Courbes Surfaces
Courbes Surfaces
Courbes Surfaces
COURBES ET SURFACES
Amaury Freslon
2018 – 2019
AVANT-PROPOS
Ce document a été le support d’un course intitulé Courbes et surfaces donné à l’Université
Paris-Sud de 2015 à 2019. La présente version est le fruit de ces quatre années d’élaboration, et
nous le rendons publiquement disponible dans l’espoir qu’elle pourra être utile à un enseignant
ou à un étudiant. Dans cette perspective, nous avons également inclus les exercices traités dans
les TD du cours et leurs corrigés, ainsi qu’un formulaire de rappels sur la trigonométrie circulaire
et la trigonométrie hyperbolique qui était distribué à tous les étudiants. Toutes les figures planes
ont été réalisées à l’aide de GeoGebra. Quant aux surfaces, elles sont issues de la bibliothèque
3D-XploreMath.
TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 2 Coniques 27
2.1 Définition par foyer et directrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.1.2 Classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1.3 Coniques à centre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.2 Courbes du second degré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.2.1 Réduction de l’équation quadratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.2.2 Cas dégénérés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.3 Cas non-dégénérés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.4 Discriminant et trace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.3 Sections coniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.3.1 Équation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.3.2 Classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.3.3 Foyer et directrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Table des matières
Chapitre 3 Surfaces 47
3.1 Nappes paramétrées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.1.1 Rappels sur les fonctions de deux variables . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.1.2 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.1.3 Changement de paramétrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2 Étude locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2.1 Plan tangent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2.2 Vecteur normal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.3 Nappes régulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3 Courbes sur une surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3.1 Vecteurs tangents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.3.2 Courbure normale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.4 Courbure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.4.1 Courbure de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.4.2 Position par rapport au plan tangent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.4.3 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.4.4 Courbure et déterminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.5 Aire d’une surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.5.1 Approximation par des parallélogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.5.2 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.5.3 Lien avec la première forme fondamentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.6 Surfaces définies par une équation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.6.1 Graphe d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.6.2 Paramétrage local . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.6.3 Exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3.7 Variétés différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.7.1 Cartes et atlas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.7.2 Qu’est-ce qu’une surface ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Chapitre 4 Exercices 81
4.1 Courbes planes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.1.1 Études de courbes en coordonnées cartésiennes . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.1.2 Études de courbes en coordonnées polaires . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.1.3 Exercices complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.2 Coniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.2.1 Définitions des coniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.2.2 Études géométriques de coniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.2.3 Exercices complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.3 Surfaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.3.1 Plan tangent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.3.2 Courbure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.3.3 Exercices complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
– iv –
Table des matières
– v –
CHAPITRE 1
COURBES PLANES
Dans ce premier chapitre nous allons étudier les courbes planes, c’est-à-dire les courbes
tracées dans un plan. La géométrie affine est donc le cadre naturel dans lequel nous allons
travailler. C’est la raison pour laquelle nous rappelons quelques éléments concernant le plan
affine. L’ensemble R2 peut être considéré comme un espace vectoriel de dimension 2 appelé plan
vectoriel, ses éléments étant alors des vecteurs. Cependant, on peut également le voir comme
un espace affine appelé plan affine. Dans ce cas, les éléments de R2 sont des points. À deux
−−→
points A et B du plan affine est associé un vecteur du plan vectoriel noté AB. Réciproquement,
si A est un point du plan affine et si ~u un vecteur du plan vectoriel, il existe un unique point B
−−→
du plan affine tel que AB = ~u. On pourra alors écrire
B = A + ~u.
Pour décrire un vecteur, il suffit d’une base de l’espace vectoriel, qui sera constituée de deux
vecteurs ~i et ~j non colinéaires. Pour repérer un point dans le plan affine, nous aurons besoin
d’un repère constitué d’un point O et d’une base (~i, ~j) de l’espace vectoriel. Un tel repère sera
en général noté R = (O,~i, ~j). Si A est un point du plan, ses coordonnées (x, y) dans le repère R
vérifient
−→
OA = x~i + y~j.
Dans le plan vectoriel, on dispose de la norme euclidienne k · k pour mesurer les vecteurs. Dans
le plan affine, on utilise la distance euclidienne pour mesurer la distance entre deux points selon
la formule suivante :
−
−→
d(A, B) =
AB
.
Si un repère orthonormé est fixé, la distance entre le point de coordonnées (x1 , y1 ) et le point
de coordonnées (x2 , y2 ) est donc
q
(x1 − x2 )2 + (y1 − y2 )2 .
Dans la suite, nous utiliserons la notation R2 pour désigner indifféremment le plan vectoriel et
le plan affine (qui sera simplement appelé plan). Si une base et un repère correspondant sont
fixés, tout couple de réels peut désigner un vecteur ou un point. Afin d’éviter les confusions,
nous noterons en général les vecteurs avec une flèche. De plus, les coordonnées d’un point seront
écrites en ligne, par exemple
M = (x, y),
tandis que les coordonnées d’un vecteur seront écrites en colonnes, par exemple
!
x
~v = .
y
Chapitre 1. Courbes planes
1.1.1 Définition
Définir mathématiquement ce qu’est une courbe n’est pas évident. Il s’agit bien sûr d’une
partie du plan, mais comment décrire le fait qu’elle un objet "à une dimension" ? Comment
caractériser son caractère lisse ou régulier ? L’idée fondamentale de la géométrie différentielle
qui va nous guider ici est d’aborder les courbes d’un point de vue analytique, en les voyant
comme des images de fonctions de R and R2 . C’est pourquoi la notion fondamentale qui va
nous intéresser est la suivante :
Définition 1.1.1. Un arc paramétré de classe C k est une application
γ : I −→ R2
Il s’agit d’un arc de classe C ∞ dont le support est la droite dirigée par ~v et passant par le point
de coordonnées (a, b). Notons que (a, b) = γ(0), donc γ(t) = γ(0) + t~v . Plus généralement, pour
tout t0 dans R on a
Fixons un repère R = (O,~i, ~j) du plan. Alors, un arc paramétré est donné par deux fonctions
x, y : I → R via la décomposition
γ(t) = (x(t), y(t)).
De plus, γ est de classe C k si et seulement si x et y sont de classe C k . Les fonctions x et y seront
appelées coordonnées cartésiennes de γ. Nous utiliserons souvent cette description dans la suite,
la plupart du temps en ne précisant pas le repère R, qui sera alors le repère canonique de R2 ,
à savoir ! !!
1 0
Rcan = (0, 0), , = (O,~i, ~j).
0 1
Il s’agit d’un arc de classe C ∞ dont le support est le cercle de centre (a, b) et de rayon R.
– 2 –
1.1. Arcs paramétrés
Dans l’exemple précédent, la fonction γ est 2π-périodique. Elle repasse donc plusieurs fois
par le même point du plan. Il s’agit là d’un phénomène important.
Définition 1.1.6. Soit γ : I → R2 un arc paramétré. Un point M du support de γ est dit
multiple s’il existe t, t0 ∈ I tels que t 6= t0 et γ(t) = M = γ(t0 ).
Dans l’exemple 1.1.5, tous les points sont multiples mais ceci n’est du qu’à la périodicité du
paramétrage. La restriction de γ à l’intervalle [0, 2π[, elle, est injective et l’arc paramétré γ|[0,2π[
n’a donc pas de point multiple. Le cercle est un exemple de courbe simple au sens suivant :
Définition 1.1.7. Un arc paramétré γ : I → R2 est dit simple si γ est injectif. Une courbe C
est dite simple si elle admet un paramétrage simple.
Il existe des courbes qui ne sont pas simples, c’est-à-dire qui n’admettent pas de paramétrage
injectif.
Exemple 1.1.8. Soit γ : [0, 2π] → R2 l’arc paramétré de classe C ∞ défini par
γ(t) = (sin2 (t) cos(t) − sin(t) cos(t)2 , sin2 (t) cos(t) + sin(t) cos(t)2 ).
Alors, γ(π/2) = (0, 0) = γ(π). Cependant, la courbe n’a pas la même "direction" (ce terme peut
être rendu rigoureux grâce à la notion de tangente que nous introduirons à la Section 1.3.1)
quand elle passe par l’origine à ces deux instants et il faut donc passer deux fois par l’origine
pour décrire toute la courbe.
Un point multiple qu’on ne peut faire disparaître en changeant le paramétrage est parfois
appelé une auto-intersection de la courbe. Il n’est pas évident de définir géométriquement l’auto-
intersection. Une intuition topologique pourrait être la suivante : un point M ∈ C est une
auto-intersection si aucun voisinage de M dans C (pour la topologie induite par R2 ) n’est
homéomorphe à un intervalle. Du point de vue du paramétrage, une auto-intersection est un
point au voisinage duquel γ n’est pas un homéomorphisme local.
• ϕ est bijective.
– 3 –
Chapitre 1. Courbes planes
Un arc reparamétré peut parfois avoir une forme plus simple qui permet alors d’identifier
son support.
Exemple 1.1.10. Considérons l’arc paramétré γ : R+ ∗ → R 2 défini en coordonnées cartésiennes
par
γ(t) = (t2 , 2 log(t))
√
La fonction t 7→ t est un C ∞ -difféomorphisme de R+ ∗ vers R ∗ que nous noterons ϕ. L’arc
+
reparamétré par ϕ est √ 2 √
γ ◦ ϕ(t) = (( t) , 2 log( t)) = (t, log(t)).
On voit ainsi que le support de γ est le graphe de la fonction logarithme.
Dans la suite, nous allons étudier plusieurs propriétés des courbes du plan en utilisant leur
paramétrage. Toutefois, pour qu’une propriété ait vraiment un sens géométrique, il ne faut pas
qu’elle dépende du paramétrage. C’est pourquoi nous appelerons géométriques les propriétés
d’un arc paramétré qui sont invariantes par changement de paramétrage. Pour conclure cette
section, nous donnons un critère qui sera utilisé plus tard pour montrer qu’une fonction est un
difféomorphisme.
Proposition 1.1.11. Soit ϕ : I → J une application bijective de classe C k telle que ϕ0 (t) 6= 0
pour tout t ∈ I. Alors, ϕ est un C k -difféomorphisme.
Proof. Comme ϕ0 ne s’annule pas sur I, on sait que ϕ−1 est dérivable et que sa dérivée au point
s ∈ J est
1
(ϕ−1 )0 (s) = 0 . (1.1)
ϕ ◦ ϕ−1 (s)
Nous allons maintenant procéder par récurrence sur k. Si ϕ est de classe C 1 , alors ϕ0 est continue
donc, d’après l’équation (1.1), (ϕ−1 )0 est continue, ce qui signifie que ϕ−1 est de classe C 1 .
Supposons le résultat vrai pour un entier k > 1 et considérons ϕ de classe C k+1 . En particulier,
ϕ est de classe C k donc par hypothèse de récurrence ϕ−1 est de classe C k . Il suit d’après l’Équation
(1.1) que (ϕ−1 )0 est de classe C k et donc que ϕ−1 est de classe C k+1 .
– 4 –
1.2. Branches infinies
Soit γ : I → R2 un arc paramétré. Nous allons dans cette section commencer notre étude de
γ par son comportement asymptotique. Nous nous intéressons donc à la façon dont le support
de γ se comporte vers l’infini, c’est à dire quand t tend vers une des extrémités de I. Dans la
suite, les extrémités d’un intervalle peuvent être ±∞.
Définition 1.2.1. Soit γ : I → R2 un arc paramétré et soit t0 une extrémité de I. Le support
de l’arc paramétré γ possède une branche infinie quand le paramètre tend vers t0 si
Il existe deux types de branches infinies, que nous allons maintenant étudier.
1.2.1 Asymptotes
Une asymptote est une droite fixée dont la branche infinie se rapproche. Pour donner une
définition rigoureuse de cet objet, rappelons la notion de distance à une droite dans R2 . Soit M
un point du plan et soit D une droite. La distance de M à D est définie comme
d(M, D) = d(M, P ),
Définition 1.2.2. Soit D une droite. On dit que le support de γ admet D comme asymptote
quand t tend vers t0 si
d(γ(t), D) −→ 0.
t→t0
Cette définition géométrique a l’inconvénient de n’être pas facile à vérifier en pratique. Nous
allons donc donner une caractérisation équivalente en termes de coordonnées cartésiennes de γ.
ax(t) + by(t) −→ c.
t→t0
– 5 –
Chapitre 1. Courbes planes
→
−
Proof. Soit N le vecteur de coordonnées (a, b). Si M = (x1 , y1 ) et M 0 = (x2 , y2 ) sont des points
de D, on a
−−−→0 →
−
MM , N = a(x1 − x2 ) + b(y1 − y2 )
= (ax1 + by1 ) − (ax2 + by2 )
= c−c
= 0.
→
−
Ainsi, N est un vecteur normal à D. Considérons maintenant le point γ(t) et P son projeté
orthogonal sur D, dont les coordonnées serons notées (α, β). Par définition du projeté orthogonal,
−−−→ →
−
le vecteur γ(t)P est colinéaire à N , donc
−−−→
d(γ(t), P ) =
γ(t)P
D−−−→ → − E
P γ(t), N
=
→
−
N
|a(x(t) − α) + b(y(t) − β)|
= √ .
a2 + b2
1
d(γ(t), P ) = √ |ax(t) + by(t) − c| .
a2 + b2
Ce résultat permet de constater que les asymptotes sont des propriétés géométriques au
sens où elles sont invariantes par changement de paramétrage. En effet, si ϕ : J → I est un
changement de paramétrage de classe C k et si s0 = ϕ−1 (t0 ), ψ = γ ◦ ϕ a une branche infinie en
s0 si et seulement si γ à une branche infinie en t0 . De plus, en posant ψ(s) = (xψ (s), yψ (s)), on
a
lim axψ (s) + byψ (s) = lim ax(t) + by(t).
s→s0 t→t0
• Si
lim x(t) = ±∞ et lim y(t) = c,
t→t0 t→t0
la courbe possède une asymptote horizontale quand le paramètre tend vers t0 d’équation
y = c.
• Si
lim y(t) = ±∞ et lim x(t) = c,
t→t0 t→t0
la courbe possède une asymptote verticale quand le paramètre tend vers t0 d’équation
x = c.
• Si
lim y(t) − ax(t) = c,
t→t0
la courbe possède une asymptote oblique quand le paramètre tend vers t0 d’équation y =
ax + c.
– 6 –
1.3. Étude locale
• Si
y(t)
lim = 0,
t→t0 x(t)
• Si
y(t)
lim = ±∞,
t→t0 x(t)
• Si
y(t)
lim = a 6= 0 et lim y(t) − ax(t) = ±∞,
t→t0 x(t) t→t0
Dans cette section, nous allons entamer l’étude dite locale de la courbe. Cela signifie que
nous allons nous intéresser au comportement de la courbe au voisinage d’un point fixé. Il y a
essentiellement deux notions qui entrent en jeu : la tangente et la courbure. Nous allons nous
concentrer pour l’instant sur la première, la seconde faisant l’objet de la section 1.5. Rappelons
que si I est un intervalle, un point t ∈ I est dit intérieur s’il n’est pas une des extrémités de I.
1.3.1 Tangente
Soit γ : I → R2 un arc de classe C 1 et soit t0 ∈ I un point intérieur. Intuitivement, la
tangente à la courbe en un point est la droite (si elle existe) qui approche le mieux la courbe
en ce point. Notre but est de déterminer à quelle condition une telle droite existe et comment
la décrire. Dans le cas d’une fonction d’une variable réelle f : R → R, la tangente est donnée
par la fonction dérivée de f , ou plus précisément par son développement limité à l’ordre 1.
Considérant l’arc paramétré γ en coordonnées cartésiennes, nous commençons donc par écrire
les développements limités à l’ordre 1 des fonctions x et y :
(
x(t) = x(t0 ) + x0 (t0 )(t − t0 ) + (t − t0 )εx (t − t0 )
y(t) = y(t0 ) + y 0 (t0 )(t − t0 ) + (t − t0 )εy (t − t0 )
avec εx (t), εy (t) → 0 quand t → 0. Ces équations permettent d’obtenir un analogue du dévelop-
pement limité pour la fonction γ :
!
x0 (t0 ) + εx (t − t0 )
γ(t) = (x(t0 ), y(t0 )) + (t − t0 )
y 0 (t0 ) + εy (t − t0 )
! !
x0 (t0 ) εx (t − t0 )
= γ(t0 ) + (t − t0 ) + (t − t0 )
y 0 (t0 ) εy (t − t0 )
= γ(t0 ) + (t − t0 )→
−
γ 0 (t0 ) + (t − t0 )→
−
ε (t − t0 )
→
−
= ψ(t) + (t − t ) ε (t − t )
0 0
– 7 –
Chapitre 1. Courbes planes
où l’on a posé ψ(t) = γ(t0 ) + (t − t0 )→ −γ 0 (t0 ). Comme le suggère la notation, nous considérerons
→
− 0
désormais γ (t0 ) comme un vecteur, appelé vecteur tangent à la courbe au point γ(t0 ). Suppo-
sons que →
−γ 0 (t0 ) 6= ~0. Alors, d’après l’Exemple 1.1.4, le support de l’arc paramétré ψ est la droite
dirigée par →
− γ 0 (t0 ) et passant par γ(t0 ). Comme
d(γ(t), ψ(t)) = k(t − t )→0
−ε (t − t )k
0
q
= (t − t20 )εx (t − t0 )2 + (t − t20 )εy (t − t0 )2
−→ 0,
t→t0
Donc, →
−
γ 0 (t) = ~v et le support de γ est sa propre tangente en tout point.
Exemple 1.3.3. Considérons l’arc paramétré γ : t 7→ (a + R cos(t), b + R sin(t)) de l’exemple
1.1.5. On a (
x0 (t) = −R sin(t)
y 0 (t) = R cos(t)
!
−−−→ R cos(t)
Soit C le point de coordonnées (a, b). Alors, le vecteur Cγ(t) a pour coordonnées ,
R sin(t)
donc
D−−−→
Cγ(t), →
−
E
γ 0 (t) = −R2 cos(t) sin(t) + R2 sin(t) cos(t)
= 0.
−−−→
Ainsi, le vecteur tangent au point γ(t) est orthogonal à Cγ(t), donc la tangente en ce point est
bien la tangente usuelle au cercle.
– 8 –
1.3. Étude locale
La tangente est a priori un objet de nature géométrique et ne devrait par conséquent pas
dépendre du paramétrage. Comme expliqué au début de ce chapitre, nous allons donc montrer
que si l’on effectue un changement de paramétrage, la tangente reste la même.
Comme ϕ est un difféomorphisme, ϕ0 (s0 ) 6= 0 donc le point ψ(s0 ) est régulier. De plus, la
tangente est une droite passant par γ(t0 ) et dirigée par →
−
γ 0 (t0 ), donc elle est confondue avec la
tangente calculée à partir de γ.
Nous avons défini la tangente par un point et un vecteur directeur, mais une droite peut
également être décrite par une équation cartésienne. Nous allons donc maintenant établir une
équation de la tangente.
~u, →
−
γ 0 (t0 ) = 0,
D M
donc un point de coordonnées (x, y) appartient à la tangente à la courbe en γ(t0 ) si et
−−−−−→E
seulement si ~u, M γ(t0 ) = 0. Explicitons ce produit scalaire :
D −−−−−→E
0 = ~u, M γ(t0 )
= −y 0 (t0 )(x(t0 ) − x) + x0 (t0 )(y(t0 ) − y)
= y 0 (t0 )(x − x(t0 )) − x0 (t0 )(y − y(t0 )),
d’où le résultat.
– 9 –
Chapitre 1. Courbes planes
Quand →−γ 0 (t0 ) s’annule, on dit que le point γ(t0 ) est singulier. Dans ce cas, le raisonnement
précédent pour définir la tangente ne fonctionne plus. Cependant, l’équation de la tangente a été
obtenue en utilisant le développement limité de γ à l’ordre 1. Pour étudier le comportement de
la courbe au voisinage d’un point singulier, il suffit donc de pousser plus loin le développement
limité. Dans la suite, on notera p le plus petit entier tel que γ (p) (t0 ) 6= 0. Par analogie avec le
cas des points réguliers, on peut poser la définition suivante.
Définition 1.3.7. Soit γ(t0 ) un point singulier. La tangente au support de γ au point γ(t0 ) est
la droite passant par γ(t0 ) et dirigée par →
−
γ (p) (t0 ).
Remarquons que dans ce cas un paramétrage de la tangente au point γ(t0 ) est donné par
(t − t0 )p →
−
t 7→ γ(t0 ) + γ (p) (t0 )
p!
qui est donc une demi-droite si p est pair. Dans ce cas, parler de tangente est incorrect puisqu’on
a en fait un point dit de rebroussement 1 . Cette notion de tangente est insuffisante pour décrire la
courbe au voisinage du point. Pour préciser le comportement, il nous faut une seconde direction.
Notons q le plus petit entier tel que les vecteurs →−γ (p) (t0 ) et →
−
γ (q) (t0 ) ne sont pas colinéaires et
notons X(t) et Y (t) les coordonnées de γ(t) dans le repère
Rt0 = (γ(t0 ), →
−
γ (p) (t0 ), →
−
γ (q) (t0 )).
(t − t0 )p
X(t) =
+ o((t − t0 )p )
p!
(t − t0 )q
Y (t) = + o((t − t0 )q )
q!
(t − t0 )p →
− (t − t0 )q →
−
γ(t) = γ(t0 ) + γ (p) (t0 ) + · · · + γ (q) (t0 ) + o((t − t0 )q ).
p! q!
(t − t0 )q
Y (t) = + o((t − t0 )q ).
q!
(t − t0 )r
= o ((t − t0 )p ) ,
r!
– 10 –
1.3. Étude locale
– 11 –
Chapitre 1. Courbes planes
L’étude précédente a aussi un sens quand le point est régulier. Dans ce cas, p = 1 et on
ne peut donc pas avoir de point de rebroussement. La parité de q permet alors de connaître
la position de la courbe par rapport à sa tangente. En effet, si q est pair alors la courbe reste
toujours du même côté de sa tangente tandis que si q est impair, la courbe traverse sa tangente.
Nous avons maintenant les outils pour étudier des arcs paramétrés du plan. Un telle étude
se fait par étapes suivant le plan suivant :
5. Représentation graphique (à main levée). Il peut être utile ici de calculer les coordonnées
de certains points particuliers ainsi que les tangentes en ces points.
