mettre en place des systèmes de contrôle de
gestion responsables ?
QR3. Quelles sont les pressions exercées par les parties prenantes en matière de déploiement
des systèmes de contrôle de gestion responsables ?
QR4. Dans quelle mesure les systèmes de contrôle de gestion contribuent-ils à la performance
globale des PME ?
La première question de recherche permet d’identifier les SCGR mobilisés dans le contexte des
PME. La deuxième question a pour objectif de définir les motivations des dirigeants liées à la
mise en place des SCGR dans les PME. La troisième question cherche à étudier les pressions
211
des parties prenantes susceptibles d’encourager le déploiement des SCGR en PME. Enfin, la
dernière question de recherche vise à examiner le rôle des SCGR dans la performance globale
des PME.
Afin de répondre à notre problématique de recherche, nous avons mobilisé un cadre théorique
composé de deux théories. D’une part, la théorie des parties prenantes qui encourage la prise
en compte des attentes des parties prenantes (Donaldson et Preston, 1995) et explique les
motivations de la mise en place des pratiques RSE et des SCGR, et d’autre part, la théorie néo-
institutionnelle (DiMaggio et Powell, 1983) qui met en exergue les pressions qui contribuent à
la mise en œuvre des SCGR.
Nous avons également mobilisé une posture épistémologique interprétativiste qui permet de
comprendre comment les individus présentent la réalité en s’appuyant sur leurs expériences
(Allard-Poesi et Maréchal, 2003). Notre démarche méthodologique est composée de deux
étapes.
La première étape consistait à mener une étude qualitative exploratoire auprès de vingt-sept
PME françaises engagées en RSE. À ce titre, nous avons réalisé vingt-sept entretiens semi-
directifs auprès des dirigeants de ces PME à l’aide d’un guide d’entretien. Ce dernier nous a
permis d’orienter les discussions avec les interviewés vers les objectifs de notre recherche.
Nous avons arrêté la collecte d’informations une fois que les entretiens n’apportaient plus de
nouvelles informations. Les entretiens ont été enregistrés et entièrement retranscrits, et ont
donné lieu à une analyse thématique. Les résultats obtenus ont apporté des réponses à nos
objectifs de recherche en matière de SCGR mobilisés dans les PME, de motivations des
dirigeants et de pressions des parties prenantes favorisant la mise en place des SCGR, et de rôle
des SCGR dans la performance globale perçue par les dirigeants des PME.
La deuxième étape portait sur la réalisation d’une étude de cas unique afin de compléter les
résultats de la première étude qualitative exploratoire. Cette étude cas a été réalisée auprès d’une
PME engagée en RSE faisant partie des vingt-sept PME de notre premier échantillon. Le choix
de cette PME s’explique par le fait qu’elle mobilisait l’ensemble des SCGR et que ses parties
prenantes (les salariés, les clients et les fournisseurs) semblaient importantes pour expliquer le
déploiement des SCGR. De plus l’entreprise se distinguait par un caractère unique (Yin, 1990,
cité par Hlady-Rispal, 2002) : elle est la première à être labéllisée RSE dans son secteur
d’activité (expertise comptable) et dispose d’une responsable RSE dans son équipe. Pour
étudier ce cas, nous avons réalisé une immersion de cinq semaines et nous avons conduit quinze
entretiens auprès des parties prenantes saillantes de l’entreprise ainsi que des observations. Des
données secondaires ont été collectées (les rapports intégrés avec des indicateurs RSE, le
rapport d’audit RSE de la labéllisation Lucie, les comptes rendus des réunions mensuelles, le
212
site Internet du cabinet, etc.) afin d’étudier le lien entre les SCGR et la performance mesurée.
Les données ont été analysées selon une analyse thématique.
Les résultats de notre recherche mettent en exergue l’existence des SCGR au sein des PME.
Ces SCGR sont adaptés aux particularités des PME et facilitent le déploiement et la gestion des
pratiques RSE. Les SCGR permettent de diffuser les valeurs responsables auprès des
collaborateurs, d’assurer la conformité de l’engagement responsable de l’entreprise et
d’identifier les forces et les faiblesses de ce dernier, de mesurer et suivre l’évolution des
pratiques RSE, et d’échanger avec les parties prenantes internes et externes sur la RSE afin de
développer de nouvelles idées. Ces SCGR sont souvent influencés par la conviction personnelle
des dirigeants afin d’atteindre une performance globale ou économique. Les contraintes des
parties prenantes pour atteindre une performance économique influencent légèrement la mise
en place des SCGR. Par ailleurs, les salariés, les clients et les fournisseurs sont considérés
comme les parties prenantes les plus importantes encourageant la mise en œuvre des SCGR.
Ces parties prenantes exercent différentes pressions sur les PME afin de mobiliser les SCGR :
pressions coercitives (par les clients et légèrement de la part des fournisseurs) et pressions
normatives (par les salariés et légèrement de la part des fournisseurs). Enfin, les SCGR jouent
un rôle central dans l’amélioration continue de la performance globale de PME. Ils permettent
de piloter performance globale de l’entreprise et de réaliser un reporting afin de communiquer
sur les contributions RSE auprès des parties prenantes internes et externes.
Apports théoriques
Notre étude présente plusieurs contributions théoriques. Les résultats de notre recherche
contribuent à l’étude du développement du recours aux SCGR, peu abordée dans la littérature
des PME. Ils apportent un éclairage sur la manière dont les SCGR contribuent à la gestion des
pratiques RSE. Les résultats montrent ensuite que l’engagement des PME en RSE est différent
213
de celui des grandes entreprises. Les PME mettent en place des SCGR adaptés à leurs
particularités. Les SCGR mis en place dans le contexte des grandes entreprises tels que le
SBSC, la norme GRI ou le TBL, n’ont pas été mobilisés dans les PME étudiées. Ces dernières
mettent en place des systèmes de contrôle plus simples et les adaptent à leurs spécificités. Par
exemple, certaines PME mettent en place un tableau de bord RSE, cependant son contenu (les
indicateurs RSE) est simplifié et diffère d’une entreprise à une autre en fonction du secteur
d’activité et de la taille de la structure. En outre, les PME établissent des rapports RSE adaptés
à leurs propres caractéristiques afin de communiquer sur leurs contributions responsables
auprès des parties prenantes. Les résultats permettent également de définir les parties prenantes
les plus importantes dans le déploiement des SCGR (les salariés, les clients et les fournisseurs).
Nos résultats mettent aussi en évidence que les motivations favorisant les SCGR portent sur
deux approches : la première est de nature proactive et consiste à mobiliser les SCGR par
conviction personnelle afin d’atteindre une performance globale ou économique, et la deuxième
est de nature défensive dans la mesure où les PME mobilisent un nombre réduit de SCGR pour
répondre aux exigences des parties prenantes et atteindre la performance économique. Dans
cette perspective, l’approche instrumentale de la théorie des parties prenantes a été examinée
pour mieux comprendre les motivations qui encouragent le déploiement des SCGR. De plus,
l’analyse de la théorie néo-institutionnelle assure la compréhension des différents types de
pressions exercées par les parties prenantes en vue de mettre en place des SCGR. Enfin, notre
recherche contribue à la littérature en identifiant le rôle des SCGR dans l’amélioration continue
et le pilotage de la performance globale des PME.
Apports méthodologiques
Notre apport méthodologique porte dans un premier temps sur l’étude qualitative exploratoire.
Elle vise à explorer la perception des dirigeants en matière de SCGR. Des études qualitatives
ont été menées afin d’étudier les SCGR et la RSE dans le contexte des grandes entreprises.
Toutefois, aucune recherche n’a exploré le lien entre les SCGR et la performance globale des
PME. La méthode de collecte de données mobilisée basée sur les entretiens semi-directifs
auprès des dirigeants des PME nous a permis de comprendre comment les dirigeants
interprètent les situations en s’appuyant sur leurs valeurs et croyances. Dans cette lignée, cette
étude qualitative a permis d’examiner en profondeur la perception du dirigeant en matière de :
SCGR mobilisés au sein des PME, influence des parties prenantes et motivations des dirigeants
en termes de mise en place des SCGR et du rôle des SCGR dans la performance globale de
l’entreprise.
