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Dérivation des fonctions

Aimé Lachal

Cours de mathématiques
1er cycle, 1re année
Sommaire

1 Dérivabilité en un point 3 Dérivation d’ordre supérieur


Nombre dérivé Dérivées successives
Dérivabilité à gauche/à droite Classe C n
Interprétation graphique Opérations
Fonctions à valeurs complexes
4 Convexité d’une fonction
2 Dérivabilité sur un intervalle Fonctions convexes
Opérations Point d’inflexion
Dérivation d’une réciproque 5 Compléments
Extremum d’une fonction
Règle de L’Hospital
Théorème de Rolle
Théorème des accroissements finis
Dérivée et variations
Limite de la dérivée
Sommaire

1 Dérivabilité en un point
Nombre dérivé
Dérivabilité à gauche/à droite
Interprétation graphique
Fonctions à valeurs complexes

2 Dérivabilité sur un intervalle

3 Dérivation d’ordre supérieur

4 Convexité d’une fonction

5 Compléments
1. Dérivabilité en un point a) Nombre dérivé

Dans ce qui suit, sauf indication contraire, I désigne un intervalle de R non réduit
à un point, f une application de I dans R et x0 un point de I .

Définition 1.1 (Dérivabilité)


• Pour tout x ∈ I \{x0 }, on appelle taux d’accroissement de f entre x0 et x le
f (x) − f (x0 )
rapport τx0 (x) = .
x − x0
• On dit que f est dérivable en x0 si l’application τx0 admet une limite finie en x0 .
On note alors cette limite f 0 (x0 ) et on l’appelle le nombre dérivé de f en x0 :

f (x) − f (x0 ) f (x0 + h) − f (x0 )


f 0 (x0 ) = x→x
lim = lim .
0
x6=x0
x − x0 h→0
h6=0
h

Si x0 est une borne de l’intervalle I , la limite de τx0 en x0 est supposée être une
limite à gauche ou une limite à droite selon le cas de figure.

1
1. Dérivabilité en un point a) Nombre dérivé
Corollaire 1.2 (Dérivabilité =⇒ continuité)
Si une fonction f est dérivable en x0 alors f est continue en x0 .
Attention, la réciproque de cette implication est fausse. Par exemple, pour
f (x) = |x| et x0 = 0, la fonction f est continue mais pas dérivable en x0 .

Exemple 1.3 (Fonction puissance)


Soit n ∈ N, f (x) = x n et x0 ∈ R. Les deux formulations conduisent à f 0 (x0 ) = nx0n−1 :
f (x) − f (x0 ) x n − x0n
• = = x n−1 + x0 x n−2 + x02 x n−3 + · · · + x0n−1 −→ nx0n−1 ;
x − x0 x − x0  x→x
 0
f (x0 +h)−f (x0 ) (x0 +h)n−x0n
   
n n−1 n n−2 n n−1
• = = x + x h+· · ·+ h −→ nx0n−1.
h h 1 0 2 0 n h→0

Exemple 1.4 (Fonction sinus)


Soit f (x) = sin x et x0 ∈ R. Les deux formulations conduisent à f 0 (x0 ) = cos x0 .
sin h cos h − 1
En effet, à l’aide de lim = 1 et lim =0:
h→0 h h→0 h
x−x

f (x) − f (x0 ) sin x − sin x0 x + x0 sin 2 0

• = = 2 cos −→ cos x0 ;
x − x0 x − x0 2  x − x0 x→x0  
f (x0 +h)−f (x0 ) sin(x0 +h) − sin x0 cos h−1 sin h
• = = sin x0 +cos x0 −→ cos x0 .
h h h h h→0
2
1. Dérivabilité en un point b) Dérivabilité à gauche, à droite
Définition 1.5 (Dérivabilité à gauche, à droite)
On dit que f est dérivable à gauche en x0 (resp. dérivable à droite en x0 ) lorsque
τx0 admet une limite finie à gauche en x0 (resp. une limite finie à droite en x0 ).
f (x) − f (x0 ) f (x) − f (x0 )
On note alors fg0 (x0 ) = lim et fd0 (x0 ) = lim .
x→x0− x − x 0 x→x0+ x − x0

Proposition 1.6
Si f est définie dans un voisinage de x0 :
f est dérivable en x0 ssi f est dérivable à gauche et à droite en x0 et fg0 (x0 ) = fd0 (x0 ).
On a alors f 0 (x0 ) = fg0 (x0 ) = fd0 (x0 ).

