Chapitre1 Fonctions Complxes

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Chapitre 1

Fonctions à variables complexes

La théorie des fonction à variables complexes trouve de nombreuses applications en physique.


L’étude et la maitrise des propriétés de ces fonctions est très utiles pour les physiciens et les
sciences de l’ingénieur.

I. Notions et Préliminaires
1) Rappels sur les nombres complexes
Définition 1.

Un nombre complexe z s’écrit sous la forme dite algébrique :

z = x + iy,

où x et y sont des nombres réels et i est appelé l’unité imaginaire, a la propriété


i2 = −1.

• Le nombre x est appelée la partie réelle de z noté x = Re(z).

• Le nombre y est appelée la partie imaginaire de z noté y = Im(z).

• L’ensemble des nombres complexes est noté C.

• Le nombre complexe z = x − iy est appelé le conjugué de z. En plus on a


z+z z−z
= Re z = x et = Im z = y.
2 2i

1
iR

i Im(z) z
z
i
Im(z) i 0
1
0 1 Re(z) R z̄
Re(z)

Remarque.
i) Deux nombres complexes z et z 0 sont égaux si et seulement si

Re(z) = Re(z 0 ) et Im(z) = Im(z 0 ).

2i) Si y = 0 on dit que z est réel, si x = 0 on dit que z est un imaginaire pur.

Proposition 2 (Opérations sur les nombres complexes).

• Addition : (x + iy) + (u + iv) = (x + u) + i(y + v).

• Soustraction : (x + iy) − (u + iv) = (x − u) + i(y − v).

• Multiplication : (x + iy)(u + iv) = xu − yv + i(xv + yu).


x + iy (x + iy)(u − iv) xu + yv yu − xv
• Division : = = 2 + i .
u + iv (u + iv)(u − iv) u + v2 u2 + v 2

Proposition 3.

Soient z1 et z2 deux nombres complexes. On a les propriétés suivantes :


(1) z1 + z2 = z1 + z2 (2) z1 z2 = z1 z2 (3) z1 = z1 (4) z + z1 = 2 Re(z1 ) = 2x
(5) z − z2 = 2i Im(z2 ) = 2iy.

Définition 4 (Module).

Le module d’un nombre complexe z = x + iy est définie par


q
|z| = |x + iy| = x2 + y 2 .

Si z1 et z2 sont deux nombres complexes, on a les propriétés suivantes :


z1 |z1 |

(1) |z1 z2 | = |z1 ||z2 | (2) = , z2 6= 0 (3) |z1 | = |z| (4) zz1 = |z1 |2 .
z2 |z2 |
(5) |z1 + z2 | ≤ |z1 | + |z2 | (inégalité triangulaire)
(6) ||z1 | − |z2 || ≤ |z1 ± z2 |(inégalité du parallélogramme)
|z| = 0 ⇐⇒ z = 0.

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z = x + iy iR
z
|z|
y |z|
i
arg(z)
0 x
0 1 R

Remarque.
Si |z1 | =
6 |z2 | l’inégalité du parallélogramme est utile sous la forme suivante :

1 1
≤ .
|z1 ± z2 | ||z1 | − |z2 ||

2) Représentation en cordonné polaire


Tout z ∈ C dont l’image est le point M (x, y) du plan R2 peut s’écrire z = x + iy = r(cos(θ) +

i sin(θ)) où r = |z| = x2 + y 2 est le module de z et θ s’appelle l’argument de z, noté argz.
Cette écriture est appelée la forme polaire ou forme trigonométrique du nombre complexe z.
Si θ ∈ [0, 2π[, alors l’angle θ est appelé l’argument principal, noté par Argz. On a

argz = Argθ + 2kπ, k ∈ Z.

Remarque.
On ne doit pas utiliser les relations d’ordre > et < pour deux nombres complexes quel-
conques.

