9e Forum International Bois Construction 2019

Les grandes nouveautés du NF DTU 31.2 version 2019 : évolution des exi-gences sur les matériaux | F. Michel 1

Les grandes nouveautés du NF DTU

31.2 version 2019 : évolution des
exigences sur les matériaux

François Michel
Bureau Veritas Construction
La Défense (92 Puteaux), France
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2 Les grandes nouveautés du NF DTU 31.2 version 2019 : évolution des exi-gences sur les matériaux | F. Michel

1. Maîtrise du risque de condensations dans une paroi

de construction à ossature bois : optimisation
1.1. Evolution du DTU 31.2 : de l’approche technologique à
l’approche optimisée
Le DTU 31.2 de janvier 2011 présente vis-à-vis de la maîtrise du risque de condensations,
une approche essentiellement technologique. Celle-ci s’appuie sur deux éléments :
– Le choix d’un film pare-vapeur approprié,
– Une mise en œuvre correcte.
Il est donc à noter que, dans le DTU version 2011 :
– Un film pare-vapeur est nécessaire,
– les raccordements entre lés de pare-vapeur ne sont pas définis,
– les raccordements entre les lés de pare-vapeur et les matériaux interrompant le
pare-vapeur comme les murs en maçonnerie, les planchers, les menuiseries
extérieurs, etc. ne sont pas définis.
Ces raccordements ne sont pas définis non seulement en tant que produits mais égale-
ment par leur aptitude à l’emploi et la durabilité de la fonction qui leur est assignée :
rendre continu et durable l’« ouvrage pare-vapeur ».
Si à la fin de la première décennie du XXIème siècle, il est apparu nécessaire aux Profes-
sionnels de la Construction Bois de publier dans un délai aussi court que possible un DTU
techniquement mis à jour par rapport à la version datée de 1989, il est apparu également
nécessaire de faire bénéficier les Règles de l’Art écrites des parois de construction à ossa-
ture bois, que constitue le DTU 31.2, les améliorations pour la durabilité des ouvrages
« pare-vapeur » et les études, fiabilisées par quelques retours d’expérience, sur la contri-
bution à l’étanchéité à la vapeur d’eau de certains panneaux à base de bois. Dans ce cas,
moyennant des justifications appropriées, il est admis de s’affranchir de la mise en œuvre
d’un « film pare-vapeur ».
Cette contribution se manifeste par le respect d’un facteur 5 entre l’épaisseur de couche
d’air équivalente « sd » – qui caractérise la capacité d’un matériau à bloquer ou pas la
vapeur d’eau – des plans d’étanchéité à la vapeur d’eau placés côté intérieur et celle des
plans d’étanchéité à la vapeur d’eau placés côté extérieur.
Le futur DTU 31.2 dont les travaux de rédaction se sont achevés en décembre 2018,
intègre donc vis-à-vis de la maîtrise du risque de condensation :
– des performances en cisaillement à neuf et après vieillissement et en pelage, pour les
bandes et mastics reliant les lés de pare-vapeur entre eux ou les lés de pare-vapeur
avec les matériaux interrompant la paroi bois,
– une caractérisation de l’épaisseur de couche d’air équivalente « sd » pour les pan-
neaux à base de bois pour lesquels le rôle de barrière d’étanchéité à la vapeur d’eau
est revendiqué.

1.2. Maîtrise des performances annoncées

Pour conduire à des ouvrages durables, les performances annoncées par les fabricants de
barrières d’étanchéité à la vapeur d’eau, des panneaux contribuant à l’étanchéité à la
vapeur d’eau et des bandes et mastics de raccordement, doivent être justifiées. La justi-
fication du fait que les lots livrés sur le chantier sont conformes au DTU, passe à la fois
par des essais de type et par une maîtrise de la constance de la qualité technique de la
fabrication. Pour s’affranchir de ces essais, des marques de qualité ont été mises en place.

2. Précisions technologiques diverses

2.1. Spécificités des bois de section inférieure à 2200 mm² et
dont une des dimensions est inférieure à 22 mm
La NF P 52-001-1 « Règles d'utilisation du bois dans la construction – Classement visuel
pour l'emploi en structures des bois sciés résineux et feuillus – Partie 1 : bois massif » ne
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s’applique aux bois dont la section est inférieure à 2 200 mm² et dont l’une des dimensions
est inférieure à 22 mm. Cela pose des difficultés dans le cas de pièces de bois devant
travailler mécaniquement.
Le DTU version 2019 prescrit lorsque cette utilisation est nécessaire les spécifications sui-
vantes :
– Masse volumique > 380 kg/m3,
– Sur les faces ne sont admis que les nœuds dont le diamètre est inférieur à 1/3 de la
somme des dimensions des deux faces.
Cette prescription est très utile et se retrouvera, par exemple, pour les liteaux utilisés
dans les DTU des séries 40.1 et 40.2 « Couvertures en petits éléments ».

