Cours Sur Les Acteurs Du Cyberespace

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 10

LES 

ACTEURS DU DROIT DU CYBERESPACE. 

Auteur : CISSE Abdoullah 

Les apprenants au terme du module seront en mesure de : 

• Identifier les catégories d’acteurs évoluant dans l’environnement du cyberespace ; 
• Elaborer   des   stratégies   nationales   de   coordination   des   compétences   entre   les 
acteurs intervenant dans le cyberespace ; 
• Analyser   les   opportunités   et   les   risques   liés   à   l’interaction   entre   les   différentes 
catégories d’acteurs ; 
• Permettre   à   l’apprenant   de   faire   le   point   sur   contraintes   relatives   au   processus 
international de prise de décision. 

Description : 
Le module sur les acteurs du droit du cyberespace cherche à établir une cartographie des 
divers acteurs intervenant dans l’environnement des TIC, tout en s’intéressant à la place et 
au   rôle   joué   par   chaque   catégorie   d’acteur   séparément   ou   en   interagissant   avec   les 
autres.
      INTRODUCTION.

La   participation   aux   activités   dans   le   cyberespace   met   en   scène   une   diversité 


d’acteurs  qui  n’ont de  point  commun  que  l’utilisation  du  medium  technologique  le  plus 
souvent. Ce constat dressé de manière anecdotique indique le caractère cosmopolite des 
cybernautes.   Il   renvoie   en   outre,   à   une   réalité   sans   doute   plus   complexe   et   à   une 
interaction   plus   accentuée   que   dans   l’environnement   physique.  

Le cyberespace est par excellence le lieu d’une nouvelle socialisation d’architecture 
cybernétique et de type interactif. De ce fait, le niveau de connectivité entre les structures 
étatiques et sociétales détermine dans une large mesure l’identité et la qualité des acteurs 
intervenant dans le cyberespace interne. Espace transfrontière, le cyberespace met en 
relation des acteurs issus de cultures différentes et soumis à une législation distincte. Par 
conséquent, la distribution des groupes d’acteurs se fera au moyen des centres d’intérêts 
ou des valeurs partagées par les cybernautes, et ce, de manière transfrontière. Au­delà du 
critère   territorial,   la   communauté   des   cybernautes   (ayant   pour   lien   de   regroupement 
objectif   l’usage   des  fonctionnalités  de   cyberespace),   entité   formellement   homogène   se 
distingue par la variabilité des ses composantes. En effet, l’acceptation paradigmatique du 
vocable cybernaute ou celui d’acteur pour désigner un usager du cyberespace traduit la 
reconstitution d’un ensemble de structures ou d’individus mettant en relation des Etats, 
des organisations intergouvernementales ou non gouvernementales, le secteur privé, la 
société civile   ou  simplement  le   citoyen.  Ce   premier   niveau  d’articulation   dissimule   une 
organisation plus complexe en fonction de la spécialisation des participants au système. 
Aussi, selon que l’architecture (matériels, logiciels, connexion, etc.) est en cause, ou selon 
que le contenu est à définir, ou même la régulation des deux, la typologie des acteurs 
intervenant   dans   le   cyberespace   est   susceptible   de   connaître   des   variations.

L’enjeu d’une étude des acteurs du cyberespace révèle la nécessité de dresser une 
cartographie   des  interventions  suivant  un  ensemble   de   critères  relatifs  à  :  l’identité,  la 
nature, la spécialité et la fonction jouée par chacune des composantes. Un recentrage 
fonctionnel   de   l’application   de   ces   critères   aux   entités   du   cyberespace   aurait   pour 
conséquence, d’appréhender les instances ayant une vocation générale (chapitre I) à côté 
des instances dont la compétence est exclusive (Chapitre II) avant de voir le cas particulier 
des acteurs de la société civile (Chapitre III).
Chapitre I : Les acteurs du cyberespace à compétence générale ou 
transversale.  

Le   cyberespace   est   une   métaphore   spatiale   de   l’espace­temps   physique   et   des 


relations   qui   s’y   nouent   entre   particuliers   ou   entre   partenaires   institutionnels.  

