Guide D'AntibiothéRapie PéDiatrique: Edition 2023

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 166

GUIDE

D’ANTIBIOTHÉRAPIE
PÉDIATRIQUE
Edition 2023
Robert Cohen Mohammed Bouskraoui

Comité de lecture
Abid A (Casablanca)
Arrad B (Marrakech)
Barkia A (Kénitra)
Bouharrou A (Fès)
Draiss G (Marrakech)
El Fakiri K (Marrakech)
Hida M (Fès)
Hamdani S (Marrakech)
Mahraoui C (Rabat)
Oulmaati A (Tanger)
Rada N (Marrakech)
Slaoui B (Casablanca)
Soraa N (Marrakech)
Sommaire
Principes de l’antibiothérapie curative 1

Pharmacocinétique et pharmacodynamie des antibiotiques 17

Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques 25

Antibiothérapie des infections respiratoires basses de l’enfant 41

Antibiothérapie curative des infections urinaires de l’enfant 53

Traitement anti-infectieux des infections digestives chez l’enfant 65

Antibiothérapie des infections cutanées 79

Traitement antibiotique des méningites bactériennes 93

Abcès et empyèmes cérébraux communautaires de l’enfant 99

Antibiothérapie des infections ostéo-articulaires 105

Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes 115

Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement


rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques 133
Principes de
l’antibiothérapie curative
Résumé
Les connaissances sur les pathologies infectieuses et leurs traitements
évoluent constamment. De nouveaux agents infectieux sont régulièrement
découverts, essentiellement du fait de l’évolution des techniques
d’identification et grâce au développement de la biologie moléculaire
et de la spectrométrie de masse. Les modifications de l’épidémiologie
des maladies infectieuses ne sont pas toujours explicables mais plusieurs
facteurs jouent un rôle important comme l’histoire naturelle des maladies,
l’impact des vaccinations, mais aussi l’usage trop souvent excessif et
irrationnel des antibiotiques. La résistance aux antibiotiques est reconnue
comme un des défis majeurs pour l’humanité d’autant plus que peu de
nouvelles molécules ont été mises sur le marché ces dernières années.
Celles-ci sont réservées à des infections graves dues à des bactéries
résistantes aux autres antibiotiques et ne devraient pouvoir être prescrites
que par des infectiologues formés à leur utilisation. La rationalisation de
l’antibiothérapie est donc un des éléments-clés pour réduire la résistance
aux antibiotiques et la dissémination des bactéries résistantes.

Dans ce guide, pour chaque situation clinique seront précisés, la ou les cibles
bactériennes du traitement antibiotique, le choix antibiotique préférentiel,
les alternatives thérapeutiques. Des commentaires concernant le diagnostic
et le traitement de l’infection seront ajoutés si nécessaire.

1. Introduction :
Les maladies infectieuses et leurs traitements évoluent en permanence pour de
multiples raisons. De nouveaux agents infectieux sont régulièrement découverts,
essentiellement du fait de l’évolution des techniques d’identification, et

2023 SOMIPEV 1
Guide de l’antibiothérapie

notamment grâce au développement de la biologie moléculaire (PCR, séquençage,


métagénomique) et de la spectrométrie de masse. Qui, il y a 15 ans, avait conscience
de la place de Kingella kingae dans les infections ostéoarticulaires du nourrisson
et du jeune enfant, ou de la richesse des microbiotes et de l’importance de leurs
variations dans différentes pathologies ?

Les évolutions de l’épidémiologie des maladies infectieuses ne sont pas toujours


explicables mais trois facteurs jouent incontestablement un rôle important :
les modifications des climats, de l’écologie et des modes de vie, l’impact des
vaccinations, et enfin les conséquences d’une prescription large et souvent inadaptée
des antibiotiques.

Un parallèle étroit peut être établi entre le réchauffement climatique et


l’antibiorésistance. Dans les deux cas, les phénomènes s’aggravent de façon rapide et
les mesures connues qui permettraient de les contrôler ne sont pas prises ou en tous
cas, ne sont pas appliquées de façon suffisamment rigoureuse alors que ces deux
situations s’avèrent catastrophiques pour l’humanité dans les prochaines années.
L’antibiorésistance est en effet devenue une des principales causes de mortalité dans
le monde et un des défis majeurs pour l’humanité [1,2]. Si l’apparition de souches
résistantes aux antibiotiques est un phénomène inéluctable et donc attendu dans
le monde bactérien, l’accroissement de leur nombre et leur diffusion avec leurs
conséquences cliniques sont directement liés au mésusage des antibiotiques. Or,
peu de nouvelles molécules ont été mises sur le marché ces dernières années, ce
qui a pour effet de compliquer davantage la situation actuelle. La rationalisation
de l’antibiothérapie est donc un des éléments-clés pour réduire la résistance aux
antibiotiques.

Le guide de prescription des antibiotiques en pédiatrie a été publié pour la première


fois en 2017. Son actualisation était devenue nécessaire. Cette nouvelle version
intègre les dernières recommandations, les conférences de consensus et les avis
des sociétés savantes : Le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) de
la Société Française de Pédiatrie, la Société de Pathologie Infectieuse de Langue
Française (SPILF), auxquelles s’est toujours jointe notre Société Marocaine des
Maladies infectieuses Pédiatriques et de Vaccinologie (SOMIPEV). Ce guide a reçu
en plus l’aval des agences officielles sanitaires de l’état français : l’Agence Nationale
de Sécurité Sanitaire de France (ANSM) et la Haute Autorité de Santé (HAS) de
France [3]. Le guide aborde également de nouveaux sujets comme l’introduction
de quelques nouveaux antibiotiques pour les infections graves dues à des espèces
résistantes aux antibiotiques ; la notion d’antibiotiques « critiques » pour l’évolution

2 2023 SOMIPEV
Principes de l’antibiothérapie curative

des résistances bactériennes ; la disparition de certains antibiotiques peu rentables


pour les fabricants du fait des relatives faibles prescriptions, des prix acceptés par les
administrations, et de la meilleure connaissance de leurs effets indésirables.

Ce guide a pour but d’aider les cliniciens dans le choix et l’utilisation des
antibiotiques dans une perspective d’optimisation des prises en charge des
maladies infectieuses bactériennes du nourrisson et de l’enfant. Théoriquement,
le choix d’un antibiotique dans une situation clinique donnée devrait être le fruit
de la médecine fondée sur les preuves « evidence-based medicine » c’est-à-dire
d’études randomisées démontrant la supériorité (ou au moins la non-infériorité)
d’un schéma thérapeutique en termes d’efficacité et/ou de tolérance. En réalité,
ces études sont rarement disponibles ou rarement adaptées du fait des évolutions
des connaissances épidémiologiques et surtout des résistances bactériennes. En
l’absence de ces données, d’autres facteurs sont pris en compte, notamment les
paramètres pharmacocinétiques-pharmacodynamiques, la tolérance et de plus en
plus, l’impact écologique. Ce sont souvent ces paramètres qui sont les principaux
déterminants des choix antibiotiques dans les recommandations de ce guide.

Pour chaque situation clinique y sont précisés, la ou les cibles bactériennes du


traitement antibiotique (préalable indispensable avant toute décision), le choix
antibiotique préférentiel, les alternatives thérapeutiques, ainsi que les commentaires
les plus importants pour le diagnostic et le traitement de l’affection. Les alternatives
thérapeutiques ne sont pas les traitements à proposer en cas d’échec, mais
d’autres possibilités de traitement offertes notamment en cas de contre-indication,
d’intolérance ou d’allergie reconnue ou fortement suspectée, au traitement
préférentiel.

2. La résistance aux antibiotiques :


La résistance des bactéries aux antibiotiques, notamment des bactéries à Gram
négatif (BGN) productrices de bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) ou de
carbapénémases, est devenue une urgence de santé publique, résultat d’une
gestion inconsidérée et abusive de nos ressources antibiotiques [4,5]. Elle impose
de réduire de façon massive les prescriptions d’antibiotiques, de mettre en place
les outils de surveillance permettant de suivre les évolutions de ces résistances afin
d’adapter au plus vite les stratégies diagnostiques et thérapeutiques.

2023 SOMIPEV 3
Guide de l’antibiothérapie

Les axes principaux pour réduire les prescriptions des antibiotiques sont :
• La stricte limitation de leur utilisation aux situations cliniques dans lesquelles ils
ont fait la preuve de leur efficacité.
• La réduction au maximum de l’incertitude diagnostique et décisionnelle à l’aide
d’une analyse clinique rigoureuse systématique et de l’utilisation de tests de
diagnostic rapide en prenant en compte la probabilité pré-test, les rapports de
vraisemblance et la probabilité post-test (Encadré 1) [6].

Encadré 1. Recommandations en cas de fièvre isolée.


• En dehors des populations à risque (nouveau-nés et des patients aplasiques…) ne pas prescrire
d’antibiotique pour une fièvre nue sans point d’appel clinique en l’absence de détresse vitale :
un antibiotique n’est ni un antipyrétique (pour le malade), ni un anxiolytique (pour les parents
ou le médecin) !
• Se donner les moyens d’identifier l’agent bactérien responsable de l’infection : hémocultures,
cyto-bactériologie des urines si la bandelette urinaire est positive, prélèvements locaux
(écoulement, ponction, site opératoire) selon les points d’appel.
• Mais, après l’apyrexie spontanée, il peut s’agir tout simplement d’une infection virale (par
exemple grippe).

Aujourd’hui, la réduction massive des prescriptions d’antibiotiques doit également


s’accompagner en urgence d’une réflexion systématique et d’une rationalisation
de nos choix, en évitant d’utiliser les classes d’antibiotiques dont le pouvoir
sélectionnant des bactéries multi-résistantes est le plus élevé, notamment au sein
de la flore fécale. Ces « urgences écologiques » sont :
• La diminution de l’utilisation des céphalosporines et des quinolones dans
l’objectif de freiner l’augmentation des EBLSE.
• L’utilisation parcimonieuse des pénèmes (pour limiter l’émergence des BGN
résistants à tous les antibiotiques) et le suivi, au plus près, de leur consommation.

3. Critères de choix des antibiotiques :

Les règles générales de prescription des antibiotiques demeurent et doivent être


connues de tous les prescripteurs. La majorité des prescriptions d’antibiotiques se
fait de façon empirique avant l’isolement de l’agent pathogène responsable et du
résultat de l’antibiogramme. Les critères de choix dépendent donc :

4 2023 SOMIPEV
Principes de l’antibiothérapie curative

• Du germe ou des germes le plus souvent responsables de l’infection en cause, ainsi


que de leurs profils habituels de sensibilité aux antibiotiques : il faut s’astreindre à
toujours « nommer la bactérie » qui sera la cible principale de l’antibiotique prescrit.
• De la maladie, notamment du site de l’infection.
• Du malade, en tenant compte de son âge, d’une allergie éventuelle, d’une
condition physiologique (grossesse, prématurité, immunodépression…) ou
pathologique particulière.
• Du médicament (effets secondaires, impact écologique, facilité d’administration)
mais aussi de nos connaissances des mécanismes d’action et des profils
pharmacocinétiques-pharmacodynamiques (Ce critère essentiel fait l’objet d’un
article spécifique au sein de ce guide).
• Du coût (Rapport coût / efficacité).

4. Étapes du choix :

Elles sont au nombre de 4 :

4.1 Déterminer la bactérie la plus fréquemment responsable de l’infection dans ce


site (Nommer la bactérie).

4.2 Choisir l’antibiotique théoriquement efficace contre la bactérie présumée


responsable et diffusant au site de l’infection ; il figure généralement parmi ceux
qui sont indiqués dans les recommandations officielles.

4.3 Réévaluer systématiquement l’indication d’antibiothérapie à 48-72 heures


et modifier éventuellement le choix initial : arrêt, modification d’après les
données cliniques, biologiques, bactériologiques (antibiogramme notamment),
éventuellement après avoir pris l’avis d’un infectiologue.

4.4 Préciser la durée prévue de l’antibiothérapie. Trop souvent, les antibiothérapies


sont prescrites pour des durées trop longues. Pour toutes les situations cliniques
décrites dans le guide, les durées de traitement sont précisées : elles suivent les
recommandations de la HAS [3] et la SOMIPEV. Pour les malades hospitalisés, il est
conseillé de noter la durée prévue d’antibiothérapie sur la prescription journalière :
J1/10, J2/10, etc… (Encadré 2).

2023 SOMIPEV 5
Guide de l’antibiothérapie

Encadré 2. Critères de bon usage des antibiotiques.


• Réévaluer systématiquement l’indication et les modalités de l’antibiothérapie entre la 24ème et
72ème heure de traitement et les noter dans le dossier.
• Ne poursuivre l’antibiothérapie au-delà de 3-4 jours qu’après confirmation par un médecin
sénior.
• En cas d’association d’antibiotiques, justifier dans le dossier son maintien au-delà de 3 jours.
• Inscrire dans le dossier, à l’initiation du traitement, la durée prévisionnelle de celui-ci.
• Adapter systématiquement l’antibiothérapie aux données microbiologiques et prescrire le plus
souvent une désescalade (sinon justifier la décision dans le dossier).
• Ne pas dépasser 8 jours d’antibiothérapie sans justification.

5. La notion d’antibiotiques critiques [7] :


Les antibiotiques dits « critiques » sont classés en deux catégories :

D’une part, les antibiotiques particulièrement générateurs de résistances, soit parce


qu’ils ont des concentrations proches des CMI, soit parce qu’ils ont une demi-vie
longue entraînant une exposition prolongée des bactéries à ces anti-infectieux, soit
parce qu’ils impactent fortement les microbiomes notamment digestifs.

D’autre part, les antibiotiques de dernier recours, qualifiés ainsi parce que les
résistances qu’ils suscitent offrent peu d’alternatives thérapeutiques aux cliniciens.

Plusieurs exemples peuvent être cités :


• Les céphalosporines de 2ème et 3ème génération favorisent l’émergence des
entérobactéries notamment productrices de ß-lactamases à spectre étendu
suscitant une résistance, non seulement à toutes les céphalosporines, mais aussi
à la quasi-totalité des pénicillines. C’est la raison essentielle qui avait été prise
en compte en 2011 par le GPIP et la SPILF, pour établir des recommandations
dans le cadre des infections ORL, faisant ainsi, de l’impact écologique, l’élément
majeur de choix, pour la première fois [3]. Ces recommandations ont été reprises
par la HAS en 2021 [4].
• Les quinolones favorisent non seulement l’émergence de bactéries résistantes à
cette classe d’antibiotiques mais aussi l’émergence d’entérobactéries résistantes
aux céphalosporines de 3ème génération (même plasmide).
• Les pénèmes qui sont le traitement de référence en cas d’infections dues à
des bactéries résistantes aux céphalosporines de 3ème génération, doivent être

6 2023 SOMIPEV
Principes de l’antibiothérapie curative

utilisés en dernier recours car ils favorisent l’émergence de bactéries à Gram


négatif résistantes à toutes les ß-lactamines.
• L’azithromycine, du fait de sa demi-vie très longue, favorise l’émergence de
cocci à Gram positif (notamment des pneumocoques) résistants non seulement
aux macrolides mais aussi aux pénicillines. Son indication doit être très limitée.
(Encadré 1)
• Enfin, l’association amoxicilline + acide clavulanique qui présente un spectre
très large englobant les anaérobies, induit des perturbations du microbiome
importantes.

