Familles Sommables-4
Familles Sommables-4
Familles Sommables-4
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Patrick Vollat
2009
Préambule
Le contexte naturel pour parler de familles sommables est celui induit par la structure de groupe
topologique. Il suffit en effet d’une addition (la loi de composition interne du groupe) et d’une
topologie pour "additionner des objets en quantité quelconque, éventuellement infinie". Dans
la très grande majorité des situations concrètes, les objets considérés sont des éléments d’un
espace vectoriel. De plus, la notion de groupe topologique n’est que très rarement abordée dans
les programmes de licence. On se limitera ainsi dans le présent exposé, à l’étude des familles
sommables dans les espaces vectoriels normés réels ou complexes - de dimension quelconque et
pas forcément complets néanmoins.
Contenu
***
1
1 Définitions et propriétés de base
Les espaces vectoriels normés considérés sont tous construits sur R ou C.
I étant un ensemble quelconque, Pf (I) désigne l’ensemble des parties finies de I.
Si (ai )i∈I est une famille d’un espace vectoriel E, pour toute partie finie J de I, on note AJ la
somme i∈J ai .
Définition 1 Sommabilité
Une famille (ai )i∈I d’un espace vectoriel normé E est sommable si et seulement si :
∃A ∈ E / ∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (I) / ∀J ∈ Pf (I) Iε ⊂ J =⇒ ||A − AJ || ≤ ε .
On montre facilement que A est unique ; on appelle A la somme de la famille (ai )i∈I .
Définition 2 Critère de Cauchy
Une famille (ai )i∈I d’un espace vectoriel normé E vérifie le critère de Cauchy
si et seulement si :
∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (I) / ∀J ∈ Pf (I) Iε ∩ J = ∅ =⇒ ||AJ || ≤ ε .
Théorème 1 Une famille sommable d’un espace vectoriel normé vérifie le critère de Cauchy.
Preuve : Soit une famille sommable (ai )i∈I :
∃A ∈ E / ∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (I) / ∀J ∈ Pf (I) Iε ⊂ J =⇒ ||A − AJ || ≤ 2ε .
ε
∀J ∈ Pf (I) / Iε ∩ J = ∅ on a Iε ⊂ Iε ∪ J donc ||A − AIε ∪J || = ||A − AIε − AJ || ≤ 2
.
D’où : ||AJ || ≤ ||A − AIε || + 2ε ≤ 2ε + 2ε = ε .
Théorème 2 Dans un Banach, une famille vérifiant le critère de Cauchy est sommable.
Preuve : Soit une famille (ai )i∈I d’un Banach E vérifiant le critère de Cauchy :
∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (I) / ∀J ∈ Pf (I) Iε ∩ J = ∅ =⇒ ||AJ || ≤ ε .
On a alors : ∀n ∈ N∗ , ∃In ∈ Pf (I) / ∀J ∈ Pf (I) In ∩ J = ∅ =⇒ ||AJ || ≤ n1 .
On pose pour tout entier n non nul : Bn = {AJ / J ∈ Pf (I) et In ⊂ J}.
On a alors : δ(Bn ) ≤ n2 , δ(Bn ) désignant le diamètre de Bn .
En effet : ∀(J, J ′ ) ∈ Pf (I)2 , (In ⊂ J et In ⊂ J ′ ) =⇒ (J\J ′ ) ∩ In = (J ′ \J) ∩ In = ∅ ;
ainsi : ||AJ − AJ ′ || = ||AJ\J ′ − AJ ′ \J || ≤ ||AJ\J ′ || + ||AJ ′ \J || ≤ n1 + n1 = n2 .
On pose ensuite pour tout entier n non nul :
In′ = ∪1≤k≤n Ik et Bn′ = {AJ / J ∈ Pf (I) et In′ ⊂ J}.
On a In ⊂ In′ et Bn′ ⊂ Bn donc δ(Bn′ ) ≤ n2 et enfin δ(Bn′ ) = δ(Bn′ ) ≤ n2
(Bn′ étant l’adhérence de Bn′ ).
′
On a également In′ ⊂ In+1 ′ ′
et Bn+1 ⊂ Bn donc : Bn+1 ′
⊂ Bn′ .
(Bn′ )n∈N∗ est alors une suite décroissante de fermés non vide dont le diamètre tend vers 0.
Comme E est complet, on conclut à l’existence d’un élément A de E tel que ∩n∈N∗ Bn′ = {A} .
