Cours DR Special Des Contrats
Cours DR Special Des Contrats
Cours DR Special Des Contrats
Introducton
Deux exemples :
L’architecte et le vendeur de voiture : qu’une personne fasse faire des plans pour une maison, ou
qu’elle achète une voiture, le tronc commun de l’obligaton est le même. Les conditons de validité sont celles
de l’art 1108. Pour autant peut-on atendre les mêmes conditons de validité pour le contrat conclu en vue de la
réalisaton des plans, et celui conclu en vue de l’acquisiton d’une voiture ?
L’exemple du prix est notable : pour la voiture, il doit être déterminé ou déterminable. Mais cete
conditon est-elle légitme dans le contrat de réalisaton des plans par l’architecte ? Dans le premier cas, la
voiture est construite en série, donc il y a peu de problème. Dans le second cas, le commanditaire des plans n’a
pas toujours intérêt à ce que le prix soit déterminé pour lui garantr une certaine sécurité. Donc le droit
n’impose pas une déterminaton ab inito du prix.
Donc on a deux contrats, qui répondent aux conditons de validité de droit commun, mais on fait une
distncton entre les deux types de contrats qui sont très diférents : un contrat de vente, et un contrat de
service.
Donc les deux contrats sont soumis à des règles du droit spécial des contrats, qui sont distnctes.
Elle ne peut s’entendre que dans une oppositon entre le droit commun, et le droit spécial, des contrats
nommés, qui est spécialisé.
L’expression de contrats spéciaux n’est pas heureuse, elle est même trompeuse pour certains auteurs :
Malaurie, Aynes.
Il n’existe pas, à côté des contrats spéciaux des contrats généraux. Ce qu’on appelle contrats spéciaux,
ce sont les contrats qui sont réglementés par des règles du droit spécial.
Donc à tout contrat s’applique plusieurs types de règles, les unes sont générales et consttuent le tronc
commun du droit des contrats : ce sont les règles relatves à la théorie générale du droit des obligatons. Elles
s’appliquent à tout contrat indépendamment de sa qualifcaton. D’autres règles s’appliquent selon un type de
contrat. Certains contrats sont spécialement organisés par le législateur, ou par des solutons prétoriennes,
voire même par les usages de la pratque qui sont prépondérants en la matère. Le droit spécial des contrats est
plus concret, plus élaboré que le droit général des contrats.
Le droit spécial des contrats se diversife : le droit de la vente s’est afné, spécialisé depuis 1804. On
distngue la vente de meubles ou immeuble, d’immeuble non achevé… la doctrine désigne ce phénomène par
un phénomène d’arborescence. Ainsi, la vente d’immeuble est soumise aux règles spécialisée de la vente
d’immeuble, aux règles spéciales du contrat de vente, et aux règles du droit commun des contrats. Ce
phénomène de stratfcaton ne permet pas pourtant que deux contrats de vente d’immeubles soient
identques. Parmi les dispositons évoquées, certaines restent supplétves. Les partes peuvent y déroger,
organisant d’autres modalités, conditons de validité. Donc les règles du contrat individuel s’ajoutent à la
pyramide dessinée plus haut.
Dès 1804, le législateur prévoit une artculaton entre droit commun et droit spécial des contrats. Celle-
ci est évoquée à l’art 1107 du code. Il introduit un livre troisième inttulé des contrats ou des obligatons
conventonnelles en général:
Les contrats, soit qu’ils aient une dénominaton propre, soit qu’il n’en ait pas sont soumis à des règles
générales qui font l’objet du présent ttre.
Les règles partculières à certains contrats sont établies sous les ttres relatfs à chacun d’eux.
Les règles partculières aux transactons commerciales sont établies par les lois relatves au commerce.
C’est la clé de voute entre droit commun et spécial des contrats.
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Un examen rapide du plan du code civil montre que les codifcateurs ont organisé un certain nombre
de contrats. Il y a une certaine dispersion dans le code : succession de ttres…
Se pose alors la queston de savoir s’il est aisé d’identfer matériellement certaines règles de droit
spécial, dans quels cas elles s’appliquent. Une opératon préliminaire est nécessaire : il faut qualifer le contrat.
L’applicaton du droit spécial des contrats repose sur une distncton entre les contrats nommés et
innommés, qui ont un nom ou qui n’en n’ont pas.
U n contrat nommé est un contrat que le législateur a pourvu d’un nom, ce qui correspond à un
contrat prévu et réglementé par le législateur. Il y a un modèle légal au contrat, c’est le cas par exemple du
contrat de vente.
Par oppositon, un contrat innommé ne fait l’objet d’aucune réglementaton. Ces contrats sui generis
sont règlementés par le droit commun des contrats.
Mais ce propos est à nuancer : si la distncton entre contrats nommés et innommés reste pertnente,
elle est moins importante en droit positf qu’elle ne l’a été précédemment, notamment en droit romain.
Cete distncton vient du droit romain, et est à l’époque considérable. Le droit romain adopte une
concepton processualiste de la distncton (A). Cete considératon a disparu à l’époque actuelle au regard de la
liberté contractuelle. Mais elle contnue à avoir des efets (B).
En droit romain la distncton entre contrat nommé et innommé est déterminante pour la validité
même des contrats. Le droit romain classique était très procédural. Aussi, la validité des contrats n’est pas
admise en tant que telle. Un contrat n’est obligatoire que s’il correspondait très exactement à une catégorie
reconnue par le droit, et à laquelle une acton est atachée : acton qui a pour origine la loi ou les édits du
prêteur. Ainsi ne pouvait donner lieu à une acton en justce que les contrats dotés d’un nomen, prévu dans
l’édit du prêteur.
Cela était traduit par un adage : Ex nudo facto, non oritur acto : du pacte nu ne nait aucune acton. Les
contrats innommés ne pouvaient pas être reconnus en justce.
La force de la distncton s’est pourtant amoindrie même en droit romain, sous l’époque justnienne. En
efet, une acton a été accordée au contrat innommé. C’est l’acton praescripts verbis qui permet à un
cocontractant parte à un contrat innommé d’obtenir du prêteur qu’il condamne l’autre parte à exécuter son
obligaton. Pour autant, la distncton entre les deux types de contrats n’et pas mise à l’écart : l’acton
praescripts verbis n’était accordée qu’à un cocontractant qui avait déjà spontanément exécuté sa propre
obligaton contractuelle.
Mais la porte est ouverte à un nombre de contrats illimités. Les partes peuvent ainsi organiser de
nouvelles obligatons juridiques. Les prêteurs procèdent à une classifcaton de ces contrats : il y a quatre
catégories de contrats innommés. C’est le début de la catégorisaton des contrats. Elles tennent à la nature de
l’exécuton unilatérale réalisée ainsi qu’à celle de l’obligaton dont on demande l’exécuton en justce.
Les contrats do ut des : je te donne pour que tu me donnes
Les contrats do ut facias : je te donne pour que tu fasses
Les contrats facio ut facias : je fais pour que tu fasses
Les contrats facio ut des : je fais pour que tu donnes
C’est la nature des obligatons réciproques qui permet de classer les contrats.
La pratque recourut de façon quasi systématque à certains contrats innommés, qui fnirent par se
doter d’un nom. C’est notamment le cas du contrat d’échange.
Mais si ce nom existe pour certains contrats, la distncton contnue à être appliquée : il ne peut y avoir
d’acton en justce que si le demandeur est un cocontractant qui a déjà exécuté sa prestaton.
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Cete distncton a disparu aujourd’hui. L’acton aujourd’hui dépend du droit et non pas le contraire.
De plus, avec l’avènement de la liberté contractuelle, tous les contrats sont dotés d’une force obligatoire. Les
contrats innommés sont régis au moins par le droit commun des contrats.
Donc certains auteurs ont mis en doute l’intérêt de la distncton. C’est le cas de Planiol, dans un
artcle : classifcaton synthétque des contrats (revue critque de droit civil, 1904, p 470s.) il tent compte de
critère qu’on ne retent plus aujourd’hui, mais il fait deux réfexions : il considère que l’on n’a plus besoin de
contrats innommés. C’est une donnée qui n’a plus de sens. Mais surtout, il considère que c’est se tromper et
tromper les autres que de dire que des contrats nouveaux se rencontrent dans le droit moderne. Certains
auteurs contemporains retennent encore que créer un nouveau contrat, c’est faire preuve d’une paresse de
qualifcaton. On n’est juste pas allé assez loin dans l’opératon de classifcaton. Pourtant, le législateur envisage
cete distncton entre les deux types de contrats : en efet en 1804 et aujourd’hui, cete distncton semble
avoir un intérêt certain.
L’exemple du début souligne l’intérêt pratque de cete distncton : il permet de déterminer les règles
juridiques applicables aux contrats. Dès lors qu’un contrat répond à un modèle nommé, et donc organisé par la
loi, son régime est soumis à un ensemble de règles précises, voire très précises. Au contraire, le contrat
innommé est moins sécurisant pour le cocontractant. Son régime ne devrait répondre qu’aux seules règles de
droit commun des contrats. Elles sont très théoriques, et délicates à metre en œuvre.
Mais cete considératon est insufsante et doit être nuancée. La nuance provient de la diversité des
contrats innommés. En efet, certains contrats innommés s’approchent de très près d’un contrat nommé et
donc organisé par la loi. Les partes ont juste ajouté ou soustrait un élément qui empêche le contrat individuel
de vérifer la qualifcaton. Mais dans ce cas, les règles d’interprétaton du droit, surtout l’analogie, permetent
d’appliquer au contrat innommé les règles de droit spécial du contrat nommé voisin. Cet emprunt des règles
des contrats nommés conduit à une extension du champ d’applicaton du droit spécial des contrats. Il ne
s’applique pas qu’aux contrats spéciaux.
Ce mouvement a été décrit dans un artcle de Madame Dominique Grillet-Ponton : nouveau regard
sur la vivacité de l’innommé en matère contractuelle, D. 2000, chronique p331s. Cete utlisaton de la méthode
par analogie a été retenue expressément dans le cadre de l’avant projet de réforme du droit des obligatons. Il
prévoit de remplacer l’art 1107 du CC par un artcle 1103 qui en son dernier alinéa envisage cet emprunt des
règles des contrats nommés pour une applicaton aux contrats innommés. L’artcle consacre ainsi la
jurisprudence.
Mais ceci n’eface pas l’intérêt de la distncton entre contrat nommé et innommé. La pratque est en
mesure de construire de vrais contrats innommés qui ne ressemblent à aucun autre contrat nommé. La
pratque intègre dans l’objet des contrats des données issues du progrès scientfque : l’hébergement de site
internet. Les juristes français empruntent aussi parfois des modèles existant à l’étranger : le trust.
Dominique Grillet-Ponton, pour distnguer les diférents contrats innommés, se réfère aux contrats
innommés atypiques, qui s’approchent d’un contrat nommé existant. Les contrats innommés typiques
désignent les contrats véritablement nouveaux. Ils ne peuvent se voir appliquer que les règles du droit commun
des contrats et les règles issues des stpulatons contractuelles introduites par les partes. Pour autant il n’y a
pas d’incerttude. En efet le contrat innommé typique est très détaillé, très volumineux, très complets.
Ceci permet de metre en évidence un autre intérêt de la distncton
La distncton entre contrat nommé et innommé est plus ou moins relatve. Si cete dichotomie est
importante, c’est qu’elle met en évidence que les contrats nommés vivent et évoluent grâce aux contrats
innommés.
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Ceci est la conséquence de plusieurs facteurs : les contrats innommés typiques ont vocaton à devenir
de véritables contrats nommés. L’utlisaton répétée par la pratque conduit à l’élaboraton d’usages, puis de
contrats types. Des solutons jurisprudentelles vont être données, et on aura parfois une consécraton légale.
Ce fut le cas du crédit bail.
Au contraire, la pratque a pour efet de faire tomber certains contrats nommés en désuétude, comme
c’est le cas des contrats de prêt à la grosse aventure.
Le droit spécial des contrats est extrêmement vivant. Concrètement, la distncton ne peut s’exprimer
que par une opératon préalable et nécessaire : c’est celle de la qualifcaton.
Jeudi 25 janvier
Pour connaître le régime applicable à un contrat individuel, la première queston est celle de sa
qualifcaton qui permet de déterminer son régime juridique.
A- le principe de la qualifcaton
Il convient de déterminer abstraitement les éléments juridiques caractéristques d’un type de contrat.
Ex : contrat de vente : prix convenu et transfert de propriété, contrat de travail : existence d’un lien de
subordinaton entre l’employé et l’employeur.
Ceci se rapproche plus d’une opératon de classifcaton des contrats que d’une réelle qualifcaton.
Une seconde démarche consiste à déterminer dans le contrat individuel conclu entre les partes si des
éléments de faits correspondent aux caractéristques identfant tel type de contrat. Mais ces éléments ne
sont pas toujours aisément identfables. Il faut interpréter l’intenton des partes pour les isoler, opératon qui
revient au juge qui n’est pas tenu par la qualifcaton retenue par les partes. Le juge interprète ses clauses pour
lui resttuer son exacte qualifcaton. La cour de cassaton exerce un contrôle de dénaturaton du contrôle du
juge du fond.
Les contrats complexes sont courants, aussi convient-il de distnguer deux points en présence d’un
contrat de ce type :
juxtapositon de plusieurs opératons. Cet acte juridique unitaire est qualifé de contrat
hybride
succession d’opératons qui consttuent un ensemble unitaire.
I l y a succession de plusieurs opératons mais qui consttuent un tout : le contrat réunit les
caractéristques de plusieurs contrats existants.
Ex : contrat de donaton avec charge : donaton avec un prix fxé, contrat de vente d’immeuble à
construire : contrat d’entreprise
Elles consttuent une opératon complexe avec la succession de plusieurs opératons issues de diférents
contrats nommés, succession qui permet quand même d’identfer plusieurs contrats.
Ex : sous-traitance : succession de deux contrats d’entreprise, un entre le maitre de l’ouvrage et
l’entrepreneur principal, un avec l’entrepreneur principal et le sous-traitant.
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Le problème qui se pose est celui de l’indivisibilité des contrats entre eux. Le principe est la divisibilité,
chaque contrat est indépendant de celui qui le précède. Si l’un d’entre eux est résilié, l’autre n’est pas
directement éteint. Mais par excepton, les contrats peuvent être intmement liés et consttuer une chaine
indivisible. Cela résulte de la volonté des partes, ou de la volonté du législateur. Un contrat est alors
subordonné à l’autre.
Le problème des responsabilités dans le cadre des chaines de contrat est aussi fondamental, pour les
contractants en bout de chaine. A ce ttre une distncton doit être faite entre deux types de chaines de contrat.
Chaines homogènes de contrat : succession de plusieurs contrats de même type, comme la sous-
traitance.
Chaines hétérogènes de contrat : succession de plusieurs contrats de type distncts, comme un contrat
de vente et d’entreprise.
Elle s’opère par référence à une caractéristque partculière, qui permet de distnguer un contrat
nommé d’un autre. En général, elle réside dans l’obligaton principale du contrat que l’on dit aussi obligaton
caractéristque, fondamentale, catégorielle.
C’est donc l’obligaton autour de laquelle s’ordonne l’économie du contrat : objet du contrat pour
Ripert et Boulanger.
L’obligaton caractéristque des contrats dans les contrats à TO, c’est l’obligaton réciproque de
l’obligaton de payer.
Ex : contrat de travail : prestaton de travail
Mais ceci peut conduire à trois résultats :
qualifcaton unitaire
qualifcaton mixte
pas de qualifcaton : contrat innommé.
1- La qualifcaton unitaire
C’est la plus fréquemment retenue. L’opératon de qualifcaton est simple si le contrat ne comporte pas de
clauses trop nombreuses. Si un cocontractant s’engage à payer une somme d’argent afn d’acquérir un droit de
propriété sur un bien qui appartent à son cocontractant, c’est un contrat de vente.
Si les clauses sont plus nombreuses, cela peut se compliquer, il faut donc retenir une qualifcaton. On peut
ainsi aboutr à une qualifcaton unitaire. Le procédé résulte de l’applicaton d’un adage : l’accessoire suit le
principal. Il faut déterminer l’obligaton principale et les obligatons accessoires. Si un contrat mêle de la vente
et du bail, et qu’il apparaît que l’obligaton principale est le transfert de propriété, le contrat est entèrement
soumis au régime de la vente.
Ex : contrat de déménagement : prestaton de déplacement d’un bien d’un point donné à un autre, mais
aussi prestaton de travail : fourniture de carton, mise en place de biens dans les cartons…
La cour de cassaton dans un arrêt Com, 1° avril 2003 a retenu que le contrat de déménagement est un
contrat d’entreprise qui se diférencie du contrat de transport en ce que son objet n’est pas limité à un
déplacement de meuble.
Dans un arrêt Com, 10 mars 2004, la cour de cassaton a retenu pour un contrat de déménagement la
qualifcaton du contrat de transport.
Il peut être difcile de distnguer entre deux types de contrats et la référence aux éléments caractéristques
retenus par la loi peut s’avérer insufsante. Il y a ainsi un contenteux sur la distncton entre contrat
d’entreprise et contrat de vente.
Le contrat de vente est défni à l’art 1582 CC : la vente est une conventon par laquelle un cocontractant
s’oblige à livrer une chose et l’autre cocontractant à la payer.
Le contrat d’entreprise n’existe pas dans le code civil. Mais c’est la dénominaton actuelle du contrat
de louage d’ouvrage des codifcateurs. Il est défni à l’art 1790 : c’est un contrat par lequel l’une des partes
s’engage à faire quelque chose pour l’autre, moyennant un prix convenu entre elles.
A priori les deux contrats sont distncts. Mais l’évoluton du louage d’ouvrage a conduit à englober le
contrat par lequel un entrepreneur réalise un travail en apportant de la matère première afn de créer un bien,
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meuble ou immeuble. Or le contrat de vente peut porter sur une chose future. On se trouve dans les deux
conventons avec une succession de deux obligatons :
obligaton de faire : créer un bien,
obligaton de transmetre un bien.
Pourtant les deux régimes applicables aux contrats difèrent du régime du contrat d’entreprise. C’est le cas
du moment de la fxaton du prix.
La cour de cassaton pour distnguer ces deux contrats a dû élaborer un critère de distncton. On n’est plus
sur le terrain de l’obligaton caractéristque. On rechercher un critère qui permet d’opérer une distncton entre
les deux contrats s’ils sont trop proches.
Le critère est celui du travail spécifque posé par Civ 3°, CC°, 5 février 1985. RTDciv 1985, p737, P. Rémi. Il
est relatf à un sous-contrat. On oppose un maître de l’ouvrage à un fabricant qui prétend se prévaloir de la loi
du 31 décembre 1975 relatve à la sous-traitance. Cete loi ne s’applique qu’à une succession de contrats
d’entreprise, et est protectrice du sous-traitant. Ainsi, si le sous-traitant n’est pas payé par le contractant direct
il peut exercer une acton directe en paiement contre le maitre de l’ouvrage à l’autre bout de la chaine. La
queston est de savoir s’il est lié à la suite d’un contrat de vente ou d’entreprise. C’est déterminant en pratque
car le sous-traitant risque de ne pas être payé. La cour de cassaton a qualifé le contrat de contrat de sous-
traitance. C’est donc un contrat d’entreprise, au motf que « le sous-traitant n’avait pu satsfaire à la commande
qu’après avoir efectué un travail spécifque en vertu d’indicatons partculières rendant impossible de
substtuer au produit commandé un autre équivalent. » ceci consacre le critère de distncton entre la vente de
chose future et le contrat d’entreprise. La série relève du contrat de vente, le sur-mesure relève du contrat
d’entreprise. Ainsi, pour le bien réalisé en série, le fabricant peut récupérer le bien et le revendre. C’est tout à
fait diférent pour le sur-mesure. Il ne sera peut être pas réutlisable. Donc le sous-traitant est dépendant du
sort du paiement.
Mais dans certains cas on ne peut pas aboutr à une qualifcaton unitaire. On retent alors la qualifcaton
mixte.
2- la qualifcaton mixte
C’est l’excepton. Elle consiste à reconnaître à un même contrat la nature de deux contrats nommés. On a
donc une applicaton distributve des règles de droit spécial des deux contrats nommés concernés. C’est
partculièrement délicat à metre en œuvre.
On identfe deux méthodes d’applicaton distributve des règles. La première est une qualifcaton mixte
successive. On applique les règles de deux contrats nommés distributvement, les unes après les autres.
Ex : contrat d’entreprise qui porte sur la réalisaton d’un ouvrage. On a pensé à lui appliquer une
qualifcaton mixte successive. Cela a été proposé par Aubry et Rau avant l’appariton du critère du travail
spécifque. Ils l’inttulent le contrat de marché à façon. On a une qualifcaton dont le régime relève à la fois du
contrat de vente et de louage d’ouvrage. Jusqu’au moment de la récepton de l’ouvrage, les rapports des partes
sont régis par les règles du louage principalement. Mais celle de la vente deviennent applicables à partr de la
récepton de l’ouvrage.
La deuxième manière de régir un tel contrat est d’adopter la qualifcaton mixte cumulatve. Elle permet
d’appliquer de façon contemporaine les règles de droit spécial des deux contrats nommés concernés.
Ex : Selon Planiol, le contrat précédemment expliqué vérife dès sa conclusion la qualifcaton de louage
d’ouvrage et de vente. On applique distributvement les règles de louage pour la prestaton de travail, et les
règles de la vente pour ce qui concerne l’ouvrage. Cf artcle précité.
Cete technique de la qualifcaton mixte parait tentante mais elle ne donne que l’illusion de la simplicité. Il
est irréalisable d’appliquer à la fois les règles de la vente et du contrat d’entreprise. Donc la jurisprudence
s’oriente de plus en plus vers l’hypothèse du contrat innommé. On applique le droit commun du contrat
uniquement dans ce cas.
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Il y a parfois des cas dans lesquels la jurisprudence écarte la qualifcaton mixte pour conclure à l’absence
de qualifcaton nommée.
Ca a été le cas du contenteux relatf au contrat de cofre fort. Ceci concernait l’incendie qui a ravagé le
crédit lyonnais. Il a conduit à un arrêté de péril décidé par le préfet de police, rendant inaccessible pendant un
temps tous les cofres de la banques. Or un client a déposé des bons au porteur dans un de ces cofres et est
dans l’impossibilité de les présenter à leur remeteur. Il se retourne contre la banque par une acton en
responsabilité. Il faut qualifer le contrat de cofre-fort.
Pour la banque c’est un contrat de bail : mise à dispositon d’une chose. Or l’art 1722 CC précise que si la
chose donnée à bail est détruite en totalité ou en parte par un cas fortuit, le loueur n’engage pas sa
responsabilité. Le bail est résilié de plein droit et sans dédommagement. Or selon une interprétaton
jurisprudentelle constante ceci s’applique aussi lorsque la chose donnée à bail n’a pas été détruite mais que le
preneur s’est trouvé dans l’impossibilité d’en faire usage.
Le problème est de savoir si le contrat est un contrat de bail. Par un arrêt du 11 octobre 2005, la cour
retent que cet artcle ne s’applique pas au contrat par lequel une personne loue à un client un compartment
ou un cofre fort dont elle assure la surveillance et auquel le client ne peut accéder qu’avec le concours du
banquier. Le contrat de cofre fort n’est pas un contrat de bail. Il y a défaut de qualifcaton. Le contrat ne subit
pas le régime du contrat de bail.
La même soluton est retenue pour les contrats de vente à temps partagé.
La source principale du droit spécial des contrats est la loi. Mais pett à pett, ces textes montrent un
certain dirigisme. La loi ne s’entend pas stricto sensu : ce ne sont pas que des textes votés pas les assemblées.
La loi a une dimension de plus en plus internatonale. De même certaines insttutons ont un rôle de plus en
plus important, comme les AAI.
Le droit spécial des contrats a connu une diversifcaton de ses sources. Mais au-delà de cete
diversifcaton des sources, il y a une évoluton dans la concepton des règles.
Au XIX° siècle, le code civil est l’unique source de ce droit. Aujourd’hui, le droit civil est toujours la
principale source. Au XX° siècle, de nombreuses lois ont enrichi la matère sans être codifées. Elles ont visé à
protéger les partculiers. Elles ont pu faire l’objet d’une codifcaton, mais pas dans le code civil. Elle a eu lieu au
bénéfce du code de la consommaton de 1993.
A ces règles se sont ajoutées des règles issues du droit communautaire, essentellement dérivé. C’est
le cas des contrats de distributon, ou des contrats de conformité. Ceci a d’ailleurs posé quelques problèmes
dans leur artculaton avec les règles de droit interne. Les catégories de contrats envisagées au niveau
communautaire ne correspondent pas toujours à des contrats nommés en droit interne.
Ex : on veut poser des garantes pour les contrats de prestaton de service, qui n’existent pas en France.
Il existe aussi des normes issues des conventons internatonales. Ce sont des sources
conventonnelles conclues entre diférents Etats signataires. C’est le cas de la Conventon de Vienne de 1980 sur
la vente internatonale de marchandises. Elle fait parte du droit positf français, sans transpositon. Le problème
d’artculaton ne se pose pas dans la mesure où les conventons régissent les contrats présentant un élément
d’extranéité.
Il faut aussi ajouter les textes issus des AAI. C’est le cas de la CNIL, de l’autorité des marchés fnanciers,
du conseil de la concurrence, du CSA. Certaines dépendent du gouvernement, d’autres sont des insttutons
paritaires. Selon cete compositon, les décisions seront variables. C’est une nouvelle manière d’intervenir sur
les contrats spéciaux. Leurs atributons et leur infuence se situent dans des domaines techniques et pointus.
Mais certaines autorités édictent des règles qui sont de vraies sources du droit des contrats spéciaux.
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L’artculaton avec les règles du droit civil est parfois délicate. Ainsi un contrat de vente peut être valable du
point de vue du code civil, mais sans respecter le droit de la concurrence.
Les normes sont aussi fondamentales : normes CE, AOC…
Les règles du code civil sont principalement supplétves. Elles ne s’appliquent qu’en cas de stpulaton
contraire. Encore aujourd’hui, certaines règles ne sont pas impératves. Mais ces nouvelles règles ont une
vocaton incitatve. Le législateur crée des modèles. Certaines règles contemporaines sont véritablement
impératves, comme celles du droit de la consommaton et celles protectrices de la parte faible.
Mais il est des réglementatons de contrat qui connaissent des degrés divers. Parfois la loi ne régit que
quelques points : afchage sur les prix, délai de préavis, rétractaton dans les premiers jours de la conclusion du
contrat. Puis on a des réglementatons beaucoup plus fournies. Certains contrats sont réglementés de manière
quasi-totale et impératve. C’est le cas du bail d’habitaton.
Le droit des contrats spéciaux est devenu un mélange instable de directon, de liberté et de
protecton. Mais ce dirigisme n’empêche pas qu’une place importante soit laissée à la jurisprudence et à la
pratque.
Deux infuences marquent le droit des contrats spéciaux. Pour autant leur rôle en termes de source du
droit est contestée.
I- la jurisprudence
Elle n’est pas reconnue unanimement par la doctrine comme une source de droit : la séparaton des
pouvoirs et la prohibiton des arrêts de règlement l’en empêche. Elle a pu être qualifée d’autorité. Mais cete
idée est remise en cause en raison de certains arrêts qui créent des solutons nouvelles par le biais des principes
prétoriens.
La jurisprudence serait une source de droit évolutve et rétroactve. La jurisprudence joue un rôle
considérable dans le droit spécial des contrats. Le juge connaît souvent d’un contrat nouveau avant le
législateur. Il doit alors trancher le litge, édifer une règle de droit. C’est ainsi que se forme une réglementaton
prétorienne d’un contrat. Donc la jurisprudence a un rôle important car on est dans une matère vivante.
La jurisprudence en faisant remonter un panel de difcultés rencontrées, révèle l’évoluton des
contrats.
Ph. Rémy, la jurisprudence des contrats spéciaux. 40 ans de chroniques à la RTDciv. L’évoluton
contemporaine du droit des contrats, PUF, 1986, p103s.
II- la pratque
C’est dû au caractère vivant de la matère. C’est un droit qui évolue selon les progrès économique et
scientfque pour encadrer chaque nouvelle opératon. Dans le cadre du droit spécial des contrats, le rôle de la
pratque est partculier et consiste dans la rédacton de contrats-type, prérédigés au terme d’un consensus
dans une branche professionnelle. Ceci souligne la standardisaton de certains contrats. Mais ils n’ont pas valeur
obligatoire.
Pour autant la jurisprudence tend à en faire de véritables règles juridiques au sens strict du terme.
