Cour Algebre

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 36

Université Ibn Tofail

Faculté des Sciences


Département de
Mathématiques
Kénitra

Filière SMPC

S1

Module : Algèbre 1

Auteurs : S. Ameziane
A. El Gourari
A. Kacha

Edition Octobre : 2014-2015


Information :

Ce polycopié est fait juste pour aider les étudiants des sections SMP et
SMC à réviser leurs cours d’algèbre 1.
Il est encore loin de sa version définitive.
Nombres complexes

L’equation x2 + 1 = 0, n’admet pas de solution dans l’ensembles des


nombres réels R. On construit un corps qui contient R et dans lequel
cette équation admet au moins une racine que l’on note i (-i est aussi
une racine de cette équation.)
Donc, on a i2 = −1, ce qui implique que i ∈ R. D’ailleurs, c’est
pourquoi on qualifie ce nombre i d’imaginaire.

1. Définitions et propriétés
1.1. Différentes écritures d’un nombre coplexe

Il existe un ensemble noté C contenant l’ensemble des nombres réels


R, c’est l’ensemble des nombres complexes. Un nombre complexe z a
une écriture algèbrique de la forme z = x + iy, où x, y ∈ R et i2 = −1.

x est la partie réelle de z on la note x = Re(z) et y est sa partie


imaginaire et elle est notée y =Im(z).

Dans un repère orthonormé direct (O,I,J), z le complexe z est représenté


par le point M(x,y). On dit dans ce cas que le point M et le vecteur
−−→
OM ont pour affixe z.

pLe module r du complexe z est la longueur (distance) OM : r =


x2 + y 2 .
−→
\ −−→
L’argument du complexe non nul z est l’angle orienté (OI, OM ), on
−→
\ −−→
le note Arg (z) = θ =(OI, OM ).

Le complex z peut aussi sécrire sous forme trigonométrique z =


r(cos θ + i sin θ).
Son écriture exponentielle est z = r exp (iθ) ou z = reiθ , tout en
sachant que exp (iθ) = cos θ + i sin θ.

1.2 Conjugué d’un nombre complexe

Le nombre complexe conjugué de z = x+iy est le complexe z = x−iy.


Dans le plan, si le point M a pour affixe z et M’ a pour affixe z, alors
les points M et M’ sont symétriques par rapport à l’axe des abscisses
(Ox).

Si z = x + iy et z 0 = x0 + iy 0 , alors on a les relations suivantes :

i)zz = x2 + y 2 = |z|2 = |z|2 .


1
2

ii)z + z 0 = z + z 0 .

iii)z.z 0 = z.z 0 .

1.3. Opérations et propriétés des nombres complexes


Soint z = x + iy et z 0 = x0 + iy 0 deux nombres complexes, où x, y, x0
et y 0 sont des réels.
Egalité : z = z 0 si et seulement si x = x0 et y = y 0 .
Somme : z + z 0 = (x + x0 ) + i(y + y 0 ) et on a |z + z 0 | ≤ |z| + |z 0 |.
Produit : z.z 0 = (xx0 − yy 0 ) + i(xy 0 + x0 y). Pour le module de
produit, on a |z.z 0 | = |z|.|z 0 | et pour l’argument du produit, on a

arg(z.z 0 ) = arg z + arg z 0 .

En effet, en écriture exponentielle de z et de z’, si z = r exp θ et


z 0 = r0 exp θ0 , on obtient alors z.z 0 = rr exp(θ + θ0 ).
Ceci justifie les deux relations du produit ci-dessus.
Quotient : Pour obtenir l’écriture algébrique du complexe quotient
z
z0
où z 0 6= 0, on multiplie le numérateur z et le dénominateur z’ par le
,
conjugué de z 0 .
Ainsi,
z x + iy (x + iy)(x0 − iy 0 )
= = .
z0 x0 + iy 0 (x0 + iy 0 )(x0 − iy 0 )
Donc l’écriture algébrique de zz0 est
z (xx0 + yy 0 ) + i(x0 y − xy 0 )
= .
z0 x02 + y 0 2
De plus, pour z 0 =
6 0, on a
z |z| z
| 0 | = 0 , et arg( 0 ) = arg(z) − arg(z 0 ).
z |z | z

Autres propriétés des complexes.


a) |Re(z)| ≤ |z| et |Im(z)| ≤ |z|.
b) |z + z 0 | ≤ |z| + |z 0 | c’est l’inégalité triangulaire.
c) ||z| − |z 0 || ≤ |z − z 0 |.
3

Démonstration de ces propriétés.

Les justifications de a) et de c) sont laissées au lecteur.

b) On a

|z + z 0 |2 = (z + z 0 )(z + z 0 )
= (z + z 0 )(z + z 0 )
= zz + zz 0 + z 0 z + z 0 z 0 .

Puisque zz 0 + zz 0 = zz 0 + zz 0 = 2Re(zz 0 ), alors l’égalité ci-dessus


devient

|z + z 0 |2 = |z|2 + 2Re(zz 0 ) + |z 0 |2 .

Comme |Re(zz 0 )| ≤ |z||z 0 | = |z||z 0 |, on obtient

|z + z 0 |2 ≤ |z|2 + 2|z||z 0 | + |z 0 |2 = (|z| + |z 0 |)2 .


Ce qui achève la preuve de b).

Remarque importante: Contrairement à l’ensemble des réels,


dans lequel on peut toujours comparer deux réels, il n’y a pas d’ordre
naturel sur C. On ne compare jamais deux complexes. On dit que C
n’est pas ordonné.

2. Racines nième d’un complexe


2.1 Définition. Soient a ∈ C et n ∈ N∗ , on appelle racine nième du
complexe a, tout complexe z tel que z n = a.

Remarquons que :

- Si n = 1, a est la seule racine 1ière de a.


- si a = 0, pour tout n ∈ N∗ , 0 est la seule racine nième de 0.

Dans la suite, on prendra n ≥ 2 et a 6= 0.

Proposition.

Soient a ∈ C∗ dont l’écriture trigonométrique est a = |a| exp (iθa ) et


soit n ∈ N∗ .
L’ensemble des solutions complexes de l’équation z n = a est donné
par:
√ θa +2kπ
S = {zk = n aei( n ) , k ∈ {0, 1, 2, .., n − 1}}.
Signalons qu’il y a exactement n racines nième du complexe a.
4

Preuve. A faire à titre d’exercice.

Si a = 1, les racines données dans la proposition ci-dessus sont dites


les racines nième de l’unité.

2.2 Racines cubiques de l’unité.

C’est le cas où a = 1 et n = 3, les racines cubiques de 1 sont :


2π 4π 2π
z0 = 1, z1 = ei 3 et z2 = ei 3 . On note j = ei 3 , c’est à dire que les
racines cubiques de 1 sont alors 1, j et j 2 = j. ceci est équivalent à dire
que
3
j 3 = 1 et que j = 1.