Ainsi, les antibiotiques dont nous disposons peuvent être classés en 3 classes :
– la classe 1 : molécules à utilisation préférentielle.
– la classe 2 : molécules à indications restreintes en raison de leur impact plus
important sur la résistance bactérienne.
– la classe 3 : molécules réservées, notamment en milieu hospitalier, pour
préserver leur efficacité, utilisées dans des infections graves pour lesquelles très
peu d’alternatives thérapeutiques existent.

La classe d’un même antibiotique peut varier selon qu’il s’agit d’un patient
ambulatoire ou d’un patient hospitalisé. Il est bien évident qu’hospitalisés,
les patients peuvent présenter un état grave, des pathologies sous-jacentes les
fragilisant ou un risque de résistance bactérienne plus élevé.

A notre sens, un certain nombre d’antibiotiques dit « critiques » de classe 3 ou de


classe 2 devraient pouvoir être prescrits uniquement par des praticiens qualifiés en
maladies infectieuses ou, tout du moins, devraient impliquer une bonne formation
des prescripteurs incluant la connaissance des outils qui permettent de réduire
l’incertitude diagnostique.

En pratique pédiatrique ambulatoire :


• La classe 1 regroupe l’amoxicilline, les céphalosporines de 1ère génération, le
cotrimoxazole, les macrolides à demi-vie courte (clarithromycine), et la doxycycline.
• La classe 2, à éviter dans toute la mesure du possible, regroupe les céphalosporines
de 2ème ou 3ème génération, l’azithromycine, et l’amoxicilline-acide clavulanique.

En pratique pédiatrique hospitalière, l’amoxicilline - acide clavulanique et les


céphalosporines de 2ème ou 3ème génération font partie des molécules de classe 1, car
elles sont susceptibles d’éviter la prescription de l’association pipéracilline-tazobactam
ou de pénèmes.

2023 SOMIPEV 7
Guide de l’antibiothérapie

Les aminosides (amikacine principalement) sont encore actifs sur l’immense


majorité des entébactéries productrices de BLSE. Ils constituent une classe
particulière, car d’une part, en monothérapie ils ne peuvent être utilisés que pour
les infections urinaires, et d’autre part, ils ont l’avantage, du fait de leur passage
digestif quasi-nul, d’induire très peu de résistance bactérienne.

On vient d’expliquer toutes les bonnes et les mauvaises éventualités de l’utilisation


inapproprié des antibiotiques par les professionnels de soins. Mais dans notre
contexte marocain, il ne faut pas omettre d’évoquer la vente libre des antibiotiques
en pharmacie, sans ordonnance médicale et en automédication. C’est un problème
important de santé publique qui est à l’origine d’une croissance importante des
résistances dans notre pays. Actuellement, cette prescription irrationnelle et
incontrôlée des médicaments et des antibiotiques en particulier reste très difficile,
sinon impossible à résoudre. L’exemple le plus connu et le plus dramatique est celui
de l’azithromycine, notamment au cours et après la pandémie de coronavirus.

6. La disparition de nombreux antibiotiques :

De très nombreux antibiotiques ne sont plus disponibles. On en a vu disparaître


certains sans regret, mais pour d’autres, la situation est nettement préoccupante.
Ainsi :
• L’amoxicilline injectable risque de disparaître mais elle peut être remplacée sans
perte de chance pour les malades, par de l’ampicilline injectable.
• Pratiquement toutes les C1G orales pédiatriques ont disparu, notamment le
cefadroxyl. Elles étaient utiles dans le traitement des infections cutanées et
en relais de traitement de toutes les infections à S. aureus meti-S. Restent
disponibles le céfaclor dont l’activité anti staphylococcique est plus que médiocre
et la céfalexine.
• Le céfamandole proposé dans le traitement d’attaque IV des infections osseuses
a également disparu. Il peut être remplacé sans perte de chance pour les malades
par le céfuroxime.
• Parmi les macrolides disponibles en pédiatrie, ne persistent que l’azithromycine,
la josamycine et la clarithromycine. Le premier est à éviter quand il n’est pas
indispensable car c’est un antibiotique critique du fait de sa longue demi-vie
générant plus que les autres des résistances. Son activité sur le pneumocoque
est par ailleurs suboptimale.

8 2023 SOMIPEV
Principes de l’antibiothérapie curative

7. Meilleures connaissances des effets


indésirables :

Deux points sont à souligner : la meilleure connaissance des effets indésirables des
quinolones et la levée progressive de la contre-indication de la doxycycline pour les
enfants de moins de 8 ans pour certaines infections à condition que la durée de
traitement ne dépasse pas 3 semaines.
• Les quinolones étaient déjà peu utilisées en pédiatrie, mais la liste des effets
indésirables parfois graves, s’allonge et surtout leur fréquence apparaît
désormais beaucoup plus importante que celle qui était estimée lors des
premières années d’utilisation. En pédiatrie, leur utilisation doit donc être
limitée à des infections le plus souvent documentées sur le plan bactériologique
et après avis d’un infectiologue pédiatre.
• L’utilisation des tétracyclines a historiquement été limitée en raison d’une
possibilité de décoloration permanente des dents chez les enfants de moins de
8 ans, leurs produits de dégradation étant incorporés dans l’émail dentaire. La
doxycycline se lie moins facilement au calcium que les autres tétracyclines mais
en raison de la crainte d’un effet de classe, son utilisation était jusqu’à présent
limitée aux patients âgés de 8 ans et plus. Des données récentes provenant
des États-Unis et d’Europe suggèrent que la doxycycline ne provoque pas de
coloration visible définitive des dents ou d’hypoplasie de l’émail chez les enfants
de moins de 8 ans. Ces données rassurantes appuient la recommandation
de l’AAP selon laquelle la doxycycline peut être administrée pour de courtes
durées (c’est-à-dire 21 jours ou moins) sans tenir compte de l’âge du patient.
Lorsqu’elle est utilisée, les patients doivent éviter une exposition excessive au
soleil en raison de la photosensibilité associée à la doxycycline.
• L’utilisation des pénèmes (imipénem et méropénem) doit être limitée, du fait
du risque d’émergence de souches résistantes, à l’ensemble des ß-lactamines,
mais en pédiatrie, le méropénem doit être le plus fréquemment utilisé : spectre
très proche, souvent meilleur profil PK/PD et surtout meilleure tolérance et
facilité d’utilisation.

8. Associations d’antibiotiques :

Les associations d’antibiotiques sont le plus souvent utilisées, sans que les
preuves de leur plus grande efficacité ne soient formelles. Avant de prescrire une

2023 SOMIPEV 9
Guide de l’antibiothérapie

association, il est donc indispensable d’en préciser les objectifs et de vérifier si


la situation clinique répond aux indications reconnues. Ces indications sont au
nombre de trois.

„ La première est d’élargir le spectre. Parfois, l’infection est causée par plusieurs
bactéries qu’on ne peut traiter par un seul antibiotique comme par exemple, une
perforation digestive, situation où l’on peut craindre à la fois une entérobactérie
et des germes anaérobies résistants aux céphalosporines de 3ème génération
(C3G).

„ La seconde est de prévenir l’émergence de résistance sous traitement. Ceci était


recommandé essentiellement pour certaines bactéries comme Pseudomonas
aeruginosa, Acinetobacter, Enterobacter, Serratia, Citrobacter, Providencia,
Morganella (B. cepacia, S. maltophilia) pour lesquelles il faut initialement élargir
le spectre de couverture aux souches les moins sensibles. Mais dès que le profil de
résistance est connu, une ß-lactamine active in vitro suffit. Une seule exception
acinétobacter. De plus, du fait du risque d’émergence rapide de résistances sous
traitement, certains antibiotiques ne doivent jamais être prescrits seuls : acide
fusidique, colimycine, fosfomycine, rifampicine.

„ La troisième est d’obtenir une synergie ainsi qu’une bactéricidie plus rapide.
C’est l’objectif théorique principal de l’association d’une béta-lactamine à un
aminoside pendant 2 à 5 jours dans les infections sévères. En réalité, le nombre
de situations pour lesquelles ce bénéfice a été démontré sur le plan clinique est
extrêmement faible (principalement l’endocardite, l’aplasie profonde…).

Ainsi, les indications des associations d’antibiotiques sont très limitées et se résument


à:
– Aplasie fébrile sévère, PNN < 500 mm3.
– Sepsis sévère avec mauvaise tolérance hémodynamique en attendant les
résultats microbiologiques.
– Infections plurimicrobiennes.
– Endocardites.
– Traitement initial d’infections à Pseudomonas aeruginosa, Enterobacter,
Serratia, Citrobacter, Providencia, Morganella… en attendant les résultats de la
sensibilité aux antibiotiques.
– Infection à Acinetobacter.
– Antibiothérapie comportant : rifampicine, acide fusidique, fosfomycine, colimycine.

10 2023 SOMIPEV
Principes de l’antibiothérapie curative

9. Utilisation des aminosides :


En dehors des infections urinaires, dans l’immense majorité des cas, les aminosides
sont utilisés dans le cadre d’une association d’antibiotiques [8].

Ils doivent toujours être administrés en une injection quotidienne intra-veineuse (IV)
lente (durée recommandée : 30 minutes) sauf dans les endocardites pour lesquelles
2 administrations par jour restent conseillées. Deux exceptions nécessitent un délai
plus long entre les injections : la prématurité et l’insuffisance rénale.

Les dosages sériques doivent être effectués :


• Au pic, pour évaluer l’efficacité (dès la première dose en cas de suspicion de
germe à concentration minimale inhibitrice (CMI) élevée, de mucoviscidose et
pour les patients en réanimation).
• En résiduel, pour évaluer le risque et réduire la toxicité, essentiellement chez
l’insuffisant rénal ou en cas de traitement prolongé au-delà de 5 jours.
• Enfin, le choix des aminosides doit également être raisonné :
– La gentamicine est l’aminoside de base, car le plus actif (meilleurs paramètres
pharmacocinétiques-pharmacodynamiques) sur les cocci à Gram positif.
– L’amikacine est prescrite en cas d’infection nosocomiale ou de suspicion
d’infection à EBLSE (plus particulièrement BGN).
– La tobramycine est l’aminoside préférentiel en cas d’infection prouvée ou
suspectée à P. aeruginosa.

10. Utilisation des C3G injectables (Encadré 3) :

Céfotaxime et ceftriaxone ont un profil d’activité microbiologique proche mais


des propriétés pharmacocinétiques très différentes. La ceftriaxone a plusieurs
caractéristiques pharmacocinétiques particulières par rapport aux autres ß-lactamines :
• Une demi-vie très longue (>7 heures) permettant une seule administration
journalière.
• Une très forte fixation aux protéines plasmatiques (95%), la contre-indiquant
chez le nouveau-né notamment en cas d’ictère.
• Une élimination principalement biliaire, justifiant son choix privilégié en cas
d’infection biliaire ou digestive (salmonelloses ou shigelloses) mais devant faire
craindre, en contrepartie, un impact écologique important et prolongé sur la
flore digestive.

2023 SOMIPEV 11
Guide de l’antibiothérapie

• Des performances pharmacocinétiques et pharmacodynamiques modestes sur


le S. aureus sensible à la méticilline et une marge limitée pour augmenter les
doses au-delà des doses habituelles.

C’est pour ces raisons que dans ce guide, le céfotaxime lui a été souvent préféré,
non seulement pour les nouveau-nés, mais aussi pour les patients hospitalisés et
lorsqu’une voie d’abord IV est justifiée.

Cependant, dans notre contexte local, en dehors du nouveau-né, la ceftriaxone


reste de loin la plus utilisée que le céfotaxime à cause de l’équation suivante : 1
dose de ceftriaxone en une seule administration par jour versus 4 administrations
par jour pour le céfotaxime. Ceci reste très pratique, quand les enfants qui sont
sous C3G doivent quitter la clinique ou l’hôpital, et qu’ils doivent compléter leur
traitement antibiotique à domicile après la mise en place d’un garde veine.

11. Voie orale :

Pour les patients non hospitalisés, la voie orale est la norme. Pour ceux qui sont
hospitalisés, elle doit être privilégiée chaque fois que possible en raison des risques
liés aux injections (douleur, infection nosocomiale…) et dans le but de raccourcir
les durées d’hospitalisation. Elle doit être utilisée d’emblée en l’absence de signe
clinique de gravité ou secondairement en relais d’une antibiothérapie initiale
parentérale, dès que le contrôle de l’infection est obtenu (généralement à 48-72 h
devant l’amélioration nette des symptômes cliniques et le cas échéant du syndrome
inflammatoire) et en l’absence de trouble digestif gênant la prise de médicaments
ou l’absorption.

Les antibiotiques disponibles par voie orale et ayant une bioéquivalence IV/per os,
sont les suivants : fluoroquinolones, métronidazole, tétracyclines, cotrimoxazole,
linézolide, antifongiques azolés (fluconazole, voriconazole) et à un moindre degré
l’amoxicilline. Pour cette dernière molécule, les doses maximales compatibles avec
une administration orale ne sont généralement pas suffisantes pour traiter une
méningite ou une endocardite, sauf exception, après avis d’un infectiologue.

12 2023 SOMIPEV
Principes de l’antibiothérapie curative

Encadré 3. Dosage des antibiotiques.


Les dosages d’antibiotiques ont pour objectifs de réduire le risque de toxicité et de prédire leur
efficacité. Deux familles d’antibiotiques sont fréquemment dosées en pratique clinique : les
glycopeptides (vancomycine notamment) et les aminosides.
Vancomycine
• Variabilité pharmacocinétique inter-individuelle très importante.
• Toxicité rénale dépendante des autres traitements néphrotoxiques associés et du terrain
(insuffisance rénale préexistante).
• Dosage recommandé dès que la durée de traitement dépasse 2 jours.
Les taux sériques attendus sont :
• En l’absence de connaissance du germe (et/ou de la CMI) :
– 20 à 30 mg/l en cas d’administration continue (à doser au-delà de la 24ème heure).
– 8 à 15 mg/l en taux résiduel en cas d’administration discontinue (à doser avant la
6ème dose).
• Lorsqu’un germe est isolé :
– 10 à 20 fois la CMI en cas d’administration continue (à doser au-delà de la 24ème
heure).
– 5 à 10 fois la CMI en taux résiduel en cas d’administration discontinue (à doser avant
la 6ème dose).
Aminosides
Généralement sans dosage si la durée prévisible de traitement est de 3 jours ou moins.
Si un dosage est demandé :
• Dosage du pic plasmatique (C°max) évaluant l’efficacité :
– Conseillé après la 1ère injection dans les situations sévères en réanimation.
– Réalisé 30’ après la fin de l’administration d’une perfusion de 30’.
– L’objectif est d’obtenir un taux ≥ 10 fois la CMI lorsqu’un germe est isolé.
• Dosage de la concentration résiduelle (C°min) prédictive de la toxicité rénale :
– Uniquement si la durée de traitement est > 5 jours ou en cas d’insuffisance rénale.
– Réalisé juste avant l’injection suivante.
– A répéter 2 fois par semaine.
– Toujours associé à une surveillance de la fonction rénale.