3) Courbes dans le plan complexe


On va maintenant considérer des propriétés topologiques et géométriques de C. Soit z0 = x0 +iy0
un nombre complexe et r > 0 un nombre réel.
• Cercle : Le cercle de rayon r et de centre z0 est défini par l’équation |z − z0 | = r et sera
noté
C(z0 , r) = {z ∈ C/|z − z0 | = r}.

• Disque ouvert : Le disque ouvert de centre z0 et de rayon r est l’ensemble des complexes
z vérifiant |z − z0 | < r et sera noté

D(z0 , r) = {z ∈ C/|z − z0 | < r}.

• Disque fermé : Le disque fermé de centre z0 et de rayon r est l’ensemble des complexes
z vérifiant |z − z0 | ≤ r et sera noté

D(z0 , r) = {z ∈ C/|z − z0 | ≤ r}.


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Par ailleurs, on appelle le cercle unité du plan complexe de rayon 1 centré en l’origine C(0, 1)
et disque unité le disque D(0, 1).

• Ouvert et fermé : Soit U un ensemble non vide du plan complexe. On dit que U est
un ouvert, si pour tout z ∈ U , U contient un disque ouvert de centre z c’est à dire, pour
tout z ∈ U , il existe r > 0 tel que {z 0 ∈ C ∈ C : |z 0 − z| ≤ r} ⊂ U .
On dit aussi qu’un ensemble est fermé si son complémentaire est ouvert.
Signalons encore la notion de voisinage qui est fort utile.

• Voisinage : On dit qu’une partie V du plan complexe est un voisinage d’un complexe
z, si V contient un disque ouvert centré en z. Ainsi une partie U de C est un ouvert si
et seulement si elle est un voisinage de chacun de ses points.
Exemple : Tout disque ouvert de C est un ouvert.

• Ouvert connexe : Un ouvert est dit non connexe s’il est l’union de deux ouvert non
vides disjoint. Un ouvert qui ne vérifie pas cette propriété est dit connexe.

Exemples.
1) Les triangles, les rectangles, les polygones et les disques ouverts sont des ouverts
connexes.

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2) La couronne de centre z0 et de rayons r1 et r2 est un ouvert connexe.

II. Fonction à variable complexe


1) Généralités sur les fonctions complexes
De la même façon qu’une fonction d’une variable à valeur dans R définie pour chaque x on lui
associe un point réel f (x) ∈ R, il est possible de définir des fonctions à variables complexes à
valeur dans C?
Définition 5.

Soit D une partie non vide de C. Une fonction à variable complexe est toute appli-
cation f définie sur D à valeur dans C :

f : D ⊂ C −→ C
z 7−→ f (z).

Exemples.
1) z 7→ f (z) = Re(z) ∈ R, z ∈ C.

2) z 7→ f (z) = Im(z) ∈ R, z ∈ C.

3) z 7→ f (z) = z , z ∈ D = C.
1
4) z 7→ f (z) = , z ∈ D = C/{1, 2}.
(z − 1)(z − 2)

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En général un ensemble de points tel que l’arc de courbe P Q de la figure à gauche est transformé
en un ensemble de points, appelé l’image, tel que l’arc P 0 Q0 de la figure à droite. La fonction
ω = f (z) définie une correspondance entre deux plans complexes.

Exemple.
La fonction f (z) = ω = z 2 est définie dans C, l’image de z1 = −2+i est le point ω1 = 3−i4
et l’image de z2 = 1 − 3i est le point ω1 = −8 − i6.

Étant donné qu’on peut écrire z ∈ C comme z = x + iy = Re(z) + i Im(z), alors on peut écrire
f (z) ∈ C, qui est aussi un nombre complexe comme

f (x + iy) = P (x, y) + iQ(x, y),

où P, Q : D ⊂ R2 −→ R et P = Re(f ) et Q = Im(f ) sont deux fonctions réelles de deux


variables x et y.

