INTRODUCTION Droit Des Obligations

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DROIT DES OBLIGATIONS 1 : LES ACTES JURIDIQUES

Le droit des obligations est le socle commun des relations économiques. Il y a un rapport de
créancier à débiteur. Le contrat et la responsabilité créent des obligations. Le 10 février
2016, le droit des contrats a été réformé par une ordonnance.

INTRODUCTION : LA NOTION D’ACTE JURIDIQUE


Le code civil est divisé entre cinq livres principaux :

- Livres I : Des personnes

- Livre II : Des biens et des différentes modifications de la propriété

- Livre III : Des différentes manières dont on acquiert la propriété

- Livre IV : Des suretés (art 2284 à 2488-12)

- Livre V : Dispositions applicables à Mayotte.

La structure du code civil de 1804 a été modifiée par l’ordonnance de 2016. Ainsi le C.civ
traite désormais des obligations dans le Titre III du Livre III et devient : « Des sources
d’obligations » distinguant désormais « Le contrat » dans le sous-titre 1er et « la
responsabilité contractuelle » dans un sous-titre 2.

Nous étudierons le contrat et la responsabilité contractuelle découlant de l’inexécution d’un


contrat.

Il faut cependant observer que si le contrat est la principale source d’engagement volontaire,
il n’en est pas la source exclusive.

Contrat : produit d’un accord de volonté exprimées par au moins 2 personnes.

Pour autant, il n’est pas exclu que la volonté d’une seule personne puisse engendrer une
obligation. Mais alors le phénomène ne peut plus être qualifié de contrat mais d’acte
juridique unilatéral.

Acte juridique : manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit. Il est donc
orienté vers la production d’effets. Ces effets sont recherchés, voulus.

Fait juridique : À l’inverse il produit des effets qui ne sont pas voulus, même si lui, a été
volontaire. Si le fait juridique produit des effets c’est parce que la loi le décide.

Art 1100-1 du code civil : Les actes juridiques sont des manifestations de volonté destinées à
produire des effets de droit. Ils peuvent être conventionnels ou unilatéraux. Ils obéissent, en
tant que de raison, pour leur validité et leurs effets, aux règles qui gouvernent les contrats.
Art 1100-2 du code civil : Les faits juridiques sont des agissements ou des évènements
auxquels la loi attache des effets de droit.

CHAPITRE 1 : L’ÉVOLUTION DE LA NOTION D’ACTE JURIDIQUE


La place de la volonté dans le contrat a évolué. En 1804 la volonté individuelle est tenue
pour toute-puissante. En 2016 cette conception est largement nuancée.

Section 1 : Le poids historique de l’autonomie de la volonté


§ 1 : L’âge d’or du volontarisme juridique

A. Présentation de la théorie de l’autonomie de la volonté

Cette théorie est fondée sur l’idée que l’homme est libre. Seule sa volonté de s’engager est
source d’obligation. Il n’est tenu uniquement de ce qu’il a voulu. Le sujet n’a d’autre loi que
ce qu’il a consenti. Sa volonté est donc autonome. Aussi sa liberté ne peut être limitée que
par sa propre volonté, l’État a alors un rôle limité, il n’intervient qu’exceptionnellement dans
les relations entre individus.

Il s’en dégage l’idée que ce qui résulte d’une rencontre de volontés (contrat) ne peut être
que juste : il est en effet difficile de concevoir que des individus aient désiré s’engager dans
une situation qui leur est défavorable.

Ainsi le contrat permettrait une conciliation d’î particulier car « toute justice est
contractuelle ; qui dit contractuel dit juste » comme l’énonce Alfred Fouillé, philosophe du
19ème siècle = paroxysme de l’individualisme juridique et fruit du libéralisme.

On remarque ainsi que l’assimilation de l’homme à sa seule volonté est forte dans le CC.
Jean Carbonnier n’écrivait-il pas que « L’homme, dans le Code Civil, est traité
essentiellement comme une volonté : ce n’est pas l’être de chair, sujet à des faiblesses, en
proie à des besoins, écrasé par des forces économiques ; c’est une volonté toujours forte,
éclairée, tendue vers un but, et libre ».

B. Les expressions de l’autonomie de la volonté dans le Code civil

Cette théorie trouve son prolongement dans 3 principes du code civil :

1. Le consensualisme

Il signifie que : la volonté se suffit à elle-même pour faire naître des obligations. Il n’est pas
nécessaire pour que l’engagement soit valable que les parties se soient pliées à un
formalisme particulier, tel que la rédaction d’un écrit, l’enregistrement du contrat.

L’écrit est exigé seulement à des fins probatoires.


2. La liberté contractuelle

Puisque tout dépend de la volonté individuelle, les individus sont libres de s’engager ou non.
Le contrat ne contient que ce que les parties ont souhaité. Cela ne doit cependant pas porter
atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs (art 6 code civil : On ne peut déroger, par des
conventions particulières, aux lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs). Les
parties sont souveraines et décident du contenu contractuel.

La loi nouvelle, sauf exception ne s’applique pas au contrat en cours d’exécution. Si elle le
faisait elle établirait un nouvel équilibre auquel les parties n’ont pas consenti. Il serait porté
atteinte à la liberté des contractants. Le principe est que la loi nouvelle ne doit pas pouvoir
remettre en question ce que les parties ont voulu. La loi nouvelle s’applique en revanche aux
contrats conclus après son entrée en vigueur car alors, les parties sont censées avoir exprimé
leur volonté en connaissance de la loi nouvelle et des modifications qu’elle engendre.

3. La force obligatoire du contrat

Les parties sont libres de s’engager. Elles doivent ensuite respecter leurs engagements. Le
contrat doit avoir une force obligatoire. Le droit prend acte de cette force de la volonté.

Article 1103 du nouveau code civil (ancien 1134) : Les contrats légalement formés tiennent
lieu de loi à ceux qui les ont faites. `

Le non-respect de l’obligation conventionnelle est donc assimilable au non-respect de la loi.


Ainsi :

- La convention ne peut être défaite unilatéralement mais bilatéralement. Seules les


parties peuvent défaire ce qu’elles ont fait (de manière conjointe) = mutus
consensus.

- Le contrat, avec son contenu, s’impose également au juge qui ne peut le dénaturer. Il
est tenu par ce que les parties ont voulu. Il ne peut pas refaire le contrat = principe
d’intangibilité du contrat. Pendant longtemps, la jurisprudence a refusé de faire
jouer la théorie de l’imprévision (év qui viennent bouleverser l’équilibre général du
contrat). Mais l’ordonnance de 2016 donne au juge, dans certaines conditions (très
strictes), le pouvoir de réviser le contrat (article 1195 du CC).

