Gazier - Marchés Transitionnels Du Travail
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Chapitre
F aut-il développer des crèches privées ou des congés parentaux ? comment lutter
contre le chômage ? comment organiser le soin des personnes âgées
dépendantes ? face à la violence des restructurations et des licenciements
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Période « critique » versus période « organique », cette grille simple voire simpliste 6
d’interprétation peut être appliquée aux transformations qui affectent la division du
travail aujourd’hui. Cela revient à supposer simplement qu’au cours du XXe siècle la
construction de l’État-providence moderne et l’intégration de la classe ouvrière via la
sécurisation de l’emploi salarié ont représenté une phase « organique » aujourd’hui
remise en cause. Une telle hypothèse est assez couramment admise, elle peut par
exemple s’appuyer sur les travaux de R. Castel (voir ici aussi sa contribution au
présent ouvrage). Ce qui va nous intéresser est alors de rassembler quelques-uns des
avatars « critiques » que subissent les formes d’expression de la solidarité de nos
jours, du point de la vue de la division du travail.
En voici l’esquisse sur quelques exemples, qui alternent les points de vue des 7
personnes et des entreprises, et partent d’un niveau individuel, microéconomique et
local pour arriver au niveau national et international.
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Ces quelques notations appelleraient bien des compléments et des nuances. Elles 14
suffisent toutefois pour suggérer qu’à tous les niveaux ce qui était solidarité devient
facilement corporatisme de nos jours, et que notre époque est bien « critique ». On
doit souligner aussi, retrouvant ici R. Castel et bien d’autres auteurs, la montée des
conséquences en termes d’exclusion : les nouvelles divisions du travail renforcent les
forts et rejettent les faibles.
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Considérons les associations qui affichent des missions d’intérêt général, telles que 16
des associations caritatives, de lutte contre l’illettrisme, d’insertion, etc. Rassemblant
des fonds privés, mobilisant des bénévoles, elles témoignent de la prise en charge par
la société civile d’une partie des défis sociaux tels que la pauvreté, l’exclusion et se
révèlent aujourd’hui indispensables à l’équilibre social, complétant les politiques
publiques voire palliant leurs carences au moindre coût. Sont-elles l’alibi d’un
système injuste qu’il faudrait transformer radicalement ? Le soupçon « critique »
vient ainsi troubler de l’intérieur, et dès l’origine, l’affirmation militante et
l’implication « organique ».
Cette question est d’autant plus pertinente que dans de nombreux cas, en Europe 17
peut-être plus qu’aux EU, les ressources des associations proviennent pour une large
part de subventions publiques. Deux risques symétriques apparaissent alors : d’un
côté, le risque de sous-traitance dominée et de clientélisme, les associations
dépendant pour leur orientation et leurs choix quotidiens de l’approbation des
pouvoirs publics ; de l’autre, le risque d’une routinisation des canaux associatifs,
légitimes voire bureaucratiques et percevant des ressources régulières qui tendent à
devenir une rente quelles que soient la pertinence et l’échelle de leurs activités.
Il en résulte une exigence qui est celle d’un mouvement permanent : le monde 19
associatif doit régulièrement apprécier si les activités auxquelles il se consacre
correspondent aux urgences de la société et si les modalités de leur intervention
innovent ou s’enferment dans l’habitude.
Ce qui apparaît comme plus aigu dans notre période « critique » relève de deux 20
logiques entremêlées. L’une est une logique de professionnalisation, l’autre une
logique de marchandisation. D’un côté, la complexité des interventions s’accroît
dans le monde associatif comme partout dans l’économie : gérer une banque
alimentaire, aider des sans-abri, monter un réseau de soins à domicile laisse
désormais peu de place à l’amateurisme. Dès lors, le conflit s’aiguise entre des
permanents, souvent professionnels salariés, et des bénévoles souvent moins
qualifiés. Le dilemme devient : faut-il avoir recours à des professionnels au détriment
de l’esprit militant ?
