Dossier Oceanographie
Dossier Oceanographie
Dossier Oceanographie
QU’EST-CE QUE
L’OCÉANOGRAPHIE ?
Avril 2012
B. Précision de vocabulaire 5
A. Naissance de l’océanographie 8
1. 18e siècle : les voyages d’exploration scientifique 8
2. Seconde moitié du 19e siècle : naissance de l’océanographie 10
3. Fin 19e, début 20 e : les stations marines 14
4. Fin 19e, début 20e : essor de l’océanographie 18
A. Océanographie biologique 47
1. La chaîne alimentaire océanique simplifiée 48
2. La fonction chlorophyllienne 48
3. Les différentes zones de l’océan et leurs écosystèmes propres 50
C. Géosciences marines 58
D. Océanographie appliquée 63
E. Océanographie spatiale 65
F. Océanographie opérationnelle 67
V. LE METIER D’OCEANOGRAPHE 81
A. Description 81
L’océanographie est une science qui étudie les mers, les océans : leurs limites et leurs
interactions avec l’air, le fond, les continents mais aussi les organismes qui y vivent.
Ce n’est pas une science comme une autre car elle fait intervenir de nombreuses disciplines
scientifiques, à l’image de la multiplicité de ses domaines d’études.
Ainsi, les océanographes s’intéressent à la dynamique des fluides (courants, marées…), à la chimie de
l’eau de mer, à la géologie* des fonds marins, à la biologie* ou au comportement des êtres vivants qui
peuplent ces fonds, …
Pour faire progresser les connaissances dans ces domaines, diverses disciplines plus ou moins
connues du grand public coopèrent, telles que la biologie* et la microbiologie* marines, la chimie*, la
biochimie*, la géologie, la sédimentologie*, ou encore la géophysique* qui englobe la géodésie*, la
sismologie*, l’hydrologie*, la météorologie*…
L’océanographe n’est bien évidemment pas un spécialiste dans toutes ces disciplines à la fois !
C’est la mutualisation des savoirs acquis dans les différentes branches qui composent
l’océanographie qui permettent de mieux connaître et comprendre l’océan.
Océanographie ou Océanologie ?
Suivant les sources ou les personnes consultées, des flottements existent dans les définitions… On
peut rencontrer les termes « océanographie » et « océanologie » employés comme des synonymes.
L’océanologie (terme issu de l’anglais « oceanology ») correspond parfois à la définition
d’océanographie appliquée (à destination des services, industries)… D’autres expliquent que
l’océanologie, par opposition à l’océanographie, ne se contente pas de décrire l’océan mais de
comprendre ses mécanismes. En réalité, ce terme est employé à un stade particulier de développement
de l’océanographie. C’est-à-dire à partir du moment où « les travaux scientifiques et la technologie
permettent d’aborder une nouvelle étape, celle de la conquête et de l’exploitation des océans au profit
des hommes. Océanologie est un terme générique qui recouvre les sciences océanographiques et les
activités de recherche et de développement relatives à l’espace océanographique » 2.
2
L'océanologie : La recherche et la mer / Bruno Chomel de Varagnes. - Paris : La documentation
française, 1974 (La documentation française illustrée ; 280).
L'océan Arctique n'ayant qu’une superficie d'environ 14 106 km2 est plutôt considéré comme une mer
glaciaire.
A. Naissance de l’océanographie
Cependant avant le 19e siècle, on ne peut pas véritablement parler d’océanographie même si les
premiers grands navigateurs recueillent des observations sur les mers qu’ils traversent et réalisent des
cartes. Durant le Moyen Âge, l’exploration des océans s’intensifie grâce aux Arabes, Vikings, Chinois et
Polynésiens. Les musulmans, en développant leur commerce, utilisent l’astrolabe*, rapportent des
boussoles* de Chine, enrichissent la géographie de connaissances mathématiques et astronomiques*.
La Renaissance est l’ère des grandes découvertes, de l’expansion maritime. La cartographie (édition
des cartes et plans) se développe : les navigateurs et les scientifiques se mettent à échanger des
informations car ce sont les compilateurs qui font les cartes et non plus les marins eux-mêmes. Des
noms de marins célèbres sont restés (les navigateurs portugais Christophe Colomb, 1450-1506 ; Vasco
de Gama, 1469-1524 ; Fernando Magellan, 1480-1521…) mais les motivations de ces voyages sont
avant tout économique et religieuse (établir des comptoirs, des colonies).
Au cours du 18e siècle, en Europe, de nouveaux courants scientifiques et philosophiques émergent (Les
Lumières).
Les voyages des grands navigateurs du 18e siècle qui explorèrent l’immensité du Pacifique donnent lieu
à de riches publications et suscitent un engouement pour l’étude de l’océan et la diversité des êtres
vivants le peuplant. Même si ces grands navigateurs (le capitaine James Cook, 1728-1779 ; Louis
Antoine de Bougainville, 1729-1811 ; le comte de La Pérouse, 1741-1788) étaient surtout des
conquérants et des commerçants, des naturalistes avaient aussi participé aux périples.
Pendant la première moitié du 19e, se développent ce qu’on appelait des croisières de naturalistes*.
Ainsi Charles Darwin (1809-1882), à 22 ans, participe en tant que naturaliste volontaire à l’expédition de
reconnaissance et d’exploration scientifique dans les mers du Sud à bord du HMS (Her Majesty’s Ship)
Beagle. Pour cette mission, le navire a été doté de laboratoires. Charles Darwin procède à des
observations multiples, étudie les récifs coralliens, utilise des filets à plancton pour capturer des petites
créatures dérivant dans les eaux. Ces observations et la collection qu’il réalise lui permettent d’écrire un
résumé de sa théorie qui devient en 1859 un classique de la littérature scientifique : De l’origine des
espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la
vie.
2. Seconde moitié du 19e siècle : naissance de l’océanographie
1725
- Le comte italien Luigi Ferdinando Marsigli (1658-1730), membre de l’Académie royale des
sciences de Paris, publie à Amsterdam L’Histoire physique de la mer. Ce livre aborde entre
autre la configuration du fond de la mer dans le Golfe du Lion, des relevés de température en
Méditerranée, les coraux… Cet ouvrage est considéré comme le premier livre d’océanographie.
1750
- Dès cette date, on utilise des dragues* pour récolter des animaux et des végétaux du littoral.
Les espèces sont ensuite étudiées dans les musées d’histoire naturelle.
1751
- Publication par Diderot des 1ers volumes de L’Encyclopédie qui consacre de nombreux articles
à la mer
1752
- En France, est créée l’Académie de Marine, société savante* composée d’hydrographes*, de
marins, d’astronomes*, de naturalistes*, qui participent à des voyages d’exploration.
1769
- L’américain Benjamin Franklin établit la première carte du Gulf Stream en s’appuyant sur les
données fournies par les chasseurs de baleine.
1795
- Création en France du Bureau des Longitudes. Il s'agit de reprendre "la maîtrise des mers aux
anglais", grâce à l'amélioration de la détermination des longitudes en mer.
1799
- Le physicien français Laplace établit dans le quatrième livre de son Traité de mécanique
céleste une théorie dynamique des marées (utilisée jusqu’en 1992 !)
1861
- Suite à la remontée d’un câble entre la Sardaigne et l’Algérie, le naturaliste français Henri de
Milne Edwards (1800-1885) découvre des vers à tube (sorte de ver marin) et des
1868
- Les britanniques lancent plusieurs campagnes pour découvrir les espèces des grands fonds.
Wyville Thomson (1830-1882) naturaliste écossais, à bord du Porcupine rapporte les premières
mesures et prélèvements jusqu’à 3 500 mètres.
1874
- Parution du premier ouvrage d'océanographie traitant des grandes profondeurs The Depths of
the Seas (traduit en français sous le titre Les abîmes de la mer) par Charles Wyville Thompson.
En 1880 et 1883, la France équipe deux navires pour participer elle aussi à cet effort de recherche : le
Travailleur et le Talisman. Alphonse Milne-Edwards, professeur de zoologie au Muséum National
d’Histoire Naturelle, effectue de 1880 à 1884 des expéditions, du golfe de Gascogne à Madère et en
Méditerranée, à bord du Travailleur, aviso à roues de la Marine nationale. Le Talisman, un éclaireur
d'escadre, est plus grand que le Travailleur et peut effectuer des voyages plus lointains. En 1883, le
Talisman fait des récoltes profondes jusqu'aux îles du Cap Vert, dans la mer des Sargasses et au large
des Açores, découvrant une profondeur de 6 250 mètres. L’observation du relief sous-marin au large
des Açores et l’examen des pierres ponces et des roches volcaniques remontées par les dragues, font
comprendre qu’il existe « une grande chaîne volcanique parallèle à la côte d’Afrique » ; c’est la dorsale
médio-atlantique qui ne sera mise en évidence que plus d’un demi-siècle plus tard ! Tous les animaux
récoltés sont décrits et figurent depuis dans les collections du Muséum national d'Histoire naturelle à
Paris.
Les campagnes océanographiques se multiplient alors dans le monde entier : les Etats-Unis en 1888,
l’Allemagne en 1899, les Pays-Bas 1900.
Il inspirera le zoologiste belge Pierre Van Beneden (1809-1894) qui fait transformer une huîtrière
d’Ostende (Belgique) en 1843 pour en faire un laboratoire maritime mais celui-ci finit par être
abandonné.
En France, les stations marines se développent rapidement. Elles sont destinées à l’enseignement et
accueillent durant l’été des chercheurs de différentes disciplines. Elles sont principalement consacrées
à la biologie marine.
Victor Coste (1807-1873), naturaliste* français, s’intéresse à l’ichtyologie*. Il fonde en 1859 la station
marine de Concarneau (Finistère), le premier laboratoire maritime des côtes françaises, qui jouera un
rôle important dans la recherche scientifique de l’époque. C’est aujourd’hui la plus ancienne station de
biologie marine existant au monde.
Victor Coste
← ↑ Crédit : Michel Gigan (Laboratoire de Biologie Marine de
Concarneau)
Depuis 1996, la station est gérée par le Muséum National d'Histoire Naturelle en concertation avec le
Collège de France. En plus des activités de recherche, on y trouve un marinarium (musée-laboratoire).
Suivront les stations fondées par le professeur titulaire de la chaire de Zoologie de la Sorbonne, Henri
de Lacaze-Duthiers : Roscoff (Finistère), en 1872 ; puis Banyuls-sur-Mer (Pyrenées-Orientales) en
1882.
La même année (1882), deux jeunes zoologistes : Hermann Fol et Jules Barrois fondent le
« Laboratoire des Hautes Etudes » à Villefranche-sur-Mer (Alpes Maritimes) ; après diverses
évolutions au cours de la fin 19e et du 20e siècle (en 1884, A. de Koretneff, professeur de l’université de
Kiev, en fait le « Laboratoire russe de zoologie » ; en 1931, il est rattaché au Ministère de l’éducation
nationale français, mis à disposition de l'Université de Paris et rattaché au Laboratoire Arago, à
Banyuls-sur-Mer ; en 1971 la station devient indépendante de Banyuls) le laboratoire de zoologie
marine devient peu à peu pluridisciplinaire pour donner naissance au centre d’Etudes et de Recherches
océanographiques de Villefranche-sur-Mer (CEROV), qui deviendra l’Observatoire océanologique en
1989.
En 1863, la société des sciences naturelles et archéologiques d’Arcachon organise une exposition
internationale dont les locaux servent par la suite à la création de la station marine d’Arcachon
(Gironde) qui sera achevée en 1883.
En 1874, la faculté des sciences de Lille fonde le laboratoire marin de Wimereux (à proximité de
Boulogne-sur-Mer) et l’université de Caen, celui de Luc-sur-Mer (Calvados). En 1879, l’université de
Montpellier crée le laboratoire de Sète (Hérault). En 1900, un professeur de zoologie de Lille crée la
station de Portel au sud de Boulogne-sur-Mer.
À la demande des professeurs du Muséum national d’histoire naturelle, est créé en 1888 le laboratoire
marin de l’île de Tatihou, dans la Cotentin. En 1923, sur les conseils de Jean Charcot, le Laboratoire
maritime vient s'installer dans les locaux de la Marine nationale à Saint-Servan, à l'embouchure de la
Rance. Il est ensuite transféré à Dinard en 1935.
Des pays étrangers installent également à la fin du XIXe siècle des laboratoires sur leurs côtes.
