Chapitre 3

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Chapitre 3

CONVERSION CONTINU – CONTINU

3.1 Introduction
Les convertisseurs qui servent à transférer de l’énergie d’une source continue vers une
autre source continue sont appelés hacheurs. Ils se comportent comme des "transformateurs"
de grandeurs électriques continues à rendement élevé. Ils procèdent par découpage de la
grandeur d’entrée et utilisent des composants qui fonctionnent en commutation, c’est-à-dire
par tout ou rien (interrupteurs fermés ou ouverts).

Ces convertisseurs présentent deux différences essentielles par rapport aux montages
redresseurs :
− La source qui alimente un hacheur n’est plus alternative, elle est continue. Quand un
composant est dans l’état passant, il tend donc à conduire en permanence. Son
blocage n’est plus automatiquement assuré à la fin de son intervalle normal de
conduction. On dit que le hacheur fonctionne en commutation forcée, au lieu de la
commutation naturelle.
− Dans un hacheur, les composants sont encore commandés de manière périodique, mais
la fréquence de leur cycle d’ouverture – fermeture n’est plus imposée par la source
puisque le convertisseur est alimenté en continu. La fréquence de sortie étant nulle
elle aussi, la fréquence de fonctionnement interne peut être choisie librement. On lui
attribue d’ordinaire une valeur nettement supérieure à celle du réseau, ce qui présente
l’avantage de réduire le temps de réponse du dispositif.

En fortes puissances, ces hacheurs sont utilisés comme organes de réglage de puissance
électrique en continu, généralement dans les systèmes de contrôle de vitesse ou de couple de
machines électriques. Ils peuvent être associés à d’autres convertisseurs pour réaliser les
différents types de transformation d’énergie. Citons par exemple la conversion alternatif –
continu : un redresseur à diode fournit une tension moyenne fixe que l’on varie par le biais
d’un hacheur en cascade. Généralement, on peut identifier les circuits d’entrée et de sortie
d’un hacheur comme étant de natures différentes : l’un source de tension, l’autre source de
courant, ou vice versa. Ces deux sources peuvent être connectées directement sans éléments
d’adaptation. On parle de structures directes.

En petite et moyenne puissances, les problèmes se posent différemment. Dans les


alimentations en tension dites "à découpage" par exemple, le cahier des charges impose à la
sortie du convertisseur une tension continue parfaitement constante, l’entrée étant une source
de tension constante. A la structure élémentaire du hacheur viennent alors s’associer des
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-2

éléments d’adaptation et de filtrage (bobines, condensateurs, transformateurs). On parle de


structures indirectes. L’énergie est transférée du circuit d’entrée vers le circuit de sortie sans
jamais les relier directement.

3.2 Structures fondamentales


3.2.1 Hacheur dévolteur
On suppose à l’entrée du hacheur une source de tension constante E, unidirectionnelle en
courant (générateur). Un récepteur infiniment inductif, unidirectionnel en tension et en
courant, est raccordé aux bornes de sortie ; le courant de sortie est donc complètement lissé
(iu = Idc).

Pour moduler la puissance échangée entre le générateur et le récepteur, il suffit de


modifier périodiquement leur interconnexion :
− pendant un temps tf, le récepteur est enclenché directement sur le générateur : on est
dans la phase active ;
− pendant un temps to, le récepteur est court-circuité et le générateur est en circuit
ouvert : on est dans la phase passive ou "de roue libre".

Un tel fonctionnement est réalisé à partir du convertisseur élémentaire à structure directe


représenté à la figure 3.1. Le passage d’une phase à l’autre est obtenu par commutation des
deux interrupteurs S1 et S2, c’est-à-dire par leur changement d’état simultané et
complémentaire.

Figure 3.1 Hacheur dévolteur : structure fondamentale


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-3

3.2.1.1 Grandeurs d’entrée et de sortie

ƒ Pendant la phase active (de durée tf), S1 est fermé et S2 est ouvert. On a :
− pour la tension de sortie et le courant à l’entrée du convertisseur,

u u = E , ie = I dc ;

− pour la puissance instantanée aux bornes de sortie,

pu = E ⋅ I dc ;

− pour les tensions et courants des interrupteurs,

u S1 = 0 , i S1 = I dc ,

u S2 = E , iS2 = 0 .

ƒ Pendant la phase de roue libre (de durée to), S1 est ouvert et S2 est fermé, d’où :

u u = 0 , ie = 0 , pu = u u ⋅ I dc = 0 ,

u S1 = E , i S1 = 0 ,

u S 2 = 0 , i S 2 = − I dc .

On définit une fonction fm, appelée fonction de modulation, telle que :


− fm = 1 durant tf, quand les deux sources d’entrée et de sortie (générateur et récepteur)
sont interconnectées ;
− fm = 0 durant to, quand le récepteur est court-circuité.

Il s’agit d’une fonction périodique (de période T), de valeurs discrètes 1 ou 0, dont la
valeur ne dépend que de l’état passant de l’un ou l’autre des interrupteurs (figure 3.2a). Avec
cette définition, on peut donc écrire :

u u = f m E , ie = f m I dc , pu = f m E ⋅ I dc .

La figure 3.2b représente l’évolution des grandeurs d’entrée et de sortie.

La sortie du convertisseur peut être considérée comme une source de tension parfaite, qui
impose aux bornes du récepteur une tension instantanée périodique uu = fmE, de valeur
moyenne :

U dc = δ ⋅ E (3.1)

où δ = tf/T est appelé rapport cyclique.


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-4

Ce dernier, théoriquement compris entre zéro et 1, correspond à la valeur moyenne de la


fonction de modulation fm ; il est réglable par modification du temps de conduction relatif des
deux interrupteurs1

En raisonnant sur la valeur moyenne, la structure de hacheur présentée ici apparaît comme
un "transformateur" de tension continue, de rapport variable, abaisseur de tension, d’où
l’appellation de hacheur dévolteur :

0 < U dc < E .

En ce qui concerne le courant d’entrée et la puissance moyenne, on note aussi :

I e = (ie )moy = δ ⋅ I dc , Pdc = δE ⋅ I dc > 0

Le convertisseur élémentaire est donc élévateur en courant (0 < Ie < Idc).

Figure 3.2 Fonction de modulation et formes d’ondes en hacheur dévolteur

1
En pratique, on préfère travailler à période T fixée, surtout dans le cas d’une alimentation par caténaire. En
effet, le hacheur produit des parasites à la fréquence de hachage et aux fréquences multiples qui risquent de
perturber les signaux de commande et de signalisation transmis le long des voies. Pour piéger les harmoniques
correspondants et faciliter le dimensionnement des filtres, il est important d’avoir une idée précise de la
fréquence de hachage.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-5

3.2.1.2 Identification des interrupteurs

L’état de chaque interrupteur correspondant à chaque séquence (phase active / phase de


roue libre) permet de tracer les cycles de fonctionnement iS(uS).

L’observation de ces cycles montre que :


− S1 est un interrupteur à deux demi axes, unidirectionnel en tension (uS1 = 0 ou +E) et
en courant (iS1 = +Idc ou 0) ; la trajectoire de commutation entre l’état conducteur et
l’état bloqué ou vice versa est comprise dans le premier quadrant ;
− S2 est un interrupteur à deux demi axes, unidirectionnel en tension (uS2 = 0 ou +E) et
en courant (iS2 = −Idc ou 0) ; la trajectoire de commutation appartient aux deux demi
axes délimitant le dernier quadrant2.

On déduit que :
− S1 est un interrupteur entièrement commandé, placé dans le sens direct ; il s’agit d’un
transistor T (ou un de ses dérivés) ;
− S2 est un interrupteur à commutations spontanées, placé dans le sens inverse ; il s’agit
d’une diode inversée (D).

La figure 3.3 montre le schéma pratique du montage en hacheur dévolteur, l’interrupteur


S1 est synthétisé par un transistor IGBT (sans préjudice de généralité vis-à-vis d’un modèle de
transistor).

Notons que pour désigner le hacheur dévolteur, on utilise aussi parfois le qualificatif série
car l’interrupteur commandé (S1) est monté en série avec le générateur.

Figure 3.3 Schéma pratique de hacheur dévolteur à transistor IGBT

2
En effet, si l’on néglige les phénomènes secondaires, l’interrupteur S2 étant un élément dissipatif (uS2⋅iS2>0), la
trajectoire du point de fonctionnement lors de la commutation, du demi axe uS2>0 au demi axe iS2<0 ou vice
versa, ne peut se faire que le long des axes. On parle de commutation spontanée pour désigner un tel mode de
changement d’état de l’interrupteur.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-6

3.2.2 Hacheur survolteur


On suppose à l’entrée une source de courant constant I, unidirectionnelle en tension
(générateur). Le récepteur, infiniment capacitif, est unidirectionnel en tension et en courant ;
la tension de sortie est complètement lissée (uu = Udc).

Le convertisseur élémentaire est représenté à la figure ci-dessous.

Figure 3.4 Hacheur survolteur : structure fondamentale

3.2.2.1 Grandeurs d’entrée et de sortie

Comme pour le hacheur dévolteur, le fonctionnement sur une période se décompose en


deux phases :

ƒ Pendant la phase active (de durée tf), S1 est passant et S2 est bloqué. On a :
− pour la tension d’entrée et le courant de sortie,

u e = U dc , iu = I ;

− pour la puissance instantanée aux bornes de sortie,

pu = U dc ⋅ I ;

− pour les tensions et courants des interrupteurs,

u S1 = 0 , i S1 = I ,

u S 2 = U dc , i S 2 = 0 .

ƒ Pendant la phase de roue libre (de durée to), S1 est bloqué et S2 est passant, d’où :

u e = 0 , iu = 0 , pu = U dc ⋅ iu = 0 ,
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-7

u S1 = −U dc , i S1 = 0 ,

u S2 = 0 , iS2 = I .

Soit la fonction de modulation fm représentée à la figure 3.5a, définie en fonction des


temps de conduction de S1 et S2. On peut écrire :

u e = f mU dc , iu = f m I , pu = U dc ⋅ f m I .

La figure 3.5b illustre l’évolution des grandeurs d’entrée et de sortie.

Les relations sur les valeurs moyennes s’expriment quant à elles :

U e = (u e )moy = δ ⋅ U dc , I dc = (iu )moy = δ ⋅ I , Pdc = U dc ⋅ δI > 0 ,

avec δ = tf/T le rapport cyclique.

Si on raisonne sur les valeurs moyennes, cette structure de hacheur apparaît comme un
"transformateur" de tension de rapport variable, élévateur de tension, d’où son nom de
hacheur survolteur (0<Ue<Udc). On voit aussi qu’il est abaisseur en courant (0<Idc<I).

