Chap 3

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Ministère de l’Enseignement Supérieur et des recherches scientifiques

Université Virtuelle de Tunis

Intitulé du chapitre :

Chapitre III :

Fonction continue

Nom de l’auteur :

Houcine Chebli
Lotfi Lassoued
Fonction continue

1 Limite d’une fonction


Soit (E, d) et (F, δ) deux espaces métriques et A une partie de E. Soit
f : A → F et soit a ∈ A et b ∈ F .
Définition 1.1. On dit que f a pour limite ℓ au point a si pour tout ǫ > 0,
il existe α > 0 tel que
∀x ∈ A, d(x, a) < α =⇒ δ(f (x), ℓ) < ǫ
Dans ce cas, on dit aussi que f (x) tend vers ℓ quand x tend vers a.
Remarque 1.2.
1. La limite, si elle existe, est unique. On note limx→a f (x) = ℓ.
2. On peut reformuler la définition à l’aide des voisinages en disant que :
f admet la limite ℓ au point a si, et seulement si, pour tout voisinage
V de ℓ, il existe un voisinage U de a dans E tel que f (U ∩ A) ⊂ V .
Proposition 1.3. Les assertions suivantes sont équivalentes :
(1) La fonction f admet la limite ℓ au point a
(2) Pour toute suite (an ) d’éléments de A convergeant vers a, la suite
(f (an )) converge vers ℓ.
Démonstration. (1) =⇒ (2) : Supposons que (an ) converge vers a et soit
ǫ > 0. Il existe n0 ∈ N tel que
d(x, a) < α =⇒ δ(f (x), ℓ) < ǫ
On en déduit que, pour tout n ≥ n0 :
d(an , a) < α =⇒ δ(f (x), ℓ) < ǫ
Ce qui traduit la convergence de la suite (f (an )) vers ℓ.
(2) =⇒ (1) : Par l’absurde, si f (x) ne tend pas vers ℓ quand x tend vers a,
il existe ǫ > 0 tel que
∀α > 0, ∃x ∈ A | d(x, a) < α et δ(f (x), ℓ) ≥ ǫ

1
En prenant, pour chaque entier n > 0, α = 1/n, on construit une suite (xn )
d’éléments de A vérifiant
1
d(xn , a) < et δ(f (xn ), ℓ) ≥ ǫ
n
Ce qui contredit (2).

Exemple 1.4.
On prend E = F = R, A = R∗ , a = 0 et f la fonction définie par

f (x) = cos(1/x)

La fonction f n’a pas de limite en 0, car la suite définie par xn = 1/nπ


converge vers 0 mais f (xn ) = (−1)n diverge.

2 Continuité
Définition 2.1. Soient E et F deux espaces métriques. Une application
f : E → F est dite continue au point a ∈ E si

lim f (x) = f (a)


x→a

C’est-à-dire si, pour tout ǫ > 0, il existe α > 0 tel que

d(x, a) < α =⇒ δ(f (x), f (a)) < ǫ

On dit que f est continue sur E si elle est continue en tout point de E.
Remarque 2.2.
La somme, le produit et la composée (lorsque cela a un sens) de fonctions
continues sont des fonctions continues.
Exemple 2.3.
Soient E1 , E2 , . . . , En des espaces métriques et E = E1 × · · · En l’espace
métrique produit.
1. La projection d’indice i, définie pour x = (x1 , . . . , xn ) ∈ E par

pi (x) = xi

est une application continue.


2. Une application f : F → E qui à x ∈ F fait correspondre

f (x) = (f1 (x), . . . , fn (x))

est continue si, et seulement si, pour tout i, 1 ≤ i ≤ n, la fonction pi ◦ f


est continue.

2
3. Soit f : E = E1 × · · · En → F une application continue et soit
a = (a1 , . . . , an ) un élément de E. Pour tout i, l’application partielle
d’indice i au point a définie sur Ei par

fi (t) = f (a1 , . . . , ai−1 , t, ai+1 , . . . , an )

est continue au point ai .

Exemple 2.4. Fonctions polynomiales

On appelle fonction monôme des n variables x1 , . . . xn ∈ K, une application


f de Kn dans K pouvant se mettre sous la forme

f (x1 , . . . , xn ) = axα1 1 xα2 2 · · · xαnn

où a est une constante et les αi , 1 ≤ i ≤ n sont des entiers positifs ou nuls.