Exemple 1.7 (Valeur absolue)


Soit f la fonction « valeur absolue » : f (x) = |x|.
(
f (x)−f (0) +1 si x > 0 f (x)−f (0) f (x)−f (0)
On a = puis lim = +1, lim = −1.
x −1 si x < 0 x→0+ x x→0− x
Ainsi f est dérivable à droite et à gauche en 0 : fd0 (0) = +1 et fg0 (0) = −1,
mais fg0 (0) 6= fd0 (0) donc f n’est pas dérivable en 0.
3
1. Dérivabilité en un point c) Interprétation graphique

Définition 1.8 (Tangente)


On munit le plan d’un repère orthonormal.
1 Si f est une fonction dérivable en x0 , la droite
d’équation y = f 0 (x0 )(x − x0 ) + f (x0 ) est
appelée tangente à la courbe représentative f (x) •M
de f au point d’abscisse x0 . •

C’est la position limite des cordes reliant
un point de la courbe M(x, f (x)) au point f (x0) • M0
• • •
M0 (x0 , f (x0 )) lorsque M tend vers M0 .
x0 x
Dans le cas d’une dérivabilité de f
uniquement à gauche ou à droite en x0 , on
parle de demi-tangente.
f (x) − f (x0 )
2 Dans le cas où lim = ±∞, on dit que la courbe représentative
x→x0−
ou x − x0
x0+
de f admet une demi-tangente verticale en x0 .
3 Si f est continue en x0 et dérivable à gauche et à droite en x0 avec fg0 (x0 ) 6= fd0 (x0 )
on dit que la courbe représentative de f admet un point anguleux en x0 .

4
1. Dérivabilité en un point c) Interprétation graphique
Proposition 1.9 (Approximation affine)
Supposons f dérivable en x0 . Alors il existe une application ε définie dans un
voisinage de x0 avec lim ε = 0 telle que
x0
au voisinage de x0 , f (x) = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ) + (x − x0 )ε(x).

f (x) M•
ε(x)
f (x0)+f 0(x0)(x−x0)
f 0(x0)(x−x0)
M0
f (x0) •
Cf

T
x0 x
0
La droite T d’équation y = f (x0 ) + f (x0 )(x − x0 ) est la tangente à la courbe
représentative Cf de f (cf. Définition 1.8).
Remarque : la relation f (x) = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ) + (x − x0 )ε(x) est appelée
x→x0
développement limité d’ordre 1 de f en x0 (cf. chapitre « Développements
limités »).
5
1. Dérivabilité en un point c) Interprétation graphique
Exemple 1.10 (Raccord dérivable)
(
x2 si x 6 1,
Soit f (x) = 2
−x + 4x − 2 si x > 1. f (x)
• f est continue sur R ( ;
f (x) − f (1) x +1 si x < 1,
• on a =
x −1 −x + 3 si x > 1, 1 •
f (x) − f (1) f (x) − f (1)
puis lim = lim = 2;
x→1
x<1
x −1 x→1
x>1
x −1
• donc f est dérivable à droite et à gauche en 1 et x
1
fg0 (1) = fd0 (1) = 2. Ainsi f est dérivable en 1 et f 0 (1) = 2 ;
• la courbe admet la droite d’équation y = 2x − 1
pour tangente au point de coordonnées (1, 1).

Exemple 1.11 (Fonctions non dérivables en un point)


y
√3
g (x) − g (0)
1 Soit g (x) = x. On a lim = +∞ √
x→0 x y= 3
x

donc la courbe admet une tangente verticale en l’origine. x
h(x) − h(0) y
2 Soit h(x) = |sin x|. On a lim = ±1
x→0± x y = |sin x|
donc la courbe admet un point anguleux en l’origine.

x 6
1. Dérivabilité en un point d) Fonctions à valeurs complexes

On peut étendre la notion de dérivabilité aux fonctions definies sur R à valeurs


dans C en utilisant les limites complexes des fonctions de R dans C.

Proposition 1.12 (Dérivée d’une fonction à valeurs complexes)


Soit f une fonction de I dans C telle que f (x) = f1 (x) + if2 (x), où f1 et f2 sont deux
fonctions de I dans R et x0 ∈ I .
La fonction f est dérivable en x0 ssi f1 et f2 le sont, et l’on a alors

f 0 (x0 ) = f10 (x0 ) + if20 (x0 ).