On peut alors écrire :
∀ε > 0 , ∃nε ∈ N (nε = E( 4ε ) + 1 > 4ε ) , ∃Jε ∈ Pf (I) (Jε = In′ ε et donc AJε ∈ Bn′ ε ) /
∀J ∈ Pf (I) ,
Jε ⊂ J =⇒ ||A − AJ || ≤ ||A − AJε || + ||AJε − AJ || ≤ δ(Bn′ ε ) + δ(Bn′ ε ) ≤ n2ε + n2ε ≤ 2ε + 2ε = ε
et la famille (ai )i∈I est sommable.
Corollaire 1 fondamental Si (ai )i∈I est une famille d’un espace vectoriel normé E qui
vérifie le critère de Cauchy - une famille sommable par exemple, alors :
1. ∀ε > 0 , {i ∈ I / ||ai || ≥ ε} est fini,
2. {i ∈ I / ai = 0} est dénombrable.
2
Preuve : (ai )i∈I vérifie le critère de Cauchy ce qui donne facilement :
∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (I) / ∀i ∈ I , i ∈/ Iε =⇒ Iε ∩ {i} = ∅ et donc ||A{i} || = ||ai || < ε
ou encore en contraposant : ∀i ∈ I , ||ai || ≥ ε =⇒ i ∈ Iε d’où la première partie du résultat.
Pour la deuxième partie, on remarque que {i ∈ I / ai = 0} = ∪n∈N∗ {i ∈ I / ||ai || ≥ n1 } est
une réunion dénombrable d’ensembles finis.
Remarque 1 On peut constater tout de suite qu’une famille indexée par N et donnant une
série convergente n’est pas forcément une famille sommable.
n+1 (−1)n+1
Par exemple, la famille ( (−1)n )n∈N ∗ donne la série convergente ( ∞n=1 n
= ln(2) ) mais
n’est pas sommable. En effet, {AJ / J ∈ Pf (N)} n’est pas borné. Il suffit pour le voir, de
considérer pour tout entier n, les sommes sur les parties finies Jn = {2k / k ∈ N∗ et k ≤ n} :
AJn = − nk=1 2k 1
→ −∞ .
n→∞
Tout vient de ce que les sommes partielles d’une série sont des sommes sur des parties finies
particulières, à savoir des parties commençantes du type In = {k ∈ N / 0 ≤ k ≤ n} .
3
et comme les éléments de la famille sont positifs,
∀J ∈ Pf (I) , Iε ⊂ J =⇒ A − ε < Aiε ≤ AJ ≤ A donc : 0 ≤ A − AJ ≤ ε .
Propriété 4 : Soient (ai )i∈I et (bi )i∈I deux familles de réels positifs indexées par le même
ensemble I .
Si (bi )i∈I est sommable et si ∀i ∈ I , ai ≤ bi alors (ai )i∈I est sommable.
Preuve : triviale.
4
normes sont équivalentes :
∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (I) / ∀J ∈ Pf (I) Iε ⊂ J =⇒ ||A − AJ ||∞ = sup1≤k≤n |Ak − AkJ |
= sup1≤k≤n |Ak − i∈J aki | ≤ ε
donc, pour tout entier k compris entre 1 et n :
∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (I) / ∀J ∈ Pf (I) Iε ⊂ J =⇒ |Ak − i∈J ai k | ≤ ε .
En utilisant cette fois la norme 1 (∀x = (xk )1≤k≤n ∈ Rn , ||x||1 = nk=1 |xk | ), on a d’après ce
qui précède pour le cas réel, pour tout entier k compris entre 1 et n, la sommabilité des familles
(|aki |)i∈I puis, d’après la propriété 1, la sommabilité de la famille ( nk=1 |aki |)i∈I = (||ai ||1 )i∈I .
La famille (ai )i∈I est donc absolument sommable.
3 Regroupements
Il s’agit en gros de parler ici de "l’associativité de la sommation".
Théorème 6 de regroupement
Soit une famille sommable (ai )i∈I de somme A d’un Banach E et (Ik )k∈K une partition de I.
On a alors :
1. ∀k ∈ K , (ai )i∈Ik est sommable et si bk = i∈Ik ai ,
2. (bk )k∈K est sommable et A = k∈K bk .
Ainsi i∈I ai = k∈K ( i∈Ik ai ) .