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vertus du privé marchand font partie des idées convenues largement dominantes
durant les années 1980 et 1990, et elles ont indirectement attaqué le monde associatif,
relevant certes du privé mais accusé de manquer de dynamisme et d’adaptabilité. Les
confrontations avec des acteurs du monde marchand sont devenues très fréquentes,
que ce soit en termes de concurrence directe ou de partenariat. Il en résulte une
inquiétude sur la pérennité des principes associatifs : ils sont pertinents et plus que
jamais nécessaires dans un monde apparemment soumis de plus en plus aux règles
de l’initiative privée intéressée, mais les associations trouveront-elles les moyens et
l’imagination nécessaires à leur mise en œuvre ? ne seront-elles pas elles aussi
contaminées en quelque sorte ?
Issus d’une réflexion pragmatique menée au début des années 1990 par des 22
économistes du WissenschaftZentrum Berlin (WZB) (Schmid 1995, Schmid et Auer,
1997), les Marchés transitionnels du travail (désormais MTT) proposent une
perspective de reconceptualisation et de réforme d’ensemble des marchés du travail
européens pour les adapter aux défis et besoins du début du XXIe siècle. Prenant acte
du brouillage croissant des frontières entre travail rémunéré, activités personnelles
et activités socialement utiles, les promoteurs des MTT se centrent sur l’ensemble des
« transitions » qu’une personne peut accomplir au sein du marché du travail et
autour de celui-ci, pour identifier les « transitions » souhaitables et leur associer de
nouveaux droits. Il s’agit ainsi de créer les outils collectifs de contrôle de l’emploi de
demain, qui sera largement fait de projets temporaires, de trajectoires productives
dépendant de réseaux, et de carrières discontinues mais balisées et protégées.
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L’idée est ainsi que des transitions et des « passerelles » [2] sont devenues inévitables 24
sur les marchés du travail actuels, qui doivent de toutes manières fonctionner avec
des travailleurs à réadapter sans cesse. Les itinéraires deviennent discontinus, ne
[3]
serait-ce qu’à cause des obligations de recyclage . Les MTT organisent la recherche
de nouveaux espaces et de nouvelles modalités de confrontations de l’offre et de la
demande, à propos de nouveaux objets de négociation : les positions temporaires
d’activité. Ainsi la démarche est-elle d’abord positive pour ensuite affirmer son
ambition normative. Il s’agit d’identifier les « transitions » sur le marché du travail et
autour de celui-ci, afin de repérer celles qui sont favorables à l’initiative et aux
revenus des travailleurs (les « bonnes » transitions), pour les promouvoir et
décourager les « mauvaises », celles qui conduisent à l’exclusion ou
l’appauvrissement.
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L’idée clé est l’existence, au sein de chacun de ces champs, de « transitions critiques » 27
qui ont lieu au cours de la vie des travailleurs et qui sont susceptibles d’infléchir leur
itinéraire en un sens socialement non souhaitable. Ces « transitions critiques »
peuvent fort bien avoir une origine extérieure au marché du travail, et avoir été
causées par une événement de nature privée : une naissance, un divorce, un parent
en situation de dépendance… Mais elles peuvent aussi relever directement du marché
du travail, comme dans le cas d’un licenciement ou d’une mutation. Les
conséquences d’une mauvaise gestion ou d’une mauvaise protection peuvent être un
appauvrissement temporaire ou durable, mais aussi un découragement personnel ou
même une exclusion objective (cas par exemple des bassins du travail sinistrés).
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Le congé danois, expérimenté dans ce pays entre 1996 et 2000, est un congé parental 34
ou de formation. Il consiste pour une bonne part à lier le financement maximal du
congé d’un salarié à l’embauche temporaire et volontaire, sur son poste, d’un
chômeur préalablement formé. Les durées de congé vont de 6 à 18 mois, et le congé
peut être indifféremment parental ou de formation. Les pouvoirs publics contribuent
ainsi au financement des surcoûts liés à l’intégration du chômeur. À l’issue de la
période de congé, le salarié retrouve son poste cependant que le chômeur, qui a
effectué une expérience de remise au travail et rencontré des employeurs, repart sur
le marché du travail avec des références et une meilleure insertion. L’intérêt de ce
dispositif, coûteux en termes financiers et en termes d’ingénierie sociale, est
évidemment que la circulation des salariés dans les espaces « transitionnels » est
rendue plus ouverte et plus solidaire. On évite donc les comportements de crispation
sur poste, et on remet en selle des demandeurs d’emploi dont certains sont
démotivés et appauvris. Les effets associés au programme sont de deux ordres. Il y a
tout d’abord un effet partage : les départs en congé ouvrent une série de places
temporaires, ce qui contribue à désengorger le marché du travail en cas de chômage
trop important, tout en préparant l’insertion productive plus durable des
remplaçants. Le second effet est un effet de ré-homogénéisation du marché du
travail : la distance entre les personnes pourvues d’un emploi et celles qui en
cherchent un est amoindrie.