214
Dans un deuxième temps, l’apport méthodologique réside dans l’étude de cas unique réalisée
dans le but d’approfondir et de compléter les résultats de la première étude qualitative. Notre
étude de cas propose d’étudier le rôle des SCGR dans la performance globale mesurée de la
PME. Les méthodes de collecte de données mobilisées dans le cadre de cette étude, notamment
les entretiens semi-directifs, ont apporté un éclairage sur la manière dont les parties prenantes
saillantes perçoivent l’engagement de l’entreprise en matière de SCGR et le rôle de ces derniers
dans la performance globale. Nous avons également réalisé des observations non participantes
(participation à des réunions et événements organisés par l’entreprise) et collecté des données
secondaires (documents internes et externes de l’entreprise) afin de valider nos résultats.
Ainsi, l’apport des deux études qualitatives mobilisées réside dans la présentation du rôle des
SCGR dans la performance globale perçue et mesurée dans le contexte des PME.
Apports managériaux
À l’issue de notre recherche, nous suggérons aux PME de mobiliser des SCGR dans le cadre
d’une démarche RSE. Les résultats de notre recherche soulignent en effet que les SCGR
facilitent la mise en place et la gestion des pratiques RSE. Les SCGR orientent le comportement
des collaborateurs vers les objectifs recherchés par l’entreprise, contribuent à l’innovation et au
déploiement de nouvelles pratiques RSE et assurent la conformité de l’engagement RSE.
Ces SCGR s’avèrent être intéressants pour les PME, car ils permettent, d’une part, de mieux
saisir l’apport des investissements responsables, d’autre part, de justifier l’engagement RSE
auprès des parties prenantes internes et externes et aussi de contribuer à la performance
économique de l’entreprise.
Notre travail de recherche comporte certaines limites qui nous permettent de proposer des voies
de recherches futures. Notre recherche a étudié le rôle des SCGR dans la performance globale
des PME de manière globale. Il pourrait être envisagé d’analyser profondément le rôle de
chaque levier de SCGR dans la performance globale de PME. De plus, nous nous sommes
focalisée sur les SCGR formels. Une étude empirique mobilisant les modes de contrôle de
gestion formel et informel pourrait être intéressante. Notre travail de recherche est le premier à
apporter un éclairage sur le rôle des SCGR dans la performance globale des PME. Il pourrait
aussi être intéressant de déterminer les motivations guidant les dirigeants de PME à améliorer
215
la performance globale de la PME plutôt que la seule performance économique.
Dans un premier temps, notre première étude qualitative exploratoire est constituée d’un
échantillon de vingt-sept PME situées dans différentes régions en France. Il pourrait être
pertinent de chercher à identifier si des spécificités régionales apparaissent. De plus, ces
entreprises exercent leur activité dans des secteurs différents. Il serait là aussi intéressant de
mener une analyse sectorielle tout en s’interrogeant sur les spécificités sectorielles des SCGR
mobilisés et leur rôle dans la performance globale. En outre, notre étude n’a ciblé que des PME
françaises. Il serait intéressant de réaliser une étude empirique dans des pays autres que la
France afin d’enrichir les résultats.
Dans un deuxième temps, notre seconde étude qualitative est axée sur une étude de cas unique.
Il pourrait être pertinent de réaliser une étude de cas multiple afin de comparer les SCGR
mobilisés. En outre, notre unité d’analyse est une entreprise de service de la profession
comptable. Il serait intéressant de mener une étude de cas auprès d’entreprises de nature et de
secteurs d’activités différents.
Enfin, les deux études mobilisées dans le cadre de notre recherche sont de nature qualitative.
Une étude quantitative pourrait constituer une perspective de recherche intéressante afin de
mieux saisir encore l’impact des SCGR dans la performance globale des PME.
216
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240
ANNEXES
241
Annexe 2 : Pratiques sociales des PME étudiées
Entreprise Pratiques Sociales Extraits d’entretiens
E1 - Égalité homme- « On fait participer le salarié aux résultats de
femme l’entreprise et à la qualité de son travail de façon
- Implication des individualisée. (…) On a une répartition plus juste en
salariés (aux matière de rémunération et d’intéressements » (E1)
résultats de
l’entreprise)
E2 - Santé et sécurité « Pour le social, on respecte tout ce qui est pénibilité,
au travail le confort des salariés sur les sites, on a la médecine du
- Formation des travail ou il y a les visites périodiques, on a une
collaborateurs formation continue pour nos salariés. » (E2)
242
entreprise formations pour développer les compétences en
- Formation des interne. » (E5)
collaborateurs
E6 - Formation des « On a une politique de formation, mais c’est plus
collaborateurs transparent sur les grilles de salaire, le fait d’assurer le
- Transparence des maintien du salaire des collaborateurs quand ils sont
salaires malades, on fait du télétravail : chaque collaborateur
- Télétravail et peut télétravailler de chez lui pendant deux jours par
flexibilité des semaine, donc ils sont plus productifs, ils perdent déjà
horaires moins de temps dans les transports, ils sont dans de
meilleures conditions. Il y a une très grande liberté
autonymique sur les horaires, il n’y a pas de pointage
les gens ont des choses à faire ils s’organisent entre le
bureau et chez eux pour les faire, et ils vont gérer eux-
mêmes leurs horaires. On a 3 jours par an de travail à
distance. » (E6)
E7 - Télétravail « On a instauré pour les collaborateurs le travail à
- Bien-être en distance une fois par mois, c’est-à-dire que sans devoir
entreprise justifier, ils peuvent travailler depuis leur domicile.
