Chapitre 3
Chapitre 3
Chapitre 3
3.1 Introduction
Les convertisseurs qui servent à transférer de l’énergie d’une source continue vers une
autre source continue sont appelés hacheurs. Ils se comportent comme des "transformateurs"
de grandeurs électriques continues à rendement élevé. Ils procèdent par découpage de la
grandeur d’entrée et utilisent des composants qui fonctionnent en commutation, c’est-à-dire
par tout ou rien (interrupteurs fermés ou ouverts).
Ces convertisseurs présentent deux différences essentielles par rapport aux montages
redresseurs :
− La source qui alimente un hacheur n’est plus alternative, elle est continue. Quand un
composant est dans l’état passant, il tend donc à conduire en permanence. Son
blocage n’est plus automatiquement assuré à la fin de son intervalle normal de
conduction. On dit que le hacheur fonctionne en commutation forcée, au lieu de la
commutation naturelle.
− Dans un hacheur, les composants sont encore commandés de manière périodique, mais
la fréquence de leur cycle d’ouverture – fermeture n’est plus imposée par la source
puisque le convertisseur est alimenté en continu. La fréquence de sortie étant nulle
elle aussi, la fréquence de fonctionnement interne peut être choisie librement. On lui
attribue d’ordinaire une valeur nettement supérieure à celle du réseau, ce qui présente
l’avantage de réduire le temps de réponse du dispositif.
En fortes puissances, ces hacheurs sont utilisés comme organes de réglage de puissance
électrique en continu, généralement dans les systèmes de contrôle de vitesse ou de couple de
machines électriques. Ils peuvent être associés à d’autres convertisseurs pour réaliser les
différents types de transformation d’énergie. Citons par exemple la conversion alternatif –
continu : un redresseur à diode fournit une tension moyenne fixe que l’on varie par le biais
d’un hacheur en cascade. Généralement, on peut identifier les circuits d’entrée et de sortie
d’un hacheur comme étant de natures différentes : l’un source de tension, l’autre source de
courant, ou vice versa. Ces deux sources peuvent être connectées directement sans éléments
d’adaptation. On parle de structures directes.
Pendant la phase active (de durée tf), S1 est fermé et S2 est ouvert. On a :
− pour la tension de sortie et le courant à l’entrée du convertisseur,
u u = E , ie = I dc ;
pu = E ⋅ I dc ;
u S1 = 0 , i S1 = I dc ,
u S2 = E , iS2 = 0 .
Pendant la phase de roue libre (de durée to), S1 est ouvert et S2 est fermé, d’où :
u u = 0 , ie = 0 , pu = u u ⋅ I dc = 0 ,
u S1 = E , i S1 = 0 ,
u S 2 = 0 , i S 2 = − I dc .
Il s’agit d’une fonction périodique (de période T), de valeurs discrètes 1 ou 0, dont la
valeur ne dépend que de l’état passant de l’un ou l’autre des interrupteurs (figure 3.2a). Avec
cette définition, on peut donc écrire :
u u = f m E , ie = f m I dc , pu = f m E ⋅ I dc .
La sortie du convertisseur peut être considérée comme une source de tension parfaite, qui
impose aux bornes du récepteur une tension instantanée périodique uu = fmE, de valeur
moyenne :
U dc = δ ⋅ E (3.1)
En raisonnant sur la valeur moyenne, la structure de hacheur présentée ici apparaît comme
un "transformateur" de tension continue, de rapport variable, abaisseur de tension, d’où
l’appellation de hacheur dévolteur :
0 < U dc < E .
1
En pratique, on préfère travailler à période T fixée, surtout dans le cas d’une alimentation par caténaire. En
effet, le hacheur produit des parasites à la fréquence de hachage et aux fréquences multiples qui risquent de
perturber les signaux de commande et de signalisation transmis le long des voies. Pour piéger les harmoniques
correspondants et faciliter le dimensionnement des filtres, il est important d’avoir une idée précise de la
fréquence de hachage.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-5
On déduit que :
− S1 est un interrupteur entièrement commandé, placé dans le sens direct ; il s’agit d’un
transistor T (ou un de ses dérivés) ;
− S2 est un interrupteur à commutations spontanées, placé dans le sens inverse ; il s’agit
d’une diode inversée (D).
Notons que pour désigner le hacheur dévolteur, on utilise aussi parfois le qualificatif série
car l’interrupteur commandé (S1) est monté en série avec le générateur.
2
En effet, si l’on néglige les phénomènes secondaires, l’interrupteur S2 étant un élément dissipatif (uS2⋅iS2>0), la
trajectoire du point de fonctionnement lors de la commutation, du demi axe uS2>0 au demi axe iS2<0 ou vice
versa, ne peut se faire que le long des axes. On parle de commutation spontanée pour désigner un tel mode de
changement d’état de l’interrupteur.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-6
Pendant la phase active (de durée tf), S1 est passant et S2 est bloqué. On a :
− pour la tension d’entrée et le courant de sortie,
u e = U dc , iu = I ;
pu = U dc ⋅ I ;
u S1 = 0 , i S1 = I ,
u S 2 = U dc , i S 2 = 0 .
Pendant la phase de roue libre (de durée to), S1 est bloqué et S2 est passant, d’où :
u e = 0 , iu = 0 , pu = U dc ⋅ iu = 0 ,
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-7
u S1 = −U dc , i S1 = 0 ,
u S2 = 0 , iS2 = I .
u e = f mU dc , iu = f m I , pu = U dc ⋅ f m I .
Si on raisonne sur les valeurs moyennes, cette structure de hacheur apparaît comme un
"transformateur" de tension de rapport variable, élévateur de tension, d’où son nom de
hacheur survolteur (0<Ue<Udc). On voit aussi qu’il est abaisseur en courant (0<Idc<I).
3.2.2.3 Commentaires
Il est important de constater que les deux structures fondamentales présentées plus haut
(hacheur dévolteur et hacheur survolteur) sont duales l’une de l’autre.
En outre, dans les deux cas, le sens de transfert d’énergie est imposé, de l’entrée vers la
sortie. Il n’y a pas de réversibilité en puissance moyenne, celle-ci est toujours positive
(Pdc>0). On dit qu’il s’agit de hacheurs à "un seul quadrant" (sous-entendu du plan formé
par les axes Idc et Udc).