§ 2 : Le déclin du volontarisme juridique

A : Le déclin idéologique

Formule célèbre d’Henri Lacordaire illustrant la nécessité de prendre ses distances par
rapport à cette théorie : « Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui asservit, la loi qui
libère ». Elle tend à montrer que la liberté laissée aux contractants sera de nature à profiter
au plus fort au détriment du plus faible. La loi doit réguler cela pour permettre de
sauvegarder les intérêts de toutes les parties, et non uniquement ceux du plus fort. La loi est
donc interventionniste.
Les paradigmes changent petit à petit, à mesure que la pensée libérale cède du terrain à des
préoccupations sociales.

Les inégalités grandissantes d’observent dans tous les secteurs de la vie économique (entre
pays, entre employeur et employé…) l’idée s’installe donc selon laquelle l’une des fonctions
du droit est de protéger les plus faibles contre les abus des autres = doctrine solidariste.

Aug de l’intervention de l’État (économie dirigée) grâce à des lois impératives (et non plus
supplétives de la volonté des parties) et à travers la notion d’ordre public.

B : La traduction législative du déclin de la théorie de la volonté

Lois qui viennent vider la théorie de l’autonomie de volonté de sa substance.

Le législateur est intervenu pour limiter la liberté contractuelle :

- Il impose parfois l’obligation de conclure un contrat

- Il intervient parfois pour supprimer la liberté de choisir son contractant. Ex : lorsque
le proprio d’un bien loué décide de le vendre ; il doit obligatoirement le proposer à
son locataire qui s’il le désire en fera l’acquisition prioritairement.

- Le droit de la consommation interdit à un professionnel de refuser de vendre à un


consommateur. L'art. L. 121-11 du Code de la consommation « interdit de refuser à
un consommateur la vente d'un produit ou la prestation d'un service, sauf motif
légitime ». Est également interdit « le fait de subordonner la vente d'un produit à
l'achat d'une quantité́ imposée ou à l'achat concomitant d'un autre produit ».

La loi peut-elle porter atteinte à la liberté contractuelle ou bien la liberté contractuelle est-
elle une valeur supérieure à la loi ?

1994 : aucune norme à valeur constitutionnelle ne garantit le principe de la liberté


contractuelle.

Depuis 2000 : l’article 4 de la DDHC garantit la liberté contractuelle.

Art 1172 : Les contrats sont par principe consensuels. Ex : le contrat de cautionnement :
L331-1 du code de la conso.

Le législateur restreint parfois la force obligatoire du contrat. Ainsi, si le principe reste le


consensualisme, de nombreuses dispositions écrites sont devenues obligatoires pour
protéger les contractants les plus faibles. Écrit = protecteur pour les + faibles, plus à même
de prendre connaissance des clauses qui lui sont imposées et donc plus à même de refuser
de conclure le contrat s’il s’aperçoit que son contenu lui est défavorable. Ainsi par ex, le
code de la consommation regorge d’articles imposant le respect d’un formalisme précis dans
la rédaction de contrats entre professionnels et consommateurs.
- Depuis 1975 : l’article (1231-5) consacré à la clause pénale donne la possibilité au
juge de modifier la peine que les contractants avaient prévue (clause pénale) en cas
d’inexécution par l’un d’eux de ses obligations. Si une partie manque à cette
obligation -> on fixe le montant de dommages et î qu’elle pourra être amené à devoir
au créancier de l’obligation (def clause pénale). Si le débiteur manque à son
obligation -> il doit verser une somme astronomique (sup au montant de la
réparation du préjudice subis). Somme importante pour éviter que le débiteur
manque à son obligation. Somme prévue à titre de pénalité -> montant excessif = pb
pour celui qui n’a pas pu déjà payer l’obligation. Clause excessive dans les contrats
donc le législateur a décidé d’introduire un alinéa supplémentaire au terme duquel le
juge pourrait toujours modérer le montant de la pénalité convenu si celle-ci est
manifestement excessive. Les débiteurs demandent donc souvent une réduction de
cette clause en prétendant qu’elle est excessive. Avant article 11152 -> le juge ne
pouvait allouer ni plus ni moins, il ne pouvait faire intrusion dans le contrat ne
modifiant ce qui était convenu par les partis. Mtn le juge peut modérer la pénalité si
elle est manifestement excessive. Première fois qu’on accorde au juge le droit de
venir modifier le contrat dans sa substance.

- Mesure de traitement des situations de surendettement de personnes physiques de


bonne foi. Procédure de rétablissement personnel au terme de laquelle une fois qu’il
aura payé les dettes qu’il peut payer le juge constatera qu’il ne peut pas faire plus.
Cette procédure peut aller jusqu’à l’effacement de ses dettes. Le juge peut donc
annoncer que le créancier ne sera pas payer. Que devient la force obligatoire du
contrat ? // Aspects humanitaires décisifs. Signal une évolution de notre droit qui va
dans le sens d’un affaiblissement de la force obligatoire des contrats.

- De même dans un certain nombre de contrats unissant un consommateur à un


professionnel le législateur a institué une possibilité de rétractation en faveur du
consommateur. Faculté de rétractation dérogatoire au principe de la force
obligatoire des contrats, de façon unilatérale -> normalement les deux partis doivent
se mettre d’accord. Dans un laps de temps le consommateur n’est donc pas
véritablement engagé. De même dans la vente d’immeuble l’acquéreur dispose d’une
telle faculté de rétractation.

- L 212 1 du code de la consommation : article qui permet au juge de supprimer d’un


contrat une clause dite abusive = qui a pour objet ou pour effet de créer au
détriment du consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et obligation
des partis. Donc si cette clause apparaît le juge a le pouvoir de l’enlever du contrat
(elle est donc réputée non-écrite) -> atteinte au principe de la force obligatoire des
contrats.

La force obligatoire du contrat n’est plus aussi religieusement adoré qu’elle ne l’était au
19ème siècle. Plus de valeur de dogme qu’on lui reconnaissait il y a encore 50ans.
L’ordonnance du 10 février 2016 ne fait que confirmer cette tendance.
Section 2 : L’acte juridique dans l’ordonnance du 10 février
2016
§ 1 : L’esprit de la réforme issu de l’ordonnance du 10 février 2016.

Ordonnance produit d’une longue réflexion, pendant 15 ans déjà ont parlé de réformer le
titre 3 du livre 3 du Code civil. Pourquoi ? :

- Décalage qui se serait produit entre les textes de 1804 et la réalité de la société du
21ème siècle. Le code aurait vieilli, il ne serait plus en phase avec son temps.

- Le droit français n’était plus aussi attractif, il ne servait plus de modèle aux législateur
étranger. Dans les contrats internationaux, les partis choisissaient de moins en moins
le droit français pour être applicable à leur contrat car il était souvent donné comme
complexe et imprévisible.

