VERRE
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verre :
Typologie[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Types de verre et Histoire du verre.
Il y a un peu plus d'un siècle, n'étaient considérés comme « verre », même pour la communauté
scientifique, qu'un matériau ou un alliage dur, fragile (cassant) et transparent à la lumière visible
(bien souvent même, ce terme est réservé à un alliage à base de silice). À cette époque, le verre
était le plus souvent constitué de dioxyde de silicium (silice SiO2, le constituant principal
du sable) et de fondants1. Dans le langage courant, cette définition persiste, car aujourd'hui
encore, parmi tous les types de verre artificiels, le plus courant est le verre sodocalcique.
Il y a plus de quatre mille ans, les céramistes et chaufourniers égyptiens ont découvert qu'en
chauffant de la silice SiO2(sable), avec du natron, transformé en soude par dessèchement et
purification, et de la chaux vive, ils fabriquaient une matière plus ou moins vitreuse et
transparente. En ajoutant certains ingrédients ou poudres minérales colorées au mélange, ces
premiers verriers obtenaient des verres spécifiques ou diversement colorés. Les proportions
massiques du mélange de départ pour obtenir un verre stable à 650 °C sont d'environ :
SiO2 70 % ;
Na2O équivalent soude 15 % ;
addition nécessaire de fondants : par exemple CaO 10 % et oxydes métalliques divers 5 %.
D'où l'esquisse sans stœchiométrie de la réaction chimique expliquant la formation concrète de
matière vitreused :
SiO2solide + Na2CO3solide + … -→ SiO2.Na2O…verre stable + CO2 gaz
Depuis les années 19209, on a constaté et mis en évidence, par la diffraction de rayons
X (DRX), qu'une des spécificités des verres étaient leur absence de structure cristalline
(« d'ordre ») détectable par cristallographie aux rayons X. Cette spécificité n'étant pas propre
aux oxydes transparents, mais à tous les amorphes, on a, depuis les années 1920,
rassemblé sous le terme « verre » la plupart des solides amorphes. Depuis le début
du XXe siècle, nombre de définitions10 ont permis d'élargir la définition désuète du verre (à
travers leurs points communs : absence d'ordre, transition vitreuse, etc.) qui le limitait aux
matériaux transparents à base d'oxydes. Ainsi, on fabrique non seulement des verres
minéraux, mais aussi des verres organiques et même des verres métalliques8. On peut
regrouper les verres inorganiques sous différentes classes, dont voici la liste exhaustive 11 :
verres sodocalciques ;
verres au plomb ;
verres borosilicatés ;
verres oxyazotés ;
verres d'alumino-silicates ;
verres de fluorures ;
verres de phosphates ;
verres de chalcogénures ;
verres métalliques ;
verre de quartz.
Parmi ces verres, beaucoup ne sont pas transparents (verres oxyazotés, verres
métalliques…) ou du moins pas dans le visible (verres de chalcogénures). Il est par ailleurs
aisé, sans avoir à rajouter des fractions volumiques importantes d'oxydes métalliques, de
produire des verres silicatés faiblement transparents voire opaque. L'obsidienne est par
exemple un verre volcanique silicaté généralement légèrement translucide, mais noir. Le
verre de REFIOM est également un verre d'oxydes, qui n'a rien de transparent.
Histoire[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Histoire du verre.
Bracelet en perles de verre, nécropole de Prosnes (Marne) culture de La Tène, V siècle avant
e
notre ère.
Les plus anciens verres sur Terre sont des petites perles ramenées du sol lunaire par
les astronautes d'Apollo 15, formées il y a plus de 3 Ga (milliards d'années). Les verres
terrestres les plus anciens, d'origine volcanique, sont des obsidiennes restées à l'état de
verre depuis 75 Ma (millions d'années)5.
Il y a environ 100 000 ans, l'homme utilisait déjà des tectites (des billes de verre formées par
des impacts cosmiques) comme bijoux et taillait l'obsidienne pour fabriquer des pointes de
flèches. Les premiers verres fabriqués par l'Homme sont des glaçures, qui apparaissent sur
des céramiques dès le Ve millénaire av. J.-C., en Mésopotamie.
Science[modifier | modifier le code]
Physico-chimie[modifier | modifier le code]
Cette partie aborde le verre et ses caractéristiques d’un point de vue physico-chimique.
