La Bobine
La Bobine
La Bobine
Je vous recommande de relire le chapitre sur les condensateurs si tout n'y était pas
clair pour vous : condensateurs et bobines se ressemblent, moyennant quelques
analogies.
Généralités
Qu'est ce qu'une bobine ?
Eh bien, en électronique, une bobine, c'est pareil, sauf qu'à la place d'un fil de coton,
c'est un fil conducteur.
C'est tout ?
A peu près. Mais soyons un peu plus rigoureux :
Une bobine est un dipôle passif non polarisé constitué d'une à une multitude
de spires de fil conducteur autour d'un noyau.
A quoi ça ressemble ?
Comme pour les autres composants, on en trouve de différentes tailles, de
différentes formes.
Voici quelques exemples :
De gauche à droite : une bobine rectiligne, une bobine circulaire et une bobine
moulée.
- Si la longueur l est petite devant son rayon r, la bobine est dite plate.
- Si l est voisin de r, la bobine est appelée solénoïde.
Symbole
Pour représenter ce composant dans un schéma électronique, rien de plus facile : il
suffit de dessiner des ponts (ou enjambements) comme quand vous étiez petits à la
maternelle !
Bobine ajustable
Dans la suite du cours, je vous expliquerai comment elle peut être utilisée en filtrage.
En revanche, les phénomènes électromagnétiques en jeu dans mes derniers
exemples sont complexes et je ne les aborderai que succinctement à la fin du
chapitre.
Quelques instants plus tard, à l'instant t1t1, la lampe 1 s'allume à son tour.
avant t0t0, l'interrupteur est ouvert. Aucun courant ne circule dans le circuit.
à t0t0, l'interrupteur est fermé. Un courant s'établit immédiatement dans la
lampe 2 qui s'illumine. On constate en revanche que le lampe 1 ne s'allume
pas : aucun courant ne s'y est encore établit (plus exactement, le courant y est
nul).
à t1t1, la lampe 2 s'illumine enfin. Un courant la parcourt donc.
Bilan : la bobine s'est opposée transitoirement (i.e : temporairement) à
l'établissement du courant. Une fois le courant établi, la bobine se comporte
comme un fil.
J'espère que ce petit exemple vous permet de voir quelle peut être l'influence d'une
bobine dans un circuit : elle s'oppose à l'établissement (ou à l'annulation) du courant,
tout comme le condensateur s'oppose à l'établissement (ou à l'annulation) d'une
tension.
Ainsi, l’intensité du courant électrique dans un circuit comportant une bobine ne subit
pas de discontinuité : le courant s’établit de façon progressive et s’annule de la
même façon ; l’intensité du courant électrique ne peut pas passer de façon
instantanée de la valeur zéro à une valeur I non nulle.
On utilise néanmoins plus souvent le milli-Henry, en effet car la taille d'une bobine
est proportionnelle à sa grandeur en Henry. En règle générale, une bobine de
plusieurs Henry sera très grosse. Mais surtout, les bobines de forte valeur sont plutôt
utilisées en électronique de puissance. Nous, nous n'aurons affaire qu'avec des
bobines de petites tailles et de petites valeurs, propre à l'électronique de signal.
Joseph Henry (qui donne à l'inductance son unité) est un physicien américain du
19ème siècle, qui travailla essentiellement sur l'électromagnétisme. Il perfectionna
les électroaimants, inventa un télégraphe électromagnétique et conçut l'un des
premiers moteurs magnétiques.
Une brève histoire de temps
decharge
Figure 5 : décharge du courant dans une bobine à travers une résistance
au=LRau=LR
Cette constante de temps suit les mêmes comportements que pour le condensateur,
souvenez-vous :
tau
Figure 6 : taux de charge et de décharge d'un bobine
(Comment ça "Fainéant, t'utilises les mêmes images !" ? Je ne vois pas ce que vous
voulez dire... )
Calcul d'inductance
L'inductance de la bobine est une constante positive qui ne dépend que des
caractéristiques géométriques de la bobine. Toutefois, il n’existe aucune formule
fiable pour le calcul de l’inductance des bobines : chacune est le fruit
d'approximations et a donc ses limites.
Je vous fournis néanmoins la formule la plus courante, pour une bobine de longueur
l, qui possède N spires de surface de section S :
L=μ⋅N2l⋅SL=μ⋅N2l⋅S
Avec :
E=12⋅L⋅i2E=12⋅L⋅i2
Avec :
E : l'énergie en Joule (J)
L : l'inductance de la bobine en Henry toujours (H)
i : l'intensité du courant parcourant la bobine, en Ampères (A)
On ne se répète jamais assez : remplacez courant par tension et inductance par
capacité et vous trouverez l'expression de l'énergie emmagasinée dans un
condensateur ! Bobines et condensateurs se ressemblent, je vous dis.