- La jurisprudence a pris des libertés dans l’interprétation des articles du code, de ce


fait les articles ne rendaient plus parfaitement compte de l’état du droit -> il était
devenu ce que les juges en avaient fait et non pas ce qui était écrit dans l’article.
Besoin de faire correspondre les textes à l’état du droit. Intégrer le droit positif dans
les textes.

- Montée en puissance de certaines législations spéciales (D du W, de la concu, de la


conso…) aurait mis à jour de nouvelles préoccupations, il fallait donc les intégrer dans
le code civil. Le droit spécial fait donc évoluer le D commun.

- Plusieurs projets ont vu le jour pour tenter d’harmoniser le D privé au sein de l’UE
pour instaurer un D européen des contrats. On a donc vu paraître des principes du D
européen des contrats, un code européen des contrats (fin 90’s). Ils ont exercé une
influence importante sur la manière de concevoir le droit des obligations.

- Loi du 16 février 2015 : Vient autoriser le gouvernement à prendre par voie


d’ordonnance toute mesure relevant du domaine de la loi nécessaire à modifier la
structure et le contenu du livre 3 du code civil et ce afin de moderniser, de simplifier
améliorer la lisibilité, renforcer l’accessibilité du droit commun des contrats, du
régime des obligations et garantir la sécurité juridique et l’efficacité de la norme. À
partir de cette loi la chancellerie a réalisé un avant-projet d’ordonnance qu’elle a
publié en 2015 et a réalisé un débat autour de ce projet pour que de ce débat puisse
sortir le texte de l’ordonnance lui-même. Il est sorti le 10 février 2016. L’ordonnance
a été ratifié par une loi du 20 avril 2018 qui a porté quelques changements mais très
peu.

§ 2 : Les tendances de la réforme

Les objectifs poursuivit sont triples :


- Clarifier et simplifier les règles = qu’elles soient rédigées autrement, les rendent +
accessibles y compris au non-juristes, à ceux à qui on les applique. L’idée est
d’accroître la sécurité juridique.

- Harmoniser la règle écrite avec l’état du droit

- Accroître la protection de la partie faible en intégrant dans les textes des dispositions
qui paraissaient nécessaire mais qui n’existaient pas car elles étaient contre certains
grands principes.

C’est la raison pour laquelle la loi d’habilitation donne au gouvernement la mission


d’introduire dans le code des dispositions :

- Permettant de sanctionner le cmpt d’une partie qui abuse de la faiblesse de l’autre.

- Consacrant la possibilité pour les parties d’adapter leur contrat en cas de


changement imprévisible des circonstances.

- Introduisant la possibilité d’une résolution unilatérale par notification.

- Consacrant la cession de dette et de contrat.

Préoccupations de justice sociale dominantes avec des mesures de protections des plus
faibles

- Sanction de l’abus de dépendance (art. 1143)

- Sanction des clauses créant un déséquilibre significatif (art. 1171)

- Généralisation du devoir d’information (art. 1112-1)

- Possibilité reconnue au juge de réviser le contrat en cas de changement de


circonstances imprévisibles (art. 1195).

Outre l’emprise de considérations morales, on ne peut nier l’emprise de considération


d’efficacité économique. Notre droit des contrats se devait de gagner en souplesse afin
d’être mieux adapté à la rapidité des échanges économiques -> montée en puissance de
l’unilatéralisme.

L’ordonnance de 2016 s’inscrit tout de même dans une grande continuité par rapport au
droit antérieur. Il n’y a pas eu de bouleversement majeur du droit.

Les règles posaient par l’ordonnance de 2016 sont-elles supplétives ou impératives ?

Cette ordonnance n’est pas entrée en vigueur immédiatement (oct 2016). Les contrats
conclus avant le 1er oct 2016 demeurent soumis à la loi ancienne.

CHAPITRE 2 : LA CLASSIFICATION DES ACTES JURIDIQUES


La notion d’acte juridique est plus large que la notion de contrat car cela comprend l’acte
juridique conventionnel (issu d’un accord entre 2 partis) et l’acte juridique unilatéral (issu de
la volonté d’une seule personne).

Section 1 : Les actes juridiques conventionnels


= contrats.

§ 1 : Le contrat

L’ordonnance redéfinit le contrat et le soumet à un certain nb de règles fondamentales.

A. La notion de contrat

L’ordonnance apporte une nouvelle définition du contrat. L’article 1101 pose que « le
contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes, destiné à créer,
modifier, transmettre ou éteindre les obligations ». Cette nouvelle définition tente de faire
disparaître la distinction que l’on faisait entre le contrat et la convention. On enseignait que
le contrat était une catégorie particulière de convention puisqu’il s’agissait d’une convention
(accord de volontés) génératrice d’obligation. En revanche, jusqu’à lors, les conventions qui
n’avaient pas pour objet de créer des obligations mais plutôt de les modifier, de les
transmettre ou de les éteindre ne pouvaient être qualifiées de contrat (mais seulement de
convention).

Or mtn les contrats sont désormais plus largement avec cette def des conventions ayant
pour objet une obligation. Il en résulte une quasi confusion entre les notions de contrats et
de conventions. Il existe cpdnt encore des conventions qui ne méritent pas d’être qualifiés
de contrat (celle qui ne répondent pas aux effets ci-dessus).

Contrat = instrument juridique de la réalisation de la plupart des contrats économiques.

Le code civil s’intéresse au contrat, dans les titres 3 et 4 du livre 3 où est présenté la théorie
générale du contrat. Puis de nombreux dvlp sont consacrés à des contrats particuliers que
l’on appelle généralement les contrats nommés.

Très souvent de nombreux contrats ne sont pas évoqués dans le CC (ni dans aucun autre
Code). Dans ce cas, seule la théorie générale permet de répondre aux questions qui se
posent.

B. Les principes directeurs du contrat

L’ordonnance pose 3 règles fondamentales que l’on pourrait qualifier de principes directeurs
du contrat :

- La liberté contractuelle 
- La force obligatoire des contrats

- Le devoir de bonne foi

1. La liberté contractuelle

Principe posé à l’article 11102 du CC : « Chacun est libre de contracter ou de ne pas
contracter, de choisir son cocontractant et de déterminer le contenu et la forme du contrat
dans les limites fixées par la loi. La liberté contractuelle ne permet pas de déroger aux règles
qui intéressent l’ordre public ».

Limites à cette liberté :

- La loi

- Les règles qui intéressent l’ordre public

On notera ainsi que le second alinéa de l’article 1102 n’est jamais qu’un écho à l’article 6 du
Code civil « On ne peut déroger par des conventions particulières aux lois qui intéressent
l’ordre public et les bonnes mœurs », avec cette particularité que l’article 1102 supprime
toute référence aux bonnes mœurs qui semblent être aujourd’hui tenues pour un concept
dépassé.