1.5 Courbure
Au voisinage d’un point régulier, nous savons décrire la courbe en l’approchant par une
droite. Cette droite nous donne des informations sur la vitesse et le sens de parcours. Toutefois,
si la courbe n’est pas une droite elle tourne dans le plan au cours du temps, et la tangente ne
nous donne aucune information sur ce mouvement de rotation. Pour tenter de comprendre ce
phénomène, nous allons maintenant essayer d’approcher la courbe par un cercle.
→
− →
−γ 0 (t0 )
T (t0 ) = →
−
k γ 0 (t0 )k
qui est un vecteur de norme 1. Ce vecteur dirige la tangente à la courbe au point γ(t0 ), et nous
voulons le compléter en un repère du plan adapté à l’étude de la courbe au voisinage de γ(t0 ).
– 12 –
1.5. Courbure
→
− →
−
Définition 1.5.1. La normale à la courbe au point γ(t0 ) est le vecteur N (t0 ) image de T (t0 )
par la rotation vectorielle d’angle π/2.
Si le cercle que nous cherchons a pour tangente au point γ(t0 ) la tangente à la courbe en ce
même point, cela signifie que son centre est sur la droite perpendiculaire à la tangente et passant
par γ(t0 ). Autrement dit, nous cherchons un cercle dont le centre est sur la droite dirigée par
→
−
N (t0 ) et passant par γ(t0 ). Ceci suggère un repère du plan dans lequel les calculs seront plus
simples.
→
− →
−
Définition 1.5.2. Le repère de Frenet au point γ(t0 ) est le repère γ(t0 ), T (t0 ), N (t0 ) .
Notons (X(t), Y (t)) les coordonnées de γ(t) dans le repère de Frenet au point γ(t0 ). On peut
décomposer les vecteurs vitesse et accélération de la courbe dans ce repère de la façon suivante :
(
→
− →
−
γ 0 (t0 ) = δ T (t0 )
→
− →
− →
−
γ 00 (t0 ) = α T (t0 ) + β N (t0 )
Comme pour la tangente, les développements limités des coordonnées vont nous mener à l’objet
que nous cherchons. On a
X(t) = X(t0 ) + (t − t0 )X 0 (t0 ) + (t − t0 )2 X 00 (t0 ) + o (t − t0 )2
= δ(t − t0 ) + α(t − t0 )2 + o (t − t0 )2
= δ(t − t0 ) + o(t − t0 ).
(t − t0 )2 00
Y (t) = Y (t0 ) + (t − t0 )Y 0 (t0 ) + Y (t0 ) + o((t − t0 )2 ))
2
(t − t0 )2
= β + o((t − t0 )2 )).
2
Soit R le rayon du cercle que nous cherchons. Son centre doit donc avoir pour coordonnées dans
le repère de Frenet (0, R) ce qui donne comme équation dans ce même repère
X 2 + (Y − R)2 = R2 .
(t − t0 )2
X(t)2 + (Y (t) − R)2 = R2 + δ 2 (t − t0 )2 − 2Rβ + o (t − t0 )2
2
= R + δ − βR (t − t0 ) + o (t − t0 )2 .
2 2 2
Supposons que β 6= 0. Alors, le cercle qui approche le mieux la courbe est visiblement celui de
rayon
δ2
R= .
β
– 13 –
Chapitre 1. Courbes planes
Comme dans le cas de la tangente, nous avons vu apparaître une condition de régularité
nécessaire pour pouvoir approcher la courbe par un cercle. Remarquons que la condition β 6= 0
est équivalente à la non-colinéarité des vecteurs →
−
γ 0 (t0 ) et →
−
γ 00 (t0 ).
Définition 1.5.3. Un point γ(t ) est dit birégulier si les vecteurs →
0
−
γ 0 (t ) et →
0
−
γ 00 (t ) ne sont pas
0
colinéaires. Dans ce cas, le cercle de centre (0, R) et de rayon |R| est appelé cercle osculateur 2
à la courbe au point γ(t0 ). Son centre est appelé centre de courbure au point γ(t0 ) et son rayon
est appelé rayon de courbure au point γ(t0 ).
det(~u, ~v ) = ad − bc.
Cette définition utilise les coordonnées des vecteurs dans la base canonique mais son utilité vient
du fait que le déterminant peut être calculé dans n’importe quelle base. Rappelons qu’une base
orthonormée (~v1 , ~v2 ) est dite directe is ~v2 est l’image de ~v1 par la rotation vectorielle d’angle
π/2.
Lemme 1.5.5. Soit (~v1 , ~v2 ) une base orthonormée directe de R2 et soient
– 14 –
1.5. Courbure
Proof. Notons (x1 , y1 ) et (x2 , y2 ) les coordonnées respectives de ~v1 et ~v2 dans la base canonique.
On a alors
α1 α2 − α1 α2 = 0.
β1 β2 − β2 β1 = 0.
α1 β2 − β1 α2 .
β1 α2 − α1 β2 .
On a donc
det (→
−
γ 0 (t0 ), →
−
γ 00 (t0 ))
cγ (t0 ) = .
k→
− 3
γ 0 (t )k 0
Proof. Si le point γ(t0 ) n’est pas birégulier, le déterminant est nul et cγ (t0 ) = 0. Nous suppo-
serons donc désormais que le point γ(t0 ) est birégulier et nous nous placerons dans le repère de
Frenet. Comme le repère de Frenet est orthonormé et direct, on peut calculer le déterminant
avec les coordonnées précédentes d’après le Lemme 1.5.5. On a donc
det (→
−
γ 0 (t0 ), →
−
γ 00 (t0 )) 1 δ α
=
k→
− 3
|δ|3 0 β
γ 0 (t0 )k
βδ
= 3
|δ|
β 1
= 2 = .
δ R
Comme pour la tangente, la courbure est une propriété géométrique de la courbe et devrait
donc être invariante par changement de paramétrage. Ceci n’est vrai qu’au signe près, ce que
nous allons maintenant montrer.
– 15 –
Chapitre 1. Courbes planes
En utilisant la bilinéarité du déterminant et le fait que le déterminant d’une famille liée est nul,
on voit que
→
− →
−
det ψ 0 (s0 ), ψ 00 (s0 ) = ϕ0 (s0 )ϕ00 (s0 ) det → −
γ 0 ◦ ϕ(s0 ), →−
γ 0 ◦ ϕ(s0 )
d’où
→
− →
−
det ψ 0 (s0 ), ψ 00 (s0 )
cψ (t0 ) =
→
− 0
3
ψ (s0 )
Le signe de la courbure permet de savoir dans quel sens tourne la courbe. Pour voir cela,
plaçons-nous dans le repère de Frenet. Le sens de rotation de la courbe dépend alors de la
composante normale de l’accélération, qui est exactement donnée par la courbure.
→
−
Proof. Dans le repère canonique R, le vecteur T (t0 ) a pour coordonnées
!
1 x0 (t0 )
,
k→
−
γ 0 (t0 )k y 0 (t0 )
→
−
donc le vecteur N (t0 ) a pour coordonnées
!
1 −y 0 (t0 )
.
kγ 0 (t0 )k x0 (t0 )
D’où
D
→
− →
− E 1
γ 00 (t0 ), N (t0 ) = −x00 (t0 )y 0 (t0 ) + y 00 (t0 )x0 (t0 )
→
− 0
k γ (t0 )k
det (→ −
γ 0 (t0 ), →
−
γ 00 (t0 ))
= →
−
k γ 0 (t0 )k
→
−
= c(t0 )k γ 0 (t0 )k2 .
– 16 –
1.6. Longueur d’une courbe
ψ : t 7→ (a + R sin(t), b + R cos(t)),
Nous disposons donc maintenant de deux outils pour étudier une courbe : la tangente et
la courbure. Comme nous le verrons avec le Théorème 1.6.13, dans le cas des arcs paramétrés
réguliers ces données caractérisent complètement l’arc à isométrie près.
Nous allons maintenant voir comment calculer la longueur d’une courbe paramétrée. Pour
cela, fixons un arc paramétré γ : I → R2 et deux points t0 , t1 ∈ I avec t0 < t1 . On souhaite
calculer la longueur de la portion de l’arc comprise entre γ(t0 ) et γ(t1 ).
Dans le plan, on sait calculer en fonction des coordonnées la longueur d’un segment : c’est
la distance euclidienne entre ses deux extrêmités. On peut donc essayer de définir une notion de
longueur en approchant la courbe par des segments, ou plus précisément par une ligne polygonale.
À mesure que les lignes polygonales seront plus fines, on peut espérer que la longueur de la ligne
converge. La limite sera alors notre définition de la longueur de l’arc. Pour n ∈ N et 0 6 k 6 n,
on pose donc
k
sk,n = t0 + (t1 − t0 )
n
n
X
Lnγ (t0 , t1 ) = d(γ(si,n ), γ(si−1,n )).
i=1
– 17 –
Chapitre 1. Courbes planes
car il s’agit d’une somme de Riemann. On en déduit que Lnγ (t0 , t1 ) converge vers la même
limite.
– 18 –
1.6. Longueur d’une courbe
Remarque 1.6.2. On peut raffiner ce résultat de la façon suivante : pour tout n, on se donne des
points t0 = s0,n < · · · < sn,n = t1 de I tels que
max (si,n − si−1,n ) −→ 0.
16i6n n→+∞
Alors,
n Z t1
→
−
γ 0 (t)
dt.
X
(si,n − si−1,n )d(γ(si,n ), γ(si−1,n )) −→
n→+∞ t0
i=1
– 19 –
Chapitre 1. Courbes planes
s0 (t) =
→
−
γ 0 (t)
.
En particulier, si s est une abscisse curviligne pour γ alors la longueur d’arc parcouru entre
t0 et t1 est donnée par
`γ (t0 , t1 ) = s(t1 ) − s(t0 ).
Il est facile de voir qu’un arc régulier admet toujours des abscisses curvilignes.
Proposition 1.6.9. Soit γ : I → R2 un arc régulier de classe C k . Alors, il existe une abscisse
curviligne pour γ de classe C k .
Proof. Le produit scalaire sur R2 est un application bilinéaire, donc
f : t 7→ →
− 0
γ (t), →
−
γ 0 (t) =
→
− 0
2
γ (t)
√
est de classe C k−1 . Comme γ est√ régulier, f ne s’annule pas. La fonction x 7→ x étant de classe
C ∞ sur R+ ∗ , on en déduit que f est de classe C k−1 . Elle admet donc une primitive s de classe
C k , qui est par construction une abscisse curviligne pour γ.
Nous pouvons maintenant montrer que tout arc paramétré régulier admet un paramétrage
normal.
Proof. Soit s une abscisse curviligne de classe C k pour γ. Comme s0 (t) > 0 pour tout t, s est stric-
tement monotone donc bijective. De plus, comme s0 ne s’annule pas c’est un C k -difféomorphisme
par la proposition 1.1.11. Nous pouvons donc considérer l’arc reparamétré ψ = γ ◦ s−1 . Le calcul
de la dérivée donne
→
−0 0
ψ (t) = s−1 (t) × → −
γ 0 ◦ s−1 (t)
1 →
−
= γ 0 ◦ s−1 (t),
s0 ◦ s−1 (t)
donc
→
−
γ 0 ◦ s−1 (t)
→
− 0
ψ (t)
=
s0 ◦ s−1 (t)
→
−
γ 0 ◦ s−1 (t)
= →
k− γ 0 ◦ s−1 (t)k
= 1.
– 20 –
1.6. Longueur d’une courbe
Avoir un paramétrage normal d’un arc peut être utile pour faire des calculs, car plusieurs
formules se simplifient, en particulier concernant la courbure.
Proposition 1.6.11. Soit γ : I → R2 un arc paramétré normal. Alors, en tout point birégulier
γ(t0 ), on a
→
− →
−
γ 00 (t0 ) = cγ (t0 ) N (t0 ).
2 →
− 00
γ (t0 ), →
−
γ 0 (t0 ) = 0.
→
−
Ainsi, →
−
γ 00 (t0 ) est colinéaire à N (t0 ) et on conclut par la proposition 1.5.8.
Une application simple de ce résultat est l’identification des courbes dont la courbure est
nulle.
• k→
−
γ 01 (t)k = k→
−
γ 02 (t)k.
Proof. Les arcs paramétrés γ1 et γ2 étant réguliers, ils admettent un paramétrage normal par le
Théorème 1.6.10. Ce paramétrage est donné par une abscisse curviligne, c’est-à-dire une primitive
de la norme du vecteur tangent. Comme les vecteurs tangents aux deux arcs ont même norme,
on peut prendre la même abscisse curviligne pour reparamétrer les deux courbes. Nous pouvons
donc supposer que les arcs sont normaux et qu’en tout point les courbures sont égales. Fixons
un point t0 ∈ I, notons α l’angle orienté (→−γ 01 (t0 ), →
−
γ 02 (t0 )) et soit ρ la rotation affine de centre
γ1 (t0 ) et d’angle α. Nous allons montrer que l’isométrie que nous cherchons est
F : M 7→ t−
→
Oγ
◦ ρ (M ) .
2 (t0 )
Posons ψ = F ◦ γ1 et remarquons tout d’abord que ψ(t0 ) = γ2 (t0 ). De plus, pour tout t ∈ I,
→
− →
−
det ψ 0 (t), ψ 00 (t) = det ρ(→ −γ 01 (t)), ρ(→
−
γ 001 (t)
– 21 –
Chapitre 1. Courbes planes
pour tout t ∈ I. En notant (x2 (t), y2 (t)) (respectivement (xψ (t), yψ (t)) les coordonnées carté-
siennes de γ2 (t) (respectivement de ψ(t)), on en déduit qu’il existe a, b ∈ R tels que pour tout
t ∈ I, (
xψ (t) = a + x2 (t)
yψ (t) = b + y2 (t)
Par définition de ψ, on a ψ(t0 ) = γ2 (t0 ), donc a = b = 0 et ψ = γ2 .
Ce théorème permet par exemple d’identifier les arcs dont la courbure est constante.
Corollaire 1.6.14. Soit γ : I → R2 un arc paramétré normal dont la courbure est constante
égale à c 6= 0. Alors, le support de γ est inclus dans un cercle.
Proof. Supposons c > 0. Soit ψ : I → R2 l’arc paramétré défini par
cos(t) sin(t)
ψ(t) = , .
|c| |c|
Alors, γ et ψ sont normaux et ont en tout point la même courbure, donc leurs supports sont
isométriques. Comme le support de ψ est inclus dans un cercle, le support de γ est également
inclus dans un cercle. Si maintenant c < 0, il suffit de considérer l’arc paramétré ψ : I → R2
défini par
cos(t) sin(t)
ψ(t) = ,− .
|c| |c|
– 22 –
1.7. Autres types de paramétrisations
Jusqu’à maintenant, nous avons toujours écrit les paramétrages en coordonnées cartésiennes.
Toutefois, il est parfois plus utile ou plus naturel de les écrire différemment.
Soit R = (O,~i, ~j) un repère orthonormé du plan. Il existe une façon de repérer les points
n’utilisant pas la description cartésienne usuelle, que nous allons maintenant présenter. On pose,
pour θ ∈ R,
~uθ = cos(θ)~i + sin(θ)~j.
Le point M de coordonnées polaires (ρ, θ) est défini par
−−→
OM = ρ~uθ
= ρ cos(θ)~i + ρ sin(θ)~j.
Exemple 1.7.1. Soit R > 0 et soit γ : R → R2 l’arc paramétré défini en coordonnées polaires
par ρ(t) = R et θ(t) = t. Le support de γ est le cercle de centre O et de rayon R. On peut
retrouver la paramétrisation cartésienne de l’exemple 1.1.5 (avec a = b = 0) :
(
x(t) = R cos(t)
y(t) = R sin(t)
Coordonnées cartésiennes
Soit f : I → R une fonction. Le graphe de f est le support de l’arc paramétré γf : I → R2
défini par
γf (t) = (t, f (t)).
Le paramétrage γf est appelé un paramétrage par l’abscisse du graphe de f . On peut égale-
ment définir un paramétrage par l’ordonnée γ f : I → R2 par γ f (t) = (f (t), t). On peut passer
de l’un à l’autre de ces paramétrages par une réflexion par rapport à la première bissectrice des
axes. Une courbe du plan n’admet pas nécessairement de paramétrage par l’abscisse. De fait, un
tel paramétrage a des propriétés particulières :
Proposition 1.7.2. Soit f : I → R une fonction. Alors, l’arc paramétré γf possède les proprié-
tés suivantes :
y = f (t0 ) + (x − t0 )f 0 (t0 ).
– 23 –
Chapitre 1. Courbes planes
f 00 (t0 )
3. La courbure au point de paramètre t0 est égale à .
(1 + f 0 (t0 )2 )3/2
Proof. 1. Il s’agit simplement de la définition.
2. On a →−
γ 0f (t) = (1, f 0 (t)) 6= ~0 pour tout t, donc tous les points sont réguliers. L’équation de
la tangente est une application de la Proposition 1.3.6.
3. On a →−
γ 00f (t0 ) = (0, f 00 (t0 )), d’où det →
−
γ 0f (t0 ), →
−
γ 00f (t0 ) = f 00 (t0 ). Il suffit ensuite d’appliquer
la proposition 1.5.6.
Remarque 1.7.3. En utilisant le Théorème des fonctions implicites on peut montrer qu’au voi-
sinage d’un point régulier, une courbe peut toujours être paramétrée par l’abscisse ou par l’or-
donnée.
Coordonnées polaires
Soit f : I → R une fonction. Le graphe polaire de f est le support de l’arc paramétré
γf◦ : I → R2 défini par
γf◦ (t) = f (t)~ut .
Comme dans le cas cartésien, ce type de paramétrage possède des propriétés particulières.
Proposition 1.7.4. Soit f : I → R une fonction. Alors, l’arc paramétré γf◦ possède les proprié-
tés suivantes :
Posons, pour θ ∈ R,
~vθ = − sin(θ)~i + cos(θ)~j,
de sorte que (~uθ , ~vθ ) soit une base orthonormée de R2 . Alors, → −
γ ◦0 0
f (t) = f (t)~
ut + f (t)~vt .
→
− ◦0 0
En particulier, γ f (t) s’annule si et seulement si f (t) et f (t) s’annulent tous les deux, ce
qui n’est possible qu’au point O.
3. En dérivant l’expression →
−
γ ◦0 0 ut + f (t)~vt et en remarquant que ~vt0 = −~ut , on
f (t) = f (t)~
obtient
→
−
γ ◦00 00
ut + f 0 (t)~vt + f 0 (t)~vt − f (t)~ut = (f 00 (t) − f (t))~ut + 2f 0 (t)~vt .
f (t) = f (t)~
Le déterminant det →
− →
− ◦00
γ ◦0
f (t), γ f (t) est donc égal à
– 24 –
1.7. Autres types de paramétrisations
En général, les paramétrages polaires sont de cette forme, ce qui permet d’étudier la courbe
sans repasser par les coordonnées cartésiennes. En effet, les branches infinies s’obtiennent pour
les valeurs t0 aux extrêmités de I telles que
f (t) −→ +∞.
t→t0
On parle aussi parfois de branche spirale quand f a une limite finie à l’infini. Il suffit ensuite de
faire le tableau de variations de f et de tracer la courbe, en prenant garde au signe de f .
ρ = aθ.
Soit f : R → R la fonction définie par f (t) = at. La spirale d’Archimède de paramètre a est le
support de l’arc γf◦ . Comme f 0 (t) = a > 0, la courbe s’éloigne à vistesse constante de l’origine
en tournant. Sa courbure au point de paramètre t est égale à
a2 t2 + 2a2 2 + t2
= .
(a2 + a2 t2 )3/2 a(1 + t2 )3/2
Le paramétrage γf◦ peut être appelé un paramétrage par l’argument de la courbe C . On peut
également définir un paramétrage par le module
γ◦f : I → R2
par γ◦f (t) = t~uf (t) . Contrairement au cas cartésien, ce paramétrage ne se déduit pas du paramé-
trage par le module en appliquant une isométrie du plan. Il a donc des propriétés particulières
différentes.
Proposition 1.7.6. Soit f : I → R une fonction. Alors, l’arc paramétré γ◦f possède les proprié-
tés suivantes :
– 25 –
Chapitre 1. Courbes planes
2. En dérivant on obtient
→
−
γ f◦ 0 (t) = ~uf (t) + tf 0 (t)~vf (t)
qui ne s’annule jamais.
– 26 –
CHAPITRE 2
CONIQUES
Dans ce chapitre, nous allons étudier une famille particulière de courbes planes appelées
coniques. Leur nom vient de ce qu’on peut les obtenir en coupant un cône par un plan. Ces
courbes apparaissent dans de nombreux contextes en mathématiques et en physique, mais ra-
rement sous la forme d’une intersection. Nous allons donc commence par étudier une définition
plane des coniques. Cette dernière montre que les coniques sont associées à des équations d’une
forme relativement simple dite du second degré. Nous nous intéresserons donc ensuite à toutes
les courbes décrites par de telles équations, ce qui nous permettra dans un dernier temps de
relier notre définition originelle des coniques aux intersections de cônes et de plans.
Comme expliqué précédemment, nous allons débuter par l’étude de la définition dite par
foyer et directrice des coniques. Si cette définition semble peu naturelle au premier abord, elle
a l’avantage d’être une définition plane, au sens où elle ne nécessite pas de se placer dans un
espace affine de dimension 3, ce qui est le cas si l’on veut décrire une courbe comme intersection
d’un cône et d’un plan. L’inconvénient est qu’on ne peut pas obtenir toutes les sections coniques
par ce procédé, comme nous le verrons à la Section 2.3. Les données nécessaire pour définir une
conique dans ce cadre sont un point F , une droite D ne passant pas par F et un nombre réel
e > 0 que nous supposerons donc fixés une fois pour toute.
2.1.1 Définition
Pour étudier une conique à partir de la définition précédente, il est important de choisir un
repère adapté. Le foyer F est un bon candidat pour l’origine du repère et la direction de la droite
D devrait donner l’un des axes. Plus précisément, notons H le projeté orthogonal de F sur D
et soit ~iF le vecteur défini par
−−→
~iF = F H .
FH
L’image ~jF de ~iF par la rotation vectorielle d’angle π/2 dirige la droite D. On a donc repère
orthonormé
RF = (F,~iF , ~jF ),
appelé repère focal. Dans ce repère, la droite D a pour équation x = d pour un certain d > 0.
Chapitre 2. Coniques
Il est facile de donner une équation cartésienne et une équation polaire de la conique C dans
son repère focal.
Théorème 2.1.2 Soit F un point du plan, D une droite ne passant pas par F et e > 0.
Les parties suivantes du plan sont identiques :
2. L’ensemble des points du plan dont les coordonnées cartésiennes dans le repère focal
vérifient
x2 + y 2 = e2 (x − d)2 .