Après administration d’une dose unique Cmax cible au pic Cmin cible en résiduel
journalière (en l’absence de CMI)* mg/l
mg/l
Gentamycine, Tobramycine, Nétilmicine 30 à 40 < 0,5
Amikacine 60 à 80 < 2,5
*Si la CMI est déterminée, la valeur cible est au moins 10 fois la CMI

2023 SOMIPEV 13
Guide de l’antibiothérapie

12. Allergie aux pénicillines :


Les pénicillines, notamment l’amoxicilline (et l’association amoxicilline-acide
clavulanique) sont les antibiotiques les plus souvent prescrits en pédiatrie. La notion
d’allergie à la pénicilline, bien que très souvent rapportée, ne conduit que très
rarement à l’authentification d’une allergie vraie, mais par-contre constitue une
véritable perte de chance pour les patients. Le fait d’être « étiqueté » allergique
à un antibiotique de la famille des pénicillines est associé non seulement à une
éviction de l’antibiotique en question, mais fréquemment à une éviction large
(autres pénicillines, céphalosporines voire carbapénèmes). Les symptômes classés
à « bas risque » doivent clairement faire reconsidérer ce diagnostic : il s’agit
d’éruption urticarienne ou non, de prurit, diarrhées, vomissements, rhinorrhée,
nausées, toux, céphalées, vertiges, antécédents familiaux d’allergie à la pénicilline).
Pour les manifestations à haut risque d’allergie (choc anaphylactique, œdème facial,
œdème de Quincke, œdème labial, œdème des voies aériennes, gêne respiratoire,
wheezing, lésions phlycténulaires ou bulleuses, symptômes systémiques), le
diagnostic doit être confirmé ou le plus souvent infirmé par un allergologue.

Les ß-lactamines sont composées d’un noyau ß-lactame, dont la structure est
conservée parmi les différentes ß-lactamines, et de chaines latérales, variables
d’une molécule à une autre. Les supports principaux des réactions allergiques sont
le plus souvent et de loin, les chaînes latérales. Les allergies croisées, quand elles
sont présentes, ne sont donc possibles qu’entre certains antibiotiques dont les
chaines latérales sont identiques ou présentent de fortes similarités. Or les chaines
latérales des pénicillines diffèrent des principales C3G (céfotaxime, ceftriaxone,
cefpodoxime, céfixime), mais présentent des similarités avec celles de certaines
céphalosporines de 1ère (à l’exclusion de la céfalotine) et de 2ème génération (à
l’exclusion du céfuroxime). En cas d’allergie vraie, le risque de réaction croisée
concerne les C1G (sauf la céfalotine) et C2G (sauf le céfuroxime) qui possèdent
des similarités dans leurs chaines latérales, et non les C3G, qui peuvent donc être
prescrites sans nécessité de tests allergiques préalables. Dans les rares cas d’allergie
avérée ou de forte suspicion d’allergie aux pénicillines, ces céphalosporines
représentent la meilleure alternative en termes d’efficacité et de sécurité
(céfotaxime, ceftriaxone, cefpodoxime, céfixime, céfuroxime, céfalotine). Ce sont
elles qui sont le plus souvent indiquées en fonction du tableau clinique et du ou
des bactéries ciblées.

14 2023 SOMIPEV
Principes de l’antibiothérapie curative

Références :
1. Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Antibiotic resistance threats in the United States [En ligne]. 2013.
Disponible: http://www.cdc.gov/drugresistance/pdf/ar-threats-2013-508.pdf.
2. Antimicrobial Resistance Collaborators* Global burden of bacterial antimicrobial resistance in 2019: a systematic
analysis. Lancet 2022; 399: 629-55.
3. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-08/reco360_synthese_durees_antibiotherapies_
coi_2021_07_15_v2.pdf
4. https://www.idsociety.org/practice-guideline/amr-guidance/#
5. https://www.clinicalmicrobiologyandinfection.com/article/S1198-743X(21)00679-0/fulltext.
6. Cohen R. Approaches to reduce antibiotic resistance in the community. Pediatr Infect Dis J 2006;25:977-80.
7. https://www.infectiologie.com/fr/actualites/antibiotiques-critiques-disponibles-en-france_-n.html
8. Ouldali N, Rybak A, Cohen R. Allergie à la pénicilline en pédiatrie : quelle réalité et faut-il y renoncer. La Revue du
Praticien 2018 ;68 :1-4.

2023 SOMIPEV 15
16 2023 SOMIPEV
Pharmacocinétique et
pharmacodynamie des
antibiotiques

Résumé
La connaissance des mécanismes d’action des antibiotiques a permis de
déterminer des paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques
(PK/PD) prédictifs de leur efficacité. L’intégration de ces paramètres PK/ PD
a souvent été la pierre angulaire du choix des antibiotiques dans les
recommandations et dans ce guide d’antibiothérapie. Il est particulièrement
important d’avoir une bonne connaissance de ces paramètres lors de la prise
en charge des patients infectés par des bactéries résistantes, des patients
fragiles et des patients avec des caractéristiques susceptibles de modifier
la pharmacocinétique des médicaments. En effet, dans ces situations,
étant donné leur rareté relative, la prescription ne peut s’appuyer que
sur une médecine fondée sur les preuves et doit prendre en compte les
caractéristiques PK/PD des molécules. En fonction de l’antibiotique utilisé,
de la bactérie, du site et de la gravité de l’infection, ces paramètres PK/ PD
prédictifs d’efficacité peuvent varier. Les paramètres PK/PD développés
concernent le compartiment sérique et la forme libre des antibiotiques ;
ce sont ceux-ci qui prédisent au mieux l’efficacité de certains antibiotiques
dans les situations cliniques les plus fréquentes en pédiatrie (infections
respiratoires, cutanées, osseuses…). De plus, ils contribuent largement à la
détermination des doses unitaires et des rythmes d’administration. C’est le
temps au-dessus de la concentration minimale inhibitrice (CMI) qui est le
paramètre PK/PD prédictif principal pour les ß-lactamines, le rapport pic
sérique/CMI pour les aminosides et le rapport aire sous la courbe/CMI pour
les quinolones, les macrolides et la vancomycine.

2023 SOMIPEV 17
Guide de l’antibiothérapie

1. Introduction :
Depuis près d’un demi-siècle, de nombreuses études ont démontré la valeur des
paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques (PK/PD) sériques pour
prédire l’éradication bactérienne ou le succès thérapeutique, en premier lieu dans
différents modèles animaux puis en clinique [1,2]. Désormais, ces paramètres sont
la pierre angulaire dans le développement pré-clinique des antibiotiques pour la
détermination des doses et du rythme d’administration, l’établissement des CMI
critiques permettant de classer les souches dans la zone sensible ou résistante
pour un antibiotique donné [3,4]. Les travaux qui ont abouti à la détermination
des paramètres PK/PD prédictifs d’efficacité ont utilisé des modèles animaux pour
lesquels les CMI des antibiotiques vis-à-vis de la souche bactérienne infectante
étaient connues, de même que les concentrations sériques à différents temps
après l’administration. Dans tous ces modèles, la forme libre de l’antibiotique,
qui correspond à la forme active, est apparue la mieux corrélée avec l’efficacité.
Depuis, les données fournies par ces modèles animaux ont été confirmées dans
différentes infections rencontrées en clinique : infections respiratoires hautes et
basses, bactériémies, infections de la peau et des parties molles, infections intra-
abdominales. Pour d’autres infections (osseuses ou urinaires hautes), sans avoir
obtenu le même niveau de preuve, il parait essentiel de prendre en compte les
paramètres PK/PD sériques. Lors d’infections de tissus dans lesquels les antibiotiques
diffusent mal (liquide céphalorachidien, œil), les paramètres PK/PD locaux sont les
plus prédictifs. Le choix des antibiotiques dans les recommandations est orienté
par ces paramètres PK/PD. Ils doivent être particulièrement bien connus des
infectiologues et des réanimateurs pédiatriques pour une prise en charge optimale
de patients infectés par des bactéries résistantes, des patients fragiles ou des
patients qui ont des caractéristiques susceptibles de modifier la pharmacocinétique
des médicaments (mucoviscidose, drépanocytose, insuffisance rénale, infections
sévères etc.). En effet, pour ces patients, en particulier ceux infectés par de souches
résistantes, compte tenu de la rareté relative de ces situations, la prescription ne
peut s’appuyer que sur une médecine fondée sur les preuves et doit prendre en
compte les caractéristiques PK/PD des molécules administrées.

Outre assurer une efficacité optimale, l’utilisation des paramètres PK/PD permet aussi
d’identifier les concentrations d’antibiotiques prévenant la multiplication des sous-
populations bactériennes résistantes, et ainsi guider le clinicien pour maintenir des
concentrations sériques suffisantes pour prévenir ce risque (concentrations > 4 à 7
fois la CMI) [6]. Ces objectifs PK/PD sont supérieurs à ceux qui sont classiquement

18 2023 SOMIPEV
Pharmacocinétique et pharmacodynamie des antibiotiques

associés à l’efficacité clinique ou à l’éradication bactérienne. Ceci est bien démontré


pour les quinolones et paraît plus marqué pour certaines espèces bactériennes comme
Pseudomonas aeruginosa, et certaines entérobactéries (Serratia, Enterobacter…).

2. Définition des principaux paramètres PK/PD


sériques prédictifs d’efficacité :
La figure 1 donne la définition des principaux paramètres PK/PD sériques prédictifs
d’efficacité des antibiotiques. Il s’agit du rapport entre la concentration sérique
maximale et la CMI vis-à-vis de la souche bactérienne ciblée (Pic/CMI), du
pourcentage de temps sur le nycthémère pendant lequel la concentration sérique
reste au-dessus de la CMI (T>CMI) et de l’aire sous la courbe de la concentration
sérique de l’antibiotique au cours du temps au-dessus de la CMI (ASC/CMI). Les
différences entre les paramètres prédictifs pour les diverses familles d’antibiotiques
s’expliquent d’abord par le type de bactéricidie obtenu (selon qu’il est dépendant
de la concentration de l’antibiotique ou de son temps d’action), mais aussi par
la présence et la durée d’un éventuel effet antibactérien persistant (effet post-
antibiotique notamment). Il faut cependant souligner que, pour les antibiotiques

ASC/CMI
C° (mg/L)

P>CMI

2 T>CMI

0
0 1h 2h 3h 4h 5h 6h 7h 8h
Time (Hours)

Figure 1. Définitions des paramètres pharmacocinétiques/pharmacodynamiques.

2023 SOMIPEV 19
Guide de l’antibiothérapie

les plus anciens, les données PK/PD sont insuffisantes. En effet, ces molécules ont
été mises sur le marché avant même que l’importance de ces paramètres PK/PD ne
soit connue [5].

3. Études pédiatriques :

La plupart des médicaments - y compris les antibiotiques - ont été développés chez
et pour les adultes, avec par la suite une extrapolation des schémas posologiques
aux enfants en dose/kg ou dose/surface corporelle. Les essais d’antibiotiques
pédiatriques démontrant l’efficacité en vie réelle sont rarement réalisés en raison
de considérations éthiques, pratiques et économiques. Par conséquent, les
différences en matière de pharmacocinétique et de sécurité sont les principaux
objectifs des études pédiatriques. Pour la pharmacocinétique, l’objectif est d’obtenir
des concentrations similaires (pic et aire sous la courbe) à celles de l’adulte aux
posologies retenues dans l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Pour obtenir
ce résultat, les doses nécessaires chez le nourrisson et l’enfant sont généralement
supérieures (en mg/kg) à celles de l’adulte. Ceci est lié en grande partie à la qualité
des fonctions rénales et hépatiques. La situation est encore différente chez les
nouveau-nés à fortiori prématurés qui associent à la fois une augmentation de
l’espace de dilution des médicaments et une immaturité glomérulaire : les doses
unitaires sont souvent augmentées, mais l’espacement entre les doses doit aussi
être plus large. Enfin, les enfants présentent des particularités de développement et
de maturation, qui peuvent contribuer à une grande variabilité pharmacocinétique
(PK). Ces altérations PK sont encore renforcées par des facteurs non-maturationnels
liés à la maladie : gravité de la maladie, état inflammatoire, augmentation de la
clairance rénale par hyperfiltration glomérulaire, séjours en réanimation pouvant
conduire à une sous-exposition potentielle. Chez ces patients, l’intégration de
dosages d’antibiotique peut être utile en clinique pour optimiser les posologies et
le rythme d’administration [7].

4. Paramètres PK/PD prédictifs des différentes


familles d’antibiotiques :
Le tableau 1 montre, pour différentes familles d’antibiotiques, les principaux
paramètres prédictifs d’efficacité. Si dans les modèles animaux qui ont contribué à la

20 2023 SOMIPEV
Pharmacocinétique et pharmacodynamie des antibiotiques

détermination des paramètres PK/PD prédictifs de l’efficacité, la CMI de l’antibiotique


utilisé pour la bactérie infectante et l’inoculum sont connus, il n’en est pas de même
en clinique où le plus souvent les CMI ne sont pas connues, ni l’inoculum. C’est pour
ces raisons et du fait des variations pharmacocinétiques particulièrement importante
chez l’enfant qu’il est nécessaire de prendre des marges de sécurité.

Si les paramètres PK/PD prédictifs dépendent essentiellement de la famille à laquelle


appartient l’antibiotique, d’autres facteurs jouent un rôle : état immunitaire du
patient (existence ou non d’une neutropénie notamment), gravité de l’infection
(patients en réanimation notamment), son site et aussi la bactérie responsable [1,2,6].
Pour les infections graves ou les infections survenant chez des immunodéprimés,
le traitement doit viser à obtenir des paramètres PK/PD plus élevés, car on ne
peut compter sur les défenses immunitaires pour contribuer à la guérison, et la
pharmacocinétique, dans ces situations, est souvent différente, le plus souvent dans
le sens d’un raccourcissement de la demi-vie et d’une augmentation du volume de
distribution. Ces deux derniers facteurs exposent à une sous-exposition (quels que
soient les objectifs PK/PD recherchés) et ont donc tendance à diminuer l’efficacité
des antibiotiques : pour ces patients, les doses unitaires d’antibiotiques sont souvent
plus élevées, le délai entre les doses diminué et/ou le temps de perfusion augmenté
(voire perfusion continue) pour optimiser l’exposition.