5
Théorème 7 "Pseudo-réciproques" du théorème de regroupement
1. (ai )i∈I étant une famille de réels positifs, si (Ik )k∈K est une partition de I telle que
a. ∀k ∈ K , (ai )i∈Ik est sommable et si bk = i∈Ik ai ,
b. (bk )k∈K est sommable,
alors (ai )i∈I est sommable et i∈I ai = k∈K bk = k∈K ( i∈Ik ai ) .
2.(ai )i∈I étant une famille d’un Banach, si (Ik )k∈K est une partition de I telle que
a. ∀k ∈ K , (||ai ||)i∈Ik est sommable et si β k = i∈Ik ||ai || ,
b. (β k )k∈K est sommable,
alors (ai )i∈I est absolument sommable.
Preuve de 1. ∀J ∈ Pf (I) , KJ = {k ∈ K / J ∩ Ik = ∅} est fini.
En effet : k → xk ∈ J ∩ Ik (axiome du choix) est une injection de KJ dans J car :
k = k ′ =⇒ xk = xk′ puisque : xk ∈ Ik , xk′ ∈ Ik′ et Ik ∩ Ik′ = ∅ ((Ik )k∈K une partition de I ).
On conclut donc que le cardinal de KJ est inférieur à celui de J qui est fini, ainsi KJ est fini.
On a alors : J = ∪k∈K J ∩ Ik = ∪k∈KJ J ∩ Ik
avec ∀(k, k ′ ) ∈ KJ , k = k ′ =⇒ (J ∩ Ik ) ∩ (J ∩ Ik′ ) = ∅ et :
AJ = i∈∪k∈K J∩Ik ai = k∈KJ i∈J∩Ik ai ≤ k∈KJ bk ≤ k∈K bk .
J
Ainsi l’ensemble des sommes sur les parties finies de la famille (ai )i∈I de réels positifs est majoré
et la famille est sommable.
Le théorème 6 de regroupement donne alors lui même l’égalité des sommes.
Preuve de 2. On applique le cas précédent à la famille (||ai ||)i∈I ; on peut alors conclure car
l’espace est complet.
Pour terminer cette section, remarquons avec Gustave [1] que, contrairement à ce qui se passe
pour les séries, le problème de "la commutativité de la sommation" ne se pose pas vraiment
puisque, dans la définition de la sommabilité d’une famille (ai )i∈I , l’ensemble des indices I n’est
pas ordonné.
6
Preuve : Commençons par 2. =⇒ 1.
Si A est la somme de la famille (an )n∈N , on a :
∀ε > 0 , ∃Iε ∈ Pf (N) / ∀J ∈ Pf (N) Iε ⊂ J =⇒ ||A − AJ || ≤ ε .
Ainsi, si nε est le plus grand élément de Iε , on a bien :
∀ε > 0 , ∃nε ∈ N / ∀n ∈ N n ≥ ne =⇒ ||A − ni=0 ai || = ||A − AJn || ≤ ε
où Jn = {i ∈ N / 0 ≤ i ≤ n} et Iε ⊂ Jn
et la série n∈N an converge vers A .
De la même façon, si φ est une bijection de N dans N , à partir d’un certain rang nφ,ε , tous les
entiers inférieurs ou égaux à nε sont dans l’image par φ des entiers inférieurs ou égaux à nφ,ε ,
d’où :
∀ε > 0 , ∃nφ,ε ∈ N / ∀n ∈ N n ≥ nφ,ε
=⇒ Iε ⊂ {i ∈ N / 0 ≤ i ≤ nε } ⊂ Jφ,n = {φ(i) / i ∈ N et 0 ≤ i ≤ n}
et ainsi :
∀ε > 0 , ∃nφ,ε ∈ N / ∀n ∈ N n ≥ nφ,e =⇒ ||A − ni=0 aφ(i) || = ||A − AJφ,n || ≤ ε
et la série n∈N aφ(n) converge vers A .
Voyons maintenant 1 =⇒ 2. ; on va plutôt montrer que la négation de 2. entraine celle de 1.
Soit donc (an )n∈N une famille non sommable.
Il y a deux cas.
Premier cas : la famille (an )n∈N ne vérifie pas le critère de Cauchy :
∃ε > 0 / ∀J ∈ Pf (N) / ∃K(J) ∈ Pf (N) / J ∩ K(J) = ∅ et ||AK(J) || > ε .