Exemple.
Soit f (z) = z 2 et z = x + iy. On a

f (z) = (x + iy)2 = x2 − y 2 + 2ixy = x2 − y 2 + i(2xy) = P (x, y) + iQ(x, y).

Donc Re(f ) = P (x, y) = x2 − y 2 et Im(f ) = Q(x, y) = 2xy.

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Définition 6.

Soit ω = f (z) une fonction à variable complexe définie sur un ouvert U ⊂ C.

i) La fonction est dite uniforme dans U si pour tout z ∈ U, f (z) possède une
valeur unique bien définie.

2i) La fonction est dite multiforme si f (z) possède plusieurs valeurs (images), cela
provient de l’argument θ d’un nombre complexe n’est défini qu’à 2kπ, k ∈ Z près
(modulo 2kπ).

Exemples.
1) ω = f (z) = z 2 est une fonction uniforme.
√ 1
2) ω = f (z) = z = z 2 est une fonction multiforme. En effet, en utilisant la
représentation géométrique de z, z = reiθ = reiθ+i2kπ , avec k ∈ Z, on trouve que
f (z) = r1/2 eiθ/2 eikπ = ±r1/2 eiθ/2 . Ainsi, z a-t-il 2 images.

2) Fonctions élémentaires
• Fonctions polynômiales sont définies par :

f (z) = P (z) = an z n + an−1 z n−1 + · · · + a1 z + a0 ,

où an 6= 0, a0 , a1 , · · · , an sont des constantes complexes et n un entier positif appelé le


degré du polynôme P (z).

• Fonctions exponentielles sont définies par

f (z) = ez = ex+iy = ex (cos y + i sin y) = ex cos y + iex sin y.

Les fonctions exponentielles complexes ont des propriétés analogues à celles des fonctions
exponentielles réelles. Ainsi par exemple

e z1
ez1 ez2 = ez1 +z2 , = ez1 −z2 .
ez2

• Fonctions trigonométriques :

eiz − e−iz eiz + e−iz sin z


sin z = , cos z = et tan z = .
2i 2 cos z

• Fonctions hyperboliques :

ez − e−z ez + e−z
shz = et chz = .
2 2

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• Fonctions logarithmiques : La fonction z → f (z) = log z, z 6= 0 est une fonction
multiforme définie comme l’inverse de la fonction exponentielle

ω = log z ⇐⇒ z = eω .

En écrivant z = |z|eiargz etω = u + iv, on obtient

z = eω ⇐⇒ |z|eiargz = eu+iv = eu ev ⇐⇒ |z| = eu et v = argz + 2kπ, k ∈ Z.

Ainsi la fonction z → log z est une fonction multiforme défini par

log z = ln |z| + i arg z = ln |z| + i(Argz + 2kπ), k ∈ Z, où − π < Argz ≤ π.

La détermination principale ou valeur principale de log z est souvent définie par

Logz = ln |z| + iArgz, où − π < Argz ≤ π.

Les propriétés suivantes sont vérifiées (modulo[2π]) :

z1
 
log(z1 z2 ) = log z1 + log z2 , log = log z1 − log z2 , log(z n ) = n log z.
z2

• Fonction z α , α ∈ C est définie par

z α = eαlogz .

Exemples.
1) log(−1) = ln |−1|+iarg(−1) = i(π +2kπ), k ∈ Z. Pour la détermination principale,
Log(−1) = iπ.
√ π
2) Log(1 + i) = ln |1 + i| + iArg(1 + i) = ln 2 + i
4
2 π π
3) i−i = e−i log i = e−i(ln |i|+iarg(i)) = e−i ( 2 +2kπ) = e 2 +2kπ , k ∈ Z.
π
La détermination principale est Log(i−i ) = e 2 .

Nous allons maintenant définir certaines caractéristiques des fonctions complexes qui seront
particulièrement utiles dans la suite. On considère les fonctions à variables complexes uni-
formes.

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3) Notion de limite
Définition 7.

