26 Espaces Vectoriels
26 Espaces Vectoriels
26 Espaces Vectoriels
Mis à part le calcul booléien, on peut dire qu'il n'y a sans doute pas de théorie plus universellement uti-
lisée en Mathématique que l'Algèbre linéaire ; il n'y en a presque pas non plus qui soit plus élémentaire, bien
que des générations de professeurs et de faiseurs de manuels se soient ingéniés à la compliquer à plaisir par
Jean Dieudonné,
Éléments d'Algèbre linéaire,
1 MP2I PV
Dans ce cours, K désigne R ou C, et sauf indication contraire, n et p sont des entiers naturels non nuls.
1 Espaces et sous-espaces vectoriels.
Un calcul dans R : 3
Proposition 4.
Tout vecteur de K s'écrit de façon unique comme combinaison linéaire des vecteurs de (e , . . . , e ),
n
base canonique de K :
1 n
n
n
X
∀x ∈ Kn , ∃!(x1 , . . . , xn ) ∈ Kn x= xi e i .
i=1
2
1.1 Structure de K-espace vectoriel.
On appelle loi de composition externe sur un ensemble E à scalaires dans K une application
E×K → E
·: .
(x, λ) 7→ λ · x
L'idée est que si x est un bidule et λ un scalaire, alors λ · x est un .
bidule
Dénition 5.
On appelle K-espace vectoriel un triplet (E, +, ·), où E est un ensemble, + une loi de compo-
sition interne, et · une loi de composition externe, avec scalaires dans K vériant
1. (E, +) est un groupe abélien, c'est-à-dire
(a) + est associative : ∀x, y, z ∈ E (x + y) + z = x + (y + z) ;
(b) + est commutative : ∀x, y ∈ E x + y = y + x ;
(c) Il existe dans E un unique élément neutre pour +, appelé "zéro" de E et noté 0 :
E
∀x ∈ E x + 0E = 0E + x = x;
(d) Tout élément x de E admet un (unique) symétrique dans E, noté (−x), tel que
2. Propriétés de ·
x + (−x) = −x + x = 0E .
(a) ∀x ∈ E 1 · x = x ;
(b) · est distributive par rapport à l'addition dans E :
K
∀x, y ∈ E ∀λ ∈ K λ · (x + y) = λ · x + λ · y;
Un abus fréquent consiste à parler de "l'espace vectoriel E" en omettant de mentionner les lois + et ·.
Attention : dans un espace vectoriel, le produit de deux vecteurs n'a pas de sens a priori.
Proposition 6 (Autour de zéro et du symétrique).
Soit E un K-espace vectoriel.
(i) ∀x ∈ E 0 · x = 0 . E
(ii) ∀λ ∈ K λ · 0 = 0 .
K
E E
(iii) ∀x ∈ E (−x) = (−1) · x.
(iv) ∀λ ∈ K ∀x ∈ E λ · x = 0 =⇒ (λ = 0 ou x = 0 ).
E K E
3
Preuve. Dans ce qui suit, lorsqu'on utilise une propriété de la dénition 5, on signale son numéro.
(i) Soit x ∈ E . On peut écrire
0K · x = (0K + 0K ) · x = 0K · x + 0K · x.
2.(c)
La propriété 1.(d) nous rappelle que le vecteur 0K · x admet un symétrique dans le groupe (E, +) noté −0K · x.
On ajoute ce symétrique à l'égalité précédente :
0K · x + (−0K · x) = (0K · x + 0K · x) + (−0K · x) = 0K · x + (0K · x + (−0K · x)) = 0K · x,
| {z } 1.(a) | {z } 1.(c)
=0E =0E
(iii) Soit x ∈ E . On a
x + (−1) · x = (1 + (−1)) · x = 0K · x = 0E .
2.(c)
Exemples :
1. Le cas n = 2 et K = R.
L'espace vectoriel R est le premier espace vectoriel dans lequel on a travaillé. Par dénition, un vecteur
2
Les nostalgiques pourront écrire →u cet élément de R . L'ensemble R peut être identié au plan en se
− 2 2
2. Le cas n = 3 et K = R.
L'espace R est celui de la mécanique newtonienne : il modélise l'espace en trois dimensions dans lequel
3
nous vivons.