Les paramètres PK/PD recherchés doivent également influencer le moment où


un dosage d’antibiotique (s’il est utile ou nécessaire) doit être demandé afin de
prédire son efficacité [1,2,5].

5. Quelques exemples pratiques :

Si l’on prend en compte les CMI 50 (ou modales) des souches sensibles (pour les
souches résistantes ou intermédiaires, par définition, les paramètres PK/PD prédictifs
ne sont jamais atteints), les formes libres des antibiotiques et la pharmacocinétique
moyenne des antibiotiques, plusieurs faits apparaissent :
• Alors que par voie IV les pénicillines M obtiennent des paramètres PK/PD
excellents, le T>CMI des pénicillines M par voie orale est toujours inférieur à 20%
pour S. aureus, expliquant pourquoi ces antibiotiques ne sont plus recommandés
pour le traitement des infections à Gram positif, même sensible. Cela n’est pas
étonnant car les concentrations sériques sont 50 à 100 fois inférieures par voie
orale comparativement à la forme IV.

2023 SOMIPEV 21
Guide de l’antibiothérapie

• Il en va de même pour le céfuroxime IV et le céfuroxime-axétil per os.


• Sur les souches de E. coli sensibles à l’amoxicilline, cette molécule même à forte
dose ne dépasse pas 20% du temps au-dessus de la CMI.
• La principale famille d’antibiotiques utilisée en thérapeutique humaine est les
ß-lactamines, pour lesquelles le paramètre d’efficacité est un temps/CMI allongé.
Pour allonger ce temps, augmenter les doses a peu d’intérêt, par contre allonger
le temps d’administration des molécules ou les proposer en administration
continue ont du sens. L’administration en continue se heurte souvent, outre les
difficultés pratiques éventuelles, au fait que nombre de ces molécules ne sont
pas stables dans les solutés de perfusion. Allonger le temps d’administration
de l’antibiotique de 30’ à 3 heures a été proposée pour le méropénème et le
céfiderocol par exemple.

6. Passage de la voie intra-veineuse (IV) à la voie


orale :
Certains antibiotiques atteignent des concentrations sériques comparables
lorsqu’ils sont administrés par voie orale ou par voie IV (quinolones, clindamycine,
linézolide). Le passage de la forme IV à la forme orale ne pose alors aucun problème
de délai. D’autres au contraire, comme les pénicillines M, ont des concentrations
20 à 50 fois inférieures par voie orale. L’administration par voie orale ne permet
donc plus dans ce cas, d’atteindre les objectifs PK-PD prédictifs d’une efficacité
clinique, et y avoir recours correspond ici à un arrêt déguisé de traitement
après une administration parentérale le plus souvent suffisamment prolongée.
D’autres enfin, comme l’association amoxicilline-acide clavulanique ou certaines
céphalosporines orales de première génération, sans obtenir des concentrations
par voie orale correspondantes à l’administration par voie IV, arrivent à obtenir des
performances PK/PD intéressantes autorisant pour certaines situations infectieuses
contrôlées, un passage à la voie orale pour terminer le traitement.

7. Conclusion :

Les progrès dans la connaissance des mécanismes d’action des antibiotiques


ont permis de déterminer des paramètres pharmacocinétiques et
pharmacodynamiques (PK/PD) prédictifs de l’efficacité de ces traitements. Ces

22 2023 SOMIPEV
Pharmacocinétique et pharmacodynamie des antibiotiques

paramètres contribuent largement à la détermination des doses unitaires, des


rythmes d’administration et du moment optimal du passage de l’administration
parentérale à la voie orale. Les paramètres PK/PD doivent être pris en compte
dans le choix d’une antibiothérapie, notamment chez les patients infectés par des
bactéries résistantes et chez les patients ayant des caractéristiques susceptibles
de modifier la pharmacocinétique des antibiotiques.

Références
1. Craig W. Pharmacokinetic/pharmacodynamic parameters: rationale for antibacterial dosing of mice and
men. Clin Infect Dis 1998;26:1-10.
2. Craig WA. Are blood concentrations enough for establishing pharmacokinetic/pharmacodynamic
relationships? Clin Infect Dis. 2014;58:1084-5.
3. Mouton JW, Brown DF, Apfalter P, et al. The role of pharmacokinetics/pharmacodynamics in setting
clinical MIC breakpoints: the EUCAST approach. Clin Microbiol Infect 2012 ;18:E37-45.
4. Dudley MN, Ambrose PG, Bhavnani SM, et al Antimicrobial Susceptibility Testing Subcommittee of the
Clinical and Laboratory Standards Institute. Background and rationale for revised clinical and laboratory
standards institute interpretive criteria (Breakpoints) for Enterobacteriaceae and Pseudomonas
aeruginosa: I. Cephalosporins and Aztreonam. Clin Infect Dis 2013 ;56:1301-9.
5. Muller AE, Theuretzbacher U, Mouton JW. Use of old antibiotics now and in the future from a
pharmacokinetic/pharmacodynamic perspective. Clin Microbiol Infect 2015 Jun 17.
6. Drusano GL. Pharmacokinetics and pharmacodynamics of antimicrobials. Clin Infect Dis 2007 ;45
Suppl 1:S89-95.
7. Gijsen M, Vlasselaers D, Spriet I, Allegaert K. Pharmacokinetics of Antibiotics in Pediatric Intensive
Care: Fostering Variability to Attain Precision Medicine. Antibiotics (Basel). 2021 Sep 28;10(10):1182.
doi: 10.3390/antibiotics10101182.

2023 SOMIPEV 23
Tableau 1. Critères PK/PD prédictifs d’efficacité pour les différentes familles d’antibiotiques

24
Famille Type d’activité Effet post Principal critère PK/PD Dosage à demander en pratique clinique pour
d’antibiotiques bactéricide antibiotique prédictif d’efficacité évaluer l’efficacité
ß-lactamines Temps-dépendant BGN : Non T >CMI Exceptionnellement nécessaire
BGP : Oui 40 % pour les infections courantes Uniquement infections graves (réanimation) ou
Guide de l’antibiothérapie

2023 SOMIPEV
(courte durée) 100 % pour les septicémies, infections bactéries pour lesquelles les CMI sont élevées
réanimatoires et les méningites (LCR)
Macrolides Temps-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI T > CMI Exceptionnellement nécessaire
& apparentés 40 % infections courantes
Aminosides Concentration-dépendant Oui Pic/CMI Rarement nécessaire sauf patient en réanimation
> 8-10 Dosage au pic dès la première dose (objectif :
taux > 10 fois la CMI de la bactérie responsable
ou à défaut de la CMI critique)
Dosage des concentrations résiduelles servent
à évaluer la toxicité (traitements prolongés ou
insuffisance rénale)
Glycopepides Temps-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI Dosage de la concentration résiduelle (ou au
plateau si administration continue) utile dès
qu’une bactérie est isolée (taux efficace = au
moins 10 fois la CMI)
Quinolones Concentration-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI Pic/CMI Exceptionnellement nécessaire

Imidazolés Concentration-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI Pic/CMI Exceptionnellement nécessaire

Cotrimoxazole Temps-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI T > CMI Exceptionnellement nécessaire

Linezolides Temps-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI Exceptionnellement nécessaire

Colimycine Concentration-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI Pic/CMI Dosage toujours utile de même que la
détermination des CMI de la bactérie responsable
Daptomycine Concentration-dépendant Oui ASC 0-24 >CMI Pic/CMI Dosage toujours utile de même que la
détermination des CMI de la bactérie responsable
Antibiothérapie des infections
oto-rhino-laryngologiques

Résumé
Les infections oto-rhino-laryngologiques (ORL) sont les plus fréquentes
des infections de l’enfant et les premières causes de prescriptions
d’antibiotiques. Dans l’immense majorité des cas, ces infections sont
virales et le premier message à retenir est l’abstention de prescription
d’antibiotique dans de très nombreuses situations d’infections des voies
aériennes supérieures : rhinopharyngites, angines érythémateuses ou
érythémato-pultacées non streptococciques, laryngites, otites congestives,
otites séreuses. La décision de traitement antibiotique des angines devrait
reposer normalement sur la positivité des tests de diagnostic rapide du
streptocoque du groupe A (SGA) le plus souvent non disponibles dans les
salles de consultation au Maroc. Concernant les otites, seules les otites
moyennes aiguës purulentes (OMAP) survenant chez les enfants de moins
de 2 ans et les formes d’OMAP les plus symptomatiques chez les enfants
plus grands doivent être traitées par antibiotiques. L’amoxicilline est le
traitement de première intention dans l’immense majorité des cas. Les
infections ORL graves (mastoïdites, épiglottites, abcès rétro-et para-
pharyngés, ethmoïdites) sont des urgences thérapeutiques justifiant une
hospitalisation et une antibiothérapie initiale en intraveineuse.

Les infections ORL sont les plus fréquentes des infections de l’enfant et les premières
causes de prescriptions d’antibiotiques [1,2]. L’immense majorité de ces infections
est d’origine virale. Les infections ORL d’origine bactérienne évoluent le plus
souvent vers la guérison spontanée. Ces deux faits expliquent que les antibiotiques
sont le plus souvent inutiles excepté pour les formes les plus graves qu’il faut
diagnostiquer précocement. Le premier point à retenir des recommandations du

2023 SOMIPEV 25
Guide de l’antibiothérapie

Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP-SFP), de la Société Française


de Pédiatrie (SFP) et de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
(SPILF) est le renforcement des messages de non-prescription d’antibiotique dans
de très nombreuses situations : rhinopharyngites, angines non streptococciques,
laryngites, otites congestives, otites séreuses [3]. Le second est d’éviter, dans
la mesure où un autre antibiotique est disponible, les antibiotiques critiques
que sont : les céphalosporines de 2ème et 3ème génération (les plus inducteurs
d’entérobactéries productrices de ß-lactamases à spectre étendu), l’association
amoxicilline-acide clavulanique (dont le spectre « anaérobie » est inutilement
large) et parmi les macrolides, l’azithromycine (demi-vie longue induisant une
imprégnation antibiotique trop prolongée) [4]. La décision de traitement par
antibiotiques des angines devrait reposer sur l’utilisation des tests de diagnostic
rapide (TDR) du streptocoque du groupe A : un TDR positif justifie la prescription
d’antibiotique, un TDR négatif impliquant la non-prescription [3]. Concernant les
otites, seules les otites moyennes aiguës purulentes (OMAP) survenant chez les
enfants de moins de 2 ans et les formes les plus symptomatiques chez les plus
grands doivent être traitées par antibiotique [3].

La diminution pendant des années de la résistance aux antibiotiques pour les deux
espèces bactériennes les plus souvent impliquées (S. pneumoniae et H. influenzae)
explique que les choix antibiotiques ont pu être restreints ces dernières années et
que l’amoxicilline constitue désormais le traitement de première intention dans
l’immense majorité des cas [5]. Cependant, il n’est pas exclu que ces tendances
favorables puissent s’inverser dans les années à venir.

Concernant les adénites cervicales, il est conseillé de faire un TDR-SGA, même si


l’aspect de la gorge n’est pas évocateur d’une angine à SGA [5]. En effet, même
dans les infections extra-pharyngées incluant les adénites, ces TDR ont montré
une excellente sensibilité et spécificité et permettent, lorsqu’une antibiothérapie
est envisagée, de prescrire une molécule à spectre moins large ciblant uniquement
le SGA [6,7,8]. De même dans les otorrhées de l’enfant le SGA est la deuxième
espèce bactérienne isolée et les TDR permettent de le détecter et de prescrire une
antibiothérapie mieux ciblée.

Les infections ORL graves (mastoïdites, épiglottites, abcès rétro- et para-pharyngés,


éthmoïdites) représentent des urgences thérapeutiques justifiant le plus souvent
une hospitalisation et des antibiotiques par voie intra-veineuse (IV) [7,9]. Aucune
donnée n’est disponible pour recommander une durée de traitement de ces formes
graves [9]. Toutefois, une durée totale de 10 à 15 jours selon la gravité initiale et

26 2023 SOMIPEV
Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques

la rapidité de réponse thérapeutique semble raisonnable par extrapolation avec


la plupart des autres situations cliniques. Un relais oral peut être envisagé pour
réduire la durée d’hospitalisation dès lors que certaines conditions sont réunies :
amélioration clinique franche objectivée sur la fièvre, la douleur et les signes locaux
ainsi que la réduction marquée du syndrome inflammatoire. Ces objectifs clinico-
biologiques sont généralement atteints au bout de 2 à 5 jours de traitement initial
IV. Dans le cas contraire, une réévaluation médico-chirurgicale de la situation doit
être envisagée à la recherche d’une complication (notamment un foyer abcédé)
[10,11,12,13].

Le Tableau 1 présente les différentes situations cliniques, les agents pathogènes les
plus souvent impliqués (cibles du traitement antibiotique), le choix thérapeutique
préférentiel ainsi que les alternatives en cas d’allergie dans les infections ORL
ambulatoires.

Le Tableau 2 expose les différentes situations cliniques, les agents pathogènes les
plus souvent impliqués (cibles du traitement antibiotique), le choix thérapeutique
préférentiel ainsi que les alternatives en cas d’allergie dans les infections ORL
graves justifiant une hospitalisation.

Le Tableau 3 présente les propositions de relais oral selon la molécule initialement


utilisée par voie intra-veineuse.

Références
1. Trinh NTH, Cohen R, Lemaitre M et al. Community antibiotic prescribing for children in France from
2015 to 2017: a cross-sectional national study. J Antimicrob Chemother. 2020 Aug 1;75(8):2344-
2352.
2. Trinh NTH, Bruckner TA, Lemaitre M. Association between National Treatment Guidelines for Upper
Respiratory Tract Infections and Outpatient Pediatric Antibiotic Use in France: An Interrupted Time-
Series Analysis. J Pediatr. 2020;216:88-94.e4.
3. Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires hautes de
l’adulte et de l’enfant. http://www.infectiologie.com/site/medias/Recos/2011-infections-respir-hautes-
recommandations.pdf
4. https://www.infectiologie.com/fr/actualites/antibiotiques-critiques-disponibles-en-france_-n.html
5. Rybak A, Levy C, Bonacorsi S et al. Antibiotic Resistance of Potential Otopathogens Isolated From
Nasopharyngeal Flora of Children With Acute Otitis Media Before, During and After Pneumococcal
Conjugate Vaccines Implementation. Pediatr Infect Dis J. 2018;37(3):e72-e78.