Soit U ⊂ C un ouvert, f : U −→ C une fonction et z0 ∈ U . On dit que f admet une


limite l en z0 , et on note lim f (z) = l, si et seulement si
z→z0

∀ε > 0, ∃δε > 0 tel que 0 < |z − z0 | < δε ⇒ |f (z) − l| < ε.

On peut définir la limite à l’infini : f admet une limite à l’infini si lim f (z) = l ∈ C.
|z|→+∞

Remarques.
1) lim f (z) = l ⇐⇒ lim |f (z) − l| = 0.
z→z0 |z−z0 |→0

2) lim f (z) = l ⇔ f (z) tend vers la même limite suivant toutes les directions.
z→z0

3) S’il existe ∆1 et ∆2 deux directions de C tel que lim f (z) 6= lim f (z),
z→z0 , z∈∆1 z→z0 , z∈∆2
alors f n’admet pas de limite en z0 .

Proposition 8.

Si l = z→z
lim f (z) existe dans C alors l est unique.
0

En général, on utilise cette proposition pour montrer que la limite n’existe pas

Exemples.
1) Soit f (z) = z 2 . lim f (z) = f (z0 ) = z02 , car |z 2 − z02 | = |z − z0 ||z + z0 | → 0 quand
z→z0
|z − z0 | → 0.
Re(z)
2) Soit f (z) = . Calculons lim f (z).
z z→0
Re(z) x
(∆1 ) : On prend z = x, donc f (z) = = = 1 → 1 quand x → 0.
z x
Re(z) 0
(∆2 ) : z = iy donc f (z) = = = 0 → 0 quand y → 0. D’où lim f (z) =
z iy z→0 z∈∆1
1 6= lim f (z) = 0, alors lim f (z) n’existe pas.
z→0 z∈∆2 z→0

z x + iy
3) Soit f (z) = = n’a pas de limite quand z → 0. En effet :
z x − iy
x
Le long de l’axe y = 0, (z = x) : lim f (z) = lim = 1.
z→0 x→0 x
iy
Le long de l’axe x = 0, (z = iy) : lim f (z) = lim = −1.
z→0 y→0 −iy
1+i (1 + i)2 2i
Le long de l’axe y = x : lim f (z) = = = = i.
z→0 1−i (1 − i)(1 + i) 2
La limite l ne doit pas dépendre du chemin que suit z dans le plan complexe lorsque

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zt oz0 . Donc on a plusieurs valeur de l quand on fait tendre z → 0.

Proposition 9.

Si f (z) = P (x, y) + iQ(x, y), z0 = x + iy et l = a + ib, alors

lim P (x, y) = Re(l) = a,





(x,y)→(x0 ,y0 )
lim f (z) = l ⇐⇒ 
z→z 0  lim Q(x, y) = Im(l) = b.
(x,y)→(x0 ,y0 )

Démonstration : En effet, on a
q
|f (z) − l| = |P (x, y) − Re(l) + i(Q(x, y) − Im(l))| = (P (x, y) − a)2 + (Q(x, y) − b)2 .

Comme
|z − z0 | → 0
z → z0 ⇐⇒ q
⇐⇒ (x − x0 )2 + (y − y0 )2 → 0
⇐⇒ (x, y) → (x0 , y0 ),
alors

lim |f (z) − l| = 0 ⇔ lim P (x, y) = a = Re(l) et lim Q(x, y) = b = Im(l).


z→z0 (x,y)→(x0 ,y0 ) (x,y)→(x0 ,y0 )

Exemple.
Re(z)
Soit f (z) = et z = x + iy. On a
z
x x(x − iy) x2 − ixy
f (z) = = 2 =
x + iy x + y2 x2 + y 2
2
x xy
= 2 − i = P (x, y) + iQ(x, y).
x + y2 x2 + y 2

x2
Or lim n’existe pas, alors lim f (z) n’existe pas.
(x,y)→(0,0) x2 + y 2 z→0

La somme, l’opposé, le produit, quotient (quand il existe) de fonctions qui ont une limite
ont aussi une limite algébriquement calculable.