En 1871, en Russie, la station biologique de Sébastopol est créée sur les bords de la mer Noire. En
1872, l’Allemand Anton Dohrn (1840-1909) crée la station zoologique de Naples (Italie). Cette station
marine était considérée à l’époque comme le plus grand établissement mondial dédié à la recherche.
Contrairement aux stations françaises, elle n’est pas rattachée à une université mais est privée, ouverte
toute l’année, à la disposition des chercheurs.
Certains scientifiques l’ayant fréquentée, créent à leur tour un laboratoire marin dans leur pays : le
laboratoire de Misaki (Japon) créé en 1887 par Kakichi Mitsukuri (1858-1903), Plymouth (Angleterre)
créée en 1888 par Edwin Ray Lankester.
Répondant à des besoins économiques, l’activité des stations marines à la fin du 19e siècle et au début
du 20e siècle est intense tandis que l’océanographie en haute mer souffre de moyens financiers et
techniques limités.
Ainsi, jusqu’en 1914, de nombreuses expéditions allemandes, américaines et monégasques ont lieu.
Dans le laboratoire de bord (1903) Les yachts sont spécialement conçus pour des travaux
In: "Results of the Scientific Campaigns of the
océanographiques : ils sont équipés de laboratoires avec
Prince of Monaco." Vol. 89. Credit: NOAA Rice
tables à roulis, tables éclairantes, réservoirs d’alcool
Library of the NOAA Centers for Coastal Ocean
Science spéciaux et ils disposent d’une distribution d’eau distillée
et d’eau de mer.
C’est à cette même époque que sont créés les organismes internationaux de coordination :
- 1889, début des réunions qui ont conduit à la création à Copenhague le 22 juillet 1902 d'un
Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM) ; la France y adhère en 1918. Ce conseil
coordonne et assure la promotion de la recherche marine dans l’Atlantique Nord. Il compte
aujourd’hui 20 membres : Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Estonie, Etats-Unis,
Finlande, France, Irlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal,
Royaume-Uni, Russie, Suisse.
Pour en savoir plus : http://www.ices.dk/indexfla.asp
Entre 1918 et 1957, sont mis en place des programmes de recherche systématiques nationaux :
exploration de l’Atlantique Sud de 1925 à 1927 par le navire allemand Meteor (c’est le premier à
réaliser l’étude hydrographique* d’un océan entier et à être équipé d’un sondeur* ultrasonore) ;
étude de l’océan Austral au début des années 1930 par le navire britannique Discovery.
"The Meteor Expedition," by F. Spiess, German Atlantic Expedition 1925-1927. Crédit : Steve Nicklas, NOAA Collect
L’année Géophysique Internationale (AGI) de 1957 sera le point de départ des programmes
internationaux de recherche à l’échelle du globe. Entre juillet et décembre 1958, période d’activité
solaire maximum, de nombreuses études des phénomènes géophysiques* eurent lieu afin de mieux
connaître les propriétés physiques de la Terre et ses interactions avec le soleil, en divers points du
globe, notamment dans les régions polaires, peu étudiées jusqu’alors.
Allemagne
En 1980, est créé l’Institut Alfred Wegener, principal centre de recherche de l'Allemagne en matière
polaire, maritime et climatologique, dont le siège est à Bremerhaven. Les recherches menées par
Canada
Créé en 1962 par le gouvernement du Canada et situé sur les rives du bassin de Bedford, à
Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, l’Institut océanographique de Bedford (IOB) est le plus grand
centre de recherches océaniques du Canada et le premier grand centre fédéral à vocation
océanographique. L'Institut effectue des recherches orientées pour le compte du gouvernement du
Canada, dans le but de guider et d'étayer le processus décisionnel gouvernemental dans un vaste
éventail de domaines touchant à l'océan et concernant, notamment, la souveraineté, la défense, la
protection de l'environnement, la santé et la sécurité, les ressources halieutiques et les ressources
naturelles ainsi que la planification et la gestion de l'environnement et des océans.
Pour en savoir plus : http://www.bio.gc.ca/index-fra.php
Etats-Unis
En 1970, trois agences du gouvernement américain fusionnent (United States Coast and Geodetic
Survey, 1807 ; le Weather Bureau, 1870 ; le Bureau of Commercial Fisheries, 1871) pour fonder la
NOAA (National Oceanographic and Atmospheric Administration), agence américaine responsable
de l’étude de l’océan et de l’atmosphère. Sa mission est de comprendre et prévoir les changements
de l'environnement, d'administrer les ressources marines et côtières afin de concilier les besoins
économiques, sociaux et environnementaux des États-Unis dans ces domaines.
Pour en savoir plus : http://www.noaa.gov/
Japon
En mai 1971, le gouvernement japonais adopte la loi créant le JAMSTEC (Japan Agency for Marine-
Earth Science and Technology). Inauguré en octobre 1971, ses activités se sont rapidement orientées
vers le développement et l’utilisation de nouvelles technologies. Aujourd’hui, il est constitué de quatre
départements dans les domaines suivants : recherche océanique profonde ; technologies marines ;
observation de l’océan et recherche sur les écosystèmes marins. La JAMSTEC est doté entre autres du
navire de forage Chikyu.
Pour en savoir plus : http://www.jamstec.go.jp/
1934 : Les Américains William Beebe et Otis Barton atteignent la profondeur de 923 mètres à bord de
leur bathysphère.
1947 : Le navire suédois Albatross découvre une fosse de 7 800 mètres au large de Porto Rico et y
pêche quelques spécimens, dépassant ainsi le record du Prince Albert Ier de Monaco.
1948 : Henry Stommel explique pourquoi la vitesse du Gulf Stream* peut atteindre jusqu’à 4 km/h tandis
que les grands courants océaniques circulent en moyenne à 1 km/h. L’accélération du Gulf Stream,
générée par la force de Coriolis* (due à la rotation de la Terre) est plus forte aux pôles qu’à l’équateur.
Plus la latitude augmente, plus le courant est rapide ; il ralentit ensuite à cause des forces de
frottement, croissantes au fur et à mesure que le courant augmente.
1953 : Premiers essais du bathyscaphe FNRS III au large de Toulon. Les profondeurs de 750 mètres, 1
650 mètres et 2 100 mètres sont atteintes, battant très largement le record établi en 1949 à 1 370
mètres par l’américain Otis Barton avec sa bathysphère.
1954 : Au large de Dakar, le bathyscaphe FNRS III atteint l’immersion de 4 050 mètres avec à son bord
les deux français, Georges Houot et Pierre Willm.
1960 : Les hommes « les plus profonds du monde » sont l’américain Don Walsh et le Suisse Jacques
Picard. Ils ont atteint avec le bathyscaphe américain Trieste le fond de la fosse des Mariannes au large
des Philippines à 10 916 mètres.
1965 : Les géologues américains Bruce Heezen et Marie Tharp représentent en relief le fond des
océans d’après les sondages acoustiques réalisés durant les quinze années précédentes. Sont alors
représentées les dorsales océaniques qui s’étendent sur des milliers de kilomètres.
1969 : Premiers essais de la soucoupe française Cyana, capable de descendre, avec 3 personnes à
son bord, à 3 000 mètres de profondeur.
1977 : Des géologues américains découvrent en plongeant à bord de l’Alvin des organismes vivant à
proximité des sources hydrothermales, par 2 500 mètres de fond, dans des conditions de température
et de pression extrême.
1978 : Le premier satellite entièrement dédié à l’océan, Seasat, est lancé le 28 juin pour renseigner les
scientifiques sur la surface de la mer, sa température, ses mouvements. La même année (en octobre),
son système électrique est endommagé et sa mission prend fin.
1984 : Le sous-marin Nautile est mis en service par le CNEXO. Il peut embarquer trois personnes
(pilote, co-pilote et observateur) dans une sphère munie de hublots jusqu’à des profondeurs de 6 000
mètres.
1993 : Le Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) met en service le robot sous-marin autonome
AUV ABE capable d’intervenir jusqu’à 5.000 mètres.
1995 : Le robot téléopéré japonais Kaiko bat le record de profondeur avec 10 911 mètres atteint dans la
fosse des Mariannes.
1998 : Mise en service par l’IFREMER du robot téléopéré Victor 6000 capable de descendre à 6 000
mètres de profondeur.
X
2004 : Mise en service du robot autonome sous-marin AUV français Aster capable de plonger à 3000
mètres de profondeur
2006 : Premiers essais de SeaOrbiter, vaisseau scientifique d'observation imaginé par Jacques
Rougerie, né de la confrontation des expériences de Jacques Piccard, Jean-Loup Chrétien, et
développé et testé grâce à COMEX et à l'institut norvégien Marintek. SeaOrbiter devrait dériver au gré
On distingue les navires hauturiers (destinés aux campagnes en pleine mer, au large) et les navires
côtiers, qui, comme leur nom l’indique, servent aux campagnes océanographiques le long des côtes.
En 2006, la flotte océanographique française est composée de :
Cinq navires hauturiers (ou grands hauturiers) :
- deux navires de L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) :
L’Atalante (pluridisciplinaire ; tous océans) et le Thalassa, navire support du ROV Victor
6 000, plutôt destiné à l’océanographie physique et à l’halieutique (l’exploitation biologique des
fonds marins, c’est-à-dire ce qui concerne la pêche) dans l’océan Atlantique.
Retrouvez tous les navires océanographiques européens en consultant la base de données EurOcean :
http://www.rvinfobase.eurocean.org/
Les instruments de mesure employés lors de missions océanographiques sont très nombreux. Nous
n’en citerons que quelques-uns.
- les sondeurs multifaisceaux : ils datent des années 1970 et ont beaucoup évolué depuis. Ils
permettent la cartographie de larges zones, de l’ordre de 10 000 km 2 en 24 heures
(l’angle couvert par le sondeur peut aller jusqu’à 150°). Ils émettent et reçoivent des
faisceaux ultrasonores, suivant une succession d’angles étroits qui permettent de
réaliser une cartographie précise au premier passage. Par exemple le sondeur
multifaisceaux de l’Atalante permet de déterminer des profondeurs entre 100 et
10 000 mètres grâce à 151 faisceaux espacés de un degré. Les cartes peuvent
ensuite être élaborées directement à bord, grâce à l’informatique, rendant obsolète le
fastidieux travail de tracé d’autrefois. Le sondeur multifaisceaux permet, en plus des
relevés topographiques du relief sous-marin, de fournir des images permettant
d’identifier la nature du fond.
- Les sondes perdables : (les plus utilisées sont les XBT : Expendable BathyThermograph. Il
existe également les XCTD) ces sondes sont lancées à partir du bord (il n’est donc pas
nécessaire d’arrêter le bateau) et sont reliées à un pistolet de lancement, lui-même relié par un
câble à un PC d'acquisition, par un mince fil de cuivre qui transmet la mesure enregistrée
directement sur le PC. Lorsque le fil de cuivre casse au bout d'une certaine profondeur
(dépendant aussi de la vitesse du navire) la sonde est perdue. Ces sondes permettent des
profils de température (et de salinité pour les XCTD) de la surface à plus de 700 mètres en
moyenne.
- Les "poissons remorqués" : la sonde est placée dans un engin remorqué derrière le navire. Il
est possible de commander son immersion et de le faire évoluer entre la surface et quelques
centaines de mètres.
- Les sondes autonomes qui ne sont plus reliées au navire par un câble. On distingue les
classiques et les perdables (Provor) :
Les classiques : après sa mise à l'eau elle plonge jusqu'à atteindre l'immersion voulue.
Sa récupération en surface peut poser des problèmes la nuit, par mauvaise visibilité ou
Les analyseurs comme par exemple le fluorimètre qui mesure la concentration en phytoplancton.
Les marégraphes sont des instruments enregistreurs de la hauteur des marées qui tracent une
courbe, un graphique (marégramme) permettant de connaître à tout moment cette hauteur.
Les granulomètres mesurent la quantité de particules directement dans l'eau et leur distribution en
taille de 0.7 à 400 microns. Il s’agit de particules inertes organiques, minérales ou de particules vivantes
(bactéries, picoplancton, phytoplancton, zooplancton, œufs et des larves de poissons et de crustacés).
Les instruments de tomographie qui transmettent des ondes horizontalement entre les mouillages
pour mesurer la température sur des centaines de kilomètres. La tomographie acoustique dans l'océan
permet une excellente propagation du son (c'est grâce à cela que les baleines et les dauphins
communiquent sur des distances de milliers de kilomètres). La tomographie acoustique est une
technique de mesure qui utilise la transmission du son à travers de longues distances, sur de longs
parcours, pour déterminer la température de l'eau de mer.