3. L’ensemble des points du plan dont les coordonnées polaires dans le repère focal
vérifient
ed
ρ= .
1 + e cos(θ)
4. L’ensemble des points du plan dont les coordonnées polaires dans le repère focal
vérifient
ed
ρ=− .
1 − e cos(θ)
1⇔2
Proof. Il suffit de remarquer que dans le repère focal,
x2 + y 2 = M F 2
(x − d)2 = d(M, D)2 .
3⇔4
Il suffit de remarquer que
ed ed
= .
1 + e cos(θ + π) 1 − e cos(θ)
Comme de plus ~uθ+π = −~uθ
ed ed
~uθ+π = − ~uθ ,
1 + e cos(θ + π) 1 − e cos(θ)
un point est donc solution de 3 si et seulement s’il est solution de 4.
2⇒3
Sachant que x = ρ cos(θ) et y = ρ sin(θ), on a
ρ2 = x2 + y 2
= e2 (x − d)2
= e2 (ρ cos(θ) − d)2 .
– 28 –
2.1. Définition par foyer et directrice
Il y a donc deux possibilités. Soit ρ = e(ρ cos(θ) − d), auquel cas on obtient
ed
ρ=−
1 − e cos(θ)
soit ρ = −e(ρ cos(θ) − d), auquel cas on obtient
ed
ρ= .
1 + e cos(θ)
Nous avons vu plus haut que ces deux équations polaires étaient équivalentes, nous avons
donc prouvé l’implication.
3⇒2
Sachant que x = ρ cos(θ), on calcule
2.1.2 Classification
Nous allons maintenant utiliser le théorème 2.1.2 pour classifier les coniques à partir de
leur équation cartésienne. Comme on le voit immédiatement, le seul paramètre déterminant est
l’excentricité. Il y a trois cas possibles, suivant la valeur de e par rapport à 1. Rappelons que
par hyopthèse, d > 0.
Parabole
Supposons tout d’abord que e = 1. Ce cas est particulier puisqu’alors il n’y aura plus de
terme en x2 dans l’équation. En effet, on obtient
x2 + y 2 = (x − d)2
= x2 − 2dx + d2
d’où
d
2
y = −2d x − .
2
Soit S le point de coordonnées
d
S: ,0 .
2
Dans le repère (S,~iF , ~jF ), l’équation devient
– 29 –
Chapitre 2. Coniques
Définition 2.1.5. Une conique d’excentricité 1 est appelée parabole. Le point S est appelé
sommet de la parabole.
Voici une représentation graphique d’une parabole :
Comme
x(t)2 + y(t)2 −→ +∞,
t→±∞
x(t) t
=− −→ ∓∞
y(t) 2p t→±∞
Hyperbole
Supposons maintenant que e > 1. Comme 1 − e2 6= 0, on peut développer puis regrouper les
termes de la façon suivante :
x2 + y 2 = e2 (x − d)2
x2 + y 2 = e2 x2 − 2e2 xd + e2 d2
(1 − e2 )x2 + 2de2 x + y 2 = e2 d2
!2
2 de2 d2 e4
(1 − e ) x + + y 2 = e2 d2 +
1 − e2 1 − e2
e2 d2
= .
1 − e2
Pour simplifier, notons K le terme de droite dans la dernière équation et changeons l’origine du
repère au point C de coordonnées
!
de2
C: − ,0 .
1 − e2
– 30 –
2.1. Définition par foyer et directrice
x2 y 2
− 2 = 1. (2.2)
a2 b
Définition 2.1.6. Une conique d’excentricité e > 1 est appelée hyperbole. Le point C est appelé
centre de l’hyperbole.
L Équation (2.2) est invariante par la transformation x 7→ −x, donc l’hyperbole est symé-
trique par rapport à l’axe des ordonnées. Comme elle est également symétrique par rapport à
l’axe des abscisses, elle est préservée par la composée des deux réflexions, c’est-à-dire par la
symétrie de centre C. Voici une représentation graphique d’une hyperbole :
p2
K=
1 − e2
a2 p2
=− 2
b
d’où
b2
p= .
a
– 31 –
Chapitre 2. Coniques
Pour obtenir un paramétrage de l’hyperbole, remarquons tout d’abord que la fonction sinh :
R → R étant bijective, pour tout point de coordonnées (x, y) appartenant à l’yperbole il existe
t ∈ R tel que y = b sinh(t). On a alors
x2
= 1 + sinh2 (t) = cosh2 (t),
a2
d’où x = ±a cosh(t). Ainsi, l’hyperbole est la réunion des supports des arcs paramétrés γ± :
R → R2 définis dans le repère (C,~iF , ~jF ) par
γ± = (±a cosh(t), b sinh(t)).
En particulier,
x2 (t) + y 2 (t) = a2 cosh2 (t) + b2 sinh2 (t) −→ +∞
t→±∞
et chacune des deux courbes formant l’hyperbole possède deux branches infinies. De plus,
y(t) b b
= ± tanh(t) −→ ±
x(t) a t→±∞ a
ce qui, joint au fait que
b b
sinh(t) − cosh(t) = −2be−t −→ 0 et sinh(t)(t) + cosh(t) = 2bet −→ 0
a t→+∞ a t→−∞
Ellipse
Il nous reste à traiter le cas e < 1. Le même calcul que pour l’hyperbole donne
1 − e2 2 1
x + y 2 = 1.
K K
s
2
√ K
Cette fois-ci, K > 0 et 1−e > 0 donc on pose b = K et a = pour obtenir l’équation
(1 − e2 )
x2 y 2
+ 2 = 1. (2.3)
a2 b
Définition 2.1.7. Une conique d’excentricité e < 1 est appelée ellipse. Le point C est appelé
centre de l’ellipse. Les nombres a et b sont appelés respectivement le demi-grand axe et le demi-
petit axe de l’ellipse.
Comme pour l’hyperbole, l’ellipse est symétrique par rapport à l’axe des abscisses, par rap-
port à l’axe des ordonnées et par rapport à son centre C. Voici une représentation graphique
d’une ellipse :
– 32 –
2.1. Définition par foyer et directrice
b2
p= .
a
Pour paramétrer l’ellipse, remarquons tout d’abord que pour tout point de coordonnées (x, y)
de l’ellipse,
x
61
a
On en déduit que y = ±b sin(s) = b sin(±s). Comme cos(±s) = cos(s), on peut donc trouver
t ∈ R tel que x = a cos(t) et y = b sin(t). L’ellipse est donc le support de l’arc paramétré
γ : R → R2 défini dans le repère (C,~iF , ~jF ) par
Tangente
Dans le cas de la parabole, une équation de la tangente se calcule facilement en utilisant le
paramétrage par l’ordonnée. On a
t
→
−
γ 0 (t) = − , 1
p
donc une équation de la tangente au point γ(t) est
!!
t2 t
x− − − − (y − t) = 0,
2p p
soit
t2
px + ty = .
2
Dans le cas de l’hyperbole et de l’ellipse c’est moins évident. Il existe cependant une méthode
pour trouver simplement cette équation. Considérons un paramétrage γ : I → R2 d’une hyper-
bole ou d’une ellipse et notons γ(t) = (x(t), y(t)). On a alors
x(t)2 y(t)2
± 2 = 1.
a2 b
En dérivant, on obtient
x0 (t)x(t) y 0 (t)y(t)
2 ± 2 = 0.
a2 b2
Autrement dit, le vecteur de coordonnées
x(t) y(t)
,± 2
a2 b
– 33 –
Chapitre 2. Coniques
est orthogonal à →
−
γ 0 (t), donc il dirige la normale à la conique au point γ(t). L’équation de la
tangente au point γ(t) est donc
x(t) y(t)
2
(x − x(t)) ± 2 (y − y(t)) = 0,
a b
c’est-à-dire
x(t)x y(t)y
± 2 = 1.
a2 b
Proof. Soit M un point du plan, soit H son projeté orthogonal sur D et soit H 0 son projeté
orthogonal sur D0 . En notant σ la réflexion d’axe C~jF , on a σ(H) = H 0 . Donc,
L’intérêt d’introduire le second foyer est qu’il permet de donner une caractérisation des
coniques à centres n’utilisant pas la directrice. On parle alors de caractérisation bifocale. Pour
simplifier les calculs, nous poserons
e2 d
c = ae = .
1 − e2
Traitons d’abord le cas de l’ellipse. La preuve de la caractérisation repose sur un calcul élémen-
taire.
a2 = b2 + c2 .
√
Proof. Nous avons vu plus haut que b/a = 1 − e2 , d’où
b2 c2
+ = 1 − e2 + e2 = 1.
a2 a2
Il suffit de multiplier par a2 pour conclure.
ed
|x| 6 a =
1 − e2
– 34 –
2.1. Définition par foyer et directrice
donc
ed e2 d e
d(x, F ) 6 2
− =d < d.
1−e 1 − e2 1+e
Autrement dit, le point M est toujours situé entre les deux droites D et D0 . Il s’ensuit que
M F + M F 0 = eM H + eM H 0
= e(M H + M H 0 )
= ed(D, D0 )
= 2ed(C, D).
Pour calculer la distance de C à D, remarquons d’abord que d(C, F ) = c par définition. Donc,
Ainsi,
a2
M F + M F 0 = 2e
c
c a2
=2
a c
= 2a.
Réciproquement, considérons un point M du plan tel que M F + M F 0 = 2a. Les foyers ont pour
coordonnées c et −c dans le repère (C,~iF , ~jF ), donc
(M F − M F 0 )(M F + M F 0 ) = M F 2 − M F 02
= (x − c)2 + y 2 − ((x + c)2 + y 2 )
= −4cx.
(M F + M F 0 ) + (M F − M F 0 )
MF = = a − ex
2
et
(a − ex)2 = (x − c)2 + y 2
a2 − 2aex + e2 x2 = x2 − 2cx + c2 + y 2
a2 − c2 = (1 − e2 )x2 + y 2
b2 = (1 − e2 )x2 + y 2
1 − e2 2 y 2
x + 2 = 1
b2 b
x 2 y2
2
+ 2 = 1
a b
– 35 –
Chapitre 2. Coniques
– 36 –
2.2. Courbes du second degré
Nous avons vu au Théorème 2.1.2 qu’une conique peut toujours être décrite dans son repère
focal par une équation cartésienne. De plus, cette équation a une forme relativement simple :
elle ne fait intervenir que les deux coordonnées et leurs carrés. C’est ce qui nous a permis de
classifier les coniques en montrant qu’il n’y avait que trois types d’équations ayant cette forme.
Il est donc naturel de se demander si, en considérant une équation plus générale ne faisant
intervenir que les coordonnées et leurs carrés, on peut également obtenir une classification des
courbes associées. Pour répondre à cette question, commençons par donner un nom aux courbes
qui nous intéressent.
Définition 2.2.1. Une équation du second degré est une équation de la forme
où a, b, c, d, e et f sont des nombres réels et a, b et c ne sont pas tous les trois nuls. Une courbe
du second degré est l’ensemble des points du plans dont les coordonnées dans R vérifient une
équation du second degré.
Les coniques sont des courbes du second degré. Nous allons montrer que réciproquement,
presque toute courbe du second degré est une conique. Ceci nous permettra de faire le lien entre
la définition des coniques par foyer et directrice et les courbes obtenues comme section d’un cône
par un plan.
ax2 + bx + c = 0
b b2 − 4ac
x− − = 0.
2a 4a2
– 37 –
Chapitre 2. Coniques
Première étape
La première étape de cette simplification est de faire disparaître le terme en xy qui empêche
de factoriser l’équation indépendamment en x et en y. Pour cela, nous allons changer le repère
en faisant tourner la base.
Proposition 2.2.2. Considérons dans le repère orthonormé canonique (O,~i, ~j) une équation du
second degré
ax2 + by 2 + cxy + dx + ey + f = 0.
Alors, il existe un repère orthonormé dans lequel cette équation s’écrit
a0 x2 + b0 y 2 + d0 x + e0 y + f 0 = 0
et notons (x0 , y 0 ) les coordonnées dans le repère (O,~i0 , ~j 0 ). Le changement de coordonnées s’écrit
(
x = cos(θ)x0 − sin(θ)y 0
y = sin(θ)x0 + cos(θ)y 0
Il suffit donc de trouver une valeur de θ pour laquelle c0 = 0. Commençons par simplifier
l’expression :
c0 = −2a cos(θ) sin(θ) + 2b sin(θ) cos(θ) + c cos2 (θ) − sin2 (θ)
= −a sin(2θ) + b sin(2θ) + c cos(2θ)
= (b − a) sin(2θ) + c cos(2θ).
d’où (
a0 + b0 = a+b
0 0
a − b = (a − b) cos(2θ) + c sin(2θ)
Supposons que a0 = 0 = b0 . On a alors a = −b. Il faut ensuite distinguer deux cas
– 38 –
2.2. Courbes du second degré
• Si a = b, alors ils sont tous les deux nuls et θ = π/4. La deuxième équation donne alors
0 = c sin(2θ) = c,
b−a c
= tan(2θ) = .
c a−b
Deuxième étape
Nous savons donc qu’une courbe du second degré est, dans un repère approprié décrite par
l’équation
ax2 + by 2 + dx + ye + f = 0.
L’idée est maintenant de faire disparaître les termes de degré 1 en les regroupant avec les termes
de degré 2, exactement comme dans le cas des équations en une seule variable. Il y a trois cas à
distinguer
d 2 d2
2
e e2
ax2 + by 2 + dx + ey + f = a x+ − +b y+ − +f
2 4 2 4
d 2
2
e
= a x+ +b y+ −K
2 2
d
X =x+
2
e
Y =y+
2
et on obtient
aX 2 + bY 2 = K. (2.5)
2. Nous allons maintenant supposer que a = 0. Par hypothèse, on a alors b 6= 0 donc l’équation
devient
e 2
b y+ + dx − K = 0
2
et on peut translater l’origine du repère en un nouveau point O0 de coordonnées (0, −e/2)
pour obtenir
dX + bY 2 = K. (2.6)
– 39 –
Chapitre 2. Coniques
• Si a et b sont de mêmes signes, l’ensemble des solutions est le point (0, 0).
• Si a et b sont de signes différents, l’ensemble des solutions est la réunion des droites
d’équations s s
|a| |a|
Y = X et Y = − X.
|b| |b|
Supposons maintenant K > 0 et a, b < 0. Alors, l’ensemble des solutions de l’équation (2.5) est
vide. De même si K < 0 et a, b > 0. Enfin, supposons que d = 0 dans l’équation (2.6). Alors,
l’ensemble des solutions est
Tous ces cas particuliers ne sont pas vraiment des courbes, c’est la raison pour laquelle on les
appelles courbes du second degré dégénérées.
Parabole
Soit O00 le point de coordonnées (K/d, 0). On a , en notant (X 0 , Y 0 ) les coordonnées dans le
repère (O00 ,~i0 , ~j 0 ),
Y 02 = −2pX 0 ,
où p = d/2b. On reconnaît l’Équation (2.1) d’une parabole.
Hyperbole
a 2 b
X + Y 2 = 1.
K K
Comme a/K et b/K sont de signe différent on peut, quitte à échanger les rôles de X et Y ,
supposer que a/K > 0 et b/K < 0. On a alors
X2 Y 2
− 2 = 1,
A2 B
r r
K K
où A = et B = − . On reconnaît l’Équation (2.2) d’une hyperbole.
a b
– 40 –
2.2. Courbes du second degré
Ellipse
Il nous reste à traiter le cas où K, a et b sont de même signe. En divisant, on obtient
X2 Y 2
+ 2 = 1,
A2 B
r r
K K
où A = et B = . On reconnaît l’Équation (2.3) d’une ellipse si a 6= b et l’équation
a b
d’un cercle si a = b.
Pour simplifier les calculs, nous allons décomposer le discriminant ∆0 = 4a0 b0 en trois termes :
– 41 –
Chapitre 2. Coniques
En combinant on obtient
A+B+C
∆0 =
4
(a2 + b2 ) sin2 (2θ) − c2 sin2 (2θ) + 4ab − 2ab sin2 (2θ) − 2c2 cos2 (2θ)
=
4
(a − b)2 sin2 (2θ) − c2 cos2 (2θ) + 4ab − c2
=
4
c2 cos2 (2θ) − c2 cos2 (2θ)
=∆+
4
= ∆.
Le discriminant n’est donc pas changé par la première étape. Pour la trace, on a déjà observé
dans la preuve de la Proposition 2.2.2 que a0 + b0 = a + b, donc elle n’est pas modifiée non plus.
Quant à la deuxième étape, qui consiste à changer l’origine du repère, elle ne modifie pas la
partie quadratique de l’équation donc ne change ni le discriminant ni la trace.
Théorème 2.2.5 Soit C une courbe du second degré non-dégénérée et soit ∆ le discri-
minant d’une équation du second degré quelconque de C . Alors,
Proof. Calculons d’abord le discriminant des équations des coniques. Dans le cas de la parabole,
on a ∆ = 0, dans le cas de l’hyperbole, on a
1
∆=− <0
a2 b2
et dans le cas de l’ellipse et du cercle on a
1
∆= > 0.
a2 b2
On sait que l’équation d’une courbe du second degré non-dégénérée se réduit à l’une des trois
précédentes et le résultat est donc une conséquence immédiate de la Proposition 2.2.4.
Dans le cas de la parabole, la trace est égale à 1 et ne nous donne donc pas d’information
supplémentaire. Dans les deux autres cas, la trace est égale à ±a−2 ±b−2 . Comme le discriminant
est égal à a−2 b−2 , on peut retrouver a2 et b2 à partir du discriminant et de la trace : ce sont les
racines du polynôme caractéristique
X 2 − T X + ∆.
La donnée de a2 et b2 permet alors de retrouver e et p.
Dans cette dernière section, nous allons étudier les courbes obtenues comme intersection d’un
cône et d’un plan. Nous allons montrer qu’il s’agit de courbes du second degré et en déduire
à quelle condition ces courbes sont des coniques, ainsi que leur nature le cas échéant. Nous
travaillerons dans l’espace affine de dimension 3 qui se définit de façon exactement analogue
au plan affine (voir le début du Chapitre 3 pour plus de détails). Fixons un repère orthonormé
R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace affine et considérons une droite ∆ qui n’est pas incluse dans le plan
(O,~i, ~j). Elle forme donc avec ce plan un angle que nous noterons α et que, quitte à changer ~k
en −~k, on peut supposer dans l’intervalle ]0, π/2[.
– 42 –
2.3. Sections coniques
Définition 2.3.1. Le cône de révolution d’axe O~k et de génératrice ∆ est l’ensemble des images
de ∆ par des rotations d’axe O~k.
On peut bien sûr définir un cône de révolution d’axe quelconque, mais il suffit alors de
changer de repère pour que l’axe devienne O~k. Nous faisons ce choix pour simplifier les calculs.
Remarque 2.3.2. Cette définition a toujours un sens si ∆ est incluse dans le plan (O,~i, ~j) (c’est-
à-dire α = 0), mais le cône de révolution est alors le plan (O,~i, ~j) qui est un cas dégénéré. De
même si ∆ est confondue avec O~k (c’est-à-dire α = π/2) le cône se réduit alors à l’axe O~k.
Définition 2.3.3. Une section conique est une courbe de la forme C ∩ P , où C est un cône de
révolution d’axe O~k et P est un plan affine.
2.3.1 Équation
L’objectif de cette section est d’obtenir une équation décrivant une section conique quel-
conque. Pour ce faire, il nous faut d’abord être capable de décrire le cône de révolution par une
équation cartésienne.
Proposition 2.3.4. Une équation cartésienne du cône de révolution d’axe O~k et de génératrice
∆ est donnée dans le repère R par
Proof. Soit z0 ∈ R et soit Pz0 le plan affine d’équation z = z0 . L’intersection ∆ ∩ P est réduite
à un point M0 de coordonnées (x0 , y0 , z0 ). Les images de ce point par toutes les rotations d’axe
O~k forment un cercle de centre M1 de coordonnées (0, 0, z0 ) et de rayon
Comme M0 appartient à la droite ∆, on sait que l’angle en O du triangle OM0 M1 est égal à α.
Ce triangle est par construction rectangle en M1 , donc
M0 M1 = OM1 tan(α)
= z0 tan(α).
x2 + y 2 = tan(α)2 z02 .
Pour obtenir une équation du cône, il suffit de remarquer que si (x, y, z) est un point du cône,
alors il appartient à l’intersection du cône et de Pz , donc x2 + y 2 = tan(α)2 z 2 .
Soit P un plan affine. Il existe trois réels ϕ, θ et µ tels que P ait pour équation
– 43 –
Chapitre 2. Coniques
Soit ρ la rotation d’axe O~k et d’angle −ϕ. Comme le cône de révolution C est invariant par
toutes les rotations d’axe O~k, on a
Nous noterons P (θ, µ) le plan affine défini par l’équation (2.8) et, quitte à changer ~k en −~k,
nous supposerons que θ peut être choisi dans l’intervalle [0, π/2]. Toute section conique est donc
l’image de C ∩ P (θ, µ) pour un certain couple (θ, µ) par une rotation d’axe O~k. Il suffit par
conséquent d’étudier ces sections particulières pour obtenir toutes les sections coniques. Pour
obtenir une équation de C ∩ P (θ, µ), nous allons distinguer trois cas :
1. Si cos(θ) = 0, alors l’équation (2.8) devient ±z = µ. En remplaçant dans l’équation (2.7),
on obtient
x2 + y 2 = tan2 (α)µ2 .
Remarquons que les équations que nous avons écrites font intervenir les coordonnées de points
de l’espace. Ce ne sont donc pas des équations de courbes (ce sont des équations de cylindres).
Pour obtenir une courbe, il faut un système de deux équations, la deuxième étant l’équation
(2.8) de P (θ, µ). Une autre façon de procéder est de fixer un repère de P (θ, µ) et de réécrire
l’équation dans ce repère. Dans les deux premiers cas, cela se fait aisément.
1. Soit Ω le point de coordonnées (0, 0, ±µ), alors l’équation dans le repère (Ω,~i, ~j) (qui est
un repère de P (θ, µ)) est
x2 + y 2 = tan(α)2 µ2 .
Si µ 6= 0, il s’agit d’une équation du cercle de centre Ω et de rayon tan(α)µ. Si µ = 0, il
s’agit d’une équation du point Ω.
2. Soit Ω le point de coordonnées (±µ, 0, 0), alors l’équation dans le repère (Ω, ~j, ~k)(qui est
un repère de P (θ, µ) est
µ2 + y 2 = tan2 (α)z 2 .
s
1
Il s’agit d’une équation d’une hyperbole d’excentricité e = 1+ et de paramètre
tan2 (α)
1
.
