La Theologie de La Liberation
La Theologie de La Liberation
La Theologie de La Liberation
Clodovis Boff
© Association Communio | Téléchargé le 11/02/2022 sur www.cairn.info via Universidad Eclesiástica San Dámaso (IP: 80.39.112.208)
2021/6 N° 278 | pages 95 à 117
ISSN 0338-781X
ISBN 9782915111910
DOI 10.3917/commun.278.0095
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-communio-2021-6-page-95.htm
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Nous publions un document important pour l’histoire et la réception de la théologie de la
libération. L’auteur a pris part aux origines de ce mouvement, mais il a progressivement
adopté une attitude critique envers son inspiration marxiste. Cet article (paru en 2007, après
la Déclaration d’Aparecida 1) a marqué sa rupture avec d’autres exposants de la TdL, dont
son frère Leonardo. Les critiques (et la réponse de Clodovis Boff) ont été publiées dans la
Revista Ecclesiástica Brasileira en 2008 (en ligne).
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cette théologie. Elle adopte « la perspective du pauvre ». Tout cela est
bien connu et c’est ce qui caractérise cette théologie.
Sans aucun doute, l’option pour les pauvres, comme thème fonda-
mental, est théologiquement fondé dans la Bible et la tradition.
Néanmoins, comme principe épistémologique particulier, ouvrant
une perspective déterminée, elle reste largement non pensée et non
discutée dans les milieux « libérationnistes ». Elle est là, sans consi-
dération épistémologique et engendre de la confusion, en théorie
Thème comme en pratique.
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discours, nous devons dire que c’est justement ce qui fait défaut à la
TdL. Et il est à craindre que l’usage, en théologie, d’un langage
analogique (libération : sociale et spirituelle ; pauvre : économique
et existentiel ; royaume : de justice et de grâce etc.) au lieu de résoudre
la difficulté, complique encore l’absence de définition théorique, en
favorisant un glissement du discours qui permette au théologien,
acculé au plan sémantique, de passer subrepticement à un autre
plan. L’analogie se transforme alors, d’indispensable instrument de
toute articulation théologique, en « subterfuge de l’indécision ».
C’est un fait que la TdL a tout fait « dans l’optique des pauvres ».
Elle le dit, elle le veut et elle le fait concrètement. Il suffit d’analyser sa
production la plus récente où le parti-pris épistémologique « libéra-
tionniste » est plus qu’évident. La « pastorale de la libération » elle-
même, qui est mise en œuvre notamment dans la « pastorale sociale » * 97
communio * XLVI, 6 * novembre-décembre 2021
et dans les « communautés de base », est tout entière centrée sur les
pauvres.
D’autre part, que la foi dans le Dieu révélé soit le principe premier
de la théologie, cela est accepté sans aucune difficulté par la TdL.
Mais ce principe n’est pas vraiment mis en œuvre ici. Il représente une
hypothèse, un donné de départ, laissé de côté, qui n’est pas un
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principe opératoire. C’est un article de foi qui est confessé, mais
qui n’est pas situé dans une perspective théorique, qui donne sa
couleur dominante à tout le discours de la libération. Qu’il lui
donne une certaine couleur est inévitable, puisqu’il s’agit de théologie,
mais c’est une couleur fanée, pour ne pas dire une simple nuance.
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et pastoral ? Il se produit une instrumentalisation de la foi en fonction
des pauvres. On tombe dans l’utilitarisme ou le « fonctionnalisme »
par rapport à la Parole de Dieu et à la théologie en général.
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commencement (commencement d’un discours), mais non comme
principe (critère déterminant).
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commence une promenade dans une mauvaise direction, plus on
avance, plus on s’éloigne du but. Et ainsi les fruits de la TdL, qui
sont certes notables, finissent par « rater leur coup » et se détériorent
avec le temps. Le résultat général de l’inversion pratique de principe
(de Dieu aux pauvres) a pour conséquence d’affaiblir et même de
vider l’identité chrétienne, et cela sur plusieurs plans :
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1.5. Pourquoi l’inversion fondamentale de la TdL :
le choc de la rencontre avec la pauvreté
Nous devons, à ce stade, comprendre, sans nécessairement
approuver, les raisons qui ont conduit la TdL à se concentrer de
facto sur les pauvres, en laissant dans l’ombre le fundamentum fidei.