Dans cette partie, nous limiterons notre étude à des verres d’oxydes. Cependant, il existe
d’autres grands types de verres (en particulier ceux composés uniquement
d’éléments métalliques) non transparents à l'optique mais au magnétisme, les verres
métalliques amorphes et les verres de spin, composés cristallisés caractérisés par une
absence d’ordre magnétique à grande distance (spin).
Structure[modifier | modifier le code]
Le verre est un matériau amorphe, c’est-à-dire non cristallin. De ce fait, il présente un
désordre structural important. Sa structure microscopique est telle qu’il n’existe aucun ordre
à grande distance dans un verre. En cela, il est assez analogue à un liquide. Prenons
l'exemple de l'eau pure, constituée de molécules d'eau (H2O). Si on isole chaque molécule
d'eau, autour de chaque atome d'oxygène, on trouvera toujours deux atomes d'hydrogène :
c'est un « ordre » (c'est reproductible d'une molécule à l'autre) à courte distance (à l'échelle
de la molécule d'H2O). En revanche, si on prend deux molécules distinctes d'H 2O en
référence à un instant t et que l'on regarde leurs voisinages, c'est-à-dire l'emplacement exact
des molécules d'H2O voisines, on obtiendra deux résultats complètement différents pour nos
deux références. Il n'y a pas d'ordre à grande distance (à une distance supérieure à l'échelle
de la molécule). On appelle fonction de distribution radiale, ou fonction de distribution de
paires, la fonction donnant la probabilité de trouver une particule (dans cet exemple la
molécule d'eau) entre un rayon r et r + dr de la référence. La diffraction de neutron permet,
par exemple, l'évaluation des fonctions de distribution radiale d'un matériau, pour chaque
élément, et montre des pics plus élargis pour des verres que des cristaux, soulignant le
caractère aléatoire de la position des voisins de l'élément atomique de référence, dans les
verres12.
On retrouve dans les verres l'ordre à courte distance (à l'échelle maximale de quelques
distances interatomiques), mais pas au-delà. Ce qui s'illustre par un premier pic fin
de fonctions de distribution radiale comme pour un cristal, puis des pics de plus en plus
élargis, contrairement à un cristal idéal.
Fonction de distribution radiale de l'argon. La fonction de distribution du verre sera qualitativement
similaire à celle du liquide.
Un verre peut même être vu comme un « réseau » tridimensionnel, semblable à celui d’un
cristal, mais dans lequel seul l’ordre à courte distance est conservé. Comparons, par
exemple, la structure du dioxyde de silicium (SiO2) cristallin (sous sa forme cristobalite) et
celle de la silice vitreuse :
Silice vitreuse.
Dans les deux cas, chaque atome de silicium est lié à quatre atomes d’oxygène, formant
ainsi des tétraèdres SiO4 (ordre à courte distance) ; chaque tétraèdre pouvant être considéré
comme une « brique » de l’édifice final. Mais tandis que la cristobalite peut être définie
comme un empilement régulier de ces briques SiO4 (elle a un ordre à grande distance), la
silice vitreuse peut être considérée comme un empilement aléatoire de ces mêmes briques
SiO4 (elle n'a plus d'ordre à grande distance).
Rupture d’un pont Si-O-Si par adjonction d’une molécule de modificateur Na 2O.
Les modificateurs de réseau (ou non-formateurs) ne peuvent pas former de verre à eux
seuls. Ce sont essentiellement les alcalins, les alcalino-terreux et dans une moindre mesure
certains éléments de transition et les terres rares.
Ils sont habituellement plus volumineux (rayon ionique plus important) que les formateurs de
réseau, faiblement chargés et donnent des polyèdres de grande coordinence. Leurs liaisons
avec les atomes d’oxygène sont plus ioniques que celles établies par les formateurs.
Ils peuvent avoir deux rôles structuraux bien distincts, soit modificateurs de réseau vrais, soit
compensateurs de charge.
Les modificateurs de réseau vrais cassent les liaisons entre les polyèdres du réseau
vitreux, provoquant une dépolymérisation de ce dernier. Ils transforment alors les
oxygènes pontants, qui lient deux éléments formateurs de réseau, en oxygènes non-
pontants, liés à un seul formateur de réseau. Ceci se traduit à
l’échelle macroscopique par une diminution du point de fusion et de la viscosité.
Les compensateurs de charge, quant à eux, compensent une charge négative sur un
polyèdre formateur de réseau, par exemple BO4−, lui permettant d’être stable dans cette
configuration.
Intermédiaires[modifier | modifier le code]
Les éléments intermédiaires ont différents comportements : certains de ces éléments sont
soit formateurs, soit modificateurs selon la composition du verre, tandis que d’autres n’auront
ni l’une ni l’autre de ces fonctions mais un rôle intermédiaire.