µ2 tan2 (α)
Quant au troisième cas, il n’y a pas de choix évident d’origine ni même d’axe (le plan P (θ, µ)
ne contient aucune droite parallèle à ~i ou ~k dans ce cas) qui permette d’obtenir une équation
dans le plan. Pour obtenir une équation plane de la section, fixons comme origine le point
d’intersection Ω de O~k et P (θ, µ), qui a pour coordonnées
µ
Ω : 0, 0, .
sin(θ)
– 44 –
2.3. Sections coniques
On peut prendre l’axe Ω~j mais il nous faut un second axe pour notre repère. Soit ∆ la droite
d’intersection de P (θ, µ) et (O,~i, ~j) et soit H le projeté orthogonal de Ω sur ∆. On pose
−−→
~i0 = ΩH .
ΩH
Nous avons donc maintenant un repère R0 = (Ω,~i0 , ~j) dans lequel les coordonnées (X, Y ) d’un
point sont reliées à ses coordonnées (x, y, z) dans R de la façon suivante :
x = X cos(θ)
y = Y
µ cos(θ)X
−
z =
sin(θ) tan(θ)
2.3.2 Classification
D’après ce qui précède, toute section conique est soit une courbe dégénérée soit une conique
ou un cercle, sa nature ne dépendant que des valeurs de θ et µ. Il suffit pour la déterminer
d’utiliser le discriminant et la trace comme vu à la Section 2.2.4. Il faut cependant tout d’abord
exclure les cas dégénérés. L’équation (2.9) peut s’écrire
!
2 tan2 (α) 2 2 tan2 (α) tan2 (α) 2
cos (θ) 1 − X + Y + 2µ X = µ .
tan2 (θ) tan2 (θ) tan2 (θ)
Si µ 6= 0, la section conique est une courbe du second degré non dégénérée et nous pouvons
appliquer la méthode du discriminant. Ce dernier vaut
!
2 tan2 (α)
∆ = cos (θ) 1 − × 1.
tan2 (θ)
• Si θ = α, alors la section conique est une parabole. Dans ce cas le plan est parallèle à une
génératrice du cône.
• Si 0 < θ < α, alors la section conique est une hyperbole. Dans ce cas, le plan coupe les
deux nappes du cône.
• Si α < θ < π/2, alors la section conique est une ellipse. Dans ce cas, le plan ne coupe
qu’une seule des deux nappes du cône.
• Si θ = π/2, alors la section conique est un cercle. Dans ce cas, le plan est orthogonal à
l’axe O~k.
– 45 –
Chapitre 2. Coniques
X 2 − T X + ∆ = X 2 − (∆ + 1)X + ∆
= (X − ∆)(X − 1).
On en déduit les valeurs de l’excentricité et du paramètre. Cela nécessite d’identifier parmi les
deux racines du polynôme caractéristique laquelle est la plus grande (que nous avons notée a).
Cela dépend de la position de ∆ par rapport à ±1.
√ √
• Si 0 < ∆ < 1, on a e = 1 − ∆ et p = ∆.
r
1 1
• Si 1 < ∆, on a e = 1−et p = √ .
∆ ∆
√ √
• Si −1 < ∆ < 0, on a e = 1 + ∆ et p = −∆.
r
1 1
• Si ∆ < −1, on a e = 1+ et p = − √ .
∆ ∆
Théorème 2.3.5 (Dandelin) Soit C un cône de révolution d’axe O~k et soit P un plan
affine ne contenant pas l’origine et qui n’est pas parallèle à une directrice de C. Alors, il
existe deux sphères S1 et S2 tangentes à la fois à P en un point et à C en un cercle. De
plus, en notant
– 46 –
CHAPITRE 3
SURFACES
Dans ce chapitre, nous allons étudier les surfaces. Comme pour les courbes, notre approche
sera analytique et nous suivrons le même plan général. En particulier, nous nous placerons dans
R3 vu comme espace affine de dimension 3, dont les éléments sont des points. Comme dans le
cas du plan affine, deux points définissent un vecteur et un point et un vecteur définissent un
autre point de l’espace affine. Pour obtenir un repère, il faut une origine O ainsi qu’une base de
l’espace vectoriel R3 , qui sera donc composée de trois vecteurs ~i, ~j et ~k. Un tel repère sera noté
R = (O,~i, ~j, ~k). Un point peut alors être décrit par ses coordonnées dans le repère R comme
dans le cas du plan. On définit de même la distance entre deux points à l’aide de la norme
des vecteurs de l’espace. Si A et B sont deux points de coordonnées respectives (x1 , y1 , z1 ) et
(x2 , y2 , z2 ), leur distance sera donc
q
(x1 − x2 )2 + (y1 − y2 )2 + (z1 − z2 )2 .
L’étude des surfaces présente toutefois une différence fondamentale avec celle des courbes.
En effet, une surface est intuitivement un objet à deux dimensions et sera donc décrite par une
fonction de deux variables. L’étude de telles fonctions nécessite des outils d’analyse plus poussés
que ceux que nous avons utilisés jusqu’à maintenant, notamment le calcul différentiel, que nous
commençons par rappeler.
Graphiquement, cette définition correspont à la notion intuitive d’un disque "sans son bord" :
Chapitre 3. Surfaces
On appelle ouvert de R2 une partie U telle que pour tout x ∈ U , il existe R > 0 vérifiant
D(x, R) ⊂ U .
Cette définition permet de donner un sens à la continuité pour les fonctions de deux variables.
Définition 3.1.2. Soit V une partie de R2 et soit x ∈ V . Une application f : V → R est dite
continue en x si pour tout > 0 il existe η > 0 tel que
Elle est dite continue sur V si elle est continue en x pour tout x ∈ V .
Remarque 3.1.3. La définition apparemment compliquée de la continuité dit simplement la chose
suivante : f est continue en x si f (y) tend vers f (x) quand y tend vers x. Le problème est de
donner un sens rigoureux à l’expression "tend vers". Intuitivement, cela signifie que la distance
euclidienne d(y, x) tend vers 0. Donc, f est continue si pour tout fixé, f (y) est égal à f (x) à
près dès que y est à distance suffisamment petite de x. C’est un bon exercice d’écrire cette
phrase avec des quantificateurs et de la comparer à la définition pour vérifier qu’elles coïncident.
Soit U un ouvert de R2 et soit f : U → R une application. Pour obtenir une "dérivée" pour
f , on peut se ramener à des fonctions d’une variable. En effet, pour (s0 , t0 ) ∈ U on peut définir
deux fonctions d’une variable
( (
R → R R → R
ft0 : et fs0 : .
s 7→ f (s, t0 ) t 7→ f (s0 , t)
– 48 –
3.1. Nappes paramétrées
Comme pour les courbes, notre étude des surfaces utilisera les développements limités. Dans
le cas des fonctions de deux variables, le développement limité à l’ordre 1 prend la forme suivante :
Proposition 3.1.5. Soit U un ouvert de R2 et soit f : U → R une fonction de classe C 1 . Soit
(s0 , t0 ) ∈ U et soit R > 0 tel que D((s0 , t0 ), R) ⊂ U . Alors, pour tout (s, t) ∈ D((s0 , t0 ), R),
∂f ∂f
f (s, t) = f (s0 , t0 ) + (s − s0 ) (s0 , t0 ) + (t − t0 ) (s0 , t0 ) + o(d((s, t), (s0 , t0 ))).
∂s ∂t
Il existe bien sûr des développements limités aux ordres plus élevés si la régularité de le
fonction est suffisante, mais ils sont plus complexes à écrire. Le développement limité à l’ordre
2 sera donné plus loin quand il sera nécessaire.
3.1.2 Définition
Nous pouvons maintenant définir l’objet analytique qui nous permettra d’étudier les surfaces :
Définition 3.1.6. Une nappe paramétré de classe C k est une application
ϕ : U → R3
Il s’agit d’une nappe paramétrée de classe C ∞ dont le support est le plan dirigé par les vecteurs
~u et ~v et passant par le point (a, b, c). Notons que pour tout (s0 , t0 ) ∈ R2 , on a
Fixons un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Alors, une nappe paramétrée de classe C k est
donnée par trois fonctions, x, y, z : U → R de classe C k via la décomposition
On dira alors que ϕ est une paramétrisation cartésienne. Nous utiliserons systématiquement
cette description dans la suite, la plupart du temps en ne précisant pas le repère R, qui sera
alors le repère canonique Rcan de R3 , c’est-à-dire
1 0 0
Rcan = (0, 0, 0), 0 , 1 , 0 .
0 0 1
– 49 –
Chapitre 3. Surfaces
Pour une surface, il n’y a pas de façon simple d’étudier le comportement à l’infini, contraire-
ment au cas des branches infinies pour les courbes. Nous allons donc directement nous intéresser
au comportement local de la surface.
– 50 –
3.2. Étude locale
∂ϕ ∂ϕ
où les vecteurs (s0 , t0 ) et (s0 , t0 ) sont définis dans le repère choisi par
∂s ∂t
∂ϕ ∂x ∂y ∂z
(s0 , t0 ) = (s0 , t0 ), (s0 , t0 ), (s0 , t0 )
∂s ∂s ∂s ∂s
∂ϕ ∂x ∂y ∂z
(s0 , t0 ) = (s0 , t0 ), (s0 , t0 ), (s0 , t0 ) .
∂t ∂t ∂t ∂t
Supposons que ces vecteurs ne sont pas colinéaires. Alors, le support de la nappe paramétré
t 7→ ψ(t) est, d’après l’exemple 3.1.7, le plan dirigé par les vecteurs
∂ϕ ∂ϕ
(s0 , t0 ) et (s0 , t0 )
∂s ∂t
et passant par ϕ(s0 , t0 ). Comme
d(ϕ(s, t), ψ(s, t)) −→ 0,
(s,t)→(s0 ,t0 )
on peut dire que le plan approche le support de ϕ. Cette observation mène à la définition du
plan tangent.
Définition 3.2.1. Soit ϕ : U → R3 une nappe paramétrée de classe C 1 et soit S son support.
Un point de paramètre (s0 , t0 ) est dit régulier si la famille de vecteurs
∂ϕ ∂ϕ
(s0 , t0 ), (s0 , t0 )
∂s ∂t
est libre. Dans ce cas le plan tangent à la surface au point ϕ(s0 , t0 ) est le plan dirigé par ces
deux vecteurs et passant par ϕ(s0 , t0 ). Il est noté Tϕ(s0 ,t0 ) S.
Comme pour les courbes, les dérivées partielles de ϕ seront vues comme des vecteurs de
l’espace vectoriel R3 . Toutefois, les notations deviendraient lourdes si nous ajoutions systémati-
quement des flèches pour désigner ces vecteurs. Nous garderons donc les notations de la définition
précédente dans toute la suite.
Exemple 3.2.2. Considérons la nappe paramétrée ϕ : (s, t) 7→ (a, b, c) + s~u + t~v de l’Exemple
3.1.7. En notant ~u = (ux , uy , uz ) et ~v = (vx , vy , vz ), on a
∂x
∂x
(s, t) = ux (s, t) = vx
∂s
∂t
∂y ∂y
(s, t) = uy et (s, t) = vy
∂s
∂t
∂z
∂z
(s, t) = uz (s, t) = vz
∂s ∂t
Donc,
∂ϕ
(s, t) = ~u
∂s
∂ϕ
(s, t) = ~v .
∂t
Ainsi, le support de ϕ est son propre plan tangent en tout point.
Le plan tangent est un objet géométrique associé à la surface. Il doit donc être invariant
par changement de paramétrage. Pour le démontrer, nous aurons besoin de calculer des dérivées
partielles de fonctions composées grâce à la formule suivante :
Proposition 3.2.3. Soit U et V deux ouverts de R2 , soient f : U → R et g : V → U des
fonctions de classe C 1 avec g(a, b) = (g1 (a, b), g2 (a, b)) pour tout (a, b) ∈ V . Alors,
∂f ◦ g ∂g1 ∂f ∂g2 ∂f
= ◦g+ ◦g
∂a ∂a ∂s ∂a ∂t
∂f ◦ g ∂g1 ∂f ∂g2 ∂f
= ◦g+ ◦g
∂b ∂b ∂s ∂b ∂t
– 51 –
Chapitre 3. Surfaces
– 52 –
3.2. Étude locale
Le vecteur normal donne une autre façon d’obtenir l’équation du plan tangent. En effet, un
point M de coordonnées (x, y, z) appartient au plan tangent en M0 = ϕ(s0 , t0 ) si et seulement
si
−−−→ ∂ϕ ∂ϕ
M0 M , (s0 , t0 ) ∧ (s0 , t0 ) = 0
∂s ∂t
Exemple 3.2.6. Considérons la nappe paramétrée
ϕ : (s, t) 7→ (a + R cos(s) cos(t), b + R sin(s) cos(t), c + R sin(t))
de l’Exemple 3.1.9. On a
∂x
∂x
∂s (s, t) = −R sin(s) cos(t) ∂t (s, t) = −R cos(s) sin(t)
∂y et ∂y
(s, t) = R cos(s) cos(t) (s, t) = −R sin(s) sin(t)
∂s
∂t
∂z
∂z
(s, t) = 0 (s, t) = R cos(t)
∂s ∂t
Le calcul du produit vectoriel donne alors
R2 cos(s) cos2 (t)
∂ϕ ∂ϕ
(s, t) ∧ (s, t) = R2 sin(s) cos2 (t)
∂s ∂t
R2 sin2 (s) cos(t) sin(t) + R2 cos2 (s) cos(t) sin(t)
R cos(s) cos(t)
= R cos(t) R sin(s) cos(t)
R sin(t)
−−−−−→
= R cos(t)Cϕ(s, t).
où C est le point de coordonnées (a, b, c). Si cos(t) 6= 0, le point (s, t) est régulier quel que soit s
et le vecteur normal est colinéaire au rayon de la sphère. Autrement dit, le plan tangent est le
plan tangent usuel à la sphère au point correspondant. Si cos(t) = 0, c’est-à-dire aux pôles nord
et sud, le produit vectoriel est nul, ce qui signifie que les deux dérivées partielles sont colinéaires.
Autrement dit, la nappe paramétrée ϕ n’est pas régulière en ces points.
– 53 –
Chapitre 3. Surfaces
L’Exemple 3.2.6 peut paraître surprenant, puisqu’on connait le plan tangent à la sphère aux
pôles nord et sud : ils ont pour équation z = c ± R. Le problème ne vient bien sûr pas de la
sphère, mais de la nappe paramétrée qui n’est pas régulière au sens suivant :
Définition 3.2.7. Une nappe paramétrée ϕ : U → R3 est dite régulière si elle est régulière en
tout point.
Il semble donc naturel de chercher un meilleur paramétrage qui soit régulier en tout point.
Cependant, cela est impossible à cause du résultat suivant, qui découle du Théorème d’inversion
locale. Rappelons que deux parties X et Y de R2 ou R3 sont dites homéomorphes s’il existe une
bijection f : X → Y telle que f et f −1 sont continues.
Proposition 3.2.8. Soit ϕ : U → R3 une nappe paramétrée simple régulière. Alors, ϕ(U ) est
homéomorphe à U .
Pour conclure que la sphère n’admet pas de paramétrage régulier, il faut encore montrer
qu’elle n’est pas homéomorphe à un ouvert du plan. Ce résultat vient du fait que la sphère est
un espace topologique compact, ce qui n’est le cas d’aucun ouvert du plan.
La Proposition 3.2.8 suggère que notre notion de nappe paramétrée n’est pas la plus adaptée à
l’étude des surfaces. En effet, peu de surfaces sont homéomorphes à un ouvert du plan. Toutefois,
dans le cas de la sphère, on peut considérer le paramétrage ψ : R2 → R3 donné par
On peut montrer que les pôles nord et sud sont réguliers pour ce paramétrage et qu’en tout
autre point régulier, le plan tangent est le même que pour le paramétrage ϕ de l’Exemple 3.2.6.
Ainsi, en considérant en même temps les deux paramétrages ϕ et ψ, on peut décrire la sphère
comme une surface régulière. Cette idée nous mènera à la définition des variétés à la Section
3.7. Pour le moment, retenons simplement qu’il nous suffit de trouver, pour un point donné, un
paramétrage qui soit régulier en ce point pour pouvoir étudier ses propriétés locales.
Nous allons maintenant nous intéresser aux courbes tracées sur une surface. La façon na-
turelle de définir un tel objet est de considérer un arc paramétré γ : I → R2 et une nappe
paramétrée ϕ : U → R3 tel que le support de γ est contenu dans U . Alors, ϕ ◦ γ : I → R3 est
un arc paramétré dans l’espace contenu dans le support de ϕ, autrement dit c’est une courbe
tracée sur le support de ϕ. Toutefois, l’étude de ce genre de courbe nécessiterait d’étendre les
résultats que nous avons étudiés pour les courbes planes aux courbes dans l’espace. Plutôt que
de procéder dans cette généralité, nous allons étudier certaines courbes sur les surfaces qui sont
en fait contenues dans l’intersection de la surface avec un plan.
Définition 3.3.1. Soit ϕ : U → R3 une nappe paramétrée de support S, soit (s0 , t0 ) ∈ U
le paramètre d’un point régulier et soit P un plan affine de R3 passant par ϕ(s0 , t0 ) et dont
→
−
la direction contient le vecteur normal N (s0 , t0 ). On appelle section normale de S au point
(s0 , t0 ) ∈ U toute courbe paramétrée γ : I → U telle que
• ϕ ◦ γ ⊂ P ∩ S.
Remarque 3.3.2. Nous n’affirmons pas qu’étant donnée une nappe paramétrée et un plan conte-
nant la normale, il existe toujours une section normale. Cela dit, cette affirmation est vraie
pourvu que la surface soit suffisamment régulière. La preuve fait appel au Théorème des fonc-
tions implicites.
– 54 –
3.3. Courbes sur une surface
On a alors
d ∂X ∂X
A0 (r) = X(x(r), y(r)) = x0 (r) (x(r), y(r)) + y 0 (r) (x(r), y(r))
dr ∂s ∂t
d ∂Y ∂Y
B 0 (r) = Y (x(r), y(r)) = x0 (r) (x(r), y(r)) + y 0 (r) (x(r), y(r))
dr ∂s ∂t
d ∂Z ∂Z
C 0 (r) = Z(x(r), y(r)) = x0 (r) (x(r), y(r)) + y 0 (r) (x(r), y(r))
dr ∂s ∂t
Par conséquent, le vecteur de coordonnées (A0 (r), B 0 (r), C 0 (r)) est égal à
∂ϕ ∂ϕ
x0 (r) ◦ γ(r) + y 0 (r) ◦ γ(r) ∈ Tγ(r) S.
∂s ∂t
∂f ∂f
D(s,t) f (h, k) = h (s, t) + k (s, t).
∂s ∂t
Remarque 3.3.4. Avec cette notion, on peut redéfinir le plan tangent au point ϕ(s0 , t0 ) comme
l’image de la différentielle au point (s0 , t0 ).
On a alors
→
−0
ψ (r0 ) = D(s0 ,t0 ) ϕ(→
−
γ 0 (r0 )).
Ceci permet de donner une nouvelle description du plan tangent en termes de vecteurs
tangents aux sections normales.
Proposition 3.3.5. Le plan tangent au point ϕ(s0 , t0 ) est l’ensemble des vecteurs tangents des
sections normales à S en (s0 , t0 ).
Proof. Ce qui précède montre que les vecteurs tangents des sections normales à S en (s0 , t0 )
appartiennent toujours au plan tangent. Réciproquement, soit ~u ∈ Tϕ(s0 ,t0 ) S. Considérons le
→
−
plan affine P dirigé par ~u et N et passant par ϕ(s0 , t0 ). Si γ : I → R2 est un section normale, son
→
−
vecteur tangent appartient à P ∩ (Tϕ(s0 ,t0 ) S) qui est la droite engendrée par ~u. Donc ψ 0 (r0 ) =
→
−
λ~u pour un certain λ 6= 0 et λ−1 ψ 0 (r0 ) = ~u. Il suffit alors de considérer la section normale
γλ : λI → R2 définie par
γλ (t) = γ(λ−1 t).
−−−−−→ −−−−→
En effet, (ϕ ◦ γλ )0 (λr0 ) = λ−1 (ϕ ◦ γ)0 (r0 )) = ~u.
– 55 –
Chapitre 3. Surfaces
Commençons par calculer A00 (r) en dérivant l’expression obtenue précédemment pour A0 (r) :
∂X ∂X ∂2X
A00 (r) = x00 (r) (x(r), y(r)) + y 00 (r) (x(r), y(r)) + x0 (r)2 2 (x(r), y(r))
∂s ∂t ∂s !
∂ 2 X ∂ 2 X ∂ 2X
+ y 0 (r)2 2 (x(r), y(r)) + x0 (r)y 0 (r) (x(r), y(r)) + (x(r), y(r)) .
∂t ∂t∂s ∂s∂t
Il nous faut des notations pour simplifier cette expression et poursuivre notre étude. Rappelons
le résultat suivant de calcul différentiel :
Théorème 3.3.6 (Schwarz) Soit f : U → R une fonction de classe C 2 . Alors, pour tout
(s, t) ∈ U ,
∂2f ∂2f
(s, t) = (s, t).
∂t∂s ∂s∂t
2 f : R 2 → R définie par
Il s’ensuit que l’application D(s,t)
2 ∂2f 2
2∂ f ∂2f
D(s,t) f (h, k) = h2 (s, t) + k (s, t) + 2hk
∂s2 ∂t2 ∂s∂t
est une forme quadratique (voir Définition 3.4.1) appelée différentielle seconde de f . Nous pou-
vons donc simplifier notre calcul précédent et écrire
∂X ∂X
A00 (r) = x00 (r) (x(r), y(r)) + y 00 (r) 2
(x(r), y(r)) + D(x(r),y(r)) X(x(r), y(r)).
∂s ∂t
Un calcul similaire donne
∂Y ∂Y
B 00 (r) = x00 (r) (x(r), y(r)) + y 00 (r) 2
(x(r), y(r)) + D(x(r),y(r)) Y (x(r), y(r))
∂s ∂t
∂Z ∂Z
C 00 (r) = x00 (r) (x(r), y(r)) + y 00 (r) 2
(x(r), y(r)) + D(x(r),y(r)) Z(x(r), y(r))
∂s ∂t
– 56 –
3.3. Courbes sur une surface
2
Notons D(s ϕ(h, k) le vecteur de R3 de coordonnées
0 ,t0 )
2 2 2
D(s 0 ,t0 )
X(h, k), D(s 0 ,t0 )
Y (h, k), D(s0 ,t0 )
Z(h, k) .