2023 SOMIPEV 27
Guide de l’antibiothérapie

6. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3283973/fr/lutte-contre-l-antibioresistance-choix-et-duree-de-
prescription-des-antibiotiques-dans-les-infections-bacteriennes-courantes#toc_1_1_2
7. Couloigner V, Sauvage J-P, Bensimon J-L, Bingen E, Chaudré F, Gehanno P. Recommandation pour la
pratique clinique : complications locorégionales des pharyngites. ANAES; 2008. https://www.orlfrance.
org/wp-content/uploads/2017/06/RPC10_pharyngites.pdf
8. Wollner A, Levy C, Benani M et al. [Use of group A streptococcal rapid diagnostic test in extra-
pharyngeal infections]. Arch Pediatr. 2014;21 Suppl 2 : S84-6. doi: 10.1016/S0929-693X (14)72266-3.
9. Grimprel E, Hentgen V, Lorrot M et al. Antibiothérapie des infections ORL sévères du nourrisson et de
l’enfant. Propositions thérapeutiques du Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) de la
Société Française de Pédiatrie. Arch Pediatr 2013 ; 20 : S14-9.
10. S. Pierrot*, Y. Manac’h. Les parotidites de l’enfant. La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie
cervico-faciale - no 292 - mai-juin 2004. https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/9601.pdf
11. https://journals.lww.com/op-rs/Citation/2022/05000/Chandler_s_Classification_or_Chandler_
Hubert.22.aspx
12. Chikhaoui A et al. Invasive pneumococcal disease among children younger than 5 years of age before
and after introduction of pneumococcal conjugate vaccine in Casablanca, Morocco. PAMJ - 41(2). 03
Jan 2022.
13. Diawara I et al. Changing epidemiology of pediatric Streptococcus pneumoniae isolates before vaccine
introduction in Casablanca (Morocco). International Journal of Infectious Diseases 40 (2015) 95–101

28 2023 SOMIPEV
Tableau 1. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques ambulatoires.
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives en cas Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) d’allergie
Infection virale.
Rhinopharyngite Pas d’antibiotique
Pas d’efficacité démontrée des antibiotiques.
Infection virale.
Otite congestive Pas d’antibiotique
Pas d’efficacité démontrée des antibiotiques.
Pas d’efficacité démontrée des antibiotiques à
Otite séreuse Pas d’antibiotique
moyen et à long terme.
Otite avec otorrhée TDR + Avant 3 ans l’espèce bactérienne la plus fréquente
Amoxicilline (PO) est H. influenzae. C’est aussi H. influenzae qui
H. influenzae 50 mg / kg / j est le plus souvent impliquée dans les otorrhée
S. pyogenes en 2 prises/j récidivantes.
S. pneumoniae (maximum 2 gr) Après 3 sans, le SGA est la première espèce
Durée de traitement retrouvée.
6 jours
La réalisation d’un TDR du SGA permet de guider
TDR – au mieux le traitement.
Amoxicilline (PO) La sensibilité et la spécificité de ces tests dans
80 à 100 mg / kg / j cette situation avoisine 100%. De plus, le SGA est
en 2 prises/j rarement associé à d’autres bactéries dans les otites.
(maximum 3 gr)
ou
Amox-ac. clav (PO)
80 mg / kg / j en 2 prises
(maximum 3 g / j)
Durée de traitement
10 jours quelques soit l’âge

2023 SOMIPEV
29
Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques
Tableau 1. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques ambulatoires.

30
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives en cas Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) d’allergie
Otite moyenne aiguë Amoxicilline (PO) Cefpodoxime (PO) Les OMA purulentes2 dûment diagnostiquées doivent
purulente 80 à 100 mg / kg / j 8 mg / kg / j être traitées par antibiotiques jusqu’à l’âge de 2 ans.
Guide de l’antibiothérapie

en 2 prises par jour en 2 prises À partir de 2 ans, seules les formes les plus sévères

2023 SOMIPEV
Cibles essentielles du (maximum 3 g / j) (maximum 400 mg/jour) (fièvre élevée, otalgie intense, otorrhée, persistance
traitement des signes depuis plus de 2 jours) doivent être
S. pneumoniae Durée de traitement Durée de traitement traitées par antibiotiques.
H. influenzae - 10 j < 2 ans ou otites - 10 j < 2 ans ou otites En 2022, moins de 7% des souches de
récidivantes ou otites récidivantes ou otites pneumocoques et moins de 15% des souches
Autres bactéries perforées perforées d’H. influenzae isolées du rhinopharynx
M. catarrhalis - 5 j > 2 ans - 5 j > 2 ans d’enfant présentant des otites, sont résistantes à
S. pyogenes l’amoxicilline.
Réserver la ceftriaxone aux exceptionnelles
situations d’intolérance digestive ou de forte
suspicion de pneumocoque résistant.

Syndrome otite + Amoxicilline (PO) Cefpodoxime (PO) Réserver la ceftriaxone aux exceptionnelles
conjonctivite 80 à 100 mg / kg / j 8 mg / kg / j en 2 prises situations d’intolérance digestive ou de forte
Cible essentielle du en 2 prises/j (max 400mg/jour) suspicion de pneumocoque résistant
traitement (maximum 3 gr)
H. influenzae ou Durée de traitement
Amox-ac. clav (PO) - 10 j < 2 ans ou otites
80 mg / kg / j en 2 prises récidivantes ou otites
(maximum 3 g / j) perforées
Durée de traitement - 5 j > 2 ans
- 10 j < 2 ans ou otites
récidivantes ou otites
perforées - 5 j > 2 ans
Tableau 1. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques ambulatoires.
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives en cas Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) d’allergie
Otite moyenne aiguë Échec après 1er traitement Seconde intention Définition de l’échec 
après échec d’un par : Persistance ou réapparition des signes cliniques
premier traitement pendant le traitement ou à moins de 72 heures de
l’arrêt de celui-ci.
Les échecs de traitement à l’amox sont dus à H.
Cibles essentielles du Amoxicilline  Amox-ac. clav (PO) influenzae.
traitement 80 mg / kg / j en 2 Réserver la ceftriaxone aux exceptionnelles
H. influenzae prises situations d’intolérance digestive absolue ou
S. pneumoniae (maximum 3 g / j) d’échec après traitement par amoxicilline-acide
ou clavulanique.
Cefpodoxime (PO)
8 mg / kg / j en 2 prises Les échecs de traitement sont dus au pneumocoque
(max 400mg/jour) résistant.

Cefpodoxime  Amoxicilline (PO)


150 mg/kg en 3 prises
(10 j)

Amox-ac.clav  Ceftriaxone Les 2 bactéries peuvent être impliquées en cas


50 mg / kg / en 1 inj d’échec (très rare) à l’association amox-ac.clv)
(IV ou IM)
(3 jours) si possible
après paracentèse

2023 SOMIPEV
31
Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques
Tableau 1. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques ambulatoires.

32
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives en cas Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) d’allergie
Sinusite maxillaire ou Amoxicilline (PO) Cefpodoxime (PO) Le traitement doit se discuter en fonction de
frontale 80 à 100 mg / kg / j 8 mg / kg / j l’intensité du tableau, de sa durée et de l’échec des
Guide de l’antibiothérapie

en 2 prises par jour en 2 prises traitements symptomatiques.

2023 SOMIPEV
Cibles essentielles du (maximum 3 g / j) (maximum 400 mg / j)
traitement Le traitement est indiqué d’emblée :
S. pneumoniae Durée de traitement Durée de traitement ♦ dans les sinusites frontales
H. influenzae 10 jours 10 jours ♦ dans les situations suivantes de sinusite
maxillaire :
Autres bactéries o dans la forme dite « aiguë sévère », la
M. catarrhalis plus rare avec fièvre > 39°, céphalées,
rhinorrhée purulente évoluant sur une
durée > 3 à 4 jours
o ou quelle que soit la forme clinique
mais en présence de facteurs de risque :
asthme, cardiopathie, drépanocytose
♦ En l’absence de ces facteurs de risque, dans
les deux formes les plus fréquentes de sinusite
maxillaire (rhinopharyngite se prolongeant au-
delà de 10 jours sans signe d’amélioration ou
s’aggravant secondairement).
Tableau 1. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques ambulatoires.
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives en cas Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) d’allergie
Angine L’immense majorité des angines est d’origine virale.
La seule bactérie pathogène importante pour les
TDR – Pas d’antibiotique patients ambulatoires est le SGA.

TDR + Amoxicilline (PO) Cefpodoxime (PO) Il n’est plus acceptable de traiter par antibiotiques
50 mg / kg / j en 2 prises 8mg / kg / j en 2 prises des patients sans avoir réalisé au préalable un TDR et
Cible essentielle du (maximum 2 g / j) (maximum 400 mg / j) que celui- ci soit positif.
traitement Durée de traitement Durée de traitement
6 jours 5 jours
Streptococcus pyogenes
(SGA)

Adénite Si TDR + : Si TDR + ou - L’utilisation des tests de diagnostic rapide du SGA


Amoxicilline (PO) Clarithromycine (PO) est conseillée dans les adénites cervicales si une
Cible essentielle du 50 mg / kg / j en 2 prises 15 mg / kg / j en 2 antibiothérapie est envisagée : s’il est positif il
traitement (maximum 2 g / j) prises permet de prescrire un antibiotique ciblant cette
(maximum 500 mg / j) espèce bactérienne [7,10].
SGA Si TDR – : Si infection sévère et indication d’hospitalisation,
Amox-ac. clav (PO) prescrire les mêmes antibiotiques que pour les abcès
Staphylococcus aureus 80 mg / kg / j en 2 prises péri-pharyngés, et si possible après ponction.
méti S (SAMS) (maximum 2 à 3 g / j)
Durée de traitement
10 jours

2023 SOMIPEV
33
Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques
Tableau 1. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques ambulatoires.

34
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives en cas Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) d’allergie
Abcès dentaire non Amoxicilline (PO) Clarithromycine (PO)
compliqué 50 mg / kg /j 15 mg/kg/ j
Guide de l’antibiothérapie

en 2-3 prises/j en 2 prises

2023 SOMIPEV
Cible essentielle du (maximum 3 g / j) (maximum 1 gr/ j)
traitement Durée de traitement Durée de traitement
Streptococcus viridans 6 jours 6 jours
et anginosus et autres
anaérobies

Abcès dentaire Amox-ac clav (PO) Clarithromycine


compliqué de cellulite 80 mg / kg 15 mg / kg / j
en 3 prises en 2 prises
Couvrir en plus (maximum 4 g / j) (maximum 1 gr/ j)
Bacteroides species Durée de traitement +
8 à 10 jours Métronidazole (PO)
30 mg / kg / j
en 2 à 3 prises,
(maximum 1500 / j)
Durée de traitement
8 à 10 jours

Laryngite Pas d’antibiotique Infection virale.


Pas d’efficacité démontrée des antibiotiques.
Tableau 1. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques ambulatoires.
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives en cas Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) d’allergie
Parotidite aiguë Amox-ac.clav (PO) Cotrimoxazole Hors période néonatale, la plupart des parotidites
d’allure bactérienne 80 mg/kg PO 30 mg / kg / j de sont d’origine virale avec en particulier le virus des
(hors nouveau-né) ou 100-150 mg/kg IV Sulfaméthoxazole PO oreillons (à plus de 10 ans, l’efficacité du vaccin
en 3 prises en 2 prises même après 2 doses ne dépasse pas 85%), et les
Cible essentielle du (maximum 4 g / j) (max 1600mg/jour) entérovirus.
traitement Durée de traitement En faveur d’une parotidite d’origine bactérienne
10 jours on retiendra du pus à l’orifice du canal de Sténon,
Staphylococcus aureus un aspect inflammatoire de la parotide (évoquant
méti S (SAMS) l’abcédation et des paramètres biologiques
Anaérobies inflammatoires (CRP et/ou PCT) élevé).
Les récidives sont fréquentes [10].

PO : Per os – OMA : Otite moyenne aiguë purulente – IV : Intra veineuse – IM : Intra musculaire – TDR : Test de diagnostic rapide
IVL : Intra veineuse lente – Amox-ac. Clav : Association amoxicilline-acide clavulanique.

2023 SOMIPEV
35
Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques
Tableau 2. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques plus rares.

36
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives
Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) en cas d’allergie
Abcès péri-pharyngé ou Amox-ac. clav Cefotaxime
rétropharyngé 150 mg / kg / j en 3 IVL 200 mg / kg en 3 IVL
Guide de l’antibiothérapie

(maximum 4 g / j) (maximum 12 g / j)

2023 SOMIPEV
Adénite aiguë suppurée Durée?? +
grave Métronidazole
30 mg / kg / j en 2-3 IVL
SGA (maximum 1,5 g / j)
SASM
S. pneumoniae
Fusobacterium sp
Bacteroïdes sp

Epiglottite Céfotaxime Avis infectiologue


200 mg / kg
S. pneumoniae en 3 ou 4 injections IVL
H. influenzae sérotype b Durée 5 à 7 jours
(maximum 12 g / j)
ou
Ceftriaxone
50 mg / kg en 1 injection IVL
(maximum 1,5 g / j)
Durée 5 à 7 jours
Tableau 2. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques plus rares.
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives
Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) en cas d’allergie
Ethmoïdite Même si les étiologies bactériennes sont
S. pneumoniae identiques, le traitement antibiotique
H. influenzae dépend de la sévérité du tableau clinique
Peptostreptococcus et de l’imagerie scanographique. La
S.aureus classification de de Chandler-Hubert définit
Fusobacterium 5 stades de gravité croissante : (11)
Nécrophorum Stade 1 : Œdème inflammatoire des
paupières, avec ou sans œdème de l'orbite.
Formes mineures Amox-ac. clav : Ceftriaxone Stade 2 : Abcès sous-périosté, (a) avec
pré-septales 80 mg / kg/ J PO en 3 prises 50 mg / kg / j en 1 IVL œdème des paupières et de l'orbite, (b)
(Stade 1 de Chandler- (maximum 2 à 3 g / j) (maximum 1,5 g / j) propagation du pus aux paupières.
Hubert) Durée de traitement Durée de traitement Stade 3. Abcès orbitaire.
10 jours 5 jours Stade 4. Cellulite orbitaire, (a) sévère, (b)
légère.
Stade 5. Thrombose du sinus caverneux.
Ethmoïdite formes Amox-ac.clav: Cefotaxime Même si les étiologies bactériennes sont
habituelles 150 mg / kg / j en 3 IVL 200 mg/kg/j IVL les mêmes, l’utilisation de l’amoxicilline-
(Stade 2 et 3 de Chandler- (maximum 4 g / j) amoxicilline dans les formes pré-septales
Hubert) ou les formes habituelles est justifié par
sa bonne activité microbiologiques et la
Ethmoïdite Cefotaxime nécessité d’épargner les céphalosporines
(Stade 4 et 5 de Chandler- 200 mg/kg/j en 4 injections IVL plus inductrices d’entérobactéries
Hubert) ou ß-lactamases à spectre étendue.
(Stade 4 et 5 de Chandler) Ceftriaxone Cependant pour les formes les stades 4 et
+ 5, le risque d’une diffusion possiblement
Metronidazole moindre de l’acide clavulanique fait
40 mg/kg/j en 3 injections IVL préférer l’association Céfotaxime et
metronidazole.

