28 Charles Grandison Finney A Ceux Qui Font Profession D Etre Chretiens
28 Charles Grandison Finney A Ceux Qui Font Profession D Etre Chretiens
28 Charles Grandison Finney A Ceux Qui Font Profession D Etre Chretiens
chrétiens
Charles Finney
Préface de l'auteur
Je les ai donc laissées telles que le reporter les avait prises, sauf
quelques changements insigni ants.
J'ai dit que ces deux extrêmes dont l'un fait consister la religion
uniquement en œuvres extérieures, et l'autre uniquement dans
la foi, sont, également faux et également funestes. Ceux qui font
consister la religion uniquement en bonnes œuvres oublient que
les œuvres elles-mêmes ne sont point acceptables devant Dieu, à
moins qu'elles ne procèdent de la foi. Car sans la foi il est
impossible de plaire à Dieu. Et ceux qui font consister la religion
seulement en foi, oublient que la vraie foi opère toujours par la
charité et produit invariablement les œuvres de l'amour.
Ces deux extrêmes sont également funestes, parce que d'un côté,
sans la foi personne ne peut être pardonné ou justi é ; et de
l'autre, sans la sancti cation personne ne peut être préparé, ni
pour l'activité, ni pour les joies du ciel. Qu'un pécheur se
détourne de ses mauvaises actions, et qu'on suppose ses œuvres
aussi parfaites qu'il les voit lui-même, il n'en reste pas moins
qu'il ne peut être pardonné sans la foi en l'expiation de Jésus-
Christ. De même si quelqu'un croit qu'il peut être justi é par la
foi tandis que ses œuvres sont mauvaises, il a besoin d'apprendre
que sans la sancti cation sa foi est morte et ne peut pas même
être l'instrument de sa justi cation.
Il me paraît que, dans son épître, l'apôtre Jacques se propose de
remettre ce sujet sous son vrai jour, de montrer exactement où
se trouve la vérité, et de faire comprendre tout à la fois la
nécessité de la foi et la nécessité des bonnes œuvres. Cette épître
est vraiment pratique ; elle aborde de front toutes les grandes
questions pratiques du jour et elle les résout.
L'autre classe est celle à laquelle se rapporte notre texte, elle est
composée de ceux qui ne trompent pas les autres mais se
trompent eux-mêmes. Ils sont orthodoxes en théorie et relâchés
en pratique. Ils semblent croire que la religion consiste en une
quantité de notions sans rapport avec la pratique, et ils se
trompent eux-mêmes en se tenant pour bons chrétiens tandis
qu'ils sont destitués de vraie sainteté. Ils sont auditeurs de la
Parole, mais non observateurs de la Parole. Us aiment la
prédication orthodoxe et prennent grand plaisir à entendre
l'exposition des doctrines abstraites delà religion ; leur
imagination s'en amme peut-être et leurs sentiments
s'embrasent à la vue du caractère et du gouvernement de Dieu ;
mais ils n'ont aucun soin de pratiquer les préceptes de la Parole
de Dieu et n'aiment point à entendre prêcher les doctrines qui se
rapportent à la pratique de nos devoirs.
Cet état d'esprit que par erreur vous prenez pour de la religion,
cette conviction intellectuelle de la vérité et cette approbation
que vous lui donnez quand elle se présente dans sa forme
abstraite, sont si loin d'être la preuve que vous êtes pieux, qu'on
les trouve aussi communément chez les méchants que chez les
bons, du moins lorsque la vérité se présente en dehors des
rapports qu'elle doit soutenir avec nous. C'est là la raison pour
laquelle il est souvent di cile de convaincre les pécheurs qu'ils
sont opposés à Dieu et à la vérité. L'homme est ainsi constitué
qu'il approuve la vertu, qu'il admire le caractère et le
gouvernement de Dieu, et qu'il approuverait et admirerait toutes
les vérités de la Bible, s'il pouvait les voir abstraitement, sans
aucune relation avec sa propre personne. Et quand il est soumis
au régime d'une prédication qui présente la vérité de manière à
ce qu'elle n'ait pas beaucoup de rapports soit avec sa vie
intérieure, soit avec la conduite qu'il doit tenir, il peut entendre
cette prédication pendant des années et des années sa,ns jamais
reconnaître qu'il est un rebelle opposé à Dieu et à son
gouvernement.
Je suis de plus en plus persuadé que dans toutes nos églises se
trouvent de grandes multitudes à qui les doctrines abstraites de
l’Évangile sont beaucoup prêchées, multitudes qui aiment la
prédication, qui aiment à entendre parler de Dieu et de toutes les
choses de Dieu et qui cependant sont encore inconverties. Il n'y a
pas de doute que beaucoup de gens n'aillent dans les lieux de
culte, parce qu'ils aiment la prédication orthodoxe, quand, après
tout, il est manifeste qu'ils ne sont point des observateurs de la
Parole. Le mal est qu'ils n'ont pas été placés sous l'in uence
d'une prédication approfondie et pénétrante qui leur eût montré
la vérité dans tous ses droits sur leurs propres personnes ; et
maintenant qu'ils sont dans l'église, toutes les fois que la vérité
leur est prêchée dans la relation pratique qu'elle doit soutenir
avec eux, ils montrent l'inimitié de leur cœur irrégénéré en
s'opposant à la vérité.
Remarques
2. Ceux qui sont beaucoup plus zélés pour les doctrines que pour
la pratique et qui mettent beaucoup plus importance à cette
classe de doctrines qui se rapportent à Dieu qu'à celles qui se
rapportent à leur propre conduite,sont antinomiens.
Elle a été très attachée aux doctrines les plus abstraites et a trop
perdu de vue les plus pratiques. Elle a recherché et exigé
l'orthodoxie dans les premières bien plus que dans les secondes.
Examinez les confessions de foi des églises et vous verrez que
toutes donnent la place principale aux doctrines qui n'ont que
peu de rapport avec la pratique. On peut être le plus grand
hérétique quant à la pratique, pourvu qu'on ne soit point
ouvertement profane ou vicieux et qu'on garde une bonne
position dans l'église. Que la vie corresponde ou ne corresponde
pas aux exigences de l’Évangile, ce n'est point ce que l'on prend
en considération. N'est-ce pas monstrueux ? Quand on
entreprend de puri er l'église quant à ce qui touche à ses erreurs
pratiques, elle ne peut le supporter. Que d'irritation et
d'opposition, en e et, ne produit-on pas lorsqu'on essaie de
puri er l'église de sa participation aux péchés de l'intempérance,
de la violation du jour du repos et de l'esclavage ? Et pourquoi
est-il si di cile d'amener l'église à tenter un sérieux e ort pour
la conversion du monde ? Quand l'église sera-t-elle puri ée et le
monde converti ? Cela n'arrivera pas tant que l'on n'aura pas
reconnu que l'hérésie de la pratique est la preuve de l'hérésie de
la foi. Cela n'arrivera pas tant qu'un homme pourra renier tout
l’Évangile par sa conduite de chaque jour et cependant passer
dans l'église pour un bon chrétien.
Quand les dix tribus d'Israël furent emmenées captives par le roi
d'Assyrie, celui-ci établit à leur place des étrangers appartenant à
di érentes nations idolâtres qui ne connaissaient rien de la
religion des Israélites. Les bêtes sauvages se multiplièrent
aussitôt dans le pays et les lions détruisirent beaucoup de monde
; ces étrangers pensèrent alors que tout cela leur arrivait parce
qu'ils ne connaissaient pas le dieu du pays et que, par ignorance,
ils avaient transgressé sa religion. Ils en informèrent le roi
d'Assyrie qui leur dit de s'adjoindre l'un des prêtres des Israélites
pour qu'il leur enseignât la manière de servir le dieu du pays. Ils
se rangèrent à cet avis et obtinrent qu'un prêtre israélite vint à
Béthel et leur enseignât les cérémonies religieuses pratiquées
auparavant en Israël. Ce prêtre leur enseigna à craindre Jéhovah
comme le Dieu de la contrée ; mais ils ne reçurent point Jéhovah
comme le seul Dieu. Ils le craignirent, c'est-à-dire qu'ils
craignirent sa colère et ses jugements et que, pour les détourner,
ils accomplirent les rites qu'on leur enseignait. Mais ils «
servaient » leurs propres dieux. Ils conservèrent leur culte
idolâtre et c'était celui qu'ils préféraient et qu'ils aimaient, bien
qu'ils se sentissent tenus de témoigner quelque respect à
Jéhovah, comme au dieu de la contrée.
Qui sont ceux qui servent leurs propres dieux tout en faisant
profession de craindre le Seigneur ? Je réponds : ce sont :
1. Tous ceux qui n'ont pas renonce dans leur cœur et dans leur
conduite au droit de propriété sur tous leurs biens, et qui ne les ont
pas abandonnés à Dieu.
Il est parfaitement évident que si vous n'avez pas fait cela vous ne
servez pas Dieu. Supposez qu'un marchand emploie un commis
pour prendre soin de son magasin, et que le commis continue à
s'occuper de ses propres a aires, de sorte que lorsqu'on lui
demande de faire pour son patron le travail nécessaire, il
réponde : « Je Suis vraiment trop occupé de mes propres a aires,
je n'ai pas le temps de faire ce que vous me demandez ; » tous
n'élèveront-ils pas la voix contre un pareil serviteur et ne diront-
ils pas qu'il ne sert pas son patron ; que son temps n'est point à
lui, qu'il lui a été payé et que cependant il l'emploie pour lui-
même ? Il en est de même de l'homme qui ne renonce pas à la
possession de sa propre personne, non seulement en pensée,
mais en pratique. Il n'a pas encore appris l'a b c de la religion. Il
ne sert point le Seigneur, mais ses propres dieux.
4. Servent encore leurs propres dieux, : tous ceux qui supposent que
les six jours de la semaine leur appartiennent, et que le dimanche
seul est le jour du Seigneur.
Vous qui faites cela, vous ne servez pas Dieu du tout. Si vous êtes
égoïstes pendant la semaine, vous êtes entièrement égoïstes.
Supposer que vous avez une piété réelle, impliquerait que vous
êtes convertis chaque dimanche et inconvertis chaque lundi.
Pour qu'un homme qui n'a fait que se servir lui-même toute la
semaine devint réellement religieux le dimanche, il faudrait
qu'il se convertit.
Ceux qui ont pour but de faire monter leur famille, de la faire
entrer dans une classe plus élevée de la société, en amassant pour
cela des richesses, ceux-là montrent que leur vie a un autre but
que celui d'amener le monde sous l'autorité de Jésus-Christ. Ils
ont d'autres dieux à servir. Ils peuvent avoir la prétention de
craindre Dieu, mais ils servent leurs propres dieux.
9. Ceux qui ont pour objet d'accumuler assez de biens pour pouvoir
se retirer des a aires et vivre à leur aise, servent leurs propres dieux.
10. Ceux-là servent leurs propres dieux qui aiment mieux satisfaire
leurs appétits que de se priver de choses nécessaires, nuisibles même,
a n de faire du bien.
11. Ceux qui sont dans un état d'âme tel, que ce sont les appels à leurs
intérêts égoïstes qui les décident le plus vite à l'action, montrent par
là qu'ils sont au nombre de ceux qui servent leurs propres dieux.
12. Sont aussi dans ce cas, ceux qui sont moins intéressés par la
religion que par d'autres sujets.
Si vous voyez un homme plus vexé ou plus a igé par ce qui est
dit contre lui que par ce qui est dit contre Dieu, qui penserez-
vous qu'il sert ? quel est son Dieu, sa propre personne ou
Jéhovah ? Si un ministre est jeté dans un état de èvre par un
mot peu élogieux que quelqu'un aura pu dire sur son savoir, sur
son mérite, ou sur son infaillibilité, tandis qu'il est froid comme
glace au sujet de toutes les indignités dont on couvre le nom béni
de Dieu ; cet homme est-il un imitateur de Paul qui était tout
disposé à être considéré comme fou à cause de Christ ? a-t-il
jamais appris l'a b c de la religion ? S'il l'avait jamais appris, il se
réjouirait quand son nom serait « rejeté comme mauvais » pour
la cause de la religion. Non ! un tel homme ne sert point Dieu, il
sert ses propres dieux.
14. Il en est de même de tous ceux qui ne font pas de salut des âmes le
grand et le premier but de leur vie.
15. Ceux qui ne font que peu pour Dieu, ou qui ne font rien d'e cace,
rien qui subsiste pour l'éternité, ne peuvent pas être appelés
proprement serviteurs de Dieu.
16. Ceux qui cherchent à être heureux dans leur religion, plutôt qu'à
être utiles, ceux-là servent leurs propres dieux.
17. Celui-là aussi sert ses propres dieux qui fait de son propre salut le
but suprême de sa religion.
Remarques
1. Vous voyez pourquoi, dans le monde, il n'y a encore que bien peu de
chose de fait pour le règne de Jésus-Christ.
C'est parce qu'il y a si peu de gens qui fassent quelque chose pour
établir ce règne ; parce que Jésus-Christ a si peu de réels
serviteurs dans le monde. Combien pensez-vous qu'il y ait de
professants dans cette église, ou parmi toutes vos connaissances,
qui soient réellement à l’œuvre pour Dieu, faisant de la religion
leur a aire, se donnant eux-mêmes tout entiers pour avancer le
règne de Jésus-Christ ? La raison pour laquelle la religion
n'avance pas plus vite, c'est qu'il y a si peu de gens pour la faire
avancer, tandis qu'il y en a tant pour l'enrayer. Voyez cette foule
à cet incendie ; on s'e orce de sortir les marchandises d'un
magasin en feu. Quelques-uns sont déterminés à les sortir ; mais
les autres n'y sont pas décidés et ils détournent l'attention des
premiers en parlant d'autre chose ; ou bien ils les empêchent
d'agir en trouvant à redire à leur manière de faire ou en les
retenant loin du feu. Ainsi en est-il dans l’Église. Ceux qui
désirent faire l’œuvre sont grandement empêchés par la
répugnance, les contestations et la résistance positive des autres.
— Et en tout cela vous avez été purement passifs. S'il ainsi, vous
avez « craint le Seigneur et servi vos propres dieux. »
« Quant aux choses sacri ées aux idoles, nous savons que nous
avons tous de la connaissance : la connaissance en e, mais
l'amour édi e. Et si quelqu'un pense savoir quelque chose, il n'a
encore rien connu comme il faut connaître. Mais si quelqu'un
aime Dieu, il est connu de lui. Or, quant à l'action de manger clos
choses sacri ées aux idoles, nous savons qu'une idole n'est rien
.dans le monde, et qu'il n'y a point d'autre Dieu qu'un seul. Car
quoi qu'il y en ait qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur
la terre (comme il y a beaucoup de dieux et beaucoup de
seigneurs) toutefois, pour nous, il y a un seul Dieu, le Père,
duquel sont toutes, choses, et nous pour lui ; et un seul Seigneur,
Jésus-Christ, par le moyen duquel sont toutes choses, et nous
par lui. Mais la connaissance n'est pas en tous ; et quelques-uns
se faisant encore à présent conscience de l'idole, mangent une
chose comme sacri ée aux idoles, et leur conscience qui est
faible en est souillée. »
« Que celui qui mange, ne méprise point celui qui ne mange pas ;
et que celui qui ne mange pas, ne juge point celui qui mange, car
Dieu l'a reçu. Toi, qui es-tu pour juger le domestique d'autrui ?
S'il se tient debout ou s'il tombe, cela regarde son maître. Or, il
sera a ermi ; car Dieu est puissant pour l'a ermir. »
Il y avait aussi une controverse touchant les fêtes juives. Les uns
supposaient que Dieu en .exigeait l'observation, aussi les
observaient-ils ; les autres pensaient que Dieu ne l'exigeait pas,
aussi les négligeaient-ils.
