Cours Tectonique Ductile Définitif 2015 L3
Cours Tectonique Ductile Définitif 2015 L3
Cours Tectonique Ductile Définitif 2015 L3
1.3. Pression-dissolution
1.6. Recristallisation
4.3. Plissement par cisaillement ou aplatissement : les plis anisopaques (plis passifs)
Page 1
5.2. Domaines profonds des zones déformées
Objet du cours
Les roches sont déformées depuis l’échelle du minéral jusqu’à celle du continent, ces
structures nécessitent l’utilisation de moyens d’observation, microscope, cartes géologiques,
photos aériennes, images satellitaires. Dans ce cours on s’intéressera aux structures ductiles
directement observables à l’œil nu par le géologue c’est à dire des structures de taille
moyenne (méso structures) depuis l’échantillon (cm) jusqu’au paysage (km) en passant par
l’affleurement (m, hm).
Problématique
Méthodes
Le but de cet enseignement est l’acquisition de méthodes d’étude des déformations (plus
précisément ici des déformations ductiles).
- Maîtrise des outils d’analyse et de description. Cette analyse est surtout géométrique, elle
nécessite la maîtrise d’une terminologie (pour la description) et des techniques de repérage et
d’orientation dans l’espace (pour aboutir à une image 3D des structures). C’est la tectonique
analytique ou l’analyse structurale.
- Interprétation
L’interprétation des structures analysées consiste à rechercher la direction des forces – ou des
contraintes - (dynamique), les conditions T° et P, les mécanismes de déformation, la
chronologie des déformations ou les différentes étapes de la déformation (cinématique).
Page 2
Chapitre 1. Mécanismes physiques de la déformation plastique
Déformation cassante à l’échelle microscopique, sur des microfractures ; leur somme donne une
déformation continue à l’échelle de l’echantillon ou de l’affleurement. La roche peut finir par
montrer suffisament de plans de fractures interconnectés pour pouvoir fluer (glissement sur des
plans de fracture, frictionnal sliding).
1.2. Macles de déformation Si le réseau cristallin est déformé, et non pas brisé, on développe
préférentiellement des « pliures » dans des directions cristallographiques privilégiées. Les cristaux
sont 37 alors séparés en domaines plus petits, d’orientation cristallographique homogène, séparés
par des plans de macle (ne pas confondre avec les macles « ordinaires » de croissance minérale). Les
macles de déformation sont communes dans la calcite et le plagioclase (où on peut les confondre
avec des macles polysynthétiques ordinaires ; mais les macles de déformation tendent à s’amincir et
se biseauter aux extrémités).
Page 3
Figure 2. Macles de déformation, à gauche de façón idéalisée à l’échelle cristalline, à droite différents
types dans de la calcite.
1.3. Pression-dissolution
Dissolution sous contrainte depuis des sites de haute pression, avec transport des ions par des fluides
(eau) et dépôt dans des domaines de plus basse pression (ombre de pression; ou simplement veines
un peu plus loin). Il est nécessaire d’avoir un fluide pour transporter la matière.
a. Diffusion intra-cristalline
Diffusion sans fluides. Il s’agit « d’auto-diffusion» d’ions (et de lacunes) dans un cristal, depuis les
sites de haute pression aux sites de plus basse pression. Ce fluage obéit à une loi newtonienne
Page 4
Figure 4. Fluage par diffusion intra-cristalline
Similaire au précédent, mais le fluage se fait sur les joints de grains et pas dans les grains eux-mêmes.
Plus efficace à basse température.
1.5. Fluage par dislocation On appelle « dislocation » un défaut (linéaire au planaire) dans le
système cristallin. Ces dislocations peuvent se déplacer sous contrainte, ce qui permet au cristal de
se déformer.
Ce type de fluage forme des textures très reconnaissables au microscope (en particulier dans les
quartzs) :
Extinction roulante qui résulte de la distribution irrégulière des dislocations dans un cristal, et donc
des plans cristallographiques un peu désordonnés ;
Formation de sous-grains (sub-grains), par accumulation de dislocations sur une surface séparant
des domaines cristallographiques différents ; avec des textures mosaïques où des gros grains (de
quartz, souvent) sont découpés en de nombreux petits grains à limite floue.
