WMO168 Ed2009 Vol II Ch6 Up2008 FR
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pluie-débit. Les modèles dynamiques s’expriment engendrent de sérieuses erreurs lorsqu’on y recourt
en général par des équations différentielles, ordi- relativement à des conditions non observées anté-
naires ou aux dérivées partielles. Il en existe rieurement. Les modèles par lesquels des concepts
plusieurs classifications de type dichotomique. Voir théoriques sont appliqués au traitement de
Singh (1988) pour une discussion sur ce thème. processus hydrologiques variés et liés entre eux, à
savoir les modèles à base physique, devraient être
La catégorie des modèles hydrologiques dyna- plus fiables dans ces situations, et leur application
miques est très générale et englobe un large éventail est très prometteuse sur le plan des connaissances
de méthodes. Il y a d’une part les méthodes pure- scientifiques. Toute tentative de classement des
ment empiriques (dites «boîtes noires»), qui n’ont modèles déterministes en modèles hydrodyna-
pas la prétention de simuler la structure interne et miques, conceptuels ou empiriques impose une
ne font que mettre en correspondance les entrées et décision quant à leur degré d’empirisme. La distinc-
les sorties du système que constitue un bassin tion entre les modèles dynamiques reste, dans une
versant. Les réseaux de neurones artificiels sont une certaine mesure, arbitraire, car l’empirisme de l’un
catégorie particulière de modèles «boîtes noires». peut être la théorie de l’autre (Singh, 1988). On a
D’autre part, des méthodes font intervenir des néanmoins jugé convenable de suivre cette classifi-
systèmes complexes d’équations basées sur les lois cation des modèles déterministes.
physiques et les concepts théoriques qui régissent
les processus hydrologiques; on les appelle modèles
6.1.1 Modèles «boîtes noires»
hydrodynamiques (voir Hydrological Models for
Water-Resources System Design and Operation, Rapport Un bassin hydrographique peut être considéré
d’hydrologie opérationnelle N° 34). Les modèles comme un système dynamique dans lequel des
conceptuels se situent entre ces deux extrêmes. Ils paramètres globaux, invariants sur le bassin, trans-
consistent en une structure d’éléments conceptuels forment les entrées, précipitations et eaux de fonte
simples, par exemple des réservoirs et des chenaux nivale, en une sortie qui est l’hydrogramme à
linéaires ou non linéaires, qui simulent de manière l’exutoire du bassin. Il en est de même pour un
approximative les processus observés dans les bief de cours d’eau, sauf que le débit entrant au(x)
bassins. Qu’ils soient empiriques, conceptuels ou point(s) amont vient s’ajouter aux entrées. Ces
hydrodynamiques, ces modèles fournissent des systèmes peuvent être schématiquement illustrés
sorties auxquelles il est impossible d’associer des comme à la figure II.6.1, où P(t) représente les
probabilités d’occurrence. C’est pourquoi ils sont entrées et Q(t) les sorties, toutes deux fonctions du
souvent qualifiés de déterministes. temps t. Du point de vue de la théorie des systèmes
dynamiques, les systèmes hydrologiques se
Les modèles globaux ont des paramètres constants, comportent en systèmes linéaires s’ils satisfont le
qui ne varient pas dans l’espace et qui sont généra- principe de superposition, c’est-à-dire que la réac-
lement décrits par des équations différentielles tion du système à un ensemble combiné d’entrées
ordinaires, tandis que les paramètres des modèles est égale à la somme de ses réponses aux diverses
répartis, qui sont décrits par des équations aux déri- entrées considérées séparément et que les para-
vées partielles, peuvent varier dans l’espace. Les mètres du système sont indépendants des entrées
modèles répartis et semi-répartis sont aujourd’hui et des sorties. La prémisse voulant que l’hydro-
courants, car ils utilisent les champs de données gramme en sortie d’un bassin puisse être prédit à
répartis obtenus par la télédétection. Les modèles partir d’une succession d’épisodes de précipita-
linéaires sont d’utilisation commode car ils peuvent tions et de fonte nivale suppose uniquement que
avoir des solutions analytiques et, contrairement la variabilité des autres entrées naturelles, comme
aux modèles non linéaires, obéissent au principe de l’évapotranspiration, est faible ou négligeable ou
superposition. Les modèles sont dits stationnaires, encore s’exprime comme une fonction connue du
c’est-à-dire invariants dans le temps, quand la rela- temps.
tion entrée-sortie et les paramètres ne fluctuent pas
au fil du temps; dans le cas contraire, ils sont non L’expression générale de la relation entre
stationnaires, c’est-à-dire variants dans le temps. entrées P(t) et sorties Q(t) d’un système linéaire
Les modèles peuvent être continus, et dans ce cas
décrits par des équations différentielles et des inté-
grales, ou discrets, et alors décrits par des équations
P(t) Modèle du Q(t)
aux différences finies et des sommes. système
dynamique à paramètres globaux peut s’écrire système physique. Elle est analogue à la fonction
comme suit: d’influence de l’équation 6.2. Le premier terme du
second membre de l’équation 6.4 rend compte des
d nQ d n−1Q dQ
an (t ) + an−1 (t ) + ... + a1 (t ) + a0 (t ) Q propriétés linéaires du système, le deuxième, de ses
n n−1
dt dt dt propriétés quadratiques, le troisième, de ses
dnP d n−1 P dP (6.1) propriétés cubiques, etc.
= bn (t ) + b n−1 (t ) + ... + b1 (t ) + b0 (t ) P
n n−1
dt dt dt
6.1.2 Réseaux de neurones artificiels
où les coefficients ai et bi sont les paramètres carac-
téristiques des propriétés du système. La résolution Les réseaux de neurones artificiels composent une
de l’équation 6.1, pour des conditions initiales catégorie particulière de modèles mathématiques
nulles, donne: qui sont de plus en plus employés pour résoudre
divers problèmes hydrologiques. On peut se repré-
t senter cet outil de modélisation comme un
Q (t ) = h (t, τ ) P (τ )d τ (6.2)
∫ ensemble d’unités de traitement du signal intercon-
0 nectées, que l’on appelle neurones artificiels. Les
où la fonction h(t,τ) représente la réponse du réseaux de neurones artificiels peuvent reproduire
système à une impulsion unique d’entrée au temps τ. des relations entrée-sortie complexes; ils ressem-
Il existe de nombreuses façons de représenter les blent à l’architecture parallèle du cerveau humain,
systèmes hydrologiques par des formulations bien qu’à une échelle réduite. L’idée à l’origine du
comportant la fonction d’influence h(t,τ), que l’on développement de ces réseaux était de simuler les
appelle aussi réponse impulsionnelle. On peut fonctions de base d’un cerveau et de mettre au
l’exprimer par le biais des coefficients ai et bi de point un système artificiel susceptible d’accomplir
l’équation 6.1. Si ces coefficients ne varient pas en des tâches intelligentes analogues. Les réseaux de
fonction du temps, c’est que le système est inva- neurones artificiels acquièrent un savoir par appren-
riant dans le temps, et l’équation 6.2 se transforme tissage et stockent les connaissances acquises au
en intégrale de Duhamel: sein des poids de connexions interneuronales, ou
poids synaptiques.
t
Q (t ) = h (t − τ ) P (τ )d τ
∫ (6.3)
Les réseaux de neurones artificiels sont un simple
0
assemblage de neurones individuels. Chaque unité
On peut montrer que le concept de l’hydrogramme est connectée à plusieurs unités voisines. Ce grou-
unitaire et les méthodes de propagation exposées pement est réalisé en créant des couches reliées les
aux sections 6.3.2.2.5 et 6.3.4.3 sont des exemples unes aux autres. Les connexions déterminent si un
de systèmes dynamiques linéaires répondant au élément est en mesure d’influer sur un autre
principe de superposition. élément. Certains neurones des couches d’entrée
et de sortie sont en contact avec l’extérieur. Ceux
Les systèmes non linéaires sont ceux dans lesquels de la couche d’entrée reçoivent les signaux du
le principe de superposition n’est pas respecté. En milieu extérieur et ceux de la couche de sortie
général, la réponse d’un système paramétrique lui transmettent les signaux émanant du réseau
global non linéaire à une entrée s’exprime soit par (figure II.6.2). En principe, un certain nombre de
une équation différentielle non linéaire ordinaire, couches cachées se situent entre les couches
soit par l’équation intégrale suivante: d’entrée et de sortie.
t
Quand la couche d’entrée reçoit un signal, ses
Q (t ) = ∫ h (τ ) P (t − τ )d τ neurones produisent une donnée qui devient une
0
t entrée pour la couche suivante du système. Le
+ ∫ h (τ 1 , τ 2 ) P (t − τ 1 ) P (t − τ 2 )d τ 1 d τ 2 processus se poursuit jusqu’à ce que la couche de
0 sortie transmette un signal au milieu extérieur. Une
t t (6.4) fonction d’entrée-sortie, ou fonction de transfert,
∫ ∫
+ ... h (τ 1 , τ 2 , ..., τ n ) P (t − τ 1 ) devra être spécifiée pour les unités du réseau. La
0 0 fonction de transfert peut être, par exemple,
P (t − τ 2 )... P(t− τ n )d τ 1 d τ 2 ...d τ n linéaire, de seuil ou sigmoïde. Pour construire un
réseau neuronal qui accomplira une tâche précise, il
faut choisir la structure du réseau, déterminer un
où h(τ1, τ2, ... τn) est une fonction qui exprime les plan de connexions entre les éléments et établir le
caractéristiques invariantes dans le temps d’un poids des connexions, qui traduit leur force.
II.6-4 guide des pratiques hydrologiques
Couche d’entrée Couche cachée Couche de sortie relations linéaires aussi bien que non linéaires et
d’apprendre directement ces relations à partir des
données modélisées. Les modèles linéaires clas-
siques sont totalement inadaptés lorsqu’on veut
modéliser des données dont certaines caractéris-
tiques ne sont pas linéaires, ce qui est le cas de la
Sorties plupart des systèmes hydrologiques. En ce début du
XXIe siècle, de multiples recherches sont menées
dans le monde entier sur les réseaux neuronaux et
leur application à la résolution de divers problèmes.
Entrées
Ces méthodes ne sont pourtant pas utilisées
couramment en hydrologie. On préfère encore les
technologies bien établies à ces nouveautés dont les
avantages restent à démontrer. L’aspect «boîte
noire» des réseaux de neurones artificiels explique
Figure II.6.2. Structure d’un réseau de également la réticence de certains hydrologues.
neurones artificiels
6.1.3 Modèles conceptuels
La capacité d’apprentissage d’un réseau de neurones
dépend de son architecture et de l’algorithme choisi Les méthodes exposées dans les sections précé-
pour perfectionner son fonctionnement. Diverses dentes ne mettent en jeu que des concepts très
lois d’apprentissage sont employées à cette fin. Des généraux de la transformation des données d’entrée
algorithmes mathématiques servent à ajuster le en hydrogramme à l’exutoire du bassin, alors que
poids des connexions. La modification de la pondé- l’on dispose parfois d’informations précises sur la
ration, appelée entraînement, permet au réseau structure d’un système ou d’un processus. Elles ne
d’apprendre à résoudre un problème. L’acquisition permettent pas de résoudre les problèmes de modé-
de connaissances se fait en ajustant le poids des lisation des bassins quand il faut évaluer les effets
connexions, de telle sorte que le réseau produise les de la variabilité et de l’évolution du climat, des
résultats escomptés. Le concepteur d’un réseau de changements d’affectation des terres ou de diverses
neurones artificiels doit déterminer la disposition activités humaines. En conséquence, une approche
des neurones dans les différentes couches, les de la modélisation intégrant des structures de calcul
connexions dans et entre les couches, la façon dont basées sur divers concepts simplifiés des processus
un neurone reçoit et émet un signal et le principe physiques de la formation de l’écoulement a été
qui régit l’apprentissage. Établir le nombre de mise au point. Les modèles appartenant à cette
neurones cachés à l’intérieur du réseau est un exer- catégorie sont dits conceptuels.
cice d’optimisation souvent réalisé par essais et
erreurs. Un nombre excessif de neurones entraîne Un des aspects les plus délicats de l’application des
un surapprentissage, et la généralisation devient modèles conceptuels est l’ajustement du modèle
alors difficile. retenu à un bassin particulier. La plupart des para-
mètres sont déterminés par des processus itératifs,
Il existe une variété d’architectures et d’algorithmes manuels ou automatiques, faisant intervenir les
d’apprentissage, allant des réseaux sans rétroaction, données historiques sur les entrées et les sorties. En
qui sont entraînés par rétropropagation, aux cartes raison des limites inhérentes aux données, des
auto-organisables pour le repérage des formes. La imperfections des modèles et des relations entre
mise au point de réseaux de neurones artificiels est leurs paramètres, un faible accroissement du
une solution rapide et souple qui s’est révélée utile nombre de paramètres aura vraisemblablement un
dans un large éventail de circonstances. Parmi les effet majeur, et négatif, sur les difficultés rencon-
applications en hydrologie figurent la modélisation trées lors de l’étalonnage. Il faut donc que le nombre
pluie-débit (voir Minns et Hall, 1996), la propaga- de paramètres soit compatible avec la fiabilité des
tion des écoulements (Cigizoglu, 2003) et les trans- données d’entrée et avec l’exactitude nécessaire. En
ports solides (Tayfur, 2002). Les réseaux neuronaux d’autres termes, les concepts contemporains présen-
se prêtent à la prévision, car ils décèlent particuliè- tant un intérêt théorique doivent souvent être
rement bien les configurations et tendances des simplifiés au profit de l’utilité.
données.
Toute une gamme de modèles conceptuels ont
Le principal avantage des réseaux de neurones arti- été décrits (voir Intercomparison of conceptual
ficiels réside dans leur capacité de représenter les models used in operational hydrological forecasting –
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-5
WMO-No. 429). Dans ces circonstances, il a semblé où PRATE est le taux de percolation et PBASE le taux
opportun de limiter la discussion à une brève de percolation qui existerait si la couche inférieure
description de trois de ces modèles, constituant un était pleine et si l’approvisionnement dans la couche
échantillon raisonnable dans le cadre du présent supérieure était illimité. Ce taux est numériquement
guide. Plusieurs modèles conceptuels font partie du égal au débit maximal sortant de la zone inférieure et
Système hydrologique opérationnel à fins multiples se calcule comme la somme des capacités primaire et
(SHOFM) de l’OMM. secondaire de stockage d’eau libre de la zone infé-
rieure, chacune étant multipliée par son coefficient
de tarissement. RDC est le rapport du déficit de la
6.1.3.1 Modèle de Sacramento
zone inférieure à sa capacité. Autrement dit, RDC est
Ce modèle a été mis au point par l’équipe du Centre nul quand la zone inférieure est pleine et égal à 1
des prévisions fluviales du Service météorologique lorsqu’elle est vide. ZPERC est un paramètre du
national des états-Unis d’Amérique à Sacramento, modèle qui définit la plage des valeurs du taux de
Californie. Il met en jeu un algorithme complexe de percolation. Avec un approvisionnement illimité en
calcul de l’humidité pour établir les volumes de eau libre de la zone supérieure, le taux de percolation
plusieurs composantes de l’écoulement, alors varie de PBASE (zone inférieure pleine) à PBASE
qu’une méthode plutôt simple et largement empi- (1 + ZPERC) lorsque la zone inférieure est vide. REXP
rique est utilisée pour convertir ces entrées en est un paramètre du modèle qui définit la forme de la
hydrogramme à l’exutoire du bassin versant. Le sol courbe entre les valeurs minimales et maximales
est traité en deux parties, une zone supérieure et décrites ci-dessus. UZFWC est le volume d’eau libre
une zone inférieure, chacune ayant une capacité de dans la zone supérieure et UZFWM la capacité de
stockage de l’eau capillaire et de l’eau libre. L’eau stockage d’eau libre de la zone supérieure. Le rapport
capillaire est celle qui est fortement liée aux parti- UZFWC/UZFWM représente la force d’entraînement
cules du sol et ne peut en être extraite que par de la zone supérieure. Quand cette zone est vide, il
évapotranspiration. Le modèle permet de simuler n’y a pas de percolation. Quand elle est pleine, le
les déplacements verticaux et horizontaux de l’eau débit de percolation est déterminé par le déficit de la
libre. Les capacités de stockage de l’eau capillaire et zone inférieure.
de l’eau libre dans chacune des zones sont spécifiées
à titre de paramètres du modèle. L’eau qui entre Cette équation est le mécanisme central du modèle.
dans une zone est ajoutée au volume d’eau capil- Elle interagit avec d’autres composantes de manière
laire stockée tant que la capacité de stockage n’est à contrôler le mouvement de l’eau dans toutes les
pas dépassée, et tout volume excédentaire est ajouté parties du profil du sol, à la fois au-dessus et
au volume d’eau libre stocké. au-dessous de l’interface de percolation; en retour,
elle est déterminée par les mouvements qui se
Une partie de toute précipitation rejoint immédiate- manifestent dans toutes les parties du profil. Les
ment le réseau hydrographique en tant que ruisselle- taux d’évapotranspiration sont estimés d’après des
ment direct. Il s’agit de la pluie qui se déverse variables météorologiques ou des observations sur
directement sur le réseau lui-même ou sur les surfaces bac. On peut utiliser des valeurs moyennes au jour
imperméables adjacentes. Dans ce modèle, la super- le jour ou à long terme. Le potentiel du bassin est le
ficie en cause varie dans le temps. Toute la pluie et produit de l’évapotranspiration météorologique par
l’eau de fonte des neiges qui n’entre pas dans l’écou-
lement direct pénètre dans la couche supérieure du
sol. L’eau libre de cette zone se retrouve soit dans
l’écoulement retardé, soit dans l’eau qui percole
jusqu’à la couche inférieure. Si le taux d’apport d’hu-
midité dans la couche supérieure est plus grand que
le taux d’assèchement, l’excédent devient du ruissel- Zone
Stockage d’eau capillaire
supérieure
lement. L’eau libre de la couche inférieure se répartit Stockage d’eau libre Ruissellement
direct
entre stockage primaire (drainage lent) et stockage Ruissellement
Ruissellement
secondaire. La figure II.6.3 illustre les principales Stockage
d’eau
Stockage
d’eau Stockage
retardé
Zone
caractéristiques du modèle. inférieure
Stockage
d’eau libre
primaire
capillaire capillaire supplé-
mentaire
d’eau libre
UZFWC (6.5)
PRATE = PBASE ⎡⎣1 + ZPERC * RDC REXP⎤⎦
UZFWM Figure II.6.3. Structure du modèle de Sacramento
II.6-6 guide des pratiques hydrologiques
un facteur fonction de la date, qui reflète l’état de la du réservoir le plus bas dont toutes les sorties par le
végétation. Dans le calcul de l’humidité réalisé par bas sont perdues pour le système. L’eau qui quitte
le modèle, les pertes par évapotranspiration, directes un réservoir quelconque par un orifice latéral (écou-
ou indirectes, sont soustraites du contenu des divers lement latéral) se retrouve comme entrée dans le
réservoirs ou du réseau hydrographique, ou des réseau hydrographique. Le nombre de réservoirs et
deux. Les pertes sont réparties suivant une hiérarchie la taille et la position des orifices de sortie sont les
de priorités et sont limitées par la disponibilité paramètres du modèle.
d’humidité ainsi que par la demande calculée.
Ce schéma représente bien le processus pluie-débit
Le mouvement de l’humidité à travers les couches dans les régions humides, mais pour les zones
de sol se fait suivant un processus continu; la vitesse arides et semi-arides, des dispositions plus
d’écoulement en un point donné varie selon le taux complexes sont nécessaires, comme le montre la
d’alimentation en humidité et le contenu des réser- figure II.6.4 b). Si des périodes sèches prolongées
voirs en cause. Ce processus est simulé par un calcul caractérisent une région, deux ensembles de réser-
quasi linéaire. Le calcul du drainage et de la perco- voirs comme celui décrit ci-dessus, ou plus, sont
lation pour un intervalle de temps donné repose sur disposés en parallèle. Pour chaque ensemble, les
l’hypothèse implicite voulant que le déplacement écoulements par le bas se font de la même manière
d’humidité pendant cet intervalle soit défini par les que dans le modèle simple. Chaque réservoir de
conditions existant au début de l’intervalle. Cette chaque ensemble contribue, par son écoulement
approximation n’est acceptable que si la durée de latéral, à l’alimentation du réservoir correspon-
l’intervalle est relativement courte. Dans le modèle, dant de l’ensemble voisin, sauf que tous les écou-
la durée de l’intervalle dépend du volume, c’est-à- lements latéraux des réservoirs du dernier ensemble
dire que l’intervalle est choisi de manière qu’il n’y vont directement dans le réseau hydrographique.
ait pas plus de cinq millimètres d’eau en jeu à De plus, l’écoulement latéral (orifice du haut) du
chaque exécution de la boucle de calcul. réservoir supérieur de chaque ensemble alimente
directement le réseau hydrographique. Chaque
Cinq composantes de l’écoulement sont calculées ensemble est considéré comme représentant une
par le modèle. Les trois composantes supérieures zone du bassin, le plus bas correspondant à la zone
(écoulement direct, écoulement de surface et la plus proche des cours d’eau. Lorsque les varia-
écoulement retardé) sont totalisées et transfor- tions saisonnières font évoluer les conditions
mées au moyen d’un hydrogramme unitaire climatiques vers la sécheresse, la zone avoisinant
(section 6.3.2.2.5). Les deux composantes provenant les cours d’eau peut rester relativement humide
de la zone inférieure, écoulements de base primaire après que celle qui en est la plus éloignée s’est assé-
et secondaire, sont additionnées directement à chée. Les auteurs du modèle ne prétendent pas que
l’hydrogramme en sortie issu des trois autres compo-
santes. Un calcul de propagation de l’hydrogramme
résultant est aussi prévu avec des coefficients de xS1
propagation variables.
xS2
la représentation au moyen de réservoirs est parfai- l’exutoire est produit en propageant cet apport
tement conforme à la réalité, mais plutôt que la d’après l’hypothèse:
configuration des réservoirs est une approxima-
tion qui présente quelque analogie avec la méthode Q = KS2 (6.7)
des différences finies. En outre, les formulations
mathématiques qui définissent l’écoulement de où Q est le débit sortant, S le stockage dans le cours
l’eau dans les réservoirs ressemblent aux concepts d’eau et la constante K un paramètre supplémen-
de l’hydrologie classique. taire du modèle. On impose que dQ/dS soit inférieur
ou égal à 1 pour éviter que le débit sortant dépasse
Le modèle permet de distinguer l’eau captive le volume stocké dans le cours d’eau. Une caracté-
(humidité du sol) et l’eau libre qui s’écoule vers le ristique intéressante du modèle à réservoirs est la
bas ou à l’horizontale. Il prévoit également que possibilité de modifier réellement sa structure en
l’eau libre comble, par capillarité, le déficit en changeant les valeurs des paramètres.
humidité du sol. Le modèle calcule les pertes par
évapotranspiration dans le bassin selon l’évapora- Le modèle à réservoirs est la composante J04.1.01
tion quotidienne mesurée ou estimée, l’état des du SHOFM.
réserves et un ordre de priorité pour les différents
éléments de stockage.