Les carottiers
Les carottes de sédiments marins servent à reconstituer les climats du passé et, plus particulièrement,
la circulation océanique profonde associée à ces climats. Ainsi, 3 mètres de carottes suffisent pour
Les dragues
La drague à roches est utilisée pour le prélèvement des affleurements rocheux tels que les basaltes
des dorsales océaniques ou les socles d'origine continentale. Elle est constituée d'une ouverture
équipée de "dents" permettant d'accrocher l'engin sur le fond, et d'une cotte de mailles recouverte d'une
"peau" afin de conserver le matériel arraché au fond. Quatre câbles la relient à un lest disposé à environ
150 m en avant, de manière à faire travailler la drague horizontalement. Le dragage s'effectue à l'arrière
du navire. L'enregistrement tensiométrique du câble du treuil permet de détecter les "croches" de la
drague sur le fond, ainsi que le poids de matériel récolté. La drague est ensuite vidée sur le pont du
navire. Un premier tri des roches est effectué avant leur conditionnement et leur étude plus approfondie
Deployed off of FERREL. Image ID: theb2890, NOAA's Historic Coast &
Geodetic Survey (C&GS) Collection / Credit: NOAA
Les scientifiques peuvent aussi calculer les courants à partir du calcul de la densité des masses d’eau,
issue des mesures de température et salinité. Ces mesures peuvent être effectuées par des sondes
connectées à un câble électroporteur, déployées à partir des navires océanographiques obligés de se
mettre en station le temps de la mesure.
Il entame ensuite sa remontée vers la surface en réalisant ses mesures. Une fois émergé, il transmet
ses données aux satellites défilants Argos, qui les transmettent aux stations au sol afin qu’elles soient
traitées puis repart pour un nouveau cycle.
Fin 2007, le réseau Argo d’observation global de l’océan a franchi le cap des 3 000 flotteurs répartis
dans tous les océans du monde. Pour la première fois dans l’histoire de l’océanographie, un réseau
global d’observation des océans in situ est mis en place. C’est le complément indispensable des
mesures satellitaires permettant de suivre, comprendre et prévoir le rôle de l’océan sur le climat de la
planète. En mesurant la température et la salinité, en continu de la surface à 2 000 mètres de
profondeur, Argo a ouvert de nouvelles perspectives pour les prévisions saisonnières, l'étude des
Les mouillages sont des câbles mesurant jusqu'à 5 km de long, d'une épaisseur inférieure à 6 mm,
fixés au fond grâce à un gros lest. Ces câbles sont maintenus verticalement dans l'eau par des flotteurs.
Ils sont équipés d'instruments qui peuvent fonctionner en autonomie pendant 1 à 2 ans. Parmi les
instruments mis en place sur les mouillages, on peut citer :
- les microcats qui mesurent la température et la salinité. Ils permettent d'identifier les différents
types d'eau qui se sont formées dans différentes régions géographiques. Ces 2 paramètres ont
un impact important sur la circulation des courants océaniques. De leur valeur à différentes
positions, il est possible de calculer les courants océaniques ;
- le courantomètre afin d'observer le courant autour du mouillage à des profondeurs précises
- Les instruments de Tomographie qui transmettent des ondes horizontalement entre les
mouillages pour mesurer la température sur des centaines de kilomètres ;
- l'échosondeur-inversé (PIES) couplé avec des capteurs de pression fixés au fond de l'océan,
afin de mesurer la hauteur de la surface de la mer et le poids de l'eau ;
- le largueur acoustique pour larguer le lest du mouillage via une commande acoustique afin de
récupérer celle-ci après 1 à 2 ans.
Habituellement, les données sont stockées par chaque instrument sur des mémoires et disques
internes, et elles sont récupérées une fois le mouillage remonté. Mais depuis peu, une partie des
données est transmise une fois par jour par satellite.
Pour en savoir plus : http://www.ifremer.fr/move/instrume.htm
Les bouées dérivantes sont équipées d’un système de positionnement par satellite. On déduit de leurs
mouvements la vitesse et la direction du courant ; elles peuvent aussi mesurer d’autres paramètres
(température de l’eau et de l’air, pression atmosphérique…).
Les filets à plancton sont faits d'un cône de tissu de nylon dont les dimensions et la maille sont
définies en fonction du type de plancton à récolter. L'extrémité de ce cône est équipée d'un collecteur
qui recueille les particules et les organismes vivants. L'ouverture du filet varie de quelques décimètres à
environ deux mètres, tandis que la longueur est comprise entre 1 et 10 mètres. Après la pêche, la
collecte doit être transférée rapidement dans un bocal puis acheminée au laboratoire. Le filet peut être
associé ou non à des capteurs physico-chimiques (enregistrant la pression, vitesse, température...).
Tracté par un bateau, le filet permet de collecter les organismes dans une couche d'eau selon un trait
horizontal. Largué en un point et remonté verticalement, il fournit des données sur la répartition verticale
des espèces dans la colonne d'eau.
Le respiromètre est une structure autonome qui permet de mesurer le métabolisme respiratoire des
petits organismes (quelques millimètres) vivant sur/ou dans le sédiment jusqu'à une profondeur de 6000
m.
La chambre benthique est déployée sur le fond. Le principe consiste à isoler un certain volume d'eau
et de sédiment et de suivre l'évolution des paramètres chimiques (exemple : oxygène, dioxyde de
carbone, sels nutritifs) que l'on veut mesurer en fonction du temps. Par déduction, l'abondance de la
faune peut en être évaluée.
Les biocapteurs sont conçus pour détecter spécifiquement une espèce marine (micro-organismes) ou
une molécule cible (toxines, polluants…). Des programmes de recherche sont en cours afin de mettre
au point des biocapteurs capables de détecter par exemple de l’algue toxique Alexandrium minutum
dont les toxines peuvent être mortelles pour l’homme et qui rendent les coquillages impropres à la
consommation.
• Bathysphère
À la fin des années 1920, William Beebe et Otis Barton, deux scientifiques et explorateurs américains,
conçoivent la bathysphère. C’est une sphère d’acier suspendue au bout d’un câble, munie de hublots et
de projecteurs. Ils atteignent en 1934 la profondeur de 908 mètres.
• Bathyscaphes
Auguste Piccard (1884-1962), inventeur suisse, imagine dans les années 1940 le bathyscaphe, sorte de
dirigeable sous-marin doté d’une sphère d’acier où trois passagers peuvent rester à l’abri de la
pression.
En 1948, au large de Dakar, le bathyscaphe FNRS II effectue une plongée sans passagers à la
L’Archimède
Crédit : Comex
← Le Nautile
Crédit : Ifremer
Les domaines d’études qui composent l’océanographie sont multiples et variés, et ont chacun leur
spécificité. Des spécialistes dans chaque discipline sont nécessaires pour faire progresser les
connaissances, même si les différentes branches de l’océanographie sont souvent amenées à travailler
ensemble pour comprendre des organisations complexes. Par exemple, en ce qui concerne les sources
hydrothermales, des approches géologique, chimique et biologique peuvent être nécessaires.
Après une définition de chaque discipline, nous en donnerons quelques principes de base.
Nous présenterons ainsi l’océanographie biologique, l’océanographie chimique et physique, les
géosciences marines, l’océanographie appliquée, l’océanographie spatiale, l’océanographie
opérationnelle.
A. Océanographie biologique
L’océanographie biologique ou océanographie du vivant relève de la biogéographie (étude de la
répartition géographique des communautés d’êtres vivants) et de l’écologie (étude des relations des
êtres vivants avec leur environnement). Elle étudie les espèces animales et végétales qui vivent dans la
mer, la production de la biomasse* et les chaînes alimentaires.
Différence entre l’océanographie biologique de la biologie marine :
Seiche
- Maillon 4 : Les grands carnivores qui se nourrissent des autres carnivores plus petits. C’est
sur ce 4e maillon que les hommes exercent leur prédation.
Les détritus ou cadavres des animaux marins sont soumis à l’action bactérienne qui les
transforme à nouveau en gaz carbonique et en sels minéraux nutritifs. Le cycle recommence
alors…
2. La fonction chlorophyllienne
Les organismes végétaux se reproduisent à partir d’une souche et se développent par photosynthèse*
des matières minérales contenues dans l’eau. La nourriture animale ne peut pas entretenir la vie à elle
seule, sans nourriture végétale les espèces animales disparaîtraient rapidement. Les végétaux marins
et le phytoplancton (micro-organismes végétaux) constituent le principal fourrage des animaux marins.
Le gaz carbonique et les sels minéraux nutritifs contenus dans la mer (provenant du fond de la mer, de
la croûte terrestre et des détritus d’animaux marins tombés au fond) produisent par photosynthèse* des
végétaux. La photosynthèse est la synthèse de la matière organique réalisée par les plantes à partir de
composés inorganiques (dioxyde de carbone et eau). Cette synthèse se fait en utilisant la lumière
Dans les profondeurs, le cumul des contraintes telles que l’absence progressive de lumière solaire, la
baisse de la température, l’augmentation de la pression, diminue la biomasse*. Celle-ci est donc
répartie de manière hétérogène dans les océans. Dans les profondeurs, le plancton est uniquement
animal, on trouve aussi des petits organismes (bactéries, vers, mollusques, crustacés) et des grands
poissons. La chaîne alimentaire n’est plus la même puisqu’il n’y a plus de lumière et donc plus de
photosynthèse.
On distingue le domaine pélagique où vit le pelagos, c’est-à-dire les végétaux et animaux vivant en
pleine eau ; et le domaine benthique où vit le benthos, végétaux et animaux vivant près du fond, sur le
fond ou dans le sédiment. La province néritique désigne les eaux qui baignent le plateau continental et
la province océanique, les eaux au-delà des eaux continentales.
• la vie abyssale
On a longtemps cru que la vie dans les abysses était impossible à cause de l’obscurité, de la forte
pression et de la température décroissante de l’eau. Le métabolisme des êtres vivants en grande
profondeur est adapté à ces conditions extrêmes.
Nous retiendrons l’étagement des espèces proposé par Patrick Geistdoerfer 3, directeur de
recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique).
Il précise ainsi les grandes divisions biologiques du domaine marin, relatives aux profondeurs où les
animaux vivent :
3 In : Océanographie générale / Patrick Geistdoerfer. - Rennes : Infomer, 2002. - (Bibliothèque de l'Institut français d'aide à la
• Le système hadal : au-delà des plaines abyssales (jusqu’à 11 000 mètres de profondeur dans
les fosses océaniques).
Crédit : Ifremer
Crédit : The Stephen Low Company
Des vers, anémones, crabes, crevettes, moules vivent autour de ces sources chaudes (à des
températures de 150 à 300 C°). L’eau de mer s’infiltre dans les fissures des rifts* où elle est réchauffée
avant de rejaillir dans des cheminées. On y trouve des organismes extrémophiles*. Leurs conditions de
vie normales sont mortelles pour la plupart des autres organismes : températures proches ou
supérieures à 100°C (hyperthermophiles) ou inférieures à 0°C (psychrophiles), pressions
exceptionnelles (grands fonds marins), milieux très chargés en sel (halophiles), milieux acides ou
alcalins, milieux radioactifs et pauvres en oxygène… Les thermophiles se nourrissent de produits
chimiques issus des sources hydrothermales ; ils sont ensuite mangés par les crevettes et vers géants
qui vivent à proximité et se dévorent aussi entre eux… La lumière du soleil n’intervient pas.
Beaucoup d'extrémophiles appartiennent au groupe des Archaea* ou des bactéries, mais il existe aussi
ce qu’on appelle des extrémophiles eucaryotes unicellulaires et métazoaires qui peuvent être des
insectes, crustacés, poissons…
L’hydrate de dioxyde de carbone solide et l’eau ← ↑Credit: Pacific Ring of Fire 2004 Expedition. NOAA Office of Ocean
prélevés sur le fond à 300 mètres de profondeur Exploration; Dr. Bob Embley, NOAA PMEL, Chief Scientist
sont convertis en dioxyde de carbone gazeux et
en eau liquide, à cause de la diminution de la
pression due à la remontée du sous-marin.
Depuis les années 1970, la découverte des sources hydrothermales profondes a permis de mieux
comprendre la présence d'éléments volatils comme les halogènes, l'azote et le soufre dans les océans.
En effet les conditions particulières de température et de pression favorisent la dissolution de certains
éléments.