3. Le cas n = 1.
R est un R-espace vectoriel. C est un C-espace vectoriel.
4
Exemple 9 (L'espace vectoriel K ).
X
Les lois et sont l'addition et la multiplication par un scalaire pour les matrices de taille n × p.
+ ·
Le zéro de cet espace est la matrice nulle 0 n,p
Exemples :
1. Espaces de fonctions à valeurs réelles.
Soit I un intervalle. L'ensemble R , plutôt noté F(I, R), est un R-espace vectoriel.
I
2. Espaces de suites.
L'ensemble K des suites à valeurs dans K est un K-espace vectoriel. Son zéro est la suite nulle.
N
x + y := (x1 + y1 , . . . , xn + yn ) et λ · x := (λ · x1 , . . . , λ · xn ).
lire xk +yk comme une somme dans l'espace Ek et λ · xk comme une multiplication par λ dans Ek
Muni des lois + et · dénies ci-dessus, E ×· · ·×E est un K-espace vectoriel de zéro (0
1 n E1 , · · · , 0En ) .
5
1.2 Combinaisons linéaires.
Dans un espace vectoriel, on peut sommer des vecteurs, et multiplier ces derniers par des scalaires. En
combinant ces deux opérations, on obtient la notion de combinaison linéaire.
Dénition 13 (Combinaison linéaire d'un nombre ni de vecteurs).
Soit E un K-espace vectoriel. Si x et x sont deux vecteurs de E, on appelle combinaison linéaire
0
λx + µx0 ,
où λ et µ sont des éléments de K.
Plus généralement, pour x , . . . , x
1 n ∈E , on appelle combinaison linéaire de x , . . . x tout vecteur
1 n
n
X
λi xi = λ1 x1 + . . . + λn xn ,
i=1
Exemple 14 (dans R3 ).
Soient
x = (1, 1, 1) u1 = (0, 1, 1) u2 = (1, 0, 1) u3 = (1, 1, 0).
Montrer que x est une combinaison linéaire de u , u et u . 1 2 3
Dénition 15.
Soit I un ensemble non vide et (λ ) une famille de scalaires de K indexée par I . Elle est
dite presque nulle (ou à support ni) si λ n'est diérent de 0 que pour un nombre ni de vecteurs.
i i∈I
i
Plus précisément, (λ ) est presque nulle s'il existe une partie nie J de I telle que
i i∈I
∀i ∈ I \ J λi = 0.
6
Dénition 16 (Généralisation de la notion de combinaison linéaire).
Soit (x ) une famille de vecteurs d'un espace vectoriel E et (λ ) une famille de scalaires
presque nulle. On note J une partie nie de I telle que ∀i ∈ I \ J λ = 0. On note alors
i i∈I i i∈I
i
X X
λi xi := λ i xi ,
i∈I i∈J
La somme de droite a un sens puisque J est nie, et sa valeur ne dépend pas de la partie J choisie.
Un tel vecteur est appelé combinaison linéaire de la famille (x ). i
Soit (E, +, ·) un K-espace vectoriel et F une partie de E. On rappelle que F est stable par la loi + si
∀(x, y) ∈ F 2 x + y ∈ F.
Exemple 18.
Soit E un K-espace vectoriel.
Le singleton {0 } est un sous-espace vectoriel de E : clairement stable par + et ·, il est,
muni des lois induites, un espace vectoriel. On l'appellera sous-espace vectoriel nul, ou
E
Méthode.
Pour montrer qu'un ensemble (E, +, ·) est un K-espace vectoriel, il sura souvent de prouver que
c'est un sous-espace vectoriel d'un espace vectoriel connu.
7
La caractérisation ci-dessous sera à privilégier en pratique pour prouver qu'une partie d'un espace vectoriel
en est un sous-espace vectoriel.