6.1.3.3 Modèle HBV
Le calcul de base pour un réservoir comprend une Le modèle HBV a été élaboré par Bergstrom (1992,
fonction de vidange définie par: 1995) à l’Institut suédois de météorologie et
d’hydrologie. Ce modèle conceptuel de bassin
dx (6.6) versant convertit les données sur les précipitations,
= αx
dt la température de l’air et l’évapotranspiration
potentielle en valeurs de la fonte nivale (le cas
où x est le contenu du réservoir et t le temps. Le échéant) et en valeurs de l’écoulement fluvial et/ou
débit sortant, dans un intervalle de temps fini ∆t, du débit entrant dans les réservoirs. Ayant été
est alors égal à [1 – e–αΔt]x. La quantité [1 – e–αΔt] est modifié à maintes reprises, il en existe des variantes
calculée pour chaque orifice de sortie d’après la dans un certain nombre de pays.
valeur de α et l’intervalle de temps spécifié.
Le modèle décrit le bilan hydrologique général de la
Pour chaque intervalle de temps, les calculs sont façon suivante:
effectués dans l’ordre suivant:
d
a) Pour le réservoir supérieur: P − E −Q =
dt [
SP + SM + UZ + LZ + VL ] (6.8)
i) Soustraction de l’évapotranspiration;
ii) Transfert d’eau libre en humidité du sol; où P désigne les précipitations, E l’évapotranspi-
iii) Addition de la pluie et de l’eau de fonte ration, Q l’écoulement, SP le manteau neigeux,
nivale; SM l’humidité du sol, UZ la zone supérieure des
iv) Calcul et soustraction de l’apport au réseau eaux souterraines, LZ la zone inférieure des eaux
hydrographique (écoulement latéral) et de souterraines et VL le volume des lacs.
la percolation (écoulement vers le bas) à
partir du contenu en eau libre; Le modèle HBV peut être considéré comme un
b) Pour un des réservoirs inférieurs: modèle semi-réparti permettant de diviser le bassin
i) Soustraction de l’évapotranspiration, en versant en sous-bassins et de créer des zones d’alti-
respectant les priorités; tude. Il comprend des sous-programmes pour l’in-
ii) Transfert d’eau libre en humidité du sol; terpolation météorologique, l’accumulation et la
iii) Addition de la percolation en prove- fonte de neige, l’évapotranspiration, le calcul de
nance du réservoir situé immédiatement l’humidité du sol, la formation de l’écoulement et,
au-dessus; enfin, la propagation par les cours d’eau et les lacs.
iv) Calcul et soustraction de l’apport au réseau Les bassins au relief très accidenté sont divisés en
hydrographique (écoulement latéral) et de zones d’altitude, lesquelles peuvent être divisées à
la percolation (écoulement vers le bas) à leur tour en zones de végétation, par exemple zones
partir du contenu en eau libre. boisées ou non boisées.
répartie selon les zones d’altitude et le gradient spatiale est également nécessaire pour la future inté-
vertical de température; elle est modélisée de façon gration de données de terrain réparties dans l’espace.
différente dans les forêts et dans les espaces décou- L’affinement du modèle a résulté davantage de la
verts. L’une des hypothèses est que le manteau modification du traitement des données d’entrée et
neigeux retient l’eau de fonte aussi longtemps que du nouveau sous-programme d’étalonnage automa-
le volume de celle-ci ne dépasse pas une certaine tique que des modifications visant la description des
capacité de rétention de la neige. Lorsque la tempé- processus.
rature passe sous la valeur seuil, l’eau de fonte gèle
à nouveau progressivement. Les données à introduire dans le modèle HBV sont
les précipitations (hauteurs journalières), la tempé-
Le modèle HBV tient compte de l’humidité du sol rature de l’air (moyennes journalières) et les estima-
par une modification de la méthode à réservoirs, en tions de l’évapotranspiration potentielle. Le modèle
ce sens qu’il suppose une distribution statistique standard utilise les données mensuelles de l’évapo-
des capacités de stockage dans le bassin. C’est là que transpiration potentielle moyenne à longue
réside le principal contrôle de la formation de échéance, basée généralement sur la formule de
l’écoulement. L’évapotranspiration potentielle est Penman et corrigée en fonction des anomalies de
ramenée aux valeurs réelles parallèlement à un assè- température (Lindström et Bergström, 1992). Il est
chement du sol dans le modèle; elle se produit dans également possible de calculer des valeurs quoti-
les lacs seulement lorsqu’ils ne sont pas gelés. Les diennes proportionnelles à la température de l’air,
conditions de gel sont modélisées par un simple mais avec des coefficients de proportionnalité
sous-programme de pondération de la température mensuels. Les dernières versions du modèle HBV
de l’air, ce qui introduit un décalage entre la tempé- peuvent être exécutées avec des données de résolu-
rature de l’air et celle des lacs. tion temporelle plus fine (données horaires).
Leur formulation vise à suivre de plus près les est présenté à la figure II.6.5. Il a été mis au point
processus hydrologiques; ils permettent ainsi d’in- d’après les équations aux dérivées partielles décri-
tégrer plusieurs variables météorologiques et para- vant les processus physiques dans un bassin: inter-
mètres des bassins versants. Ils fournissent un ception, évapotranspiration, ruissellement et
ensemble de données synthétiques sur les débits, écoulement dans les chenaux, déplacement de l’eau
les caractéristiques de la qualité de l’eau et les dans les zones saturées et non saturées et fonte
vitesses de recharge des nappes souterraines. Les nivale.
entrées sont essentiellement des données sur les
hauteurs de pluie, mais il peut être tenu compte des Le processus d’interception est représenté par une
chutes de neige, des températures, du rayonne- variante du modèle de Rutter qui fournit une vitesse
ment, de l’évapotranspiration potentielle, etc. Les de modification de la quantité d’eau stockée sur le
modèles mis au point pour des bassins urbains couvert:
peuvent renfermer une description du réseau de
∂c
drainage. Les modèles destinés aux zones rurales = Q − K eb (C − S )
peuvent comprendre des hydrogrammes unitaires, ∂t (6.9)
des courbes de répartition des surfaces isochrones ⎧⎪ P1 P2 ( P − Ep C / S )
ou des sous-programmes de propagation. où: Q =⎨ lorsque C < S
⎪⎩ P1 P2 ( P − Ep ) lorsque C ≥ S
Pour diverses raisons, les modèles répartis à base
physique sont encore loin d’être exploités à leur et où C est l’épaisseur réelle d’eau sur le couvert,
pleine capacité (Refsgaard et Abbott, 1996). Ils S est la capacité de stockage du couvert, P est
requièrent une grande quantité de données qui l’intensité de la pluie, P1 est, en plan, la proportion
souvent n’existent pas ou ne sont pas disponibles. du sol cachée par la végétation, P2 est le rapport
La télédétection opérationnelle n’est toujours pas entre la surface foliaire totale et la surface du sol
très répandue, sauf pour la couverture neigeuse et couverte par la végétation, Ep est le taux d’évapo-
l’utilisation des sols ou la végétation. ration potentielle, K et b sont des paramètres de
drainage et t est le temps.
Peu de paramètres d’un modèle réparti à base
physique peuvent être mesurés sur le terrain, et Pour la prévision des taux d’évapotranspiration
l’étalonnage est une tâche d’optimisation difficile. réelle, on utilise l’équation de Penman-Monteith:
De plus, les descriptions plus pertinentes et
ϕ C pv e
complexes sont rarement introduites car elles exige- ΔRn
raient davantage de paramètres, qu’il faudrait iden- ra
tifier. Cette simplification rend parfois la base Ea = (6.10)
physique du modèle moins rigoureuse. [
λ Δ + γ ( 17 γ s / ra ]
Comme l’a noté Beven (1996), les modèles répartis où ϕ est la masse volumique de l’air, λ la chaleur
à base physique utilisent des équations de petite latente de vaporisation de l’eau, Ea le taux d’évapo-
échelle en prenant pour hypothèse que le change- transpiration réelle, Rn le rayonnement net moins
ment d’échelle peut être compensé par l’introduc-
tion de valeurs des paramètres appropriées.
Toutefois, les équations à base physique de petite Evapo-
échelle ne s’accommodent pas très bien d’une transpiration
Apports en pluie
augmentation d’échelle dans un système hétéro- et en neige
gu
la ire)
an
ct
gène. Beven (1996) entrevoit une solution dans une Modèle d’interception
par le couvert ail
le
re
(m
approche qui reconnaît les limites de la modélisa- Modèle multicouche he
na
u x
le sc
tion, par exemple dans un cadre d’incertitude. Les de fonte de la neige
u leme
nt d
ans Ru
t d’éco
isse
Modèle de ruissellement e
paramètres dépendants de l’échelle pourraient être m
lle
en
t re
tard
basés sur un modèle statistique de l’hétérogénéité. é
le flux d’énergie dans le sol, Δx la pente de la courbe Dans le mode le plus exhaustif, l’écoulement dans
de l’humidité spécifique/température, Cp la chaleur la zone non saturée peut être calculé au moyen de
spécifique de l’air à pression atmosphérique l’équation de Richards:
constante, ve le déficit en tension de vapeur de
∂Ψ ∂ ⎛K ∂Ψ ⎞+ ∂K
l’air, ra la résistance aérodynamique au transport C= = +S (6.13)
de vapeur d’eau, gs la résistance du couvert au ∂t ∂Z ⎝ ∂Z ⎠ ∂Z
transport de vapeur d’eau et g la constante
psychrométrique. où Y est la pression hydrostatique, t la variable
temps, Z la coordonnée verticale (positive vers le
Le processus d’interception est modélisé sous la haut), C = ∂Θ / ∂Y la capacité de rétention d’eau du
forme d’une capacité de stockage qui doit être sol, Θ la teneur volumétrique en humidité, K la
épuisée pour que l’eau ruisselle le long des troncs conductivité hydraulique et S un terme source/
jusqu’au sol. La taille de la capacité de stockage, puits.
Imax, dépend du type de végétation et de son stade
de développement, déterminé par l’indice de La vitesse d’infiltration dans le sol est déterminée
surface foliaire, LAI. Donc: par les conditions à la limite supérieure, qui
passent des conditions contrôlées par le flux à des
Imax = Cint × LAI (6.11) conditions contrôlées par le sol (saturation) et
vice-versa. La limite inférieure est habituellement
où Cint est un coefficient d’interception qui définit le niveau de la surface de la nappe phréatique.
la capacité de stockage propre à la végétation. Il L’équation décrivant l’écoulement dans la zone
est souvent de l’ordre de 0,05 mm, mais l’étalon- saturée est l’équation non linéaire de Boussinesq:
nage peut permettre d’obtenir une valeur plus
précise. La superficie du feuillage par unité de ∂h ∂ ⎛K H ∂h ⎞ ∂ ⎛ ∂h ⎞
S = = + K H + R (6.14)
∂t ∂x ⎝ x ∂x ⎠ ∂y ⎝ y ∂y ⎠
surface au sol est donnée par l’indice de surface
foliaire. Des fonctions généralisées de cet indice,
variant dans le temps, ont été établies pour diffé- où S est le débit spécifique, h est le niveau de la
rentes cultures. Lorsqu’il utilise l’outil de modéli- surface de la nappe phréatique, Kx et Ky sont les
sation MIKE SHE, l’utilisateur doit donc spécifier conductivités hydrauliques dans des conditions de
la variation temporelle de l’indice de surface saturation dans les directions x et y, H est l’épaisseur
foliaire pour chaque catégorie de culture pendant saturée, t est la variable temps, x et y sont les coor-
les périodes de végétation à simuler. Les condi- données spatiales horizontales et R est un terme
tions climatiques variant d’une année à l’autre, pour l’alimentation/débit instantané.
un décalage des courbes de l’indice de surface
foliaire dans le temps peut s’avérer nécessaire, On résout l’équation 6.14 par approximation avec
mais, en principe, la forme de la courbe ne sera un ensemble d’équations aux différences finies,
pas modifiée. En règle générale, l’indice de surface c’est-à-dire en appliquant la loi de Darcy combinée
foliaire varie entre 0 et 7. Si la quantité d’eau avec l’équation de conservation de la masse pour
interceptée sur les feuilles est suffisante, l’évapo- chaque nœud de calcul. Pour un nœud i à l’inté-
ration par le couvert est égale à l’évapotranspira- rieur de la surface du modèle, le débit total entrant
tion potentielle, c’est-à-dire: R provenant des nœuds voisins et des sources/
puits, entre le temps n et le temps n+1, s’exprime
Ecan = min Imax Ep Dt (6.12) comme suit:
et de masse à l’intérieur d’un stock nival en tenant dans la recherche d’une solution adéquate. Un
compte des modifications de sa structure. Deux certain nombre de critères élaborés et présentés
équations semi-empiriques complètent l’ensemble dans le cadre de projets réalisés par l’OMM (OMM,
des relations nécessaires pour définir les distribu- 1986; 1987; 1991a) conviennent de manière
tions de la température et de la teneur en eau. Des générale.
équations empiriques sont également utilisées pour
définir les propriétés hydrauliques et thermiques de Il est recommandé d’observer les principes ci-après
la neige en matière de structure, de teneur en eau et lors de la détermination des paramètres de modèles
de température. hydrologiques conceptuels complexes comportant
plusieurs composantes:
Plusieurs systèmes sont liés au modèle SHE, dont
MIKE SHE, SHETRAN et SHESED récemment mis au a) Mettre à l’épreuve séparément les composantes
point. Les descriptions de base des processus du modèle en utilisant toute l’information
présents dans la première version du SHE se retrou- expérimentale et scientifique. Il est bien connu
vent dans MIKE SHE. Ce dernier progiciel (Storm et que la détermination globale de tous les para-
Refsgaard, 1996), plus étendu que le SHE, a eu de mètres d’un modèle par optimisation peut
nombreuses applications concrètes, par exemple: produire des valeurs non réalistes, qui excèdent
simulation des écoulements, transport de solutés, même parfois les plages physiques possibles.
planification de l’irrigation, contrôle de la salinité C’est le cas lorsque certaines composantes du
et gestion. modèle renferment des erreurs systématiques
ultérieurement corrigées à l’intérieur même
du modèle. En vue d’éviter ces problèmes, il
6.1.5 Évaluation des paramètres
est recommandé de déterminer séparément, et
Des méthodes générales d’évaluation ou d’identifi- non globalement, les paramètres des modèles
cation des paramètres, parfois appelées techniques conceptuels complexes pour chacune des
d’étalonnage de modèle, ont été mises au point composantes de base;
pour un large éventail de systèmes dynamiques. b) Utiliser, pour l’étalonnage des modèles, des
L’expérience montre que l’efficacité de ces données couvrant un intervalle d’une durée
méthodes dépend de l’existence d’informations minimale de trois ans et utiliser, pour la véri-
adéquates sur les caractéristiques du système et sur fication, un autre intervalle de durée analogue.
la forme de la fonction d’influence, ou réponse Selon une telle méthode d’échantillon frac-
impulsionnelle. Il existe deux grandes méthodes tionné, les intervalles servant à l’étalonnage et à
d’étalonnage. la vérification devraient être choisis de manière
à représenter différentes conditions favorables
Dans la première méthode, le modèle mathéma- à la production d’écoulement, par exemple les
tique est combiné aux données afin d’obtenir les crues engendrées par des chutes de pluie, les
coefficients inconnus, qui sont les paramètres du crues résultant des processus de fonte nivale et
système. Une telle tâche est généralement difficile, les étiages;
car elle relève de la résolution des problèmes c) Dans le cas de bassins dont le régime hydro-
mathématiques inverses mal posés. L’inversion de logique subit des influences anthropiques,
matrice est parfois nécessaire dans les cas linéaires. il est recommandé d’étalonner le modèle en
Les solutions peuvent être très sensibles à l’inexac- fonction du régime naturel d’écoulement. Les
titude des données. Elles ont tendance à être valeurs de certains paramètres peuvent ensuite
instables et multiples. L’optimum trouvé par être modifiées pour tenir compte des influences
le logiciel peut être un optimum local et non anthropiques. La validation des paramètres du
global. modèle devrait être effectuée pour une période
représentative qui n’est pas influencée par les
La seconde méthode consiste à essayer diverses activités humaines.
combinaisons de valeurs des paramètres pour
trouver la valeur minimale ou maximale d’un Les paramètres des modèles hydrodynamiques
critère d’optimisation choisi. Un certain nombre représentent les caractéristiques du bassin, par
de stratégies ont été mises au point par les spécia- exemple la rugosité des pentes et du lit des cours
listes des mathématiques appliquées afin de mini- d’eau et la conductivité hydraulique et la porosité
miser la masse de calcul exigée par l’optimisation des sols. Étant donné leur base physique, tous ces
de la valeur des paramètres. Parmi les stratégies paramètres devraient être déterminés par des
utilisées en hydrologie figure la méthode du mesures sur le terrain et non par optimisation, mais
gradient. Le critère d’analyse est un facteur décisif ce n’est pas toujours possible.
II.6-12 guide des pratiques hydrologiques
D’autres modèles sont regroupés dans la section K, 6.2 ANALYSE DES SÉRIES
intitulée «Analyses hydrologiques pour la planifica- CHRONOLOGIQUES ET ANALYSE
tion et la conception des ouvrages et des systèmes de SPATIALE
mise en valeur des ressources en eau». Par exemple,
le modèle K15.3.02 – Modèle de crue de rupture de Beaucoup de données hydrologiques se présentent
barrage (DAMBRK) se trouve dans la sous-section sous la forme de séries chronologiques découlant de
K15, «Etudes des crues sur des sites précis». La sous- l’observation d’une variable en un lieu. L’étude
section K22, «Modèles de simulation pluie-débit», d’une seule série chronologique permet de connaître
présente les composantes K22.2.02 – Système de la structure de corrélation temporelle de cette
modélisation hydrologique (HEC-HMS), K22.2.10 – variable en un point. Si la station mesure plusieurs
Modèle du ruissellement des eaux de pluie paramètres, on peut analyser les corrélations croi-
(HYRROM), K22.2.11 – PC IHACRES - Hydrogrammes sées des séries chronologiques de plusieurs variables
unitaires et composantes de l’écoulement à partir en un même lieu. En prenant les séries chronolo-
de données de pluie, d’évaporation et de débit, giques d’une même variable en différents points de
K22.2.12 – Modèle pluie-débit non linéaire (URBS) et l’espace, on peut explorer son champ spatio-
K22.3.01 – Modèle de gestion des averses (SWMM). temporel et examiner les corrélations croisées de ses
Dans la sous-section K35, «Simulation de l’écoule- séries chronologiques en différents points. Il est
ment en chenal et calcul de la propagation de l’onde alors possible d’interpréter la structure temporelle
de crue», se trouvent les composantes K35.1.05 – et/ou spatio-temporelle des processus hydrolo-
Solution numérique de la méthode non linéaire de giques et d’utiliser cette information pour produire
Muskingum, K35.2.09 – Hydrologie d’inondations des débits synthétiques et élargir le champ des
internes (HEC-IFH), K35.3.06 – Système d’analyse de données, par exemple pour combler les lacunes et
rivière (HEC-RAS), K35.2.06 – Modèle de calcul de procéder à une extrapolation.
profils d’eau de surface (WSPRO), K35.3.13 – Modèle
d’écoulement dynamique en réseau (BRANCH) et Les séries chronologiques sont continues si les
K35.3.14 – Modèle d’écoulement d’un système valeurs ont été enregistrées en continu, discrètes si
unidimensionnel de canaux à surface libre basé sur les valeurs ont été échantillonnées à des intervalles
une analogie avec la diffusion (DAFLOW). La sous- de temps discrets, qu’ils soient réguliers ou non, et
section K55, «Etudes de la qualité de l’eau» décrit les enfin quantifiées si chaque valeur de la série chro-
composantes suivantes: K55.2.04 – Modèle de trans- nologique est l’intégrale d’une variable sur un inter-
port pour un système unidimensionnel de canaux à valle de temps donné. Les séries chronologiques
surface libre (BLTM), K55.2.06 – Modélisation des continues peuvent être analysées dans le domaine
coliformes fécaux dans les écoulements, K55.3.04 – temporel ou dans le domaine opérationnel, grâce
Modèle mathématique à deux dimensions de la notamment aux transformées de Fourier ou de
distribution de la salinité dans les estuaires et Laplace, ce qui peut être commode dans certains cas
K55.3.07 – PC-QUASAR simulation de la qualité en précis.
rivière.