Proposition 1.13 (Dérivation de l’exponentielle complexe)


Rappelons que pour tout z = a + ib ∈ C, ez = ea (cos b + i sin b) (exponentielle
complexe). Soit λ ∈ C et f définie par ∀ x ∈ R, f (x) = eλx . Alors

∀ x ∈ R, f 0 (x) = λeλx .

7
Sommaire

1 Dérivabilité en un point

2 Dérivabilité sur un intervalle


Opérations
Dérivation d’une réciproque
Extremum d’une fonction
Théorème de Rolle
Théorème des accroissements finis
Dérivée et variations
Limite de la dérivée

3 Dérivation d’ordre supérieur

4 Convexité d’une fonction

5 Compléments
2. Dérivabilité sur un intervalle a) Opérations
Définition 2.1 (Dérivabilité sur un intervalle)
On dit qu’une fonction f est dérivable sur un intervalle I lorsque f est dérivable en
tout point de I . On note f 0 la fonction dérivée de f qui à tout x ∈ I associe f 0 (x).

Proposition 2.2 (Addition, multiplication, division)


Soit f et g deux fonctions dérivables sur un intervalle I et λ ∈ R.
Les fonctions λf , f + g , f × g sont alors dérivables sur I et l’on a :
• (λf )0 = λf 0 • (f + g )0 = f 0 + g 0 • (f × g )0 = f 0 × g + f × g 0
 0
f f f 0 g − fg 0
Si g ne s’annule pas sur I , est aussi dérivable sur I et = .
g g g2

Exemple 2.3 (Fonctions homographiques)


Soit a, b, c, d ∈ R, c étant non nul. On définit la fonction f par
ax + b
f (x) = .
cx + d
• Son ensemble de définition est Df = R\{− dc }.
• La fonction f est dérivable sur Df comme quotient de fonctions dérivables et
ad − bc
f 0 (x) = .
(cx + d)2
Remarque : f est constante ssi les couples (a, b) et (c, d) sont proportionnels.
8
2. Dérivabilité sur un intervalle a) Opérations
Proposition 2.4 (Composition)
Soit I et J deux intervalles, f une fonction de I dans J et g une fonction de J dans R.
Si f est dérivable sur I et g est dérivable sur J alors g ◦ f est dérivable sur I et l’on a
la formule de dérivation d’une fonction composée :
(g ◦ f )0 = f 0 × (g 0 ◦ f ).

Exemple 2.5 (Composées usuelles)


Lorsque les conditions le permettent, on a :
f0
• (ef )0 = f 0 ef • (ln |f |)0 = • (f α )0 = αf 0 f α−1
f f0
• (sin f )0 = f 0 cos f • (cos f )0 = −f 0 sin f • (tan f )0 =
cos2 f

Remarque 2.6
Les conditions f et g dérivables sont suffisantes mais non y
y = f (x)
nécessaires pour que g ◦ f soit dérivable.
y = (g ◦ f )(x)
Par exemple,
 soit a et b deux réels et

ax si x 6 0 bx si x 6 0
f (x) = et g (x) = . y = g(x)
bx si x > 0 ax si x > 0
La fonction h = f ◦ g = g ◦ f est définie par h(x) = (ab)x. O x

Ainsi, lorsque a 6= b, f et g ne sont pas dérivables en 0


alors que h l’est. 9
2. Dérivabilité sur un intervalle b) Dérivation d’une réciproque
Théorème 2.7 (Dérivation d’une bijection réciproque)
Soit f une application continue et strictement monotone sur un intervalle I .
Elle induit une bijection de I sur f (I ) que l’on notera encore f .
1 Supposons f dérivable en x0 ∈ I .
• Si f 0 (x0 ) 6= 0 alors f −1 est dérivable y
en y0 = f (x0 ) et l’on a y = f −1(x)
b •
0 1 1 f (b) •
f −1 (y0 ) = = 0 −1 . y = f (x)
f 0 (x0 ) f (f (y0 )) •
• Si f 0 (x0 ) = 0 alors f −1 n’est pas •
1
dérivable en y0 = f (x0 ) et sa courbe •
f 0(x0)
représentative présente une

(demi-)tangente verticale au point x0 •
d’abscisse y0 . a •
f (x) − f (x0 ) y0 • f 0(x )
2 Supposons lim = ±∞. f (a) • 0
x→x0 x − x0 x
−1 f (a)y0 a x0 f (b) b
Alors f est dérivable en y0 = f (x0 ),
(f −1 )0 (y0 ) = 0 et sa courbe
représentative présente une tangente
horizontale au point d’abscisse y0 .
10
2. Dérivabilité sur un intervalle b) Dérivation d’une réciproque
Exemple 2.8 (Fonctions trigonométriques réciproques)
y
• arcsin est dérivable sur ] − 1, 1[ et
1
∀x ∈ ] − 1, 1[, arcsin0 (x) = √ . y = tan x
1 − x2
• arccos est dérivable sur ] − 1, 1[ et
1 π
∀x ∈ ] − 1, 1[, arccos0 (x) = − √ . 2