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4) Notion de continuité
Définition 10.

Soit f : U ⊂ C ←→ C. La fonction f est dite continue en z0 ∈ U si et seulement si


f (z0 ) est définie et lim f (z) = f (z0 ) (existe).
z→z0
Une fonction continue en tout point de U est dite continue sur U .

Exemples.
1) Une fonction constante est continue en tout point de C.

2) La fonction z 7→ |z| est continue en tout point de C, car il résulte de ||z| − |z0 || <
|z − z0 |.

3) Soit f la fonction définie par

z 2 si z 6= i,
(
f (z) =
0 si z = i

On a lim f (z) = i2 = −1, mais f (i) = 0. Donc lim f (z) = i2 = −1 6= f (i) et la


z→i z→i
fonction n’est pas continue en z = i.

4) Parmi les fonctions continues dans tout le plan complexe : Les polynômes, ez , sin z
et cos z.

Proposition 11.

Posons z = x + iy et f (z) = f (x + iy) = P (x, y) + iQ(x, y). La fonction f est continue


en z0 = x0 + iy0 ∈ U si et seulement si P et Q sont continues en (x0 , y0 ).

Proposition 12.

Si f et g deux fonctions de U dans C, continues en z0 ∈ U , alors f , f + g, f g sont


continues en z0 .
f
Si de plus g ne s’annule pas (g(z) 6= 0), est continue en z0 .
g

Proposition 13.

Soient U et V deux ouverts de C et z0 ∈ U . Soient f et g deux fonctions de U et V


dans C. Si f est continue en z0 , que f (U ) ⊂ V et que g est continue en f (z0 ), alors
gof est continue en z0 .

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III. Fonctions holomorphes
1) Dérivation dans le plan complexe
Par analogie avec le cas des fonctions réelles, on définit la dérivée d’une fonction complexe f
de la variable complexe z.

Définition 14.

Soient U un ouvert de C, f : U → C et z0 ∈ U.

• On dit que f est dérivable en z0 si

f (z) − f (z0 )
lim
z→z0 z − z0

df
existe et elle est finie dans C. Dans ce cas on la note f 0 (z0 ) ou (z0 ) et on
dz
l’appelle la dérivée de f au point z0 . On dit aussi que f est dérivable en z0 au
sens complexe.

• La fonction est dite holomorphe dans U si elle est dérivable en chaque point
de U .

• Une fonction est dite holomorphe en z0 si elle est holomorphe dans un disque
ouvert centré en z0 .

• Une fonction holomorphe dans C tout entier est appelée fonction entière.

Remarque.
f (z0 + h) − f (z0 )
Si on pose h = z − z0 , on aura f 0 (z0 ) = lim .
h→0 h

Exemples.
1) La fonction f (z) = z 2 est holomorphe dans C et f 0 (z) = 2z. Soit z0 ∈ C et on a

z 2 − z02 (z − z0 )(z + z0 )
lim = z→z
lim = z→z
lim (z + z0 ) = 2z0 .
z→z0 z − z0 0 z − z0 0

2) La fonction f (z) = z n , n ≥ 2 est holomorphe dans C et f 0 (z) = nz n−1 . Soit z0 ∈ C


et on a

z n − z0n (z − z0 )(z n−1 + z n−2 z0 + · · · + zz0n−2 + z0n−1 )


lim = lim = nz0n−1 .
z→z0 z − z z→z0 z − z0
0

3) La fonction f : z → z n’est pas dérivable en aucun point. En effet : Soit z0 ∈ C, on


a
f (z) − f (z0 ) z − z0 z − z0
= = .
z − z0 z − z0 z − z0

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Posons h = z − z0 , donc on a

f (z) − f (z0 ) h
lim existe ⇐⇒ lim existe.
z→z0 z − z0 h→0 h

h x h −iy
Pour h = x ∈ R, on a = = 1 et pour h = iy, on a = = −1. Donc
h x h iy

h h
lim 6= lim
h→0 h h→0 h
h=x h=iy

f (z) − f (z0 )
D’où z→z
lim n’existe pas, par suite f n’est pas holomorphe en z0 pour
0 z − z0
tout z0 ∈ C.

