La Religion Cours
La Religion Cours
La Religion Cours
Tout d'abord, la religion est affaire de croyances. On peut donc ranger toutes les
consciences humaines dans la classification suivante :
• le théisme : croire au divin et croire que ce divin a une forme précise et identifiable
(toutes les religions sont des théismes)
• le déisme : croire sans savoir à quoi on croit
• l'agnostique : l'agnostique réserve son jugement, il ne sait pas, il ne croit pas
• l'athée : croire que les dieux n'existent pas, affirmer la non existence du divin
Problématiques :
2) Vraie et fausse religion : qu'est-ce qui distingue une religion authentique d'une religion
dévoyée ? La religion authentique n'est-elle pas d'abord tournée vers le désir de permettre
à chaque être humain de sanctifier son existence, de se détourner de sa vie profane pour
être ? Mais n'existe-t-il pas un risque que le discours religieux serve à manipuler l'être
humain ? Maîtriser les croyances des êtres humains, n'est-ce pas maîtriser leur
conscience ? Qu'est-ce qui distingue une religion authentique d'une secte ?
A) Le sacré et le profane
basée sur le désir, sur les élans du le sacrement du mariage est un acte
corps et du cœur : on retrouve initiatique au cours duquel l'individu meurt
l'immanence (ce que je ressens au et le couple apparaît
moment présent dans cette réalité les époux deviennent « une seule chair »
détermine ma volonté)
La vérité est que la religion, étant coextensive à notre espèce, doit tenir à notre structure. […] On se
l'explique fort bien […] il suffit pour cela de replacer l'homme dans l'ensemble des vivants, et la psychologie
dans la biologie. Considérons, en effet, un animal autre que l'homme. Il use de tout ce qui peut le servir.
Croit-il précisément que le monde soit fait pour lui ? Non, sans doute, car il ne se représente pas le monde,
et n'a d'ailleurs aucune envie de spéculer. Mais comme il ne voit, en tout cas ne regarde, que ce qui peut
satisfaire ses besoins, comme les choses n'existent pour lui que dans la mesure où il usera d'elles, il se
comporte évidemment comme si tout était combiné dans la nature en vue de son bien et dans l'intérêt de
son espèce. Telle est sa conviction vécue ; elle le soutient, elle se confond d'ailleurs avec son effort pour
vivre. Faites maintenant surgir la réflexion : cette conviction s'évanouira ; l'homme va se percevoir et se
penser comme un point dans l'immensité de l'univers. Il se sentirait perdu, si l'effort pour vivre ne projetait
aussitôt dans son intelligence, à la place même que cette perception et cette pensée allaient prendre,
l'image antagoniste d'une conversion des choses et des événements vers l'homme : bienveillante ou
malveillante, une intention de l'entourage le suit partout, comme la lune paraît courir avec lui quand il court.
Si elle est bonne, il se reposera sur elle. Si elle lui veut du mal, il tâchera d'en détourner l'effet. De toute
manière, il aura été pris en considération. Point de théorie, nulle place pour l'arbitraire. La conviction
s'impose parce qu'elle n'a rien de philosophique, étant d'ordre vital.
Selon Bergson, l'être humain est un animal religieux. Les croyances religieuses
dérivent directement de l'évolution naturelle de notre espèce. En effet, notre conscience
s'est éveillée, elle est devenue réfléchie. Cette conscience réfléchie permet à l'être humain
de se spécialiser dans la fabrication d'outils, ainsi notre intelligence est avant tout une
intelligence « fabricatrice » qui se confronte à la matière. Mais ce pouvoir de réfléchir et de
se poser des questions ne s'éteint pas lorsque l'être humain a fini de fabriquer ou d'utiliser
ses outils. La difficulté de notre espèce, c'est que les individus humains pensent tout le
temps.
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que l'homme religieux assume une humanité qui a un modèle
trans-humain, transcendant. Il ne se reconnaît véritablement homme que dans la mesure où il imite les
Héros civilisateurs ou les ancêtres mythiques. Bref, l'homme religieux se veut autre qu'il ne se trouve être
sur le plan de son expérience profane. L'homme religieux n'est pas donné : il se fait lui-même, en
s'approchant des modèles divins. (…) On ne devient homme véritable qu'en se conformant à l'enseignement
des mythes, en imitant les dieux.