« L'un juge un jour au-dessus d'un autre jour ; l'autre juge que
tous les jours sont égaux : que chacun ait en son esprit une pleine
conviction. Celui qui pense au jour, c'est pour le Seigneur qu'il y
pense ; et celui qui ne pense pas au jour, c'est pour-le Seigneur
qu'il n'y pense pas. Celui qui mange, c'est pour le Seigneur qu'il
mange, car il rend grâce à Dieu ; et celui qui ne mange pas, c'est
pour le Seigneur qu'il ne mange pas, et il rend grâce à Dieu. Car
nul de nous ne vit pour soi-même ; et nul ne meurt pour soi-
même. Car, soit que nous vivions, c'est pour le Seigneur que
nous vivons ; soit que nous mourions, c'est pour le Seigneur que
nous mourons ; soit que que nous vivions, soit que nous
mourions, nous sommes au Seigneur. C'est pour cela que Christ
mourut, et qu'il se releva, et qu'il reprit la vie ; a n de dominer et
sur les morts et sur les vivants. Mais toi, pourquoi juges-tu ton
frère ? ou toi aussi, pourquoi méprises-tu ton frère ? car nous
serons tous placés devant le tribunal du Christ. Car il est écrit : «
Je suis vivant, dit le Seigneur, que tout genou échira devant
moi, et que toute langue confessera Dieu hautement. » (Ésaïe
45.23). Ainsi donc, chacun de nous rendra compte à Dieu pour ce
qui le concerne. »
« Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais jugez plutôt
ceci, que vous ne devez point mettre d'achoppement ou de
scandale devant votre frère. »
Si un homme fait Une chose, bien qu'il doute que cela soit
permis, il o ense Dieu ; il viole la loi et il est condamné, que son
action soit en elle-même légitime ou non. J'ai été très explicite
en expliquant mon texte dans sa connexion avec le contexte,
parce que je désirais vous convaincre entièrement de la justesse
du principe posé ici, à savoir que si un homme agit tout en
doutant de la légitimité de son action, il pèche et il est condamné
devant Dieu. Que son action soit légitime ou non en elle-même,
là n'est pas la question. Il doute de cette légitimité et il agit quand
même ; c'est assez pour qu'il soit coupable.
Supposez que votre enfant ait envie de faire une chose ou qu'il
soit invité par ses compagnons à aller en quelque lieu, et qu'il
doute de votre consentement, ne penserez-vous pas que son
devoir est de vous consulter avant d'agir ? Si l'un de ses
camarades l'invite à venir chez lui et qu'il doute que cela vous
fasse plaisir et que cependant il y aille, ne sera-ce pas
évidemment mal de sa part ?
Celui qui se conduit ainsi montre qu'il aime mieux agir mal que
de prendre la peine et le soin nécessaires pour apprendre à
connaître le sentier du devoir. Il montre qu'il est ou négligent ou
malhonnête dans ses recherches.
2. D'un autre côté, je ne pense pas que l'usage du vin soit essentiel
dans l'ordonnance du Seigneur. Sur ce sujet, l'on a dit et écrit
beaucoup de choses, de sorte que le conseil du Seigneur a été
obscurci par des paroles sans connaissance. Il y a des raisons qui
sont pour moi plus fortes que toutes celles que j'ai entendu
donner et qui me conduisent à croire que le vin ne fait pas
nécessairement partie de l'ordonnance du Seigneur. On a pris
beaucoup de peine pour établir que notre Sauveur s'était servi de
vin non fermenté quand il institua la Sainte Cène, vin qui par
conséquent n'aurait pas contenu d'alcool. Tel a été, en e et,
jusqu'à ce jour, le point principal du débat Mais cela me semble
aussi déplacé que si l'on avait discuté la question de savoir s'il a
employé du pain de froment ou du pain d'avoine, ou si ce pain
était levé ou non. Pourquoi n'a-t-on pas discuté cette dernière
question avec véhémence ? parce que tous la regardaient comme
non essentielle.
Il est appelé le « pain de vie ». Ces images n'ont d'autre but que
celui d'exprimer la valeur des sou rances de Christ. Pourquoi
Christ prend-il ici le pain plutôt que tout autre aliment ? Ceux
qui connaissent l'histoire et les usages du Pays où il vivait
comprendront qu'il choisit l'aliment dont l'usage était le plus
commun. Quand j'étais à Malte, le pain semblait être l'unique
nourriture d'une grande partie du peuple ; les gens se rendaient
en foule au marché, achetaient un morceau de grossier pain et le
mangeaient sur place. Ainsi, Christ choisit pour représenter sa
chair, le plus commun, le plus universel des aliments.
Maintenant pourquoi choisit-il le vin ? Par la même raison. Dans
toutes ces contrées, le vin est la boisson commune du peuple,
surtout aux repas. Il coûte là environ un sou la bouteille ; moins
que la petite bière ne coûte ici. En Sicile, on me dit que le vin
coûtait cinq sous le gallon et je ne sais pas s'il n'était pas aussi
bon marché que l'eau. Et vous observerez que la cène fut prise, la
première fois, à la n du repas pascal, moment où les Juifs
usaient toujours de vin. La pensée du Seigneur dans l'institution
de la Sainte Cène est donc celle-ci : comme la nourriture et le
breuvage sont essentiels à la vie du corps, de même son corps et
son sang, — ou son expiation. — sont nécessaires à la vie de
l'âme. Quant à moi, je suis pleinement, convaincu que le vin
n'est pas essentiel à la communion et je n'hésiterais pas à me
servir d'eau avec quiconque la préférerait consciencieusement.
Qu'un aliment et qu'une boisson soient l'aliment le plus commun
et la boisson la plus commune d'un pays, qu'ils constituent le
fond de l'alimentation des gens de ce pays, et j'estime que cet
aliment et cette boisson, quels qu'ils soient, pris comme espèces
de la Sainte Cène, répondront entièrement à la pensée du
Seigneur. Si j'étais missionnaire parmi les Indiens Esquimaux
qui vivent de viande de phoque séchée et de neige fondue,
j'administrerais la cène avec ces substances-là ; ce qui leur
enseignerait qu'ils ne peuvent pas vivre sans Christ.
Vous le voyez, il est bien entendu et il est évident que, dans tous
ces cas, le but est d'honorer Dieu, et que le doute ne porte que sur
la voie à suivre pour l'honorer réellement. Paul dit à ce sujet : «
Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur ; et
celui qui ne distingue pas entre les jours agit aussi pour le
Seigneur. » Le but est de bien faire, le doute ne peut porter que
sur le moyen.
Après tout ce qui a été dit sur ce sujet et toute la lumière dont il a
été éclairé, y a-t-il un homme, en ce pays, qui puisse dire qu'il n'a
aucune raison de douter de la légitimité de ce genre d'a aires ?
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'aucun homme droit ne
peut faire autrement que d'en douter ; nous croyons même qu'il
n'y a pas d'honnête homme qui ne reconnaisse que ces a aires-là
sont illégitimes et criminelles. Mais faisons la supposition la
plus charitable que l'on puisse faire à l'égard du distillateur et du
vendeur ; supposons qu'ils ne soient pas entièrement convaincus
du caractère illégitime de leur commerce. Ils doivent au moins
douter qu'il ne soit légitime. Que doivent-ils faire alors ? doivent-
ils fermer les yeux à la lumière, et continuer leur chemin
insouciants de la vérité, aussi longtemps du moins qu'ils ne sont
pas forcés de la regarder en face ? Non ! Ils peuvent contester et
élever autant d'objections qu'il leur plaira, toujours est-il qu'ils
savent qu'ils ont des doutes au sujet de la légitimité de leurs
a aires ; si, après cela ils les continuent, sans prendre la peine
d'examiner et de voir ce qui est bien, ils peuvent être
précisément aussi certains d'être condamnés que s'ils péchaient
avec pleine connaissance de cause. Vous entendrez cependant
ces hommes dire : « Mais je ne suis pas entièrement convaincu
que la Bible défende de fabriquer ou de vendre des liqueurs
alcooliques ! » Bien ! supposons en e et que vous n'en soyez pas
pleinement convaincu et que l'on n'ait pu répondre à toutes vos
objections, qu'est-ce à dire ? Vous savez que vous avez des doutes
relativement à la légitimité de vos a aires et vous les continuez.
Ce fait à lui seul le montre : vous êtes sur le chemin de l'enfer.
Comme c'est le cas, par exemple, pour les employés de-la poste,
pour ceux des péages, des octrois, des bateaux à vapeur, des
chemins de fer, et pour quiconque est employé-le dimanche à
toute œuvre qui n'est pas absolument nécessaire. Il y aura
toujours des œuvres qui devront être faites ce jour-là : telles sont
les œuvres de miséricorde et les œuvres d'absolue nécessité. Mais
lorsqu'il s'agit d'un travail qui n'a pas ce caractère, le moins
qu'on puisse dire au sujet de ceux qui s'y livrent, c'est qu'a leurs
yeux la légitimité de ce travail du dimanche est douteuse. Or c'est
assez pour les condamner.
Y a-t-il un homme qui puisse prétendre qu'il n'a aucun doute que
son habitude de fumer ne soit agréable à Dieu ? D'autre part,
personne ne doute qu'il soit parfaitement légitime de ne pas
fumer. Or, le fumeur qui doute de la légitimité de son habitude,
et qui la garde, est condamné.
(3.) J'en dirais autant des bals, de la lecture des romans et de tant
d'autres choses où l'on a coutume de perdre son temps. Est-ce de
cette façon-là que Dieu vous appelle à dépenser votre vie ?
Pouvez-vous dire que vous n'avez aucun doute à cet égard ?
Remarques
Quel est l'homme, dans tous les États-Unis, qui pourrait dire
qu'il n'a aucun doute sur la légitimité de l'esclavage ? (1)
Cependant la grande majorité de la nation ne veut rien entendre
sur ce sujet ; il su t de le nommer pour que l'on s'emporte
aussitôt ; et l'on a même proposé sérieusement, dans le nord et
dans le sud, d'édicter des lois défendant de l'examiner et de le
discuter. Supposons maintenant qu'elles passent, ces lois qui ont
pour but de permettre à la nation de se retrancher derrière ses
doutes. Qu'y gagnera-t-on ?
3. L'amour pour la société dans laquelle vous vivez est une autre
raison.
10. Si vous ne sauvez pas celui que vous reprenez, votre répréhension
peut sauver quelque autre personne qui en aurait connaissance.
Il est arrivé souvent que le transgressent n'a pas été corrigé, mais
que d'autres ont été détournés de suivre son exemple par la
répréhension qui lui avait été adressée. Sans contredit, si tous les
chrétiens de profession étaient dèles au devoir d'exercer la
répréhension, les pécheurs craindraient souvent d'encourir leur
blâme et cette crainte les arrêterait dans leur mauvaise conduite.
Des multitudes de gens qui poursuivent leur mauvaise voie sans
honte et sans crainte s'arrêteraient alors, ré échiraient,
s'amenderaient, et seraient sauvés. Cette raison d'être dèle
étant mise sous vos yeux, pourriez-vous encore laisser les
pécheurs sans avertissement, et les voir ainsi se précipiter vers
l'enfer ?
13. À moins que vous ne repreniez les hommes au sujet de leur péché,
vous n'êtes pas prêts à les rencontrer au Jugement dernier.
Il y a des gens qui sont connus pour être des moqueurs, des gens
qui méprisent toute religion, qui haïssent Dieu, qui n’ont aucun
respect pour sa loi et qui ne sont in uencés ni par crainte, ni par
souci d'un Dieu quelconque. Pourquoi reprendriez-vous ces
gens-là ? Cela ne ferait que provoquer une querelle, sans aucun
pro t pour qui que ce soit. C'est pour cela que Dieu a fait une
exception à la règle à l'égard de cette classe de personnes.
3. Ceux qui sont pétri és dans leur propre justice, — vaut mieux les
laisser de côté.
IV La manière d'exercer la
répréhension
Par dessus toutes choses, n'allez pas lui faire penser qu'il s'agit là
de quelque bagatelle ; vous devez lui faire sentir que vous le
reprenez pour un péché contre Dieu, et que c'est là pour vous
une chose terrible.
S'il s'agit non seulement d'un péché fréquent, mais encore, d'un
péché fréquemment repris et que le pécheur ait raidi son cou, il
est extrêmement nécessaire d'user de sévérité. Il a résisté aux
répréhensions précédentes et s'est ainsi endurci, aussi ne sera-ce
pas une répréhension ordinaire qui pourra le tirer de là. Il a
besoin que les terreurs du jugement fondent sur lui comme une
tempête de grêle.
Supposez que tout homme qui vend des liqueurs dans cette ville
soit continuellement, l'objet des répréhensions que Dieu
ordonne, supposez que chaque chrétien en relation avec lui le
reprenne pour son péché ; combien de temps encore continuera-
t-il son funeste commerce ? Si seulement l’Église faisait son
devoir, si ce diacre, si cet ancien le faisait, et si chaque chrétien
suivait son exemple, reprenant au nom du Seigneur ceux qui
donnent la mort à leurs semblables en les empoisonnant avec
leur absinthe, ce péché ne pourrait durer longtemps. Un tel
témoignage, résolu et énergique, aurait bientôt arraché tous ces
vendeurs de liqueurs à leur commerce de mort. Ils n'auraient
plus d'autres moyens de se défendre que de céder à la pression
d'une répréhension aussi solennelle.
4. Esclavage.
Remarques
1. Ne parlez pas des péchés des autres, mais allez à eux et reprenez-
les.
Parler des péchés des autres derrière leur dos est très ordinaire,
mais c'est là une grande méchanceté. Si vous avez besoin de
parler des péchés de quelqu'un, allez en parler à lui-même et
e orcez-vous de l'amener à s'en repentir et à les abandonner.
N'allez pas parler aux autres contre lui, à son insu, tandis que
vous le laissez, lui, sans avertissement dans son péché,
poursuivant sa route vers l'enfer.
Ils montrent que leur crainte des hommes est plus grande que
leur crainte de Dieu. De peur d'o enser les hommes, ils courent
le risque d'o enser Dieu. Oui, vraiment, ils désobéissent
complètement à Dieu dans un de ses commandements les plus
clairs et les plus pressants, plutôt, que d'encourir le déplaisir des
hommes en reprenant leur péché.
5. Aucun homme n'a le droit de nous dire, quand nous reprenons son
péché, que ce n'est point notre a aire, que cela ne nous regarde pas.
Qu'elle est fréquente cette réponse ! Ceux qui reprennent
dèlement leur prochain sont appelés des importuns, des
brouillons qui se mêlent des a aires d'autrui. Les gens du sud
sont entrés dans une grande rage parce que nous nous e orçons
de les convaincre que l'institution de l'esclavage est inique. Ils
disent que ce n'est pas notre a aire, que la question de
l'esclavage est leur a aire propre et ils ne sou rent pas que
personne d'autre qu'eux s'en occupe ; ils exigent que nous les
laissions tranquilles et ne veulent pas même nous permettre de
parler sur ce sujet. Ils demandent que les législatures de nos
États du nord fassent des lois nous défendant de reprendre le
péché de notre prochain du sud qui tient des hommes en
esclavage. Dieu nous défend de nous taire : L’Éternel lui-même
nous a commandé de reprendre notre prochain soigneusement ;
peu nous importent les conséquences ! Nous les reprendrons
quand bien même tout l'enfer devrait se soulever contre nous.
2. Ils montrent toujours une grande horreur pour les péchés des
autres.
Ils ne déguisent pas les péchés des autres, ils ne parlent point en
faveur de ces péchés, ils n'en nient point la gravité. Vous ne les
entendrez jamais faire l'apologie du péché. Comme ils sont
indignés contre le péché quand ils le trouvent en eux-mêmes,
ainsi le sont-ils, et dans la môme mesure, quand ils le
rencontrent chez d'autres ; ils connaissent son caractère odieux
et ils l'abhorrent toujours.
Ils ressentent pour les âmes la même sorte d'a ection que Dieu.
Je ne dis pas que leur a ection soit aussi grande que celle de
Dieu, mais elle est de même nature.
C'est un fait que l'on peut aimer les âmes des hommes et haïr leur
conduite ; cela se voit chez plusieurs. C'est un fait aussi que
l'homme est fait de telle sorte qu'il ressent de la sympathie pour
ceux qui sont dans la détresse ; il en est toujours ainsi à moins
qu'il n'ait quelque raison égoïste d'être malveillant. Si vous voyez
un meurtrier pendu, vous ressentirez de la compassion pour lui.
Le méchant lui-même a cette sympathie naturelle pour ceux qui
sou rent.
Prenez donc bien note de ceci, vous tous : celui qui désire
ardemment la conversion des pécheurs n'a pas besoin d'une
défense expresse pour ne pas faire ce qu'il voit être un obstacle à
cette conversion. Il n'y a pas à craindre qu'il aille faire ce qui
anéantirait l’œuvre à laquelle il a consacré toute sa vie.
Vous qui êtes ici, vous pouvez dire ce qui en est de vos prières ;
vous pouvez dire si c'est pour vous-mêmes que vous êtes le plus
émus et que vous priez le plus ; ou si c'est pour les pécheurs.
9. Ces chrétiens n'ont pas besoin de demander quelles sont les choses
« qu'il leur est commandé de faire » pour conversion des pécheurs.