Cette   brève   description   d’Internet   et   des   réseaux   répond   à   un   souci   plus 


pragmatique   de   localisation   des   acteurs,   qu’à   une   préoccupation   ontologique   liée   à 
l’essence   du   cyberespace.   Ainsi   caricaturé,   le   cyberespace   offre   l’opportunité   de   voir 
s’agréger   les  
entités du monde physique autour des moules traditionnels consécutifs à l’avènement de 
l’Etat­Nation.  
      
La   reproduction   partielle   de   la   répartition   binaire   des   organismes   du   monde 
physique dans l’environnement virtuel donnerait à voir la présence des acteurs publics 
(section 1) et des acteurs privés (section 2).
 
Section 1 : Les acteurs publics. 

La   qualification   «   public   »   de   l’acteur   en   cause   est   établie   en   fonction   de   sa 


catégorisation par l’ordre juridique interne ou international ou par le degré de rattachement 
de l’instance à l’organisation ou au fonctionnement des premiers. Dans tous les cas, il 
serait aisé de regrouper les acteurs publics selon un critère géographique de compétence 
et de distinguer, ceux intervenant au niveau international (parag. 1) de ceux ayant pour 
cadre d’activité le territoire national(parag. 2).  

  
 Parag. 1 : Les acteurs publics internationaux.
 

Le régime des acteurs publics internationaux relève du droit international public de 
manière   traditionnel.   La   reconnaissance   des   instances   et   les   missions   qui   leurs   sont 
assignées trouvent un fondement juridique et éthique dans la conscience historique du « 
droit   des   gens   »,   telle   conçue   par   les   précurseurs   de   la   matière.   Seulement,   le 
cyberespace, en raison de sa nature transfrontière possède de façon consubstantielle les 
germes de l’internationalité. Il en résulte une certaine particularité de la qualification d’ « 
international   »   à   un   organisme   y   intervenant.   Aussi,   par   souci   de   simplification, 
l’acceptation d’organisation internationale au sens du droit international public sera reprise.
 
Parmi   les   organismes   internationaux   intervenant   dans   le   cyberespace,   les 
organisations   politiques   semblent   occupées   une   place   importante.   L’Organisation   des 
Nations Unies et ses différents démembrements se positionnent dans le management de 
la société de l’information. Ainsi, la définition des politiques publiques par les instances 
bénéficiant   d’une   représentativité   élargie   transpose   simplement   les   procédures 
d’intervention du monde réel au monde virtuel. En effet, les déclarations et plan d’actions 
adoptés sous l’égide des Nations Unies servent de principes directeurs aux législations 
nationales   destinées   à   être   directement   applicable   au   cyberespace.  
       
A   côté   des   Nations   Unies,   d’autres   organisations   internationales   à   vocation 
générale par rapport à la spécificité technique du cyberespace jouent un rôle important à 
divers niveaux. Il s’agit souvent, d’organismes régionaux ou dont la compétence s’étend à 
un domaine transversal intéressant Internet. Ainsi, l’Afrique est représentée par l’UA, la 
CEA et par le NEPAD qui à un volet important sur le renforcement de l’utilisation des TIC 
par les pays en développement, l’OHADA, l’UEMOA et la CEDEAO qui ont chacun pour sa 
part   une   politique   régionale   sur   l’environnement   juridique   des   TIC.   En   effet,   avec   des 
projets   d’harmonisation   des   législations   nationales   sur   les   TIC,   ces   instances 
communautaires participent à la construction d’un cyberdroit africain plus conforme avec 
les réalités continentales. Sous le couvert de la coopération internationale, les instances 
africaines élaborent des cadres de concertation et des politiques communes avec l’OCDE, 
le CNUCED, l’UE ou d’autres organisations internationales. Les initiatives issues de ces 
rencontres   forment   un   ensemble   pertinents   de   documents   et   d’institutions   en   mesure 
d’accroître   la   participation   africaine   au   processus   de   décision   internationale.
       