2.2. Isolation par l’extérieur supportée

Comme spécifié dans les Recommandations Professionnelles RAGE de 2013 « Maîtrise des
performances thermiques des constructions à ossature bois », l’isolation par l’extérieur de
paroi verticale de COB dans le cas de bardage rapporté, doit être supportée.
Le DTU version 2011 admet l’isolation non supportée mais dans ce cas, la technique de
revêtement extérieur ne s’appelle plus bardage rapporté mais vêtage et les fixations des
lattes soutenant le revêtement extérieur doivent être justifiées au déversement avec une
limitation du déplacement de la tête de la fixation pour limiter le risque de désorganisation
des éléments constituant le revêtement extérieur, pouvant conduire à une remise en
cause de l’étanchéité à l’eau voire de la solidité.
Cette particularité n’était pas abordée dans le DTU de 2011 et disparaît donc du DTU
version 2019.

3. Matériaux isolants
3.1. Isolants en laine minérale
Dans le DTU de 2011, les spécifications suivantes sont demandées pour les rouleaux ou
les panneaux de laine minérale :
– absorption d’eau à court terme WS (soit W(p) < 1 kg/m²),
– « semi-rigidité » pour l’épaisseur utilisée,
Dorénavant par référence à la NF EN 13162, le DTU version 2019 spécifie :
– Une classe de tolérance T2 au moins,
– Une résistivité au passage de l’air AFr 5.

3.2. Autres isolants

Le DTU de 2011 évoque les isolants à base de plastique alvéolaire et les isolants bio-
sourcés comme les laines de bois et les fibres de bois en renvoyant à la procédure d’Avis
Technique.
Le DTU version 2019 ne mentionne plus ces isolants en ne spécifiant plus que les panneaux
et rouleaux en laine minérale.
Il semble que l’emploi des panneaux à base de plastique alvéolaire est inusité.
L’emploi d’isolants bio-sourcés dont certains peuvent être sensibles au développement
fongique, reste non traditionnel. Leur utilisation est possible dans le cadre des Avis tech-
niques dont ils bénéficient et qui sont délivrés par le GS20.

4. Panneaux à base de bois

4.1. Utilisation comme barrière d’étanchéité à la vapeur d’eau
Comme expliqué au chapitre 1, les panneaux à base de bois peuvent être utilisés comme
barrière d’étanchéité à la vapeur d’eau côt intérieur dans la mesure où le rapport entre la
valeur « sd » du plan d’étanchéité à la vapeur d’eau côté intérieur et la valeur « sd » du
plan d’étanchéité à la vapeur d’eau côté extérieur est supérieur ou égale à 5.
Dans le cas le plus courant illustrant cette possibilité, lorsque la paroi est composée d’un
parement intérieur, d’un vide technique, d’un panneau à base de bois, d’une isolation en
laine minérale, d’un pare-pluie dont le sd est de 0,18 m, d’une lame d’air ventilée sur
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l’extérieur, d’un bardage rapporté, le sd du panneau à base de bois doit alors être de 5 x
0,18 soit 0,9 m.
S’il y a un panneau à base de bois, côté extérieur, dont le sd est sd_ext, alors, le sd du
panneau intérieur est donc 5 x (0,18 + sd_ext).
Cela semble simple mais la question est bien d’avoir des certitudes sur les valeurs
« sd »tant du point de vue de la façon de les déterminer que de celles des panneaux livrés
sur chantier !

4.2. Valeurs sd
Il est à noter que les valeurs tabulées données dans la norme harmonisée NF EN 13986
n’ont pas été considérées comme fiable par la Commission en charge de la rédaction du
DTU 31.2 version 2019.
Il a donc été stipulé que les valeurs sd sont à déterminer par essais.
Que le panneau soit placé côté extérieur ou côté intérieur, il faut se placer dans le cas le
plus défavorable :
– Côté intérieur, c’est lorsqu’il laisse plus facilement passer la vapeur d’eau. Il faut donc
une mesure de sd lorsque le panneau est censé être humidifié par la vapeur d’eau et
donc conduit à un sd plus faible. L’essai se fait donc sur ce qui s’appelle « en coupelle
humide » qui est le climat C de la NF EN 12572,
– Côté extérieur, c’est à contrario lorsqu’il empêche le passage de la vapeur d’eau. Il
faut donc une mesure de sd lorsque le panneau est censé être sec et donc conduit à
un sd plus élevé. L’essai se fait donc sur ce qui s’appelle « en coupelle sèche » qui est
le climat A de la NF EN 12572

