Chiasma Optique
Chiasma Optique
Chiasma Optique
Résumé
Le chiasma optique constitue un segment des voies optiques, entre les nerfs
optiques en avant et les tractus optiques en arrière. C'est un carrefour pour les
fibres nerveuses qui véhiculent les influx visuels de la rétine aux corps genouillés
externes. Le trajet de ces fibres est particulier : : certaines décussent, alors que les
autres restent en situation homolatérale. C'est pourquoi les atteintes chiasmatiques
déterminent selon leur topographie des anomalies du champ visuel qui lui sont
propres.
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EMBRYOLOGIE (FIG. 1)
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Le chiasma est une lame de substance blanche. Il est constitué par une courte
portion des longs cylindraxes myélinisés des cellules multipolaires rétiniennes qui
cheminent de la rétine jusqu'aux corps genouillés externes. Il comporte des cellules
de soutien : trame névroglique formée d'astrocytes et d'oligodendrocytes. Il est
recouvert de pie-mère qui se prolonge en avant autour des nerfs optiques et en
arrière autour des tractus optiques. Il n'existe pas de gaine de Schwann.
Il peut avoir la forme d'un X ; être plus ou moins long, plus ou moins large, plus ou
moins épais. L'angle formé par le chiasma et la ligne bicommissurale est également
variable. En particulier, il est plus grand chez le jeune enfant que chez l'adulte.
Ces variations se concrétisent par les mensurations établies par J. Lang sur pièces
anatomiques :
Nous mêmes avons réalisé des mensurations directes par ordinateur sur des images
par résonance magnétique de sujets vivants ne présentant pas d'altérations
morphologiques (tumorales ou atrophiques). Ces mensurations sont réalisées sur
des coupes sagittales médianes, en séquence pondérée T1, sur lesquelles les
commissures blanches antérieure et postérieure étaient bien identifiables.
Face antéro-supérieure
Elle est entourée par le LCS de la citerne préchiasmatique qui communique en avant
avec la citerne de la lame terminale et les espaces sous-arachnoïdiens de la scissure
interhémisphérique.
Cet orifice, s'il est trop large, peut permettre une invagination de l'arachnoïde dans
la loge hypophysaire (arachnoïdocèle) dans laquelle le chiasma risque d'être
entraîné.
Bord antérieur
Selon la situation du bord antérieur du chiasma par rapport aux structures sous-
jacentes, on distingue :
Ces variations sont intéressantes à connaître car plus le chiasma est proche du
tubercule de la selle, plus les manifestations cliniques des tumeurs hypophysaires
sont précoces, et plus difficile est l'abord direct chirurgical.
Bord postérieur
Bords latéraux
Ils baignent dans le LCS de la citerne chiasmatique qui se prolonge latéralement par
les vallées sylviennes.
Ils entrent en rapport étroit avec les portions C1 et C2 du siphon carotidien après
son émergence de la loge caverneuse (fig. 4 et 7). La bifurcation de la carotide
interne en artère cérébrale antérieure et cérébrale moyenne se situe sous l'espace
perforé antérieur, en dehors du bord latéral du chiasma.
Angles du chiasma
Les deux angles antérieurs réunissent le chiasma aux nerfs optiques intracrâniens.
Les deux angles postérieurs se prolongent par les tractus optiques (fig. 3).
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VASCULARISATION (FIG. 7 ET 9)
La face supérieure du chiasma est vascularisée par des collatérales des artères
cérébrales antérieures et de l'artère communicante antérieure.
Le chiasma est ainsi arrimé à l'artère cérébrale antérieure et se déplace avec elle
dans les cas pathologiques. Ainsi, ces vaisseaux, en général toujours visibles en
IRM, permettent de situer le chiasma dans certains cas de compression,
refoulement... (fig. 10).
Le système veineux (fig. 9) est calqué sur celui des artères. Des branches de la
veine basale forment un cercle veineux autour de la région chiasmatique, avec la
participation de la veine cérébrale antérieure, de la veine cérébrale moyenne
profonde et de la veine interpédonculaire. Ces veines reçoivent de nombreuses
collatérales en provenance du chiasma et du tractus optique.