Pour aller plus loin...
Je ne vous ai pas démontré d'où viennent ces formules ni comment le Henry est
défini, car, encore une fois, il s'agit de physique un peu trop avancée pour notre
propos. Néanmoins, il me semble intéressant de vous parler de flux.
De la limaille - c'est-à-dire de la poudre - de fer est répandue autour d'un aimant (ici
rectiligne, avec le pôle Nord à gauche et le pôle Sud à droite). La limaille va
s'organiser et dessiner ces espèces de chemins partant d'un pôle pour arriver à
l'autre ou partant vers l'infini et au-delà . Ces chemins s'appellent des lignes de
champ(magnétiques) et sont plus ou moins intenses : la limaille sera plus ou moins
attirée sur ces chemins. Cette intensité de ligne de champ est appelée
le flux ΦΦ ("phi", lettre grecque) et son unité est le Weber.
Mais pourquoi tu nous parles d'aimants ?
Tout simplement parce qu'une bobine traversée par un courant est un aimant et
produit un flux. Je voulais également vous introduire cette notion pour pouvoir vous
donner la définition rigoureuse du Henry :
Le Henry est l'inductance de la bobine constituée d'une seule spire, parcourue par
une courant de 1 ampère et générant un flux de 1 Weber qui, lui-même peut libérer
une énergie égale à 1 joule.
Ou mathématiquement : Φ=L⋅IΦ=L⋅I
La bobine réelle
Depuis le début de cette partie, je vous mens un peu : une bobine dont le
comportement n’est décrit que par l’inductance n’existe pas ; elle n'est que théorique.
On s'est fait avoir !
Euh... oui, désolé . Mais rassurez-vous, dans la pratique, utiliser ce modèle idéal
est très souvent suffisant.
En réalité, la technologie utilisée pour fabriquer une bobine (fil, spires, noyau, etc)
engendre des éléments parasites, notamment :
Sachant tout cela, on peut représenter un modèle de bobine plus proche de la réalité
sous la forme suivante :
Pour être complet, je dois ajouter qu'il existe d'autres modèles plus proches encore
de la réalité, prenant en compte d'autres effets parasites, mais ce premier modèle est
déjà très fidèle et vous suffira amplement pour tous vos bricolages.
Bobines en série
bobines_serie
Dans un groupement en série, l'inductance équivalente est la somme des
inductances :
Leq=L1+L2Leq=L1+L2
Bobines en parallèle
bobines_par
Dans un groupement parallèle, l'inverse de l'inductance équivalente est la somme de
l'inverse des inductances :
1Leq=1L1+1L21Leq=1L1+1L2
Soit Leq=L1⋅L2L1+L2Leq=L1⋅L2L1+L2, cela ressemble au pont diviseur de tension
constitué de résistances. On verra plus loin pourquoi.
Si l'une des bobines a une inductance très inférieure à l'autre, par
exemple L1>>L2L1>>L2, alors Leq≈L2Leq≈L2.
En somme, les associations de bobines sont opposées à celles des condensateurs.
La bobine en régime continu
Cette partie n'est pas difficile : la bobine en régime continu est un fil !
C'est tout ? Ça valait pas la peine de faire une partie pour cela !
C'est tout pour les propriétés. Intéressons-nous plutôt aux applications.
Le soft-start
Le soft-start est, littéralement, le démarrage en douceur.
Certains montages sont sensibles aux brusques variations de courant. Pour éviter,
lors de la mise en route, une élévation immédiate du courant, il suffit de placer une
bobine dans la maille principale d'arrivée du courant. C'est le montage que je vous ai
montré lorsque j'ai introduit la bobine.
Ce système existe aussi avec des condensateurs, pour des circuits sensibles aux
fortes variations de tension.
Les relais
lorsque aucun courant n'est appliqué à la bobine, la palette (voir ci-dessus) est
libre, les connecteurs ne sont pas en contact et aucun courant, ni aucune
puissance, n'y circulent : c'est un interrupteur ouvert.
lorsqu'un courant est appliqué à la bobine, la palette est attirée vers la bobine,
et pousse, par un jeu de levier le connecteur de gauche sur celui de droite. Il y
a contact : c'est un interrupteur fermé.