Une autre dimension majeure du volet international concerne les ONG. En effet, 
l’action des ONG en faveur du développement des TIC dans les pays en développement. 
Le cas de l’Afrique est assez symbolique de  ce type de relation  nouée  en marge  des 
cadres formels de négociations internationales. 

Parag. 2 : Les acteurs publics nationaux. 

L’Etat reste la principale constante dans la hiérarchie des organismes intervenant 
dans le cyberespace au niveau national. De  conception souverainiste, l’implication des 
acteurs publics locaux obéit aux mêmes rapports hiérarchiques que dans l’administration. 
Ainsi,   les   organes   centraux   de   l’Etat   regroupés   autour   des   ministères   chargés   des 
télécommunications   ou   des   TIC   dans   les   pays   africains   coordonnent   la   politique 
gouvernementale en la matière. Les ministères sont appuyés par un ensemble de services 
spécialisés et souvent proches des autorités administratives indépendantes. Au Sénégal 
par   exemple,   le   ministère   des   télécommunications   s’appuie   sur   des   régulateurs   (ART, 
HCA)   et   des  services  spécialisés   (ADIE,  APIX)  pour   promouvoir   les   orientations  de   la 
société sénégalaise de l’information et contrôler les activités des acteurs intervenant dans 
le cyberespace. Pour la plupart des pays africains, les organes centraux sont directement 
rattachés au sommet de l’Etat soit par le biais des services de la Présidence (le cas du 
Sénégal),   soit   à   travers   la   Primature   (le   cas   du   Niger).
       
La décentralisation a poussé les autorités centrales à une plus large intégration des 
acteurs locaux dans la gestion des affaires publiques. Il en ressort, comme dans les pays 
développés où l’administration décentralisée détient un certain nombre de prérogatives. 
En effet, en France, suite au décret du 25 mai 2001, les collectivités publiques peuvent 
proposer   des   documents   administratifs   en   ligne.   Au   Sénégal,   l’expérience   du   service 
public  d’état  civil  en  ligne  est en  train  de  doter  les collectivités locales d’une  véritable 
expérience en la matière. Pour ces entités, la décentralisation numérique conduirait à la 
reproduction des prérogatives de la décentralisation territoriale est de ce fait, contribue à 
fixer   un   régime   juridique   propre   au   cyberdroit.
       
Les   entreprises   publiques   et   autres   composantes   spécifiques   de   l’administration 
connaissent une invite identique en tant que membre de la communauté des internautes. 
Les   entreprises   nationales   surtout   tournées   vers   les   télécommunications   jouent   à   cet 
égard   un   rôle   important   dans   la   dématérialisation   de   certains   services.
       
L‘agencement   des   acteurs   publics   intervenant   dans   le   cyberespace   laisse 
transparaître   une   certaine   juxtaposition   des   rapports   du   droit   international   public   dans 
Internet. Seulement, le cyberespace présenté comme cadre de liberté, il serait souhaitable 
d’envisager le comportement des instances privées. 

Section 2 : Les acteurs privés. 

L’admission du secteur privé comme entité autonome en compagnie des Etats et de 
la société civile a un soubassement idéologique lié au triomphe de l’économie de marché 
sur   les   autres   systèmes   à   vocation   organisationnelle.   Confrontés   au   cyberespace,   les 
mécanismes   de   l’économie   de   marché   se   sont   adaptés   au   point   de   se   situer   en 
concurrence   directe   avec   les   autorités   publiques   dans   la   régulation   des   relations   qui 
s’établissent   autour   de   l’accès   et   de   l’utilisation   des   ressources   du  
monde   virtuel.   De   part   et   d’autre   des   frontières,   l’on   assiste   aux   manifestions 
considérables de l’action du secteur privé international (parag. 1) à côté de celui national 
(parag. 2). 

Parag. 1 : Le secteur privé international. 