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-9
Un tel dispositif doit pouvoir s’appliquer par exemple à l’alimentation d’une machine à
courant continu. Dans ce cas, le hacheur réversible permet des phases de traction (Idc>0) et de
freinage en récupération d’énergie (Idc<0) sans inversion de la vitesse ("récepteur"
unidirectionnel en tension) mais avec inversion de couple (grâce à la réversibilité en courant).
On peut varier la vitesse de la machine de façon continue en réglant le rapport cyclique. Le
rendement de la conversion est très élevé et la souplesse de commande très grande. De plus,
le hacheur lui-même ne peut jamais entraîner une surtension aux bornes du récepteur, cette
tension étant toujours limitée à la tension d’entrée.
3
Pour bien voir l’analogie avec la figure 3.4 durant la phase de récupération d’énergie, il suffit d’effectuer les
changements de notations suivants : Idc → −I, ie → −iu, uu → ue et E → Udc. On retrouve ainsi la structure
fondamentale d’un hacheur survolteur, le générateur de courant étant placé ici à la droite du schéma.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-10
u u = f m E , ie = f m I dc , pu = f m E ⋅ I dc ,
U dc = δ ⋅ E , I e = δ ⋅ I dc , Pdc = δE ⋅ I dc
Les interrupteurs S1 et S2 sont identiques, tous les deux unidirectionnels en tension mais
bidirectionnels en courant. Le mode de commutation dépend du signe du courant :
− pour Idc>0 (hacheur dévolteur) : S1 est un transistor placé dans le sens direct et S2 une
diode inversée ;
− pour Idc<0 (hacheur survolteur) : S1 est une diode inversée et S2 un transistor monté en
sens direct.
Cela conduit au schéma de montage de la figure 3.8 où chaque interrupteur est synthétisé
par l’association en parallèle d’un transistor IGBT (ou un de ses dérivés) et d’une diode tête
bêche. Quand cette dernière conduit, on inhibe la commande du transistor.
La figure 3.9 illustre les formes d’ondes des grandeurs d’entrée et de sortie dans un
fonctionnement avec réversibilité en courant4. Le changement de signe de Idc s’effectue
nécessairement pendant une phase de roue libre (interrupteur S2 fermé). Au passage par zéro
du courant, le transistor T2 prend le relais de la diode D2 qui se bloque.
4
Sur cette figure, on a tenu compte de l’ondulation résiduelle du courant de sortie iu (de composante moyenne
Idc) afin de justifier sa décroissance naturelle pendant la phase de roue libre.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-11
Figure 3.9 Formes d’ondes des grandeurs d’entrée et de sortie dans un fonctionnement avec
réversibilité en courant
Figure 3.10 Schéma pratique de hacheur dévolteur à thyristors avec circuit d’aide au blocage
Les formes d’ondes de la figure 3.11 permettent de suivre l’évolution des principales
grandeurs du schéma : le courant d’entrée ie, le courant iL et la tension uC du circuit d’aide au
blocage, ainsi que la tension de sortie uu. Il faut remarquer que, sur tous les tracés, on a
exagéré la durée de la commutation, d’ordinaire très brève par rapport à la période de
hachage, afin de pouvoir distinguer les divers intervalles qui la composent.
3.3.1.1 Conduction de T1
C’est l’amorçage du thyristor T2, en t = t1, qui entame le processus d’extinction de T1. En
effet, T2 peut écouler une partie du courant d’entrée, ce qui permet la charge du condensateur
en une demi période du circuit oscillant formé par les éléments de circuit L et C.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-13
Figure 3.11 Formes d’ondes des principales grandeurs du schéma de hacheur à thyristors
diL 1 t
dt C ∫t L
L + i dt = E , (3.2)
1
ω0 = 1 .
LC
ie = I dc + i L .
Tant que T1 conduit, la diode D1 est bloquée. Le courant dans le thyristor T1 (iT1 = ie) est
tel que :
I dc = ie − i L ,
avec iL négatif.
Durant l’intervalle de temps [t3, t4], le thyristor T1 est polarisé négativement, la tension à
ses bornes étant la chute de tension directe de D1 changée de signe. Cet intervalle donne le
temps de polarisation inverse du thyristor T1 : tp = t4−t3. Pour que T1 retrouve ses propriétés
de blocage avant que le courant d’entrée ne repasse par zéro, il est important de respecter la
condition :
t p ≥ tq ; (3.4)
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-15
On note que cette dernière condition implique aussi que la valeur de crête du courant iL
soit supérieure à Idc.
A la fin de l’intervalle [t3, t4], la tension aux bornes du condensateur est encore positive :
uC(t4)>0.
A partir de t = t4, le courant d’entrée ie est égal à zéro (T1 et D1 sont tous deux bloqués) ;
le courant Idc passe alors par la capacité C, l’inductance L et la diode D2. Le condensateur se
décharge linéairement comme suit :
I dc
uC (t) = uC (t4) −
C
(t − t4 ) . (3.5)
Puisque iL est égal à –Idc, donc constant, la tension de sortie est donnée par :
diL
uu(t) = uC (t) + L = uC (t) . (3.6)
dt
u Dr = −u u = −u C , u Da = −u C ,
iDr = I dc + iL , (3.7a)
diL
L + uC = 0 , (3.7b)
dt
duC uC
iL = C + . (3.7c)
dt Ra
d 2uC L duC
LC + + uC = 0 ,
dt 2 Ra dt
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-16
du C (t 5 ) I
u C (t 5 ) = 0 , = − dc .
dt C
ξ= 1 L = 1 ,
2Ra C 2RaCω0
uC (t) =
− I dc
ω0C 1 − ξ 2
[ ]
exp[− ξω0(t − t5 )]sin ω0 1 − ξ 2 (t − t5 ) ; (3.8a)
[
iL(t) = −I dc exp[− ξω0(t − t5 )]cos ω0 1 − ξ 2 (t − t5 ) +] ξ
1−ξ 2
[ ]
sin ω0 1 − ξ 2 (t − t5 ) (3.8b).