3
Rappelons La forme algébrique de j qui est j = − 21 + i 2
.

3. Applications
3.1 Linearisation des expressions trigonométriques

Les formules de base que nous allons utiliser dans ce paragraphe pour
linéariser des expressions trigonométriques sont les suivantes.

a) Formule de Moivre.

Soient θ ∈ R et n ∈ Z, alors on a
(e ) = einθ , ce qui est équivalent à (cos θ+i sin θ)n = cos nθ+i sin nθ.
iθ n

b) Formule d’Euler.


 cos θ = 21 (eiθ + e−iθ )

sin θ = 1
(eiθ − e−iθ )

2i

c) Formule du binôme de Newton

Soient a et b deux éléments d’un anneau (A, +, ×) et n ∈ N∗ . Si


ab = ba, alors on a
n
X
n
(a + b) = Cnk ak bn−k ,
k=0
où les Cnk sont appelés les coefficients binômiaux et ils sont donnés
n!
par Cnk = .
k!(n − k)!
On prouve ce résultat par récurence sur n.
5

Remarques. Dans les corps R et C, La mutiplication est commu-


tative, la formule du binôme de Newton est toujours valable.

Par contre dans l’anneau des matrices carrées, la multiplication des


matrices n’est pas toujours commutative. Donc, pour pouvoir appliquer
cette formule de Newton à deux matrices A et B, il faut tout d’abord
s’assurer que A et B commutent, c’est à dire qu’on a AB = BA.

Pour lineariser (écrire sans puissance) des produits d’expressions


trigonométriques tels que cosp x. sinq x, on peut :

i) soit utiliser les formules d’Euler de et , développer par la formule


du binôme de Newton, réduire et regrouper les termes eikx et e−ikx puis
utiliser à nouveau les formules d’Euler, sous la forme

 eikx + e−ikx = 2 cos kx

eix − e−ix = 2i sin kx


ii) soit lineariser cosp x et sinq x, effectuer les produits et lineariser les
termes obtenus par l’utilisation des formules trigonométriques transfor-
mant les produits en sommes, à savoir :


 cos a cos b = 21 (cos(a + b) + cos(a − b)),



sin a sin b = 21 (cos(a + b) − (a − b)),



 sin a cos b = 1 (sin(a + b) + sin(a − b))

2

Exemples.

a) Lineariser sin4 x, on a:

4
eix − e−ix

4
sin x =
2i
4
1 X k ix k
= C (e ) (−e−ix )4−k
16 k=0 4
1 −i4x
= (e − 4eix e−i3x + 6ei2x e−i2x − 4ei3x e−ix + ei4x )
16
1
(ei4x + e−i4x ) − 4(ei2x + e−i2x ) + 6 .

=
16
En réutilisant la formule d’Euler, on obtient
6


 sin4 x = 1
16
(2 cos 4x − 8 cos 2x + 6)

= 81 cos 4x − 12 cos 2x + 3

8

Autre méthode de calcul.

On va lineariser sin4 x sans utiliser la formule d’Euler ni celle du


binôme de Newton, on utilisera le ii) de la remarque ci-dessus.

On sait que sin2 x = 12 (cos 2x − 1), donc


1
sin4 x = (sin2 x)2 = (cos 2x − 1)2
4
Ce qui implique que

1
sin4 x = (cos2 (2x) − 2 cos 2x + 1)
4 
1 1 1
= cos(4x) + − 2 cos(2x) + 1
4 2 2
1 1 3
= cos(4x) − cos(2x) + .
8 2 8

Exercice.

Lineariser les expressions suivantes:

a) cos2 x. sin3 x
b) cos3 x. sin2 x
c) sin6 x.

3.2 Expression de cos nx et sin nx en polynôme de cos x et


sin x.

Ici, on va utiliser la formule de Moivre et celle du binôme de Newton.


Traitons ceci dans l’exemple suivant.

Exemple.

Exprimons cos 4x comme polynôme en cos x. On a

cos 4x = Re(ei4x ) = Re((cos x + i sin x)4 ).


En appliquant la formule du binôme, on trouve

cos 4x = Re( 4k=0 C4k cosk x(i sin x)4−k
P

cos 4x = Re(sin4 x − 4i cos x sin3 x − 6 cos2 x sin2 x + 4i cos3 x sin x + cos4 x)



7

En regroupant la partie réelle et la partie imaginaire, on obtient

cos 4x = sin4 x − 6 cos2 x sin2 x + cos4 x,


ce qui devient

cos 4x = cos4 x + (1 − cos2 x)2 − 6 cos2 x(1 − cos2 x).


Finalement, on trouve

cos 4x = 8 cos4 x − 8 cos2 x + 1.

3.3 Equation du second degré

On considère une équation du second degré dans C


ax2 + bx + c = 0
où a, b et c sont des nombres complexes donnés avec a 6= 0. Dans
la proposition suivante, on donne les solutions de cette équation. Sig-
nalons que cette équation admet toujours des solutions dans l’ensemble
C.

Proposition. Soit l’équation (E): az 2 + bz + c = 0, où (a, b, c) ∈



C × C2 et soit ∆ = b2 − 4ac son descriminant. Alors, on a deux cas.
−b
Si ∆ = 0, l’équation (E) admet une solution unique z = 2a
.

Si ∆ 6= 0, l’équation (E) admet deux solutions complexes distinctes


données par:
−b + δ −b − δ
z1 = , z2 = ,
2a 2a
où δ est une racine carrée fixée de ∆, c’est à dire que δ 2 = ∆.

Preuve.

En effet, l’équation az 2 +bz +c = 0 est équivalente à a(z 2 + ab z + ac ) = 0.


2
b2

b c
(E) ⇐⇒ z + = − + 2.
2a a 4a

Soit δ une racine carrée de ∆ dans C. D’après ce qui précède, on


obtient
2  2
b2 − 4ac

b δ
z+ = 2
= .
2a 4a 2a
  
b δ b δ
⇐⇒ z + − z+ + = 0.
2a 2a 2a 2a
8

−b + δ −b − δ
⇐⇒ z = ou z = .
2a 2a
Ce qui achève la preuve de la proposition.

Cas particuliers: a, b, c ∈ R
Maintenant, nous allons voir le cas particulier où les cofficients a, b
et c sont tous des nombres réels. Supposons que (a, b, c) ∈ R∗ × R2 .

1er cas : Si ∆ = b2 − 4ac ≥ 0, on retrouve le résultat classique à


savoir, une racine unique (mais qui est double) z = −b2a
lorsque ∆√ = 0,
et lorsque√ ∆ > 0 on a deux racines réelles distinctes x1 = −b−2a ∆ et
x2 = −b+2a ∆ .