2. La force obligatoire du contrat

Elle s’exprime dans l’article 1103 du CC : « les contrats légalement formés tiennent lieu de loi
à ceux qui les ont faits ».

Le principe de la force obligatoire du contrat a souvent été lu comme un principe imposant


aux partis d’exécuter les obligations nées du contrat, Or Pascal Ancel a montré dans un
article que cette lecture tend à confondre l’obligatoire et l’obligationnel (cf. Force obligatoire
et contenu obligationnel du contrat, RTDCiv. 1999, p. 772)

On admet désormais que le contrat est un acte qui n’est pas forcément créateur d’obligation
car le contrat peut désormais se contenter de modifier, de transmettre ou d’éteindre les
obligations. La force obligatoire ne doit pas être assimilée à la capacité du contrat à
comporter des effets obligationnels. La force obligatoire existe en l’absence d’effet
obligationnel. Elle tient essentiellement dans la création par le contrat d’une nouvelle norme
juridique qui va s’imposer aux parties comme le ferait une norme légale.

3. Le devoir de bonne foi contractuelle

Le troisième principe directeur du contrat est le devoir de bonne foi, posé avec force à
l’article 1104 du Code civil. « Les contrats doivent être négociés, formés et exécutes de
bonne foi. Cette disposition est d’ordre public. »

Auparavant le principe était posé à l’article 1134 à l’alinéa 3, mais il était + étroit :
- La bonne foi n’était requise qu’eu stade de l’exécution du contrat. Désormais, le
principe de bonne foi irrigue toutes les phases du contrat de la négociation à
l’exécution.
- Le principe est affirmé d’ordre public ce qui a pour conséquence qu’il n’est pas
possible d’y déroger par une force contraire du contrat.

La place accordée à la bonne foi dans le Code -> controverse depuis les 90’s.

Pendant longtemps, la bonne foi était largement négligée et les juges ne donnaient guère
d’effet à celle-ci tenu comme une disposition assez floue, sans contenu précis, rappelant
tout au plus un devoir de loyauté dans la mise en œuvre des stipulations contractuelles.

Or, récemment la doctrine à tenter de donner une fonction réelle et plus dynamique à la
bonne foi, qui a donc été conçu comme le comportement que doit adopter chaque
contractant lorsqu’il ne se contente pas de poursuivre ses propres î mais prend aussi en
considération les î de son co-contractant. La bonne foi des parties postule une sorte de
collaboration entre elles afin d’assurer ensemble la réussite de leur projet commun.

Cette considération nouvelle pour la bonne foi fût en quelque sorte l’élément principal d’une
théorie qui s’est dvlp dans les 90’s et que l’on connaît sous le nom de solidarisme
contractuel. Elle a été défendue par Christophe Jamin et Denis Mazeaud.

Ex d’affaire qui traduit assez bien le solidarisme contractuel et de la controverse


autout de celui-ci : Arrêt de la Cour de Paris qui avait à trancher un litige entre une banque
et sa cliente. La cliente louait à la banque 2 chambres fortes, à l’approche de la fin du contrat
la banque indique à sa cliente plusieurs mois à l’avance qu’elle ne pourra pas renouveler le
contrat aux mêmes conditions, il faudra désormais verser un loyer de 145 000F au lieu de 54
000F. La cliente accepte. Une fois le contrat renouvelé elle a assigné la banque en dommages
et î pour abus dans la fixation du prix. La cour d’appel de Paris avait fait droit à la demande
de la cliente. Motivation de la cour d’appel de Paris, def intéressante de la bonne foi : «
L'obligation de bonne foi implique que chaque partie s'abstienne de tout abus, ait un
comportement raisonnable et modéré,́ sans agir dans son î exclusif ni nuire de manière
injustifiée à son partenaire ». Par référence à la bonne foi contractuelle la cour de Paris
décide de sanctionner la banque qui à augmenter son loyer.

Décision censurée par la cour de cassation dans un arrêt du 20 juin 2004. Car la cliente
bénéficiait d’un préavis d’un mois pour résilier son contrat et avait été tenue informée du
changement de politique de la banque plus de 6 mois avant l’échéance (temps nécessaire
pour s’adresser à la concurrence).

Dans un commentaire, Denis Mazeaud critique la position de la Cour de cassation et donne


une brillante définition du solidarisme contractuel qui entend pour l’essentiel « remettre en
question les principes de liberté, d’égalité et de stabilité contractuelles envisagés comme des
dogmes incontestables et immuables et intégrer dans la gamme contractuelle de nouvelles
sonorités ou en réactiver certaines quelque peu délaissées jusqu’alors, telles la loyauté,
l’équité, la proportionnalité, la cohérence, la tolérance, la solidarité, la dignité ».
Le solidarisme contractuel prône un renforcement du rôle de la bonne foi et ce, à des fins
de moralisation du rapport contractuel. La prise en compte de la bonne foi contractuelle
conduisit alors très souvent le juge à refuser d’appliquer la lettre du contrat lorsque celle-ci
était invoquée par l’une des parties dans le seul but de tirer un profit injuste.

La bonne foi requise est celle du créancier et non celle du débiteur. En effet, la bonne foi du
débiteur n’est nullement un facteur d’atténuation de sa faute en cas de défaillances. En
revanche, la bonne foi du créancier est exigée au moment où il se livre à des actes
d’exécution de sa créance.

En application du devoir de bonne foi on a vu apparaître un certain nombre d’obligation


nouvelles à la charge du créancier :

- L’obligation pour le créancier de minimiser son dommage = de ne pas laisser son


dommage s’accroître. Il doit agir rapidement (quand la somme qu’on lui doit n’est
donc pas astronomique).
- L’obligation de cohérence, que l’on nomme également l’obligation de ne pas se
contredire au détriment d’autrui. Cas d’une personne qui laisserait le contrat
s’exécuter autrement que ce qui est prévu. Et puis ce n’est qu’alors qu’il a accepté
cette forme d’exécution depuis des années il exige brutalement l’explication à la
lettre du contrat. Comportement qui contredit l’action qu’il mène aujourd’hui =
manque de cohérence.

Avec cette conception de la bonne foi -> permettre au juge de s’immiscer, de par des
interprétations dans le contrat. La Cour de cassation va donc instaurer des limites très
claires à l’application de ce principe de bonne foi par le juge. Pour elle il n’est pas
question que cela soit un prétexte pour le juge de s’immiscer dans le contrat, en
contredire le sens clair. Ainsi, dans un arrêt marquant un certain recul de l’influence du
solidarisme contractuel, la Cour de cassation semble vouloir endiguer les excès auxquels
conduit parfois l’utilisation généralisée du principe de bonne foi et affirme :

« Si la règle selon laquelle les conventions doivent être exécutées de bonne foi
permet au juge de sanctionner l’usage déloyal d’une prérogative contractuelle, elle
ne l’autorise pas à porter atteinte à la substance même des droits et obligations
légalement convenus entre les parties » (Com. 10 juillet 2007, JCP 2007, II, 10154)

 La théorie solidariste a perdu du terrain durant ces 10 dernières années.