Le transfert du courant Idc à la diode Dr prend fin en t = t6, lorsque le courant iL devient
nul, ce qui entraîne la coupure de la diode D2. A la fin de l’intervalle [t5, t6], on montre que la
tension aux bornes du condensateur est faiblement négative : uC(t6)<0.
Après la coupure de D2, la diode Dr écoule le courant Idc jusqu’au début de la période
suivante. Le condensateur se décharge dans la résistance Ra avec la constante de temps RaC.
Sur les tracés de la figure 3.11, on a supposé que uC devenait négligeable à partir de t = t7 et
que l’on abordait chaque nouvelle période avec une tension uC égale à zéro.
3.3.2 Commentaires
3.3.2.1 Rôle du dipôle d’amortissement
Le dipôle d’amortissement formé par la résistance Ra en série avec la diode Da a pour but
de ramener à zéro la tension aux bornes du condensateur en fin de commutation. En effet, la
résistance Ra détermine le coefficient d’amortissement ξ du circuit d’aide au blocage durant le
transfert du courant Idc de la diode D2 à la diode de roue libre. Ensuite, c’est elle qui donne la
constante de temps avec laquelle se résorbe la tension résiduelle qui subsiste aux bornes du
condensateur.
Décrivons brièvement ce qui se passerait en l’absence d’un tel dipôle. Dans un premier
temps, l’amplitude des oscillations du courant et de la tension du circuit d’aide au blocage
croîtrait sans cesse, en particulier l’amplitude des variations de uC, de part et d’autre de E.
Celles-ci finiraient toutefois par se stabiliser en raison de l’inévitable amortissement du circuit
résonant L−C dû aux résistances parasites. L’amplitude des variations de uC risquerait alors
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-17
Un hacheur dévolteur à thyristors devra donc être équipé d’un système de contrôle du
courant de sortie, afin de décider de la coupure du thyristor T1 dès que le courant Idc dépasse
une valeur limite.
Il faudra donc munir le hacheur à thyristors d’un dispositif de protection contre une
diminution excessive de la tension d’entrée.
En plus des pertes par conduction, liées aux chutes de tensions directes des composants,
les transitions de l’état passant à l’état bloqué ou vice versa entraînent des pertes par
commutations proportionnelles à la fréquence. Celles-ci peuvent être très importantes et
influer sur le choix des composants et la taille de leurs circuits de refroidissement.
Il conviendra donc de travailler à basse fréquence si l’on souhaite minimiser les pertes par
commutations et, par conséquent, assurer un rendement élevé du hacheur.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-18
3.4.2 Butées
Le fonctionnement d’un hacheur dévolteur à thyristors (avec circuit d’aide au blocage)
impose l’existence de butées. En effet :
1. Le thyristor de soufflage T2 peut recevoir une impulsion de gâchette au plus tôt en même
temps que T1. Or, l’amorçage de T2 en t = 0 ne provoque l’ouverture de l’interrupteur S1
de la figure 3.1 qu’à partir de l’instant t = t4. Cet interrupteur conduit donc un temps
minimum tf,min en dessous duquel il est impossible de descendre. Il y correspond la butée
minimale δmin = tf,min/T (avec δmin supérieur à zéro). Par conséquent, la tension moyenne
aux bornes du récepteur ne peut être réglée jusqu’à une valeur nulle. En traction, cela
peut être gênant pour le démarrage des moteurs à courant continu qui ne supportent pas
bien une variation trop brutale de la tension d’alimentation.
2. Lorsque l’interrupteur S1 est ouvert en t = t4, la commutation n’est pas pour autant
terminée, il faut attendre l’instant t = t7 pour que le circuit d’aide au blocage retourne à
l’état quiescent. Il n’est donc pas possible de refermer l’interrupteur S1, ce qui
correspondrait à l’amorçage de T1, immédiatement après son ouverture. Il existe un temps
maximum tf,max (inférieur à T) de fermeture de l’interrupteur S1. Il s’ensuit la butée
maximale δmax = tf,max/T (avec δmax inférieur à l’unité). Cela signifie que la tension
moyenne aux bornes du récepteur ne peut être réglée jusqu’à la tension E du générateur.
Il est donc souhaitable, pour minimiser les butées, de fonctionner avec une fréquence de
hachage aussi basse que possible.
5
On adoptera comme modèle le plus général un dipôle constitué d’une bobine d’inductance Lu en série avec une
résistance Ru et une force électromotrice E0.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-19
E 1 − exp(− δT / τ u )
∆I u = I u ,max − I u ,min = {1 − exp[− (1 − δ )T / τ u ]}, (3.9)
Ru 1 − exp(− T / τ u )
En dérivant cette équation par rapport à δ, on montre que l’ondulation est maximale pour
δ = 0,5. Il vient :
E 1 − exp(− T / 2τ u )
(∆I u )max = . (3.10)
Ru 1 + exp(− T / 2τ u )
d (∆I u )max E 1 1
= exp(− T / τ u ) > 0 . (3.11)
dT Ru [1 + exp(− T / 2τ u )] τ u
2
Cette relation montre que plus la période de hachage T est élevée, plus l’ondulation de
courant (∆Iu)max est importante. Dès lors, on conçoit que pour minimiser l’ondulation de
courant de sortie, il est préférable d’adopter une fréquence de hachage la plus élevée possible.
fe = 1 1 ,
2π LeCe
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-20
1
T ( jω ) = ,
1 − ω 2 Le C e
f e ≤ 0,5 f . (3.12)
Pour obtenir des éléments du filtre peu encombrants et peu coûteux, il convient donc de
travailler à une fréquence de hachage la plus élevée possible.