2èm√ cas : Si ∆ = b2 − 4ac < 0, une racine carrée complexe de ∆


est i −∆. L’équation (E) admet deux racines (solutions) complexes
conjugées qui sont:
√ √
−b − i −∆ −b + i −∆
z1 = et z2 = .
2a 2a

Exemples.

a) Résoudre dans C\{i} l’équation


 2  
z+i z+i
(E) : + + 1 = 0.
z−i z−i
Posons alors, Z = z+iz−i
, puisque z ∈ C\{i} alors Z ∈ C\{1. L’équation
(E) est équivalente à

(E 0 ) : Z 2 + Z + 1 = 0.

Remarquons que√les coefficients de (E’) sont réels, on calcule ∆ =


1 − 4 = −3 = (i 3)2 . Cette équation admet deux racines complexes
conjugées qui sont
√ √
−1 + i 3 −1 − i 3
Z1 = = j et Z2 = = j.
2 2
z+i
Comme Z = z−i avec Z 6= 1, alors z = i(Z+1)
Z−1
.

Ainsi, les solutions de l’équation (E) sont z1 = i( j+1


j−1
) et z2 = i( j+1
j−1
).
2iπ
Or j = e 3 , il s’en suit que
9

  2iπ
!
j+1 e 3 +1
z1 = i = i 2iπ
j−1 e 3 −1
iπ iπ
e (e
3 3 + e−iπ 3)
= i iπ iπ
e (e − e−iπ 3)
3 3

2 cos π3 3
= i = .
2i sin π/3 3

Pour z2 = i( j+1
j−1
), en remplacant j par son expression, on trouve

3
z2 = − 3
.
√ √
3 3
Par conséquent, S = { 3
, − 3
}.
b) Résoudre dans C, l’équation :

iz 2 + (4i − 3)z + i − 5 = 0.
On a ∆ = (4i − 3)2 − 4i(i − 5) = −3 − 4i,
on cherche le complexe δ = α + iβ, α, β ∈ R tel que δ 2 = ∆.
Donc, cherchons une valeur du réel α et une valeur du rél β qui
vérifient l’égalité suivante

(α + iβ)2 = −3 − 4i
⇔ 2 − β 2 = −3 et αβ = −2
On peut remarquer que α = 1 et β = −2 conviennent. Sinon, il faut
résoudre le système ci-dessus

 aα2 − β 2 = −3
 αβ = −2
Par suite, on pose δ = 1 − 2i, les solutions de l’équation sont alors

−(4i − 3) + 1 − 2i −(4i − 3) − 1 + 2i
z1 = = −3−2iet z2 = = −1−i.
2i 2i
D’où S = {−3 − 2i, −1 − i}.
Université Ibn Tofail, Kénitra
Faculté des Sciences

Cour d’algébre
SMPC 1

(2014 - 2015)

A LGÉBRE 1
C HAPITRES 2

A. Ameziane, A. El gourari, A. Kacha


1

Information

Ce polycopié est fait pour aider les étudiants des sections SMP et SMC
à réviser leurs cours d’algèbre 1,
il est loin de sa version définitive
10

L’anneau des polynômes

0.1 Généralités et définitions

Définition 0.1.1. On prend K = R ou C (on note aussi K).


on appelle polynôme à coefficients dans K une suite P = ( a0 , a1 , ...., an , ...) =
( an )n∈N à valeurs dans K ayant seulement un nombre fini de termes non nuls.
c’est à dire ∀k ≥ n + 1, ak = 0, an+1 = an+2 = ... = 0,
Ainsi

P = ( a0 , a1 , ..., an , 0, 0, ..., 0, ....)


= a0 (1, 0, ..., 0) + a1 (0, 1, 0, ..., 0) + ... + an (0, ..., 0, 1, 0, ..)

On note par:
X 0 le polynôme (1, 0, ..., , )
X 1 le polynôme (0, 1, 0, ..., , )
X n le polynôme (0, 0, ..0, 1, 0., , ) où 1 se trouve à la (n + 1)ime place.
Notation
• P s’écrit sous la forme
n
P= ∑ ak X k = a0 X0 + a1 X1 + ... + an X n
k =0

où ak ∈ K et n ∈ N
• 0 = (0, 0, ..., 0, ....) le polynôme nul.
• On note K[ X ] l’ensemble de tous les polynômes à coefficients dans K
• X l’indéterminée.

0.1.1 Opérations sur les polynômes


On définit les opérations suivantes dans K[ X ]:
Si
P = ∑ ak X k ak = 0, i > n,
k ∈N
et
Q= ∑ bj X j b j = 0, j > m,
j ∈N
11

Alors

P + Q = ( a0 + b0 ) + ( a1 + b1 ) X + .....
= ∑ ( a k + bk ) X k
k ∈N
= ∑ ( a k + bk ) X k si n ≥ m
k ∈N

P×Q = ∑ ck X k
k ∈N

k
ck = ∑ a s bk − s
s =0
= ∑ a j bj .
i,j∈N,i + j=k

c’est à dire

P × Q = a0 b0 X 0 + ( a0 b1 + a1 b0 ) X + ( a0 b2 + a1 b1 + a2 b0 ) X 2 + ... + an bm X n+m

où ck = 0 pour k > m + n.

Propriétés de K[ X ]
Théorème 0.1.2. K[ X ] muni de ces 2 lois (K[ X ], +, ×) est un anneau commu-
tatif unitaire.
Preuve
a) (K[ X ], +) est un groupe commutatif.
( P + Q) + R = P + ( Q + R) l’associativité de + resulte de celle
de (K, +)
• P + Q = Q + P la commutativité aussi résulte de celle de
(K, +)
• le plynôme nule est l’élèment neutre pour +, car P + 0 =
0 + P = P pour tout P ∈ K[ X ]
• Tout polynôme P ∈ K[ X ] admet 1 symétrique pour +, car
P + (− P) = (− P) + P = 0
P = ∑k∈N ak X k alors (− P) = ∑k∈N − ak X k

b) commutativité de la loi × .
12

On a P × Q = Q × P car P × Q = ∑ ck X k où ck = ∑ks=0 as bk−s = ∑ks=0 bs ak−s

• Distributivit de × par rapport+

P × ( Q + R) = P × Q + P × R
Soit P × ( Q + R) = ∑n∈N γn X n avec R = ∑n∈N cr X r

γn = ∑ ( a p + b p ) cr
p +r = n

= ∑ a p cr + ∑ b p cr
p +r = n p +r = n
0 00
= γn + γn
Par suite

∑ ∑
0 00
P × ( Q + R) = γn X n + γn X n
n ∈N n ∈N
= P×Q+P×R
Associativité
en utilisant les mêmes notations que ci-dessus,on vérifie que ( P × Q) ×
R = P × ( Q × R)
Ansi (K [ X ], +, ×) est un anneau.
De plus,× est commutative, alors (K [ X ], +, ×) est un anneau commutatif.
Elément neutre
Le polynôme constant 1 = 1.X 0 = X 0 vérifie

P.1 = P, ∀ P ∈ K[ X ].
Donc, le polynôme 1 est l’élèment neutre pour la multiplication des
polynômes.