Il est important, quand on étudie des séries chro-
La section L est intitulée «Eaux souterraines». Sa nologiques, de choisir des intervalles de temps
sous-section L20, «Modèles de simulation des aqui- appropriés. Les données peuvent être horaires, jour-
fères», présente les composantes L20.2.04 – Modèle nalières, mensuelles ou annuelles; pour une étude
modulaire d’écoulement des eaux souterraines en particulière, il faut parfois prendre l’intervalle fixé
différences finies (MODFLOW), L20.3.05 – Un par l’acquisition des données ou un intervalle plus
modèle d’écoulement en zone non saturée surmon- long, qui requiert l’agrégation des données, ou plus
tant une nappe peu profonde (MUST), L20.3.13 – court, qui requiert la désagrégation des données, ce
Progiciel complet pour la modélisation de qui n’est pas sans effet sur les caractéristiques de la
l’écoulement des eaux souterraines (TRIWACO), série. Une série de débits horaires présentera sans
L20.3.07 – Lignes de courant et temps de transit doute des valeurs étroitement corrélées, tandis que
basés sur des solutions analytiques (AQ-AS), L20.3.10 – le coefficient de corrélation pourra approcher de
Calcul analytique du rabattement des eaux souter- zéro avec une série de valeurs annuelles.
raines (AQ-AP), L20.3.11 – Modèle de simulation
d’aquifère, L20.3.12 – SGMP simulation du compor- De nombreux documents traitent de l’analyse des
tement de la surface libre dans les systèmes d’eaux séries chronologiques, dont la monumentale
souterraines et L20.3.14 – MICRO-FEM: Modélisation monographie de Box et Jenkins (1970). On peut se
multicouche en éléments finis de l’écoulement référer à Salas (1992) pour les applications hydrolo-
des eaux souterraines en régime permanent ou giques. La plupart des progiciels statistiques géné-
transitoire. raux comprennent des éléments d’analyse des séries
II.6-14 guide des pratiques hydrologiques
–
chronologiques. On abordera brièvement ici les dans lequel tombe le ième terme de la série, Qj est
problèmes pratiques qui se posent dans ce domaine l'écoulement moyen pour le mois j, σj est l'écart
en ce qui concerne la simulation stochastique et type pour le mois j, ρj est le coefficient d'autocorré-
–
la détection de changements dans les relevés lation entre Qj et Qj–1 et εi est une variable aléatoire
hydrologiques. tirée d'une distribution appropriée, de moyenne
zéro, de variance unité et non autocorrélée.
6.2.1 Simulation stochastique des séries
L'équation 6.16 convient également pour les
chronologiques en hydrologie
écoulements saisonniers (j = 1, 2, 3, 4) et annuels
Les modèles stochastiques sont du type «boîte (j = 1). Dans ce dernier cas, l'équation devient:
noire», et leurs paramètres sont estimés selon les
propriétés statistiques des séries chronologiques
Qi = Q j + ρ (Q i−1 − Q j −1 ) + εi σ 1 − ρ2 (6.17)
d’observations. Les méthodes stochastiques ont été
introduites en hydrologie à l’occasion de la concep-
–
tion des réservoirs. Les volumes d’écoulement On suppose que les valeurs de Q σ et ρ, estimées à
annuels ou mensuels sont suffisamment détaillés à partir des relevés historiques, sont applicables à
cette fin, mais la capacité du réservoir doit refléter la l'objectif visé, et il suffit simplement de choisir
probabilité d’occurrence de séquences d’écoule- une valeur initiale de Qi–1 pour simuler une série
ment critiques qui peuvent être évaluées au mieux de la longueur voulue. Les méthodes de Monte-
d’après un ensemble de séquences d’écoulement. Carlo sont habituellement utilisées, les valeurs de
Chaque séquence doit couvrir un grand nombre la variable aléatoire étant produites par ordinateur.
d’années; il devrait être impossible de la distinguer En principe, la mise au point et l'exploitation des
du relevé historique par ses caractéristiques statis- modèles décrits par l'équation 6.16 sont assez
tiques pertinentes. Les propriétés statistiques du simples et directes. Plusieurs aspects doivent néan-
relevé historique à conserver sont de la plus haute moins faire l'objet d'un examen soigné, et certaines
importance lors du choix d’un modèle stochas- décisions peuvent être critiques pour le problème
tique. La modélisation devient beaucoup plus diffi- particulier à l'étude:
cile s’il faut produire des séquences d’écoulement a) Quelle est la distribution de la variable aléatoire?
simultanées pour deux emplacements de réservoirs b) La variance doit-elle être corrigée de l'effet
ou davantage dans un bassin, parce qu’il est impé- d'autocorrélation, le cas échéant?
ratif de préserver les intercorrélations. La modélisa- c) Quelle est le degré d’exactitude de la valeur
tion stochastique a également été appliquée à calculée de l’autocorrélation?
l’établissement de limites de confiance pour les
prévisions de débit en temps réel. Ces applications
6.2.1.2 Modèles autorégressifs à moyenne
ne seront pas approfondies ici. La conception et le
mobile ARMA
fonctionnement des réservoirs de stockage sont
étudiés dans la section 4.2. Le groupe des modèles ARMA, mis au point par Box
et Jenkins (Box et Jenkins, 1970; Hipe et al., 1977),
constitue un important prolongement des modèles
6.2.1.1 Modèles markoviens de premier
stochastiques.
ordre
Un grand nombre de modèles de simulation des Il en existe trois types: les modèles autorégressifs
volumes d’écoulement mensuels, saisonniers ou (AR), les modèles à moyenne mobile (MA) et les
annuels s'appuient sur une structure de Markov du modèles mixtes (ARMA). Le plus général (ARMA),
premier ordre, c'est-à-dire que l'écoulement au d’ordre p et q, et le modèle à moyenne mobile (MA),
cours de n’importe quelle période est déterminé d’ordre q, prennent respectivement les formes:
par celui de la période précédente, auquel s’ajoute
une impulsion aléatoire. Un modèle de ce type xi = f1xi–1 + f2xi–2 + ... + fpxi–p + εi
appliqué à l'écoulement annuel peut s'exprimer (6.18)
comme suit: – q1εi–1 – ... – qq εi–q
Une méthode systématique a été mise au point 6.2.2 Détection de changements dans
pour l'ajustement des modèles ARMA (Box et les relevés hydrologiques
Jenkins, 1970):
a) Identification: Le corrélogramme des séries
6.2.2.1 Introduction
étudiées est comparé avec les fonctions d'auto-
corrélation de divers modèles ARMA pour choisir La détection de changements dans les longues séries
le type et l'ordre du modèle qui conviennent le chronologiques de données hydrologiques revêt
mieux; une grande importance sur le plan scientifique et
b) Estimation: Les paramètres du modèle sont technique. Elle est fondamentale pour planifier les
estimés (Salas, 1992) par la méthode des futures ressources en eau et la maîtrise des crues. Si
moments, la méthode de vraisemblance maxi- des changements interviennent dans les systèmes
male ou la méthode des moindres carrés, selon hydrologiques, les procédures suivies pour conce-
laquelle sont retenues les estimations qui mini- voir divers ouvrages, tels que réservoirs, barrages et
misent la somme des carrés des résidus; digues, doivent être revues, faute de quoi les
c) Contrôle: Le caractère aléatoire des résidus est systèmes seraient surdimensionnés, et coûteraient
vérifié afin de confirmer la congruité du modèle donc plus que nécessaire, ou sous-dimensionnés, et
retenu. ne rempliraient pas correctement leur fonction.
Les modèles autorégressifs à moyenne mobile sont Les activités menées au titre du Programme clima-
utilisés pour obtenir des séquences d’écoulement tologique mondial–Eau (OMM, 1988) ont conduit à
synthétiques par des méthodes de Monte-Carlo de formuler des recommandations générales au sujet
la manière exposée plus haut. Soulignons que les des méthodes servant à déceler des changements
méthodes stochastiques de production de données dans les données hydrologiques. Ces recommanda-
doivent être appliquées avec prudence et en exami- tions sont présentées par Cavadias (OMM, 1992) et
nant minutieusement les caractéristiques des Kundzewicz et Robson (OMM, 2000, 2004). Nous
relevés importants pour le projet à l'étude. nous appuierons ici sur les deux dernières références
bibliographiques, que l’on pourra consulter pour
plus de détails sur les différents éléments de la
6.2.1.3 Modèles du bruit fractionnel gaussien
démarche.
et du processus en ligne brisée
simple valeur numérique calculée à partir de la série puissance des tests dépend de la taille des échan-
de données considérée. Une bonne statistique met tillons, de la variabilité des séries chronologiques,
en évidence la différence entre les deux hypothèses. de l’ampleur de la caractéristique à tester, telle une
Un exemple simple est le gradient de régression tendance, de la nature de la distribution et de l'asy-
linéaire, que l’on peut utiliser pour rechercher une métrie de la série chronologique. Yue et al. (2002) et
tendance dans la moyenne. S’il n’y a pas de Yue et Pilon (2004) ont analysé la puissance des
tendance (hypothèse nulle), le gradient de régres- tests de corrélation de Mann-Kendall et de
sion devrait être proche de zéro. Si la tendance est Spearman.
marquée (hypothèse alternative), la valeur de ce
gradient devrait être très nettement positive, pour Les principales étapes d'un test statistique sont les
une tendance ascendante, ou négative, pour une suivantes:
tendance descendante. a) Déterminer les types de séries ou de variables
à tester selon les buts de l'étude, par exemple
Le niveau de signification indique si la statistique moyennes mensuelles, valeurs maximales
de test diffère de manière significative de la plage annuelles ou données désaisonnalisées;
des valeurs qui seraient associées à l’hypothèse b) Préciser les types de changements à examiner
nulle. C’est la probabilité qu’un test détecte une (tendance/variation discrète);
tendance quand il n’y en a pas, ce que l’on désigne c) Vérifier les postulats, en procédant par exemple
par erreur de type I. Une erreur de type II consiste à à une analyse exploratoire des données;
accepter l’hypothèse nulle – absence de tendance –, d) Choisir un ou, de préférence, plusieurs tests/
alors que l’hypothèse alternative – présence d’une statistiques de test appropriés pour chaque type
tendance – est vraie. La puissance d’un test est la de changement;
probabilité de déceler une tendance lorsqu’il y en a e) Choisir une méthode appropriée d’évaluation
une. On préférera les tests puissants qui présentent des niveaux de signification;
une faible probabilité d’erreur de type II. f) Évaluer les niveaux de signification;
g) Étudier et interpréter les résultats.
Il est toujours nécessaire d’examiner les postulats.
Les tests classiques reposent sur un certain nombre On peut considérer que le choix d'un test statistique
ou la totalité des postulats suivants: une forme comprend deux parties: choisir la statistique de test
définie de distribution, en supposant par exemple et choisir la méthode de détermination du niveau
que les données sont distribuées normalement; la de signification de cette statistique. Il est ainsi
constance de la distribution, c'est-à-dire que tous possible de distinguer la manière de choisir une
les points de données présentent une même distri- statistique de test et la manière d’évaluer le niveau
bution et qu'il n'y a donc pas de variations saison- de signification.
nières ou cycliques; et enfin l'indépendance. Ce
dernier postulat n'est pas satisfait s'il existe une
6.2.2.3 Tests non paramétriques
autocorrélation, à savoir une corrélation entre deux
valeurs temporelles consécutives. On parle aussi de Il existe de multiples façons de rechercher une
corrélation sérielle ou de corrélation temporelle ou tendance ou d'autres changements dans une série
encore, dans le cas d'une étude portant sur plusieurs de données hydrologiques. Certaines méthodes,
sites, de corrélation spatiale, c'est-à-dire de corréla- dites non paramétriques, ne partent pas de postu-
tion entre les sites. lats sur la nature de la distribution correspondant
aux données; il n'est pas nécessaire, par exemple, de
Si les postulats d’un test statistique ne sont pas supposer que les données sont normalement distri-
satisfaits, les résultats risquent d’être dénués de buées. Les tests ci-après sont non paramétriques:
sens, dans la mesure où les estimations du niveau a) Tests de rangs. Ils utilisent les rangs des valeurs
de signification seront entachées de graves erreurs. au lieu des valeurs elles-mêmes. Une donnée a
Comme les données hydrologiques comportent le rang r si elle est la rième plus grande valeur
souvent des anomalies marquées, les tests fondés d’un ensemble. La plupart des tests de rangs
sur l’hypothèse d’une distribution normale des supposent que les données sont indépendantes
données sont inadaptés. Certaines données hydro- et distribuées de manière identique. Ils présen-
logiques présentent aussi une autocorrélation et/ou tent deux avantages, la robustesse et la facilité
une corrélation spatiale, et leurs valeurs ne sont d'emploi, mais sont généralement moins puis-
donc pas indépendantes. Cela peut nuire à la détec- sants que les tests paramétriques.
tion d’une tendance dans les séries chronologiques b) Tests de transformation en scores normaux.
(Yue et al., 2003). La saisonnalité contrevient aussi Un grand nombre de tests visant à déceler des
au postulat de constance de la distribution. La changements partent du postulat de normalité.
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-17
Ils ne conviennent donc pas à l’étude directe aux valeurs obtenues. Si elle diffère nettement de la
des données hydrologiques, puisque ces plupart des valeurs obtenues, cela indique que
dernières présentent rarement une distribu- l'ordre des données influe sur le gradient de la
tion normale. On peut toutefois les utiliser si régression et qu'il y a bel et bien une tendance. Si la
l’on transforme les données au préalable, de statistique initiale se situe à peu près au centre des
telle manière que la série soit normalement valeurs obtenues, on peut raisonnablement penser
distribuée. Cette méthode s’apparente à l'em- que l'hypothèse nulle est correcte puisque l'ordre
ploi des rangs mais, au lieu de remplacer une des données n'a pas d'importance; rien n’indique
donnée par son rang r, on la remplace par la donc qu’il y ait une tendance. En d'autres termes, si
valeur type qu'aurait la rième plus grande valeur un observateur ou, en l’occurrence, le test statis-
d'un échantillon de données normales (le rième tique peut différencier les données originales des
score normal). L’avantage est que les données données rééchantillonnées ou permutées, on consi-
de départ n’ont pas à être distribuées norma- dère que les observations ne corroborent pas
lement et que le test est assez robuste relati- l'hypothèse nulle.
vement aux valeurs extrêmes. L'inconvénient
est que les statistiques qui mesurent le change- Les méthodes d’autoamorçage («bootstrap») et de
ment, tel le gradient de la régression, ne sont permutation sont deux méthodes de rééchantillon-
pas faciles à interpréter. En règle générale, les nage différentes. Dans les techniques de permutation
tests de scores normaux sont légèrement plus (échantillonnage sans remplacement), les données
puissants que les tests de rangs équivalents. sont simplement réordonnées, ce qui signifie que les
c) Tests de rééchantillonnage. Ces méthodes, pré- éléments de la série originale n'apparaissent qu'une
sentées ci-dessous, s’appuient sur les données seule fois dans chaque série rééchantillonnée. Selon
pour déterminer la signification d'une statistique les techniques d’autoamorçage, la série initiale est
de test. échantillonnée avec remplacement pour donner une
nouvelle série comportant le même nombre d'élé-
ments que la série de départ. La série produite peut
6.2.2.4 Présentation des méthodes de
contenir plusieurs fois certaines valeurs de la série
rééchantillonnage
originale, tandis que d’autres valeurs peuvent être
Les méthodes de rééchantillonnage (permutation et totalement absentes. Dans les deux cas, la série
autoamorçage) permettent d’estimer avec fiabilité produite a la même distribution que la série empi-
le niveau de signification d'une statistique de test. rique. En général, les méthodes d’autoamorçage sont
Elles sont souples, adaptables à une vaste gamme de plus souples que les méthodes de permutation et
catégories de données, dont les données autocorré- donc applicables dans une plus large gamme de
lées et saisonnalisées, et assez puissantes. Ces circonstances.
méthodes sont très utiles pour tester les données
hydrologiques, car peu de postulats doivent être La stratégie de rééchantillonnage la plus simple
satisfaits quant aux données, bien qu'il s'agisse de consiste à permuter ou à remplacer des éléments
tests puissants. Leur souplesse rend possible l’esti- individuels, comme on l’a vu ci-dessus. Ce n’est
mation des niveaux de signification de tout choix possible que si l'on peut supposer que les données
raisonnable de statistiques de test. Elles permettent sont indépendantes et non saisonnalisées. Si les
d'adapter les tests classiques aux séries hydrolo- données présentent une structure d’autocorréla-
giques grâce à une méthode robuste d’appréciation tion, de saisonnalité ou autre, les séries issues du
de la signification. rééchantillonnage devraient reproduire cette struc-
ture. Une façon simple d’y parvenir est de permuter
L'idée à l’origine des méthodes de rééchantillon- ou de remplacer les données par blocs. Pour une
nage est très simple. Imaginons que l’on veuille série de données mensuelles qui s’étendent sur
savoir si une série de données présente une 40 ans, par exemple, on pourrait considérer les
tendance: le gradient de la régression est une statis- données comme 40 blocs d'une année. Chaque bloc
tique possible. S'il n'y a pas de tendance dans les est déplacé dans sa totalité, sans modification, afin
données (hypothèse nulle), l'ordre des valeurs des de conserver les dépendances temporelles et saison-
données n'a pas grande importance. Réarranger, ou nières propres à chaque année. On réordonne les
permuter, les éléments de la série ne devrait pas 40 blocs de nombreuses fois. Ainsi, les séries
modifier le gradient de façon significative. Dans la rééchantillonnées conservent la saisonnalité origi-
technique de permutation, les données sont rema- nale. De façon analogue, les blocs peuvent être
niées de multiples fois. La statistique de test est contraints de reproduire l'autocorrélation des
recalculée après chaque permutation. À l’issue du données. Il est important de choisir judicieusement
processus, la statistique de test initiale est comparée la taille des blocs.
II.6-18 guide des pratiques hydrologiques
De nombreux tests non paramétriques, les tests de pendant un même intervalle de temps (voir, par
rangs par exemple, partent du postulat d'indépen- exemple, Robson et al., 1998).
dance. Si ce dernier ne se vérifie pas, ce qui est
souvent le cas avec les données hydrologiques, il est
6.2.2.5 Tests et statistiques de test courants
recommandé d'extraire les statistiques de test et
d'évaluer la signification au moyen des méthodes Le tableau II.6.1 récapitule les tests paramétriques
d’autoamorçage ou de permutation par blocs, et non paramétriques qui sont couramment
plutôt que de recourir aux formules classiques employés pour déceler des changements et indique
susceptibles d’entraîner des erreurs grossières. Ces leurs propriétés essentielles et leurs postulats. Ces
méthodes sont utiles quand il existe une dépen- tests sont présentés sous leur forme standard, c'est-
dance spatiale à l’intérieur d’un jeu de données à-dire sans rééchantillonnage, mais chacun d’eux
multisites qui doit être testé globalement. Dans ce peut facilement être transformé en test de rééchan-
cas, les blocs sont généralement constitués par les tillonnage. Pour cela, on calcule la statistique de
données de tous les sites qui ont été relevées test, mais le niveau de signification est obtenu par
Tableau II.6.1. Comparaison entre les tests paramétriques et non paramétriques de détection du
changement, leurs propriétés et les hypothèses adoptées (d’après Kundzewicz et Robson, 2004)
Test du point d’inflexion de Détecte une variation de la médiane Puissant test de rangs, robuste pour
la médiane/test de Pettitt d’une série sans savoir à quel moment détecter les changements de forme
précis elle a lieu de la distribution
Test de Mann-Whitney/test de la Détecte des différences entre deux Test fondé sur les rangs
somme des rangs groupes d’échantillons indépendants;
ce test est fondé sur la statistique du
test de Mann-Kendall
Test non paramétrique de la somme Compare des observations successives Test fondé sur les rangs
cumulée maximale (CUSUM) avec la médiane de la série, en prenant
comme statistique la somme cumulée
maximale des signes de l’écart par
rapport à la médiane
Test de Kruskal-Wallis Vérifie l’égalité des moyennes des Test fondé sur les rangs
sous-périodes
Déviations cumulées et autres tests Porte sur les sommes cumulées Test paramétrique, hypothèse de
des sommes cumulées rééchelonnées des écarts par rapport distribution normale
à la moyenne
Test t de Student Vérifie si deux échantillons ont des Test paramétrique standard, hypothèse
moyennes différentes; ce test suppose de distribution normale
une distribution normale des données
et la connaissance du moment où se
produit le changement
Test du rapport de vraisemblance Peut être utilisé lorsque le moment du Similaire au test t de Student,
de Worsley changement est inconnu hypothèse de distribution normale
Tests de tendance
Coefficient de corrélation rhô de Mesure la corrélation entre le temps et Test fondé sur les rangs
Spearman la série de rangs
Coefficient tau de Kendall/test de Similaire au test de Spearman, mais Test fondé sur les rangs (des
Mann-Kendall utilise une mesure différente de la tests étendus prenant en compte
corrélation avec un analogue non la saisonnalité existent, par
paramétrique exemple, Hirsch et Slack (1984)) et
autocorrélation
Régression linéaire Utilise le gradient de régression comme L’un des tests de tendance les plus
statistique de test courants, hypothèse de distribution
normale
Note: Tous les tests se fondent sur l’hypothèse que les données ont des distributions identiques et sont indépendantes.
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-19
la méthode de rééchantillonnage décrite plus haut. examinées (Kundzewicz et Robson, 2004). Il est
Le tableau II.6.2 donne des indications pour le bon de rechercher, dans les résultats, des configu-
choix des tests. rations suggérant une structure particulière, telle
une configuration régionale dans les tendances.