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interventions massives sur le marché du travail, qui font que chaque année ce sont 10
% des travailleurs qui passent par les dispositifs de formation et reclassement.
Parmi les autres traits importants des MTT, il convient de signaler l’arrivée de 37
nouveaux acteurs et financeurs dans les négociations autour de l’emploi et des
transitions. Par exemple, organiser des préretraites à temps partiel [4] peut se faire
avec l’organisation de compléments d’emploi du temps au sein d’associations qui
n’ont pas les moyens de financer un emploi à temps plein et peuvent accueillir des
collaborateurs à temps partiel – cet emploi pouvant du reste être cofinancé par un
partenaire municipal ou régional. Un tel dispositif a l’intérêt de compléter les
revenus et l’activité des travailleurs vieillissants, en satisfaisant des besoins sociaux
et sans alourdir la charge des finances publiques.
Au-delà de mesures spécifiques, la démarche des MTT est une démarche d’ensemble : 38
ma mobilité dépend de la vôtre. Il en résulte l’insistance mise sur des négociations
locales associant de multiples acteurs susceptibles d’être cofinanceurs. Une série de
questions de mise en œuvre surgit alors, portant notamment sur le coût et la
cohérence de ces arrangements locaux. En ce qui concerne le coût, les MTT
consistent d’abord en réaménagement des mesures existantes, et prennent appui sur
les avantages des cofinancements y compris en provenance du travailleur
bénéficiaire de la « transition », situations dans lesquelles chaque participant a
intérêt au succès de la « transition ». Plus que des dépenses nouvelles, il s’agit plutôt
de la réappropriation par les acteurs locaux des sommes souvent très importantes
consacrées par l’État aux politiques de l’emploi, et de la tentative de réduire les
externalités négatives du marché du travail pour capter les externalités positives. On
peut donc établir des conditions de maîtrise des coûts. La question de la cohérence
apparaît par exemple lorsque l’on envisage des régions riches proposant un ensemble
sophistiqué de « transitions » pendant que des régions pauvres en sont réduites à
une offre minimale. Le moyen de combattre cette incohérence est une politique de
transferts, qui suppose d’élaborer et d’utiliser des critères de besoins locaux en
termes de « transitions ».
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de droits à tous. Ce qui a pour effet de bénéficier aux moins favorisés, les mobilités
des un(e)s permettant celles des autres. Cette conception généralisée et dynamique
de l’activité et des trajectoires (« transitions » et « activités sociales utiles » organisées
en séquences négociées) permet ainsi de réintégrer directement l’informel de la
division du travail dans l’espace de la négociation et de la régulation sociales.
Une première version de celle-ci correspond au modèle social-libéral. Elle repose sur 41
un ensemble de diagnostics et de propositions, qui sont ceux de la « Troisième voie »
ou encore de l’« Asset-Based Welfare » tels qu’ils ont été élaborés et diffusés par un
groupe d’auteurs inspirés au premier chef par Anthony Giddens (Giddens, 1998).