0.1.2 Degré d’un polynôme


Définition 0.1.3. 1. Le degré d’un polynôme

P ∈ K[ X ], P= ∑ ak X k
k ∈N

non nul, est le plus grand entier naturel n tel que an 6= 0.


On note n = degP = d◦ P.
13

2. Par convention, deg(0) = −∞.


Proposition 0.1.4. Soient P, Q ∈ K[ X ], on a:
1. deg( P + Q) ≤ max (degP, degQ)
Si degP 6= degQ alors deg( P + Q) = max (degP, degQ)

2. deg( P.Q) = degP + degQ.


Preuve:
Soient les deux polynômes:

P = a0 X 0 + a1 X + .... + an X n an 6= 0
Q = b0 + b1 X + ... + bm X m et bm 6= 0

1  Si n > m
P + Q = ( a0 + b0 ) X 0 + .... + ( am + bm ) X m + ... + an X n
Par suite deg( P + Q) = n = max (degP, degQ)
• Si n 6= m le resultat est vrai (n > m ou m > n)
• Si n = m,

P + Q = ( a0 + b0 ) X 0 + ... + ( an + bn ) X n
et 
 deg( P + Q) = n si an + bn 6= 0

deg( P + Q) < n si an + bn = 0.

Par suite deg( P + Q) ≤ max (degP, degQ) = n


2 P.Q = ∑k∈N ck X k , ck = ∑ p+q=k a p bq
On montre que:
cn+m 6= 0 et ck = 0 pour k > n + m.
on a
cn+m = ∑ p+q=n+m a p bq = an bm + ∑ p+q=n+m,p<n a p bq + ∑ p+q=n+m,p>n a p bq
donc, cn+m = an bm car

si p < n , q > m et bq = 0
11
si p > n , alors a p = 0.
Si k > n + m alors p > n ou q > m car p + q = k par suite a p = 0 ou bq = 0.
D’où
c k = ∑ a p bq = 0
p+q=k

et alors deg( P.q) = degP + degQ.


14

Exemples 0.1.5. 1. P = 2X 2 + 1, Q = −2X 2 + X + 1


deg( P + Q) = deg( X + 2) = 1 < max (degP, degQ) = 2
2. P = X 3 , Q = X 2 + X + 1; deg( P + Q) = 3.
Remarque 0.1.6. On confond la polynôme a0 X 0 avec a0 .
Corollaire 0.1.7. Si P 6= 0 et Q 6= 0, alors P.Q 6= 0, en effet: Cn+m = an bm 6= 0

0.2 Généralités et définitions

0.2.1 Division euclidienne


Exemple 0.2.1. Dans R[ X ] considérons les deux polynômes:

A = X 5 + 2X 3 − 2X 2 − 3X − 2

B = X3 + X + 1
Par division euclienne on obtient:

X 5 + 2X 3 − 2X − 2 = ( X 3 + X + 1)( X 2 + 1) + (− X 2 − X − 3)

On l’appelle aussi la division selon les puissances décroissantes; On


s’arrête lorsque le degré du reste soit inférieur au degré de B.
On donne le théorème pour le cas général
Théorème 0.2.2. Soient A, B ∈ K [ X ] avec B 6= 0, alors il existe un couple
unique de polynômes ( Q, R) ∈ K[ X ]2 tel que:
1. A = BQ + R
2. R = 0 ou degR < degB.
Preuve
Trois cas sont possibles:
1er Cas: A = 0, A = BQ + R avec Q = 0 et R = 0.
2eme cas: A 6= 0 et degA < degB, alors A = 0.B + A par suite Q = 0 et
R = A.
3me cas: A 6= 0 et degA ≥ degB.
la méthode faite dans l’exemple précédent peut être étendue à A et B.
Autrement dit si:
A = a0 + a1 X + ... + an X n , et B = b0 + ... + bm X m avec bm 6= 0.
On raisonne par récurrence sur n = degA.
· Si n = 0, alors A = a0 et B = b0 , on prend Q = ba00 et R = 0.
· Supposons que la propriété est vraie pour tous les polynômes P de degré
15

≤ n, et montrons la pour un polynôme de degrés (n + 1).


Soit un polynôme C de degré n + 1:

C = cn+1 X n+1 + ... + avec degC = n + 1 6= 0


a
Soit Q1 = nb+n 1 X n+1−m , le polynôme A1 = A − BQ1 est de degré ≤ n.
On applique l’hypothese de recurrence à A1 , alors il existe d’une façon
unique deux polynômes Q1 et Q2 de K[ X ] avec R2 = 0 ou degR2 < degB
tel que A1 = BQ2 + R2
Donc A = B( Q1 + Q2 ) + R2 , on prend R = R2 et Q = Q1 + Q2 pour avoir
(i ) et (ii ) du théorème

Unicité du quotient et du reste

On suppose que

A = BQ + R avec R = 0 ou degR < degB


A = BQ1 + R1 avec R1 = 0 ou degR1 < degB

Par soustraction on obtient:

( BQ + R) − ( BQ1 + R1 ) = B( Q − Q1 ) + ( R − R1 ) = 0
d’où B( Q − Q1 ) = R − R1 .
Si R1 − R 6= 0 alors Q − Q1 6= 0 et on a

deg( R1 − R) = degB + deg( Q − Q1 )

c’est à dire que deg( R1 − R) ≥ degB


d’autre part, il est clair que

deg( R1 − R) ≤ max (degR, degR1 ) < degR < degB

ce qui est absurde.


d’où R = R1 et alors Q = Q1 .

0.2.2 Division suivant les puissances croissantes


Exemple 0.2.3. Soinent A et B deux polynômes definies par:

A = 1 + 2X + X 3

et
B = 1 + X + 2X 2
16

Par division euclidienne suivant les puissances croissantes, on obtient:

1 + 2X + X 3 = (1 + X + 2X 2 )(1 + X − 3X 2 + 2X 3 ) + X 4 (4 − 4X )

Ainsi: A = BQ + X 4 R, avec Q = 1 + X − 3X 2 + 2X 3 et R = 4 − 4X;


On note bien q’on s’arrête lorsqu’on peut factoriser le reste par X 3+1
Théorème 0.2.4. A, B ∈ K[ X ] avec b0 6= 0 et k ∈ N alors il existe un couple
unique ( Q, R) ∈ K[ X ]2 tel que

= BQ + X n+1 R

A
ll
degQ ≤ n

c’est la division à l’ordre n de A par B suivant les puissances croissantes


à l’ordre k.

0.2.3 pgcd: plus grand commun diviseur


Divisibilité
Définition 0.2.5. Soit A, B ∈ K[ X ]
On dit que B divise A et on note B/A s’il existe Q ∈ K[ X ] tel que A = BQ
A est dite un multiple de B, ou B est un diviseur de A si et seulement si le reste
de la division euclidienne de A par B est 0
Ainsi, pour A, B ∈ K[ X ] si

A = DA1 et B = DB1 .

On dit que D est un diviseur commun de A et B.