Ex : obligation du créancier de minimiser son dommage. La 3 ème chambre civile a rendu un
arrêt le 10 juillet 2013 qui marque nettement son intention de revenir sur certaines
avancées jurisprudentielles : « l’auteur d’un dommage doit en réparer toutes les
conséquences et la victime n’est pas tenue de limiter son préjudice dans l’intérêt du
responsable »

Mais le projet de réforme du droit de la responsabilité ́ civile (présenté le 13 mars 2017)


prévoit d’insérer dans le Code civil une règle consacrant l’obligation de minimiser son
dommage en matière contractuelle.
Article 1263 : Sauf en cas de dommage corporel, les dommages et î sont réduits lorsque la
victime n’a pas pris les mesures sûres et raisonnables, notamment au regard de ses facultés
contributives, propre à éviter l’aggravation de son préjudice.

§ 2 : La classification des contrats

Différentes catégories de contrats.

A. Les contrats nommés et les contrats innomés

Distinction qui apparaît à l’article 1105. Il pose que les règles générales s’appliquent sous
réserve des règles particulières = sorte de hiérarchie des normes, lorsque deux règles seront
en conflit, on appliquera la règle spéciale.

B. Les contrats synallagmatiques et unilatéraux

Cette distinction repose sur l’article 1106 du code civil.

La question n’est pas ici de savoir si on est en présence d’un acte unilatéral ou bilatéral
puisque dans les 2 cas, il s’agit d’un contrat cad d’un acte juridique bilatéral (= rencontre de
2 volontés).

Le contrat est synallagmatique lorsqu’il fait naître des obligations à la charge des 2 parties
contractantes. L’article 1106 du CC précise : « lorsque les contractants s’obligent
réciproquement les uns envers les autres ». Le contrat est donc S lorsque chaque partie est à
la fois créancière et débitrice de son co-contractant.

En revanche le contrat est unilatéral lorsque seulement une des parties s’engage (devient
débitrice) sans que l’autre qui pourtant a accepté le contrat, ne s’engage en contrepartie à
réaliser une prestation quelconque. Les deux partis ont consenti au contrat mais seulement
l’une des deux souscrit des obligations envers l’autres.

Il faut distinguer l’engagement unilatéral (décision que je prends moi unilatéralement, de


manière indépendante sans convention avec quelqu’un) du contrat unilatéral (conclu par au
moins deux personnes même s’il ne prévoit des obligations qu’à l’égard d’une seule.

Ex de contrat unilatéral : la promesse unilatérale de vente, où les parties se mettent d’accord


sur un certain nombre de modalités.

→ PUV : Le propriétaire d'une maison promet à une personne (le bénéficiaire) qui accepte
l'engagement, qu'il lui vendra la maison à tel prix si dans le délai de deux mois il manifeste
son intention d'acheter (lever l'option). Le contrat est unilatéral ; il y a contrat parce qu'il y a
eu acceptation, il est unilatéral parce qu'une seule personne s'engage (le promettant) à
vendre, tandis que l'autre ne s'engage pas à acheter. Le promettant n'est créancier de rien.
C'est aussi le cas de la donation.
Ex type du contrat S : la vente.

→ Vente : Le propriétaire d'une maison se met d'accord avec une personne sur le prix et sur
la chose ; la vente est formée. Le contrat est synallagmatique. Ce qui signifie que : le vendeur
a désormais l'obligation de délivrer la chose et l'acheteur a l'obligation de payer le prix
convenu. Le vendeur est débiteur de l'obligation de délivrance (et de garantie), l'acheteur en
est le créancier. L'acheteur est débiteur de l'obligation de verser le prix (et de prendre
livraison), le vendeur en est le créancier. Il pèse des obligations sur les deux parties ; elles
sont réciproques.

Statistiquement, les contrats synallagmatiques sont les + fréquents

C. Les contrats à titre onéreux et à titre gratuit

Article 1107 du CC. Un contrat est à titre onéreux lorsqu’il est dans l’intention des parties
que chacune d’elles y trouvent un avantage. Tandis qu’il sera conclu à titre gratuit lorsqu’il
est voulu à l’avantage de l’une d’elle. La qualification repose sur l’intention des parties et
non pas sur le résultat.

Ex : une vente = contrat à titre onéreux car les parties font du paiement du prix la
contrepartie du transfert des propriétés. Il s’agit donc d’un marché dans lequel chacun y
trouve son î.

Donation = contrat à titre gratuit car les parties veulent que l’une d’elles soit gratifiée
l’autres est donc animée d’une intention libérale. Ces actes sont des libéralités. Certains ont
pour effet de transférer la propriété d’un B. (donation), d’autres procurent des avantages
(prêt sans î).

La distinction est parfois difficile à manier. Ex :

- La promesse unilatérale de vente est un contrat conclu à titre onéreux bien que le
promettant ne retire momentanément rien du contrat mais s’il contracte il ne le fait
pas dans une intention libérale car il espère bien retirer un avantage : la vente de son
bien. En dépit des apparences la promesse unilatérale de vente est bien un contrat
de type onéreux.

- Une donation faite avec charges. Ex : je vous donne ma maison et en échange ->
occupe du chien. Elle fait naître une obligation à la charge du bénéficiaire de la
donation. Le contrat est donc synallagmatique. Mais il n’en demeure pas moins que
les parties veulent que l’une d’elle soit gratifiée (la garde du chien n’est pas = au
profit que l’on tire de devenir propriétaire). Il y a bien ici une intention libérale. Le
contrat qui est synallagmatique n’en est pas moins un contrat à titre gratuit. Le
contrat à titre gratuit n’est donc pas tjrs un contrat unilatéral, il postule l’existence
d’un intuitu personae = on choisit la personne que l’on veut gratifier (autant l’on
peut vendre à n’importe qui mais on ne fait pas donation d’un bien à n’importe qui).
Le contrat à titre gratuit est un acte grave car il cause un apprivoisement du patrimoine.
C’est pourquoi le droit le droit positif organise donc des mécanismes particuliers pour éviter
les actes irréfléchis. La donation doit par exemple se faire sous la forme d'un acte notarié
(art. 931 C. civ.).

Les contrats à titre gratuit sont souvent regardé avec méfiance -> pas dans la nature de
l’homme de conférer un avantage sans contrepartie. Parfois siège d’une malhonnêteté. Un
contrat d’entraide peut par ex permettre de déguiser le W au noir.