On appelle fonction polynomiale des n variables x1 , x2 , . . . , xn , toute com-
binaison linéaire de fonctions monômes de ces variables. Ainsi, une telle
fonction s’écrit
X
p(x1 , x2 , . . . , xn ) = aα1 ,...,αn xα1 1 xα2 2 · · · xαnn

où la somme est finie.


L’ensemble des fonctions polynômiales des n variables x1 , x2 , . . . , xn est noté
K[x1 , x2 , . . . , xn ].

Proposition 2.5. Une fonction polynomiale de n variables x1 , x2 , . . . , xn est


continue sur Kn .

Exemple 2.6.

1. La fonction p définie sur R2 par

p(x1 , x2 ) = x31 x2 + x1 + 2x2

est une fonction polynomiale de deux variables


2. La fonction qui à une matrice X ∈ Mn (K) associe son déterminant est
une fonction polynomiale des n2 variables qui sont les coefficients de
la matrice X.

Théorème 2.7. Soient E et F deux espaces métriques et f : E → F une


application. Les propriétés suivantes sont équivalentes
(1) f est continue
(2) L’image réciproque par f de tout ouvert de F est un ouvert de E
(3) L’image réciproque par f de tout fermé de F est un fermé de E.

3
Démonstration. (1) =⇒ (2) : Supposons f continue et soit Ω un ouvert de
F . On doit montrer que l’ensemble

f −1 (Ω) = {x ∈ E | f (x) ∈ Ω}

est un ouvert de E. Soit a ∈ f −1 (Ω). Puisque f (a) est dans Ω qui un ouvert
et puisque f est continue, il existe donc un ouvert U de E contenant a tel
que f (U ) ⊂ Ω. Par suite

U ⊂ f −1 (f (U )) ⊂ f −1 (Ω)

Ainsi, il existe un ouvert U contenant a tel que U ⊂ f −1 (Ω). Cela prouve


que f −1 (Ω) est un ouvert de E.
(2) ⇐⇒ (3) : L’équivalence résulte de la relation f −1 (∁A) = ∁ f −1 (A) .


(2) =⇒ (1) : Montrons que f est continue en tout point a ∈ E. Soit V un


voisinage ouvert de F contenant f (a). L’ensemble U = f −1 (V ) est un ouvert
contenant a et f (U ) ⊂ V .

Exemple 2.8.

Soit E un espace métrique, f : E → R une fonction continue et α ∈ R.


1. L’ensemble A = {x ∈ E | f (x) = α} est une fermé de E, puisque
A = f −1 ({α}) et {α} est une fermé de E.
2. L’ensemble A = {x ∈ E | f (x) > α} est un ouvert de E, puique
A = f −1 (]α, +∞[)
3. L’ensemble A = {x ∈ E | f (x) ≥ α} est un fermé de E car A =
f −1 ([α, +∞[).

Exemple 2.9.

L’ensemble GLn (K) des matrices inversibles est un ouvert de Mn (K). En


effet, GLn (K) = {X ∈ Mn (K) | Det X 6= 0}, c’est donc l’image réciproque
de R∗ par l’application déterminant qui est continue et R∗ =]−∞, 0[∪]0, +∞[
est un ouvert de R.

Remarque 2.10.

L’image (directe) d’un ouvert par une application continue n’est pas forcé-
ment un ouvert. Par exemple l’image de R par la fonction continue x → x2
est égale à [0, +∞[ qui n’est pas un ouvert de R.

Définition 2.11. Soient E et F deux espaces métriques et f : E → F .


(1) On dit que f est ouverte si l’image par f de tout ouvert de E est un
ouvert de F .
(2) On dit que f est fermée si l’image de tout fermé de E est un fermé de
F.