1 − x2 y = arctan x
• arctan est dérivable sur R et − π2
1 •
∀x ∈ R, arctan0 (x) = . π x
1 + x2 2

y
• π − π2 y

y = arcsin x
π
2 •
y = sin x
y = arccos x 1 •

1•
− π2 −1

1 π x

π 2
−1 1 x
• −1
y = cos x
−1 • • − π2
11
2. Dérivabilité sur un intervalle c) Extremum d’une fonction
Définition 2.9 (Extremum)
Soit f une fonction définie sur un intervalle I et x0 ∈ I .
1 On dit que f admet un maximum local (resp. un minimum local) en x0 s’il
existe un réel α > 0 tel que :
∀ x ∈ ]x0 − α, x0 + α[ ∩ I , f (x) 6 f (x0 ) (resp. f (x) > f (x0 ))
Un maximum ou un minimum local est appelé un extremum local.
2 On dit que f admet un maximum global (resp. un minimum global) sur I en x0
lorsque : ∀ x ∈ I , f (x) 6 f (x0 ) (resp. f (x) > f (x0 )).

Proposition 2.10 (Condition nécessaire d’extremum)


Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I et x0 ∈ I qui n’est pas une borne de I .
Si f possède un extremum local en x0 alors f 0 (x0 ) = 0.

Remarque 2.11 (Point critique)


Lorsque f 0 (x0 ) = 0 on dit que x0 est un point critique de f . x3
Attention, la réciproque de la proposition 2.10 est fausse :
un point critique n’est pas nécessairement un extremum. •
x
Par exemple, f (x) = x 3 et x0 = 0.
12
2. Dérivabilité sur un intervalle d) Théorème de Rolle
Théorème 2.12 (Théorème de Rolle)
f (x)
Soit f : [a, b] −→ R une fonction telle que
• f est continue sur [a, b] ;
f (a) = f (b) • •
• f est dérivable sur ]a, b[ ;
• f (a) = f (b).

Alors ∃ c ∈ ]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.
a c b x

Remarque 2.13
Les hypothèses « f est continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ » sont équivalentes
à « f dérivable sur ]a, b[ et continue en a et b. »
• Il n’est pas nécessaire de supposer • Il peut y avoir une infinité de réels c
f dérivable en a ou/et b. tels que f 0 (c) = 0.
f (x) f (x)

f (a) = f (b) • • f (a) = f (b) • •

a c b x a b x 13
2. Dérivabilité sur un intervalle d) Théorème de Rolle

Remarque 2.14 (Contre-exemples)


Le théorème peut être mis en défaut lorsqu’une hypothèse n’est pas satisfaite.
f (x) f (x)
×

f (a) = f (b) • • f (a) = f (b) • •


×
a b x a b x
• f discontinue aux bornes de l’intervalle, • f non dérivable en un point à l’intérieur
f 0 ne s’annule pas. de l’intervalle, f 0 ne s’annule pas.

Remarque 2.15
Le théorème de Rolle ne s’étend pas aux fonctions à valeurs complexes.
Par exemple, la fonction f : [0, 2π] −→ C définie par f (t) = eit est dérivable sur [0, 2π],
satisfait f (0) = f (2π) alors que sa dérivée, f 0 (t) = i eit , ne s’annule pas.

14
2. Dérivabilité sur un intervalle d) Théorème de Rolle

Théorème 2.16 (Théorème de Rolle généralisé (facultatif))


f (x)
1 Soit f : [a,+∞[−→ R une fonction telle que
• f est continue sur [a, +∞[ ; •
• f est dérivable sur ]a, +∞[ ; f (a) = lim f •
• lim f = f (a). +∞
+∞
Alors ∃ c ∈ ]a, +∞[ tel que f 0 (c) = 0.
a c x

f (x)
2 Soit f : R −→ R une fonction telle que
• f est dérivable sur R ; lim f = lim f •
−∞ +∞
• lim f et lim f existent et coïncident.
−∞ +∞
Alors ∃ c ∈ R tel que f 0 (c) = 0.
c x