Précisons que, si l'on doit recourir aux techniques
de rééchantillonnage, il est possible de définir de
6.2.3 Analyse spatiale en hydrologie
nouvelles statistiques de test pour un type de chan-
gement particulier; il n'est pas nécessaire de prendre Les variables hydrologiques peuvent former un
les statistiques de test propres à des tests connus. La champ spatio-temporel aléatoire, par exemple un jeu
possibilité d’élaborer des statistiques de test person- de séries chronologiques des valeurs prises par une
nalisées offre une grande souplesse quant à ce qui variable pour un certain nombre d’instruments de
peut être testé et au but poursuivi. mesure. Un champ spatial décrit les observations
discrètes d'une variable effectuées au même instant
Lors de l'interprétation des résultats, il ne faut pas en différents points de l'espace ou les données de
perdre de vue qu'aucun test statistique n'est parfait, télédétection couvrant une superficie entière. Les
même si tous les postulats sont vérifiés, d’où la aspects spatiaux des champs aléatoires sont impor-
recommandation d'effectuer des tests différents. Si tants en hydrologie, qu’il s’agisse de la hauteur de
plusieurs tests donnent des résultats significatifs, le pluie, du niveau de la nappe ou de la teneur en
changement apparaît de manière plus évidente, éléments chimiques des eaux souterraines.
sauf si les tests sont très similaires, auquel cas la
multiplicité des résultats significatifs ne renforce La géostatistique est un ensemble de techniques
pas la preuve. statistiques qui servent à estimer les grandeurs qui
varient dans l'espace. Elle se prête bien à l’analyse des
Il est important d'examiner les résultats parallèle- champs aléatoires spatiaux, comme les précipitations
ment aux graphiques des données et aux informa- ou la qualité des eaux souterraines, et s’applique donc
tions les plus complètes possibles sur l’historique à un éventail de problèmes hydrologiques (voir
des données. Si, par exemple, les résultats d'un test Kitanidis, 1992). La géostatistique permet de résoudre
de tendance et d'un test de variation discrète sont divers problèmes pratiques d’une importance consi-
tous deux positifs, d’autres informations sont dérable en hydrologie. Elle peut servir à l'interpola-
nécessaires pour déterminer quel résultat rend le tion, par exemple pour estimer une valeur en un
mieux compte du changement. Si des recherches point non jaugé à partir des observations effectuées
historiques révèlent qu'un barrage a été construit au par plusieurs instruments de mesure voisins, ou à
cours de la période visée et que cela concorde avec tracer une carte d'isohypses au moyen de données
le tracé des données, on peut raisonnablement peu abondantes provenant de points irrégulièrement
conclure que le barrage a causé une variation espacés. Elle permet de résoudre des problèmes
discrète. d'agrégation en estimant les surfaces d’après des
observations ponctuelles, comme c'est le cas pour
Il importe de tenter de connaître la cause d’un déterminer les précipitations moyennes spatiales à
changement significatif mis en lumière par un partir de mesures ponctuelles. Elle peut faciliter la
test. Le chercheur s'intéresse peut-être à la détec- conception de réseaux de surveillance, par exemple
tion du changement climatique, mais une multi- leur extension optimale ou, hélas plus souvent, leur
tude d’autres explications possibles doivent être réduction optimale. Ces applications visent à
répondre à la question suivante: comment réduire un tion, le sol, les aquifères et le manteau neigeux sont
réseau en minimisant la perte d’information. Il est au nombre des réservoirs.
possible, si l’on combine la géostatistique et les
modèles de transport ou d'écoulement souterrain, de Tous les systèmes et processus hydrologiques sont
résoudre le problème inverse de l’identification des décrits par des équations mathématiques. Certaines
paramètres, en déterminant par exemple la transmis- d'entre elles découlent des lois physiques rigoureuses
sivité sur la base des charges hydrauliques observées. de la conservation de la masse et de la quantité de
mouvement, d'autres sont de nature conceptuelle ou
Le principal problème de la technique de krigeage du type «boîte noire». On trouvera dans Eagleson
géostatistique peut s’énoncer comme suit: recherche (1970) une récapitulation complète des équations
du meilleur estimateur linéaire sans biais d'une mathématiques utilisées en hydrologie dynamique.
grandeur en un point x0 non mesuré, à partir des Cette section en donne quelques exemples concer-
observations z(x1), z(x2),…, z(xn) effectuées aux nant les relations pluie-débit, la propagation des
points x1, x2,…, xn: écoulements, les eaux souterraines, la qualité de
n l'eau, la neige et la glace.
Z (x0) = ∑ λ iz ( x i ) (6.20)
i=1 La modélisation hydrologique contribue de plus en
plus à l’élaboration de modèles intégrés. Outre la
où Z(x0) est l'estimateur de z(x0) et λi le coefficient simulation des écoulements, les modèles intégrés
de pondération. rendent compte de l'érosion du sol, des matières
solides dans les cours d’eau et du rendement des
En vertu de l'hypothèse dite intrinsèque, il est cultures; des liens sont également tissés avec
possible d’exprimer la variance d'estimation à l'aide d'autres disciplines telles que l'écohydrologie, l'éva-
d'une équation mathématique contenant les coeffi- luation des impacts climatiques et la gestion des
cients de pondération de l'équation 6.20 et les ressources en eau.
valeurs d'un semi-variogramme. On recherche les
jeux de coefficients de pondération qui fournissent
6.3.2 Relations entre les chutes de pluie
une estimation optimale, en ce sens que la variance
et l’écoulement
d'estimation est minimale. Le krigeage présente le
grand avantage de donner la valeur estimée tout en
6.3.2.1 Généralités
évaluant la variance d’estimation. Cette technique
a été mise au point pour l'industrie minière, où les Les relations pluie-débit servent principalement à la
observations sont rares, car coûteuses, et où l'utili- conception, la prévision et l'évaluation. Lorsque les
sation optimale des connaissances disponibles est données sur les débits sont inexistantes, ou insuffi-
primordiale. santes pour une interprétation fiable, ces relations
sont très utiles car elles permettent d'obtenir de
La géostatistique est aujourd'hui un élément impor- l'information sur les débits à partir des relevés de
tant de la modélisation répartie faisant appel aux précipitations. Puisque les données sur les précipi-
systèmes d'information géographique et une option tations sont relativement simples et peu coûteuses à
dans les progiciels d'interpolation. recueillir, elles sont souvent plus abondantes que
les données sur les débits. Si une relation étroite
entre les chutes de pluie et l'écoulement est établie
pour un bassin versant, elle peut être combinée
6.3 MODÉLISATION DES SYSTÈMES ET avec les données sur les précipitations, par exemple
DES PROCESSUS HYDROLOGIQUES pour fournir des estimations plus fiables de la
[SHOFM J04, K22, K35, K55, L20, L30] fréquence des débits élevés qu'une relation régio-
nale entre les crues (voir le chapitre 5) ou qu'une
extrapolation basée sur les rares données de débits
6.3.1 Introduction
provenant du bassin en cause.
Le cycle hydrologique se rapporte à la circulation de
l'eau sur le globe. Il est constitué d’un certain En règle générale, les relations pluie-débit sont
nombre de flux entre différents réservoirs. Les préci- établies en deux étapes distinctes: la détermination
pitations liquides et solides, l’infiltration, le ruissel- du volume de l'écoulement résultant d'un volume
lement, la fonte de la neige, l’écoulement des cours donné de pluie pendant un intervalle donné et la
d’eau et l’évapotranspiration font partie des flux. distribution du volume de l'écoulement en fonction
L'atmosphère, la surface terrestre (dépressions, du temps. La première étape est nécessaire parce
mares et étangs, lacs, cours d’eau, etc.), la végéta- que la pluie se répartit entre l'évapotranspiration,
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-21
S
It = I0 kt + Pikt(i) (6.21)
précipitations antécédentes est illustrée à la
où I0 est la valeur initiale de l’indice, k un facteur de figure II.6.7, où les lignes tiretées et les flèches
décroissance, t l’intervalle sur lequel porte le calcul, montrent la manière d’utiliser le diagramme.
Pi le nombre de précipitations quotidiennes qui se Partant d’une valeur de 22 mm pour l’indice des
sont produites pendant l’intervalle et t(i) le nombre précipitations antécédentes, la ligne fléchée en
de jours écoulés depuis chaque journée pluvieuse. tirets longs conduit au mois de juillet, puis descend
jusqu’à une perturbation d’une durée de 24 heures
Il est souvent pratique d’utiliser des formes simpli- avant d’être prolongée vers la droite jusqu’à une
fiées de l’indice des précipitations antécédentes. Si hauteur de pluie supposée de 40 mm, pour enfin
une ou plusieurs variables n’ont qu’une influence remonter vers un écoulement d’une hauteur
négligeable dans certains bassins versants, il est moyenne de 16 mm sur le bassin.
possible d’en réduire le nombre. La méthode géné-
rale reste cependant la même dans tous les cas. Si l’averse hypothétique donnée dans l’exemple
précédent s’était produite en février, les autres
Les effets de la couverture végétale, du type de sol conditions restant les mêmes, le rôle joué par la
et d’autres caractéristiques importantes du bassin précipitation antécédente de 22 mm aurait été
versant, ainsi que l’époque de l’année, se reflètent différent. En février, par opposition à ce qui se passe
dans le facteur de décrue. L’époque de l’année est en juillet, la même quantité d’eau fournie par une
exprimée sous la forme d’une famille de courbes précipitation antécédente aurait presque saturé le
représentant la tendance saisonnière du rayonne- sol parce que la végétation est en sommeil et que
ment solaire, de l’état de la végétation et des autres l’évapotranspiration est moins grande en hiver. On
facteurs qui influent sur l’évaporation et la trans- peut le constater sur le diagramme en suivant le
piration dans le bassin. L’indice des précipitations tireté court fléché: on voit que l’écoulement produit
antécédentes est une expression de l’humidité par une pluie de 40 mm serait de 30 mm dans ce
dans le bassin et de la rétention d’humidité par le second exemple, soit près de deux fois plus qu’en
sol. juillet.
La figure II.6.6 montre l’évolution de l’indice des Une attention particulière doit être portée aux
précipitations antécédentes pour un facteur de terrains gelés et aux accumulations de neige
décrue quotidien de 0,90. L’indice peut être calculé quand on estime les conditions antécédentes
d’après les précipitations moyennes sur plusieurs d’humidité. Pour les terrains gelés, on utilise
stations ou séparément pour chaque station d’un couramment la courbe d’époque de l’année qui
bassin versant, ce qui est préférable dans la plupart fournit l’écoulement maximal. L’effet de la neige
des cas. sur le sol est mieux exprimé en termes de quan-
tité et de vitesse de fonte qu’en termes d’accumu-
La méthode d’estimation du volume de l’écoule- lation totale. La section 6.3.5 traite de la fonte de
ment d’après la hauteur de pluie et l’indice des la neige.
II.6-22 guide des pratiques hydrologiques
60
bre
bre
e
obr
tem
e
Décem
né
Oct
’an
Sep
40
Février
d el
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Mars anvier
20
J
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il
Ju
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10
Écoulement d’averse (mm)
10 20 30 40 50 60
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0
24 8
4 2
7 6
9 20
1
6.3.2.2.2 L’écoulement de base initial comme de la saison. Une méthode courante consiste à
indice du volume de l’écoulement établir une relation pour l’hiver et une autre pour
l’été, ce qui pose l’inévitable problème des averses
Dans les régions humides, où les cours d’eau sont se produisant entre ces saisons. La solution consiste
rarement à sec, l’écoulement de base, c’est-à-dire le habituellement à faire une estimation de l’écoule-
débit assuré par les eaux souterraines au début ment basée sur chacune des deux courbes, puis à
d’une averse, est souvent utilisé comme indice des effectuer des interpolations.
conditions initiales dans un bassin. Un exemple de
cette relation est présenté à la figure II.6.8. Ce débit L’utilisation du débit initial des eaux souterraines
reflète les conditions existantes pour la zone entière. comme indice des conditions d’écoulement est en
Dans certaines régions, on a constaté qu’il était principe limitée aux petits bassins versants où la
nécessaire de faire varier cette relation en fonction concentration s’effectue rapidement. Pendant une
saison pluvieuse sur de plus grandes étendues, une
3 montée sur l’hydrogramme aura tendance à se
superposer à la précédente, ce qui rend particulière-
es
ub
tre
2
on en
11 9
i
rra
1 5
caractéristiques hydrologiques similaires.
ts
3
bi
Dé
une région, variable qui pourrait permettre d’établir l’évapotranspiration qui se produit entre les temps t
une corrélation entre la pluie d’orage et l’écoule- et t + 1. Le déficit en humidité du sol varie entre les
ment résultant. Les instruments servant à mesurer limites 0 et S.
l’humidité du sol pour un profil spécifique sont
aujourd’hui d’utilisation assez simple; toutefois, vu Cette approche est rendue plus réaliste en multipliant
la grande diversité des profils de sol et des condi- l’évapotranspiration par le rapport (S – DUs(t))/S,
tions d’humidité, même dans un petit bassin, les ce qui tient compte du fait que l’évapotranspi-
mesures ponctuelles de l’humidité du sol ont une ration réelle diminue à mesure que l’approvisionne-
valeur discutable pour l’application à une relation ment en humidité disponible dans le profil du sol
pluie-débit. diminue.
Une approche plus prometteuse consiste à utiliser Une autre modification possible consiste à séparer
une méthode de comptabilité spatiale qui fournit le profil du sol en horizons. Selon cette approche,
des valeurs de l’humidité du sol pour l’ensemble il ne peut y avoir aucune perte d’humidité par la
d’une région. Dans une telle approche, les précipita- couche inférieure avant que toute trace d’humidité
tions forment le débit entrant, tandis que le débit ait disparu de la couche supérieure et, inverse-
sortant est composé de l’écoulement qui quitte la ment, il ne peut y avoir aucune alimentation de la
région dans les chenaux des cours d’eau, auquel couche inférieure sans débordement de la couche
s’ajoute l’évapotranspiration dans l’atmosphère supérieure.
depuis le sol et la couverture végétale. L’estimation
des précipitations sur la région en cause renvoie au Les valeurs calculées de l’humidité du sol peuvent
problème habituel de l’établissement de moyennes être appliquées à la relation entre la pluie et l’écou-
spatiales à partir de valeurs ponctuelles. L’écoulement lement en mettant en relation l’écoulement Q et le
sortant peut être déterminé d’après les relevés des débit par l’équation ci-après:
débits. Le problème est alors de faire correspondre
l’écoulement à l’averse particulière qui en a été la Q = cQU + (1 – c)QL (6.23)
cause (voir la section 6.3.2). La différence, volume de
pluie moins volume de l’écoulement, est la quantité où c est une constante, QU est l’écoulement calculé
d’eau qui reste dans la région, à savoir la réalimenta- provenant de la couche supérieure et QL celui qui
tion (Rc). provient de la couche inférieure.
DUs(t + 1) = DUs(t) – Rc + ET si 0 < DUs(t) – Rc + ET < S où Q(t) est le débit instantané, t le temps et V le
volume d’écoulement. La fonction Q(t) définit une
S si DUs(t) – Rc + ET ≥ S courbe dont la forme représente correctement les
caractéristiques du bassin. Pour comparer les hydro-
(6.22) grammes de différents bassins et faciliter la prépara-
tion d’hydrogrammes synthétiques, on a élaboré
où DUs(t) est le déficit en humidité du sol au temps t des modèles déterministes qui mettent en relation
et DUs(t + 1) sa valeur à l’intervalle de temps les caractéristiques des hydrogrammes avec les
suivant. Rc est la réalimentation résultant des préci- données hydrologiques et météorologiques. Ces
pitations et/ou de la fonte de la neige et ET est modèles sont décrits ci-après.
II.6-24 guide des pratiques hydrologiques
Pluie efficace
L’hydrogramme unitaire pour un bassin versant de 12 heures
Hydrogramme observé
Dans les relevés de certains bassins, il est parfois unitaires basés sur des intervalles plus longs mais,
difficile de trouver des averses unitaires ou isolées en principe, des hydrogrammes unitaires doivent
qui produisent des crues sans perturbation par des être établis pour les sous-bassins, puis combinés
averses secondaires. L’établissement d’un hydro- entre eux par propagation.
gramme unitaire est alors plus complexe. En pareil
cas, on peut supposer un hydrogramme unitaire Comme le laissent prévoir les considérations
initial, reconstituer les hydrogrammes de l’écoule- d’hydraulique fluviale, les hydrogrammes unitaires
ment direct pour plusieurs averses, d’après les tendent à être de plus en plus pointus avec l’am-
augmentations estimées de l’écoulement, puis pleur de l’écoulement. Dans la pratique, on peut
améliorer l’hydrogramme unitaire par approxima- donc utiliser, pour un bassin donné, un ensemble
tions successives en fonction des résultats obtenus. d’hydrogrammes unitaires présentant des maxi-
La méthode de reconstitution est illustrée à la mums plus accusés dans les cas où l’écoulement
figure II.6.10. L’équation utilisée est la suivante: est fort et des maximums moins accusés dans les
cas où l’écoulement est faible. On se contente
qn + QnU1 + Qn–1U2 + Qn–2U3 + ... souvent de deux catégories d’hydrogrammes.
(6.25)
+ Qn–i+1Ui + ...+ Q1Un Ce sont l’étude et l’expérience qui développent les
aptitudes dans ce domaine. Pour connaître d’autres
où qn représente le débit de ruissellement direct au méthodes ou les affinements apportés, on pourra
moment n, Ui la ième ordonnée de l’hydrogramme consulter les ouvrages et manuels d’organismes
unitaire et Qn–i+1 le volume d’écoulement direct qui utilisent couramment les hydrogrammes
pendant l’intervalle de temps i. Cette équation peut unitaires.
aussi servir de modèle de régression pour obtenir
l’hydrogramme unitaire par la méthode des moindres
6.3.2.2.7 Hydrogrammes unitaires synthétiques
carrés.
Les hydrogrammes unitaires synthétiques sont utiles
On utilise d’ordinaire des pas de temps de six heures lorsqu’on élabore des plans de construction ou d’ex-
pour les bassins versants de 200 à 2 000 km2, mais ploitation sur des cours d’eau non jaugés, ce qui est
des intervalles plus courts peuvent être choisis afin une situation fréquente (Dodge, 1973). Snyder a mis
d’accroître l’exactitude. C’est parfois nécessaire au point une méthode couramment employée pour
également avec les plus petits bassins. Les inter- établir un hydrogramme unitaire: un grand nombre
valles doivent être assez courts pour bien définir la de bassins et d’hydrogrammes unitaires ont été
forme de l’hydrogramme et permettre de faire des analysés afin de dégager des relations entre la forme
prévisions avant qu’un laps de temps trop impor- de l’hydrogramme unitaire et les caractéristiques
tant ne se soit écoulé. Pour les bassins de plus de physiques objectives du bassin versant.
2 000 km2, on peut utiliser des hydrogrammes
Les paramètres importants de la forme d’un hydro-
gramme unitaire sont l’aplatissement, la longueur
de la base et le temps de réponse du bassin, qui peut
être défini de diverses manières mais qui, dans le
300
cas présent, correspond à l’intervalle de temps entre
le centre de gravité de la chute de pluie et le
maximum de l’hydrogramme. Dans la méthode de
Écoulement direct (m3 s–1)
Figure II.6.10. Reconstitution d’un hydrogramme Afin de caractériser la forme plus ou moins pointue
de l’écoulement direct de l’hydrogramme unitaire, on utilise une durée
II.6-26 guide des pratiques hydrologiques
normalisée des précipitations égale à tp/C2, où C2 est moyenne de plusieurs hydrogrammes unitaires
déterminé de façon empirique. Pour des averses de pour obtenir un hydrogramme unitaire général.
cette durée:
Une façon de généraliser un hydrogramme unitaire
Qp = C3A/tp (6.27) consiste à comparer des hydrogrammes unitaires
correspondant à des durées différentes. Un hydro-
où Qp est la vitesse de pointe de l’écoulement en gramme portant sur t heures est ajouté à lui-même
mètres cubes par seconde, C3 est une constante avec un décalage de t heures; si les valeurs inscrites
empirique, A est la superficie du bassin en kilomètres en ordonnées sont ensuite divisées par 2, on obtient
carrés et tp, le temps de réponse, est exprimé en un hydrogramme unitaire pour 2t heures. Des trans-
heures. La base de temps Tb en jours est fournie par: formations de ce genre s’expliquent d’elles-mêmes.
on obtient: A1 V3
A2 V 3
A4 V3 A4 V3
A4 V1
A1 V2
QtDt = A1Vt + A2Vt–1 + A3Vt–2 + ... + AcVt–c+1 (6.30) A3 V1
A2 V1 A5 V1 A5 V 3
A1 V1 A5 V 2
1 2 3 4 5 6 7
où Qt est le débit moyen pendant l’intervalle ∆t c) Hydrogramme résultant
finissant au temps t, A est l’ordonnée de l’histo-
gramme pour cet intervalle et Vt est l’écoulement Figure II.6.11. Méthode des isochrones
pour la zone pendant le même intervalle. Il faut
s’assurer que les unités sont uniformes. Un calcul de
l’hydrogramme résultant pour trois intervalles
d’écoulement uniforme sur un bassin est illustré à 6.3.3 Modélisation des eaux souterraines
la figure II.6.11 c).
6.3.3.1 Considérations d’ordre général
L’hydrogramme obtenu reflète les caractéristiques
du temps de réponse du bassin. Puisque l’hydro- Les eaux souterraines constituent une source
gramme réel subit l’effet d’emmagasinement dans d’approvisionnement de plus en plus importante
les chenaux, l’hydrogramme donné par l’équa- en raison du tarissement des eaux de surface sous
tion 6.30 doit être acheminé en tenant compte de l’effet des prélèvements et de la pollution.
l’emmagasinement. On peut utiliser pour ce faire
l’une des nombreuses méthodes exposées dans la Comme les eaux souterraines sont dissimulées et
documentation. Deux d’entre elles sont décrites mal définies, la protection et la gestion de ces
dans la section 6.3.5. Il est généralement bon ressources sont coûteuses et difficiles sur le plan
de modifier les isochrones et les paramètres de scientifique. On manque en effet de données et de
propagation par essais et erreurs afin d’obtenir la connaissances sur leur emplacement, leur qualité
combinaison qui permet le mieux de simuler les et leur nature. Il faut donc construire des scénarios
hydrogrammes observés. représentatifs afin d’évaluer leur étendue, leur
volume et leur qualité, potentiels et réels, pour
La méthode des isochrones permet de tenir pouvoir les mettre en valeur, les gérer et les
compte de la distribution non uniforme des préserver. La présente section récapitule les
précipitations lorsque le bassin renferme assez de connaissances scientifiques et les méthodes
pluviomètres pour déterminer avec fiabilité la employées en modélisation hydrogéologique,
configuration des chutes de pluie. C’est un avan- dans un contexte pratique dont les éléments prin-
tage par rapport à l’hydrogramme unitaire décrit cipaux sont le traitement, le développement, le
plus haut. contrôle et la protection.