2023 SOMIPEV
37
Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques
Tableau 2. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques plus rares.

38
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives
Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) en cas d’allergie
Mastoïdite aiguë Amoxicilline Cefotaxime Le choix de l’amoxicilline en 1ère
Forme simple 150-200 mg / kg / j 200 mg / kg / j en 3 ou 4 intention est justifié par la proportion de
Guide de l’antibiothérapie

en 3 ou 4 IVL injections IVL (maximum 12 g) pneumocoques résistants à l’amoxicilline

2023 SOMIPEV
Cibles essentielles du (maximum 8 g / j) ou Ceftriaxone qui est, en 2022, inférieure à 7%.
traitement Durée 10 à 14 jours (75 mg/ kg / j) en 1 IVL La durée du traitement doit être adaptée
S. pneumoniae (maximum 2 g / j) en fonction de l’évolution clinique et
SGA biologique
Cefotaxime
Mastoïdite aiguë Amox-ac. clav 200 mg / kg / j en 3 ou 4
Forme traînante (>5j) 150 mg/kg IV en 3-4 IVL injections IVL (maximum 12 g / j)
(max 4 g / j) +
Cibles essentielles du Durée 10 à 14 jours Métronidazole
traitement 40 mg/kg / l en 2-3 injections IVL
S. pneumoniae (maximum 1,5 g / j)
SGA ou
Fusobacterium sp. Ceftriaxone
75 mg / kg / j en 1 injection IVL
(maximum 2 g / j)
+
Métronidazole
40 mg / kg / l
en 2-3 IVL (maximum 1,5 g / j)

Mastoïdite aiguë Cefotaxime Avis infectiologue


Forme compliquée 200 mg / kg / j en 3 ou 4 IVL
(atteinte neurologique, (max 12 g / j)
thrombose) +
Métronidazole
40 mg / kg / l en 2-3 IVL
(max 1,5 g / j)
Tableau 2. Antibiothérapie des infections ORL et stomatologiques plus rares.
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives
Commentaires
Cible bactériologique (Traitement initial) en cas d’allergie
Laryngo-trachéo- Amox-ac.clav  Céfazoline Maladie rare, c’est une infection de la
bronchite bactérienne 100-150 mg/kg IV 100 mg/kg IV trachée entrainant dyspnée et stridor. La
en 3 doses en 3 doses plupart des enfants ont des symptômes
S. aureus puis relais oral puis relais oral d'infection respiratoire virale pendant 1 à
Streptocoque 3 jours avant l'apparition des symptômes
graves
Le diagnostic repose sur la clinique, la
laryngoscopie et/ou l’imagerie. Outre les
antibiotiques, le traitement repose sur le
contrôle des voies respiratoires.

Parotidite aiguë Amox-ac.clav  .


bactérienne du 100-150 mg/kg IV
nouveau-né (absence de en 3 doses
méningite) +
Gentamicine
Streptococcus agalactiae 5mg/kg/j en une IVL (30’)
(Streptocoque du groupe B) pendant 48 h si forme
SASM septicémique
Durée de traitement
10 jours

2023 SOMIPEV
39
Antibiothérapie des infections oto-rhino-laryngologiques
Tableau 3. Relais oral selon la molécule utilisée initialement en IV.

40
Antibiotique initial Relais oral
– Amoxicilline : 150-200 mg / kg / j en 3-4 IVL – Amoxicilline : 100 mg / kg / j en 3 prises
– Amox-ac.clav : 150 mg / kg / j IV en 3-4 IVL – Amox-ac.clav : 80 mg / kg / j en 3 prises
– Céfotaxime : 200 mg / kg /j en 3-4 IVL – Absence d’allergie aux pénicillines : amox-ac. clav : 80 mg / kg / j en 3
Guide de l’antibiothérapie

2023 SOMIPEV
– ou Ceftriaxone : 75 mg / kg / j en 1 IVL prises
– Allergie aux pénicillines :
Céfalexine *: 100 mg/j en 3 prises
– Métronidazole : 40 mg / kg / j en 2-3 IVL Cefpodoxime-proxétil** : 8 mg/kg/jour en 2 prises**
– Métronidazole : 40 mg / kg / j en 3 prises
* Spectre cible restreint aux cocci à Gram positif (SGA, SAMS) allergie croisée possible avec les pénicillines (à éviter si allergie grave en
l’absence d’exploration allergologique) – ** Pas d’activité sur S. aureus même meti-S – IV : Intra veineuse – IVL : Intra veineuse lente
Antibiothérapie des infections
respiratoires basses de l’enfant

Résumé
Les pneumonies chez l’enfant sont responsables d’une morbi-mortalité non
négligeable à l’échelle mondiale. On estime le nombre de décès dus à cette
pathologie en 2015, à 921 000 enfants de moins de 5 ans, bien qu’entre 2000 et
2015, l’incidence globale des pneumonies chez l’enfant ait diminué d’un tiers et
le nombre d’épisodes de 22%. Néanmoins, la majorité des études et des méta-
analyses sur le sujet sont réalisées dans les pays en voie de développement,
avec des critères de définition de la pneumonie variables d’un pays à l’autre.
De plus, les programmes de vaccination (notamment pneumococciques), les
bactéries responsables de pneumonies et le pourcentage de résistance (au
moins du pneumocoque à la pénicilline) sont différents d’un pays à l’autre.
En pratique, l’une des difficultés concernant cette pathologie, est d’en faire
le diagnostic. En effet, celui-ci doit être évoqué devant une anamnèse, un
examen clinique et parfois des examens complémentaires, la radiographie
ou l’échographie thoraciques et les marqueurs biologiques revêtant ici un
aspect majeur. La deuxième difficulté est de différencier une pneumonie
bactérienne nécessitant une antibiothérapie d’une pneumonie virale. Là
encore l’anamnèse, l’examen clinique et l’apport de la biologie moléculaire
aident dans certains cas à préciser le diagnostic. L’épidémiologie bactérienne
des pneumonies et des pleuro-pneumopathies a évolué ces dernières
années depuis l’implémentation du PCV10 : on observe effectivement une
réduction de l’implication du pneumocoque dans ces pathologies ainsi
qu’une diminution de sa résistance à la pénicilline qui restait extrêmement
faible (de l’ordre de 2%) En 2022, 7% des souches isolées d’hémocultures de
l’enfant sont résistantes à l’amoxicilline. L’antibiothérapie probabiliste doit
tenir compte des bactéries isolées dans ces infections, d’où la nécessité de
promouvoir et poursuivre une surveillance épidémiologique de ces bactéries
impliquées (au moins dans les formes graves conduisant aux hospitalisations).
L’arrivée de nouvelles molécules anti-Gram positif vient renforcer l’arsenal
thérapeutique pour traiter les pneumonies sévères de l’enfant. Des études
sont encore nécessaires pour trouver les indications précises de chacune.

2023 SOMIPEV 41
Guide de l’antibiothérapie

Les infections respiratoires hautes et basses représentent la première cause


d’antibiothérapie ambulatoire chez l’enfant et l’adulte. Entre 2015 et 2018,
les toux fébriles (infections respiratoires présumées virales) étaient en tête de
liste des prescriptions d’antibiotiques [1]. L’immense majorité de ces infections
respiratoires est d’origine virale et leur évolution naturelle se fait le plus souvent
vers la guérison spontanée. La non-prescription d’antibiotiques en cas de bronchite
ou de bronchiolite était le premier message des recommandations publiées dès
2005 par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, des produits de santé
(ANSM) [2] et du guide d’antibiothérapie du GPIP et de la SOMIPEV publié en 2016
[3]. Cependant, certaines infections pulmonaires nécessitent un diagnostic et un
traitement urgent.

Les pneumonies sont notamment une source d’une morbi-mortalité non


négligeable à l’échelle mondiale. On estime le nombre de décès par pneumonie
en 2015 à 921 000 enfants de moins de 5 ans [4], bien que leur incidence globale
chez l’enfant, entre 2000 et 2015, ait diminué d’un tiers et leur nombre de 22%
suite à l’introduction des vaccins conjugués contre le pneumocoque [4]. Au Maroc,
la généralisation de la vaccination par le vaccin anti-pneumococcique conjugué a
permis de réduire l’incidence globale des pneumonies et des pleurésies, et la part
du pneumocoque dans ces pathologies [5,6]. De plus, les pathogènes impliqués ont
vu diminuer leur résistance aux antibiotiques, notamment aux pénicillines et aux
macrolides, expliquant que les choix antibiotiques aient pu être allégés ces dernières
années [7]. Outre l’impact du vaccin, les mesures barrières lors des confinements
successifs liés à la pandémie Covid-19 ont entrainé, ces dernières années, une
diminution drastique de l’incidence des infections respiratoires basses de l’enfant
et particulièrement celle des pneumonies [8]. Cependant cette pandémie, par la
protection imposée vis-à-vis du SARS-COV-2 mais aussi aux autres virus, a créé un
ralentissement du développement du système immunitaire chez l’enfant et fait
apparaitre une notion de dette immunitaire qui sera à surveiller dans les prochaines
périodes hivernales [9].

Si le diagnostic de pneumonie de l’enfant reste un diagnostic clinique souvent


difficile, sa documentation bactériologique l’est encore plus. En effet, les
hémocultures sont rarement positives même en cas d’authentiques pneumonies
à pneumocoques ; la PCR spécifique du pneumocoque dans le sang n’a qu’un
intérêt limité ; enfin les PCR respiratoires sont souvent positives chez des sujets
sans pathologies sous-jacentes. Ceci est vrai naturellement pour le pneumocoque,
mais aussi pour les mycoplasmes et de très nombreux virus respiratoires [10,11].
Deux types d’outils permettent aujourd’hui de progresser :

42 2023 SOMIPEV
Antibiothérapie des infections respiratoires basses de l’enfant

• Le premier est l’échographie pulmonaire qui vient renforcer un faisceau


d’arguments diagnostiques issus de l’anamnèse, de l’examen clinique et de
certains examens biologiques [12]. En effet, cet examen facile, non irradiant,
au lit du malade, devient un élément majeur pour approcher le diagnostic de
pneumonie de l’enfant [13].
• Le second est l’utilisation raisonnée d’un des deux marqueurs biologiques, que
sont la CRP et la PCT [14]. En cas d’infection bactérienne, la PCT augmente plus
rapidement par rapport au début des symptômes (12 à 24 heures) que la CRP
(24 à 48 heures) mais cette dernière a l’avantage de se faire en routine et en
micro-méthode, pour un coût très faible et fait partie maintenant des points of
care tests dans de nombreux pays d’Europe du Nord [15,16].

L’actualisation de l’antibiothérapie des infections respiratoires basses est devenue


aujourd’hui nécessaire pour prendre en compte [20,21,22,23,24]:
• L’arrêt de commercialisation de certains antibiotiques (notamment la plupart
des macrolides et des céphalosporines orales).
• L’apparition de la notion «  d’antibiotiques critiques  » plus susceptibles
d’induire des résistances bactériennes ; pour les infections respiratoires, il
s’agit essentiellement de l’azithromycine et des céphalosporines de 2ème et 3ème
génération.
• La disparition de la contre-indication de la doxycycline chez l’enfant pour des
traitements de courtes durées.
• Enfin, la réduction de l’indication des associations d’antibiotiques en pratique
courante.

Les infections pleuro-pulmonaires graves représentent des urgences thérapeutiques


justifiant le plus souvent une hospitalisation et des antibiotiques par voie
intraveineuse [7]. Les nouveaux conseils thérapeutiques énoncés dans ce guide
ont tenu compte des évolutions épidémiologiques des bactéries impliquées, du
rôle éventuel des toxines quand Streptococcus pyogenes (exotoxine pyrogène)
ou S. aureus (toxine de Panton et Valentine) sont impliqués [17,18] et de la
commercialisation de récents antibiotiques anti-Gram positifs. L’indication de
ces derniers dans l’arsenal thérapeutique des infections respiratoires sévères de
l’enfant reste à définir [19]. Des études sont encore nécessaires pour préciser la
place de chaque molécule.

Le tableau 1 présente les différentes situations cliniques, les agents pathogènes les
plus souvent impliqués (cibles du traitement antibiotique), le choix thérapeutique
préférentiel ainsi que les alternatives en cas d’allergie.

2023 SOMIPEV 43
Guide de l’antibiothérapie

Références
1. Trinh NTH, Cohen R, Lemaitre M, Chahwakilian P, Coulthard G, Bruckner TA, Milic D, Levy C, Chalumeau
M, Cohen JF. Community antibiotic prescribing for children in France from 2015 to 2017: a cross-
sectional national study. J Antimicrob Chemother. 2020 Aug 1;75(8):2344-2352.
2. Antibiothérapie par voie générale des infections respiratoires basses de l’adulte et de l’enfant. http://
www.infectiologie.com/site/medias/_documents/consensus/2005-infVRB-recos- afssaps.pdf.
3. Cohen R, Angoulvant F, Biscardi S, Madhi F, Dubos F, Gillet Y. Antibiotic treatment of lower respiratory
tract infections. Arch Pediatr. 2017 Dec;24(12S):S17-S21.
4. McAllister DA, Liu L, Shi T, et al. Global, regional, and national estimates of pneumonia morbidity and
mortality in children younger than 5 years between 2000 and 2015: a systematic analysis. Lancet Glob
Health. 2019;7(1):e47–e57.
5. Ouldali N, Levy C, Minodier P, Morin L, Biscardi S, Aurel M, Dubos F, Dommergues MA, Mezgueldi E,
Levieux K, Madhi F, Hees L, Craiu I, Gras Le Guen C, Launay E, Zenkhri F, Lorrot M, Gillet Y, Béchet S,
Hau I, Martinot A, Varon E, Angoulvant F, Cohen R. Long-term Association of 13-Valent Pneumococcal
Conjugate Vaccine Implementation With Rates of Community-Acquired Pneumonia in Children. JAMA
Pediatr. 2019 Apr 1;173(4):362-370.
6. Madhi F, Levy C, Morin L, Minodier P, Dubos F, Zenkhri F, Dommergues MA, Mezgueldi E, Levieux
K; Pneumonia Study Group, Béchet S, Varon E, Cohen R; GPIP (Pediatric Infectious Disease Group).
Change in Bacterial Causes of Community-Acquired Parapneumonic Effusion and Pleural Empyema in
Children 6 Years After 13-Valent Pneumococcal Conjugate Vaccine Implementation. J Pediatric Infect
Dis Soc. 2019 Nov 6;8(5):474-477.
7. Angoulvant F, Levy C, Grimprel E, Varon E, Lorrot M, Biscardi S, Minodier P, Dommergues MA, Hees L,
Gillet Y, Craiu I, Zenkhri F, Dubos F, Guen CG, Launay E, Martinot A, Cohen R. Early impact of 13-valent
pneumococcal conjugate vaccine on community-acquired pneumonia in children. Clin Infect Dis. 2014
Apr;58(7):918-24.
8. Rybak A, Yang DD, Schrimpf C, Guedj R, Levy C, Cohen R, Gajdos V, Tort J, Skurnik D, Ouldali N,
Angoulvant F. Fall of Community-Acquired Pneumonia in Children following COVID-19
Non-Pharmaceutical Interventions: A Time Series Analysis.Pathogens. 2021 Oct 24;10(11):1375. doi:
10.3390/pathogens10111375.
9. Cohen R, Pettoello-Mantovani M, Somekh E, Levy C. European Pediatric Societies Call for an
Implementation of Regular Vaccination Programs to Contrast the Immunity Debt Associated to
Coronavirus Disease-2019 Pandemic in Children. J Pediatr. 2022 Mar;242:260-261.e3.
10. Deloria Knoll M, Morpeth SC, Scott JAG, Watson NL, Park DE, Baggett HC, Brooks WA, Feikin DR,
Hammitt LL, Howie SRC, Kotloff KL, Levine OS, O’Brien KL, Thea DM, Ahmed D, Antonio M, Awori JO,
Baillie VL, Chipeta J, Deluca AN, Dione M, Driscoll AJ, Higdon MM, Jatapai A, Karron RA, Mazumder R,
Moore DP, Mwansa J, Nyongesa S, Prosperi C, Seidenberg P, Siludjai D, Sow SO, Tamboura B, Zeger SL,
Murdoch DR, Madhi SA; PERCH Study Group. Evaluation of Pneumococcal Load in Blood by Polymerase
Chain Reaction for the Diagnosis of Pneumococcal Pneumonia in Young Children in the PERCH Study.