On a alors
→
− 00
ψ (r0 ) = D(s0 ,t0 ) ϕ(→
−
γ 00 (r0 )) + D(s
2
0 ,t0 )
ϕ(→
−
γ 0 (r0 )).
→
−
Comme N (M0 ) est orthogonal à TM0 S qui est l’image de D(s0 ,t0 ) ϕ par la Remarque 3.3.4, on a
D→
− →
− →
−
→−
E D E
ψ 00 (r0 ), N (M0 ) = D(s
2
,t
0 0 ) ϕ( γ 0
(r0 )), N (M 0 ) .
Remarque 3.3.8. En géométrie différentielle, les formes fondamentales sont souvent notées IM0
et IIM0 .
Nous pouvons maintenant exprimer la courbure d’une section normale.
Φ2 (→
−
γ 0 (r0 ))
cψ (r0 ) = .
Φ1 (→
−
γ 0 (r0 ))
→
−
Proof. Ceci découle du calcul précédent et du fait que ψ 0 (r0 ) = D(s0 ,t0 ) ϕ(→
−
γ 0 (r0 )).
Φi (µ~u) = µ2 Φi (~u)
pour i = 1, 2, cela ne change pas la valeur du quotient. La courbure est donc totalement déter-
minée par le plan P .
Définition 3.3.10. Soit ϕ : U → R3 une nappe paramétrée de classe C 2 et soit (s0 , t0 ) le
paramètre d’un point régulier. Pour un plan P passant par M0 = ϕ(s0 , t0 ) et dont la direction
→
−
contient N (M0 ), on appelle courbure normale dans la direction de P le nombre
Φ2 (~u)
cn (P ) =
Φ1 (~u)
– 57 –
Chapitre 3. Surfaces
3.4 Courbure
Nous avons vu qu’à chaque plan contenant la normale à une surface est associé une courbure
normale. Pour rendre compte du phénomène de courbure dans son intégralité, il faut prendre en
compte toutes ces courbures normales et la façon dont elles varient. Autrement dit, la courbure
d’une surface en un point pourrait être pensée comme le quotient de formes quadratiques Φ2 /Φ1 .
Une forme quadratique est dite définie positive si Q(x, y) > 0 dès que (x, y) 6= (0, 0).
Les formes quadratiques ont de nombreuses propriétés remarquables, notamment du point de
vue de la réduction. Nous ne donnerons ici que le résultat dont nous avons besoin en dimension
2. Remarquons que plutôt que de considérer Q comme une fonction de deux variables, on peut
la considérer comme une fonction dont la variable est un vecteur de R2 : si ~v a pour coordonnées
(x, y) dans la base canonique, on pose Q(~v ) = Q(x, y). Cette approche permet d’exprimer Q
dans différentes bases.
Proposition 3.4.2. Soit (·, ·) un produit scalaire sur R2 et soit Q une forme quadratique. Alors,
il existe une base (~v1 , ~v2 ) de R2 orthonormée pour (·, ·) telle que pour tous α, β ∈ R,
Proof. Soit (~u1 , ~u2 ) une base de R2 orthonormée pour (·, ·) et notons (x, y) et (x0 , y 0 ) les coor-
données respectives de ~u1 et ~u2 . Si α, β ∈ R, alors
Autrement dit, si ~u a pour coordonnées (α, β) dans la base (~u1 , ~u2 ), alors Q(~u) = Aα2 + Bβ 2 +
Cαβ. Considérons maintenant θ ∈ R et posons
(
~u1 (θ) = cos(θ)~v1 + sin(θ)~v2
~u2 (θ) = − sin(θ)~v1 + cos(θ)~v2
Alors, la famille (~u1 (θ), ~u2 (θ)) est toujours orthonormée pour (·, ·) et la même preuve que pour
la Proposition 2.2.2 montre qu’il existe θ0 tel que
Il suffit donc de poser ~v1 = ~u1 (θ0 ), ~v2 = ~u2 (θ0 ) et de constater que d’après l’Équation (3.2),
A0 = Q(~v1 ) et B 0 = Q(~v2 ).
– 58 –
3.4. Courbure
Proof. Le point M0 étant régulier, D(s0 ,t0 ) ϕ est inversible donc la première forme fondamentale
Φ1 est définie positive. Par conséquent, il existe un produit scalaire (·, ·) sur R2 tel que pour
tout (h, k) ∈ R2 , ! !!
h h
, = Φ1 (h, k)
k k
Notons (~u1 , ~u2 ) la base orthonormée pour (·, ·) donnée par la Proposition 3.4.2 appliquée à Φ2
et posons λ1 = Φ2 (~u1 ) et λ2 = Φ2 (~u2 ). Pour ~u = α~u1 + β~u2 , on a
Φ2 (~u) λ1 α2 + λ2 β 2
=
Φ1 (~u) α2 + β 2
Posons, pour i = 1, 2, ~vi = D(s0 ,t0 ) (ϕ)(~ui ). Si P est un plan contenant la normale à S en M0 et
si ~v = α~v1 + β~v2 ∈ (TM0 S) ∩ P , alors l’angle θ entre ~v et v~1 satisfait
α
cos(θ) = p
α2
+ β2
β
sin(θ) = p 2 .
α + β2
On a donc
Φ2 (~u)
cn (P ) = = λ1 cos2 (θ) + λ2 sin2 (θ).
Φ1 (~u)
Les valeurs possibles de la courbure normale sont donc toutes les valeurs comprises entre λ1
et λ2 , ce qui mène à la définition suivante.
Définition 3.4.4. Soi ϕ : U → R3 une nappe paramétrée de classe C 2 et soit (s0 , t0 ) ∈ U le
paramètre d’un point régulier. Les courbures principales au point ϕ(s0 , t0 ) sont le minimum et
le maximum du quotient des formes fondamentales. Les directions des vecteurs ~v1 et ~v2 associés
sont appelées directions principales et elles sont orthogonales.
Nous avons progressé dans notre compréhension de la courbure d’une surface : elle est, en
chaque point, déterminé par deux nombres. Cependant, ces courbures principales ne sont pas
tout à fait des objets géométriques, au sens où elles ne sont pas invariantes par changement de
paramétrage.
Proposition 3.4.5. Un changement de paramétrage multiplie les courbures principales par ±1.
Proof. Soit F : V → U un changement de paramétrage et soit ψ : ϕ ◦ F : V → R3 la nappe
reparamétrée. Pour (a0 , b0 ) ∈ V et (s0 , t0 ) = F (a0 , b0 ) des paramètres de points réguliers, nous
noterons Φi et Ψi les formes fondamentales de ϕ et ψ respectivement, pour i = 1, 2. En utilisant
les formules de dérivation des fonctions composées, on voit que la différentielle de ψ s’écrit
Ψ1 = Φ1 ◦ D(a0 ,b0 ) F.
Pour la deuxième forme fondamentale, il nous faut d’abord calculer le nouveau vecteur normal.
Soient F1 , F2 : V → R telles que F (a, b) = (F1 (a, b), F2 (a, b)) pour tout (a, b) ∈ V . La formule
de dérivation des fonctions composées donne
∂ψ ∂ψ ∂F1 ∂ϕ ∂F2 ∂ϕ ∂F1 ∂ϕ ∂F2 ∂ϕ
∧ = + ∧ +
∂a ∂b ∂a ∂s ∂a ∂b ∂b ∂s ∂b ∂t
∂F1 ∂F2 ∂F2 ∂F1 ∂ϕ ∂ϕ
= − ∧
∂a ∂b ∂a ∂b ∂s ∂t
∂ϕ ∂ϕ
= det J(a0 ,b0 ) (F ) ∧ .
∂s ∂t
– 59 –
Chapitre 3. Surfaces
→
− j(a ,b ) (F ) → −
N ψ (a0 , b0 ) = 0 0 N ϕ (s0 , t0 ).
j(a0 ,b0 ) (F )
Par la Remarque 3.3.4, l’image du second terme est incluse dans TM0 S, qui est orthogonal à
→
− →
−
N ϕ (s0 , t0 ) et donc également à N ψ (a0 , b0 ). Par conséquent, seul le premier terme intervient dans
la deuxième forme fondamentale et on a
j(a ,b ) (F )
Ψ2 = 0 0 Φ2 ◦ D(a0 ,b0 ) F.
j(a0 ,b0 ) (F )
Le quotient de j(a0 ,b0 ) (F ) par sa valeur absolue est égal à ±1, d’où
Ψ2 Φ2
=± ◦ D(a0 ,b0 ) F.
Ψ1 Φ1
Comme J(a0 ,b0 ) (F ) est inversible, D(a0 ,b0 ) F est bijective et le minimum et le maximum de Ψ2 /Ψ1
sont les mêmes, au signe près, que ceux de Φ2 /Φ1 . D’après le Théorème 3.4.3, ces deux nombres
sont les courbures principales.
λ1 + λ2
cm (M0 ) = .
2
K(M0 ) = λ1 × λ2 .
• La courbure totale de ϕ est l’intégrale sur la surface de sa coubure de Gauss, qui est donnée
par
∂ϕ ∂ϕ
ZZ
c(ϕ) = K(ϕ(s, t))
(s, t) ∧
(s, t)
dsdt
U ∂s ∂t
si cette intégrale a un sens.
La Proposition 3.4.5 implique que la courbure de Gauss est invariante par changement de
paramétrage. C’est donc la notion de courbure que nous retiendrons comme la plus significative.
Son signe permet de classifier les points d’une surface de la façon suivante :
– 60 –
3.4. Courbure
Définition 3.4.8. Soit ϕ : U → R3 une nappe paramétrée, soit (s0 , t0 ) ∈ U le paramètre d’un
point régulier et soit M0 = ϕ(s0 , t0 ). Le point M0 est dit :
• Elliptique si K(M0 ) > 0.
• Parabolique si K(M0 ) = 0 mais une des courbures principales est non nulle.
De plus, un point auquel les deux courbures principales sont égales est appelé ombilic.
Il nous reste à estimer cette quantité pour un point M proche de M0 , ce qui se fait bien
évidemment à l’aide d’un développement limité. Rappelons que le développement limité à l’ordre
2 de ϕ s’écrit
1
ϕ(s0 + h, t0 + k) = ϕ(s0 , t0 ) + Ds0 ,t0 (ϕ)(h, k) + Ds20 ,t0 (ϕ)(h, k) + o k(h, k)k2 .
2
→
−
De plus, Ds0 ,t0 (ϕ)(h, k) est orthogonal à N (s0 , t0 ) par la Remarque 3.3.4, donc pour un point
M = ϕ(s0 + h, t0 + k) on a
→
−
1 2
d(M, TM0 S) = Ds0 ,t0 (ϕ)(h, k), N (s0 , t0 ) + o(k(h, k)k2 )
2
1
= |Φ2 (h, k)| + o(k(h, k)k2 ).
2
Autrement dit, la seconde forme fondamentale détermine, au second ordre près, la distance de
la surface au plan tangent. Si plutôt que la distance on s’intéresse à la valeur de λ lui-même (et
donc à son signe), le même calcul montre que
D−−→ →
− E 1
HM , N (s0 , t0 ) = Φ2 (h, k) + o(k(h, k)k2 ).
2
Cette équation indique en particulier que le signe du produit scalaire est, pour des points suffi-
samment proches de M0 , le même que le signe de la seconde forme fondamentale. On en déduit
la position de la surface par rapport au plan tangent, qui est déterminée par le signe de λ.
• Si la forme quadratique Φ2 est de signe constant, alors la surface reste toujours du même
côté de son plan tangent au voisinage de M0 .
– 61 –
Chapitre 3. Surfaces
• Si la forme quadratique Φ2 change de signe, alors la surface possède des points arbitraire-
ment proches de M0 des deux côtés du plan tangent, autrement dit elle traverse son plan
tangent en M0 .
Il est facile de voir que la forme quadratique Φ2 est de signe constant si et seulement si son
déterminant est positif. On peut donc réinterpréter de que nous venons de dire à l’aide de la
courbure de Gauss grâce à la formule de la Proposition 3.4.15 ci-après.
3.4.3 Exemples
Nous allons maintenant traiter trois exemples de calculs de courbure.
Exemple 3.4.9. Soit ϕ : R2 → R3 la nappe paramétrée de l’Exemple 3.1.7, dont le support
est le plan dirigé par les vecteurs ~u et ~v et passant par le point de coordonnées (a, b, c). Nous
avons vu qu’en tout point (s0 , t0 ),
Autrement dit, la fonction (s, t) 7→ D(s,t) ϕ est constante. Par conséquent, ses dérivées partielles
2 ϕ est la forme quadratique nulle pour tout (s, t) ∈ R 2 . Ceci
sont nulles. Autrement dit, D(s,t)
implique que les courbures principales en tout point sont nulles, ainsi que la courbure moyenne
et la courbure de Gauss. En particulier, tous les points sont des ombilics.
Exemple 3.4.10. Soit ϕ : R2 → R3 la nappe paramétrée de l’Exemple 3.1.9, dont le support
est la sphère de centre de coordonnées (a, b, c) et de rayon R. En utilisant les calculs de l’Exemple
3.2.6 et en remarquant que les deux dérivées partielles premières sont orthogonales, on a
−R sin(s) cos(t)
2
−R cos(s) sin(t)
2
Φ1 (h, k) = h2
R cos(s) cos(t)
+ k 2
−R sin(s) sin(t)
R cos(t)
0
= R2 (h2 cos2 (t) + k 2 ).
D’autre par, on a
−R cos(s) cos(t) −R cos(s) cos(t) +R sin(s) sin(t)
2
D(s,t) ϕ(h, k) = h2 −R sin(s) cos(t) + k 2 −R sin(s) cos(t) + 2hk −R cos(s) sin(t) ,
0 −R sin(t) 0
Ainsi le quotient des formes fondamentales est constant égal à −R−1 . Le signe moins n’est bien
sûr dû qu’au paramétrage et on pourrait obtenir un quotient positif en faisant un changement
de paramétrage approprié. Ainsi, les courbures principales sont toutes deux égales à −R−1 et la
courbure de Gauss est égale à R−2 . Cette fonction étant constante, la courbure totale est égale
à son produit par l’aire de la sphère, c’est-à-dire 4π (voir l’Exemple 3.5.6). De plus, tout point
est un ombilic. Il est possible de montrer qu’une surface dont tous les points sont des ombilics
est contenue dans un plan ou dans une sphère.
– 62 –
3.4. Courbure
Son support géométrique est un cylindre de révolution d’axe O~k. Calculons les dérivées partielles
de ϕ
∂x
∂x
(s, t) = R cos(s) (s, t) = 0
∂s
∂t
∂y ∂y
(s, t) = −R sin(s) et (s, t) = 0
∂s
∂t
∂z
∂z
(s, t) = 0 (s, t) = 1
∂s ∂t
ainsi que leur produit vectoriel
−R sin(s)
∂ϕ ∂ϕ
(s, t) ∧ (s, t) = −R cos(s) .
∂s ∂t
0
On remarque que les deux dérivées partielles sont orthogonales et qu’il n’y aura par conséquent
pas de terme en hk dans Φ1 . Calculons maintenant la différentielle seconde :
−R sin(s) 0 0 sin(s)
2
D(s,t) ϕ(h, k) = h2 −R cos(s) + k 2 0 + 2hk 0 = −Rh2 cos(s) .
0 0 0 0
On a donc
Φ2 (h, k) = Rh2 (sin2 (s) + cos2 (s)) = Rh2 .
Les courbures principales sont ainsi les extrema de la fonction
Rh2
(h, k) 7→ .
R2 h2 + k 2
Il est clair que le minimum est 0 (dès que h = 0) et que le maximum est 1/R (dès que k = 0).
Tous les points du cylindre sont donc paraboliques et sa courbure de Gauss est par conséquent
identiquement nulle.
– 63 –
Chapitre 3. Surfaces
La forme quadratique Q0 est en fait la même que Q, mais exprimée dans la base (~v1 , ~v2 ). Il est
bien sûr possible d’écrire ses coefficients en fonction de ceux de Q, mais la formule générale est
compliquée. Par contre, il est facile de relier le déterminant de Q0 à celui de Q.
Proposition 3.4.14. Soit Q une forme quadratique, soit (~v1 , ~v2 ) une base et soit Q0 la forme
quadratique définie par
Q0 (α, β) = Q(α~v1 + β~v2 ).
Alors, det(Q0 ) = det(~v1 , ~v2 )2 det(Q).
Proof. Notons (x, y) et (x0 , y 0 ) les coordonnées respectives de ~v1 et ~v2 . On sait que
En regroupant on obtient
!
0 0 0 2 c2
det(Q ) = (xy − yx ) ab − = det(~v1 , ~v2 )2 det(Q).
4
Grâce à ce lemme, nous pouvons exprimer la courbure de Gauss à l’aide des déterminants
des formes fondamentales.
Proposition 3.4.15. Soit ϕ : U → R3 une nappe paramétrée et soit M0 un point régulier.
Alors,
det(Φ2 )
K(M0 ) = .
det(Φ1 )
Proof. Soit (~v1 , ~v2 ) la base du Théorème 3.4.3 et soient Φ01 et Φ02 les formes fondamentales
exprimées dans cette base. On a, d’après le Théorème 3.4.3, det(Φ02 ) = λ1 λ2 et det(Φ01 ) = 1. On
en déduit par la Proposition 3.4.14 que
– 64 –
3.5. Aire d’une surface
Nous avons montré que les courbures principales sont invariantes au signe près par change-
ment de paramétrage. Toutefois, leur définition ne fait pas seulement intervenir le paramétrage
ϕ, mais aussi le vecteur normal, qui n’a de sens que parce que nous avons considéré les surfaces
comme des parties de R3 . Autrement dit, notre définition de la courbure de Gauss dépend a
priori de la façon dont la surface est représentée dans R3 . Un théorème très profond (et dont
la preuve dépasse notre cadre) affirme que cela n’est pas le cas : la courbure de Gauss est un
nombre qui ne dépend que de la surface en elle-même et pas de la façon dont on la représente.
La courbure de Gauss est donc une propriété intrinsèque de la nappe paramétrée ϕ. Ainsi,
on peut parler de la courbure totale de ϕ, qui est bien définie. On peut d’ailleurs montrer qu’elle
ne dépend que de l’espace topologique sous-jacent à la surface.
Théorème 3.4.17 (Gauss – Bonnet) La courbure totale d’une surface compacte sans
bord ne dépend que de l’espace topologique sous-jacent.
Il existe une formule explicite (dite formule de Gauss-Bonnet) qui montre que la courbure
totale est un multiple entier de 4π. L’entier en question est déterminé par le genre de la surface,
un invariant topologique que nous ne définirons pas.
Nous allons dans cette section voir comment calculer l’aire d’une nappe paramétrée. Encore
une fois, nous allons nous inspirer du cas des courbes. Nous avions obtenu la longueur comme
un intégrale en approchant la courbe par des segments de plus en plus fins. On peut donc
imaginer qu’il suffira d’approcher la surface par des polygones de plus en plus fins pour obtenir
l’expression de l’aire. Une telle approche nécessite des hypothèses plus restrictives que dans le
cas des courbes, dues aux subtilités de l’intégration des fonctions de deux variables. Toutefois,
dans les cas où l’approximation se comporte bien, elle mène à une expression de l’aire de la
surface que nous pourrons ensuite prendre comme définition.
– 65 –
Chapitre 3. Surfaces
Ces deux triangles sont images l’un de l’autre par la symétrie par rapport au centre Ω du
parallélogramme, donc ils sont isométriques. En particulier, A(P) est égal au double de leur
aire. Soit α l’angle (~u, ~v ). Alors, l’aire de ABD est égale à
1 1
sin(α)AB × AD = sin(α)k~ukk~v k.
2 2
Nous devons donc montrer que la norme de ~u ∧ ~v est égale à sin(α)k~ukk~v k. Considérons d’abord
la première coordonnée. En l’élevant au carré et en développant, on trouve
(uy vz − uz vy )2 = u2y vz2 − 2uy uz vy vz + u2z vy2 .
En développant de même les autres coordonnées du produit vectoriel et en additionant, on
obtient
k~u ∧ ~v k2 = u2y vz2 + u2z vx2 + u2x vy2 + vy2 u2z + vz2 u2x + vx2 u2y − 2(uy vy uz vz + uz vz ux vx + ux vx uy vy )
= (u2x + u2y + u2z )(vx2 + vy2 + vz2 )
− (u2x vx2 + u2y vy2 + u2z vz2 ) − 2(uy vy uz vz + uz vz ux vx + ux vx uy vy )
= k~uk2 k~v k2 − (ux vx + uy vy + uz vz )2
= k~uk2 k~v k2 − h~u, ~v i2
= k~uk2 k~v k2 − cos(α)2 k~uk2 k~v k2
= sin(α)2 k~uk2 k~v k2 ,
ce qui donne l’égalité voulue.
Nous utiliserons donc la formule suivante pour l’aire de ϕ(Rh,k ) :
∂ϕ ∂ϕ
→
−
A (ϕ(Rh,k )) = hk
(s0 , t0 ) ∧
+ k(h, k)kk ε (h, k)k.
(s0 , t0 )
∂s ∂t
Remarque 3.5.2. On pourrait également calculer l’aire de ϕ(Rh,k ) en découpant le rectangle de
départ en deux triangles et en additionnant l’aire de chacune des deux images. Les dévelop-
pements limités précédents montrent cependant que l’aire obtenue de cette façon coïncide au
premier ordre avec notre formule. On pourrait également envisager de décomposer directement
l’ouvert de départ en triangles, mais la définition de l’intégrale d’une partie de R2 est plus facile
à manipuler avec des rectangles.
– 66 –
3.5. Aire d’une surface
Supposons dorénavant que U est borné. Il existe alors des réels a, b, c et d tels que U soit
contenu dans [a, b] × [c, d]. Pour n, m ∈ N, posons h = (b − a)/n et k = (d − c)/m et notons Ri,j
le rectangle
Ri,j = [a + ih, a + (i + 1)h] × [b + jk, b + (j + 1)k].
L’ouvert U est contenu dans la réunion de tous ces rectangles. On peut donc comparer les deux
quantités suivantes :
A−
X
n,m (U ) = A(Ri,j )
Ri,j ⊂U
Supposons que ϕ est simple, alors les images des intérieurs des rectangles Ri,j sont deux à deux
disjointes, donc
A−
X
n,m (ϕ(U )) = ϕ(Ri,j )
Ri,j ⊂U
X
∂ϕ ∂ϕ
= hk
(a + ih, b + jk) ∧
(a + ih, b + jk)
Ri,j ⊂U
∂s ∂t
k(h, k)kk→
−
X
+ ε (h, k)k
Ri,j ⊂U
lim sup A− +
n,m (U ) = lim inf An,m (U ).
n,m→+∞ n,m→+∞
Alors, la somme apparaissant au membre de droite dans l’expression de A− n,m (ϕ(U )) est une
somme de Riemann convergeant (c’est la définition de l’intégrale double sur une partie quarrable)
vers ZZ
∂ϕ ∂ϕ
∂s (s, t) ∧ ∂t (s, t)
dsdt.