Proposition 19 (Caractérisation des sous-espaces vectoriels parmi les parties de E ).
Soit (E, +, ·) un K-espace vectoriel et F ⊂ E. Il y a équivalence des deux assertions suivantes.
1. F est un sous-espace vectoriel de E.
2. F satisfait les deux propriétés suivantes :
• 0 ∈ F,E
• F est stable par combinaison linéaire de deux vecteurs, c'est à dire
∀x, y ∈ F ∀λ, µ ∈ K λx + µy ∈ F.
On a prouvé dans le cours sur les matrices que S est un sous-espace vectoriel de K .
xp
p
0
· Cas particulier 3. Le cas n = 2, p = 3 : deux équations de plans vectoriels dans R . Dans le cas non
3
dégénéré (deux plans, non confondus) les solutions sont les vecteurs d'une droite vectorielle de R . . 3
Contre-exemple. Une droite ane de R ne passant pas par (0, 0) n'est pas un s.e.v. de R .
2 2
mais n'est pas stable par combinaison linéaire. En eet, (1, 2) est dans le demi-plan mais pas son opposé.
On rappelle que pour tout entier n ∈ N, l'ensemble K [X] est celui des polynômes de degré in-
férieur à n, à coecients dans K. C'est un sous-espace vectoriel de K[X] (donc un espace vectoriel).
n
8
Exemple 22 (Des sous-espaces de Mn (K)).
Les ensembles S (K) et A (K) sont des sous-espaces vectoriels de M (K).
n n n
L'ensemble des matrice diagonales, celui des triangulaires supérieures et celui des triangulaires
inférieures sont aussi des sous-espaces vectoriels de M (K).
n
L'ensemble des fonctions monotones n'est pas un sous-espace vectoriel de F(I, R). On pourra néanmoins
jeter un oeil à l'exercice de TD sur l'ensemble des fonctions "à variations bornées".
Proposition 24 (Intersection de s.e.v.).
Soit E un K-espace vectoriel et (F ) une famille de sous-espaces vectoriels de E. Alors
i i∈I
La réunion de deux sous-espaces vectoriels n'est pas, en général, un sous-espace vectoriel (−→ TD).
1.4 Application linéaire entre deux espaces vectoriels.
Dénition 25.
Soient (E, +, ·) et (F, +, ·) deux K-espaces vectoriels.
On appelle application linéaire entre E et F une application u : E → F telle que
∀x, y ∈ E ∀λ, µ ∈ K u(λx + µy) = λu(x) + µu(y).
9
Remarque. Il est équivalent de dénir la linéarité d'une application u : E → F à l'aide des propriétés
1. ∀x, y ∈ E u(x + y) = u(x) + u(y) (propriété de morphisme de groupes additifs)
2. ∀x ∈ E ∀λ ∈ K u(λ · x) = λ · u(x) (propriété d'homogénéité).
Certains auteurs préfèrent n'utiliser qu'un scalaire dans leur dénition de la linéarité. On peut en eet
démontrer que si u : E → F est une application entre deux K-espaces vectoriels,
u : E → F est linéaire si et seulement si ∀x, y ∈ E ∀λ ∈ K u(λx + y) = λu(x) + u(y).
Exemples.
1. La transposition :
Mn,p (K) → Mp,n (K)
u: ,
M 7→ M >
est une application linéaire.
2. La dérivation sur K[X]
K[X] → K[X]
D:
P 7→ P 0
est un endomorphisme de K[X].
On peut de même dénir une application de dérivation dénie sur D(I, R) :
D(I, R) → F(I, R)
D
e:
f 7→ f 0
D
e n'est pas un endomorphisme : une dérivée n'est pas toujours dérivable elle-même!
3. La trace est une forme linéaire :
Mn (K) → K
Tr : .
M 7→ Tr(M )
4. L'évaluation des polynômes (ou des fonctions) est une opération linéaire.
Plus précisément, Φ et Ψ , dénies ci-dessous à l'aide de a ∈ K et b ∈ Ω xés, sont des formes linéaires.
a b
KΩ → K
K[X] → K
Φa : et Ψb : .