Figure 3.5 Fonction de modulation et formes d’ondes en hacheur survolteur


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-8

3.2.2.2 Identifications des interrupteurs

On établit facilement que :


− S1 est un interrupteur à deux demi axes, unidirectionnel en tension (uS1 = 0 ou −Udc) et
en courant (iS1 = I ou 0) ; la trajectoire de commutation appartient aux deux demi axes
délimitant le deuxième quadrant. Il s’agit d’une diode D placée dans le sens direct.
− S2 est un interrupteur à deux demi axes, unidirectionnel en tension (uS2 = 0 ou +Udc) et
en courant (iS2 = +I ou 0) ; la trajectoire de commutation est comprise dans le premier
quadrant. Il s’agit d’un transistor T (ou un de ses dérivés) placé dans le sens direct.

On nomme parfois cette structure hacheur parallèle compte tenu de la position de


l’interrupteur commandé (S2), en parallèle sur le générateur.

La figure 3.6 montre le schéma pratique du montage en hacheur survolteur, l’interrupteur


S2 est synthétisé par un transistor IGBT.

Figure 3.6 Schéma pratique de hacheur survolteur à transistor IGBT

3.2.2.3 Commentaires

Il est important de constater que les deux structures fondamentales présentées plus haut
(hacheur dévolteur et hacheur survolteur) sont duales l’une de l’autre.

En outre, dans les deux cas, le sens de transfert d’énergie est imposé, de l’entrée vers la
sortie. Il n’y a pas de réversibilité en puissance moyenne, celle-ci est toujours positive
(Pdc>0). On dit qu’il s’agit de hacheurs à "un seul quadrant" (sous-entendu du plan formé
par les axes Idc et Udc).
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-9

3.2.3 Hacheur réversible en courant


Les sources d’entrée et de sortie sont toujours de natures différentes, mais le hacheur doit
permettre une réversibilité en puissance moyenne du dispositif. Celle-ci est obtenue par la
réversibilité en courant de la source de courant qui reste unidirectionnelle en tension. On dit
qu’il s’agit d’un hacheur à "deux quadrants".

Un tel dispositif doit pouvoir s’appliquer par exemple à l’alimentation d’une machine à
courant continu. Dans ce cas, le hacheur réversible permet des phases de traction (Idc>0) et de
freinage en récupération d’énergie (Idc<0) sans inversion de la vitesse ("récepteur"
unidirectionnel en tension) mais avec inversion de couple (grâce à la réversibilité en courant).
On peut varier la vitesse de la machine de façon continue en réglant le rapport cyclique. Le
rendement de la conversion est très élevé et la souplesse de commande très grande. De plus,
le hacheur lui-même ne peut jamais entraîner une surtension aux bornes du récepteur, cette
tension étant toujours limitée à la tension d’entrée.

La structure fondamentale recherchée est montrée à la figure 3.7. Le convertisseur


élémentaire se comporte :
− comme un hacheur dévolteur lorsque la source de courant (le récepteur) impose un
courant Idc positif (phase de traction) ; le sens conventionnel positif du courant est
indiqué par la flèche en trait plein ;
− comme un hacheur survolteur3 lorsque le "récepteur" impose un courant Idc négatif
(phase de freinage en récupération) ; dans ce cas, le sens réel du courant est indiqué
par la flèche en trait discontinu.

Figure 3.7 Hacheur réversible en courant : structure fondamentale

3
Pour bien voir l’analogie avec la figure 3.4 durant la phase de récupération d’énergie, il suffit d’effectuer les
changements de notations suivants : Idc → −I, ie → −iu, uu → ue et E → Udc. On retrouve ainsi la structure
fondamentale d’un hacheur survolteur, le générateur de courant étant placé ici à la droite du schéma.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-10

3.2.3.1 Grandeurs d’entrée et de sortie

On a toujours les relations sur les grandeurs d’entrée et de sortie :

u u = f m E , ie = f m I dc , pu = f m E ⋅ I dc ,

U dc = δ ⋅ E , I e = δ ⋅ I dc , Pdc = δE ⋅ I dc

On note que le signe de la puissance moyenne dépend du signe de Idc.

3.2.3.2 Identification des interrupteurs

Les interrupteurs S1 et S2 sont identiques, tous les deux unidirectionnels en tension mais
bidirectionnels en courant. Le mode de commutation dépend du signe du courant :
− pour Idc>0 (hacheur dévolteur) : S1 est un transistor placé dans le sens direct et S2 une
diode inversée ;
− pour Idc<0 (hacheur survolteur) : S1 est une diode inversée et S2 un transistor monté en
sens direct.

Cela conduit au schéma de montage de la figure 3.8 où chaque interrupteur est synthétisé
par l’association en parallèle d’un transistor IGBT (ou un de ses dérivés) et d’une diode tête
bêche. Quand cette dernière conduit, on inhibe la commande du transistor.

La figure 3.9 illustre les formes d’ondes des grandeurs d’entrée et de sortie dans un
fonctionnement avec réversibilité en courant4. Le changement de signe de Idc s’effectue
nécessairement pendant une phase de roue libre (interrupteur S2 fermé). Au passage par zéro
du courant, le transistor T2 prend le relais de la diode D2 qui se bloque.

Figure 3.8 Schéma pratique de hacheur réversible en courant à transistors IGBTs

4
Sur cette figure, on a tenu compte de l’ondulation résiduelle du courant de sortie iu (de composante moyenne
Idc) afin de justifier sa décroissance naturelle pendant la phase de roue libre.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-11

Figure 3.9 Formes d’ondes des grandeurs d’entrée et de sortie dans un fonctionnement avec
réversibilité en courant

3.3 Etude d’un dispositif à thyristors


Soit le schéma de convertisseur élémentaire dévolteur de la figure 3.1. Si l’application ne
permet pas la mise en œuvre d’un composant à double commande (en l’occurrence un
transistor), l’interrupteur S1 peut être réalisé au moyen d’un thyristor classique avec un circuit
d’aide au blocage.

On donne à la figure 3.10 un exemple de schéma pratique de hacheur dévolteur à


thyristors. Le thyristor T1 et la diode de roue libre Dr correspondent respectivement aux
interrupteurs S1 et S2 du schéma montré à figure 3.1. Afin d’assurer le blocage de T1, on a
ajouté le circuit d’aide au blocage formé par l’inductance L, la capacité C et le thyristor de
soufflage T2. La diode D2 sert à la décharge du condensateur. Une diode D1 doit être montée
en tête bêche par rapport à T1. Le circuit constitué par la résistance Ra et la diode Da sert à
terminer la décharge de C.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-12

Figure 3.10 Schéma pratique de hacheur dévolteur à thyristors avec circuit d’aide au blocage

3.3.1 Phases successives. Formes d’ondes


Soit l’état initial suivant qui, en régime établi, se reproduit périodiquement à la fin de
chaque période de hachage :
− la diode Dr conduit seule, écoulant le courant de sortie : iDr = Idc. Le thyristor T1 est
bloqué et la tension uT1 à ses bornes est égale à la tension E du générateur ;
− le circuit d’aide au blocage est dans l’état quiescent : uC = 0 et iL = 0.

Les formes d’ondes de la figure 3.11 permettent de suivre l’évolution des principales
grandeurs du schéma : le courant d’entrée ie, le courant iL et la tension uC du circuit d’aide au
blocage, ainsi que la tension de sortie uu. Il faut remarquer que, sur tous les tracés, on a
exagéré la durée de la commutation, d’ordinaire très brève par rapport à la période de
hachage, afin de pouvoir distinguer les divers intervalles qui la composent.

3.3.1.1 Conduction de T1

En t = 0, l’amorçage de T1 entraîne la reprise du courant Idc par le générateur de tension,


d’où ie = Idc. La tension appliquée aux bornes du récepteur vaut E, ce qui entraîne le blocage
de la diode Dr polarisée en sens inverse (uDr = –E). Le circuit d’aide au blocage reste dans
l’état quiescent car la diode D2 est bloquée et T2 ne conduit pas encore.

3.3.1.2 Extinction de T1. Charge de C

C’est l’amorçage du thyristor T2, en t = t1, qui entame le processus d’extinction de T1. En
effet, T2 peut écouler une partie du courant d’entrée, ce qui permet la charge du condensateur
en une demi période du circuit oscillant formé par les éléments de circuit L et C.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-13

Figure 3.11 Formes d’ondes des principales grandeurs du schéma de hacheur à thyristors

Le courant iL est régi par l’équation :

diL 1 t
dt C ∫t L
L + i dt = E , (3.2)
1

avec les conditions initiales uC(t1) = 0 et iL(t1) = 0.

Après quelques développements mathématiques, il vient pour ce courant :

iL(t) = E C sin[ω0(t − t1 )] , (3.3a)


L
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-14

et pour la tension aux bornes du condensateur :

uC (t) = E{1 − cos[ω0(t − t1 )]}, (3.3b)

en désignant par ω0 la pulsation propre du circuit oscillant :

ω0 = 1 .
LC

A l’entrée, le courant iL s’additionne au courant du récepteur. On note :

ie = I dc + i L .

Après une demi période d’oscillation du circuit L−C, en ω0(t2−t1) = π, le courant iL


s’annule et le thyristor T2 s’éteint. La tension uC est alors égale à 2E, le condensateur chargé
est prêt à assurer l’extinction de T1.

3.3.1.3 Extinction de T1. Décharge de C

L’alternance négative de iL débute en t = t2, le condensateur commence à se décharger à


travers la diode D2. La tension et le courant du circuit d’aide au blocage sont toujours donnés
par les relations (3.3).

Tant que T1 conduit, la diode D1 est bloquée. Le courant dans le thyristor T1 (iT1 = ie) est
tel que :

I dc = ie − i L ,

avec iL négatif.

Le courant de décharge diminue ie et annule cette grandeur pour t = t3 ; le thyristor T1 se


coupe.

3.3.1.4 Conduction de D1. Suite de la décharge de C

A partir de t = t3, l’oscillation du circuit L−C se poursuit grâce à la diode D1 qui se


substitue à T1 pour écouler le courant d’entrée ie à présent négatif. La diode D1 conduit
jusqu’à l’instant t4 où, après être passé par sa valeur de crête, iL redevient égal à −Idc.

Durant l’intervalle de temps [t3, t4], le thyristor T1 est polarisé négativement, la tension à
ses bornes étant la chute de tension directe de D1 changée de signe. Cet intervalle donne le
temps de polarisation inverse du thyristor T1 : tp = t4−t3. Pour que T1 retrouve ses propriétés
de blocage avant que le courant d’entrée ne repasse par zéro, il est important de respecter la
condition :

t p ≥ tq ; (3.4)
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-15

celle-ci est indispensable au fonctionnement correct du convertisseur (pour rappel, tq indique


le temps de recouvrement des propriétés de blocage du thyristor).

On note que cette dernière condition implique aussi que la valeur de crête du courant iL
soit supérieure à Idc.

A la fin de l’intervalle [t3, t4], la tension aux bornes du condensateur est encore positive :
uC(t4)>0.