Dans le cas d’une application avec moteur de traction à courant continu, le problème de la
butée minimale du hacheur à thyristors peut être résolu par l’utilisation de deux fréquences de
hachage différentes. Pour le démarrage du moteur, on travaillera à basse fréquence de
manière à rendre la butée minimale très faible, les autres considérations évoquées plus haut
étant ignorées. Après la phase de démarrage, on passera rapidement à une fréquence normale
de fonctionnement de façon à rencontrer au mieux les critères répertoriés ci-dessus.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-21
Une meilleure solution, quelle que soit leur réalisation (à transistor ou à thyristors),
consiste à utiliser deux hacheurs montés en parallèle par l’intermédiaire de bobines de lissage
(voir figure 3.12). Chaque convertisseur élémentaire fonctionne avec la même fréquence de
hachage et le même rapport cyclique, mais leurs commandes sont décalées d’une demi
période. La fréquence de hachage est choisie de façon à rencontrer au mieux les critères de
butées et de pertes. Le filtre d’entrée et le récepteur "voient", quant à eux, une fréquence
apparente (2f) valant le double de la fréquence de hachage (f), ce qui permet de satisfaire au
mieux les critères d’ondulation du courant de sortie et de dimensionnement du filtre.
Les fonctions de modulation (fm1 et fm2) associées aux deux hacheurs entrelacés, ainsi que
les formes d’ondes des grandeurs d’entrée et de sortie sont montrées à la figure 3.13. Notons
que l’on envisage un fonctionnement à Idc>0 (traction).
La tension de sortie uu, de période fondamentale égale à T/2, comprend un terme moyen :
δT
U dc = 2 ∫ Edt = 2δE . (3.13)
T 0
On vient de voir l’entrelacement de deux hacheurs. Une autre possibilité permettant, elle
aussi, de doubler la fréquence "vue" des bornes de sortie, consiste à associer deux hacheurs en
série du côté du générateur, chacun supportant la moitié de la tension d’entrée. Le récepteur
est raccordé entre les bornes de sortie P et N. Le filtre d’entrée est constitué d’une bobine
d’inductance Le et d’un pont capacitif formé de deux condensateurs (de capacité Ce) en série
permettant d’équilibrer les tensions à l’entrée des deux hacheurs.
On obtient le montage à décalage série dont le schéma est illustré à la figure 3.14.
Les fonctions de modulation (fm1 et fm2) des deux hacheurs, ainsi que les formes d’ondes
des grandeurs d’entrée et de sortie sont montrées à la figure 3.15 (on envisage un
fonctionnement à Idc>0).
La tension de sortie uu, d’amplitude maximale E/2, a même forme d’onde que pour le
montage de deux hacheurs entrelacés ; sa période fondamentale est T/2. Le terme moyen
donné par :
δT
2 E
U dc =
T ∫ 2 dt = δE ,
0
(3.14)
En effet, ici aussi, on est contraint de limiter le rapport cyclique (δ < 0,5) pour que les
intervalles de conduction de S1 et S3 ne se chevauchent pas.
Notons qu’un inconvénient de ce montage réside dans le fait que les bornes de sortie
auxquelles est connecté le récepteur sont flottantes.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-24
Figure 3.15 Fonctions de modulation et formes d’ondes de deux hacheurs à décalage série
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-25
Pour pouvoir interconnecter les deux sources de tension, il faut disposer une inductance L
entre l’entrée et la sortie. La position de cette inductance détermine la structure du
convertisseur élémentaire. Sur le schéma de la figure 3.16a, l’inductance se trouve côté
sortie, en aval des interrupteurs : on rétablit ainsi le caractère source de courant à la sortie,
celle-ci pouvant être enclenchée directement sur le générateur. Il s’agit du montage dévolteur
à structure indirecte, encore appelé montage BUCK. A la figure 3.16b, on donne le schéma
pratique de ce convertisseur. Comme pour le hacheur dévolteur à structure directe, les
interrupteurs S1 et S2 fonctionnent en commutation ; ils sont synthétisés respectivement à
partir d’un transistor de puissance (par exemple un MOSFET) et une diode inversée.
6
Pour sauvegarder un éventuel isolement entre l’entrée et la sortie, la boucle de régulation doit elle-même
comporter un dispositif d’isolement (opto-coupleur, transformateur, etc.).
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-26
Pendant le temps tf, S1 est fermé et S2 est ouvert. La tension aux bornes de l’inductance,
donnée par uL = E–Udc, est constante ; pour E > Udc, son courant croît linéairement d’après
l’expression :
E − U dc
iL = t + I L ,min . (3.15a)
L
iL = −
U dc
(t − t f ) + I L,max (3.15b)
L
La figure 3.17 illustre les formes d’ondes de la tension et du courant dans l’inductance en
régime établi. Elle donne aussi les courants à l’entrée et dans les composants, ainsi que la
tension aux bornes des interrupteurs.
En régime établi, sur une période de hachage T, on sait que la tension moyenne aux bornes
de l’inductance est nulle. On écrit donc ici :
T
1
∫
T 0
1
[
u L dt = (E − U dc )t f − U dc t 0 = 0 ,
T
]
U dc = δ ⋅ E , (3.16)
Il s’agit de la même expression que celle déjà établie lors de l’étude du hacheur dévolteur
[voir équation (3.1)]. Comme δ est plus petit que l’unité, Udc est inférieur à E ; le montage
travaille en abaisseur de tension.
avec Idc le courant moyen à la sortie (ce dernier est aussi égal au courant moyen dans
l’inductance).
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-28
On note que la fonction remplie par ce convertisseur permet une analogie avec un
transformateur de tension continue, de rapport δ compris entre zéro et 1.
Pour calculer l’ondulation crête à crête ∆IL du courant dans l’inductance, on exprime que
iL(T) = IL,min en régime permanent. En utilisant (3.15b), il vient :
∆I L = I L ,max − I L ,min = −
U dc
(T − t f ) ,
L
δ (1 − δ )E
∆I L = . (3.18)
f ⋅L
E
(∆I L )max = . (3.19)
4f ⋅L
Jusqu’à présent, on a négligé l’ondulation de la tension de sortie uu. Pour déterminer son
expression, il faut tenir compte de la nature réelle du récepteur. On adopte comme modèle un
dipôle passif7 constitué d’un condensateur (de capacité Cu suffisante) et d’une résistance Ru en
parallèle ; cette dernière constitue la charge proprement dite du convertisseur. Il vient comme
équations à la sortie :
1
Cu ∫
uu = iC dt = Ru i R ,
i L = i R + iC ,
i L = I dc + i L ,alt
7
Dans une alimentation à découpage, on ne cherche pas à réaliser un convertisseur réversible ; le flux de
puissance est toujours dirigé de l’entrée vers la sortie.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-29
courant iR et on peut supposer que ce dernier est constant, égal à Idc. Les variations du courant
iL, de part et d’autre de sa valeur moyenne, correspondent alors aux courants de charge et
décharge du condensateur. On note iC = iL,alt. Ce courant a pour expressions :
− entre t = 0 et t = tf :
∆I L ∆I L
iC = − + t ;
2 tf
− entre t = tf et t = T :
∆I L ∆I L
iC = − (t − t f ).