4.3. Quels panneaux à base de bois ?

Les études menées pour pouvoir appliquer ce qu’il convient d’appeler la « règle du facteur
5 », se sont concentrées sur des panneaux d’une certaine gamme d’épaisseur. Par ailleurs,
il a été montré une importante dispersion des valeurs pour les panneaux OSB.
En conséquence :
– Pour les panneaux contreplaqués, pour les panneaux de particules et pour les pan-
neaux lamibois (LVL), l’épaisseur doit être comprise entre 7 et 16 mm,
– Pour les panneaux OSB, l’épaisseur doit être comprise entre 12 et 16 mm.
Dans le cas des rampants en couverture pour lesquels des panneaux à base de bois ont
été placés côté extrados, les épaisseurs minimales de ces panneaux sont :
– Panneaux de contreplaqués : 10 mm,
– Panneaux OSB/3 ou /4 : 16 mm,
– Panneaux de particules P5 ou P7 : 16 mm,
– Panneaux lamibois à usage structurel avec au moins deux plis croisés : 15 mm
Dans ces conditions, au cas où le panneau intérieur (intrados) est censé jouer le rôle de
barrière d’étanchéité à la vapeur d’eau, il faut être attentif à respecter les trois critères :
– Fourchettes d’épaisseur pour les panneaux tant en intrados qu’en extrados,
– Epaisseur maxi pour le panneau en extrados,
– Le sd des panneaux intrados doit être supérieur à 5 fois le sd des panneaux extrados.
Il est à signaler qu’en l’état des investigations et des décisions prises en conséquence, il n’est
pas prévu de placer un écran souple de sous-toiture « hautement perméable à la vapeur
d’eau » (sd < 0,10 m) directement sur les panneaux placés en extrados d’un rampant de
couverture en l’absence de ventilation en sous-face de ceux-ci avec de l’air extérieur.

4.4. Quel suivi de fabrication pour la valeur sd ?

Soit des essais sont réalisés à chaque livraison de panneaux, soit la valeur est certifiée
dans le cadre de la certification des panneaux réalisée par le FCBA : selon le cas, CTB-
Panneaux de process (panneaux de particules P5 ou OSB/3 ou /4) ou NF Extérieur CTB-X
(panneaux de contreplaqués ou lamibois) qui doit bientôt évoluer pour intégrer la certifi-
cation de cette valeur.
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5. Écrans rigides en panneaux à base de bois

(fonction pare-pluie)
La version 2011 du DTU 31.2 admet :
– Les panneaux SB-H de la norme NF EN 622-4,
– Les panneaux MDF-RWH de la norme NF EN 622-5.
De plus, ils doivent être de type IL conformément à la norme NF EN 14964.
Le DTU version 2019 a ajouté les spécifications suivantes :
– Pour ne plus les confondre avec les pare-pluies souples, ces panneaux sont appelés
dorénavant « écran rigides (fonction pare-pluie) »,
– Les panneaux SB-E de la norme NF EN 622-4 sont admis puisque qui plus peut le
moins,
– L’épaisseur des panneaux SB-H ou SB-E pour ne pas que le revêtement extérieur
devienne un vêtage (cf. chapitre 2.2 ci-dessus), est limitée à 35 mm,
– La valeur sd doit être inférieure ou égale à 0,5 m et doit être mesurée par essai « en
coupelle humide » qui est le climat C de la NF EN 12572. En effet, cet écran est régu-
lièrement en atmosphère humide ce dont il est tenu compte pour la mesure du s d.
Pour mémoire, ces écrans rigides doivent être utilisés derrière des bardages à joints fermés.

6. Barrière souple à la diffusion de la vapeur d’eau

Le DTU 31.2 de 2011 n’envisage comme plan d’étanchéité à la vapeur d’eau que les films
pare-vapeur dont la valeur sd est supérieure ou égale à 18 m.
Le DTU version 2019 introduit les barrières souples à la diffusion de la vapeur d’eau. Elles
sont utilisées dans le cas de l’utilisation de la règle du facteur 5 et doivent posséder les
spécificités suivantes :
– Être conformes à la NF EN 13984. Si elles sont mises en atelier, elles sont de type A
au sens de cette norme,
– Posséder une valeur sd comprise entre 1 m et 18 m exclu, mesurée selon la NF EN
1931,
– Avoir une résistance en traction > 100 N/5 cm et une résistance à la déchirure au
clou > 40 N,
Il est à noter que les barrières hygrorégulantes restent non traditionnelles et relèvent de
la procédure d’Avis Technique du GS20.

