Droit Des Affaires FSEG
Droit Des Affaires FSEG
Droit Des Affaires FSEG
Le Droit n’est pas une science unitaire. La grande diversité et la complexité des situations
qu’il peut être amené à régir l’ont inéluctablement conduit à se spécialiser afin qu’il puisse au
mieux remplir sa mission. Ce mouvement de de spécialisation du Droit ne constitue pas une
nouveauté mais force est de constater qu’il s’est amplifié au cours du XXème siècle avec
l’apparition notamment du Droit de la consommation, du droit des nouvelles technologies,
droit commercial, droit des sociétés, droit de l’arbitrage, droit de la médiation etc… Toutes
ces disciplines appartiennent à une matière qu’on appelle droit des affaires.
I- Définition du droit des affaires
Selon l’article 2 du traité de l’OHADA « le droit des affaires est l’ensemble des règles
relatives au droit des sociétés commerciales, au statut juridique des commerçants, au
recouvrement des créances, aux sûretés, aux voies d’exécution, au régime des redressements
des entreprises, à la liquidation judiciaire, au droit de l’arbitrage, au droit comptable, au droit
du travail, au droit de la vente et des transports et toute autre matière que le conseil des
ministres déciderait à l’unanimité d’y inclure conformément à l’objet du traité et aux
dispositions de l’art 8 ». Cependant, on peut retenir que l’OHADA ne donne pas une
définition précise de droit des affaires, mais elle se borne à énumérer les matières qui rentrent
dans le champ d’application du droit des affaires. Néanmoins, on peut le définir comme
l’ensemble des règles applicable aux entreprises, à leurs relations entre elles, mais aussi plus
généralement à la vie des affaires.
II- L’évolution du droit des affaires
Le Droit des affaires est une matière au carrefour de plusieurs disciplines qui recherche son identité.
L’appellation de droit des affaires ne résume pas seulement au droit commercial car se sont
développés en marge de celui-ci des disciplines nouvelles qui ont progressivement atteint une
autonomie plus ou moins réelle (Droit de la concurrence, droit des entreprises en difficulté,
droit bancaire etc…).
Le Droit commercial est un sous ensemble du droit des affaires et ne se résume pas seulement
aux seules règles applicables aux commerçants et aux actes de commerce.
III- Les justifications du droit des affaires
On peut justifier le droit des affaires par :
La rapidité des transactions commerciales :
Le commerce a besoin de rapidité dans la conclusion et l’exécution des contrats, car plus les
capitaux circulent vite, plus les bénéfices s’accroissent. Cette rapidité s’explique aussi par le
caractère périssable des marchandises et la fluctuation des cours. Le temps est précieux pour
le commerçant et il faudrait l’exempter de l’observation de certaines formalités.
La nécessité du crédit :
Le développement sans cesse croissant de l’économie et des échanges commerciaux a imposé
aux commerçants d’avoir de plus en plus recours aux capitaux « privés », donc au crédit. La
circulation et la distribution d’une quantité de plus en plus importante de marchandises et de
services obligent non seulement le commerçant à s’endetter pour satisfaire les besoins des ses
clients (les consommateurs) mais aussi ces mêmes consommateurs auprès de lui, de sorte que
le crédit est devenu de nos jours la base même du de la vie des affaires.
La nécessité de la rigueur :
Le commerce a besoin de plus de rigueur dans l’exécution des engagements. Il repose sur le
crédit apparent c’est-à-dire la confiance : crédit des fournisseurs, crédit des banquiers. Un
banquier qui fait des avances d’argent à un commerçant doit être certain de recevoir son
paiement à l’échéance or ils n’ont que rarement le temps de vérifier la réalité des choses.
C’est pourquoi sur le commerçant est imposé la tenue d’une comptabilité non seulement pour
l’information de ses clients, créanciers, tiers et du fisc, mais aussi pour son propre usage.
IV- Orientation du cours
L’étude du cours de droit des affaires sera faite en deux parties. La première partie est
consacrée au Droit Commercial et la seconde partie au Droit des sociétés commerciales.