C’est le cas lorsqu’ils acquièrent une force telle que le juge y fait référence. Ceci est précisé par un arrêt du
13oct 1993, rendu par la chambre commerciale : l’afaire Perrier. Les juges du fond ont fait applicaton d’un
contrat type de cession de droits d’auteurs en matère de publicité, ce qui a été validé par la cour de cassaton
alors que les partes ne s’étaient pas référées délibérément à cete formule.
Outre les juges, la loi consacre parfois ces formules.
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La pratque a aussi un rôle plus commun, qui consiste dans les usages, même s’ils sont très nombreux
dans le droit spécial des contrats. Ce sont des pratques répétées qui ont souvent une portée locale, en raison
d’une zone géographique ou d’un domaine professionnel spécifque.
Mais certains usages ont un champ d’applicaton beaucoup plus large. C’est le cas de la lex mercatoria.
Il serait inexact de considérer qu’elle va dans une unique directon. En vérité, elle répond à un double
mouvement antagoniste. D’une part le droit spécial des contrats se sous-spécialise. D’autre part, sous
l’infuence de la réglementaton européenne notamment, des regroupements apparaissent. La doctrine
envisage ce phénomène par l’idée de l’élaboraton d’une théorie générale des contrats spéciaux. De plus on
tend à un regroupement des contrats en foncton de la qualité des partes plus que de l’objet même du contrat.
I- la présentaton du phénomène
Depuis la codifcaton, la révoluton industrielle, tertaire et le développement des afaires ont transformés
le droit spécial des contrats, en banalisant certains qui n’existaient pas à l’époque : le contrat d’assurance.
Certains contrats ont du adapter les règles à de nouveaux besoins. Pour autant les règles originaires n’ont
pas été chassées. Les contrats nommés se sont spécialisés de manière de plus en plus importante. C’est le cas
du contrat de travail, envisagé dans le code civil dans le cadre du louage. Aujourd’hui encore celui-ci tend à se
développer de manière de plus en plus profonde et développée, avec les CDD, les CDI, les CNE… il se distngue
selon le mode du travail, le moment, la durée du travail.
Ce développement est aussi dû à la prise en considératon d’un déséquilibre que le législateur a voulu
endiguer. Le droit des contrats spéciaux prend le pas sur la théorie générale des contrats. Il en résulte une
complexifcaton du droit. Ceci a pu remetre en cause la cohérence des qualifcatons traditonnelles.
Le contrat d’entreprise permet d’illustrer ce genre de questons. Il est qualifé de louage d’ouvrage dans le
code. Il a été conçu pour encadrer le contrat de constructon ainsi que certains contrats de réparaton. C’est une
reprise d’une qualifcaton d’un contrat qui existait en droit romain, et qui reposait sur l’applicaton d’une
prestaton de travail à un bien du cocontractant.
Cependant ce contrat a connu deux évolutons. L’une concerne le cas où le prestataire de travail apporte
en plus de son travail de la matère. Le contrat de louage d’ouvrage devient alors translatf de propriété. Mais il
a aussi fallu intégrer des prestatons nées de besoins nouveaux. C’est le cas des prestatons intellectuelles.
Elles étaient réglementées sous la qualifcaton du contrat de mandat, contrat à TG. Tout repose sur l’idée qu’il y
a deux types de prestatons : les prestatons matérielles et les prestatons intellectuelles, très nobles et qui ne
peuvent pas intervenir dans le cadre du même contrat. Le prix était l’honors, qui était un cadeau. La prestaton
était tellement noble qu’on ne pouvait pas la payer. Le louage d’ouvrage ou contrat d’entreprise dont le droit
commun n’a pas changé depuis 1804, recouvre à présent des contrats aussi diférents que le contrat médical,
de constructon, d’élaboraton d’un site internet, de commande avec un artste et des prestatons
dématérialisées.
Mais le droit commun s’applique à tous ces contrats, d’où la queston de la cohérence de la qualifcaton de
louage d’ouvrage.
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La dispersion contractuelle s’est fait parfois au bénéfce du regroupement de certains contrats qui
relèvent pourtant de catégories nommées diférentes.
Ex : le droit de la consommaton tend à dépasser la distncton entre les diférents contrats. Le droit
communautaire a une infuence prépondérante dans ce développement. Il amène le droit français à efectuer
des regroupements. Le terme de prestaton de service donne lieu à des regroupements.
L’idée a été soulevée par le Doyen Carbonnier dans les 1980s d’élaborer une théorie générale des
contrats spéciaux. Ainsi les règles applicables aux diférents contrats ne se distribuent non plus en foncton de
l’objet de ces contrats, mais en foncton d’autres critères comme la qualité des partes, la nature du bien. Ceci
s’est posé avec une acuité partculière à l’occasion du bicentenaire du code civil qui fut l’élément déclencheur
d’un projet de réforme d’ensemble du code civil. La queston s’est posée pour le droit des contrats spéciaux, qui
pourrait s’efectuer en délaissant la queston de contrat nommé. On ne veut plus tenir compte de l’obligaton
caractéristque de chaque type de contrat, mais appliquer des règles par famille de contrats.
Ex : contrats portant sur les meubles, où un consommateur est parte…
Ceci a été proposé dans le livre du bicentenaire du code civil, notamment dans un artcle d’Alain
Bénabent : les difcultés de la recodifcaton : les contrats spéciaux. Le code civil, 1804-2004, livre du
bicentenaire, Dalloz et jurisclasseur, 2004, p246s. Il propose une recodifcaton en retenant des règles par
famille de contrat.
Mais tous les auteurs ne s’accordent pas avec cete concepton. On peut considérer que la présence
d’un consommateur n’eface pas pour autant les disparités profondes entre les contrats. Pour de nombreuses
raisons, il est impossible de dépasser la classifcaton des contrats qui repose sur leur obligaton
caractéristque.
La revue des contrats, avril 2006, noton sur la théorie générale des contrats spéciaux.
P. Collard Dutlleul : il constate une évoluton générale du droit des contrats spéciaux sur la base des
contrats d’aliments. Par une multplicaton des normes, internes et communautaires, on tend à réaliser un
véritable corps de règles autour d’un bien partculier. Elles dépassent la distncton entre les diférents contrats
nommés qui portent sur l’aliment. Il y a une uniformisaton des règles autour d’un bien partculier, qui fait
tomber la distncton entre les diférents contrats et remet en cause leur efet relatf.
Mais ce phénomène reste marginal. Pour l’essentel, la présentaton retenue dans le code civil, qui
revient à distnguer les contrats nommés selon leur prestaton caractéristque, est toujours d’actualité.
La vente est considérée comme le pilier du droit spécial des contrats. Il est longtemps resté le contrat
le plus usuel, mais est ratrapé aujourd’hui par le contrat d’entreprise. Il est déterminant du fait de son histoire
et de l’importance quanttatve et qualitatve de son régime.
Il apparaît dès le droit romain, basé sur la noton d’échange. Il est marqué par six caractéristques :
contrat consensuel : c’est l’un des premiers et c’est encore la règle en droit positf.
La vente n’emportait pas directement transfert de propriété. Elle était conditonnée par un autre
acte que le simple échange de consentement, notamment le paiement du prix. Ce n’est pas le cas en
droit positf.
Le droit romain réglemente le transfert des risques de la chose. Selon un adage, res perit domino, la
charge du risque pèse sur le propriétaire. Mais le transfert de propriété n’a pas lieu dès l’échange des
consentements.
Le vendeur doit une garante sur les caractéristques de la chose : elles étaient qualifées de
garantes édiliciennes. Elles n’assuraient pas à l’acquéreur les caractéristques dont il pouvait se
garantr lui-même. C’est la garante des vices cachés actuelle.
Le prix de la vente peut être réduit ou au contraire augmenté dans le cas où la chose n’avait pas la
contenance prévue. C’est une règle qui existe mais de manière très réglementée dans la rescision
pour lésion.
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Il y avait coexistence entre règles générales de la vente applicables à toute sorte de vente, et des
règles partculières, qui se distnguaient en foncton des modalités de la vente. Ces distnctons
existent encore aujourd’hui, avec la vente à terme, immédiate, avec transport ou sans…
Il y a une standardisaton des règles de la vente, mais il existe un certain nombre de ventes négociées. Il
y a souvent d’ailleurs des avants contrats.
Elles sont édictées à l’art 1583 CC : la vente est parfaite entre les partes, et la propriété acquise de
droit à l’acheteur à l’égard du vendeur, dès lors qu’on est convenu de la chose et du prix, quoique la chose n’est
pas encore été livrée et payée.
Contrairement au droit romain, la vente se conclue valablement et emporte force obligatoire sans
nécessité d’une livraison de la chose ni d’un paiement du prix. Les conditons sont donc celles d’un accord,
d’une déterminaton de la chose, et d’une déterminaton d’un prix.
La vente est souvent un contrat instantané qui se conclut dans un trait de temps : elle exprime
pleinement son caractère consensuel. Il n’y a pas d’écrit. Mais des ventes donnent parfois lieu à des
négociatons. Elles découlent parfois de la volonté des partes, ou parfois d’une règle imposée par le législateur.
La difculté est de distnguer l’acte juridique de vente d’avant-contrats de vente, ou de ventes assortes de
modalités.
La vente comme tout contrat peut être assorte de modalités, très variées : conditons suspensives,
résolutoires… mais il existe des modalités qui découlent de l’intenton des partes, ou qui assortssent
impératvement certaines ventes : c’est le dirigisme législatf.
Les partes ont la liberté d’assortr la vente de certaines modalités. Celles-ci soit retardent l’exécuton
du contrat, soit conditonnent l’existence du contrat. Cete possibilité a été consacrée par le législateur dans
l’art 1584 CC. La vente peut être faite purement et simplement ou sous conditons. Le terme de conditon doit
être entendu largement. La vente peut être assorte de conditons stricto sensu mais les partes peuvent aussi
prévoir d’autres modalités, comme la faculté de resttuton.
A- la stpulaton de conditons
La conditon est un événement futur et incertain auquel se trouve subordonnée la validité d’un acte.
C’est une modalité de l’obligaton. Il existe deux types de conditons : conditons résolutoire et conditon
suspensive.
Appliquée à la vente, la déterminaton de la nature de ces conditons est essentelle.
1- la conditon résolutoire
L’acte existe dès le jour de sa naissance et produit ses efets. Si la conditon survient, il est censé ne
jamais avoir existé. Elle a un efet rétroactf. Si la conditon ne survient pas, le contrat doit recevoir exécuton
jusqu’à son terme.
Pour le contrat de vente, le contrat produit ses efets dès l’échange des consentements. Sa validité
n’est remise en cause qu’ensuite si la conditon survient. Dès l’échange de consentement s’opère le transfert de
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propriété et le transfert des risques de perte de la chose. En cas de destructon du bien par cas fortuit entre
l’échange des consentements et le moment fxé pour la conditon, la perte est pour l’acquéreur.
En matère de vente, de façon exceptonnelle, cete soluton reste identque même si la conditon
résolutoire survient.
2- La conditon suspensive
La soluton est complètement diférente dans ce cadre. Elle suspend l’exécuton de l’obligaton
jusqu’au jour de sa survenance. Si la conditon se réalise, le contrat est censé avoir été conclu dès le jour de
l’échange des consentements. Sinon, le contrat est censé ne jamais avoir existé. Pendant le cours de la
conditon, la propriété et les risques sont conservés par le vendeur, propriétaire inital du bien.
Donc globalement la vente suit le droit commun des obligatons. Mais ces stpulatons sont très
fréquentes, et les conditons retenues sont très variées. Ainsi, en matère de vente, mobilière ou immobilière,
de nombreux contrats stpulent des conditons suspensives consistant dans l’absence de l’exercice par un ters
de son droit de préempton.
Sinon, les conditons doivent répondre au droit commun :
pas de conditon potestatve : elle ne dépend pas de la volonté du débiteur de l’obligaton
conditon expresse
sa non réalisaton ne doit pas être la conséquence de la faute du débiteur. C’est le cas pour la vente
sous conditon suspensive de l’obtenton d’un prêt.
C’est une clause qui rend possible le retour de la marchandise au vendeur. Elles ont connu un
développement important, du fait du développement de certains modes d’échanges commerciaux. Le problème
est celui de la nature juridique de cete faculté de resttuton.
Ex : commerce de presse : ventes sont souvent assortes d’une clause de reprise des invendus. Cela
permet au commerçant de rendre à la société de presse tous les numéros qui n’ont pas été acquis par les
clients.
La cour de cassaton a retenu que cete faculté de resttuton est une conditon résolutoire. Cete
conditon est valable dans la mesure où la vente des exemplaires ne dépend pas uniquement de la volonté du
commerçant.
Cete faculté est fréquemment stpulée dans les contrats par correspondance. Elle est inscrite dans les
conditons générales de ces contrats. C’est l’expression de la liberté contractuelle. Mais dans ce cas elle ne peut
pas être considérée comme une conditon résolutoire, car elle est potestatve. Donc on s’est demandé ce qu’est
cete clause juridiquement parlant.
Pour certains auteurs, c’est une clause de dédit. Mais ceci comporte un problème : dans le régime du
dédit, il est prévu que la personne qui le met en œuvre perd les arrhes. Donc les sommes versées à ce ttre sont
conservées par le vendeur. Ceci ne correspond pas à ce qui se passe dans le cadre de la vente par
correspondance.
Pour d’autres on a pu considérer que c’était une vente à l’agréage. Durant le temps de la faculté de
resttuton, on est présence non pas d’une vente ferme, mais d’une promesse de vente consente
gracieusement par le vendeur. Il y a une sorte d’essai qui est permis. Mais dans ce cas il n’y a pas transfert des
risques ou de propriété de la chose. Dans cete hypothèse, les risques de perte de la chose et la propriété de la
chose sont conservés par le vendeur en l’absence de faute du futur acheteur.
Donc il semble qu’il faille retenir une troisième qualifcaton : c’est une vente ferme défnitvement
conclue assorte d’une promesse unilatérale de rachat par le vendeur dans le cas où l’acheteur ne souhaite
pas acquérir la chose.
Ces mécanismes se développent donc sous le coup de stpulatons contractuelles, mais aussi d’un
dirigisme afn de protéger les partes faibles de certains contrats.
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La loi est intervenue de deux façons principalement pour protéger le futur acquéreur au moyen de
modalités impératves atachées à certaines ventes:
le premier qui concerne largement le démarchage : droit de repentr : sorte de délai de réfexion a
posteriori
le second, largement répandu en matère de vente immobilière : la conditon d’obtenton d’un prêt.
A- le droit de repentr
De nombreux contrats de vente sont subordonnés du point de vue de leur validité, à l’obtenton d’un
prêt. Ce mécanisme imposé par la loi vérife la qualifcaton de conditon. Ce mécanisme est imposé par la loi
Scrivener de 1979 à propos des ventes conclues entre partculier et ayant pour objet un bien immobilier. Aucun
des efets de la vente n’a lieu avant la survenue de la conditon.
Ces techniques sont mécaniques. Il y a peu de place laissée au comportement des partes. A côté de
ces systèmes, on trouve des avant-contrats de vente qui relèvent de la négociaton.
La vente est souvent précédée d’actes préparatoires, qui permetent de préciser les relatons entre les
partes, d’afner le prix ou les caractéristques du bien à vendre… Ils sont très variés mais on peut les réunir en
trois grandes catégories :
une propre aux contrats de vente : vente à l’agréage : repose sur un système de promesse unilatérale,
mais qui est organisé par la loi.
Les promesses unilatérales ou synallagmatques de vente
Le pacte de préférence
I- la vente à l’agréage
Elle octroie à l’acquéreur une faculté d’accepter ou de refuser une marchandise qu’il va essayer.
Elle se distngue de la vente à l’échantllon. Contrairement à la vente à l’agréage, celle-ci est défnitvement
formée dès l’échange des consentements. L’échantllon n’est pas fait pour éprouver le bien. Donc tous les efets
de la vente ont lieu dans la vente à l’échantllon dès l’échange des consentements. Il permet de vérifer la
conformité de la délivrance efectuée par le vendeur.
Elle se distngue aussi d’une vente dont la conclusion se fait par étapes. Il en va ainsi lorsqu’un acquéreur
éventuel ne fait qu’essayer un bien sans s’engager à l’acquérir si ce dernier possède telle ou telle qualité .
C’est le cas des gens qui essaient des voitures avant de les acheter. Ceci permet de défnir les sources de
responsabilité, contractuelle ou délictuelle.
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A- la vente à la dégustaton
A l’art 1587 CC, on a : « a l’égard du vin, de l’huile ou des autres choses que l’on est dans l’usage de gouter
avant de faire l’achat, il n’y a pas de vente lorsque l’acquéreur ne les a pas goutés et agréés. »
On fait référence aux usages, donc il faut replacer l’artcle dans son contexte d’usage, comme l’exprime la
letre du texte. Les denrées alimentaires sont donc moins concernées par l’artcle. Mais il a bien des
applicatons dans le contexte professionnel.
Selon le contexte, la cour de cassaton considère que la renonciaton au bénéfce de cet artcle ne se
présume pas.
La vente à la dégustaton ne concerne pas uniquement les biens d’alimentaton. Elle concerne de façon
générale tous les biens dont les qualités s’apprécient subjectvement. Ceci s’applique donc en matère
d’enregistrement musical.
Le consentement de l’acquéreur à la vente ne s’efectue qu’après l’agréage. Si la chose n’est pas agréée par
l’acquéreur, les partes ne sont pas liées. Donc l’acquéreur ne peut pas exiger du vendeur qu’il lui délivre une
autre marchandise.
B- la vente à l’essai
Elle est organisée à l’art 1588 CC. Elle porte sur des biens dont les caractéristques sont objectvement
appréciables. Cela a pour conséquence que si l’essai est concluant, il est conclu pout tout un chacun, et
l’acquéreur est tenu d’acheter.
Si l’essai n’est pas concluant, le vendeur et l’acquéreur retrouvent leur liberté. Toutefois, selon les usages,
une nuance peut être introduite.
La vente est censée être conclue défnitvement si la défectuosité est précisément déterminée et
aisément réparable.
Il n’y a presque pas de dispositons relatves aux promesses de vente dans le code civil, étant peu courantes
en 1804. Aujourd’hui aucune vente de biens immobiliers ne s’efectue sans cete étape.
L’une des raisons essentelle de cete promesse est qu’un élément de la vente fait défaut. Mais deux
schémas bien distncts sont envisageables.
Soit les partes ont réussi à déterminer les éléments objectfs de la vente, mais l’une des partes réserve
sa décision. Elle bénéfcie d’une opton. On est dans la situaton d’une promesse unilatérale.
L’autre hypothèse est celle dans laquelle les partes sont d’accord, les éléments essentels de la vente sont
fxés mais une modalité manque, requise de façon impératve par le législateur. Ainsi, la vente immobilière
nécessite la conclusion d’un acte authentque. C’est une promesse synallagmatque de vente.
Ce n’est pas une ofre de vente. C’est un contrat, qui nécessite un consentement des deux partes. Le
prometant seul s’engage défnitvement en principe. Le bénéfciaire de la promesse, c'est-à-dire l’acquéreur,
ne supporte aucune obligaton. Il dispose au contraire d’une faculté qui réside dans l’opton.
Ce schéma type peut se compliquer, il supportera alors une indemnité d’immobilisaton, mais qui ne
fait pas du contrat un contrat unilatéral.
Deux étapes sont à envisager quant au régime de cete promesse : avant le terme fxé pour la durée de
l’opton, et à partr du moment où l’opton doit être levée ou abandonnée.
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Le prometant contrairement au pollicitant (personne qui ofre de contracter) s’engage à la vente d’un
bien déterminé et pour un prix déterminé ou déterminable. La simple levée de l’opton par le bénéfciaire
ferme la vente : le prometant n’a pas à réitérer son consentement à la vente.
La levée de l’opton par le bénéfciaire après le décès du prometant est valable, celui-ci ayant déjà
donné son accord à la vente : Civ 1°, 30 mai 1985. La capacité du prometant, la qualité de son consentement
s’apprécient exclusivement au jour de la promesse. C’est la même chose en droit des sociétés : il faut avoir le
pouvoir à ce moment là.
Une interprétaton critquable de la cour de cassaton tend à remetre quelque peu cete analyse en
queston. Dans un arrêt de la 3° chambre civile du 15 novembre 1993, la cour de cassaton a considéré que le
prometant n’est engagé que dans une obligaton de faire.
Le bénéfciaire de la promesse ne s’engage qu’à lever ou non l’opton. Les modalités pour lever l’opton
peuvent être fxées par les partes. Mais il faut que ce soit exprès : le silence ne vaut pas levée de l’opton.
Elle trouve sa raison d’être dans le fait que le prometant qui s’engage de vendre à autrui, s’interdit
aussi de vendre à toute autre personne que le bénéfciaire. Il immobilise le bien au bénéfce du
bénéfciaire de la promesse. L’indemnité d’immobilisaton vient compenser cet efort réalisé par le
prometant. Ce n’est donc pas en principe une contreparte à l’engagement de la vente. Tout dépend
en réalité du niveau de l’indemnité.
1. efet sur la nature du contrat de promesse : l’indemnité est perdue par le bénéfciaire s’il
décide au jour de la levée de l’opton de renoncer à la vente. La cour de cassaton a retenu
dans certains arrêts que la stpulaton d’une indemnité d’immobilisaton importante
conduisait à la requalifcaton du contrat de promesse unilatérale en promesse
synallagmatque de vente.
CA Paris, 22 octobre 1991 : un contrat de vente de fond de commerce pour lequel est
stpulée une indemnité de 10% du prix du fond pour une durée de 5 semaines. Le
montant de l’indemnité d’immobilisaton ne permet pas au bénéfciaire de conserver
une liberté.
→ Cet arrêt a permis d’éclaircir le régime de cete indemnité : c’est un prix déterminé au
moment de cet arrêt, mais plus juste après. Mais ceci permet d’écarter la qualifcaton de
clause pénale, qui défnit à l’avance pour les partes à un contrat la possibilité de prévoir la
somme que l’une d’elle devra en cas d’inexécuton de ses obligatons. Elle suit un régime
très partculier organisé à l’art 1152.2 CC qui dispose que le juge peut d’ofce modérer ou
augmenter la clause pénale si celle-ci est manifestement excessive ou dérisoire. On écarte
donc le pouvoir modérateur du juge si on qualife cete indemnité de prix.
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Il ouvre la porte aux dessous de table. Il consiste à fxer un prix fort dans la promesse unilatérale,
laquelle n’est pas en principe accessible au fsc, puis à conclure par acte authentque la vente à un prix
netement moins élevé. On est donc taxé que sur ce prix. La loi de 1963 introduit donc un formalisme fscal.
Mais le fsc a ainsi soulevé un contenteux considérable.
Il introduit l’art 1840A du CGI, réintroduit à l’art 1589-2CC. Ce texte impose à peine de nullité de la
promesse l’enregistrement de cet acte dès lors qu’il est passé sous seing privé et qu’il a pour objet la vente d’un
immeuble, celle d’un fonds de commerce ou de certains droits sociaux.
L’enregistrement est requis dans un délai de 10 jours suivants la conclusion de la promesse. Mais cet
artcle est un outl pour l’expression de la mauvaise foi des prometants et même des bénéfciaires. A défaut
d’enregistrement, le prometant retrouve sa liberté : il peut vendre son bien à un prix autre avec un ters. Pour
l’acquéreur, l’enjeu est de récupérer l’indemnité. Le contenteux est donc considérable sur la queston de savoir
ce qu’est une promesse unilatérale de vente.
La jurisprudence a adopté une interprétaton stricte de cet artcle. Elle reconnaît facilement des
promesses synallagmatques de vente, qui ne sont pas soumises à l’art 1840A du CGI. Plusieurs arrêts sont
étonnants.
→ Civ 3°, 5 juillet 1995, bulletn civil, III, n°175. La cour de cassaton retent ici une promesse
synallagmatque car le bénéfciaire de la promesse s’était engagé à se désister d’une acton qu’il avait engagé
contre les enfants du prometant. L’engagement de se désister d’une acton judiciaire consttue donc
l’obligaton réciproque à l’engagement de vendre dans une promesse synallagmatque de vente.
→ Cete interprétaton s’exprime aussi par l’exclusion de l’art 1840A du CGI dès lors que la promesse
unilatérale de vente s’inscrit dans un ensemble contractuel. Il y a donc réciprocité entre les diférents contrats.
→ Dans un arrêt d’AP, la cour de cassaton s’est prononcée sur une PUV inscrite dans une transacton.
La transacton est un contrat défni à l’art 2044 CC par lequel des partes à un litge déjà porté devant les
tribunaux ou juste né entre elles, y metent fn à l’amiable en se faisant des concessions réciproques. Dans ces
transactons fgurent fréquemment des PUV. La queston est de savoir si ces promesses sont soumises à l’art
1840A du CGI ?
Une commune et une société, suite à une vente immobilière litgieuse, décident de metre fn à un
litge au moyen d’une transacton. La société accepte de signer par acte authentque la constataton de la
caducité de la vente immobilière. La commune s’engage au terme d’une PUV à réserver à la société plusieurs
biens partculiers. Sauf que la commune fait valoir la nullité de la PUV, celle-ci n’ayant pas été enregistrée
conformément à l’art 1840A du CGI. La société intente une acton en justce afn de faire reconnaître que
l’artcle en cause ne s’applique pas. La cour de cassaton fait droit à sa demande dans un arrêt de la troisième
chambre civile du 26 mars 2003. L’artcle ne s’applique pas car la promesse est inclue dans une transacton
comportant des prestatons réciproques. La cour d’appel de renvoi n’est pas de cet avis, et la société se
pourvoit à nouveau devant la cour de cassaton. L’AP se réunit et rend un arrêt le 24 février 2006, par lequel elle
confrme sa positon. Elle considère que « la transacton est une conventon ayant entre les partes autorité de
la chose jugée, stpulant des engagements réciproques et interdépendants, dont la promesse de vente n’est
qu’un élément de sorte que l’art 1840A du CGI est sans applicaton. »
L’interprétaton restrictve ne peut qu’être saluée en l’espèce. L’opportunité des motfs pose cependant
problème, ainsi que la justfcaton. L’arrêt vise les engagements réciproques alors que l’artcle de code vise les
concessions, qui se distnguent des engagements. Considérer que la promesse est un des engagements
réciproques de la transacton, c’est admetre son interdépendance et considérer qu’elle perd son régime dès
lors qu’elle est inscrite dans un contexte partculier. Or le mécanisme de la qualifcaton est le garant de la
garante des droits des partes, de la sécurité juridique et de l’égalité entre justciables.
La possibilité de substtuton dans les contrats de promesse pose aussi problème. Le contrat de PUV
confère un avantage au bénéfciaire, qui peut acheter à un prix déjà déterminé, et souvent intéressant. La
pratque a donc compris l’intérêt d’introduire dans ces contrats une clause de substtuton, qui peut être à ttre
onéreux. Le bénéfciaire peut la vendre.
Cete clause est valable, au ttre de la liberté contractuelle.
Quant à son régime deux questons se sont posées : la substtuton est-elle soumise à enregistrement
par applicaton de l’art 1840A du CGI ? La cour de cassaton a répondu par la négatve. Les agents immobiliers
ont trouvé une soluton pour gagner de l’argent : ils se faisaient consentr par les vendeurs une PUV, puis ils
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monnayaient la substtuton. Le prix était fxé, la PUV était conclue au bénéfce des agents immobiliers, qui
monnayaient la substtuton. Une loi de 1993 interdit aux agents immobiliers de se faire consentr une
promesse unilatérale avec clause de substtuton au bénéfce d’un ters.
La seconde queston est celle de la soumission de cete substtuton à l’art 1690 CC, relatf à la cession
de créance : il exige une formalité de signifcaton. On se demande si la cession de PUV n’est pas une cession de
créance. La substtuton doit donc donner lieu à signifcaton au prometant de la cession. La cour de cassaton a
considéré que la PUV avec clause de substtuton n’est pas soumise au régime de la cession de créance : Civ 3°,
27 novembre 1990.
Elle suppose une manifestaton expresse de volonté. Elle forme défnitvement la vente, le prometant étant
engagé défnitvement.