Les principaux éléments intermédiaires dans les verres d’oxydes sont l’aluminium Al,
le fer Fe, le titane Ti, le nickel Ni et le zinc Zn.
Centres colorés[modifier | modifier le code]
L’ajout d’une faible quantité de manganèse permet d’éliminer la teinte verte produite par
le fer. À des concentrations plus élevées, il permet l’obtention d’une couleur proche de
celle de l’améthyste.
De même que le manganèse, le sélénium utilisé en faible quantité permet de décolorer le
verre. Une quantité plus importante produit une teinte rouge. Le verre est teint en bleu
par l’ajout d’une faible concentration de cobalt (0,025 à 0,1 %).
L’oxyde d’étain et les oxydes d’antimoine et d’arsenic permettent de produire un verre
blanc opaque. Ce procédé a été utilisé pour la première fois à Venise pour obtenir une
imitation de porcelaine.
L’ajout de 2 à 3 % d’oxyde de cuivre produit une couleur turquoise, alors que l’ajout
de cuivre métallique pur conduit à un verre rouge très sombre, opaque, parfois utilisé
comme substitut au rubis doré.
Suivant la concentration utilisée, le nickel permet de produire des verres bleus, violets ou
même noirs.
L’ajout de titane conduit à un verre jaune-brun.
L’or métallique ajouté à des concentrations très faibles (voisines de 0,001 %) permet
d’obtenir un verre de couleur rubis, tandis que des concentrations plus faibles encore
conduisent à un verre de rouge moins intense, souvent présenté comme « groseille ».
De l’uranium (0,1 à 2 %) peut être ajouté pour donner au verre une teinte jaune, verte ou
encore mauve, fluorescente (ouraline). Ce dernier n’est pas assez radioactif pour être
dangereux. En revanche, s’il est broyé pour former une poudre, par exemple en le
polissant avec du papier de verre, celle-ci peut être cancérigène par inhalation.
Les composés à base d’argent (notamment le nitrate d’argent) permettent d’obtenir des
teintes dans une gamme allant du rouge orangé au jaune. La couleur obtenue par l’ajout
de ces différents additifs dépend de manière significative de la façon dont le verre a été
chauffé et refroidi au cours du processus de fabrication.
La couleur des emballages en verre a une influence sur la conservation du contenu. Lorsque
le houblon est exposé à une lumière riche en longueurs d'onde du bleu vers l'ultraviolet, il se
forme du mercaptan, un composé chimique très odorant. Les bouteilles de bière sont
souvent de couleur sombre, qui filtre ces longueurs d'onde. La couleur verte, qui filtre mal le
bleu, est réservée aux bières pauvres en houblon 14.
Transition vitreuse[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Transition vitreuse.
Il existe des différences structurales entre le liquide et l'amorphe pour certains matériaux.
Le glucose possède deux formes anomériques, α et β. En spectroscopie Raman, il existe
une zone appelée « anomérique », qui permet de différencier ces deux formes. Les spectres
Raman des verres de β-glucose obtenus par trempe du liquide et
par cryobroyage mécanique représentés ci-contre sont différents, avec la présence de
bandes de vibrations dans le liquide trempé supplémentaires dues à la mutarotation du
glucose32 présente dans le glucose liquide. Cela démontre que structuralement, un verre issu
d'une trempe d'un liquide et un verre issu d'un broyage mécanique peuvent être différents.
L'image de « liquide figé » est donc un cas particulier du solide amorphe. Le consensus
actuel pour la définition du verre est « solide non-cristallin »4.
Transparence[modifier | modifier le code]
Certains verres sont transparents dans le visible, c'est notamment le cas de la plupart des
verres silicatés, et c'est l'une des propriétés les plus exploitées des verres. D'autres sont
transparents dans d'autres gammes de longueurs d'onde, comme les verres
de chalcogénures. Le verre à vitre courant est transparent de l'UV jusqu'au moyen
infrarouge33, il ne transmet pas les UV-B et les UV-C. Ainsi, on peut bronzer derrière une
vitre, puisque les UV-A sont transmis, mais très difficilement attraper des coups de soleil.
Les verres qui sont transparents ne le sont toujours que dans une certaine gamme de
longueurs d'onde, limitée aux basses longueurs d'onde par l'énergie de bande interdite et
aux hautes longueurs d'onde par la coupure multi-phonon.