Donc, on a mis en place des outils qui leur permettent
d’avoir la possibilité de dire : je ne peux pas être
présent donc je serai chez moi, je serai joignable. Donc,
ils ont une connexion via le serveur interne, ils ont un
poste de travail et un téléphone et ils ont la possibilité
de travailler une fois par mois depuis chez eux. » (E7)
243
E9 « Pour les actions sociales, on a fait un accord
- Télétravail et
d’aménagement de temps de travail bien avant que ce
flexibilité des
soit obligatoire, on a pris une mutuelle, on a mis en
horaires
place des jours « enfant malade ». Je vous parle de tout
- Équilibre vie
ce qu’on a fait en plus de la loi, c’est-à-dire tout ce qui
privée-vie
est mieux que la loi. Donc les jours « enfant malade »,
professionnelle
cela veut dire qu’une personne qui a un enfant malade
- Bien-être en
(moins de 13 ans), elle a le droit jusqu’à trois jours de
entreprise et
congé pour rester avec lui sans entamer ses congés
bonnes conditions
payés. On rembourse le « Pass Navigo » (carte de
de travail
transport de Paris) l’employeur paye la moitié et nous,
on paye la totalité. Comme les consultants ne sont pas
souvent au siège de l’entreprise, mais plutôt chez les
clients on a mis en place un « intranet », avec tout un
tas de documentation, dès qu’ils se posent une question
sur leur mutuelle, sur des modalités de travail, tout est
accessible depuis partout via Internet. On a une
application pour poser les congés. Depuis le
Smartphone le collaborateur peut avoir toutes les
informations qu’il veut. On paye l’accès à Internet aux
collaborateurs depuis chez eux. On propose le
télétravail quand le client est d’accord, car les clients
ne sont pas forcément d’accord, mais dès que le client
est d’accord on le fait sans problème. » (E9)
E10 - Télétravail « On fait du télétravail sans déclaration au préalable,
- Bien-être en les collaborateurs peuvent choisir eux-mêmes leurs
entreprise jours télétravaillés, un budget est donné à chacun de
- Transparence de 200 euros par an pour que chacun fasse des choses
l’information pour son bien-être, on a favorisé l’organisation de
séance de Pilates, de massage. Il y a une information
régulière des collaborateurs, tous les trimestres on a
une pédagogie sur les dimensions économique
environnementale et sociale de l’entreprise, c’est-à-
dire que les collaborateurs connaissent les objectifs, les
enjeux et le progrès de l’entreprise, il y a la
transparence de l’information. » (E10)
E11 « Nous avons amélioré les conditions de travail de nos
- Bien-être en
salariés par ex : nous avons augmenté le temps de la
entreprise et
pause déjeuner de 30 minutes à 1heure chose qui a
bonnes conditions
permis à nos salariés d’être plus productifs. (…) Nous
de travail
leur fournissons des titres restaurant qui leur
- Formation des
permettent d’acquitter le prix du repas. Pour les heures
collaborateurs
supplémentaires : le salarié qui travaille pendant les
jours fériés par exemple obtient le paiement de son
salaire plus les heures supplémentaires. Nous
proposons aussi des formations à nos salariés » (E11)
E12 « On est extrêmement vigilant sur la manière dont nos
- Bien-être en
chefs d’équipe gèrent les équipes, l’autoritarisme,
entreprise et
l’agressivité, on fait très attention à ces choses-là et on
bonnes conditions
est très à l’écoute de nos équipes. Donc ça rejoint le
de travail
bien-être au travail. On n’est pas dans une hiérarchie
- Implication des
pyramidale, on est plutôt dans une entreprise agile dans
collaborateurs
244
dans le laquelle nos équipes participent au recrutement. (…)
recrutement On en a mis en place un ostéopathe pour l’équipe, on
- Égalité homme- fait des distributions de fruits, on fait des petites choses
femme pour assurer le bien-être au travail. » (E12)
- Formation des « On a donc un bilan social qui nous permet de savoir
collaborateurs (…) la parité homme-femme, les égalités de salaires,
combien de personnes on a formé » (E12)
245
E17 - Bien-être en « Il faut savoir que dans notre entreprise on accorde
entreprise et une grande importance au bien-être des salariés. On est
bonnes conditions très attentif à leurs attentes. Ce qu’on fait, on adresse
de travail un questionnaire à l’ensemble des salariés pour
- Formation des connaître leurs ressentis par rapport au fonctionnement
collaborateurs de l’entreprise. On a le télétravail, les collaborateurs
- Télétravail et peuvent aménager les horaires de travail selon leur
flexibilité des convenance. Ils ont la possibilité de faire une sieste
horaires pour éviter le stress, on a aménagé un petit espace
- Égalité homme- spécialement pour ça. On les forme sur les bonnes
femme pratiques et les éco-gestes. On leur fournit une
mutuelle. La moitié de nos collaborateurs sont des
femmes… on fait beaucoup de choses pour assurer les
bonnes conditions de travail. » (E17)
E18 « Pour le social, on a mis en place des formations pour
- Formation des
les collaborateurs, on favorise le travail en journée : on
collaborateurs
- Bien-être en sensibilise les clients au travail en journée on a une
entreprise et plate-forme logistique pour le travail de nuit et on sait
que pour le travail de nuit il y a plus de risque, si la
bonnes conditions
personne se blesse il y a moins de personnes sur la
de travail
- Santé et sécurité plate-forme. » (E18)
du travail « On a mis en place des PTI (protections du travailleur
isolé) (…). On essaie de trouver une solution pour
diminuer le taux d’accident au travail » (E18)
« Pour les actions sociales, on a mis en place un plan
- Formation des
de formation pour nos collaborateurs, on a le
collaborateurs
télétravail, on est plus flexible dans la gestion des
- Télétravail et
congés pour les salariés, on a l’égalité homme-femme
flexibilité des
E19 surtout au niveau de la rémunération, on a une
congés
ambiance sympathique ce qui fait que nos salariés sont
- Égalité homme-
contents d’être chez nous et par conséquent ils sont plus
femme
productifs. » (E19)
- Bonnes
conditions de
travail
- Bonnes « Pour nos salariés, c’est vrai qu’ils ont une
conditions de
gratification de fin d’année, après on les aide par des
travail prêts quand ils ont des difficultés passagères, (…).
E20 Ensuite, on peut des fois leur prêter des voitures quand
ils ont un problème de voiture, (…). Ils ont des
gratifications pour les naissances, pour les mariages. »
(E20)
- Intéressement « On est allé il y a deux ans sur le terrain de
salarial l’intéressement salarial, c’est qu’on partage une grosse
- Télétravail partie des bénéfices avec les salariés (…). On est
- Transmission de extrêmement ouvert au télétravail, on fait partie des
E21
savoir-faire rares entreprises qui ont mis ça en place déjà il y a à
- Égalité homme- peu près une dizaine d’années (…). On a un équilibre
femme chez nous sur le sujet de la transmission du savoir-faire
qui va de l’intégration de deux à trois stagiaires par an.
246
On fait très attention à l’équilibre homme-femme. On a
des gens de tous les âges chez nous » (E21).
- Bien-être en « Ce qu’il y a de plus important pour une entreprise
entreprise et comme la nôtre c’est la prise en compte des attentes des
bonnes conditions salariés (…). Je fais de telle sorte que les salariés soient
de travail responsabilisés, soient heureux de l’être, soient en
- Formation des capacité de faire leur métier le mieux possible avec les
collaborateurs bons outils, avec les bons interlocuteurs. (…) On est
E22 vraiment dans une politique très humaine où on essaye
de faire attention à l’épanouissement des salariés. Les
salariés sont formés entre eux sur plein de sujets pour
progresser sur leurs compétences, donc ils prennent
plein d’initiatives. Il faut que chacun fasse son métier
de façon la plus épanouissante possible et pour moi
c’est, essentiel c’est la stratégie RSE. » (E22)
247
- Implication des « On est une entreprise libérée, c’est-à-dire qu’on
collaborateurs laisse nos collaborateurs prendre l’initiative, on
- Transmission de favorise la transmission des savoir-faire entre les
savoir-faire collaborateurs, on a une stratégie de diversité, pour
- Bien-être en optimiser le bien-être des collaborateurs on a aménagé
entreprise et les bureaux, les collaborateurs peuvent évoluer vers
E26
bonnes conditions d’autres métiers en entreprise, etc. » (E26)
de travail
- GPEC
248
Annexe 3 : Pratiques environnementales des PME étudiées
249
on utilise du papier produit par des handicapés, on
- Limiter les déchets
propose des Visio formations pour limiter les
- Limiter la déplacements, on fait attention à la consommation de
consommation de ressources qu’on utilise pour qu’il n’y ait pas de
ressources gâchis. » (E5)
naturelles
250
biodiversité énergétique pour contribuer aux enjeux du