4
Définition 2.12. Soit f : E → F .
(1) On dit que f est un homémorphisme si
– f est une bijection de E sur F
– f −1 est continue de F sur E.
(2) On dit que E et F sont homéomorphes s’il existe un homéomorphisme
entre E et F .
Exemple 2.13.
1. L’application f : R → R définie par f (x) = x3 est un homémorphisme.
2. Plus généralement, toute fonction f continue et strictement monotone
sur un intervalle I de R est un homémorphisme de I sur f (I).
3. Soit E un espace vectoriel normé. Pour tout a ∈ E, l’application trans-
lation par a, notée τa et définie par τa (x) = x + a est un homémor-
phisme. L’homéomorphisme inverse est donné par τ−a .
Pour tout α 6= 0, l’homothétie hα définie par hα (x) = αx est un ho-
mémorphisme de E sur E et l’homémorphisme inverse est hα−1 .
Proposition 2.14. Soient E et F deus espaces métriques et f : E → F une
bijection continue. Les propriétés suivantes sont équivalentes
(1) f est ouverte
(2) f est fermée
(3) f est un homéomorphisme
Démonstration. (1) =⇒ (2) : Soit A un fermé de E ; ∁A est un ouvert et
(1) permet d’affirmer que f (∁A) est un ouvert. La relation f (∁A) = ∁ (f (A))
permet alors de conclure que f (A) est un fermé.
(2) =⇒ (3) : Il s’agit de prouver que g = f −1 : F → E est continue. Or, si
A est un fermé de E, g −1 (A) = f (A) est fermé cela prouve bien que g est
continue d’aprés le théorème (2.7).
(3) =⇒ (1) : Si A un ouvert de E, f (A) = g −1 (A) est un ouvert de F .

Définition 2.15. Soient (E, d) et (F, δ) deux espaces métriques. Une ap-
plication f : E → F est dite uniformément continue si, pour tout ǫ > 0, il
existe α > 0 tel que
∀x, y ∈ E : d(x, y) < α =⇒ δ(f (x), f (y)) < ǫ
On vérifie facilement que :
Proposition 2.16. Toute application uniformément continue est continue.
Définition 2.17. Soient (E, d) et (F, δ) deux espaces métriques et k un réel
positif. On dit que f : E → F est k-lipschitzienne si, pour tout x et tout y
de E
δ((f (x), f (y)) ≤ k d(x, y)
Lorsque k < 1, on dira que f est contractante.

5
Proposition 2.18. Une application k-lipschitzienne est uniformément conti-
nue.

Exemple 2.19.

1. Soit f : I → R une fonction dérivable sur un intervalle I de R. S’il


existe k > 0 tel que |f ′ (t)| ≤ k, pour tout t ∈ I, le théorème des
accroissements finis montre que

∀x, y ∈ I, |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|

Cela montre que f est k-lipschitzienne.


2. Soit (E, k k) un espace vectoriel normé. L’application x 7→ kxk est
1-lipschitzienne, puisque

kxk − kyk ≤ kx − yk

3. Soit (E, d) un espace métrique et a un élément de E. L’application


x 7→ d(x, a) est 1-lipschitzienne, puisque

| d(x, a) − d(y, a)| ≤ d(x, y)

Proposition 2.20. Soit (E, d) un espace métrique. L’application définie sur


E × E par d(x, y) = d(x, y) est uniformément continue.

Démonstration. On munit E × E de la distance définie par

d1 ((x, y), (x′ , y ′ )) = d(x, x′ ) + d(y, y ′ )

L’inégalité triangulaire permet d’écrire



d(x, y) − d(x′ , y ′ ) ≤ | d(x, y) − d(x′ , y)| + | d(x′ , y) − d(x′ , y ′ )|

≤ d(x, x′ ) + d(y, y ′ )
= d1 ((x, y), (x′ , y ′ ))

Cela prouve que (x, y) 7→ d(x, y) est 1-lipschitzienne, donc uniformément


continue sur E × E.

3 Continuité des applications linéaires


La continuité des applications linéaires fait l’objet d’une étude particulière
justifiée par le théorème suivant

Théorème 3.1. Soient E et F deux espaces vectoriels normés et f : E → F


une application linéaire. Les propriétés suivantes sont équivalentes

6
(1) f est continue
(2) Il existe une constante c > 0 telle que

∀x ∈ E, kf (x)k ≤ ckxk

Démonstration. (1) =⇒ (2) : Supposons f continue sur E ; elle est en parti-


culier continue en 0 et par suite, pour ǫ = 1, il existe α > 0 tel que

kxk ≤ α =⇒ kf (x) − f (0)k = kf (x)k ≤ 1

Soit x un élément de E, non nul. L’élément y = αx/kxk a pour norme α,


donc kf (y)k ≤ 1. Cela se traduit par
1
kf (x)k ≤ kxk
α
Cette inégalité, évidente aussi pour x = 0, montre qu’on a (2) avec c = α−1 .
(2) =⇒ (1) : La propriété (2) montre que, pour tout x et tout y dans E

kf (x) − f (y)k = kf (x − y)k ≤ ckx − yk

Cela montre que f est c-lipschitzienne, donc continue.