Définition 0.2.6. 1. On dit que P = an X n + .... + a0 avec an 6= 0 est unitaire
si et seulement si an = 1.
2. On appelle plus grand commun diviseur pgcd de A et B et on note
pgcd( A, B) tout polynôme (unitaire) D vérifiant
(a) D/A et D/B ,

0 0 0 0
(b) ∀ D ∈ K[ X ], si D /A et D /B alors D /D
Remarque 0.2.7. Pour que le pgcd soit unique, il faut et il suffit que D soit
unitaire.
17

Polynômes premiers entre eux

Définition 0.2.8. A et B sont premiers entre eux si pgcd( A, B) = 1.


Lemme 0.2.9. Soient A, B ∈ K[ X ] deux polynômes non nuls tels que

A = BQ + R

, alors pgcd( A, B) = pgcd( B, R)


Preuve:
L’ensemble des diviseurs communs est le même pour les deux couples
( A, B) et ( B, R).
Ainsi, Si D/A et D/B alors D/A − BQ par suite D/R = A − BQ.
Réciproquement: Si D/B et D/R alors D/BQ + R = A

Algorithme d’Euclide
Cet algorithme permet de trouver le pgcd de A et B en effectuant des
divisions euclidiennes successives.
Supposons degA ≥ degB, on pose

A = BQ1 + R1

Si R1 = 0 alors pgcd( A, B) = B
Si R1 6= 0, donc pgcd( A, B) = pgcd( B, R1 )

De même par division euclidien de B par R1 , on obtient B = R1 Q2 + R2 .


Si R2 = 0 alors pgcd( B, R1 ) = R1 , si non on continue le processus.
Comme les degrés des R1 sont strictement décroissants, il existe forçement
k ∈ N tel que Rk−1 = Rk Qk+1 + Rk+1 .
Finalement pgcd( A, B) = pgcd( B, R1 ) = .... = pgcd( Rk−1 , Rk )
avec Rk+1 = 0, par suite
pgcd( A, B) = Rk
C’est à dire pgcd( A, B) est le dernier reste non nul (à une constante près).
Exemple 0.2.10. Soient les deux polynômes A = X 3 − X 2 + X − 1,
et B = X 3 − 1.
On a A = BQ1 + R avec Q1 = 1 et R1 = − X 2 + X.
Comme R 6= 0, on obtient:

pgcd( A, B) = pgcd( B, R1 )
18

Or B = R1 Q2 + R2 avec Q2 = − X − 1 et R2 = X − 1
On a R2 6= 0 alors pgcd( B, R1 ) = pgcd( R1 , R2 ). De la division euclidien de R1
par R2 résulte que
R1 = R2 Q3 + R3 avec Q3 = − X etR3 = 0
Donc pgcd( A, B) = R2 = X − 1
Remarque 0.2.11. Si le dernier reste non nul est une constante de K∗ (non
nulle), alors A et B sont premiers entre eux.
Théorème 0.2.12. Soient A et B ∈ K[ X ], tel que D est le pgcd de A et B, alors
il existe deux polynômes U et V tels que: D = AU + BV
Pour la preuve on utilise l’algorithme d’Euclide qui permet de trouver:
1. D = Rk = pgcd( A, B), où Rk+1 = 0
2. et de calculer U et V.
Exemple 0.2.13. Soient A = X 7 − X − 1 et B = X 5 + 1
d’aprés l’algorithme d’Euclide
A = B( X 2 ) + (− X 2 − X − 1)
B = R1 (− X 3 + X 2 − 1) + (− X )
R1 = R2 ( X + 1) + (−1)
on a R3 est une constante Ainsi:
D= R3
= R1 − R2 ( X + 1)
= R1 − R2 Q3
R2 = B − R1 Q2
On remplace R2 dans l’expression de D, on obtient
D = R1 − R2 Q3
= R1 − [ B − R1 Q2 ] Q3
= R1 (1 + Q2 Q3 ) − BQ3
Or, R1 = A − BQ1 alors,
D = ( A − BQ1 )(1 + Q2 Q3 ) − BQ3
= A(1 + Q2 Q3 ) + B[− Q1 − Q1 Q2 Q3 − Q3 ].
c’est à dire 
U = 1 + Q2 Q3
V = − Q1 − Q3 − Q1 Q2 Q3
19

Théorème de Bezout 0.2.14. Deux polynômes A et B sont premiers entre eux


si, et seulement si il existe U et V ∈ K[ X ] tels que:

AU + BV = 1

Remarque 0.2.15. U et V qui interviennent dans le théorème de Bezout ( D =


AU + BV ) ne sont pas uniques.
0 0
En effet: les polynômes U = U + QB et V = V − QA verifient aussi l’égalité
de Bezout: D = AU + BV.
Si degU ≤ degB − 1 et degV ≤ degA − 1 alors U et V sont uniques
Théorème de Gauss 0.2.16. A, B, C ∈ K[ X ] tels que:

pgcd( A, B) = 1 et A/BC Alors A/C

0.2.4 Factorisation des polynômes


Définition 0.2.17. On dit que P ∈ K[ X ] est irréductible si et seulemnt si:
1. degP ≥ 1
2. Les seuls diviseurs de P sont les constantes et P.
Propriétés:

1. Si P de degré ≥ 1. Alors P est non irréductible (on dit aussi que P est
réductible) si, et seulement si il existe P1 , P2 ∈ K[ X ] non constants tel
que: 
P = P1 .P2
11
degP1 < degP ou degP2 < degP
On dit que P se décompose ou bien se factorise en produit de P1 et P2
2. Tous les polynômes de degré 1 sont des polynômes irréductibles dans
K[ X ].
Exemples 0.2.18. 1. X 2 + 1 est irréductible dans R[ X ].

2. X 2 + 1 n’est pas irréductible dans C[ X ], car X 2 + 1 = ( X − i )( X + i )

3. X 2 − 2 est irréductible dans Q[ X ] et non irréductible dans R[ X ].


20

Théorème de décomposition 0.2.19. Tout polynôme non constant P ∈ K[ X ]


se decompose en un produit de polynômes irréductibles et unitaires:
P = λP1m1 P2m2 ...Prmr
où λ ∈ K ∗ , m1 ....mr ∈ N∗ . Pi 6= Pj pour i 6= j.
Cette décomposition est unique à une constante prés.