Première partie : Droit Commercial général
I- Définition
Le droit commercial est la partie du droit privé relative aux opérations juridiques faites par les
commerçants soit entre eux, soit avec leurs clients. Actuellement, le Droit commercial est
l’ensemble des Règles de droit Public et Privé qui régissent les Commerçants et les Actes de
Commerce.
II- Le domaine du droit commercial
Il faut d’emblée noter l’existence d’un débat sur le champ d’application du droit commercial.
En effet, le partisan de la « conception objective » estime que le droit commercial s’applique
à tous ceux qui accomplissent des actes de commerces quelque que soit leur qualité. Pour
ceux-ci, c’est la nature de l’acte et non la qualité de la personne qui définit l’applicabilité du
droit commercial. Donc selon eux, le droit commercial s’applique même au civil dès lors
qu’ils accomplissent des actes de commerces.
De nos jours, il faut reconnaître que le débat perd son intérêt. En effet, dans certains cas,
l’application du droit commercial est justifiée par l’accomplissement d’actes de commerce,
alors que dans d’autres, c’est la qualité de la personne qui détermine cette application. Par
exemple, le droit au renouvellement du bail qui ne profitait qu’aux seuls commerçants est
étendu aux artisans et aux professions libérales (le l’évolution du bail commercial au bail
professionnel).
Le droit commercial est donc le droit des actes de commerce et celui des commerçants.
III- Les sources du droit commercial
On entend par « source » en général, les textes qui régissent la matière. Comme celles du
droit en général, les sources du droit commercial peuvent être groupées en deux catégories :
les sources officielles ou directes et les sources non-officielles ou indirectes.
A- Les sources officielles
1- La loi
La loi a deux significations.
La 1ère signification (loi au sens matériel ou large) renvoie à toutes les règles écrites qui
émanent des pouvoirs publics et dont la violation est sanctionnée par l’Etat.
La 2e signification (la loi au sens formelle ou technique) renvoie aux textes émanant du
pouvoir législatifs. Au Mali, comme dans les autres Etats - membres de l’OHADA, la
principale source du droit commercial est constituée par les textes normatifs de l’OHADA
appelés Actes uniformes. Il s’agit de :
L’Acte uniforme relatif au droit commercial général, entré en vigueur en 1998 et révisé en
2010.
Toutefois, le Code de Commerce ainsi que les autres lois internes du Mali ne sont appliquées
que dans leurs dispositions non contraires aux Actes uniformes de l’OHADA. Ainsi, les Actes
uniformes abrogent toutes les dispositions législatives ou réglementaires nationales contraires.
2- Les usages et la coutume
Les Usages et la Coutume sont des comportements professionnels constants, notoires (connus
d’un très grand nombre de personnes) et généralement anciens. Il existe deux grandes
catégories d’usage : les usages conventionnels ou de fait et les usages de droit ou coutume.
B- Les sources non officielles ou indirectes
1- La jurisprudence
Elle est l’ensemble des décisions rendues par les cours et tribunaux. Celles-ci constituent une
source de droit. En d’autres termes, ce sont les réponses que donnent les jugements et les
arrêts aux questions de droit.
2- La doctrine
Elle est l’ensemble des opinions émises sur le droit par des juristes de profession (professeurs
de droit, magistrats ou autres praticiens du droit). L’autorité de la doctrine est purement
morale, mais elle peut influencer le législateur et le juge.
Le majeur incapable
Si la situation du mineur émancipé est aujourd’hui clarifiée, il n’en est pas de même de celle
du majeur incapable. Rien n’est prévu en ce qui le concerne. Il convient donc de se tourner
vers les législations nationales sur ce point. Au Mali, par exemple, le majeur incapable est le
majeur chez lequel il y a une perturbation des facultés mentales ou chez lequel l’altération des
facultés corporelles est telle qu’elle empêche l’expression de la volonté.
Pour l’essentiel ces conditions cherchent, à assainir les professions commerciales. Il existe
deux conditions négatives : il ne faut pas exercer une profession incompatible avec la
profession commerciale et il ne faut pas avoir fait l’objet d’une mesure d’interdiction.