Page 5
Figure 6. Extinction roulante et sous-grains dans des quartz.
1.6. Recristallisation
a. Recristallisation dynamique
b. Recristallisation statique
En l’absence de contraintes, les grains d’une roche cherchent d’abord à revenir à un état où il y a
moins de tensions dans le système cristallin (donc moins de dislocations), età minimiser leur énergie
de surface en fusionnant plusieurs petits grains en peu de plus gros (mûrissement d’Ostwald).
Les textures caractéristiques de ce recuit sont des textures équantes, en équilibre caractérisé par des
assez gros grains avec des joints à 120°. Le recuit a lieu d’autant plus vite qu’on est à haute
température ; il est par exemple assez classique d’avoir des granulites qui semblent très déformées à
l’échelle de l’échantillon ou de l’affleurement, mais auxquelles le recuit a conféré une texture
totalement équante en lame mince.
Page 6
Chapitre 2. Foliations et linéations : les fabriques tectoniques des roches
La déformation ductile (homogène) des roches résulte dans des roches aplaties et/ou étirées
(tectonites) ; l’ensemble des éléments structuraux définit la fabrique de la roche.
Selon les cas, une roche peut être dominée par des éléments planaires, des éléments linéaires, ou
les deux. On parle alors de fabrique S, L, ou SL (on peut aussi préciser, par exemple S>L, etc.).
Figure 7. Tectonites L et S.
Sous quelques conditions , le type de fabrique renseigne sur la forme de l’ellipsoïde de déformation.
a. Terminologie et traductions
Le vocabulaire Français et Anglais se ressemble, mais ce sont des faux amis ! C’est d’autant plus
problématique que certains textes Français utilisent abusivement les équivalents des mots anglais.
En Anglais, « foliation» désigne, de façon générale, tout type de fabrique planaire. Une fabrique
planaire (« foliation») peut être
Une structure mécanique, avec des plans de débit préférentiel de la roche : c’est une
schistosité en Français, cleavage en Anglais (rappel : en Français, un « clivage » est quelque
chose de différent !) ;
Une structure minéralogique, où les plans sont marqués par des niveaux de composition
minéralogique contrastée, ou par l’arrangement des minéraux individuels : c’est une foliation
en Français. En Anglais, on sépare schistosity (quand ce sont des alignements de
phyllosilicates – micas formés lors du métamorphisme typiquement ; souvent associée à un
débit mécanique) et gneissosity (alternance de lits de composition différente).
Il est tout à fait possible d’observer plusieurs éléments planaires dans une roche ; on les numérote
alors en ordre chronologique, S0, S1…Sn (S0 désigne habituellementle litage d’origine de la roche).
Page 7
b. Mécanismes de formation des éléments planaires
Par pression-dissolution ;
Schistosité de flux
Crénulation (crenulation)
Schistosité disjointe
En ordre globalement chronologique (en partant d’une roche, par exemple sédimentaire, qui se
déforme progressivement en même temps que le degré métamorphique augmente), on peut avoir :
Page 8
Schistosité disjointe
Schistosité définie par des microfractures régulièrement espacées, séparant des volumes de roche
non déformés (« microlithons »). Elle se forme essentiellement par pression-dissolution (et en
général, il y a donc des sites de précipitation des minéraux dissous tels que veines etc. un peu plus
loin !).
Un cas particulier s’observe quand la stratification d’origine est encore préservée : dans ce cas
l’existence de deux plans de débits plus ou moins orthogonaux résulte en un débit en crayons (ou en
frite).
Schistosité de flux
Une schistosité de flux se forme par réorientation de minéraux argileux (réorientation mécanique, ou
pression-dissolution). La stratification d’origine est en général effacée presque totalement. Un
exemple classique est la schistosité ardoisière.
Dans des conditions métamorphiques un peu plus élevées (schiste vert et au-delà), de nouveaux
minéraux (micas : chlorite, muscovite, biotite) se forment. Si la cristallisation a lieu sous contrainte,
ils se forment avec une orientation préférentielle et définissent une foliation (en anglais schistosity,
puisque les roches concernées sont des schistes).