U
Quant au second terme, il est majoré en valeur absolue par
nmk(h, k)kk→
−
ε (h, k)k 6 (b − a)(d − c)k→
−
ε (h, k)k
qui tend vers 0 quand n et m tendent vers +∞. Nous avons donc trouvé, sous certaines hypo-
thèses techniques, une expression de l’aire de la surface. Nous allons prendre cette expression
comme définition.
Définition 3.5.3. Soit ϕ : U → R3 une nappe paramétrée simple et soit S son support. L’aire
de S est définie comme ZZ
∂ϕ ∂ϕ
∂s (s0 , t0 ) ∧ ∂t (s0 , t0 )
dsdt.
U
Remarque 3.5.4. Il est possible de donner une justification plus générale de cette formule en
utilisant le vocabulaire des formes différentielles, mais cela sort du cadre de ce cours. Nous nous
contenterons donc de la justification précédente.
La formule de l’aire pose un problème : en un point singulier, le produit vectoriel s’annule.
Autrement dit, l’aire d’une nappe paramétrée ne change pas si on retire ses points singuliers. Pour
que nos calculs aient un sens, il faut pouvoir considérer que les points singuliers sont effectivement
"négligeables" par rapport à l’ensemble de la surface. Nous admettrons ici qu’un ensemble fini
de points est toujours "négligeable" en ce sens. Avant d’aborder quelques exemples, montrons
que notre formule définit une quantité géométrique, c’est-à-dire invariante par changement de
paramétrage.
Proposition 3.5.5. L’aire est invariante par changement de paramétrage.
Proof. Nous avons déjà vu lors de la preuve de la Proposition 3.4.5 qu’un changement de para-
métrage F : V → U multiplie le vecteur
∂ϕ ∂ϕ
(s0 , t0 ) ∧ (s0 , t0 )
∂s ∂t
– 67 –
Chapitre 3. Surfaces
par det(J(a0 ,b0 ) (F )). La formule de changement de variables dans les intégrales doubles donne
donc
ZZ
∂ϕ ∂ϕ
∂ϕ ∂ϕ
ZZ
∂s (s, t) ∧ ∂t (s, t)
dsdt = | det(J(a,b) (F ))|
◦ F (a, b) ∧ ◦ F (a, b)
dadb
U V ∂s ∂t
∂(ϕ ◦ F ) ∂(ϕ ◦ F )
ZZ
=
(a, b) ∧ (a, b)
dadb.
V∂a ∂b
3.5.2 Exemples
Traitons maintenant deux exemples de calcul d’aire.
∂ϕ ∂ϕ −−−−−→
(s, t) ∧ (s, t) = R cos(t)Cϕ(s, t).
∂s ∂t
On a donc
−−−−−→
Z 2π Z π/2
A(S) = R cos(t)kCϕ(s, t)kdsdt
0 −π/2
Z 2π Z π/2
= R2 cos(t)dsdt
0 −π/2
π/2
= 2πR2 [sin(t)]−π/2
= 4πR2 .
Exemple 3.5.7. Soient 0 < r < R des réels et soit ϕ : [0, 2π[×[0, 2π[→ R3 la nappe paramétrée
de classe C ∞ définie par
On peut vérifier sur ces expressions qu’il n’y a qu’un nombre fini de points singuliers et que
par conséquent l’aire de l’ensemble des points réguliers est égale à l’aire du tore tout entier. Le
calcul du produit vectoriel donne
−r(R + r cos(s)) cos(s) cos(t)
∂ϕ ∂ϕ
∧ = −r(R + r cos(s)) cos(s) sin(t)
∂s ∂t
−r(R + r cos(s)) sin(s) cos2 (t) − r(R + r cos(s)) sin(s) sin(t)2
cos(s) cos(t)
= −r(R + r cos(s)) cos(s) sin(t) .
sin(s)
– 68 –
3.5. Aire d’une surface
Remarquons que le vecteur apparaissant dans le membre de droite est de norme 1. De plus,
comme R > r, (R + r cos(s)) > 0 quel que soit s donc la norme du produit vectoriel est égale à
r(R + r cos(s)). L’aire est donc donnée par
Z 2π Z 2π
A(S) = r(R + r cos(s))dsdt
0 0
= (2π)2 rR + 2πr2 [sin(s)]2π
0
= 4π 2 rR.
Proof. Nous avons montré dans la preuve de la Proposition 3.5.1 que pour tous vecteurs ~u et ~v
de l’espace,
k~u ∧ ~v k2 = k~uk2 k~v k2 − h~u, ~v i2 .
On a donc
2
2
2 2
∂ϕ ∂ϕ
∂ϕ
∂ϕ
∂ϕ ∂ϕ
∂s (s, t) ∧ ∂t (s, t)
=
∂s (s, t)
∂t (s, t)
− ∂s (s, t), ∂t (s, t)
= EG − F 2 .
– 69 –
Chapitre 3. Surfaces
Pour considérer la courbure d’une surface de façon globale, il faut d’abord s’intéresser à la
fonction définie sur S qui à chaque point associe sa première forme fondamentale. En géométrie
différentielle, cette fonction s’appelle un tenseur. Dans le cas particulier des surfaces de R3 , ce
tenseur est parfois appelé tenseur métrique, puisqu’il permet de calculer les aires (ainsi que les
longueurs de courbes tracées sur la surface) et est noté g. En remarquant que
EG − F 2 = det(Φ1 ) = det(g),
p
on peut penser à det(g) comme à "l’élément d’aire" de la surface. p Cette idée se généralise
aux variété Riemanniennes orientables de toutes dimensions, et | det(g)| définit la forme vo-
lume canonique de la variété. Ajoutons que dans le cas des courbes, l’analogue de la première
forme fondamentale est la norme de la dérivée, c’est-à-dire k→
−γ 0 (t)k, qui d’après la formule de la
Définition 1.6.3 donnant la longueur d’une courbe est bien "l’élément de longueur" de la courbe.
Nous avons jusqu’à maintenant étudié les surfaces à l’aide d’un paramétrage global. Nous
avons cependant vu dans la Section 3.2.3 avec l’exemple de la sphère que ce cadre est insuffisant
pour décrire même les surfaces les plus courantes. Nous allons donc maintenant étudier les
surfaces qui sont définies par une équation, dans un sens que nous préciserons. L’idée sera bien
sûr de se ramener à des paramétrages, et cela se fera grâce au Théorème d’inversion locale. Avant
d’aborder ce sujet, nous commençons par étudier un type particulier de surfaces.
Ces deux vecteurs ne sont jamais colinéaires et la nappe est donc régulière. Quant à l’équation
du plan tangent, elle s’obtient directement à partir de l’Équation (3.1).
– 70 –
3.6. Surfaces définies par une équation
Il nous reste à trouver le vecteur normal, qui s’obtient grâce au produit vectoriel :
1 0 − ∂F (s0 , t0 )
∂s
∂ϕF ∂ϕF
∂F
(s0 , t0 ) ∧ (s0 , t0 ) = ∧ = − .
∂s ∂s 0 1 ∂t (s0 , t0 )
∂F ∂F
(s0 , t0 ) (s0 , t0 ) 1
∂s ∂t
On a donc
∂2F 2
2∂ F ∂2F
→
− h2 (s 0 , t0 ) + k (s0 , t0 ) + 2hk (s0 , t0 )
∂s2s ∂t2
D E
2
Φ2 (h, k) = D(s ϕ (h, k), N (s0 , t0 ) = ∂s∂t .
0 ,t0 ) F 2 2
∂F ∂F
1+ (s0 , t0 ) + (s0 , t0 )
∂s ∂t
Pour obtenir la courbure de Gauss, il nous suffit d’après la Proposition 3.4.15 de calculer les
déterminants de ces deux formes quadratiques. On trouve
2 ! 2 ! 2
∂F ∂F ∂F ∂F
det(Φ1 ) = 1+ (s0 , t0 ) 1+ (s0 , t0 ) − (s0 , t0 ) (s0 , t0 )
∂s ∂t ∂s ∂t
2 2
∂F ∂F
= 1+ (s0 , t0 ) + (s0 , t0 )
∂s ∂t
et
!2
∂2F ∂2F ∂2F
(s 0 , t0 ) (s0 , t0 ) − (s0 , t0 )
∂s2 ∂t2 ∂s∂t
det(Φ2 ) = 2 2
∂F ∂F
1+ (s0 , t0 ) + (s0 , t0 )
∂s ∂t
– 71 –
Chapitre 3. Surfaces
d’où
det(Φ2 )
K(M0 ) =
det(Φ1 )
!2
∂2F ∂2F ∂2F
(s ,
0 0t ) (s0 , t0 ) − (s0 , t0 )
∂s2 ∂t2 ∂s∂t
= 2 2 !2 .
∂F ∂F
1+ (s0 , t0 ) + (s0 , t0 )
∂s ∂t
Au cours de la preuve, nous avons obtenu l’expression de vecteur normal, qui permet de
claculer l’aire de SF si l’ouvert U est borné :
s
2 2
∂F ∂F
ZZ
A(SF ) = 1+ (s0 , t0 ) + (s0 , t0 ) dsdt.
U ∂s ∂t
Concluons en remarquant que nous aurions également pu définir des nappes paramétrées
de coordonnées (s, F (s, t), t) ou (F (s, t), s, t). Les supports de ces nappes s’obtiennent à partir
de SF en appliquant des isométries de l’espace et ont donc les mêmes propriétés géométriques.
C’est pourquoi nous n’avons pas besoin de les étudier explicitement.
f (x0 , y0 , z0 ) = 0
∂f
(x0 , y0 , z0 ) 6= 0.
∂z
Alors, il existe
– 72 –
3.6. Surfaces définies par une équation
tels que
(x, y, z) ∈ U × I et f (x, y, z) = 0 ⇐⇒ z = F (x, y).
On voit ici que le plan tangent ne dépend en fait que de f et pas de la fonction implicite F .
En particulier, d’après les calcul de la section précédente le vecteur de coordonnées
∂F ∂F
− (x0 , y0 ), − (x0 , y0 ), 1
∂x ∂y
est normal à Sf au point M0 . Ce vecteur est colinéaire au gradient de f , qui a pour coordonnées
−−→ ∂f ∂f ∂f
gradf (x0 , y0 , z0 ) = (x0 , y0 ), (x0 , y0 ), (x0 , y0 ) .
∂x ∂y ∂z
En calculant les dérivées partielles secondes de G et en les égalant à 0, on peut également
exprimer les dérivées partielles secondes de F en fonction de celles de f . La Proposition 3.6.2
donne alors une expression de la courbure ne dépendant que de f . Cela dit, les expressions
obtenues sont très compliquées et peu éclairantes. Il vaut mieux faire les calcul au cas par cas
en utilisant les particularités de la fonction f pour obtenir des simplifications.
– 73 –
Chapitre 3. Surfaces
3.6.3 Exemple
Soient a, b, c trois réels non nuls, soit κ ∈ R et soit Sa,b,c (κ) la surface d’équation
x2 y 2 z 2
+ + = κ,
a b c
appelée quadrique à centre parce qu’elle est symétrique par rapport à l’origine du repère. Nous
allons étudier le plan tangent et la courbure en un point M0 de coordonnées (x0 , y0 , z0 ). Soit
f : R3 → R la fonction définie par
x2 y 2 z 2
f (x, y, z) = + + − κ,
a b c
elle est de classe C ∞ , on a
−−→ 2x0 2y0 2z0
gradf (x0 , y0 , z0 ) = , ,
a b c
−−→
et ce vecteur dirige la normale à Sa,b,c en M0 . Dans le cas a = b = c, gradf (x0 , y0 , z0 ) est
−−−→
colinéaire à OM0 et on retrouve le plan tangent usuel à la sphère si κ est de même signe que a
(autrement Sa,b,c (κ) est dégénérée : c’est soit un point soit l’ensemble vide). Dans le cas général,
−−−→
un point M de coordonnées (x, y, z) appartient au plan tangent si et seulement si M0 M est
orthogonal au gradient, ce qui donne l’équation
2x0 2y0 2z0
(x − x0 ) + (y − y0 ) + (z − z0 ) = 0
a b c
x0 y0 z0 x2 y 2 z 2
x+ y+ z = 0 + 0 + 0
a b c a b c
x0 y0 z0
x+ y+ z =κ
a b c
Supposons z0 6= 0 et considérons une fonction implicite F : U → R de classe C ∞ au voisinage
de M0 telle que f (x, y, F (x, y)) = 0. Ceci est possible d’après le Théorème 3.6.4 car
∂f 2z0
(x0 , y0 , z0 ) = 6 0.
=
∂z c
En posant G : (x, y) 7→ f (x, y, F (x, y)) et en dérivant par rapport à x et y on obtient
x ∂F F (x, y)
0=2 +2 (x, y)
a ∂x c
y ∂F F (x, y)
0=2 +2 (x, y) ,
b ∂y c
d’où
∂F cx
(x, y) = −
∂x aF (x, y)
∂F cy
(x, y) = − .
∂y bF (x, y)
En dérivant à nouveau ces expressions on trouve
2
2 ∂2F F (x, y) ∂F 1
0 = + 2 2 (x, y) +2 (x, y)
a ∂x c ∂x c
2 2
2 ∂ F F (x, y) ∂F 1
0 = + 2 2 (x, y) +2 (x, y)
b ∂y c ∂y c
2
∂ F F (x, y) ∂F ∂F 1
0=2 (x, y) +2 (x, y) (x, y)
∂y∂x c ∂x ∂y c
∂2F F (x, y) ∂F ∂F 1
0=2 (x, y) +2 (x, y) (x, y)
∂x∂y c ∂y ∂x c
– 74 –
3.6. Surfaces définies par une équation
On sait que F (x0 , y0 ) = z0 . En prenant les égalités précédentes au point (x0 , y0 ) on obtient donc
∂F cx0 ∂ 2 F c c2 x2 ∂ 2 F c2 x0 y0
(x0 , y0 ) = − , (x0 , y0 ) = − − 2 03 , (x0 , y0 ) =
∂x az0 ∂x 2 az0 a z0 ∂y∂x abz03
∂F cy0 ∂ 2 F c c2 y02 ∂ 2 F c2 x0 y0
(x0 , y0 ) = − , (x ,
0 0y ) = − − , (x ,
0 0y ) =
∂y bz0 ∂y 2 bz0 b2 z03 ∂x∂y abz03
Nous pouvons maintenant appliquer la Proposition 3.6.2 pour calculer la courbure de Gauss au
point M0 . Calculons d’abord le numérateur :
! ! !2
c c2 x2 c c2 y 2 c2 x0 y0 c2 c3 y02 c3 x20
− − 2 03 − − 2 03 − = + +
az0 a z0 bz0 b z0 abz03 abz02 ab2 z04 a2 bz04
!
c2 cx2 cy 2
= 1 + 02 + 02
abz02 az0 bz0
!
c3 x20 y02 z02
= + +
abz04 a b c
c3
= κ
abz04
et le dénominateur :
!2 !2
c2 x2 c2 y 2 c4 x20 y02 z02
1 + 2 02 + 2 02 = + 2 + 2
a z0 b z0 z04 a2 b c
c4 2
= D ,
z04
Le terme z04 sera simplifié dans le quotient, la seule quantité dépendant de M0 est donc D, qui
peut s’interpréter géométriquement. Pour cela, notons H0 le projeté orthogonal de O sur le plan
−−→
tangent au point M0 . Alors, le vecteur OH0 est colinéaire au gradient, donc les coordonnées de
H0 sont de la forme
x 0 y0 z 0
H0 : λ , λ , λ .
a b c
pour un certain λ ∈ R. Comme de plus H0 appartient au plan tangent, on a
!
x20 y02 z02
κ=λ + 2 + 2 = λD
a2 b c
c3 z04 κ D04
K(M0 ) = = .
abz04 c4 D2 κ3 abc
– 75 –
Chapitre 3. Surfaces
Nous avons constaté à la Section 3.2.3 que la notion de nappe paramétrée était insuffisante
pour rendre compte de la géométrie de la sphère. La description de la sphère comme surface
d’équation x2 + y 2 + z 2 = 1 est plus satisfaisante. La stratégie consiste cependant à se ramener
à des nappes paramétrées au voisinage d’un point donné et à utiliser les résultats développés
pour les nappes paramétrées. Il est naturel de se demander si cette technique peut s’adapter à
un cadre plus général, pour étudier des surfaces qui ne sont pas nécessairement définies par une
équation. C’est ce que nous allons entreprendre maintenant.
DS (x, R) = B(x, R) ∩ S,
où B(x, R) est la boule ouvert de centre x et de rayon R dans l’espace affine R3 . La définition
de la continuité est alors la même que dans le cas de R2 . L’idée pour étudier S comme une
surface est de trouver, au voisinage de chaque point, une nappe paramétrée contenant ce point
et contenue dans S. Un tel paramétrage est appelé carte locale. Cependant, elle est généralement
définie par son application réciproque, c’est-à-dire comme une application de la surface vers R2 :
Définition 3.7.1. Soit M0 un point de S. Une carte locale pour S au point M0 est donnée par :
• Un ouvert V de S contenant M0
• Un ouvert U de R2
Remarque 3.7.2. L’hypothèse que ϕ est un homéomorphisme garantit que S est bien un objet
de dimension 2. En effet, tout point d’une boule est par exemple contenu dans un morceau de
sphère qui est homéomorphe à un ouvert de R2 . Cependant, le morceau de sphère lui-même
n’est pas un ouvert de la boule, donc il ne définit pas une carte locale.
Soit ϕ1 : V1 → U1 une carte locale. L’application ϕ−1 3
1 : U1 → R est une nappe paramétrée
au sens où nous l’avons étudié. Si elle est suffisamment régulière, elle définit donc un plan tangent
au point M0 et une courbure de Gauss. Cependant, que se passe-t-il si on considère une autre
carte locale ϕ2 : V2 → U2 telle que M0 ∈ V2 . On aura alors un autre plan tangent et nous
ne saurons plus lequel choisir . . . à moins qu’ils ne coïncident ! Pour cela, il suffit d’après la
Proposition 3.2.4 qu’il existe un changement de paramétrage de classe C 1 entre ϕ−1 −1
1 et ϕ2 . On
−1
dispose déjà un changement de paramétrage de classe C 0 : il s’agit de l’application ϕ2 ◦ ϕ1 , qui
est appelée changement de carte. Il suffirait donc qu’il soit plus régulier pour lever l’ambiguïté.
C’est l’objet de la prochaine définition.
Définition 3.7.3. Deux cartes locales (U1 , V1 , ϕ1 ) et (U2 , V2 , ϕ2 ) au point M0 sont dites C k -
compatibles si l’application
ϕ2 ◦ ϕ−1
1 : ϕ1 (V1 ∩ V2 ) → ϕ2 (V1 ∩ V2 )
– 76 –
3.7. Variétés différentielles
Remarque 3.7.4. Dire que l’application ϕ2 elle-même est de classe C k n’a a priori pas de sens
puisqu’elle est définie sur un ouvert de S, qui n’est pas un ouvert de R3 . C’est la raison pour
laquelle on ne peut étudier la régularité que pour les changements de cartes.
Si deux cartes locales sont C k -compatibles, l’application ϕ2 ◦ ϕ−1
1 est donc un changement
de paramétrage de classe C k pour ϕ1 et la nappe reparamétrée est ϕ2 . Il s’ensuit que toutes les
propriétés géométriques de ϕ1 et ϕ2 sont identiques. Pour pouvoir étudier une surface, il suffit
donc de se donner des cartes locales qui sont toutes compatibles et telles que tout point de la
surface est paramétré par au moins une des cartes. Donnons un nom à un tel ensemble.
Définition 3.7.5. Un atlas de classe C k sur S est la donnée d’une famille A = (Ui , Vi , ϕi )i∈I de
cartes locales deux à deux C k -compatibles et telle que S = ∪i∈I Vi .
– 77 –
Chapitre 3. Surfaces
qui à chaque point associe un vecteur normal de norme 1. Par le même raisonnement, on peut
→
−
prolonger N en une application continue sur toute la surface S. Cette propriété permet de
montrer qu’il existe des variétés plongées non-orientables.
Exemple 3.7.11. Soit ϕ : [0, 2π[×[−1, 1] → R3 la nappe paramétrée simple définie par
t s t s t s
ϕ(s, t) = 1 + cos cos(s), 1 + cos sin(s), sin .
2 2 2 2 2 2
Son support géométrique S est appelé ruban de Möbius. La nappe ϕ n’est bien sûr pas régulière
mais peut être complétée en un atlas pour obtenir une variété plongée. La variété obtenue ne
sera cependant pas orientable. Supposons en effet qu’il existe un atlas A+ contenant ϕ et tel
→
−
que S soit orientée. Il existe alors une fonction continue N : S → R3 donnant en tout point un
vecteur normal de norme 1 et tel que pour tout point régulier pour ϕ,
→
− 1 ∂ϕ ∂ϕ
N (ϕ(s, t)) =
∂s (s, t) ∧ ∂t (s, t).
∂ϕ ∂ϕ
∂s (s, t) ∧ ∂t (s, t)
→
−
Soit M0 = ϕ(0, −1). Alors, ϕ(s, 1) → M0 quand s → 2π. Par continuité, N (ϕ(s, 1)) devrait donc
→
− →
−
tendre vers N (M0 ). Or, pour s ∈ [0, 2π[, N (s, 1) est positivement colinéaire à
0
∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ
(s, 1) ∧ (s, 1) −→ 1/8 = − (0, −1) ∧ (0, −1),
∂s ∂t s→2π ∂s ∂t
1/4
– 78 –
3.7. Variétés différentielles
Mais pourquoi avoir choisi au départ une partie de R3 ? Les définitions de la Section 3.7.1
ont un sens pour n’importe quel espace topologique. D’ailleurs, les cartes locales pourraient très
bien avoir pour image un ouvert de Rn pour un entier n quelconque. Cette idée mène à la notion
centrale de la géométrie différentielle, celle de variété différentielle.
Définition 3.7.12. Une variété différentielle de dimension 2 et de classe C k est un espace
topologique S muni d’un atlas de classe C k .
Mais comment définir alors l’espace tangent ? Nous savons que dans le cas des variétés plon-
gées, l’espace tangent est l’ensemble des vecteurs tangents aux courbes tracées sur la surface.