Mais la cour de cassaton ne retent pas cete analyse dans une hypothèse : c’est le cas dans lequel le
prometant qui s’est engagé à immobiliser les biens pendant une certaine durée, se rétracte avant ce terme,
alors que le bénéfciaire décide de lever l’opton durant le délai qui lui était normalement impart. Dans ce cas la
cour estme que la vente n’est pas formée. Cela résulte d’un arrêt du 15 novembre 1993, JCP 1995, II, n°22866,
note Mazeaud. On ne peut pas contraindre le prometant à la vente pour les motfs suivants : l’obligaton du
prometant n’est qu’une obligaton de faire, et la levée de l’opton postérieure à la rétractaton de la promesse
exclut toute rencontre de volonté réciproque de vendre et d’acquérir. Mais dans ce cas, on a du mal à défnir
l’obligaton de faire du prometant. De plus c’est large de considérer qu’elle ne peut pas donner lieu à une
exécuton forcée. Certes elle se résout en dommages et intérêts en cas d’inexécuton de la part du débiteur,
d’après l’art 1142 CC. Mais la cour de cassaton a restreint l’applicaton de cet artcle, en la limitant aux cas où
l’exécuton engage le débiteur de manière personnelle, liée intmement à la personne. Mais cete soluton reste
constante pour la cour de cassaton.
C’est un contrat qui comporte des engagements réciproques et interdépendants. L’acquéreur ne bénéfcie
pas d’une opton, il est défnitvement engagé dans la vente. C’est aussi le cas du vendeur.
Le code civil pose la queston de la distncton entre cete promesse et la vente. « La promesse de vente
vaut vente lorsqu’il y a consentement réciproque des deux partes sur la chose et sur le prix ». Pourtant, si la
promesse synallagmatque de vente existe c’est qu’elle a un intérêt pratque et juridique. Son utlité vient de
deux causes. D’une part les partes recourent à la PSV car la vente défnitve est impossible au jour de la
promesse. D’autre part, elles y recourent car elles désirent retarder les efets de la vente, et notamment le
transfert de propriété.
1- la conditon
La PSV peut consttuer une vente conditonnelle. C’est le cas lorsque les consentements du vendeur et de
l’acquéreur sont défnitfs et que la vente ne dépend plus d’eux. La conclusion de la vente dépend d’un ters ou
d’un événement étranger. C’est le cas en cas d’autorisaton administratve par exemple.
2- le terme
La PSV correspond parfois à une vente assorte d’un terme. C’est le cas lorsque le transfert de propriété est
repoussé par les partes à une date ultérieure. Par suite, la PSV ne pose pas de problème spécifque : il suft de
faire une applicaton de la théorie générale des obligatons.
Mais la qualifcaton de la PSV pose problème en cas de PUV croisée. Un acte content deux PUV croisées.
Une parte promet de vendre, en accordant une opton à l’autre, et l’autre promet d’acheter en accordant une
opton à son cocontractant. Il y a deux possibilités :
erreur dans la rédacton de l’acte.
Souhait des partes qui leur permet de se donner un délai de réfexion, par l’intermédiaire de
l’opton. Le contrat de vente n’est pas conclu, mais à la première levée d’opton de l’un ou de
l’autre, il est formé.
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Mais se pose un problème de qualifcaton. Il a un enjeu considérable au regard du régime de la PUV. La
cour de cassaton a posé une soluton, retenue d’abord le 16 janvier 1990 par la chambre commerciale. Elle a
retenu que ces promesses croisées de vente et d’achat emportaient promesse synallagmatque de vente à
deux conditons : elles doivent porter sur le même objet, et elles doivent stpulées dans les mêmes termes. On
doit rechercher l’intenton des partes.
La soluton vient d’être entérinée par une décision de la chambre commerciale du 22 novembre 2005. Il
soulève plusieurs problèmes : la soluton est donnée en terme abstraits. Moyennant les deux conditons
reprises dans l’arrêt de 1990, la double promesse consttue une PSV. Mais la cour de cassaton ne permet pas
d’examiner la volonté des partes. Les juges du fond n’ont pas cete marge de manœuvre.
Le pacte de préférence est un avant-contrat qui ne concerne pas que les contrats de vente mais qui y
trouve une utlité importante. C’est une conventon conclue entre le propriétaire d’un bien et un bénéfciaire
aux termes de laquelle le propriétaire s’engage s’il vend son bien à la proposer par priorité au bénéfciaire du
pacte. Il peut ainsi faire jouer son droit et acquérir le bien dès lors qu’il en ofre le même prix que celui proposé
par les ters acquéreurs. Il n’est pas organisé par le code civil, il pose donc deux difcultés : sa nature et son
régime.
Le code civil n’envisage pas la noton. La queston s’est posée de sa nature, sui generis ou non. L’idée a
été soulevée de rapprocher le pacte de préférence de la PUV. On trouve plusieurs éléments : seul le
propriétaire s’engage à quelque chose, c’est un contrat préparatoire à la vente.
L’enjeu de la qualifcaton est important. Dès lors que le pacte est assimilé à une PUV, il suivra son
régime. Ses conditons de validité devraient être celles de la PUV, avec le problème de l’enregistrement.
Selon certains auteurs, le pacte a bien une nature sui generis, distncte de la PUV.
Dans l’acte de préférence, le propriétaire ne propose pas directement son bien au propriétaire. Il s’y
engage s’il décide de le vendre. Selon certains auteurs, il n’engage pas le propriétaire dans le terme d’une
vente.
C’est un contrat qui a en principe force obligatoire. Le propriétaire est engagé, il est tenu de proposer
son bien au bénéfciaire du pacte lorsqu’il décide de vendre. Si le bénéfciaire n’est pas intéressé le
propriétaire retrouve sa liberté et la possibilité de vendre à un ters.
Le problème du régime se rencontre si le propriétaire n’honore pas son pacte : il vend le bien à un ters
sans le proposer au bénéfciaire au préalable.
Le bénéfciaire n’ayant pas de droit réel sur le bien, il ne peut exercer une acton en revendicaton, ce
qui sera le cas en cas de PSV. Par plusieurs décisions, dont un arrêt de la première chambre civile du 4 mars
1957, ou de la chambre commerciale du 7 mars 1989, la cour de cassaton a retenu que le non respect du pacte
de préférence ne pouvait être sanctonné que par l’allocaton de dommages et intérêts. Cete soluton est
fondée sur une analyse de l’objet de l’obligaton du propriétaire, qui ne s’engage qu’à une obligaton de faire.
Elle vise l’art 1142CC qui retent que l’exécuton forcée de l’obligaton de faire ne se résout qu’en dommages et
intérêts.
La seule aténuaton apportée au principe réside dans l’hypothèse où serait constatée une collusion
frauduleuse entre les partes à la vente.
Cete analyse a été critquée : analyse trop stricte de l’art 1142, les obligatons de faire peuvent être
soumises à une exécuton forcée.
La cour de cassaton a opéré un revirement par un arrêt de chambre mixte du 26 mai 2006 (on dit une
chambre mixte). Les faits trouvent leur source dans un acte de donaton partage conclu en 1957, comportant un
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pacte de préférence. La propriété ainsi transmise est transmise par un nouvel acte de donaton partage en
1985, acte qui réitère la référence au pacte de préférence. Le bénéfciaire de la donaton partage vend le bien
sans respecter le pacte de préférence. En 1992, le bénéfciaire du pacte exerce une acton en justce : il prétend
à sa substtuton dans les droits de l’acquéreur, et à l’allocaton de dommages et intérêts. La CA le déboute.
Elle retent que le pacte de préférence porte sur une obligaton de faire qui ne peut donner lieu qu’à des
dommages et intérêts, puis elle refuse ces dommages et intérêts : il n’est pas démontré que le bénéfciaire du
pacte avait l’intenton de s’en prévaloir au moment de l’acte.
La cour de cassaton rejete ce pourvoi : si le bénéfciaire d’un pacte de préférence est en droit d’exiger
l’annulaton du contrat passé avec un ters en méconnaissance de ces droits et d’obtenir sa substtuton à
l’acquéreur, ce n’est qu’à la conditon que ce ters ait eu connaissance lorsqu’il a contracté de l’existence du
pacte de préférence (1° conditon) et de l’intenton du bénéfciaire de s’en prévaloir (2° conditon).
Pour la première fois la cour de cassaton admet la substtuton du bénéfciaire dans les droits de
l’acquéreur et la possibilité pour le bénéfciaire d’obtenir la nullité de la vente.
Elle subordonne le principe à deux conditons qui relatvisent d’un point de vue pratque la portée de
l’arrêt.
D’un point de vue théorique, l’admission du principe de la substtuton conduit à relancer la queston
sur la nature du pacte. La cour ne vise plus l’artcle 1142, et si elle admet la substtuton, c’est qu’elle considère
que le propriétaire s’est engagé dans la vente à l’égard du bénéfciaire du pacte. On ne lui demande pas à
nouveau son consentement. On rapproche donc le pacte de préférence et la PUV. Mais dans ce cas, la cour de
cassaton se contredit elle-même. En efet en cas d’inexécuton d’une PUV, la cour de cassaton n’oblige pas à
conclure la vente. Le prometant peut donc rétracter sa promesse.
En pratque, les conditons posées par la cour de cassaton laissent à penser qu’il y aura rarement
substtuton. Le bénéfciaire du pacte doit rapporter une preuve qui se situe dans les éléments de connaissance
du ters : c’est une probato diabolica.
Secton 1 : le prix
Qualifer quelque chose de prix permet de préfgurer des caractéristques. Le prix est une somme
d’argent dont le versement peut avoir des modalités diverses : somme d’argent, rente viagère, prix fxe ou
variable selon une clause d’indexaton. Il peut être une somme symbolique. Mais il doit être sérieux. Le prix
symbolique peut être sérieux dès lors que le bien acquis n’a pas grande valeur. C’est le cas en cas de cession de
société percluse de detes.
Un acte prétendument qualifé de vente qui ne comporte pas de prix reste valable en raison de la
liberté contractuelle. Mais l’acte sera requalifé par le juge : l’acte devient une donaton.
I- la déterminabilité du prix
Cete exigence est posée à l’art 1591 CC. Il dispose que le prix de la vente doit être déterminé et
désigné par les partes. Cete soluton est donc acquise, cependant elle a posé des questons.
La première queston a été celle de son domaine. Il y a eu une évoluton jurisprudentelle pour les
contrats de distributon.
La deuxième queston est celle de la mise en œuvre de cete exigence.
L’art 1591 CC vise un prix déterminé, mais la cour de cassaton tend à n’exiger qu’un prix
déterminable.
1- l’énoncé du principe
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Le caractère sufsant de la déterminabilité du prix a été posé par un arrêt de la chambre des requêtes
de la cour de cassaton du 7 janvier 1925. Ceci signife que le prix ne doit pas forcément être fxé défnitvement
au jour de la conclusion de la vente. Son montant peut être déterminé ultérieurement, dès lors que ça
n’implique pas un nouvel accord des partes.
Ce système procède de la stpulaton d’une clause dans le contrat qui renvoie à des modalités de
calcul objectves. Si en revanche ces modalités de calcul impliquent un nouvel accord des partes, la vente n’est
pas considérée comme conclue. Cete exigence a été posée pour protéger l’acquéreur.
Cependant le domaine de ce principe a posé des difcultés.
L’exigence de déterminabilité du prix a posé des difcultés au regard de certains accords, qui sans
consttuer eux-mêmes des ventes, encadrent la conclusion de ventes futures entre les partes. Ce sont des
contrats-cadres, ou des contrats de distributon. Il s’agit de contrats dans lesquels des partes s’accordent une
exclusivité (fournisseur et distributeur). Ce contrat oblige les partes à conclure des ventes futures.
Le fait qu’ils s’inscrivent dans la durée rend mal aisée la fxaton d’un prix pour chacune des ventes
ensuite conclues entre les partes.
La cour de cassaton pendant longtemps, assimilant les contrats cadres à des ventes, les a soumis à la
déterminaton des prix. Les partes, dès le contrat cadre devaient prévoir à prix fxe ou déterminable pour le
prix des ventes futures. A défaut, le contrat était nul.
Or cete conditon était impossible à remplir. Toute clause se référant au tarif du fournisseur est
considérée comme nulle. Donc chaque parte pouvait sortr du contrat à sa guise en arguant la nullité du
contrat cadre. Mais la nullité est rétroactve. Donc toutes les ventes conclues depuis l’origine sont remises en
cause.
Ex : afaire des pompistes. Les contrats comportaient des clauses accessoires au départ
Dans les années 1970s, la cour de cassaton fonde la nullité du contrat cadre sur le fondement de la
vente. Ceci donne lieu à un déchainement doctrinal. La cour de cassaton conserve sa positon mais change de
fondement et donne l’art 1129CC comme nouveau fondement, sensible au fait que le contrat cadre n’est pas
un contrat de vente. Puis les conséquences pratques posent problème, donc on assiste à une nouvelle
évoluton.
L’arrêt de la chambre commerciale du 22 janvier 1991 efectue une distncton entre deux types de
contrats, ceux portant sur une obligaton de donner et ceux portant sur une obligaton de faire. Ces derniers ne
sont pas soumis à la conditon de déterminaton du prix. Ceci se justfe encore par la possibilité d’écarter le
droit de la vente. Mais dès lors qu’on se fonde sur le droit commun des contrats, la soluton n’a plus de sens.
Puis 4 arrêts de l’AP du 1° décembre 1995 abandonnent l’exigence de déterminaton du prix dans les
contrats cadres. Non seulement elle afrme que cete exigence ne s’applique plus dans les contrats cadres, mais
elle retent aussi de façon plus générale que l’artcle 1129CC n’est plus applicable à la déterminaton du prix.
Les partes sont donc libres de ne pas se référer au prix lors de la conclusion du contrat cadre. Elles
peuvent aussi s’y référer mais en précisant que ce prix sera fxé unilatéralement par l’une d’elle. Mais
l’assemblée plénière précise que l’abus dans la déterminaton unilatéral du prix conduit à la résoluton du
contrat ou à l’allocaton de dommages et intérêts.
Mais il faut déterminer ce qu’est un abus. La cour de cassaton l’a fait de manière casuistque. Le seul
caractère excessif du prix ne consttue pas un abus.
Certains arrêts retennent la qualifcaton de l’abus : Com, 15 janvier 2002 : l’abus est qualifé dans le
comportement du cocontractant qui fxe le prix. En l’espèce, il fxait des prix qui ne permetaient pas à son
partenaire de faire perdurer son actvité.
Cete jurisprudence relance la queston de savoir quel est le domaine d’applicaton de l’ art 1591CC.
Dans la vente, le prix doit-il encore être déterminé ou déterminable ? Cete queston a une légitmité pour
deux raisons : l’artcle 1591 CC pourrait faire parte des dispositons spéciales qui ne font que rappeler le droit
commun des obligatons. Le contexte internatonal notamment dans les droits anglo-américains penche aussi
en ce sens, la déterminaton du prix n’étant pas une conditon de validité des contrats de vente.
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Ceci est révélé par un travail fait pas un groupe d’auteurs européens, à l’initatve de M. Landö, qui
publie un opus sur les principes européens du droit des contrats. La soluton retenue est beaucoup plus souple
que la soluton française.
Ce groupe de travail a mis en évidence des notons naturelles, il a cherché à révéler les grands
principes du droit des contrats. Mais ces principes ne sont pas du droit positf. Mais ils ont une valeur
supérieure à l’avant-projet Catala. En efet, en matère de contrat internatonal, les partes ont une liberté car ils
peuvent le soumetre expressément à ces principes.
Mais la jurisprudence de 1995 n’a pas eu d’incidence sur le régime du contrat de vente, l’art 1591
s’applique.
Il faut se référer à des critères objectfs. Deux moyens sont apparus en pratque.
Cete technique est organisée par le codifcateur. L’art 1592 précise que le prix peut cependant être
laissé à l’arbitrage d’un ters ; si le ters ne veut ou ne peut faire l’estmaton il n’y a point vente.
La désignaton du ters peut poser problème. Il peut être expressément identfé par les partes mais il
peut aussi être désigné ultérieurement dès lors que le mode de sa désignaton est prévu.
Si la désignaton ne fonctonne pas, le contrat est nul. L’une des partes ne peut pas demander au juge
de déterminer le prix. Ceci distngue le contrat de vente du contrat d’entreprise.
Les partes peuvent désigner un ters, souvent expert (comptable). Cete désignaton a posé des
problèmes dans le domaine des contrats de cession de droits sociaux. Ceci peut donner lieu à une cession de
contrôle de la société. L’exigence de déterminaton du prix est délicate à metre en œuvre. Les droits sociaux
ont une valeur évolutve par nature. Fréquemment le contrat de vente n’opère pas transfert immédiat des
droits sociaux. Donc les partes ne peuvent fxer la valeur des droits sociaux défnitvement au jour de leur
accord. Une clause type est celle qui fait référence à la valeur qu’un expert atribuera à ces droits ou à
l’entreprise au moment du transfert de propriété.
Par une décision du 10 mars 1998, la chambre commerciale de la cour de cassaton a approuvé cete
technique. Il y a désignaton d’un ters qui permet la déterminaton objectve de la valeur du bien. La rédacton
de la clause est importante. 14 décembre 1999, Com : les partes ne visent le mode de fxaton du prix qu’en se
référant à la valeur de l’entreprise. La clause est sanctonnée par la cour au motf qu’elle implique
nécessairement un nouvel accord des partes sur le montant du prix.
La soluton est moins facilement consacrée par la cour de cassaton. La référence au tarif du vendeur
n’est que très strictement acceptée par la cour de cassaton. Ce n’est pas une donnée objectve qui permet de
déterminer le prix. Cete référence est valable si elle renvoie au tarif du vendeur au jour de la conclusion du
contrat, mais pas si elle renvoie au tarif du vendeur à venir.
La queston pose problème si la référence est maquillée. C’est le cas si les partes font référence à un
cours ou au marché. En principe, cete technique est valable. Elle est cependant sanctonnée par la cour
lorsque l’une des deux partes a une infuence importante sur la déterminaton de ce cours.
La soluton est traditonnelle de dire que dans le contrat de vente, le prix doit être réel, sérieux et juste.
Pourtant ça ne correspond pas à la réalité du droit positf. Ces exigences existent bien mais seulement dans
certains contrats de vente.
A- un prix sérieux
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La noton de caractère sérieux du prix, qui englobe celle du caractère réel, renvoie à deux
considératons. Elle signife que ce prix ne doit pas être fctf. Le prix présenté au ters ne doit pas être diférent
du prix réellement payé. Mais ce n’est pas une conditon de validité issue du droit commun de la vente.
Les seuls contrats où cete fctvité est sanctonnée sont ceux dans lesquels le fsc taxe la plus-value :
les contrats de vente d’immeuble, ou de meubles partculiers comme les fonds de commerce ou les ofces
ministériels.
Le caractère sérieux du prix renvoie aussi à la noton de prix dérisoire. Il est souvent allégué que pour
que la vente soit valable, le prix ne doit pas être dérisoire. Tout dépend de la valeur de la chose. Cete exigence
n’est pas prévue par la loi et est relatve. Elle se situe dans la dépendance de la valeur de la chose.
B- un prix juste
C’est aussi plus dans les esprits que dans la réalité du droit positf. Le prix de la vente doit être un juste
prix. Ceci ne concerne que certains contrats de vente.
Le droit commun de la vente suit le droit commun des contrats. La lésion n’est pas une cause de
nullité du droit commun des contrats : art 1118CC.
On trouve des exceptons à certaines ventes, comme la vente d’immeuble. C’est l’art 1674CC. Les
conditons de la prise en compte de la lésion sont strictes. Si le vendeur a été lésé de plus de 7/12 dans le prix
d’un immeuble, il a le droit de demander la rescision de la vente.
Les conditons de cete lésion sont strictes :
seul le vendeur peut la réclamer
il faut une lésion de plus de 7/12. Cete diférence de prix ne tent pas compte du temps qui
passe.
L’acton est enfermée dans un délai de deux ans, lequel court à compter du jour de la vente.
En cas de lésion, le vendeur peut agir. Un choix s’ofre à l’acquéreur. Il peut demander la rescision de
la vente. Il y a resttuton du bien vendu, et donc resttuton du prix. Mais l’acquéreur peut aussi racheter la
lésion. Il doit fournir un complément de prix. Il doit verser à ttre de complément la diférence minorée d’un
dixième.
La lésion existe aussi en matère de biens meubles. C’est le cas de la cession de droits d’auteurs. Dans
les autres contrats de vente, le caractère juste du prix n’est pas une conditon de validité du contrat.
Secton 2 : la chose
La chose doit être déterminée pour que la vente soit parfaite. Mais ça n’est pas une conditon
sufsante. La loi a prévu d’autres caractéristques, prévues dans le chapitre 3 du code civil, inttulé des choses
qui peuvent être vendues.
Il y a quatre conditons relatves à la chose. Elle doit exister, être appropriée, être dans le commerce, et
être déterminée ou déterminable.
I- l’existence de la chose
La vente peut avoir pour objet une chose présente ou future. Mais la chose ne doit pas être détruite.
A- le défaut de destructon
Si la chose est complètement détruite au jour de la conclusion du contrat, la vente est nulle . La cour
de cassaton fait une interprétaton large de cete noton de chose détruite en totalité. Elle l’applique à la
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destructon matérielle, mais aussi lorsque la chose a perdu son utlité. Chambre des requêtes, 5 février 1906 :
vente d’un lot de beteraves pourries.
Aujourd’hui, cete soluton s’applique à des choses plus techniques. Mais l’utlité considérée doit être
généralisée. C’est une utlité objectve, ou une utlité au moins convenue par les deux partes. La perte
d’utlité au regard de l’usage partculier que l’acquéreur voulait faire de la chose ne remet pas en cause la
validité du contrat.
En cas de perte partelle, second cas envisagée par la loi, l’art 1601 CC ouvre une opton à l’acquéreur,
qui peut renoncer à la vente ou la poursuivre en obtenant une réducton proportonnelle du prix.
Initalement, les juges laissaient le libre choix entre les deux propositons. Mais aujourd’hui, les juges semblent
exercer un contrôle, et imposer une réfacton du contrat : réducton du prix mais survivance du contrat.
Le contrat de vente aléatoire n’est pas prévu par la loi, mais est possible du fait de la liberté
contractuelle. Il s’engage dans une vente en acceptant le risque de destructon de la chose. Le contrat devient
aléatoire, il n’est plus commutatf.
Elle découle de l’applicaton du droit commun des obligatons : art 1130CC. Elle n’est pas expressément
organisée par la loi.
Il existe des dispositons sous-spéciales qui organisent la vente de choses futures, comme l’artcle
1601-1CC organise la vente d’immeuble à construire.
Elle pose plusieurs difcultés : la distncton entre la vente et le contrat d’entreprise. Dans la vente de
chose future, le vendeur s’engage à fabriquer la chose. Puis se pose le problème du caractère commutatf ou
aléatoire de la vente. Tout dépend de savoir si les partes ont conçus la chose future comme certaine (contrat
commutatf), ou comme éventuelle (contrat aléatoire). En cas de dispariton de la chose, le premier sera nul,
mais le second restera valable.
Le vendeur doit avoir un droit de propriété sur la chose vendue. L’une est relatve à l’existence du droit
de propriété, l’autre à la ttularité de ce droit.
Toutes les choses ne sont pas appropriables. Les éléments ne peuvent faire l’objet de ce type de droit.
Mais la transmission d’informaton ou de savoir faire a réactualisé cete noton. Sont-ce des biens
appropriables ?
Ce sont des valeurs indéniables d’un point de vue économique. Mais ce n’est qu’une compilaton
d’idées. Or tout le monde peut les avoir. C’est pour cela qu’il ne peut pas y avoir de vente. On refuse donc la
vente de savoir faire.
Mais de nombreux contrats en matère commerciale sont basés sur cete transmission. Deux
solutons se présentent en droit positf pour transmetre la propriété de ces choses.
La prestaton de savoir faire est une prestaton d’enseignement, c’est donc un contrat d’entreprise si la
prestaton existe vraiment. Un contrat de transmission de savoir faire ne comporte pas toujours cete
prestaton.
On peut aussi dire que ces contrats sont valables en raison de la liberté contractuelle : ce sont des
contrats sui generis.
Mais ces contrats ne sont pas des ventes.
Aux termes de l’art 1599CC, la vente de la chose d’autrui est nulle. Cete conditon tombe sous le sens.
Pourtant, son domaine d’applicaton et ses sanctons sont problématques.
1- domaine d’applicaton
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Il est difcile de distnguer ce qu’est véritablement une chose d’autrui dans certains cas. Il faut aussi
distnguer cete hypothèse de celle de la propriété collectve et des démembrements des droits de propriété.
L a propriété collectve renvoie à la noton de vente d’un bien indivis. Il peut être vendu par un
indivisaire. Dans ce cas, soit la totalité du bien est vendue et il faut l’accord de tous les indivisaires, soit
l’indivisaire ne vend que sa quote-part indivise et son seul consentement suft. Cete faculté de vente de la
quote-part nécessite de protéger les co-indivisaires restant. Ils ont un droit de préempton qui leur permet par
priorité d’acquérir la quote-part vendue. Ils peuvent obtenir ce droit en justce, avec une faculté de
substtuton.
La vente peut porter sur un bien qui fait l’objet d’un démembrement de propriétaire. Le plus souvent,
on a un usufruiter et un nu-propriétaire (abusus). Il peut être organisé volontairement ou suite à une
succession. La queston qui se pose est de savoir dans quel cadre intervient la vente. C’est un droit de disposer,
qui relève en principe de l’abusus. Le nu-propriétaire peut procéder à la vente, et ne cédera que sa nue-
propriété. Quant à l’usufruiter, sa situaton n’est pas si défavorable. Il a la possibilité de céder son usufruit.
Mais celui-ci est temporaire par principe. Donc l’usufruiter cède ses droits autant que dure l’usufruit.
Pour la vente totale d’un bien faisant l’objet d’un démembrement du droit de propriété, il faut un
contrat qui lie l’acquéreur d’une part, et l’usufruiter et le nu-propriétaire d’autre part.
2- sancton
Lorsque le bien vendu appartent en totalité à une autre personne que le vendeur, des sanctons sont
envisageables. Il convient de tenir compte des termes de la vente. Il est possible de vendre valablement la
chose d’autrui et en son nom propre dès lors que le contrat est assort d’une conditon suspensive
partculière. Cete conditon doit stpuler que le contrat est subordonné à l’acquisiton par le vendeur de la
chose vendue. La cour de cassaton considère que cete conditon ne tombe pas sous le coup de l’ art 1174 CC,
estmant que la conditon n’est pas purement potestatve dans la mesure où sa réalisaton dépend également
de la volonté du ters propriétaire.
Si aucune conditon de la sorte n’est stpulée au contrat, la vente est nulle selon l’art 1599CC. Mais la
cour de cassaton nuance le principe par des modalités strictes. La nullité ne peut être demandée que par
l’acquéreur. C’est une simple nullité relatve, enfermée dans le délai de 5 ans.
Par un arrêt du 8 décembre 1999, la troisième chambre civile de la cour de cassaton a considéré que le
ters propriétaire était irrecevable à arguer de cete nullité. Cete soluton a été réafrmée par un arrêt de la
cour de cassaton de la 3° chambre civile du 9 mars 2005.
Cete soluton peut s’expliquer par l’efet relatf des contrats, qui n’oblige que les partes.
Le ters propriétaire peut exercer une acton en revendicaton pour luter contre cete impossibilité.
Mais elle peut buter sur une difculté en matère de meuble : l’art 2279CC en fait de meubles, la possession
vaut ttre. L’acquéreur s’il ne dispose pas d’un droit de propriété en vertu de la vente peut revendiquer un droit
sur le bien, par le biais de cete possession.
C’est une conditon prévue à l’art 1598CC, qui dispose que tout ce qui est dans le commerce peut être
vendu, lorsque des lois partculières n’en ont pas prohibé l’aliénaton. Cete dispositon fait écho à l’art 1128CC :
il n’y a que les choses qui sont dans le commerce qui peuvent être l’objet de conventons.
Les choses hors du commerce sont déterminées par deux critères : les choses illicites, les choses
atachées à la personne.
Les choses illicites sont en général des choses dangereuses : des choses vénéneuses, des choses qui ne
répondent pas à une obligaton générale de sécurité. On a des dispositons précises qui disposent que telle ou
telle chose est interdite : drogues, matériaux plus courant comme l’amiante, jouets dangereux…
Ceci est une acceptaton traditonnelle.
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Mais il faut aussi y adjoindre une acceptaton plus récente, retenue il y a peu par la cour de cassaton.
La chambre commerciale, le 24 septembre 2003 (D. 2003, JP, p2683), a précisé ceci. Une société a acquis un lot
de vêtements contrefaits. Elle assigne le vendeur en nullité de la vente. Les juges d’appel la déboutent de sa
demande en considérant que la preuve d’un vice de consentement n’était pas établie. La cour de cassaton
censure cete décision sous les visas des artcles 1128 et 1598CC : la seule considératon que la chose soit
contrefaite entraine la nullité du contrat.