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ARCHITECTONIE ET FONCTION
Le chiasma est constitué par les fibres nerveuses provenant des 2 nerfs optiques, au
nombre de 500 000 à 1 000 000. Elles véhiculent l'influx nerveux sensoriel depuis la
rétine jusqu'aux corps genouillés externes.
le faisceau maculaire ;
le faisceau rétinien temporal ;
le faisceau rétinien nasal.
Il faut noter qu'une lésion siégeant à la jonction chiasma - nerf optique peut
entraîner une cécité homolatérale, et une hémianopsie temporale controlatérale en
raison de la courbe dans le nerf optique effectuée par le fascicule nasal.
L'imagerie par résonance magnétique (IRM) (fig. 16, 17, 18, 19, 20, 21 et 22)
s'impose pour l'étude du chiasma. La qualité des images d'IRM rivalise avec celle
des coupes anatomiques. Le chiasma et toutes les structures environnantes sont
mises en évidence en coupes minces, jointives si nécessaire, selon n'importe quelle
orientation choisie, sans mobilisation du malade, ni acte agressif. Il est possible,
entre autres, de réaliser des coupes sagittales obliques selon l'axe du nerf optique
et de voir sa jonction avec le chiasma. A partir d'une vue sagittale, on peut
programmer des coupes axiales dans le plan du chiasma, et mettre ainsi en
évidence l'ensemble chiasma - nerfs optiques intracrâniens - tractus optiques. La
tonalité des différentes structures, proportionnelle à l'intensité du signal, varie avec
le type de séquence. On distingue les séquences pondérées T1 dépendantes
principalement de la relaxation longitudinale des protons, les séquences pondérées
T2 dépendantes de la relaxation transversale et les séquences pondérées Rho
dépendantes de la densité de protons.
Dans les séquences pondérées T2, le chiasma et les structures nerveuses restent de
tonalité gris moyen, alors que le LCS devient blanc (fig. 19, 20, 21 et 22).
Dans ces deux séquences le chiasma est bien délimité par rapport au LCS de la
citerne chiasmatique et du troisième ventricule.
Par contre, dans les séquences pondérées en Rho (densité de protons), le LCS est
de tonalité grise qui peut être identique à celle du chiasma (fig. 21 A). Dans ce
cas, l'image du chiasma disparaît, confondue avec celle du LCS. C'est pourquoi
l'interprétation des images doit se faire en pleine connaissance des séquences
utilisées.
Les vaisseaux sont également bien mis en évidence. Les artères dont le flux est
rapide apparaissent noires dans toutes les séquences énumérées si elles sont
réalisées en écho de spin ; elles sont blanches en écho de gradient. Les veines dont
le flux est lent apparaissent en blanc. Des séquences spéciales, l'injection de
produits paramagnétiques, modifient ces contrastes.
Fig 1 :
Fig 1 :
Fig 2 :
Fig 2 :
1. adhérence interthalamique ;
2. aire subcalleuse ;
21. fornix ;
24. hypophyse ;
25. infundibulum ;
26. jugum sphénoïdal ;
Fig 3 :
Fig 3 :
Fig 4 :
Fig 4 :
Coupes schématiques de face passant par le chiasma d'avant (A) en arrière (B) : 3.
artère carotide interne ; 4. artère cérébrale antérieure ; 5. artère cérébrale moyenne ;
10. chiasma optique ; 11. citerne chiasmatique ; 18. diaphragme sellaire ; 20. dure-
mère ; 24. hypophyse ; 25. infundibulum ; 28. loge caverneuse ; 31. nerf oculomoteur ;
33. processus clinoïde antérieur ; 34. récessus optique ; 38. sinus sphénoïdal.
Fig 5 :
Fig 5 :
Fig 6 :
Fig 6 :
Fig 7 :
Fig 7 :
Schéma du polygone de Willis en vue supérieure montrant ses rapports avec le chiasma
: 3. artère carotide interne ; 4. artère cérébrale antérieure ; 5. artère cérébrale moyenne
; 6. artère cérébrale postérieure ; 8. artère communicante antérieure ; 9. artère
communicante postérieure ; 10. chiasma optique ; 30. nerf optique ; 33. processus
clinoïde antérieur ; 43. tractus optique ; 45. tronc basilaire.