Crénulation (crenulation)
Si un élément structural préexistant (une foliationde micas le plus souvent) est elle-même déformée,
elle forme souvent des plis centimétriques en chevron (crénulation). Les flancs des plis sont
fréquemment étirés et finissent par évoluer en une nouvelle schistosité (S2).
Plus généralement, la déformation et le plissement peut démembrer et étirer une structure plane
existante (stratification, ou une élément tectonique) et la réorienter dans la direction de la nouvelle
déformation ; on parle de transposition. Dans ce cas, on peut observer des reliques de la structure
d’origine.
Page 9
Figure 9. Crénulation et transposition.
Page 10
Foliation
Une foliation (en anglais gneissosity, car on l’observe dans des gneiss !) correspond à des alternances
minérales dans des roches de degré métamorphique moyen ou élevé. Ces alternances peuvent
correspondre :
On appelle linéation (lineation) n’importe quelle famille de structures linéaires parallèles (on se limite
ici aux linéations tectoniques). Les linéations les plus visibles sur un affleurement sont souvent des
linéations relativement peu informatives : linéation d’intersection entre deux plans par exemple, ou
axe des plis de crénulation. Une erreur classique consiste à prendre pour une linéation l’intersection
des plans de foliation avec la surface de l’affleurement : c’est une intersection entre deux plans, donc
une ligne. Pour autant, elle n’a aucune signification tectonique !
Page 11
Figure 12. Quelques types de linéations. 2 et 5, linéations de forme (crénulation et boudinage). 1,
linéation d’intersection S0-S1. 4, linéation d’allongement d’objets préexistants ; 5, linéation de
croissance minérale.
a. Linéations de forme
Ce sont des linéations données par la forme d’objets déformés, par exemple des axes de plis
(crénulation), des boudins, etc. Elles ne peuvent pas être interprétées de façon systématique en
termes d’ellipsoïde de déformation, il faut d’abord savoir quel objet on observe et comment il s’est
formé.
b. Linéations de surface
Ce sont les linéations liées à une ou plusieurs surfaces, par exemple linéations d’intersection, stries
de glissement sur un plan, etc.
Linéations formées par des minéraux qui grandissent de façon syn-tectonique, soit en s’orientant
(baguettes d’amphibole…) soit en formant des agrégats allongés (minéraux de forme arrondie).
d. Linéation d’étirement
Ce sont les linéations formées par l’étirement d’objets préexistants (clastes, fossiles, minéraux…). Ce
sont les plus utiles au point de vue tectonique, elles donnent en effet le grand axe de l’ellipsoïde de
déformation.
De façon générale, tous les types d’éléments planaires décrits au 2.2.c sont dans le plan XY de
l’ellipsoïde de déformation ; Z (raccourcissement principal) est perpendiculaire à la foliation. La
relation est moins nette pour les linéations. Des linéations d’étirement, ou des linéations minérales,
sont dans l’axe X (étirement). Mais pour tout autre type de linéation, la relation n’est pas claire et il
faut réfléchir à son origine pour replacer l’ellipsoïde de déformation ! N’oubliez pas qu’une des
meilleures façons de retrouver l’ellipsoïde de déformation reste l’observation d’objets déformés
(surtout si leur forme d’origine était sphérique ou à peu près) !
En déformation non-coaxiale, la direction de transport n’est pas parallèle au grand axe de l’ellipsoïde
de déformation. On observe donc des structures asymétriques, et le sens d’asymétrie peut être
Page 12
utilisé pour déterminer le sens de cisaillement. A l’inverse, en déformation coaxiale on observe des
structures symétriques (éventuellement des zones de cisaillement conjuguées ; cf paragraphe
I.1.4.b).
NB : Tous ces indicateurs ne sont utilisables que si on les observe dans un plan qui contient le
déplacement (i.e., un plan perpendiculaire à la foliation contenant la linéation). Dans n’importe quel
autre cas, ils donnent des résultats aléatoires ou carrément faux.
Déflection/déplacement de marqueurs
Si la zone de déformation non-coaxiale est localisée (zone de cisaillement, voir paragraphe 3.1), on
peut utiliser de façon assez intuitive le sens de déplacement de marqueurs passifs.