Donner est une loi que Dieu a établie d'un bout à l'autre de
l'univers. Même dans le monde de la nature ; les rivières, l'océan,
les nuages, le soleil, tout donne. Il en est ainsi partout dans le
royaume de la grâce. Donner est le véritable esprit de Jésus-
Christ. Jésus-Christ n'a pas cherché sa propre satisfaction, mais
le bien des autres. De même en est-il de cette classe de personnes
qui nous occupe maintenant, elles sont toujours prêtes à
renoncer à elles-mêmes, à leurs joies, leur confort et même à des
choses nécessaires, dès qu'elles voient que par là elles peuvent
faire plus de bien.
12. Ces chrétiens manifestent toujours une grande douleur quand ils
voient l'église endormie et ne faisant rien pour le salut des pécheurs.
13. Ils sou rent quand ils voient leur pasteur se comporter
lâchement et ne point reprendre l'église sévèrement et dèlement à
cause de ses péchés.
Quoi qu'ils fassent en réalité dans ce but, il semble que plus ils
font, plus ils désirent faire encore. Ils ne sont jamais satisfaits ; il
n'y a jamais de bornes à leur désir de convertir les pécheurs. Je
me rappelle un homme excellent qui avait coutume de prier pour
les individus, pour les localités, pour la conversion du monde,
jusqu'à ce qu'il fût à bout de forces. Il s'écriait un jour,
complètement épuisé par la prière : « Oh ! quel feu, quelle
douleur dans mon cœur ! rien ne peut apaiser ce désir insatiable
de sauver les pécheurs ; mon âme défaille de douleur. » Bien qu'il
eût été plus utile que presque tous ceux de son âge, cet homme
voyait tant à faire encore, et son désir de voir les pécheurs sauvés
était si ardent, que sa constitution physique ne le pouvait
supporter. « Je me trouve, disait-il un jour, mourant du désir de
posséder plus de force pour faire davantage pour le salut des
âmes. »
17. Si vous désirez émouvoir les chrétiens de cette sorte ; vous devez
leur présenter des considérations qui touchent à la gloire de Dieu
dans le salut des pécheurs.
Et vous qui êtes ici devant moi, trouvez-vous votre plaisir dans
vos devoirs religieux ou les accomplissez-vous parce que vous
espérez en retirer quelque avantage ? Soyez honnêtes, en cet
instant, répondez à cette question en toute vérité et jugez quel
est l’état de votre âme.
4. Ils sont mus par la crainte beaucoup plus que par l’espérance.
Pouvez-vous dire que ces paroles réchau ent vôtre cœur parce
que vous avez fait, en votre âme, l’expérience de la réalité qu’elles
contiennent ? Ou vous sentez-vous encore condamnés et
coupables, n’ayant pas conscience du pardon de vos péchés, ne
jouissant point de la paix avec Dieu et ne sachant ce que c’est que
de se con er en Jésus-Christ ?
8. Ils sont encouragés et réjouis quand ils lisent l’histoire des saints
de l’ancien temps qui sont tombés dans de grands péchés.
11. Ils aiment, en e et, que leur pasteur leur prêche des sermons
pour « nourrir les chrétiens. »
Comme leur grande a aire n’est pas de sauver les pécheurs, mais
d’être sauvés eux-mêmes, ils choisiront toujours non pas un
pasteur capable de prêcher convenablement la conversion aux
pécheurs, mais un pasteur qui ait le talent de nourrir l’église
avec de pures abstractions.
12. Ils mettent une grande importance à posséder ce ils appellent une
« bonne espérance. »
19. Quand on parvient à les faire prier pour la conversion des autres,
ils le font en présentant les mêmes motifs qu’ils ont eus en priant
pour eux-mêmes.
20. La classe de chrétiens qui nous occupe est fort sujette aux
angoisses du doute.
21. Leur horreur du sacri ce va croissant avec les demandes qui leur
sont adressées.
Je désire que vous tous qui m’entendez soyez bien attentifs à ceci
: si un homme a mis tout son cœur à quelque chose, il lui sera
fort agréable de pouvoir y consacrer son argent ; et plus il pourra
retrancher d’argent aux autres choses pour le mettre à cette
chose-là, plus il sera content. Si donc quelqu’un trouve dur de
donner son argent pour l’avancement du règne de Dieu, c’est
qu’il n’a point mis son cœur à cette œuvre ; s’il l’avait fait, il
donnerait avec joie. Que penseriez-vous de celui qui, refusant de
donner de son argent, se mettrait à remuer l’église en faveur de
l’œuvre des missions, sollicitant les dons des autres quand il
n’aurait lui-même jamais donné un dollar ? Il serait absolument
démontré qu’il n’a pas donné son cœur à la cause de Christ ; car
s’il l’avait fait, il donnerait pour elle son argent aussi volontiers
qu’un verre d’eau fraîche ; et plus il pourrait économiser en
faveur de cette cause, plus il serait content.
23. Ils ne sont pas de ceux qui font avancer l’œuvre des réveils.
Ce n’est pas leur a aire. Ils faut toujours les traîner à l’ouvrage ;
et ce n’est que lorsque le réveil est bien établi et que les émotions
deviennent vives, qu’ils paraissent s’y intéresser. Mais vous ne
les verrez jamais prendre la direction de l’œuvre, jamais
devancer les autres ; vous ne les entendrez jamais dire à leurs
frères : « Allons ! et faisons quelque chose pour le Seigneur. »
Ils ne le reprennent pas : Ils aiment à être mêlés aux scènes dans
lesquelles le péché est commis. Ils aiment à se trouver où ils
peuvent entendre des conversations vaines ; ils aiment même à
s’y joindre. Ils aiment la société mondaine, les livres mondains.
Leur esprit est mondain. Au lieu de « haïr jusqu’au vêtement
souillé par la chair (Jude 1.23), » ils aiment à se tenir sur les
con ns du péché, comme trouvaient en lui leur plaisir.
26. Ils ne prennent que fort peu d’intérêt aux récits de réveils, de
missions, etc.
Ce n’est pas parce qu’elle est douce à leur âme « plus douce que le
miel », qu’ils la lisent ; ils ne « jouissent » pas de cette lecture
comme on jouit de ce qu’il y a de plus exquis au monde ; ils la
font parce que c’est leur devoir et que l’on ne peut pas faire
profession d’être chrétien sans lire la Bible. Mais, en réalité, ils
trouvent que c’est une lecture bien aride.
La moindre excuse les dispense d’y aller. Ils n’y vont qu’autant
que cela est nécessaire pour maintenir leur réputation de piété
ou pour maintenir leur « consolante espérance. » Vous pourrez
les y voir alors, non pas en ammés d’amour, mais froids,
distraits, tristes, joyeux seulement quand la réunion est
terminée.
Remarques
Ils ne sont pas troublés par le fait que le niveau générai de la piété
est tellement bas dans l'église, qu'il est impossible d'amener la
plupart des pécheurs à la repentance. Ils pensent qu'aujourd'hui
ce niveau de la piété est assez élevé ; du reste, quel que soit ce
niveau, il les satisfait toujours. Les vrais amis de Dieu et de
l'homme se lamentent sur l'état de l'église, ils sont désolés de
voir le niveau de sa piété si bas, et ils s'e orcent de la réveiller et
de l'élever plus haut ; mais les chrétiens dont nous parlons ne
voient là qu'une disposition à la critique, au mécontentement, à
l'inquiétude, penchant à créer de l'agitation et du trouble qui,
disent-ils, dénote un mauvais esprit. C'est exactement ce qui
arrivait quand Jésus-Christ dénonçait les scribes, les pharisiens
et les principaux de ceux qui faisaient profession le piété. « Il a
un démon, » « Quoi ! ils dénonce nos docteurs en théologie et
tous nos hommes les plus excellents ; et même il ose appeler les
scribes et les pharisiens les hypocrites, et il vient nous dire que si
notre justice ne surpasse la leur, nous n'entrerons point dans le
royaume les cieux. Quel mauvais esprit ! »
Une grande partie de l'église actuelle parle de même et le même
esprit que ces scribes et ces pharisiens. Tout e orts tenté pour
ouvrir ses yeux et montrer aux chrétiens que leur vie est si
misérable, si mondaine, si semblable à celle des hypocrites, qu'il
est impossible de faire avancer l’œuvre du Seigneur, — tout
e ort dans ce sens excite le blâme et l'irritation générale. « Oh !
dit-on, quel esprit de critique ! quel mauvais esprit ! que c'est peu
aimable ! que nous voilà loin de l'esprit si humble, si doux, si
bienveillant du Fils de l'homme ! » Ils oublient que Jésus-Christ a
prononcé des anathèmes à faire trembler les collines de Juda, et
cela précisément contre ceux qui avaient la réputation d'être les
plus pieux du peuple. Ils parlent exactement comme si Jésus-
Christ n'avait jamais rien dit de sévère à qui que ce soit ; comme
s'il avait comblé les scribes et les pharisiens de caresses et de
atteries pour les attirer dans son royaume. Y a-t-il donc
quelqu'un qui ignore que c'était l'hypocrisie de ceux qui
professaient la religion qui soulevait son âme, excitait son
indignation et faisait jaillir ses dénonciations comme des
torrents de feu ? Il se lamentait toujours sur ceux-mêmes qui
étaient placés à la tête du peuple comme étant des modèles de
piété, il les appelait hypocrites et faisait retentir contre eux les
plus terribles paroles : « Serpents, race de vipères ! comment
échapperez-vous au feu de la géhenne ! »
S'il est avéré qu'un homme néglige de faire une chose exigée par
la loi de Dieu, parce que le sentiment public, ne la requiert pas ;
ou qu'il fait une chose contraire à la loi de Dieu parce que le
sentiment public la requiert ; il est dès lors démontré que dans sa
conduite entière son obéissance s'adresse non pas à Dieu, mais à
l'opinion publique.
« Vous aimez la gloire qui vient des hommes plus que la gloire qui
vient de Dieu. »
7. Leur conscience parait s'être formée sur d'autres principes que
ceux de l’Évangile.
Ils prennent toujours une voie moyenne. D'un côté, ils évitent de
paraître justes à l'excès ; de l'autre, ils évitent de paraître relâchés
ou irréligieux. C'est ainsi que, dans tous les siècles, on a pu faire
profession de piété sans jamais être taxé de fanatisme. Le niveau
général de la piété est toujours si bas que la plupart
probablement dans nos églises protestantes s'e orcent de suivre
une voie moyenne entre le monde et Dieu. Ils veulent avoir des
amis des deux côtés. Ils ne veulent pas être comptés parmi les
réprouvés, mais ils ne veulent pas non plus passer pour
fanatiques ou pour bigots. Ce sont des chrétiens à la mode, des
chrétiens « comme il faut. » On peut les appeler ainsi pour deux
raisons. Premièrement parce que leur façon de pratiquer la
religion est populaire, à la mode ; secondement, parce qu'ils
suivent en général les modes du jour. Le but de leur religion est
de ne rien faire qui soit contraire aux goûts du monde : Peu
importe ce que Dieu demande ; ils sont décidés à rester prudents,
à ne pas s'attirer les censures du monde et .à ne pas o enser les
ennemis de Dieu. Ils ont évidemment plus d'égard pour les
boraines que pour Dieu ; s'ils ont à choisir entre déplaire à leurs
amis et à leurs voisins et o enser Dieu, ils o enseront Dieu.
10. Ils feront plus pour gagner les applaudissements des hommes :
que pour avoir l'approbation de Dieu.
11. Ce que les hommes pensent d'eux les préoccupe beaucoup plus que
le jugement que Dieu porte sur eux.
16. Ces mêmes chrétiens s'opposent à toute nouvelle lumière sur des
sujets pratiques qui menacent de leur imposer de nouveaux
sacri ces.
18. Tant que des choses, des mesures, des hommes sont critiqués et
impopulaires, ils s'y opposeront ; mais que ces mêmes choses, ces
mêmes mesures, ces mêmes hommes deviennent populaires, ils en
seront partisans.
Qu'un homme parcoure les églises pour les réveiller, tant qu'il
est peu connu, ils ne se font pas faute de parler contre lui ; mais
qu'il fasse son chemin, qu'il acquière de l'in uence, ils sont alors
ses partisans ; ils le louent, ils le recommandent, ils professent
être ses plus chauds amis. Il en était ainsi à l'égard de Jésus-
Christ. Avant d'être conduit au Calvaire, il eut quelque
popularité ; quand il parcourait les rues, les multitudes le
suivaient en criant : « Hosanna, hosanna ! » Mais remarquez-le,
elles ne le suivirent pas un instant de plus que ne dura sa
popularité. Dès qu'il fut arrêté comme un criminel, elles lui
tournèrent le dos et commencèrent à crier : « Cruci e-le !
cruci e-le »
S'ils habitent une ville, ils demandent ce que les autres églises
penseront de cette mesure ; et s'il parait probable qu'elle attirera
des reproches à leur église ou à leur pasteur, soit devant le
monde, soit devant les églises, les voilà dans la plus grande
anxiété. Peu importe le bien que cela pourra faire, peu
importent toutes les âmes qui pourront être sauvées, ils ne
veulent, pas que l'on fasse quoi que ce soit qui puisse porter
atteinte à la respectabilité de leur église.
20. Cette classe de personnes n'a jamais pour but de créer un
sentiment public favorable à la parfaite piété.
Remarques
Si vous n'avez pas pour but de faire tout votre devoir, de rendre
obéissance à Dieu en toute chose, la piété que vous prétendez
avoir n'est que pure hypocrisie et péché contre Dieu.
3. Les règles et les principes que le monde suit dans les a aires, sont
directement opposés à l’Évangile, à l'esprit que montre Jésus-Christ
et aux enseignements qu'il donna et que tous les siens doivent suivre,
sous peine de se perdre éternellement.
Quel fut l'esprit que Jésus-Christ montra sur la terre ? Ce fut
l'esprit de bienveillance et de renoncement, l'esprit de celui qui
se sacri e pour faire du bien aux autres. Il montra le même esprit
que Dieu le Père qui trouve un bonheur in ni à sortir de lui-
même et à satisfaire son cœur plein de bienveillance en faisant
du bien à ses créatures. C'est en cela que consiste la religion de
l’Évangile ; être semblable à Dieu, non seulement faire le bien
mais jouir de faire le bien, trouver son bonheur à sortir de soi-
même pour faire le bien d'autrui. C'est ce qu'exprime cette
parole : « Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir ; » et c'est
ce qu'ordonne ce commandement : « Ne regardez pas chacun à
votre propre intérêt, mais que chacun regarde aussi à l'intérêt
des autres. » Mais quelle est la maxime du monde en fait
d'a aires ? Elle est : « Chacun pour soi. » Et elle a été inventée par
des gens qui étaient aussi étrangers à la connaissance et à la
pratique de l’Évangile que peuvent l'être les païens eux-mêmes.
Comment les chrétiens pourraient-ils adopter de pareilles
maximes ?
7. Cette conformité au monde dans les a aires est un des plus grands
obstacles à la conversion des pécheurs.
Que pensent, en e et, les incrédules quand ils voient que ceux
qui se disent chrétiens et prétendent croire ce que la Bible
enseigne, n'en recherchent pas moins les biens de ce monde tout
aussi ardemment que tous les autres hommes, faisant les
meilleurs marchés, achetant au plus bas prix et vendant aussi
cher que les plus zélés serviteurs de Mammon ? Ce qu'ils pensent
? — Je puis, moi, vous le répéter. Ils disent : « Ces chrétiens font
exactement comme nous tous, ils suivent les mêmes principes ; «
chacun pour soi » est leur devise tout aussi bien que celle de tout
le monde ; ils marchandent comme les autres et placent leur
argent à aussi gros intérêts que qui que ce soit. » Et ces
accusations ne sont pas des calomnies. C'est un fait notoire que
la plupart des membres des églises recherchent le monde et les
choses qui sont au monde, au même degré, avec le même esprit
et selon les mêmes maximes que ceux d'entre les incrédules qui
passent pour honnêtes et humains. Le mondain dit « Voyez ces
chrétiens, je ne vois pas qu'ils soient en rien meilleurs que moi,
ils vont tout aussi loin que moi en fait de recherche des biens
terrestres. » Si ceux qui professent être chrétiens agissent selon
les mêmes principes que les gens du monde, aussi vrai que
l’Éternel est vivant, ils auront le même salaire. Ces chrétiens
sont inscrits au livre de Dieu comme de noirs hypocrites, attendu
qu'ils prétendent être des amis de Dieu tandis qu'ils aiment le
monde. Aimer le monde c'est être ennemi de Dieu.-
Quand de toutes les nations vous arrive ce cri des âmes qui se
perdent : « passe vers nous et viens nous secourir » et que chaque
semaine vous apporte quelque appel nouveau à envoyer
l’Évangile, des traités, des Bibles, des missionnaires, à ceux qui
périssent faute de connaissance, et que vous préférez dépenser
votre argent pour suivre la mode, n'est-ce pas déclarer que la
réputation est votre idole. Supposons, pour les besoins de notre
démonstration, qu'il ne soit pas défendu par la Parole de Dieu de
suivre la mode, et que ceux qui font profession de christianisme
puissent la suivre innocemment (je nie que la chose soit
innocente, mais supposons qu'elle le soit) ; est-ce que le fait que
vous la suivriez, tandis que tant d'appels d'argent, de temps et de
travail se font entendre en vue du salut des âmes, est-ce que ce
seul fait, dis-je, ne démontrerait pas d'une manière parfaitement
concluante que vous n'aimez ni Dieu, ni les âmes de vos frères ?