II.6-28 guide des pratiques hydrologiques
6.3.3.2 Élaboration d’un modèle conceptuel biais d’applications antérieures qui ont donné de
bons résultats. Quand c’est possible, des scénarios
Il est nécessaire, pour simuler correctement un comparatifs devraient être exécutés en utilisant
régime hydrogéologique, de reproduire un grand différents codes.
nombre de caractéristiques à l’aide d’un modèle
dont les éléments peuvent être représentés de Les eaux souterraines sont régies, dans leur régime,
diverses manières (Bear, 1980, 1988). par les conditions géologiques et climatiques; elles
sont exploitées par l’homme pour répondre à ses
Le type et les caractéristiques d’un modèle concep- besoins, alors que les besoins de l’environnement
tuel vont dépendre de l’échelle, du temps et des sont satisfaits par le bilan résiduel. Une série de
ressources – données, compétences techniques, recherches et de tests doivent être entrepris pour
personnel, moyens de calcul – affectées au projet, déterminer la présence, l’étendue et la variabilité des
ainsi que de la qualité du processus décisionnel, des ressources disponibles. Ces analyses font appel à de
risques professionnels et du cadre législatif et régle- nombreuses disciplines des sciences de la Terre, dont
mentaire en place. l’hydrométéorologie, l’hydrologie, la pédologie, la
géomorphologie, la pétrologie, la géologie et la
La modélisation conceptuelle est un processus chimie de l’eau.
continu et cyclique; il est donc opportun d’adopter
une approche progressive qui va du général au Les eaux souterraines font partie du système de circu-
particulier, s’il y a lieu. Les hypothèses incluses dans lation terrestre appelé cycle hydrologique, où les
un modèle conceptuel doivent tenir compte des formations aquifères font office de voies de passage et
points présentés ci-dessous. de réservoirs de stockage. L’eau pénètre dans ces
formations à partir de la surface ou de masses d’eau
superficielles, elle chemine lentement sur des distances
6.3.3.3 Élaboration d’un modèle
variables puis revient en surface sous l’action de
mathématique
l’écoulement naturel, de la végétation ou de l’homme.
Les composantes suivantes font partie des éléments La capacité de stockage des réservoirs souterrains et la
essentiels du modèle: lenteur des écoulements expliquent l’existence de
a) Définition de la géométrie des surfaces qui sources importantes et largement réparties dans
délimitent le domaine étudié; l’espace. L’émergence des eaux souterraines dans les
b) Équations exprimant le bilan des constituants, cours d’eau régularise les débits quand l’écoulement
par exemple la masse des fluides, la masse des de surface est faible ou nul. De même, l’eau pompée
éléments chimiques et l’énergie; dans les puits représente, pendant une grande partie
c) Équations de flux reliant les flux des consti- de l’année, l’unique source d’approvisionnement
tuants aux variables du problème; dans de nombreuses régions arides.
d) Équations constitutives définissant le compor-
tement des diverses phases et espèces chimiques L’eau descend dans la zone non saturée du sol sous
en cause, par exemple le lien de dépendance l’action de la gravité; en présence d’une zone saturée,
entre la densité et la viscosité, d’une part, et la elle se déplace dans une direction imposée par les
pression, la température et la concentration des conditions hydrauliques. Les précipitations, les cours
solutés, d’autre part; d’eau, les lacs et les réservoirs sont les principales
e) Sources et puits, souvent appelés fonctions de sources de réalimentation naturelle. L’émergence des
forçage, des constituants. eaux souterraines constitue la décharge qui, de
manière naturelle, se fait essentiellement dans les
Pour ce qui est de la modélisation, les réglages masses d’eau superficielles, telles que cours d’eau,
portent entre autres sur les états suivants: lacs et océans, et par écoulement direct en surface
a) Conditions initiales qui décrivent l’état connu (source). Les eaux souterraines situées à faible
du système au moment initial choisi; profondeur peuvent retourner directement dans
b) Conditions aux limites qui décrivent l’interac- l’atmosphère par évaporation à partir du sol et par
tion du domaine étudié avec son environne- transpiration végétale. Le pompage à partir de puits
ment, hors du domaine délimité, à travers leurs est le principal mode de décharge artificielle.
frontières communes.
Les eaux souterraines se trouvent dans des forma-
Si un nouveau modèle numérique, et le code qui lui tions géologiques perméables, appelées aquifères,
est associé, doit servir à résoudre le modèle mathé- dont la structure facilite l’écoulement dans des
matique employé, il convient de procéder à une conditions naturelles. Les aquicludes sont des forma-
vérification rigoureuse de son adéquation par le tions imperméables qui empêchent la circulation de
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-29
l’eau. La portion d’une masse rocheuse ou d’un sol b) Une représentation électrique où la charge,
qui n’est pas occupée par une matière minérale l’écoulement et la conductivité correspondent
solide peut être envahie par l’eau (Todd, 2005). Ces à la tension, au courant et à la résistance;
espaces, appelés vides, interstices, pores ou espaces c) Une représentation mathématique à l’aide
poraux, sont caractérisés par leur taille, leur forme, d’un ensemble d’algorithmes qui décrivent les
leur irrégularité et leur répartition. Les interstices principaux processus;
primaires, qui ont été créés par les processus à l’ori- d) Une analyse stochastique destinée à caractériser
gine des formations géologiques, se trouvent dans la modélisation de l’écoulement et du transport
les roches sédimentaires et ignées. Les interstices sous la surface.
secondaires sont apparus après la formation de la
roche; ils comprennent les joints, les fractures et les En pratique, la plupart des modèles actuellement
cavités de dissolution. La porosité d’une roche ou utilisés relèvent des types c) et d). S’agissant des
d’un sol est une mesure de ses interstices, qui phénomènes de transport liés à la pollution des
s’exprime par le pourcentage de vides par rapport au eaux souterraines lorsque deux ou trois phases
volume total. Si a est la porosité, alors: sont présentes, le recours aux modèles mathéma-
tiques est indispensable en raison de la complexité
a = 100w/V (6.31) des scénarios qui doivent être reproduits et
analysés.
où w est le volume d’eau nécessaire pour remplir ou
saturer la totalité de l’espace poral et V est le volume À l’état naturel, la circulation des eaux souterraines
total de roche ou de sol. est régie par les principes hydrauliques classiques.
L’écoulement dans les aquifères peut être décrit au
La porosité peut se situer entre 0 et 50 % selon la moyen de la loi formulée par Darcy en 1856, qui
forme et la disposition des particules individuelles, stipule que le débit à travers un milieu poreux est
la distribution granulométrique et le degré de proportionnel à la perte de charge et inversement
compaction ou de cimentation. proportionnel à la longueur du trajet. Sous sa
forme générale, la loi de Darcy s’exprime comme
Les phénomènes d’écoulement et de transport suit:
souterrains peuvent être reproduits de diverses
façons, par exemple: Q = KA dh/dL (6.32)
a) Une représentation physique au moyen d’un
modèle à l’échelle composant un milieu dans où Q est le débit, K le coefficient de perméabilité
lequel un fluide est introduit et suivi par des (parfois appelé conductivité hydraulique) et dh/dL
instruments de mesure de la charge et de la le gradient hydraulique. Cette relation est illustrée à
pression; la figure II.6.12.
Sable
Niveau de référence
Si on prend les notations de cette figure, la loi de des fluides et sur les processus chimiques et
Darcy prend la forme: biologiques;
h1 – h2 g) Les variables d’état pertinentes et les superficies
Q= KA (6.33) ou volumes sur lesquels doivent être relevées
L leurs moyennes.
où h (de dimension [L]) est la charge hydraulique:
Dans la nature, tous les écoulements souterrains
p (6.34) sont plus ou moins tridimensionnels; la difficulté à
h =z+
ρg résoudre le problème posé dépendra précisément de
la mesure dans laquelle les trois dimensions sont
où z est l’altitude du point auquel la charge hydrau- présentes. Il est pratiquement impossible, toutefois,
lique est mesurée au-dessus d’un niveau de réfé- d’analyser un problème d’écoulement naturel en
rence, p et ρ sont respectivement la pression et la trois dimensions s’il ne peut être ramené à un
masse volumique du fluide et g est l’accélération de problème bidimensionnel qui suppose une certaine
la pesanteur. symétrie. La plupart des solutions sont donc élabo-
rées en supposant que les problèmes analysés sont
Le coefficient de perméabilité K peut s’exprimer bidimensionnels ou présentent des éléments parti-
comme suit: culiers de symétrie.
des eaux souterraines se fait toujours en régime où h est la charge piézométrique, Kx, Ky et Kz sont
saturé, alors qu’il existe une zone non saturée les coefficients de conductivité hydraulique (Kx =
au-dessus du milieu saturé, en l’absence de strate Ky = Kz = K en milieu isotrope), W est un terme
sus-jacente imperméable. La limite entre ces deux général pour les puits et sources d’eau et Ss est la
zones est appelée surface libre ou phréatique. La capacité spécifique de stockage. Dans le cas d’un
zone non saturée, qui est occupée par de l’eau et par écoulement en saturation variable, les coefficients
de l’air, est appelée zone d’aération. Elle comprend de conductivité hydraulique en milieu non saturé
une couche supérieure (zone d’évapotranspiration), et la capacité spécifique de stockage de l’humidité
une couche intermédiaire et une couche inférieure sont fonction de la teneur en humidité.
(zone capillaire).
Il est possible, à partir de l’équation 6.51, de
La zone d’évapotranspiration n’est pas saturée s’il formuler une équation qui décrit les processus de
existe un déficit en eau du sol, à moins que de transport dans les eaux souterraines. L’équation
grands volumes d’eau y pénètrent à la suite de advection-dispersion du transport est utilisée pour
pluies prolongées. Elle part de la surface du sol et simuler les aspects qualitatifs de l’écoulement
traverse la zone racinaire; son épaisseur dépend du souterrain, tels que le transport de solutés, qu’ils
type de sol et de la végétation. soient réactifs ou conservatifs.
Les trois principales propriétés hydrauliques d’un De robustes équations aux dérivées partielles de
aquifère sont la porosité, qui détermine son volume l’écoulement et du transport des eaux souterraines
de stockage, la porosité efficace, qui régit le volume forment un ensemble de modèles répartis dans
qu’il produit par drainage naturel ou par pompage, lesquels la solution est généralement obtenue par
et la perméabilité, qui conditionne la vitesse de les techniques des différences finies ou des éléments
l’écoulement à travers lui. finis. Anderson et al. (1992) ont fait le point sur les
logiciels servant à résoudre les problèmes relatifs
Plusieurs façons de modéliser les eaux souterraines aux eaux souterraines. Parmi les programmes inclus
ont été décrites. Les plus courantes sont les dans le SHOFM, la composante L20.2.04 est un
méthodes à base physique qui découlent des prin- modèle modulaire d’écoulement des eaux souter-
cipes rigoureux de l’écoulement en milieu poreux, raines en différences finies (MODFLOW). Ce
mais on utilise aussi des modèles conceptuels, et progiciel souple, mis au point par le Service géolo-
même des modèles «boîte noire». gique des États-Unis d’Amérique, a de nombreuses
applications dans le monde entier.
Les mathématiques de l’écoulement et du transport
en milieu poreux saturé et non saturé sont assez Le modèle MODFLOW (McDonald et Harbaugh,
complexes. Il existe diverses équations à base 1988) simule l’écoulement souterrain dans un
physique, pour différentes hypothèses, et des milieu poreux en trois dimensions, ainsi que
simplifications pour certaines configurations, dont l’écoulement en deux dimensions. On a donné au
les aquifères captifs, semi-captifs et libres. On trou- programme et à la documentation une structure
vera dans Eagleson (1970) une revue des approches modulaire afin de rendre plus facile la compréhen-
à base physique. Voir aussi Maidment (1992). sion et, si nécessaire, la modification du
programme. Ce dernier est constitué d’une série de
Le processus de l’écoulement souterrain est déter- modules qui peuvent être choisis selon le problème
miné par des équations aux dérivées partielles non à résoudre. Il existe des modules pour la résolution
linéaires à trois dimensions, exprimant la conser- des équations, les cours d’eau, la recharge, le
vation de la masse, ou continuité, la conservation pompage et l’évapotranspiration. Le domaine
de la quantité de mouvement et une équation d’application du modèle inclut l’écoulement en
d’état. Si on suppose négligeable la compressibilité régime permanent et non permanent, l’écoule-
de l’eau et du milieu poreux, l’écoulement lami- ment dans les aquifères captifs, semi-captifs et
naire isotherme variable, sans source ni puits libres, ainsi qu’un certain nombre de problèmes
d’eau, peut être décrit par l’équation aux dérivées particuliers tels l’écoulement des sources ou l’écou-
partielles suivante (voir Eagleson, 1970): lement dans un puits. Les puits, les rivières, les
drains, l’évapotranspiration et la recharge peuvent
∂h ∂ ⎛ ∂h ⎞ être simulés; ils sont représentés comme des termes
W + Ss = K
∂t ∂x ⎝ x ∂x ⎠ sources dépendant de la charge ou des termes puits
(6.36) dans lesquels la charge extérieure au modèle est
+ ∂ ⎛K y ∂ h ⎞ + ∂ ⎛K z ∂ h ⎞ spécifiée par l’utilisateur. MODFLOW peut servir à
∂y ⎝ ∂y ⎠ ∂z ⎝ ∂z ⎠ étudier les interactions des eaux souterraines et
II.6-32 guide des pratiques hydrologiques
des eaux de surface, par exemple l’écoulement vers sur l’acceptabilité de chaque étape du développe-
les cours d’eau et les lacs à pénétration partielle. Il ment du modèle.
faut introduire les paramètres hydrauliques de
l’aquifère, les conditions aux limites, les condi- Une fois les objectifs du projet arrêtés, un plan en
tions initiales et les contraintes. Les entrées se font plusieurs étapes doit être établi compte tenu de
à partir d’un fichier en format texte où les données l’étendue des incertitudes, des coûts assez élevés et
sont disposées dans un ordre et selon un format de la tâche plutôt longue qu’implique la modélisa-
déterminé; elles doivent correspondre au maillage tion des eaux souterraines. Des lignes directrices
choisi. La sortie principale du modèle est la charge ont été élaborées (Environment Agency, 2002) sur
hydraulique à chaque maille du modèle. De plus, les différentes étapes à prévoir dans une telle entre-
un bilan hydrologique est établi, et le flux qui prise (voir la figure II.6.13).
traverse chaque maille du modèle peut être sauve-
gardé sur disque dans un fichier. MODFLOW est La démarche illustrée ci-dessus comprend un
probablement le modèle de simulation des eaux système d’aide à la décision qui passe de l’étude
souterraines le plus utilisé dans le monde. exploratoire à un modèle conceptuel, un modèle
historique, puis un modèle prédictif qui pourra être
Le progiciel MODFLOW est conçu pour des hydro- affiné avec des données opérationnelles. Ces dispo-
géologues expérimentés. Des programmes utiles de sitions visent à atteindre les objectifs, analyser les
pré-traitement et de post-traitement facilitent la options, voir les conséquences des choix, évaluer
tâche de l’utilisateur. les résultats, choisir la meilleure solution et mettre
en place un système de suivi.
6.3.3.5 Planification
6.3.4 Modèles de la fonte nivale
La première étape – tout à fait essentielle – d’un
projet de modélisation des eaux souterraines La fonte de la neige est semblable aux précipita-
consiste à préciser le but poursuivi. Dans le cas de tions, dans la mesure où elle accroît l’infiltration et
projets d’envergure, cela exige parfois de réaliser l’écoulement, si ce n’est du retard pris dans la
une étude exploratoire des besoins, une analyse des couverture neigeuse. L’eau de fonte est la principale
objectifs et un examen des études antérieures et des source d’alimentation des réservoirs, cours d’eau,
données disponibles. Il convient, outre la détermi- lacs et aquifères dans certaines régions. Elle est une
nation des objectifs et des grandes tâches à accom- composante importante du ruissellement en zone
plir, d’énoncer les principaux résultats attendus. montagneuse, représentant souvent plus de 50 %
de l’écoulement total, chiffre qui atteint 95 % dans
La planification comprend également le recense- certains bassins de montagne.
ment des informations que le modèle devra fournir
pour faciliter le processus décisionnel et des données Les mesures courantes des variations de l’équivalent
dont on dispose ou qui devront être recueillies par en eau de la couche de neige ne caractérisent pas la
un programme de suivi. De plus, il est indispensable fonte de manière satisfaisante, surtout parce qu’elles
de faire le point sur les ressources (compétences sont sujettes à des erreurs systématiques d’observa-
techniques, personnel qualifié, instruments de tion et d’échantillonnage. Deux autres raisons,
mesure, données de terrain, ordinateurs, etc.) qui impérieuses, militent pour l’estimation plutôt que
seront nécessaires pour élaborer et exploiter le l’observation. La première concerne la prévision des
modèle dans les limites du budget. Cela englobe la débits des cours d’eau, où il est intéressant de prévoir
capacité de comprendre et de décrire les processus les causes de la fonte plutôt que d’attendre simple-
qui surviennent, ainsi que les données requises ment la fonte elle-même. La deuxième, qui vaut
pour valider le modèle et déterminer les valeurs particulièrement pour la conception et la planifica-
numériques de ses coefficients. Il faut également se tion, est la nécessité d’extrapoler des vitesses de fonte
pencher sur le cadre juridique et réglementaire local extrêmes à partir des processus physiques. La fonte
qui concerne le cas étudié, afin que les résultats du nivale fait partie de plusieurs modèles hydrologiques,
modèle soient suffisamment robustes, complets et comme l’a montré la brève récapitulation des
détaillés pour satisfaire aux études minutieuses composantes du SHOFM à la section 6.1.6.
ultérieures.
En principe, un modèle conceptuel d’écoulement
Il est recommandé qu’une équipe de gestion regrou- nival combine un programme d’accumulation et
pant les parties prenantes soit chargée d’orienter le d’ablation de la neige avec un modèle pluie-débit.
projet, d’examiner les résultats intermédiaires, de Ce modèle composite de prévision peut s’utiliser
résoudre les divergences et de parvenir à un accord dans toutes les conditions climatiques tout au long
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-33
Définition du but et
énoncé du projet
Définir le but
Phase 1
Rapport sur le
modèle conceptuel
Examen du projet
Développement
du modèle historique
Élaborer un modèle
numérique historique
Données
Phase 2
de terrain
Comparerresults
Compare les résultats
with
avec les données
field data andde terrain
et refine
affinermodel
le modèle
Rapport sur le
modèle numérique
historique
Prévision et évaluation
des options
Données Prévision et évaluation
de terrain des options
Phase 3
Rapport sur la
simulation de
prévision
Rapport final
Utilisation opérationnelle
ultérieure
Données Actualiser le
de terrain modèle numérique
Rapport sur
Maintenir le modèle l’évaluation et
comme outil l’actualisation
opérationnel du modèle
Figure II.6.13. Processus de modélisation des eaux souterraines (Environment Agency, 2002)
II.6-34 guide des pratiques hydrologiques
de l’année. Il existe aussi des modèles d’écoulement La fiabilité de la prévision à longue échéance
destinés spécialement à la période de fonte printa- dépend grandement du degré de fidélité avec lequel
nière. La fonte de la neige est, dans tous les cas, l’indice d’accumulation de neige représente les
induite par le bilan énergétique. La conservation de conditions réelles. Cinq autres facteurs au moins
l’énergie impose que le changement de température peuvent exercer une certaine influence sur le
de la neige soit en équilibre avec les flux d’énergie ruissellement et, par suite, sur la corrélation entre
entrant ou quittant le stock neigeux. La conserva- l’écoulement et l’indice d’accumulation. Ce sont:
tion de la masse à l’intérieur de la couverture a) La réserve antécédente d’eaux souterraines;
neigeuse peut être décrite par la simple équation de b) La hauteur de précipitation entre le dernier
continuité suivante: relevé nivométrique et la date d’établissement
de la prévision;
dS
I−O = (6.37) c) La hauteur de précipitation durant la saison
dt de la fonte ou pendant la période sur laquelle
Les entrées sont les précipitations, la condensation porte la prévision;
et l’eau qui gèle en surface, les sorties sont la subli- d) La quantité de neige sublimée entre le dernier
mation et le ruissellement, toutes valeurs expri- relevé nivométrique et la date d’établissement
mées généralement en millimètres d’eau. Des de la prévision;
modifications de la masse du stock neigeux résul- e) La quantité de neige sublimée durant la saison
tent également de la chasse-neige élevée, de la de la fonte ou pendant la période sur laquelle
sublimation et de l’accumulation (Pomeroy et porte la prévision.
Brun, 2001), et les chutes de neige qui parviennent
au sol dépendent de l’interception par la couver- Dans les bassins où l’écoulement de base à partir
ture végétale, qui entraîne parfois une perte des aquifères représente une part importante de
importante de masse. Une certaine quantité de l’écoulement total et varie considérablement d’une
neige interceptée par les arbres peut être soufflée année à l’autre, il est possible d’accroître l’exactitude
par le vent et revenir au sol, mais la plus grande de la corrélation en intégrant les conditions
partie sera sublimée et n’alimentera pas le manteau antérieures des eaux souterraines.
neigeux (pour plus de détails sur l’interception de
la neige par la canopée, voir Hedstrom et Pomeroy, Il existe deux façons de tenir compte des
1998). précipitations:
a) En combinant l’indice de précipitations avec
Vu cette complexité, des méthodes conceptuelles celui de l’accumulation de neige ou en utilisant
ont été élaborées afin de décrire les propriétés la somme de ces deux indices comme paramètre
physiques de la neige et sa fonte à l’échelle d’un unique;
bassin versant. Ce sont notamment les courbes b) En se servant de l’indice de précipitations
d’ablation du couvert neigeux et les modèles de comme variable supplémentaire.
fonte à indice de température, qui sont utilisés dans
de nombreux systèmes de modélisation hydrolo- Lors de la mise au point des procédures, l’intro-
gique opérationnels pour décrire et prévoir la duction des précipitations subséquentes dans les
réponse hydrologique des bassins enneigés. relations de ruissellement permet de prendre en
considération leur influence dans l’établissement
des relations statistiques.