Foliation oblique
Dans une zone de déformation non-coaxiale, le sens de transport (plans de cisaillement) et le grand
axe de l’ellipse de déformation (plans de foliation) font un angle ; on peut s’en servir pour retrouver
le sens de cisaillement :
A l’échelle cartographique, une foliation oblique sur les limites de la zone de cisaillement indique la
position relative des plans de cisaillement et de foliation ;
A l’échelle de l’échantillon ou de la lame mince, on peut observer dans un même échantillon une
fabrique typiquement ondulante, dite fabrique S/C. Cette fabrique se compose de deux familles de
plans :
Page 14
Les bandes de cisaillement sont continues, et parallèles à la trace cartographique régionale de la
zone de cisaillement.
Figure 16. Relation foliation cisaillement dans des zones de cisaillement ductile : foliation oblique,
S/C, S/C’.
Mais on peut aussi observer une structure dite S-C’, dans laquelle les plans de cisaillement ne sont
plus des plans de cisaillement « principaux » correspondants au mouvement de matière de la
déformation non-coaxiale, mais à des plans secondaires qui accomodent la composante en extension
longitudinale sur la zone de cisaillement (c’est encore un exemple de partitionnement de la
déformation entre une composante cisaillante et une composante extensive). Les plans C’ ont une
orientation « inverse » de celle qu’auraient les C ; contrairement aux C ils ne sont pas continus, ce
sont des plans relativement courts qui recoupent la foliation.
Page 15
Figure 18. Fabrique S/C’ dans un schiste à grenats.
On peut aussi observer le même genre de structures, mais à l’échelle de quelques grains : ici on a des
amas de mica losangiques qui ont une foliation interne oblique par rapport aux plans de cisaillement
qui les bordent, comme dans une structure C-S.
Si la roche comporte des objets reconnaissables (phénocristaux typiquement), on peut les utiliser
pour déterminer un sens de cisaillement (en pratique c’est moins fiable que les relations avec les
plans de cisaillement, décrites plus haut).
Page 16
Les surcroissances (ombres de pression) sur ces minéraux (winged objects) peuvent
montrer une asymétrie qui donne le sens de cisaillement. Les objets en σont des ombres de
pression qui se développent « dans » la déformation ; les objets en δ tournent à cause du
cisaillement en entraînant leurs surcroissances. La difficulté est de déterminer sur le terrain à
quoi on a affaire.
Des objets cassés par des microfailles peuvent aussi donner un sens de cisaillement.
Page 17
Figure 22. Plis d’entrainement.
Des plis asymétriques (en S ou en Z, selon la forme du flanc court, en regardant dans l’axe du pli)
peuvent parfois marquer un sens de cisaillement.
Les éléments de fabrique étudiés plus haut s’observent dans le cas de déformation homogène, au
moins localement. Mais la déformation ductile est très souvent hétérogène elle aussi.
En domaine ductile, la déformation a tendance à se localiser dans des zones relativement étroites :
les zones de cisaillement (shear zone ; ceci est vrai à toutes les échelles, de la carte à l’échantillon.
Figure 23. Zones de cisaillement en cisaillement simple et pur. Notez la façon dont la déformation
augmente (et tourne, en cisaillement simple) en pénétrant dans la zone de cisaillement ; à
rapprocher de la discussion sur les sens de cisaillement et les relations S-C précédemment.
Une zone de cisaillement peut correspondre à une déformation en cisaillement pur ou simple – en
théorie. En pratique, ce sont le plus souvent des zones en cisaillement simple, et le cisaillement pur
est accommodé par des zones de cisaillement (simple) conjuguées (Figure 57).
Page 18
Des zones de cisaillement (simple) sont souvent l’équivalent en profondeur (voire la prolongation) de
failles cassantes. La cinématique des zones de cisaillement (sens de cisaillement en particulier) est
discutée au paragraphe précédent (2.5.b)
Figure 68. Trajectoires de foliation (S) et des plans de cisaillement (C) en rentrant dans une zone de
cisaillement ductile.