Les verres silicatés, du fait du silicium, possèdent une large bande interdite séparant
la bande de valence de la bande de conduction (9 eV34 pour la silice vitreuse, entre 1
et 3 eV pour les verres de chalcogénures). Pour qu'un photon soit absorbé par le verre, il
doit avoir une énergie suffisante pour exciter les électrons de valence vers la bande de
conduction. Si le photon a une énergie trop faible (une longueur d'onde trop grande) pour
permettre à un électron de franchir la bande interdite, il est transmis et le verre est
transparent à cette énergie de photon.
Du fait du désordre qui caractérise un verre, les bandes de valence et de conduction
s'étendent dans la bande interdite (ils forment ce qu'on appelle des queues de bandes) et
réduisent l'énergie séparant bande de valence et bande de conduction. La limite optique
d'absorption (limite basse, en longueur d'onde, où le verre commence à transmettre) n'est
donc pas abrupte (il n'y a pas un seuil précis d'énergie de photon pour laquelle la
transparence commence) mais progressive, une fraction infime des photons pouvant être
absorbés même à des énergies bien plus faibles que l'énergie de bande interdite. Cette zone
de faible absorption correspond à la « queue d'Urbach »35.
À la vibration du réseau atomique, on associe également une quasi-particule appelée
« phonon ». Les phonons interagissent de diverses façons avec les photons (voir la diffusion
Raman et la diffusion Brillouin). Des phonons peuvent interagir entre eux et générer un
moment électrique qui affectera le rayonnement électromagnétique 36 : c'est ce que l'on
appelle l'absorption multi-phonons. Aux longueurs d'onde élevées (énergies faibles), les
verres ne transmettent donc plus du fait des interactions photons-phonons. Dans les verres
silicatés, la vibration d'élongation de la liaison Si-O correspond à une longueur d'onde de
8,9 μm, et le verre absorbe donc énormément à cette longueur d'onde. Tellement que la
première harmonique (fréquence double, donc longueur d'onde deux fois plus faible :
4,5 μm) produit déjà une très forte absorption11.
La fréquence de vibration d'un réseau atomique, et donc l'énergie de phonon, est
inversement proportionnelle à la masse des atomes 37. Les éléments chalcogènes étant
relativement lourds, ils repoussent la limite de transparence à de plus grandes longueurs
d'onde (de plus faibles énergies) que les verres silicatés. Les verres de chalcogénures sont
donc transparents plus loin dans l'infrarouge que les verres silicatés.
Chaque type d'impureté dans le verre va induire une ou plusieurs bandes d'absorption
perturbant sa transparence ; pour le verre à vitre, le fer (ses oxydes) est l'impureté qui
génère la teinte vert-bleutée que l'on peut déceler en regardant une vitre sur la tranche. Des
verres de silice contenant énormément d'impuretés, comme le verre de REFIOM, ne sont
pas transparents mais noirs.
Les verres métalliques (alliages métalliques amorphes) possèdent des électrons libres, ils
sont conducteurs et n'ont donc pas de bande interdite. En conséquence, ils ne sont pas
transparents.
Résistance chimique et altération du verre[modifier | modifier le code]
Le verre industriel présente une bonne compatibilité avec la plupart des composés
chimiques ; toutefois l’acide fluorhydrique (HF) dégrade facilement le verre.
Les verres ne sont pas insensibles à l’action de l’eau ou de l’air. L'eau affecte la plupart des
propriétés du verre, comme par exemple sa viscosité38. Un des effets connus de l'eau sur le
verre est la « propagation sous-critique »39 : par réaction d'hydrolyse, les fissures se
propagent progressivement dans les verres sous contrainte, ceci pouvant conduire à leur
rupture à plus ou moins long terme. Bien sûr, cela n’empêche pas l’existence de verres
ayant plusieurs millions d’années et non altérés, car la sensibilité des verres à l’altération
dépend de leur composition chimique.