On désigne par L(E, F ) l’espace vectoriel des applications linéaires continue


de E dans F . Pour f ∈ L(E, F ), on pose

kf (x)k
kf k = sup
x6=0 kxk

On peut vérifier que cela définit une norme sur L(E, F ) ; cette norme est
dite subordonnée.
On vérifie aussi que
1. Pour tout f ∈ L(E, F ),

kf k = sup kf (x)k = sup kf (x)k


kxk≤1 kxk=1

= min{c ≥ 0 | kf (x)k ≤ ckxk, ∀x ∈ E}

2. Si E, F et G sont trois espaces vectoriels normés, et si f ∈ L(E, F ) et


g ∈ L(F, G). Alors g ◦ f ∈ L(E, G) et

kg ◦ f k ≤ kgk kf k

Théorème 3.2. Si F est un espace de Banach, l’espace L(E, F ) est un


espace de Banach.

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4 Exercices
Exercice 4.1.
Soient E et F deux espaces métriques.
1. Montrer que, si f : E → F est continue, alors son graphe Γf =
{(x, f (x)) | x ∈ E} est fermé dans E × F . La réciproque est-elle vraie ?
2. Montrer que si f : E → F est continue, son garphe Γf est homémorphe
à E. En déduire que les ensembles G1 = {(x, y) ∈ R2 | y = x2 },
G2 = {(x, y) ∈ R2 | y = x3 } et G3 = {(x, y) ∈ R2 | y = sin x} sont
tous homéomorphes à R.
Exercice 4.2.
Montrer que si E1 est homémorphe à E1′ et E2 est homéomoprhe à E2′ , alors
E1 × E2 est homémorphe à E1′ × E2′ .
Exercice 4.3.
Soient E et F deux espaces métriques et f : E → F une application.
1. Montrer que f est continue si et seulement si f (A) ⊂ f (A) pour toute
partie A de E.
2. Montrer que f est fermée si et seulement si f (A) ⊂ f (A) pour toute
partie A de E.
o
o ⌢
3. Montrer que f est ouverte si et seulement si f A ⊂ f (A) pour toute
partie A de E.
4. Montrer que si f est bijective, alors :
f est ouverte ⇐⇒ f est fermé ⇐⇒ f −1 est continue
Exercice 4.4.
Soient E1 et E2 deux espaces métriques
1. Montrer que la projection p1 qui à (x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 fait correspondre
x1 est ouverte
2. Montrer que p1 n’est pas forcément fermée. Pour cela, on peut consi-
dérer le cas E1 = E2 = R et F = {(x, 1/x) | x > 0}.
Exercice 4.5.
Soit (E, d) un espace métrique.
1. Soit A une partie de E. Montrer que l’application f qui à x ∈ E fait
correspondre d(x, A) est 1-lipschitzienne.
2. Soient A et B deux fermés disjoints de E. Montrer qu’il esiste deux
ouverts U et V de E, disjoints tels que A ⊂ U et B ⊂ V .

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Exercice 4.6.

Soit A une partie non vide d’un espace métrique E.


1. Montrer que diam(A) = diam(A)
o
2. A-t-on toujours diam(A) = diam(A) ?

Exercice 4.7.

1. Soit f une application continue d’un espace métrique E dans un espace


métrique F . Montrer que si D est une partie dense dans E, alors f (D)
est une partie dense dans f (E).
2. En déduire que l’ensemble {cos n | n ∈ N} est dense dans [−1, 1].
3. Soit a un réel tel que a/π soit irrationnel. On pose G = {eina | n ∈ Z}
et S 1 = {z ∈ C; |z| = 1}. Montrer que G est dense dans S 1 et que
G 6= S 1 .

Exercice 4.8.

1. Soit f et g deux applications continues d’un espace métrique E dans


un espace métrique F et soit D une partie dense dans E. Montrer que
si f et g coïcident sur D, alors elles coïcident partout sur E.
2. Déterminer les applications continues de R dans R telles que

f (x + y) = f (x) + f (y), ∀x, y ∈ R

Exercice 4.9.

Montrer que, pour tout A, B ∈ Mn (R) : com(AB) = com(A) com(B) où


com(A) désigne la comatrice de A.

Exercice 4.10.

1. Montrer que si A ∈ Mn (K) est une matrice nilpotente, alors An = 0


2. En déduire que l’ensemble N des matrices nilpotentes est un fermé de
Mn (K)
3. Montrer que N est d’intérieur vide.

Exercice 4.11.