Enfin la fiscalité qui accompagne les transferts de propriété varie selon qu’il s’agit d’une
donation (elle est plus élevée) ou d’une cession à titre onéreux.

D. Les contrats commutatifs et aléatoires

Il s’agit d’une sous-distinction au sein des contrats onéreux ; elle ne concerne pas les
contrats à titre gratuit.

Art. 1108 : « Le contrat est commutatif lorsque chacune des parties s’engage à procurer à
l’autre un avantage qui est regardé comme l’équivalent de ce qu’elle reçoit ».

Les prestations réciproques sont jugées donc équivalentes par les parties (même si en réalité
elles ne le sont pas). Consentement de la contrepartie offerte (peu importe les regret
ultérieur).

Le contrat est au contraire aléatoire lorsqu’il dépend du hasard que les prestations
s’équilibrent. « Il est aléatoire lorsque les parties acceptent de faire dépendre les effets du
contrat, quant aux avantages et aux pertes qui en résultent d’un év incertain ».

Ex :

- L’acquisition d’un billet de loterie est un contrat que l’on nomme le contrat de jeu. Il
est aléatoire car la mise du jouer a comme contrepartie soit rien soit une somme
importante -> hasard. Dans les deux cas le contrat est déséquilibré.
- Le contrat d’assurance : la compagnie d’assurance assume le risque de devoir payer
les dommages consécutifs à la survenance d’un ev couvert pas l’assurance. Peut-être
cela ne se réalisera jamais tandis que l’on paye chaque mois des primes d’assurances.
S’il nous arrive un dommage cependant la compagnie d’assurance nous versera une
somme supérieurs à ce que l’on a payé. Le contrat est tout le temps déséquilibré et
dépend entièrement du hasard. C’est pourquoi l’on ne peut assurer un risque déjà
réalisé.
- La vente immobilière avec paiement sous forme de rente viagère (art 1968) est un
contrat aléatoire car chaque contractant assume un risque ; l’acheteur (le débirentier
= celui qui doit payer la rente) doit, en contrepartie de la propriété payer les sommes
prévues au contrat jusqu’au décès (rente viagère) du crédirentier (celui qui reçoit la
rente). Élément aléatoire -> date de décès du vendeur qui change le prix. Si le
crédirentier vit vieux, le débirentier payera des sommes qui pourront dépasser la
valeur du bien (mauvaise affaire).
Le principal effet tient au fait que lorsque le contrat est aléatoire, l’idée de lésion (bien
qu’exceptionnelle pour les contrats commutatifs) devient inconcevable. Autrement dit,
« l’aléa chasse la lésion ». Il ne peut avoir de lésion dans un contrat aléatoire.

E. Les contrats consensuels, solennels et réels

Cf. supra : consensualisme. Principe en droit français est le caractère consensuel du contrat.
Il a même été rappelé par l’Ordonnance de 2016 art 1172 : « Les contrats sont par principe
consensuels ». Cela signifie que la force du contrat ne dépend pas de l’accomplissement
d’une forme particulière (écrit) mais il « se forme par le seul échange des consentements »
(art. 1109).

Cependant depuis la seconde moitié du 20 ème siècle, le législateur porte atteinte à ce principe
en imposant l’accomplissement de formalité (ex : écrit, enregistrement d’un acte) pour que
le contrat soit valable toujours dans une perspective de protection du contractant considéré
comme étant le + faible (= forme de formalisme).

Ainsi on dira que le contrat est solennel « lorsque sa validité est subordonnée à des formes
déterminées par la loi » (art. 1109 al.2).

En 1804 le CC comportait 4 contrats solennels dans lesquels l’acte notarié avait été rendu
obligatoire :

- La donation (art 931)

- Le contrat de mariage (art 1394)

- La constitution d’hypothèque (art. 2416)

- La subrogation conventionnelle par la volonté du débiteur (art 1346-2)

Cependant d’autres formes que l’acte notariées peuvent ê tenues pour des solennités. Par
ex l’obligation de rédiger un écrit est aujourd’hui très répandue (contrat de W à durée
déterminée, bail d’habitation). Il n’est pas valable sans l’accomplissement de cette forme
requise par la loi. Notons que pour que le contrat soit dit solennel, la forme doit être requise
par la loi. Il ne suffit pas que les parties s’imposent une forme à elles-mêmes. Dans ce
dernier cas on ne parlera pas de contrat solennel mais de contrat formel.

Le contrat réel : contrat qui se forme par la remise de la chose objet du contrat. La remise de
la chose est un élément de la validité du contrat. Ce qui montre bien que les contrats réels
sont peu nombreux, normalement la remise de la chose = acte d’exécution du contrat. Il
peut donc apparaître comme une espèce de contrat solennel car l’accord des partis n’est pas
suffisant il faut en plus la remise de la chose.

Un courant doctrinal invite à la prudence et prétend que le contrat réel n’existe pas dans
notre droit moderne. La controverse porte notamment sur le contrat de prêt donc la Cour de
cassation avait admis le caractère réel, ce qui avait pour conséquence que le contrat ne
pouvait ê formé tant que la chose n’avait pas été remise à l’emprunteur. Cpdnt de nombreux
auteurs contestaient ce caractère réel du prêt. La Cour de cassation a ensuite rendu un arrêt
important dans lequel elle opère un revirement et affirme « le prêt consenti par un
professionnel du crédit n’est pas un contrat réel »  (18 mars 2000). Cpdnt on observe que le
prêt demeure un contrat réel s’il n’est pas consenti par un établissement de crédit. Il ne
reste alors plus bcq d’hypothèses de contrats réels dans notre droit, la catégorie demeure
pour désigner le prêt à usage, le prêt de consommation ou le dépôt. On pense également au
don manuel.

F. Les contrats de gré à gré et d’adhésion

Article 1110 : un contrat est dit de gré à gré lorsque ses « stipulations sont négociables entre
les parties ». Dans un tel contrat, les parties ont eu la possibilité de procéder ensemble à son
élaboration ; la négociation était possible. Ces contrats témoignent d’une certaine égalité
entre les parties.

En revanche, le contrat est qualifié de contrat d’adhésion lorsqu’il « comporte un ensemble


de clauses non négociables, déterminées à l’avance par l’une des parties » (article 1110, al2).
Le contrat est rédigé par l’une des parties qui le soumet à son partenaire qui ne peut
qu’accepter ou refuser, il ne peut pas proposer des aménagements. Les contrats d’adhésion
sont désormais très fréquents car ils permettent de faire face à la consommation de masse.
Il n’est pas rare qu’une entreprise propose ses services ou ses produits à des milliers de
personnes (SNCF, banque, assurance, téléphonie…). Dans ce cas de figure, on observe que le
client ne participe pas activement à l’élaboration du contrat (absence de négociation) a des
difficultés à comprendre la portée de certaines clauses. L’intéressé ne prend pas
connaissance des conditions qu’il accepte. C’est dans ces contrats dans lesquelles
prospèrent les clauses dites abusives.