3.3.1.5 Fin de la décharge de C

A partir de t = t4, le courant d’entrée ie est égal à zéro (T1 et D1 sont tous deux bloqués) ;
le courant Idc passe alors par la capacité C, l’inductance L et la diode D2. Le condensateur se
décharge linéairement comme suit :

I dc
uC (t) = uC (t4) −
C
(t − t4 ) . (3.5)

Puisque iL est égal à –Idc, donc constant, la tension de sortie est donnée par :

diL
uu(t) = uC (t) + L = uC (t) . (3.6)
dt

Les tensions aux bornes des diodes Dr et Da, données par :

u Dr = −u u = −u C , u Da = −u C ,

sont négatives tant que uC est positive.

Ce fonctionnement cesse en t = t5, lorsque uC s’annule.

3.3.1.6 Transfert du courant à la diode Dr

A l’instant t5, les diodes Dr et Da entrent en conduction. Le transfert du courant Idc de la


diode D2 à la diode de roue libre Dr est dicté par les équations suivantes :

iDr = I dc + iL , (3.7a)

diL
L + uC = 0 , (3.7b)
dt

duC uC
iL = C + . (3.7c)
dt Ra

Il vient l’équation différentielle du second ordre :

d 2uC L duC
LC + + uC = 0 ,
dt 2 Ra dt
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-16

avec les conditions initiales :

du C (t 5 ) I
u C (t 5 ) = 0 , = − dc .
dt C

En supposant que l’amortissement :

ξ= 1 L = 1 ,
2Ra C 2RaCω0

est inférieur à l’amortissement critique, on trouve :

uC (t) =
− I dc
ω0C 1 − ξ 2
[ ]
exp[− ξω0(t − t5 )]sin ω0 1 − ξ 2 (t − t5 ) ; (3.8a)


[
iL(t) = −I dc exp[− ξω0(t − t5 )]cos ω0 1 − ξ 2 (t − t5 ) +] ξ
1−ξ 2
[ ] 
sin ω0 1 − ξ 2 (t − t5 )  (3.8b).
 

Le transfert du courant Idc à la diode Dr prend fin en t = t6, lorsque le courant iL devient
nul, ce qui entraîne la coupure de la diode D2. A la fin de l’intervalle [t5, t6], on montre que la
tension aux bornes du condensateur est faiblement négative : uC(t6)<0.

3.3.1.7 Fin de la période

Après la coupure de D2, la diode Dr écoule le courant Idc jusqu’au début de la période
suivante. Le condensateur se décharge dans la résistance Ra avec la constante de temps RaC.
Sur les tracés de la figure 3.11, on a supposé que uC devenait négligeable à partir de t = t7 et
que l’on abordait chaque nouvelle période avec une tension uC égale à zéro.

3.3.2 Commentaires
3.3.2.1 Rôle du dipôle d’amortissement

Le dipôle d’amortissement formé par la résistance Ra en série avec la diode Da a pour but
de ramener à zéro la tension aux bornes du condensateur en fin de commutation. En effet, la
résistance Ra détermine le coefficient d’amortissement ξ du circuit d’aide au blocage durant le
transfert du courant Idc de la diode D2 à la diode de roue libre. Ensuite, c’est elle qui donne la
constante de temps avec laquelle se résorbe la tension résiduelle qui subsiste aux bornes du
condensateur.

Décrivons brièvement ce qui se passerait en l’absence d’un tel dipôle. Dans un premier
temps, l’amplitude des oscillations du courant et de la tension du circuit d’aide au blocage
croîtrait sans cesse, en particulier l’amplitude des variations de uC, de part et d’autre de E.
Celles-ci finiraient toutefois par se stabiliser en raison de l’inévitable amortissement du circuit
résonant L−C dû aux résistances parasites. L’amplitude des variations de uC risquerait alors
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-17

d’être très nettement supérieure à 2E, ce qui conduirait à un surdimensionnement important de


tous les éléments du circuit d’aide au blocage.

La présence d’un circuit d’amortissement est donc indispensable en pratique.

3.3.2.2 Surveillance du courant de sortie et de la tension d’entrée

Le courant de sortie Idc joue un rôle important dans le fonctionnement du hacheur à


thyristors. En effet, la condition (3.4) est influencée par la valeur du courant Idc. A tension E
donnée, si celui-ci augmente, le temps de polarisation inverse tp du thyristor T1 diminue, et il
existe une valeur limite du courant Idc au delà de laquelle la condition tp≥tq n’est plus vérifiée.
Le système est alors incapable de couper T1 quand il conduit, ce thyristor reste donc allumé
en permanence et le récepteur est constamment raccordé au générateur.

Un hacheur dévolteur à thyristors devra donc être équipé d’un système de contrôle du
courant de sortie, afin de décider de la coupure du thyristor T1 dès que le courant Idc dépasse
une valeur limite.

Notons qu’une diminution de la tension E du générateur conduit à un problème analogue.


Dans ce cas, le courant iL du circuit d’aide au blocage voit son amplitude E√(C/L) [voir
relation (3.3a)] diminuer durant la phase d’oscillation du circuit L-C, détériorant ainsi les
conditions d’extinction du thyristor T1.

Il faudra donc munir le hacheur à thyristors d’un dispositif de protection contre une
diminution excessive de la tension d’entrée.

3.4 Choix de la fréquence de fonctionnement


Le choix de la fréquence de hachage f (= 1/T) dépend de plusieurs facteurs que nous
allons examiner ci-dessous. On se place dans le contexte d’un hacheur dévolteur.

3.4.1 Pertes dans les composants

En plus des pertes par conduction, liées aux chutes de tensions directes des composants,
les transitions de l’état passant à l’état bloqué ou vice versa entraînent des pertes par
commutations proportionnelles à la fréquence. Celles-ci peuvent être très importantes et
influer sur le choix des composants et la taille de leurs circuits de refroidissement.

Il conviendra donc de travailler à basse fréquence si l’on souhaite minimiser les pertes par
commutations et, par conséquent, assurer un rendement élevé du hacheur.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-18

3.4.2 Butées
Le fonctionnement d’un hacheur dévolteur à thyristors (avec circuit d’aide au blocage)
impose l’existence de butées. En effet :
1. Le thyristor de soufflage T2 peut recevoir une impulsion de gâchette au plus tôt en même
temps que T1. Or, l’amorçage de T2 en t = 0 ne provoque l’ouverture de l’interrupteur S1
de la figure 3.1 qu’à partir de l’instant t = t4. Cet interrupteur conduit donc un temps
minimum tf,min en dessous duquel il est impossible de descendre. Il y correspond la butée
minimale δmin = tf,min/T (avec δmin supérieur à zéro). Par conséquent, la tension moyenne
aux bornes du récepteur ne peut être réglée jusqu’à une valeur nulle. En traction, cela
peut être gênant pour le démarrage des moteurs à courant continu qui ne supportent pas
bien une variation trop brutale de la tension d’alimentation.
2. Lorsque l’interrupteur S1 est ouvert en t = t4, la commutation n’est pas pour autant
terminée, il faut attendre l’instant t = t7 pour que le circuit d’aide au blocage retourne à
l’état quiescent. Il n’est donc pas possible de refermer l’interrupteur S1, ce qui
correspondrait à l’amorçage de T1, immédiatement après son ouverture. Il existe un temps
maximum tf,max (inférieur à T) de fermeture de l’interrupteur S1. Il s’ensuit la butée
maximale δmax = tf,max/T (avec δmax inférieur à l’unité). Cela signifie que la tension
moyenne aux bornes du récepteur ne peut être réglée jusqu’à la tension E du générateur.

Il est donc souhaitable, pour minimiser les butées, de fonctionner avec une fréquence de
hachage aussi basse que possible.

3.4.3 Ondulation du courant de sortie


En pratique, si l’on tient compte de la nature réelle du récepteur5, le courant de sortie n’est
pas tout à fait constant, mais il est constitué d’une succession d’exponentielles
alternativement croissantes et décroissantes. Outre sa composante moyenne Idc, le courant de
sortie contient ainsi une composante alternative qui peut être importante. Le but d’un hacheur
étant d’alimenter un récepteur à courant continu, cette composante alternative est inutile,
voire nuisible aux performances du convertisseur. En effet, une ondulation importante du
courant est néfaste à plusieurs points de vue :
1. Le dimensionnement des éléments du hacheur est imposé par la valeur maximale du
courant à couper, l’ondulation entraîne donc un surdimensionnement du convertisseur lui-
même.
2. Si le récepteur est un moteur à courant continu, l’ondulation du courant induit des pertes
supplémentaires dans la machine liées aux harmoniques de courant.

Il est donc intéressant d’avoir une ondulation de courant minimale.

5
On adoptera comme modèle le plus général un dipôle constitué d’une bobine d’inductance Lu en série avec une
résistance Ru et une force électromotrice E0.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-19

En tenant compte de la nature réelle du récepteur et en supposant un fonctionnement en


régime établi, il est possible d’établir l’expression suivante :

E 1 − exp(− δT / τ u )
∆I u = I u ,max − I u ,min = {1 − exp[− (1 − δ )T / τ u ]}, (3.9)
Ru 1 − exp(− T / τ u )

qui donne l’ondulation du courant de sortie iu en fonction du rapport cyclique δ (avec


τu = Lu/Ru la constante de temps du récepteur).

En dérivant cette équation par rapport à δ, on montre que l’ondulation est maximale pour
δ = 0,5. Il vient :

E 1 − exp(− T / 2τ u )
(∆I u )max = . (3.10)
Ru 1 + exp(− T / 2τ u )

Pour déterminer l’influence de la fréquence de hachage sur l’ondulation de courant, il


suffit alors de dériver l’expression précédente par rapport à T, ce qui donne :

d (∆I u )max E 1 1
= exp(− T / τ u ) > 0 . (3.11)
dT Ru [1 + exp(− T / 2τ u )] τ u
2

Cette relation montre que plus la période de hachage T est élevée, plus l’ondulation de
courant (∆Iu)max est importante. Dès lors, on conçoit que pour minimiser l’ondulation de
courant de sortie, il est préférable d’adopter une fréquence de hachage la plus élevée possible.

3.4.4 Filtre d’entrée


A la figure 3.2b, on a montré la forme d’onde du courant d’entrée du hacheur dévolteur.
Son allure discontinue est mal adaptée vis-à-vis de la source de tension. En effet, en pratique,
un générateur de tension idéal n’existe pas ; celui-ci présente toujours une impédance interne
non négligeable qui, parcourue par les divers courants harmoniques (quand S1 est fermé),
entraîne une déformation de la tension d’entrée du convertisseur.

Aussi doit-on interposer un filtre d’entrée entre le générateur de tension imparfait et le


hacheur (voir figure 3.11). Ce filtre joue un double rôle :
− grâce à la capacité Ce, il rétablit le caractère de source de tension constante à l’entrée
du hacheur ;
− grâce à l’inductance Le, il lisse le courant délivré par le générateur de tension.