4) La fonction f : z → |z|2 = z · z est dérivable seulement en 0. Soit z0 = 0 et on a

f (z) − f (z0 ) |z|2 − 0 zz


= = = z.
z − z0 z z

f (z) − f (z0 )
Alors lim = lim z = 0. Donc f est dérivable en z0 = 0 et f 0 (0) = 0.
z→0 z − z0 z→0
Soit z0 6= 0 et on a

f (z) − f (z0 ) zz − z0 z0 (z − z0 )z (z − z0 )z0


= = +
z − z0 z − z0 z − z0 z − z0
z − z0
= z + z0 .
z − z0

z − z0 h f (z) − f (z0 )
Comme z→z
lim = lim n’existe pas, alors z→z
lim n’existe pas, donc
0 z − z0 h→0 h 0 z − z0
|z|2 n’est pas dérivable en z0 pour tout z0 ∈ C∗ mais elle est dérivable seulement à
l’origine z0 = 0.

Proposition 15.

Si f : U → C est dérivable en z0 ∈ U , alors elle est continue en z0 .

Démonstration : Pour tout z ∈ U \{z0 }, on a

f (z) − f (z0 )
f (z) − f (z0 ) = (z − z0 ) ⇒ lim (f (z) − f (z0 )) = 0 × f 0 (z0 ) = 0.
z − z0 z→z0

Donc f est continue en z0 . 

Remarque.
La réciproque de la proposition est fausse. Par exemple f (z) = |z| est continue en z0 = 0,
|z| − 0 x
mais elle n’est pas dérivable en 0. En effet, pour z = x > 0 on a lim = lim = 1
z→0 z x→0 x

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|z| − 0 y 1
et pour z = iy, y > 0, on a lim = lim = 6= 1.
z→0 z y→0 iy i

Toutes les règles de dérivation connues dans R restent valables dans C. On a les propriétés
suivantes :
Proposition 16.

Soient f , g deux fonctions holomorphes dans U , et soit λ ∈ C. Alors les fonctions


f
f + g, αf, f g, (à la condition que g ne s’annule en aucun point de U ) et pour tout
g
n ∈ N, f n sont holomorphes dans U , et leurs dérivées sont :

i) (f + g)0 (z) = f 0 (z) + g 0 (z).

2i) (αf )0 (z) = αf 0 (z).

3i) (f g)0 (z) = f 0 g(z) + f g 0 (z).


!0
f (f 0 (z)g(z) − f (z)g 0 (z))
4i) (z) = .
g g 2 (z)

5i) (f n )0 (z) = nf n−1 (z)f 0 (z).

Exemples.
z−i
1) f (z) = est dérivable au point z = i. Pour z 6= −i, on a
z+i

(z + i) × 1 − (z − i) × 1 2i
f 0 (z) = = .
(z + i)2 (z + i)2

2i 1
Donc au point z = i, on a f 0 (i) = = .
(2i) 2 2i
2) f (z) = (z − 2i)3 est dérivable au point z = 1 + 2i. On a f 0 (z) = 3(z − 2i)2 , donc
f 0 (1 + 2i) = 3(1 + 2i − 2i) = 3.

Proposition 17.

Soient f : U → C et g : V → C des fonctions holomorphes respectivement dans U et


dans V , et telles que f (U ) ⊆ V.
Alors g ◦ f : U → C est holomorphe dans U , et sa dérivée est

(g ◦ f )0 (z) = (g 0 ◦ f )(z)f 0 (z).

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2) Conditions de Cauchy-Riemann
Théorème 18.