• La circulation océanique*
Différents facteurs engendrent un déplacement perpétuel de l’eau des océans : la rotation de la Terre,
le vent, la chaleur du soleil, l’attraction de la Lune. Leur influence combinée crée divers
mouvements influencés par la stratification* du fluide et l’existence de frontières méridiennes*: les
vagues et les marées, les tourbillons, les courants de surface, les courants profonds.
Pour étudier la circulation océanique, les océanographes utilisent différentes méthodes. Des éléments
chimiques peuvent servir de traceurs de la circulation profonde et comme marqueurs des masses
d’eau : la température, la salinité, la teneur en oxygène. Le Carbone 14* est un traceur radioactif qui
permet d’étudier la circulation profonde. Sa désintégration radioactive peut servir pour chronométrer la
circulation océanique, il a aussi permis la datation des eaux profondes. D’autres traceurs peuvent être
utiles tels que les produits de l'activité humaine qui se répandent dans l'environnement : le tritium et les
chlorofluorocarbures (ou fréons).
Ces éléments amènent à un état d'équilibre mais le rayonnement solaire n'est pas le même en tous
points du globe et à tout moment de l'année. Si on établit un bilan radiatif (des rayonnements) arrivant
et quittant le globe terrestre, on s'aperçoit que c'est grâce à l'océan que l'équilibre est atteint. De plus la
circulation des eaux océaniques, en surface, est souvent liée aux phénomènes météorologiques (vents,
différences de pression.). Les mouvements en profondeur sont liés à la densité des eaux, celle-ci
résultant des échanges entre l'océan et l'atmosphère. L'océan et l'atmosphère forment donc un système
couplé. L’étude de ce couplage est parfois appelé l’océano-météorologie.
Les eaux de mer se répartissent verticalement en fonction de leurs densités respectives, des moins
denses en surface vers les plus denses au fond.
La densité des eaux de mer dépend de leur température et de leur salinité. Plus une eau est froide et
salée plus elle est dense. Or ces deux facteurs dépendent des échanges entre l'océan et l'atmosphère
en surface. Quand il fait chaud, la température de l'eau augmente, elle devient donc moins dense, mais
il se produit aussi une intense évaporation, donc elle devient plus salée et plus dense. C’est un équilibre
entre deux actions contradictoires qui va déterminer la densité de l'eau et donc les mouvements
verticaux qui lui permettent de se placer à la profondeur qui lui correspond.
L'absorption
C'est la transformation de l'énergie rayonnante en une autre forme d'énergie, en chaleur, pour la plus
grande partie, ou en énergie chimique.
L'absorption peut être due à :
- l'eau elle même (les rayons infrarouges* sont très vite absorbés par l'eau ; dans les premières
dizaines de centimètres sous la surface océanique)
- aux composés organiques dissous
- aux particules organiques ou minérales en suspension
- aux algues qui transforment l'énergie lumineuse en énergie (bio)chimique* par les processus de
photosynthèse*
Remarque : celle-ci constitue une très faible part des phénomènes d'absorption, évaluée à environ
0,1% de l'énergie solaire absorbée par les océans.
La diffusion
Les eaux littorales ont tendance à être plus turbides que les eaux océaniques du large (remises en
suspension, apports estuariens...etc.). Les eaux claires sont donc aussi des eaux pauvres en éléments
nutritifs (provenant de la décomposition de la matière organique ou des apports de la côte), elles auront
donc une faible productivité biologique.
L'absorption varie avec les longueurs d'onde et après quelques dizaines de mètres, seuls les bleus
continuent à se propager, la lumière devient quasi monochromatique (une seule couleur). La couleur de
la mer va du bleu au vert : elle est davantage bleue lorsqu’il y a peu de production biologique (et donc
moins de chlorophylle, responsable de la couleur verte) comme dans les mers tropicales et
équatoriales où l’on rencontre parfois un bleu indigo ; le long des côtes, les eaux sont généralement
verdâtres ; dans les régions polaires, la mer est quasiment verte.
Au delà de 1 000 mètres environ, la lumière du jour n'est plus perceptible, les seules sources de lumière
sont alors liées au phénomène de bioluminescence*.
Le son se propage bien mieux dans l'eau que dans l'air, c'est donc un moyen de communication
privilégié pour les espèces sous-marines. L'homme a su exploiter cette caractéristique pour explorer
l'océan et ses ressources.
La géologie marine étudie les fonds océaniques, leur morphologie, la nature des sédiments* qui les
recouvrent, leur structure et les processus qui ont modelé leur formes présentes et passées.
La géophysique marine étudie quant à elle l’origine et la dynamique des fonds marins. Elle emploie des
techniques comme la gravimétrie*, la sismique* ; étudie le magnétisme*. Elle travaille en relation avec la
géologie et s’intéresse ainsi à la théorie de la tectonique des plaques* (processus entre la croûte
océanique et la croûte continentale), les risques naturels, les ressources énergétiques et minérales.
Credit: Pacific Ring of Fire 2004 Expedition. NOAA Office of Ocean Exploration; Dr. Bob Embley, NOAA PMEL, Chief
Scientist
Dans les bassins océaniques, on trouve aussi les grandes fosses (e) : elles atteignent les profondeurs
les plus importantes, elles sont longues et étroites et se situent entre 4 000 et 6 000 mètres en dessous
du bassin océanique. C’est-à-dire à une profondeur pouvant aller jusqu’à environ 10 000 mètres ! Elles
sont peu nombreuses, on en compte une trentaine. La plupart se situent dans l’océan Pacifique. Par
exemple, la très profonde fosse des Mariannes (en bordure de l’archipel des Mariannes, dans l’océan
Pacifique) atteint 11 034 mètres de profondeur.
Le plateau continental est la zone qui prolonge le continent, de la zone intertidale* jusqu’à une
profondeur moyenne de 200 mètres qui correspond à une rupture de pente. Les reliefs y sont peu
marqués. Les sédiments présents sont d’origines variées mais essentiellement de provenance
continentale. Les plateaux continentaux sont plus ou moins étendus : de quelques mètres à plusieurs
centaines (10% de la surface de l’océan Atlantique).
La pente (ou talus continental), de faible largeur, s’étend de la rupture de pente (à environ 200 mètres
de profondeur) jusqu’à 2 000/3 000 mètres de profondeur. La pente est importante, en moyenne de 3 à
10% d’inclinaison mais elle peut atteindre jusqu’à 40% ! Le relief y est très accidenté, on y trouve des
falaises et des canyons.
Le glacis* continental dont l’inclinaison est inférieure à 1%, est recouvert par une couche de sédiments*
qui provient du continent par des phénomènes d’érosion* ou d’un phénomène de drainage par les
fleuves. Il se trouve au pied du talus, entre 2 000 et 4 000 mètres de profondeur. On y trouve aussi des
sédiments d’origine océanique, ce sont les particules organiques issues des squelettes des animaux
morts qui tombent sur le fond.
Image ID: nur09764, Voyage To Inner Space. Exploring the Seas With
NOAA Collect Credit: OAR/National Undersea Research Program (NURP)
Au milieu de cette chaîne de montagnes, on trouve une vallée axiale nommée rift* (f). Un rift est un
fossé tectonique long de plusieurs centaines ou de plusieurs milliers de kilomètres, correspondant à une
zone de fracture de l’écorce terrestre.
C’est là que se forme la croûte océanique : à cet endroit, les plaques tectoniques s'écartent, et laissent
remonter le magma sous-jacent (liquide formé à l’intérieur de la Terre par fusion partielle du manteau
Explication : Soumises à une forte différence de température entre la base du manteau inférieur
(température moyenne d’environ 3000°C) d'une part et la transition asthénosphère- lithosphère
(température moyenne d’environ 1330°C) d'autre part, les parties chaudes des roches du manteau,
moins denses, auront tendance à s'élever, tandis que les parties froides, plus denses, auront tendance
à s'enfoncer.
C’est grâce aux progrès de la technique que la connaissance de la structure des fonds marins a pu
progresser (sondeurs*, submersibles, télédétection spatiale*, techniques de forage*, de dragage*).
Depuis les années 1990, l’océanographie appliquée a évolué selon plusieurs critères : la nécessité de
mieux connaître l’océan dont l’influence est déterminante sur les variabilités du climat, les budgets
alloués à la recherche dans ce domaine qui varient selon les pays (recherches aussi au sein
d’entreprises privées), le développement d’activités offshore (en mer profonde ; exploitation des
gisements de gaz et de pétrole en mer, câbles sous-marins…).
Crédit : Comex
Crédit : Comex
L’océanographie appliquée intervient dans le domaine de la sécurité (évaluer les risques d’un forage en
haute mer par exemple), dans le domaine de la réduction des coûts d’exploitation, de la prolongation de
durée de service ou du démantèlement des appareils utilisés, de l’optimisation des techniques
d’inspection, de maintenance et de réparation.
Depuis des techniques ont émergé en ce qui concerne les biotechnologies, les matériaux avancés, les
technologies informatiques.
Les biotechnologies visent à valoriser les ressources marines en les utilisant en thérapeutique, en
cosmétique, en agro-alimentaire, dans le domaine des biocarburants…
Exemples :
• Le laboratoire Ifremer « Physiologie et Biotechnologie des algues », est engagé dans le projet
français « Shamash », réunissant 7 laboratoires et une PME, dont l’objectif est de cultiver des
Le secteur de l’informatique intervient en ce qui concerne la modélisation* des données, mais aussi
dans le domaine de la robotique sous-marine.
Les acteurs de l’océanographie appliquée peuvent être des organismes, laboratoires publics ou bien
des entreprises privées, comme la Comex, société d’ingénierie sous-marine française de renommée
internationale par son activité pionnière pour le développement des industries sous-marines en milieu
extrême (exploitation de pétrole offshore etc).
En savoir plus sur la Comex et son fondateur :
Consultez le dossier « Henri-Germain Delauze, un pionnier des grandes profondeurs »
http://mediatheque.citedelamer.com/fr/dossiers-thematiques/defis-de-lexploration/hg-delauze-un-pionnier/default.asp
- les géostationnaires qui apportent des informations précises et régulières sur une seule région
donnée
- les orbitaux qui suivent des orbites* plus basses et tournent donc plus vite que la Terre et
peuvent couvrir toute la surface de celle-ci en quelques jours.
- les radiomètres, capteurs passifs qui mesurent le rayonnement magnétique émis par
l’atmosphère et la surface océanique et terrestre à différentes longueurs d’onde (permettent de
- les radars, capteurs actifs qui produisent et émettent des ondes capables de traverser
l’atmosphère (sans être trop perturbé par les nuages) et d’analyser les modifications apportées
à ces ondes, après réflexion sur la surface. (mesure des paramètres dynamiques de l’océan :
niveau de la mer et topographie* de la surface, hauteur et direction des vagues)
La télédétection désigne la science et les techniques de détection à distance. Elle permet l’étude de la
surface terrestre et des océans par analyse d’images provenant d’avions ou de satellites. On parle de
télédétection aérospatiale. La télédétection se base sur la mesure du rayonnement électromagnétique.
L’électromagnétisme est une partie de la physique qui étudie les mouvements des charges électriques
et les champs électriques et magnétiques créés par ces charges. La télédétection permet donc de
mesurer les rayonnements électromagnétiques émis ou réfléchis par les objets étudiés : par exemple en
océanographie, la surface de l’océan. Ces rayonnements correspondent à différentes longueurs
d’onde et sont plus ou moins intenses selon l’état de l’objet étudié. Les ondes électromagnétiques sont,
dans l’ordre décroissant des longueurs d’onde : les ondes hertziennes, les rayons infrarouges, les
radiations visibles, les rayons ultraviolets, les rayons X, les rayons gamma ; les caractéristiques de
propagation dans l’atmosphère du rayonnement électromagnétique doivent aussi être prises en compte.
En France, les données recueillies grâce à des satellites pour l’Ifremer (Institut français pour
l’exploitation de la mer) sont archivées au CERSAT (Centre ERS d'Archivage et de Traitement). C’est le
centre de traitement et de distribution de données spatiales de l'Ifremer, créé en 1991 pour les satellites
ERS d'observation de la terre lancés par l'ESA (Agence Spatiale Européenne).
F. Océanographie opérationnelle
L’objectif de l’océanographie opérationnelle est de pouvoir décrire et prévoir l’état de l’océan à tout
moment dans un endroit donné : état de la mer, température de l’eau, sens et force d’un courant…
Les analyses et prévisions peuvent servir aux océanographes mais aussi aux secteurs de la navigation,
de l’industrie offshore, de la pêche et des forces navales.