Les incompatibilités avec la profession de commerçant
Après avoir posé comme principe qu’il n y a d’incompatibilité sans texte, l’Acte Uniforme
portant sur le Droit Commercial Général prévoit que l’exercice de la profession commerciale
est incompatible avec l’exercice des professions dont la liste est fixée par l’article 9 de
l’AUDG.
Les professions visées par l’art. 9 de l’AUDG sont les suivantes :
Fonctionnaires et personnels des collectivités publiques et des entreprises à participation
publique.
Officiers ministériels et auxiliaires de la justice (avocat, huissier, commissaire-priseur, agent
de change, notaire, greffier, administrateurs et liquidateurs judiciaires)
Expert-comptable agréé et comptable agréé, commissaire aux comptes et aux apports, conseil
juridique, courtier maritime.
L’interdiction d’exercice
Il résulte de l’article 10 de l’Acte Uniforme que la profession commerciale ne peut être
exercée par les personnes qui ont été frappées de sanctions pour avoir été reconnues
coupables de certains agissements.
Il s’agit des personnes qui ont fait l’objet :
D’une interdiction générale définitive ou temporaire prononcée par une juridiction de l’un des
Etats parties (et il n y a lieu de distinguer selon que l’interdiction est prononcée comme peine
principale ou peine complémentaire).
ou d’une interdiction prononcée par une juridiction professionnelle.
Il s’agit également des personnes à l’égard desquelles a été prononcée une condamnation
définitive à une peine privative de liberté pour un crime de droit commun ou à une peine d’au
moins trois mois non assortie de sursis pour une infraction en relation avec les affaires (délit
contre les biens ou délit en matière économique ou financière).
B- Les conditions liées à l’activité commerciale
Selon l’article 4 de l’AUDCG « ont le caractère d’actes de commerce, et ce par leur forme, les
lettres de change et le billet à ordre, et le warrant ».
- La lettre de change est un écrit par lequel une personne, créancier d'origine,
dénommée tireur, donne à un débiteur, appelé tiré, l'ordre de payer à l'échéance
fixée, une certaine somme à une troisième personne appelée bénéficiaire ou porteur.
- Le "billet à ordre" est un document par lequel le tireur dit aussi le souscripteur, se
reconnaît débiteur du bénéficiaire auquel il promet de payer une certaine somme
d'argent à un certain terme spécifiés sur le titre.
Par ailleurs, il faut le préciser que l’acte de commerce n’a pas été défini par la loi.
Néanmoins, certains auteurs ont avancé certains critères (critère de spéculation,
d’entremise et d’entreprise).
Il s’agit en réalité d’actes civils, mais qui sont considérés comme commerciaux en raison du
fait qu’ils sont effectués par un commerçant à l’occasion de son commerce. C’est
l’application de l’adage : « l’accessoire suit le principal. »
Il s’agit des actes accomplis par un commerçant et un non commerçant. L’acte est réputé
commercial pour le commerçant et civil pour le non commerçant.
Les actes mixtes sont soumis en général au régime dualiste et souvent au régime unitaire.
Le régime dualiste : Selon le régime dualiste, on applique les règles civiles à celui à l’égard
de qui l’acte est civil et les règles commerciales à celui à l’égard qui l’acte est commercial.
Ainsi en matière de compétence des tribunaux, le commerçant ne peut assigner le non-
commerçant que devant le tribunal civil. Le non-commerçant lui a le choix entre le tribunal
civil et le tribunal de commerce.
En matière de preuve, elle est libre pour le civil à l’encontre du commerçant (même devant le
Tribunal de Grande Instance : Tribunal siégeant en Principe au Chef-lieu de Région).
- En ce qui concerne la mise en demeure, la solidarité, etc., les règles du droit commercial
sont appliquées au débiteur commerçant et les règles du droit civil au débiteur civil.
Le régime unitaire
C’est l’application ou la non-application d’une même règle au commerçant et au non-
commerçant lors des actes mixtes.