Intérêts
Il est par exemple possible de commander avec un circuit de faible puissance (circuit
de la bobine) un circuit de forte puissance (celui des connecteurs). Il est toujours
préférable de limiter la puissance où cela est possible, dans un souci d'économie
d'énergie et de sécurité. Par exemple, vous pouvez commander avec un montage
électronique fonctionnant sur du 9V, une ampoule connectée au 230V du réseau
électrique, ceci grâce au relai. Ce dernier offrant une isolation galvanique entre le
montage et l'ampoule.
Par ailleurs, un relai peut être commandé numériquement (avec des 0 ou des 1
logiques) pour laisser passer (ou non) un signal analogique (comme un signal audio).
ZL=2πf⋅LZL=2πf⋅L
Avec :
U=Z⋅IU=Z⋅I
Avec :
U : tension en V
Z : impédance en ΩΩ
I : intensité du courant en A
Retard de phase
Réalisons un montage simple, et plaçons-y des appareils de mesures :
Dans une bobine, le courant est déphasé (en retard) de 90° par rapport à la tension :
il est "ralenti". C'est exactement l'inverse du condensateur où c'est la tension qui est
en retard par rapport au courant.
Comportement fréquentiel
A présent, intéressons-nous, pour une bobine idéale, aux variations de la tension U
pour une valeur de courant I donnée, en fonction de la fréquence.
Fréquence nulle
Conclusion
Pour une bobine réelle, son comportement est différent selon la fréquence du signal
qui lui est appliqué. Pour une fréquence nulle, la bobine se comporte comme une
impédance ; pour une fréquence infinie, la bobine est équivalente à un interrupteur
ouvert.
Le phénomène d'induction
Branchons une bobine sur un galvanomètre et déplaçons un aimant droit dans son
environnement :
D'abord, déplaçons l'aimant tel qu'il est orienté de la droite vers la gauche. L'aiguille
du galvanomètre dévie.
Je vais supposer que l'aiguille dévie vers la droite. En réalité, cela dépendra du
galvanomètre.
Lorsque le déplacement cesse, l'aiguille revient à sa position de repos.
Interprétation
Lorsqu'il y a déplacement d'une source du champ magnétique (ici l'aimant) près d'un
circuit électrique fixe (ici la bobine), une tension apparaît aux bornes du circuit : il se
comporte comme un générateur. A l'intérieur du circuit, une force
électromotrice(fém) engendre cette tension.
Un peu de vocabulaire
Je ne vais pas vous le démontrer, ce serait trop compliqué, mais voici une illustration
des lois de Maxwell :
Ainsi, si l'on approche le pôle Nord de l'aimant de la bobine par la droite, le courant
induit fait apparaître un pôle Nord dans la bobine à droite, pour repousser l'aimant
(les pôles de même nature se repoussent). On peut alors en déduire, grâce au
schéma précédent, le sens du courant induit et par suite celui de la fém induite, dans
le même sens que le courant puisque la bobine se comporte comme un générateur.
L'auto-induction
Si I varie, une fém apparaît aux bornes de la bobine pour contrecarrer cette
variation ;
Si le flux magnétique créé par la bobine est perturbé (par un aimant par
exemple), un courant induit s'ajoute à I pour contrecarrer cette perturbation.
Exemples d'applications du phénomène d'induction
Les transformateurs
Citation : Wikipédia
Le symbole d'un transformateur représente bien ces deux bobines mises face à face
:
le primaire est alimenté avec une tension alternative et est parcouru par
conséquent par un courant alternatif. Il se comporte donc comme un aimant
dont le champ magnétique varie, c'est-à-dire comme un aimant que l'on
déplace, à proximité du secondaire ;
le secondaire répond à cet aimant se déplaçant à proximité de lui par la loi de
Lenz : il y a au secondaire une fém et un courant induits.
Comment alors transformer la tension ?
Tout est question de nombres de spires :
Les micros de guitare sont des systèmes très ingénieux. Voici comment ils sont
construits :
Figure 16 : micro de guitare
électrique
Un aimant est entouré d'une bobine et est placé sous la corde, conductrice. Cette
propriété de la corde est importante : un élément conducteur déforme les lignes de
champ d'un aimant. C'est d'ailleurs grâce à cette propriété que les conducteurs sont
attirés par les aimants.
Je vous invite à passer au chapitre suivant qui vous permettra de valider vos
connaissances en vous exerçant un peu.
Savez-vous ? Quoi ? Eh bien vous venez d'acquérir des connaissance très utiles qui
vous permettrons déjà de créer vos propres montages. Cependant, ce "léger"
bagage ne vous permettra pas de réaliser des montages très complexes. Vient alors
la prochaine partie qui traitera des composants actifs, très utilisés pour créer des
systèmes réagissant en fonction de paramètres que l'utilisateur peu émettre. Je ne
vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir...
#