Pour cela, des capteurs, balises etc sont mouillés pour une longue durée.
Les événements climatiques comme El Niño* peuvent être étudiés, ainsi que la dispersion des
pollutions, le niveau des mers, le cycle du carbone, les variations du climat et ses impacts…
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’expérience internationale GODAE (Global Ocean Data Assimilation
Experiment). C’est la première expérience internationale d’océanographie opérationnelle à l’échelle de
l’océan global. Décidée en 1997, elle a débuté en 2003.
Pari réussi ! Le premier bulletin Mercator, paru le 17 janvier 2001, donnait les caractéristiques de
l'océan dans ses trois dimensions à J+8 et J+15.
Depuis 2005, l’équipe Mercator Océan met en ligne un bulletin des prévisions océanographiques sur
tout le globe pour les 2 semaines à venir (http://bulletin.mercator-ocean.fr/).
Pour cela, Mercator utilise des satellites altimétriques pour mesurer la hauteur de la mer et obtenir ainsi
des informations sur les courants et des satellites à capteur infrarouge* pour mesurer la température de
la surface des océans.
Le 21 décembre 1872, la corvette HMS (Her Majesty’s Ship) Challenger quitte Portsmouth avec à son
bord 23 officiers, 243 hommes d’équipage et 5 scientifiques, le navire sera de retour le 24 mai 1876. En
l’espace de 3 ans et demi, le navire anglais sillonne toutes les mers du globe, parcourant ainsi 69 000
miles nautiques (l’équivalent de 130 000 km), soit 3 fois le tour du globe !
Des animaux sont récoltés jusqu’à 5 500 mètres, et la plus grande profondeur est mesurée à 8 000
mètres. Challenger donne réellement le coup d’envoi de l’océanographie moderne : rationalisation des
méthodes de prélèvement et mise en place de nouveaux protocoles scientifiques.
Plus de 50 ans seront nécessaires à une centaine de naturalistes et de géologues pour dépouiller la
matière recueillie lors de l’expédition Challenger : on répertorie plus de 4 000 nouvelles espèces et les
cartes des fonds marins sont bouleversées, en particulier par les indices de la présence d’une dorsale
dans l’océan Atlantique.
En novembre 1971, le CNEXO et le WHOI se réunissent pour définir les objectifs de la mission et son
organisation. Ils rédigent un document commun faisant l’état des lieux des connaissances et des
lacunes en ce qui concerne la théorie de la tectonique* des plaques.
L’objectif de la mission est d’examiner en détail, de photographier et de cartographier une région dans
laquelle se met en place la nouvelle croûte océanique au fur et à mesure que les plaques adjacentes
(plaque Afrique et plaque Amérique) s’écartent dans leur mouvement de dérive. Si l’hypothèse de la
tectonique des plaques rend bien compte du mouvement des plaques, elle n’explique pas encore bien
les processus physiques responsables de la formation de ces plaques dans les zones d’écartement. De
même, on connaît peu de choses sur l’activité volcanique, les phénomènes de circulation
hydrothermale, la minéralisation* qui caractérisent cette zone. Le but est de lever toutes ces
incertitudes. Pour cela, des prélèvements de roche sont prévus à chaque plongée.
Le nom de l’opération provient d’une suggestion de Xavier Le Pichon : FAMOUS pour French American
Mid Ocean Undersea Survey (littéralement, enquête sous-marine franco-américaine en plein océan).
Les chefs de projet désignés sont : Jim Heirtzler pour la partie américaine, Claude Riffaud pour la partie
française.
La mise au point des équipements représente deux ans d’efforts, du côté français, comme du côté
américain. 23 navires de surface de divers pays (navires français, américains, britanniques, soviétiques)
sont déployés pour des études pré-mission. Jamais un programme aussi exhaustif et précis sur une
zone du fond des océans n’avait été réalisé auparavant. Les études réalisées en amont concernent :
des mesures des courants, des relevés bathymétriques* pour ne pas descendre en aveugle sur fond
inconnu (on utilise de nouveaux sondeurs* à pinceaux étroits, les plus précis à l’époque), des missions
de dragage pour fournir des échantillons de roche aux géologues, des opérations sismiques pour
renseigner les géophysiciens sur la structure de la croûte aux abords du rift…
Pour la première fois, des explorateurs des grands fonds allaient plonger en sachant avec précision
dans quelle zone ils évolueraient.
Un effort considérable est aussi fait en ce qui concerne l’équipement des sous-marins et navires. Des
caméras, appareils photographiques, systèmes d’enregistrement sont embarqués. Sur Archimède, des
bras hydrauliques* sont conçus pour prélever des roches ; un équipement spécial de recharge de ses
batteries est emmené à bord de son navire support le Marcel Le Bihan… La Marine américaine promet
une couverture complète de la zone par un nouveau procédé encore un peu confidentiel : le Libec (Light
behind camera).
Un système de navigation ayant pour objectif de pouvoir reconstituer sur une carte le trajet sous-marin
et retrouver les points précis d’une plongée sur l’autre est mis en place par Thomson-CSF (groupe
• Déroulé de la mission
C’est l’équipe française et Archimède qui lancent l’opération.
Il existe 2 groupes pour la partie française :
1. Archimède / Marcel Le Bihan, personnel de la Marine nationale française, ingénieurs et techniciens
CNEXO en charge du positionnement et de l’instrumentation du sous-marin.
2. Cyana (ex SP 3000) / Noroît, personnel CNEXO, Jean Jarry à la direction.
Pour l’équipe américaine, la maîtrise d’œuvre est assuré par la WHOI, sous la direction de Jim Heirtzler.
Alvin posède sa propre équipe de pilotes, ingénieurs et techniciens. Les bâtiments opérationnels sont
Knorr et Lulu.
51 plongées auront lieu dans un relief tourmenté : 19 pour Archimède, 15 pour Cyana et 17 pour Alvin.
• Résultats
Famous a permis de réaliser une topographie des lieux avec une précision jamais atteinte auparavant,
à quelques mètres près.
L’étude géologique de cette zone est comparable à celle effectuée sur les continents. Avant la mission
Famous, les océanographes avaient dû se contenter d’extrapoler des considérations géologiques à
partir de données géophysiques recueillies depuis la surface, sans aucune vérification directe possible.
Cette opération apporte une dimension nouvelle à l’océanographie, elle a permis la mise au point d’un
outil d’investigation incomparable, et n’est pas un simple travail d’observation.
Le recueil des données est précis, le travail répond à des critères scientifiques objectifs et est un
exemple des possibilités que peut offrir une importante mobilisation scientifique et technique
internationale.
Ce nom est la jonction des noms des deux projets développés aux Etats-Unis (TOPEX) et en France
(Poseidon), qui forment alors une mission conjointe. Poseidon (nom du dieu de la mer dans la
mythologie grecque) est le nom de l’altimètre* embarqué sur le satellite. « TOPEX » signifie
TOPography Experiment for ocean circulation.
Ce satellite permettra de mesurer la hauteur des océans de façon très précise pour pouvoir étudier le
niveau de la mer, la circulation océanique (courants…), les interactions avec l’atmosphère…
Grâce aux instruments embarqués sur Topex-Poseidon et à la combinaison de leurs résultats, on peut
savoir à quelques centimètres près où se trouve le satellite lorsqu’il effectue ses mesures.
Ces instruments sont : un altimètre, un radiomètre tri-fréquence, trois systèmes d’orbitographie précise
(un réflecteur laser qui donne une distance par rapport à des stations au sol, un récepteur GPS qui
L’orbite élevée et inclinée du satellite est définie en fonction de sa mission. Elle tient aussi compte de la
zone à observer (c’est-à-dire 90% de la surface des océans), du rythme des marées, du survol de deux
sites (un aux Etats-Unis, l’autre en Italie) utilisés pour paramétrer les instruments au début de la
mission.
Après avoir effectué 127 tours en environ dix jours, le satellite repasse à proximité des mêmes points à
un kilomètre près, décrivant un maillage régulier des traces au sol. Le même cycle recommence tous
les dix jours.
Le programme Topex-Poseidon ne devait durer que cinq ans, le satellite avait été conçu pour ce temps
donné d’exploitation, mais en réalité son observation continue des océans a duré treize ans ! C’est la
plus longue mission d’observation radar depuis une orbite terrestre !
← Dorsale atlantique.
Crédit : Ifremer
La campagne tire son nom de la roche hydratée produite par la réaction entre l’océan et le manteau
terrestre porté à l’affleurement* : la serpentine.
Les recherches concernaient aussi bien les sciences de la vie que les sciences de la terre puisqu’il
s’agissait d’étudier les variabilités géologiques, géochimiques, biologiques et microbiologiques des
processus hydrothermaux associés aux roches du manteau à l’axe des dorsales lentes.
Le chef de mission était Yves Fouquet, Prise de température pour un fumeur d'Ashadze
Ces découvertes et les plongées sur ces sites ont permis de faire diverses observations sur les
propriétés physiques, chimiques et géologiques des lieux mais nous évoquerons ici ce qui concerne la
biologie.
Sur les sites Ashadze, une faune différente des autres sites de l’Atlantique a été découverte :
anémones, crevettes, vers tubicoles*…
Sur le site Logatchev 2, des champs de moules mortes, aux coquilles récentes et intactes, laissent
penser qu’un incident aurait détruit l’environnement qui permettait la croissance de ces moules.
Essaim de crevettes Rimicaris
sur le site hydrothermal Logatchev
Les biologistes ont pu étudier les crevettes
Rimicaris. Ces crevettes, présentes sous
formes d’importants essaims sur les sites
hydrothermaux, ont un mode de nutrition qui
intrigue les scientifiques. On ne sait pas si elles
consomment les communautés microbiennes
qui vivent sur les parois des cheminées
hydrothermales et si elles disposent d’une
microflore digestive.
Crédit : Ifremer-Victor / Campagne Serpentine 2007
L’analyse des fluides hydrothermaux issus des nouveaux sites découverts permettra d’étudier la
synthèse du méthane et de l’hydrogène dans ces lieux. On sait que cette synthèse est nécessaire au
développement d’une biosphère profonde mantellique (organismes vivant sous le plancher océanique /
mantellique ou mantélique : propre au manteau terrestre). Cela permettra d’avancer dans la
connaissance des microorganismes qui vivent sous le plancher océanique. Certains ont été découverts
jusqu’à 1 600 mètres sous le plancher océanique, par une profondeur de 4 500 mètres d’eau.
Une autre action menée pendant la campagne est de continuer les recherches entreprises
internationalement pour comprendre si les sites hydrothermaux de la dorsale médio-atlantique ont pu
servir de milieux relais pour certains groupes zoologiques, vivant des deux cotés de l’Atlantique. En
effet, il existe des ressemblances entre la faune des sources hydrothermales profondes et celle des
sources froides sur les marges continentales (à proximité des canyons creusés par les grands fleuves
comme la Mississipi, le Zaïre). Elles utilisent toutes deux les fluides riches en éléments réduits. Les
sources froides constituent un suintement de fluide enrichi en méthane et autres hydrocarbures sur le
plancher océanique. Les sources hydrothermales constituent une source d’eau chaude, riches en
minéraux. Des similitudes ont aussi été remarquées et même des espèces identiques dans des milieux
très différents et éloignés sur les deux bords de l’Atlantique. Une hypothèses est celle que ces
communautés d’êtres vivants auraient une origine commune et se seraient éloignées et différenciées
dans le temps suite à l’ouverture de l’Atlantique.
A. Description
On peut accéder aux métiers de l’océanographie par des formations courtes pour devenir technicien
(Bac+2, Bac+3) ou par des études plus longues pour devenir ingénieur ou chercheur.
Formations de chercheur
La spécialisation des étudiants a lieu à partir de Bac+4 ou Bac+5.
Pour devenir chercheur, ingénieur, les formations ont lieu dans certaines universités (masters de
recherche) et écoles d’ingénieur (option ou spécialisation en dernière année). Il faut choisir sa
discipline : océanographie biologique ; chimie marine, physique, géosciences marines…
Les océanographes doivent être prêts à travailler en équipe, à travailler en mer tout comme en
Les techniciens et ingénieurs ont une solide formation de base qui leur permet de trouver du travail
relativement facilement tandis que les chercheurs, spécialisés dans un domaine bien précis, peuvent
rencontrer des difficultés pour trouver un emploi après leur doctorat.