P 7→ P (a) f 7→ f (b)
10
On fait remarquer que dans le titre de ce paragraphe, "application linéaire" est écrit au singulier...
Mentionnons ici que dans le cours , l'ensemble des applications linéaires de E vers F
sera noté L (E, F ) et muni (lui aussi!) d'une structure de K-espace vectoriel. On pourra donc écrire des
Applications linéaires
En particulier, on dénit ci-dessous l'image et le noyau d'une application linéaire, deux sous-espaces
vectoriels qui seront importants.
Dénition 27.
Soient E et F deux K-espaces vectoriels et u : E → F une application linéaire.
1. On appelle image de u, et on note Im u la partie de F dénie par :
Im u = {u(x), x ∈ E} = {y ∈ F : ∃x ∈ E y = u(x)} .
2. On appelle noyau de u et on note Ker u la partie de E dénie par :
Ker u = {x ∈ E : u(x) = 0 } . F
Proposition 28.
Soient E et F deux K-espaces vectoriels et u : E → F une application linéaire.
1. Ker u est un sous-espace vectoriel de E et
u est injective ⇐⇒ Keru = {0 }. E
11
Exemple 30.
Soit B ∈ K[X] unpolynôme non nul.
On considère ρ : K[X]P
→ K[X]
7→ R
, où R est le reste dans la division euclidienne de P par B.
1. Prouver que ρ est un endomorphisme de K[X].
2. Exprimer Im ρ à l'aide de b = deg B.
3. Décrire Ker ρ.
( p )
X
Vect(x1 , . . . , xp ) = λ k xk , λ1 , . . . , λp ∈ K .
k=1
12
Exemple 33 (Ensemble des solutions d'une EDL2 homogène).
Écrire à l'aide d'un Vect l'ensemble des solutions de y 00 + ω2y = 0 (où ω ∈ R , xé).
∗
+
i∈I
Dans la dénition précédente, on voit qu'à une famille (x ) de vecteurs, indexée par un ensemble I ,
est naturellement associé la partie de E contenant tous les vecteurs de la famille.
i i∈I
Réciproquement, si on se donne une partie A non vide dans E, il est possible de lui associer la famille de
vecteurs (x ) , où pour tout a ∈ A, x = a.
a a∈A a
Exemple 35.
2. Soit U l'ensemble des polynômes unitaires dans K[X]. Justier que Vect(U ) = K[X].
k∈N
F s.e.v. de E
∀F ∈ P(E) =⇒ Vect(A) ⊂ F.
A⊂F
13
Proposition 37 (Propriétés du Vect).
Soit E un K-espace vectoriel, et A, A , B trois parties de E, et x, y ∈ E.
0
1. Croissance du Vect :
A ⊂ B =⇒ Vect(A) ⊂ Vect(B).
En particulier,
x ∈ Vect(A) =⇒ Vect(A ∪ {x}) = Vect(A).
3. Remplacement d'un vecteur : Si y ∈ Vect(A ∪ {x}) avec un scalaire non nul sur x, alors
Vect(A ∪ {x}) = Vect(A ∪ {y}).
Corollaire 38 (Cas d'une famille nie : invariance du Vect par opérations élémentaires).
Soit E un espace vectoriel et (x , . . . , x ) ∈ E une famille de vecteurs.
p
Les trois opérations élémentaires standard ne modient pas le s.e.v. engendré par (x , . . . , x ).
1 p
1 p
• Échange de x avec x , où 1 ≤ i < j ≤ p :
i j
Vect(x1 , · · · , xi , · · · , xj , · · · , xn ) = Vect(x1 , · · · , xj , · · · , xi , · · · , xp ).
14
La somme de deux s.e.v. n'est pas leur réunion!
Proposition 40 (Évidences).
Soit E un K-espace vectoriel et F et G deux sous-espaces vectoriels.
1. F + G = G + F .
2. F ⊂ F + G et G ⊂ F + G.
3. F + {0 } = F et {0 } + G = G.
E E
4. E + E = E.
Exemple 41.