Pour toute matrice A ∈ Md (K) et pour tout entier n ∈ N, on pose


n
X 1 k
Sn (A) = A
k!
k=0

1. Montrer que la suite (Sn (A)) converge dans Md (K) ; on note eA sa


limite.

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2. Montrer qu’il existe un polynôme p ∈ K[X] tel que eA = p(A).
Exercice 4.12.
Soit A une matrice de Mn (R). On dit qu’une matrice X ∈ Mn (R) est une
racine carrée de A si X 2 = A. On note Rac(A) l’ensemble des racines carrées
de A :
Rac(A) = {X ∈ Mn (R) | X 2 = A}
1. Montrer que Rac(A) est une partie fermée de Mn (R)
2. L’ensemble Rac(In ) est-il une partie bornée de Mn (R) ?
3. Soit n ≥ 2. Montrer qu’il n’existe pas de norme k k vérifiant

kABk ≥ kAk kBk, ∀A, B ∈ GLn (R)

On note R[x1 , x2 , . . . , xm ] l’ensemble des fonctions polynomiales sur Rm .


Pour p dans R[x1 , x2 , . . . , xm ], non identiquement nul, on pose

Z(p) = {(x1 , x2 , . . . , xm ) | p(x1 , x2 , . . . , xm ) = 0}

4. Soit p ∈ R[x1 , x2 , . . . , xm ] et I1 , I2 , . . . , Im des parties infinies de R.


Montrer que si la fonction polynomiale p s’annule sur I1 × I2 × · · · × Im ,
alors p est la fonction nulle.
5. Déterminer l’intérieur de Z(p).
6. En déduire l’intérieur de Rac(A).
Exercice 4.13.
Soit n un entier non nul. On note

SLn (K) = {A ∈ Mn (K) | Det A = 1}

1. Montrer que SLn (K) est un fermé de Mn (K)


2. Montrer que, pour tout A ∈ Mn (K), il existe un réel α > 0 tel que

∀t ∈]0, α[, Det(A + tI) 6= 1

3. En déduire que SLn (K) est d’intérieur vide.


Exercice 4.14.
Soient X et Y deux espaces métriques, soit (Ai )i∈I un recouvrement de X
et soit f : X → Y .
1. Montrer que si les Ai sont tous ouverts et les applications f |Ai toutes
continues, alors f est continue.
2. On suppose que I est fini et les Ai tous fermés. Prouver que si les f |Ai
sont continues, alors f est continues.

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Exercice 4.15.

Montrer que
1. Tout fermé F d’un espace métrique E est intersection dénombrable
d’ouverts.
2. Tout ouvert U est union dénombrable de fermés.

Exercice 4.16.

Soit (E, d) un espace métrique. Une fonction f : E → R est dite semi-


continue inférieurement (en abrégé sci) en x0 si, pour tout ǫ > 0, il existe un
voisinage V de x0 tel que

x ∈ V =⇒ f (x) ≥ f (x0 ) − ǫ

De même, f est dite semi-continue supérieurement (en abrégé scs) en x0 si,


pour tout ǫ > 0, il existe un voisinage V de x0 tel que

x ∈ V =⇒ f (x) ≤ f (x0 ) + ǫ

On désigne par I (resp. S) l’ensemble des fonctions sur E à valeurs réelles


qui sont sci (resp. scs).
1. Montrer que I est un cône convexe réticulé, c’est-à-dire tel que si f et
g sont dans I et λ ≥ 0, alors f + g, λf et max(f, g) sont aussi dans I.
2. Montrer que f est continue si, et seulement si, elle est sci et scs.
3. Montrer que f est sci si, et seulement si, l’ensemble {x ∈ E | f (x) ≥ λ}
est un fermé de E, pour tout réel λ.
4. Montrer que la fonction indicatrice d’un ouvert (resp. d’un fermé) est
sci (resp. scs).
5. Soit (fi )i∈I une famille de fonctions sur E à valeurs réelles continues.
On suppose que f = supi∈I fi est finie en chaque point de E. Montrer
que f est sci.
6. Soit f : E →]0, +∞[ une fonction sci. On pose que pour n ∈ N∗

fn (x) = inf (f (a) + n d(x, a))


a∈E

Montrer que les fn sont continues, à valeurs dans ]0, +∞[ et que fn
croit vers f .