changement climatique : on est passé de EDF à
Enercoop qui redistribue une énergie 100 %
renouvelable et qui nous coûte près de 1500 euros de
plus par an par rapport à EDF. Mais on est fière de
soutenir une énergie propre et renouvelable. On est
certifié agence FSC et PEFC qui sont deux
certifications pour la gestion durable des forêts et du
papier. Dans notre métier les papiers qu’on utilise
sont tous certifiés depuis très longtemps. » (E10)
251
on n’a pas tellement d’actions sur ça, parce que les
serveurs on en a besoin sinon on ne peut pas
travailler. » (E14)
E15 - Limiter les déchets « On tri souvent les déchets, on utilise des produits
- Limiter l’empreinte sans impact sur l’environnement, on surveille notre
carbone consommation de carburant, donc on est passé d’une
consommation moyenne de 7 litres à une
consommation de 5 litres puisqu’on a acheté des
voitures électriques, on achète des voitures qui
consomment peu, on fait des stages d’éco conduite. »
(E15)
E16 - Limiter les déchets « On essaye de faire attention à tous nos achats,
- Limiter la on essaye de choisir des goodies responsables, ce
consommation n’est pas évident, mais on essaye de faire des efforts
d’énergie là-dessus. J’essaye d’éviter les plateaux-repas pour
- Protection de la les réunions même si je n’arrive pas toujours, et donc
biodiversité de remplacer ça par aller chez le traiteur d’à côté, on
. achète des photocopieurs recyclés, recyclables qui
utilisent le moins d’encre possible, on fait récupérer
tous nos matériels électroniques, électriques, le
téléphone par « Emmaüs », on a choisi du papier
recyclé, on est passé à la dématérialisation, on a aussi
changé des ampoules, on a changé des lumières, on
sensibilise nos collaborateurs que quand on va
manger on peut éteindre l’ordinateur et la lumière du
bureau. On a travaillé sur beaucoup d’actions de
sensibilisation. On a essayé de travailler sur le
transport, on a fait notre bilan carbone et c’était assez
utile parce que j’ai découvert beaucoup de choses et
ça nous permet de reposer des questions. (…) on a
installé une ruche dans le jardin, en octobre 2018 on
a eu notre première production de miel de 22kilos
qu’on a partagée avec nos collaborateurs. » (E16)
E17 - Limiter la « Pour l’environnemental, ont fait de l’économie
consommation d’énergie. On essaye de limiter notre impact
d’énergie environnemental des aliments. D’ailleurs, on est en
- Limiter les déchets train de développer un partenariat avec un traiteur
- Limiter l’empreinte qui utilise uniquement des produits bio et
carbone responsables. On essaye de limiter le gaspillage
alimentaire. On utilise du papier 100% recyclé et on
imprime, vraiment, que le nécessaire. » (E17)
« On utilise le transport en commun et on prend en
charge la moitié des frais des transports en commun
afin d’encourager nos salariés à les utiliser : 90% de
nos trajets sont en train. On fait des visio-conférences
pour réduire les déplacements. On continue à
sensibiliser les collaborateurs aux bons gestes. On trie
nos déchets, on privilégie les achats responsables :
80% de nos fournitures sont labellisées. » (E17)
E18 - Limiter les déchets « On a des poubelles où l’on fait le tri, on a des
- Limiter les produits produits éco labellisés pour diminuer la
nocifs consommation des produits chimiques et on
252
sensibilise nos clients sur le tri. Donc on va continuer
à les mener à bien. D’autres actions, on est en train
de les mettre en place comme la diminution des
produits chimiques. » (E18)
E19 - Limiter les déchets « On met l’accent sur la partie recyclage (…), on
- Limiter l’empreinte essaie de limiter nos déplacements même si c’est
carbone extrêmement compliqué, donc on organise des vidéo-
- Limiter la conférences et on se déplace en train, on favorise le
consommation de transport en commun. On essaie de réduire notre
ressources consommation d’eau. » (E19)
naturelles (eau)
253
E22 - Limiter les déchets « On fait attention à ce qu’on consomme, comment
on le recycle, etc., il y a des poubelles de tri. (…) La
grande majorité des meubles qui sont là, étaient
récupérés à droite et à gauche, les fauteuils par
exemple la table, plein de trucs qu’on récupère à
droite et à gauche » (E22).
E23 - Limiter les déchets « Comme on n’est pas dans une activité
- Limiter l’empreinte industrielle, c’est principalement dans l’utilisation
carbone des technologies qui ont le moins d’empreintes. Notre
empreinte, c’est plutôt une empreinte carbone par
exemple, des hébergeurs, (…) on a des gobelets
recyclables, on va peut-être supprimer les gobelets, la
politique de papier qu’on m’a mis très vite donc
restriction du papier, imprimer que quand c’est
obligatoire, c’est notre politique de déplacement et
transports. » (E23)
E24 - Limiter les déchets « On recycle le papier, on vient de déménager et
- Protection de donc le choix du bâtiment faisait partie de nos critères
l’environnement de choix environnemental. Dans la conception des
- Limiter l’empreinte machines, on respecte les critères environnementaux
carbone notamment la réduction du bruit qui fait partie de la
pollution sonore, on privilégie les fournisseurs locaux
pour limiter les déplacements et les fournisseurs qui
intègrent la dimension responsable. » (E24)
E25 - Limiter les déchets « Ce qu’on a mis en place sur l’aspect
- Limiter la environnemental, tout ce qui est tri des déchets et
consommation sensibilisation, moi je le fais de manière informelle,
d’énergie on a essayé de sensibiliser les collaborateurs sur les
- Protection de consommations parce qu’on a beaucoup d’écrans, un
l’environnement développeur a minimum trois écrans et le soir il s’en
- Limiter l’empreinte va, il laisse tout en veille. Donc, on a acheté des
carbone systèmes pour tout couper le soir, pour qu’il n’y ait
plus d’appareils mis en veille, qu’on coupe tout. On
essaie de limiter les déplacements, parce qu’on est
basé à Toulouse, mais on fait beaucoup de
déplacement à Paris. Donc on a mis en place des
visio-conférences, on essaie de faire vraiment plus de
web avec nos clients pour limiter les déplacements, on
favorise le transport en commun et l’on prend
rarement la voiture sur des déplacements. » (E25)
E26 - Limiter les déchets « On a des actions environnementales comme le
- Limiter l’empreinte tri, on favorise le transport en commun, on essaye de
carbone réduire notre consommation énergétique, on essaye de
- Limiter la compenser nos émissions en CO2 en finançant des
consommation projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre
d’énergie par la reforestation en France, en Asie et en Afrique.
On fait de l’économie circulaire c’est-à-dire qu’on
collecte les vêtements professionnels usagés auprès de
nos clients et on les recycle, par exemple on a
transformé des uniformes usagés en tabliers. » (E26).
E27 - Limiter l’empreinte « On fait très attention à ce que notre activité soit
carbone moins nocive envers l’environnement. Par exemple,
254
- Protection de la on opte pour le système de compensation de nos
biodiversité émissions carbone. On a une démarche écoconception
vis-à-vis des clients, une politique d’achat
responsable. On travaille avec des imprimeurs
engagés en RSE. On privilégie le transport en commun
(…) on a récemment installé une ruche dans nos
locaux » (E27).
255
Annexe 4 : Pratiques sociétales des PME étudiées
24
RAS : Rien à signaler
256
de grand procès de la RSE, on a créé notre événement
sur la communication du développement durable, on
soutient les projets de RSE. » E10
E11 RAS RAS
E12 RAS RAS
E13 RAS RAS
E14 RAS RAS
E15 RAS RAS
E16 - Mécénat de « On décide de travailler avec une association
compétences nationale qui s’appelle « Laurette Fugain » qui lutte
contre la leucémie et les maladies du sang en général,
qui est une association cliente. Et donc avec eux, on
fait tout un tas d’actions diverses, depuis toujours
dans le mécénat de compétence. Et puis après, on
pousse nos collaborateurs à donner du sang durant
les heures de travail » (E17)
E17 - Sensibilisation « On intervient en université pour sensibiliser les
matière de RSE étudiants sur le sujet de la RSE. (…) On a également
- Mécénat de un engagement sociétal puisque nous avons des
compétences collaborateurs qui font du mécénat de compétence
- Achat responsable auprès d’associations. On est engagé sur les
différents volets de la RSE. (…) On privilégie des
aliments bio et locaux. » (E17)
E18 RAS RAS
E19 - Mécénat de « On met l’accent sur la partie achat local.
compétences Ensuite, on a un programme de mécénat de
- Achat responsable compétence avec des associations. (…) Je donne du
temps à une fondation d’entreprise qui s’appelle la
fondation « Wavestone » pour les enfants défavorisés.