C’est devenu commun que d’admettre la  forte  influence exercée par les acteurs 


privés   sur   les   cadres   de   décision   internationale   relatifs   à   Internet.   Les   entreprises 
multinationales évoluant dans le secteur des TIC ou ayant des intérêts dans le commerce 
en  ligne  sont  davantage  associées dans le choix  des politiques publiques destinées  à 
promouvoir   une   utilisation   équitable   d’Internet   et   de   ses   ressources   informationnelles. 
Cette médiation du secteur privé transnational s’inscrit dans un contexte de diversification 
des sources du droit du cyberespace, voire de légitimation des instances informelles de 
production normative. Pour toutes ces considérations, les acteurs privés transnationaux 
sont considérés comme des partenaires privilégiés des acteurs publics dans le processus 
de   régulation   juridique   et   sociale   du   cyberespace.
       
« Des organismes tels que les Americas Business Forum, World Business Council  
for   Sustainable   Development,   Global   Information   infrastructure   Commission  et  Global  
Business Dialogue for e­commerce  (porte­parole des 40 entreprises les plus puissantes 
dans le secteur des technologies d’information et de communication) sont devenus des 
acteurs importants par rapport à l’évolution des politiques publiques à propos d’Internet, 
notamment du point de vue du commerce électronique »1  . La marge de progression de la 
participation   des   acteurs   du   secteur   privé   international   croît   considérablement   avec   le 
développement du commerce en ligne. Ainsi, le risque d’assister à une prolifération de 
normes d’origine conventionnelle et partant du rôle des pouvoirs privés économiques est 
manifeste.  

En   Afrique,   le   pouvoir   privé   transnational   s’organise   autour   des   organisations 


1 Abdoullah CISSE, « Vers la rationalisation de la gouvernance internationale d’Internet », in 
http://egov.unitar.org/spip/article159.html
patronales   et   économiques   qui   vise   à   promouvoir   l’entreprenariat   africain   grâce   aux 
activités   marchandes   en   ligne.   A   une   échelle   plus   réduite,   une   même   volonté   de 
participation du secteur privé existe.

Parag. 2 : Le secteur privé national. 

L’engagement   du   secteur   privé   national   est   perceptible   à   travers   la   densité   des 


indices de participation relevés dans le cyberespace. D’un point de vue matériel, il s’agirait 
de voir le nombre de sites mis en ligne par les acteurs qui offre contre une prestation 
précise des produits ou services en ligne. Tandis que, d’un point de vue substantiel une 
quantification des conventions ayant pour objet l’échange de biens et services en ligne 
pourrait s’affirmer comme indicateur de performance. Dans les deux situations, la part de 
l’Afrique   paraît   marginale   vis­à­vis   du   reste   du   monde,   mais   elle   existe.  
       
La   mise   en   ligne   d’offres   de   produite   ou   de   services   par   les   entreprises 
commerciales nationales est en train de devenir un phénomène presque incontournable 
de   l’environnement   des   affaires.   Aussi,   les   activités   d’e­banking  connaissent   un   essor 
important (un peu partout en Afrique, les grandes banques disposent de sites Internet où il 
est possible d’effectuer des opérations sur son compte par les clients). De même, d’autres 
secteurs de la vie des affaires prennent une part active aux relations qui se nouent dans le 
cyberespace.   Cette   tendance   réconforte   l’idée   d’un   transfert   des   échanges   du   monde 
physique vers le monde virtuel avec des implications juridiques similaires. En droit des 
obligations par exemple, la l’admission de la preuve et de la signature électroniques dans 
les contrats conclus en ligne est un des thèmes majeurs de discussions entre juristes et 
praticiens.
       