Rappel : être humain → conscience réfléchie → ignorance + égoïsme débridé (qui n'est
plus limite par l'instinct)
Mais nous allons maintenant voir que la religion a une deuxième fonction : elle ne
se contente pas de combler notre ignorance, elle règle notre égoïsme, elle apprend à l'être
humain l'autonomie, la capacité de se régler soi-même.
Lorsque nous disons que l'être humain a un problème avec son égoïsme, nous
sommes un peu caricaturaux. Comme les autres animaux, l'être humain a des pulsions,
égoïstes et altruistes. Le problème, c'est que nous n'avons pas une nature instinctive qui
donne une forme à ces pulsions, c'est à nous-mêmes de construire notre propre forme.
L'être de l'homme relève de sa propre responsabilité. C'est pourquoi le désir de l'être
humain, c'est le désir d'être, mais ignorance donc recherche d'un modèle (René Girard,
Désir mimétique).
Et effectivement, toutes les religions présentent à l'être humain un modèle
transcendant qui permet à celui qui suit ce modèle de s'élever au-dessus de ses
imperfections et de se réaliser.
Ainsi, dans la dynamique religieuse, le bonheur a un sens très précis : c'est
l'achèvement, la réalisation de sa propre vocation. Le point commun de toutes les religions
sur la notion de vocation, c'est l'idée de se soumettre à des normes, à des impératifs
moraux, s'écarter des mauvais chemins.
II Qu'est-ce qui différencie les religions authentiques des dérives sectaires
des religions ?
Puisque vous jugez à propos de me demander quelle est mon opinion sur la tolérance que les
différentes sectes religieuses doivent avoir les unes pour les autres, je vous répondrai franchement qu'elle
est, à mon avis, le principal caractère de la véritable Église. Les uns ont beau se vanter de l'antiquité de
leurs charges et de leurs titres, ou de (…) l'orthodoxie de leur foi (car chacun se croit orthodoxe) ; tout cela,
dis-je, et mille autres avantages de cette nature, sont plutôt des preuves de l'envie que les hommes ont de
dominer les uns sur les autres, que des marques de l'Église véritable. Quelques justes prétentions que l'on
ait à toutes ces prérogatives, si l'on manque de charité, de douceur et de bienveillance pour le genre humain
en général, même pour ceux qui ne sont pas religieux, à coup sûr, l'on est fort éloigné d'être religieux soi-
même. « Les rois des nations dominent sur elles, mais il n'en doit pas être de même parmi vous. » (Luc XXII,
25, 26.)
Le but de la véritable religion est tout autre chose : elle n'est pas instituée pour établir une vaine pompe
extérieure, ni pour mettre les hommes en état de parvenir à la domination ecclésiastique, ni pour
contraindre, par la force ; elle nous est plutôt donnée pour nous engager à vivre suivant les règles de la vertu
et de la piété. Tous ceux qui veulent s'enrôler sous l'étendard d'une Église, quelle qu'elle soit, doivent
d'abord déclarer la guerre à leurs vices et à leurs passions. C'est en vain que l'on prend le titre de religieux,
si l'on ne travaille à se sanctifier et à corriger ses mœurs ; si l'on n'est doux, affable et débonnaire.
Religion secte
Exemple d'une secte : la secte Aum au Japon avec son gourou Shoko Asahara.
III Les critiques de la religion : la religion n'est-elle qu'une illusion dont l'être
humain doit se libérer ?
3) Freud
Selon Freud, les croyances religieuses sont des projections inconscientes des
images paternelles et maternelles. Il y a donc dans la religion quelque chose qui est de
l'ordre de la régression infantile.
La toute puissance de Dieu, nous en avons fait l'expérience quand nous avions
quatre ans.
Le sentiment océanique (l'impression de ne faire qu'un avec le reste de l'univers),
c'est l'expérience des fœtus et du nourrisson dans les premiers mois de sa vie.