La cour classe les contrefaçons dans les choses illicites. Ceci consttue
un levier important pour la sancton de ces ventes. L’enjeu pratque de cete soluton est très important.
Le corps humain dans son intégralité n’est pas une chose. C’est une personne. Mais l’interrogaton est
relancée pour les produits du corps humain : le sang et les organes.
Les considérer comme hors du commerce conduit à interdire tout contrat sur ces produits et éléments
du corps humain. Or la donaton est un contrat. Donc tous les dons de sang et d’organe sont interdits.
La loi a posé une dispositon spéciale : l’art 16-5CC précise que ces choses sont dans le commerce mais
elles ne peuvent faire l’objet que de contrats à ttre gratuit. Ils sont dans le commerce mais ils ne font pas l’objet
d’une vente.
Le droit de la vente a connu plus de remous pour les choses juridiquement atachées à la personne. La
principale difculté a porté sur la cession de la clientèle civile. Elle est désignée ainsi par oppositon à la
clientèle commerciale. Ce sont les patents ou les clients des membres des professions libérales.
Pendant longtemps la cour de cassaton a considéré que c’était une chose hors du commerce, par
oppositon à la clientèle commerciale (élément du fonds de commerce). On considère que la clientèle
commerciale est atachée à des données objectves : proximité du commerce, qualité des produits. Au contraire
la clientèle civile est atachée à la personne du professionnel. Mais elle représente une valeur d’un point de
vue économique. Donc en pratque, les pratciens avaient organisés d’autres moyens pour céder la clientèle. Le
plus souvent le moyen utlisé était la vente d’un droit de présentaton à un médecin entrant. Mais tout dépend
de la qualité de l’acte.
La cour de cassaton, face à ces difcultés pratques, a opéré un revirement par un arrêt de la première
chambre civile du 7 novembre 2000 (JCP 2001, II, n°10452, note Viala). La cour de cassaton reconnaît
juridiquement la clientèle civile, l’intègre dans les choses qui sont dans le commerce, et reconnaît du même
coup la noton de fonds libéral.
Elle procède d’une interprétaton large de l’art 1583CC. Mais elle résulte de toute façon d’une
applicaton de l’art 1129CC : la chose doit être au moins déterminée quant à son espèce, sa quotté cependant
peut être incertaine pourvu qu’elle puisse être déterminable.
On distngue les corps certains et les choses de genre. Les corps certains sont des choses uniques. Une
simple référence à une caractéristque de ce bien suft à le rendre déterminable. Si la chose est une chose de
genre, la noton de déterminaton prend toute sa mesure.
Mais la cour de cassaton applique l’artcle 1129 CC aux meubles, qui sont des choses de genre. Mais
dans un arrêt, on a appliqué l’artcle à un immeuble.
A- le meuble de genre
Tous les meubles sont fongibles et interchangeables, la vente n’est valable que si l’espèce de la chose
est précisée, ainsi que sa quotté. La qualité de la chose en revanche n’est pas une conditon de validité de la
vente. On fait alors applicaton de l’art 1246CC qui précise qu’à défaut de stpulaton de la qualité d’une chose,
celle délivrée ne devra être ni de la moins bonne, ni de la meilleure.
Traditonnellement les immeubles sont des corps certains. Mais la cour de cassaton a eu à connaître
d’un cas dans lequel elle a considéré que la vente d’un immeuble correspondait à la vente d’une chose de
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genre. Civ 3°, 17 juillet 1968 : en l’espèce la vente d’un terrain avait été conclue par les partes qui n’avaient
précisé que la superfcie vendue, laquelle devait être prélevée dans un terrain plus grand. La cour de cassaton a
reconnu la validité de la vente à l’appui de l’artcle 1129CC. L’espèce était le terrain, la quotté est la superfcie.
Cete assimilaton peut être critquée : les parcelles d’un même terrain ne sont pas fongibles, sauf si la
fongibilité dépend de la volonté des partes, et n’est pas une noton objectve (professeur Carbonier).
La vente emporte deux séries d’efet. La première résulte du fait que c’est un contrat synallagmatque.
Elle crée donc des obligatons à la charge de l’acquéreur et du vendeur. Les obligatons de l’acquéreur ne
posent pas de problème : c’est une obligaton de payer. Mais il y a aussi des obligatons secondaires : obligaton
de retrement. Pour les obligatons du vendeur, il y a plus de problème. On a considéré qu’il supportait une
obligaton de donner, qui a pour objet le transfert de propriété de la chose. Cependant, c’est une obligaton
controversée en droit français, et il apparaît que le vendeur ne supporte pas réellement l’obligaton de
transférer la propriété du bien.
Le transfert de propriété ne fait pas l’objet d’une obligaton. Ce serait un efet direct de la vente. On
distngue donc les efets réels du contrat, ratachés à la chose, les obligatons du vendeur et de l’acquéreur.
Ce sont des efets directs qui se manifestent en raison de la conclusion du contrat. Ils n’impliquent
aucune obligaton de la part des partes. Il faut distnguer cete noton de la noton d’efet immédiat.
Les efets réels de la vente sont toujours directs, mais parfois ils peuvent être diférés. Le caractère
immédiat de la vente se ratache à l’organisaton du contrat de vente. Ils résident dans le transfert de propriété
et des risques de perte de la chose.
En droit romain, la vente n’est pas par elle-même translatve de propriété. Le transfert de propriété
s’opérait suite à la remise matérielle de la chose. C’est la tradito. Cete concepton a été écartée par les
codifcateurs dans deux artcles du code. Le premier relève du droit commun des contrats, et pose que le
créancier est propriétaire de la chose encore que la traditon n’est point été faite : art 1138 CC. Cete dispositon
est illustrée à l’art 1583 CC en matère de vente. La vente est parfaite et la propriété acquise de droit à
l’acheteur dès qu’on est convenu de la chose et du prix, quoi que la chose n’est pas encore été livrée ni le prix
payé. Donc le seul échange des consentements opère le transfert de propriété.
Pourtant une parte des auteurs a tenté de remetre en cause cete concepton, en faisant porter sur le
vendeur une obligaton de donner. L’idée est que la vente emporte nécessairement obligaton de donner, et
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que le transfert de propriété intègre l’objet d’une obligaton du vendeur. Si l’on raisonne ainsi, il faut un
nouveau comportement du vendeur : l’exécuton de l’obligaton de transférer la propriété. Mais cete
obligaton a été remise en cause par la doctrine. Muriel Fabre-Magnant, le mythe de l’obligaton de donner, RTD
Civ 1996, p85
Pour ces auteurs, deux raisons s’opposent à la caractérisaton dans la vente d’une obligaton de donner.
La première réside dans l’immédiateté du transfert de propriété. C’est posé par le code. Cela rend très
théorique l’exécuton d’une véritable obligaton de donner par le vendeur. Elle s’exécuterait en un trait de
temps. Reste la queston des ventes dans lesquelles il n’y a pas d’immédiateté du transfert de propriété.
L’obligaton de donner a un rôle à jouer car elle réapparait. Mais ce raisonnement s’oppose à un second
élément. L’automatcité avec laquelle la prétendue obligaton se trouve exécutée est en efet fondamentale. En
efet, même si le transfert de propriété est diféré, celui-ci est automatque. Il n’implique aucun comportement
nouveau de la part du vendeur. C’est pourquoi ce raisonnement a emporté la convicton de la plus large
majorité de la doctrine.
Le transfert de propriété immédiat et direct ne peut concerner que les corps certains. Une
individualisaton est nécessaire pour les choses de genre. Il faut déterminer sur quel élément l’acquéreur
bénéfcie de son droit de propriété. Mais la volonté des partes peut diférer le transfert de propriété pour les
corps certains, par une clause de réserve de propriété.
Elles sont interchangeables les unes des autres. Donc le transfert de propriété ne peut intervenir tant
que les partes ignorent laquelle précisément de ces choses a fait l’objet du transfert. Il faut déterminer les
modalités de cete individualisaton.
De façon matérielle, elle procède du comptage, du mesurage d’une chose qui permet de l’isoler.
Sur un plan juridique, il est admis qu’elle procède valablement d’un acte unilatéral du vendeur. Cela
nécessite un nouveau comportement du vendeur, qui a une incidence sur la vente. Cete soluton résulte du fait
que l’on considère qu’en consentant à l’acquisiton d’une chose de genre, l’acquéreur a préalablement accepté
que le vendeur lui transmete n’importe laquelle des choses d’une même espèce. Ceci correspond à l’intenton
fctve créée par la cour de cassaton. Cete soluton n’est pas d’OP. Les partes peuvent organiser une
individualisaton contradictoire ou organisée par un ters. L‘individualisaton donne lieu au transfert de
propriété.
Elle est très pratquée en droit commercial, et elle connaît une actualité sur le plan du droit commun
des obligatons avec la réforme du droit des sûretés du 23 mars 2006 qui a consacré la validité de cete
stpulaton. La clause fait en sorte que le vendeur, tout en livrant la marchandise, en conserve la propriété
jusqu’au complet paiement du prix par l’acquéreur.
Dans le nouveau ttre du code consacré au droit des sûretés, au terme du nouvel artcle 2367 CC, il est
prévu que la propriété d’un bien peut être retenue en garante par l’efet d’une clause de réserve de propriété,
qui suspend l’efet translatf d’un contrat jusqu’au complet paiement de l’obligaton qui en consttue la
contreparte. La queston s’est posée de savoir jusqu’où on allait. Il existe dans les droits anglo-saxons, la fducie,
qui donne lieu à la cession de la propriété à ttre de garante.
La propriété ainsi réservée doit être convenue par écrit.
Il faut noter que le droit commercial et le droit des procédures collectves a pris acte de l’existence en
pratque de ces clauses, qui ont été consacrées par la jurisprudence, au ttre de la liberté contractuelle. Dans le
code de commerce, il était aussi prévu que la clause devait être convenue par écrit.
On s’est demandé si cete clause devait être expresse, éventuellement manuscrite ou électronique, et
stpulée dans l’instrumentum. La difculté réside dans les clauses de réserves de propriété stpulée dans les
conditons générales de vente. La loi précise en droit commercial que ces clauses inscrites dans les conditons
générales de vente sont opposables à l’acheteur, à moins que les partes ne les aient écartées par écrit.
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Le problème de l’opposabilité au ters se pose aussi.
Pendant longtemps, bien que consacrée entre les partes, la clause de réserve de propriété voyait en
matère commerciale son efcacité réduite à néant. La cour considérait que ces clauses étaient inopposables
aux ters. Notamment, en cas de faillite de l’acheteur, la clause n’était pas opposable aux créanciers.
La loi est intervenue pour rendre cete clause opposable au ters, et notamment aux créanciers du
débiteur. Donc le vendeur impayé et bénéfciaire d’une clause de réserve de propriété trouve un moyen
efcace de se garantr. Il peut faire jouer son droit de propriété en revendiquant le bien objet de la vente.
Certaines conditons subsistent toutefois. Elles sont énoncée à l’art 2370 CC. Pour être exercée, le bien
objet de la clause doit exister encore en nature au jour de l’acton. Cela signife que le vendeur rencontrera des
difcultés en cas de vente du bien à un sous-acquéreur. Il pourra se protéger au moyen de l’artcle 2279 CC.
Reste que cete hypothèse a été aménagée par le législateur. Il est prévu à l’artcle 2372CC que le droit de
propriété se reporte sur la créance du débiteur à l’égard du sous-acquéreur, ou bien sur l’indemnité
d’assurance subrogée au bien. Si l’acquéreur a conservé la chose dans son patrimoine, l’acton n’est possible
que si le bien vendu n’a pas été incorporé à un autre bien : art 2370 CC. Cete incorporaton empêche que les
deux biens soient séparés sans subir de dommages.
Mais cete clause pose une autre queston, qui se joint au second efet réel de la vente, qui consiste à
savoir dans quelle mesure s’opère le transfert des risques.
En droit français interne, le transfert des risques suit par principe le transfert de propriété. Cela résulte
de l’art 1138.1 CC. Il en découle que la perte de la chose par cas fortuit pèse sur le propriétaire : avant
l’échange du consentement, sur le vendeur, après l’échange du consentement, sur l’acquéreur.
On suit en l’espèce le droit romain. C’est l’adage res perit domino. Il existe des limites qui consacrent
une dissociaton entre les risques et la propriété.
Dès lors que les risques pèsent sur le propriétaire, on distngue deux choses. Lorsque le contrat est
immédiatement translatf de propriété, les risques passent à l’acheteur par le seul échange des
consentements, peu importe l’absence de paiement ou de livraison. Si la chose périt, l’acheteur doit en payer
le prix.
Lorsque la vente n’est pas immédiatement translatve de propriété, la soluton de principe reste la même.
Les risques demeurent ainsi sur le vendeur, en cas de vente de choses de genre, jusqu’au moment de
l’individualisaton. De même en cas de clauses de réserves de propriété, le vendeur conserve ces risques, en
dépit de la possession de la chose par l’acquéreur.
Cete soluton a été critquée. Elle apparaît pourtant logique dans la mesure où la chose est perdue par cas
fortuit. Il n’y a pas de faute dans la conservaton de la chose. L’acquéreur, non encore propriétaire, a une
obligaton de conservaton. Si la chose périt du fait de la violaton de cete obligaton, on ne parle plus de risque
mais de responsabilité.
Une première limite à l’applicaton de cet adage a été organisée par la loi. Elle joue sur la vigilance de
l’acquéreur, et vise à protéger l’acquéreur dans l’hypothèse ou le vendeur tarde à livrer la chose. L’acquéreur
peut metre en demeure le vendeur d’efectuer la livraison, et cete mise en demeure transfère à nouveau les
risques de perte de la chose sur le vendeur. Ceci est précisé à l’art 1138.2 CC
L’autre limite découle de la liberté contractuelle. Les partes peuvent décider d’un commun accord de
dissocier les risques de la propriété. C’est souvent le cas en matère commerciale s’il y a un transport.
Mais cete dissociaton est retenue à ttre de principe en matère de vente internatonale de marchandises.
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L’artcle 1603 CC précise que le vendeur a deux obligatons principales : il délivre et il garantt la chose
vendue. On introduit ainsi l’obligaton principale du vendeur : celle de délivrance défnie à l’art 1604 comme le
transport de la chose vendue en la puissance et la possession de l’acheteur. L’obligaton de garante comprend
une garante contre l’évicton de l’acheteur, et contre les vices cachés de la chose.
Parallèlement à ces obligatons principales, il y a des obligatons secondaires :
art 1602 : obligaton d’informaton du vendeur
art 1614 : obligaton de conservaton
La jurisprudence a multplié les obligatons des vendeurs professionnels. On assiste à une
interprétaton extensive des obligatons prévues par le législateur. Il y a donc une multtude de
chevauchement : l’acheteur peut agir au ttre de nombreuses obligatons du vendeur.
Celles-ci sont marquées par l’infuence de la réglementaton européenne. C’est le cas notamment de la
loi sur les produits défectueux. Plus récemment, s’est fait jour une garante dite de conformité qui résulte de la
transpositon en 2005 d’une directve de 1999.
On n’envisage que les garantes qui ont reçues une consécraton légale.
Elle s’exécute par la remise de la chose à l’acquéreur. Elle porte sur la chose elle-même et sur les
accessoires de la chose.
A- la chose convenue
Les artcles 1603 et 1604 CC relèvent d’une règle de bon sens. Elle retent que le vendeur doit livrer la
chose convenue au contrat.
La conformité se comprend tout d’abord sur un plan matériel. La chose est celle qui est décrite au
contrat.
Mais la conformité peut aussi s’entendre sur un plan fonctonnel. Elle vise alors une chose susceptble
de remplir la foncton prévue par le contrat, ou au moins une foncton normale. La jurisprudence a évolué de
l’une à l’autre de ces interprétatons, créant alors une confusion regretable entre les diférentes actons
ouvertes aux acheteurs contre les vendeurs.
1- la conformité matérielle
Elle revient à exiger du vendeur qu’il livre une chose conforme à toutes les spécifcatons quanttatves
ou qualitatves de la chose prévue au contrat.
La bonne exécuton de l’obligaton de délivrance implique que le vendeur livre une chose qui a la
contenance prévue au contrat. Ceci ne pose pas beaucoup de problème en matère mobilière. En matère
immobilière en revanche, les sources de difcultés sont plus nombreuses. Les codifcateurs ont prévus des
mécanismes destnés à sanctonner la délivrance d’une chose dont la contenance n’est pas exactement celle
prévue au contrat.
Tout dépend de savoir si la vente est conclue pour un prix global ou pour un prix proportonnel :
vente conclue pour un prix global : art 1619 CC considère que le prix est immuable. Une nuance
est posée en cas de diférence de plus de 1/20°. Lorsqu’elle est en défaveur de l’acheteur, il a
droit à une diminuton de prix. Si elle est à son bénéfce, il peut soit ofrir un supplément de
prix, soit consentr à la résoluton du contrat.
Vente conclue pour un prix proportonnel. Dans ce cas, toute diférence de contenance
entraine une diférence de prix. Une précision a été apportée dans le cadre de certaines ventes,
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comme la vente de lots de copropriété. Elle découle de la loi Carrez du 18 décembre 1996. Aux
termes de ce texte, l’acte de vente doit mentonner à peine de nullité la superfcie réelle du lot
vendu. En cas de diférence entre la superfcie mentonnée et la superfcie réelle, des sanctons
spécifques ont été prévues. Si la superfcie livrée est supérieure à celle exprimée à l’acte,
l’excédant ne donne lieu à aucun supplément de prix. Si elle est inférieure à celle mentonnée à
l’acte, l’acquéreur a droit à une diminuton du prix proportonnelle si cete diférence dépasse
les 1/20°.
Le bien doit être de qualité conforme aux exigences contractuelles. Dès lors que cete qualité est
prévue dans l’acte de vente, le vendeur commet une inexécuton de son obligaton de délivrance s’il livre une
chose d’une qualité diférente.
La noton de qualité s’entend de façon large. Ainsi, la conformité à des normes techniques intègre la
noton de qualité. Cete noton est importante dans le cadre de la vente sur échantllon. A défaut de précision
de qualité, en principe le vendeur est tenu de livrer une chose de qualité moyenne. Reste que cete exigence
reçoit une excepton en cas de vente de bien d’occasion. Cela résulte de l’ art 1614 CC, qui pose que la chose
doit être livrée dans l’état où elle se trouve au moment de la vente (à savoir le jour de la conclusion du contrat).
Par conséquent, un arrêt de la première chambre civile de la cour de cassaton, du 7 mars 2000, a posé que
pour les objets d’occasion, le vendeur n’est nullement tenu de remetre la chose en état pour la délivrance.
Mais si la noton de conformité pose difculté, c’est en raison de la prise en compte d’une conformité
fonctonnelle de la chose.
2- la conformité fonctonnelle
L a conformité exprime traditonnellement une relaton d’identté entre la chose délivrée et celle
promise dans le contrat. Cependant, des auteurs ont développé une concepton plus large de la conformité qui
prend en compte l’apttude de la chose à remplir l’usage atendu. La délivrance conforme s’entend alors d’une
chose qui peut remplir l’usage auquel elle est destnée. Or précisément, ce défaut dans l’usage de la chose, se
trouve sanctonné par le code au moyen d’une autre noton : celle des vices cachés, qui rend la chose impropre
à l’usage auquel on la destne.
Un chevauchement apparaît alors entre deux actons ; inexécuton d’une obligaton de délivrance et
garante des vices cachées, qui ne répondent pas eu même régime.
La jurisprudence a alors connu une évoluton importante.
Dans un premier temps, l’accepton large de la noton de conformité a reçu un écho favorable en
jurisprudence. Cela s’est traduit par un arrêt Civ 1°, 20 mars 1989, dans lequel la cour retent que l’obligaton de
délivrance ne consiste pas seulement à livrer ce qui a été convenu, mais à metre à la dispositon de l’acquéreur
une chose qui correspond en tout point au but recherché. La cour retent alors un défaut de conformité pour un
appareil qui répondait en tout point à la commande passée par l’acquéreur, mais qui est inadapté pour l’usage
auquel l’acquéreur le destnait. Cete soluton permet à l’acquéreur de se retourner contre le vendeur alors que
l’acton en garante des vices cachés est irrecevable. L’une des grandes diférences entre l’acton pour défaut de
délivrance conforme et la garante des vices cachés est le délai de prescripton. La première est une acton
contractuelle, la seconde est délictuelle. Cete dernière est enfermée dans un bref délai, remplacée par un délai
de 2 ans avec la réforme du droit interne. Plus on entend largement la non-conformité, plus on protège
l’acquéreur.
Cete jurisprudence a été suivie par la chambre commerciale de la cour mais elle était critquée, créant
un chevauchement. La troisième chambre civile s’est donc montrée rétcente à une expansion de l’obligaton de
délivrance. Elle refuse de faire l’amalgame entre obligaton de délivrance conforme et garante des vices cachés.
L’éclaircie est venue d’un revirement opéré par la première chambre civile de la cour de cassaton, au
terme de plusieurs arrêts retenus dans le courant de l’année 1993. A plusieurs reprises, elle relève que le
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défaut de conformité de la chose vendue à sa destnaton normale consttue le vice prévu par les artcles
1641s CC.
La chambre commerciale s’est également rangée à la nouvelle positon de la première chambre civile,
par un arrêt du 26 avril 1994 : JCP 1994, II, n°22356, note Laurent Leveneur
La distncton entre non-conformité et vice caché est bien tranchée à l’heure actuelle. La non-
conformité à l’usage caractérise non pas l’inexécuton d’une obligaton de délivrance, mais un vice. Elle relève
de la garante des vices cachés. La non-conformité au contrat relève quant à elle de l’obligaton de délivrance.
Il faut alors se référer aux spécifcatons convenues par les partes.
Mais il reste une zone litgieuse. Toute difculté n’est pas écartée lorsque le défaut caché résulte du
non respect des spécifcatons contractuelles. Il y a non-conformité car la chose livrée ne vérife pas les
spécifcatons prévues au contrat. A ce ttre, est ouverte l’acton pour inexécuton de l’obligaton de délivrance.
Mais il y a aussi une non-conformité à l’usage normal de la chose, qui ouvre droit à l’acton en garante des vices
cachés.
Ex : absence de compteur électrique dans un immeuble objet d’une vente. L’immeuble dépourvu de
compteur ne correspond pas aux spécifcatons du contrat. Cependant, il est aussi évident que le défaut de
compteur rend l’immeuble impropre à son usage normal, ce qui permet de recourir à l’acton en garante des
vices cachés.
Cete zone s’étend avec la considératon que l’exigence d’une chose conforme porte sur la chose elle-
même et les accessoires de la chose. C’est le cas des papiers administratfs fournit avec la voiture.
B- les accessoires
L’artcle 1615 CC précise que l’obligaton de délivrer la chose comprend tous ses accessoires et tout ce
qui a été destné à son usage perpétuel. Aujourd’hui, la noton d’accessoire est largement entendue. Elle vise les
accessoires matériels et juridiques.
Ils peuvent être innombrables. Ils exposent aujourd’hui à un nouveau risque de chevauchement avec la
garante des vices cachés. Une doctrine majoritaire s’entend pour considérer qu’il y a trois séries d’éléments
dans ces accessoires :
documents administratfs nécessaires à l’utlisaton de la chose, comme la carte grise d’une voiture
droits réels atachés à la chose, droits réels accessoires, comme les servitudes.
Droits et obligatons atachés à la chose vendue. Pour ce type d’événements, il y a deux difcultés. La
queston se pose des contrats transmis avec la chose (efet relatf), et des droits et actons transmis
avec la chose.
Ceci concerne le fonds de commerce, les contrats de bail en cas de cession de l’immeuble loué. Ces
contrats conclus par le vendeur avec des ters sont-ils transmis à l’acquéreur ? En principe, l’efet relatf des
conventons s’oppose à cete transmission. La soluton s’applique entre autre en cas de vente du fonds : les
contrats conclus entre l’ancien propriétaire du fond et les fournisseurs ne sont pas transmis au fournisseur.
Ces cessions peuvent être aménagées de façon conventonnelle, avec le consentement du cédé.
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Mais la loi a parfois organisé expressément la cession de certains contrats pour protéger les ters
cocontractants. C’est le cas lors de la vente d’un immeuble pour lequel a été conclu un contrat de bail. Celui-ci
est transmis de droit. C’est le cas aussi en cas de cession d’entreprise, où les contrats de travail sont transmis.
On qualife ces cessions de contrats de cessions propter rem. Ces transmissions sont courantes
s’agissant non plus des contrats mais de certains droits et actons atachés à la chose.
Aubry et Rau ont mis en évidence l’existence de droits atachés à la chose, car ils sont destnés à
garantr l’usage d’un bien et sa jouissance paisible. On parle alors de droits et d’acton intuitu rei. Sur la base
de cete noton, la jurisprudence constate la transmission de deux grands ensembles de droits et d’actons.
Le premier consiste dans les créances de non concurrence. Lors de l’acquisiton d’un fonds de
commerce ou d’un fonds libéral, se trouve souvent stpulée une clause de non-concurrence. L’ancien
propriétaire s’engage à ne pas faire concurrence au nouveau en s’interdisant toute réinstallaton dans une
même actvité dans un périmètre précis.
Civ 1°, 3 décembre 1996 : la cour a retenu que la créance de non-concurrence consttue une créance
intuitu rei.
Elle se transmet donc propter rem au sous-acquéreur du fonds. Cela signife que le nouveau
propriétaire du fonds peut se prévaloir de l’engagement pris par le propriétaire inital envers le vendeur
intermédiaire.
Mais celui qui en a bénéfcié doit-il lui aussi s’engager avec une clause de non-concurrence dans les
mêmes termes. Y a-t-il cession de dete intuitu rei parallèlement à la cession de créance. Le vendeur
intermédiaire s’engage envers le sous-acquéreur dans les mêmes termes que le vendeur inital. La cour de
cassaton n’a pas retenu cete hypothèse. Com, 1° avril 1997.
Le deuxième ensemble est formé par toutes les créances de délivrance et de garante. Ce sont les
actons que l’acquéreur peut engager à l’encontre du vendeur : acton pour inexécuton de l’obligaton de
délivrance conforme, acton en garante des vices cachés. Elles se transmetent du vendeur intermédiaire au
sous-acquéreur. AP, 6 février 1986.
La queston qui se pose est celle du régime de ces actons. Bien sûr elle est contractuelle. Mais la
difculté résulte dans la stpulaton de certaines clauses limitatves de garantes ou de responsabilité. On a
deux contrats de vente, dans le contrat conclu en dernier on a une clause limitatve de responsabilité et dans le
contrat inital une clause limitatve de garante.
La jurisprudence trace les lignes de la soluton. Le sous-acquéreur exerce une acton, non pas comme
un droit propre mais uniquement au nom du vendeur qui lui a transmise. Civ 1°, 27 janvier 1993 : la soluton a
deux conséquences.
→ Le vendeur inital peut opposer au sous-acquéreur tous les moyens de défense qu’il pouvait opposer à son
propre contractant. On préserve ainsi la prévisibilité du contrat. Les clauses limitatves de responsabilités ou de
garante stpulée au bénéfce du vendeur inital s’applique. Civ 1°, 7 juin 1995.
De même le vendeur peut se prévaloir de modalités partculières d’exercice de l’acton, stpulées dans le
contrat inital. C’est le cas des clauses atributves de compétences en cas de litge.
La cour de cassaton a posé une nuance pour les clauses d’arbitrage internatonal : le sous-acquéreur est
tenu par la clause sauf preuve de l’ignorance raisonnable de celui-ci quant à l’existence de cete clause. Il n’y a
plus d’obligaton propter rem, mais un accord du cocontractant : civ 1° : 6 février 2001
→ Une seconde précision vient d’être apportée par la cour de cassaton : 16 mars 2005, le vendeur inital ne
peut pas opposer au sous acquéreur la clause limitatve de responsabilité introduite dans le contrat
intermédiaire. Le sous acquéreur peut avoir plus de droits contre le vendeur inital que contre son propre
acquéreur.
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La loi prévoit un cortège de sanctons pour condamner l’inexécuton de l’obligaton de délivrance. Mais
outre celle spécifque organisée en cas de diférence de contenance d’un immeuble, elles suivent globalement
le droit commun.
On trouve ainsi l’exécuton forcée et la résoluton du contrat.
1- l’exécuton forcée
La pratque du laisser pour compte est beaucoup utlisée en matère commerciale, et consiste pour
l’acquéreur dans un refus de prendre livraison de la marchandise non-conforme. Il n’y a pas de résoluton du
contrat, mais il y a un moyen de pression.