Les techniciens, ingénieurs et chercheurs peuvent être amenés à exercer dans différents types
d’organismes :
• dans le secteur public, les EPST (établissements publics à caractère scientifique et technique ;
par exemple les universités, le CNRS et l’IRD), les EPIC (établissements publics à caractère
industriel et commercial comme Ifremer).
Celui-ci précise : « Nous nous intéressons essentiellement aux relations entre la disponibilité nutritive
dans l’océan de surface et les écosystèmes marins : la production primaire (c’est-à-dire la
photosynthèse qui correspond à l’assimilation de carbone par les algues), les facteurs qui contrôlent
cette production (c’est-à-dire principalement la disponibilité en azote, mais également en phosphore, en
silicium, en fer…). Nous étudions la relation entre l’évolution de la disponibilité nutritive, les
écosystèmes et le changement climatique».
La vulgarisation de ses travaux de recherche fait partie intégrante des objectifs de Jozée Sarrazin (films
ou CD ROM sur les écosystèmes extrêmes, conférences grand public, élaboration de sites web). Elle
est l’auteur d’un conte pour enfants racontant la vie d'un petit sous-marin téléguidé « Zoooooom au fond
des mers ! » (Editions Ecocéans, 2003).
Une partie de son métier qui le passionne est le développement indispensable de nouveaux outils qui
permettent d'accéder, en utilisant des submersibles tels que le Nautile ou Victor 6000, à ces
écosystèmes que l'on qualifie d'extrêmes. Coordinateur du projet EXOCET/D entre 2004 et 2007
(http://www.ifremer.fr/exocetd/)
Projets en cours :
• Responsable avec Ana Colaço (IMAR-Pt) du projet MoMAR-D qui a pour objectif la mise en
place d’un observatoire fond de mer pluridisciplinaire sur les sources hydrothermales des
Açores (voir http://www.ipgp.fr/rech/lgm/MOMAR/ et http://www.esonet-emso.org/).
• Installation d’un module d’observation biologique (Tempo mini) sur le réseau câblé Neptune
Canada pour étudier la variabilité temporelle d’un assemblage hydrothermale sur la ride Juan
de Fuca, en collaboration avec Jozée Sarrazin. (http://www.neptunecanada.ca/)
Il a eu une carrière exceptionnellement longue et n’a jamais quitté le milieu scientifique. Il a toujours
publié tout en menant une carrière de responsable et de gestionnaire de groupes (Directeur du centre
d’océanologie de Marseille de 1996 à 2001, de l’Institut océanographique de Paris de 2001 à 2007)
dont le sommet, selon lui, fut le rôle de directeur du centre CNEXO de Brest, entre 1976 et 1979, à la
tête de 500 personnes.
ENTRETIENS CROISES
Thierry Moutin C’est un peu du hasard… Je voulais travailler dans le domaine de l’eau, ça
c’était une certitude. J’ai fait mes études pour travailler dans le domaine de la
chimie de l’eau. J’étais passionné par l’étude des lacs et puis, des lacs, je suis
passé à l’étude de l’océan.
Jozée Sarrazin Je pense que c’est une série de hasards, ou plutôt d’opportunités. J’ai connu la
mer tard dans ma vie, j’étais adolescente. La mer m’a vraiment… (au Québec,
on dit « blastée » ! ) … époustouflée par sa grandeur ; cela a un côté ingérable,
indomptable ! Ça, c’est vrai que ça m’est resté et j’ai cherché à orienter mes
études en ce sens. Pendant ma maîtrise, j’ai travaillé sur la zone intertidale (zone de balancement des
marées), avec « mes p’tites bottes et mon seau » ! Dans le cursus choisi (maîtrise en océanographie), il
y avait une mission d’océanographie expérimentale sur un bateau et là, ça a vraiment été le coup de
cœur : le bateau, la vie à bord, les heures de fous, le plein air, les paysages, la promiscuité, l’intensité
…. Pour ma thèse, j’ai donc essayé de trouver un chercheur qui travaillait en haute mer et pourquoi pas
sur l’environnement profond parce que c’est encore plus un défi ! Je suis quelqu’un qui aime bien les
défis ; une femme en océanographie, à l’époque, ça n’était pas courant ! J’ai toujours aimé bouger,
voyager, c’est tout ce côté curiosité qui m’attirait et finalement, j’en suis venue à vraiment aimer ça.
Selon vous, quelles qualités sont nécessaires pour réussir dans ce domaine ? La curiosité, le
sens de l’aventure et surtout la persévérance.
Pierre-Marie Sarradin J’ai un parcours un petit peu chaotique. Je ne suis pas parti tout de suite
dans l’idée de faire une thèse ou de faire de la recherche. J’ai
commencé par un DUT de Chimie puis je suis parti en Angleterre, dans
le cadre des premiers programmes Erasmus. Ensuite, quand je suis
revenu en France, j’avais envie d’avoir un BAC+5 et de travailler sur
l’eau (eau douce ou eau de
mer). J’ai donc fait un DEA de Chimie et Microbiologie de l’eau, à Pau. C’est cette envie de travailler
sur l’eau qui m’a amené à travailler à Ifremer.
En thèse, j’ai étudié la relation entre la disponibilité nutritive et la production algale des lagunes de cette
région.
Jozée Sarrazin J’ai poursuivi un cursus écologie/biologie à l’Université du Québec à Montréal, après
j’ai fait une maîtrise (MSc) en océanographie à Rimouski (Québec). Au Canada, cela
correspond à deux ans d’études sur le même sujet de recherche, soit l’équivalent des
Master 1 et Master 2 en France, puis j’ai fait une thèse suivie de deux post-doctorats,
l’un aux Etats-Unis, l’autre au Québec.
Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer dans ce parcours ? Comme n’importe qui fait une thèse, il
faut persévérer, travailler dur… S’imposer, ne pas lâcher … malgré la forte pression.
Selon vous, quelles qualités sont requises pour parvenir au poste souhaité dans ce domaine ?
Personnellement, cela s’est fait un peu comme ça, je ne viens pas d’un milieu qui baigne dans la
recherche… C’est, en revanche, en avançant dans les études que certaines portes s’ouvrent et qu’il faut
savoir saisir sa chance.
Lucien Laubier J’ai suivi des études universitaires simples : après le baccalauréat, j’ai fait le
SPCN, ce qu’on appelait Sciences chimiques, physiques et naturelles, ensuite
j’ai suivi une licence en 2 ans et puis à 20 ans, j’ai eu la chance d’obtenir un
poste d’assistant. J’ai donc commencé à faire des travaux pratiques puisque j’ai
été nommé à Banyuls sur Mer, dans le laboratoire de biologie marine de la
faculté des sciences de Paris. J’ai été tout de suite expatrié sur le terrain si j’ose
dire… Je suis arrivé à Banyuls en quittant tout le milieu parisien, mes études, la
famille, mon université, fin octobre 1956.
J’ai démarré immédiatement. Plus tard, j’ai passé ma thèse (« Le Coralligène des Albères. Monographie
biocénotique », Sciences naturelles Paris VI, 1966) et ai ensuite occupé plusieurs importantes fonctions
scientifiques dans différents instituts…
Selon vous, quelles sont les qualités pour réussir dans ce domaine : la curiosité ?
Une ouverture d’esprit, une curiosité jamais complètement satisfaite, le désir de toujours faire du
nouveau : voir des choses nouvelles, entrer en contact avec des gens nouveaux, renouveler son
environnement de travail… Cela m’a toujours relancé complètement dans la vie que de retrouver autour
de moi des gens nouveaux.
Jozée Sarrazin Le terme d’océanographe a été un peu controversé puisque pour les puristes,
l’océanographie, c’est l’étude des processus à grande échelle : la circulation
océanique etc. Je crois que cela dépend aussi d’où on vient. Je suis
canadienne ; mon diplôme c’était une maîtrise en océanographie axée sur une
approche pluridisciplinaire : le cursus comprenait 4 pôles soit l’océanographie
physique, chimique, biologique et géologique. Pour le Québec, je peux me dire « océanographe ». En
Amérique du Nord, c’est compris comme cela ; ici, j’ai l’impression que ce n’est peut-être pas pareil…
Thierry C’est justement la diversité des travaux qui m’intéresse. C’est très varié. En ce
Moutin moment, j’organise une campagne. Cela fait deux ans pratiquement que je ne fais que
ça, en plus de mon enseignement. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait avant
et c’est vrai que c’est passionnant, on embarque avec 33 scientifiques à bord d’un
bateau…
Vous parlez de la mission BOUM ? Oui, avant j’ai participé à d’autres missions un peu partout dans
l’océan, mais c’était différent : j’embarquais avec mon matériel, je faisais mes « p’tites manip’ », alors
que là, c’est moi qui organise ! Il faut donc que je trouve des financements etc, ça n’a plus rien à voir.
Et tout est intéressant !
Jozée Sarrazin Ce que je préfère, ce sont vraiment les campagnes : être sur le terrain, « baignée »
dans le milieu que l’on étudie et s’y consacrer pleinement, sans contrainte
extérieure… Le reste du temps, nous sommes devant des chiffres ou au labo’ à
observer des organismes hors de leur écosystème…c’est intéressant aussi mais pas
sans le côté « échantillonnage sur le terrain » qui apporte une autre dimension à la
compréhension du milieu.
Ce qui me plaît, c’est vraiment le côté découverte/expérimentation : être sur le fond, se poser des questions,
tenter d’y répondre avec les outils que l’on a (ou pas), intervenir avec des sous-marins, mener à bien sa
recherche avec toutes les contraintes qu’implique le travail sur les grands fonds… C’est un grand défi !
- sachant que nous travaillons sur un milieu très particulier, nous sommes obligés de développer
des outils spécifiques pour y avoir accès, donc nous avons toute une partie technologie qui est
très importante et intéressante
- la préparation d’une campagne qui est comme un métier à part entière
Lucien Laubier J’aime beaucoup ce qui est découverte, donc chaque fois que j’ai eu l’occasion
de faire des choses entièrement nouvelles, j’ai été parfaitement heureux
pendant un moment. Au départ, cela a été la découverte des fonds
coralligènes* en Méditerranée à 25 mètres en plongée. Faire des longues
radiales, en suivant une corde posée sur le fond et en notant tout ce que je
voyais… Pour moi c’était complètement nouveau, cela m’a passionné, j’ai
identifié toutes sortes d’annélides différents.
Ensuite, quand j’ai eu l’occasion de plonger avec la soucoupe Cousteau à 300 mètres, cela a été les
superbes coraux blancs de Méditerranée !
Peu à peu je suis donc descendu et quand enfin, j’ai eu la possibilité de plonger sur les sources
hydrothermales et de voir les fameux vers, des crabes etc, au milieu de ces sorties d’eau chaude à
350C°, j’ai été passionné à nouveau ! Mais je suis tout aussi passionné de voir les larves d’une crevette
pénéide en train de se nourrir d’algues qu’on leur distribue pour développer des élevages de crevettes !
Disons que j’ai une passion pour tout ce qui est l’organisme vivant, organisme qui fait quelque chose, qui
agit, qui se nourrit, qui se reproduit… En résumé, pour tout ce qui constitue les comportements.
Thierry Nous sommes encore très limités par notre capacité à mesurer les variables qui vont
Moutin nous permettrent de mieux comprendre le fonctionnement de l’océan. Nous avons
toujours besoin d’instruments de plus en plus précis et sensibles, de capteurs qui
peuvent mesurer certaines variables à hautes fréquences. En plus des nouveaux
instruments que l’on va utiliser (capteurs nitrate et oxygène, capteur de température à
ultra haute fréquence, compteur optique de particules, cytomètre trieur de cellules,
profileur vidéo marin…), nous nous dirigeons vers de l’océanographie opérationnelle.
Dans le cadre de la mission BOUM, nous employons du nouveau matériel qui va rester en mer et qui
va nous renseigner pendant longtemps sur la dynamique océanique. C’est du matériel qui a été mis au
point pour l’océanographie opérationnelle. En gros, nous voudrions avoir une idée du fonctionnement
de l’océan à un moment donné, indépendamment de la lourde logistique à mettre en œuvre pour les
bateaux. Donc, quelque part, on peut dire que nous participons à l’élaboration de nouveaux instruments
puisque que nous nous en servons dans nos campagnes. Dans ce cadre, nous avons parfois été
consultés pour le développement de nouveaux navires.