La fréquence propre de résonance du filtre est donnée par :

fe = 1 1 ,
2π LeCe
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-20

et sa transmittance isochrone s’écrit :

1
T ( jω ) = ,
1 − ω 2 Le C e

en fonction de la fréquence de hachage f (= ω/2π).

Pour assurer la sécurité de fonctionnement du convertisseur et limiter les risques de


surtensions, on veillera à ce que la fréquence de résonance du filtre vérifie la condition :

f e ≤ 0,5 f . (3.12)

Pour obtenir des éléments du filtre peu encombrants et peu coûteux, il convient donc de
travailler à une fréquence de hachage la plus élevée possible.

Figure 3.11 Schéma de hacheur dévolteur avec filtre d’entrée

3.4.5 Choix de la fréquence de hachage


Il ressort des considérations précédentes que le choix de la fréquence de hachage ne peut
résulter que d’un compromis. Pour citer un ordre de grandeur, signalons qu’en traction, les
fréquences utilisées sont généralement de l’ordre de quelques centaines de hertz.

3.4.5.1 Utilisation de deux fréquences

Dans le cas d’une application avec moteur de traction à courant continu, le problème de la
butée minimale du hacheur à thyristors peut être résolu par l’utilisation de deux fréquences de
hachage différentes. Pour le démarrage du moteur, on travaillera à basse fréquence de
manière à rendre la butée minimale très faible, les autres considérations évoquées plus haut
étant ignorées. Après la phase de démarrage, on passera rapidement à une fréquence normale
de fonctionnement de façon à rencontrer au mieux les critères répertoriés ci-dessus.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-21

3.4.5.2 Hacheurs entrelacés

Une meilleure solution, quelle que soit leur réalisation (à transistor ou à thyristors),
consiste à utiliser deux hacheurs montés en parallèle par l’intermédiaire de bobines de lissage
(voir figure 3.12). Chaque convertisseur élémentaire fonctionne avec la même fréquence de
hachage et le même rapport cyclique, mais leurs commandes sont décalées d’une demi
période. La fréquence de hachage est choisie de façon à rencontrer au mieux les critères de
butées et de pertes. Le filtre d’entrée et le récepteur "voient", quant à eux, une fréquence
apparente (2f) valant le double de la fréquence de hachage (f), ce qui permet de satisfaire au
mieux les critères d’ondulation du courant de sortie et de dimensionnement du filtre.

Les fonctions de modulation (fm1 et fm2) associées aux deux hacheurs entrelacés, ainsi que
les formes d’ondes des grandeurs d’entrée et de sortie sont montrées à la figure 3.13. Notons
que l’on envisage un fonctionnement à Idc>0 (traction).

La tension de sortie uu, de période fondamentale égale à T/2, comprend un terme moyen :

δT
U dc = 2 ∫ Edt = 2δE . (3.13)
T 0

réglable entre zéro et E par action sur le rapport cyclique δ.

En effet, pour que les intervalles de conduction de S1 et S3 ne se chevauchent pas, il faut


respecter la condition : δ < 0,5.

Figure 3.12 Hacheurs entrelacés


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-22

Figure 3.13 Fonctions de modulation et formes d’ondes de deux hacheurs entrelacés

3.4.5.3 Hacheurs à décalage série

On vient de voir l’entrelacement de deux hacheurs. Une autre possibilité permettant, elle
aussi, de doubler la fréquence "vue" des bornes de sortie, consiste à associer deux hacheurs en
série du côté du générateur, chacun supportant la moitié de la tension d’entrée. Le récepteur
est raccordé entre les bornes de sortie P et N. Le filtre d’entrée est constitué d’une bobine
d’inductance Le et d’un pont capacitif formé de deux condensateurs (de capacité Ce) en série
permettant d’équilibrer les tensions à l’entrée des deux hacheurs.

On obtient le montage à décalage série dont le schéma est illustré à la figure 3.14.

Chaque convertisseur fonctionne avec la même fréquence de hachage et le même rapport


cyclique, leurs commandes sont décalées d’une demi période.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-23

Figure 3.14 Hacheurs à décalage série

Les fonctions de modulation (fm1 et fm2) des deux hacheurs, ainsi que les formes d’ondes
des grandeurs d’entrée et de sortie sont montrées à la figure 3.15 (on envisage un
fonctionnement à Idc>0).

La tension de sortie uu, d’amplitude maximale E/2, a même forme d’onde que pour le
montage de deux hacheurs entrelacés ; sa période fondamentale est T/2. Le terme moyen
donné par :

δT
2 E
U dc =
T ∫ 2 dt = δE ,
0
(3.14)

est réglable entre 0 et E/2.

En effet, ici aussi, on est contraint de limiter le rapport cyclique (δ < 0,5) pour que les
intervalles de conduction de S1 et S3 ne se chevauchent pas.

Notons qu’un inconvénient de ce montage réside dans le fait que les bornes de sortie
auxquelles est connecté le récepteur sont flottantes.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-24

Figure 3.15 Fonctions de modulation et formes d’ondes de deux hacheurs à décalage série
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-25

3.5 Alimentations à découpage


Les alimentations en tension dites "à découpage" (en anglais "Switch Mode Power
Supply") sont des convertisseurs continu – continu à structure indirecte, alimentés à partir
d’une source de tension continue (batterie d’accumulateurs, batterie de cellules
photovoltaïques, etc.) ou à partir du réseau alternatif redressé et filtré. La sortie est souvent
séparée galvaniquement de l’entrée par l’intermédiaire d’un transformateur d’isolement
fonctionnant à fréquence élevée (de façon à réduire son encombrement et son poids, ainsi qu’à
faciliter le filtrage). La tension de sortie est généralement réglable et maintenue constante à
l’aide d’un circuit de régulation6 pour compenser les fluctuations de la tension d’entrée et/ou
de la charge. Les composants utilisés dans les structures d’alimentation à découpage sont
principalement le transistor IGBT et le transistor MOSFET. Les puissances de ces
alimentations vont de quelques watts à quelques kilowatts. A l’heure actuelle, elles
supplantent largement les alimentations classiques à régulation linéaire.

On envisage pour commencer trois schémas de convertisseur élémentaire à structure


indirecte sans transformateur d’isolement. Il s’agit des montages dévolteur (BUCK),
survolteur (BOOST) et survolteur – dévolteur (BUCK-BOOST). Ensuite, il sera question des
montages FLYBACK et FORWARD qui se distinguent par une séparation galvanique entre
l’entrée et la sortie. Enfin, en guise de conclusion, on abordera brièvement l’étude des
alimentations à découpage qualifiées de "symétriques".

3.5.1 Montage BUCK


On suppose à l’entrée du convertisseur une source de tension continue constante E
(générateur), unidirectionnelle en courant. La sortie est également considérée comme une
source de tension continue Udc (récepteur infiniment capacitif), unidirectionnelle en tension et
en courant.

Pour pouvoir interconnecter les deux sources de tension, il faut disposer une inductance L
entre l’entrée et la sortie. La position de cette inductance détermine la structure du
convertisseur élémentaire. Sur le schéma de la figure 3.16a, l’inductance se trouve côté
sortie, en aval des interrupteurs : on rétablit ainsi le caractère source de courant à la sortie,
celle-ci pouvant être enclenchée directement sur le générateur. Il s’agit du montage dévolteur
à structure indirecte, encore appelé montage BUCK. A la figure 3.16b, on donne le schéma
pratique de ce convertisseur. Comme pour le hacheur dévolteur à structure directe, les
interrupteurs S1 et S2 fonctionnent en commutation ; ils sont synthétisés respectivement à
partir d’un transistor de puissance (par exemple un MOSFET) et une diode inversée.

6
Pour sauvegarder un éventuel isolement entre l’entrée et la sortie, la boucle de régulation doit elle-même
comporter un dispositif d’isolement (opto-coupleur, transformateur, etc.).
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-26

Figure 3.16 Montage BUCK

ƒ Pendant le temps tf, S1 est fermé et S2 est ouvert. La tension aux bornes de l’inductance,
donnée par uL = E–Udc, est constante ; pour E > Udc, son courant croît linéairement d’après
l’expression :

E − U dc
iL = t + I L ,min . (3.15a)
L

Durant cette séquence, l’inductance L emmagasine de l’énergie magnétique.

ƒ Pendant le temps to, S1 est ouvert et S2 fermé. On a uL = –Udc ; le courant iL décroît


linéairement comme suit :

iL = −
U dc
(t − t f ) + I L,max (3.15b)
L

L’inductance L restitue son énergie au récepteur.

La figure 3.17 illustre les formes d’ondes de la tension et du courant dans l’inductance en
régime établi. Elle donne aussi les courants à l’entrée et dans les composants, ainsi que la
tension aux bornes des interrupteurs.

3.5.1.1 Tension de sortie et courant d’entrée

En régime établi, sur une période de hachage T, on sait que la tension moyenne aux bornes
de l’inductance est nulle. On écrit donc ici :

T
1

T 0
1
[
u L dt = (E − U dc )t f − U dc t 0 = 0 ,
T
]

d’où l’on déduit :

U dc = δ ⋅ E , (3.16)

avec δ = tf/T, le rapport cyclique.


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-27

Figure 3.17 Formes d’ondes du montage BUCK en régime établi.

Il s’agit de la même expression que celle déjà établie lors de l’étude du hacheur dévolteur
[voir équation (3.1)]. Comme δ est plus petit que l’unité, Udc est inférieur à E ; le montage
travaille en abaisseur de tension.

D’autre part, en exprimant la conservation de la puissance moyenne dans le montage et en


tenant compte de (3.16), on a pour le courant moyen à l’entrée :

I e = (ie )moy = δ ⋅ I dc , (3.17)

avec Idc le courant moyen à la sortie (ce dernier est aussi égal au courant moyen dans
l’inductance).
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-28

Le convertisseur est donc élévateur en courant.

On note que la fonction remplie par ce convertisseur permet une analogie avec un
transformateur de tension continue, de rapport δ compris entre zéro et 1.

3.5.1.2 Ondulation de courant dans l’inductance

Pour calculer l’ondulation crête à crête ∆IL du courant dans l’inductance, on exprime que
iL(T) = IL,min en régime permanent. En utilisant (3.15b), il vient :

∆I L = I L ,max − I L ,min = −
U dc
(T − t f ) ,
L

ou encore, compte tenu de (3.16) :

δ (1 − δ )E
∆I L = . (3.18)
f ⋅L

L’ondulation de courant est maximale pour δ = 0,5 ; elle vaut alors :

E
(∆I L )max = . (3.19)
4f ⋅L

3.5.1.3 Ondulation de tension de sortie

Jusqu’à présent, on a négligé l’ondulation de la tension de sortie uu. Pour déterminer son
expression, il faut tenir compte de la nature réelle du récepteur. On adopte comme modèle un
dipôle passif7 constitué d’un condensateur (de capacité Cu suffisante) et d’une résistance Ru en
parallèle ; cette dernière constitue la charge proprement dite du convertisseur. Il vient comme
équations à la sortie :

1
Cu ∫
uu = iC dt = Ru i R ,

i L = i R + iC ,

et d’après la forme d’onde du courant dans l’inductance (voir figure 3.17) :

i L = I dc + i L ,alt

où iL,alt représente la composante alternative autour de la valeur moyenne Idc.