- C’est le cas de la prescription extinctive commerciale (quinquennale : 5 ans) qui s’applique
au commerçant et au non-commerçant si l’acte est mixte et la loi ne prévoit pas une
prescription spéciale plus courte
- C’est le cas aussi de la clause compromissoire qui ne s’applique pas aux actes mixtes (ni au
commerçant ni au non-Commerçant). Cependant la clause compromissoire est valable si
l’acte est commercial à l’égard des deux parties, même si l’une d’entre elles n’a pas le statut
de commerçant (par exemple la signature d’une lettre de change par un non commerçant).
Le régime juridique des actes de commerce
Les règles de compétence
Le tribunal de commerce est compétent pour trancher les litiges entre commerçants, les litiges
relatifs aux actes de commerce entre toutes personnes, les faillites, les règlements judiciaires,
les liquidations de biens.
Les règles de preuve
L’article 5 de l’AUDCG dispose que les actes de commerce se prouvent par tous moyens
même par voie électronique à l'égard des commerçants. Cette disposition pose le principe de
la liberté de preuves en matière commerciale.
La prescription
Le délai de prescription est plus court en matière commerciale qu’en matière civile. En effet,
en matière civil, la prescription est de 20 ans alors qu’en matière commerciale, elle est de 5
ans si la loi ne prévoit pas une prescription spéciale plus courte.
La capacité et l’arbitrage
S’agissant de la capacité de faire le commerce, en principe, l’incapacité s’applique aux
mineurs non émancipés, aux aliénés, aux prodigues et aux faibles d’esprit.
Quant à l’arbitrage, il s’agit du règlement d’un litige par arbitre, d’un conflit entre nations ou
entre individus par des juges de leur choix.
Il faut souligner que le droit commercial reconnait la validité de la clause d’arbitrage.
Cependant, entre non commerçants, la clause compromissoire n’est pas valable.
Même s’il n’est pas possible d’affirmer de manière absolue que le Droit commercial est
devenu le droit des commerçants, on est obligé d’admettre qu’il existe un corps de règles
applicables aux seuls commerçants. Cet ensemble de textes donne aux commerçants un
statut particulier.
Cette particularité apparaît lorsque l’on examine la condition et les biens du commerçant.
A- La condition du commerçant
La qualité de commerçant emporte des droits et des obligations ignorés des simples
particuliers même lorsqu’ils ont recours aux techniques propres au commerce.
Les commerçants ont la possibilité de prouver par tous moyens les opérations conclues avec
leurs pairs. Cette règle dénommée liberté de la preuve est consacrée par l’article 5 de
l’AUDCG ainsi conçu « Les actes de commerce peuvent se prouver par tous moyens à l’égard
des commerçants ».
Le commerçant doit être protégé contre ses concurrents tentés de lui prendre sa clientèle en
utilisant des méthodes déloyales. Il doit aussi être protégé contre son bailleur. L’Acte
Uniforme ne comporte aucune disposition destinée à protéger le commerçant contre ses
concurrents ; il comporte, en revanche, une série de textes ayant pour but de protéger le
commerçant contre son bailleur. Les articles 91 à 102 de l’AUDCG consacrent, en effet au
profit des commerçants, le droit au renouvellement du bail commercial dont il faut préciser
les conditions et la mise en œuvre.
Ces locaux doivent être situés dans des villes de plus de 50000 habitants.
A côté de ces conditions liées à la nature des locaux, il y a des conditions liées à la durée du
bail.
L’article 91 qui accorde au preneur le droit au renouvellement du bail s’il justifie d’une
exploitation de son activité pendant une durée de deux ans, sans qu’il y ait à distinguer selon
qu’il s’agit d’un contrat à durée déterminée ou d’un contrat à durée indéterminée.
L’Acte Uniforme a minutieusement réglementé les rapports des parties à l’expiration du bail.
Les articles 92 et suivants précisent les initiatives que doit prendre le locataire qui veut
obtenir le renouvellement.
- S’il s’agit d’un bail à durée déterminée, le preneur qui a droit au renouvellement doit
introduire une demande. Celle-ci doit être faire par acte extrajudiciaire au plus tard
trois mois avant la date d’expiration du bail. A défaut de demande, le preneur est
déchu de son droit.