Je suis membre du conseil d’administration, je fais
toute la partie sélection des dossiers de financement,
etc. On donne du temps régulièrement à des
associations notamment l’AJE (Association Jeunesse
et Entreprises) qui fait forme des jeunes sur des
métiers, l’insertion professionnelle, etc. Donc là, j’ai
participé à un jury pour écouter des groupes de jeunes
venant des quartiers défavorisés qui voulaient
travailler sur des projets associatifs,
entrepreneuriaux, etc. » (E19)
E20 - Soutien aux « On avait décidé de se rapprocher de deux
associations associations à titre un petit peu humanitaire, c’est
caritatives quelque chose qu’on va faire cette année. On fera un
don à deux organismes à but caritatif. » (E20)
E21 - Membre des « On fait de la transmission en étant enseignant à
associations Audiencia, on fait ça sur le plan de la formation
responsables continue. On a également un engagement très fort au
sein de l’association DRO (Dirigeant Responsable de
l’Ouest). Alors dans DRO, je suis cofondateur du
conseil d’administration. J’avais créé l’association
des entreprises de La Chapelle-sur-Erdre, cette
association avait développé plusieurs projets
d’entreprises collectivement, notamment celui du
257
CO2 et j’avais aussi mis en place une formation de
co-voiturage écologique. Donc, on avait travaillé
avec la filiale de la Poste qui fait ce genre de
formation d’éco conduite et on avait fait des
formations collectives auprès des salariés des
entreprises. » (E21)
E22 RAS RAS
E23 - Achat responsable « On ne fait pas travailler d’enfants, on ne fait pas
- Protection des travailler d’usines au Bangladesh. Mais on achète des
données produits techniques et du coup on peut regarder si les
produits techniques qu’on achète sont
respectueux. (…) Un autre point, la protection des
données qui est un sujet extrêmement important chez
nous, on est certifiée ISO27001, c’est un système de
management de la sécurité d’informations. Donc on a
un engagement fort de la protection des données. »
(E23)
E24 - Achat responsable « On privilégie les fournisseurs locaux. » (E24)
E25 - Achat responsable « On travaille avec des entreprises en France. »
(E25)
E26 - Achat responsable « On est aussi fortement engagé dans le commerce
- Lutter contre la équitable, on utilise une matière première locale et
corruption et le vertueuse : on utilise du coton bio ou équitable, etc.
travail des enfants Dans notre activité on respecte les principes du
. Global Compact, notamment la lutte contre la
corruption, on ne fait pas travailler les enfants. »
(E26)
E27 - Mécénat de « Au niveau sociétal on fait du mécénat de
compétences compétences. L’intérêt est de pouvoir partager nos
connaissances et nos compétences avec le monde
associatif. Donc l’association va apprendre de nous
gratuitement. » (E27)
258
Annexe 5 : Les systèmes de contôle de gestion responsables
Entreprise Engagement SCGR Extrait d’entretiens
RSE
E1 Sans Systèmes de contrôle « Je suis mon taux d’absentéisme et
dispositifs de diagnostic mon turnover deux fois par an. »
RSE
- Indicateurs sociaux
259
coup on participe à responsabiliser
les gens, à comprendre les enjeux de
l’alcool. »
Systèmes de frontières « L’AFNOR vient pendant trois
- Audit jours avec un évaluateur tous les
- Lignes directrices trois ans et évalue l’entreprise sur
son engagement RSE sur les sept
piliers : les Droits de l’homme,
l’environnement, le social,
l’ancrage territorial, la loyauté des
pratiques et le consommateur. »
Systèmes de contrôle « Comme outil de pilotage on a le
diagnostic tableau de bord et le bilan
- Tableau de bord : Carbonne. Nous on a pris une
indicateurs sociaux vingtaine d’indicateurs pour
et justement piloter la démarche. Donc
environnementaux on a des indicateurs sociaux comme
- Bilan Carbone l’absentéisme, le poids de la
- Rapport RSE. formation. Pour les indicateurs
environnementaux on a la
consommation d’eau, la
consommation de gasoil, le CO2.
(…) après on a les informations
dans le tableau de bord
d’indicateurs et on suit leur
progression et on voit si on est dans
une bonne progression ou une
mauvaise progression. »
« On a le rapport RSE qui est un
formidable outil de
communication. »
Systèmes de contrôle « Il y’a des entreprises engagées en
interactif RSE qui ont échangé avec nous, (…)
- Échange avec les Tous nos fournisseurs et toutes nos
parties prenantes parties prenantes quand on s’est
externes engagé, on les a questionnés sur
l’environnement, sur le social,
l’ancrage territorial. (…) Certains
nous dit on fait ça, on a un rapport
de développement durable et là on
apprend, et du coup on est très
performant parque ils nous aident et
on établit des relations qui vont très
vite dans la même démarche »
« Notre expert-comptable est
aussi engagé en la RSE, le « Groupe
EXCO » et on travaille avec eux
pour essayer justement de mettre en
place des indicateurs de gestion. »
260
Avec - Session de personnes de la société qui ont été
dispositifs de formation formées »
RSE - Plan d’action RSE « On a des plans d’action qui sont
divisés en vue de garantir les
conditions d’une gouvernance
responsable, respecter les individus,
etc. »
Systèmes de frontières « Tous les dix-huit mois, on a un
auditeur de Vigeo qui va venir
- Audit vérifier, auditer et faire une
- Lignes directrices évaluation, car le label ne dure que
3 ans et après il faut refaire la
démarche »
Systèmes de contrôle « Dans le cadre du label Lucie on a
diagnostic l’autodiagnostic qui est très utile
parce que ça nous a permis de voir
- Autodiagnostic de manière structurée et d’être assez
objectif. (…) Cet autodiagnostic est
un outil qui nous a été proposé par
l’agence Lucie pour évaluer nos
actions RSE, il est sous forme d’un
fichier Excel avec des questions sur
nos actions et après il nous donne à
quelle hauteur on se positionne.
Après, on a comme un ratio, si l’on
est partiellement responsable,
entièrement responsable ou pas du
tout responsable. Ça nous permet
d’avoir le niveau de notre
engagement. »
Systèmes de contrôle « Nos collaborateurs nous
interactif influencent en apportant des idées
nouvelles par exemple, en
- Échange avec les améliorant les bonnes pratiques
parties prenantes notamment vis-à-vis des clients, en
internes innovant aussi sur certaines
- Échange avec les démarches. »
parties prenantes « Le label nous permet de faire
externes partie de la communauté Lucie, il y
a des animations, tous les mois il y a
les cercles Lucie, donc on va dans
des entreprises et l’on échange sur
les bonnes pratiques. C’est bien
parce que ça nous permet vraiment
d’échanger avec d’autres sociétés
sur les bonnes pratiques. Donc, ça
nous aide à faire face à des
difficultés. Et c’est bien de voir
qu’on est avec des personnes qui ont
les mêmes valeurs que nous et qui
font un partage d’expérience. »
261
E6 Avec Systèmes de croyances « On organise des journées de
dispositifs de formation sur les thèmes de la RSE »
RSE - Session de « Dans le cadre de la labellisation,
formation on construit notre plan d’action RSE
- Plan d’action RSE avec les collaborateurs »
262
(onglet RSE, livret sur lequel sont déposés tous les
d’accueil) comptes rendus du comité RSE et ils
sont partagés avec l’ensemble des
collaborateurs, donc toutes les
décisions prises sont partagées ».
« On a formalisé un livret d’accueil
qui est maintenant,
systématiquement donné aux
nouveaux arrivants avec la
formalisation d’une grille de :
comment on doit accueillir les
nouveaux arrivants. Et donc tout le
monde est obligé de passer par ce
type d’action, comme ça chaque
arrivant a le même niveau d’accueil
».