Le diagnostic est d’abord que le système antérieur ne laissait pas assez de place à la 42
responsabilité et à l’initiative individuelles. Ensuite, il s’agit de reconnaître une place
nouvelle à l’intervention publique. Celle-ci comprend, outre les fonctions
traditionnelles de redistribution et de contrôle, un rôle nouveau, celui d’investisseur
social. L’État investisseur social est celui qui rend possible l’accès de tous à l’activité
professionnelle, via la formation. Il ne s’agit donc plus tant de compenser par des
transferts les effets de l’inégalité ou de la pauvreté, que de rendre possible, à travers
l’investissement en capital humain, la prise en charge par chacun de son propre
itinéraire, par l’accumulation et l’entretien, l’actualisation de ses compétences. Il en
découle notamment un compte individuel de formation dont doit bénéficier tout
citoyen. Il en découle aussi une mission collective, celle d’assurer la certification et la
transférabilité maximale des compétences professionnelles lorsqu’elles ne sont pas
validées par un diplôme national. On débouche ainsi sur l’affirmation de l’« Asset-
Based Welfare » : il convient de remplacer l’ancien système de protection sociale, qui
a failli, par un nouveau « Welfare » fondé sur l’octroi de nouveaux droits qui seront
des actifs (« assets ») utilisables par chacun au cours de sa vie. En somme, ce qui se
profile ici est une version particulière de l’idée de « Droits de tirage sociaux », conçus
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Une nouvelle figure du travailleur apparaît en suivant cette ligne de pensée : loin de 43
l’ouvrier fordien, il s’agit désormais d’un professionnel doté d’un portefeuille de
compétences multiples et évolutives, capable de se réorienter ou de se recycler, et
tirant le meilleur parti des nouvelles conditions faites aux salariés, de plus en plus
associés aux réussites comme aux échecs des entreprises.
On peut toutefois se demander si cette figure ne concerne pas que les plus favorisés 44
des travailleurs, dotés d’un vaste réseau de relations sociales et de moyens
intellectuels autant que financiers. L’Américain Paul Osterman a ironiquement
caractérisé cette perspective en disant que c’était une stratégie du type « attachez vos
parachutes » (Osterman, 1999, p. 185) (« pack your own parachute strategy »). Il est
aisé d’observer que la mise en œuvre de dotations initiales, même enrichies, dépend
des capacités dont chacun dispose compte tenu de ses caractéristiques personnelles
mais aussi de sa situation sociale. S’il est nécessaire d’« équiper les gens pour le
marché », c’est tout à fait insuffisant. Un autre mot d’ordre qui apparaît, et vient en
un premier temps compléter pour en fait supplanter le premier : le mot d’ordre
d’« équiper le marché pour les gens ». L’exemple déjà cité du congé danois est ici
éclairant, avec la création simultanée de formations et de débouchés collectivement
construits pour les chômeurs, l’État et les partenaires sociaux venant assumer ici un
rôle d’employeur en dernière instance. Le contenu de cet engagement est double.
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Ce qui est commun aux deux modèles de « flexicurité », c’est l’insistance mise sur les 47
dynamiques du marché du travail et sur les trajectoires construites d’autonomie
qu’elles doivent porter. Ils diffèrent tant sur l’orientation ultime que sur les moyens :
d’un côté, une lecture individualiste des nouveaux « actifs » garantis à chacun, de
l’autre, une relance de la négociation collective permettant de libérer les initiatives
tout en les balisant. Les MTT peuvent ainsi être à la fois rapprochés du modèle social-
libéral, ils appartiennent à la même génération doctrinale visant à actualiser les
bases de nos modèles sociaux, et opposés à eux : avec la version collective de la
« flexicurité » qu’ils développent, ils définissent le noyau d’un modèle social-
démocrate renouvelé.
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Cet arrangement, désormais et à juste titre considéré comme obsolète, avait pour 51
contrepartie l’instauration du temps plein comme référence unique de l’emploi
normal. Cette saturation de l’emploi du temps du chef de famille permettait aussi
d’orienter les efforts de contrôle collectifs. D’une part, la fixation d’un salaire
minimum horaire permettait de poser un niveau minimal de consommation pour la
famille. D’autre part, le chômage étant désormais lui aussi une activité à temps plein,
il devenait possible de l’officialiser, de le délimiter et de l’indemniser. Le nom de W.
Beveridge est ainsi associé au processus de « decasualisation of labour » qui prit place
au Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle et au début du XXe : l’élimination progressive
des activités occasionnelles (« casual ») permettait de distinguer clairement les
travailleurs pourvus d’un emploi de ceux qui n’en avaient pas, d’organiser les
responsabilités sociales et d’orienter les comportements individuels.
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« transitions ».