Résistance mécanique : fragilité[modifier | modifier le code]
Le verre, au sens commun, apparaît comme un matériau fragile. Les verres silicatés, comme
la plupart des verres d'oxydes ou de chalcogénures, sont effectivement fragiles à
température ambiante dans le sens où ils peuvent être brisés sans la moindre déformation
permanente (à l'inverse d'un matériau ductile, comme le plomb, qu'on peut déformer, plier,
avant de le casser). Il est cependant possible de déformer un verre de façon permanente,
sous haute pression : on parle de « densification »40. La silice vitreuse peut ainsi voir son
volume réduit de près de 25 %. Le caractère fragile des verres, donc l'absence de
mécanisme de déformation plastique à température et pression ambiantes, est dû à leurs
liaisons atomiques fortes (covalentes ou ioniques en majorité). D'une manière générale, on
s'attendrait à ce qu'un matériau ayant de fortes énergies de liaison soit très résistant
mécaniquement, car il faudrait une grande énergie mécanique pour parvenir à rompre ses
liaisons (le diamant est le matériau type qui soutiendrait cette idée). On sait aujourd'hui que
la moindre rayure de surface sur ces matériaux peut être l'initiateur d'une fissure puis d'une
rupture (cassure), par un phénomène de concentration de contrainte 41. Comme il est quasi-
inévitable qu'un matériau dur comme le verre présente des défauts anguleux en surface, ce
qui compte pour caractériser sa résistance mécanique n'est pas son énergie de liaisons
atomiques, mais sa ténacité, c'est-à-dire la résistance à la propagation de ces défauts. La
ténacité des verres d'oxyde est relativement faible (0,5-1,0 MPa.√m ), soit quasiment cent
fois moins que les métaux courants42. La ténacité des verres silico-sodo-calciques peut
cependant être considérablement augmentée par trempe thermique ou chimique. La plupart
des écrans de smartphone et tablette tactile sont aujourd'hui des verres fins trempés
chimiquement.
Éclatement spontané du verre[modifier | modifier le code]
Il existe de nombreux témoignages de personnes ayant observé des récipients en verre qui
"explosent tout seuls", sans qu'on les touche. Ce phénomène n'a rien de paranormal. Pour
qu'un verre casse, il suffit qu'il présente une fissure, et qu'une contrainte de traction
provoque la propagation de la fissure (c'est la base de la définition de la ténacité). Si la
contrainte est trop faible, la fissure ne bouge pas. Toutefois, les verres silicatés sont
sensibles à l'eau, et une réaction d'hydrolyse peut faire avancer la fissure dès lors qu'elle
subit une contrainte de tension inférieure à ce seuil : on appelle cela de la propagation sous-
critique43. La fissure peut alors avancer très lentement, nanomètre par nanomètre, sous le
simple effet de l'humidité de l'air. La contrainte quant à elle peut venir d'un mauvais recuit du
verre. Une fois que la fissure a atteint une taille critique ou qu'elle est entrée dans une zone
de forte tension, la pièce en verre éclate. Suivant l'humidité, la température, l'histoire
thermique du verre et la taille initiale de la fissure, le processus peut prendre des années.
Dans les verres trempés thermique, le phénomène peut en principe être évité. Néanmoins,
les vitrages peuvent être sujets à une pollution de sulfure de nickel (NiS), venant des
matières premières (calcite, dolomite)44. À la température de chauffe du traitement
thermique, le NiS change de phase (α, stable à partir de 379 °C) et se contracte (de 2 à
4 %), et lors de la trempe, il n'a pas le temps de revenir à sa phase stable (β) à la
température ambiante et reste en phase α. Mais cette phase étant métastable, elle revient
progressivement à la forme β en grossissant à nouveau (ce qui peut demander beaucoup de
temps), générant d'énormes contraintes dans le verre et son "explosion spontanée"
longtemps après l'installation du vitrage.
Impacts de projectiles[modifier | modifier le code]
Le verre, selon son épaisseur, sa composition et son mode de production, est plus ou moins
résistant aux chocs, chutes et impacts.
Il a été montré45 que pour un verre donné, le nombre de fissures en étoile compté autour d'un
point d'impact (de balle par exemple) traduit la vitesse relative du projectile contre le verre au
moment de l'impact. En cas d'accident ou d'utilisation d'arme à feu ayant percuté du verre, il
devient donc possible d'obtenir des informations sur la vitesse du projectile (et donc sur la
distance du tireur si on connait le type d'arme et de munition utilisées) ; selon des tests ayant
porté sur des projectiles lancés à une vitesse de plus en plus élevée jusqu'à 432 km/h, plus
la quantité d'énergie cinétique est importante, plus le nombre de fissures est important, avec
une équation simple reliant ces deux paramètres. Inversement, on peut maintenant déduire
aussi la vitesse d'un véhicule au moment d'un accident, par l'observation des fissures d'un
phare ou pare-brise perforé lors de l'accident45.
De plus, selon des mesures d'amateurs46, la vitesse de propagation des craquelures au sein
d'un verre trempé de 5 mm d'épaisseur est d'environ 1 458 m/s.