En pratique, à cause de la valeur finie de la capacité du condensateur, il subsiste une faible


ondulation de tension ∆Uu = Uu,max–Uu,min. Si uu varie peu (≅ Udc), il en est de même du

7
Dans une alimentation à découpage, on ne cherche pas à réaliser un convertisseur réversible ; le flux de
puissance est toujours dirigé de l’entrée vers la sortie.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-29

courant iR et on peut supposer que ce dernier est constant, égal à Idc. Les variations du courant
iL, de part et d’autre de sa valeur moyenne, correspondent alors aux courants de charge et
décharge du condensateur. On note iC = iL,alt. Ce courant a pour expressions :
− entre t = 0 et t = tf :

∆I L ∆I L
iC = − + t ;
2 tf

− entre t = tf et t = T :

∆I L ∆I L
iC = − (t − t f ).
2 T −tf

Puisque iC, égal à Cu⋅duu/dt, est positif pour tf/2 < t < tf+to/2, l’amplitude crête à crête des
variations de uu est donnée par :

t f + to / 2
1 ∆I L
∆U u =
Cu ∫i
tf /2
C dt =
8C u f
, (3.20)

ou, compte tenu de (3.18), par :

E
∆U u = 2
δ (1 − δ ) . (3.21)
8 f LC u

3.5.1.4 Conduction discontinue

Dans ce qui précède, on a fait l’hypothèse de la conduction continue, c’est-à-dire que le


courant de sortie (iL) en régime permanent ne s’annule jamais. Le montage se comporte
comme une source de tension idéale ; les caractéristiques de sortie Udc(Idc) sont des droites
horizontales8.

En conduction discontinue, le courant iL est intermittent ; il s’annule entre deux périodes


comme illustré à la figure 3.18. Le fonctionnement du montage est alors tout à fait différent
et la tension de sortie devient fortement dépendante du courant.

L’égalité des puissances moyennes à l’entrée et à la sortie donne :

U dc I dc = E ⋅ I e ,

avec d’après l’allure du courant à l’entrée :

I L ,max t f
Ie = .
2 T

8
En réalité, on a des droites de pente faible négative à cause de la résistance série équivalente non nulle.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-30

Figure 3.18 Formes d’ondes de courants en conduction discontinue (montage BUCK).

La loi de la tension aux bornes de l’inductance permet aussi d’écrire :

E − U dc
I L ,max = tf .
L

On déduit de ces relations :

δ 2 E (E − U dc )
I dc = . (3.22)
2 fL U dc

Les caractéristiques Udc(Idc), obtenues pour différentes valeurs du rapport cyclique, sont
des portions d’hyperboles passant par le point de coordonnées (Idc = 0, Udc = E), d’asymptote
horizontale Udc = 0 (voir figure 3.19).

ƒ Conduction critique

A la limite de fonctionnement en conduction discontinue, les tensions d’entrée et de sortie


sont aussi liées par la relation Udc = δ⋅E, ce qui donne :

1 U dc (E − U dc )
I dc ,lim = . (3.23)
2 fL E

Le lieu des points de conduction critique est une parabole passant par l’origine et le point
de coordonnées (Idc = 0, Udc = E), d’extremum :

 E E
 I dc = , U dc =  .
 8 fL 2

En utilisant (3.18) et (3.23), on vérifie aisément que ∆IL = 2Idc,lim.


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-31

U dc 0,9
0,8
E

0,7

0,6

0,5
(E /(8fL) ; E/2 )
0,4

0,3

0,2

0,1

I dc
0

Figure 3.19 Caractéristiques de sortie du montage BUCK

ƒ Commentaire

D’après l’allure des caractéristiques Udc(Idc) en conduction discontinue, il apparaît que :


− à vide, quel que soit le rapport cyclique, la tension de sortie est égale à E ;
− aux faibles débits (c’est-à-dire aux faibles valeurs de Idc), la tension Udc peut être très
supérieure à δE.

Ce montage est donc inutilisable en source de tension sans circuit de régulation.

En pratique, on préfère éviter le fonctionnement en conduction discontinue. Pour cela, on


dimensionne l’inductance L du montage pour que l’ondulation maximale du courant iL reste
dans les limites imposées par le cahier des charges et ce, sans qu’il y ait interruption du
courant au cours d’un cycle de découpage.

3.5.2 Montage BOOST


Le schéma de principe du convertisseur BOOST est donné à la figure 3.20a. On parle
aussi de montage survolteur à structure indirecte. Un tel montage diffère du précédent par la
position de l’inductance, qui se trouve cette fois côté entrée, en amont des interrupteurs : on
rétablit ainsi le caractère source de courant à l’entrée plutôt qu’à la sortie. A la figure 3.20b,
on montre le schéma pratique où les interrupteurs S1 et S2 sont synthétisés respectivement par
un transistor et une diodes placés dans le sens direct.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-32

Figure 3.20 Montage BOOST

ƒ Pendant la phase de stockage inductif (de durée tf), S1 est fermé et S2 ouvert. On a uL = E ;
le courant iL croît linéairement d’après l’expression :

E
iL = t + i L ,min . (3.24a)
L

ƒ Pendant le temps to, S1 est ouvert et S2 fermé. La tension aux bornes de l’inductance est
constante, donnée par uL = E–Udc ; pour E < Udc, son courant décroît linéairement comme
suit :

E − U dc
iL = (t − t f ) + i L,max . (3.24b)
L

A la figure 3.21, on a tracé les formes d’ondes des différentes grandeurs intéressantes pour
ce montage.

3.5.2.1 Tension de sortie et courant d’entrée

En régime établi, la tension moyenne aux bornes de l’inductance est nulle, d’où :

T
1

T 0
1
[
u L dt = E t f + (E − U dc )t 0 = 0 .
T
]

On déduit :

E
U dc = , (3.25)
1−δ

où le rapport cyclique est toujours défini par δ = tf/T.

Comme δ est inférieur à l’unité, Udc est supérieur à E, d’où le nom de montage survolteur.

En exprimant la conservation de la puissance moyenne et en tenant compte de (3.25), on a


pour le courant moyen à l’entrée :
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-33

I dc
I e = (ie )moy = . (3.26)
1−δ

Ce dernier est aussi égal au courant moyen dans l’inductance.

Le convertisseur est abaisseur en courant ; il remplit une fonction analogue à une


transformateur de tension continue, de rapport 1/(1−δ) supérieur à 1.

Figure 3.21 Formes d’ondes du montage BOOST en régime établi

3.5.2.2 Ondulation de courant dans l’inductance

L’ondulation crête à crête du courant iL s’obtient en exprimant que iL(tf) = IL,max en régime
permanent. En utilisant (3.24a), on établit facilement :

E
∆I L = I L ,max − I L ,min = tf , (3.27)
L

ce qui peut encore s’écrire :


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-34

δE
∆I L = . (3.28)
fL

3.5.2.3 Ondulation de tension de sortie

Pour déterminer l’ondulation de la tension de sortie, on doit tenir compte de la nature


réelle du récepteur. Celle-ci a déjà fait l’objet d’une discussion lors de l’étude du montage
précédent. En outre, on considère l’ensemble formé du générateur de tension E, en série avec
l’inductance L, comme un générateur de courant parfait débitant son courant Ie, soit dans le
transistor, soit, à travers la diode, dans le dipôle récepteur formé des éléments Ru et Cu en
parallèle.

ƒ Pour 0 < t < tf, le transistor conduit :

du u u u
0 = Cu + ,
dt Ru

d’où l’expression de uu :

u u = U u ,max exp(− t τ u ) ,

avec τu = RuCu la constante de temps associée au modèle de récepteur.

A la fin de cet intervalle, uu est passée de son maximum à son minimum. Ce dernier a
pour valeur :

U u ,min = U u ,max exp(− t f τ u ) . (3.29)

ƒ Pour tf < t < T, c’est la diode qui conduit :

du u u u
I e = Cu + ,
dt Ru

d’où l’expression de uu :

[
u u = U u ,max exp(− t τ u ) + RI e {1 − exp − (t − t f ) τ u } .]
En écrivant qu’à l’instant t = T, uu retrouve la valeur Uu,max, on obtient :

U u ,max = RI e
[
1 − exp − (T − t f ) τ u ]. (3.30)
1 − exp(− T τ u )

En utilisant (3.29), l’ondulation de tension crête à crête est donnée par :

[ ]
∆U u = U u ,max − U u ,min = U u ,max 1 − exp(− t f τ u ) ,
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-35

et en remplaçant Uu,max par son expression (3.30) :

∆U u = RI e
[
1 − exp − (T − t f ) τ u ] ⋅ [1 − exp(− t τ u )].
1 − exp(− T τ u )
f

Si la constante de temps τu est très supérieure à la période de découpage T, la relation


précédente se simplifie comme suit :

T
∆U u = RI e (1 − δ )δ ,
τu

ou encore, étant donné Idc = (1-δ)Ie :

δI dc
∆U u = (3.31)
Cu f

3.5.2.4 Conduction discontinue

En conduction discontinue, le courant iL (= ie) s’annule entre deux périodes comme illustré
à la figure 3.22.

Figure 3.22 Formes d’ondes de courants en conduction discontinue (montage BOOST)

On peut écrire :

I L ,max t f + t o
Ie = ,
2 T

avec

E
I L ,max = tf .
L

En tenant compte de (3.26) et sachant que :


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-36

E (U − E )
t f = dc to ,
L L

donc

E
to = tf ,
U dc − E

on déduit l’expression de la valeur moyenne du courant de sortie :

δ 2E2 1
I dc = . (3.32)
2 fL U dc − E

Les caractéristiques Udc(Idc) sont des hyperboles d’asymptotes Udc = E et Idc = 0 (voir
figure 3.23)

On notera qu’à faible débit, la tension Udc peut monter très haut ! Ce montage doit donc
impérativement disposer d’une régulation pour pouvoir fonctionner à faible courant Idc.