- S’il s’agit d’un bail à durée indéterminée, le preneur qui a reçu congé du bailleur peut
exiger le renouvellement en notifiant au bailleur par acte extrajudiciaire, sa
contestation du congé. Cette notification doit avoir lieu au plus tard à la date d’effet
du congé ; à défaut il est mis fin au bail.
- Soit il accepte le renouvellement. Cette acceptation peut être expresse. Elle peut
aussi être tacite : tel est le cas lorsqu’ayant reçu une demande de renouvellement
d’un bail à durée déterminée, il ne fait pas connaître sa réponse au plus tard un mois
avant l’expiration du bail. En cas d’acceptation, qu’elle soit expresse ou tacite, la
durée du nouveau bail est fixée à trois ans, sauf convention contraire des parties (art.
97).
- Soit il refuse le renouvellement. Dans ce cas, il doit payer une indemnité d’éviction.
L’Acte Uniforme prévoit que c’est seulement à défaut d’accord entre les parties sur
le montant de l’indemnité que le recours au tribunal est nécessaire (art. 94). Il est
tenu compte pour la détermination du montant de l’indemnité, du montant du
chiffre d’affaires, des investissements réalisés par le preneur et de la situation
géographique du local.
L’Acte Uniforme ne règle pas les conséquences du refus par le bailleur de payer l’indemnité
d’éviction.
Il cite en revanche les cas dans lesquels le bailleur n’est pas tenu de payer l’indemnité
d’éviction. Ces cas sont au nombre de trois :
- d’abord l’existence d’un motif légitime de non renouvellement (V. art. 95 qui donne
comme exemple l’inexécution par le preneur d’une obligation substantielle ou la
cessation de l’exploitation du fonds) ;
- ensuite le projet de démolition et de reconstruction de l’immeuble comprenant les
lieux loués (V. art. 95) ;
- enfin la reprise par le bailleur des locaux d’habitation accessoires des locaux
principaux pour y loger lui-même ou y loger ses proches (V. art. 96).
Mais même s’il n’a pas droit à une indemnité d’éviction, le preneur pourra obtenir
remboursement des coûts des aménagements et constructions qu’il a réalisés dans les
locaux avec l’autorisation du bailleur. Le montant est fixé, à défaut d’accord, par la
juridiction compétente à la requête du preneur.
L’Acte Uniforme met deux types d’obligations à la charge des commerçants ; les obligations
comptables et l’obligation de se faire immatriculer au registre du commerce et du crédit
mobilier.
Il s’agit d’une obligation qui pèse sur tous les commerçants qu’ils soient personnes
physiques ou morales. C’est l’obligation de tenir les livres de commerce. Ils sont visés à
l’article 15 de l’AUDCG : le journal, enregistrant au jour le jour les opérations commerciales;
le Grand livre avec balance générale récapitulative et le livre d’inventaire.
C’est l’article 14 qui fixe les règles de tenue des livres, mais ce texte ne vise que le journal et
le livre d’inventaire qui doivent être côtés et paraphés par le président de la juridiction
compétente ou le juge délégué à cet effet et être tenus sans blanc, ni altération. Ces livres
doivent aussi mentionner le numéro d’immatriculation au registre du commerce et du crédit
mobilier.
Il est important de veiller à la régularité de la tenue des livres. En effet si un livre peut être
produit en justice pour servir de preuve, c’est à la condition d’être régulièrement tenu.
A côté de l’obligation de tenue des livres qui pèse sur tous les commerçants, il y a une
obligation qui pèse sur les seules personnes morales commerçantes : c’est l’obligation
d’établir tous les ans les états financiers de synthèse
Il y a ensuite un fichier national dans chaque Etat partie. Ce fichier centralise les
renseignements consignés dans les registres tenus au greffe.
Il y a enfin le fichier régional qui est tenu auprès de la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage et qui centralise les renseignements consignés dans chaque fichier national.
Le fonctionnement du RCCM
Dès qu’une demande d’immatriculation est en état, le greffier attribue un numéro qu’il
mentionne sur le formulaire remis déclarant.