2 T −tf
Puisque iC, égal à Cu⋅duu/dt, est positif pour tf/2 < t < tf+to/2, l’amplitude crête à crête des
variations de uu est donnée par :
t f + to / 2
1 ∆I L
∆U u =
Cu ∫i
tf /2
C dt =
8C u f
, (3.20)
E
∆U u = 2
δ (1 − δ ) . (3.21)
8 f LC u
U dc I dc = E ⋅ I e ,
I L ,max t f
Ie = .
2 T
8
En réalité, on a des droites de pente faible négative à cause de la résistance série équivalente non nulle.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-30
E − U dc
I L ,max = tf .
L
δ 2 E (E − U dc )
I dc = . (3.22)
2 fL U dc
Les caractéristiques Udc(Idc), obtenues pour différentes valeurs du rapport cyclique, sont
des portions d’hyperboles passant par le point de coordonnées (Idc = 0, Udc = E), d’asymptote
horizontale Udc = 0 (voir figure 3.19).
Conduction critique
1 U dc (E − U dc )
I dc ,lim = . (3.23)
2 fL E
Le lieu des points de conduction critique est une parabole passant par l’origine et le point
de coordonnées (Idc = 0, Udc = E), d’extremum :
E E
I dc = , U dc = .
8 fL 2
U dc 0,9
0,8
E
0,7
0,6
0,5
(E /(8fL) ; E/2 )
0,4
0,3
0,2
0,1
I dc
0
Commentaire
Pendant la phase de stockage inductif (de durée tf), S1 est fermé et S2 ouvert. On a uL = E ;
le courant iL croît linéairement d’après l’expression :
E
iL = t + i L ,min . (3.24a)
L
Pendant le temps to, S1 est ouvert et S2 fermé. La tension aux bornes de l’inductance est
constante, donnée par uL = E–Udc ; pour E < Udc, son courant décroît linéairement comme
suit :
E − U dc
iL = (t − t f ) + i L,max . (3.24b)
L
A la figure 3.21, on a tracé les formes d’ondes des différentes grandeurs intéressantes pour
ce montage.
En régime établi, la tension moyenne aux bornes de l’inductance est nulle, d’où :
T
1
∫
T 0
1
[
u L dt = E t f + (E − U dc )t 0 = 0 .
T
]
On déduit :
E
U dc = , (3.25)
1−δ
Comme δ est inférieur à l’unité, Udc est supérieur à E, d’où le nom de montage survolteur.
I dc
I e = (ie )moy = . (3.26)
1−δ
L’ondulation crête à crête du courant iL s’obtient en exprimant que iL(tf) = IL,max en régime
permanent. En utilisant (3.24a), on établit facilement :
E
∆I L = I L ,max − I L ,min = tf , (3.27)
L
δE
∆I L = . (3.28)
fL
du u u u
0 = Cu + ,
dt Ru
d’où l’expression de uu :
u u = U u ,max exp(− t τ u ) ,
A la fin de cet intervalle, uu est passée de son maximum à son minimum. Ce dernier a
pour valeur :
du u u u
I e = Cu + ,
dt Ru
d’où l’expression de uu :
[
u u = U u ,max exp(− t τ u ) + RI e {1 − exp − (t − t f ) τ u } .]
En écrivant qu’à l’instant t = T, uu retrouve la valeur Uu,max, on obtient :
U u ,max = RI e
[
1 − exp − (T − t f ) τ u ]. (3.30)
1 − exp(− T τ u )
[ ]
∆U u = U u ,max − U u ,min = U u ,max 1 − exp(− t f τ u ) ,
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-35
∆U u = RI e
[
1 − exp − (T − t f ) τ u ] ⋅ [1 − exp(− t τ u )].
1 − exp(− T τ u )
f
T
∆U u = RI e (1 − δ )δ ,
τu
δI dc
∆U u = (3.31)
Cu f
En conduction discontinue, le courant iL (= ie) s’annule entre deux périodes comme illustré
à la figure 3.22.
On peut écrire :
I L ,max t f + t o
Ie = ,
2 T
avec
E
I L ,max = tf .
L
E (U − E )
t f = dc to ,
L L
donc
E
to = tf ,
U dc − E
δ 2E2 1
I dc = . (3.32)
2 fL U dc − E
Les caractéristiques Udc(Idc) sont des hyperboles d’asymptotes Udc = E et Idc = 0 (voir
figure 3.23)
On notera qu’à faible débit, la tension Udc peut monter très haut ! Ce montage doit donc
impérativement disposer d’une régulation pour pouvoir fonctionner à faible courant Idc.
U dc
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3 (E /(8fL) ; 2E )
0,2
0,1
E
I dc
0
Conduction critique
E
U dc = .
1−δ
E 2 U dc − E
I dc ,lim = . (3.33)
2 fL U dc2
Le lieu des points de conduction critique est une courbe qui passe par le point de
coordonnées (Idc = 0, Udc = E), avec pour asymptote la droite Idc = 0, et dont l’extremum est le
point :
E
I dc = , U dc = 2 E .
8 fL
L’étude est semblable à celle effectuée pour les montages précédents. Elle ne sera pas
abordée en détails dans le cadre de ce cours. Les principaux résultats sont repris sur les
courbes de figure 3.25 et le tableau récapitulatif ci-dessous.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-38
E δ ⋅E
Udc δ ⋅E
1−δ 1−δ
I dc δ ⋅ I dc
Ie δ ⋅ I dc
1− δ 1−δ
I dc I dc
(iL)moy I dc (= I e ) (= I e + I dc )
1−δ 1−δ
δ (1 − δ )E δE δE
∆IL
f ⋅L fL fL
∆I L δI dc δI dc
∆Uu
8 fC fC fC
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-39
Le tableau ci-dessous donne pour chaque montage la puissance installée en silicium pour
le transistor de puissance, la puissance absorbée à l’entrée, ainsi que le facteur d’utilisation du
silicium. Pour ces calculs, on se réfère aux courbes des figures 3.17, 3.21 et 3.25 et on
néglige, pour simplifier, l’ondulation du courant iL.