Ainsi, à défaut de parler d’une véritable cristallisation des acteurs locaux dans le 
cyberespace, il est possible de percevoir les prémisses d’une participation accrues des 
entreprises   privées   en   Afrique,   surtout   celles   s’investissant   dans   le   secteurs   des   TIC. 
Cette tendance est du reste facilitée par les efforts des organismes dont la compétence 
sectorielle est directement liée à la promotion des TIC. 
Chapitre II : Les acteurs à compétence exclusive 
ou sectorielle. 
Fort   de   leur   expérience   ou   en   raison   d’une   compétence   d’attribution,   des 
organismes divers sont dédiés à la régulation d’Internet. Dans le cadre de l’intervention de 
ces acteurs, il y’a lieu de distinguer deux catégories de participants, d’un côté, le caractère 
éminemment technique d’Internet conduit à l’existence de régulateurs technique (section 
1),   de   l’autre,   les   incidences   juridiques   de   la   régulationprovoque   la   mise   en   place   de 
régulateurs mixtes (section 2). 

Section 1 : Les régulateurs techniques. 

La famille des régulateurs techniques met en évidence la cohabitation entre deux 
niveaux   d’intervention.   D’une   part,   existe   des   organismes   qui   sont   impliqués   dans   la 
régulation de l’architecture du cyberespace, et de ce fait ont une compétence générale 
(parag.   1)   et   d’autre   part,   des   organes   intervenant   dans   la   gestion   de   certaines 
fonctionnalités du cyberespace conduisant à une prérogative restreinte(parag. 2). 

 Parag. 1 : Les régulateurs techniques généraux.
    

L’amélioration   des   performances   du   cyberespace   n’a   de   cesse   d’entraîner   une 


multiplication   des   associations   poursuivant   un   objectif   technique   s’harmonisation   des 
programmes et langages informatiques. Parmi celles­ci, deux ou trois retiennent le plus 
souvent l’attention en raison de leur histoire particulière ou de leur audience internationale 
: le W3C (World Wide Web), l’Internet Engineering Task Force (IETF) ou encore l’ICANN 
(l’Internet   Corporation   for   Assigned   Names   and   Numbers).
       
L’ICANN a pour mission principale d’ « allouer l’espace des adresses de protocole 
Internet (IP), d’attribuer les identificateurs de protocole, de gérer le système de nom de 
domaine de premier niveau pour les codes génériques (g TLD) et les codes nationaux (cc 
TLD), et d’assurer les fonctions de gestion du système de serveurs racines »   . L’ICANN  2

est présente en Afrique, où AfriNIC qui est le cinquième registre régional d’Internet devra 
jouer   un   rôle   important   dans   la   régulation   technique   du   cyberespace.
      
L’IETF s’intéresse directement aux caractéristiques qui ont pour objet l’architecture 
d’Internet. Aussi, les aspects qui concernent les réseaux, les fournisseurs d’accès, des 
protocoles   (IPv6)   sont   débattus   et   traités   en   son   sein.   L’IETF   est   appuyée   par   l’ISOC 
(Internet   Society)   qui   vise   la   coopération   internationale   dans   le   domaine   d’Internet.
       
Le   W3C   est   quant   à   lui   associé   au   développement   des   programmes   et   codes 
devant facilités l’utilisation des ressources informationnelles du cyberespace. La structure 
de son organisation et son mode de fonctionnement originale lui assure une envergure 
technique   et   normative   intéressante.   En   vue   de   prolonger   l’activité   des   régulateurs 
généraux,   d’autres   structures   à   portée   plus   restreinte   interviennent   aussi   dans   la 

2 Les informations sur l’historique et les compétences de l’ICANN sont disponibles sur son site : 
http://www.icann.org
régulation d’Internet.

Parag. 2 : Les régulateurs techniques spécialisés. 

Les  technologies de l’information  et de  la communication intègrent des supports 


techniques d’origines diverses, comme le symbolise le recours à la notion de convergence 
pour   désigner   l’intégration   progressive   des   savoir­faire   sectoriels.
       
Cette catégorie regroupe les organisations professionnelles dans les secteurs de 
l’électricité,   de   l’électronique   ou   des   communications   qui   développent   des   normes 
d’utilisation   ou   de   sécurité   en   rapport   avec   la   problématique   générale   des   TIC.   Les 
régulateurs techniques spécialisés sont à l’origine de normes qui interagissent avec les 
possibilités définies par l’architecture d’Internet en vue de doter l’utilisateur des meilleures 
conditions d’exploitation souhaitables. En Afrique, de tels organismes existent souvent à 
l’initiative des entreprises privées ou dans les milieux universitaires comme spécialisation 
professionnelles. Toutefois, l’importance de la dimension technique d’Internet ne saurait 
occulter la présence de régulateurs sociaux. 