Le greffier qui a la charge du RCCM doit s’assurer sous sa responsabilité que les demandes
sont complètes ; il vérifie également la conformité de leurs énonciations avec les pièces
justificatives produites. S’il constate des inexactitudes ou s’il rencontre des difficultés, il saisit
la juridiction compétente.
L’Acte Uniforme sur le Droit Commercial Général donne une définition du fonds de
commerce dans l’article 103 ainsi conçu : « Le fonds de commerce est constitué par un
ensemble de moyens permettant à un commerçant d’attirer et de conserver une clientèle ».
I- Définitions
A- Définition du droit des sociétés
Il peut être défini comme l’ensemble des règles relatives à la création, à l’organisation, au
fonctionnement, la dissolution et la liquidation d’une société commerciale.
Selon l’article 4 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés, « la société est créée
par deux ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat d’affecter à une activité
des biens en numéraire, en nature et en industrie dans le but de partager le bénéfice ou de
profiter de l’économie qui pourra en résulter ». L’article 5 ajoute que « la société
commerciale peut être également créée, dans les cas prévus par le présent Acte uniforme,
par une seule personne, dénommée « associé unique », par écrit ».
Les capitaux d’une seule personne ne sont souvent pas suffisants pour créer une société dont
le lancement ou le développement vont requérir de très lourds investissements. C’est pourquoi
la société est une technique qui permet de drainer les capitaux de plusieurs personnes.
L’intérêt du point de vue financier est encore plus grand lorsque les sociétés peuvent faire
appel à l’épargne publique (seule la société par actions y est autorisée).
La création d’une société présente un intérêt majeur du point de vue juridique dès lors que la
société peut être dotée d’une personnalité juridique autonome. L’entrepreneur individuel
répond des dettes nées de son activité sur tous ses biens.
Par opposition aux sociétés commerciales, les sociétés civiles n’ont pas d’objet commercial et
sont soumises au droit civil.
Les sociétés des personnes sont les sociétés dans lesquelles la responsabilité des associes est
illimitée et la considération de la personne est très importante. Par contre, les sociétés à
capitaux sont celles dont la responsabilité des associés est limitée.
La société est dite à risque illimité lorsque le risque de perte pour l’associé n’est pas limité au
montant des apports effectués. A l’inverse, la société à risque limité est celle dont le risque de
perte pour l’associé est limité à leurs apports.
Les sociétés immatriculées sont celles qui ont la personnalité morale. Par contre, les sociétés
non immatriculées n’ont pas de personnalité morale.
Régie par les articles 309 à 384 de l’A.U., la SARL est une société dans laquelle les
associés ne sont responsables des dettes sociales que dans la limite de leurs apports et
dont les droits sont représentés par des parts sociales.
La société en nom collectif est réglementée par les articles 270 à 292 de l’A.U. Tous les
associés ont la qualité de commerçant et répondent indéfiniment et solidairement des
dettes sociales.
La SCS (réglementée par l’article 293 à 308) est une société qui comprend 2 types
d’associés : les commandités et les commanditaires.
3- La société en participation
La société en participation est caractérisée par l’absence de personnalité morale. Elle est
définie par l’article 854 de l’A.U. comme une société dans laquelle les associés
conviennent qu’elle ne sera pas immatriculée au registre du commerce et du crédit
immobilier et qu’elle n’aura pas la personnalité juridique.
4- La société de fait
Pour designer ce type de société, on parle également de « société créée de fait ». L’A.U.
lui a consacré cinq articles (art.864 à 868). Selon l’article 864, « il y a société de fait
lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales ont constitué entre elles une
société reconnue par le présent Acte Uniforme mais n’ont pas accompli les formalités
légales constitutives ou ont constitué entre elles une société non reconnue par le présent
Acte Uniforme » ; l’article 865 ajoute que « Lorsque deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales ont constitué entre elles une société reconnue par le présent Acte
Uniforme mais n’ont pas accompli les formalités légales constitutives ou ont constitué
entre elles une société non reconnue par le présent Acte Uniforme, il y a également
société de fait ».