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5 Correction des exercices
Exercice 4.1
1. Soit (xn , f (xn )) une suite de Γf qui converge vers (x, y). La suite (xn )
converge vers x et la suite (f (xn )) converge vers y. Puisque f est conti-
nue, on a nécessairement y = f (x) si bien que la limite (x, y) est dans
Γf . Ainsi, Γf est fermé dans E × F . La réciproque est fausse. En effet,
il suffit de considérer le cas E = F = R et f : R → R l’application
définie par
 1 , si x 6= 0

f (x) = x
0, si x = 0

La fonction f n’est pas continue et son graphe

Γf = {(0, 0)} ∪ {(x, 1/x) | x 6= 0}

comme réunion de deux fermés de R2 .


2. Considérons la fonction g : x 7→ (x, f (x)) sur E. Elle est continue et
bijective de E sur Γf . sa réciproque g −1 : (x, f (x)) 7→ x est continue.
Ainsi, g est un homéomorphisme de E sur Γf .
Comme application, on en déduit que G1 , G2 et G3 sont homéomorphes
à R ; ils sont donc deux à deux homéomorphes. 

Exercice 4.2
Soient f : E1 → E1′ et g : E2 → E2′ les deux homéomorphismes et h :
E1 × E2 → E1′ × E2′ l’application définie par

h(x1 , x2 ) = (f (x1 ), f (x2 ))

L’application h est continue, car ses composantes le sont ; de plus h est


bijective et sa réciproque h−1 : E1′ × E2′ → E1 × E2 , donnée par

h−1 (x′1 , x′2 ) = (f −1 (x′1 ), f −1 (x′2 ))

est continue, car ses composantes le sont. Ainsi, h est un homéomorphisme


de E1 × E2 dans E1′ × E2′ . 

Exercice 4.3
1. Supposons f continue et soit y ∈ f (A). Il existe x ∈ A tel que y = f (x).
Il existe aussi une suite (xn )n∈N d’éléments de A qui converge vers x.
Puisque f est continue la suite (f (xn )) converge vers f (x) = y, si bien
que y est dans f (A). On a donc f (A) ⊂ f (A).
Réciproquement, supposons que pour toute partie A de E, on ait

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f (A) ⊂ f (A). Soit Ω un fermé de F . Il s’agit de prouver que f −1 (Ω)
est fermé de de E. Posons A = f −1 (Ω) ; on a

f (A) ⊂ f (A) ⊂ Ω = Ω

Donc A ⊂ A et par suite A est un fermé de E. La fonction f est donc


continue sur E.
2. Supposons que f soit une application fermée l’inclusion A ⊂ A implique
que f (A) ⊂ f (A). Comme A est un fermé de E, f (A) est fermé de E,
c’est-à-dire f (A) = f (A). Il en résulte que

f (A) ⊂ f (A)

Réciproquement, supposons que f (A) ⊂ f (A) pour toute partie A de


E et montrons que f est fermée. Soit A un fermé de E, l’hypothèse dit
que f (A) ⊂ f (A) et par suite on a légalité f (A) = f (A), c’est-à-dire
que f (A) est un fermé.
o o
3. Supposons que f soit ouverte. On a A ⊂ A donc f A ⊂ f (A) et par
o
suite l’intérieur de f A est inclus dans l’intérieur de f (A). Comme f
o
est ouverte l’intérieur de f A lui est égal, cela implique
o
o ⌢
f A ⊂ f (A)

o
o ⌢
Supposons que f A ⊂ f (A) pour toute partie A de E. Soit A un
o
o ⌢
ouvert de E. On a A = A et donc f (A) ⊂ f (A). On a nécessairement
o

l’égalité f (A) = f (A) et donc f (A) est un ouvert de F .
4. Montrons que : f ouverte implique f fermée. Soit A un fermé de E.
Puisque ∁(f (A)) = f (∁A) est un ouvert, il s’ensuit que f (A) est un
fermé.
Montrons que : f fermé implique f −1 est continue. Soit A un fermé de
E, (f −1 )−1 (A) = f (A) est un fermé de F , donc f −1 est continue.
Enfin, montrons que : f −1 continue implique f est ouverte. Soit U un
ouvert de E, l’égalité (f −1 )−1 (U ) = f (U ) montre que f (U ) est un
ouvert. 

Exercice 4.4
1. Soit U un ouvert de E1 × E2 . On doit prouver que p1 (U ) est un ouvert
de E1 . Soit a1 ∈ p1 (U ), il existe a = (a1 , a2 ) ∈ U tel que p1 (a) = a1 .