6.3.4.1 Méthodes d’estimation de
l’écoulement basées sur des indices
Si les ressources financières le permettent, des
Beaucoup de modèles de prévision de l’écoulement relevés nivométriques devraient être effectués
de fonte à moyenne ou à longue échéance utilisent plusieurs fois au cours de l’hiver dans les montagnes,
des méthodes basées sur des indices statistiques. de manière à connaître l’évolution de l’accumula-
Les données dont on dispose sur les précipitations tion de neige. Le dernier relevé est généralement
et le manteau neigeux dans les montagnes ne réalisé à la fin de la période d’accumulation, juste
permettent pas, en règle générale, de déterminer la avant le début de la fonte printanière. Ce sont les
quantité de neige au sol, mais constituent plutôt données de ce dernier relevé qu’on utilise pour
un indice de cette valeur. C’est pour cette raison calculer l’indice d’accumulation.
que les relations entre l’écoulement saisonnier et
l’indice d’accumulation de la neige sont de nature Les cheminements nivométriques situés à diverses
statistique. Bien que convenant à des fins prévi- altitudes fournissent les données nécessaires pour
sionnelles, il est rare qu’on puisse les utiliser pour établir la relation entre l’équivalent en eau de la
établir un bilan hydrologique. neige et l’altitude, w = f(z). La relation est différente
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-35
chaque année. Quand les données observées sont figurer l’accumulation de la neige, la température
insuffisantes pour tracer des graphiques de la rela- de l’air étant le seul indice qui traduit les facteurs
tion w = f(z), il est possible d’utiliser la corrélation agissant sur les échanges d’énergie à travers l’inter-
multiple entre l’écoulement et l’équivalent en eau de face neige-air. Ce dernier aspect est souvent modé-
la neige à chaque point d’observation. Les données lisé par la méthode des degrés-jours, qui prend la
tirées des cheminements nivométriques peuvent température de l’air comme indice des écoulements
être introduites dans les modèles statistiques de libérés par le manteau neigeux. La méthode des
prévision de l’écoulement. degrés-jours ne tient pas compte explicitement
des processus responsables de la différence entre
En règle générale, le meilleur indice de l’eau dispo- l’écoulement et la fonte, à savoir le regel dû à un
nible pour former un écoulement à partir des zones déficit thermique et la rétention et transmission de
montagneuses est obtenu en combinant les données l’eau à l’état liquide. On peut voir à la figure II.6.14
pluviométriques et nivométriques, ce qui peut être un organigramme du modèle mis au point par
réalisé par des méthodes statistiques. Anderson (1973). Les mesures du manteau neigeux,
tirées des relevés nivométriques ou d’observations
ponctuelles, constituent une source supplémentaire
6.3.4.2 Modèles conceptuels de l’écoulement
de fonte nivale
Fonte au sol
De nombreux modèles opérationnels de l’écoule- Fonction
d’information permettant d’améliorer les prévi- vent, la pente et la morphologie générale; elles
sions des volumes saisonniers élaborées à partir de doivent être corrigées pour mieux représenter les
modèles conceptuels qui n’utilisent comme entrées conditions météorologiques moyennes quand on
que les températures et les précipitations (Todini les utilise pour simuler l’état du manteau neigeux.
et al., 1978). En pratique, l’évaluation de la couche de neige et
les mesures directes des précipitations se complè-
tent mutuellement.
6.3.4.3 Extension de la prévision de
l’écoulement fluvial
La distribution spatiale du manteau neigeux est
Les modèles conceptuels ne peuvent simuler souvent mieux décrite par les courbes d’ablation
l’écoulement nival que pendant la période pour qui montrent la proportion de la surface couverte
laquelle on dispose de données d’entrée. Pour les par le stock nival au fur et à mesure qu’augmente
conditions futures, il faut utiliser une prévision son épaisseur moyenne. Les modèles hydrologiques
des précipitations et des températures découlant globaux, tel le National Weather Service River
d’une analyse statistique ou stochastique ou de Forecast System – NWSRFS (Anderson, 1973), em-
prévisions étendues fournies par un modèle de ploient communément les relations des courbes
prévision numérique du temps. La distribution de d’ablation à l’échelle d’un bassin pour décrire la
l’écoulement saisonnier ne peut être anticipée de distribution du manteau neigeux en période de
façon satisfaisante que si on tient compte des fonte. Ces relations sont difficiles à établir et exigent
conditions météorologiques à venir. un étalonnage pour chaque bassin. La représenta-
tion la plus simple est une couche uniforme,
Quant aux méthodes de prévision basées sur des d’épaisseur constante, recouvrant tout le sol. Pour
indices et des statistiques, on peut les mettre en obtenir une estimation raisonnable de toute l’eau
œuvre en prenant, pour le reste de la saison, les disponible dans le manteau neigeux, il faut
indices calculés sur des relevés anciens de précipita- connaître la distribution spatiale de celui-ci dans et
tions et de température. Si on utilise des modèles entre les unités spatiales d’un bassin. La distribu-
conceptuels, on peut simuler, au moyen des tion à l’intérieur d’un type d’unité spatiale peut
données climatologiques relevées sur un grand alors être récapitulée sous la forme d’une courbe de
nombre d’années, en général 20 ans ou plus, les distribution spatiale. Cette dernière est la synthèse
séquences d’écoulement répondant aux conditions de l’enneigement d’un bassin à un instant donné.
spécifiques de chacune des années. À partir de ces Des programmes d’échantillonnage intensifs sont
simulations, il est possible de construire des courbes nécessaires pour obtenir les jeux de données
de distribution de probabilités pour n’importe permettant de quantifier la répartition de la neige
quelle période future et pour une caractéristique par des courbes de distribution spatiale.
hydrologique donnée, par exemple débit de pointe,
volume ou débit spécifique (Twed et al., 1977). Ceci Comme il n’est pas vraiment possible de modéliser
suppose, bien sûr, que les séquences historiques physiquement la répartition de la couverture de
sont représentatives de ce que l’on peut attendre neige, une solution judicieuse consiste à établir des
dans les années à venir. relations statistiques ou empiriques de distribution
à partir de considérations physiographiques et
relatives à la couverture végétale. C’est ce que l’on
6.3.4.4 Données d’entrée
fait en utilisant les courbes d’ablation du manteau
Les données introduites dans les modèles concep- neigeux. Rango et al. (1983) ont présenté une
tuels, que ces derniers soient du type physique ou courbe d’ablation dans laquelle le pourcentage de
basés sur des indices, sont des mesures de précipi- surface enneigée est porté en ordonnée et le temps
tations et/ou des mesures de l’équivalent en eau de en abscisse, offrant une approche conceptuelle de la
la couche de neige. Avec les modèles à base compréhension de la fonte nivale dans un bassin.
physique, il est conseillé de corriger les mesures de
précipitations de leurs erreurs systématiques (voir
6.3.4.5 Théorie de la fonte de neige en
la section 3.3.6 du volume I), de façon que les
un point déterminé
données d’entrée soient aussi représentatives que
possible de la valeur moyenne réelle des précipita- Une façon rationnelle d’aborder la question de
tions et/ou du stock de neige. Dans les régions l’évaluation de la fonte repose sur un bilan énergé-
montagneuses, où le manteau neigeux dépend tique qui tient compte des modes importants
beaucoup de l’altitude, les observations recueillies d’échange de chaleur. La chaleur est transmise à la
aux stations météorologiques sont souvent neige par le rayonnement solaire, le rayonnement
influencées par l’environnement local, dont le net de grandes longueurs d’onde, le transfert de la
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-37
chaleur convective de l’atmosphère et l’échange contextes expérimentaux, ils ont été exprimés par
de chaleur latente de vaporisation par condensa- un facteur empirique mettant en relation le coeffi-
tion dans l’atmosphère; un apport relativement cient de transmission et la densité de la voûte fores-
faible de chaleur est dû à la pluie, et des quantités tière. En général, le couvert forestier ainsi que
généralement négligeables proviennent du terrain l’orientation et l’inclinaison de la pente sont repré-
sous-jacent. sentés par des facteurs constants, déterminés de
façon empirique pour un bassin versant donné.
On peut, à partir de l’équation du bilan énergé-
tique, déterminer la quantité d’énergie disponible La réflectivité de la surface de la neige évolue entre
pour la fonte, Qm, qui sera directement transformée 90 % pour la neige fraîche et 40 % environ pour la
en volume de fonte pour une unité cubique de vieille neige à gros grains qui est d’ordinaire recou-
neige: verte, en fin de saison, d’une fine couche de débris
sombres, tels que matières organiques ou pous-
Qm = Qn + Qh + Qe + Qg + Qa – dSi /dt (6.38) sières minérales apportées par le vent. Vers la fin
du printemps aux latitudes moyennes, une couche
où les flux d’énergie (par unité de surface) sont les de neige de faible réflectivité située dans une
suivants: Qn est le rayonnement net de grandes région non boisée absorbe souvent un rayonne-
longueurs d’onde, Q h le transfert de chaleur ment solaire suffisant pour faire fondre 50 mm
sensible dû à l’écart de température entre la surface d’équivalent en eau par jour.
et l’atmosphère, Qe le flux de chaleur latente dû à
la variation de la vapeur d’eau (dégagement de L’échange radiatif aux grandes longueurs d’onde est
chaleur par condensation ou élimination par la différence entre le rayonnement émanant de la
sublimation ou évaporation), Qg la conduction de surface de la neige et le rayonnement incident
chaleur à partir du terrain sous-jacent, Qa l’advec- venant des nuages, des arbres et de l’atmosphère.
tion de chaleur (pluie) et Si la chaleur stockée par Avec un plafond bas de nuages denses ou un couvert
le manteau neigeux. forestier dense dont la température est supérieure à
0 °C, l’échange constitue un gain pour la neige. Le
Une couche de neige en fusion renferme d’ordinaire rayonnement de grandes longueurs d’onde prove-
2 à 5 % en masse d’eau liquide, mais elle peut en nant de l’atmosphère, en l’absence de nuages ou de
contenir jusqu’à 10 % pendant de courtes périodes couverture forestière, est largement fonction de la
au cours desquelles la vitesse de fonte dépasse la température de l’air et presque toujours inférieur
capacité de transmission. Il arrive donc que la aux pertes par rayonnement de la neige. Le bilan de
quantité totale d’eau libérée par la couche de neige l’échange radiatif aux grandes longueurs d’onde
dépasse légèrement la quantité de neige fondue varie couramment entre un gain de chaleur qui
sous l’effet des conditions météorologiques. En peut produire jusqu’à 20 mm d’eau de fonte par
pratique, l’eau déjà fondue qui est ainsi libérée est jour et une perte équivalant à 20 mm par jour.
prise en compte de manière implicite dans les
constantes empiriques, qui sont par conséquent Les principaux facteurs de l’échange convectif de
entachées d’incertitudes. chaleur sensible sont le gradient de température
dans l’atmosphère située immédiatement au-dessus
Le rayonnement solaire absorbé varie suivant la de la couche de neige et l’intensité du mélange par
latitude, la saison, l’heure, les conditions atmos- turbulence, exprimée par la vitesse horizontale du
phériques, le couvert forestier, la pente, l’orienta- vent.
tion de la surface et la réflectivité de la neige. Les
effets de la latitude, de la saison, de l’heure et des Les facteurs de l’échange de chaleur dû à la conden-
conditions atmosphériques sont inclus dans les sation sont essentiellement le gradient de la tension
observations du rayonnement solaire, qui doivent de vapeur et l’intensité du mélange par turbulence,
habituellement être interpolées en raison du carac- qui peut être indiquée par la vitesse du vent. Le
tère peu dense des réseaux de stations d’observa- bilan de l’échange combiné de chaleur sensible et
tion. Ils peuvent également être calculés sur une latente du fait du mélange par turbulence varie
base journalière globale grâce à des formules ou des d’un gain de chaleur équivalant à plus de 100 mm
graphiques qui expriment le rayonnement solaire de fonte par jour à une perte correspondant à 2 ou
en fonction de la nébulosité, de l’époque de l’année 3 millimètres. La raison pour laquelle le gain poten-
et de la latitude. tiel est tellement supérieur au déficit potentiel est
que les gradients de température et de tension de
Les effets du couvert forestier sur la transmission du vapeur pour un gain de chaleur peuvent être très
rayonnement solaire sont importants; dans certains élevés et que la température de la neige est limitée à
II.6-38 guide des pratiques hydrologiques
0 °C, tandis que les températures et tensions de courtes longueurs d’onde est assez faible et les prin-
vapeur de l’air très basses qui accompagnent une cipales sources de chaleur sont le rayonnement de
perte de chaleur abaissent de manière correspon- grandes longueurs d’onde, la convection et la
dante la température superficielle de la neige, et condensation. Comme il est difficile de distinguer
réduisent ainsi les gradients. Il est possible de la part de la pluie de celle de la fonte, cette question
calculer le gain apporté par une pluie chaude relève largement du domaine théorique, et l’évalua-
d’après la chaleur latente de fusion de la glace tion empirique n’y joue qu’un très petit rôle (US
(80 cal g–1) contenue dans la neige et la tempé- Army Corps of Engineers, 1960). Le rayonnement
rature de la pluie, que l’on peut souvent assimiler à solaire quotidien, pour une latitude et une période
la température de l’air lue sur le thermomètre de l’année données, dépend de la nébulosité locale,
mouillé. Les calculs montrent qu’il faut une pluie laquelle fait l’objet d’observations subjectives et
exceptionnellement forte – au moins 120 mm à clairsemées qui visent rarement à déterminer la
une température de 16 °C – pour que la fonte de la transmissivité. Il est, de plus, problématique de
neige atteigne 25 mm par jour. calculer la superficie active ou utile de la neige.
La vitesse de conduction de chaleur du sol vers une Cette superficie peut être définie comme la super-
couche de neige fraîche peut être élevée pendant ficie sur laquelle la neige fond ou sur laquelle l’eau
un court laps de temps, mais le gradient géother- de fonte de la neige atteint effectivement le sol.
mique habituel et le gradient de température après Quelle que soit la définition adoptée, cette super-
le retour à un état d’équilibre produisent moins de ficie présente des variations diurnes. Si le cycle
1 mm de fonte par jour. journalier comprend un intervalle de gel nocturne,
le stockage de chaleur et d’humidité doit être pris
Les vitesses de fonte indiquées ci-dessus pour les en considération. Au début de la période de fonte, il
divers modes d’échange de chaleur ne s’ajoutent faut une certaine chaleur pour que la température
pas les unes aux autres. Ainsi, les conditions néces- de la neige s’élève à 0 °C et que la quantité de neige
saires à un échange turbulent maximal sont réunies fondue atteigne la capacité de rétention d’eau de la
en cas de tempête et non lorsque le rayonnement couche neigeuse. Cette chaleur est relativement
solaire est à son maximum. De nombreuses faible par rapport à la chaleur totale nécessaire pour
formules ont été publiées sur les divers modes faire fondre la couche de neige.
d’échange de chaleur en fonction d’éléments
observables. Deux publications de l’OMM (1986, La façon la plus courante d’évaluer la fonte sur
1992b) renferment de plus amples informations à tout un bassin consiste à utiliser les facteurs de
ce propos: Intercomparison of Models of Snowmelt degrés-jours. Les données sur la température sont
Runoff, Rapport d’hydrologie opérationnelle N° 23 habituellement disponibles, et il est généralement
(WMO-No. 646) et Snow Cover Measurements and possible de connaître les variations de la tempéra-
Areal Assessment of Precipitation and Soil Moisture, ture dans un bassin versant, tant pour déterminer
Rapport d’hydrologie opérationnelle N° 35 (WMO- les fonctions degrés-jours que pour en faire l’appli-
No. 749). cation. La méthode des degrés-jours repose sur
deux principes fondamentaux. Premièrement, la
Il est extrêmement difficile, dans la meilleure des température de l’air à proximité de la neige est,
hypothèses, et pratiquement inutile si l’on ne dans l’ensemble, une intégration physique des
dispose pas d’instruments perfectionnés, d’intégrer mêmes modes d’échange de chaleur que ceux qui
une fonction rationnelle de la fonte nivale dans un provoquent la fonte de la neige. Deuxièmement,
bassin versant hétérogène de quelque importance. chacun des modes d’échange de chaleur peut être
L’estimation de la quantité fondue ou de la vitesse mis en relation avec la température de l’air, sauf
de fonte repose sur la prise en compte du bilan pendant les périodes de vents anormaux. Par
hydrique, en plus du bilan thermique. En l’absence exemple, la température minimale quotidienne de
de pluie, l’échange radiatif est relativement impor- l’air est fortement liée à la température du point de
tant; il en résulte que les effets, d’ailleurs rarement rosée, qui détermine le gradient de tension de
mesurés, de la réflectivité de la neige et de la densité vapeur pour la fonte par condensation. La tempé-
de la couverture forestière sont importants. rature quotidienne maximale, ou l’amplitude
Pendant les périodes de forte pluie, la vitesse de maximale de la variation de la température, est un
fonte et la quantité de neige fondue peuvent ne pas indice du rayonnement solaire. À l’intérieur de la
excéder l’erreur d’estimation du volume et des plage de ses valeurs habituelles, le rayonnement de
effets de la pluie. Durant les averses accompagnées grandes longueurs d’onde peut s’exprimer sous
d’un mélange par turbulence prononcé et de forme d’une fonction linéaire de la température de
nuages bas et lourds, le rayonnement solaire de l’air.
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-39
On a tenté de pondérer de diverses façons les maxi- incertitudes que comporte l’estimation de la quan-
mums et les minimums quotidiens de température tité de neige fondue elle-même. Le temps requis
et de prendre une base différente de 0 °C pour les pour le drainage de l’eau dans une couche de neige
degrés-jours. On a également divisé la journée en est d’environ une heure, à majorer d’une heure par
tranches de temps plus courtes afin d’utiliser des tranche de 50 cm d’épaisseur.
facteurs degrés-heures. Néanmoins, en raison du
cycle diurne de l’échange de chaleur et de la fonte, Les variations spatiales de la vitesse de fonte et de
la journée constitue l’unité logique et commode de la distribution et la diminution de la superficie
mesure de la fonte de la neige, et la base habituelle enneigée pendant une période de fonte sont liées à
des degrés-jours est le 0 °C, généralement considéré des caractéristiques relativement permanentes du
comme la moyenne quotidienne des températures bassin versant, telles que la topographie et la
maximales et minimales de l’air. Le tableau II.6.3 répartition du couvert végétal. Par conséquent, la
présente les valeurs moyennes du rapport entre la vitesse de fonte dans un bassin reflète une tendance
fonte ponctuelle de la neige et le nombre de degrés- assez uniforme dans la superficie de la zone d’ap-
jours pour diverses régions montagneuses des lati- port et l’état de la neige pendant la période de
tudes moyennes en Amérique du Nord, exprimées fonte. Cette tendance influe sur l’allure des courbes
en millimètres de fonte. Le nombre de degrés-jours en S définies de façon empirique, comme celles de
est calculé d’après la moyenne des températures la figure II.6.15. En raison de la variabilité de
maximales et minimales au-dessus de la base de l’épaisseur de neige et de la vitesse de fonte, une
0 °C. Les valeurs individuelles peuvent s’écarter partie de la neige se transforme en eau avant le
considérablement de ces moyennes. reste. Ainsi, la vitesse moyenne de fonte par unité
de surface est faible au début de la période visée et
Tableau II.6.3. Facteurs degrés-jours (mm °C–1) pour augmente au fur et à mesure que la superficie
les régions montagneuses d’Amérique du Nord concernée s’accroît. Vers la fin, la pente des courbes
de la figure II.6.15 diminue, parce que la superficie
Mois Modérément Partiellement Non boisées sur laquelle la neige fond se restreint. Les parties
boisées boisées les plus abruptes des courbes correspondent aux
Avril 2 3 4 moments où la fonte s’est établie sur une grande
superficie. La proportionnalité des vitesses de
Mai 3 4 6
fonte par rapport aux quantités initiales de neige
Juin 4 6 7 est principalement liée au fait que plus la neige est
abondante, plus la superficie d’apport est étendue.
La pente des sections les plus abruptes des courbes
Des facteurs degrés-jours similaires pour les plaines de la figure II.6.15 correspond aux valeurs des
des latitudes moyennes de l’ancienne Union des tableaux II.6.3 et II.6.4.
républiques socialistes soviétiques sont présentés au
tableau II.6.4. 120 120
(mm °C–1)
Régions non boisées 5 60 60
Résineux clairsemés et
feuillus de densité moyenne 3–4 40
Les pertes par évaporation à partir de la couche de 6.3.4.7 Précipitation maximale probable et
neige sont négligeables pendant les brèves périodes fonte nivale
de fonte; elles peuvent être plus que compensées
par la condensation en surface. On peut estimer Dans les bassins très étendus aux latitudes élevées,
l’évaporation au moyen d’équations de la conden- la fonte de la neige peut se substituer à la pluie en
sation à la surface de la neige. Il est difficile de tant que cause première de la crue maximale
mesurer l’évaporation sur une couche de neige ou probable. Le volume de l’écoulement de crue et sa
de glace, et les résultats ne sont probablement distribution temporelle sont alors basés sur l’esti-
guère plus précis que ceux obtenus par le calcul de mation de la fonte de neige résultant des valeurs
l’évaporation en général. En hiver, l’évaporation à maximales estimées de la température, du vent, du
partir d’une surface de neige type se situe entre 0 et point de rosée et de l’insolation, par des moyens
20 mm par mois. En période de fonte, la condensa- analogues à la maximalisation des hauteurs de
tion tend à dominer et peut atteindre 10 mm de précipitation d’averse.
condensat par jour.