Section 2 : Les acteurs de la régulation mixte. 

Le volet social de la régulation d’Internet est régi par un ensemble d’organes situé 
tant au niveau international (parag. 1), qu’au niveau des Etats (parag. 2).

Parag. 1 : A l’échelle internationale. 

La plus ancienne et la plus connue des organismes   de régulation technique est 
sans   doute   l’UIT   (Union   Internationale   des   Télécommunications).   Organe   à   caractère 
technique, l’UIT s’est distinguée ces dernières décennies par son implication dans la mise 
en   place   d’une   société   mondiale   de   l’information   sous   l’égide   des   Nations   Unies. 
L’exemple du Forum régional de l’UIT pour l’Afrique (Dakar, 29­31 juillet 2003) est assez 
illustratif   des   démarches   entreprises   par   l’organisation   en   vue   de   promouvoir   la 
gouvernance   internationale   d’Internet.   L’UIT   s’engage   en   outre   dans   les   domaines   de 
radiocommunications et de normalisation des télécommunications en vue de contribuer à 
l’interconnectivité   entre   les   systèmes   nationaux   de   communications.
       
A l’instar de l’UIT, l’OMC tout comme l’OMPI cherchent à bien négocier l’influence 
des TIC sur leur domaine d’intervention. Il en est ainsi des stratégies de régulation de l’e­
commerce par l’OMC ou la gestion de la propriété intellectuelle par l’OMPI. Sur ces deux 
points,   divers   accords   sont   issus   des   négociations   passées   ou   en   cours   dans   la 
perspective   d’une   rationalisation   des   efforts   étatiques   de   réguler   ces   secteurs.
       
Au niveau africain, les démembrements des organisations internationales tentent le 
pari   de   l’adaptation   des   évolutions   mondiales   au   contexte   et   moyens   des   Etats,   sans 
toutefois   oublier   le   rôle   joué   par   les   organismes   communautaires   tel   que   l’ARTAO 
(Association des régulateurs de télécommunication de l’Afrique de l’Ouest). Ainsi, l’ARTAO 
qui opère dans la zone CEDEAO poursuit un objectif d’harmonisation des législations en 
vue de promouvoir le service universel (les points retenus par le plan stratégique 2005­
2008).   En   prolongement   de   ces   initiatives   internationales,   des   régulateurs   nationaux 
entendent relever le défi d’une implication correcte de tous dans le cyberespace.

Parag. 2 : A l’échelle nationale. 

Sans prétendre à l’exhaustivité, la typologie des organisations nationales vouées à 
la   régulation   du   cyberespace   concerne   souvent   les   autorités   administratives 
indépendantes chargées de veiller au bon fonctionnement des mécanismes induits par la 
privatisation   et   la   libéralisation   du   secteur   des   télécommunications.   Dans   l’espace 
CEDEAO   par   exemple,   il   s’agit   des   organismes   membres   de   l’ARTAO,   tels   que   l’ART 
(Sénégal), DPPT (Bénin), ARTEL (Burkina Faso), ATCI (C.I), NCC (Nigeria), CRT (Mali) ou 
encore le NCA (Ghana). Toutes ces organisations oeuvrent au plan national à maintenir un 
niveau approprié d’intégration des TIC dans le processus de développement des pays. En 
outre, les prérogatives réglementaires attribuées à ces entités contribuent à asseoir un 
contrôle   plus   pragmatique   des   activités   des   acteurs   privés   dans   les   domaines   de 
l’interconnexion,   la   tarification   et   l’Internet   haut­débit.
       