7. Accessoires participant à la continuité du plan

d’étanchéité à la vapeur d’eau
C’est une des nouveautés majeures, avec la règle du facteur 5 et l’admissibilité des pan-
neaux à base de bois comme barrière d’étanchéité à la vapeur d’eau.
Elle fiabilise grandement les constructions bois.
Sont concernés :
– Les mastics à extruder. Dans ce cas, en plus des justifications qui lui sont propres,
des essais de convenance sont à réaliser pour vérifier sa compatibilité avec le pare-
vapeur en film souple utilisé sur chantier. Il n’y a rien d’original par rapport à ce qui
se pratique usuellement avec les mastics,
– Les barrières, mastics-colles et autres accessoires adhésifs. Leur compatibilité avec
leurs supports putatifs – panneaux à base de bois servant de barrière d’étanchéité à
la vapeur d’eau, films pare-vapeur, barrières souples à la diffusion de la vapeur d’eau
– est justifiée par des essais de cisaillement à neuf et vieilli et des essais de pelage.

8. Revêtements extérieurs
Le domaine d’application du DTU version 2019 confirme celui de 2011 : seuls les bar-
dages rapportés suivants sont visés :
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– ceux à joints fermés,

– ceux dont les joints sont ouverts mais dont la largeur est inférieure à 8 mm et dont le
rapport entre la surface et la surface de l’élément constitutif du bardage est inférieure
à 1,5 %.
Par ailleurs, le référentiel dont relève le bardage rapporté doit viser explicitement la mise
en œuvre sur paroi de COB.
Les vêtages et les ETICS relèvent de la procédure d’Avis Techniques, respectivement des
GS2.2 et GS7 et ces AT doivent explicitement viser favorablement la pose sur paroi de COB.

9. Justifications techniques à apporter vis-à-vis des

transferts de vapeur d’eau dans une paroi de COB
Les justifications les plus simples à apporter pour l’utilisation des différents produits et
matériaux utilisés pour le plan d’étanchéité à la vapeur d’eau d’une paroi de construction
à ossature bois relevant du DTU 31.2 version 2019 sont les suivantes
– Le pare-vapeur est un film dont la valeur sd est > 18 m :
– Sa déclaration de performance selon la NF EN 13984 est nécessaire,
– Les mastics de liaisonnement sont justifiés par des essais de convenance (future
annexe F du DTU version 2019),
– Les bandes adhésives de raccordement sont justifiées par la future certification
FCBA n°519 (future annexe D du DTU version 2019),
– Il est utilisé des panneaux à base de bois comme barrière d’étanchéité à la vapeur
d’eau :
– La règle du facteur 5 est à appliquer. Les fourchettes d’épaisseur de panneau don-
nées au chapitre 5 sont à respecter,
– La ou les valeurs sd du ou des panneaux utilisés sont justifiées dans le cadre de la
certification de FCBA Certification dont relève le panneau,
– Les bandes adhésives de raccordement sont justifiées par la future certification
FCBA n°519 (future annexe D du DTU version 2019),
– Il est utilisé une barrière de diffusion à la vapeur d’eau dont la valeur sd est comprise
entre 1 m et 18 exclu :
– La règle du facteur 5 est à appliquer. Les fourchettes d’épaisseur de panneau don-
nées au chapitre 5 sont à respecter,
– Les mastics de liaisonnement sont justifiés par des essais de convenance (future
annexe F du DTU version 2019),
– Les bandes adhésives de raccordement sont justifiées par la future certification
FCBA n°519 (future annexe D du DTU version 2019),
– La ou les valeurs sd du ou des panneaux utilisés sont justifiées dans le cadre de la
certification de FCBA Certification dont relève le panneau.
En l’absence de certification, des essais de justification sont à réaliser sur les matériaux
livrés sur le chantier.
Les Dossiers de consultation des entreprises doivent s’appuyer sur les prescriptions des
DTU et autant que faire se peut s’appuyer sur les Marques de Qualité lorsqu’elles existent.
En effet, en ce qui concerne les produits et matériaux, il y a un transfert de responsabilité
objectif du fabricant vers l’équipe de chantier – architecte, entreprise et contrôleur tech-
nique – qui ont un contrat avec le maître d’ouvrage et donc, auxquels s’appliquent l’Article
1792 du Code Civil.
Enfin, il est nécessaire d’insister sur le fait que la mise en œuvre correcte de ces produits
est fondamentale. Une formation appropriée des conducteurs de travaux, des chefs de
chantier et des compagnons est indispensable : ils doivent avoir conscience que des er-
reurs de mise en œuvre de l’« ouvrage pare-vapeur » ou de l’« ouvrage pare-pluie » peut
avoir des conséquences dramatiques sur la durabilité de la construction à ossature bois.
Cela suppose donc des autocontrôles sérieux.