On applique cette caractérisation aux parties (Jn )n∈N définies de la façon suivante :
J0 = ∅ puis ∀n ∈ N∗ , Jn = {i ∈ N / 0 ≤ i ≤ max(K(Jn−1 ))} :
J0 = ∅ donne K(J0 ) ∈ Pf (N) avec ||AK(J0 ) || > ε ,
J1 = {i ∈ N / 0 ≤ i ≤ max(K(J0 ))} donne K(J1 ) ∈ Pf (N) avec ||AK(J1 ) || > ε
et K(J0 ) ∩ K(J1 ) ⊂ J1 ∩ K(J1 ) = ∅ .
Puis, si pour n entier strictement positif, les K(Jp )0≤p≤n−1 sont construits,
Jn = {i ∈ N / 0 ≤ i ≤ max(K(Jn−1 ))} donne K(Jn ) ∈ Pf (N) avec ||AK(Jn) || > ε
et ∀p ∈ N , 0 ≤ p ≤ n − 1 =⇒ K(Jp ) ∩ K(Jn ) ⊂ Jp+1 ∩ K(Jn ) ⊂ Jn ∩ K(Jn ) = ∅ .
On a alors :
∀n ∈ N , K(Jn ) ∈ Pf (N) et ||AK(Jn ) || > ε ,
∀(n, m) ∈ N × N , n = m =⇒ K(Jn ) ∩ K(Jm ) = ∅ .
Pour tout entier n , on pose :
αn = min(K(Jn )) , β n = max(K(Jn )) , kn = cardinal(K(Jn )) ,
Ln = {i ∈ N / αn ≤ i ≤ β n et i ∈/ K(Jn )} .
On construit alors une bijection φ de N dans N en numérotant de leur plus petit à leur plus
grand élément et consécutivement les ensembles suivants :
{i ∈ N / 0 ≤ i ≤ α0 − 1} , K(J0 ) , L0 ,
{i ∈ N / β 0 + 1 ≤ i ≤ α1 − 1} , K(J1 ) , L1 ,
...
{i ∈ N / β n−1 + 1 ≤ i ≤ αn − 1} , K(Jn ) , Ln ,
...
On peut représenter les ensembles servant à cette numérotation par les deux dessins suivants :
7
Ainsi :
∀n ∈ N , ∃mn ∈ N / K(Jn ) = {φ(i) / i ∈ N et mn ≤ i ≤ mn + kn − 1}
i=mn +kn −1
( φ(mn ) = αn ) et donc AK(Jn ) = i=m n
aφ(i) .
On a limn→∞ mn = ∞
(car ∀n ∈ N , αn ≥ n donc limn→∞ αn = ∞ puis, comme φ est une bijection φ de N
dans N , limn→∞ φ−1 (αn ) = limn→∞ mn = ∞ ) et :
∀r ∈ N , ∃nr ∈ N / mnr ≥ r + 1 .
Alors, si pr = mnr − 1 et qr = mnr + knr − 1 , on a :
qr > pr ≥ r et || qi=p
r
a || = ||AK(Jnr ) || > ε .
r +1 φ(i)
On a donc montré :
∃ε > 0 / ∀r ∈ N , ∃(pr , qr ) ∈ N × N / qr > pr ≥ r et || qi=p
r
a || > ε .
r +1 φ(i)
8
≤ ||A − AHε || + ||AH\Hε || ≤ 2ε + 2ε = ε
(car (H\Hε ) ∩ Jε = ∅ ) .
On a donc montré :
∀ε > 0 , ∃Hε ∈ Pf (N) / ∀H ∈ Pf (N) Hε ⊂ H =⇒ ||A − AH || ≤ ε
et la famille (an )n∈N est sommable contrairement à l’hypotèse ce qui est la contradiction cher-
chée.
Ainsi n∈N an diverge est n’est donc pas commutativement convergente.
9
La question de l’"associativité de la sommabilité" des familles a été réglée avec les théorèmes
6 et 7. Elle se pose néanmoins pour les séries (addition par "paquets"). Bien que pour ces
dernières, elle ne soit pas directement liée à la notion de famille sommable, il semble cependant
naturel de l’aborder ici.
Remarque 2 C’est en ce sens qu’on peut dire que la convergence des séries dans un espace
vectoriel normé est "associative".
Preuve : Considèrons les suites des sommes partielles (Sn )n∈N et (Snφ )n∈N définies pour tout
entier n par : Sn = np=0 ap et Snφ = np=0 aφp .