Voici une femme dont le mari est en esclavage. Cette femme fait
tout ce qu'elle peut pour ramasser assez d'argent pour le rachat
de son mari. Elle est toujours peinant et économisant, se levant
tôt, se couchant tard, mangeant le pain de douleur, parce que
son époux, le père de ses enfants, l'ami de sa jeunesse, est dans
l'esclavage. Maintenant, dites à cette femme que c'est chose
innocente pour elle que de suivre la mode, d'avoir vêtement
haute nouveauté, dernière mode, grands étalages, comme ses
voisins. Vous écoutera-t-elle ? Aura-t-elle le moindre désir des
choses dont vous lui parlez ? — C'est à peine si elle achètera des
souliers pour ses pieds ; elle en est presque à regretter le, pain
qu'elle porte à sa bouche, tant est grand le désir qu'elle a de
parvenir à son but.
14. C'est la plus grande partie de ceux qui vous entourent que vous
tentez en suivant les modes.
15. Une autre raison pour laquelle les chrétiens ne doivent pas se
conformer au monde en suivant les modes, c'est la grande in uence
qu'une conduite tout opposée aurait infailliblement sur les gens du
monde.
Qui l'ignore ? Qui ne sait que chaque parti cache à dessein les
défauts de son propre candidat, ainsi que les qualités du candidat
du parti opposé ? Est-ce que cela n'est pas malhonnête ? Chaque
parti porte son candidat aux nues ; il en fait une perfection et n'a
qu'un but, le faire élire ; et pour cela tous les moyens sont bons.
Il est donc impossible d'être un honnête homme quand on
s'inféode à un parti. Et le chrétien pourrait agir de la sorte et
garder en même temps une conscience pure.
Que pensent les pécheurs quand ils voient ceux qui se disent
chrétiens se joindre à eux dans les mesures politiques qu'ils
prennent, et faire des choses qu'ils savent, eux, mondains, être
déshonnêtes et corruptrices ? Ils disent : « Nous savons, très
bien, nous, ce que nous faisons, nous voulons que notre parti
arrive au pouvoir, nous poursuivons notre propre intérêt, nous
voulons les places, les honneurs, la puissance, rien de plus
simple. Mais ces chrétiens qui font profession de vivre pour
autre chose, pour un but plus élevé, les voilà qui se joignent à
nous et les voilà qui recherchent « des pains et des poissons » tout
aussi avidement que qui que ce soit d'entre nous ! » Les gens du
monde pourraient-ils rencontrer une pierre d'achoppement pire
que celle-là ?
— On peut abuser de tout ce qui est bon ; mais tout le monde sait
que l'abus ne condamne pas l'usage. À ceux qui font cette
objection, je poserai à mon tour la question suivante :
— Non. Le monde est trop égoïste pour que les partis puissent se
diviser ainsi, et surtout pour que cette division-là puisse se
maintenir. Il se peut que pendant une année les incrédules
s'unissent contre l'église et laissent les chrétiens former une
petite minorité. Mais ils se diviseraient bientôt en deux camps,
chacun d'eux briguant les su rages des chrétiens et leur o rant
clos candidats pour lesquels ils pussent voter
consciencieusement.
Remarques
N'est-il pas temps d'agir dans ce sens ? N'est-il pas temps qu'une
église quelconque ouvre la voie, rompant avec toute conformité
au monde pour suivre l'exemple et l'esprit de Jésus-Christ ?
Dans le verset que j’ai pris pour texte, Paul parle de deux sortes
de tristesse au sujet du péché ; l’une produit la repentance pour
le salut ; l’autre produit la mort. Ces deux tristesses sont ce que
l’on nomme ordinairement « la vraie et la fausse repentance » et
c’est de quoi nous parlerons ce soir.
Je désire montrer :
Je crois que c’est la vérité que Paul avait surtout en vue dans la
parole de notre texte traduite par ces mots : « la tristesse selon
Dieu produit la repentance ; » le mot traduit ici par repentance
indique le changement de la conduite. S’il n’en était pas ainsi,
notre texte reviendrait à dire que la repentance produit la
repentance. Or Paul parlait, à ce qu’il me semble, d’un
changement de sentiment produisant un changement de
conduite, et aboutissant par conséquent au salut. Maintenant,
permettez-moi de vous le demander, êtes-vous réellement
réformés ? Avez-vous délaissé vos péchés ? Ou les pratiquez-vous
encore ? s’il en était ainsi, vous seriez encore un pécheur (1). Il
peut y avoir eu changement dans votre esprit, mais si le résultat
n’a pas été le changement de votre conduite, la réforme actuelle
de votre vie, vous : n’avez pas connu la « repentance selon Dieu, »
celle que Dieu approuve.
Le voleur ne s’est pas repenti tant qu’il garde l’argent qu’il a volé ;
il peut être convaincu de péché, mais il n’a pas la repentance ; s’il
l’avait, il s’empresserait de rendre l’argent qui ne lui appartient
pas. Si vous avez dupé quelqu’un et que vous ne lui ayez pas
rendu ce que vous lui avez pris injustement, ou si vous avez
injurié quelqu’un et que vous n’ayez pas réparé, autant qu’il est
en vous, le mal que vous avez fait, vous ne vous êtes pas repenti
véritablement.
1. Elle n’est pas fondée sur un changement d’opinion tel que celui que
j’ai signalé comme appartenant à la vraie repentance.
Combien je désire que vous compreniez cela à fond ! C’est ici que
se trouve la raison d’être de toute cette vie de hauts et de bas que
vous connaissez si bien. Les gens sont réveillés, puis convaincus
de péché, et peu à peu ils reprennent espoir et s’établissent dans
une fausse sécurité ; ils s’éloignent alors de plus en plus de Dieu.
Ils peuvent veiller assez sur eux-mêmes peut-être pour pouvoir
rester dans l’église, mais comme le germe du péché n’a pas été
détruit en eux, ils retournent à leurs anciennes voies. La femme
qui aimait la toilette l’aime encore et peu à peu elle retourne à ses
rubans et à ses coli chets. L’homme qui aimait l’argent l’aime
encore ; bientôt il glisse sur la pente, et le voilà qui s’enfonce de
nouveau dans les a aires et poursuit les liens de ce monde aussi
ardemment qu’il l’a jamais fait vaut de se joindre à l’église.
Celui qui n’a connu que cette repentance peut savoir que Jésus-
Christ est le seul Sauveur, il peut faire profession de croire en lui
et de se con er en lui seul pour son salut, mais en réalité, il place
actuellement dix fois plus de con ance, pour son salut, en la
réforme de sa conduite qu’en Jésus-Christ. S’il veut veiller sur
son propre cœur, il verra qu’il en est ainsi. Il peut dire qu’il
attend son salut de Christ, mais en fait, son espérance repose sur
ses œuvres plus que sur l’expiation de Christ. En réalité tous ses
e orts ne tendent qu’à rapiécer sa propre justice.
Remarques
J’ai connu une demoiselle qui fut convertie à Dieu et dont le père
était un mondain très orgueilleux. Elle aimait beaucoup la
toilette, les leçons de danse et les bals. Une fois convertie, son
père voulut la forcer à aller aux leçons de danse. Il l’accompagna,
comme il avait coutume de le faire, et la força à danser. Mais elle
se prit à pleurer, et sa tristesse et son horreur de la danse
devinrent tels, qu’elle ne put que se retirer à l’écart et éclater en
sanglots. Vous en voyez la cause, je pense. Elle s’était vraiment
repentie de toute sa vie passée et de tous ses amusements
mondains, et sa repentance était celle « dont on ne se repent
jamais. »
Quelle compassion elle avait pour ses gaies compagnes des jours
précédents ! et quelle horreur pour leur étourdie gaîté ! Combien
il lui tardait que l’heure de la réunion de prières eût sonné ; et
combien grandie était la joie qu’elle y trouvait ! Les impénitents
et ceux qui n’ont connu que la repentance du monde sont dans
une bien grande erreur au sujet du bonheur qu’éprouve le
chrétien réel.
Ils disent qu’ils n’osent pas promettre cela, parce qu’ils craignent
de ne pas tenir leur promesse. La raison en est qu’ils aiment le
péché. L’ivrogne sait qu’il aime les boissons alcooliques et bien
qu’il puisse être contraint de tenir sa promesse de s’en abstenir,
sa passion en réclamera toujours. Ainsi en est-il du pécheur
convaincu de péché. Il sent qu’il aime le péché, que le lien qui
l’attache au péché n’a jamais été brisé, aussi n’ose-t-il pas faire de
promesse.
C’est toujours par la même raison. Ils aiment tant leurs péchés,
ils savent si bien que leurs cœurs plaideront en faveur de ces
péchés, qu’ils sont e rayés à la pensée de promettre de les
abandonner. Beaucoup de gens qui font profession d’être
chrétiens refusent néanmoins de se joindre à l’église. La raison
secrète en est qu’ils sentent leur cœur encore attaché au péché et
qu’ils n’osent prendre les engagements que suppose l’entrée dans
l’église ; ils redoutent la discipline ecclésiastique pour le cas où
ils viendraient à pécher. Ces gens-là savent qu’ils sont des
hypocrites.
9. Ceux d’entre vous qui ne connaissent que la tristesse selon le
monde peuvent maintenant voir où est l’obstacle à leur salut, et
quelle est la raison pour laquelle ils ne sont pas convertis.
Celui qui est injuste dans les petites choses l'est aussi
dans les grandes
Luc 16.10
Je ne veux pas dire que si une personne est malhonnête dans les
petites choses et se fait indûment de petits pro ts en de petites
a aires, il soit certain que dans les a aires de grande
importance, cette personne ne se conformera pas aux règles
généralement admises de la loyauté commerciale.
J'ajoute même que dans les petites choses, il est plus sûr encore
qu'un tel homme agira consciencieusement, parce qu'ici la
tentation à s'écarter de la droite voie sera plus faible. Qu'est-ce
que l'honnêteté ? Si un homme n'a pas d'autres motifs pour agir
honnêtement que l'égoïsme, le démon est aussi honnête que lui ;
car je ne doute pas que le démon ne soit honnête dans ses
rapports avec les autres mauvais esprits autant que le demande
son propre intérêt. Mais, est-ce là de l'honnêteté ? —
Certainement non ! Si donc un homme n'a pas de motifs plus
élevés pour agir honnêtement, il n'est pas honnête du tout.
3. Il est certain que celui qui est malhonnête dans les petites choses
n'est pas inspiré par un réel amour pour le prochain tel que le
requiert la loi de Dieu.
L'égoïsme est donc ici le seul principe. C'est lui qui vous fait
mettre une si forte proportion d'eau et c'est encore lui qui
s'oppose à ce que cette proportion soit plus forte. Si vous n'avez
en ces petites choses d'autre principe que l'égoïsme, comment
peut-on supposer que ce soit l'amour de Dieu et des hommes qui
vous inspire en des choses plus considérables ?
Remarques
A cet égard, les hommes sont souvent dans une grande erreur ;
ils pensent que leur honnêteté dans les grandes choses prouve
l'honnêteté de leur cœur, en dépit de la déloyauté dont ils font
preuve dans les petites choses. C'est pourquoi ils ne manquent
pas d'être sur leurs gardes dans les grandes choses, tandis qu'ils
sont pleins d'insouciance dans les petites ; c'est ainsi qu'ils
manifestent le véritable état de leur cœur. Ils ne voient pas que
leur honnêteté dans les grandes choses découle d'un principe
mauvais ; qu'elle procède du désir de paraître honnête et non
pas de la détermination d'être honnête. Ils ne font pas
attention à leurs petites fraudes, parce que leur attention se
porte sur celles des manifestations de leur caractère qui
paraissent le plus en public, et qu'ils tiennent leur honnêteté
pour bien établie, tandis que leur cœur est profondément
corrompu. Celui qui s'écarte de la stricte intégrité dans de petites
choses quand il n'est pas surveillé, ne se conduit pas par
principe, ce n'est pas l'honnêteté du cœur qui le fait agir. Si vous
voulez connaître votre vrai caractère, examinez votre cœur et
observez comment la disposition qui y domine se manifeste dans
les petites choses.
Ceux qui sont impurs dans leurs paroles, le seront dans leur
conduite, moyennant opportunité et impunité. Tenez à distance
tout homme et toute femme qui se permettra des discours
impurs, ne fût-ce qu'en conversant avec ceux de son sexe. Ceux
qui sont chastes par principe n'auront pas moins d'éloignement
pour les paroles impures que pour les actes impurs. Ils auront,
en horreur « même la tunique souillée par la chair. »
2 Corinthiens 13.5
I. ce qu'il demande,
Si donc notre attention est xée sur un objet propre à éveiller nos
sentiments, il est impossible que ces sentiments ne se produisent
pas à quelque degré ; et si notre attention est intense, il est
impossible que ces sentiments ne soient pas tels que nous ayons
conscience de leur existence. Ces principes nous montrent
comment nous pouvons faire l'épreuve de notre cœur et
connaître l'état réel de nos sentiments à l'égard de quelque objet.
Il s'agit seulement de xer notre attention sur l'objet jusqu'à ce
que nos émotions soient telles que nous ayons conscience de leur
existence.
2. Soyez bien assuré que l'objet sur lequel vous portez votre
attention, et à l'égard duquel vous voulez éprouver les dispositions
de votre cœur, est une réalité.
5. À l'égard de Jésus-Christ.
d'autre voie pour connaître l'état de votre cœur que de xer votre
esprit sur ces réalités, jusqu'à ce que les sentiments qui
s'élèveront en vous deviennent assez forts pour qu'il ne vous soit
pas possible de vous méprendre sur leur nature.
Remarques
Il y a des gens qui discourent sur le salut des païens et qui n'ont
jamais converti une âme dans leur propre pays ; soyez-en sûrs,
tout ce qu'ils disent est pure imagination. S'ils ne travaillent pas
à propager les réveils dans leur propre pays où ils comprennent
la langue de tous et ont un accès direct et facile auprès de leur
prochain, beaucoup moins encore travailleraient-ils à réveiller
les âmes en pays païen.
10. Vous voyez comment vous pouvez vous rendre compte de vos
sentiments à di érentes époques de votre vie.
La raison en est que leur pensée change. S'ils voulaient xer leur
pensée, ils xeraient par là leurs sentiments.
Dirigez les pensées sur l'objet qui est de nature à produire ces
sentiments et, tenez-les attachées sur cet objet-là ; les sentiments
ne manqueront pas de se produire.
Celui qui est converti est bienfaisant et bon et non pas égoïste. La
bienveillance consiste à aimer et à vouloir le bonheur des autres.
Bienveillance est un mot composé qui signi e bonne volonté,
volonté qui veut le bien des autres (1), qui le choisit comme son
but suprême. Tel est le caractère de Dieu. Il nous est dit que Dieu
est amour ; cela signi e qu'il est bienveillant. La bienveillance
est tout son caractère ; tous ses attributs moraux ne sont que des
manifestations de sa bienveillance. Celui qui est converti est à
cet égard semblable à Dieu. Je ne veux pas dire que personne ne
soit converti à moins d'être d'une bienveillance parfaite, comme
Dieu ; je dis que la bienveillance est le caractère dominant du
chrétien et le principal motif de ses actions. L'homme converti
recherche sincèrement le bien des autres, par amour pour ce
bien lui-même, par amour pour les autres et non dans des vues
intéressées. Je suis loin de prétendre que l'homme désintéressé
ne jouisse pas du bonheur qu'il procure à d'autres ; je dis qu'il
recherche le bonheur d'autrui en vue de ce bonheur même, et
non en vue de l'avantage et du plaisir qu'il en pourra
personnellement retirer. Dieu est bienveillance pure,
désintéressée. S'il rend ses créatures heureuses, c'est parce que
leur bonheur lui est cher en lui-même, ce n'est pas en vue
d'augmenter le sien propre. Assurément le bonheur de ses
créatures est pour lui un sujet de satisfaction, mais ce n'est pas sa
propre satisfaction qu'il cherche. Tels sont aussi les sentiments
de l'homme vraiment désintéressé.