Notre propos sera ici très synthétique.
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l’immanence.
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de Dieu – la transformation et la résolution de la théologie en
anthropologie.
C’est alors que survint une théologie qui, dans la danse obligée avec
la modernité, se laissa porter par elle, au lieu de guider sa partenaire.
Il est compréhensible, dans ce contexte, que la TdL aussi se soit
engagée dans la voie anthropologisante de la modernité. Sauf que
pour elle, le centre n’était plus simplement l’homme mais le pauvre. Il
s’agissait d’une « anthropologie de la libération ». De sorte que le
nouveau centre thématique, la nouvelle perspective, menaçait de
supplanter l’ancien centre de la foi, pour faire résonner comme un
refrain : omnia ad maiorem pauperis gloriam, etiam Deus.
Thème Cette inversion anthropocentrique a entraîné une instrumentalisa-
tion générale à laquelle la modernité a soumis toutes les valeurs. Les
penseurs de l’École de Francfort ont dénoncé ce savoir éclairé, essen-
tiellement technique et instrumental, se présentant comme l’unique
source possible de bonheur et de libération. Et aussi Martin
Heidegger avec sa théorie du Ge-stell (« l’arraisonnement de la tech-
nique »). La religion n’a pas échappé à cet « arraisonnement ». Au
plan économique, la manipulation dont elle a souffert aux mains du
capitalisme, qui est le produit le plus consistant de la modernité, n’est
que trop connu. Et au plan socio-politique, elle est devenue un
instrumentum regni, cette religion civile de Hobbes et de Rousseau.
Disciple de Zwingli, Thomas Érastus (1524-1583) fut le premier
théoricien à légitimer la soumission de la religion au pouvoir civil.
Quant à la TdL, elle cédait à la tentation de politiser la foi, dans la
mesure où elle encourageait les chrétiens à la lutte sociale sous
l’étendard, de saveur maurrassienne, « libération d’abord ». Le chris-
tianisme est ici pris comme instrumentum regni des pauvres, il est
toujours instrumentalisé pour cela. Dans cette perspective, la foi est
vue avant tout comme une fonction de libération des pauvres.
L’histoire montre qu’en chemin la religion politisée finit toujours par
104 * se dissoudre en politique qui, en l’absorbant, devient elle-même une
La théologie de la libération – Un retour au fondement
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C’est la même chose : le sort fatal de ceux qui prennent la place de
Dieu et qui s’en servent est de se prendre pour Dieu. Et de la même
manière, une TdL qui « consomme » la foi chrétienne surtout pour
la libération risque de consommer cette foi et elle-même avec.
La « libération » peut dévorer la « théologie ».
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sur ses fondements d’origine. C’est la seule façon de sauver la TdL, et
ainsi de sauver les fruits précieux qu’elle a produits, et tout particu-
lièrement l’option préférentielle pour les pauvres et la foi comme force de
libération.
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de TdL et celle d’Aparecida. Nous pouvons, en bref, présenter cette
confrontation de la façon suivante : TdL part du pauvre et rencontre le
Christ ; Aparecida part du Christ et rencontre le pauvre. Dire qu’il s’agit
de méthodologies mutuellement complémentaires est peu de chose. Il
est aussi et surtout nécessaire de voir les différences respectives et la
hiérarchie qui s’impose entre les deux.
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C’est précisément là que le Document d’Aparecida nous semble
pouvoir servir de modèle. Tout y part du Christ et, de cette arché, on
retrouve toutes les grandes questions qui interpellent l’Église, dont
(et surtout) la question des pauvres et de l’engagement libérateur (et,
en même temps, le problème actuel du péché et de la recherche du
divin, de sorte que le document fait « d’une pierre deux coups »).
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Le Document commence bien, il commence là où il devait
commencer : « Nous sommes aimés et sauvés en Jésus, Fils de
Dieu, le Ressuscité, vivant au milieu de nous ». La foi au Christ
est une expérience de rencontre : le mot « rencontre » se trouve
employé 128 fois dans le Document. Il s’agit là de l’essence intime
de la foi chrétienne : une rencontre de personne à personne, une
rencontre vivante avec le Christ vivant. Le Document va plus loin :
cette rencontre est nécessairement une transformation, elle trans-
forme la vie à tous les niveaux : personnel, communautaire, social et
environnemental.