Il est plus courant aux latitudes moyennes que la
Dans les régions montagneuses où s’accumulent pluie soit le facteur principal de la crue maximale
de grandes quantités de neige, où la saison de probable, la fonte nivale venant augmenter l’hydro-
fonte dure plusieurs mois et où les conditions gramme maximal. On ajoute ensuite à la hauteur
varient considérablement avec l’altitude, les de précipitation maximisée une quantité d’eau de
courbes illustrées à la figure II.6.15 sont d’une fonte correspondant aux conditions synoptiques
fiabilité limitée. L’évaporation peut être impor- estimées accompagnant l’averse maximalisée.
tante pendant les longues périodes de chaleur. Au
cours de la saison de fonte, des levés aériens ou Dans certains bassins, seule une analyse détaillée
autres successifs montrent l’évolution de l’ennei- permettra de dire si la crue maximale probable
gement, et on se livre à l’interprétation des obser- résultera d’une averse combinée à la fonte de neige
vations météorologiques pour exprimer les en saison froide ou d’une pluie d’été peut-être plus
variations de la vitesse de fonte en fonction de intense, mais dont on ne peut s’attendre logique-
l’altitude. L’apport en eau de fonte nivale devrait ment à ce qu’elle se combine à la fonte de neige.
être déterminé par zone d’altitude. En outre, dans
le cas des fortes accumulations de neige en
6.3.4.7.1 Accumulation maximale probable
montagne, une attention particulière doit être
de neige
portée à la rétention de neige fondue dans le
manteau. La contribution de l’eau de fonte à la crue maximale
probable dépendra de la vitesse maximale de fonte
Des facteurs degrés-jours plus élevés que les et de l’équivalent en eau de la couche de neige
facteurs moyens doivent être utilisés lorsque la disponible. L’équivalent en eau de la couche de
vitesse du vent ou l’humidité sont exceptionnelle- neige est la hauteur de la lame d’eau qui résulterait
ment élevées. de la fonte; elle dépend aussi bien de la densité de la
neige que de son épaisseur. Diverses méthodes ont
été employées pour estimer l’accumulation maxi-
6.3.4.6 Estimation des débits dus à la fonte
male probable de neige. Les plus courantes sont les
nivale
suivantes:
La détermination de l’écoulement total produit par a) Méthode saisonnière partielle – Les plus fortes
la fonte de la neige dans les bassins situés à basse accumulations de neige relevées au cours de
altitude peut se faire par des études du bilan chaque mois ou période de deux semaines, selon
hydrologique. Ces dernières permettent d’estimer la fréquence des observations, sont combinées
au début de la période l’écoulement total issu de la sans tenir compte de l’année d’observation,
fonte. Toutefois, on a souvent besoin des valeurs de afin d’obtenir par synthèse une année de très
l’apport quotidien en eau de fonte pour calculer les fortes chutes de neige. Cette méthode peut être
hydrogrammes. Les facteurs ci-après devraient être utilisée pour des périodes plus courtes telles
pris en considération lors de l’estimation de ces qu’une semaine ou quatre jours, si des relevés
valeurs: convenables sont disponibles;
a) L’apport de chaleur sur la couverture neigeuse; b) Maximisation des chutes de neige – On déter-
b) La capacité de rétention d’eau de la couverture mine le rapport entre la teneur maximale
neigeuse; en humidité de l’air dans la zone d’étude, au
c) La superficie recouverte de neige; moment de l’année où se produit une chute de
d) La capacité de rétention d’eau du bassin. neige, et la teneur réelle en humidité de celle-ci.
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-41
La quantité de neige résultant de la perturba- de neige, estimée par des méthodes comme celles
tion est multipliée par ce rapport afin de maxi- décrites plus haut, dans une relation pluie-débit
miser la chute de neige imputable à la tempête. (voir la section 6.3.2). On doit parfois faire en sorte
La maximisation de la teneur en humidité de que la relation reflète un pourcentage d’écoulement
l’air doit se limiter à une valeur produisant de plus élevé parce que la couverture nivale ou le
la neige et non de la pluie; temps froid a limité les pertes par évapotranspira-
c) Méthodes statistiques – Une analyse des fré- tion avant la période de fonte. Dans les bassins
quences est réalisée à partir des relevés des versants de montagne, où la couche de neige est
hauteurs de pluie et de neige afin de déterminer épaisse et où la saison de fonte dure plusieurs mois,
les valeurs correspondant à diverses périodes les méthodes couramment utilisées pour estimer
de retour. Les analyses portent sur trois types l’écoulement résultant de brèves averses ne convien-
de données: hauteur des précipitations à la nent pas toujours. L’écoulement issu de la fonte
station, hauteur de neige tombée dans le bassin survenue pendant une journée particulière s’étale
et équivalent en eau de la neige au sol. souvent sur une longue période et chevauche les
apports de nombreux autres jours. De plus, les
pertes par évapotranspiration, qui peuvent être
6.3.4.7.2 Évaluation de la fonte nivale
négligées dans le cas d’épisodes pluvieux, sont
La fonte de la neige étant sujette à des variations importantes pendant une saison de fonte de longue
spatio-temporelles complexes dans la plupart des durée. Une façon d’estimer l’écoulement produit
bassins versants, en raison des différences de pente, par la fonte au jour le jour consiste à estimer d’abord
de morphologie générale, de couverture forestière le volume saisonnier de l’écoulement, puis à distri-
et de hauteur de la couche de neige, on recourt buer ce volume conformément aux vitesses quoti-
souvent à la méthode des degrés-jours pour résoudre diennes locales de fonte observées ou estimées
le problème que pose l’estimation de la quantité (sections 6.3.4.6 et 6.3.4.7), aux caractéristiques de
d’eau provenant de la fonte nivale dans un bassin stockage du bassin, à la superficie sur laquelle la
versant. Les nombres maximaux de degrés-jours neige fond et à l’évapotranspiration saisonnière. Il
peuvent être estimés d’après les relevés des tem- peut être tenu compte du stockage dans le bassin et
pératures dans le bassin versant ou à proximité, et du retard de l’écoulement par la propagation dans
appliqués à l’estimation de l’accumulation maxi- un réseau analogue de réservoirs dont les constantes
male probable de neige afin d’estimer l’écoulement sont déterminées empiriquement d’après les
pendant la crue maximale probable. données historiques du bassin. Lorsque le bassin
est tellement petit que les apports diurnes en eau
Pour les conditions correspondant au maximum de fonte ne sont pas amortis par le stockage, on
probable, on détermine une température de l’air et utilise les apports sur six heures plutôt que sur une
une vitesse du vent conformes à la situation synop- journée ou on introduit une distribution diurne
tique pour l’averse génératrice de la hauteur de caractéristique dans la méthode de propagation.
précipitation maximale probable, et on suppose
que l’épaisseur de la couche de neige est optimale.
6.3.4.9 Analyse de l’écoulement de fonte
On entend par là:
nivale au moyen de la télédétection
a) Que la couche de neige présente un équivalent
en eau tout juste suffisant pour fondre totale- L’étude de l’écoulement produit par la fonte de
ment pendant la perturbation; neige a emprunté deux directions: une approche
b) Que la couche de neige qui fond renferme une empirique et une approche de modélisation déter-
quantité maximale d’eau à l’état liquide; ministe. Le choix entre les deux dépend à la fois des
c) Que l’équivalent en eau de la couverture de données disponibles pour quantifier le stock
neige est réparti de telle sorte qu’il est maximal neigeux et du degré de détail que doivent présenter
là où la fonte est maximale, cas différent de la les résultats. Pour estimer avec exactitude l’écoule-
situation habituelle dans laquelle l’équivalent ment dû à la fonte, les hydrologues doivent consi-
en eau de la couche de neige augmente avec dérer la surface enneigée (S), l’équivalent en eau de
l’altitude. la neige (SWE) et diverses conditions ou propriétés
de la couche de neige, comme l’épaisseur, la densité,
la taille des particules et la présence d’eau liquide
6.3.4.8 Écoulement lors de courts intervalles
(Engman et Gurney, 1991). La diminution progres-
de fonte
sive de la surface enneigée est un trait caractéris-
Dans les plaines, où les hausses de débit sont relati- tique du manteau neigeux saisonnier. Quelle que
vement faibles et les périodes de fonte brèves, soit la méthode choisie pour effectuer des simula-
l’écoulement peut être évalué en intégrant la fonte tions journalières de l’écoulement de fonte (selon
II.6-42 guide des pratiques hydrologiques
une approche empirique basée sur des données cartographier la couverture de neige, à condition
historiques ou une approche déterministe), il n’est que le couvert forestier ne soit pas très dense.
pas nécessaire de connaître l’accumulation initiale
de neige sous forme d’équivalent en eau; il suffit de Les nouveaux modèles mis au point pour exploiter
connaître chaque jour la superficie du bassin les données de télédétection amélioreront égale-
enneigée (OMM, 1994). ment les prévisions en hydrologie nivale. De plus,
l’intégration des valeurs obtenues par le biais de la
L’écoulement et la superficie enneigée sont liés par télédétection, des modèles numériques de terrain et
une relation très étroite dans de nombreux bassins des systèmes d’information géographique permet
(Engman et Gurney, 1991). Il faut cependant de combiner objectivement et systématiquement
déterminer l’équivalent en eau pour les prévisions différents types de données (Engman et Gurney,
opérationnelles de l’écoulement (OMM, 1994). La 1991). Les modèles numériques de terrain servent à
télédétection procure des données utiles pour normaliser l’imagerie en considérant l’élévation
prévoir l’écoulement de fonte nivale (Engman et solaire et la pente, la morphologie générale et l’alti-
Gurney, 1991). Ostrem et al. (1991) ont mis au tude du terrain (Baumgartner, 1988; Millar et al.,
point une façon de mesurer la neige restante et de 1982). Grâce aux systèmes d’information géogra-
prévoir le volume de l’écoulement de fonte dans phique, il est possible d’associer les masques de
un certain nombre de bassins norvégiens de haute végétation et l’imagerie satellitaire (Keller, 1987).
montagne, à partir des données de l’Administra-
tion américaine pour les océans et l’atmosphère
6.3.5 Propagation des écoulements
(NOAA) et de celles transmises par le satellite
d’observation télévisuelle à infrarouge (TIROS). Les écoulements en provenance des parties amont
Beaucoup de grandes entreprises d’hydroélectricité du bassin se dirigent vers l’aval comme une onde
utilisent, en conditions d’exploitation, les cartes dont la forme aux différentes stations peut être
des superficies enneigées établies grâce au radio- calculée par une technique appelée calcul de propa-
mètre perfectionné à très haute résolution (AVHRR) gation des crues. Le stockage et d’autres effets ont
de la NOAA pour planifier leur production tendance à amortir cette onde. Les irrégularités des
d’énergie hydroélectrique (Andersen, 1991). chenaux et les apports des affluents sont autant de
complications inhérentes au phénomène. Un grand
Les techniques de télédétection aux bandes de nombre de méthodes permettent d’étudier la
longueurs d’onde appropriées permettent dans propagation des ondes de crue dans les réservoirs
une certaine mesure d’estimer plusieurs caractéris- ou les chenaux.
tiques de la couche de neige, telles que la taille des
particules, l’albédo, la stratification, la tempéra-
6.3.5.1 Méthodes hydrodynamiques
ture en surface et la température du manteau
neigeux. Il est ainsi possible de déterminer assez Les recherches ont élargi sensiblement notre
précisément le moment où la neige présente les compréhension des processus physiques en jeu
conditions voulues pour que l’eau de fonte passe dans le cycle naturel de l’eau. Par ailleurs, tous
de la surface aux couches inférieures (mûrisse- genres de données sur les conditions météorolo-
ment) et, finalement, s’écoule à la base du manteau giques et hydrologiques peuvent être traités rapi-
neigeux (Rango, 1993). La première méthode dement grâce aux technologies d’acquisition
empirique d’estimation de l’écoulement de fonte continue et d’intégration dans le temps et dans
nivale au moyen de la télédétection a été élaborée l’espace combinées aux ordinateurs modernes. Ces
par Rango et al. (1977); ils ont introduit des différents progrès ont contribué à affiner un
données satellitaires d’enneigement dans les troisième type de modélisation, la modélisation
modèles de régression empiriques développés pour hydrodynamique.
les rivières Indus et Kaboul de l’Himalaya. Plus
tard, Martinec et Rango (1987) et Rango et van Les modèles hydrodynamiques reposent sur l’inté-
Katwijk (1990) ont établi des courbes modifiées gration numérique des équations de conservation
d’ablation de la couverture neigeuse pour le de la quantité de mouvement et de la masse qui
modèle de prévision de l’écoulement de fonte décrivent les processus physiques dans les bassins.
nivale dans le bassin du Rio Grande à partir des Puisque les modèles hydrodynamiques sont basés
données d’équivalent en eau de la neige et de sur les lois de la physique régissant les processus
température obtenues par télédétection. étudiés, l’extrapolation au-delà des plages d’étalon-
nage est plus fiable qu’avec les modèles conceptuels.
En règle générale, la télédétection est très efficace La propagation dynamique complète, qui tient
dans les régions montagneuses, surtout pour compte des effets d’accélération de l’écoulement et
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-43
de la pente de la surface de l’eau, permet de déter- où Kec est le coefficient d’expansion et de contrac-
miner avec exactitude les écoulements et les tion, ∆(Q/A)2 représentant la différence du terme
hauteurs de la surface de l’eau dans les situations (Q/A)2 entre deux sections transversales adjacentes
d’écoulement variable suivantes: séparées par une distance ∆x.
a) Déplacement d’eau vers l’amont par des vagues
similaires à celles produites par l’action des Il n’existe pas de solution analytique à l’ensemble
marées ou les ondes de tempête en mer; complet d’équations 6.39 à 6.41. Les techniques
b) Effets de remous d’exhaussement produits par numériques de résolution de ces équations pour les
les apports de réservoirs ou d’affluents en aval; cours d’eau à l’état naturel peuvent être classées en
c) Ondes de crue caractéristiques des cours d’eau deux grandes catégories: la méthode des caractéris-
dont la pente du lit est faible (moins de 0,05 %); tiques, peu utilisée aujourd’hui, et les méthodes
d) Ondes à front raide causées par des lâchures aux différences finies sur des schémas explicites ou
contrôlées aux réservoirs ou par la rupture d’un implicites, beaucoup plus courantes. Les méthodes
barrage. aux différences finies transforment les équations
aux dérivées partielles 6.39 et 6.40 en un jeu d’équa-
La propagation dynamique est généralement tions algébriques. Les techniques explicites résol-
basée sur les équations hydrodynamiques unidi- vent ces équations séquentiellement, à chaque
mensionnelles de l’écoulement variable appelées section transversale, bief de calcul et à un moment
équations de Saint-Venant. Ces équations sont donné, alors que les techniques implicites les résol-
généralement exprimées sous la forme d’équations vent simultanément pour tous les biefs de calcul à
de conservation: un moment donné.
paramètre de rugosité et l’écoulement ainsi que la largement employé aujourd’hui quand la géométrie
distance prend beaucoup de temps. Les méthodes et la topographie irrégulières des bassins naturels
permettant de déterminer automatiquement cette peuvent être remplacées par un ensemble d’élé-
relation facilitent nettement l’utilisation opération- ments simples, comme des plans d’écoulement et
nelle de la propagation dynamique dans un cadre des segments de chenaux réguliers. Les équations
prévisionnel. Une évaluation convenable des cinématiques font également partie des modèles de
conditions limites et initiales pour la résolution des la qualité de l’eau servant à prédire le transport de
équations de Saint-Venant en mode opérationnel polluants. Un modèle cinématique ne tient pas
est un autre aspect critique de la mise en œuvre compte des effets de remous produits par les débits
d’une méthode de propagation dynamique. latéraux entrants ou par l’exploitation de réservoirs
en aval et ne peut être utilisé pour prédire les
Il est essentiel d’établir un bon programme d’acqui- progressions d’ondes vers l’amont.
sition et de gestion des données qui soit intégrale-
ment lié à l’élément de calcul. La géométrie des
6.3.5.2 Méthodes hydrologiques
sections transversales doit être traitée aussi efficace-
ment que possible comme entrée du programme de Les méthodes hydrologiques de propagation sont
propagation dynamique. L’anticipation des condi- uniquement basées sur l’équation de continuité, ou
tions d’écoulement devrait exiger aussi peu de loi de conservation de la masse. Seule la propaga-
données que possible, afin que la méthode de tion de l’onde est alors étudiée, en tenant compte
propagation dynamique puisse servir d’outil de de l’accroissement et de la diminution du stockage
prévision. dans le bief compris entre deux points de mesure.
Toutefois, puisque la relation entre stockage et
En réécrivant de manière légèrement différente écoulement est déterminée de manière empirique,
l’équation de la quantité de mouvement et en igno- ces méthodes ne peuvent être utilisées directement
rant la quantité de mouvement des apports laté- lorsqu’on a besoin de données sur l’écoulement ou
raux, on obtient une image très nette des différences les niveaux d’eau pour la conception de projets.
essentielles entre propagation dynamique, propa-
gation par diffusion et propagation cinématique. Dans les méthodes hydrologiques de propagation,
l’écoulement en un point amont est donné, ou
Considérons: supposé, et la propagation sert à calculer l’écoule-
∂h ment et la hauteur de l’eau en un point à l’aval. On
1 ∂h v ∂v + – so + sf = 0
+ ∂x (6.43) résout l’équation de continuité ci-après à l’aide
g ∂t g ∂x
d’une relation entre le stockage et l’écoulement:
modèle cinématique
modèle de diffusion
modèle dynamique I – Q = dS/dt (6.44)
Les constantes K et x sont déduites de manière empi- car le passage d’une crue à travers un réservoir
rique des données relatives au débit dans un bief présente quelques différences avec celui d’une crue
particulier. On peut les déterminer en portant sur un dans un chenal.
graphique la valeur S en fonction de xI+ (1 – x)Q pour
différentes valeurs de x. La meilleure valeur de x est La vitesse de l’onde de crue dans un réservoir étant
celle pour laquelle les données s’approchent le plus plus grande que dans un chenal, le retard du débit
d’une courbe univoque. de pointe en sortie sur le débit de pointe en entrée
n’entraîne pas nécessairement un retard par rapport
Qj+1 = C1 Ij+1 + C2 Ij + C3 Qj (6.46) à ce qu’aurait été le débit de pointe sans le réservoir.
Qui plus est, la présence d’un réservoir peut empirer
où C1, C2 et C3 sont des fonctions des paramètres de les conditions de crue en aval, malgré l’effet d’atté-
Muskingum K et x, ainsi que de l’intervalle de temps nuation des débits de pointe. Le débit de pointe
Δt. La somme des constantes est égale à un. atténué pourrait se retrouver en phase avec les
débits de pointe d’affluents qui sont normalement
b) La méthode du bief spécifique proposée par décalés. C’est pourquoi la construction de réservoirs
Kalinin et Miljukov (1958) est basée sur la ne doit pas être considérée automatiquement
relation linéaire volume stocké-débit: comme un facteur d’amélioration des conditions de
crue en aval. Les conditions hydrologiques et
Q = K S (6.47) hydrauliques qui résulteront du projet devraient
être étudiées avec soin.
où K est la constante de stockage égale au temps de
parcours dans le bief. Cette équation s’applique à
6.3.5.4 Rupture d’un barrage
des biefs de longueur spécifique L approximative-
ment égale à: La rupture d’un barrage provoque une crue éclair
Q catastrophique et l’eau qui s’engouffre dans la
L= (6.48) brèche inonde la vallée en aval. Un barrage peut
∂Q
Z être artificiel ou formé par un embâcle ou de débris
∂h divers. Il est courant que le débit consécutif à la
où Z est la pente de la surface de l’eau et ∂Q/∂h la rupture soit plusieurs fois supérieur à la plus forte
tangente à la courbe hauteur-débit. Si un bief de crue jamais observée sur le cours d’eau en question.
cours d’eau se compose de plusieurs biefs spéci- On ne sait pas très bien comment se rompent les
fiques, les calculs sont effectués successivement barrages, qu’ils soient artificiels ou naturels. Il s’en-
d’un bief à l’autre vers l’aval. Le débit calculé pour suit que la prévision en temps réel des crues dues à
le point aval d’un bief est pris comme débit entrant un tel événement se limite presque toujours aux cas
au deuxième bief et ainsi de suite. où la rupture a été effectivement observée.
Différentes formes de rupture peuvent être antici-
Dans le cas des biefs de grande longueur pour lesquels pées dans les calculs lorsqu’on examine les consé-
on ne dispose pas des données voulues pour déter- quences pour les aménagements situés en aval
miner le nombre de biefs spécifiques, la formule (zonage et plans d’évacuation).
ci-après, exprimant la transformation du débit par
un réseau de réservoirs linéaires identiques, peut être Les premières études de ce problème supposaient
utilisée: une destruction instantanée du barrage et simpli-
fiaient les conditions en aval. Plus récemment, les
Δt
Q (t ) = I 0 t N −1 e −t /K (6.49) ingénieurs ont cherché à aborder la question en
N
K ( N − 1) ! supposant un hydrogramme résultant de forme
triangulaire basé sur l’équation de Schocklitsch ou
où N est le nombre de réservoirs ou de biefs caracté- une équation analogue de l’écoulement maximal,
ristiques, K est le temps de parcours dans un bief soit:
caractéristique, I0 est le débit entrant dans le premier
bief caractéristique et t est le temps. Les paramètres 8 3 (6.50)
Qm = W g Y0
K et N sont déterminés par approximations succes- 27 d
sives ou optimisation. où g est l’accélération de la pesanteur, Wd la largeur
de la brèche et Y0 la hauteur de l’eau derrière le
barrage. En utilisant l’équation 6.50 et en adop-
6.3.5.3 Propagation en présence de réservoirs
tant un coefficient de récession empirique, on
La présence d’un réservoir se traduit par un débit de simule la propagation de l’hydrogramme synthé-
pointe inférieur à ce qu’il aurait été en son absence, tique le long de la vallée par une méthode de
II.6-46 guide des pratiques hydrologiques
conservation de la masse pour les matériaux se Les modèles mathématiques de la qualité de l’eau
réduit alors à: peuvent être classés selon la typologie générale
(voir la section 6.1) et selon les critères suivants:
∂ Qs ∂ Ad (6.53) a) Les paramètres de qualité étudiés: modèles
+ε − qs = 0
∂x ∂t univariables ou multivariables;
b) Le type de paramètres modélisés: variables
où ε est le volume de matériaux dans une unité physiques conservatrices (p. ex. sel) ou non
de volume de la couche du lit (1 moins la porosité), (p. ex. température), variables chimiques non
Ad est le volume de la charge de fond par unité conservatrices (p. ex. oxygène dissous) ou
de longueur, Qs est le débit solide en volume et qs variables biologiques non conservatrices (p. ex.
est l’apport latéral de matériaux par unité de bactéries coliformes).
longueur.