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Puisque U est un ouvert, il existe un ouvert U1 de E1 contenant a1
et un ouvert U2 de E2 contenant a2 tels que U1 × U2 ⊂ U , par suite
p1 (U1 × U2 ) = U1 ⊂ p(U ). Ainsi, U1 est un ouvert contenant a1 et
inclus dans p1 (U ). Cela prouve que p1 (U ) est un ouvert de E1 .
2. L’ensemble F est un fermé de R2 , mais p1 (F ) =]0, +∞[ n’est pas un
fermé de R. 

Exercice 4.5
1. Soient (x et y deux éléments de E. Pour tout a de A,

d(x, A) ≤ d(x, a) ≤ d(x, y) + d(y, a)

Il s’ensuit que
d(x, A) ≤ d(x, y) + d(y, A)
En échangeant les rôle de x et y, on obtient

d(y, A) d(x, y) + d(x, A)

et par suite
| d(x, A) − d(y, A)| ≤ d(x, y
Cela montre que l’application x 7→ d(x, A) est lipschitzienne de rapport
1.
2. Posons
U = {x ∈ E | d(x, A) < d(x, B)}
V = {x ∈ E | d(x, A) > d(x, B)}
L’application x 7→ d(x, B) − d(x, A) est continue de E dans R. U et
V sont, respectivement, les images réciproques des ouverts ]0, +∞[ et
] − ∞, 0[, ce sont donc des ouverts de E. De plus, A ⊂ U et B ⊂ V . 

Exercice 4.6
1. Par définition,
diam(A) = sup d(x, y)
x,y∈A

On en déduit facilement que diam(A) ≤ diam(A). Montrons l’inégalité


inverse, c’est-à-dire que, pour tout x et y dans A

d(x, y) ≤ diam(A)

Soient x et y dans A. Il existe deux suites (xn ) et (yn ) dans A qui


convergent, respectivement, vers x et y. Pour tout n ∈ N, d(xn , yn ) ≤
diam(A). en faisant tendre n vers l’infini et en utilisant la continuité
de l’application distance, on obtient d(x, y) ≤ diam(A).

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2. Dans R, on considère A = [1, 2] ∪ {3}. On a
o
diam(A) = 2 et diam A = 1. 

Exercice 4.8
1. Supposons que, pour tout d ∈ D, f (d) = g(d). Soit x dans E = D,
il existe une suite (dn ) d’éléments de D qui converge vers x. Comme
f (dn ) = g(dn ) et comme f et g sont continues en x, par passage à la
limite on obtient f (x) = g(x). Ainsi, f et g coïcident sur E.
2. On pose a = f (1). Il est facile de voir que f (n) = an pour tout n ∈ Z et
f (r) = ar pour tout r ∈ Q. Soit x un réel, puisque Q est dense dans R,
il existe une suite (rn ) de Q qui converge vers x. L’égalité f (rn ) = arn
pour tout n et la continuité de f impliquent f (x) = ax. 

Exercice 4.10
1. Si p est l’indice de nilpotence de la matrice A, Ap−1 6= 0 et il existe
X0 non nul tel que Ap−1 X0 6= 0. la famille (X0 , AX0 , . . . , Ap−1 X0 ) est
libre dans Mn,1 (K), donc p ≤ n et An = Ap An−p = 0.
2. D’après la première question,

N = {A ∈ Mn (K) | An = 0}

N est l’image réciproque de {0} par l’application A 7→ An . Celle-ci


étant continue, on en déduit que N est un fermé.
o
3. Supposons que N soit d’intérieur non vide et soit N dans N . Il existe
r > 0 tel que
B(N, r) ⊂ N
Par suite N + (r/2)I est une matrice nilpotente ce qui est impossible
car N + (r/2)I est inversible et une matrice nilpotente n’est jamais
inversible. 

Exercice 4.11
1. On munit Md (K) de la borne subordonnée. Puisque la dimension de
Md (K) est finie, il suffit de montrer que Sn (A) est une suite de Cauchy.
Soit m > n,
m
X 1
k|Sm (A) − Sn (A)k| ≤ k|Ak|k
k!
k=n+1

La série de terme général k|Ak|k /k! est convergente vers ek|Ak| , donc le
second terme de l’inégalité précédente tend vers 0 quand n et m tendent
vers l’infini. On en déduit que (Sn (A)) est une suite de Cauchy.

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2. Voir l’exercice 9.9 du chapitre 2. 