U dc
0,8

0,7

0,6
0,5

0,4

0,3 (E /(8fL) ; 2E )
0,2
0,1
E
I dc
0

Figure 3.23 Caractéristiques de sortie du montage BOOST

ƒ Conduction critique

A la limite de fonctionnement en conduction discontinue, les tensions d’entrée et de sortie


sont aussi liées par la relation :

E
U dc = .
1−δ

En remplaçant Udc par cette dernière expression dans (3.32), on trouve :


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-37

E 2 U dc − E
I dc ,lim = . (3.33)
2 fL U dc2

Le lieu des points de conduction critique est une courbe qui passe par le point de
coordonnées (Idc = 0, Udc = E), avec pour asymptote la droite Idc = 0, et dont l’extremum est le
point :

 E 
 I dc = , U dc = 2 E  .
 8 fL 

3.5.3 Montage BUCK-BOOST


Si on place l’inductance L dans une position intermédiaire, entre les interrupteurs S1 et S2,
faisant tampon entre l’entrée et la sortie, on obtient le schéma du montage dévolteur-
survolteur à structure indirecte, encore appelé montage BUCK-BOOST (figure 3.24a). Ce
convertisseur présente la particularité de pouvoir délivrer à la sortie une tension Udc inférieure
ou supérieure à E selon les durées respectives de conduction de S1 et S2, d’où son nom. On
note aussi que la tension de sortie est inversée par rapport à celle des montages précédents,
ceci explique la raison pour laquelle Udc est comptée positivement dans l’autre sens. Le
stockage d’énergie dans l’inductance et la restitution de cette énergie côté sortie sont obtenus
à l’aide d’un seul interrupteur commandé et d’une diode, conformément au schéma de la
figure 3.24b.

Figure 3.24 Montage BUCK-BOOST

L’étude est semblable à celle effectuée pour les montages précédents. Elle ne sera pas
abordée en détails dans le cadre de ce cours. Les principaux résultats sont repris sur les
courbes de figure 3.25 et le tableau récapitulatif ci-dessous.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-38

Figure 3.25 Formes d’ondes du montage BUCK-BOOST

BUCK BOOST BUCK-BOOST

E δ ⋅E
Udc δ ⋅E
1−δ 1−δ

I dc δ ⋅ I dc
Ie δ ⋅ I dc
1− δ 1−δ

I dc I dc
(iL)moy I dc (= I e ) (= I e + I dc )
1−δ 1−δ

δ (1 − δ )E δE δE
∆IL
f ⋅L fL fL

∆I L δI dc δI dc
∆Uu
8 fC fC fC
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-39

3.5.4 Facteur d’utilisation du silicium


Une grandeur importante pour caractériser un montage est la puissance installée en
silicium. Pour un composant à semi-conducteur donné, ce terme correspond au produit V⋅I.
Les grandeurs V et I sont définies comme étant les valeurs de crête de la tension et du courant
que doit supporter le composant dans l’utilisation considérée. Les marges de sécurité étant
choisies par l’utilisateur, on en déduit les valeurs de crête V et I du composant à utiliser.

Un critère intéressant pour comparer les différents convertisseurs est le facteur


d’utilisation du silicium défini comme suit :

puissance installée en silicium


Fu , Si = . (3.34)
puissance absorbée

Le tableau ci-dessous donne pour chaque montage la puissance installée en silicium pour
le transistor de puissance, la puissance absorbée à l’entrée, ainsi que le facteur d’utilisation du
silicium. Pour ces calculs, on se réfère aux courbes des figures 3.17, 3.21 et 3.25 et on
néglige, pour simplifier, l’ondulation du courant iL.

Les courbes de la figure 3.26 représentent les variations du facteur d’utilisation du


silicium en fonction du rapport cyclique. De l’examen de ces courbes, on déduit que :
− le montage BUCK-BOOST est le plus mal placé ;
− plus le montage BUCK "dévolte", plus il est mal placé ;
− plus le montage BOOST "survolte", plus il est mal placé.

Ce facteur d’utilisation du silicium peut être utilisé de deux manières différentes. En


effet, pour un montage donné, Fu,Si étant connu, on peut déterminer :
− pour une puissance installée en silicium donnée, la puissance maximale que pourra
fournir ce montage ;
− pour une puissance utile donnée du convertisseur, la puissance à installer en silicium.

BUCK BOOST BUCK-BOOST

P installée en Si E ⋅ I dc I dc I dc
U dc (E + U dc ) ⋅
V⋅I 1−δ 1−δ

P absorbée (= E⋅Ie) U dc ⋅ I dc U dc ⋅ I dc U dc ⋅ I dc

Fu,Si 1 1 1
δ 1−δ δ ⋅ (1 − δ )
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-40

16

14

12

10
Fu,Si
8

6
BUCK-BOOST

2 BOOST BUCK

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

Rapport cyclique δ

Figure 3.26 Facteur d’utilisation du silicium

3.5.5 Montage en alimentation à accumulation (FLYBACK)


Les montages que l’on étudie à présent se distinguent des précédents de par l’existence
d’un transformateur d’isolement. Celui-ci introduit une séparation galvanique entre la charge
et la source d’alimentation. Dans la suite, on fera l’hypothèse que les fuites du transformateur
sont négligeables.

Reportons-nous au schéma du convertisseur BUCK-BOOST (figure 3.24) : le transfert


d’énergie se fait en deux temps, par l’intermédiaire d’un élément de stockage (l’inductance L).
Durant le temps tf (S1 fermé et S2 ouvert), on accumule de l’énergie dans L ; ensuite, durant to
(S1 ouvert et S2 fermé), l’énergie emmagasinée dans l’inductance est transférée vers la sortie.
L’idée de base utilisée dans le montage FLYBACK consiste à remplacer l’élément L par
l’inductance de magnétisation du transformateur. Pour avoir effectivement une inductance,
on utilise le transformateur dans un fonctionnement "en inductances couplées", c’est-à-dire
que les deux enroulements, primaire et secondaire, ne conduisent jamais en même temps. On
aboutit ainsi au schéma pratique de la figure 3.27 (remarquer le pointage des enroulements).
Cette structure se nomme aussi alimentation à accumulation.

Il existe deux modes de fonctionnement du montage FLYBACK : en démagnétisation


complète et en démagnétisation incomplète.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-41

Figure 3.27 Montage FLYBACK

3.5.5.1 Fonctionnement en démagnétisation complète

La figure 3.28 représente les formes d’ondes des principales grandeurs en régime
permanent dans le cas d’une démagnétisation complète. Le flux ϕ dans le noyau magnétique
donne une image du courant magnétisant.

ƒ Pendant le temps tf, le transistor T est rendu conducteur et la diode est bloquée (le
secondaire est ouvert). Un courant circule au primaire dans l’inductance L1 (= L1m), il
croît linéairement d’après l’expression :

E
i1 = t. (3.35)
L1

En t = tf, ce courant est noté I1,max = (E/L1)⋅tf. L’énergie EM emmagasinée dans L1 est
donnée par :

1 1 t 2f 1 E2 δ 2
EM = L1 I 12,max = E 2 = , (3.36)
2 2 L1 2 L1 f 2

avec δ = tf/T le rapport cyclique.

ƒ Pendant le temps to, T est ouvert. Les tensions primaire et secondaire sont inversées, la
diode D conduit pour assurer la continuité du flux. En effet, l’énergie stockée dans le
noyau du transformateur ne pouvant pas subir de discontinuité, celle-ci est transférée au
récepteur par l’intermédiaire d’un courant secondaire à travers D. A la mise en
conduction de la diode, il apparaît au secondaire un courant I2,max tel que :

1 1
EM = L2 I 22,max = L1 I 12,max ,
2 2

où L2 = (N2/N1)L1.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-42

Il s’ensuit :

N1
I 2,max = I 1,max (3.37)
N2

L’enroulement secondaire étant fermé sur Udc (récepteur de tension parfait), le courant i2
décroît linéairement comme suit :

i2 = I 2,max −
U dc
(t − t f ). (3.38)
L2

Si le temps blocage du transistor est suffisamment long, le courant a le temps de s’annuler.


Les deux enroulements sont alors ouverts et le flux est nul pendant "un temps mort" de durée
tm : il s’agit d’un fonctionnement en démagnétisation complète, équivalent à la conduction
discontinue du convertisseur BUCK-BOOST. Toute l’énergie EM accumulée durant la
première phase de fonctionnement a été transférée au récepteur.

Figure 3.28 Formes d’ondes du montage FLYBACK en démagnétisation complète (régime


permanent)
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-43

ƒ Calcul de la tension de sortie

A chaque cycle de découpage, on transfère une énergie EM. Par conséquent, pour une
fréquence de travail f, la puissance moyenne transmise sur une période s’exprime P = EM⋅f. Si
on néglige les pertes du convertisseur, cette puissance se retrouve intégralement à la sortie,
d’où :

U dc2
P = EM f = ,
Ru

avec Ru la partie résistive du dipôle récepteur.

Cette relation permet de calculer la tension de sortie. En utilisant (3.36), il vient :

Ru
U dc = δE (3.39)
2 L1 f

On constate que, en démagnétisation complète, la tension de sortie Udc ne dépend pas du


rapport de transformation N2/N1. En revanche, elle dépend de la charge Ru. Ceci s’explique
par le fait que le montage ainsi réalisé n’est pas une source de tension mais une source de
puissance. Une régulation agissant sur le rapport cyclique est donc indispensable pour
transformer cette source de puissance en source de tension.

ƒ Influence du rapport de transformation

Le rapport N2/N1, qui n’intervient pas sur la tension de sortie, détermine la tenue en
tension du transistor T. En effet, quand le secondaire est en débit, la tension qui apparaît au
primaire vaut (N1/N2)⋅Udc et la tension aux bornes de T est alors égale à E + (N1/N2)⋅Udc.
Durant le temps mort, il n’y a plus de tension, ni au primaire, ni au secondaire, et la tension
du transistor chute à E.

Pour une tension d’entrée E et une tension de sortie régulée, égale à Udc, on choisit
habituellement le rapport de transformation tel que (N1/N2)⋅Udc = E. De cette façon, le
transistor est amené à supporter une tension double de E. Dans ces conditions, la
décroissance du courant secondaire (ramené au primaire) a lieu avec une pente égale et de
signe opposé à celle liée à la croissance du courant primaire. Autrement dit, le temps de
décroissance jusqu’à zéro de (N2/N1)⋅i2 est égal au temps de croissance de i1 jusqu’à I1,max. Par
conséquent, le rapport cyclique δ doit rester inférieur à 0,5 pour permettre la
démagnétisation complète.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-44

ƒ Commentaires

1. A la figure 3.28, on remarque l’allure triangulaire des courants primaire et secondaire, qui
se caractérisent donc par un mauvais facteur de forme. Ceci implique une valeur de crête
élevée par rapport au courant moyen. Pour δ = 0,5 par exemple, le courant maximum
dans le transistor est égal à 4 fois le courant moyen au primaire, d’où un
surdimensionnement en courant important de ce composant.
2. Le courant i2, subit des discontinuités importantes et il en va de même pour le courant
dans le condensateur de sortie (récepteur de tension). Cet élément sera donc très sollicité.
3. On a supposé que le courant primaire repart de zéro au début de chaque cycle. Par là, on
considère que la tension de sortie Udc a bien la valeur désirée. En effet, la décroissance du
courant i2 se faisant avec une pente égale à –Udc/L2, si la charge varie brusquement, il est
possible que cette tension s’effondre (la régulation est incapable de réagir instantanément)
et donc, que le courant secondaire ne soit pas redescendu à zéro au moment où l’on
rallume le transistor. Il s’ensuit une augmentation anormale du courant magnétisant dans
le transformateur (donc dans le transistor, la diode, etc.) avec risque de saturation du
circuit magnétique, renforçant l’effet d’accroissement du courant et conduisant à la
destruction du montage. Il est donc indispensable de prévoir un dispositif de protection en
courant.
4. Pour la même raison, on doit prendre des précautions pour la mise sous tension. En effet,
au cours de la première période de découpage, le condensateur de sortie est initialement
déchargé (Udc = 0) et le courant au secondaire décroît très peu. Si, au début de la
deuxième période, lorsqu’on allume à nouveau le transistor, le courant magnétisant ne
s’est pas encore annulé, la croissance du courant primaire s’effectuera à partir de cette
valeur initiale, et ainsi de suite pour les périodes suivantes (d’où un risque de saturation et
de destruction). Pour pallier ce problème, on utilise un dispositif de démarrage progressif
("soft-start") consistant à mettre sous tension avec un rapport cyclique très faible, que l’on
augmente ensuite progressivement, de manière à charger "en douceur" le condensateur.