Par   ailleurs,   d’autres   organes   similaires   aux   régulateurs   du   secteur   des 
télécommunications exercent des responsabilités dans la régulation légale. Il s’agit par 
exemple du HCA (Haut Conseil de l’Audiovisuel) au Sénégal chargé de réguler les média 
publics et privés, notamment les radios et les télévisions. Des instances similaires existent 
dans la sous­région, autonome ou pas, en appoint aux activités des ministères chargés 
des télécommunications. Cette spécialisation fonctionnelle concerne aussi les secteurs de 
l’électricité   et   de   l’électronique.  
       
Avec le développement de la messagerie instantanée en ligne, un autre service a 
du s’adapter aux évolutions touchant l’acheminement du courrier, il s’agit de la poste. En 
effet, les services postaux connaissent un début de dématérialisation de leurs services, 
afin de  faire  face  à la concurrence des  sites  proposant  des formes  de  communication 
instantanées   ou   différées   en   ligne.  
       
Le secteur privé est l’un des deux acteurs­clés du cyberespace en compagnie de la 
société civile. 

 
Chapitre III : Les acteurs de la société civile.  

Le   concept   de   société   civile   est   une   réalité   composite   regroupant   aussi   des 
associations   transnationales,   régionales,   nationales   et   locales,   que   des   individus   qui 
militent pour une cause déterminée ou revendique un droit précis. Les négociations de 
l’OMC sur le commerce internationale ont mis en évidence la variabilité et l’intensité des 
revendications   collectives   sur   plusieurs   thématiques   différentes.   L’Internet   non   plus   a 
échappé à ce nouveau phénomène soucieux d’une plus grande équité dans l’accès et la 
régulation   du   cyberespace.
       
Collectif. Le premier sommet mondial sur la société de l’information a permis à de 
nombreuses   associations   représentatives   de   média   ou   de   sensibilités   culturelles   de 
participer  aux réunions préparatoires en  vue  de répercuter  dans les actes finaux leurs 
préoccupations.   Ainsi,   la   Prepcom   de   Bamako   aura   donné   à   l’Afrique   l’opportunité   de 
réunir les acteurs de la société civile et de mettre en évidence les manifestations de la 
fracture   numérique.   Plus   récemment   encore,   l’UNESCO   à   travers   ses   rencontres 
thématiques   préparatoires   au   Sommet   de   Tunis   tente   de   soulever   l’importance   des 
questions   linguistiques   et   culturelles   dans   leurs   interactions   avec   le   cyberespace.   Ces 
enjeux cruciaux pour le continent africain révèle une synergie régionale structurée autours 
de revendications communes et dont le point culminant est sans aucun doute le concept 
de   fracture   numérique   que   tente   de   juguler   la   solidarité   numérique,   autre   création 
africaine. En relation avec les spécificités africaines, une société civile internationale tisse 
sa   toile   dans   le   cyberespace   grâce   aux   forums   sur   Internet.   Elle   œuvre   pour   la 
reconnaissance de la liberté d’expression, la liberté de navigation, liberté d’accès entre 
autres besoins. En effet, il est assez symptomatique de constater l’absence permanente 
des membres de la société civile dans les instances de prise de décision internationale. 
En Afrique surtout, cette absence est renforcée par le gap numérique qui prolonge ses 
avatars   dans   le   monde   physique.
       
Individuel. C’est la transcription de la notion de citoyen du cyberespace qui incarne 
le mieux la dimension individuelle de la société civile. En effet, l’homme est opposé à l’Etat 
et au marché dans sa relation avec le cyberespace. D’un côté survient la question des 
libertés   face   au   cyberdroit,   de   l’autre   intervient   les   droits   des   consommateurs   face   à 
l’emprise   croissante   du   marché   dans   le   cyberespace.   Entre   les   deux,   se   dresse   les 
préoccupations sociales autour de la langue, la culture, l’éducation voire le bien­être tout 
simplement. Le cybernaute africain, en particulier, devra surmonter les termes de cette 
équation   pour   envisager   sa   participation   réelle   à   l’animation   et   la   régulation   du 
cyberespace. 

Vous aimerez peut-être aussi