Soit D un ouvert connexe dans C et f (z) = P (x, y) + iQ(x, y) une fonction de D dans
C.
∂P ∂P ∂Q ∂Q
Si f est holomorphe dans D, alors les dérivées partielles , , et existent
∂x ∂y ∂x ∂y
en tout point de D, et vérifient les conditions de Cauchy-Riemann

∂P ∂Q ∂P ∂Q
= et =− .
∂x ∂y ∂y ∂x

∂P ∂P ∂Q ∂Q
Réciproquement, Si les dérivées partielles, , et continues dans D,
∂x ∂y ∂x ∂y
et vérifient les conditions de Cauchy-Riemann, alors la fonction f est holomorphe
dans D.

Démonstration : (Facultatif)
Condition nécessaire: Puisque f = P + iQ est holomorphe, en tout point z0 = x0 + iy0 de
D, on a

f (z) − f (z0 ) P (x, y) − P (x0 , y0 ) + i(Q(x, y) − Q(x0 , y0 ))


f 0 (z0 ) = lim = lim .
z→z0 z − z0 (x,y)→(x0 ,y0 ) x − x0 + i(y − y0 )

En choisissant y = y0 , x → x0 , on obtient

P (x, y0 ) − P (x0 , y0 ) + i(Q(x, y0 ) − Q(x0 , y0 ))


f 0 (z0 ) = lim
x→x0 x − x0
P (x, y0 ) − P (x0 , y0 ) Q(x, y0 ) − Q(x0 , y0 )
= lim + i lim
x→x0 x − x0 x→x 0 x − x0
∂P ∂Q
= (x0 , y0 ) + i (x0 , y0 )
∂x ∂x
et en choisissant x = x0 , y → y0 , on obtient

P (x0 , y) − P (x0 , y0 ) + i(Q(x0 , y) − Q(x0 , y0 ))


f 0 (z0 ) = lim
y→y0 y − y0
P (x0 , y) − P (x0 , y0 ) Q(x0 , y0) − Q(x0 , y0 )
= x→x
lim + i y→y
lim
0 y − y0 0 y − y0
∂P ∂Q
= (x0 , y0 ) − i (x0 , y0 ).
∂y ∂y

Alors
∂P ∂Q ∂P ∂Q
f 0 (z0 ) = (x0 , y0 ) + i (x0 , y0 ) = (x0 , y0 ) − i (x0 , y0 ).
∂x ∂x ∂y ∂y
On en déduit que P et Q vérifient les conditions de Cauchy-Riemann.
Condition suffisante : Soit z = x + iy ∈ D et soit h = h1 + ih2 ∈ C∗ tel que z + h ∈ D. Les
∂P ∂P
dérivées partielles et étant supposées continues, alors en utilisant le développement de
∂x ∂y

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Taylor à l’ordre 1, on obtient

f (z + h) − f (z) = P (x + h1 , y + h2 ) − P (x, y) + i[Q(x + h1 , y + h2 ) − Q(x, y)]


∂P ∂P ∂Q ∂Q
= h1 (x, y) + h2 (x, y) + ih1 (x, y) + ih2 (x, y) + (ε1 + iε2 )(h1 + ih2 ),
∂x ∂y ∂x ∂y

où ε1 → 0 et ε2 → 0 quand h1 → 0 et h2 → 0. D’après les équations de Cauchy-Riemann, on


aura
∂P ∂Q
f (z + h) − f (z) = (h1 + ih2 ) (x, y) + i(h1 + ih2 ) (x, y) + (ε1 + iε2 )(h1 + ih2 ).
∂x ∂x
D’où en divisant par h = h1 + ih2 et faisant tendre h vers 0, on voit que

f (z + h) − f (z) ∂P ∂Q
f 0 (z) = lim = (x, y) + i (x, y).
h→0 h ∂x ∂x


Remarque.
L’existence des dérivées partielles en un point ne suffit pas pour l’existence de la dérivée
comme dans l’exemple suivant.