L’ensemble des contraintes évoquées ci-dessus réserve l’utilisation du montage


FLYBACK en démagnétisation complète au domaine des faibles puissances (quelques watts à
quelques dizaines de watts).

3.5.5.2 Fonctionnement en démagnétisation incomplète

Si on amorce le transistor T avant que le courant secondaire se soit annulé, on fonctionne


en démagnétisation incomplète, ce qui correspond à la conduction continue du convertisseur
BUCK-BOOST. Les courants prennent l’allure indiquée sur la figure 3.29. On note aussi que
le flux ne s’annule jamais.

Le facteur de forme du courant primaire (ainsi que celui du courant secondaire) est
meilleur qu’en démagnétisation complète, l’allure du courant étant trapézoïdale plutôt que
triangulaire. Ceci permet d’avoir, pour une valeur de crête imposée par le transistor, une
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-45

valeur moyenne du courant plus élevée. Or, en s’appuyant sur des considérations
énergétiques, on montre que le courant moyen au primaire est une image de la puissance
délivrée à la sortie. En effet, en négligeant les pertes, on a : Pdc = E⋅I1,moy. Le fonctionnement
en démagnétisation incomplète permet donc, pour un dimensionnement donné, de délivrer
une puissance supérieure à celle obtenue avec la marche en démagnétisation complète. Le
transistor est néanmoins soumis à une tension égale à E + (N1/N2)⋅Udc durant toute la durée to
de son blocage.

Figure 3.29 Formes d’ondes du montage FLYBACK en démagnétisation incomplète (régime


permanent)

ƒ Tension de sortie

En exprimant que la tension moyenne aux bornes de l’inductance L1 est nulle, on trouve
l’expression de la tension de sortie Udc. En effet, étant donné :

1 
T
1 N1
T ∫o
u ⋅dt =  E ⋅ t − U ⋅ t  = 0 ,
T 
1 f dc o
N2 

on établit facilement :
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-46

N2 δ ⋅ E
U dc = . (3.40)
N1 1 − δ

Cette relation est à comparer avec celle du montage BUCK-BOOST, donnée par :

δ ⋅E
U dc = .
1−δ

D’après (3.40), on voit que Udc est indépendante de la charge (Ru)

ƒ Protection en courant

La valeur de crête du courant primaire dépend de sa valeur moyenne qui est, elle-même,
une image de la puissance fournie à la sortie. Lors d’un transitoire rapide de charge, la
régulation ne pouvant pas avoir un temps de réponse nul, il y a un risque d’augmentation
brutale du courant primaire entraînant la saturation du noyau magnétique et la destruction du
transistor. Ici aussi, il faudra donc prévoir une protection en courant du montage.

3.5.5.3 Montage à sorties multiples

Une des principales limitations du montage FLYBACK est de ne pas pouvoir fonctionner
à vide (Ru = ∞). Si la charge est déconnectée accidentellement, il apparaît une surtension
élevée à la sortie, due au fait que l’énergie stockée dans l’inductance de magnétisation du
transformateur, durant la conduction du transistor, ne peut plus alors s’écouler que dans le
condensateur de sortie (risque de destruction de cet élément).

Pour pallier cet inconvénient, on peut réaliser un montage FLYBACK à plusieurs sorties
(voir figure 3.30) : la marche à vide est alors permise sur l’une des sorties, l’énergie
emmagasinée dans le noyau étant envoyée sur les autres sorties.

Figure 3.30 Montage FLYBACK à sorties multiples


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-47

3.5.5.4 Conclusion sur le montage FLYBACK

Dans un montage FLYBACK, le nombre de composants mis en jeu est minimal.


Toutefois, on préfèrera à ce type d’alimentation à découpage d’autres solutions pour les
raisons suivantes :
− Le circuit magnétique du transformateur doit avoir un volume lui permettant
d’emmagasiner toute l’énergie demandée par la charge (fonctionnement en
inductances couplées). A puissance égale, il est plus volumineux qu’un
transformateur d’alimentation directe que nous allons étudier ci-dessous.
− Les composants, parcourus par des courants à flancs raides, sont très sollicités.
− Il y a nécessité d’une protection en courant.

3.5.6 Montage en alimentation directe (FORWARD)


Reportons-nous au montage BUCK de la figure 3.16. Comme dans le paragraphe
précédent, on peut envisager d’insérer un transformateur pour créer une séparation galvanique
entre l’entrée et la sortie. Néanmoins, contrairement au montage FLYBACK où l’on avait un
fonctionnement en inductances couplées, le transformateur travaille de façon "transparente",
c’est-à-dire que le pointage des enroulements est tel que le primaire et le secondaire
conduisent en même temps. Cet élément ne peut donc pas se substituer à l’inductance L, qui
continue d’assurer le rôle de lissage du courant de sortie.

Etant donné que le transformateur ne peut fonctionner qu’en alternatif, le seul endroit où
l’on peut insérer le primaire se trouve entre le transistor et l’inductance L (existence d’une
tension variable sur l’électrode de source). On adopte la configuration pratique montrée à la
figure 3.31. La diode de roue libre D1 est isolée du secondaire par une seconde diode D2 de
sorte qu’elle n’impose plus u2 égale à zéro pendant sa conduction. Le troisième enroulement
dit "de démagnétisation", en série avec la diode D3, assure la continuité du flux magnétique
pendant le blocage du transistor.

Figure 3.31 Montage FORWARD


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-48

Un tel convertisseur porte le nom de montage FORWARD. On parle aussi d’alimentation


directe pour faire référence au fonctionnement "transparent" du transformateur : le courant du
primaire est transféré directement au secondaire.

3.5.6.1 Etude du fonctionnement

On se place dans l’hypothèse de la conduction continue dans L et on choisit N1 = N3. Les


fuites du transformateur sont négligées.

Les formes d’ondes des différents courants et de la tension aux bornes du transistor T sont
montrées à la figure 3.32.

ƒ Pendant le temps tf, T est rendu conducteur et la diode D2 est passante (D1 et D3 sont
bloquées). Le primaire est soumis à une tension u1 = E, le secondaire à u2 = (N2/N1)⋅E et
le troisième enroulement à u3 = E (en effet, N3 = N1). Le courant magnétisant i1m croît
linéairement d’après l’expression :

E
i1m = t, (3.41)
L1m

avec L1m l’inductance de magnétisation définie du côté du primaire.

La tension uL aux bornes de l’inductance est égale à (N2/N1)⋅E − Udc, son courant croît
linéairement comme suit :

(N 2 N 1 )E − U dc
iL = t + I L ,min . (3.42)
L

Le courant primaire (donc dans le transistor) est la somme de iL, ramené au primaire, et du
courant magnétisant :

N2
i1 = i L + i1m . (3.43)
N1

ƒ Pendant le temps to, T est bloqué ce qui correspond à l’ouverture de l’enroulement


primaire (i1 = 0). D2 est bloquée (le sens de u2 entraîne le blocage de la diode
d’isolement), donc i2 = 0. Les diodes D1 et D3 sont rendues conductrices, l’une pour
assurer la continuité du courant iL et l’autre, dans un premier temps, pour permettre la
continuité du courant i1m.

En effet, le flux et l’énergie magnétique emmagasinée dans le noyau ne peuvent pas subir
de discontinuité. C’est le rôle du troisième enroulement qui, soumis à la tension u3 = −E
(quand D3 conduit), permet au courant magnétisant de se refermer par l’intermédiaire de
la maille supplémentaire ainsi crée (i1m = i3). On remarquera le pointage de ce troisième
enroulement. Pour N3 = N1, le courant i1m décroît linéairement selon l’expression :
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-49

i1m = I 1m ,max −
E
(t − t f ). (3.44)
L1m

Dès l’ouverture du primaire et du secondaire, l’enroulement de démagnétisation


fonctionne comme dans un montage FLYBACK. Il restitue toutefois l’énergie
magnétique à la source plutôt que de la transférer au récepteur. Le générateur devra donc
permettre une certaine réversibilité en courant afin de récupérer cette énergie.

Durant cette séquence, l’inductance de sortie L est soumise à une tension égale à −Udc et
son courant décroît comme suit :

i L = I L ,max −
U dc
(t − t f ) . (3.45)
L

Les relations (3.41) et (3.44) montrent que la pente de croissance du courant i1m durant la
première phase est égale et opposée à la pente de décroissance de ce même courant durant la
seconde phase. Après l’ouverture du primaire, le courant magnétisant s’annule donc au bout
d’un temps égal à tf. On déduit que la durée du blocage du transistor T doit être supérieure ou
égale à son temps de conduction ; autrement dit, le rapport cyclique δ doit être égal ou
inférieur à 0,5 (si N3 = N1). Tant que D3 conduit, la tension u1 aux bornes du primaire est
égale à −E et la tension aux bornes du transistor vaut 2E. Quand le courant magnétisant
s’annule, D3 se bloque ; il n’y a plus de courant dans aucun des enroulements ; la tension uT
du transistor chute à la valeur E.

3.5.6.2 Tension de sortie

En écrivant que la tension moyenne aux bornes de l’inductance L est nulle :

T
u L ⋅dt = {[( N 2 N 1 )E − U dc ] ⋅ t f − U dc ⋅ t o } = 0 ,
1 1

T o T

il vient pour la tension de sortie :

N2
U dc = δ ⋅E . (3.46)
N1

Cette relation est à comparer avec la tension de sortie du montage BUCK, donnée par :

U dc = δ ⋅ E .