Il s’agit des conditions de validités de tous les contrats à savoir le consentement, la capacité,
l’objet et la cause.
Le consentement de la partie qui s’oblige : il est nécessaire que les associés donnent
leur consentement qui doit être exempt de vices (erreur, dol, violence).
La capacité de contracter : il faut être capable pour contracter.
Un objet certain qui forme la matière de l’engagement : c’est le genre d’activité de la
société comme la construction de route par exemple. L’objet doit être licite.
La cause : c’est le but poursuivi par la société, le motif qui détermina les associés à
contracter. La cause doit être licite et non contraire aux bonnes mœurs et l’ordre
public.
B- Les conditions spécifiques
Les apports : Ils peuvent être effectués en numéraire (versement de somme d’argent) ;
ou en nature (fonds de commerce, bâtiment…), ou en industrie (fourniture du travail
par un associé).
Participation aux bénéfices ou aux économies et contribution aux pertes La société est
constituée soit pour partager des bénéfices, ou éviter des dépenses en profitant des
économies. C’est d’ailleurs là, le critère de distinction entre la société et l’association.
Les associés ont non seulement vocation aux bénéfices, mais aussi aux pertes.
Affectio societatis : C’est la volonté commune de s’associer.
II- Les formalités de constitution de la société commerciale
A- La rédaction des statuts
Les associés doivent rédiger les statuts. La forme authentique ou authentifiée (acte
authentique ou acte sous seing privé déposé au rang des minutes d’un notaire) a été imposée à
toutes les sociétés commerciales. Les statuts peuvent donc être rédigés par acte sous seing
privé, mais ils doivent être déposés auprès d’un notaire.
B- L’immatriculation au RCCM
C’est la formalité par laquelle une personne physique ou morale déclare son existence et son
activité commerciale par la transcription de ses renseignements au RCCM.
La demande d’immatriculation doit être déposée auprès du tribunal dont relève le demandeur
ou le requérant. Il remplit un formulaire.
Dans les 15 jours qui suivent l’immatriculation de la société au RCCM, les dirigeants doivent
faire insérer un avis dans un journal d’annonce légale de l’État de leur siège.
L’inobservation des règles qui gouvernent la constitution d’une société peut etre
sanctionnée par la nullité de la société.
Il ressort de ces textes que la nullité de la société peut être fondée en premier lieu sur le
régime général des contrats (incapacité, vice du consentement, illicéité, fraude). En second
lieu la nullité peut être fondée sur le régime spécial du contrat de société (défaut d’apport,
absence d’affectio societatis).
2- L’action en nullité
L’action en nullité en matière de société présente des particularités qui traduisent le vœu du
législateur de ne la voir aboutir que très rarement.
En second lieu, la loi prévoit la possibilité d’une régularisation. En effet, l’AUSC prévoit
que l’action en nullité est éteinte lorsque la cause de l’action en nullité a cessé d’exister au
jour ou statut le tribunal, sauf si cette nullité est fondée sur l’illicéité de l’objet social.
L’article suivant ajoute que lorsqu’il est saisi d’une action en nullité, le tribunal peut même
d’office fixer un délai pour permettre de couvrir la nullité.
Capacité des sociétés : la société personne morale a une pleine capacité de jouissance.
Mais elle est soumise à ce qu’on appelle la règle de spécialité c'est-à-dire que sa capacité
d’exercice est limitée à son objet. Par exemple, une société ayant pour objet la location
d’immeubles pour étudiants ne peut, à moins de transformer son objet, vendre lesdits
immeubles.
La personnalité morale de la société dure tant que vit la société, en principe la durée de la
société ne peut excéder 99 ans (article 28 de l’AU). La prorogation est néanmoins
possible.
La scission est l’opération par laquelle le patrimoine d’une société est partagé entre
plusieurs sociétés existantes ou nouvelles.
La fusion aboutit à une augmentation du capital de la société absorbante qui émet des
titres
Pour pouvoir agir valablement au nom de la société, les dirigeants doivent avoir été
régulièrement nommés et faire l’objet de publication. En effet, les nominations, révocations et
démissions non publiées ne peuvent être opposables aux tiers.