L'un comme l'autre peut désirer de servir Dieu ; l'un, parce qu'il
aime le service de Dieu ; l'autre, parce qu'il désire la récompense.
L'un s'accorde avec l'autre pour obéir à Dieu. Mais le vrai saint
obéit a n de croître en sainteté ; le faux chrétien obéit
(extérieurement) parce qu'il désire obtenir une récompense.
d) L'un comme l'autre peut aimer Dieu ; l'un, surtout, parce qu'il
voit que le caractère de Dieu est souverainement excellent,
souverainement aimable considéré en lui-même ; l'autre, surtout
parce qu'il pense que Dieu est son ami particulier, et que pour lui
l'idée de Dieu est liée à celle de son intérêt personnel.
13. Ils peuvent admettre tous deux les pénalités de la loi. Mais le vrai
saint leur donne son plein assentiment en ce qui concerne sa
personne, parce qu'il reconnaît qu'il serait juste en soi que Dieu
l'envoyât en enfer. Le chrétien de nom les admet parce qu'il croit
être personnellement l'abri. Il a du respect pour les jugements de
Dieu parce qu'il sait qu'ils sont justes ; et sa conscience les
approuve ; mais il ne leur a jamais donné son assentiment quant
à ce qui concerne son propre cas.
14. Ils peuvent donner avec une égale libéralité aux sociétés de
bienfaisance. Aucun de vous ne doute que deux hommes ne
puissent donner des sommes égales, mais par des motifs
entièrement di érents. L'un donne dans le but le faire du bien ;
et agirait exactement de même alors que personne d'autre que
lui ne voudrait donner. L'autre donne à cause de la réputation qui
lui en revient, ou pour calmer sa conscience, ou pour acheter la
faveur de Dieu.
16. L'un comme l'autre peut être prêt à sou rir le martyre. Lisez les
vies des martyrs et vous ne douterez pas que plusieurs n'aient
donné leur vie par une nisse idée des récompenses promises au
martyre. Quelques-uns couraient à la mort parce qu'ils étaient
persuadés que c'était le moyen infaillible d'arriver à la vie
éternelle.
Dans tous ces cas, les motifs de l'un sont directement opposés
aux motifs de l'autre. La di érence est dans le but. Comme but
suprême, l'un choisit son propre intérêt, l'autre choisit l'intérêt
de Dieu. Prétendre que l'un et l'autre ont le même but, c'est
prétendre qu'un pécheur impénitent est juste aussi bienveillant
qu'un vrai chrétien ; ou que le chrétien n'est pas bienveillant
comme Dieu ; qu'il n'a en vue que son propre bonheur et qu'il
di ère du mondain par le seul fait qu'il recherche ce bonheur
dans la religion et non dans le monde.
5° Si vous êtes égoïste dans votre piété, vous jouirez surtout par
anticipation. Le vrai saint jouit déjà de la paix de Dieu, le ciel a
déjà commencé dans son âme ; il n'en a pas seulement la
perspective ; la vie éternelle est actuellement en lui. Il a cette foi
qui est « une substance des choses qu'on espère. » Ses sentiments
sont véritablement ceux du ciel ; sa joie n'est pas portée au même
degré que celle des bienheureux, mais elle est de même nature ;
et elle est proportionnée à sa sainteté, non à son espérance.
– La vérité est que Dieu a fait le cœur de l'homme tel que pour
être heureux, il doit se proposer comme luit le bonheur des
autres. Les gens du monde manquent leur but parce qu'au lieu de
rechercher le bonheur des autres, ils recherchent leur propre
bonheur. C'est la recherche même du bonheur qui rend le
bonheur impossible. Si l'homme voulait abandonner cette
recherche et se vouer au bien, il serait heureux.
- « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous
fassiez quelque autre chose, nous est-il dit encore, faites tout
pour la gloire de Dieu. » « Quoi ! nous dit-on, ne pouvons-nous
pas manger et boire pour notre plaisir ? » Non. La parole que
nous venons de citer est su samment claire : La satisfaction de
notre appétit naturel doit être subordonnée à la gloire de Dieu.
Voilà qui est clair : où cette même charité ne se trouve pas, il n'y a
pas un atome de religion. Toute vraie religion consiste en
bienveillance désintéressée.
Elle n'implique pas que nous voulions être punis, mais que nous
reconnaissions la justice de la sentence de mort que la loi
prononce contre nous. Celui qui se soumet véritablement à Dieu
se regarde comme digne de la condamnation éternelle.
Puisque vous avez o ensé Dieu et qu'il n'est pas en votre pouvoir
de réparer vos torts envers lui, vous devez vous remettre entre
ses mains sans réserve ni condition, a n qu'il dispose de vous
comme il voudra, pour le temps et pour l'éternité.
La foi qui est la parfaite con ance en Dieu. Si vous avez cette
con ance, elle vous conduira à vous remettre sans hésitation,
corps et âme, avec tout ce que vous avez et tout ce que vous êtes,
entre les mains de Dieu, a n qu'il vous emploie de la manière qui
servira le mieux les intérêts de son royaume.
Remarques
2. Je ne dis pas que nous ne devions point tenir compte des promesses
et des menaces de Dieu.
C'est une vérité que j'ai toujours maintenue, et chacun sait que la
Bible nous fait un devoir de nous préoccuper in niment plus de
nos intérêts éternels que de nos intérêts temporels. Jésus-Christ
nous dit : « Ne travaillez pas pour la nourriture qui périt, mais
pour celle qui demeure dans la vie éternelle. » « Ne vous amassez
pas des trésors sur la terre, où le ver et la rouille détruisent, et où
les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors
dans le ciel, où ni le ver ni la rouille ne détruisent, et où les
voleurs ne percent ni ne dérobent. » Quand le Seigneur envoya
ses disciples deux à deux pour prêcher et opérer des miracles, ils
revinrent, pleins de joie et d'allégresse parce que, disaient-ils, les
démons mêmes leur avaient été soumis. Mais Jésus leur répondit
: « Ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous sont soumis,
mais réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans
les cieux. »
Je veux dire seulement que si elles l'in uencent, les choses que
nous espérons, ainsi que celles que nous craignons, ne doivent
agir sur nous qu'en raison de leur importance relative dans
l'ensemble des intérêts du royaume de Dieu.
5. Je suis donc loin de contester que les saints personnages dont parle
la Bible aient bien fait de se laisser in uencer en quelque mesure par
l'espérance et la crainte, « ayant eu égard à la rémunération » ou à
« la joie qui leur était proposée. »
Il nous est dit que si quelqu'un n'a pas l'esprit de Christ, il n'est
point à lui. Or Jésus-Christ n'a point cherché son propre intérêt,
ni sa propre gloire, ni son propre bonheur. Il vint par pur amour
chercher la gloire de son Père et le bien de l'Univers dans le salut
des hommes. C'était là « la joie qui était mise devant lui » et pour
laquelle « il endura la croix et méprisa l'ignominie. »
Elle requiert aussi que nous ayons pour les autres la même bonne
volonté, le même amour de bienveillance que pour nous-mêmes
; c'est-à-dire que nous recherchions leurs intérêts aussi bien que
les nôtres, à proportion de leur valeur relative (Qui d'entre vous
pratique ce commandement ?).
Il est donc parfaitement évident que celui qui fait de son propre
avantage son principal but, se conduit d'une manière aussi
contraire à l’Évangile qu'à la loi.
Je veux dire que nous sommes constitués de telle façon qu'il nous
est impossible d'arriver au bonheur si nous faisons du bonheur
notre but suprême.
Celui qui agit ainsi peut recueillir une sorte de plaisir, mais le
vrai bonheur. Tout plaisir, en e et, qui n'est pas la satisfaction
d’un désir vertueux ne peut être qu'une illusion décevante ; il est
impossible qu'il en soit autrement.
11. Elle est condamnée par l'expérience de tous les vrais chrétiens.
J'a rme que tout vrai chrétien sait que le bonheur suprême
consiste à sortir de soi-même et à regarder à la gloire de Dieu et
au bien des autres. Si quelqu'un ne sait pas cela, il n'est point un
chrétien.
12. Elle est condamnée par l'expérience de tous ceux qui ont eu une
religion égoïste et qui, ayant découvert leur erreur, sont parvenus à
la vraie religion.
Ce cas n'est pas rare ; j'en ai connu plus de cent exemples. Ici
même, au sein de l'église qui nous reçoit, plusieurs personnes
ont récemment reconnu qu'elles avaient fait fausse route
jusqu'alors, n'ayant eu d’autre religion qu'un christianisme
égoïste ; et maintenant elles peuvent attester qu'elles savent par
expérience qu'il n'y a de vraie religion que dans la bienveillance
désintéressée.
Tout pécheur inconverti sait qu'il a pour but suprême son propre
intérêt ; il sait qu'il n'a pas la vraie religion ; et ce que sa
conscience lui reproche surtout, c'est qu'il recherche son propre
intérêt au lieu de rechercher la gloire de Dieu.
Retournons maintenant la question ; admettons pour un instant
que la vraie religion consiste à rechercher avant tout notre
propre bonheur, et voyez alors ce qui s'en suivra :
Remarques
1° Nous découvrons ici la raison pour laquelle, tous les hommes
désirant le bonheur, si peu de gens le trouvent : Le fait est sous
nos yeux. La raison est celle-ci : La plupart des hommes ne
savent pas en quoi consiste le vrai bonheur, et le demandent à ce
qui ne pourra jamais le leur donner. C'est parce qu'ils le
cherchent qu'ils ne le trouvent pas. S'ils voulaient changer de
direction et chercher la sainteté, ils rencontreraient le bonheur
par surcroît. S'ils devenaient désintéressés, s'ils s'employaient à
faire le bien, ils ne pourraient pas autrement que d'être heureux.
La seule classe de gens qui ne trouvent jamais bonheur, ni dans
ce monde, ni dans celui qui est à venir, sont ceux qui le
poursuivent comme n suprême.
5. Les chrétiens qui ont pour objet suprême leur propre bonheur
et qui pensent avoir la vraie religion, sont dans l'illusion. Je le
dis solennellement, parce que je sais que c'est la vérité, et je le
dirais quand ce serait le dernier mot que je devrais prononcer
avant de comparaître devant le tribunal de Dieu.
Chers auditeurs, qui que vous soyez, si votre propre, bonheur est
votre but suprême, vous n'êtes pas chrétiens.
Romains 9.30-33
La voie du salut est la même dans les deux alliances ; les pécheurs
ont toujours été justi és par la foi. L'ancienne alliance dirigeait
les regards de l'homme vers un Sauveur à venir ; alors, comme
aujourd'hui, personne n'a jamais pu être sauvé que par la foi en
Christ.
2. Cette di érence n'est pas dans le fait que l’Évangile aurait mis de
côté les obligations de la loi morale.
Remarques
2. Nous l'avons déjà dit, il y a des gens qui ne parlent que de foi et
qui n'ont pas les œuvres ; ce sont les Antinomiens ; il y en a
d'autres qui ne parlent que des œuvres, et qui n'ont pas la foi ; ce
sont les chrétiens légaux. Dans tous les âges de l'église, les
chrétiens de profession se sont jetés tantôt dans un de ces
extrêmes, tantôt dans l'autre. Parfois « ils sont couchés sur leurs
lies, » prétendant être dans la foi, et attendant « les temps et les
moments de Dieu ; » puis, réveillés, ils se précipitent dans les
œuvres sans prendre garde aux motifs qui les font agir.
Vous voyez pourquoi les uns désirent tant aller au ciel, tandis
que les autres sont déjà si heureux ici-bas. Les vrais chrétiens ont
un tel amour pour les âmes, un si grand désir d'établir le règne
de Christ sur la terre, qu'ils sont parfaitement heureux dès
maintenant, et qu'ils sont disposés à vivre et à travailler pour
Dieu ici-bas aussi longtemps que Dieu le voudra. Et si même ils
étaient envoyés en enfer avec la possibilité d'y travailler au salut
des âmes, ils y seraient heureux. Le ciel a déjà commencé dans
leurs cœurs. Les autres parlent comme si l'on ne devait jamais
s'attendre à avoir aucune joie véritable ici-bas ; et quant à eux, en
e et, ils n'ont de joie qu'en espérance… illusoire.
IV. quel est son résultat, c'est-à-dire quel est l'état de l'homme
ainsi justi é,
Cette excuse est vraie, mais elle est insu sante. Qu'est-ce qu'un
mauvais cœur ? Ce n'est pas l'organe qui bat dans notre poitrine,
ce sont les a ections, les mauvais sentiments, les mauvaises
pensées, les actions de l'âme. Si c'est là ce qui doit vous justi er,
le diable lui-même sera justi é. N’a-t-il pas un aussi mauvais
cœur que vous ?
3. La justi cation par la foi n'implique donc pas que le pécheur soit
justi é par la foi sans les bonnes œuvres, (c'est-à-dire sans la
sainteté.)
Celle-ci est reconnue juste, méritée, mais elle est mise de côté, de
sorte que celui qui est justi é n'a pas plus à craindre le châtiment
que s'il n'avait jamais transgressé la loi. Celui qui a la vraie foi ne
doit plus être in uencé par la crainte de la punition.
Voici ce qui arrive très souvent, je le sais. Le pécheur est brisé par
la conviction de péché, son cœur se fond à la pensée de sa vie
passée et plus encore à la vue de la miséricorde divine, il se jette
aux pieds du Seigneur, il fait abandon complet de sa personne à
Jésus-Christ, puis il se réjouit de toute son âme à la pensée qu'il
en a ni avec le péché. Mais peu après, il recommence à sentir le
poids des vieilles habitudes et la puissance des in uences qui
l'ont subjugué si longtemps ; le combat à livrer lui apparaît alors
si rude, la tâche à accomplir si grande, qu'il se décourage et
s'écrie ; « Que faire, que devenir, avec tant d'ennemis sur ma
route et si peu de force, si peu de solidité et de résolution pour
leur tenir tête ? » Laissez-moi vous dire, mes bien-aimés, que si
Dieu a commencé son œuvre en vous, vous n'avez qu'a vous tenir
près de lui, dans la con ance, et il vous fera « sortir de tout. »
Vous n'avez aucun ennemi à craindre. Que les cieux tonnent, que
la terre s'ébranle, que les éléments s'embrasent et se dissolvent,
vous n'avez pas à trembler ; ni ennemis du dehors, ni ennemis du
dedans ne peuvent vous nuire : Dieu est pour vous, qui sera
contre vous ? « Qui condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il
est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour vous.
»
5. Aussitôt que nous sommes justi és, tous les attributs divins
concourent à notre salut, comme si nous n'avions jamais péché.
(1) S'il y a été, c'est qu'il s'y est mis lui-même (Note du
traducteur).
Je sais que cette doctrine est regardée par plusieurs comme très
dangereuse. « Persuader aux pécheurs qu'ils sont justi és
dé nitivement et pour toujours, nous dit-on, mais c'est
encourager les gens à pécher ! En vérité. ! quand un homme s'est
repenti du péché, quand il y a renoncé de tout son cœur, quand il
ne désire rien autant que d'en être a ranchi, lui dire que Dieu
l'aidera et lui donnera certainement la victoire sur le péché, c'est
l'encourager à pécher ! Étrange logique que celle-là ! Si cette
doctrine encourage un homme à pécher, cela montre seulement
que cet homme-là ne s'est jamais repenti ; qu'il n'a jamais haï le
péché, jamais aimé Dieu pour lui-même, que sa repentance a été
fausse et que s'il a aimé Dieu ce n'a été que d'un amour égoïste,
parce qu'il espérait recevoir de Dieu quelque faveur. En e et, si
jamais il avait haï véritablement le péché, la pensée que malgré
toute son indignité, Dieu le recevait comme son enfant et voulait
le traiter comme tel, est précisément ce qui lui aurait transpercé
le cœur. La vue de cette bonté paternelle si longtemps méconnue
et outragée l'aurait humilié jusque dans la poussière et rempli de
la tristesse la plus vive. Oh ! combien souvent l'enfant de Dieu ne
fond-il pas en larmes, en adorant cette bonté de Dieu qui, alors
qu'il s'égarait, usait de tous les moyens pour le ramener au bien,
au lieu de l'envoyer en enfer comme il le méritait !
La foi justi ante ne consiste pas à croire que vos péchés sont
pardonnés. S'il vous était nécessaire de croire cela pour être
justi é, il vous faudrait le croire avant que cela fût vrai, c'est-à-
dire qu'il vous faudrait croire une fausseté. Rappelez-vous que
vos péchés restent non pardonnés jusqu'à ce que vous croyiez. Et
vous ne pouvez pas croire qu'ils sont pardonnés avant d'en avoir
la preuve. Or cette preuve ne peut être acquise que lorsque la
chose est vraie, c'est-à-dire lorsque vous avez la foi qui sauve.