P installée en Si E ⋅ I dc I dc I dc
U dc (E + U dc ) ⋅
V⋅I 1−δ 1−δ
P absorbée (= E⋅Ie) U dc ⋅ I dc U dc ⋅ I dc U dc ⋅ I dc
Fu,Si 1 1 1
δ 1−δ δ ⋅ (1 − δ )
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-40
16
14
12
10
Fu,Si
8
6
BUCK-BOOST
2 BOOST BUCK
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Rapport cyclique δ
La figure 3.28 représente les formes d’ondes des principales grandeurs en régime
permanent dans le cas d’une démagnétisation complète. Le flux ϕ dans le noyau magnétique
donne une image du courant magnétisant.
Pendant le temps tf, le transistor T est rendu conducteur et la diode est bloquée (le
secondaire est ouvert). Un courant circule au primaire dans l’inductance L1 (= L1m), il
croît linéairement d’après l’expression :
E
i1 = t. (3.35)
L1
En t = tf, ce courant est noté I1,max = (E/L1)⋅tf. L’énergie EM emmagasinée dans L1 est
donnée par :
1 1 t 2f 1 E2 δ 2
EM = L1 I 12,max = E 2 = , (3.36)
2 2 L1 2 L1 f 2
Pendant le temps to, T est ouvert. Les tensions primaire et secondaire sont inversées, la
diode D conduit pour assurer la continuité du flux. En effet, l’énergie stockée dans le
noyau du transformateur ne pouvant pas subir de discontinuité, celle-ci est transférée au
récepteur par l’intermédiaire d’un courant secondaire à travers D. A la mise en
conduction de la diode, il apparaît au secondaire un courant I2,max tel que :
1 1
EM = L2 I 22,max = L1 I 12,max ,
2 2
où L2 = (N2/N1)L1.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-42
Il s’ensuit :
N1
I 2,max = I 1,max (3.37)
N2
L’enroulement secondaire étant fermé sur Udc (récepteur de tension parfait), le courant i2
décroît linéairement comme suit :
i2 = I 2,max −
U dc
(t − t f ). (3.38)
L2
A chaque cycle de découpage, on transfère une énergie EM. Par conséquent, pour une
fréquence de travail f, la puissance moyenne transmise sur une période s’exprime P = EM⋅f. Si
on néglige les pertes du convertisseur, cette puissance se retrouve intégralement à la sortie,
d’où :
U dc2
P = EM f = ,
Ru
Ru
U dc = δE (3.39)
2 L1 f
Le rapport N2/N1, qui n’intervient pas sur la tension de sortie, détermine la tenue en
tension du transistor T. En effet, quand le secondaire est en débit, la tension qui apparaît au
primaire vaut (N1/N2)⋅Udc et la tension aux bornes de T est alors égale à E + (N1/N2)⋅Udc.
Durant le temps mort, il n’y a plus de tension, ni au primaire, ni au secondaire, et la tension
du transistor chute à E.
Pour une tension d’entrée E et une tension de sortie régulée, égale à Udc, on choisit
habituellement le rapport de transformation tel que (N1/N2)⋅Udc = E. De cette façon, le
transistor est amené à supporter une tension double de E. Dans ces conditions, la
décroissance du courant secondaire (ramené au primaire) a lieu avec une pente égale et de
signe opposé à celle liée à la croissance du courant primaire. Autrement dit, le temps de
décroissance jusqu’à zéro de (N2/N1)⋅i2 est égal au temps de croissance de i1 jusqu’à I1,max. Par
conséquent, le rapport cyclique δ doit rester inférieur à 0,5 pour permettre la
démagnétisation complète.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-44
Commentaires
1. A la figure 3.28, on remarque l’allure triangulaire des courants primaire et secondaire, qui
se caractérisent donc par un mauvais facteur de forme. Ceci implique une valeur de crête
élevée par rapport au courant moyen. Pour δ = 0,5 par exemple, le courant maximum
dans le transistor est égal à 4 fois le courant moyen au primaire, d’où un
surdimensionnement en courant important de ce composant.
2. Le courant i2, subit des discontinuités importantes et il en va de même pour le courant
dans le condensateur de sortie (récepteur de tension). Cet élément sera donc très sollicité.
3. On a supposé que le courant primaire repart de zéro au début de chaque cycle. Par là, on
considère que la tension de sortie Udc a bien la valeur désirée. En effet, la décroissance du
courant i2 se faisant avec une pente égale à –Udc/L2, si la charge varie brusquement, il est
possible que cette tension s’effondre (la régulation est incapable de réagir instantanément)
et donc, que le courant secondaire ne soit pas redescendu à zéro au moment où l’on
rallume le transistor. Il s’ensuit une augmentation anormale du courant magnétisant dans
le transformateur (donc dans le transistor, la diode, etc.) avec risque de saturation du
circuit magnétique, renforçant l’effet d’accroissement du courant et conduisant à la
destruction du montage. Il est donc indispensable de prévoir un dispositif de protection en
courant.
4. Pour la même raison, on doit prendre des précautions pour la mise sous tension. En effet,
au cours de la première période de découpage, le condensateur de sortie est initialement
déchargé (Udc = 0) et le courant au secondaire décroît très peu. Si, au début de la
deuxième période, lorsqu’on allume à nouveau le transistor, le courant magnétisant ne
s’est pas encore annulé, la croissance du courant primaire s’effectuera à partir de cette
valeur initiale, et ainsi de suite pour les périodes suivantes (d’où un risque de saturation et
de destruction). Pour pallier ce problème, on utilise un dispositif de démarrage progressif
("soft-start") consistant à mettre sous tension avec un rapport cyclique très faible, que l’on
augmente ensuite progressivement, de manière à charger "en douceur" le condensateur.