Jozée Sarrazin Oui, nous avons vraiment besoin de travailler en partenariat avec des gens qui font
de la technologie. Pour le développement de l’instrumentation, les instruments ne se
trouvent pas sur une tablette comme c’est le cas pour d’autres environnements,
moins extrêmes. Les instruments naissent à partir des questions que nous nous
posons et c’est là que nos collègues « ingénieurs et techniciens » interviennent.
Ils nous aident à concrétiser nos besoins. Pour les engins sous-marins, comme nous sommes les
utilisateurs, nous sommes consultés. Par exemple, « Victor » va entrer en carénage et une équipe de
scientifiques participera à la définition du cahier des charges. Leur implication est indispensable pour
connaître les différents besoins des scientifiques, les améliorations à apporter.
Pierre-Marie Sarradin Tout à fait, nous sommes présents dans l’élaboration du cahier des
charges. Nous avons eu la chance de participer au développement de
« Victor 6000 » (ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de faire
ça !), à ses premières plongées et enfin, à la mise au point des outils que
« Victor » utilise.
Lucien Laubier On a déjà dépassé le stade des sous-marins, des soucoupes pour passer au
stade des robots qui transmettent des images par des câbles en fibre optique.
Ainsi, on peut faire des plongées sans limite de temps (puisqu’on n’est pas
dans l’engin) et déjà opérer des petites expériences, récupérer des bêtes etc.
Le tout sous l’œil des caméras et sur l’écran des moniteurs de télévision à bord
du bateau.
Est-ce que l’on peut dire que cette instrumentation a eu une influence positive sur votre travail et
vous a permis de découvrir de nouvelles choses ? Oui, tout à fait, mais vous savez, au bord d’une
plage, avec une pelle et en soulevant des rochers, on trouve aussi des choses tout à fait intéressantes,
passionnantes... même si pour atteindre les sources hydrothermales, c’est quand même plus compliqué !
En tant que scientifique, vous a-t-on consulté pour avoir votre avis pour la réalisation d’un
instrument ? Oui c’est arrivé. On apprend aussi tout ce qui est navigation, on est forcément amené à
apprendre un peu, ne serait-ce que pour communiquer avec le commandant du bateau quand on fait des
plongées.
Thierry Nous sommes dans un domaine où l’on est constamment à l’interface entre recherche
Moutin fondamentale et recherche appliquée. Je ne sais pas trop, il faudrait revenir aux
définitions… On peut définir la recherche appliquée comme ayant pour finalité les
industries, services (les biotechnologies marines etc). Dans ce sens là, nous sommes
vraiment en recherche fondamentale !
Jozée Sarrazin Au Département « Etude des Ecosystèmes profonds », nous travaillons surtout en
recherche fondamentale même si nous sommes de plus en plus sollicités pour tout
ce qui concerne les études d’impact de l’activité humaine sur les grands fonds :
pollution, pêche sur les grands fonds, exploitation des ressources minérales,
prospection pétrolière… On parle de plus en plus d’exploitation des ressources
mais mis à part la prospection pétrolière et la pêche, les écosystèmes grands fonds sont encore
« protégés » par leur accès difficile. Nous sommes le lien entre « Qu’est-ce qu’on connaît de ces
écosystèmes ? », « que doit-on protéger » et « Quelles connaissances doit-on acquérir avant de les
exploiter ? ».
Pierre-Marie Sarradin Dans notre laboratoire, nous sommes vraiment dans la recherche
fondamentale, nous essayons de comprendre, de connaître, d’avoir
accès à des écosystèmes. Nous en sommes à un stade de découverte et
de compréhension du fonctionnement de ces écosystèmes. Nous
sommes encore très très loin de la recherche appliquée, même si mes
collègues
microbiologistes, de temps en temps, essaient de découvrir les applications possibles de certaines
molécules…
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus ? Ce sont les deux, c’est d’ailleurs ce que l’on me reproche ! Oui
parce que dans l’esprit de beaucoup de chercheurs, le CNRS (Centre national de la recherche
scientifique) doit forcément être fondamental et les organismes comme Ifremer doivent forcément être
appliqués… La recherche fondamentale est parfois considérée comme un luxe, il y a des pays qui s’en
sont passés pendant longtemps. Prenez par exemple le Japon qui a développé toute son industrie au
début du 20e siècle en faisant des recopies très soigneuses des inventions européennes, des machines à
vapeur etc. Ils n’ont pas cherché à faire de la recherche fondamentale, ils ont pris les modèles tels qu’ils
existaient. La chaîne qui voudrait que l’on fasse d’abord du fondamental puis de l’appliqué n’existe pas
forcément…
Thierry C’est compliqué la vie familiale… Il y a une flexibilité obligatoire à avoir, qui doit être
Moutin acceptée par le conjoint et les enfants, ce n’est pas simple… Un exemple précis : je
suis parti à Orlando la semaine dernière présenter la mission BOUM, en Floride, le jour
de l’anniversaire de ma fille… Elle m’en veut énormément ! On n’a pas le choix…
Quand je suis rentré d’Orlando, elle me dit : « tu vas venir à mon spectacle de fin
d’année ? » et paf ! Ça tombe en pleine mission, deux jours après le départ …
Il y a quand même des contraintes, quand on part deux mois dans le Pacifique, on n’emmène pas les
enfants… Quant au financement des recherches, à l’heure actuelle, c’est très compliqué. Le montage
pour BOUM, c’est plusieurs financements : national, européen, participation des différents laboratoires.
Ça prend énormément (trop) de temps.
Jozée Sarrazin C’est vrai qu’en partant un mois en mer, ce n’est pas facile pour la famille. Cela
demande toute une organisation. Certes, il y a des petites compensations
financières mais cela ne remplace pas ce que cela demande au conjoint en terme
d’investissement, de disponibilité.
De plus, les nombreux déplacements (pas seulement les campagnes en mer) ont aussi un impact
(déplacements en Europe : coopération scientifique, ateliers, séminaires…). Mais cela fait aussi partie du
côté intéressant de notre travail.
En ce qui concerne les financements, nous sommes de plus en plus sollicités pour aller chercher des
fonds comme cela se fait en Amérique du Nord ; du coup, c’est un peu au détriment de la recherche.
Pierre-Marie Sarradin Pour le moment, la grosse difficulté est le financement de la recherche. Moi qui
ai une quarantaine d’années, je passe de plus en plus de temps non pas « à la
paillasse » mais à faire de l’administration de la recherche, de la recherche de
financements…Cela n’est pas sans intérêt, mais c’est encore un nouveau
métier que nous sommes en train d’apprendre.
Nous ne cherchons plus des résultats mais du budget !
Au niveau de la vie familiale, c’est vrai que cela est compliqué quand on part
en mer pendant un mois et demi. Ma femme travaillait dans l’aquaculture
(crevettes) et avait moins de déplacements que moi.
Avez-vous constaté des différences entre le travail en France et à l’étranger ?
Contrairement à l’étranger, en France, il y a beaucoup de fonctionnariat.
Thierry Nous venons justement de recruter une nouvelle collègue femme ! Je pense qu’il y a
Moutin beaucoup plus de femmes qui arrivent maintenant en océanographie. Pour la mission
BOUM, je faisais le compte et il y a plus de femmes que d’hommes ; par rapport aux
marins, ça va être amusant ! Mais je pense que c’est très bien ! Pour l’instant, elles
n’occupent malheureusement pas encore beaucoup de postes à responsabilité, ce
sont surtout des hommes. Ma collègue en face de moi me dit : ça va venir !
Jozée Sarrazin Lors de mes premiers embarquements, il y a eu des moments très durs, j’étais
entourée d’hommes, certains un peu machistes… j’avais l’impression de ne pas
être à ma place... Mais bon, après on réussit peu à peu à faire sa « niche ». Ce
n’est pas un milieu facile. La recherche ce n’est pas un milieu facile en soi et c’est
vrai que ce n’était pas évident d’être une femme dans un domaine qui était pas mal
réservé aux hommes à l’époque…
Ce n’est pas si loin ! C’est vrai que ça ne fait pas longtemps que des femmes ont l’opportunité d’avoir des
postes de chef de mission. Même à Ifremer, les cadres sont encore très majoritairement des hommes
(70.5%). Par contre, dans les générations montantes, il y a beaucoup plus de femmes. Pendant la
campagne MEDECO, il devait y avoir plus de 50% de femmes. C’est vrai aussi qu’il y a plus de femmes en
écologie et en biologie qu’en technologie où elles sont encore très peu nombreuses…
Pierre-Marie Sarradin Je travaille dans un Département de Recherche qui est très riche en
femmes. A la limite, la parité voudrait que l’on embauche des hommes !
C’est vraiment une chose à laquelle je ne prête pas attention puisque
durant toutes mes études, la parité était pratiquement respectée.
C’est peut-être aussi une question d’époque ? Ou plutôt de discipline. À Ifremer, les équipes
dirigeantes sont en grande majorité composées d’hommes, ainsi que quelques communautés
scientifiques comme la communauté technologique mais les domaines de recherche tels que l’écologie
et la biologie sont presque dominés par les femmes.
Thierry La première chose qui me vient à l’esprit, c’est une blague ! C’était au cours d’une
Moutin mission où l’on étudiait l’influence de la circulation à méso-échelle sur la production
biologique. Nous avions fait croire à quelqu’un que nous avions découvert un « spot »,
un endroit où il y avait une concentration énorme de chlorophylle* en Méditerranée. En
réalité, nous avions extrait de la chlorophylle nous avions extrait de la chlorophylle
d’épinards !
J’en ai un bon souvenir, c’était drôle ! La personne était persuadée que nous avions découvert quelque
chose d’exceptionnel !
Jozée Sarrazin La sensation la plus forte a été ma première plongée en sous-marin. Quand j’ai
commencé ma thèse, j’ai travaillé sur des images vidéo issues de plongées avec
des sous-marins téléguidés. La première fois que j’ai plongé sur la cheminée
hydrothermale que j’étudiais en images, c’était incroyable !
Je me suis rendue compte de l’importance de la vision 3D. Le cerveau humain ne donne pas les mêmes
sensations en 3D … On comprend tout, la taille, le relief. Longer la paroi d’un édifice de 12 mètres, jonché
de fumeurs à 300°C, c’est tout autre que de regarder des bandes vidéo sans relief. J’avais une idée de ce
que cela fait 12 mètres mais ce n’est pas pareil en vrai : quand tu es juste à côté avec le sous-marin et que
ça fume de partout ! C’était vraiment chouette ! C’était à bord de quel sous-marin ? Du sous-marin
américain « Alvin », en 1994 pendant ma thèse.
Pierre-Marie Sarradin
Ma première plongée en submersible. En effet, j’ai eu la chance de
plonger avec « Le Nautile », c’était vraiment l’une des premières
grosses émotions de ma carrière à Ifremer !
Lucien Laubier
Ma première grande campagne, en 1969, à bord du « Jean Charcot », avec
Xavier Le Pichon, en Terre-Neuve. On avait décidé de fonctionner 24 heures
sur 24 pour profiter de cette campagne au maximum ; cela n’a pas toujours été
facile.
Thierry Qu’on continue à pouvoir faire des campagnes océanographiques. Cela me paraît
Moutin indispensable de travailler sur le terrain et d’avoir les moyens de travailler sans que
cela soit trop compliqué. Mon souhait, c’est vraiment que les choses deviennent plus
simples. Pour l’organisation des campagnes à la mer, le collègue avec qui j’organise
la mission BOUM (Louis Prieur) qui est proche de la retraite et a beaucoup d’expérience, m’a dit que
pour la première campagne qu’il avait organisée, il avait envoyé un document de deux ou trois pages.
Moi, j’en suis à mon troisième rapport de deux cents pages ! Même s’il y a sûrement une raison à cela,
ça devient vraiment compliqué. Mon principal souhait est que l’on passe moins de temps à chercher de
l’argent et plus de temps à faire de la Science !
Jozée Sarrazin Que l’on continue à faire de la recherche sur les grands fonds. C’est essentiel car
on va vers une aire d’exploitation des ressources profondes alors qu’on est
encore dans la recherche fondamentale qui est indispensable. On ne peut pas
déjà exploiter des écosystèmes dont on ne connaît encore presque
rien…Surtout, qu’au cours des trente dernières années, on s’est rendu compte que le paysage des
abysses était bien différent de l’image que l’on s’en faisait. Au lieu d’un désert, on sait maintenant que les
fonds marins abritent une mosaïque d’habitats, une diversité de modes de vie, d’adaptations… imaginez
que l’on ait tout exploité avant de faire cette découverte… Et puis, c’est un milieu qui fait encore rêver
bien des Hommes …
Pierre-Marie Que l’on arrive à trouver des financements un peu plus facilement. Cela
Sarradin permettrait de repartir sur la « paillasse », de ne pas se transformer
simplement en chercheur de budget et de pouvoir continuer à travailler sur le
terrain, comme nous avons la chance de le faire dans notre travail.