Cette foi qui sauve consiste donc à croire autre chose que le fait
du pardon de vos péchés.
Il est dit qu'Abraham « crut Dieu » et que cela lui fut imputé à
justice. Or, que crut Abraham ? Il crut qu'il aurait un ls. Mais,
ne crut-il que cela ? Nullement ! Sa foi embrassait la grande
bénédiction qui devait résulter du don de ce ls ; il crut que le
Messie, le Sauveur du monde, le Désiré des nations, naîtrait dans
sa postérité. C'était là l'objet principal de l'alliance conclue, entre
Dieu et lui. La foi d'Abraham était donc la foi en Christ. L'apôtre
Paul montre dans le IIIème chapitre de l'épître aux Galates que le
résumé de la promesse faite à Abraham est compris dans cette
parole : « En toi seront bénies toutes les nations. » Et, au v. 16 de
ce même chapitre, il dit : « Les promesses ont été faites à
Abraham et à sa postérité. » Il ne dit pas : « et à tes postérités, »
comme s'il parlait de plusieurs, mais comme parlant d'une seule
« Et à ta postérité, qui est le Christ. »
On dit que dans le chapitre XIe de l'épître aux Hébreux les saints
ne sont pas tous présentés comme ayant eu la foi en Christ. Mais
si vous voulez examiner avec soin ce qui en est, vous verrez que
cette foi a toujours été impliquée dans la leur. Voyez, par
exemple, ce qui est dit d'Abel. « C'est par la foi qu'Abel o rit à
Dieu un sacri ce plus excellent que celui de Caïn ; c'est par elle
qu'il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses o randes ; et c'est par
elle qu'il parle encore, » quoique mort. Pourquoi son sacri ce
fut-il plus excellent que celui de Caïn ? parce qu'en o rant des
premiers nés de son troupeau, il reconnut la nécessité de
l'expiation et que « sans e usion de sang, il n'y a pas de rémission
des péchés. » Caïn ne fut qu'un orgueilleux incrédule o rant des
fruits de la terre comme pur sacri ce d'actions de grâces pour les
bienfaits de la Providence, n'admettant pas qu'il soit un pécheur
et qu'il eût besoin d'un sacri ce expiatoire pour lui acquérir le
pardon de Dieu.
Quelques-uns pensent que l'on peut avoir la foi qui justi e, tout
en niant la divinité et l'expiation de Jésus-Christ. Il n'en est rien.
Tout dans la révélation converge vers Jésus-Christ, tout s'y
résume en lui, en sa divinité, en son expiation. Tout ce que les
prophètes et les autres écrivains de l'Ancien Testament nous
disent du salut se rapporte à lui ; tous les types de l'Ancien et du
Nouveau Testament n'ont d'autre signi cation que lui. La foi des
saints de l'Ancienne Alliance était la foi au Messie à venir, celle
des saints de la Nouvelle Alliance est la foi au Messie déjà venu :
Dans le XVème chapitre de la première épître aux Corinthiens,
l'apôtre Paul montre quelle place il assignait à l'expiation de
Christ : « Je vous ai enseigné avant tout, dit-il, comme je l'avais
aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les
Écritures ; qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième
jour, selon les Écritures. » Remarquez cette expression : « je vous
ai enseigné avant tout » elle montre que Paul prêchait Christ
mort pour les pécheurs, comme la principale doctrine de
l’Évangile. Et d'un bout de la Bible à l'autre, nous voyons que
l'attention du lecteur est dirigée vers ce chemin vivant qui seul
conduit au salut. Christ mort pour les pécheurs est la seule vérité
qui puisse sancti er ; l'on peut croire mille autres choses ; mais
la foi en Christ dans lequel Dieu a réconcilié le monde avec soi,
est seule la foi qui justi e.
La paix, il est vrai, peut remplir votre âme sans que cependant
vous tiriez la conclusion que vous êtes justi é. Je me rappelle le
temps oit mon cœur était rempli d'une paix si délicieuse que la
nature entière me semblait faire silence pour écouter la voix de
Dieu ; je ne savais cependant pas que ce fût la paix de Dieu et que
je fusse réellement justi é. Loin de là, car voyant que j'avais
perdu ma conviction de péché, je cherchais à la ramener en moi.
Je n'eus l'idée que j'étais justi é que lorsque l'amour de Dieu fut
répandu dans mon cœur par le Saint-Esprit en une telle
abondance que je fus obligé de m'écrier : « Assez, Seigneur, je
n'en puis porter davantage. » Je ne crois pas que le sentiment de
la condamnation puisse subsister là oit le pardon de Dieu est
réel.
Ceux d'entre vous qui ont la preuve qu'ils ont été justi és doivent
maintenir la relation avec Dieu dans laquelle leur justi cation
les a placés ; ils doivent vivre à la hauteur des privilèges qu'elle
leur a acquis. Ce point est d'une très grande importance. Il n'y a
aucune vertu à être mé ant, craintif, plein de doutes. Une des
raisons pour lesquelles beaucoup de chrétiens ne croissent pas
dans la grâce, c'est qu'ils craignent de réclamer les privilèges
d'enfants de Dieu qui leur appartiennent. Soyez-en certains, mes
bien-aimés, il n'y a là aucune véritable humilité ; cette crainte
n'est, au contraire qu'une criminelle incrédulité. Si vous avez la
preuve que vous êtes justi é, prévalez-vous en pour rechercher
la pureté intérieure ; venez à Dieu avec toute la hardiesse que
pourrait avoir un ange et comprenez combien vous êtes près de
son cœur. C'est là votre devoir. Pourquoi vous tiendriez-vous en
arrière ? Pourquoi craindriez-vous de reconnaître toute
l'étendue de l'alliance de grâce ? Tous les biens de la maison
paternelle sont à votre disposition. Convertis, justi és,
réintégrés dans la famille de Dieu, vous craindriez encore de
vous asseoir à la table du Père ! N'alléguez pas que vous êtes « si
indignes », une telle excuse n'est que propre justice et
incrédulité. C'est vrai, vous êtes très indignes ; mais si vous êtes
justi és, ce n'est plus une barrière entre vous et Dieu. Votre devoir
est maintenant de saisir les promesses qui vous appartiennent.
Prenez chacune des promesses bibliques qui vous concernent,
portez-la à votre Père, réclamez-en l'accomplissement, et croyez
que Dieu vous exauce. Pensez-vous que Dieu veuille méconnaître
ses engagements ? « Les très grandes et précieuses promesses »
vous ont été données dans le but exprès que vous « deveniez
participants de la nature divine. » Pourquoi douter encore ?
Venez donc, mes bien-aimés approchez-vous, saisissez l'amour,
la paix, la joie que vous o re l’Évangile.
4. Si vous n'êtes pas dans l'état de justi cation, vous n'êtes rien,
quels que soient les travaux que vous ayez pu accomplir et
quelles qu'aient pu être vos prières et vos sou rances. Vous avez
pu être des semaines, des mois, même des années, dans
l'angoisse et la détresse, soupirant et gémissant, et cependant, si
vous n'êtes pas actuellement justi és, vous êtes toujours dans un
el amer, sous la condamnation de la loi et sous la colère de Dieu.
Tant que la loi absorbe notre attention, nous sommes mus par
l'espérance et la crainte qui perpétuent en nous les e orts
purement, égoïstes. Mais la justi cation par la foi met n à cet
esprit de servitude. « Vous n'avez point reçu un esprit de
servitude, pour être encore dans la crainte ; » dit l'apôtre Paul. La
justi cation, don gratuit, engendre l'amour et la gratitude
envers Dieu et dispose l'âme à goûter les douceurs de la sainteté.
Celui qui croit au plan du salut tel qu'il est présenté par
l’Évangile, trouve un salut tout préparé pour lui, salut qui
renferme tout, pardon, sancti cation et vie éternelle ; au lieu de
commencer une vie de pharisien, vie d'e orts laborieux qui
l'épuiseraient, il reçoit le salut comme un don purement gratuit ;
c'est ainsi qu'il se trouve libre pour exercer la bienveillance
désintéressée, et pour ne plus vivre que pour le salut des autres,
en abandonnant sa propre âme sans réserve à Christ.
Le démon, qui est un être purement égoïste, accuse sans cesse les
autres d'égoïsme. « Est-ce d'une manière désintéressée que Job
craint Dieu ? » De même auprès de nos premiers parents, il
accusa Dieu d'égoïsme, en prétendant que Dieu n'avait été porté
à leur interdire le fruit de l'arbre de la connaissance que par la
crainte de les voir s'égaler à lui par leur savoir. L’Évangile révèle
ce qu'est Dieu. S'il était égoïste, il ne montrerait pas une si
grande et si persévérante sollicitude pour le salut de pécheurs
que d'un mot il pourrait anéantir. Rien n'est propre à rendre
l'égoïste honteux de son égoïsme comme la vue de la
bienveillance désintéressée chez les autres. De là vient que le
méchant s'e orce toujours de paraître désintéressé. Que l'égoïste
à qui il reste un peu de cœur soit le témoin et l'objet d'une
bienveillance sincère, il sera couvert de confusion. C'est ce qui a
fait dire au Sage : « Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain à
manger ; s'il a soif, donne-lui de l'eau à boire. Car ce sont des
charbons ardents que tu amasses sur sa tête. » Rien, en e et,
n'est puissant comme la bienveillance pour dompter un ennemi
et en faire un ami. C'est là le moyen qu'emploie l’Évangile à
l'égard des pécheurs.
Remarques
5. Si tout ceci est vrai, les pécheurs doivent être mis le plus vite
possible en pleine possession de tout le plan du salut ; il faut
qu'ils en aient la connaissance la plus complète possible.
1. Il est certain que l'homme est fait de telle manière qu'il suit
toujours la ligne de conduite que, tout bien considéré, il tient pour
préférable.
L'être moral est celui qui est doué d'une intelligence, d'une
volonté, d'un cœur et d'une conscience. La conscience est la
faculté qui discerne le bien et le mal, qui approuve le premier et
réprouve le second. On ne peut nier que le pécheur en soit doué ;
s'il ne l'était pas, il ne pourrait approuver la loi de Dieu non plus
que les pénalités qu'elle prononce, il ne pourrait être convaincu
de péché. Il n'y a pas un être moral, ni dans le ciel, ni sur la terre,
ni dans l'enfer, qui ne puisse être amené à reconnaître que la loi
de Dieu est bonne et dont la conscience ne soit obligée
d'approuver cette loi.
5. Non seulement l'homme approuve la loi et la déclare juste et bonne
; mais souvent, quand il la considère abstraitement et sans rapport
avec sa propre personne, il prend un réel plaisir à la contempler.
Quand nous lirons le chapitre que nous avons pris pour texte,
vous verrez le rapport qu'il y a entre ces remarques et le sujet que
nous étudions.
IV Je désire maintenant vous donner
quelques règles d'interprétation
dont on ne peut s'écarter si l'on veut
arriver à l'intelligence de la Bible ou
de tout autre document
Nous devons faire tout ce qui dépend de nous pour ne pas mettre
cet homme en contradiction avec lui-même.
« Par elle (la langue), nous bénissons Celui qui est Dieu et Père ;
et par elle, nous maudissons les hommes qui ont été faits à la
ressemblance de Dieu. »
Après avoir établi que la justi cation n'a lieu que par la foi, et
non par les œuvres de la loi, il s'e orce de justi er la loi dans son
rôle auprès de l'homme charnel. Dans notre chapitre 7, il
soutient que la sancti cation, comme la justi cation, n'est que
par la foi. « Ignorez-vous, frères, — car je parle à des gens qui
connaissent la loi, — que la loi exerce son pouvoir sur l'homme
aussi longtemps qu'il vit ? Ainsi, une femme mariée est liée par
la loi à son mari tant qu'il est vivant ; mais si le mari meurt, elle
est dégagée de la loi qui la liait à son mari. Si donc, du vivant de
son mari, elle devient la femme d'un autre homme, elle sera
appelée adultère ; mais si le mari meurt, elle est a ranchie de la
loi, de sorte qu'elle n'est point adultère en devenant la femme
d'un autre. De même, mes ères, vous aussi vous avez été, par le
corps de Christ, mis à mort en ce qui concerne la loi, pour que
vous apparteniez à un autre, à celui qui est ressuscité des morts,
a n que nous portions des fruits pour Dieu. »
« Nous savons, en e et, que la loi est spirituelle ; mais moi, je suis
charnel, vendu au péché. » Ici est le nœud de la question.
Remarquez-le bien : ce que l'apôtre se propose, c'est de justi er la
loi que son interlocuteur supposé prétend être mauvaise, parce
qu'elle est un instrument de mort pour le pécheur. À l'encontre
de cette objection, St Paul entreprend de montrer que toute
l'action qu'exerce la loi sur le cœur du pécheur démontre
l'excellence même de la loi. La loi est bonne, dit-il, mais tout le
mal vient « des passions des péchés qui sont dans les membres de
celui qui est dans la chair. » Il en vient ainsi à décrire cette
expérience qui est le sujet de la grande controverse que nous
avons rappelée. « La loi est spirituelle, mais je suis charnel. » Ce
mot de charnel n'est appliqué qu'une seule fois par Paul à des
chrétiens ; il l'applique à des hommes dont l'état spirituel laissait
beaucoup à désirer : « Vous êtes encore charnels, dit-il aux
Corinthiens, car puisqu'il y a parmi vous de la jalousie et de la
dispute et des divisions, n'êtes-vous pas charnels, et ne marchez-
vous pas selon l'homme ? » Il s'agissait de chrétiens en état de
chute, qui agissaient comme s'ils n'avaient pas été convertis. Le
terme de charnel lui-même désigne généralement les pires
pécheurs. Paul dé nit ce terme en ajoutant : « vendu au péché. »
Pouvait-il s'appliquer à lui-même ces expressions, au moment où
il les écrivait ? Était-il alors vendu au péché ? Pouvons-nous
penser cela du grand apôtre ? Non, son but n'est point de parler
de lui-même mais de justi er la loi des accusations lancées
contre elle ; et il le fait au moyen d'un cas imaginaire, avec lequel
il s'identi e par une gure de langage. Il continue : « Car ce que
j'accomplis, je ne le reconnais pas ; car je ne fais pas ce que je
veux, mais je pratique ce que je hais. »
Vous voyez ici l'application qu'il faut faire des principes que j'ai
posés. Le je veux ne doit pas être entendu du choix ou de la
volonté, mais simplement du désir ; l'entendre autrement serait
mettre l'apôtre en contradiction complète avec les faits ; car
chacun sait très bien que la volonté gouverne la conduite. Aussi
le professeur Stuart a-t-il traduit très convenablement par je
désire : « ce que je désire, je ne le fais pas ; ce que je hais, je le fais.
» Ensuite vient la conclusion « Si donc je fais ce que je ne veux
pas, je reconnais par là que la loi est bonne. » Si je fais ce que je
désapprouve, je désapprouve ma propre conduite, je me
condamne moi-même et par là j'atteste l'excellence de la loi.
Maintenant, lisez le verset suivant sans perdre de vue le but de
l'apôtre : « Ce n'est donc plus moi qui accomplis cela, mais le
péché habitant en moi. » Ici, il parle comme s'il était divisé
contre lui-même, comme s'il possédait deux natures, ou comme
quelques philosophes païens l'ont enseigné, comme s'il possédait
deux âmes, l'une approuvant le bien, l'autre aimant et
choisissant le mal : « Car je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma
chair, il n'habite pas de bien ; car le vouloir se tient à mes côtés,
mais le moyen d'accomplir le bien, je ne le trouve pas. » Ici, le
vouloir signi e simplement l'approbation ; car lorsqu'un homme
veut réellement faire une chose, il la fait ; chacun le sait
parfaitement. L'interprétation que nous donnons ici correspond
à l'expérience de tout pécheur convaincu de péché ; ce pécheur-
là sait ce qu'il doit faire, il l'approuve fortement, mais il n'est pas
prêt à le faire. Supposons que j'adresse un appel à ceux d'entre
vous qui sont pécheurs impénitents, les priant de s'avancer et de
s'asseoir sur ce premier banc, a n que nous puissions voir quels
ils sont, prier pour eux, leur montrer leurs péchés et leur devoir
de se soumettre à Dieu, — quelques-uns ne se diraient-ils pas : «
Je sais que c'est mon devoir, j'ai un grand désir de le faire, mais je
ne puis pas. » Qu'est-ce que cela signi erait ? Cela signi erait
simplement que, tout compté, leur volonté se refuserait à se
rendre à mon appel.