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Mais quelles sont les conséquences concrètes de ce magnifique point
de départ ?
Il implique d’abord de favoriser de toutes les manières une relation
interpersonnelle avec le Christ. C’est précisément ce que signifie
« être un disciple » : nous sommes ici renvoyés sur le terrain de la
spiritualité ou de la mystique.
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parole, sa mission, son engagement pour la justice. Ce début chris-
tologique est juste, à la fois théologiquement et pastoralement.
Car notre catholicisme populaire, bien qu’exalté à Aparecida
(n. 258-265) en tant que « trésor le plus précieux du peuple », est
un catholicisme qui emprunte plus à la tradition qu’à la conviction
personnelle, à la culture qu’à l’expérience spirituelle. D’où sa vulné-
rabilité aussi bien au prosélytisme des sectes qu’aux séductions maté-
rialistes du laïcisme et de la sécularisation. D’où aussi le recul, qui
a diminué depuis Medellín, mais reste important, en termes de
conscience sociale et d’engagement politique.
Et le catholicisme des élites (évêques, prêtres, intellectuels et mili-
tants) est plus doctrinal qu’expérimental, plus idéologique que Clodovis
personnel, plus théorique qu’existentiel, plus moralisant que Boff
mystique, plus « musclé » que « cordial », bref plus pratique que
« théo-pathique ».
Notons aussi la langue, le style du document : c’est un langage
communicatif qui éveille la joie de croire, l’enthousiasme d’annoncer,
l’ardeur de se battre. Il est aussi assez homogène, car son unité interne
vient du centre vivant qui est le Christ, la foi vivante au Christ. C’est un
langage spirituel dont la nouveauté tient à l’éblouissement d’une
Rencontre. Il correspond à son thème : « exprimer ce qui est spirituel
en termes spirituels », comme le voulait saint Paul (1 Corinthiens 2, 13).
Comment l’Assemblée épiscopale est-elle parvenue à un tel langage
de véritable communication évangélique ? Ce n’est pas un simple effet
littéraire, c’est parce que ce langage émanait de la vie et de l’expérience
de notre Église, interprétée par nos pasteurs. Et un tel langage ne
s’improvise pas en deux semaines : il témoigne de la vitalité spirituelle
et pastorale de nos églises et de leurs pasteurs.
Soulignons rapidement quelques traits du langage d’Aparecida : il
est léger, ni lourd ni ennuyeux ; il est clair et compréhensible ; il est
positif, préférant l’encouragement à la critique, tout en restant réaliste
et prophétique en même temps ; il est stimulant, serein, équilibré. * 111
communio * XLVI, 6 * novembre-décembre 2021
Disons pour conclure que le constat génial et inspiré des évêques fut
de partir du point de départ de toute la vie chrétienne : le Christ, la foi
en Christ, la rencontre vivante avec le Christ.
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et qui n’aurait plus besoin d’être, à chaque fois, redécouverte dans son
éternelle originalité. Les évêques ne s’y sont pas trompés : comme les
prophètes (et les poètes, et les enfants), ils ont vu « l’évidence », ils ont
proclamé « l’évident ». Ce fut un trait de génie.
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Une personne pleine du Christ l’annonce immédiatement, comme
par débordement. Le Document parle de la mission évangélisatrice en
termes très positifs : il s’agit d’irradier la Lumière reçue, de commu-
niquer la joie de la Rencontre, de partager la Vie d’amour (n. 145).
On voit bien comment la proclamation évangélisatrice découle de la
foi : le véritable « disciple » devient nécessairement un « mission-
naire », pour reprendre le titre de la Conférence d’Aparecida. La
mission, on le voit bien, n’a rien à voir avec l’endoctrinement, la
propagande, le prosélytisme ; il s’agit d’une irradiation, d’une « attrac-
tion magnétique » vers le Christ, le « véritable pôle nord du monde
spirituel », comme l’a dit Péguy.
caine, est repris ici avec une nouvelle vigueur qui relève plus de la
théologie que de la rhétorique.