44 2023 SOMIPEV
Antibiothérapie des infections respiratoires basses de l’enfant

Clin Infect Dis. 2017 Jun 15;64(suppl_3):S357-S367.


11. Pneumonia Etiology Research for Child Health (PERCH) Study Group. Causes of severe pneumonia
requiring hospital admission in children without HIV infection from Africa and Asia: the PERCH multi-
country case-control study. Lancet. 2019 Aug 31;394(10200):757-779.
12. Orso D, Ban A, Guglielmo N. Lung ultrasound in diagnosing pneumonia in childhood: a systematic
review and meta-analysis. J Ultrasound. 2018 Sep;21(3):183-195.
13. Díaz-Gómez JL, Mayo PH, Koenig SJ. Point-of-Care Ultrasonography. Reply. N Engl J Med. 2022 Jan
13;386(2):197-198.
14. Dudognon D, Levy C, Chalumeau M, Biscardi S, Dommergues MA, Dubos F, Levieux K, Aurel M,
Minodier P, Zenkhri F, Mezgueldi E, Craiu I, Morin L, Béchet S, Varon E, Cohen R, Cohen JF; Pneumonia
Study Group. Diagnostic Accuracy of Routinely Available Biomarkers to Predict Bacteremia in Children
With Community-Acquired Pneumonia: A Secondary Analysis of the GPIP/ACTIV Pneumonia Study in
France, 2009-2018. Front Pediatr. 2021 Oct 21;9:684628.
15. Cooke J, Butler C, Hopstaken R, Dryden MS, McNulty C, Hurding S, Moore M, Livermore DM. Narrative
review of primary care point-of-care testing (POCT) and antibacterial use in respiratory tract infection
(RTI). BMJ Open Respir Res. 2015 May 6;2(1):e000086.
16. Keitel K, Lacroix L, Gervaix A. Point-of-care Testing in Pediatric Infectious Diseases. Pediatr Infect Dis J.
2018 Jan;37(1):108-110.
17. Bidet P, Bonacorsi S. Streptococcus pyogenes pathogenic factors. Arch Pediatr. 2014 Nov;21 Suppl
2:S54-61.
18. Diep BA, Gillet Y, Etienne J, Lina G, Vandenesch F Panton-Valentine leucocidin and pneumonia. Lancet
Infect Dis. 2013 Jul;13(7):566. doi: 10.1016/S1473-3099(13)70102-6.
19. Avedissian SN, Rhodes NJ, Shaffer CL, Tran L, Bradley JS, Le J. Antimicrobial prescribing for treatment of
serious infections caused by Staphylococcus aureus and methicillin-resistant Staphylococcus aureus in
pediatrics: an expert review. Expert Rev Anti Infect Ther. 2021 Sep;19(9):1107-1116.
20. Das S, Sockrider M. Protracted Bacterial Bronchitis (PBB) in Children. Am J Respir Crit Care Med. 2018
Sep 15;198(6):P11-P12.
21. Kantar A, Chang AB, Shields MD, Marchant JM, Grimwood K, Grigg J, Priftis KN, Cutrera R, Midulla F,
Brand PLP, Everard ML. ERS statement on protracted bacterial bronchitis in children. Eur Respir J. 2017
Aug 24;50(2):1602139.
22. Chikhaoui A et al. Invasive pneumococcal disease among children younger than 5 years of age before
and after introduction of pneumococcal conjugate vaccine in Casablanca, Morocco. PAMJ - 41(2). 03
Jan 2022.
23. Diawara I et al. Changing epidemiology of pediatric Streptococcus pneumoniae isolates before vaccine
introduction in Casablanca (Morocco). International Journal of Infectious Diseases 40 (2015) 95–101.
24. Somipev. Recommandations sur les pneumonies de l’enfant. www.Somipev.ma

2023 SOMIPEV 45
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Remarques

46
préférentiels

Pneumonies Amoxicilline Ceftriaxone Critère d’efficacité : apyrexie rapide (≤48 heures).


communautaires 80 à 100 mg/kg/j 50 mg/kg/j en 1 Dans le cas contraire, chercher une complication
toutes les 8 heures injection IV ou IM (épanchement para-pneumonique, abcès, empyème) ou
Guide de l’antibiothérapie

Cibles essentielles du PO ou IV 5 jours une infection à germe atypique.

2023 SOMIPEV
traitement : Sans dépasser 3 g/j Sur les données marocaine en 2022, 7% des souches
S pneumoniae 5 jours isolées d’hémoculture de l’enfant sont résistantes à
l’amoxicilline (CMI >2 mg)

Les études (1) validant une durée de 5 jours ont


comporté 3 prises par jour.
Une répartition de l’amoxicilline en 2 prises peut être
envisagée dès l’amélioration clinique.

Arrêter les antibiotiques après 5 jours, sauf si les résultats


microbiologiques suggèrent un traitement plus long ou
que l’enfant n’est pas cliniquement stable.

Pneumopathies Amox-ac. clav Ceftriaxone En cas de persistance de la fièvre, un abcès ou un


de déglutition ou 80 mg/kg/j PO 50 mg/kg/jour en 1 empyème doit être évoqué.
d’inhalation 100 mg/kg/j IV injection/j IVL
toutes les 8 heures 5 jours
Cibles essentielles 7 jours +
S pneumoniae Métronidazole
Anaérobies 30 mg/kg/j IVL
(Fusobactérium, toutes les 8 heures
Peptostreptococcus, 5 jours
Bactéroides)

Bronchites Pas d’antibiotique


Virus
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Remarques
préférentiels

Pneumonies atypiques Clarithromycine Azithromycine (si Penser au diagnostic devant :


communautaires 15 mg/kg/jour PO pneumocoque exclu) -Une installation progressive
toutes les 12 heures 20 mg/kg/j PO -Un bon état général et un examen clinique pauvre
Cibles essentielles du Max 500 mg x2/j en 1 prise -Absence d’élévation de la CRP ou de la procalcitonine
traitement : 5 jours  3 jours -Echec de l’amoxicilline
Mycoplasma pneumoniae -Absence d’épanchement pleural
Chlamydia pneumoniae Doxycycline Les virus représentent les causes les plus fréquentes.
4 mg/kg/j Le diagnostic étiologique des infections à mycoplasme
toutes les 12 heures est difficile.
200 mg le premier Apyrexie plus lente qu’en cas de pneumonie à
jour puis 100 mg/j pneumocoques (3 à 4 jours).
pour 4 jours
L’allergie croisée entre les macrolides est rare.
5 jours
Avant de prescrire la clarithromycine : respecter les
contre-indications et les interactions médicamenteuses.
Les deux seuls macrolides disponibles au Maroc
actuellement sont la Clarithromycine et l’Azithromycine.
L’Azithromycine fait partie des antibiotiques dit
« critiques » car plus susceptibles du fait de sa très
longue demi-vie, d’induire des résistances bactériennes.
De ce fait, en dehors des situations où l’Azithromycine
est indispensable, la clarithromycine lui est préférée.
Les tétracyclines, sont en principe contre-indiquée avant
l’âge de 8 ans du fait du risque de coloration définitive
des dents. Des données récentes montrent que ce
risque n’est pas partagé par la doxycycline aux doses
habituelles et pour des traitements < 3 semaines.

Bronchiolites Pas d’antibiotique En dehors des formes compliquées :


Virus (incluant le VRS) - Otite moyenne aiguë

2023 SOMIPEV
- Pneumonie

47
Antibiothérapie des infections respiratoires basses de l’enfant
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Remarques

48
préférentiels

Bronchites bactériennes Amox-Ac.clav Sulfamethoxazole Définies par [15,16] :


persistantes (protracted 80 mg/kg/j PO 30 mg/kg/j de PO (1) La présence d'une toux chronique grasse et/ou
bacterial bronchitis toutes les 8 heures toutes les 12h productive continue (d’une durée > à 4 semaines) sans
Guide de l’antibiothérapie

(PBB) 2 semaines Max 1,6 g/j tendance à l’amélioration.

2023 SOMIPEV
2 semaines (2) L’absence de signes fonctionnels ou cliniques
Cibles essentielles : évocateurs d’une autre cause.
Haemophilus influenzae (3) La toux se résolvant après 2 à 4 semaines d'une
antibiothérapie orale appropriée.
Streptococcus pneumoniae
Moraxella catarrhalis L'examen clinique respiratoire est habituellement
normal. Les explorations para-cliniques doivent
comprendre au moins une radiographie du thorax de
face. Le diagnostic de PBB est habituellement porté
chez des enfants jeunes (< 5 ans). Le mode de garde
en crèche et la présence d'une trachéo-bronchomalacie
sont des facteurs de risque.
Certains enfants auront des récurrences (> à 40 %).
Ces derniers doivent bénéficier de nouvelles cures
d'antibiothérapie et certains d’un traitement par
antibiothérapie alternée après avis pneumo-pédiatrique.

Pleuro-pneumopathies Amox ac.clav Cefotaxime Les signes de gravité sont :


(avant identification 150 mg/kg/j IVL 200 mg/kg/jour IVL - hémoptysie
microbiologique sans toutes les 8 heures toutes les 8 heures - leucopénie
éléments de gravité) 2 à 4 semaines - signes toxiniques (éruption, nécrose)
Relais oral et durée - choc septique
Cibles essentielles : totale en fonction de
S. pneumoniae l’évolution clinique La ponction pleurale doit être pratiquée à chaque
fois qu’elle est réalisable à visée de documentation
S. pyogenes (ou
bactériologique après une échographie pulmonaire.
streptocoque du groupe
A) Du fait de la généralisation du vaccin, la diminution de la
S. aureus Méti-S (SASM) résistance des pneumocoques à l’amoxicilline (< 7% en
2022) ne justifiant pas l’utilisation des C3G en première
intention.
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Remarques
préférentiels

Pleuro-pneumopathies Amoxicilline Cefotaxime Relais oral :


150-200 mg/kg/j 200 mg/kg/jour IVL Amoxicilline
dues à IVL toutes les 8 heures toutes les 8 heures 80 à 100 mg/kg/j
S. pneumoniae Relais oral et durée toutes les 8 heures
S. pyogenes (SGA) totale en fonction de
l’évolution clinique
2 à 6 semaines

Pleuro-pneumopathies Cloxacilline Cefuroxime Relais oral :


200 mg/kg/j 100 mg/kg/j Amoxicilline Acide clavulanique
dues à IVL toutes les 6 heures IVL toutes les 6 heures 80 à 100 mg/kg/j toutes les 8 heures
S. aureus Méti-S (SASM) Relais oral et durée Cefuroxime axetil
totale en fonction de Cefazoline 30 mg/kg/j toutes les 12 heures
l’évolution clinique 100 mg/kg/jour Max 250 mg / 2fois par jour
2 à 6 semaines IVL toutes les 8 heures
Max 6 g/j Allergie exceptionnelle croisée entre les C2G/C3G et
l’amoxicilline

Pleuro-pneumopathies* Vancomycine Linezolide L’utilisation des nouvelles molécules anti-gram positifs


dues à 60 mg/kg/j IVL 29j-11 ans : 10 mg/kg nécessite l’avis d’un infectiologue pédiatre.
S. aureus Méti-R (SARM) toutes les 6 heures PO ou IV toutes
+ les 8 heures
Rifampicine Max 600 mg/dose
30 mg/kg/j IVL
toutes les 12 heures

2023 SOMIPEV
49
Antibiothérapie des infections respiratoires basses de l’enfant
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Remarques

50
préférentiels

Pneumonies ou pleuro- Amoxicille-Ac. Cefotaxime Les signes de gravité sont :


pneumopathies avec clavulanique 200 mg/kg/jour IVL - hémoptysie
signes de gravité 150 mg/kg/j IVL toutes les 8 heures - leucopénie
Guide de l’antibiothérapie

toutes les 8 heures + - signes toxiniques (éruption, nécrose)

2023 SOMIPEV
Avant documentation + Vancomycine - choc septique
bactériologique Vancomycine 60 mg/kg/j IVL
60 mg/kg/j IVL toutes les 6 heures Association à un antibiotique à action anti-toxinique
Cibles essentielles : toutes les 6 heures impérative.
S. aureus Méti-S
S. aureus Méti-R Drainage indispensable si épanchement pleural.
S. pyogenes (SGA) +
Avis réanimateur et infectiologue pédiatre.

Pneumonies ou pleuro- Cloxacilline Vancomycine Discuter les Ig IV (2g/kg) si choc ou détresse respiratoire
pneumopathies sévères 200 mg/kg/j IVL 60 mg/kg/j IVL sévère (avis réanimateur/CNR).
à S. aureus sécréteur toutes les 6 heures toutes les 6 heures
de toxine de Panton et Association à un antibiotique à action anti-toxinique
Valentine (PVL+) Méti-S Linezolide impérative.
29j-11 ans : 10 mg/kg
PO ou IV Avis infectiologue pédiatre.
toutes les 8 heures
Max 600 mg/dose L’utilisation des nouvelles molécules anti-gram positifs
nécessite l’avis d’un infectiologue pédiatre.