Systèmes de frontières « On a lancé pendant 6 mois le
protocole, les audits nécessaires
- Audit pour pouvoir remplir les conditions
- Les lignes de présentation de notre démarche
directrices auprès de ce tiers, qui est le label
Lucie qui valide ou pas nos
engagements. Cet audit permet un
examen assez exhaustif de toutes les
parties prenantes transversalement,
fait beaucoup sur nos actions RH. »
« Il y a une personne de l’AFNOR
qui vient pour voir si l’on est bien
allé au bout de nos engagements sur
ces 36 derniers mois pour pouvoir
revalider nos engagements. »
« Pour avoir le label, il faut avoir
une assurance raisonnable sur un
maximum de principes d’actions qui
sont des principes d’actions de la
norme ISO26000. »
Systèmes de contrôle « Sur les éco-gestes, on a des
diagnostic indicateurs chaque année par
exemple sur le papier, sur l’encre et
- Rapport RSE on les diffuse en interne dans un
(Indicateurs rapport. On a des indicateurs sur le
environnementaux bien-être avec une enquête qui est
et indicateurs menée de façon hebdomadaire, on a
sociaux) des indicateurs sur nos parties
prenantes clients puisqu’on fait
passer des questionnaires de
satisfaction sur les dossiers
terminés à nos clients. »
Systèmes de contrôle « Tous les mardis, l’ensemble du
interactif corps de la société se réunit de façon
informelle pour partager et
échanger des informations »
263
- Échanges avec les « Lors de notre dernière réunion on
parties prenantes a fait un brainstorming sur toutes les
internes (Réunions) actions qu’on pourrait mener en
- Enquête de bien-être 2018 (…) Donc on a listé les actions
au travail qui étaient sans impact budgétaire
et les actions qui avait un impact
budgétaire et à la fin on a choisi les
actions sur lesquelles on allait être
pertinent, c’est-à-dire qu’on avait
validé toutes les actions qui étaient
sans impact budgétaire, et puis on a
fait notre choix au regard de
l’enveloppe. »
« On a mis en place une enquête de
bien-être au travail, on voulait que
toutes les parties prenantes
s’expriment quel que soit leur
niveau de bien-être. (…) Toutes les
semaines, les collaborateurs
reçoivent quatre questions. Et du
coup, je reçois une photographie
hebdomadaire du bien-être des
collaborateurs. »
264
proposé à un groupe d’étudiants de
faire des études sur le sujet, j’ai fait
partie du comité de pilotage de la
performance globale, donc j’étais
piquousé au sujet très tôt. »
« Régulièrement il y a le cercle
LUCIE qui se réunit dans une des
boîtes labellisées, où la boîte
présente un peu ce qu’elle fait en
matière de RSE. Ça, c’est une bonne
source d’inspiration pour nous, ça
nous permet de prendre les bonnes
idées de chez les autres. Par
exemple on a arrêté de prendre les
bouteilles d’eau, maintenant on
prend de l’eau filtrée, on a
commencé à utiliser du papier
recyclé, on fait le tri sélectif, etc. »
265
- Échange avec les comment le collaborateur vit sa
parties prenantes mission. Alors c’est un entretien
internes libre, je vais manger avec eux le
- Entretien annuel midi (…) Donc, je vois comment est
avec les salariés leur charge de travail individuel, on
(pour évaluer les parle de l’organisation du travail,
actions sociales de l’amplitude des journées de
travail, des trajets professionnels,
de l’articulation de vie
professionnelle et de vie privée, la
rémunération, les congés, etc. Et
donc à la suite de ça, je me retrouve
avec une cinquantaine de fiches
avec tous ces points si ça va, si ça ne
va pas ou si c’est moyen et je fais un
baromètre annuel. ».
266
acteurs-là. Mais après c’est la
confrontation, le dialogue, le
contact, participer à des réunions de
travail, lire des choses qui m’ont
conforté dans le choix et qui m’ont
incité à continuer à augmenter ma
connaissance, mon expertise. Et qui
fait qu’à un moment donné j’ai dit,
on va passer au label Lucie ».
« Les clients peuvent demander de
nouvelles offres qui intègrent des
éléments de RSE. Les parties
prenantes ouvrent plutôt des
opportunités. »
267
Systèmes de contrôle « On a un bilan social qui nous
diagnostic permet de savoir le turnover, le
nombre d’absences, la parité
- Rapport RSE homme-femme, les égalités de
- Bilan social. salaires, combien de personnes on a
formé et pendant combien d’heures,
etc. »
« On fait partie du Global Compact,
parce qu’on voulait avoir une
procédure, une organisation qui
nous oblige à faire un rapport. »
Systèmes de contrôle « Ce qui nous a aidés à la
interactif structurer c’est justement la
fédération des entreprises de
- Échange avec les propreté. Elle nous a proposé une
parties prenantes formation sur un an, un
externes accompagnement sur 1 an pour
formaliser justement cette politique
RSE dans notre entreprise. »
268
- Échange avec les comme ça on commence par
parties prenantes solliciter les grosses boîtes, les
externes groupes du CAC40 et on leur dit un
certain pourcentage de votre chiffre
d’affaires doit être consacré à la
RSE. Donc FACE va récupérer le
fameux pourcentage dédié à la RSE
et qui va mener des actions contre
l’exclusion. Et moi par exemple,
dans mon entreprise, les
collaborateurs, ça leur offre la
possibilité quand ils le veulent une
fois par mois, de mener des actions
d’insertion d’accueil de RSE. (…)
On peut dire que les parties
prenantes peuvent nous sensibiliser
en matière de RSE ».
« Avant Lucie, on travaillait sur la
performance globale parce qu’on
est membre du CJD depuis 12 ans et
c’est à travers le CJD qu’on a
découvert le label Lucie. Dans le
cadre de la labellisation, Lucie nous
a proposé des outils pour piloter
notre démarche RSE ».
269
- Événement séminaires sur le sujet pour les
(séminaire) encourager à avoir de bons
réflexes ».
Systèmes de frontières « Dans le cadre du label on a un
audit tous les 18 mois et il y a sept
- Audit grands thèmes, ensuite il y a 23
- Lignes directrices principes d’engagement. Après on
vérifie que ces engagements soient
tenus. »
Systèmes de contrôle « Au niveau de l’ISO, on a des
diagnostic indicateurs de suivi du processus
dans un tableau de bord, on s’est
- Tableau de bord servi des outils de l’ISO pour suivre
RSE notre engagement RSE, parce que
dans l’ISO on est obligé de mesurer
nos résultats. »
Systèmes de contrôle « On a un consultant qui nous aide
interactif dans la démarche RSE et surtout
dans la mise en place du label. »
- Échange avec les « Pour l’association DRO, elle nous
parties prenantes influence parce que je fais partie de
externes l’association, on a des conférences,
on a des ateliers, là par exemple on
a l’atelier qui s’appelle « l’atelier
fragilité » comment la fragilité peut
être un plus pour les entreprises ? Et
donc ça nous aide, ça nous permet
d’échanger sur le sujet des bonnes
pratiques. »
270
- Bilan carbone données économiques, sociales et
- Tableau de bord environnementales qu’on présente
RSE. aux collaborateurs. C’est un
document purement interne qu’on
ne présente pas à l’extérieur, on
s’en sert pour faire notre point de
transparence. Et dans ce document
il y a une partie économique, une
partie sociale et une partie
environnementale »
« On a aussi le bilan carbone pour
calculer nos émissions de gaz à effet
de serre. Cet outil nous dit combien
on dépense en transport, en énergie,
etc. »
Systèmes de contrôle « On a fait remplir un questionnaire
interactif par les fournisseurs pour savoir ce
qu’eux-mêmes faisaient en RSE, on
- Échanges avec les a fait une charte avec eux »
parties prenantes « On a demandé à nos
externes collaborateurs et à nos associés de
- Échanges avec les se positionner sur des actions qu’ils
parties prenantes souhaitaient développer. Donc
internes effectivement, on est tombé sur le
social et sur l’environnemental. On
a travaillé sur la santé, la formation
et les éco-gestes, on a un peu changé
la façon de travailler entre nous ».
271
« On a le rapport RSE, le bilan
Carbonne on fait notre bilan eau
aussi. Après on a des indicateurs
sociaux en interne sur la formation,
sur le bien être des collaborateurs
présentés dans un tableau ».
Systèmes de contrôle « Ce qu’on fait, on adresse un
interactif questionnaire à l’ensemble des
salariés pour connaître leurs
- Échanges avec les ressentis par rapport au
parties prenantes fonctionnement de l’entreprise. »
internes « Nous c’est avant tout les ONG qui
- Échanges avec les nous inspirent, les politiques
parties prenantes publiques. Donc c’est les
externes réglementations et puis l’éthique, à
la fois du dirigeant et des parties
prenantes, enfin les collaborateurs.