L’obligaton qui pèse sur le vendeur est certes une obligaton de faire, qui donne par suite lieu à
l’applicaton de l’art 1142 CC. Mais cet argument n’a jamais pesé pour la cour.
On trouve une excepton dans le cas où la vente porte sur un corps certain qui ne possède pas les
caractéristques spécifées au contrat. L’acquéreur se tourne alors vers une autre issue : la résoluton du
contrat.
2- la résoluton du contrat
Ceci permet aux partes en cas d’inexécuton de résoudre unilatéralement le contrat sans recourir au
juge. On évite les frais de justce ou l’appréciaton du juge. Ces clauses sont valables mais envisagées d’un œil
critque par la cour de cassaton, qui exige un accord exprès pour leur validité, et qui subordonne leur efcacité
à une applicaton de bonne foi.
Les partes sont libres d’aménager conventonnellement des clauses jouant sur l’étendue de la
responsabilité du vendeur. Dans certains cas, ces clauses sont extensives de responsabilité : on retent un
défaut de délivrance conforme même en cas de force mprérogat
Les clauses élusives ou limitatves de responsabilités sont plus courantes. Les clauses élusives de
responsabilité ne sont pas valables du fait de l’applicaton de la jurisprudence Chronopost I, du 22 octobre
1996 : le contrat est vidé d’une obligaton essentelle. Les clauses limitatves de responsabilité ne sont valables
qu’entre professionnels. On veut protéger les partculiers. Peu importe en revanche qu’ils appartennent à la
même spécialité ou non. Après tout est queston de mesure.
33
Vendredi 16 février 2007
Elle difère de celle des autres obligatons. Son intensité fait que le débiteur d’une garante ne peut pas
s’exonérer en raison de la force majeure.
Art 1625 CC : la garante que le vendeur doit à l’acquéreur à deux objets : la possession paisible de la
chose vendue, et les défauts cachés de cete chose que l’on appelle aussi les vices rédhibitoires.
On distngue donc deux obligaton : la garante d’évicton et la garante des vices cachés.
I- la garante d’évicton
Elle est organisée aux artcles 1626s CC et elle assure à l’acquéreur la jouissance paisible de la chose
vendue après délivrance de celle-ci.
On doit distnguer l’évicton totale et l’évicton partelle. Il y a évicton totale lorsqu’un acquéreur est
totalement privé de l’usage de la chose. C’est le cas si un ters en revendique la propriété, ou si le vendeur rase
la maison qu’il vient de vendre. Il y a évicton partelle lorsque l’acquéreur subit certains désagréments ou perd
certaines prérogatves sur la chose (servitude sur la chose).
On distngue l’évicton de droit, qui réside dans l’exercice d’un droit (revendicaton de propriété).
L’évicton de fait résulte d’un acte matériel.
On distngue enfn l’évicton du fait personnel de l’évicton du fait d’autrui. La première émane du
vendeur lui-même, par exemple s’il revendique une servitude sur son bien. La seconde découle du
comportement d’une personne autre que le vendeur. Mais la garante est toujours due par le vendeur.
Elle est oferte par le vendeur. Il ne peut pas reprendre d’une main ce qu’il a donné d’une autre. Elle
est très large. C’est le cas s’agissant des diférents troubles garants.
Ceux-ci sont très nombreux. Le vendeur garantt les troubles de fait et les troubles de droit. Le
vendeur doit garante s’il commet des ateintes matérielles qui nuisent à la possession paisible de la chose. La
jurisprudence entend de façon extensive cete noton d’ateinte matérielle.
Tous les agissements délictuels sont garants, mais la jurisprudence considère que le vendeur plus que
d’autres doit respecter la jouissance paisible de la chose par l’acquéreur. Ainsi, le vendeur doit garante s’il est
resté propriétaire d’une parcelle de terrain à coté de celle vendue et qu’il y construit un immeuble privant
l’acquéreur d’une vue sur mer ou du soleil, ce qui est pourtant légal.
Le vendeur garantt aussi contre les troubles de droit : il ne doit pas exercer d’acton juridique qui
contreviendrait à la jouissance paisible de la chose par l’acquéreur. Après la vente, il est trop tard, et le vendeur
doit garante si postérieurement à la délivrance, il revendique une servitude sur le bien vendu.
2- le régime de la garante
Le régime de la garante du fait personnel est partculièrement sévère pour deux raisons : elle est
imprescriptble. L’excepton de garante est perpétuelle. L’acheteur peut donc la metre en œuvre après un délai
de 30 ans.
Cete garante est transmissible passivement. Au décès du vendeur, la garante d’évicton du fait
personnel est due par les hériters. On a donc deux partcularités qui sont spéciales par rapport à la garante
d’évicton du fait d’autrui, et du droit civil en général.
Le vendeur est aussi tenu de garantr l’acheteur contre les troubles émanant de ters. Mais il y a une
grande diférence dans les troubles garants et dans le régime de la garante.
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La garante d’évicton du fait d’un ters implique la réunion cumulatve de trois conditons.
Le trouble doit consister exclusivement dans un trouble de droit. C’est une soluton de bon sens. On
ne garantt pas les troubles de fait. Le vendeur est garant du caractère complet du droit de propriété qu’il a
transmis. L’idée de faute est derrière cela.
Ce trouble s’entend exclusivement comme un trouble d’évicton, qui peut cependant être total ou
partel.
Elle est totale si le ters revendique la propriété du bien vendu. Une opton est alors ouverte à
l’acheteur. La garante d’évicton vient en concurrence avec l’acton en nullité du fait de la vente du bien
d’autrui.
Mais l’évicton peut aussi être partelle. La jurisprudence a évolué sur ce point. Pendant longtemps,
elle était rétcente à admetre cete évicton partelle qui résultait du fait d’un ters. Elle considère que c’est à
l’acheteur d’être curieux, et qu’il aurait du se rendre compte de l’existence d’un droit sur le bien qu’il
souhaitait acquérir. Cete jurisprudence se base sur des ventes immobilières. Or elles font l’objet d’une
publicité. On avait plus d’arrêts sur les immeubles. Mais la jurisprudence a évolué dans un second temps, et elle
considère à présent que l’acheteur ne peut pas agir en garante si la cause de l’évicton était très apparente au
moment de la vente.
La cause de l’évicton doit être antérieure à la vente. Cela pose problème lorsque le ters acquiert un
droit de propriété sur le bien au moyen de la prescripton acquisitve > le droit de propriété du ters issu de la
prescripton peut naitre après la vente, même s’il a pris racine netement avant la vente. La cour de cassaton
considère que c’est un trouble postérieur à la vente. On considère que la prescripton aurait pu être
interrompue dès le moment de la vente par l’acheteur.
2- le régime de la garante
L’acton peut être intentée de deux façons. Deux voies sont ouvertes à l’acquéreur s’il subit une
évicton.
L’appel en garante incidente est une voie procédurale qui permet à l’acheteur de se retourner contre
le vendeur au moment où il est lui-même assigné en justce par le ters. L’acheteur contraint ainsi le vendeur à
assurer sa défense. Cet appel en garante incidente est facultatf pour l’acheteur.
Il peut choisir une autre voie, moins conseillée. Il peut faire appel à la garante principale. Ceci revient
pour l’acheteur à intenter une acton à ttre principal contre le vendeur une fois que l’évicton est avérée. Mais
cete acton présente quelques défauts, qui résultent du fait que le vendeur peut opposer une excepton à la
mise en cause de sa responsabilité. L’Art 1640 CC prévoit que le vendeur se dégage de sa responsabilité s’il
arrive à démontrer qu’il existait des moyens sufsants pour faire rejeter la demande du ters. Il se soustrait à la
garante en reprochant à l’acquéreur de ne pas avoir tout mis en œuvre pour combatre l’acton du ters.
Les efets de la garante, qui sont identques à ceux de la garante du fait personnel, varient selon que
la garante soit totale ou partelle.
Si l’évicton est totale, la vente est anéante. Le vendeur est alors tenu à plusieurs obligatons
cumulatves :
il resttue le prix de la vente. On ne tent pas compte de la moins-value du bien, mais on tent compte
de la plus-value du bien. Si le bien a vu sa valeur largement augmenté, il y a resttuton du prix auquel
l’immeuble serait aujourd’hui évalué.
Le vendeur resttue à l’acheteur les fruits que ce dernier a du rendre au ters
Il rembourse les frais exposés en raison de l’évicton
Dommages et intérêts à hauteur du préjudice subi, patrimonial et extrapatrimonial.
En cas d’évicton partelle, on a deux cas. Soit elle est d’une importance telle qu’il apparaît que
l’acheteur n’aurait pas acquis la chose dans cet état (droit de passage pour un camping). Ce dernier peut alors
demander la résoluton de la vente, et on suit le régime de la résoluton. Mais l’évicton peut ne pas permetre
de considérer que l’acquéreur aurait renoncé à la vente. Le vendeur n’est tenu qu’à une indemnité
correspondant à la valeur de la parte du bien dont l’acquéreur a été évincé.
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Mais l’essentel de la jurisprudence ne se focalise pas sur cete garante, mais sur la garante des vices
cachés.
Elle est défnie à l’artcle 1641 CC qui dispose que le vendeur est tenu à garante à raison des défauts
cachés de la chose, qui la rendent impropre à l’usage auquel on la destne, ou qui diminuent tellement cet
usage, que l’acheteur ne l’aurait pas acquise ou en aurait donné un moindre prix.
Cete garante n’existait pas en droit romain. Elle est née de l’œuvre des édiles curules. Ils sont chargés
de faire la police des marchés pour toutes les ventes d’esclaves et d’animaux. En raison de la mauvaise
réputaton des vendeurs, ils ont fni par faire peser sur eux une présompton de connaissance des vices cachés
de la chose qu’ils vendaient. Cete garante dite édilicienne a été généralisée à l’époque justnienne à toutes les
ventes.
En cas de survenance d’un vice, la garante ofrait à l’acheteur un choix. Il s’opérait entre l’acton
redhibitoria (résoluton du contrat) et l’acton aestmatoria (acton estmatoire qui consiste dans une réducton
proportonnelle du prix).
Donc le code a repris la garante des vices cachés, mais celle-ci s’est beaucoup développée depuis
1804. C’est aujourd’hui un instrument majeur de protecton des acquéreurs. C’est une garante qui s’applique
extrêmement bien à tous les biens techniques, qui sont sources de nombreux vices cachés. Une interprétaton
prétorienne très favorable a aussi accentué son développement sur deux points. On présume que tous les
vendeurs professionnels ont une connaissance des défauts cachés de la chose. On n’a pas de preuve à
rapporter. De plus, la noton de vices cachés a été entendue de façon de plus en plus large et elle a permis
pendant un temps de garantr les défauts de sécurité de la chose.
La loi a aussi été à l’origine du développement de ces vices, et donc du contenteux, car il a fait dans
certaines ventes, de cete garante une dispositon impératve. C’est le cas pour toutes les ventes entre un
professionnel et un consommateur. On ne peut pas créer de clause limitatve de garante.
Cete garante ne s’applique pas à toutes les ventes. La loi pose deux exceptons. Certaines ventes ne
donnent pas du tout lieu à une garante des vices cachés : les ventes faites par autorité de justce (ventes aux
enchères suite à une saisie) : art 1649 CC. Certaines ventes peuvent être conclues comme des contrats
aléatoires du point de vue des vices de la chose : biens d’occasion. Mais elles ne sont valables que pour les
contrats entre partculiers. On a une clause élusive de responsabilité.
Mais il existe aussi des garantes spécifques dans certaines ventes. La vente d’immeuble à construire
est règlementée par une garante spécifque : la garante décennale du constructeur peut être invoquée, ce qui
est beaucoup plus lourd pour le vendeur.
L a vente d’animaux est aussi garante : le code donne une liste de vices rédhibitoires. Ceci évite à
l’acquéreur de prouver que le défaut entraine un usage anormal de la chose. Mais en retour, le législateur a
encadré cete garante des vices cachés spécifques aux animaux dans des délais très courts.
Pour le reste, elle s’applique tout le temps et elle suppose trois conditons : un vice, caché et antérieur
à la vente.
1- un vice
Il est défni à l’art 1641 CC : c’est le défaut qui rend la chose impropre à l’usage auquel on la destne, ou
qui diminue de façon importante cet usage.
a- un défaut
La chose doit être défectueuse en elle-même. Elle doit lui être inhérente. Cete considératon a donné
lieu à une jurisprudence importante sur la compatbilité des médicaments. Elle a en efet considéré par un arrêt :
Civ 1°, 8 avril 1986 : le fait que deux médicaments ne soient pas compatbles ne consttuait pas un vice caché. Il
n’y avait pas de défaut inhérent à chacun des médicaments.
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b- La mise en cause de l’usage de la chose
Selon l’art 1641, le vice doit rendre la chose impropre à son usage ou comprometre de façon
importante cet usage. Le vice qualifé de rédhibitoire est celui qui rend la chose complètement impropre à son
usage. Pourtant, l’acton rédhibitoire peut être menée alors que le vice n’est pas rédhibitoire.
L’usage visé par le code est l’usage normal de la chose, en rapport avec la nature du bien vendu. Mais
l’acquéreur peut aussi agir au ttre d’un usage partculier, dès lors que le vendeur avait connaissance de
l’usage auquel l’acquéreur destnait la chose. Tout dépend de savoir si l’usage est rentré dans le champ
contractuel.
2- un vice caché
L’artcle 1642 CC retent que le vendeur n’est pas tenu des vices apparents dont l’acheteur a pu se
convaincre lui-même. On distngue donc deux choses.
Le vendeur n’est pas tenu des vices apparents car l’acheteur est censé les avoir acceptés. Sinon,
l’acheteur peut faire des réserves au moment de la livraison : il n’y a pas de délivrance conforme.
La queston se pose de déterminer ce qui est apparent ou non. La jurisprudence a apporté des
solutons diférentes selon les types d’acquéreurs.
L’acquéreur profane ne doit réaliser qu’un examen élémentaire de la chose : vérifcaton superfcielle
de son état, mise en fonctonnement, déballage de la marchandise. Mais l’acheteur n’est jamais tenu de faire
appel à un ters pour efectuer ces opératons, peu importe la valeur de bien.
L’acheteur professionnel en revanche doit s’informer. La jurisprudence retent une présompton
simple de connaissance du vice. Il y a donc renversement de la charge de la preuve.
Certains vices ont été signalés ou supposés lors de la vente. Il se peut que les vices soient cachés mais
que le vendeur en ait révélé l’existence à l’acheteur. Dès lors le vice est non apparent mais connu. L’acton en
garante des vices cachés n’est plus possible.
Le problème est de savoir selon quelle modalité doit-on retenir que le vice a été révélé à l’acheteur ? La
cour de cassaton est assez sévère avec l’acheteur : il doit être curieux. Un prix partculièrement bas a conduit la
cour à considérer que l’acquéreur avait nécessairement connaissance du vice.
Une jurisprudence abondante perdure sur la queston de l’existence de termites. La cour de cassaton
a considéré que la stpulaton dans l’acte de vente de l’existence d’un traitement antparasitaire antérieur à la
vente devait atrer l’atenton de l’acheteur sur le risque de vice de la chose. Il aurait donc du s’informer lui-
même. Civ 3°, 22 novembre 1995, l’arrêt ferme ainsi sur ce fondement l’acton en garante des vices cachés à un
acquéreur. La même chambre a reconnu la même soluton s’agissant d’une vente lors de laquelle l’acheteur a
refusé l’interventon d’un spécialiste. Civ 3°, 22 février 2003.
Pourtant dans un arrêt récent, la cour semble être revenue à plus de clémence pour l’acheteur : AP, 27
octobre 2006, JCP 2007, I, n°104, A. Constantn. La cour ne requiert dans cet arrêt qu’une faible obligaton
d’informaton de la part de l’acheteur.
Il s’agit ici d’une règle de constance. Le vendeur ne garantt que les vices qui existaient au moment de
la vente. Peu importe le moment de la révélaton du vice. Ce qui est pris en compte, c’est qu’il existait en
germe au moment de la vente.
La preuve de cete antériorité pèse sur l’acquéreur.
Lorsque ces trois conditons sont réunies, la garante des vices cachés peut être mise en œuvre.
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Il présente des partcularités à deux égards : la mise en œuvre de l’acton, et les efets de l’acton.
Jusqu’à l’entrée en vigueur de l’ordonnance du 17 février 2005, l’acton se trouvait enfermée selon les
termes de l’art 1648 CC dans un bref délai. Cete noton a été remplacée par un délai préfx, car elle a suscité un
contenteux abondant sur sa qualifcaton et en créant un concours d’acton.
a- le bref délai
Avant l’entrée en vigueur de l’ordonnance, l’acton devait être intentée dans des brefs délais. On ne
précisait pas la durée exacte de ce dernier. La loi indiquait simplement que ce délai devait être déterminé en
foncton de la nature des vices en cause, et de l’usage du lieu où la vente a été faite.
Le bref délai était donc abandonné au pouvoir souverain des juges du fond avec un contrôle à la
marge de la cour de cassaton en cas de délai excessif. Il en résultait une certaine souplesse, mais également
une certaine insécurité.
La cour de cassaton a eu à connaître d’un pourvoi qui arguait que le bref délai contrevenait à l’ art 6§1
CEDH. Il retent en efet un droit de tous à l’accès au juge.
Par une décision de la première chambre civile du 21 mars 2000, la haute juridicton a toutefois conclu
à la compatbilité de l’artcle 1648 avec l’art 6§1 CEDH.
La réforme du 17 février 2005 a remplacé ce délai par un délai préfx. Le nouvel artcle dispose que
l’acton en garante des vices cachés est ouverte durant un délai de deux ans à compter de la découverte du
vice. C’est plutôt favorable, car c’est un peu plus long à ce qui était retenu par les juges.
b- le concours d’acton
La garante de vices cachés est en concurrence avec d’autres mécanismes du droit civil : l’acton fondée
sur l’obligaton de délivrance conforme, les actons fondées sur les vices du consentement.
A ce ttre, la jurisprudence adopte une soluton opposée selon le vice considéré.
Erreur et vice caché : l’erreur est souvent alléguée en concurrence avec la garante des vices cachés : le
défaut ignoré au moment de la vente, qui diminue l’usage de la chose, est certainement de nature à l’avoir
conduit en erreur, sur la substance de la chose. La jurisprudence a évolué sur le concours entre ces actons.
Dans les 1980s, et surtout par une décision du 28 juin 1988, Civ 1°, la cour a admis le cumul des
actons en considérant que l’acton en nullité restait ouverte même si l’erreur était en réalité la conséquence
d’un vice caché.
Mais la cour a opéré un revirement, par un arrêt de la première chambre civile du 14 mai 1996. Elle
retent que l’acton en garante des vices cachés consttue l’unique fondement possible en cas de défaut de la
chose la rendant impropre à sa destnaton normale. Le cumul est impossible. La troisième chambre civile a
suivi.
La soluton s’explique par la règle selon laquelle le droit spécial déroge au droit général. Dès lors
qu’une acton de droit spécial existe, acton en garante des vices cachés ici, l’acton fondée sur le terrain du
droit commun est écartée.
Dol et vice caché : la cour a afrmé dans des arrêts assez récents que le cumul est possible entre une
acton fondée sur le dol, et celle fondée sur la garante des vices cachés. Cete soluton a été retenue par le
troisième chambre civile le 29 novembre 2000, qui retent que l’acton pour rétcence dolosive n’est pas
soumise au bref délai de l’art 1648 CC.
La première chambre civile le 6 novembre 2002 autorise aussi le cumul.
L’explicaton réside dans la nature partculière du dol. C’est une faute intentonnelle, ce qui permet
d’agir : on a un délit civil.
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Ils sont assez divers. La raison tent en l’existence d’un choix ofert à l’acquéreur entre la réducton du
prix ou la resttuton du prix. Mais elle tent aussi à la possibilité qui est ouverte d’obtenir en plus des
dommages et intérêts. Elle tent dans ce que les partes peuvent aménager les efets de la garante des vices
cachés.
Elles consttuent les deux branches de l’alternatve oferte à l’acquéreur. C’est précisé par l’ art 1644 CC.
Selon cet artcle, l’acquéreur dispose du choix de rendre la chose et se faire resttuer le prix ou de garder la
chose et se faire rendre une parte du prix telle qu’elle sera arbitrée par les experts.
Sur l’opton, la jurisprudence est ferme. L’acquéreur doit être entèrement libre. Ainsi, si le vendeur
propose de réparer la chose car le coût des réparatons serait modique, l’acheteur est en droit de le refuser. Le
coût de la réparaton importe peu.
L’acton rédhibitoire consiste dans la résoluton du contrat de vente. Le vendeur doit resttuer le prix
de la vente. Il doit cete resttuton mais il n’ajoute pas les intérêts qui ont couru sur ce prix. On ne tent pas
compte non plus de la dépréciaton monétaire en vertu du principe du nominalisme monétaire. Le vendeur
doit cependant aussi resttuton des frais d’actes occasionnés par la vente.
L’acheteur est tenu de resttuer la chose, il doit la resttuer dans l’état dans lequel elle se trouve. Mais
en cas de dégradaton dues à la faute de l’acheteur, ceci ne s’applique pas. Mais on s’est demandé si l’acheteur
est tenu de verser une indemnité pour l’utlisaton de la chose, mais aussi pour l’usure de la chose due à cete
utlisaton.
Une décision de la cour de cassaton du 21 mars 2006 refuse l’une et l’autre de ces indemnités sur le
fondement de l’art 1644 CC. Le vendeur n’est pas fondé à obtenir une indemnité liée à l’utlisaton de la chose
vendue ou à l’usure résultant de cete utlisaton.
Mais cet arrêt pose problème au regard d’une autre décision rendue le même jour, s’agissant d’une
acton en délivrance non-conforme. La cour retent que le vendeur peut alors réclamer à l’acquéreur
l’indemnité correspondant à la dépréciaton subie par la chose en raison de l’utlisaton que ce dernier en a
faite.
A priori il y a accord sur un point : il n’y a pas lieu à indemnité pour utlisaton de la chose. Mais en
revanche, la diférence s’afrme sur l’indemnité consécutve à l’usure normale de la chose. La soluton est
identque à ce qu’on retent en matère de nullité pour l‘acton en non-conformité. L’acton en garante des vices
cachés se démarque du point de vue de ces efets. Mais on peut considérer que cete diférence se justfe par
la noton même de vices cachés. En efet, si la chose n’est pas conforme aux spécifcatons contractuelles, elle
peut quand même fonctonner. L’acquéreur peut donc trer bénéfce de cete usure de la chose par l’utlisaton
qu’il en a faite. En revanche si la chose est entachée d’un vice caché, ce vice la rend impropre à son usage. Par
conséquent, l’usure qui a été faite de la chose n’a sans doute pas profté à l’acquéreur. Cete explicaton peut
paraitre pragmatque mais correspond assez bien avec les deux solutons.
L’acton estmatoire est la seconde possible. Elle est à qualifer d’acton quants minoris. Cete acton
laissée à l’acquéreur lui permet d’obtenir la réducton du prix de la vente sans remetre celle-ci en cause. La
réducton est appréciée souverainement par les juges du fond qui se réfèrent à la perte de valeur de la chose.
La cour de cassaton opère un contrôle sur un point : la réfacton judiciaire ne doit pas aboutr à la suppression
complète du prix.
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Cependant cete soluton peut être remise en cause par le second efet de la garante des vices cachés
avec l’allocaton de dommages et intérêts.
Elle est séparée des deux actons précédentes. La mauvaise foi du vendeur intervient alors. C’est un
efet cumulatf. C’est prévu à l’art 1645 CC. Il dispose que si le vendeur connaissait les vices de la chose, il est
tenu de tout dommage-intérêt envers l’acheteur. L’obtenton de ces dommage-intérêts est cumulatve avec une
éventuelle resttuton du prix. Peu importe que la somme totale fnalement versée à l’acquéreur soit supérieure
au prix initalement remis. On est sur deux fondements diférents.
Mais ces dommages et intérêts sont soumis à la mauvaise foi du vendeur. En principe, la preuve de la
mauvaise foi doit être rapportée par l’acheteur. Mais les choses sont simplifées si le vendeur est un
professionnel : la jurisprudence pose une présompton de mauvaise foi de ce dernier. Cete présompton est
irréfragable.
A l’origine, cete garante est conçue comme supplétve. Il était donc susceptble d’aménagement
contractuel. Mais la jurisprudence et un mouvement légal favorable au consommateur a conduit à limiter
fortement la validité de ces clauses. Tout dépend de la qualité du vendeur.
Si le vendeur n’est pas un professionnel, les clauses limitatves ou élusives de garante sont valables.
La seule limite réside dans la preuve de la mauvaise foi du vendeur.
Si le vendeur est un professionnel, il faut distnguer selon la qualité de l’acquéreur. Pour les
acquéreurs non professionnels, la loi est intervenue et précise à l’art R132-1 CConso que ces clauses limitatves
ou élusives de garante sont réputées non écrites. La loi vise non pas le consommateur, mais le non
professionnel. La cour de cassaton, dans un arrêt de la première chambre civile du 15 mars 2005, a considéré
qu’une personne morale pouvait se trouver protégée au ttre de la noton de non professionnel.
En revanche si l’acquéreur est un professionnel, la non validité de la clause ne provient pas de la loi
mais de la présompton prétorienne, selon laquelle le vendeur professionnel est présumé de mauvaise foi. La
jurisprudence pose une limite à cete soluton : c’est le cas dans lequel le vendeur professionnel traite avec un
acquéreur professionnel de la même spécialité. Dans ce cas, les clauses limitatves ou élusives de garante sont
valables.
Depuis les années 1980, la jurisprudence a réafrmé en plus des obligatons traditonnelles du vendeur
une obligaton de sécurité, envisagée comme une obligaton autonome. Plus avant, cete obligaton était
sanctonnée par l’intermédiaire de la garante des vices cachés. La chose était défectueuse et donc entachée
d’un vice impropre à son usage.
L’obligaton de sécurité procède maintenant d’un texte spécifque. Elle est sanctonnée par le
truchement de la responsabilité du fait des produits défectueux, et donc du droit commun de la responsabilité.
Le problème est l’artculaton entre obligaton de sécurité et responsabilité du fait des produits
défectueux. Ceci s’est compliqué depuis une condamnaton par la France par la CJCE.
La sécurité du produit a été assurée par la garante des vices cachés en France. Mais au niveau
internatonal, le conseil des communautés européennes a saisi très tôt l’importance d’une harmonisaton de la
sécurité des produits sur le marché intérieur. La directve CEE du 25 juillet 1985 sur la responsabilité du fait des
produits défectueux a été prise. Mais la France a mis très longtemps à transposer cete directve. Ce retard de la
France est préjudiciable au consommateur français.
Aussi la cour de cassaton a-t-elle interprété les contrats français à la lumière de cete directve. Cela a
résulté d’un premier arrêt de la 1° chambre civile du 9 juillet 1996. La première chambre civile fait une
applicaton du droit français à la lumière du texte communautaire non transposé. Elle retent l’existence d’une
obligaton de sécurité à la charge du vendeur. Cete obligaton est autonome par rapport aux autres actons
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ouvertes à l’acquéreur. L’acton fondée sur l’obligaton de sécurité ne se trouve pas soumise au bref délai fxé
par l’art 1648 CC. La queston se pose toutefois de l’artculaton de cete obligaton avec les dispositons de la loi
de transpositon de la directve de 1985.
La loi du 19 mai 1998 met en place cete directve. La responsabilité du fait des produits défectueux ne
concerne pas uniquement ni expressément le vendeur. Elle s’applique à raison d’une autre noton : celle de
producteur ou de fournisseur. Cependant, dans bien des cas, le vendeur peut être considéré comme un
fournisseur ou comme un producteur. Il est donc concerné.
On aurait pu penser que ces deux notons se cumulent : on a un texte dans la loi qui autorise ce cumul.
Le nouveau régime de responsabilité du fait des produits défectueux n’interdisait pas le mainten des actons
ouvertes en droit interne au proft des acquéreurs. C’est la positon de la directve, et ça résulte du texte de
l’artcle 1386-18 CC. Aux termes de ce texte, la responsabilité nouvellement créée ne porte pas ateinte aux
droits dont la victme d’un dommage peut se prévaloir au ttre de la responsabilité contractuelle ou
extracontractuelle, ou au ttre d’un régime spécial de responsabilité. On a donc un principe d’adjoncton.
Cependant, le mainten par la cour de cassaton de l’obligaton de sécurité du vendeur a fait l’objet
d’une condamnaton de la France par la CJCE. Par une décision du 25 avril 2002 (JCP 2002, I, n°17) la cour a
exclu qu’une victme puisse exercer une acton ayant le même fondement que celui de la directve. En France
on ne pouvait plus retenir la responsabilité du vendeur au ttre d’une obligaton de sécurité découverte à la
lumière de la directve.