La définition nouvelle du contrat d’adhésion est rigoureuse. Il ne suffit pas que les conditions
du contrat n’aient pas été discutées mais bien que la discussion soit impossible pour que l’on
soit en présence d’un contrat d’adhésion.

L’enjeu de cette qualification (de contrat d’adhésion) est important car elle détermine
l’application de 2 dispositions :

- Les clauses créant un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des
parties ne sont réputées non écrites que si elles figurent dans un contrat d’adhésion
(Art. 1171)

- « Dans le doute, le contrat de gré à gré s’interprète contre le créancier et en faveur


du débiteur, et le contrat d’adhésion contre celui qui l’a proposé » (art 1190).

Pour bon nb de contrats, l’incertitude est de mise (sont-ils d’adhésion ? sont-ils


véritablement non-négociables ?).

G. Les contrats cadre et les contrats d’application


Le contrat cadre est destiné à régir sur une durée assez longue les grandes lignes d’une
relation d’affaires dont certains détails seront précisés ultérieurement. L’article 1111 du CC
évoque « un accord par lequel les parties conviennent des caractéristiques générales de
leurs relations futures. ».

Ex : un fournisseur et un distributeur se mettent d’accord sur un certain volume global de


commande pour conserver une certaine forme d’exclusivité durant un certain nombre
d’années. Puis chaque commande (= contrat) = application des accords passés dans le
contrat cadre.

Le contrat application -> précisions qui n’était pas dans le contrat cadre -> le volume, le prix.

H. Les contrats à exécution instantanée et à exécution successive

Le contrat est dit à exécution instantanée lorsque les obligations qu’il fait naître peuvent
être exécutées en une seule fois. L’article 1111-1 parle d’obligation pouvant « s’exécuter en
une prestation unique ».

Ex : contrat de vente.

En revanche, le contrat devient à exécution successive lorsqu’il inclut la dimension


temporelle ; l’une des obligations ou les deux s’exécutent donc dans le temps, dans la durée.
L’article 1111-1 : « Les obligations d’au moins une partie s’exécutent en plusieurs prestations
échelonnées dans le temps ».

Ils sont très nombreux :

- Contrat de W

- Contrat de bail

- Contrat de licence de marque

- Contrat de prêt

La grande distinction entre ces deux types de contrats réside dans le fait que lorsque le
contrat est mal exécuté, l’une des parties pourra en demander la résolution. Or lorsque l’on
est en présence d’un contrat à exécution successive la solution n’est pas rétroactive car on
ne revient pas sur les éléments du contrat qui ont été convenablement exécuté. On ne
remet pas en cause la totalité du contrat. On parle ici donc de résiliation. On met fin au
contrat seulement pour l’avenir. Alors que dans un contrat à exécution instantané -> ex :
Résolution d’un contrat de vente -> restitution totale. Vraie distinction.

Il faut établir une sous-distinction parmi les contrats à exécution successive ->

I. Les contrats à durée déterminée et à durée indéterminée


Elle est fondée sur la durée de l’exécution du contrat. Sous distinction au sein des contrats à
exécution successive.

Il convient de bien distinguer les contrats à durée indéterminée des contrats perpétuels. Ce
n’est pas car sa durée est indéterminée qu’il est pour autant perpétuel. En effet les contrats
perpétuels sont prohibés dans notre droit (art 1210) cf. Rév française voulant mettre fin à la
conception féodale de la propriété. En présence d’un contrat perpétuel chaque contractant
peut y mettre fin à tout moment en respectant un préavis (depuis 2016). Or avant 2016, le
contrat perpétuel était tenu pour nul, on estimait qu’n contrat ne pouvait pas être supérieur
à une durée de 99ans.

La particularité des contrats à durée indéterminée -> comme aucune durée n’est déterminé
chacune des parties peuvent y mettre fin à tout moment en respectant un préavis. Depuis
2016 ils se rapprochent donc des contrats perpétuels. Dans un CDI l’échéance du contrat est
laissée à la décision des parties. L’article 1211 du Code civil précise que le délai de préavis à
respecter est « le délai de préavis contractuellement prévu ou, à défaut, un délai
raisonnable ».

Or les CDD doivent être exécuté jusqu’à leur terme et aucune des parties n’a le pouvoir d’y
mettre fin avant l’échéance. L’échéance du contrat est prévue. À l’échéance du CDD 3
possibilités se présentent :

- Les parties peuvent vouloir allonger la durée de leur contrat = en repousser le terme.
On parlera alors de prorogation du contrat (art. 1213)

- Les parties peuvent décider de renouveler le contrat parvenu à son terme. L’article
1214 indique alors que le renouvellement du contrat donne naissance à un nouveau
contrat dont le contenu est identique au précédent mais dont la durée est
indéterminée.

- Les parties peuvent aussi simplement continuer d’exécuter les obligations après le
terme du contrat. Dans ce cas on dit que le contrat est tacitement reconduit. L’art
1215 indique que la tacite reconduction produit les mêmes effets que le
renouvellement du contrat.

J. Les contrats conclus intuitu personae ou non

L’intuitus personae signifie que le contrat est conclu en considération de la personne. Seule
cette personne peut l’exécuter. Il ne peut être cédé.

Ici encore il y a des variations des degrés d’institus personae.

K. Les contrats individuels et les contrats collectifs


Le contrat est dit collectif lorsqu’il est conclu par une ou plusieurs personnes mais qu’il
développera ses effets à l’égard d’une collectivité plus vaste n’ayant pas la personnalité
morale. Normalement le contrat -> effets que sur ceux qui l’ont conclu.

Ex : les conventions collectives en droit du W. Elles sont négociées et conclues par
des représentants (syndicats) d’employés et d’employeurs. Une fois l’accord trouvé, il peut
éventuellement être étendu à toute la branche d’activité par le biais d’un arrêté d’extension.
Dès lors, il tient lieu de loi entre les parties à tous les contrats de W de la branche concernée
même si toutes les parties concernées n’ont pas expressément donné leur accord.

Contrat individuel : contrat qui n’engage que les parties qui y ont participé.

Ex : la vente ou la location.

Section 2 : Les actes juridiques unilatéraux


L’acte juridique unilatéral est une manifestation unilatérale de volonté à laquelle son auteur
entend faire produire des effets de droit. Il peut être le fait d’un individu ou d’une
collectivité. Il existe en effet des actes unilatéraux collectifs tels que les délibérations
d’assemblée (ex : assemblées générales de sociétés ou de copropriétaires). Cependant les
actes juridiques qui nous intéressent sont les actes individuels = ceux qui sont l’expression
d’une volonté unique. Nul ne doute que la volonté d’une seule personne puisse être
créatrice d’effets de droits. Ex d’effets juridiques issus de la volonté unilatérale (1). Il reste
cependant plus difficile d’admettre que la volonté unilatérale est susceptible de créer des
obligations (2).