Une dernière raison, qui est décisive, c'est le fait que l'apôtre
décrit ensuite l'expérience du chrétien qui est absolument
di érente. Au chapitre 8, il parle de ceux qui ne sont pas sous la
loi, ni dans la chair ; c'est-à-dire de ceux qui ne sont pas «
charnels, » qui sont délivrés du joug de la loi et qui servent
actuellement Dieu selon l'Esprit : « Il n'y a donc maintenant
aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui
marchent non selon la chair, mais selon l'Esprit. Car la loi de
l'Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus, m'a a ranchi de la loi
du péché et de la mort. » (Il avait fait allusion à cette délivrance,
lorsqu'il s'était écrié, dans la parenthèse chapitre 7, verset 25 : «
Je rends grâces à Dieu etc.) « Car — chose impossible à la loi,
parce que chair la rendait sans force — Dieu a condamné le
péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre
Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela a n que la
justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon
la chair, mais selon l'Esprit. » De qui parle-t-il maintenant ? Si
l'expérience décrite au chapitre précédent était celle du chrétien,
de qui donc est celle qu'il décrit ici ? L'homme que l'apôtre nous
présente au chapitre 8 est dans une condition entièrement
di érente de celui qu'il nous a présenté au chapitre 7. Celui-ci
était sous la loi, esclave du péché, connaissant son devoir et ne le
faisant pas.
Remarques
La domination que leur corps exerçait sur leur esprit est brisée.
Ils peuvent avoir encore des luttes et des épreuves, même de
grandes ; mais ils obtiennent la victoire sur le péché et font
l'expérience qu'il est aisé de servir Dieu et que ses
commandements ne sont pas pénibles. Le joug de Jésus-Christ
leur est « doux et son fardeau léger. »
5. Elle n'est pas non plus l'in nie perfection morale de Dieu ;
l'homme étant une créature morale bornée, n'est pas capable
d'a ections in nies. Pour Dieu, qui est in ni, être parfait, c'est
être in niment parfait. Ce n'est pas là ce que Dieu nous
demande.
1. Cela ressort avec évidence du fait que Dieu l'exige et dans la loi et
dans l’Évangile.
Que nous ayons la capacité d'être parfaits, c'est un fait bien facile
à constater. Qu'est-ce que cette perfection que nous devons
réaliser ? C'est aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre
âme, de toute notre pensée, de toute notre force et aimer notre
prochain comme nous-mêmes ; c'est-à-dire que c'est exercer,
non des facultés que nous n'avons pas, mais bien celles qui sont
en nous : « de toute ta force, de tout ton cœur » etc. Ce
commandement ne demande que l'exercice raisonnable et juste
des facultés que nous possédons. - Il est donc clair que nous
avons la capacité naturelle ou le pouvoir d'être parfaits
exactement comme Dieu le demande.
J'ai passé en revue toute la Bible en notant tous les passages qui
concernent le point qui nous occupe, et je les ai trouvés si
nombreux que je n'ai pu les inscrire sur la carte qui contient le
plan de mon discours. Si je vous les citais tous, je ne pourrais
faire autre chose ce soir que de vous lire des passages. Si vous
étudiez la Bible au point de vue qui nous occupe, vous serez
étonnés de voir combien nombreux sont les passages où il est
question d'être délivré du péché lui-même, en regard de ceux qui
nous parlent de l'exemption du châtiment ; le nombre de ces
derniers est insigni ant en comparaison de celui des premiers.
Daniel 9.24, il est dit : « Soixante et dix semaines ont été xées
sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser les
transgressions et mettre n aux péchés, pour expier l'iniquité
et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le
prophète, et pour oindre le Saint des saints. » Mais il est inutile
de citer la multitude des textes qui proclament ces mêmes vérités
: ils remplissent l'Ancien Testament.
Est-il possible que Satan ait si bien eu l'avantage sur Dieu que le
royaume de Dieu ne puisse pas être rétabli en ce monde, et que le
Tout-Puissant n'ait plus d'autre ressource que de battre en
retraite, obligé de retirer ses enfants dans le ciel a n de pouvoir
les rendre saints ? Le royaume de Dieu ne peut-il donc être établi
que partiellement ici-bas, et doit-il en être toujours ainsi, de
sorte que les meilleurs d'entre les saints seraient obligés de
dépenser la moitié de leur temps au service du diable ? Le peuple
de Dieu serait donc condamné à se traîner toujours chancelant et
radotant, vivant dans le péché jusqu'à ce qu'il parvienne au ciel ?
Qu'est-ce donc que « cette pierre détachée de la montagne sans le
secours d'aucune main » (Dan 2.34) et qui devient une grande
montagne et remplit toute la terre, si ce n'est un type et un gage
du triomphe nal de l'amour de Dieu en ce monde ?
Il est dit que dans la vie à venir nous serons semblables à Dieu
parce que nous le verrons tel qu'il est Mais pourquoi pas ici-bas,
si nous avons cette foi qui est « une substance des choses qu'on
espère et une démonstration des choses qu'on ne voit point ? » Il
y a une promesse pour « ceux qui ont faim et soif de la justice » et
cette promesse est qu'ils « seront rassasiés. » Qu'est-ce qu'être
rassasié, « rempli » de justice, si ce n'est être parfaitement saint ?
Et ne devons-nous jamais- être « remplis » de justice avant notre
mort ? Devons-nous être pendant toute notre vie sur cette terre «
a amés et altérés, » sou rants et misérables ? La Bible a été
comprise de cette façon, mais elle ne parle pas ainsi.
V Objections et réponses
Réponse. Je sais que l'apôtre Paul dit : « Non que je sois déjà
consommé, ou devenu parfait, » (Philippiens 3.12) . Mais il n'est
pas dit qu'il demeura dans le même état jusqu'à sa mort, ni qu'il
n'atteignit jamais l'entière sancti cation.
On s'est fait les idées les plus étranges sur la sancti cation
chrétienne. Vous entendrez dire parfois que l'on ne pourrait pas
vivre en ce monde si l'on était parfaitement saint. Je crois avoir
moi-même autrefois dit quelque chose de semblable, et je dois
reconnaître que j'ai parlé sur ce sujet comme un insensé. Celui
qui est parfaitement saint est plus prompt que tout autre à
travailler au bien de son prochain. Jésus-Christ ne pouvait-il pas
vivre sur la terre. On semble penser que celui qui serait
parfaitement saint serait dans un tel état d'excitation, qu'il lui
serait impossible de demeurer dans un corps, qu'il ne pourrait ni
manger, ni dormir, ni remplir les devoirs de la vie ordinaire.
Jésus-Christ était un homme, il était sujet aux mêmes tentations
que nous, et il aimait le Seigneur, son Dieu, de tout son cœur, de
toute son âme et de toute sa force : il était parfaitement saint.
Ils savent que Dieu leur commande d'être parfaits comme il est
parfait ; mais ils pensent que, par devers lui, Dieu ne veut pas
qu'ils le soient ; « Autrement, disent-ils, pourquoi Dieu ne ferait-
il pas davantage pour nous rendre parfaits ? » Sans doute Dieu
préfère les voir rester tels qu'ils sont, plutôt que d'employer un
système d'in uences nouvelles et extraordinaires pour les
pousser à la perfection ; parce qu'il voit qu'introduire un
nouveau système d'in uences serait un mal plus grand que la
prolongation de leur état moral actuel. Mais qui peut douter
sérieusement qu'il ne préfère les voir devenir parfaits dans les
circonstances où ils se trouvent, plutôt que les voir continuer à
pécher ? Les pécheurs impénitents raisonnent
exactement,comme font ces chrétiens. Ils disent « Je ne crois pas
que Dieu veuille que je me repente ; car s'il le voulait, il ferait que
je que repentisse. » Pécheur, il est possible que Dieu aime mieux
te laisser demeurer dans l'impénitence et perdre ton âme plutôt
que d'employer des in uences nouvelles pour t'amener à la
repentance ; mais conclure que Dieu ne veut pas sérieusement
que tu cèdes aujourd'hui aux appels qu'il t'adresse, aux
in uences qu'il met en œuvre pour te sauver, c'est raisonner
d'une façon bien étrange. Supposez que votre domestique
raisonne de la même manière et dise : « Je ne crois pas que mon
maître désire véritablement que je lui obéisse ; car, s'il le désirait,
il se tiendrait tout le jour à côté de moi pour surveiller mon
travail. » Trouveriez-vous la conclusion juste ? Vous trouveriez
probablement votre temps si précieux que vous aimeriez mieux
voir votre domestique ne rien faire de tout le jour, que de passer
votre vie à lui faire faire son travail.
Il en est de même dans le gouvernement de Dieu. Si Dieu
concentrait tous les pouvoirs de son gouvernement sur un point,
à l'e et de convertir un pécheur, il pourrait couver tir ce
pécheur, mais l'économie de l'Univers en serait troublée, en
sorte qu'il en résulterait un mal bien plus grand que la perte
d'une âme. Nous en dirons autant pour ce qui concerne la
sancti cation du chrétien ; Dieu lui en a donné tous les moyens,
et lui dit ensuite : « Sois parfait comme je suis parfait ; » mais le
chrétien réplique : Dieu ne désire pas réellement que je sois
parfait ; s'il le voulait véritablement, il me rendrait tel. » C'est
exactement l'argument du pécheur impénitent ; il ne vaut pas
mieux dans un cas que dans l'autre.
Et nalement,
Si ces causes sont en Dieu, qui ne nous aurait pas donné une
révélation su sante, ou dont l'Esprit-Saint ne serait pas capable
de sancti er son peuple en ce monde, il faut que nous le
sachions, a n de ne pas nous fatiguer à poursuivre l'impossible.
Vous n'osez pas venir à Christ exactement tels que vous êtes,
vous avez fait si peu de prières, assisté à si peu de réunions,
éprouvé si peu d'angoisse Au lieu d'aller tout droit au Sauveur
pour tout ce dont vous avez besoin, comme un pauvre pécheur
perdu, vous remettant sans réserve entre ses mains, vous mettez
votre esprit à la torture, vous essayez de le plonger plus avant
dans sa conviction de péché et dans ses détresses, a n, pensez-
vous, de le rendre plus propre à accepter Jésus-Christ. Il y a à peu
près autant de gens dans ce cas qu'il y a de pécheurs convaincus
de péché.
4. Une autre forme de la religion des œuvres est celle gui consiste à
accomplir des œuvres pour produire la foi et l'amour.
Remarques
3. Vous voyez combien il est nécessaire que les pasteurs aient une
connaissance profonde des choses de Dieu.
Le pécheur mort dans ses fautes et ses péchés est aussi éloigné de
la vie spirituelle et de la sainteté, qu'un cadavre l'est de la vie et
de la santé ; il n'a qu'une chose à faire : cesser ses propres
œuvres, venir à Christ maintenant, exactement tel qu'il est, et
se soumettre à lui. Aussi longtemps qu'il croit avoir quelque
chose à faire auparavant, il ne voit pas que le moment présent est
le moment donné de Dieu pour le salut de son âme. De même
pour le chrétien : aussi longtemps qu'il cherche la sancti cation
dans le chemin de ses propres œuvres, il perd de vue que le
moment présent est le moment de Dieu pour recevoir de Lui la
victoire sur le péché.
5. Beaucoup de chrétiens font fausse route parce qu'ils ont vu des
églises antinomiennes de l'ancienne école, églises complètement
mortes, réveillées d'une certaine façon, et qu'ils supposent que
toutes les églises doivent être réveillées de cette façon-là.
réveillée.
Le cas serait tout autre s'il s'agissait d'un homme qui aurait eu
l'habitude de prier dès son enfance et qui par ses prières
formalistes aurait été rendu aussi froid qu'une pierre.
L'obligation de prier une fois de plus ne l'amènerait pas à la
conviction de péché ; pour l'amener à cette conviction, il
faudrait au contraire l'arrêter dans ses prières impies et lui en
montrer le vrai caractère.
Pour en revenir aux églises, je dis que le moyen de réveiller telle
d'entre elles où tout était dans l'immobilité, a pu être d'en
pousser les membres à avertir les pécheurs du danger qu'ils
courent ; parce que l'attention de ces mêmes membres a été ainsi
attirée sur le sujet du salut et que le Saint-Esprit a saisi cette
occasion pour en amener plusieurs à la repentance. Mais en tirer
la règle que pour réveiller une église, il faut toujours la pousser à
l'action, c'est faire preuve d'une complète inintelligence.
En résumé, nous disons que l'on ne peut pas procéder avec une
église qui a l'habitude de l'activité comme on ferait avec une
église qui ne l'a pas. Ses membres ont besoin tout d'abord d'être
mis à l'épreuve et sondés à fond, de sentir ensuite leurs plaies et
leurs lacunes, puis d'être amenés au pied de la croix, humbles et
croyants, pour obtenir la sancti cation.
Quand j'étais évangéliste, je travaillai dans une église qui avait eu
beaucoup de réveils, et rien n'était plus facile que de décider ses
membres à se mettre à la recherche des pécheurs et à les amener
aux assemblées ; mais il n'y avait, chez ces gens, aucune
profondeur dans les sentiments : ils n'avaient pas une foi
vivante. Le pasteur vit qu'en continuant dans la voie de l'activité
extérieure, l'église courait à sa ruine ; que chaque réveil obtenu
dans cette voie-là ne faisait que rendre les chrétiens plus
super ciels ; et qu'à moins de faire un retour sur eux-mêmes et
d'obtenir la sancti cation, ces chrétiens perdraient bientôt toute
lumière et s'endurciraient tout à fait. Nous prêchâmes en
conséquence, et l'église en fut bouleversée. Notre prédication
allait tellement à l'encontre de toutes les idées que ces gens-là
s'étaient faites sur la manière de répandre l’Évangile, que
plusieurs en furent extrêmement irrités. Ils voulaient bien
courir à droite et à gauche, parler à tort et à travers, mais ils ne
voulaient rien faire d'autre. Cependant, après de terribles
journées, plusieurs d'entre eux furent entièrement brisés et
devinrent aussi humbles et aussi dociles que de petits enfants.
Actes 16.30
Si nous nous con ons pleinement en Jésus pour qu'il soit notre
sagesse, nous serons conduits par lui en toutes choses, autant
que nos besoins le demanderont ; sa sagesse sera la nôtre tout
autant que si elle nous appartenait dès l'origine.
Tant que nous faisons nos propres œuvres, nous ne roi wons
point Jésus-Christ.
Dès que « nous nous reposons de nos propres œuvres » (Hébreux
4.10) nous rejetons par là même sur Christ toute la responsabilité
de notre sancti cation. Jésus-Christ, en e et, est responsable de
celui qui se remet entièrement entre ses mains, de même que
celui qui entreprend de conduire un aveugle est responsable de la
voie qu'il lui fait prendre.
Pour que la connaissance soit utile, elle doit être une vue des
choses assez profonde, assez vive, pour produire l'émotion, pour
toucher le cœur et déterminer la volonté. Une connaissance
purement intellectuelle ne portera jamais l’âme à l'action ;
abstraction scienti que, elle n'éveille aucun sentiment, n'excite
aucune émotion et ne peut avoir aucune action sur la volonté ;
elle n'a donc aucune valeur au point de vue du salut : Pour porter
le pécheur à aimer Dieu, il faut un haut degré de lumière,
capable de produire de fortes émotions ; il faut que les motifs
d'obéir à Dieu apparaissent au pécheur d'une manière assez
évidente, assez saisissante, pour subjuguer son cœur rebelle et
l'amener à résipiscence. Voilà ce que j'appelle une connaissance
salutaire de la vérité. Or nul n'a jamais pu ni ne pourra jamais
arriver à cette connaissance-là sans l'Esprit de Dieu.
Il en est de même des mots. Ceux-ci ne sont que des signes qui
indiquent les idées ; ils ne sont pas les idées, ils n'en sont que des
représentations plus ou moins grossières. Il est souvent très
di cile, parfois même impossible, de communiquer une idée
par la voie du langage. Prenez un petit enfant, essayez de
converser avec lui, et vous verrez quelle di culté vous
éprouverez, sur bien des sujets, à faire pénétrer vos idées dans
son esprit ; il faudrait en e et qu'il eût quelque expérience des
choses dont vous lui parlez, pour que vos idées se
communiquassent à lui par les mots que vous employez.
Quand la perversité d'un homme est telle qu'il ne veut pas être
éclairé sur les choses spirituelles, il est clair qu'il ne peut arriver
à la connaissance de la vérité sur ces sujets.