Dans le cas général, si γ est une courbe tracée sur la surface et passant par un point M0 , on peut
considérer une carte locale ϕ et la courbe ϕ ◦ γ. Son vecteur tangent en M0 est bien défini et
appartient à R2 . Il suffit alors de définir l’espace tangent en M0 comme l’ensemble des vecteurs
ainsi obtenus pour toutes les courbes passant par M0 . Il faut ensuite montrer que cet ensemble
est un espace vectoriel de dimension 2 qui ne dépend pas de la carte choisie.
La question de la courbure est plus complexe. En effet, les calculs nécessitent un produit
scalaire sur le plan tangent. Dans le cas d’une variété plongée, ce produit scalaire est hérité
de l’espace ambiant. Dans le cas général, il n’y a pas d’espace ambiant, il faut donc choisir un
produit scalaire sur chaque espace tangent. Bien sûr, il est préférable que ces produits scalaire
varient de façon continue, voir même différentiable sur la variété. Cette idée se formalise à l’aide
de la notion de métrique sur la variété, qui mène au domaine de la géométrie riemannienne.
De fait, toute variété différentielle de dimension 2 peut être munie d’un métrique en vertu du
remarquable résultat suivant :
Théorème 3.7.13 (Whitney) Toute variété différentielle de dimension 2 peut être plongée
4
dans R .
Ce qui est important dans cet énoncé, c’est qu’on ne peut pas toujours plonger la variété
dans R3 . La notion de variété différentielle est donc plus riche que la notion de variété plongée.
Exemple 3.7.14. Soit ϕ : R2 → R4 la nappe paramétrée définie par
cos2 (u) sin2 (v) − cos2 (v)
cos(u) sin(u) sin(v)
ϕ(u, v) = .
cos(u) sin(u) cos(v)
cos2 (u) cos(v) sin(v)
Son support est appelé plan projectif et on peut montrer qu’il n’est pas plongeable dans R3
(ceci montre que le Théorème 3.7.13 est optimal). On peut toutefois la représenter dans R3 en
autorisant des auto-intersections grâce au paramétrage suivant :
√
cos(s) cos(2t) + √2 sin(s) cos(t)
cos(s)
ϕ(s, t) = √ cos(s) cos(2t) − 2 sin(s) cos(t) .
2 − sin(2s) sin(3v) 3 cos(s)
– 79 –
Chapitre 3. Surfaces
– 80 –
CHAPITRE 4
EXERCICES
Exercice 4.1.1 (Astroïde). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan. Étudier l’arc
paramétré γ : R → R2 , défini en coordonnées cartésiennes dans le repère R par
γ(t) = cos3 (t), sin3 (t) .
Exercice 4.1.3. On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan. Étudier l’arc paramétré
2
γ : R → R , défini en coordonnées cartésiennes dans le repère R par
γ(t) = t2 + t3 , t4 .
Exercice 4.1.4 (Courbe orthoptique). Soit C une courbe paramétrée. On appelle courbe
orthoptique de C l’ensemble des points du plan qui sont point d’intersection de deux tangentes
à C orthogonales. Le but de cet exercice est de construire la courbe orthoptique de l’astroïde
étudiée à l’exercice 4.1.1.
1. Donner un vecteur tangent unitaire en un point régulier quelconque de l’astroïde.
2. Donner une condition sur t1 , t2 ∈ R pour que les tangentes aux points γ(t1 ) et γ(t2 ) soient
orthogonales.
5. Étudier cette courbe et la tracer sur le même dessin que l’astroïde. Cette courbe est appelée
quadrifolium.
Chapitre 4. Exercices
Exercice 4.1.5. On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan. Étudier l’arc paramétré
2
γ : R → R , défini en coordonnées polaires dans le repère R par :
ρ(θ) = 1 + 2 cos(θ).
Exercice 4.1.6 (Eadem mutata resurgo). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du
∗ tels que b 6= 1 et soit C le support de l’arc paramétré γ : R → R défini
plan. Soient a, b ∈ R+
en coordonnées polaire dans le repère R par
ρ = abθ .
Exercice 4.1.7 (Courbes cartésiennes). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan.
Étudier les courbes paramétrées suivantes, définies par leurs coordonnées cartésiennes dans le
repère R :
et
4. x(t) = tet et y(t) = . Étudier l’arc sur les intervalles ] − ∞, 0[ et ]0, +∞[.
t
et
et y(t) = et sin(t). Étudier l’arc sur les intarvalles − π2 + kπ, π2 + kπ pour
5. x(t) =
cos(t)
k ∈ Z.
Exercice 4.1.8 (Courbes polaires). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan.
Étudier les courbes paramétrées suivantes, définies par leurs coordonnées polaires dans le repère
R:
θ−1
1. ρ(θ) = .
θ+1
cos(θ) + sin(θ)
2. ρ(θ) = .
cos(2θ)
sin(θ)
3. ρ(θ) = .
θ
2θ
4. ρ(θ) = sin .
3
– 82 –
4.1. Courbes planes
2θ
5. ρ(θ) = tan .
3
ρ2 = cos(2θ).
Exercice 4.1.10 (Courbe podaire). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan ainsi
qu’un point P de coordonnées (0, a), où a > 0. Pour un réel R > 0, on considère l’arc paramétré
γ : R → R2 défini par
γ(t) = (R cos(t), R sin(t))
On note C son support, qui est le cercle de centre O et de rayon R.
(a) a = R/2
(b) a = R
(c) a = 2R
1. Montrer que Z t1
−−→E
~v , →
−
D
γ 0 (t) dt.
~v , AB =
t0
− −→
2. En déduire que h~v , ABi 6 `γ (t0 , t1 ).
−
−→
3. En utilisant un vecteur ~v bien choisi, montrer que `γ (t0 , t1 ) >
AB
.
– 83 –
Chapitre 4. Exercices
4.2 Coniques
Exercice 4.2.1 (Foyer et directrice). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan.
Soit D la droite d’équation x = 5 et soit F le point de coordonnée (1, −1). On considère la
conique C de foyer F , de directrice D et d’excentricité e = 1/3.
1. Déterminer la nature de C .
2. Donner une équation de l’axe focal de C ainsi que les coordonnées de son centre.
3. Donner une équation de la seconde directrice ainsi que les coordonnées du second foyer.
Exercice 4.2.2 (Équation polaire). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan. Pour
chacune des équations polaires suivantes, décrire la courbe associée.
1
1. ρ = .
2 + cos(θ)
1
2. ρ = .
1 − sin(θ)
1
3. ρ = .
2 − cos(θ)
1. Montrer que C est la réunion d’une droite dont on donnera une équation et d’une courbe
du second degré.
2. On suppose que la courbe du second degré de C non dégénérée, montrer qu’il s’agit d’une
ellipse et calculer son excentricité et son paramètre.
Exercice 4.2.4. On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan. Soit C une ellipse de
demi-grand axe a et de demi-petit axe b.
3. Quels sont les points de plus forte et de plus faible courbure ? Donner les coordonnées des
centres de courbure dans ces cas.
– 84 –
4.2. Coniques
Exercice 4.2.6. On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan. Soient a, b ∈ R tels que
/ {a, b}, on note Cλ la courbe d’équation
0 < b < a. Pour λ ∈
x2 y2
+ = 1.
a−λ b−λ
1. Quelle est la nature de la courbe Cλ en fonction de λ ?
2. Quand Cλ est une conique, calculer les coordonnées des ses foyers.
4. Montrer que si, pour λ 6= µ, Cλ et Cµ ont une intersection non vide, alors leurs tangentes
aux points d’intersection sont orthogonales.
Exercice 4.2.7 (Courbes du second degré). On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du
plan. Pour chacune des équation suivantes, décrire la courbe du second degré associée.
1. x2 + 2xy + y 2 + 3x − 2y + 1 = 0.
2. (x − y + 1)2 + (x + y − 1)2 = 0.
3. (x + y + 1)(x − y + 3) = 3.
5. 2xy − 2x + 4y − 5 = 0.
Exercice 4.2.8. On fixe un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) du plan. Soit C une hyperbole
et soit M un point de C .
1. Donner une équation de la tangente à C au point M .
2. Montrer que cette tangente rencontre les deux asymptotes de C . On notera P et Q les
points d’intersection.
2. Montrer qu’il existe une constante C (appelée constante des aires) telle que pour tout
t ∈ I,
ρ(t)2 θ0 (t) = C.
3. On suppose qu’il existe une fonction r : R → R∗ telle que pour tout t ∈ I, ρ(t) = r ◦ θ(t)
et on pose q = 1/r. Montrer la première formule de Binet :
→
−
γ 0 (t) = C q ◦ θ(t)~vθ(t) − q 0 ◦ θ(t)~uθ(t) .
– 85 –
Chapitre 4. Exercices
→
− −µ
γ 00 (t) = ~u .
d(O, γ(t))2 θ(t)
– 86 –
4.3. Surfaces
4.3 Surfaces
Exercice 4.3.1. On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Soit ϕ : R2 → R3 la nappe
paramétrée définie dans le repère R par
2. Montrer que ϕN est régulière et calculer son plan tangent en tout point.
Exercice 4.3.3. On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Soit f : R2 → R une fonction
de classe C et soit ϕ : R2 → R3 la nappe paramétrée définie dans le repère R par
1
2. Pour un point régulier, déterminer l’intersection du plan tangent avec l’axe O~k.
Exercice 4.3.4. On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Soit f : R3 → R a fonction
définie par
f (x, y, z) = xy − z 3
et soit Sf l’ensemble des points de l’espace dont les coordonnées (x, y, z) vérifient
(
(x, z) 6= (0, 0)
f (x, y, z) = 0
1. Donner un paramétrage de Sf .
2. Quels sont les plans tangents à Sf contenant la droite définie par les équations x = 2 et
y = 3z − 3 ?
4.3.2 Courbure
Exercice 4.3.5 (Cône de révolution). On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Soit
π/2 > α > 0 et soit ϕ : R × [0, 2π] → R3 la nappe paramétrée définie dans le repère R par
où cot désigne la fonction cotangente. Calculer les courbures principales en tout point du support
de ϕ.
Exercice 4.3.6 (Tore). On fixe un repère R = (O,~i, ~ j, ~k) de l’espace. Soit 0 < r < R et soit
ϕ : [0, 2π] × [0, 2π] → R3 la nappe paramétrée définie dans le repère R par
– 87 –
Chapitre 4. Exercices
Exercice 4.3.7 (Hyperboloïde à une nappe). On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace.
Soit S la surface d’équation
x2 + y 2 − z 2 = 1.
1. Donner un paramétrage de S.
2. Calculer les formes fondamentales en tout point de S. En déduire les courbures principales
et la courbure de Gauss en tout point.
Exercice 4.3.8 (Paraboloïde elliptique). On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Soit
S la surface d’équation
x2 y 2
z= + .
2p 2q
Calculer la courbure de Gauss en tout point de S.
Exercice 4.3.9. On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Pour chacune des nappes
paramétrées suivantes, déterminer les points réguliers, une équation du plan tangent en ces
points ainsi que la courbure de Gauss.
1. Le paraboloïde hyperbolique :
a b
ϕ(s, t) = (s + t), (s − t), st ,
2 2
2. La conoïde de Plücker :
3. Le ruban de Möbius :
t s t s t s
ϕ(s, t) = 1 + cos cos(s), 1 + cos sin(s), sin .
2 2 2 2 2 2
Exercice 4.3.10 (Surfaces de révolution). On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Soit
I un intervalle de R et soient x, y : I → R des fonctions de classe C 1 telles que pour tout t ∈ I,
x(t) > 0 et
x0 (t)2 + y 0 (t)2 = 1.
On considère la nappe paramétrée ϕ : [0, 2π[×I → R3 définie dans le repère R par
– 88 –
4.3. Surfaces
Exercice 4.3.11 (Surfaces réglées). On fixe un repère R = (O,~i, ~j, ~k) de l’espace. Soient
x1 , x2 , y1 , y2 , z1 , z2 : R → R des fonctions de classe C 2 . On considère les vecteurs ~u(t) =
(x1 (t), y1 (t), z1 (t)) et ~v (t) = (x02 (t), y20 (t), z20 (t)) et on suppose que
ϕ(s, t) = (x2 (t) + sx1 (t), y2 (t) + sy1 (t), z2 (t) + sz1 (t)) .
– 89 –
CHAPITRE 5
CORRECTION DES EXERCICES
Exercice 5.1.1 (Astroïde). L’intervalle d’étude peut être réduit grâce aux symétries sui-
vantes :
• Les fonctions x et y sont 2π-périodiques, il suffit donc de faire l’étude sur [−π, π].
• On a x(−t) = x(t) et y(−t) = −y(t), il suffit donc de faire l’étude sur [0, π].
π
• On a x(π − t) = −x(t) et y(π − t) = y(t), il suffit donc de faire l’étude sur 0, .
2
π π π
• On a x − t = y(t) et y − t = x(t), il suffit donc de faire l’étude sur 0, .
2 2 4
De plus kγ(t)k2 6 1 et il n’y a pas conséquent pas de branche infinie. Nous pouvons maintenant
étudier les fonctions x et y :
(
x0 (t) = −3 sin(t) cos2 (t)
y 0 (t) = 3 cos(t) sin2 (t)
Sur l’intervalle [0, π/4] on a x0 (t) 6 0 et y 0 (t) > 0. Ainsi, x est toujours décroissante et y est
toujours croissante sur [0, π/4]. Pour nous aider à tracer la courbe, étudions les tangentes aux
extrémités. En t = π/4 on a
√ !3
0 π 2
→
−
γ =3 (−1, 1).
4 2
En t = 0 on a
→
− →
−
γ 0 (0) = 0 et →
−
γ 00 (0) = (−3, 0).
Nous pouvons maintenant tracer la courbe. La partie correspondant à [0, π/4] est en noir. La
partie correspondant à [π/4, π/2], en bleu, est obtenue par réflexion par rapport à la première
bissectrice des axes. La partie correspondant à [π/2, π], en vert, est obtenue par réflexion par
rapport à l’axe des ordonnées. Le reste de la courbe, en rouge, est obtenu par réflexion par
rapport à l’axe des abscisses.
Chapitre 5. Correction des exercices
• Les fonctions x et y sont 2π-périodiques, il suffit donc de faire l’étude sur [−π, π].
• On a x(−t) = x(t) et y(−t) = −y(t), il suffit donc de faire l’étude sur [0, π].
De plus, kγ(y)k2 6 18 et il n’y a pas conséquent pas de branche infinie. Nous pouvons
maintenant étudier les fonctions x et y :
t 3t
x0 (t) = −2 sin(t) + 2 sin(2t) = 4 sin
cos
2 2
t 3t
0
y (t) = 2 cos(t) − 2 cos(2t) = 4 sin sin
2 2
Sur l’intervalle [0, π], sin(t/2) > 0 et sin(3t/2) change de signe une fois en 2π/3. Ainsi, y
est croissante sur [0, 2π/3] puis décroissante sur [2π/3, π]. D’autre part, cos(3t/2) change
de signe une fois, pour t = π/3. Ainsi, x est croissante sur [0, π/3] puis décroissante sur
[π/3, π]. Pour nous aider à tracer la courbe, étudions les tangentes aux extrémités. En
t = π on a
→
−
γ 0 (π) = (0, −2)
– 92 –
5.1. Courbes planes
En t = 0 on a
→
− →
−
γ 0 (0) = 0 et →
−
γ 00 (0) = (2, 0).
Nous pouvons maintenant tracer la courbe. La partie correspondant à [0, π] est en bleu. Le
reste de la courbe, en vert, est obtenu par réflexion par rapport à l’axe des abscisses.
Exercice 5.1.3. L’arc n’a pas de symétrie particulière, nous allons donc faire l’étude sur R.
On remarque que
kγ(t)k2 −→ +∞,
t→±∞
• En +∞, on a
y(t)
→ +∞
x(t) t→+∞
• En −∞, on a
y(t)
→ −∞
x(t) t→+∞
Sur l’intervalle ] − ∞, 0], on a y 0 (t) 6 0 et sur l’intervalle [0, +∞[, on a y 0 (t) > 0. Ainsi, y est
décroissante pour t ∈] − ∞, 0] puis croissante pour t ∈ [0, +∞[. D’autre part, on a
donc x(t) 6 0 pour t ∈ [−2/3, 0] et x(t) > 0 en dehors. Ainsi, x est croissante sur ] − ∞, −2/3],
puis décroissante sur [−2/3, 0], puis à nouveau croissante sur [−2/3, +∞[. Il y a un unique point
singulier en t = 0. Pour déterminer sa nature, nous devons calculer les dérivées successives :
→
−
γ 00 (0) = (2, 0), →
−
γ 000 (0) = (6, 0) et →
−
γ 000 (0) = (0, 24).
– 93 –
Chapitre 5. Correction des exercices
Ainsi, les tangentes aux points γ(t1 ) et γ(t2 ) seront orthogonales si et seulement si
π
t1 = t2 + + kπ
2
pour k ∈ Z.
4. Il découle de ce qui précède que la courbe cherchée est l’ensemble des points d’intersections
des tangentes à l’astroïde aux points γ(t) et γ(t + π/2) quand t parcourt R. L’équation de
la tangente au point t + π/2 est
π π π π
sin t + x + cos t + y = sin t + cos t +
2 2 2 2
cos(t)x − sin(t)y = − cos(t) sin(t)
cos(t)x − sin(t)y = − cos(t) sin(t)
– 94 –
5.1. Courbes planes
Le point d’intersection des tangentes aux points γ(t) et γ(t + π/2) est donc défini par le
système d’équations (
sin(t)x + cos(t)y = sin(t) cos(t)
cos(t)x − sin(t)y = − sin(t) cos(t)
En multipliant la première ligne par sin(t) et la seconde par cos(t) et en additionnant, on
obtient
x = sin2 (t) cos(t) − sin(t) cos2 (t).
En multipliant la première ligne par cos(t) et la seconde par − sin(t) et en additionnant,
on obtient
y = sin(t) cos2 (t) + sin2 (t) cos(t).
La courbe orthoptique de l’astroïde est donc le support de l’arc paramétré ψ : R → R2
défini par
ψ(t) = (sin2 (t) cos(t) − sin(t) cos2 (t), sin(t) cos2 (t) + sin2 (t) cos(t)).
• Les fonctions x et y sont 2π-périodiques, il suffit donc de faire l’étude sur [−π, π].
• On a x(−t) = y(t) et y(−t) = x(t), il suffit donc de faire l’étude sur [0, π].
π
• On a x(π − t) = −y(t) et y(π − t) = −x(t), il suffit donc de faire l’étude sur 0, .
2
π π π
• On a x − t = −x(t) et y − t = y(t), il suffit donc de faire l’étude sur 0, .
2 2 4
De plus d(0, γ(t))2 6 8 et il n’y a pas conséquent pas de branche infinie. Nous pouvons
maintenant étudier les fonctions x et y. Commençons par x,
x0 (t) = 2 sin(t) cos2 (t) − sin3 (t) − cos3 (t) + 2 sin2 (t) cos(t)
= 2 sin(t) cos(t)(cos(t) + sin(t)) − (sin3 (t) + cos3 (t))
= 2 sin(t) cos(t)(cos(t) + sin(t))
− (cos(t) + sin(t))(cos2 (t) − sin(t) cos(t) + sin2 (t))
= 2 sin(t) cos(t)(cos(t) + sin(t)) − (cos(t) + sin(t))(1 − sin(t) cos(t))
= 2(cos(t) + sin(t))(−1 + 3 sin(t) cos(t))
3
= 2(cos(t) + sin(t)) −1 + sin(2t) .
2
t 7→ 1 − 3 sin(2t)/2
est strictement décroissante. Il existe donc un unique t0 ∈ [0, π/4] tel que x0 (t) 6 0 pour
t ∈ [0, t0 ] et x0 (t) > 0 pour [t0 , π/4]. Ainsi, x est décroissante sur [0, t0 ] puis croissante sur
[t0 , π/4]. Nous pouvons maitenant étudier y :
y 0 (t) = −2 sin2 (t) cos(t) + cos3 (t) − sin3 (t) + 2 sin(t) cos2 (t)
= 2 sin(t) cos(t)(cos(t) − sin(t)) + (cos3 (t) − sin3 (t))
= 2 sin(t) cos(t)(cos(t) − sin(t))
+ (cos(t) − sin(t))(cos2 (t) + sin(t) cos(t) + sin2 (t))
= 2 sin(t) cos(t)(cos(t) − sin(t)) + (cos(t) − sin(t))(1 + sin(t) cos(t))
= 2(cos(t) − sin(t))(1 + 3 sin(t) cos(t))
3
= 2(cos(t) − sin(t)) 1 + sin(2t) .
2
– 95 –
Chapitre 5. Correction des exercices
Sur l’intervalle [0, π/4], on a y 0 (t) > 0. Ainsi, y est toujours croissante. Pour nous aider à
tracer la courbe, étudions les tangentes aux extrémités. En t = π/4 on a
√ !
0 π 2
→
−
γ = ,0 .
4 2
En t = 0 on a
→
−
γ 0 (0) = (−2, 2).
Nous pouvons maintenant tracer la courbe. La partie correspondant à [0, π/4] est en noir.
La partie correspondant à [π/4, π/2], en bleu, est obtenue par réflexion par rapport à l’axe
des ordonnées. La partie correspondant à [π/2, π], en vert, est obtenue par réflexion par
rapport à la second bissectrice des axes. Le reste de la courbe, en rouge, est obtenu par
rélfexion par rapport à la première bissectrice des axes.
– 96 –
5.1. Courbes planes
→
−
γ 0 (θ) = ρ0 (θ)~uθ + ρ(θ)~vθ
= a ln(b)bθ ~uθ + abθ~vθ
et
→
−
γ 00 (θ) = a ln(b)2 bθ ~uθ + a ln(b)bθ~vθ + a ln(b)bθ~vθ − abθ ~uθ
= abθ (ln(b)2 − 1)~uθ + 2a ln(b)bθ~vθ .
Pour montrer que ces deux vecteurs forment une famille libre, il suffit de vérifier que leur
déterminant est non nul :
det(→
−
γ 0 (θ), →
−
γ 00 (θ)) = 2a2 ln(b)2 b2θ − a2 b2θ (ln(b)2 − 1)
= a2 ln(b)2 b2θ + a2 b2θ
= a2 b2θ (ln(b)2 + 1)
6= 0.