De façon générale, la société est responsable des fautes commises par ses représentants
légaux. Toutefois, la responsabilité des représentants légaux peut être recherchée en cas de
règlement judiciaire ou de liquidation des biens.
IV- DISSOLUTION
A- La dissolution
1- LA DISSOLUTION LÉGALE
La constitution de la société exige un nombre minimum d’associés, qui, lorsqu’il n’est
pas atteint, permet sa dissolution. La société est en outre, dissoute :
Par l’expiration du temps pour lequel elle a été constituée ;
Par la réalisation ou l’extinction de son objet ;
Par l’annulation du contrat de société ;
Par décision des associés aux conditions prévues pour modifier les statuts ;
Par la dissolution anticipée prononcée par les tribunaux pour justes motifs ou
mésintelligence entre associés rendant le fonctionnement difficile ;
Par l’effet d’un jugement ordonnant la liquidation des biens de la société ;
Pour toute autre cause prévue par les statuts.
2- DISSOLUTION CONVENTIONNELLE
Les associés précisent qu’ils vont se lier pour une durée déterminée et pour une opération
ponctuelle. En principe, la société est dissoute de plein droit à l’arrivée du terme qui ne peut
excéder 99 ans. La dissolution anticipée est aussi possible et peut être décidée à tout moment
par les associés mais aussi par la fusion avec une autre société.
3- DISSOLUTION JUDICIAIRE :
A la demande des associés, la société peut être dissoute pour de justes motifs comme
l’inexécution des obligations par un associé de son apport en industrie non effectif ; la
mésintelligence entre associés paralysant son fonctionnement normal.
La dissolution d’une société doit faire l’objet de formalités analogues à celle de sa
constitution.
V- Liquidation et partage
A- Liquidation
1- Définition
La liquidation est l’assemble des opérations qui permettent de régler les affaires en cours, de
réaliser l’actif pour pouvoir apurer le passif, c'est-à-dire payer les créanciers de la société et de
rembourser les apports dans la mesure du possible. Ainsi sera obtenu un actif net, le boni de
liquidation qui sera réparti entre les associés.
2- Forme de la liquidation
Liquidation statutaire : Ici, ce sont les associés à travers les statuts ou à travers une
convention expresse, prennent le soin d’organiser la liquidation.
Liquidation judiciaire : Elle intervient à défaut de clause statutaire ou de convention
expresse entre les parties ; mais aussi, applicable sans les statuts sur décision de justice
à la demande des associés, des créanciers sociaux ou du représentant de la masse des
obligataires.
B- Partage
1- Principe
Après le paiement des créanciers sociaux avec les opérations de liquidation, il se dégage un
actif net qu’il convient de partager entre les créanciers de la société.
2- Le remboursement
Les associés sont des créanciers de la société pour la valeur de leurs apports. Ils doivent en
être remboursés ; idem sur le boni de liquidation qui doit être réparti entre les associés au
prorata de leur apport.
3- Publicité de la clôture de la liquidation
La décision de clôture de liquidation est publiée par un « avis de clôture » signé par le
liquidateur et insérée dans un journal d’annonces légales. Il est ensuite procédé à la radiation
de la société du RCCM, ce qui entraine la perte de la personnalité morale.
VI- Différence entre liquidation, règlement judiciaire ou liquidation des biens de
la société :
Une société en liquidation n’est pas nécessairement en état de « cessation de paiement ».
Une société en liquidation par définition, doit être en mesure de payer les créanciers par le
liquidateur qui doit faire en sorte que ceux-ci soient payés après réalisation de l’actif.
Cependant, il peut arriver que tous les créanciers ne soient payés, la société est alors en
état de cessation de payement pendant la liquidation. La procédure de la liquidation
s’ajoute alors à celle du règlement judiciaire ou de liquidation des biens. Il y a règlement
judiciaire lorsque la société, au prix d’une réorganisation, présente des chances de survie ;
alors que la liquidation des biens entraine sa condamnation. Le règlement judiciaire ou la
liquidation des biens naissent à l’occasion de la cessation de paiement de l’entreprise.