C’est vraiment ça, les facteurs qui
nous ont fait avancer. En gros ces
parties prenantes nous inspirent et
nous motivent. »
272
Systèmes de contrôle « On travaille avec une entreprise
interactif de conseil, on s’est rencontré cinq
fois, et au début ils nous ont posé
- Échanges avec les beaucoup de questions sur notre
parties prenantes façon de travailler. Et à partir de là,
externes on a trouvé les points forts et on a
travaillé sur ces points forts. Les
consultants de l’entreprise nous ont
proposé pas mal d’actions à travers
cette feuille de route. »
« On a échangé avec nos
partenaires qui sont la FEP (la
fédération des entreprises de
propreté), le MEDEF (mouvement
des entreprises en France), la
CGPME ou autres et au fur et à
mesure on a trouvé des solutions
pour améliorer notre engagement
RSE. »
« Quand il y a de nouvelles
réformes, de nouvelles
réglementations ou de nouveaux
produits, c’est la fédération des
entreprises de propreté qui sera la
première à nous en parler. Mais, il y
a aussi des syndicats patronaux
comme le MEDEF et la CGPME qui
nous aident à développer nos entités
et notre feuille de route sur la partie
RSE »
« Et le fait d’échanger sur cette
thématique responsable ça me
motive et ça sensibilise nos
collaborateurs et ça permet de
montrer que l’entreprise évolue. »
273
- Échanges avec les
parties prenantes
externes
274
monte en grade, ensuite il juge
l’évaluation des critères. »
Systèmes de contrôle « On a été évalué AFAQ26000, donc
diagnostic on est déjà très avancé, on a un
tableau de bord, on a des
- Tableau de bord indicateurs RSE. »
RSE. « Quand on avait fait notre bilan
- Bilan carbone carbone, on avait compris que pour
faire ce bilan il fallait qu’il y ait
moins de transport. »
Systèmes de contrôle « En externe, je dirai que c’est
interactif vraiment mon engagement
associatif chez DRO qui me rappelle
- Échanges avec les à l’ordre de ce sujet. »
parties prenantes
externes
275
comment ça s’est passé et j’attends
secrètement une réponse qui est
« j’ai été content de venir tous les
matins »
« Avec les salariés, on a des
entretiens annuels d’évaluation qui
sont de toute façon obligatoires
dans les entreprises et qui sont tout
d’abord officiels. Et après, on prend
des nouvelles tout le temps, c’est-à-
dire que typiquement le lundi matin
on fait une réunion avec toute
l’équipe »
« Je pense que c’est très important
de s’assurer que tout le monde va
bien. Ces outils sont simples,
basiques, mais très efficaces. Ça
permet d’avoir un climat de
confiance, d’écoute, de respect et de
bienveillance, s’assurer que tout le
monde va bien. »
276
des objectifs en dehors, aussi de
formaliser nos engagements dans un
reporting. »
Systèmes de contrôle « Pour la norme ISO27001, c’est
interactif nos donneurs d’ordre qui nous ont
sensibilisés à avoir cette norme. »
- Échange avec les « En fait, je fais un certificat à
parties prenantes Dauphine sur Compliance
externes anticorruption devoir de vigilance,
et donc là, il y’avait des gens de
L’OCDE, j’ai rencontré des gens de
Global Compact, j’ai rencontré des
gens de l’ONU, de l’OIT.
Forcément, moi je suis là dans la
formation, j’apprends les
contraintes plutôt des grands
groupes, (…) C’est des vrais gens et
de vraies valeurs qui font des trucs
très concrets et qui donnent des
outils pratiques, qui donnent des
méthodes, »
277
E25 Sans Systèmes de contrôle « Et donc pour évaluer nos actions
dispositifs de diagnostic on a notre logiciel. L’idée de notre
RSE logiciel, c’est de suivre et de piloter
- Logiciel E25 de les actions qui sont menées en
pilotage (avec des matière de RSE et surtout de relier
indicateurs RSE). ça à des indicateurs. Et ces
indicateurs, on les met à jour tous
les semestres ou tous les ans. (…)
Notre outil est un outil de pilotage
de démarche RSE qu’on met en
place et qu’on commercialise. »
« En gros, sur le bien-être au travail
on a une dizaine d’actions, on a
engagé un budget et ensuite on va
suivre clairement le turnover et le
taux d’absentéisme qui sont des
indicateurs clés pour savoir si les
salariés sont bien au travail. (…)
Donc c’est le but de nos outils,
l’idée, c’est d’utiliser nos outils
pour piloter notre propre démarche
parce qu’on les fait et mieux vaut les
exploiter »
Systèmes de contrôle « La RSE, c’est beaucoup de
interactif réseaux, c’est beaucoup de
conférences, c’est un peu de partage
- Échanges avec les de pratiques et d’expérimentation. Il
parties prenantes me semble que ça passe plus par
internes l’humain et par l’échange avec nos
- Échanges avec les parties prenantes notamment les
parties prenantes membres de la communauté Lucie et
externes nos salariés »
278
- Rapport RSE
279
Annexe 6 : Navigateur de SKANDIA (source Edvinsson et Malone 1997)
280
Annexe 7 : Vision et stratégie des dimensions du Balanced Scorecard
281
Annexe 8 : Guide d’entretien de l’étude qualitative exploratoire
Introduction
Cet entretien fait partie de ma thèse de doctorat afin d’appréhender le rôle des systèmes de
contrôle de gestion responsables dans la performance globale des PME.
L’objectif de cet entretien est d’identifier les pratiques RSE et les systèmes de contrôle de
gestion responsables mobilisés dans votre entreprise, de saisir vos motivations et de quelle
manière les parties prenantes peuvent intervenir dans votre processus décisionnel en matière de
SCGR, et de comprendre le rôle des SCGR sur la performance globale de votre entreprise.
Cet entretien est confidentiel. Aucune information concernant l’entreprise et votre identité ne
sera divulguée. Pour des besoins d’analyse, si cela vous convient, je souhaiterais procéder à
l’enregistrement de l’entretien.
282
3. Les motivations des dirigeants en matière de SCGR.
- Quelles sont vos motivations en matière de mise en place de SCGR ?
4. Les pressions des parties prenantes sur l’intégration des SCGR.
- Quelles sont les parties prenantes les plus impliquées dans le cadre de mise en place des
SCGR ?
- Est-ce que ces parties prenantes influencent votre processus décisionnel notamment en
matière de SCGR ?
- Si oui, de quelle manière ces parties prenantes exercent-elles leur influence afin que
vous mobilisiez des SCGR ?
- Comment qualifiez-vous l’impact des parties prenantes dans le déploiement des
SCGR ? (Motivation, contrainte, etc.)