Le facteur de forme du courant primaire (ainsi que celui du courant secondaire) est
meilleur qu’en démagnétisation complète, l’allure du courant étant trapézoïdale plutôt que
triangulaire. Ceci permet d’avoir, pour une valeur de crête imposée par le transistor, une
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-45
valeur moyenne du courant plus élevée. Or, en s’appuyant sur des considérations
énergétiques, on montre que le courant moyen au primaire est une image de la puissance
délivrée à la sortie. En effet, en négligeant les pertes, on a : Pdc = E⋅I1,moy. Le fonctionnement
en démagnétisation incomplète permet donc, pour un dimensionnement donné, de délivrer
une puissance supérieure à celle obtenue avec la marche en démagnétisation complète. Le
transistor est néanmoins soumis à une tension égale à E + (N1/N2)⋅Udc durant toute la durée to
de son blocage.
Tension de sortie
En exprimant que la tension moyenne aux bornes de l’inductance L1 est nulle, on trouve
l’expression de la tension de sortie Udc. En effet, étant donné :
1
T
1 N1
T ∫o
u ⋅dt = E ⋅ t − U ⋅ t = 0 ,
T
1 f dc o
N2
on établit facilement :
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-46
N2 δ ⋅ E
U dc = . (3.40)
N1 1 − δ
Cette relation est à comparer avec celle du montage BUCK-BOOST, donnée par :
δ ⋅E
U dc = .
1−δ
Protection en courant
La valeur de crête du courant primaire dépend de sa valeur moyenne qui est, elle-même,
une image de la puissance fournie à la sortie. Lors d’un transitoire rapide de charge, la
régulation ne pouvant pas avoir un temps de réponse nul, il y a un risque d’augmentation
brutale du courant primaire entraînant la saturation du noyau magnétique et la destruction du
transistor. Ici aussi, il faudra donc prévoir une protection en courant du montage.
Une des principales limitations du montage FLYBACK est de ne pas pouvoir fonctionner
à vide (Ru = ∞). Si la charge est déconnectée accidentellement, il apparaît une surtension
élevée à la sortie, due au fait que l’énergie stockée dans l’inductance de magnétisation du
transformateur, durant la conduction du transistor, ne peut plus alors s’écouler que dans le
condensateur de sortie (risque de destruction de cet élément).
Pour pallier cet inconvénient, on peut réaliser un montage FLYBACK à plusieurs sorties
(voir figure 3.30) : la marche à vide est alors permise sur l’une des sorties, l’énergie
emmagasinée dans le noyau étant envoyée sur les autres sorties.
Etant donné que le transformateur ne peut fonctionner qu’en alternatif, le seul endroit où
l’on peut insérer le primaire se trouve entre le transistor et l’inductance L (existence d’une
tension variable sur l’électrode de source). On adopte la configuration pratique montrée à la
figure 3.31. La diode de roue libre D1 est isolée du secondaire par une seconde diode D2 de
sorte qu’elle n’impose plus u2 égale à zéro pendant sa conduction. Le troisième enroulement
dit "de démagnétisation", en série avec la diode D3, assure la continuité du flux magnétique
pendant le blocage du transistor.
Les formes d’ondes des différents courants et de la tension aux bornes du transistor T sont
montrées à la figure 3.32.
Pendant le temps tf, T est rendu conducteur et la diode D2 est passante (D1 et D3 sont
bloquées). Le primaire est soumis à une tension u1 = E, le secondaire à u2 = (N2/N1)⋅E et
le troisième enroulement à u3 = E (en effet, N3 = N1). Le courant magnétisant i1m croît
linéairement d’après l’expression :
E
i1m = t, (3.41)
L1m
La tension uL aux bornes de l’inductance est égale à (N2/N1)⋅E − Udc, son courant croît
linéairement comme suit :
(N 2 N 1 )E − U dc
iL = t + I L ,min . (3.42)
L
Le courant primaire (donc dans le transistor) est la somme de iL, ramené au primaire, et du
courant magnétisant :
N2
i1 = i L + i1m . (3.43)
N1
En effet, le flux et l’énergie magnétique emmagasinée dans le noyau ne peuvent pas subir
de discontinuité. C’est le rôle du troisième enroulement qui, soumis à la tension u3 = −E
(quand D3 conduit), permet au courant magnétisant de se refermer par l’intermédiaire de
la maille supplémentaire ainsi crée (i1m = i3). On remarquera le pointage de ce troisième
enroulement. Pour N3 = N1, le courant i1m décroît linéairement selon l’expression :
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-49
i1m = I 1m ,max −
E
(t − t f ). (3.44)
L1m
Durant cette séquence, l’inductance de sortie L est soumise à une tension égale à −Udc et
son courant décroît comme suit :
i L = I L ,max −
U dc
(t − t f ) . (3.45)
L
Les relations (3.41) et (3.44) montrent que la pente de croissance du courant i1m durant la
première phase est égale et opposée à la pente de décroissance de ce même courant durant la
seconde phase. Après l’ouverture du primaire, le courant magnétisant s’annule donc au bout
d’un temps égal à tf. On déduit que la durée du blocage du transistor T doit être supérieure ou
égale à son temps de conduction ; autrement dit, le rapport cyclique δ doit être égal ou
inférieur à 0,5 (si N3 = N1). Tant que D3 conduit, la tension u1 aux bornes du primaire est
égale à −E et la tension aux bornes du transistor vaut 2E. Quand le courant magnétisant
s’annule, D3 se bloque ; il n’y a plus de courant dans aucun des enroulements ; la tension uT
du transistor chute à la valeur E.
T
u L ⋅dt = {[( N 2 N 1 )E − U dc ] ⋅ t f − U dc ⋅ t o } = 0 ,
1 1
∫
T o T
N2
U dc = δ ⋅E . (3.46)
N1
Cette relation est à comparer avec la tension de sortie du montage BUCK, donnée par :
U dc = δ ⋅ E .