La responsabilité du vendeur existe-t-elle encore en dehors de la loi ? Elle perdure dans les interstces
laissés libres dans le champ d’applicaton de la loi de 1998.
Il doit être envisagé sur deux points : le domaine de cete responsabilité et l’applicaton de cete
responsabilité.
1- le domaine de la responsabilité
Il se trouve encadré par trois séries de critères : les personnes responsables, les produits concernés et
le dommage réparable.
La responsabilité ne vise pas le vendeur, mais elle pèse sur le producteur et à ttre subsidiaire sur le
fournisseur.
Le producteur est défni à l’art 1386-6 CC : celui qui agissant à ttre professionnel fabrique un produit
fni, une matère première ou un composant. Le vendeur à ttre partculier n’est pas soumis à cete
responsabilité du fait des produits défectueux. L’alinéa 2 de l’art 1386-6 assimile quelques personnes à des
producteurs. Tel est le cas de tout individu qui appose sa marque, son nom ou tout autre signe distnctf sur le
produit. Sont aussi assimilés au producteur les importateurs du produit sur le territoire de l’UE.
Certains professionnels sont exclus de cete responsabilité. C’est prévu à l’art 1386-6.3 : cela vise tout
constructeur ou vendeur d’immeuble à construire. Ces personnes sont soumises à la responsabilité décennale
du constructeur.
A coté des producteurs, se trouvent les fournisseurs à ttre subsidiaires : ce sont les vendeurs qui n’ont
pas réalisé le produit, mais qui en ont assuré la circulaton. En 1998, la France met sur un pied d’égalité le
producteur et le fournisseur. Elle considère que la victme peut se retourner à son choix contre le producteur
ou contre le fournisseur.
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Cependant, ceci a valu plusieurs condamnatons à la France, le 25 avril 2002 par la CJCE. Elle est
condamnée pour mauvaise transpositon de la directve qui prévoyait une hiérarchie entre le producteur et le
fournisseur, qui n’est responsable que subsidiairement.
La France prend acte de cete condamnaton et réforme l’art 1386-7 CC par une loi du 9 décembre
2004. L’artcle précise maintenant que le fournisseur n’est responsable que si le producteur demeure inconnu.
Le 14 mars 2006, la CJCE condamne à nouveau la France en raison de cete transpositon. Dans cet arrêt, la CJCE
rappelle que la directve est d’harmonisaton maximale. Cela signife que les Etats ne peuvent instaurer des
règles plus favorables au consommateur. Or la directve précise que le consommateur ne pouvait se retourner
contre le fournisseur qu’à la conditon que celui-ci n’ait pas indiqué dans un délai raisonnable le nom de son
propre fournisseur ou même du producteur de la chose. Or nous n’avions pas transposé cete chaine de
relaton. La loi a été modifée le 6 avril 2006.
A présent, cet artcle ne retent la responsabilité du fournisseur que si celui-ci n’a pas révélé dans un
délai de trois mois à la victme le nom de son propre fournisseur.
Le producteur est responsable du défaut de son produit. Ce sont les produits et non les biens qui sont
concernés. La noton de produit correspond à une noton nouvelle. Il n’y a pas de distncton entre fruits et
produits : c’est un meuble ou un meuble incorporé dans un immeuble, y compris les produits du sol, de
l’élevage ou de la pêche ainsi que l’électricité. Peuvent ainsi être visés les vendeurs de biens meubles entendus
au sens large.
La noton de défectuosité ne renvoie pas à celle de vice. Elle est nouvelle en droit français. L’art 1386-4
retent qu’un produit est défectueux lorsqu’il n’ofre pas la sécurité à laquelle on peut légitmement
s’atendre. Ce sont les conséquences défectueuses du produit qui sont visées. Le vendeur n’est responsable que
si le produit est mis en circulaton. Cete mise en circulaton s’entend largement. Il est mis en circulaton dès
lors que le producteur s’en est dessaisi volontairement. On met de côté le cas du vol.
Une dernière décision de la CJCE du 9 février 2006 entend encore plus largement la noton de mise en
circulaton. Elle est efectuée dès lors qu’un fabricant cède son produit à une société que pourtant il détent à
100%.
c- le dommage réparable
Aux termes de l’art 1386-2 CC, la responsabilité s’applique à la réparaton du dommage qui résulte
d’une ateinte à la personne, et à la réparaton du dommage supérieur à un montant fxé par décret qui
résulte d’une ateinte à un bien autre que le produit lui-même. Sont ainsi couverts les dommages aux
personnes et aux biens. Se trouvent exclus tous les dommages causés au bien lui-même.
2- l’applicaton de la responsabilité
Il y a deux caractéristques.
Producteurs et fournisseurs sont responsables de plein droit des dommages causés par un produit
défectueux. Il n’y a pas de faute à prouver, mais il faut prouver le dommage et le lien de causalité.
Elles sont entendues strictement. Il ne peut s’abriter derrière la faute d’un ters. Mais des actons
récursoires sont possibles pour la contributon à la charge défnitve de la réparaton.
Le vendeur peut en revanche prouver qu’il n’a pas mis le produit en circulaton, ou que le défaut du
produit n’existait pas au moment où il a été mis en circulaton : soit il est ajouté après, soit c’est un risque de
développement. Il concerne principalement les médicaments. Le vendeur souligne que l’état des connaissances
techniques et scientfques au moment où il a mis le produit en circulaton n’a pas permis de déceler l’existence
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du défaut. C’est le seul point sur lequel la doctrine laisse le choix aux Etats. La France après de longs débats a
fni par retenir l’exonératon du fait des risques de développement.
Pour le reste la loi est stricte. Il est prévu à l’art 1386-15 que les clauses qui visent à écarter ou limiter
la responsabilité du fait des produits défectueux sont interdites et réputées non écrites.
La loi du 6 avril 2006 a également ratfé une ordonnance du 17 février 2005 qui insttue une autre
garante à la charge des vendeurs. C’et la garante de conformité.
Elle est issue de la transpositon d’une directve européenne. C’est celle du 25 mai 1999 sur certains
aspects de la vente. Elle vise à harmoniser les diférents droits des pays de l’UE pour retenir une concepton
moniste des garantes du vendeur. La conventon de Vienne sur la vente internatonale de marchandises a
inspiré cete directve. Elle a aboli la distncton entre non-conformité et garante des vices cachés.
Contrairement à la directve de 1985, elle n’est pas d’harmonisaton maximale. Les pays peuvent retenir des
dispositons dans leur droit qui dérogent à la directve.
Deux groupes d’auteurs se sont afrontés pour savoir ce qu’on allait faire de cete directve. La première
dirigée par G. Viney prône une transpositon large de la réforme. On prend prétexte de cete directve pour
réformer le code sur le droit de la vente. Face à cete école, d’autres auteurs plus éclatés, et dirigés par Olivier
Tournafond se prononçaient en faveur d’une transpositon a minima. On limite la réforme du droit français car
la directve semble trop protectrice pour être appliquée à des acquéreurs professionnels. Or les vendeurs
professionnels trouvent dangereux et nuisible pour la sécurité juridique de voir ainsi leurs obligatons réformées
même dans le cas de vente entre professionnels. Le problème se pose entre autre des charges d’assurance des
vendeurs professionnels.
Entre ces deux courants, quelques auteurs entrevoient une positon intermédiaire comme Patrice
Jourdain, qui consiste à ne réformer que le code de la consommaton pour l’essentel, avec simplement un
correctf introduit à l’art 1648 CC. A la place du bref délai, on précise que c’est un délai de 2 ans. C’est cete
positon intermédiaire qui a été retenue. On a révisé le code de la consommaton et le code civil dans un
artcle uniquement.
La transpositon a été transposée par le biais d’une ordonnance autorisée par le parlement.
L’ordonnance du 17 février 2005 transpose donc la directve et introduit une nouvelle garante de conformité.
L’ordonnance a été ratfée par une loi le 6 avril 2006.
I- le domaine de la garante
L’art L211-1 CConso vise expressément la vente. Mais sont aussi visés certains contrats d’entreprise.
Ce sont tous les contrats de vente ou d’entreprise tendant à la transmission, à la fabricaton ou à la producton
d’un bien meuble. Ne sont pas concernées les ventes faites par autorité de justce, ni celles efectuées aux
enchères publiques de façon volontaire.
La garante concerne tous les biens, neufs ou d’occasion, même si toutes les sanctons de la garante
sont difcilement applicables aux biens d’occasion. Elle prône en efet au premier ttre le remplacement du
bien.
La garante a été intégrée dans le code de la consommaton car le choix a été fait de ne pas viser tous
les vendeurs et tous les acquéreurs. Seuls les vendeurs professionnels sont concernés aux termes de l’art L211-
3 CConso, le vendeur doit avoir agi dans le cadre de son actvité professionnelle et commerciale. L’acquéreur
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doit être un consommateur. C’est cete noton qui a été retenue et non celle de non professionnel. Par
conséquent, seules les personnes physiques sont visées par cete garante.
Ce sont forcément des contrats de vente. La non-conformité s’entend d’une non-conformité à l’usage
habituellement entendu pour le type de bien objet de la vente. Cete défniton rejoint alors la noton de vice
dans la garante des vices cachés. Mais outre l’usage, la conformité s’entend aussi de la descripton faite du
bien dans le contrat. A cet égard, les diférences par rapport à un échantllon ou une publicité sont retenues.
On se rapproche du défaut de délivrance conforme.
Ces contrats sont tous ceux pour lesquels les partes ont eu une démarche autre qu’une simple rencontre de
volonté, intervenue sur un produit présenté à grande échelle. Cela correspond à certains contrats de vente et à
tous les contrats d’entreprise visés par les textes.
La conformité s’entend du respect par le bien des stpulatons contractuelles. Elle porte sur les caractéristques
partculières du bien, mais aussi sur l’usage spécial du bien qui est entré dans le champ contractuel. Le défaut
de conformité s’arrête là. Si la chose a été prévue pour un usage spécial et qu’elle n’est pas apte à un usage
normal, la garante n’est pas due.
le régime de la garante
le délai d’acton
Le gouvernement a retenu un délai de deux ans, à compter de la délivrance du bien. Il y a donc une diférence
notable avec le délai d’acton en matère de garante des vices cachés. L’artcle 1648 vise en efet un délai de 2
ans à compter de la découverte du vice. C’est l’une des raisons pour lesquelles il reste avantageux pour le
consommateur de se retourner vers la garante des vices cachés.
les sanctons
L’ordonnance a prévu plusieurs remèdes selon un système hiérarchisé qui se déroule en deux temps.
Dans un premier temps, priorité est donnée à la réparaton du bien ou à son remplacement. Ce n’est que dans
un second temps que le défaut de conformité peut conduire soit à la résoluton de la vente soit à la réducton
du prix.
Dans un souci très contemporain, on a commencé par proposer un remède : l’exécuton normale du
contrat. L’acquéreur se voit ainsi ouvrir une opton : aux termes de l’art L211-9 CConso, il peut demander la
réparaton du bien ou son remplacement. Ce choix est libre et le vendeur ne peut pas interférer. L’acquéreur ne
doit supporter aucun frais pour les réparatons et les transports.
Le risque était grand de voir le consommateur préféré systématquement le remplacement. Ceci
d’autant plus lorsque l’échéance du délai de deux ans approchait. Une limite a donc été posée, qui précise que
le vendeur peut ne pas suivre le choix de l’acquéreur lorsque ce choix entraine un coût manifestement
disproportonné au regard de l’autre modalité compte tenu de la valeur du bien ou de l’importance du défaut.
D’autres remèdes sont prévus si ceci ne suft pas.
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1- la résoluton du contrat ou la réducton du prix
Dans un second temps, le consommateur se voit ouvrir un autre choix, qui existe dans trois
hypothèses :
réparaton ou remplacement impossible : occasion, contrat d’entreprise
remplacement ou réparaton sont possibles mais dans un délai dépassant un mois après
la réclamaton de l’acheteur. Si la réparaton demande plus d’un mois, il y a fort à parier
que ça engendre un coût pour l’acheteur.
Le remplacement ou la réparaton ne peuvent être retenus sans inconvénients majeurs
pour le consommateur compte tenu de la nature du bien ou de l’usage qu’il en recherche.
Dans ces trois hypothèses, le consommateur peut choisir entre deux branches d’une alternatve. Il
peut demander la résoluton du contrat et tout se passe conformément au droit commun. Il peut aussi
demander la réducton du prix, et tout se passe conformément au régime de la garante des vices cachés.
Il semble que le consommateur puisse aussi obtenir des dommages et intérêts.
2- l’aménagement de la garante
Le texte retenu le 17 février conduit à une interprétaton a contrario intéressante. L’art L211-7 CConso
précise que sont réputés non écrites les conventons qui limitent directement ou indirectement le droit résultant
de la garante de conformité avant que le consommateur n’ait formulé de réclamaton. Une interprétaton a
contrario laisse penser qu’il est possible de déroger au régime de la garante de non-conformité après la
réclamaton du consommateur. Les modes de sanctons sont donc supplétfs. Un accord des partes semble
possible pour convenir d’un autre mode de dédommagement. Dans ce cas, le consommateur peut-il renoncer
valablement à toute réparaton ?
En réalité l’applicaton de cete ordonnance laisse à penser que seront soulevées des difcultés par le
juge.
A coté de cete multplicaton de sanctons ouvertes à l’acquéreur, ce dernier supporte aussi quelques
obligatons.
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Chapitre 3 : les obligatons de l’acquéreur
On retent traditonnellement que l’acheteur supporte 2 obligatons : la première consiste dans l’obligaton de
prendre livraison de la chose que l’on qualife plus juridiquement d’obligaton de retrement. La seconde
obligaton consiste dans l’obligaton pécuniaire.
L’acheteur est tenu de prendre lui-même livraison de la chose détenu par le vendeur cete obligaton e trouve
de limite que lorsque la chose s’avère non-conformité aux stpulatons contractuelles ou entachée d’un vice
apparent, la prise de livraison marque en efet le moment auquel l’acheteur est tenu d’efectuer les vérifcatons
élémentaires sur la chose. En cas de non-conformité criante ou de vice apparent l’acheteur peut refuser de
retrer la chose ce qui correspond en pratque à la technique du laissé pour compte. Sinon l’acheteur est
véritablement tenu juridiquement de retrer la chose.
Elle a pour objet le transfert de la détenton de la chose. Les questons se posent sur le lieu de la prise de
livraison ainsi que sur ses modalités.
A. Le lieu du retrement :
En droit on distngue entre les choses quérables et les choses portables. En matère de vente le principe est que
la chose est quérable, il appartent donc à l’acheteur d’aller la chercher à l’endroit où elle se trouve. Cet élément
est précisé dans le droit de la vente mais correspond au droit commun dans lequel en principe les detes sont
quérables.
Cela n’a pas grande incidence sauf à propos des frais de transports puisque dés lors que la chose est quérable
les frais de transport doivent être supportés par l’acheteur. Cete dispositon est supplétve de volonté, les
partes peuvent engager un transport au nom du vendeur.
Le CC est silencieux sur la date de prise de livraison dans la vente. Cependant, par applicaton de l’artcle 1610
CC la jurisprudence retent que l’acheteur est tenu de retrer la chose au moment où le vendeur la met à
dispositon.
L’acheteur est ensuite tenu d’une obligaton d’informaton envers le vendeur relatvement aux modalités
d’enlèvement de la marchandise.
L’obligaton de retrement focalise la queston plus sur ses sanctons.
Cete obligaton est passible de toutes les sanctons découlant de l’inexécuton contractuelle à défaut de
retrement l’acheteur peut se voir soumis à l’exécuton forcée de son obligaton mais aussi à la résoluton du
contrat.
Obligaton de retrement = obligaton de faire => l’applicaton de l’artcle 1142 CC devrait écarter toute
condamnaton à l’exécuton forcée. Cependant, la JP procède à la condamnaton à l’exécuton forcée de cete
obligaton au moyen de la technique de l’astreinte.
B. La résoluton du contrat :
Est expressément organisée dans le droit car entraîne parfois d’importants désagréments pour le vendeur, elle
implique un stockage de la chose qui engendre un coût indéniable en plus que des difcultés matérielles.
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Vente immobilières : désagréments mais reste raisonnable => la résoluton du contrat suit le droit commun et
se trouve conditonnée par l’interventon du juge.
Ventes mobilières : problèmes de stockage parfois très importants => dispositon spéciale art 1657 CC, cete
dispositon retent que la résoluton de la vente aura lieu de plein droit et sans sommaton au proft du vendeur
après l’expiraton du terme convenu pour le retrement
Il s’agit exceptonnellement d’une résoluton extra judiciaire + absence de nécessité de mise en demeure
préalable par le vendeur. Conséquence : à l’arrivée du terme convenu pour le retrement le vendeur se trouve à
nouveau en droit de vendre à nouveau la chose à un ters. S’exerce à ses risques dans la mesure où il engage sa
responsabilité s’il revend la chose alors que le terme n’était pas échu mais aussi dés lors que le terme est échu
quand lui-même n’a pas exécuté la totalité de ses obligatons.
JP mai 1992 : précise que l’art 1657 CC ne s’applique pas ne cas de refus par l’acheteur de prendre livraison en
raison d’un vice de la chose.
A. La date du paiement :
Principe : liberté des partes. Le paiement peut être échelonné. Quelque soit la date prévue une fois celle-ci
valablement consente entre les partes elle s’impose à l’acquéreur.
Dispositon partculière : notamment en droit de la consommaton, prohibe tout versement efectué par le
consommateur avant l’accomplissement soit de certaines formalités soit du respect d’un certain délai.
A défaut de dispositons spéciales le paiement doit intervenir selon les termes de l’artcle 1651 CC au moment
de l’exécuton par le vendeur de son obligaton de délivrance. Obligaton pécuniaire = son obligaton principale
=> peut lui servir à mete en œuvre l’excepton.
B. Le lieu du paiement :
Grande place laissée à la liberté contractuelle, art 1651 CC dispositon supplétve de volonté qui déroge au droit
commun puisqu’il est précisé que l’acheteur doit payer au lieu de délivrance de la chose.
Le lieu du paiement détermine la monnaie du paiement. En cas de vente internatonale 2 types des dispositons
vont s’appliquer : applicaton de la conventon de vienne de 1980 qui reprend la dispositon de l’artcle 1651.
Quand la conventon de vienne ne s’applique pas. Quand le droit français interne s’applique l’artcle 1651 peut
trouver à s’appliquer donc ce sera le lieu du paiement qui déterminera la monnaie de celui-ci.
Principe : l’acheteur doit paiement au vendeur. Le vendeur peut désigner un représentant qui recevra le
paiement au nom du vendeur. Le vendeur peut aussi utliser la technique de la clause d’indicaton de paiement
qui permet de faire exécuter l’obligaton pécuniaire à l’acheteur au proft d’un ters.
Certains textes dérogent à ce principe ils touchent principalement la matère immobilière, il s’agit de
dispositons protectrices de l’acheteur qui impose que le paiement soit fait non dans les mains du vendeur mais
dans celles du notaire.
Si l’acheteur a l’obligaton de payer le prix c’est aussi lui qui supporte la charge de la preuve de son paiement.
Cete règle découle d’une simple applicaton du droit commun. L’acheteur va donc reconsttuer la preuve de son
paiement. A défaut de preuve il sera considéré que l’acheteur n’a pas exécuté l’une de ses obligatons
contractuelles.
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Au premier chef le vendeur peut suspendre l’exécuton de ses propres obligatons. Si le vendeur a exécuté
quant à lui toutes ses obligatons la résoluton du contrat est envisageable.
L’artcle 1787 CC précise litéralement que si l’on charge quelqu’un de faire un ouvrage, on peut convenir qu’il
fournira uniquement sont travail ou industrie ou aussi la matère. Initalement les faits ne pouvaient porter. Le
travail matériel se trouver réglementé dans le cadre du contrat de louage et le travail intellectuel dans le cadre
du contrat de mandat. A la base contrat de mandat : à ttre gratuit, les taches intellectuelles ne donnant pas lieu
à rémunératon, le client versant un cadeau, un honor au prestataire. Au tournant des 19 ème et 20ème siècles ces
distnctons devenaient insoutenables => dans un premier temps on a considéré que le contrat pouvait être à
ttre onéreux ; cependant, distncton difcile avec le contrat l’entreprise c’est pourquoi on doit à Aubry et Rau
la consécraton d’un nouveau critère de distncton. Le contrat de mandat devient celui qui repose sur une
représentaton tandis que le contrat d’entreprise accepta à côté des prestatons matérielles certaines
prestatons intellectuelles. Ce phénomène de diluton est accompagné d’un second phénomène d’hyper
spécialisaton. On se trouve donc ne présence d’un contrat nommé sans régime précis. La noton revêt encore
un intérêt celui-ci réside plus dans les règles applicables au maître de l’ouvrage et moins dan celle s’appliquant à
l’entrepreneur.
Noton doctrinale ce serait la « bonne à tout faire des contrats spéciaux » Malory. Révèle le caractère très vaste
de la noton.
Le contrat de louage d’ouvrage était connu et organisée dans le CC aux artcles 1779 et S. Tout comme le louage
d’industrie qui correspond au contrat de travail le louage d’ouvrage a bien évolué. A l’époque il s’agissait
d’encadrer des contrats qui comme le contrat de constructon faisait intervenir un entrepreneur afn qu’il
travaille sur une chose remise par son cocontractant le maître de l’ouvrage.
Cete queston nourrit un contenteux abondant dans la mesure où cete noton n’a pas de défniton légale.
C’est au fur et à mesure des décisions qu’il y a eu des critères. Jusqu’à faire ressortr une défniton par la
négatve du contrat d’entreprise : le contrat d’entreprise est celui par lequel une personne, l’entrepreneur,
s’engage moyennant rémunératon à accomplir un travail pour une autre, le maître de l’ouvrage, de manière
indépendante et sans la représenter.
La référence à la prestaton de travail permet de distnguer le contrat d’entreprise du contrat de vente. Dans le
contrat d’entreprise on exige un travail spécifque, sur-mesure.
La réf à un travail exécuté de manière indépendante permet de distnguer d’avec le contrat de travail.
La référence à la non représentaton permet de distnguer d’avec le contrat de mandat.
Ce sont deux contrats historiquement très proches dans la mesure où leurs frontères ont évoluées. Certains
contrats qui relevaient du mandat relèvent aujourd’hui du contrat d’entreprise.
Le critère est celui de la représentaton. Le mandataire représente le mandant alors que l’entrepreneur ne
représente pas le maître de l’ouvrage.
Ceci a des incidences quant à l’objet de l’obligaton. Le mandat porte sur des actes juridiques alors que le
contrat d’entreprise porte sur des faits. Certaines professions peuvent donner lieu à la conclusion des deux
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formes de contrat : cas des avocats > lorsqu’il plaide il représente son client et se trouve engagé dans les termes
d’un contrat de mandat. Quand il donne une consultaton juridique il ne se trouve engagé que dans les termes
d’un contrat d’entreprise.
Certains contrats complexes mêlent entreprise et mandat. Ex : le contrat de promoton immobilière. C’était un
contrat innommé sui generis. C’est à présent un contrat autonome réglementé par le législateur.
On peut aussi trouver des contrats de mandat dans lesquels le mandataire va accomplir certains actes
matériels. On applique alors le critère de l’accessoire. Si ces actes matériels ne sont que l’accessoire de la
représentaton, le contrat reste un mandat. En revanche l’inverse n’est pas vrai. Lorsqu’une personne est tenue
dans les termes d’un contrat d’entreprise elle ne peut pas exécuter des prestatons qui relèveraient du mandat.
Il faut pour engager son co-contractant, un mandat partculier. On aura deux contrats.
Ils sont multples. Le principal c’est que dans un cas le mandataire engage le mandant vis-à-vis des ters et dans
l’autre, le contrat d’entreprise l’entrepreneur agit en son nom propre.
Il existe d’autres distnctons. L’une d’entre elles c’est le régime de l’extncton de ces contrats. Ex : Cass com 8
janvier 2002 : la Sté les Galeries Lafayete avait concédé un rayon à une personne dans son magasin. Le contrat
est rompu et le cocontractant réclame une indemnité de rupture. Pour cela elle se prévaut du droit du mandat
qui précise que en cas de mandat d’intérêt commun, toute rupture donne lieu à indemnité. La cour refuse au
motf que la personne n’efectuait que des actes matériels et non juridiques. Le contrat est donc un contrat
d’entreprise. Or la résiliaton du contrat d’entreprise même d’intérêt commun ne donne pas lieu à indemnité en
cas de résiliaton.
Originairement ils consttuaient les deux branches d’un même contrat : le louage.
L’enjeu de la distncton est énorme.
Il y a eu une évoluton : la distncton a tout d’abord été opérée sur le critère du mode de rémunératon. Tout
provenait de l’examen de l’objet de ces deux contrats. Le contrat de travail porte sur une mise à dispositon de
la force de travail. Il porte sur une suite indéterminée de prestatons sans qu’un but précis soit fxé. Le contrat
d’entreprise au contraire porte plus sur le résultat du travail, l’ouvrage, que sur les eforts déployés.
Par suite Planiol a proposé un critère longtemps utlisé qui consistait à qualifer un contrat de travail lorsque la
rémunératon était fxée au temps passé. Le contrat d’entreprise était celui dans lequel la rémunératon était
désolidarisée du temps passé au travail et donc généralement fxée à forfait. Mais avec l’évoluton du monde du
travail ces critères sont devenus désuets. Des entrepreneurs peuvent être rémunérés sur tarifs horaires et les
salariés sur forfait.
Donc nouveau critère prétorien : le lien de subordinaton : le contrat est un contrat de travail lorsque le
prestataire de service se trouve dans un rapport de subordinaton vis à vis de son co-contractant. Il s’exprime au
regard de la fxaton des horaires du travail, du lieu, des conditons du travail et par un pouvoir de directon de
contrôle et de surveillance du contenu du travail.
Le contrat d’entreprise se défnit par la négatve.
Ce critère parait approprié par rapport à la distncton des deux régimes. En situaton de subordinaton le salarié
est fragile et donc peut légitmement, plus que l’entrepreneur se trouver protégé par la législaton du travail. En
revanche l’indépendance de l’entrepreneur lui permet de multplier les clients et donc lui évite une situaton de
dépendance éco complète > moins besoin d’être protégé.
Toutefois ce critère paraît pett à pett dépassé au regard de l’évoluton des conditons de travail. Que dire de la
subordinaton dans le cadre du télétravail. Du coup la diférence s’estompe et qui conduit certains auteurs à
proposer de remetre en cause cete distncton.
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§2- Les enjeux de la distncton :
La responsabilité du commetant vis à vis du préposé n’est pas applicable dans le cadre d’un contrat
d’entreprise.
Le mode de déterminaton du prix de plus est plus encadrée pour le contrat de travail.
Certaines interdictons concernent uniquement les salariés > un salarié ne peut pas être commerçant ou
artsan.
Enfn les risques du contrat pèsent sur l’entrepreneur alors que dans le contrat de travail les risques pèsent sur
l’employeur.
Il consttue un contrat consensuel. Cependant en raison des conditons de fond partculières de ce contrat
apparaissent de nombreuses questons quant à sa preuve ; Ainsi s’il n’y a pas de formalisme ad validitatem la
queston se pose d’un formalisme ab probatonem.
Ces conditons sont beaucoup plus souples que celles requises pour le contrat de vente. Pour ainsi dire, le
simple accord sur le travail à efectuer par l’entrepreneur suft.
Selon une jurisprudence classique le prix ne consttue pas un élément essentel du contrat d’entreprise.
La nature du travail susceptble de faire l’objet du contrat d’entreprise est variée. Bien souvent l’obligaton de
l’entrepreneur ne peut être déterminée ab inito. Il suft alors que celle-ci soit déterminable.