0.3 PPCM: plus petit multiple commun


Définition 0.3.1. Soient A et B deux polynômes de K[ X ].
M = ppcm( A, B) si, et seulement si:
1. A/M et B/M c’est àdire que M est multiple commun de A et B.
0 0 0 0
2. pour tout M ∈ K[ X ]; ( A/M et B/M ) implique que M/M
Proprieté 0.3.2. Soient deux polynôme A, B ∈ K[ X ] non nul et unitaires, alors
pgcd(A,B).ppcm(A,B)=A.B
Exemple 0.3.3. Soient les deux polynômes A et B definies par:
A = ( X 2 + 2)( X − 1)( X − 3)3
et
B = ( X 2 + 2)2 ( X − 2)( X − 3)2
Donc
D = pgcd( A, B)
= ( X 2 + 2)( X − 3)2 et
M = PPCM ( A, B)
= ( X 2 + 2)2 ( X − 1)( X − 2)( X − 3)3

0.4 Racine d’un polynôme


0.4.1 Fonction polynômiâle
Définition 0.4.1. Soit P = ∑nk=0 ak X k , ak ∈ K, on appelle fonction polynômiâle
associée à P, la fonction:
n
P̃ : K → K.x → P( x ) = ∑ ak x k .
k =0

On écrit (par abus d’écriture) P( x ) = P̃( x ).On peut confondre un polynôme P


avec sa fonction polynômiâle P̃
21

Théorème 0.4.2. a Soit a ∈ K P ∈ [˛X ] alors on a

P( a) = 0 si et seulement si ( x − a)/P

b Si P est non nul et degP = n, alors P a au plus n racines.


preuve:
Si P( a) = 0, on dit que a est une racine de P.
Par division euclidien de P par ( X − 1), on obtient
P = Q( X − a) + R avec degR < deg( x − a) = 1, par suite R = b = cste.
c’est à dire P( x ) = ( x − a) Q( x ) + P( a), ce qui nous permet de conclure
que
( x − a)/P ⇔ P( a) = 0
Définition d’une racine multiple

On dit que a est une racine multiple d’ordre k de P( x ) si :

P( x ) = ( x − a)k Q( x ), avec Q( a) 6= 0

ce qui est équivalent à dire que


0
P( a) = 0, P ( a) = .... = P(k−1 ( a) = 0 et P(k) ( a) 6= 0.

Théorème d’Alembert 0.4.3. (A admettre).


Tout polynôme de P ∈ C[ X ], tel que degP ≥ 1, P admet au moins une racine
dans C.
Remarque 0.4.4. On peut déduire de ce théorème que tout polynôme P ∈ C[ X ]
de degré n admet n racines dans C
Exemple 0.4.5. Factoriser le polynôme P = X 3 − 3X + 2 dans R[ X ].
0 0
On a: P(1) = 0, P = X 3 − 3X + 2 = 3( X − 1)( X + 1) par suite P (1) = 0
00
et P (1) 6= 0
Donc ( X − 1)2 /P car P = ( X − 1)2 ( X + 2)
Théorème 0.4.6. 1) Les polynômes irréductibles dans C[ X ] sont seulement les
polynômes de degré 1
2) Les polynômes irréductibles de R[ X ] sont:
i) Les polynômes de degré 1
ii) Les polynômes de degré 2, P = aX 2 + bX + c, a 6= 0 avec ∆ =
b2 − 4ac < 0.
Remarque 0.4.7. Tout autre polynôme P de degré ≥ 3 dans R[ X ] n’est pas
irréductible , donc il est factorisable.
22

Exemple 0.4.8.

P = X3 − 1
= ( X − 1)( X 2 + X + 1) dans C[ X ]

P = ( X + 1)( X − j)( X − j), j = e−i 3

Exercices
1) Factoriser P dans R[ X ] sachant que (−1) est une racine multiple

P = X 6 + 4X 5 + 4X 4 − 4X 3 − 11X 2 − 8X − 2

Indication:
P = ( X + 1)4 ( X 2 − 2)
2)Resoudre dans C l’equation:

( x + i )n − ( x − i )n = 0
Indication:

x+i n
( ) = 1.
x−i
Ce qui equivaut à X n = 1 où X est la racine nieme de l’unité.
Fractions rationnelles dans R et C

1. Généralités et définitions
1.1. Corps des fractions rationnelles

Dans ce chapitre K désigne soit le corps des nombres réls R soit le


corps des nombres complexes C, c’est à dire que K = R ou K = C.
P
Une fraction rationnelle F est une expression du type F = Q
avec
P, Q ∈ K[X] et Q 6= 0.
PR
Si R est un polynôme quelconque non nul, alors on a aussi F = QR =
P
Q
. C’est pour cela qu’on choisit la fraction F tel que pgcd(P, Q) = 1,
P
dans ce cas Q
est appelée la forme irrd́uctible ou la forme réduite de F.

Rappelons que l’ensemble des polynômes (K[X], +, .) est un anneau


commutatif et unitaire. Dans le thérème suivant on va énoncer la
structure de l’ensemble des fractions rationnelles qu’on note K(X).

Théorème.

L’ensemble des fractions rationnelles (K(X), +, ×) est un corps com-


mutatif.

Preuve. a) De la même manière que pour (K[X], +, ×), on vérifie


que l’ensemble des fractions rationnelles (K(X), +, ×) est un anneau
commutattif et unitaire.
L’élément neutre pour la multiplication est le polynôme constant
P = 1 qui est en fait une fraction rationnelle puisque P = 1 = 11 .
P
b) Toute fraction rationnelle non nulle F = Q
, c’est à dire P 6= 0 et
Q 6= 0 admet un inverse dans (K[X], +, ×).
P
En effet, l’inverse de F = Q
, est la fraction rationnelle
1 Q
F −1 = = .
P/Q P

Remarques.

• On a l’inclusion suivante : K[X] ⊂ K(X), car pour tout P ∈ K[X]


on a P = P1 ∈ K(X). On dit que K(X) est le corps des fractions de
l’anneau K[X].

• L’ensemble des nombres rationnels Q est le corps des fractions de


l’anneau des nombres entiers relatifs Z.
23
24

P
Définitions. Soit F = Q
∈ K(X).

(i) On appelle degré de F l’entier relatif (appartenant à Z) défini par


degF = degP − degQ.

(ii) Soient F = QP
avec pgcd (P, Q) = 1, k ∈ N∗ , on appelle pôle
d’ordre k de F toute racine d’ordre k du polynôme P.

Exemples.
X+1
• deg X 3 −3X
= 1 − 3 = (−2).

X 4 +X+7
• deg X 2 +1
= 4 − 2 = 2.

X +2 X +2
F = 2 2
=
(X − 4) (X − 2)2 (X + 2)2
1
=
(X − 2)2 (X + 2)
(−2) est un pôle simple de F et 2 est un pôle double de F.

1.2 Décomposition d’une fraction rationnelle


A
Soit F = B une fraction rationnelle, la division euclidienne de A par
B implique qu’il existe deux polynômes uniques Q et R tels que

A = BQ + R avec deg R < degB.


Donc la fraction F devient

R
F =Q+ avec deg R < degB.
B

Le polynôme Q défini df́ini ci-dessus s’appelle la partie entière de


A
F =B . Elle est unique et on la note aussi E à la place de Q.

Remarques. a) Avant de décomposer une fraction rationnelle, il


faut tout d’abord l’écrire sous la forme

F = Q + F1 avec degF1 < 0,

F1 est une fraction rationnelle qu’il faut décomposer.