§ 1 : La sphère d’efficacité des actes juridiques unilatéraux

Les actes juridiques unilatéraux peuvent produire des effets lorsque la loi prévoit de telles
situations. On peut classer ces actes en fonction des effets qu’ils produisent :

A. Les manifestations unilatérales de volonté ayant un effet déclaratif

Dans ces circonstances une situation juridique préexiste et l’individu manifeste sa volonté de
faire produire des effets découlant de cette situation (la manifestation de volonté ne fait pas
naître une situation nouvelle) :

- En droit de la famille : lorsqu’un individu reconnaît un enfant naturel comme étant le


sien, il établit un lien juridique de filiation. Or la reconnaissance est bien un acte
unilatéral. Volonté unilatérale -> effets juridiques

- En droit de la preuve : l’aveu = déclaration par laquelle une personne reconnait un


fait, susceptible de produire des effets juridiques contre elle, comme vrai.

B. Les manifestations unilatérales de volonté ayant un effet extinctif


Il est assez simple de mettre fin à un droit lorsque ce droit s’exerce sur une chose (droit
réel) (dif des droits qui s’exercent à l’encontre d’une personne = droit personnel). En
revanche il est plus difficile de concevoir qu’une personne puisse à elle seule mettre fin à un
droit qui s’exerce contre une autre personne (droit personnel).

On peut ainsi renoncer à un droit sur une chose :

- En droit des successions : la renonciation à une succession.

- En droit des biens : l’abandon d’un droit réel, si on est propriétaire d’un bien on peut
décider d’abandonner les droits que l’on a sur ce bien = déguerpissement = décision
unilatérale qui provoque des effets de droit.

Situation différente en présence de situation autre que réelle. On ne peut pas en général
mettre fin seule à une situation crée par 2 ou plusieurs personnes :

- On ne peut pas rompre seul unilatéralement un contrat. Art. 1193 nouveau « les
contrats ne peuvent être modifiés ou révoqués que du consentement mutuel des
parties, ou pour les causes que la loi autorise ».

De manière générale, la renonciation à un droit personnel ne peut pas être unilatérale mais
il existe des exceptions :

- La démission d’un salarié

- Le congé donné par le locataire dans les baux d’habitation (fin du contrat de manière
unilatérale).

- Faculté unilatérale de résiliation dans les CDI

C. Les manifestations unilatérales de volonté ont un effet translatif

Cela correspond au cas où le titulaire d’un droit le transmet à une autre personne sans que
l’accord de cette dernière ne soit nécessaire. Ex :

- Le testament est un acte par lequel le testateur transmet lorsqu’il décèdera tout ou
partie de ses biens à un bénéficiaire (le légataire).

- La constitution d’une E.U.R.L (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée).


Auparavant la constitution de société supposait une pluralité de personnes. Les
choses ont changé avec la loi du 11 juillet 1985 en prévoyant qu’une société « peut
être instituée dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté d’une seule
personne ». Une seule personne peut créer une autre personne morale (entreprise).
Il est a distingué de l’EIRL (entrepreneur individuel à responsabilité limité) qui est une
création de la loi du 15 juin 2010 qui n’entraîne pas la création d’une personne
morale.

§ 2 : La question de l’engagement unilatéral de volonté


La volonté unilatérale (= d’une seule personne) est-elle apte à créer une obligation ? ->
grandes controverses doctrinales.

Il ne s’agit pas ici de savoir si la volonté unilatérale peut faire naître une créance au profit du
créant car cela signifierait qu’un tiers serait devenu son débiteur sans qu’il ait donné son
consentement = atteinte à la liberté. Le CC l’exclut (art 1363) : « nul ne peut se constituer de
titre à soi-même » (ici = titre de créance).

Mais la question qui se pose est de savoir si une personne peut, par sa seule manifestation
de volonté unilatérale se constituer débitrice d’une autre (cad constituer un titre de créance
à un tiers). Prendre un engagement qui ne résulterait pas d’un contrat mais d’une expression
de volonté unilatérale. Une telle manifestation (verser de l’argent) est-elle propre à créer
une obligation à la charge du déclarant ?

Parler d’engagement implique l’irrévocabilité des effets créés. En effet, s’il s’agit d’une
obligation (au vrai sens du terme) le débiteur ne doit plus pouvoir revenir sur son
engagement.

Or si la volonté d’une personne apparaît suffisamment forte pour faire naître des obligations
comment ne le serait-elle pas pour les faire disparaître ? -> pas d’engagement possible dans
ce cas-là, s’il peut être défait par celui qui l’a créé. C’est pourquoi on a toujours admis qu’il
n’avait pas d’efficacité contrairement au contrat (instrument qu’il est donc préférable
d’utiliser).

Pourtant la jurisprudence a accordé une place à l’engagement unilatéral dans une situation
particulière. La Cour de cassation affirme que « l’engament unilatéral pris en connaissance
de cause d’exécuter une obligation naturelle transforme celle-ci en obligation civile ».

Obligation naturelle : elle tire sa justification de considérations morales. Elle correspond à


des devoirs de conscience assumés par le débiteur. Comme ces obligations ne sont pas le
produit de la volonté, la loi ne les ignore pas mais elle n’offre pas d’action au créancier pour
obtenir l’exécution de sa créance. Ce sont donc des obligations dont l’inexécution ne donne
pas lieu à une sanction judiciaire. Ex :

- Un couple qui recueille et élève un enfant (pas de lien de filiation). Grâce à ce couple
l’enfant accède à un métier rémunérateur. Plus tard le couple connaît de graves
difficultés financières et demande à l’enfant de leur venir en aide. Puisqu’il n’y a pas
de lien de filiation, l’enfant n’a pas l’obligation « civile » (dont l’exécution peut être
poursuivie en justice) mais une obligation « naturelle » envers les personnes qui l’on
élevé. Pour autant, lorsque le débiteur d’une obligation naturelle a pris
l’engagement unilatéral de l’exécuter elle se transforme ainsi en obligation civile.

Ainsi l’art 13102 pose que lorsqu’une obligation naturelle a été exécutée, elle se transforme
en obligation civile. Art 1100 : « Elles (les obligations) peuvent naître de l’exécution
volontaire ou de la promesse d’exécution d’un devoir de conscience envers autrui ».

Il s’agit ici d’une reconnaissance par le CC de l’existence de l’engagement unilatéral de


volonté.

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