Exemple.
Soit la fonction f : C → C définie par

−1

e z4 si z 6= 0
f (z) =  .
0 si z = 0

La dérivée en z = 0 suivant la droite y = x n’est pas définie. En effet, on a (x + ix)4 =


x4 (1 + i)4 = −4x4 , alors
1 1
f (x + ix) − f (0) e x4 − 0 1 e x4
lim = lim = lim = ∞.
x→0 x + ix x→0 x(1 + i) 1 + i x→0 x

Cependant, les dérivées partielles de P et Q en (0, 0) sont toutes égales à zéro. Par
exemple,
−1
∂P P (x, 0) − P (0, 0) P (x, 0) e x4
(0, 0) = lim = lim = lim = 0.
∂x x→0 x x→0 x x→0 x

Proposition 19.

Soit D un ouvert connexe dans C. Si f = P + iQ est holomorphe dans D, alors la


dérivée de f est donnée par

∂P ∂Q ∂Q ∂P
f 0 (z) = +i = −i , z ∈ D.
∂x ∂x ∂y ∂y

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Exemples.
1) On considère la fonction définie par f (z) = z 2 . On a f (z) = (x+iy)2 = x2 −y 2 +2ixy,
d’où P (x, y) = x2 − y 2 et Q(x, y) = 2xy. Alors

∂P ∂Q ∂P ∂Q
= 2x = , = −2y = − .
∂x ∂y ∂y ∂x

Donc les conditions de Cauchy-Riemann sont vérifié en tout point de C. On conclut


que P (x, y) et Q(x, y) admettent des dérivées partielles en tout z ∈ C et elles sont
continues donc la fonction f (z) = z 2 est holomorphe dans C et on a

∂P ∂Q
f 0 (z) = +i = 2x + 2iy = 2z.
∂x ∂x

2) Soit f (z) = ez = ex cos y + iex sin y. Posons P (x, y) = ex cos y et Q(x, y) = ex sin y
et on a
∂P ∂Q
= ex cos y, = ex sin y.
∂x ∂y
∂P ∂Q
= −ex sin y, = ex sin y.
∂y ∂x
Les dérivées partielles existent et elles sont continues, donc f est holomorphe dans
C et on a
∂P ∂Q
f 0 (z) = +i = ex cos y + iex sin y = ex (cos y + i sin y) = ez .
∂x ∂x

3) (sin z)0 = cos z et (cos z)0 = − sin z (voir TD).

4) Soit la fonction définie par f (z) = f (x + iy) = Re(z) = x. On a P (x, y) = x et


Q(x, y) = 0. Alors
∂P ∂Q
= 1 6= = 0.
∂x ∂y
Donc la fonction f n’est pas holomorphe dans C.

5) Soit la fonction définie par f (z) = f (x + iy) = z = x − iy. On a P (x, y) = x et


Q(x, y) = −y. Alors

∂P ∂Q ∂P ∂Q
= 1 6= = −1 et =0= .
∂x ∂y ∂y ∂x

Donc la fonction f n’est pas holomorphe dans C.

Dans le théorème suivant, on exprime les conditions de Cauchy-Riemann avec les coordonnées
polaires r et θ.

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Théorème 20 (Conditions polaires de Cauchy-Riemann).

Soit z = reiθ = r cos θ + ir sin θ et f : D ⊆ C → C telle que f (z) = P (x, y) + iQ(x, y).
Posons U (r, θ) = P (r cos θ, r sin θ) et V (r, θ) = Q(r cos θ, r sin θ), alors

1 ∂V 1 ∂U

∂U ∂V
i) = , =−



∂r r ∂θ r ∂θ ∂r



f est holomorphe sur D ⇐⇒
∂U ∂U ∂V ∂V


2i) et sont continues dans D.

, ,



∂r ∂θ ∂r ∂θ

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