15
2. Dérivabilité sur un intervalle e) Théorème des accroissements finis
Théorème 2.17 (Théorème des accroissements finis)
f (x)
Soit f : [a, b] −→ R une fonction telle que f (b) •
• f est continue sur [a, b] ;
• f est dérivable sur ]a, b[.
f (a) •
Alors ∃ c ∈ ]a, b[ tel que f (b)−f (a) = f 0 (c)(b−a). •

a c b x

Corollaire 2.18 (Inégalité des accroissements finis - version 1)


Soit f une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ (a < b).
S’il existe des réels m et M tels que ∀ x ∈ ]a, b[, m 6 f 0 (x) 6 M, alors
m(b − a) 6 f (b) − f (a) 6 M(b − a).

Corollaire 2.19 (Inégalité des accroissements finis - version 2)


Si f est dérivable sur un intervalle I et si ∃ k > 0 tel que ∀ x ∈ I , |f 0 (x)| 6 k alors :
∀ (x, y ) ∈ I × I , |f (x) − f (y )| 6 k|x − y |.
On dit que f est une fonction k -Lipschitzienne sur I (cf. cours du 2nd semestre).
16
2. Dérivabilité sur un intervalle e) Théorème des accroissements finis
Exemple 2.20 (Cinématique)
Un véhicule parcourt une distance de D km durant un laps de temps de T minutes.
Soit d : [0, T ] −→ [0, D] la fonction modélisant le problème : à chaque instant
t ∈ [0, T ], d(t) représente la distance parcourue durant l’intervalle de temps [0, t].
L’application d (« loi horaire » du mouvement) est dérivable sur [0, T ], sa dérivée
D
étant la vitesse instantanée du véhicule : d 0 (t) = v (t). La vitesse moyenne est V = .
T
Le théorème des accroissements finis stipule qu’il existe au moins un instant en lequel
la vitesse instantanée coïncide avec la vitesse moyenne : ∃t0 ∈ [0, T ], v (t0 ) = V .
d(t)
D
Arrivée • ••
Sortie •• •
d’autoroute •
Aire de ••
détente • ••

Entrée •• pente V
d’autoroute • •

Départ • • •
0 t0 T t 17
2. Dérivabilité sur un intervalle f) Dérivée et variations
Théorème 2.21 (Dérivée et variations)
Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I . On a les équivalences suivantes :
1 f est croissante sur I ⇐⇒ ∀x ∈ I, f 0 (x) > 0
2 f est décroissante sur I ⇐⇒ ∀x ∈ I, f 0 (x) 6 0
3 f est constante sur I ⇐⇒ ∀x ∈ I, f 0 (x) = 0

Proposition 2.22 (Condition suffisante de stricte monotonie)


f (x)
Soit f une fonction continue sur
un intervalle I et dérivable sur I •
sauf peut-être en un nombre fini •
de points.

Si f 0 est de signe constant et ne
s’annule qu’en un nombre fini de

points, alors f est strictement mo-
notone sur I .

x
18
2. Dérivabilité sur un intervalle g) Limite de la dérivée
Théorème 2.23 (Théorème de la limite de la dérivée)
Soit f une fonction continue sur un intervalle I , dérivable sur I \{x0 }, où x0 ∈ I .
1 lim f 0 (x) = ` où ` ∈ R, alors f est dérivable en x0 et f 0 (x0 ) = `
Si x→x
0
x6=x0

(et donc f 0 est même continue en x0 ). On dit que f est de classe C 1 en x0 .


2 Si lim f 0 (x) = ±∞, alors f n’est pas dérivable en x0 et sa courbe
x→x0− ou x0+
représentative admet une (demi-)tangente verticale en x0 .
3 Si f 0 admet des limites à gauche et à droite en x0 distinctes alors f n’est pas
dérivable en x0 . Si ces limites sont finies, f est dérivable à gauche et à droite en x0 .