Le contenu dynamique est lui aussi affecté par le changement de point de vue. Ce 54
sont des formes souples de collectifs qui sont en train de succéder aux « marchés
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Plus profondément, face aux risques « critiques » évoqués dans notre première 57
partie, une série d’exigences et d’opportunités croisées apparaissent pour les deux
partenaires. On l’a vu : l’exigence pour l’économie sociale est d’abord de prospecter
en permanence les tâches qui pourront relever de son action. Nous savons qu’elles se
déplacent au cours du temps ou encore selon les contextes. L’économie sociale doit
être conçue comme perpétuellement mobile, la marge de la solvabilité et de
l’apparition de nouveaux besoins ou de nouveaux défis. Les MTT viennent à la fois
accentuer cette exigence et la rendre plus aisée à gérer. Le cas des personnes âgées
dépendantes le montre. Il impose une prise en charge diversifiée, combinant
bénévolat, solidarité familiale et professionnalisme, qui respecte l’égalité des sexes et
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L’exigence pour les MTT est d’appuyer, de prolonger voire de démultiplier les 58
perspectives d’intégration professionnelle dans un système de mobilités protégées
d’ensemble à gérer en tant que tel. Il s’agit ainsi, des deux côtés, de promouvoir
davantage de variété systémique et de développer l’évaluation décentralisée.
Conclusion
Il est à peine besoin de souligner la dimension exploratoire des propos qui ont été 60
tenus, en dépit du nombre consistant de travaux désormais inspirés par les MTT.
Sans entrer dans le débat sur leur applicabilité ou leur déclinaison nationale voire
locale, on voudrait ici terminer sur une interrogation plus générale encore. Le lecteur
l’aura remarqué : le principe de solidarité est l’un des principes centraux gouvernant
la mise en œuvre des MTT. Ils développent une action publique en faveur des plus
défavorisés qui repose sur une démarche d’intégration dynamique. Mais cette
orientation coexiste avec le souci de laisser une très large place à l’initiative
individuelle. Ce parti pris qui injecte beaucoup d’individualisme dans la solidarité
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peut être vu comme une des contradictions qui agitent notre modernité. Mais on
peut aussi le rapprocher d’un des principes de base de l’économie sociale : « un
homme (ou une femme !) ; une voix », qui pourrait ainsi prendre une signification
renouvelée dans les nouvelles divisions du travail.
Notes
[1] Deux domaines qui ne se recouvrent pas, pour deux conceptions différentes, l’une
plutôt française ou européenne et l’autre plutôt anglo-saxonne. D’un côté,
l’économie « non-profit » se limite aux associations et fondations sans but lucratif,
c’est la vision anglo-saxonne ; de l’autre, l’économie sociale constitue un ensemble
plus large qui inclut aussi les mutuelles et les coopératives opérant dans un
environnement marchand avec des buts partiellement marchands, mais dont les
règles de répartition des ressources et du pouvoir obéissent à des principes non
marchands tels qu’« un homme, une voix ». Sans préjuger de ce débat, nous
adopterons ici la vision large de l’économie sociale tout en privilégiant le cas des
associations. Pour une présentation récente dans le cas français, voir Jeantet
(2006).
[4] La préretraite à temps plein n’est pas une mesure obéissant à la logique des MTT,
sauf dans certains cas « sociaux ». En effet elle est le plus souvent, quel que soit
l’engouement dont elle bénéficie, irréversible, brutale, contraignante, unilatérale et
coûteuse.
Plan
Un essai d’application de la dualité « critique » / « organique » à quelques
changements qui affectent la division du travail en ce début de siècle
Nous vivons une époque « critique »
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Conclusion
Bibliographie
Bibliographie
Auer P. and Cazes S., 2003, Employment Stability in an Age of Flexibility, Genève, BIT.
Castel R., 2005, L’insécurité sociale Qu’est-ce qu’être protégé ? Paris, Seuil, « La République
des idées ».
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Schmid G., 1995, « Le plein-emploi est-il encore possible ? Les marchés du travail
« transitoires » en tant que nouvelle stratégie dans les politiques d’emploi », Travail et
emploi, no 65, p. 5-17.
Schmid G. et Aauer P., 1997, « Transitional Labour Markets. Concepts and Examples
in Europe », in Eaue 1997, New Institutional Arrangements in the Labour Market, Berlin,
European Academy of the Urban Environment.
Schmid G. et Gazier B. (dir.), 2002, The Dynamics of Full Employment. Social Integration
by Transitional Labour Markets, Cheltenham, Edward Elgar.
Auteur
Bernard Gazier
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