En pratique, l’inductance des fuites du transformateur est à l’origine d’une surtension qui
s’ajoute à la tension théorique aux bornes du transistor uT = E+(N1/N3)⋅E. On a donc intérêt à
réaliser un couplage très serré entre ces deux enroulements pour minimiser les fuites.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-50
Citons les principaux avantages du montage FORWARD par rapport à une alimentation à
accumulation (FLYBACK) :
1. On a affaire à une véritable "source de tension".
2. Le transformateur ne joue plus le rôle d’élément de stockage d’énergie, celle-ci est
transférée directement au récepteur durant la phase de conduction du transistor. Le
volume de son noyau magnétique est par conséquent réduit. La conception est toutefois
rendue plus difficile à cause de la nécessité d’un troisième enroulement intimement couplé
au primaire.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-51
3.5.7.1 Principe
La source de tension continue d’entrée E est vue en alternatif, côté secondaire, à travers
l’onduleur et le transformateur fonctionnant de manière transparente à haute fréquence. Le
secondaire se comporte donc comme une source de tension et, par conséquent, une inductance
L sera nécessaire pour se raccorder au récepteur de tension. Le redresseur débite son courant
sur cette inductance, qui constitue avec l’élément capacitif du récepteur, le filtre de sortie.
Si on se place dans le cas pratique d’un convertisseur non réversible, on peut se contenter
côté secondaire d’un redresseur non contrôlé (à diodes). Le réglage de la tension de sortie
s’effectue alors au niveau de l’onduleur. Pour cela, on introduit un temps mort, de durée
variable tm, durant lequel aucun interrupteur ne conduit (l’enroulement primaire du
transformateur est ouvert) ; ce temps mort correspond approximativement à un palier de
tension nulle. On obtient ainsi à la sortie de l’onduleur une forme d’onde de tension à trois
niveaux +E, 0 et –E qui s’applique aux bornes du primaire (voir figure 3.33). La tension
secondaire, une fois redressée et filtrée, donne une tension continue égale à la valeur moyenne
de la tension redressée, réglable en agissant sur la durée du temps mort.
Onduleur
Pour des puissances plus faibles, il est possible de n’utiliser qu’une moitié du pont
onduleur pour économiser deux interrupteurs en introduisant, par exemple, un point milieu
capacitif. Ainsi, en conservant un bras d’onduleur et en remplaçant l’autre par un pont
diviseur capacitif, on obtient la structure appelée PUSH-PULL série (figure 3.34b). Le
potentiel du point milieu reste pratiquement constant si les condensateurs ont une valeur
suffisante. La tension primaire quand un des deux interrupteurs conduit est égale à ±E/2.
Avec les mêmes composants et la même tension d’entrée E, on a une puissance moitié de
celle du pont complet.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-53
Redresseur
Les deux structures de redresseur les plus souvent rencontrées sont illustrées à la
figure 3.35. Il s’agit soit d’un pont complet, soit d’un demi pont à diodes. Dans ce deuxième
cas, il est nécessaire d’avoir un transformateur à point milieu au secondaire.
Toutes les combinaisons sont possibles entre l’un de ces onduleurs et l’un de ces
redresseurs. En pratique, le choix se fait en fonction de la puissance et des tensions d’entrée
et de sortie.
A l’instant initial, juste avant le temps mort, le secondaire est en débit à travers deux des
diodes, D1 et D3 ou D2 et D4 selon le signe de u2, positif ou négatif. Un courant iL circule dans
l’inductance de sortie.
Juste après l’ouverture des interrupteurs, iL trouve un chemin à travers les diodes du pont
qui vont toutes les quatre conduire simultanément : D1 et D4 en série, et, D2 et D3 en série, ces
deux groupes conduisant en parallèle. Par raison de symétrie, chaque groupe assure le
passage de la moitié du courant iL ; la continuité de ce courant est assurée. La tension aux
bornes de l’enroulement secondaire est donc nulle et la tension primaire est nulle également.
On a, grâce au redresseur, un palier à tension égale à zéro permettant le réglage de Udc.
On envisage les deux cas : en pont complet et en demi pont (PUSH-PULL série).
Pont complet
La figure 3.37 montre le schéma du montage en pont complet onduleur (partie gauche), le
redresseur au secondaire (partie droite) utilise quatre diodes formant également un pont
complet. Les interrupteurs d’une même diagonale sont commandés en synchronisme : S1 et
S3 conduisent en même temps, puis, après un temps mort, S2 et S4, suivi d’un nouveau temps
mort, etc.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-55
Quand tous les interrupteurs sont ouverts (pendant le temps mort tm), l’enroulement
primaire se retrouve "en l’air" mais la tension à ses bornes est nulle, imposée par le secondaire
où les quatre diodes conduisent.
Les formes d’ondes de tension primaire et du courant de sortie, ainsi que la tension aux
bornes d’un interrupteur, sont montrées à la figure 3.38.
N2
U dc = 2δ E. (3.47)
N1
Comme le temps de fermeture de deux interrupteurs diagonaux est limité à T/2 (temps
mort nul), on a nécessairement δ inférieur à 0,5. La tension de sortie est donc, elle-même,
limitée à la valeur maximale (N2/N1)⋅E.
PUSH-PULL série
La figure 3.39 donne le schéma du montage en demi pont onduleur. On suppose toujours
un pont complet redresseur au secondaire. Les deux interrupteurs S1 et S2, connectés en série,
forment un bras d’onduleur, dont le point milieu est relié à une borne du primaire, l’autre
borne étant reliée au point milieu capacitif. Les deux interrupteurs sont fermés
alternativement, d’où le nom de ce montage (signifiant littéralement "pousse-tire"), avec un
temps mort tm entre les deux. Comme dans le montage précédent, le réglage de la tension de
sortie s’effectue grâce au temps mort.
Quand les deux interrupteurs sont ouverts pendant un temps mort, l’enroulement primaire
se retrouve "en l’air" ; la tension au primaire, image de la tension secondaire, est nulle.
Sur la figure 3.40, on a tracé les formes d’ondes de tension primaire et du courant de
sortie, ainsi que la tension aux bornes d’un interrupteur.
N2
U dc = δ E. (3.48)
N1
Elle vaut la moitié de celle obtenue en pont complet. A Idc donné, la puissance de sortie
est donc également divisée par deux.
On notera aussi pour terminer que, bien que le primaire ne soit alimenté que sous la moitié
de la tension E, les interrupteurs doivent être capables de supporter la pleine tension d’entrée.