283
Annexe 9 : Guide d’entretien de l’étude de cas
284
TABLE DES TABLEAUX
285
Tableau 25 : Les critères de motivation des dirigeants au regard des SCGR ................ 156
Tableau 26 : Les catégories des PME en matière de motivations dans le recours aux SCGR
......................................................................................................................................... 158
Tableau 27 : Les étapes du processus d’amélioration continue ....................................... 166
Tableau 28 : Synthèse des systèmes de contrôle de gestion responsables des PME étudiée
......................................................................................................................................... 168
Tableau 29 : Les limites des actions sociales ...................................................................... 176
Tableau 30 : Les limites des actions environnementales .................................................. 176
Tableau 31 : Les SCGR de l’entreprise .............................................................................. 178
Tableau 32 : Indicateurs sociaux de l’entreprise E16 ....................................................... 184
Tableau 33: résultats des enquêtes de satisfactions (2016-2017-2018) ............................ 186
Tableau 34 : Indicateurs environnementaux de l’entreprise E16.................................... 188
286
TABLE DES FIGURES
287
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 : Les thèmes d’engagement et les principes d’action du label Lucie .............. 241
Annexe 2 : Pratiques sociales des PME étudiées ............................................................... 242
Annexe 3 : Pratiques environnementales des PME étudiées ............................................ 249
Annexe 4 : Pratiques sociétales des PME étudiées ............................................................ 256
Annexe 5 : Les systèmes de contôle de gestion responsables .................................. 259
Annexe 6 : Navigateur de SKANDIA (source Edvinsson et Malone 1997) .......... 280
Annexe 7 : Vision et stratégie des dimensions du Balanced Scorecard ................. 281
Annexe 8 : Guide d’entretien de l’étude qualitative exploratoire.................................... 282
Annexe 9 : Guide d’entretien de l’étude de cas ................................................................. 284
288
TABLE DES MATIÈRES
289
3.1 Le cadre théorique de Malmi et Brown (2008) : « Management Control Systems as a
Package » .................................................................................................................................. 61
3.1.1 La planification................................................................................................................ 62
3.1.2 Les contrôles cybernétiques ............................................................................................ 62
3.1.3 Les systèmes de récompenses ......................................................................................... 63
3.1.4 Les systèmes de contrôle administratif ........................................................................... 63
3.1.5 Les systèmes de contrôle culturels .................................................................................. 64
3.2 Les leviers de contrôle de gestion de Simons (1995) ......................................................... 66
3.2.1 Les systèmes de croyances .............................................................................................. 66
3.2.2 Les systèmes de frontières ............................................................................................... 67
3.2.3 Les systèmes de contrôle diagnostic ............................................................................... 67
3.2.4 Les systèmes de contrôle interactif ................................................................................. 68
Conclusion de la section 1 ...................................................................................................... 71
Section 2 : La mise en place de la RSE à travers les systèmes de contrôle de gestion ..... 72
1. Les dispositifs de formalisation de la démarche RSE .......................................................... 73
2. Les systèmes de contrôle de gestion responsables (SCGR) ................................................. 75
3. Les systèmes de contrôle de gestion responsables et la mise en place de la RSE................ 76
Conclusion de la section 2 ...................................................................................................... 79
Section 3 : Le lien entre le contrôle de gestion responsable et la performance globale ... 80
1. Fondements et émergence de la performance globale.......................................................... 81
2. Systèmes de contrôle de gestion responsables et mesure des enjeux de performance globale
.................................................................................................................................................. 83
3. Systèmes de contrôle de gestion responsables et mesure multidimensionnelle des enjeux de
la performance globale ............................................................................................................. 87
3.1 La norme Global Reporting Initiative ................................................................................ 87
3.2 Triple Bottom Line ............................................................................................................. 88
3.3 Sustainability Balanced Scorecard ..................................................................................... 88
Conclusion section 3 ............................................................................................................... 91
CONCLUSION DU CHAPITRE 2 ....................................................................................... 92
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE ................................................................... 94
290
1.3 Présentation de l’unité de recherche ................................................................................. 115
2. Méthode de collecte des données de l’étude de cas ........................................................... 116
2.1 Le recueil de données primaires : les entretiens ............................................................... 116
2.2 Le recueil des données secondaires : la documentation ................................................... 120
3. Analyse des données de l’étude de cas ............................................................................... 120
Conclusion de la section 2 .................................................................................................... 122
CONCLUSION DU CHAPITRE 3 ..................................................................................... 123
CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION DES RESULTATS DE L’ETUDE EMPIRIQUE . 124
Section 1 : Analyse des résultats de l’étude qualitative exploratoire............................... 125
1. L’engagement responsable des PME : pratiques de RSE et SCGR ................................... 126
1.1 Pratiques RSE et PME...................................................................................................... 126
1.1.1 La mise en place de pratiques sociales .......................................................................... 126
1.1.2 La mise en place de pratiques environnementales ........................................................ 130
1.1.3 La mise en place de pratiques sociétales ....................................................................... 133
1.2 Les systèmes de contrôle de gestion responsables des PME............................................ 137
1.2.1 Les SCGR des PME avec des dispositifs de formalisation de RSE .............................. 137
1.2.1.1 Les systèmes de croyances ......................................................................................... 143
1.2.1.2 Les systèmes de frontières .......................................................................................... 146
1.2.1.3 Les systèmes diagnostics ............................................................................................ 148
1.2.1.4 Les systèmes interactifs .............................................................................................. 151
1.2.2 L’engagement responsable des PME sans dispositifs de formalisation de la démarche
RSE......................................................................................................................................... 153
2. Les motivations des dirigeants dans le recours aux SCGR ................................................ 156
3. Les pressions des parties prenantes sur la mise en place des SCGR .................................. 159
4. Les systèmes de contrôle de gestion responsables et la performance perçue en PME ...... 161
4.1 Le rôle des SCGR et des pratiques RSE........................................................................... 161
4.2 Le rôle des SCGR dans la performance globale perçue des PME ................................... 163
Conclusion de la section 1 .................................................................................................... 167
Section 2 : Analyse des résultats de l’étude de cas ............................................................ 172
1. Perception de l’engagement de l’entreprise et mise en place des pratiques RSE et des
SCGR ..................................................................................................................................... 173
1.1 Perception de l’engagement de l’entreprise par les parties prenantes .............................. 173
1.2 Perception des parties prenantes sur les pratiques RSE de l’entreprise ........................... 174
1.3 Les systèmes de contrôle de gestion responsables mis en place par l’entreprise ............. 177
2. Influence des parties prenantes sur la mise en place des SCGR ........................................ 181
3. La contribution des SCGR à la mesure et au pilotage de la performance globale ............. 183
3.1 SCGR et performance sociale .......................................................................................... 183
3.2 SCGR et performance environnementale ......................................................................... 187
3.3 SCGR et performance sociétale ....................................................................................... 189
Conclusion de la section 2 .................................................................................................... 190
CONCLUSION DU CHAPITRE 4 ..................................................................................... 191
CHAPITRE 5 : DISCUSSION DES RÉSULTATS .......................................................... 192
Section 1 : Les SCGR dans le contexte des PME............................................................... 193
1. Les SCGR identifiés dans le contexte des PME................................................................. 194
2. Les profils de PME et les SCGR ........................................................................................ 197
3. Les pressions des parties prenantes dans la mise en place des SCGR ............................... 199
Conclusion de la section 1 .................................................................................................... 201
Section 2 : Le lien entre les SCGR et la performance globale des PME ......................... 202
1. Le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans la performance globale
perçue ..................................................................................................................................... 203
2. Le rôle des systèmes de contrôle de gestion responsables dans le pilotage de la performance
mesurée................................................................................................................................... 204
291
Conclusion de la section 2 .................................................................................................... 207
CONCLUSION DU CHAPITRE 5 ..................................................................................... 208
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE ................................................................... 209
CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................. 210
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 217
ANNEXES ............................................................................................................................. 241
TABLE DES TABLEAUX .................................................................................................. 285
TABLE DES FIGURES ....................................................................................................... 287
TABLE DES ANNEXES ..................................................................................................... 288
TABLE DES MATIÈRES ................................................................................................... 289
RÉSUMÉ DE LA THÈSE ................................................................................................... 293
THESIS ABSTRACT ........................................................................................................... 293
292
RÉSUMÉ DE LA THÈSE
THESIS ABSTRACT
This research examines the role of sustainable management control systems (SMCS) in global
performance of SMEs. It identifies the SMCS and CSR practices implemented in SMEs, the
motivations of managers and the pressures exerted by stakeholders to set up SMCS. It also
helps to determine to what extent SMCS contributes to the global performance of SMEs. To
characterize these SMCS, we chose the framework of Simons (1995) based on four levers of
control (beliefs systems, boundaries systems, diagnostics systems and interactive systems).
Furthermore, we mobilized two theories, stakeholder theory to explain the motivations related
to the implementation of SMCS, and neo-institutional theory to identify the pressures to setting
up SMCS. Two qualitative studies were carried out. The first is an exploratory study based on
semi-structured interviews with twenty-seven managers of sustainable SMEs. The second is a
single case study carried out over five weeks in sustainable SME. The results of this research
highlight the existence of SMCS in SMEs and their role to implement and manage CSR
practices. They also show that personal conviction of managers and pressure of stakeholders
(employees, customers and suppliers) influence the SMCS. Finally, they show that the SMCS
contribute to the measurement, management and continuous improvement of global
performance of SMEs.
293
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