De nombreux auteurs efectuent une distncton entre les prestatons matérielles et intellectuelles. S’agissent
des premières l’obligaton de l’entrepreneur devrait être déterminée ab inito. S’agissant des prestatons
intellectuelles celles-ci étant par nature évanescentes, l’obligaton de l’entrepreneur ne devrait être que
déterminable. Pour la prof cete distncton est nulle. Cete distncton semble remise en cause s’agissant de
l’analyse des contrats d’entreprise portant sur la réalisaton d’un meuble. Ces contrats ne consttuent en efet
des entreprises que s’ils portent sur un travail sur-mesure. Sinon c’est une vente. Cete distncton révèle bien
que le contrat d’entreprise même lorsqu’il comporte des prestatons matérielles peut ne pas toujours être
prédéterminé au moment de la conclusion du contrat. La distncton ne serait donc pas irréductble. Cete
indéterminaton relatve de la prestaton de l’entrepreneur conduit alors souvent les partes pour réduire les
incerttudes à recourir à la technique d’étude préalable ou celle du devis. La nature juridique de ces doc pose
cependant de nombreuses questons auxquelles la jurisprudence répond toujours en référence à l’intenton des
partes. Ainsi le devis peut-il revêtr une nature juridique triple : parfois ça ne consttue que la • formalisaton de
pourparlers > les partes ne sont pas engagées et la rupture ne donne pas lieu à indemnité sauf abus dans la
rupture. Parfois il s’analyse en une • promesse unilatérale du contrat d’entreprise > l’entrepreneur est engagé
et l’acte réserve une opton au maître de l’ouvrage laquelle si elle est levée conduit à la formaton du contrat.
Enfn il peut consttuer une • promesse synallagmatque > les deux partes sont engagées et l’exécuton est
alors souvent conditonnée par la réalisaton de tel ou tel évènement.
Cete queston du devis soulève de nombreux litges relatfs à l’existence ou non du contrat d’entreprise. Cete
queston se trouve compliquée avec la problématque du prix.
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A – La controverse entourant la nécessité d’un prix :
Ce contrat est classiquement présenté comme un contrat onéreux. Fondement textuel dans l’artcle 1710 CC :
l’entrepreneur s’engage moyennant un prix. Pourtant un courant doctrinal retent que le contrat reste un
contrat d’entreprise même lorsqu’il est conclu à ttre gratuit.
2 arguments :
Argument d’opportunité : si on ne retent pas les contrats d’entreprise à ttre gratuit le contrat par
lequel une personne s’engage à efectuer un travail pour une autre sans représentaton et sans subordinaton
est un contrat innommé. Ca évite de faire tomber un certain nombre de contrats d’assistance dans le domaine
de l’innommé.
Argument historique : initalement, les contrats à ttre gratuit portant sur des services pouvaient être
réglementés dans la cadre du mandat. C’est donc en raison d’une évoluton des frontères entre les deux
contrats qu’un vide juridique est apparu. La Cour semble retenir la possibilité de qualifer un contrat
d’entreprise à ttre gratuit > Cass 3 ème civ 17 déc 97 : le contrat d’entreprise est présumé conclu à tre onéreux.
C’est au maître de l’ouvrage qui devra rapporter la preuve de l’existence d’un contrat à ttre gratuit. Mais la Cour
semble bien admetre l’hypothèse d’un contrat d’entreprise conclu à ttre gratuit.
Mais un autre courant prétorien retent que l’absence de déterminaton du prix ab inito ne remet pas en cause
la nature onéreuse du contrat.
Une jurisprudence classique retent la validité du contrat d’entreprise même conclu à ttre onéreux
indépendamment de la déterminaton ab inito du prix. Cete soluton de principe interroge cependant quand
au régime de la fxaton diféré de ce prix.
1- Soluton de principe
Depuis les 70’ la jurisprudence retent que le prix ne consttue pas la composante essentelle du contrat
d’entreprise. C’est une règle prétorienne très fréquemment réitérée.
Ex : Civ 1ère, 24 nov 1993 : contrat conclu entre un artste peintre et le réalisateur d’un ouvrage qui avait réalisé
la maquete de l’œuvre et se posait la queston de sa rémunératon. La cour de cassaton approuve la cour
d’appel d’avoir retenu l’onéreusité du contrat en rappelant qu’un accord préalable sur le montant exacte de la
rémunératon n’est pas un élément essentel du contrat de louage d’ouvrage « il appartent au juges du fonds
de fxer la rémunératon compte tenu des éléments de la cause ». Cete soluton paraissait singulière avant le
revirement de l’assemblée plénière du 1er décembre 1995.
En efet en l’absence de dispositons spéciales relatves aux contrats d’entreprise, le droit commun des contrats
devait s’appliquer, donc jusqu’en 1995 on pouvait s’atendre à une exigence de déterminabilité du prix sur
l’artcle 1129 c civ. Or la cour n’avance aucun fondement textuel. Donc c’est une jurisprudence soit contra
legem, soit contradictoire en tous les cas.
Cete soluton prétorienne pouvait reposer sur quelques considératons historiques, on trouve dans l’œuvre de
Poter cete même soluton. Poter retenait « qu’il n’est pas nécessaire que la somme d’argent dans laquelle doit
consister le prix soit déterminé dés le temps du contrat, il suft qu’elle doive le devenir par estmaton qui en
sera faite ».
Le revirement révisé par l’ass plénière de 1995, a relancé la queston de la spécifcité du prix dans le contrat
d’entreprise. La décision de la première chambre civile du 20 fév 1996 tendait à efectuer un amalgame. Cete
décision retent sur le contrat d’entreprise un atendu selon lequel l’art 1129CC n’est pas applicable à la
déterminaton du prix.
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L’indéterminaton ab inito du contrat d’entreprise ne s’est pas fondue dans le droit commun. Il reste spécifque,
et cete spécifcité se traduit dans le régime de la déterminaton a posteriori du prix. Elle s’exprime alors à deux
niveaux : au plan de la déterminaton amiable et au plan de la déterminaton judiciaire du prix.
– S’agissant de la déterminaton amiable, la lecture majoritaire des arrêts de 95 conduit à considérer qu’en droit
commun existe un droit de fxaton unilatérale du prix.
Cete soluton est critquée mais c’est la seule compatble avec la limite posée par l’abus.
– A l’inverse quand aucun prix n’est déterminé dans le contrat d’entreprise, la jurisprudence contnue à exiger
un accord des partes. L’indéterminaton ab inito du prix ne fait que reporter l’accord des partes à plus tard
mais cet accord est requis. Cete nécessité d’un accord rejaillit au plan du rôle du juge. A défaut d’accord entre
les partes, aucun prix n’est fxé ; il y a un litge que le juge est tenu de régler.
En droit commun des contrats le rôle du juge se limite à un contrôle. Celui-ci intervient a posteriori après la
fxaton licite d’un prix de manière unilatérale par le cocontractant. Le juge ne peut donc être saisi qu’en cas
d’abus et son contrôle se limite à cela. Les sanctons qu’il est susceptble de prononcer sont aussi restreintes. En
cas d’abus le juge prononcera la résiliaton du contrat assorte éventuellement de D&I. Au contraire dans le
contrat d’entreprise il n’y a pas ce seuil de l’abus. Les juges interviennent à la moindre absence d’accord entre
les partes. Le prix n’étant pas fxé on ne peut donc pas parler de contrôle. Le rôle du juge est donc de trancher
un litge : le juge va fxer un prix judiciaire le contrat étant généralement en parte exécuté. La queston est
cependant délicate de savoir comment le juge va pouvoir fxer ce prix.
C’est en principe un contrat consensuel. Le formalisme se trouve relégué à des problèmes de preuve. Ce
principe est cependant entravé à l’heure actuelle par une multplicaton de dispositons spéciales.
La diversité des contrats d’entreprise conduit à une grande variété des formalités requises pour tel ou tel type
partculier de contrat.
Dans les interstces laissés libres par les dispositons spéciales aucune formalité n’est requise pour la formalité
du contrat d’entreprise. Se pose uniquement un problème de preuve. C’est le droit commun qui s’applique dans
ce domaine aussi. Les solutons partculières relatves au prix du contrat d’entreprise engendrent une
applicaton partculière de ces règles de preuve.
2 questons :
- La première queston a trait à l’existence d’un écrit : l’exigence d’un écrit n’existe que quand l’acte est
supérieur à 1500 euro. C’est la même chose. Sauf que la queston se pose lorsqu’aucun prix n’a été stpulé par
les partes de savoir si cete dispositon s’applique ou non. Il apparaît alors que la mise en œuvre de cete règle
de preuve sui un régime tout à fait original. C’est au juge qu’il revient de déterminer un prix approximatf du
contrat afn d’identfer ensuite les règles de preuves admissibles. Cete interventon semble pragmatque.
Cependant elle s’avère tout à fait étonnante :le juge doit se prononcer sur l’existence du contrat alors il va
présumer que le contrat existe, évaluer le montant du prix afn de déterminer le mode de preuve applicable
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pour fnalement bien souvent décider que la preuve litérale est exigée et se trouver alors dans l’obligaton de
juger à défaut de présentaton d’un écrit que le contrat n’existe pas.
- La deuxième queston touche à la preuve du contenu du contrat. Là encore c’est la queston du prix
qui concentre le contenteux. Le contrat peut avoir été conclu par écrit sans que le prix ne soit déterminé. La
queston se pose de savoir qui doit rapporter la preuve de l’accord sur le prix. La Cour a donné une soluton en
97 > Cass 1ère civ 18 nov 1997 : il incombe au prestataire qui exige le paiement d’établir le montant de sa
créance et à cet efet de fournir les éléments permetant de fxer ce montant. Il appartent au juge d’apprécier
ce montant en foncton notamment de la qualité du travail fourni.
Cete soluton a été critquée : même si la preuve est rapportée il semble que le juge conserve un contrôle. De
plus, critques sur la base de la charge de la preuve. Quelques auteurs dont Gaulter considèrent que l’arrêt
opère un renversement de la charge de la preuve > pèse en principe sur la maître de l’ouvrage qui conteste la
facture émise par l’entrepreneur. Il est permis pour autant de ne pas suivre cete interprétaton puisqu’elle
revient à considérer que l’entrepreneur a pu fxer le prix de façon unilatérale. Si l’on considère qu’à défaut de
déterminaton ab inito la fxaton du prix nécessite un nouvel accord des partes alors la facture de
l’entrepreneur ne consttue qu’une propositon de prix et c’est sur lui que doit peser la charge de la preuve. On
comprend alors que la Cour ait pu se référer à une appréciaton efectuée par le juge.
Le contrat d’entreprise crée des obligatons à la charge des deux partes. Ses efets ne s’arrêtent cependant pas
là puisqu’il entraine aussi des efets translatfs.
Le maître de l’ouvrage ne consttue dans le contrat d’entreprise qu’un simple créancier contractuel. Pourtant en
raison de l’objet partculier du contrat d’entreprise ce contractant supporte des obligatons originales.
Il doit coopérer avec l’entrepreneur, cela ten au fait que le travail doit être adapté au maître de l’ouvrage.
Il doit procéder à la récepton de l’ouvrage qui peut faire l’objet d’une exécuton forcée.
Il est tenu d’une obligaton pécuniaire. Sa quotté n’a pas forcement à être fxée ab inito. Si le prix est
déterminé le régime de l’obligaton du maître est partculier.
Fréquemment utlisée dans les contrat de la constructon mais aussi pour certaines prestaton intellectuelles. Le
prix forfaitaire est fxé à l’avance de façon globale et intangible. Avantage : permet de faire passer les risques
d’imprévu sur l’entrepreneur. Si au cours du contrat une difculté imprévue apparaît l’entrepreneur ne peut
réclamer le paiement de suppléments.
Par excepton l’artcle 1793 CC prévoit en matère de constructon immobilière la possibilité pour l’entrepreneur
de réclamer parfois un supplément de prix. Cependant les conditons posées par ce texte sont très strictes car
protectrice du maître de l’ouvrage puisque l’entrepreneur ne peut demander un supplément de prix que si
ceux-ci ont été consents par le maître de l’ouvrage aux termes d’un accord conclu par écrit.
La JP nuance le caractère intangible du forfait. Certains arrêts font ainsi référence à la noton de
bouleversement économique du contrat, le procédé permet à l’entrepreneur de demander un prix
supplémentaire chaque fois qu’il apparaît que l’ouvrage réalisé est sans commune mesure avec celui
initalement prévu. Aucun arrêt ne retent cete noton si des travaux supplémentaires sont dus à un imprévu à
chaque fois venu pallier l’absence de preuves d’une commande nouvelle par le maître de l’ouvrage.
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Contrat dans lequel le prix est convenu sur la base d’une liste de prix unitaires par produits le prix global étant
déterminé à la fn par l’additon. Dès lors qu’il y a un imprévu, il est supporté par le maître de l’ouvrage >
insécurité pour le maître de l’ouvrage mais paie un prix qui correspond vraiment à ce qui est réalisé.
Concerne plus les prestatons d’ordre intellectuel. Cependant pas le plus utlisé pour les contrats d’entreprise
intellectuels. En efet, les membres de profession libérale semblent préférer la technique du forfait. JP originale
permet au juge venir réviser a posteriori un prix.
JP classique qui déroge à la force obligatoire des contrats admet la révision judiciaire des honoraires. Il ne s’agit
pas de compléter le contrat en fxant un prix en l’absence d’accord des partes. JP classique mais très critquée
par les professionnels concernés car absence de base légale.
Peut s’apparenter au mécanisme de la réfacton qui existe en droit de la vente notamment quand la contenance
du bien ne correspond pas à celle initalement prévue. La réfacton du contrat repose sur une inexécuton
partelle de celui-ci par une des partes.
Or dans les diférentes espèces dans lesquelles la cour de cass. révise les honoraire cete conditon n’est pas
toujours réalisée. Parfois correspond à une réfacton ex : c com. 2 mars 1993 ; 14 mars 1991. Parfois les faits ne
vérifent pas les conditons de la réfacton (1°c civ. 7 Juillet 1998) la cour de cass. Approuve la réducton
efectuée au motf que les juges d’appel avaient relevé que les honoraires étaient trop élevés.
1. Evoluton des frontères entre le mandat et le contrat d’entreprise. Les contrats d’entreprise visés sont les
anciens mandats. Le pouvoir du juge proviendrait alors de ce que historiquement les mandats consttuaient un
contrat à ttre gratuit => le juge pouvait modifer les honoraires sans toucher au contrat car cadeau fait à côté. A
l’heure actuelle cete explicaton est inappropriée dans la mesure ou l’horaire est véritablement la contreparte
du travail de l’entrepreneur.
2. Les juges auraient une certaine méfance par rapport aux membres des professions libérales. Cependant, les
juges s’autolimitent donc …
3. L’atenton portée à l’objet même du contrat d’entreprise : il porte sur un travail spécifque qui relève donc du
sur-mesure et le prix ne peut donc pas être formellement prédéterminé au moment de la conclusion du
contrat. Par conséquent, il peut apparaître une diférence importante entre le travail envisagé et le travail
réalisé. Or le contrat d’entreprise n’a pas été conçu comme un contrat aléatoire mais bien comme un contrat
commutatf. Ce serait pour ces raisons que le juge s’autoriserait à resttuer une fois le contrat exécuté la
proporton initalement envisagée.
Cet argument correspond également à la limite que le juge se donne lorsqu’il refuse de réviser un prix excessif
mais accepté par le maître de l’ouvrage une fois le contrat exécuté. Cela permet aussi d’artculer la force
obligatoire du contrat avec le rôle du juge.
A- Le contenu de l’obligaton
L’entrepreneur est tenu de fournir un travail respectant scrupuleusement la stpulaton contractuelle. Souvent
distncton entre obligaton de moyens et de résultat. Sans être fausse cete distncton ne peut être
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systématsée dans le contrat d’entreprise. Tout dépend de ce qu’a véritablement commandé le maître de
l’ouvrage. La raison est que le contrat d’entreprise porte sur un travail spécifque et donc il laisse une grande
place aux interactons entre le comportement, la commande du maître et d’autre part les contours de
l’obligaton de l’entrepreneur.
Une fois l’ouvrage achevé, l’entrepreneur doit le livrer à son client. La queston se pose alors de savoir si
l’entrepreneur supporte une obligaton de garante des vices cachés. Rien n’est prévu dans le code civil.
Cependant certains auteurs et arrêts appliquent au contrat d’entreprise l’artcle 1648 CC au terme d’un
raisonnement par analogie. Cete queston n’a pas été véritablement réglée par la Cour et des contradictons se
font jour entre les juridictons du fond. L’applicaton de la garante des vices cachés paraît délicate au regard de
la noton même. En efet le vice renvoi à un défaut de la chose. Par suite même si la garante devait s’appliquer
dans le contrat d’entreprise il faudrait l’écarter des 2 cas :
- Quand la chose défectueuse a été remise par le maître ???
- Le défaut ne provient pas de la chose mais de la prestaton de travail de l’entrepreneur ??? La
distncton est parfois très délicate. Là on met en œuvre la responsabilité contractuelle et pas
la garante des vices cachés.
En revanche ce qui est sûr, c’est que la garante de conformité prévue par l’ordonnance du 17 février
2005 s’applique au contrat d’entreprise. Le gouvernement a prévu que cete garante concerne les contrats
d’entreprise tendant à la fabricaton ou à la producton d’un bien meuble. Il est toutefois prévu à l’artcle L221-8
code consommaton que l’entrepreneur n’est pas tenu de garantr les défauts trouvant leur origine dans des
matériaux fournis par le maître.
C’est à l’entrepreneur de rapporter que le défaut provient d’un matériau fourni par le maître de l’ouvrage. C’est
une preuve pas facile à rapporter. Parfois ça revient à retenir la responsabilité de l’entrepreneur dès qu’il ne
rapporte pas la preuve.
B- L’inexécuton de l’obligaton :
Dans certains contrats d’entreprise c’est l’obligaton principale du contrat. Ces contrats sont de plus en
plus répandus. En dehors de ces contrats l’entrepreneur semble également toujours tenu à un conseil. C’est une
obligaton contractuelle dégagée par la jurisprudence et qui trouve son terrain d’électon dans le contrat
d’entreprise parce que ce contrat repose sur un travail spécifque. C’est pourquoi les médecins, les architectes
ont une obligaton de conseil parfois très lourde.
Par ailleurs par souci de protecton du créancier la jurisprudence a renversé la charge de la preuve de
l’exécuton de cete obligaton. Ce n’est pas au maître de l’ouvrage qui prétend ne pas avoir été informé d’en
rapporter la preuve. C’est à l’entrepreneur de se préconsttuer la preuve de l’exécuton de son obligaton
d’informaton : Cass. civ. 1ère 25 mars 1997.
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Reste ensuite à identfer le contenu de cete obligaton d’informaton. Tout dépend de l’obligaton
principale. La jurisprudence se montre cependant très stricte envers les professionnels > illustraton importante
dans le contrat médical : le médecin est tenu d’informer son patent des risques même exceptonnels
engendrés par l’exécuton de sa prestaton. Autre exemple : l’obligaton d’informaton des professionnels du
droit. Cass. civ. 1ère 1 mars 2006 : la Cour de Cassaton retent la responsabilité d’un notaire et d’un agent
immobilier pour ne pas avoir avert leurs clients sur les possibilités d’évoluton d’une soluton jurisprudentelle.
B- L’obligaton de sécurité :
L’entrepreneur plus encore que le vendeur se trouve soumis à la responsabilité du fait des produits
défectueux. Bien souvent c’est vers lui que devra être dirigée cete acton en responsabilité dans la mesure où
contrairement au vendeur l’entrepreneur n’est pas un simple fournisseur.
A côté de cela il supporte cependant une véritable obligaton de sécurité. Il est en efet tenu d’assurer
la sécurité des clients qu’il reçoit dans ses locaux ou qu’il transporte ainsi que celle des clients qui partcipent à
sa prestaton. C’est à l’occasion qu’un contrat de transport qu’on a découvert ça.
Cela consttue parfois une obligaton de moyen parfois de résultat. La jurisprudence est très trouble. Il apparaît
notamment des contradictons lors de prestatons à caractère sportf : arrêts sur le parapente biplace ou
monoplace. Là encore il semble impossible de systématser. Tout dépend de l’interventon du maître de
l’ouvrage. Si ce dernier ne joue qu’un rôle passif (parapente biplace) l’obligaton de sécurité de l’entrepreneur
est généralement de résultat. Si rôle actf (parapente monoplace) > obligaton de moyen. On peut même se
demander si ce n’est pas une applicaton de l’acceptaton des risques.
Le contrat d’entreprise paraît susceptble d’emporter un double efet translatf. L’un est certain et très
réglementé > le transfert des risques. L’autre est très controversé > queston du transfert de propriété.
C’est une queston très discutée. Les enjeux sont très importants parce qu’ils touchent par exemple la
nature de la responsabilité des contractants en cas de chaîne de contrats et l’éventualité d’une acton en
revendicaton de l’entrepreneur qui aurait pu organiser un transfert diféré de propriété.
On peut distnguer entre deux types de contrats : l’entreprise mobilière et l’entreprise immobilière.
Durant longtemps on a considéré que le contrat d’entreprise portant sur la réalisaton d’un bien
meuble n’opérait pas à proprement parler de transfert de propriété. La raison était que l’entrepreneur travaillait
en principe sur une chose remise par le maître qui était donc déjà la propriété de celui-ci. Lorsque
l’entrepreneur fournissait la matère celle-ci venait s’incorporer au bien meuble du maître. Donc il n’y avait pas
transfert de propriété mais acquisiton par le maître par incorporaton. En s’incorporant dans le bien meuble la
matère était transformée. Donc l’incorporaton faisait obstacle au transfert de tous les accessoires de cete
matère première.
Cete analyse ne pouvait être maintenue en raison de l’évoluton du contrat d’entreprise. Elle ne
parvient pas à expliquer les contrats dans lesquels l’entrepreneur réalise avec sa propre matère un bien meuble
qui ne s’incorpore nullement à un autre bien du maître.
Pour tous ces contrats une doctrine contemporaine est encline à reconnaître un efet translatf de propriété au
contrat d’entreprise.
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reconnu dans un arrêt du 7 mars 1998 l’efcacité d’une acton en revendicaton exercée par un entrepreneur
bénéfciant d’une clause de réserve de propriété. La cour reconnaît que l’on peut interférer sur un transfert de
propriété et que donc il y a bien transfert de propriété. Limites de cete jurisprudence > Cass. 1999 : l’acton en
revendicaton est permise si le bien peut être retrouvé en nature en tant que tel.
En matère de contrat d’entreprise portant sur un immeuble la jurisprudence retent de façon traditonnelle
que le maître acquière la propriété des matériaux au fur et à mesure de l’exécuton du contrat par l’efet de
l’accession. Cete soluton a été clairement posée par un arrêt Cass. civ. 3ème 23 avril 1974 : le créancier d’un
entrepreneur cherchait à faire reconnaître que la constructon dont ce dernier était chargé était restée sa
propriété et non devenue celle du maître de l’ouvrage. La Cour rejete fermement son pourvoi en retenant que
l’immeuble en constructon sur le terrain d’autrui auquel il s’incorpore et qui est édifé dans l’exécuton d’un
contrat de louage d’ouvrage n’est pas la propriété de l’entrepreneur même avant la récepton des travaux.
L’acquisiton se fait pett à pett.
Cete soluton au niveau technique conduit à une dissociaton des risques et de la propriété. L’artcle 1788cc
prévoit que c’est l’entrepreneur qui supporte le risque de perte de la chose jusqu’à la récepton de l’ouvrage. Si
la chose périt c’est lui qui en supporte les risques ; si il est en liquidaton il n’est plus propriétaire de la chose. Il
supporte donc les risques sans être propriétaire > situaton défavorable.
Ensuite tant que la constructon n’est pas fnie l’entrepreneur n’est pas payé. Donc économiquement la soluton
pose l’entrepreneur dans une situaton très délicate. C’est pourquoi les pratciens ont tenté d’utliser ici le doit
de propriété à ttre de garante. Ainsi se trouve souvent stpulée une clause de renonciaton à l’accession.
Soluton très dangereuse pour les ters parce que toutes les apparences montrent que le maître de l’ouvrage est
propriétaire > risque d’insécurité juridique pour les ters et de fraude. Or cete clause ne fait pas parte des
éléments qui doivent être publiés à la publicaton foncière. Donc la queston se posait de la validité de cete
clause. Cass. 3ème civ. 29 mars 2006 : un contrat de constructon n’est pas payé. Le maître de l’ouvrage est mis
en liquidaton judiciaire et le liquidateur veut faire vendre l’immeuble. L’entrepreneur se prévaut d’une clause
de renonciaton à l’accession. La CA donne droit au liquidateur en considérant que la clause ne lui était pas
opposable. La cour casse. Soit, a maxima, elle a reconnu l’opposabilité à tous les ters de la clause ; soit a
minima elle a considéré que le liquidateur n’était pas un ters au sens de la publicité foncière et que donc la
clause lui était opposable. On ne sait pas trop qu’elle interprétaton donner mais pour la prof c’est plutôt la
deuxième.
La charge de la perte de la chose est réglée diféremment selon que la matère a été fournie par l’entrepreneur
ou par le maître.
L’artcle 1788 civ. d’une part vise le contrat d’entreprise pour lequel la matère a été fournie par l’entrepreneur.
Il dispose que : « dans le cas où l’ouvrier fournit la matère si la chose vient à périr de quelque manière que ce
soit avant d’être livrée la perte en est pour l’ouvrier ». La jurisprudence retent que l’entrepreneur supporte le
risque de perte de la chose jusqu’à la récepton de l’ouvrage par le maître. La chose est la propriété du maître
dès avant la récepton. Les risques sont supportés par l’entrepreneur. En cas de perte de la chose il permet au
maître de l’ouvrage d’exiger que l’entrepreneur la refasse à l’identque et sans supplément de prix. Le maître
peut aussi choisir la résiliaton du contrat. Le code civil ne prévoit qu’une seule nuance. Il retent que les risques
passent au maître lorsque celui avait été mis en demeure de recevoir la chose.
L’artcle 1789 du code d’autre part vise le cas où la matère est fournie par le maître. Il dispose que : « Dans où
l’ouvrier fourni uniquement son travail si la chose vient à périr l’ouvrier n’est tenu que de sa faute. » Le texte
n’évoque pas les risques de perte de la chose mais uniquement la responsabilité. Pourtant la jurisprudence
l’interprète diféremment. Elle retent que jusqu’à la récepton de la chose l’entrepreneur est présumé fautf de
sa dispariton. Ainsi sauf à prouver son absence de faute l’entrepreneur supporte encore les risques de perte
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jusqu’à sa récepton. Cete soluton oblige simplement l’entrepreneur à dédommager le maître pour la matère
ainsi perdue.
L’artcle 1790 civ. précise le régime de la rémunératon de l’entrepreneur en cas de perte de la chose. Si la chose
vient à périr quoique sans aucune faute de la perte de l’ouvrier, avant que l’ouvrage ait été reçu, l’ouvrier n’a
point de salaire à réclamer. C’est la rançon de l’indépendance de l’entrepreneur. Ca s’explique aussi par le fait
que dans le louage d’ouvrage ce qui est rémunéré c’est le résultat du travail. La jurisprudence précise de plus
que l’état d’avancement de l’ouvrage est indiférent.
Sauf à être marqué d’un très fort intuitu personae, le contrat d’entreprise peut être exécuté par un ters. Cela
passe par la conclusion d’un sous contrat d’entreprise qui crée alors une chaîne de contrat appelée sous-
traitance. Elle se qualife exclusivement par une chaîne de contrat d’entreprise juridiquement parlant. En
pratque les professionnels recourent parfois à une sous-traitance industrielle et cete qualifcaton correspond
alors aune chaîne de contrat d’entreprise et de contrat de vente. Stricto sensu la sous-traitance est réglementée
par la loi du 31 décembre 75 qui précise dans son artcle 1 que la sous-traitance est l’opératon par laquelle un
entrepreneur confe par un sous-traité et sous sa responsabilité à une autre personne appelée sous-traitant
toute ou parte de l’exécuton du contrat d’entreprise conclu avec le maître de l’ouvrage.
La loi de 75 a été promulguée dans un contexte partculièrement difcile pour les professionnels de la
constructon. Cete loi tend précisément à limiter les faillites en chaîne. Lorsque l’entrepreneur principal tombe
en faillite, il faut metre en œuvre des mesures pour que le sous-traitant ne fasse pas de même. C’est pourquoi
les mesures principales de la loi portent sur les garantes de paiement ofertes au sous-traitant. Ces garantes
sont soumises à des procédures qui les rendent quasi inefcaces.
2 types de garante :
- certaines octroyée par l’entrepreneur au contractant du sous-traitant
- d’autres sont prévues par la loi et permetent au sous-traitant de se retourner directement contre le
maître.
Ces deux garantes sont adaptées mais leurs sanctons les rendent inefcaces. En efet l’obligaton de garante
due par l’entrepreneur n’est sanctonnée que par la nullité relatve du sous-traité. Cela signife qu’en défaut de
garante seul le sous-traitant peut demander le prononcé de la nullité de son contrat sous 5 ans. Dans la mesure
où le sous-traitant travaille grâce à ce contrat cete sancton n’est jamais utlisée.