Soit E un K-espace vectoriel et F et G deux sous-espaces vectoriels de E. Démontrer que
F + G = Vect(F ∪ G).
L'écriture d'un vecteur sur une somme n'est pas unique a priori. Prenons l'exemple trivial d'un espace
vectoriel non réduit à {0 } et d'un vecteur x non nul de cet espace. Voici deux écritures distinctes d'un
même vecteur x sur E + E :
E
1 1
x = |{z}
x + 0E et x= 2
x + 2
x .
|{z}
∈E ∈E
|{z} |{z}
∈E ∈E
15
Proposition 43 (Caractérisation d'une somme directe).
Soit E un K-espace vectoriel et F et G deux sous-espaces vectoriels de E. Alors
F +G=F ⊕G ⇐⇒ F ∩ G = {0E }.
Dénition 44 (Supplémentaires).
Soit E un K-espace vectoriel et F et G deux sous-espaces vectoriels de E.
On dit que F et G sont supplémentaires dans E, et on note E = F ⊕ G, si tout élément de E
s'écrit de manière unique comme somme d'un élément de F et d'un élément de G :
∀x ∈ E ∃!(xF , xG ) ∈ F × G x = xF + xG .
Somme, somme directe, supplémentaires... pour s'y retrouver, rien de tel que quelques . dans R :
3
16
Regardons ensuite deux plans vectoriels F et G de R (non confondus)
3
Enn, considérons dans R un plan vectoriel F et une droite vectorielle G non incluse dans F :
3
(*) Cela reste à prouver! On attendra pour ça d'avoir les outils en lien avec la dimension.
17
Méthode (Montrer que deux s.e.v. F et G sont supplémentaires par analyse synthèse).
• On considère un vecteur y ∈ E .
• Analyse. On suppose l'existence d'un couple de vecteurs (xF , xG ) ∈ F × G tel que y = xF + xG .
On tâche d'exprimer xF et xG à l'aide de y . On trouve un unique couple candidat (xF , xG ). L'unicité
de la décomposition est alors prouvée : on sait en n d'analyse que F et G sont en somme directe.
• Synthèse. On dénit le couple (xF , xG ) conformément à l'analyse et on vérie qu'il convient.
Plus précisément, on vérie que xF ∈ F , que xG ∈ G, et enn que y = xF + xG .
Exemple 46.
Montrer que M (K) = S (K) ⊕ A (K).
n n n
2 Familles de vecteurs.
génératrice) si tout vecteur de E s'écrit comme combinaison linéaire des vecteurs de la famille :
1 p
p
X
∀y ∈ E ∃(λ1 , . . . , λp ) ∈ Kp y= λ i xi .
i=1
E = Vect(x1 , . . . , xp ).
18
Proposition 50 (Sur-famille d'une famille génératrice).
Si une famille de vecteurs contient une famille génératrice, elle est génératrice elle aussi.
Exemple 51.
Considérons les polynômes
P1 = 1, P2 = 1 + X, P3 = 1 + X + X 2 P4 = X + X 2 .
La question de l'unicité de la décomposition d'un vecteur sur une famille donnée sera traitée au paragraphe
suivant, consacré à la notion de famille libre.
2.2 Familles libres, liées.
p
X
p
∀(λ1 , . . . , λp ) ∈ K λi xi = 0E =⇒ ∀i ∈ J1, pK λi = 0.
i=1
En français : la famille (x , . . . , x ) est dite libre si la seule combinaison linéaire nulle des vecteurs
est la combinaison linéaire dont tous les coecients sont nuls. On dit aussi parfois des vecteurs
1 p
x1 , . . . , x p
d'une famille libre qu'ils sont linéairement indépendants.
Exemple 53.
Dans l'espace E = F(R, R), montrer que (ch, sh) est libre et que (ch, sh, exp) est liée.
19
Proposition 55 (Deux cas particuliers simples et courants).