Les boudins sont des structures en extension, dues à la rupture d’un niveau localement plus
compétent (cassant) au sein d’un paquet « mou » (moins compétent, et se déformant de façon
plastique).
Ils sont liés à un contraste de viscosité (de compétence). Selon la géométrie de l’extension (uni- ou
bi-directionnelle), on peut avoir des boudins de forme différente (boudinage en « tablette de
chocolat », chocolate-block boudinage).
On peut trouver des boudins dans les flancs d’un pli (extension locale, cf. paragraphe suivant).
Page 19
Figure 24. Formation progressive de boudins par extension.
Figure 25. Contrôle rhéologique sur la géométrie des boudins et leur amplitude.
sont traités au paragraphe suivant, bien qu’il s’agisse, évidemment, de déformation hétérogène !
Page 20
Chapitre 4. Les plis
Les plis sont une des manifestations les plus spectaculaires de la déformation ductile. En France, on
les associe souvent à une déformation de couverture, de type sub-Alpin ; maisils sont en fait
omniprésents dans tous les niveaux structuraux, y compris dans la croûte profonde.
Il existe une très (trop ?) abondante terminologie pour décrire les plis ; la plupart est en réalité assez
logique. Par ailleurs, différents mécanismes permettent de former des plis ; ils produisent des plis aux
caractéristiques différentes (c’est pour cela qu’il importe de les décrire !).
a. Géométrie
Un pli est courbé le long de son axe ou charnière en section. Les axes de toutes les surfaces des plis
définissent une surface (souvent un plan) axial (axial plane). Entre les charnières, on a des flancs. On
parle aussi, parfois de la crête du pli pour désigner le point topographiquement le plus élevé.
Un pli qui est similaire par translation le long de son axe est un pli cylindrique. Si l’axe est courbé, il
peut définir des structures en dômes et bassins.
En section, un pli est un antiforme si ses flancs pendent dans des directions opposées, et un
synforme si leur pendages converge. Si les couches les plus jeunes sont au cœur, on parle de
synclinal, sinon d’anticlinal (syncline, anticline).
Page 21
Figure 27. Tous les antiformes ne sont pas forcément des anticlinaux… Le cas à droite est appelé «
tête plongeante », et on le trouve dans les domaines de nappes ductiles (Montagne Noire…).
Les plis peuvent être plus ou moins serrés ; on parle par exemple de plis ouverts, serrés ou isoclinaux
(open, tight, isoclinal). serrés ou isoclinaux
Orientation
Selon l’inclinaison du plan axial, on décrit un pli comme droit (upright), incliné (inclined), déversé
(overturned) ou couché (recumbent). Un pli deversé a en général un flanc normal, et un flanc inverse
(upright, overturned limb).
D’autre part, l’axe du pli lui-même peut avoir un pendage. On a des plis à axe horizontal, plongeants,
verticaux,ou même inversé (horizontal, plunging, vertical, reclined).
Page 22
Figure 31. Inclinaison de l’axe du pli.
La combinaison des deux permet une grande variété de formes de plis (cf. TP5, projections
stéréographiques).
Page 23
Figure 32. Forme des plis.
Page 24
Les plis dans lesquels chaque couche a une épaisseur constante dans tout le pli (il y a alors des
problèmes d’espace au cœur du pli ; dans les Alpes ils sont accomodés par un mácanisme de «
bourrage » de niveaux ductiles (Trias) dans le cœur du pli (plis isopaques ; isopach ouparallel fold);
Les plis dans lesquels l’épaisseur varie le long d’une couche, ce qui permet de les « empiler »
indéfiniment (plis anisopaque, ou semblable ; similar fold).
De façon plus générale, on peut tracer les isogonesd’un pli en reliant les points qui ont le même
pendage sur les surfaces supérieures et inférieures d’une couche. On peut alors classifier les plis en 3
classes (et des sous-classes) selon que les isogones convergent, sont parallèles ou divergent.
Plis et schistosité
Page 25
De façon générale, les plis sont associés à une schistosité de plan axial (axial planar cleavage),
parallèle au plan axial du pli ou légèrement en éventail. La schistosité de plan axial peut légèrement
changer d’angle, selon la nature des couches (réfraction de schistosité).