Le modèle le plus couramment utilisé pour décrire
Certains modèles morphologiques et de transport le transport de polluants dans les cours d’eau est
solide, comme MIKE 21C, intègrent les écoulements le modèle unidimensionnel basé sur l’équation
tourbillonnaires afin de simuler les affouillements d’advection et de dispersion:
aux méandres et aux confluences, ainsi que la
formation de bancs de rive convexe et de bancs ∂c ∂c ∂ 2c (6.54)
+u = DL
alternés. Ils comportent des grilles de calcul curvi- ∂t ∂x ∂x2
lignes qui sont bien adaptées à la modélisation de la
morphologie des cours d’eau. L’érosion des berges où c est la concentration du polluant, u la vitesse
est prise en compte à chaque pas de temps de calcul, moyenne de l’eau, D le coefficient de dispersion
et les matériaux érodés sont inclus dans la solution longitudinale, t le temps et x la distance.
de l’équation de continuité. Le recul des berges sous
l’effet de l’érosion est modélisé par le déplacement Le coefficient de dispersion longitudinale est calculé
de la grille curviligne adaptative. à l’aide de l’équation de Fisher:
le débit et la direction de l’écoulement souterrain calcul de αn, Tw et Qm* implique que l’on connaisse
et leur variabilité, il serait vain de tenter de plusieurs variables météorologiques et hydrolo-
modéliser des variations chimiques complexes. giques. La méthode peut être utilisée si l’on dispose
Néanmoins, la compréhension des processus de prévisions de la température de l’air plusieurs
chimiques en jeu et de la distribution spatiale des jours à l’avance. Son exactitude est conditionnée
constituants, qu’ils soient d’origine naturelle ou essentiellement par les erreurs de prévision de la
humaine, peut fournir des informations intéres- température de l’air.
santes sur l’écoulement à l’intérieur de l’aquifère.
Les deux processus peuvent donc se compléter La condition nécessaire à la prise en glace est l’accu-
pour faciliter l’étalonnage global. mulation d’une quantité suffisante de glaces
flottantes alliée à un transfert massif de chaleur, si
bien que la prise des blocs entre eux soit capable de
6.3.6.3 Modélisation de la formation de
résister à la force du courant. Elle s’exprime par la
la glace
formule empirique:
Des glaces flottantes commencent à se former sur
0,8
un cours d’eau lorsque la température de la couche
(Qa ) c = − 6,5 v 2
⎛ b ⎞
(6.58)
supérieure de l’eau atteint 0 °C. En général, la ⎝ ∑ Qa ⎠
température est encore positive sous la surface. La
prévision de la date d’apparition de la glace va donc où (Qa)c est la température moyenne quotidienne
consister à calculer les échanges de chaleur à la critique (la plus élevée possible) de l’air le jour du
surface de l’eau qui abaisseront la température de la gel, v est la vitesse moyenne du courant dans le
couche superficielle à 0 °C. bief, b est la largeur du cours d’eau et SQa est la
somme des températures moyennes quotidiennes
La prévision de la température de l’eau se fait en depuis le jour de l’apparition des glaces (Buzin
résolvant, par approximations successives, l’équa- et al.). On répète le calcul avec les températures
tion du bilan thermique, en considérant les para- moyennes prévues pour chaque jour successif
mètres qui agissent sur les pertes de chaleur. Ces jusqu’à ce que la température moyenne quoti-
pertes à partir de la surface de l’eau sont fonction dienne de l’air tombe sous le point critique (Qa)c,
de la température de l’air, de la vitesse du vent et calculé par l’équation 6.58. Lorsque le point
des mouvements de l’eau. Sous sa forme la plus critique est atteint, on prévoit la formation d’une
générale, l’équation du bilan thermique à l’inter- couche de glace.
face air-eau pour un certain intervalle de temps
s’écrit: Il est rare, dans la pratique, que l’on utilise la
version complète du modèle de formation d’une
–
α (q w – qsw ) + Q = 0 (6.56) couche de glace, y compris un ajustement simplifié
touchant à l’emplacement et aux données hydro-
–
où qw est la température moyenne de la masse d’eau, météorologiques. En règle générale, l’élaboration
qsw est la température de l’eau en surface (en °K), et l’application d’un modèle sont réalisées de
α est le coefficient de transfert de chaleur de la manière à répondre aux exigences de l’utilisateur.
masse d’eau à l’interface air-eau (en W/m2 °K) et Les programmes de gestion des eaux en conditions
Q est la perte de chaleur à la surface de l’eau (en hivernales devraient être basés sur des prévisions
W/m2). et comptes rendus pertinents. Un réseau de mesure
hydrologique adapté à la formation de la glace,
Les techniques modernes de prévision à courte exploité en fonction des besoins de la prévision,
échéance du moment où se forme la glace sur un doit être mis en oeuvre selon ces principes.
cours d’eau reposent sur la méthode mise au point
par Hydrometeoizdat (1989). Elle est fondée sur En outre, les gestionnaires des ressources en eau
l’inégalité entre les deux flux de chaleur: doivent transmettre régulièrement des informa-
tions aux centres de prévision. Il est important,
*
Qm
* ou T (6.57) pour la production hydroélectrique, de savoir
α n Twn ≤ − Qm wn ≤ − αn quand commencera à se former une grande quan-
tité de frazil et de bouillie de glace. Des formules
où Tw est la température moyenne de l’eau, αn est le empiriques fondées sur une variante simplifiée de la
coefficient de production de chaleur de la masse méthode théorique sont généralement développées
d’eau considérée, Qm* est la perte de chaleur à dans ce but. Les coefficients empiriques sont le plus
travers l’interface air-eau et n rend compte de la souvent représentés sous la forme de nomogrammes
durée pendant laquelle l’inégalité s’applique. Le comme celui de la figure II.6.16.
II.6-50 guide des pratiques hydrologiques
0
5 10 15 où Dhglace est l’accroissement de l’épaisseur de glace
t
des prévisions à moyenne échéance (dix jours). Il sont liés dans la plupart des cas, il suffit de consi-
est possible de prévoir la débâcle n’importe où, y dérer une de ces variables dans l’équation 6.61.
compris dans les cours d’eau pour lesquels on Leurs valeurs sont calculées d’après les données
dispose de peu de données (Borsch et al., 1987). réelles et prévues quelques jours avant la débâcle.
Une approximation de l’équation peut s’exprimer
sous la forme:
6.3.6.5.1 Dislocation de la glace dans
les réservoirs
jdg ≤ a + b (ΔH)2 (6.62)
La libération d’un réservoir est le résultat de la fonte
de la glace et de la diminution graduelle de sa où a et b sont des coefficients empiriques.
compacité. Sous l’action du vent, des blocs de taille
variée commencent à bouger. La condition de cette Une méthodologie fondée sur une équation généra-
dérive s’exprime par une inégalité de la forme: lisée a été établie pour prévoir la date de la débâcle
dans les cours d’eau qui ne sont pas jaugés ou
jdg1/2 ≤ CU2 (6.60) lorsque les périodes d’observation sont courtes:
où j est la compacité de la glace fondante (contrainte (jdg )b–i /(jdg )N ≤ [1–e– (i+1)(Qb–i )/(Qb)N]
de flexion relative), dg l’épaisseur de la glace en (6.63)
centimètres, U la vitesse maximale du vent sur une (Qb–i)/(Qb)N + 0,005i + 0,25
période de 24 heures en m s–1 et C un coefficient
empirique qui dépend de la vitesse du vent et qui où (jdg)N est la durabilité relative moyenne de la
est constant pour un réservoir donné. On a établi glace le jour de la débâcle, (jdg)b–i est la durabilité
que la valeur de C était de 0,018 pour un certain relative de la glace pendant i jours avant la débâcle,
nombre de réservoirs de la Communauté des états Qb–i est le débit pendant i jours avant la débâcle et
indépendants. La compacité j de la glace et son (Qb)N est le débit moyen le jour de la débâcle. Les
épaisseur dg lorsque la glace commence à dériver se calculs et les prévisions de (jdg)N, (Qb)N et dg sont
calculent à partir d’éléments météorologiques, en effectués à l’aide de cartes, nomogrammes et
utilisant les équations du bilan thermique. tableaux élaborés à cet effet (Borsch et Silantjeva,
L’application de cette méthode est décrite en détail 1987).
dans Hydrometeoizdat (1989).
Le modèle de la débâcle peut fournir d’autres
produits de prévision particuliers, dont la prévision
6.3.6.5.2 Dislocation de la glace dans les cours
des charges maximales admissibles sur la glace ou
d’eau
les prévisions destinées aux brise-glace.
La prévision de la débâcle repose sur des modèles
qui déterminent la condition nécessaire à la rupture
de la couche de glace à partir de son épaisseur et de
sa compacité, ainsi que de la force tractrice du 6.4 DÉFIS DE LA MODÉLISATION
courant. Quand les forces de résistance deviennent
égales ou inférieures aux forces d’entraînement, la
6.4.1 Disponibilité et exactitude des
couche de glace se disloque et les blocs partent à la
données d’entrée
dérive.
L’un des défis de la modélisation, qui renvoie aux
La condition de la débâcle s’exprime par la relation: bassins non jaugés, est l’amélioration de la disponi-
bilité et de l’exactitude des données. Cela comprend
jdg ≤ f(H,DH) (6.61) les séries chronologiques de données d’entrée, telles
que la pluie ou l’évaporation, les séries chronolo-
où jdg (produit de la contrainte relative de la glace giques servant à étalonner ou à valider les résultats,
fondante par l’épaisseur) mesure la compacité de la comme le débit, le niveau de la nappe ou la qualité
couche de glace au moment de la débâcle, tandis de l’eau, et l’information utilisée pour estimer les
que H et DH représentent la force tractrice du valeurs des paramètres. Les modèles hydrologiques
courant. H est la hauteur du niveau d’eau au ne deviendront de véritables outils opérationnels
moment de la débâcle (reflétant le débit et la vitesse de gestion des ressources en eau que si l’on dispose
du courant), tandis que DH est l’élévation, jusqu’au de l’information nécessaire pour les appliquer avec
moment de la débâcle, du niveau d’eau au-dessus profit. Le recours à l’imagerie satellitaire traitée
du niveau d’hiver minimum H3, qui équivaut dans le cadre des projets de recherche sur la modé-
numériquement à DH = H – H3. Comme H et DH lisation est effectif depuis plusieurs années, et il
II.6-52 guide des pratiques hydrologiques
existe d’ores et déjà des exemples d’emploi à des incertitudes, mais aussi de quantifier celles-ci grâce
fins opérationnelles. L’utilisation de ces techniques à une solide connaissance de l’exactitude des
par les organismes de gestion des ressources en eau données d’entrée.
pourrait être beaucoup plus étendue, surtout dans
les pays en développement où les observations au
6.4.2 Bassins non jaugés
sol sont insuffisantes.
Le jaugeage des bassins versants est inexistant ou
De plus en plus de jeux de données mondiaux ou inadéquat dans de nombreuses régions, situation
quasi mondiaux issus de l’imagerie satellitaire sont aggravée par la disparition de réseaux d’observa-
disponibles et accessibles. Ils portent sur une large tion. Parallèlement, les ressources en eau sont
gamme de paramètres relativement stables, comme menacées par la poussée démographique et la
la topographie ou la couverture végétale (d’Herbès hausse constante de la consommation par habitant.
et Valentin, 1997), mais incluent aussi des séries Alors que la production de données diminue, le
chronologiques de paramètres variables tels que la besoin de données augmente. Les spécialistes de
température (Xiang et Smith, 1997), l’évapotranspi- l’hydrologie et des ressources en eau font face à un
ration (Kite et Droogers, 2000), l’humidité du sol immense défi: parvenir à évaluer et gérer les
(Valentijn et al., 2001) et les précipitations (OMM/ ressources sans disposer de toutes les données
PMRC, 1986). Une grande partie de ces informa- nécessaires.
tions pourraient combler certaines lacunes et être
introduites dans les modèles d’estimation des On perçoit depuis longtemps l’importance d’avoir
ressources en eau. Plusieurs aspects pratiques des techniques applicables aux bassins non jaugés.
doivent toutefois être examinés si l’on veut utiliser La formule rationnelle du XIXe siècle, fondée sur
de tels produits avec succès et en toute confiance: le concept de coefficient de ruissellement, annon-
a) Des modèles hydrologiques, ajustés au moyen çait dans un certain sens la régionalisation.
d’observations historiques, peuvent déjà être L’extrapolation depuis les sites jaugés vers les sites
utilisés; non jaugés a été pratique courante. Le présent
b) Les relevés de données satellitaires sont d’une chapitre en contient plusieurs exemples. Les
durée relativement courte; hydrogrammes unitaires synthétiques et les hydro-
c) On devrait, en principe, utiliser conjointement grammes unitaires géomorphoclimatiques évoqués
des données satellitaires et des données d’ob- à la section 6.3.2.2.5 permettent de tracer un
servation; les rapports entre ces deux sources hydrogramme concernant des régions pour
doivent être compris et quantifiés; lesquelles on dispose de peu ou pas de données sur
d) Les gestionnaires des ressources en eau des pays la pluie et le débit. Dans la section 6.2.3, des
en développement devraient pouvoir accéder éléments de géostatistique sont présentés pour
aux données; estimer la valeur d’une variable en un lieu non
e) Les techniques permettant d’exploiter pleine- jaugé grâce aux valeurs relevées ailleurs.
ment les données ne devraient pas être trop
complexes ou trop difficiles à maîtriser, car les Le Flood Estimation Handbook publié en 1999, qui a
pays en développement disposent rarement remplacé le Flood Studies Report et ses suppléments,
de ressources importantes pour l’analyse et le décrit la régionalisation menée à l’échelle nationale
traitement. au Royaume-Uni. Le manuel expose les principes
de la régionalisation des paramètres de modèles et
L’un des grands défis de la modélisation hydrolo- de l’extrapolation des bassins jaugés vers les bassins
gique sera d’élargir l’emploi opérationnel de ces non jaugés. Il y est recommandé d’estimer les
techniques. Il faut donc s’assurer que les résultats fréquences de crue par une analyse statistique des
sont aussi exacts et représentatifs que possible. À débits de pointe, des maximums annuels ou des
tout le moins, il est essentiel de comprendre les dépassements de seuil, ou par la relation pluie-débit
limites et les marges d’erreur des résultats des si on dispose de séries chronologiques suffisamment
modèles, de telle sorte que les décisions concer- longues. Bien que les données de crue établies sur le
nant la mise en valeur des ressources en eau repo- site même soient de loin préférables, elles peuvent
sent sur une information adéquate. La section qui provenir d’un site voisin, d’un bassin donneur,
suit renvoie à l’un des objectifs de l’initiative de d’un bassin semblable ou d’un bassin analogue
l’Association internationale des sciences hydrolo- s’il n’existe pas de bassin donneur à proximité.
giques intitulée «Décennie sur les prévisions en L’estimation de la crue indicatrice – crue annuelle
bassins non jaugés: réduire l’incertitude prédic- médiane – en l’absence de données sur les pointes
tive». Lorsque les modèles sont utilisés en condi- de crue peut se faire à partir de descripteurs du
tions d’exploitation, il est important de réduire les bassin. Des analyses groupées sont parfois nécessaires
CHAPITRE 6. MODéLISATION DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES II.6-53
pour estimer la courbe d’accroissement, suivant la particulières. On en trouvera des exemples dans
longueur des relevés de jaugeage ou la période visée Hughes (2004b) et sur le site http://www.epa.gov/
(crue centennale ou décennale, par exemple). La waterscience/basins/bsnsdocs.html.
dernière possibilité consiste à estimer les paramètres
d’un modèle pluie-débit à partir des seuls descrip- Une innovation récente, l’Interface de modélisation
teurs du bassin. ouverte (OpenMI, voir le site http://www.harmonit.
org), tente de lier, sur une base spatiale et tempo-
L’Association internationale des sciences hydrolo- relle, les modèles de différents processus hydrolo-
giques, qui a lancé la Décennie sur les prévisions en giques et, par conséquent, de simuler les interactions
bassins non jaugés (2003–2012), s’efforce de des processus. L’objectif est de simplifier la liaison
renforcer la capacité d’établir des prévisions pour des modèles qui tournent en parallèle et fonction-
les bassins non jaugés (Sivapalan et al., 2003). Il faut nent selon des échelles spatiales et temporelles
espérer que la Décennie permettra de réduire l’in- différentes, grâce à un transfert direct des données
certitude des prévisions et d’élaborer de nouvelles entre eux. Il est probable qu’un grand nombre de
théories fondées sur la mise à l’échelle et à plusieurs modèles actuels seront d’ici peu compatibles avec
échelles, l’approche des systèmes complexes, la l’OpenMI.
dynamique non linéaire et les relations éco-hydro-
logiques. Cela ne sera possible que si l’on élargit la
plage et l’échelle des observations qui servent à
estimer les variables hydrologiques. L’initiative Bibliographie et lectures complémentaires
présente un intérêt considérable pour l’hydrologie
opérationnelle et on espère que, d’ici son terme, Andersen, T., 1991: AVHRR data for snow mapping in
elle fera sensiblement progresser les techniques Norway. Proceedings of the 5th AVHRR Data Users
applicables aux bassins non jaugés. Meeting, Tromsoe, Norvège.
Anderson, E.A., 1973: National Weather Service River
Forecast System: Snow Accumulation and Ablation
6.4.3 Couplage de modèles
Model, Programs and Test Data. NOAA NWSHYDRO
Le souci grandissant de gérer les ressources en eau Technical Memorandum 17.
de façon intégrée rend souvent nécessaire l’emploi Anderson, M.P., D.S. Ward, E.G Lappala et T.A. Prickett,
de plusieurs modèles pour résoudre certains 1992: Computer models for subsurface water. In:
problèmes pratiques. Citons l’utilisation conjointe Handbook of Hydrology, D.R. Maidment (responsable
de modèles de quantité et de qualité des eaux avec de la publication), McGraw-Hill, Chapitre 22,
des modèles de systèmes et des modèles d’incidence p. 1–34.
économique. Un autre exemple est le recours à des Arnold, J.G., P.M. Allen et G. Bernhardt, 1993:
modèles climatiques pour obtenir les données A comprehensive surface-groundwater flow model.
météorologiques qui sont introduites dans les Journal of Hydrology, N° 142, p. 47–69.
modèles hydrologiques de bassins. Autrefois, on Baumgartner, M.F., 1988: Snowmelt runoff simulation
modélisait séparément et séquentiellement les based on snow cover mapping using digital
différents processus, les sorties d’un modèle deve- Landsat-MSS and NOAA/AVHRR data, USDA-ARS.
nant les entrées du suivant. Cette façon de faire Hydrology Lab. Tech. Rep.
risque de négliger les nombreuses rétroactions en Bear, J., 1980: Hydraulics of Groundwater. New York, NY:
jeu dans les systèmes naturels complexes. Il est McGraw-Hill College, 1980. ISBN: 0070041709.
préférable d’exécuter les modèles en parallèle, en Bear, Jacob, 1988: Dynamics of Fluids in Porous Media.
couplant les liens entre les processus à chaque pas New York, NY: Dover Publications, 1988.
de temps et en intégrant des mécanismes de rétroac- ISBN: 0486656756.
tion. Si l’on suit les méthodes classiques, il faut Beldring, S., K. Engeland, L.A. Roald, N.R. Saelthun
combiner tous les algorithmes des différents et A. Voks, 2003: Estimation of parameters in a
modèles dans un modèle unique, ce qui représente distributed precipitation – runoff model for Norway.
une tâche énorme et empêche de choisir des Hydrology and Earth System Sciences, Volume 7,
approches de modélisation adaptées à chaque N° 3, p. 304–316.
application. Le couplage peut être facilité en créant Bergstörm, S., 1992: The HBV model – its structure and
des cadres de modélisation qui regroupent la gestion applications. SMHI Reports RH, N° 4, Norrkping,
des données, les outils de visualisation des systèmes Suède.
d’information géographique et les liaisons entre ———, 1995: The HBV model. In: Computer Models of
modèles dans un progiciel unique englobant Watershed Hydrology, V.P. Singh (responsable de la
plusieurs modèles. Il existe plusieurs systèmes de ce publication), Water Resources Publications, Colorado,
type dans le monde, tous mis au point à des fins États-Unis d’Amérique, 443, 476.
II.6-54 guide des pratiques hydrologiques
Bergstörm, S., J. Harlin et G. Lindström, 1992: Spillway Dooge, J.C.I., 1973: Linear theory of hydrologic systems.
design floods in Sweden. I: New guidelines. Technical Bulletin No. 1468, Agricultural Research
Hydrological Sciences Journal, Volume 37, N° 5, Service, United States Department of Agriculture,
p. 505–519. Washington D.C.
Bergström, S., B. Carlsson, M. Gardelin, G. Lindstrm, Eagleson, P.S., 1970: Dynamic Hydrology. New York
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