Exemple 2.24 (Raccord de classe C 1 )


(
x2 si x 6 1, f (x)
Soit f (x) = 2
−x + 4x − 2 si x > 1.
• f est continue sur R et dérivable sur R\{1} ;
(
2x si x < 1,
• on a f 0 (x) = 1 •
−2x + 4 si x > 1,
puis lim f 0 (x) = lim f 0 (x) = 2 ;
x→1 x→1
x<1 x>1
1 x
• donc f est dérivable en 1 (et C 1 ) et f 0 (1) = 2.
19
2. Dérivabilité sur un intervalle g) Limite de la dérivée
Remarque 2.25
Dans le théorème 2.23, l’hypothèse « f est continue sur I et dérivable sur I \{x0 } »
est équivalente à « f est continue en x0 et dérivable sur I \{x0 } ».
Le théorème est mis en défaut si f n’est pas continue en x0 , f n’est évidemment
lim f 0 (x) existe comme le montre l’exemple
pas dérivable en x0 même si la limite x→x
0
ci-dessous. x6=x0

(
x2 si x < 0,
Soit f (x) =
x2 + 1 si x > 0. f (x)
• f est dérivable sur R\{0} ;
• on a ∀x ∈ R∗ , f 0 (x) = 2x donc lim f 0 (x) = 0 ;
x→0
x6=0

• mais f n’est pas dérivable en 0 (discontinue en 0). 1•

En fait f est dérivable à droite en 0, fd0 (0) = 0,


mais pas à gauche.
Le graphe de f admet ainsi une demi-tangente ×
0 x
horizontale à droite en 0, mais contrairement
aux apparences, pas à gauche.

20
2. Dérivabilité sur un intervalle g) Limite de la dérivée
Exemple 2.26 (Une fonction dérivable non C 1 )
  
1
x 2 sin si x 6= 0,

Soit f (x) = x
0 si x = 0.
• f est clairement dérivable sur R∗ .
• Avec |f (x)| 6 x 2 , on voit que lim f (x) = 0 = f (0), donc f est continue en 0.
x→0
 
∗ f (x) − f (0) 1 f (x) − f (0)
• On a ∀ x ∈ R , = x sin , donc 6 |x|, puis
x x x
f (x) − f (0)
lim = 0, et alors f est dérivable en 0 de dérivée 0.
x→0 x    
1 1
• On a ∀ x ∈ R∗ , f 0 (x) = 2x sin −cos . On voit que f 0 n’a pas de limite en 0.
x x
• En conclusion, f est dérivable en 0 mais pas de classe C 1 en 0.
f (x)


• •


• •• x



21
Sommaire

1 Dérivabilité en un point

2 Dérivabilité sur un intervalle

3 Dérivation d’ordre supérieur


Dérivées successives
Classe C n
Opérations

4 Convexité d’une fonction

5 Compléments
3. Dérivation d’ordre supérieur a) Dérivées successives
Définition 3.1 (Dérivées successives)
Soit n ∈ N. On dit qu’une fonction f est n fois dérivable lorsqu’on peut dériver
successivement n fois en commençant par f . On note alors f (2) (ou f 00) la dérivée 2nde
de f , f (3) (ou f 000 ) sa dérivée 3e, etc., f (n) sa dérivée n e. Par convention : f (0) = f .

Remarque 3.2
Pour que f soit n fois dérivable en x0 , il est implicitement nécessaire que f (n−1) soit
définie sur un voisinage de x0 , i.e. que f soit (n−1) fois dérivable sur un voisinage
de x0 . En effet : f (n−1) (x) − f (n−1) (x0 )
f (n) (x0 ) = x→x
lim
x6=x
0 x − x0
0

Exemple 3.3 (Fonctions usuelles)


 π  π
• exp(n) (x) = exp(x) • cos(n) (x) = cos x +n • sin(n) (x) = sin x +n
( 2 ( 2
(n) ch(x) si n est pair (n) sh(x) si n est pair
• ch (x) = • sh (x) =
sh(x) si n est impair ch(x) si n est impair

p(p−1) . . . (p−n+1)x p−n si n < p
• si ϕ(x) = x p avec p ∈ N, ϕ(n) (x) = p! si n = p
0 si n > p

1 p(p+1) . . . (p+n−1)
• si ψ(x) = p avec p ∈ N, ψ (n) (x) = (−1)n
x x p+n 22
3. Dérivation d’ordre supérieur b) Classe C n

Définition 3.4 (Classe C n )


Soit f une fonction définie sur un voisinage de x0 . On dit que :
1 f est de classe C 0 en x0 lorsque f est continue en x0 .
2 f est de classe C n en x0 (n ∈ N∗ ) lorsque f est n fois dérivable en x0 et lorsque
f (n) est continue en x0 .
3 f est de classe C ∞ en x0 lorsque elle est de classe C n en x0 pour tout n ∈ NN.