3.5.6.3 Influence de l’inductance de fuites

En pratique, l’inductance des fuites du transformateur est à l’origine d’une surtension qui
s’ajoute à la tension théorique aux bornes du transistor uT = E+(N1/N3)⋅E. On a donc intérêt à
réaliser un couplage très serré entre ces deux enroulements pour minimiser les fuites.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-50

Figure 3.32 Formes d’ondes du montage FORWARD pour N1 = N3 (régime permanent)

3.5.6.4 Comparaison avec le montage FLYBACK

Citons les principaux avantages du montage FORWARD par rapport à une alimentation à
accumulation (FLYBACK) :
1. On a affaire à une véritable "source de tension".
2. Le transformateur ne joue plus le rôle d’élément de stockage d’énergie, celle-ci est
transférée directement au récepteur durant la phase de conduction du transistor. Le
volume de son noyau magnétique est par conséquent réduit. La conception est toutefois
rendue plus difficile à cause de la nécessité d’un troisième enroulement intimement couplé
au primaire.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-51

3. Un fonctionnement à vide est possible même si la régulation n’intervient pas


instantanément. Cependant, le condensateur de sortie devra être capable de supporter une
tension Udc qui va monter à (N2/N1)⋅E, alors qu’en fonctionnement en charge cette tension
est limitée à la moitié de cette valeur (pour δ = 0,5).
4. Le filtrage est facilité par une ondulation de courant plus faible dans l’inductance et dans
le condensateur de sortie.

3.5.7 Alimentations symétriques


On qualifie de symétriques, les alimentations à découpages dans lesquelles le cycle
magnétique du transformateur est symétrique par rapport à l’origine dans le plan B(H). Ce
mode de fonctionnement conduit à une meilleure utilisation des circuits magnétiques que dans
les alimentations à structures asymétriques (FLYBACK et FORWARD) où le point de
fonctionnement du transformateur n’évolue que dans un seul quadrant (B et H ne changent
pas de signe, le flux est toujours positif).

3.5.7.1 Principe

Un onduleur de tension monophasé permet d’obtenir, à partir d’une source de tension


continue, une tension alternative pouvant être appliquée sur le primaire d’un transformateur
(figure 3.33). En plaçant au secondaire un redresseur monophasé suivi d’un filtre, on
reconstitue une tension continue à la sortie. On réalise ainsi une conversion tension
continue – tension continue indirecte avec isolement.

Figure 3.33 Alimentation à découpage symétrique (association onduleur – redresseur)


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-52

La source de tension continue d’entrée E est vue en alternatif, côté secondaire, à travers
l’onduleur et le transformateur fonctionnant de manière transparente à haute fréquence. Le
secondaire se comporte donc comme une source de tension et, par conséquent, une inductance
L sera nécessaire pour se raccorder au récepteur de tension. Le redresseur débite son courant
sur cette inductance, qui constitue avec l’élément capacitif du récepteur, le filtre de sortie.

3.5.7.2 Réglage de la tension de sortie

Si on se place dans le cas pratique d’un convertisseur non réversible, on peut se contenter
côté secondaire d’un redresseur non contrôlé (à diodes). Le réglage de la tension de sortie
s’effectue alors au niveau de l’onduleur. Pour cela, on introduit un temps mort, de durée
variable tm, durant lequel aucun interrupteur ne conduit (l’enroulement primaire du
transformateur est ouvert) ; ce temps mort correspond approximativement à un palier de
tension nulle. On obtient ainsi à la sortie de l’onduleur une forme d’onde de tension à trois
niveaux +E, 0 et –E qui s’applique aux bornes du primaire (voir figure 3.33). La tension
secondaire, une fois redressée et filtrée, donne une tension continue égale à la valeur moyenne
de la tension redressée, réglable en agissant sur la durée du temps mort.

3.5.7.3 Différentes structures

ƒ Onduleur

La structure de base de l’onduleur est constituée de quatre interrupteurs en pont (figure


3.34a) ; c’est la structure, qui pour un dimensionnement donné des interrupteurs, permet le
transfert du maximum de puissance. Lorsque deux interrupteurs d’une diagonale sont fermés,
ceux de l’autre diagonale ouverts, la tension au primaire vaut ±E (selon la diagonale
considérée).

Pour des puissances plus faibles, il est possible de n’utiliser qu’une moitié du pont
onduleur pour économiser deux interrupteurs en introduisant, par exemple, un point milieu
capacitif. Ainsi, en conservant un bras d’onduleur et en remplaçant l’autre par un pont
diviseur capacitif, on obtient la structure appelée PUSH-PULL série (figure 3.34b). Le
potentiel du point milieu reste pratiquement constant si les condensateurs ont une valeur
suffisante. La tension primaire quand un des deux interrupteurs conduit est égale à ±E/2.
Avec les mêmes composants et la même tension d’entrée E, on a une puissance moitié de
celle du pont complet.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-53

Figure 3.34 Structures d’onduleur

ƒ Redresseur

Les deux structures de redresseur les plus souvent rencontrées sont illustrées à la
figure 3.35. Il s’agit soit d’un pont complet, soit d’un demi pont à diodes. Dans ce deuxième
cas, il est nécessaire d’avoir un transformateur à point milieu au secondaire.

Figure 3.35 Structures de redresseur

Toutes les combinaisons sont possibles entre l’un de ces onduleurs et l’un de ces
redresseurs. En pratique, le choix se fait en fonction de la puissance et des tensions d’entrée
et de sortie.

3.5.7.4 Etude de l’étage redresseur

On étudie pour commencer le fonctionnement du redresseur, en particulier durant un


temps mort. Dans ce cas, tous les interrupteurs de l’onduleur sont ouverts, l’enroulement
primaire du transformateur n’est plus alimenté, et c’est le redresseur au secondaire qui impose
le fonctionnement, d’une façon assez particulière que l’on va examiner ci-dessous.

On se place dans le contexte d’un redresseur en pont complet (figure 3.36).


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-54

A l’instant initial, juste avant le temps mort, le secondaire est en débit à travers deux des
diodes, D1 et D3 ou D2 et D4 selon le signe de u2, positif ou négatif. Un courant iL circule dans
l’inductance de sortie.

Juste après l’ouverture des interrupteurs, iL trouve un chemin à travers les diodes du pont
qui vont toutes les quatre conduire simultanément : D1 et D4 en série, et, D2 et D3 en série, ces
deux groupes conduisant en parallèle. Par raison de symétrie, chaque groupe assure le
passage de la moitié du courant iL ; la continuité de ce courant est assurée. La tension aux
bornes de l’enroulement secondaire est donc nulle et la tension primaire est nulle également.
On a, grâce au redresseur, un palier à tension égale à zéro permettant le réglage de Udc.

On peut ensuite s’interroger sur la continuité du flux et donc de l’énergie magnétique


emmagasinée dans le noyau du transformateur. La réponse est simple si l’on se rappelle que
le courant magnétisant, qui correspond au flux circulant dans le circuit magnétique du
transformateur, peut être représenté indifféremment côté primaire ou côté secondaire (au
rapport de transformation près). En raisonnant côté secondaire, on voit sur la figure 3.36 que
le courant magnétisant i2m (=N1/N2⋅i1m) maintient sa continuité en circulant à travers les quatre
diodes, où il se superpose au courant principal, s’ajoutant à iL dans les diodes D1 et D3, se
retranchant dans les diodes D2 et D4. Comme la tension aux bornes du secondaire est nulle
(u2 = 0), le courant i2m reste constant pendant le temps mort.

Figure 3.36 Redresseur en pont complet : fonctionnement durant un temps mort

3.5.7.5 Etude de l’étage onduleur

On envisage les deux cas : en pont complet et en demi pont (PUSH-PULL série).

ƒ Pont complet

La figure 3.37 montre le schéma du montage en pont complet onduleur (partie gauche), le
redresseur au secondaire (partie droite) utilise quatre diodes formant également un pont
complet. Les interrupteurs d’une même diagonale sont commandés en synchronisme : S1 et
S3 conduisent en même temps, puis, après un temps mort, S2 et S4, suivi d’un nouveau temps
mort, etc.
Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-55

Quand S1 et S3 (ou S2 et S4) conduisent pendant un temps tf, le transformateur transfert de


la puissance au secondaire ; la tension primaire u1 est égale ±E ; la tension secondaire vaut,
après redressement, +(N2/N1)⋅E.

Quand tous les interrupteurs sont ouverts (pendant le temps mort tm), l’enroulement
primaire se retrouve "en l’air" mais la tension à ses bornes est nulle, imposée par le secondaire
où les quatre diodes conduisent.

Figure 3.37 Montage en pont complet onduleur

Les formes d’ondes de tension primaire et du courant de sortie, ainsi que la tension aux
bornes d’un interrupteur, sont montrées à la figure 3.38.

Figure 3.38 Formes d’ondes principales du montage en pont complet onduleur


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-56

Si on définit le rapport cyclique d’après la relation habituelle (δ = tf/T), on obtient pour la


tension de sortie :

N2
U dc = 2δ E. (3.47)
N1

Comme le temps de fermeture de deux interrupteurs diagonaux est limité à T/2 (temps
mort nul), on a nécessairement δ inférieur à 0,5. La tension de sortie est donc, elle-même,
limitée à la valeur maximale (N2/N1)⋅E.

ƒ PUSH-PULL série

La figure 3.39 donne le schéma du montage en demi pont onduleur. On suppose toujours
un pont complet redresseur au secondaire. Les deux interrupteurs S1 et S2, connectés en série,
forment un bras d’onduleur, dont le point milieu est relié à une borne du primaire, l’autre
borne étant reliée au point milieu capacitif. Les deux interrupteurs sont fermés
alternativement, d’où le nom de ce montage (signifiant littéralement "pousse-tire"), avec un
temps mort tm entre les deux. Comme dans le montage précédent, le réglage de la tension de
sortie s’effectue grâce au temps mort.

Figure 3.39 Montage PUSH-PULL série

Lorsqu’un des deux interrupteurs est fermé, le transformateur transfert la puissance au


secondaire ; la tension primaire vaut ±E/2 ; la tension côté secondaire, après redressement, est
égale à +(N2/N1)⋅E/2.

Quand les deux interrupteurs sont ouverts pendant un temps mort, l’enroulement primaire
se retrouve "en l’air" ; la tension au primaire, image de la tension secondaire, est nulle.

Sur la figure 3.40, on a tracé les formes d’ondes de tension primaire et du courant de
sortie, ainsi que la tension aux bornes d’un interrupteur.

La tension de sortie s’exprime maintenant comme suit :


Chapitre 3 – Conversion continu – continu 3-57

N2
U dc = δ E. (3.48)
N1

avec δ < 0,5.

Elle vaut la moitié de celle obtenue en pont complet. A Idc donné, la puissance de sortie
est donc également divisée par deux.

On notera aussi pour terminer que, bien que le primaire ne soit alimenté que sous la moitié
de la tension E, les interrupteurs doivent être capables de supporter la pleine tension d’entrée.

Figure 3.40 Formes d’ondes principales du montage PUSH-PULL série

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