R
C’est à dire que F = Q + F1 avec deg F1 = deg B
< 0.
A
b) Si deg A < deg B, alors la partie entière de B
est nulle, E = 0.
25

Exemple.

X4 + X3 + 1
F = ,
X2 − 1
On a deg F = 2 > 0, donc il faut faire la division euclidienne de
A = X 4 + X 3 + 1 par B = X 2 − 1.
On a X 4 + X 3 + 1 = (X 2 − 1)(X 2 + X + 1) + (X + 2), par suite,
X +2
F = X2 + X + 1 + .
X2 − 1
X+2
Donc E = X 2 + X + 1, F1 = X 2 −1
et on a bien deg F1 = (−1) < 0.

Proposition.
A
Soit F = B où le polynôme B se décompose en B = B1 B2 avec pgcd
(B1 , B2 ) = 1 alors il existe des polynômes E, A1 et A2 ∈ K[X] tels que
 A1 A1
 a(i)F = E + B 1
+B 1

(ii)degA1 < degB1 et deg A2 < degB2


Preuve. On utilise la division euclidienne et la définition de pgcd


des polynômes B1 et B2 . Comme pgcd (B1 , B2 ) = 1, alors il exite deux
polynômes U, V ∈ K[X] tels que 1 = B1 U + B2 V. Or,

A.1 A(B1 U + B2 V )
F = =
(B1 B2 B1 B2
AU AV
= + .
B2 B1
La division euclidienne de AU par B2 et celle de AV par B1 donnent

AU = B2 Q2 + A2 avec deg A2 < deg B2 et

AV = B1 Q1 + A1 avec deg A1 < deg B1 .

Par conséquent,
A1 A1
F = (Q1 + Q2 ) + + .
B1 B1
L’unicité provient de celle de la division euclidienne.
26

Exemple.

On considère la fraction F = X(X12 +1) , on a E = 0, B1 = X et


B2 = X 2 + 1. Cherchons les polynòmes A1 et A2 sachant que deg
A1 < deg B1 = 1 et deg A2 < deg B2 = 2.

Donc, A1 = λ ∈ K et A2 = aX + b, il s’en suit que

1 λ aX + b
F = 2
= + 2
X(X + 1) X X +1
2
λ(X + 1) + X(aX + b)
=
X(X 2 + 1)
En identifiant les numérateurs, on obtient

 λ=1
b=0
a = −1

et

1 X
F = − 2 .
X X +1

2. Eléments simples dans R[X] et C[X]


Un élément simple de C[X] est une fraction rationnelle de la forme
b ∗
: F = (X−a) n où a, b ∈ C et n ∈ N .

Par contre les éléments simples de R[X] sont de deux types :


b
i) Une fraction rationnelle de la forme : F = (X−a) m où a, b ∈ R et

m∈N .
dX+e
ii) Ou une fraction rationnelle de la forme : F = (aX 2 +bX+c)n
où
a, b, c, d, e ∈ R et n ∈ N∗ avec ∆ = b2 − 4ac < 0.

Les éléments de i) sont appelés éléments de première espèce tandis


que ceux de ii) sont appelés éléments de deuxièm espèce.

Théorème.

Soit K = R ou C, une fraction rationnelle de K(X) s’écrit de


manière unique comme la somme d’un polynôme qui est sa partie entière
et d’éléments simples de K(X).

Cette écriture s’appelle la décomposition en éléments simples de la


fraction rationnelle.
27

Preuve. Si F = B A
, soit B = B1n1 B2n2 la décomposition u polynôme
B en produit de polynômes irréductibles dans K[X].
On s’est restreint au cas de deux polynômes B1 et B2 , pour faciliter
l’écriture, le raisonnement serait le même dans le cas où on aurait plus
de deux polynômes dans la décomposition u polynôme B.
B1 et B2 sont irréductibles, alors F se décompse en éléments simples
sous la forme :
   
R1,1 R1,2 R1,n1 R2,1 R2,2 R2,n2
F =E+ + 2 + ... + n1 + + 2 + ... + n2 ,
B1 B1 B1 B2 B2 B2
avec deg Ri,j < deg Bj , pour 1 ≤ i ≤ 2 et 1 ≤ j ≤ ni .
D’où le résultat.
Exemple.
Dans R(X), décompser la fraction rationnelle F en éléments simples.
X +1
F = .
(X 2
− 1)(X − 2)2 (X 2 − X + 1)2
Le polynôme X 2 − X + 1 est irréductible dans R[X] car ∆ = −3 < 0.
Par conséquent F se décompose sous la forme.

λ1 λ2 λ3 λ4 a1 X + b 1 a2 X + b 2
F = + + + + 2 + 2 ,
X − 1 X + 1 X − 2 (X − 2) X − X + 1 (X − X + 1)2
2

où λj ∈ R et a1 , b1 , a2 , b2 ∈ R.

3. Méthodes de détermination des éléments sim-


ples
3.1 Pôle d’ordre k.
La fraction F se présente sous la forme, (k ∈ N∗ .)
A
F = ,
(X − a)k Q
avec deg F < 0 et Q(a) 6= 0.
La fraction F se décompose sous la forme
λ1 λ2 λk R
F = + 2
+ .. + k
+ ,
X − a (X − a) (X − a) Q
avec deg R < deg Q. Pour déterminer les coeficients λj , 1 ≤ j ≤ k,
On pose alors Y = X − 1 et F devient
28

A(Y + a) A1
F = F (Y ) = k
= k .
Y Q(Y + a) Y Q1
Ensuite, on fait la division selon les puissances croissantes du polynôme
A1 par le polynôme Q1 jusqu’à l’ordre (k − 1).

Exemple.

Décomposer en él’ements simples dans R(X) la fraction


1
F = ,
(X − 1)3 (X 2 + 1)
F s’écrit sous la forme
λ1 λ2 λ3 aX + b
F = + 2
+ 3 + ,
X − 1 (X − 1) (X − 1) X2 + 1

En prenant Y = X − 1 ce qui implique que X = Y + 1, F devient


1
F (Y ) = 3 (Y 2
.
Y + 2Y + 2)
La division selon les puissances croissantes du polynôme 1 par le
polynôme 2 + 2Y + Y 2 jusqu’à l’ordre 2 nous donne

1 = (Y 2 + 2Y + Y 2 )(1/2 − 1/2Y + 1/4Y 2 ) + Y 3 (−1/4 − Y ).

Par conséquent

1/4Y 2 − 1/2Y + 1/2 (−1/4)Y


F = +
Y3 Y 2 + 2Y + 2
1/4 1/2 1/2 (−1/4)Y
= − 2 + 3 + 2 .
Y Y Y Y + 2Y + 2
D’où

1/4 1/2 1/2 (−1/4)X + 1/4


F = − + + .
(X − 1) (X − 1)2 (X − 1)3 X2 + 1

3.2 Cas d’un pôle simple


A
La fraction F = B où B = (X − a)Q avec Q(a) 6= 0 et deg F < 0.
Dans ce cas, on aura
A λ R
F = = + .
(X − a)Q X −a Q
En multipliant les deux membres de l’égalité pa (X − a), on obtient
29

A R
= λ + (X − a) .
Q Q
Ensuite, on prend X = a ce qui implique que

A(a)
λ= .
Q(a)

Remarque. On peut calculer λ d’une autre manière plus simple


en utilisant ce qui suit.