4) Marx
Voici le fondement de la critique irréligieuse : c'est l'homme qui fait la religion et non la religion qui
fait l'homme. À la vérité, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi de l'homme qui, ou bien ne
s'est pas encore conquis, ou bien s'est déjà de nouveau perdu. Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait
recroquevillé hors du monde. L'homme, c'est le monde de l'homme, c'est l'État, c'est la société. Cet État,
cette société produisent la religion, une conscience renversée du monde parce qu'ils sont eux-mêmes un
monde renversé. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa
logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale,
son complément cérémoniel, son universel motif de consolation et de justification. Elle est la réalisation
chimérique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine ne possède pas de réalité véritable. Lutter
contre la religion, c'est donc indirectement lutter contre ce monde là, dont la religion est l'arôme spirituel.
La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation contre la
misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l'âme d'un monde sans cœur, de même
qu'elle est l'esprit d'un état de choses où il n'est point d'esprit. Elle est l'opium du peuple.
Nier la religion, ce bonheur illusoire du peuple, c'est exiger son bonheur réel. Exiger qu'il abandonne
toute illusion sur son état, c'est exiger qu'il renonce à un état qui a besoin d'illusions. La critique de la religion
contient en germe la critique de la vallée de larmes dont la religion est l'auréole. […] La critique du ciel se
transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie
en critique de la politique.
Comme Spinoza, Nietzsche et Freud, Marx affirme que le divin ne descend pas de
lui-même du ciel vers les hommes. C'est l'imagination humaine qui peuple le ciel de
divinités. Selon Marx, la religion est la conscience de soi de l'homme qui ne s'est pas
encore conquis. Notre espèce doit se réaliser elle-même, mais comme le chemin de cette
réalisation est devant nous, l'être humain a besoin de s'imaginer une réalité déjà
ordonnée. C'est ainsi que le monde idéal des dieux apparaît. Par conséquent, plus l'être
humain se développe, moins la divinité a de place dans l'existence humaine. Une
humanité achevée, c'est donc pour Marx une humanité sans dieux.
À l'inverse, les grandes religions bloquent la réalisation de l'être humain : elles
détournent les consciences humaines de la compréhension claire de la domination
sociale, politique et économique. La religion est donc aliénante, elle nous rend étrangers à
nous-même. Cette aliénation prend la forme de l'endormissement de la conscience.
Au XXème siècle, selon Marcuse, de nouvelles institutions sociales ont continué ce
travail d'endormissement et d'abrutissement des consciences (c'est aussi ce que pense
Chomsky). Ces dix dernières lignes servent à expliquer l'expression de Marx : « la religion
est l'opium du peuple ».
Selon ces analyses, l'Ancien Testament n'est pas un livre historique : il ne raconte
pas l'histoire réelle du peuple juif. Il serait une construction tardive élaborée au VIIème
siècle avant J.C sous le roi Josias pour donner une base religieuse à sa volonté de
construire un grand État d'Israël.
Pour ces quatre auteurs, il n'y a pas de transcendant, rien qui dépasse et qui fonde
la vérité, le monde dans lequel nous vivons.
IV Peut-on éviter de ramener les dieux sur la Terre ? (peut-on préserver l'idée
d'un absolu qui transcende notre réalité ?)
A) La révélation mystique
Le mysticisme, c'est l'idée qu'on peut faire fonctionner l'esprit et donc le cerveau
humain d'une autre manière (la science neurologique a pu constater objectivement de
profondes modifications du fonctionnement du cerveau chez les moins bouddhistes).
En fait, le cœur de la religion, c'est la pratique religieuse individuelle qui va
permettre au fidèle de changer de vie. C'est ce qu'on appelle la conversion. Et, au cœur
de cette conversion, il y a la morale, la dimension éthique.
Exemple : les cinq piliers de l'islam
• la foi
• le pèlerinage (hadj)
• l'aumône (zakat)
• le jeûne
• la prière
On voit ici que l'apport fondamental de la religion consiste à donner à l'être humain
une direction en lui promettant que cette direction correspond effectivement à la réalisation
de ce qu'il est.
En résumé, au cœur de la religion, il y a la distinction du bien et du mal.
Il ne faut jamais oublier que cette invitation à la conversion peut avoir deux
significations radicalement opposées :
• le gourou authentique, le vrai maître spirituel vous propose de mettre vos pas dans
les siens pour vous amener où il est arrivé lui-même
• le faux gourou, le mauvais prêtre utilise la conversion comme un moyen de
domination des foules