Asthénosphère : couche visqueuse située à l'intérieur de la Terre et sur laquelle repose la lithosphère.
Astrolabe : instrument dont on se servait pour déterminer la hauteur des astres au dessus de l'horizon.
Astronomie : l'astronomie fondamentale étudie les positions relatives des astres (corps célestes
naturels visibles à l'oil nu ou dans un instrument : étoiles, planètes, comètes, satellites.) et leurs
mouvements (mécanique céleste).
Bar : unité de mesure de pression (bar) valant 105 pascals* utilisée pour mesurer la pression
atmosphérique*. 1 bar est quasiment équivalent à 1 atmosphère*.
Biochimie : étude des constituants de la matière vivante et de leurs réactions chimiques. La biochimie
marine fait travailler ensemble l'océanographie chimique et l'océanographie biologique.
Biologie : science de la Vie et plus spécialement étude du cycle reproductif des espèces vivantes.
Bioluminescence : émission de signaux lumineux par certaines espèces animales, utile à la capture
des proies ou à la rencontre des partenaires sexuels.
Biomasse : masse totale des êtres vivants subsistant en équilibre sur une surface donnée du sol ou
dans un volume donné d'eau océanique ou douce.
Biosphère : ensemble des êtres vivant à la surface du globe terrestre et dans les océans.
Botanique : relatif à l'étude des végétaux. Discipline qui regroupe l'ensemble des sciences végétales.
Chlorophylle : matière colorante verte des plantes, à structure moléculaire (molécules*) proche de
celle de l'hémoglobine mais contenant du magnésium à la place du fer, jouant un rôle essentiel dans la
photosynthèse*.
Chimie : science qui étudie la constitution atomique (atomes*) et moléculaire (molécules*) des corps
ainsi que leurs interactions.
Cnidaire : embranchement d'animaux diploblastiques (animaux dont les organes d'édifient à partir de 2
feuillets embryonnaires seulement) munis de cellules urticantes dites nématocystes. L'embranchement
des cnidaires comprend les classes des hydrozoaires (hydre), des anthozoaires (anémones de mer,
corail, madrépore*) et des acalèphes (grandes méduses).
Convection : mouvement d'un fluide avec transport de chaleur sous l'influence de différences de
température.
Coralligènes : les algues coralligènes, souvent appelées coralligène ou algues corallines ou corallines,
sont des algues capables de stocker le calcaire. Dans certains cas, elles sont capables de construire
des récifs comparables aux récifs coralliens dont elles tirent le nom. Le coralligène est l'écosystème
majeur de Méditerranée au-delà de 30-40 mètres de profondeur.
Dragage : action de draguer (racler le fond de l'eau pour en ramener des éléments vivants ou
minéraux). Une drague peut être utilisée : gros filet armé ou de métal destiné à racler le fond de l'eau
pour en ramener des éléments vivants ou minéraux.
Dynamique des fluides : étude des mouvements des fluides, qu'ils soient liquides ou gazeux. La
résolution d'un problème de dynamique des fluides demande normalement de calculer diverses
propriétés des fluides comme par exemple la vitesse, la pression, la densité et la température...
Ecosystème : unité écologique de base formée par la milieu (ou biotope) et les organismes (animaux,
végétaux et bactériens) qui y vivent.
Erosion : ensemble des actions externes (des eaux, des glaciers, des agents atmosphériques etc) qui
provoque la dégradation du relief.
Exponentiellement : en mathématiques, exponentiel se dit d'une fonction dont l'exposant est variable
ou continu. (exposant : expression numérique ou algébrique exprimant une puissance à laquelle une
quantité est élevée).
Extrêmophiles : Un nombre plus que surprenant de microorganismes s'épanouit dans des conditions
que l'on peut qualifier pour le moins d'extrêmes. Répartis en différents groupes, ils occupent des niches
écologiques souvent caractéristiques : forte pression, forte température, milieu acide...
On distingue les :
- thermophiles (croissance optimale à des températures élevées)
- cryophiles (croissance optimale à des températures basses)
- alcalophiles (croissance optimale à des pH élevés)
- acidophiles (croissance optimale à des pH bas)
- halophiles (croissance optimale lorsque la salinité est élevée)
- barophiles (croissance optimale aux hautes pressions)
Plusieurs paramètres extrêmes peuvent parfois se cumuler. On rencontre par exemple des espèces
baro-thermophiles au niveau des sources chaudes dans les grands fonds océaniques où la température
et la pression sont élevées.
Faille transformante : Les failles transformantes sont situées en bordure de plaques tectoniques, plus
particulièrement au niveau des dorsales océaniques. C'est près de ce type de faille qu'il se produit le
plus de tremblements de terre.
Forage : action de forer. Percer avec un foret, creuser dans une matière dure.
Force de Coriolis : force de déviation due à la rotation d'un repère (la Terre par exemple) et s'exerçant
sur les corps en mouvement à la surface de celui-ci.
Géologie : science qui a pour objet la description des matériaux qui constituent le globe terrestre et
l'étude des transformations actuelles et passées subies par la Terre. Elle se divise en plusieurs
branches.
Géophysique : étude, par les moyens de la physique, de la structure d'ensemble du globe terrestre et
des mouvements qui l'affectent.
Gravimétrie : Partie de la géodésie* qui a pour objet la mesure de la pesanteur. (tendance des corps
situés sur un astre, en particulier la Terre, à tomber vers le centre de cet astre).
Gravitation : attraction mutuelle des corps matériels. Elle génère une force appelée la gravité. Plus un
corps est massif, plus il attirera d'autres corps qui lui sont proches. La gravitation est responsable de
mouvements tels que la chute des objets, des personnes, de la pluie qui tombe sur le sol. C'est la Terre
qui les attire.
Hydrographie : Partie de la géographie physique qui traite des eaux marines ou douces. Hydrographe :
spécialiste en hydrographie.
Hydraulique : mû par l'eau, qui utilise l'énergie statique ou dynamique de l'eau, d'un liquide.
Hydrologie : science qui traite des propriétés mécaniques, physiques et chimiques des eaux marines
(hydrologie marine ou océanographie) et continentale (hydrologie fluviale, lacustre).
Infrarouge : se dit de radiations non visibles, dont la longueur d'onde est supérieure à celle de la
lumière rouge visible et inférieure à celle des radiofréquences.
Intertidale : se dit de la zone comprise entre les niveaux des marées les plus hautes et ceux des
marées les plus basses.
Lithosphère : couche externe du globe terrestre, rigide, constituée par la croûte et le manteau
supérieur, et limitée vers l'intérieur par l'asthénosphère*.
Magnétisme terrestre : champ magnétique assez régulier au niveau de la surface de la Terre, dont le
pôle magnétique Nord varie lentement d'année en année.
Méridien : le méridien terrestre ou méridienne est une ligne imaginaire tracée sur la terre entre les deux
pôles géographiques (soit environ 40 000 km).
Minéralisation : état d'une eau qui contient certaines substances minérales en dissolution /
transformation (d'une substance) organique en substance minérale.
Molécule : groupement d'atomes qui représente pour un corps pur qui en est constitué, la plus petite
quantité de matière pouvant exister à l'état libre.
Naturaliste : personne qui se livre à l'étude des plantes, des minéraux, des animaux. Peut aussi
désigner la personne qui prépare des animaux pour la conservation dans des collections (taxidermiste).
Newton : unité de mesure de force (N) équivalant à la force qui communique à un corps ayant une
masse de 1 kilogramme une accélération de 1m/s2.
Niño (El) : El Niño (littéralement courant de l'Enfant Jésus, ainsi nommé parce qu'il apparaît peu après
Noël) est un phénomène climatique particulier qui se caractérise par une élévation anormale de la
température de l'océan. C'est un grand courant marin d'une taille comparable à une fois et demi celle
des États-Unis qui survient exceptionnellement certaines années. Il apparaît en moyenne une ou deux
fois par décennie le long des côtes péruviennes à la fin de l'hiver, vers décembre-janvier.
La durée d'El Niño est en général d'environ 18 mois. Ce délai passé, les eaux froides se propagent vers
l'Ouest. C'est alors la fin du phénomène qui peut être suivi de son inverse La Niña.
Oligotrophie : Pauvreté du milieu en substances nutritives entraînant une faible production végétale et
animale.
Orbite : trajectoire d'un objet (naturel ou artificiel) autour d'un corps qui l'attire par gravitation*.
L'ensemble des positions successives de l'espace d'un astre ou satellite, passées ou futures, constitue
son orbite.
Photosynthèse : production de glucides* par les plantes et certaines bactéries à partir de l'eau et du
gaz carbonique de l'air qu'elles peuvent fixer grâce à la chlorophylle*, en employant comme source
d'énergie la lumière solaire.
Physique : science qui étudie les propriétés générales de la matière, de l'espace, du temps et établit
les lois qui rendent compte des phénomènes naturels.
Plancton : ensemble des organismes (généralement de petite taille) qui vivent en suspension dans
l'eau de mer.
Polychète : ver annélide marin à nombreuses soies latérales, tel que les néréïdes, l'arénicole et
l'aphrodite. Les polychètes forment une classe.
Rift : fossé tectonique long de plusieurs centaines ou de plusieurs milliers de kilomètres, correspondant
à une zone de fracture de l'écorce terrestre.
Sédiment : dépôt meuble laissé par les eaux, le vent et les autres agents d'érosion qui, d'après son
origine peut être marin, fluviatile, lacustre, glaciaire, etc.
Seuil : lieu d'altitude intermédiaire entre des reliefs contrastés, servant de passage et de ligne de
partage des eaux.
Sinusoïdale : en mathématiques, se dit d'un mouvement ou d'une courbe dont le support est une
sinusoïde ou qui présente des arches semblables à celles de la sinusoïde. Se dit aussi d'un phénomène
périodique dont la grandeur caractéristique est représentée par une fonction sinusoïdale du temps.
Sinusoïde : courbe plane représentative des fonctions sinus et cosinus.
Sismique : relatifs aux tremblements de terre. La prospection sismique est une méthode de prospection
fondée sur la propriété qu'ont les ondes sonores, provoquée par 1 explosion au voisinage de la surface,
de subir des réfractions et des réflexions aux surfaces de contact de couches ayant des vitesses de
transmission différentes, suivant des lois analogues à celles de l'optique. Les océanographes utilisent
cette technique pour détecter la structure profonde des sous-sols sous-marins
Société savante : association dont les membres rendent compte de leurs travaux et recherches, se
réunissent pour en discuter.
Sondage : action de sonder un milieu, mesurer au moyen d'une sonde* ou d'un sondeur* la profondeur
de la mer, d'une cavité. / Explorer en profondeur un sol pour en déterminer la nature ou pour y déceler
un minerai, de l'eau etc.
Sonde, sondeur : appareils servant à déterminer la profondeur de l'eau et la nature du fond.
Stenohalin,: organisme qui ne peut tolérer les changements importants d'osmolarité externe.
L'osmolarité est la concentration des solutés (substances dissoutes dans une solution). Par exemple, la
teneur en sel de l'eau. Les espèces sténohalines (la plupart des poissons d'eau douce) ne peuvent pas
survivre dans des eaux salées.
Tectonique : partie de la géologie qui étudie les déformations des terrains, sous l'effet des forces
internes. La tectonique des plaques est le modèle actuel du fonctionnement interne de la Terre. Elle est
l'expression en surface de la convection* qui se déroule dans le manteau terrestre. La lithosphère*,
couche externe de la Terre est découpée en plaques rigides qui flottent et se déplacent sur
l'asthénosphère*, plus ductile.
Topographie : configuration, relief d'un terrain, d'un lieu, d'un pays. Ce terme désigne aussi la
représentation graphique de ce relief.
Trophique : qui est relatif à la nutrition d'un individu, d'un tissu vivant. Chaîne trophique est synonyme
de chaîne alimentaire.
Turbidité : teneur en matériaux en suspension. Courant de turbidité : courant marin très violent,
charriant quantité de particules en suspension.