2. Soit α l’angle entre la tangente au point M = γ(t) et la droite (OM ). Un calcul immédiat
montre que kγ 0 (θ)k = abθ 1 + ln(b)2 . Comme (OM ) est dirigée par ~uθ , on a alors
p
h→
−
γ 0 (t), ~uθ i
cos(α) =
k→
−γ 0 (t)k
a ln(b)bθ
= p
abθ 1 + ln(b)2
ln(b)
= p .
1 + ln(b)2
– 97 –
Chapitre 5. Correction des exercices
Z t
`(M ) = k→
−
γ 0 (θ)kdθ
−∞
Z t q
= abθ 1 + ln(b)2 dθ
−∞
" #t
q bθ
= a 1 + ln(b)2
ln(b) −∞
s
1
= abθ 1 +
ln(b)2
s
1
= OM 1+ .
ln(b)2
det (→
−
γ 0 (t), →
−
γ 00 (t))
c(t) =
kγ 0 (t)k3
2
abθ (ln(b)2 + 1)
= p 3
abθ 1 + ln(b)2
1 1
= p
OM 1 + ln(b)2
sin(α)
=
OM
OM
R= .
sin(α)
– 98 –
5.1. Courbes planes
– 99 –
Chapitre 5. Correction des exercices
– 100 –
5.1. Courbes planes
et
4. x(t) = tet et y(t) = .
t
et
5. x(t) = et y(t) = et sin(t).
cos(t)
– 101 –
Chapitre 5. Correction des exercices
cos(θ) + sin(θ)
2. ρ(θ) = .
cos(2θ)
– 102 –
5.1. Courbes planes
sin(θ)
3. ρ(θ) = .
θ
2θ
4. ρ(θ) = sin .
3
– 103 –
Chapitre 5. Correction des exercices
2θ
5. ρ(θ) = tan .
3
p
Exercice 5.1.9 (Lemniscate de Bernoulli). Il faut étudier la courbe d’équation ρ = cos(2θ)
sur [0, π/4] puis faire une symétrie par rapport à l’axe des abscisses pour obtenir la courbe sur
[−π/4, 0]. En faisant unepsymétrie par rapport à l’origine on obtient ensuite le support de la
courbe d’équation ρ = − cos(2θ). La réunion des deux est la courbe cherchée.
– 104 –
5.2. Coniques
5.2 Coniques
2. L’axe focal est orthogonal à D, donc a pour équation y = α pour un certain réel α. De
plus, F appartient à l’axe focal. Son équation est donc y = −1. Dans le repère focal, les
coordonnées du centre sont !
−de2
,0
1 − e2
1
C: , −1 .
2
3. La second directrice s’obtient par symétrie par rapport à C et a donc pour équation
x = −4. De même, F 0 a pour coordonnées (0, −1).
M F 2 = e2 d(M, D)2 .
1 1
(x − 1)2 + (y + 1)2 = (x − 1 − 4)2 = (x − 5)2 .
9 9
1/2
ρ(θ) = .
1 + 12 cos(θ)
– 105 –
Chapitre 5. Correction des exercices
2. On a
1
ρ(θ)~uθ = ~uθ
1 − sin(θ)
1
= ~uθ
1 + cos(θ + π/2)
1
= f (~uθ+π/2 )
1 + cos(θ + π/2)
où f est la rotation vectorielle d’angle −π/2. Il s’agit donc d’une parabole de paramètre
1.
3. On a
1
ρ(θ)~uθ = ~uθ
2 − cos(θ)
1/2
= ~uθ
1 − 12 cos(θ)
1/2
= 1 ~uθ
1 + 2 cos(θ + π)
1/2
= 1 g (~uθ+π )
1 + 2 cos(θ + π)
où g est la rotation vectorielle d’angle −π, c’est-à-dire la symétrie par rapport à l’origine.
Il s’agit donc d’une ellipse d’excentricité 1/2 et de paramètre 1/2.
– 106 –
5.2. Coniques
1 3
∆=1− = >0
4 4
donc si la courbe est non-dégénérée c’est une ellipse. De plus, sa trace est égale à T =
1 + 1 = 2. Le polynôme caractéristique s’écrit donc
1 3
2
X − 2X + 3 = X − X− .
2 2
et le paramètre par
√
b2 2
p= = .
a 3
Exercice 5.2.4. 1. D’après le cours, une paramétrisation cartésienne de C est donnée par
l’arc paramétré γ : [0, 2π[→ R2 défini par
– 107 –
Chapitre 5. Correction des exercices
d’où
det →
−
γ 0 (t), →
−
γ 00 (t) = ab sin2 (t) + ab cos2 (t) = ab.
det (→
−
γ 0 (t), →
−
γ 00 (t)) ab
c(t) = →
− = 3/2 .
k γ 0 (t)k3 2
a sin (t) + b2 cos2 (t)
2
3/2
3. Il est clair que f (t) = a2 sin2 (t) + b2 cos2 (t) varie entre a3 et b3 . La courbure est
maximale quand f est minimale, c’est-à-dire f (t) = b3 . On a alors
ab a
c(t) = 3
= 2.
b b
Cette valeur est atteinte pour sin(t) = 0, donc t ∈ {0, π}. La courbure est minimale quand
f est maximale, c’est-à-dire f (t) = a3 . On a alors
ab b
c(t) = = 2.
a3 a
Cette valeur est atteinte pour cos(t) = 0, donc t ∈ {π/2, 3π/2}. Il nous faut maintenant
calculer les vecteurs normaux pour ces quatre paramètres. On a
→
−
→
−
γ 0 (0)
= (0, b) N (0) = (−1, 0)
→
−
→
−
γ 0 (π)
= (0, −b) N (π) = (1, 0)
d’où
π →
− π
→
−
0
γ = (a, 0) N = (0, 1)
2
2
→
− 3π
3π
→−
γ0
= (−a, 0) N = (0, −1)
2 2
→
−
dont on déduit les coordonnées des centres de courbure en translatant de c(t)−1 N (t) :
!
b2
t=0 : a − ,0
a
!
π a2
t= : 0, b −
2 b
!
b2
t=π : −a + , 0
a
!
3π a2
t= : 0, −b +
2 b
√
Sur la figure ci-dessous où a = 2 et b = 2/ 3, les points de plus fortes courbures ont leur
cercle osculateur en rouge et les points de plus faible courbure ont leur cercle osculateur
en vert.
– 108 –
5.2. Coniques
Exercice 5.2.5. 1. D’après le cours, une paramétrisation cartésienne de C est donnée par
l’arc paramétré γ : R → R2 défini par
!
t2
γ(t) = − ,t .
2p
4. Soient t1 , t2 ∈ R tels que t1 t2 = −p2 . Les tangentes aux points γ(t1 ) et γ(t2 ) sont ortho-
gonales et les coordonnées (x, y) de leur point d’intersection vérifient
t1 t21
x + y =
p 2p
t2 t2
x + y = 2
p 2p
En multipliant la première équation par t2 et la seconde par −t1 et en additionant on
obtient
t2 t21 − t1 t22
(t2 − t1 )x =
2p
t1 t2
= (t1 − t2 )
2p
p
= − (t1 − t2 ).
2
– 109 –
Chapitre 5. Correction des exercices
Il s’ensuit que x = p/2. Ainsi, la courbe orthoptique de la parabole est contenue dans la
droite d’équation x = p/2 dans le repère au sommet, c’est-à-dire la directrice de C . De
plus,
−1 t1
y= + .
2t1 2p
∗ → R définie par
Comme la fonction f : R+
−1 t
t 7→ +
2t 2p
est surjective, la courbe orthoptique de C est la totalité de sa directrice.
x2 y2
− =1
A2 B 2
avec A2 = a − λ et B 2 = λ − b. Le foyer a donc pour abscisse
q
B2
s
pe B2 1+ A2 B2 p √
= 2 = −A 1 + = − A2 + B 2 = − a − b.
1 − e2 A −B A 2
A2
Si a > λ et b > λ, on a
X2 Y 2
+ 2 =1
A2 B
– 110 –
5.2. Coniques
symétriques par rapport au centre O de Cλ , dans les deux cas ils ont
Les deux foyers étant√
pour coordonnées (± a − b, 0) dans R.
→
−
3. D’après le cours, le vecteur N λ (x0 , y0 ) de coordonnées
x0 y0
,
a−λ b−λ
4. Soit (x, y) ∈ Cλ ∩ Cµ . On a
x2 y2 x2 y2
+ =1= + ,
a−λ b−λ a−µ b−µ
d’où
x2 x2 y2 y2
0 = − + −
a−λ a−µ b−λ b−µ
x2 (λ − µ) y 2 (λ − µ)
= +
(a − λ)(a − µ) (b − λ)(b − µ)
!
x2 y2
= (λ − µ) +
(a − λ)(a − µ) (b − λ)(b − µ)
2. Par hypothèse, →
−
γ 00 (t) est colinéaire à →
−
u θ(t) . La composante selon ~vθ(t) doit donc être nulle,
c’est-à-dire
2ρ0 (t)θ0 (t) + ρ(t)θ00 (t) = 0.
En multipliant par ρ(t) les deux membres de cette équation, on obtient
où l’on reconnaît la dérivée de ρ(t)2 θ0 (t). Cette fonction ayant une dérivée nulle, elle est
constante, d’où le résultat.
– 111 –
Chapitre 5. Correction des exercices
−r0 ◦ θ(t)
q 0 ◦ θ(t) =
r2 ◦ θ(t)
1 −θ0 (t)r0 ◦ θ(t)
=
θ0 (t) r2 ◦ θ(t)
1 −(r ◦ θ)0 (t)
=
θ0 (t) (r ◦ θ(t))2
1 −ρ0 (t)
=
θ0 (t) ρ(t)2
−ρ0 (t)
= .
C
Par hypothèse, la composante sur ~vθ(t) est nulle, il suffit donc d’étudier la composante sur
~uθ qui après factorisation donne
→
−
γ 00 (t) = −Cθ0 (t) q ◦ θ(t) + q 00 ◦ θ(t) ~uθ(t)
5. Remarquons que d(O, γ(t))−2 = ρ(t)−2 = q ◦ θ(t)2 . La second formule de Binet donne donc
Après simplification, on voit que la fonction q satisfait une équation différentielle linéaire
du second ordre à coefficients constants, à savoir
µ
q 00 + q = .
C2
Il existe donc deux constantes A, φ ∈ R telles que pour tout t ∈ R,
µ
q(t) = A cos(t + φ) + .
C2
On en déduit que
1
ρ(t) =
q ◦ θ(t)
1
=
µ/C 2 + A cos(θ(t) + φ)
C 2 /µ
=
1 + A0 cos(θ(t) + φ)
– 112 –
5.3. Surfaces
5.3 Surfaces
En isolant les variables d’un côté et les constantes de l’autre, cette équation devient
qui après division par cosh(s0 ) cosh(t0 ) (la fonction cosinus hyperbolique ne s’annule jamais)
prend la forme
x y
z− − = s0 + t0 − tanh(s0 ) − tanh(t0 ).
cosh(s0 ) cosh(t0 )
Exercice 5.3.2 (Paramétrage stéréographique). 1. Montrons que le support de ϕN est la
sphère de centre 0 et de rayon 1 privée du pôle nord. Pour cela, posons k = 1 + s2 + t2 .
On a alors
donc le support de ϕN est inclus dans la sphère. De plus, si x(s, t) = 0 = y(s, t) alors
z(s, t) = −1. Ainsi, l’intersection du support de ϕN avec l’axe O~k ne contient que le pôle
sud, ce qui montre que le support de ϕN ne contient pas le pôle nord. Réciproquement,
soit M un point de la sphère de coordonnées (x, y, z) qui n’est pas le pôle nord. Si M est le
pôle sud, nous avons vu que M = ϕ(0, 0) appartient au support de ϕN . Sinon, supposons
x 6= 0. On doit alors avoir 2s = kx et 2t = ky, d’où
sy
t= .
x
Ceci permet de trouver une équation donnant s. En effet,
2s = kx
2s = x + s2 x + t2 x
y2
s2 x + s2 − 2s + x = 0
x
– 113 –
Chapitre 5. Correction des exercices
4 −−−−−→
= − 2 Oϕ(s, t).
k
D’une part, le produit vectoriel ne s’annule pas donc la nappe est régulière et d’autre part,
−−−−−→
le vecteur normal est colinéaire à Oϕ(s, t) donc le plan tangent est le plan tangent usuel à
la sphère.
Exercice 5.3.3. 1. Calculons les dérivées partielles de ϕ :
cos(t) −s sin(t)
∂ϕ sin(t) ∂ϕ s cos(t)
,
= ∂f
et =
∂f
∂s ∂t
(s, t) (s, t)
∂s ∂t
ainsi que leur produit vectoriel
sin(t) ∂f (s, t) − s cos(t) ∂f (s, t)
∂t ∂s
∂ϕ ∂ϕ
∧ = −s sin(t) ∂f (s, t) − cos(t) ∂f (s, t) .
∂s ∂t
∂s ∂t
s
– 114 –
5.3. Surfaces
∂f
Comme cos(t) et sin(t) ne s’annulent pas en même temps, on doit donc avoir ∂t (0, t) = 0.
Réciproquement, si t vérifie ∂f
∂t (0, t) = 0 alors le point ϕ(0, t) est singulier.
y0 z2 z3
x + y − 3 0 z = y0 + y0 − 3 0
x0 x0 x0
2 3
y0 x + x0 y − 3z0 z = 2x0 y0 − 3z0
y0 x + x0 y − 3z02 z = −z03
– 115 –
Chapitre 5. Correction des exercices
Les coordonnées des points d’intersection de ce plan avec les plan d’équation x = 2 et
y = 3z − 3 vérifient donc
Pour que cette équation soit satisfaite pour tout z, il faut et il suffit que
(
x0 − z02 = 0
−z03 − 2y0 + 3x0 = 0
Ainsi les plans tangents contenant la droite considérée sont les plans tangents aux points
de coordonnées (1, 1, 1) et (4, 2, 2).
5.3.2 Courbure
Exercice 5.3.5 (Cône de révolution). Calculons les dérivées partielles de ϕ :
cos(t) −s sin(t)
∂ϕ ∂ϕ
= sin(t) et = s cos(t)
∂s ∂t
cot(α) 0
et
1
Φ2 (h, k) = q s2 cot(α)k 2 .
2 2
s (1 + cot (α))
Le minimum de Φ2 /Φ1 est 0, atteint en k = 0. Quant à son maximum, il est atteint en h = 0 et
vaut (en remarquant que pour α ∈]0, π/2[, sin(α) > 0)
– 116 –
5.3. Surfaces
Les vecteurs ~v1 = (r−1 , 0) et ~v2 = (0, (R + r cos(s))−1 ) forment une base orthonormée pour
Φ1 . Les courbures principales sont donc les valeurs de Φ2 sur ces deux vecteurs, à savoir
1 cos(s)
λ1 = et λ2 = .
r R + r cos(s)
On en déduit la courbure moyenne et la courbure de Gauss :
R + 2r cos(s) cos(s)
cm = et K = .
r(R + r cos(s)) r(R + r cos(s))
– 117 –
Chapitre 5. Correction des exercices
Exercice 5.3.7 (Hyperboloïde à une nappe). 1. Pour tout z ∈ R, il existe s ∈ R tel que
z = sinh(s).
Alors,
x2 + y 2 = 1 + sinh2 (s) = cosh(s),
donc il existe t ∈ R tel que x = cosh(s) cos(t) et y = cosh(s) sin(t). Ainsi, la nappe
paramétrée ϕ : R2 → R3 définie par
est un paramétrage de S.
Remarquons que les deux dérivée partielles sont orthogonales et qu’il n’y aura par consé-
quent pas de terme en hk dans Φ1 . De plus,
− cosh2 (s) cos(t)
∂ϕ ∂ϕ
∧ = − cosh(2 s) sin(t)
∂s ∂t
2 2
sinh(s) cosh(s) cos (t) + cosh(s) sinh(s) sin (t)
− cosh2 (s) cos(t)
= − cosh2 (s) sin(t)
cosh(s) sinh(s)
q
Posons α(s) = cosh(s) 1 + tanh2 (s). Alors,
− cos(t)/α(s)
∂ϕ ∂ϕ
∧ = cosh2 (s)α(s) − sin(t)/α(s)
∂s ∂t
tanh(s)/α(s)
– 118 –
5.3. Surfaces
∂ϕ →
−
Notons que ∂s∂t est orthogonal à N et qu’il n’y aura par conséquent pas de terme en hk
dans Φ2 . Nous pouvons maintenant calculer les formes fondamentales :
Φ1 (h, k) = h2 sinh2 (s) cos2 (t) + sinh2 (s) sin2 (t) + cosh2 (s)
+ k 2 cosh2 (s) sin2 (t) + cosh2 (s) cos2 (t)
= h2 cosh2 (s) + sinh2 (s) + k 2 cosh2 (s)
= h2 cosh2 (s)α(s)2 + k 2 cosh2 (s)
et
− cosh(s) cos2 (t) − cosh(s) sin2 (t) + sinh(s) tanh(s)
Φ2 (h, k) = h2
α(s)
cosh(s) cos (t) + cosh(s) sin2 (t)
2
+ k2
α(s)
sinh (s) − cosh2 (s)
2
cosh(s)
= h2 + k2
cosh(s)α(s) α(s)
1 cosh(s)
= −h2 + k2
cosh(s)α(s) α(s)
Les vecteurs ~v1 = ((cosh(s)α(s))−1 , 0) et ~v2 = (0, cosh(s)−1 ) forment une base orthonormée
pour Φ1 . Les courbures principales sont donc les valeurs de Φ2 sur ces deux vecteurs, à
savoir
1 1
λ1 = − 3 3
et λ2 = .
cosh (s)α(s) cosh(s)α(s)
On en déduit la courbure de Gauss :
1 1 1
K(s, t) = − 4 = − 2 = − .
(cosh(s)α(s)) cosh4 (s) + cosh2 (s) sinh2 (s) d(O, ϕ(s, t))4
x2 y 2
f (x, y) = + .
2p 2q
La surface S est le graphe de f , nous pouvons donc utiliser les résultats du cours pour calculer
sa courbure de Gauss. Pour cela, il faut d’abord calculer les dérivées partielles de f . Les dérivées
partielles premières sont
∂f x ∂f y
= et =
∂x p ∂y q
et les dérivées partielles secondes sont
– 119 –
Chapitre 5. Correction des exercices
ce qui donne
cos(s)y 0 (t)
∂ϕ ∂ϕ
∧ = x(t) sin(s)y 0 (t) .
∂s ∂t
−x0 (t)
2. Comme x(t) > 0 par hypothèse, le vecteur précédent est le vecteur normal en tout point
régulier. Il suffit alors d’appliquer la formule du cours.
– 120 –
5.3. Surfaces
D’autre part, la même équation de départ peut se réécrire y 0 (t)2 = 1−x0 (t)2 . En combinant
ces deux résultats, on a
4. Grâce à la question précédente, si la courbure de Gauss est constante on peut trouver une
équation différentielle simple vérifiée par x(t). Il faut cependant distinguer suivant le signe
de la courbure.
Dans chaque cas, on a ensuite une expression explicite de y 0 (t) = ± x0 (t)2 − 1 qui déter-
p
mine y à une constante près. Notons qu’il n’est pas en général possible d’exprimer y en
fonction de t à l’aide de fonctions usuelles.
Exercice 5.3.11 (Surfaces réglées). Les surfaces étudiées dans cet exercice sont dites réglées
car elles sont obtenues en prenant la réunion de toutes les droites Dt dirigées par ~u(t) et passant
par le point de coordonnées (x2 (t), y2 (t), z2 (t)).
– 121 –
Chapitre 5. Correction des exercices
et
−(p(t) k~u0 (t)k2 )2 p(t)2 k~u0 (t)k2
det(Φ2 ) = p 2 = − ,
p(t)2 + s2 k~u0 (t)k p(t)2 + s2
d’où
−p(t)2
K(s, t) = .
(p(t)2 + s2 )2
4. La courbure de Gauss est nulle si et seulement si p(t) = 0, ce qui équivaut au fait que ~v
est colinéaire à ~u0 .
– 122 –
APPENDICE : FORMULAIRE DE TRIGONOMÉTRIE
Fonctions circulaires
Les fonctions trigonométriques dites circulaires sont les fonctions cosinus et sinus usuelles
ainsi que la fonction tangente qui est, rappelons le, définie par tan(t) = sin(t)/ cos(t) pour tout
t ∈ R tel que cos(t) 6= 0.
Symmétries
Rappelons tout d’abord les représentations graphiques des fonctions cos (en vert), sin (en
rouge) et tan (en bleu).
Les fonctions cos et sin vérifient de nombreuses relations. Les principales sont résumées
ci-dessous :
Ces formules peuvent être visualisées (et mémorisées) graphiquement, par exemple grâce à
la figure suivante :
Appendice : Formulaire de trigonométrie
Valeurs remarquables
Il est en général impossible de calculer exactement le valeur d’un cosinus ou d’un sinus. Il
existe cependant quelques valeurs particulières qu’il est utile de connaître. Elles sont ici résumées
dans un tableau.
Formules d’addition
Il est possible de calculer le cosinus ou le sinus d’une somme de deux angles en fonction des
valeurs des fonctions en chacun de ces angles. Plus précisément, on a
• Cosinus :
• Sinus :
• Tangente :
tan(a) + tan(b)
tan(a + b) =
1 − tan(a) tan(b)
tan(a) − tan(b)
tan(a − b) =
1 + tan(a) tan(b)
– 124 –
Appendice : Formulaire de trigonométrie
Fonctions hyperboliques
ex + e−x
cosh(x) = .
2
La fonction sinus hyperbolique est la fonction sinh : R → R définie par
ex − e−x
sinh(x) = .
2
La fonction tangente hyperbolique est la fonction tanh : R → R définie par
sinh(x) ex − e−x
tanh(x) = = x .
cosh(x) e + e−x
– 125 –
Appendice : Formulaire de trigonométrie
Formules d’addition
Les formules d’addition pour les fonctions trigonométriques hyperboliques peuvent se déduire
de celles pour les fonctions trigonométriques circulaires grâce à la méthode mnémotechnique
suivante : il suffit de remplacer formellement cos par cosh et sin par i. sinh. Par exemple, on a
pour tout t ∈ R
cosh2 (t) − sinh2 (t) = 1.
Appliquée systématiquement, cette méthode donne les égalités suivantes :
– 126 –
Appendice : Formulaire de trigonométrie
• Cosinus hyperbolique :
• Sinus hyperbolique :
• Tangente hyperbolique :
tanh(a) + tanh(b)
tanh(a + b) =
1 + tanh(a) tanh(b)
tanh(a) − tanh(b)
tanh(a − b) =
1 − tanh(a) tanh(b)
– 127 –