1. Une famille composée d'un seul élément non nul est toujours libre.
2. Une famille contenant le vecteur nul est toujours liée.
Plus généralement, si (xi )i∈I est une famille libre, (λi )i∈I et si (µi )i∈I sont deux familles de scalaires
presque nulles, alors X X
λ i xi = µ i xi =⇒ ∀i ∈ I λi = µi .
i∈I i∈I
(x , . . . , x , y) est liée
1 p ⇐⇒ y ∈ Vect(x , . . . x ). 1 p
20
Corollaire 60 (Cas particulier de deux vecteurs).
Dans un K-espace vectoriel E, une famille de deux vecteurs est liée si et seulement si ces vecteurs
sont . Plus précisément, si (x, y) ∈ E ,
colinéaires
2
2.3 Bases.
vecteur de E s'écrit de manière unique comme combinaison linéaire des vecteurs de la famille :
1 p
p
X
p
∀y ∈ E ∃! (λ1 , . . . , λp ) ∈ K y= λ i xi .
i=1
Les coordonnées d'un n-uplet dans cette base sont tout simplement les coordonnées du n-uplet.
1 n
21
Exemple 65 (Base canonique de Kn ).
X
(1, X, X 2 , . . . , X n )
est appelée base canonique de K [X].
Les coordonnées d'un polynôme dans cette base sont tout simplement ses coecients.
n
Proposition 68 (Condition susante pour avoir une base d'un espace de polynômes).
Soit n ∈ N et (P )k k∈J0,nK une famille de polynômes telle que
∀k ∈ J0, nK deg Pk = k.
Exemple 69.
Soit a ∈ K et n ∈ N.
Justier de deux façons que la famille (X − a)k
est une base de de l'espace K [X].
Quelle est la et pourquoi? k∈J0,nK n
meilleure
La condition sur les degrés échelonnés n'est pas nécessaire pour avoir une base d'un espace de polynômes.
Par exemple, la famille (L , . . . , L ) des polynômes de Lagrange associés à n réels x , . . . , x deux à deux
distincts est une base de K [X] (voir exercices).
1 n 1 n
n−1
22
Exercices
Notons F l'ensemble des suites bornées et G l'ensemble des suites qui tendent vers 0.
1. Démontrer que G est un sous-espace vectoriel de E.
2. Démontrer que F est un sous-espace vectoriel de E.
3. Pourquoi peut-on dire que G est un s.e.v. de F ?
26.2
Dans chacun des cas suivant, justier que l'ensemble F donné est un s.e.v. de l'espace vectoriel E donné.
Être ou ne pas être un sous-espace vectoriel.
Montrer ensuite que l'ensemble des suites géométriques n'est un sous-espace vectoriel de E .
4 4
pas 4
Démontrer que
Vect(u, v, w) = (x, y, z) ∈ C3
x+y+z =0 .
Sommes.
26.6 Soit E = R l'ensemble des fonctions de R dans R. Notons P l'ensemble des fonctions paires sur R et
R
sous-espace vectoriel de E.
2. Soit c la suite constante égale à 1. Prouver que
E = F ⊕ Vect(c).
23
26.8 Soit P ∈ K[X] de degré n ∈ N. On note P K[X] l'ensemble des polynômes de K[X] divisibles par P .
1. Justier que P K[X] est un sous-espace vectoriel de E.
2. Démontrer que K[X] = K [X] ⊕ P K[X]. n−1
(a , . . . , a ) est libre.
k
(1) (p)
1. Montrer que si u est injective et si (e ) est libre, la famille (u(e )) est libre.
i i∈I
26.16 Pour chacun des ensembles ci-dessous, prouver qu'il s'agit d'un espace vectoriel et en donner une
base. 3 2
F = {αX + βX + α + β, (α, β) ∈ R }.
G = {(x, y, z, t) ∈ R : x + 2y + z − t = 0 et 2x + 4y + z + 3t = 0}.
4
26.19
Soit (x , . . . , x ) un n-uplet de réels deux à deux distincts et (L , . . . , L ) la famille des polynômes de
Interpolation de Lagrange
Lagrange associés.
1 n 1 n
24