On a pour tout entier n : Snφ = Sφ(n+1)−1 .
(Snφ )n∈N est donc une suite extraite de (Sn )n∈N d’où le résultat.
Il est possible de mettre en évidence quelques cas importants constituant des sortes de récipro-
ques du théorème précédent :
10
1er cas. Pour tout entier n, on a, avec les notations de la preuve du théorème 10 :
si mn = supk≥n ||ak || , limn→∞ mn = limn→∞ an = 0 puis :
φ(pn +1)−1 φ(pn +1)−1
||Spφn − Sn || = || k=n+1 ak || ≤ k=n+1 ||ak ||
≤ (φ(pn + 1) − n − 1)mn ≤ (φ(pn + 1) − φ(pn ))mn ≤ M mn
et donc limn→∞Spφn − Sn = 0 .
Or, par hypothèse, n∈N aφn converge c’est à dire que la suite (Snφ )n∈N converge. (pn )n∈N étant
une suite croissante mais pas à priori strictement croissante, (Spφn )n∈N n’est pas exactement une
suite extraite de (Sn )n∈N . On peut néanmoins prouver sa convergence :
∀ε > 0 ∃nε ∈ N / ∀n ∈ N , n ≥ nε =⇒ ||Snφ − S|| ≤ ε (avec S = limn→∞ Snφ )
or limn→∞ pn = ∞ donc :
∃mε ∈ N / ∀n ∈ N , n ≥ mε =⇒ pn ≥ nε d’où :
∀ε > 0 ∃mε ∈ N / ∀n ∈ N , n ≥ mε =⇒ ||Spφn − S|| ≤ ε.
Ainsi (Spφn )n∈N converge et de plus limn→∞ Spφn = S.
Comme on a montré que limn→∞ Spφn − Sn = 0 , on en déduit limn→∞ Sn = S qui est le
résultat cherché.
2ème cas. Soit un entier n .
Dans le cas, par exemple, de termes ap positifs pour p entre φ(pn ) et φ(pn + 1) − 1 , on a :
φ(pn )−1 φ(pn )−1 φ(pn )−1 φ(pn +1)−1
Spφn −1 = p=0 ap ≤ p=0 ap + np=φ(pn ) ap = Sn ≤ p=0 ap + p=φ(p n)
ap = Spφn
et : |Spφn − Sn | ≤ |Spφn − Spφn −1 | .
On trouve bien entendu la même majoration avec des termes ap négatifs pour p entre φ(pn ) et
φ(pn + 1) − 1 .
On montre comme dans le premier cas que limn→∞ Spφn = S avec S = limn→∞ Snφ ;
on montrerait de façon identique que limn→∞ Spφn −1 = S ,
donc limn→∞ |Spφn − Spφn −1 | = 0 puis limn→∞ |Spφn − Sn | = |S − S| = 0
et enfin limn→∞ Spφn = limn→∞ Sn = S .
11
sommabilité de la famille (ap,q )(p,q)∈N×N .
L’espace étant complet, le théorème 6 de regroupement permet alors de conclure en utilisant
la partition duale de N2 suivante : N2 = ∪p∈N Jp avec ∀p ∈ N , Jp = {(p, q) ∈ N2 / q ∈ N} et
sachant par le théorème 9 que des familles absolument sommables indexées dans N donnent des
séries absolument convergentes.
Une preuve directe n’utilisant pas les résultats sur les familles sommables est bien entendu
possible :
∀q ∈ N , ∀p ∈ N , ||ap,q || ≤ ∞ q=0 ||ap,q || terme général d’une série convergente par hypoyhèse,
donc :
∀q ∈ N , p≥0 ||ap,q || converge ( p≥0 ap,q converge absolument).
On obtient alors l’ensemble des résultats par les majorations ci-dessous :
∀Q ∈ N ,
AQ = || ∞ p=0
∞
q=0 ap,q −
Q
q=0
∞
p=0 ap,q || = ||
∞
p=0
∞
q=0 ap,q −
∞
p=0
Q
q=0 ap,q || ,
l’inversion correspondant à une somme de séries convergentes, puis :
AQ = || ∞ p=0
∞
q=Q+1 ap,q || ≤
∞
p=0
∞
q=Q+1 ||ap,q || = BQ .