Exercice 4.12
1. L’application f : X 7→ X 2 est continue sur Mn (R) et

Rac(A) = f −1 ({A})

Il en résulte que Rac(A) est un fermée de Mn (R).


2. Considérons la matrice d’ordre n suivante
   
Sp 0 1 0
Xp = avec Sp =
0 In−2 p −1

On vérifie que Xp2 = I et que kXp k tend vers l’infini avec p. Donc
Rac(In ) est non bornée.
3. Supposons qu’une telle norme existe, alors

kIk = kXp2 k ≥ kXp k2

ce qui est impossible puisque le second membre tend vers l’infini avec
p.
4. On raisonne par récurrence sur m ∈ N∗ . Le résultat est vrai pour
m = 1. Supposons qu’il est vrai pour m et soit p une fonction de
R[X1 , X2 , . . . , Xm ] qui s’annule sur I1 × I2 × · · · × Im+1 . La fonc-
tion polynomiale t 7→ p(x1 , x2 , . . . , xm , t) s’annule sur l’ensemble in-
fini Im+1 , donc elle est nulle. La fonction polynomiale (x1 , . . . , xm ) 7→
p(x1 , x2 , . . . , xm , t) s’annule sur I1 × I2 × · · · × Im , donc elle est nulle.
Cela prouve le résultat cherché.
5. Supposons que l’intérieur de Z(p) soit non vide. Le polynôme p s’annule
sur Z(p) donc sur son intérieur qui est un ouvert de m . Il existe donc
QRm
r > 0 tel que p s’annule sur la boule B∞ (a, r) = i=1 ]ai − r, ai + r[.
D’après la question précédente, p est nul ce qui est absurde, donc Z(p)
est d’intérieur vide.
6. On pose A = (aij ). Rac(A) est l’ensemble des matrices (xij ) ∈ Mn (K)
telles que
Xn
xik xkj − aij = 0, ∀i, j
k=1
Cela montre que
\ n
X
Rac(A) = Z(pij ) avec pij = xik xkj − aij
1≤i,j≤n k=1

Comme Z(pij ) est d’intérieur vide, pour tout i, j, on en déduit que


Rac(A) est d’intérieur vide. 

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Exercice 4.13
1. L’application qui à une matrice A associe son déterminant est continue.
SLn (K), étant l’image réciproque du fermé {1} par cette application,
est donc un fermé.
2. L’application t 7→ Det(A + tI) est polynomiale, donc l’équation
Det(A + tI) = 1
admet un nombre fini de solutions. Il suffit de prendre pour α la plus
petite solution strictement positive si elle existe, sinon on prend α =
+∞.
3. Supposons que SLn (K) est d’intérieur non vide. Soit A dans l’intérieur
de SLn (K). D’après la question précédente, la boule
B(A, α) = {X ∈ Mn (K) | k|X − Ak| < α}
n’est pas incluse dans SLn (K). D’où la contradiction. 
Remarque. On peut retrouver le fait que SLn (K) est d’intérieur vide en
remarquant que SLn (K) = Z(p) où p est un polynôme de n2 variables et
utiliser l’exercice précédent.

Exercice 4.14
1. Soit U un ouvert de Y . En posant fi = f |Ai , il vient
[
fi−1 (U ) = f −1 (U ) ∩ Ai et donc f −1 (U ) = fi−1 (U )
i∈I

Comme fi : Ai → Y est continue, fi−1 (U ) est ouvert dans Ai , donc


ouvert dans X, car Ai est un ouvert de X. Ainsi, f −1 (U ) est un ouvert
de X et par suite f est continue.
2. Soit F un fermé de Y . On a
[
f −1 (F ) = fi−1 (F )
i∈I

Les fi−1 (F ) sont des fermés dans X, comme ils sont en nombre fini,
leur réunion f −1 (F ) est fermée. la fonction f est donc continue. 

Exercice 4.15
1. On peut supposer que F est non vide. Pour n ∈ N∗ , on pose
On = {x ∈ E | d(x, F ) < 1/n}
L’application x 7→ d(x, F ) étant continue et On , étant l’image réci-
proque par cette application de l’ouvert ] − ∞, 1/n[, est un ouvert de
E. On a
\∞
On = {x ∈ E | d(x, F ) = 0} = F = F
n=1

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2. On peut supposer U 6= E. On pose F = E\U et

Fn = {x ∈ E | d(x, F ) ≥ 1/n}

Il est clair que Fn est un fermé de E et



[
Fn = {x ∈ E | d(x, F ) > 0} = U 
n=1

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