L’engagement social est repris « à partir de l’expérience de la foi en
Christ » : par conséquent, l’engagement libérateur découle directe-
ment de ce qui suit : ceux qui aiment le Christ aiment aussi leurs
frères et sœurs, et en particulier ceux qu’Il préfère, les pauvres et les
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exclus dont le Document décrit les visages dans différents passages
(n. 65, 402 et surtout 407-430). La logique de l’engagement doit être
soulignée : il part de la rencontre avec le Christ, et celui qui a
rencontré le Christ va à la rencontre de son frère pauvre et souffrant :
le social dérive du spirituel.
C’est la même logique qu’on rencontre dans le Nouveau testament,
notamment dans les épîtres de Jean et de Paul : « si vous êtes lumière
dans le Seigneur, comportez-vous en enfants de lumière » (Éphé-
siens 5, 8). Cette logique n’est pas humaine, elle est dans la nature
même de la Révélation qui consiste dans une vie nouvelle qui conduit
à une action nouvelle.
Thomas d’Aquin ne dit rien d’autre avec son idée d’une action qui
Thème découle « de la surabondance de la vie contemplative » (Somme
théologique III, q. 182, a. 1 ad 3m). Nietzsche prêchait la « vertu
qui donne », insistant sur une action qui était le fruit de la richesse
intérieure et non du besoin personnel (Zarathoustra partie 1, dernier
chapitre). Mais il est inutile de citer davantage d’auteurs : c’est la
logique des choses elles-mêmes : agere sequitur esse, l’action dérive de
l’être. Aparecida ne fait que l’appliquer à la foi et au travail pastoral.
Il demeure sans aucun doute la question des médiations concrètes
entre foi et politique, mais elles ne concernent que la forme extérieure
de l’action et non sa substance intérieure. La foi est appelée à être
« l’âme » de toute politique, même dans sa propre structure. La
politique, en effet, est autonome mais non pas autarcique. Ce qui
veut dire que, bien qu’elle jouisse de ses propres lois (autonomie),
l’action politique reste toujours dépendante de son Créateur, et donc
ouverte au religieux. Entre la foi au Christ et la vie sociale, il n’y a pas
de parallélisme et encore moins de contradiction.
Dans cette perspective, pleinement et clairement spirituelle, de type
existentiel et interpersonnel, l’engagement de libération est tout
imprégné du Christ qui a parcouru le chemin de la vie et qui veut
être aimé dans la vie et régner dans la société : la foi informe et anime
114 * de haut en bas toute la mission de l’Église, y compris la politique.
La théologie de la libération – Un retour au fondement
Cela est particulièrement vrai pour les chrétiens laïcs qui ont leur
propre espace social de pratique directe et concrète de la foi. Apare-
cida insiste sur ce point, en soulignant comme devoir pastoral de
l’Église la nécessaire formation politique des laïcs (n. 501-508). Mais
toute la pratique sociale des laïcs se développe « avec le Christ, par le
Christ et dans le Christ ». C’est le sens des mots : « en Lui » que le
pape a introduits à la fin du thème du Cinquième CELAM : « pour
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que nos peuples aient la vie en Lui ».
Ce thème de « la vie » structure les trois grandes parties du Docu-
ment, réparties entre « voir, juger et agir », la méthodologie de
l’Action catholique qui, répétons-le, a une valeur matérielle (théma-
tique, d’exposition) plus que formelle (déterminante et fondatrice).
* 115
communio * XLVI, 6 * novembre-décembre 2021
Conclusion
Après les critiques de la première partie et les propositions de la
deuxième, qu’en est-il de la TdL ? À mon avis, elle semble aller dans la
bonne direction.
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catholique, sans plus, et de façon naturelle. Elle appartient désormais
au discours de l’Église en général, elle fait partie intégrante de la
théologie générale en tant que « dispositif social » et poursuivra son
chemin, comme un affluent dans le grand fleuve de l’enseignement de
l’Église. Il en est allé de même pour des mouvements liturgiques et
pastoraux qui, marginaux avant le Concile, sont devenus des biens
communs de l’Église.
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2007. Il a été traduit et adapté du portugais, avec l’autorisation de l’auteur et de la
rédaction, par J.-R. Armogathe. Titre original : Teologia da libertação e volta ao
fundamento).
Clodovis
Boff
* 117