Emboîtement de plis
Comme beaucoup d’objets en géologie, les plis sont des structures auto-similaires : on retrouve à
petite échelle des formes semblables aux formes à grande échelle. Ici,on parle de plis parasites
(parasitic folds).
De part et d’autre de l’axe d’un pli principal, lesplis de second ordre ont une asymétrie différente
(plis en « S » et plis en « Z » ) ; proche du sommet les plis secondaires sont des plis symétriques en «
M ».
Page 26
Figure 36. Plis parasites sur un anticlinal.
Figure 37. Associations plis régionaux – plis de second ordre – schistosité ; notez dans chaque cadre
les relations géométriques différentes, que l’on peut utiliser pour comprendre la structure
d’ensemble.
Les relations entre schistosité (de plan axial) et forme du pli, d’une part ; entre plis principaux et plis
de second ordre, d’autre part ; permettent sans ambigüité de savoir sur le terrain où on se trouve
sur un pli principal.
d. Plis particuliers
Page 27
Figure 38. Quelques plis particuliers.
On utilise des termes particuliers pour certains types de plis, illustrés Figure 82 : plis en genou (kink
folds) ; plis ptygmatiques (ptygmatic) ; plis coffrés (box fold) ; plis déracinés (rootless).
On peut aussi rappeler ici les plis de crénulation (Figure 53, paragraphe 2.2.c).
Si les axes de plis sont courbes, on peut arriver à former des plis à section fermée, appelés plis en
fourreau (sheath folds).
e. Interférences de plis
Une région qui subit plusieurs phases de plissement présente des structures d’interférence (plis
replissés). On classifie les plus communs en plusieurs types (Figure 84) :
Page 28
Figure 40. Interférences de plis.
Page 29
plissés » (refolded folds).
C’est la façon la plus intuitive de former des plis: en appuyant sur les extrémités d’une couche, elle se
plie. Ce sont les plis classiques de la couverture sédimentaire (chaînes subalpines).
a. Le flambage
Le mécanisme par lequel une plaque (ou une barre) se plie si on appuie sur ses extrémités (même
parfaitement parallèlement) est connu sous le nom de flambage (buckling).
Figure 41. Modèle analogique de flambage d’une bande de caoutchouc (noir) dans une mousse de
polymères. En haut, dispositif expérimental avec des bandes de plus en plus épaisses de gauche à
droite ; la boite la plus à gauche ne contient qu’un marqueur coloré (pas de caoutchouc). En bas à
gauche, après raccourcissement ; en bas à droite, si la boîte contient plusieurs bandes, la
déformation est contrôlée par la plus épaisse.
La géométrie du flambage peut se décrire comme une sinusoïde, qu’on caractérise par son amplitude
et sa longueur d’onde. Le flambage ne se fait que sur une couche dont la viscosité est différente (plus
forte) que celle du matériel autour, et la forme du flambage dépend du contraste de viscosité entre
les deux, et de l’épaisseur de la couche compétente (Figure 85, Figure 86). Si le contraste de viscosité
est trop faible (<10), il n’y a pas de plissement, mais un épaississement de la couche (cf. le bas de la
Figure 86).
Page 30
L’amplitude des plis est, quant à elle, dépend du contraste de viscosité et de la quantité de
raccourcissement.
Figure 42. Modèles numériques de plissement d’une couche, avec différents contrastes de viscosité
avec son environnement (décroissant de haut en bas). Plus le contraste de viscosité est élevé, plus les
plis ont une amplitude élevée.
Des couches suffisamment proches se comportent comme une seule couche (et forment donc des
plis de plus grande amplitude) ;
Page 31
Figure 43. Plissement d’une pile de couches compétentes (noir) et moins compétences (pointillés). A.
Une seule couche compétente. B.
Deux couches compétentes, d’épaisseurs différentes se plissent chacune selon son mode propre si
elles sont assez écartées. C. Plusieurs couches compétentes proches : noter que la longueur d’onde
des plis a augmenté. D. Une couche épaisse et des couches minces ; les couches minces tendent à
suivre la couche épaisse.
NB—si à l’inverse on a une couche peu compétente dans une matrice compétente, on forme des
structures un peu différentes (« mullions»).