Proposition 3.5 (Hiérarchie)


1 f est de classe C n =⇒ f est n fois dérivable =⇒ f est de classe C n−1
2 f est n fois dérivable =⇒ f est de classe C n−1 =⇒ f est (n−1) fois dérivable

Exemple 3.6 (Fonctions usuelles)


1 Les fonctions exp, cos, sin, ch, sh, polynômes sont de classe C ∞ sur R.
2 Les fonctions ln et puissances sont de classe C ∞ sur ]0, +∞[.
3 Les fonctions rationnelles sont de classe C ∞ sur leur ensemble de définition.

23
3. Dérivation d’ordre supérieur c) Opérations
Proposition 3.7 (Opérations)
Soit f et g deux fonctions n fois dérivables sur un intervalle I et λ ∈ R. Alors :
1 les fonctions λf et f + g sont n fois dérivables sur I et l’on a :
• (λf )(n) = λf (n) • (f + g )(n) = f (n) + g (n)

2 la fonction f × g est n fois dérivable sur I et l’on a (formule de Leibniz) :


n  
X n (k) (n−k)
• (f × g )(n) = f g .
k
k=0

Exemple 3.8 (Formule de Leibniz)


1 Pour n = 2 et n = 3, la formule de Leibniz s’écrit :

• (fg )00 = fg 00 + 2f 0 g 0 + f 00 g • (fg )000 = fg 000 + 3f 0 g 00 + 3f 00 g 0 + f 000 g .

2 Soit ϕ la fonction définie ϕ(x) = x 2 ex .


Posons f (x) = x 2 et g (x) = ex .
On a f 0 (x) = 2x, f 00 (x) = 2 puis ∀k ∈ N\{0, 1, 2}, f (k) (x) = 0.
Par ailleurs ∀k ∈ N, g (k) (x) = ex .
Ainsi ∀n ∈ N, ϕ(n) (x) = x 2 + 2nx + n(n − 1) ex .

24
Sommaire

1 Dérivabilité en un point

2 Dérivabilité sur un intervalle

3 Dérivation d’ordre supérieur

4 Convexité d’une fonction


Fonctions convexes
Point d’inflexion

5 Compléments
4. Convexité d’une fonction a) Fonctions convexes
Définition 4.1 (Fonction convexe)
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de courbe représentative Cf .
1 Définition géométrique
• On dit que f est convexe sur I (resp. concave sur I ) lorsque toutes les
cordes reliant deux points de Cf sont au-dessus (resp. au-dessous) de Cf .
• La fonction f est concave sur I ssi la fonction −f est convexe sur I .

f (x)
f (x) f (x)
Cf Cf

x
• ••
• • •
• •

• •
• •
•• • •
• Cf
x x
f ni convexe
f convexe f concave ni concave

25
4. Convexité d’une fonction a) Fonctions convexes
Définition 4.1 (Fonction convexe)
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de courbe représentative Cf .
2 Définition analytique
f est convexe ssi
x − x1 x2 − x
∀x1 , x2 ∈ I (x1 <x2 ), ∀x ∈ ]x1 , x2 [, f (x) 6 f (x2 ) + f (x1 )
x2 − x1 x2 − x1
f (x) − f (x1 ) f (x) − f (x2 )
ou encore 6
x − x1 x − x2

Cf f (x2 )−f (x1 )


p(x) = (x −x1 ) + f (x1 )
x2 −x1
x −x1 x2 −x
f (x2 ) • • = f (x2 ) + f (x1 )
x2 −x1 x2 −x1

p(x) • • f (x2 ) − f (x1 )


— pente
x2 − x1
f (x1 ) • • f (x) − f (x1 )
f (x) • • — pente
x − x1
f (x) − f (x2 )
• • • — pente
x1 x x2 x − x2
26
4. Convexité d’une fonction a) Fonctions convexes

Proposition 4.2 (Fonction convexe et dérivation)


Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I .
1 La fonction f est convexe sur I ssi la fonction f 0 est croissante sur I .
2 La fonction f est concave sur I ssi la fonction f 0 est décroissante sur I .

Proposition 4.3 (Position courbe/tangentes)


f (x)
Cf

La courbe représentative d’une •


fonction convexe (resp. concave)
est au-dessus (resp. au-dessous) •
de chacune de ses tangentes.
• •
• • •

27
4. Convexité d’une fonction a) Fonctions convexes
Proposition 4.4 (Un critère de convexité)
Soit f une fonction deux fois dérivable sur un intervalle I .
f est convexe sur I (resp. concave sur I ) ssi ∀ x ∈ I , f 00 (x) > 0 (resp. f 00 (x) 6 0).