Cette utilité est grande. La Bible est aussi claire qu'elle peut
l'être. Qui peut douter que notre Seigneur n'instruisait ses
disciples avec autant de clarté qu'il le pouvait ? Voyez la peine
qu'il prend pour illustrer son enseignement par des
comparaisons ; que son langage est simple ; et comme, il
s'abaisse au niveau de la plus faible intelligence ! il agit comme
un père ou une mère agirait avec son petit enfant Assurément,
cet enseignement fut utile aux disciples, bien qu'il fût insu sant
sans le secours de l'Esprit.
III L'Esprit de Dieu seul peut
produire en nous l'illumination
nécessaire
Il est d'ailleurs évident que seul l'Esprit de Dieu connaît assez les
choses de Dieu pour nous en donner une connaissance exacte. «
Qui connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme
qui est en lui ? » dit saint Paul. Qu'est-ce qu'un animal peut
connaître de ce qui se passe en l'homme ? Je puis parler à votre
conscience parce que je suis un homme et que je connais les
choses de l'homme. De même, la Bible dit encore : « Personne ne
connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. » Cet Esprit
ayant conscience immédiate des choses de Dieu, possède une
connaissance de ces choses qu'aucun autre être ne peut avoir ; et
seul il peut nous donner le genre d'instruction dont nous avons
besoin.
IV Chacun peut obtenir le Saint-
Esprit gratuitement
Plusieurs d'entre vous se rappellent les faits établis ici même par
le président Mahan, faits qui démontrent que toute impression
faite sur l'esprit de l'homme laisse une trace indélébile. Il cita le
cas d'une vieille dame qui lorsqu'elle était jeune avait lu une
poésie contenant un petit récit. Un jour elle voulut se rappeler
cette histoire pour la raconter à quelques enfants ; et, à sa grande
surprise, tous les vers de cette poésie revinrent tout à coup à sa
mémoire, de sorte qu'elle put les répéter mot peur mot, bien
qu'elle n'eût jamais- essayé de les mémoriser. Le Dr Mahan cita
encore le cas d'une femme ignorante qui avait été en service chez
un savant pasteur. Celui-ci avait l'habitude de lire à haute voix sa
Bible hébraïque, en sorte que la servante qui faisait son travail
dans la pièce voisine pouvait l'entendre. Comme vous le pensez
bien, celle-ci ne comprenait pas un mot de ce que disait le
ministre, elle n'entendait que les sons. Or, fort longtemps après,
étant sur son lit de mort, cette femme, au grand étonnement de
tous ceux qui l'entouraient, se mit à réciter des chapitres entiers
d'hébreu et de chaldéen. Les voisins crurent d'abord à un miracle
; mais tout s'expliqua dans la suite.
Remarques
Nous n'avons aucune raison pour ne pas user des moyens qui ont
été mis en notre pouvoir et pour ne pas mettre en œuvre toutes
nos facultés a n d'acquérir la connaissance des choses
religieuses ; nous devons faire tout cela aussi dèlement que si
nous pouvions arriver à la complète intelligence des choses
spirituelles sans le secours du Saint-Esprit. « Aide-toi, Dieu
t'aidera. » Quand nous nous servons de tous les moyens que Dieu
nous donne, nous pouvons nous attendre à ce que Dieu nous
éclaire. Mais détourner nos yeux de la lumière en priant Dieu de
nous éclairer, c'est tenter Dieu.
3. Ceux qui enseignent les vérités religieuses sans avoir été eux-
mêmes enseignés de Dieu, sont « des aveugles conducteurs
d'aveugles. »
Faites lire à la plupart des chrétiens les épîtres, par exemple, ils
ne sauront pas donner une opinion motivée sur le sens de la
dixième partie de leur contenu. Ne vous étonnez pas que l’Église
ne soit pas sancti ée. Elle a besoin d'une plus grande somme de
vérité. Notre Sauveur disait : « Sancti e-les par ta vérité ; ta
parole est la vérité. » L’Église ne saura ce que signi e une entière
sancti cation que lorsqu'elle aura usé plus largement de ce
grand moyen de sancti cation. Nos gens ne comprennent pas la
Bible ; la raison, c'est qu'ils ne sont pas allés à Son auteur pour en
avoir l'explication. Quoique ce privilège béni soit à leur portée,
et qu'ils puissent tous les jours en user, s'ils le veulent, combien
minime est la portion dont ils peuvent dire avec certitude que le
sens leur en a été donné de Dieu !
3. Quand l'amour pour Dieu est ressenti sous forme d'a ection, il est
assez ordinaire qu'il se manifeste aussi sous la forme de l'émotion.
2. Dieu est amour ; aimer c'est être semblable à Dieu ; être parfait
dans l'amour, c'est être parfait comme Dieu est parfait.
2. C'est être conduit par l'amour dans toute notre vie intérieure et
extérieure, pensées, paroles et actions, en sorte que rien n'y
contredise la loi suprême de la charité.
L'amour parfait aime Dieu pour ce qu'il est, et non pas seulement
pour les dons qu'il dispense ; il l'aime à cause de l'in nie
excellence de son caractère.
5. Celui qui est arrive à l'amour parfait aime son prochain d'un
amour égal à celui qu'il se porte à lui-même ; il regarde les intérêts
et le bonheur de son prochain comme, ayant autant de valeur
que les siens, et il agit en conséquence.
Cet amour conduit à obéir à Dieu non parce que l'on craint, sa
colère ou que l'on espère être récompensé, mais parce que l'on
aime Dieu et que l'on aime sa volonté. Plusieurs disent que la
vertu consiste à faire le bien simplement parce qu'il est le bien,
sans se préoccuper de la volonté de Dieu et sans être in uencé
par l'amour pour Dieu. Mais faire une chose simplement parce
que l'on pense qu'elle est bien et non pas par amour pour Dieu,
n'est pas de la vertu. L'amour parfait conduit partout au bien et à
la vertu ; dès qu'il a reconnu la volonté de Dieu, il la fait,
simplement parce qu'elle est la volonté de Dieu.
Vous avez vu des parents vivre pour leur unique enfant. Après
l'avoir perdu, ils ne désiraient plus que la mort. Vous avez vu des
époux avoir une telle a ection l'un pour l'autre, que cette
a ection était leur vie ; lorsque l'un des deux mourait, l'autre
dépérissait et le suivait bientôt. Le survivant avait perdu l'objet
qui absorbait toute son âme, pourquoi aurait-il vécu encore ? De
même, quand un homme est rempli d'un parfait amour pour
Dieu, il désire ne vivre que pour aimer et servir Dieu ; il est mort
au monde, mort à sa réputation, mort à tout en dehors du désir
de glori er Dieu.
Remarques
Que d’œuvres qui passent pour des œuvres religieuses et qui ont
été suscitées par des in uences extérieures et non par la
puissance intérieure d'un saint amour Il faut que nous le
comprenions mieux que nous ne l'avons fait jusqu'ici : à moins
que l'amour ne soit l'inspiration première de nos actions, il n'y a
pas de religion en elles, qu'elles s'appellent prières, discours,
chant des louanges de Dieu, donations, aumônes, ou bonnes
œuvres de quelque espèce que ce soit. Que d'excitation qui passe
pour religion, sans que cependant l'amour s'y trouve ! Que de
zèle dénué de religion.
II Ce qu'il est
Nous faisons donc nos propres œuvres tant que notre but
suprême est de sauver notre âme ; mais dès que nous remettons
entièrement la question de notre salut entre les mains de Jésus-
Christ et que nos œuvres sont faites par amour pour Dieu, celles-
ci ne sont plus nos propres œuvres.
B. En entrant dans le repos, nous laissons de côté les œuvres
accomplies de nous-mêmes, aussi bien que les œuvres
accomplies pour nous-mêmes.
Triste vie que celle de l'homme qui tire sa religion de son propre
fonds et accomplit, ses œuvres par ses propres forces, peinant,
luttant sans cesse pour arriver à produire tant de religion par
mois, tant par année, contraint par la peur, poussé par l'espoir,
fustigé par la conscience, mais étranger aux impulsions de cet
amour divin que le Saint-Esprit répand dans les cœurs !
Tant que l'homme n'a pas reconnu qu'il est en lui-même sans
lumière, sans force, sans ressource aucune, il n'entend rien à la
simplicité de l’Évangile qui nous appelle simplement à recevoir
le salut, par la foi, comme un pur don.
Celui qui est entré dans son repos sait que tout ce qu'il ferait dans
sa propre force serait en abomination à Dieu. À moins que Christ
ne vive en nous et que Dieu n'opère en nous la volonté et
l'exécution, selon son bon plaisir, rien de ce que nous faisons
n'est acceptable devant Dieu. Celui qui n'a pas appris cela, ne
s'est pas reposé de ses propres œuvres, il n'a pas accepté le
Sauveur. L'apôtre
« Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et
je vous donnerai le repos. » « Rejetez sur lui tout votre souci. »
Ces paroles signi ent exactement ce qu'elles disent. Que votre
souci se rapporte à l'âme ou au corps, rejetez-le tout entier sur
Jésus-Christ. Voyez ce petit enfant qui marche à côté de son père
; celui-ci porte un lourd fardeau et l'enfant tâche de l'aider avec
sa petite main, mais à quoi cela peut-il servir ? Ainsi beaucoup
de chrétiens se donnent une peine fort inutile en essayant d'aider
le Seigneur Jésus-Christ dans son œuvre. Ils s'agitent et se
tourmentent tantôt pour une chose, tantôt pour une autre,
comme si tout reposait sur leurs épaules. Mais, sachez-le, Jésus-
Christ est autant engagé envers le croyant pour tout ce qui le
concerne, que pour sa justi cation ; il a pris à sa charge nos
intérêts temporels tout autant que nos intérêts spirituels. Il n'est
pas un seul de vos soucis que vous ne deviez rejeter sur Jésus-
Christ. Je ne veux pas dire que le chrétien n'ait rien à faire. Voici
un homme qui a rejeté sur Jésus-Christ le fardeau de toute sa
famille ; cela ne signi e pas qu'il n'ait rien à faire pour sa famille
; mais qu'il s'est remis à Christ pour que Christ lui donne à
mesure direction, lumière, force, succès. Et Christ répond de
tout ; il veillera à ce que tout aille bien.
C'est une maxime de droit que ce qu'un homme fait faire par un
autre, il le fait lui-même. Si je paie un homme pour commettre
un meurtre, je suis l'auteur de ce meurtre exactement comme si
j'avais tué de ma propre main. Le crime n'est pas plus dans la
main (1) qui tient l'épée que dans l'épée elle-même, il est dans
l'esprit, dans le cœur de celui qui l'a voulu. Maintenant
appliquez ce principe à l'activité de celui qui s'est entièrement
abandonné à Christ.
Paul insiste sur le fait que s'il a travaillé plus que tous les autres
apôtres, ce n'est pas lui qui l'a fait, mais la grâce de Dieu en lui,
Christ vivant en lui. Cela ne signi e pas que Christ agisse sans
que Paul ait à vouloir, mais que Christ par son Esprit in uence et
conduit l'esprit de Paul pour le faire agir d'une manière
conforme à la volonté de Dieu, Quand un chrétien se repose de
ses œuvres, il abandonne si complètement ses intérêts
personnels et sa volonté propre, il se place si entièrement dans la
dépendance du Saint-Esprit, qu'il ne fait plus rien que sous
l'impulsion de cet Esprit. C'est bien ainsi que l'entendait l'apôtre
quand il écrivait « Accomplissez votre propre salut avec crainte
et tremblement ; car c'est Dieu qui opère avec e cace en vous et
le vouloir et le faire en vertu de son bon » Dieu agit sur la
volonté, non par la contrainte, mais par l'amour, de manière à ce
qu'elle fasse exactement ce qui plaît à Dieu. S'il usait de
contrainte, nous ne serions plus des êtres responsables et libres.
Si c'est lui qui nous dirige, il ne nous conduira pas à pécher. Ceci
n'a pas besoin d'explication.
Nous l'avons vu, nous devons y entrer par la foi. Vous nous
rappelez la parole de Jésus-Christ. : « Venez à moi vous tous qui
vous fatiguez et qui êtes chargés, et je vous donnerai le repos.
Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, parce que
je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour
vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger. » C'est ici
le même repos que celui dont il est parlé dans notre texte. Si nous
voulons « venir à Christ ; » nous charger de son joug léger qui est
amour, et nous « décharger sur Lui de tous nos fardeaux, » nous
trouverons le repos. Le psalmiste parle de ce même repos quand
il s'écrie : « Mon âme, retourne à ton repos. » (Psaumes 116.7).
Remarques
C'est ainsi mes frères, que vous aussi vous avez été mis à
mort en ce qui concerne la loi, par le moyen du corps de
Christ, pour que vous fussiez mariés à un autre, à Celui
qui est ressuscité des morts, a n que nous portions des
fruits pour Dieu
Romains 7.
Une femme mariée n'a pas d'intérêts séparés et n'a pas le droit
d'en avoir. De même, l’Église n'a pas le droit d'avoir des intérêts
séparés de ceux de Christ. Toute propriété que la femme pouvait
avoir appartient maintenant à son mari. Celui-ci a la jouissance
des immeubles de sa femme, toute sa vie durant ; et quant aux
biens meubles de l'épouse, ils se confondent absolument avec
ceux de l'époux. De même, la réputation de l'un devient la
réputation de l'autre. Ainsi en est-il de l’Église, sa réputation et
ses intérêts ne se séparent pas de ceux de Jésus-Christ. Et Jésus-
Christ est engagé à faire tout ce qui est hou pour l’Église,
exactement comme l'époux est tenu de faire tout,ce que
demandent les intérêts de l'épouse. Un mari dèle consacre son
temps, son travail, ses talents, au service des intérêts et du
bonheur de sa femme ; de même Jésus-Christ se consacre lui-
même au bien de son Église. Il est aussi jaloux de la réputation de
l’Église que jamais mari a pu l'être de la réputation de sa femme.
Il faut dire plus : jamais homme n'a été dévoué aux intérêts de sa
femme comme Christ l'est aux intérêts de l’Église ; et jamais
homme n'a ressenti les torts faits à sa femme comme Christ
ressent ceux que l'on fait à son Église. Il déclare qu'il « vaudrait
mieux pour un homme qu'on lui mît une meule de moulin
autour du cou et qu'on le jetât au fond de la mer, que de
scandaliser un seul de ces petits qui croient en lui. »
3. La relation qui existe entre l'époux et l'épouse est telle que toute
sou rance endurée par l'un est virement ressentie par l'autre.
1. Le premier but de cette union est celui que donne notre texte :
« a n que nous portions du fruit pour Dieu. »Un des buts
principaux du mariage est la propagation de l'espèce. Ainsi en
est-il à l'égard de l’Église ; elle doit donner des enfants à Jésus-
Christ en sorte qu'il « se voie de la postérité, qu'il jouisse du
travail de son âme, et qu'il soit entouré d'un peuple de franche
volonté nombreux comme les gouttelettes de la rosée du matin. »
Ce n'est pas seulement par le travail du Rédempteur, que cela
doit s'accomplir, c'est aussi par celui de l’Église : « dès que Sion
est en travail, elle se voit de la postérité » (Ésaïe 66.8).
4. Chacun sait l'opprobre qui pèse sur les prostituées ; or, Dieu parle
souvent de son Église comme d'une prostituée.
Quel est l'époux qui, dans une situation pareille à celle de Christ,
voudrait rester uni à la femme qu'il aurait épousée et supporter
tout ce que Christ supporte ? Cependant le Sauveur o re
toujours la réconciliation à son Église ; il s'e orce toujours de
regagner son a ection. Parfois un mari perd toute a ection pour
sa femme, et la traite si brutalement qu'elle perd à son tour toute
a ection pour son mari. Mais où trouver dans le caractère ou
dans la conduite de Christ quoi que ce soit qui puisse justi er la
façon dont l’Église agit envers lui ? Il s'est livré, sacri é lui-
même absolument pour gagner son a ection ; que pouvait-il
faire de plus ? Quelle faute peut-on lui reprocher, quelle est la
vertu qui lui manque ?
Remarques
L’Église est dans un tel état qu'il ne faut pas s'étonner si les âmes
qu'elle gagne deviennent, à peu d'exceptions près, un
déshonneur pour l’Évangile. Comment pourrait-il en être
autrement ? Vivant comme elle vit, comment l’Église
enfanterait-elle des enfants qui fussent un honneur pour Christ
? Elle ne reçoit pas le Sauveur dans tous ses o ces, tel que nous
le présente la Bible. Si elle le faisait, il lui serait impossible de
vivre à la façon d'une prostituée.
Fin
Fichier informatique Numérisation M-C P. OCR Yves Petrakian
Février 2007 – Mars 2011 France