Fig 8 :
Fig 8 :
Fig 9 :
Fig 9 :
Schéma du polygone veineux en vue supérieure montrant ses rapports avec le chiasma :
10. chiasma optique ; 30. nerf optique : 33. processus clinoïde antérieur ; 43. tractus
optique ; 49. veine basale ; 50. veine cérébrale antérieure ; 51. veine cérébrale
moyenne ; 52. veine interpédonculaire.
Fig 10 :
Fig 10 :
Fig 11 :
Fig 11 :
Fig 12 :
Fig 12 :
Fig 13 :
A. Vue frontale antérieure : cette coupe passe par la partie toute postérieure des nerfs
optiques intracrâniens. Les vaisseaux sont bien visibles, rehaussés par l'injection de
produit de contraste iodé.
B. Vue frontale postérieure : cette coupe passant par le chiasma met en évidence les
rapports avec, latéralement, l'artère carotide interne et ses branches de division,
l'infundibulum à la partie inférieure et le troisième ventricule à la partie supérieure. 3.
artère carotide interne ; 4. artère cérébrale antérieure ; 5. artère cérébrale moyenne ;
10. chiasma optique ; 11. citerne chiasmatique ; 24. hypophyse ; 25. infundibulum ; 28.
loge caverneuse ; 30. nerf optique ; 33. processus clinoïde antérieur ; 34. récessus
optique ; 36. scissure interhémisphérique ; 38. sinus sphénoïdal.
Fig 14 :
Fig 14 :
Le chiasma forme avec les nerfs optiques intracrâniens un V. 10. chiasma optique ; 30.
nerf optique ; 32. pédoncules cérébraux ; 33. processus clinoïde antérieur ; 46.
tubercule de la selle.
Fig 15 :
Fig 15 :
Fig 16 :
Fig 16 :
Cette vue montre les rapports du chiasma avec la lame terminale en haut, le tuber
cinereum en arrière, l'infundibulum et la glande hypophysaire en bas. Les citernes
chiasmatique et interpédonculaire apparaissent en noir (faible signal). 4. artère cérébrale
antérieure ; 10. chiasma optique ; 11. citerne chiasmatique ; 14. citerne
interpédonculaire ; 16. corps calleux ; 17. corps mamillaire ; 24. hypophyse ; 25.
infundibulum ; 27. lame terminale ou lame sus-optique ; 32. pédoncules cérébraux ; 34.
récessus optique ; 35. récessus infundibulaire ; 38. sinus sphénoïdal ; 47. tuber
cinereum.
Fig 17 :
Fig 17 :
Ces coupes passent d'avant en arrière par les nerfs optiques (a), les parties antérieure
(b) et postérieure © du chiasma et par les tractus optiques (d). Elles montrent les
rapports du chiasma avec l'infundibulum, la glande hypophysaire et les branches de
division de l'artère carotide interne. 3. artère carotide interne ; 4. artère cérébrale
antérieure ; 5. artère cérébrale moyenne ; 10. chiasma optique ; 11. citerne
chiasmatique ; 19. dorsum sellae ; 24. hypophyse ; 25. infundibulum ; 28. loge
caverneuse ; 30. nerf optique ; 31. nerf oculomoteur ; 35. récessus infundibulaire ; 43.
tractus optique.
Fig 18 :
Fig 18 :
Le chiasma a une forme de X. Cette coupe montre les rapports avec le segment orbitaire
de la première circonvolution frontale ou gyrus droit et avec l'uncus en arrière. 10.
chiasma optique ; 17. corps mamillaire ; 30. nerf optique ; 32. pédoncule cérébral ; 35.
récessus infundibulaire ; 36. scissure interhémisphérique ; 43. tractus optique ; 48.
uncus.
Fig 19 :
Fig 19 :
Fig 20 :
Fig 20 :
Fig 21 :
Fig 21 :
Fig 22 :
Fig 22 :
IRM : vue axiale pondérée T2 passant par le polygone de Willis. 3. artère carotide
interne ; 6. artère cérébrale postérieure ; 9. artère communicante postérieure ; 11.
citerne chiasmatique ; 14. citerne interpédonculaire ; 25. infundibulum ; 30. nerf optique
; 32. pédoncule cérébral ; 35. récessus infundibulaire.