Page 32
Figure 44. « mullions » développés expérimentalement avec une couche peu compétente dans une
matrice compétente.
Si on continue à modéliser les plis comme des simples plaques déformées, on voit que le plissement
impose des déformations internes dans la plaque qui peuvent se faire de deux façons, par
déformation de charnière (neutral plane folding) ou par déformation de flanc (flexural folding).
Figure 45. Deux types de répartition de la déformation dans un pli : par déformation de flanc, ou de
charnière.
Dans ce cas, la déformation interne de la plaque est accommodée en créant des cisaillements simples
dans la plaque (cf. plissement d’un annuaire ou d’un paquetde cartes).
Les structures résultantes impliquent du glissement banc sur banc, ou des fentes de tension obliques
dans le flanc du pli.
Page 33
Figure 47. Structures associées au plissement par déformation de flanc : glissement banc sur banc
(gauche), fentes de tension dans le flanc du pli (droite).
Dans ce cas, on constate aisément qu’il existe une « ligne neutre » (neutral line) quelque part au
milieu de la poutre ; ce qui est « au dessus » est en extension, ce qui est en dessous est en
compression. On observe donc des structures extensives à l’extérieur (« extrados ») du pli, et
compressives à l’intrados.
Une autre façon de former des plis est simplement par déplacement différentiel d’un marqueur
(cisaillement hétérogène). On trouve donc des plis dans toutes les zones de cisaillement, et plus
généralement dans toute la croûte moyenne ou inférieure. Ce sont des plis qui ne se forment pas par
flambage d’une couche de viscosité différente, mais par mouvement différentiel sur les plans de
cisaillement.
Page 34
Figure 59. Plis par cisaillement simple hétérogène.
C’est le cas le plus classique : cisaillement simple, typiquement dans une zone de cisaillement ductile.
Figure 50. Plis par cisaillement pur hétérogène. Il est même possible de faire des plis par cisaillement
pur… ce n’est sans doute pas le cas le plus commun. Dans ce cas, ce sont des plis purement passifs.
Page 35
Chapitre 5. Tectonique ductile à l’échelle régionale
Dans les domaines « de couverture », comme par exemple les chaînes sub-alpines ou les zones
externes de la chaîne hercynienne, on a typiquement des associations de plis et de nappes. Les
chevauchements sont souvent des flancs inverses étirés de plis. Il y a un contraste rhéologique
important entre le « socle » et sa « couverture » (cassant vs. ductile), qui contrôle la géométrie du
système. Le rôle mécanique de couches plus ou moins compétentes est important dans la
morphologie des plis (penser à la dalle urgonienne dans les Alpes).
En allant vers des niveaux structuraux plus profonds, on a toujours des associations de plis et de
chavauchements ; mais une importante schistosité se développe (plan axial, souvent parallèle aux
chevauchements). Le rôle rhéologique d’une unité particulière s’amenuise, et on évolue vers un
domaine purement ductile où la tectonique cassante (failles et chevauchements) n’a plus guère de
place.
Page 36
Figure 52. Tectonique de plis et chevauchements en domaine modérément profond (type Montagne
Noire, etc.).
Dans les domaines profonds (à partir du faciès amphibolite), on est dans le domaine de la
déformation purement ductile ; la déformation cassante est rare, limitée à par exemple des
pegmatites (pression de fluide importante). Les domaines structuraux profonds, au premier abord, se
ressemblent : ce sont des zones de gneiss, plus ou moins déformés. Il est possible d’y identifier des
zones de cisaillement ; une étude cinématique plus fine permet de se rendre compte que ces
domaines ductiles peuvent enregistrer des associations structurales analogues à celles que l’on peut
voir en domaine cassant : zones décrochantes (grands décrochements ductiles, type Bretagne) ;
zones extensives (Metamorphic core complex, Figure 132) ; zones compressives (chevauchements
crustaux, Haut-Allier par exemple).
Page 37
Figure 53. Représentation schématique des styles tectoniques à différents niveaux structuraux.
Page 38
Figure 55. Décrochements ductiles : les cisaillements hercyniens de Bretagne
Page 39