Puisque B = (X − a)Q, on dérive les deux membres de l’égalité pour


trouver B 0 = Q + (X − a)Q0 , ensuite on prend X = a. Ce qui donne
B 0 (a) = Q(a), par conséquent,

A(a)
λ= .
B 0 (a)

Exemple.

Décomposer dans C(X), la fraction


1
F = .
− 1) (X 3
On sait qu X 3 − 1 = (X − 1)(X − j)(X − j) où j = ei2π/3 . Donc,
α1 α2 α3
F =+ + .
X −1 X −j X −j
Le polynôme B = X 3 − 1 ce qui implique que B 0 = 3X 2 donc
α1 = BA(1)
0 (1) = 1/3,

A(j) A(j)
α2 == B 0 (j)
= j/3 et α3 = B 0 (j)
== j/3.

3.3. Propriétés particulières de F

i) Décomposition de F ∈ R(X) dans C(X)

Le fait que F ∈ R(X) veut dire que ses coefficients sont réels, mais
on cherche sa décomposition en éléments smples de C(X).
A
F =B ∈ R(X) implique que F = F où F désigne le conjugué de F.
Par conséquent, si a ∈ C est un pôle complexe d’ordre k de F alors
son conjugué a est aussi un pôle complexe d’ordre k de F.

Donc, B = (X − a)k (X − a)k Q et la décomposition de F en éléments


smples de C(X) est alors
30

λ1 λ2 λk λ1 λ2 λk R
F = + +..+ + + +..+ + ,
X − a (X − a)2 (X − a)k X − a (X − a)2 (X − a)k Q
avec deg R < deg Q.

Exemple.
4
F = .
(X 2
+ 1)2
Tout d’abord, on décompose Q = (X 2 +1)2 en produit de polynômes
irréductibles de C[X], on a (X 2 + 1)2 = (X − i)2 (X − i)2 .

L’ćriture de la décomposition de F en éléments smples de C(X) est

λ1 λ2 λ1 λ2
F = + 2
+ + .
X − i (X − i) X − i (X − i)2

Pour déterminer les coefficients, effectuons en premier lieu le change-


ment de variable Y = X − i, la fraction F devient
4
F = F1 (Y ) = 2 (Y
.
Y + 2i)2
On a 4 = (−1 − iY )(2i + Y )2 + Y 2 (−3 + iY ), ce qui donne

−1 −i −3 + iY
F1 (Y ) = 2
+ +
Y Y (Y + 2i)2
−1 i i(Y + 3i)
= 2
− +
Y Y (Y + 2i)2
−1 −i i −1
= 2
+ +
Y Y Y + 2i (Y + 2i)2

D’où

−i −1 i −1
F = F (X) = F = + 2
+ + .
X − i (X − i) X + i (X + i)2

ii) Cas d’une fonction paire ou impaire

On écrit la forme de la décomposition de F en éléments simples et en


utilisant le fait que F (−X) = F (X) si F est paire ou bien F (−X) =
−F (X) si F est impaire et l’unicité de la décomposition, on obtient des
relations entre les coefficients de la décomposition. Ceci va réduire le
nombre d’inconnus qu’il faut déterminer.

iii) Décomposition dans R(X) à partir de celle de C(X)


31

Si F ∈ R(X), on considère seulement les coefficients des pôles simples


de F.

on cherche à déduire la décomposition dans R(X) à partir de celle de


C(X). Cela suppose que celle de F dans C(X) n’est pas très compliquée.

D’après ce qui précède,puisque F est à coefficients réels, alors on


F (X) = F (X).
D’après l’unicité de la décomposition d’une fraction rationnelle en
éléments simple, les pôles d’ordre k et les pôles conjugués d’ordre k
correspondants de F auront des coefficients conjugués.

Effectuons ceci sous forme d’un exemple, reprenons une fraction déja
traitée.

Exemple.

Décomposer la fraction F suivante dans R(X).


4
F = .
(X 2 + 1)2
D’après ce qui précède,puisque F est à coefficients réels, alors on a
F (X) = F (X).

Tout d’abord, on écrit

4 λ1 λ2 λ3 λ4
F (X) = = + + + ,
(X 2 + 1) 2 X − i (X − i)2 X + i (X + i)2
de plus, on a

4 λ1 λ2 λ3 λ4
F (X) = = + + + .
(X 2 + 1) 2 X + i (X + i)2 X − i (X − i)2
D’après l’unicité la décomposition de F en éléments simples, on aura

λ3 = λ1 et λ4 = λ2 . Ce qui implique que

λ1 λ2 λ1 λ2
F = + 2
+ +
X − i (X − i) X + i (X + i)2
   
λ1 λ1 λ2 λ2
= + + +
X −i X +i (X − i)2 (X + i)2
2Re(λ1 )X − 2Im(λ1 ) aX + b
= 2
+ .
X +1 (X 2 + 1)2

3.4) Cas des éléments simples de second espèce


32

On va dt́erminer la d‘’ecomposition de F dans R(X) lorsque F est


da la forme.
A
F = ,
(X 2
+ pX + q)k Q
avec ∆ = p2 − 4q < 0 et X 2 + pX + q ne divise pas Q.
Pour l’écriture, on a

A α1 X + β1 α2 X + β2 αk X + βk R
F = = 2 + 2 +..+ 2 + .
(X 2 k
+ pX + q) Q X + pX + q (X + pX + q)2 k
(X + pX + q) Q

On cherche tout d’abord les coefficients αk et βk en utilisant la


méthode suivante.
Multiplions les deux membres de l’égalité ci-dessus par le polynôme
X 2 + pX + q, on obtient

A
(X 2 + pX + q)k F = = αk X + βk + (X 2 + pX + q)Gk−1 ,
Q
où Gk−1 est une fraction rationnelle qu’il faut décomposer par la
suite.
Ensuite, on prend X = une racine complexe du polynôme X 2 +pX +
q. Ceci nous donnera les valeurs de αk et de βk .
Exemple.
Décomposer dans R(X) la fraction
X +1
F = .
(X 2
+ 1)2 (X − 1)2
On écrit tout d’abord F sous la forme :

X +1
(0.1) F =
(X 2 + 1)2 (X − 1)2
α2 X + β2 A1
(0.2) = + .
(X 2 + 1)2 (X 2 + 1)(X − 1)2
Ensuite, pour X = i, on obtient
i+1 −i + 1
α2 i + β2 = = ,
(i − 1)2 2
Donc α = 1/2 et β = −1/2. Après, on décompose la fraction ra-
A1
tionnelle (X 2 +1)(X−1) 2.

Vous aimerez peut-être aussi