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B- Les garantes de paiement dues par le maître :
Le maître n’est pas le co-contractant du sous-traitant. Mais pour prévenir le risque d’insolvabilité de
l’entrepreneur la loi de 1975 a exceptonnellement prévu un lien direct entre les 2.
Quand la maître est une personne publique le sous-traitant bénéfcie d’une procédure de paiement direct > il
peut exiger au fur et à mesure de la réalisaton du marché d’être payé directement par le maître de l’ouvrage.
Quand c’est une personne privée c’est diférent. Le sous-traitant bénéfcie d’une acton directe en paiement
contre le maître. Plusieurs conditons : Le sous-traitant doit metre en demeure l’entrepreneur de payer. Ce
n’est que passé un mois après cete mise en demeure qu’il peut se retourner contre le maître. Le maître n’est
cependant alors tenu de payer le sous-traitant que dans la limite des sommes qu’il doit encore à l’entrepreneur.
Donc ici tout repose sur la vigilance du sous-traitant et sur l’ordonnancement des paiements prévus par les
partes.
De plus la jurisprudence a subordonné la mise en œuvre à une 3 ème conditon qui consiste dans l’agrément par
le maître du sous-traitant.
Prévu par la loi de 75 (art 3) : l’entrepreneur doit soumetre le sous traitant et ses conditons de paiement
respectvement à l’agrément et à l’acceptaton du maître. L’idée en fait c’était de limiter la sous-traitance
occulte en informant le maître. C’est plus une mesure d’informaton que d’acceptaton.
Le problème réside dans la sancton. La jurisprudence en a rajouté une autre. La loi prévoit que le défaut de
présentaton à l’agrément consttue un manquement contractuel de l’entrepreneur. Le maître peut ainsi se
retourner en responsabilité contre l’entrepreneur qui aurait recours à un sous-traitant sans le lui avoir
préalablement présenté. De même le sous-traitant peut-il invoquer la responsabilité contractuelle de
l’entrepreneur qui ne l’aurait pas présenté à l’agrément. Mais il va rarement le faire.
La jurisprudence a ajouté à ces sanctons la déchéance du droit pour le sous-traitant de metre en œuvre
l’acton directe. Ainsi le défaut d’agrément prive le sous-traitant de toute acton directe contre le maître.
L’argument mis en avant c’est qu’on ne peut pas imposer au maître de l’ouvrage de payer quelqu’un qu’il ne
connaissait pas. Mais c’est léger par rapport aux inconvénients que ça engendre.
Cete soluton étant très sévère, le législateur est intervenu en 1986 pour apporter une nuance : artcle 14-1 de
la loi de 1975. Le maître de l’ouvrage est déchu du droit d’opposer au sous-traitant son défaut d’agrément
lorsqu’il apparaît qu’il avait connaissance de la présence du sous-traitant sur le chanter et qu’il s’est abstenu de
metre en demeure l’entrepreneur principal de le lui présenter. C’est pour éviter la mauvaise foi du maître de
l’ouvrage.
Le problème c’est que ce texte est difcile d’applicaton dans la mesure où le législateur l’a restreint aux seuls
contrats portant sur la réalisaton de bâtments > qu’est ce qu’un bâtment ? : Queston qui pose problème. De
plus c’est encore au sous-traitant de rapporter la preuve de la connaissance par le maître de sa présence sur le
chanter.
La queston s’est posée de savoir quelle était la nature de la responsabilité du sous-traitant à l’égard du maître.
Soit le maître peut se retourner en engageant la responsabilité contractuelle du sous-traitant. Dans ce cas il n’a
pas à prouver la faute le simple manquement à l’obligaton contractuelle suft. En revanche le maître est tenu
par les clauses limitatves de garante et de responsabilité qui auraient été stpulées par le sous-traitant.
Soit le maître peut engager la responsabilité délictuelle. Dans ce cas tout dépend de la cluse de responsabilité
engagée. Si le maître met en œuvre la responsabilité des produits défectueux ou des choses, il se trouve dans
une situaton plutôt favorable. S’il ne peut mete en œuvre que la responsabilité du fait personnel il faudra qu’il
prouve la faute du sous-traitant. L’Assemblée Plénière a rendu l’arrêt Besse du 12 juillet 1991 : responsabilité
que délictuelle.
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Soluton constante depuis. Elle est parfois délicate à artculer avec celle opposée retenue dans les chaînes de
contrats de vente mais aussi dans les chaînes hétérogènes de contrats liant un contrat d’entreprise et une
vente. Cf. : Cass. 28 novembre 2001 et 12 décembre 2001 : solutons opposées.
Dans les deux cas il s’agissait de savoir qu’elle était la nature de la responsabilité du fournisseur du sous-traitant
à l’égard du maître de l’ouvrage. L’arrêt du 28 novembre 2001 retent la responsabilité délictuelle du
fournisseur du sous-traitant. L’arrêt du 12 décembre 2001 retent la soluton inverse.
Le contrat d’entreprise répond de façon générale au droit commun. Il connaît deux causes d’extnctons
partculières organisées par la loi :
- le décès de l’entrepreneur
- droit ofert à certains maîtres de résilier unilatéralement et à tout moment le contrat d’entreprise.
Secton 1 : Le décès :
C’est prévu par l’artcle 1795 civ. qui dispose que le contrat de louage d’ouvrage est dissout par la mort de
l’ouvrier.
Le contrat reposant sur les compétences de l’entrepreneur s’il disparaît le contrat est résilié.
Les suites de ce décès sont prévues par l’art 1796 qui précise que la maître est alors tenu de payer aux hériters
de l’entrepreneur la valeur des ouvrages faits et celle des matériaux préparés lorsque ces travaux peuvent lui
être utles.
Les codifcateurs ont prévu à l’art 1794 un droit exceptonnel pour certains maîtres. Le maître peut résilier par
sa simple volonté le marché à forfait quoique l’ouvrage soit déjà commencé en dédommageant l’entrepreneur
de toutes ses dépenses, de tous ses travaux et de tout ce qu’il aurait pu gagner dans l’entreprise. Ce texte
permet à certains maîtres de se libérer de la force obligatoire du contrat.
Ce texte est réservé uniquement aux contrats conclus à forfait. La jurisprudence fait une interprétaton stricte
de ce domaine. Cependant celui-ci est critqué par une parte de la doctrine. En efet l’artcle semble s’expliquer
par l’objet partculier du contrat d’entreprise. L’idée était déjà avancée par Poter. Elle procède de ce que il
convient de laisser la possibilité au maître de sortr du contrat lorsque l’ouvrage commandé ne lui est plus utle.
Cete justfcaton ne permet dès lors pas de comprendre pourquoi ce droit est restreint aux contrats conclus à
forfait. Au contraire, ainsi que l’avance Huete il semble que le maître a encore plus besoin de cete protecton
quand le contrat est conclu sur série de prix.
Conformément à ce qui est prévu à l’artcle 1794, l’entrepreneur ne doit subir aucun préjudice consécutf à
cete résiliaton. Il doit être dédommagé de ses dépenses, payé pour ses travaux et doit obtenir paiement de
tout ce qu’il aurait gagné ???
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TROISIEME PARTIE : LE CONTRAT DE MANDAT
Conventon par laquelle une personne, le mandant donne pouvoir à une autre, le mandataire de
conclure en son nom et pour son compte un ou plusieurs actes juridiques.
Principale partcularité : ne met pas en relaton a strictement parler que les deux partes au contrat, entre en
considératon un ters celui qui est le destnataire de l’acte qui sera passé par le mandataire. C’est donc un ters
partculier, il est parfois qualifé de ters contractant (pas exact juridiquement mais permet de distnguer avec
autres ters.
Cela marque le régime du contrat de mandat tel qu’il est conçu à l’heure actuelle. Cependant, cete concepton
contemporaine du mandat n’est pas celle qu’avait retenu les codifcateurs, en 1804, le mandat ne reposait pas
sur cete idée de représentaton il était destné à encadrer des contrats à ttre gratuit de services => il y a eut
une évoluton des frontères du mandat.
Tel que défni à l’artcle 1984 CC, le contrat de mandat répond à une qualifcaton très imprécise. « Le mandat
ou procuraton est un acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de faire quelque chose pour
le mandant et en son nom »
La JP est venu préciser cete qualifcaton.
Volonté du mandant exprimée par son consentement permet de distnguer le mandat de la geston d’afaire
(quasi-contrat). Le mandat à la diférence de la geston d’afaire consttue véritablement un contrat. Cependant,
assez proches dans la mesure où le mandataire vient également gérer les afaires du mandant. Cependant, le
contrat permet au mandant de préciser exactement le contour de pouvoirs donnés au mandataire.
Le pouvoir donné par le mandant au mandataire se caractérise par une absence de subordinaton de ce dernier,
et cela se distngue du contrat de travail. Par contre distncton avec contrat d’entreprise plus délicate. Enjeu de
la diférence avec le contrat de travail : le mandataire ne bénéfcie pas de la réglementaton protectrice des
salariés.
Artcle 1984 CC ne vise que le pouvoir de faire quelque chose (formule issue du droit romain).
La JP exige à présent pour que le contrat soit qualifé de mandat que celui-ci porte sur l’accomplissement d’un
acte juridique. Cet accomplissement d’un acte juridique => une représentaton qui est susceptble de degré.
Le mandataire et c’est ce qui le distngue de l’entrepreneur a pour mission d’accomplir un acte juridique et non
pas matériel. Ces actes juridiques peuvent cependant être très variés : contrat, paiement, acton en justce,…
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Le mandat ne porte pas forcement sur un seul acte juridique : 1° ch civ, 19 février 1968 dans lequel la cour de
cassaton retent que le contrat dans lequel une personne avait donné pouvoir a une autre de confer la
constructon de sa maison à l’entrepreneur de son choix consttuait un contrat portant non pas sur des actes
matériels mais bien sur des actes juridiques. A l’inverse de ce qui se passe dans le contrat d’entreprise, la
présence de certains actes matériels entourant l’acte juridique prévu ne conduit pas nécessairement à la
requalifcaton du contrat dés lors toutefois que ces actes sont nécessaires à l’accomplissement par le
mandataire de sa mission juridique. La conclusion d’un acte juridique engendrant nécessairement certains actes
matériels.
C Cass 13 mai 2003 : Contrat de courtage, certaines distnctons sont délicates. En principe le travail du couter
consiste à metre en relaton 2 personnes ne vue de les amener à contracter => le courter n’a pas le pouvoir de
conclure des actes juridiques au nom des personnes = contrat d’entreprise. Cete soluton traditonnelle est
écartée dans cet arrêt s’agissant en l’espèce d’un contrat de courtage en vin, la cour de cassaton se fonde sur
les usages locaux pour considérer que le courter avait agi en qualité de l’une et l’autre des partes qu’il devait
metre en relaton.
Le courter est un double mandataire à la fois de l’acheteur en vin et du producteur récoltant => il peut conclure
seul le contrat de vente, sa simple signature entraîne engagement des deux contractants.
§2 : La noton de représentaton :
Le mandat emporte par principe représentaton parfaite, cete soluton est retenue par la jurisprudence qui se
fonde pour cela sur les termes de l’artcle 1984 CC qui édicte que le mandataire est tenu d’accomplir un acte
pour le mandant et en son nom.
=> le mandataire devient transparent, à travers lui c’est le mandant qui s’exprime. Cete représentaton parfaite
n’existe que si l’identté du mandant représenté est connu du ters contractant à défaut on doit considérer que
la représentaton est imparfaite.
La représentaton imparfaite vise les cas où le représentant agit pour le compte du représenté mais en son nom.
Le mandataire est un mandataire occulte qui ne révèle pas sa qualité au ters contractant (illustraton :
conventon de prête-nom). Le mandataire agit comme s’il agissait en son nom. = par rapport au ters seul le
prête-nom est engagé.
Hypothèse inversée dans la théorie de l’apparence.
B. le mandat apparent :
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§1 : La capacité des partes :
Elle est partculière s’agissant aussi bien des capacités du mandant que du mandataire. La capacité du mandant
doit s’apprécier non seulement à l’aune du contrat de mandat mais également par rapport à l’acte pour la
conclusion duquel le mandat est donné. Il faut avoir la capacité pour conclure le mandat mais également avoir
la capacité pour être parte à l’acte qui sera conclu avec le ters. Tout dépend alors de la gravité de l’acte
envisagé. Le mandant sera ensuite engagé à l’égard du ters.
La capacité du mandataire est également partculière, elle est extrêmement large. Artcle 1990 CC : le
mandataire peut être un incapable et en partculier un mineur non émancipé. Du au fait que le mandataire est
en principe transparent.
§2 : L’objet du contrat :
A. L’acte à accomplir :
Il doit être licite, la partcularité étant que dans le mandat la licéité s’examine également au regard du caractère
légal ou non de l’acte envisagé avec le ters. Le mandataire à l’interdicton de se porter contre-parte à l’acte
qu’il a été chargé d’accomplir > il ne peut pas revêtr la double qualité de mandataire et de ters contractant.
Artcle 1988 CC : distncton entre 2 types de mandat en foncton de leur objet. Mandat expresse et mandat en
termes généraux. Le mandat conçu en termes généraux porte sur une série d’actes, le mandant expresse porte
au contraire sur un acte en partculier. L’artcle 1988 CC impose que pour certains actes graves tels l’aliénaton
d’un bien ou l’hypothèque un mandat expresse.
B. Le prix :
Historiquement contrat à ttre gratuit, peut aujourd’hui être conclu à ttre onéreux mais perdure la règle
ancienne selon laquelle la déterminaton du prix ne consttue pas une conditon de validité de l’acte. Il peut
donc y avoir déterminaton du prix diférée et si les parte ne se metent pas d’accord => déterminaton
judiciaire.
Artcle 1985 CC prévoit toutes les hypothèses : le mandat peut être donné par acte authentque, par acte sous
seing privé mais aussi verbalement.
L’alinéa 2 envisage même l’hypothèse du mandat tacite.
Une volonté de protecton de certaines partes faibles : certains mandats spéciaux requièrent la rédacton d’un
écrit, c’est le cas par exemple du mandat délivré à un agent immobilier.
Le principe du parallélisme des formes : conduit à considérer que lorsque l’acte par la conclusion duquel le
pouvoir est donné requiert le respect de certaines formalités, le mandat d’accomplir cet acte doit suivre la
même formalité. Ex si un mandant donne mandat de conclure un acte authentque le mandat doit lui-même
être un acte authentque, ce parallélisme n’est requis que quand l’acte envisagé est soumis à un formalisme de
validité pas si probatoire ou d’opposabilité aux ters.
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Tout est marqué par le fait que le contrat est dirigé vers la conclusion d’un autre acte.
§1 – L’exécuton de sa mission
* D’une part, le mandant n’a pas autorisé de substtuton, le sous-mandat est alors possible (sauf intuitus
personae) et le mandataire inital répond des fautes du sous-mandataire
* Le mandant a autorisé la substtuton, et la situaton du mandataire ne répond plus des fautes du sous-
mandataire (il doit néanmoins répondre des fautes dans le choix du mandataire). La situaton du mandataire est
alors beaucoup plus favorable que celle d’un entrepreneur principal en cas de sous-traitance (même si le sous-
traitant a été agréé, l’entrepreneur principal est encore responsable).
Parfois, jurisprudence tempère, en considérant que le mandataire a une obligaton de surveillance.
L’autorisaton conduit également à une relaton partculière en termes de responsabilité entre le sous-
mandataire et le mandant : ainsi, l’art 1994 al 2 CC pose que le sous-mandataire est responsable envers le
mandant ; cete responsabilité va assez loin : 1994CC pose une acton directe au bénéfce du mandant contre le
sous-mandataire (existe pas entre maître de l’ouvrage et le sous-traitant). Cete acton directe a été bilatéralisée
par la jurisprudence. Autrement dit, le sous-mandataire dispose également d’une acton direct en
responsabilité contre le mandant.
B. Le contenu de l’obligaton
Le mandataire doit exécuter sa mission en respectant scrupuleusement les directves posées par le
mandant. A défaut, il engage sa responsabilité contractuelle à l’égard du mandant. La responsabilité du
mandataire repose sur la combinaison des art 1991 (« le mandataire est tenu d’accomplir le mandat tant qu’il
en demeure chargé et il répond des dommages et intérêts qui pourraient résulter de son inexécuton »
(obligaton de résultat) et 1992CC (« le mandataire répond non seulement du dol mais encore des fautes qu’il
commet dans sa geston. Néanmoins, la responsabilité relatve aux fautes est appliquée moins rigoureusement
à celui dont le mandat est gratuit (obligaton de moyen), qu’à celui qui reçoit un salaire »).
Une grande distncton : l’obligaton n’a pas été exécutée ou a été mal exécutée. Dans le premier cas,
sauf cas de force majeur, le mandataire est responsable. Dans le second cas, le mandataire n’engage sa
responsabilité qu’à raison de sa faute.
Seconde distncton : mandat à ttre gratuit et mandat à ttre onéreux. Dans le premier cas, si
l’obligaton a été mal exécuté, la faute doit s’apprécier moins sévèrement. Qu’est-ce à dire ? Le mandataire n’est
pas tenu de la bonne exécuton par le ters contractant de l’acte conclu. Il agit uniquement en amont. Sa
responsabilité peut être engagé s’il a été négligent dans le choix de ce ters cocontractant. Il faut choisir un ters
qui correspond aux directves posées par le mandant, et au minimum un ters solvable. Tempérament au travers
de la clause de ducroire : clause par laquelle le mandataire accepte, en contreparte d’une rémunératon plus
élevée, de garantr la correcte exécuton du contrat pour la conclusion duquel il a servi d’intermédiaire. Cete
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clause est assez répandu en pratque et parfois rendue impératve par le législateur : ex : contrat de promoton
immobilière.
Le mandataire doit également rendre des comptes.
Cete obligaton est prévue à l’artcle 1993 CC, qui dispose que « le mandataire est tenu de rendre
compte de sa geston, et de faire raison au mandant de tout ce qu’il a reçu en vertu de sa procuraton, quand
bien même ce qu’il aurait reçu n’eu point été dû au mandant ». On peut distnguer ici deux grandes obligatons :
obligaton pendant la mission (le mandataire doit informer le mandant du déroulement du projet et des
diférentes démarches entreprises ; à l’extncton du mandat, le mandataire est tenu de fournir au mandant un
compte de geston dans lequel il fait apparaître tout ce qu’il a reçu au ttre du mandat (ainsi que tout ce qu’il a
pu déboursé). Il est tenu ensuite d’une obligaton de resttuer tout ce qu’il a perçu. Le compte sera ensuite
approuvé par le mandant, ce qui provoquera l’extncton du contrat.
§1-L’obligaton pécuniaire
Elle n’existe, bien sûr, que dans le mandat à ttre onéreux. La jurisprudence présume le caractère
onéreux des mandats conclu avec des mandataires professionnels. Pour les autres, il faut une stpulaton dans
le contrat. Pour ce qui est de la quotté de cete obligaton pécuniaire, le régime est très proche de celui du
contrat d’entreprise (il peut y avoir une déterminaton diférée, et même lorsque la déterminaton est faite ab
inito, la jurisprudence s’est octroyée le pouvoir de réviser le prix).
Au terme de l’art 1999 CC, le mandant doit rembourser au mandataire les avances et frais que celui-ci a
fait pour l’exécuton du mandat. Cete obligaton se situe au moment de l’extncton du contrat. Elle a pour objet
tout les frais engendrés par l’exécuton de sa mission par le mandataire, ainsi que les intérêts légaux de ces
frais. Cete règle est cependant supplétve de volonté : dans la majorité des mandats, à l’heure actuelle, les frais
sont intégrés dans la rémunératon globale due au mandataire.
Prévu à l’art 2000 CC, qui retent que le mandant doit indemniser le mandataire des pertes que celui-ci
a essuyé à l’occasion de sa geston, sans imprudence qui lui soit imputable ». Cete obligaton a pour objet
toutes les pertes fnancières et commerciales subies par le mandataire qui ne sont pas dues à sa faute. Cete
soluton est supplétve de volonté. Peut prévoir que pertes à la charge du mandataire. La Cour de cassaton
vérife toutefois si ces clauses de transfert des risques des pertes ont véritablement pour objet pour objet les
risques engendrées par l’exécuton de la mission du mandataire. Arrêt 26/10/99 com : cet arrêt retent que les
pertes qui auraient pour origine un élément de l’exploitaton de l’entreprise dont la maîtrise a été conservé en
fait par le mandant, ne peuvent être conventonnellement mis à la charge du mandataire.
Le mandat crée aussi des relatons à l’égard des ters.
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En principe, le mandataire est transparent. Il est extérieur à l’acte conclu avec le ters. Deux tempéraments :
- cas où la représentaton n’est pas parfaite. Dans cete hypothèse, bien que lié par un contrat de
mandat avec le mandant, le mandataire agit en son propre nom à l’égard du ters. Il est personnellement tenu
envers le ters.
- cas dans lequel le mandataire a commis une faute personnelle à l’égard du ters : responsabilité
délictuelle.
Un courant prétorien semble également reconnaître au mandataire professionnel un devoir général de conseil à
l’égard du ters (1ère ch civ 18/4/89). Dudu a une toute pette bite !
Art 1998 CC : « le mandant est tenu d’exécuter les engagements contractuels passés par le mandataire
conformément au pouvoir qui lui a été donné. Il n’est tenu de ce qui a pu être fait au-delà qu’autant q’il a l’a
ratfé expressément ou tacitement ». Il faut distnguer les actes accomplis conformément au pouvoir et les
actes de dépassement de pouvoir.
Le manant n’est pas engagé envers les ters, dès lors que l’acte conclu avec ce dernier ne faisait pas
parte des éléments pour lesquels pouvoir avait été donné au mandataire. Cete soluton connaît deux
tempéraments : applicaton de la théorie de l’apparence (cf supra) et l’hypothèse d’une ratfcaton de l’acte par
le mandant (expresse ou tacite).
Elle connaît deux partcularités : se trouve consacré un droit de rupture unilatérale au proft de l’une et
de l’autre des partes. En outre, parfois, le mandat va s’éteindre involontairement : décès.
Le mandat est basé sur une relaton de confance. Il est donc fait excepton à la force obligatoire des
contrats. Si c’est le mandant qui rompt, on parle de révocaton du mandataire ; si c’est le mandataire qui rompt,
on parle de renonciaton.
Que le contrat soit à durée déterminée ou indéterminée, à tout moment, le mandant peut révoquer le
mandataire (art 2004 CC). C’est une faculté qui est d’ordre public. Par conséquent, si le mandat est stpulé
irrévocable, le mandant peut encore révoquer le mandataire (le mandataire va néanmoins avoir droit à des
indemnités). Le mandant n’a pas à présenter de motfs. Cete dispositon n’est pas impératve. Mais, il n’y aura
pas de contrôle des motfs par le juge. Révocaton ad nutum.
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à ttre onéreux. En outre, la Cour subordonne la qualifcaton à l’existence d’une collaboraton du mandataire au
développement de l’entreprise du mandant.
Elle est prévue par l’art 2007 CC. Son exercice est systématquement accompagné d’une indemnisaton
du mandant.
En principe, le mandant s’éteint par le décès du mandataire, tout comme par le décès du mandant.
L’art 2010 envisage le décès du mandataire et prévoit alors que les hériters du mandataire ne peuvent être
tenus d’accomplir la mission à leur auteur. En revanche, il leur incombe de rendre les comptes du mandat.
Lorsque c’est le mandant qui décède, certains aménagement sont prévus. Tout d’abord, le mandataire est tenu
d’achever sa mission, dès lors qu’il y a, selon l’art 1991, « péril en la demeure » ??? L’art 2008 précise ensuite
que tous les actes passés par le mandataire alors qu’il ignorait le décès du mandant restent valables.
Finalement, la jurisprudence pose que l’extncton du mandat est une règle supplétve de volonté.
Ce contrat est d’une nature toute autre. Il repose sur une mise à dispositon et se défnit comme la conventon
par laquelle une personne, le prêteur, remet une chose à une autre, l’emprunteur, afn que ce dernier s’en serve
et la lui resttue en nature (in specie) ou par équivalent (in genere).
Ce contrat avait toujours été considéré comme un contrat réel. Il ne se forme pas par l’échange des
consentements mais par la remise de la chose du prêteur à l’emprunteur. Mais cete nature est controversée
depuis peu par un arrêt de la 1 ère civ du 28 mars 2000 – la cour a retenu que le prêt consent par un
professionnel du crédit n’est pas un contrat réel. La banque est engagée par le seul échange de consentements
alors que quand le contrat est réel c’est quand la chose est remise. Toute la queston est de savoir si cete
soluton va s’étendre aux autres variantes du contrat de prêt. Le contrat de prêt est loin d’être uniforme. Il en
existe deux types : l’artcle 1874 CC distngue selon que l’utlisaton de la chose par l’emprunteur en consomme
ou non la substance. Si la chose est consommée par le prêt on parle de prêt à la consommaton. Sinon c’est un
prêt à usage.
C’est le contrat par lequel une personne, le prêteur remet à ttre gratuit à une autre, l’emprunteur une chose
non consomptble à charge pour ce dernier de la lui resttuer en nature après s’en être servi.
Il repose sur une chose non consomptble. Il peut reposer en revanche sur n’importe quelle chose : les biens
meubles corporels et incorporels, les immeubles.
Il faut par contre que ce soit une chose. Le contrat de prêt de main-d’œuvre porte sur des personnes et n’est
donc pas un contrat de prêt.
La chose est nécessairement remise pour que l’emprunteur s’en serve. C’est ce qui permet de distnguer le prêt
à usage du dépôt.
Le prêt à usage est ensuite un contrat non translatf de propriété ce qui le distngue de la vente et empêche
l’emprunteur de disposer de la chose.
C’est forcément un contrat à ttre gratuit car sinon ça devient un bail. Cela ne veut pas forcément dire qu’il n’est
pas intéressé : il peut y avoir un intérêt. C’est le cas par exemple le cas de l’essai commercial.
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Il reste un contrat réel pour l’instant ce qui a des conséquences sur la promesse de prêt à usage. La promesse
de prêt à usage ne peut pas donner lieu à exécuton forcée.
Durant le cours du prêt l’emprunteur au terme de l’artcle 1880 du code dispose nécessairement du droit de se
servir de la chose. Ce droit se trouve cependant borné par la nature de la chose ou par la conventon.
L’emprunteur a le droit d’utliser la chose mais ne peut le faire que conformément à sa destnaton normale.
La deuxième limite c’est que le prêteur peut limiter dans la conventon les droits de l’emprunteur relatfs à
l’usage de la chose.
A contrario tous les frais d’entreten et d’utlisaton normale de la chose pèsent sur l’emprunteur sauf
stpulaton contraire.
L’emprunteur supporte tout d’abord pendant le cours du prêt une obligaton de conserver la chose. Selon
l’artcle 1880 il est tenu de veiller en bon père de famille à la garde et à la conservaton de la chose prêtée. La
cour voit dans ce texte une présompton de faute de l’emprunteur en cas de perte de la chose. L’emprunteur
doit prouver que ce n’est pas sa faute.
C’est donc sur le prêteur que repose la charge de la perte de la chose par cas fortuit.
L’emprunteur supporte en fn de contrat une obligaton de resttuer la chose en nature. La chose n’a à être
resttuée que dans l’état où elle se trouve au terme du contrat.
Le contrat s’éteint conformément au droit commun. Il est prévu à l’artcle 1889 que le prêteur peut exiger avant
terme la resttuton de la chose à la conditon qu’il survient pour lui un besoin pressant et imprévu de la chose.
Il en supporte la charge de la preuve.
Artcle 1892 du code : le prêt à la conso (= PC) est le contrat par lequel l’une des partes livre à l’autre une
certaine quantté de choses qui se consomment par l’usage à charge pour cete dernière de lui en rendre autant
de même espèce et de qualité.
Secton 1- La nature du PC :
Il repose sur une consomptble et fongible cad que la chose se consomme et elle existe dans un certain nombre
d’exemplaire (c’est une chose de genre).
Par ce que la chose se consomme le PC est translatf de propriété. Si l’emprunteur consomme la chose il faut
qu’il ait l’abusus.
Ce prêt n’est pas forcément conclu à ttre gratuit : l’artcle 1895 du code autorise la rémunératon.
La nature du PC est sujete à discussion dans la mesure où c’est s’agissant de ce type de prêt que la cour a
retenu le 28 mars 2000 l’applicaton du consensualisme. L’arrêt est relatf à un PC accordé à un professionnel du
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crédit. Pour les autres types de prêt à la conso la doctrine majoritaire considère que ce type de prêt a toujours
une nature réelle. L’enjeu c’est la force de la promesse de prêt.
Secton 2- Le régime du PC :
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