Exemple 4.5 (Fonctions usuelles)


1 Les fonctions carré et exponentielle sont convexes sur R.
2 Les fonctions racine carrée et logarithme sont concaves sur ]0, +∞[.
3 Plus généralement : la fonction x 7→ x α est convexe pour tout α ∈ ]−∞,0]∪[1,+∞[
y √ concave pour tout α ∈ [0, 1] sur ]0,+∞[
y= x
y
y = x2

y = ln x y = ex
x

Remarque 4.6 (Convexité et réciprocité)


Une bijection convexe admet une réciproque concave et réciproquement.
28
4. Convexité d’une fonction b) Point d’inflexion
Définition 4.7 (Point d’inflexion)
f (x)

Lorsque f 00 s’annule en x0 en •
• •
changeant de signe, on dit que sa
courbe représentative change de
concavité et le point d’abscisse x0 f (x0) • Cf
est alors appelé point d’inflexion
• •
de la courbe. •

x0 x

Exemple 4.8 (Fonctions « cube » et sinus)


y
y = x3
1 Les fonctions cube et sinus admettent un
point d’inflexion en l’origine. y = sin x
2 Plus généralement, pour tout entier positif •
O x
impair n, la fonction x 7−→ x n admet un
point d’inflexion en l’origine.

29
Sommaire

1 Dérivabilité en un point

2 Dérivabilité sur un intervalle

3 Dérivation d’ordre supérieur

4 Convexité d’une fonction

5 Compléments
Règle de L’Hospital
5. Compléments a) Règle de L’Hospital
La connaissance des résultats suivants est facultative mais peut parfois s’avérer utile :

Théorème 5.1 (Accroissements finis généralisés (facultatif))


g(x)
(f (b), g(b))
Soit f et g deux fonctions continues sur •
un intervalle [a, b] et dérivables sur ]a, b[. •
(f (a), g(a))
Alors il existe un réel c dans ]a, b[ tel que
•f 0(c)~i + g 0(c)~j
f (b) − f (a) g 0 (c) = g (b) − g (a) f 0 (c).
 
~j
O ~i f (x)

Corollaire 5.2 (Règle de L’Hospital (facultatif))


Soit f et g deux fonctions continues sur un intervalle I , dérivables sur I \{x0 } où
x0 ∈ I , telles que g 0 (x) 6= 0 sur I \{x0 }. Alors :
f 0 (x) f (x) − f (x0 )
lim
x→x0 g 0 (x)
= ` =⇒ x→x lim = `.
0 g (x) − g (x0 )
x6=x
0 x6=x
0

0
Cette règle permet d’étudier certaines formes indéterminées .
0
30
5. Compléments a) Règle de L’Hospital

Corollaire 5.3 (Initiation à la formule de Taylor-Young (cf. chapitre


« Développements limités »))
1 Soit f une fonction deux fois dérivable en x0 . Alors :
f (x) − f (x0 ) − f 0 (x0 )(x − x0 ) 1
lim = f 00 (x0 ).
x→x 0
x6=x0
(x − x0 )2 2

2 Plus généralement, si f est une fonction n fois dérivable en x0 , alors :

P f (k) (x0 )
n−1
f (x) − (x − x0 )k
k=0 k! 1 (n)
lim = f (x0 ).
x→x0
x6=x0
(x − x0 )n n!

Exemple 5.4 (Fonctions cosinus/sinus et cosinus/sinus hyperbolique)


cos x − 1 1 chx − 1 1
• lim =− • lim =
x→0 x2 2 x→0 x2 2
sin x − x 1 shx − x 1
• lim =− • lim =
x→0 x3 6 x→0 x3 6

31
5. Compléments Et pour aller plus loin...

http ://math.univ-lyon1.fr/~alachal/diaporamas/ http ://math.univ-lyon1.fr/~alachal/diaporamas/


diaporama_Lhopital/Lhopital0.html diaporama_fonctions_convexes.pdf

http ://math.univ-lyon1.fr/~alachal/diaporamas/
diaporama_stirling.pdf

32
En résumé...

Notions à retenir
• Dérivée
? Opérations, techniques de calcul
? Ordre supérieur, classe C n
• Tangente
? Équation à connaître
? Position relative de la courbe par rapport à sa tangente
• Dérivabilité
? Théorèmes fondamentaux (théorème de Rolle, TAF, IAF)
? Dérivée de la réciproque d’une bijection
• Variations
? Monotonie
? Détermination d’extremums
? Étude de la convexité, détermination de points d’inflexion
• Fonctions trigonométriques réciproques
? Dérivées à connaître
33

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