∞ ∞ ∞ ∞ ∞
Remarquons que : | p=0 q=0 ||ap,q || − Q q=0 p=0 ||ap,q || | = p=0 q=Q+1 ||ap,q || = BQ
ce qui permettra d’obtenir in fine toutes les convergences absolues demandées.
Comme p≥0 ∞ q=0 ||ap,q || converge, on a :
∞ ∞ ε
∀ε > 0 , ∃Pε ∈ N / p=Pε +1 q=0 ||ap,q || ≤ 2 et :
∞ ∞ ∞ ∞ ∞ ∞
BQ ≤ Pp=0 ε
q=Q+1 ||ap,q ||+ p=Pε +1 q=Q+1 ||ap,q || ≤
Pε
p=0 q=Q+1 ||ap,q ||+ p=Pε +1 q=0 ||ap,q ||
Pε ∞ ε
et : BQ ≤ p=0 q=Q+1 ||ap,q || + 2 .
Enfin, ∀p ∈ N , limQ→∞ ∞ q=Q+1 ||ap,q || = 0 (restes de séries convergentes) donc aussi :
Pε ∞
limQ→∞ p=0 q=Q+1 ||ap,q || = 0 (somme finie de suites convergentes) et :
∞
∃Qε ∈ N / ∀Q ∈ N , Q ≥ Qε =⇒ Pp=0 ε ε ε ε
q=Q+1 ||ap,q || ≤ 2 et BQ ≤ 2 + 2 = ε .
On a finalement établi que :
∀ε > 0 , ∃ Qε ∈ N / ∀Q ∈ N , Q ≥ Qε =⇒
|| ∞p=0
∞
q=0 ap,q −
Q
q=0
∞
p=0 ap,q || ≤ |
∞
p=0
∞
q=0 ||ap,q || −
Q
q=0
∞
p=0 ||ap,q || | ≤ ε
ce qui donne les résultats cherchés.
12
Si L = dk=0 ak X k , pour tout entier n supérieur strictement à d, le coefficient du terme de
degré d + 1 de L − np=0 Up est 2−1d+1
13
E Exemple de référence
1
La famille ( (m+n) α )(m,n)∈N∗ ×N∗ est sommable si et seulement si α > 2 .
(La comparaison est à faire avec la série n≥1 n1α qui converge si et seulement si α > 1 )
Preuve : on utilise la partition suivante de N∗ × N∗ :
N∗ × N∗ = ∪p∈N,p≥2 Sp où ∀p ∈ N\{0, 1} , Sp = {((m, n) ∈ N∗ × N∗ / m + n = p} .
1 1 p−1 1
∀p ∈ N\{0, 1} , ASp = m+n=p (m+n) α = cardinal(Sp ) × pα = pα ∼ pα−1
p→∞
1
et p≥1 pα−1 converge si et seulement si α > 2 .
On conclut
. pour la convergence, avec le théorème 7 - pseudo réciproque cas 1,
. pour la divergence, avec la contraposée du théorème 6.
F Un dernier exemple
1 2
Etude de la famille ( n2 −p 2 )(n,p)∈N2 \∆ où ∆ = {(n, n) ∈ N } .
= 4n1 2 + RN
avec :
1 n+N 1 2n
RN ≤ 2n k=N−n+1 N−n+1 < N−n+1 et limN→∞ RN = 0 .
∞ 1 1
Ainsi p=0,p=n n2 −p2 = 4n2 .
∞ 1 ∞ 1 2
Si n = 0 , p=0,p=0 02 −p2 =− p=1 p2 = − π6 .
Alors :
∞ ∞ 1 ∞ 1 ∞ ∞ 1
n=0 p=0 n2 −p2 = p=0,p=0 02 −p2 + n≥1 p=0,p=n n2 −p2
+ ∞
2 1 2 2 2
= − π6 n≥1 4n2 = − π6 + 14 π6 = − π8 .
Donc :
∞ ∞ 1 2 ∞ ∞ 1 π2
n=0 p=0 n2 −p2 = − π8 et p=0 n=0 n2 −p2 = 8
1
ce qui prouve une fois de plus que la famille ( n2 −p2 )(n,p)∈N2 \∆ n’est pas sommable.
***
14
Résumé des correspondances séries / familles sommables
15
Bibliographie
Il ne s’agit ici que des ouvrages consultés pour écrire ce papier, les premiers cités étant ceux
qui m’ont le plus inspiré !
16