Pneumonies ou pleuro- Amoxicilline Cefotaxime Discuter les Ig IV (2g/kg) si choc toxinique non contrôlé
pneumopathies sévères 150-200 mg/kg/j IVL 200 mg/kg/jour IVL (avis réanimateur/CNR)
(syndrome toxinique) à S. toutes les 8 heures toutes les 8 heures
pyogenes (SGA) Avis infectiologue pédiatre.
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Remarques
préférentiels

Pneumonies ou pleuro- Vancomycine Linezolide Drainage indispensable si épanchement pleural.


pneumopathies sévères 60 mg/kg/j IVL 29j-11 ans : 10 mg/kg +
à S. aureus sécréteur toutes les 6 heures PO ou IV Avis réanimateur.
de toxine de Panton et toutes les 8 heures
Valentine (PVL+) Méti-R Max 600 mg/dose L’utilisation des nouvelles molécules anti-gram positifs
nécessite l’avis d’un infectiologue pédiatre.
Linezolide
29j-11 ans : 10 mg/kg
PO ou IV
toutes les 8 heures
Max 600 mg/dose
+
Rifampicine si
sensible
30 mg/kg/j IVL
toutes les 12 heures

AMM : Autorisation de mise sur le marché ; IM : Intra-musculaire ; IV : Intra-veineuse ; IVL : Intra-veineuse lente ; PO : Per os
* Le diagnostic microbiologique peut être fait dans plus de 2/3 des cas si sont associés à la culture, le Binax® et la PCR sur le liquide de
ponction pleurale.
si souche Ery S, risque de résistance inductible ; si ery R => Rifampicine ou linezolide)

2023 SOMIPEV
51
Antibiothérapie des infections respiratoires basses de l’enfant
52 2023 SOMIPEV
Antibiothérapies curatives
des infections urinaires de
l’enfant

Résumé
Les infections urinaires représentent les infections bactériennes les plus
fréquemment documentées en pédiatrie. Les choix thérapeutiques
proposés sont issus des recommandations publiées par la Société Marocaine
de Maladies Infectieuses Pédiatriques et de vaccinologie (SOMIPEV), le
Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP), la Société Française de
Pédiatrie (SFP) et la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
(SPILF). En dehors de situations particulières (nouveau-né, neutropénie,
sepsis), une bandelette urinaire positive pour les leucocytes et/ou nitrites
doit précéder la réalisation d’un examen cytobactériologique des urines
et toute antibiothérapie. Après avoir augmenté régulièrement entre
2000 et 2012, la proportion de souches de Escherichia coli résistantes par
production de ß-lactamases à spectre étendu (E-BLSE) est stable ces dix
dernières années, entre 12 et 14% en pédiatrie. Cependant, il n’est pas
exceptionnel qu’aucun antibiotique administrable par voie orale ne soit
actif, conduisant soit à prolonger le traitement parentéral, soit à utiliser
une association non orthodoxe comme céfixime + acide-clavulanique.
Dans l’objectif d’épargner les antibiotiques de la classe des pénèmes et de
favoriser la prise en charge ambulatoire, ce guide privilégie un traitement
initial des infections urinaires fébriles en cas de suspicion ou d’infection
à E-BLSE, par l’amikacine. Celle-ci reste active sur la majorité des souches
d’entérobactéries productrices de ß-lactamases à spectre étendu. Elle est
donnée en monothérapie pour les patients pris en charge aux urgences
pédiatriques ou hospitalisés.

2023 SOMIPEV 53
Guide de l’antibiothérapie

Les infections urinaires (IU) représentent les infections bactériennes les plus
fréquemment documentées en pédiatrie. La prévalence des IU est estimée à 7,0%
chez l’enfant de moins de 2 ans consultant pour fièvre et à 7,8% chez les enfants
de 2 à 19 ans consultant pour fièvre et/ou signes fonctionnels urinaires [1]. Il est
classique de distinguer parmi les IU, les pyélonéphrites et les cystites. Les premières
sont fébriles ou surviennent sur des terrains à risque (nouveau-nés, uropathies
malformatives), exposent à des complications comme les cicatrices rénales, ont
des paramètres biologiques inflammatoires élevés et justifient une antibiothérapie
permettant d’obtenir des paramètres pharmacocinétiques-pharmacodynamiques
(PK-PD) sériques suffisants pour traiter une infection systémique. Les secondes
surviennent classiquement chez la fille au-delà de 3 ans, ne s’accompagnent ni de
fièvre ni de modification significative des paramètres biologiques inflammatoires (si
ces examens sont demandés), n’exposent pas à des cicatrices rénales et nécessitent
des antibiotiques ayant seulement des concentrations urinaires au-dessus des
concentrations minimales inhibitrices (CMI).

En pratique :

L’examen cytobactériologique des urines (ECBU) ne doit pas être systématique


chez un nourrisson ou un enfant fébrile. Il doit être réalisé chez ceux ayant un
terrain à risque élevé (nouveau-né, antécédent d’uropathie malformative, en cas
de sepsis, de neutropénie) et chez ceux ayant des signes fonctionnels urinaires ou
une fièvre inexpliquée d’au moins 48 heures.

Le diagnostic d’IU est parfois complexe. La probabilité pré-test est extrêmement


variable d’un enfant à l’autre [1] et le risque de contamination est élevé pour les
méthodes de recueil urinaire les moins invasives (50-60% pour le sac collecteur
et 25% pour le prélèvement au jet versus 10% pour le sondage urinaire et 1%
pour la ponction sus-pubienne) [2,3]. Le sac collecteur peut être contaminé par les
bactéries commensales du périnée (identiques à celles responsables des IU) même
avec des conditions de prélèvement optimales. En dehors de situations particulières
(nouveau-né, neutropénie, sepsis…), une bandelette urinaire (BU) négative rend
le diagnostic d’IU très improbable (valeur prédictive négative > 90%) et inutile
la réalisation d’un ECBU [4-6]. Une BU positive impose une confirmation par un
ECBU. Si le prélèvement urinaire a été réalisé sur sac collecteur, il faut discuter
de le contrôler avec un autre prélèvement à moindre risque de contamination
(prélèvement d’urine per-mictionnel ou en milieu de jet, sondage urinaire ou
ponction sus-pubienne) sauf si la probabilité pré-test est très élevée (forte valeur
prédictive positive si leucocyturie ++ ou +++ et nitrites + ou ++ à la BU) [4]. Des

54 2023 SOMIPEV
Antibiothérapies curatives des infections urinaires de l’enfant

méthodes simples comme la stimulation supra-pubienne permettent d’augmenter


la probabilité d’avoir des urines en milieu de jet dans les 5 minutes [7,8]. Bien
qu’exceptionnellement utilisée au Maroc, la ponction sus-pubienne est considérée
comme la méthode de référence [2,6]. La démarche diagnostique doit s’adapter
en fonction de l’estimation de la probabilité pré-test (sexe, âge, tableau clinique,
uropathie connue, circoncision chez le garçon, antécédent d’IU, existence d’un
syndrome inflammatoire biologique…), du degré d’urgence et des habitudes locales
[1,4]. Il est important de rappeler qu’une antibiothérapie trop rapidement instaurée
risque de rendre impossible le diagnostic de certitude de l’IU en stérilisant les urines
[4] et que l’échantillon d’urine doit être transporté rapidement au laboratoire avec
une température de conservation adaptée pour éviter la multiplication des bactéries
contaminantes.

Une proportion non négligeable des IU fébriles présente une scintigraphie normale
au moment de l’épisode infectieux. Cependant, toute IU fébrile doit être considérée
à priori comme une pyélonéphrite et prise en charge comme telle.

Par voie orale, ni l’amoxicilline, ni l’association amoxicilline-acide clavulanique (AAC)


n’ont des paramètres PK-PD suffisants pour envisager de les utiliser en traitement
initial même sur un E. coli sensible « in vitro » : le temps au-dessus de la CMI ne
dépasse pas 20 à 30% alors que l’on considère qu’un temps optimal devrait être
au moins de 40% [9]. Certaines équipes les utilisent en relais de traitement quand
la souche est sensible.

La majorité des IU fébriles dues à des entérobactéries productrices de ß-lactamases


à spectre étendu (BLSE) deviennent apyrétiques alors même que les patients
reçoivent des antibiotiques inactifs ou peu actifs [10], avec des paramètres PK-PD
sériques largement insuffisants. Néanmoins, même si les patients sont apyrétiques,
il y a un consensus pour adapter le traitement en faveur d’un traitement actif in
vitro sur la souche responsable de l’infection.

Des IU non fébriles, sans uropathie sous-jacente, sans augmentation des paramètres
biologiques inflammatoires peuvent survenir également chez le garçon et la petite
fille de moins de trois ans. Elles sont rares et peuvent être traitées comme une
cystite.

Au Maroc, la proportion des entérobactéries avec un mécanisme de résistance type


BLSE dans les infections urinaires de l’enfant avait augmentée de façon significative
à partir de 2009 et jusqu’à 2022, date à laquelle apparait une stabilisation avec

2023 SOMIPEV 55
Guide de l’antibiothérapie

une prévalence actuellement en dessous de 5% [11-13]. De la même manière,


la proportion de souches des entérobactéries BLSE (E-BLSE) a régulièrement
augmenté entre les années 2000 à 2012, puis s’est stabilisée entre 7 et 10%
en pédiatrie (données ACTIV non publiées du portage rectal d’E-BLSE en ville :
8,6% en 2020, 10,1% en 2021 et 9,9% en 2022) [14]. Cette proportion est
plus importante chez les enfants ayant récemment reçu des antibiotiques, ayant
été traités pour une IU ou ayant été hospitalisés [10,15]. Cette stabilisation est
probablement liée à l’importante réduction des prescriptions de céphalosporines en
France depuis 2011, faisant suite aux recommandations (SOMIPEV, GPIP-SFP-SPILF)
de traitement des infections ORL, premières causes de prescriptions d’antibiotiques
en pédiatrie. Il n’est pas exceptionnel qu’aucun antibiotique administrable par voie
orale ne soit actif. C’est pour ces raisons que les choix antibiotiques proposés
dans ce guide varient en fonction de l’âge, des antécédents et du lieu de prise en
charge (Voir tableau). Par ailleurs, la prescription d’antibiotiques, et notamment
des antibiotiques « critiques » (antibiotiques particulièrement générateurs de
résistances bactériennes ou de «  dernier recours  ») doit être raisonnée. Par exemple,
l’usage des quinolones, pourvoyeuses de résistance et d’effets secondaires parfois
sévères et durables, est à éviter dans la mesure du possible, en particulier dès que
la sensibilité du germe est connue et qu’il existe une alternative moins à risque
de créer des résistances [16]. Pour les IU fébriles à E. coli BLSE, l’objectif doit être
d’épargner les pénèmes en première intention. Dans cette situation, l’amikacine
en monothérapie est le traitement en première intention, recommandé dans ce
guide [10,17-19]. En effet, cette molécule reste de loin l’aminoside le plus efficace
sur les souches des entérobactéries productrices de BLSE, et une seule injection
(IV lente) par jour est suffisante, permettant un traitement ambulatoire pour
la majorité des patients [10]. Les autres alternatives permettant d’épargner les
pénèmes (pipéracilline-tazobactam) nécessitent toutes plusieurs injections par jour
et une hospitalisation. Enfin, les aminosides, du fait de leurs faibles concentrations
digestives, semblent avoir un impact limité sur le microbiome intestinal. En raison
de son efficacité et de sa longue demi-vie dans le parenchyme rénal, certaines
équipes proposent un traitement de 5 jours sans relais oral. Il n’y a pas d’étude
clinique confirmant l’efficacité de ce schéma thérapeutique.

Les E. coli BLSE sont généralement résistants à l’ensemble des céphalosporines de


troisième génération parentérales ou orales. Depuis plus de 10 ans maintenant, à
la suite des premières études réalisées, il a été démontré que l’adjonction d’acide
clavulanique au céfixime permettait de restaurer « in vitro », l’activité de cette
molécule, à des niveaux de CMI comparables aux souches non productrices de
BLSE [20]. Sur les IU dues à des E. coli BLSE, différentes études cliniques ont

56 2023 SOMIPEV
Antibiothérapies curatives des infections urinaires de l’enfant

confirmé l’efficacité sur le terrain de l’association, en relais de traitement [10,21].


Malheureusement, d’une part, il n’y a pas d’acide clavulanique commercialisé sans
amoxicilline (c’est l’association AAC qu’il faut prescrire) et d’autre part il n’y a pas
encore d’étude prospective randomisée. Pour pouvoir mettre en route ce traitement,
du fait du caractère non conventionnel de l’association, il était conseillé avant de
le prescrire, de vérifier la sensibilité de la souche en pratiquant la technique du
double E-test. Des données récentes montrent qu’il y a une excellente corrélation
avec la sensibilité à pipéracilline-tazobactam [21]. Une étude réalisée au CNR E.
coli à l’hôpital Robert Debré, sur 220 souches des entérobactéries BLSE, a montré
une corrélation entre la sensibilité de la pipéracilline-tazobactam et l’association
céfixime + acide clavulanique dans 99% des cas (donnée non publiée). Cette étude
suggère qu’en cas de résistance avérée à la pipéracilline-tazobactam, il conviendrait
de réaliser systématiquement un E-test pour pouvoir prescrire l’association céfixime
+ acide clavulanique (25% des souches restant sensibles à l’association céfixime +
acide clavulanique même en cas de résistance à la pipéracilline-tazobactam). Les
restrictions de l’utilisation des quinolones font que cette association devra être
prescrite préférentiellement en relais de traitement en cas d’infection à E. coli BLSE
résistant au cotrimoxazole [22,23].

Références
1. Shaikh N, Morone NE, Bost JE, Farrell MH. Prevalence of urinary tract infection in childhood: a meta-
analysis. Pediatr Infect Dis J 2008; 27(4): 302-8.
2. Tosif S, Baker A, Oakley E, Donath S, Babl FE. Contamination rates of different urine collection methods
for the diagnosis of urinary tract infections in young children: an observational cohort study. J Paediatr
Child Health 2012; 48(8): 659-64.
3. Kauffman JD, Danielson PD, Chandler NM. Risk factors and associated morbidity of urinary tract
infections in pediatric surgical patients: A NSQIP pediatric analysis. J Pediatr Surg 2020; 55(4): 715-20.
4. Cohen R, Raymond J, Faye A, et al. [Management of urinary tract infections in children. Recommendations
of the Pediatric Infectious Diseases Group of the French Pediatrics Society and the French-Language
Infectious Diseases Society]. Arch Pediatr 2015; 22(6): 665-71.
5. Glissmeyer EW, Korgenski EK, Wilkes J, et al. Dipstick screening for urinary tract infection in febrile
infants. Pediatrics 2014; 133(5): e1121-7.
6. Subcommittee on Urinary Tract Infection SCoQI, Management, Roberts KB. Urinary tract infection:
clinical practice guideline for the diagnosis and management of the initial UTI in febrile infants and
children 2 to 24 months. Pediatrics 2011; 128(3): 595-610.
7. Kaufman J, Fitzpatrick P, Tosif S, et al. Faster clean catch urine collection (Quick-Wee method) from
infants: randomised controlled trial. BMJ 2017; 357: j1341.

2023 SOMIPEV 57
Guide de l’antibiothérapie

8. Tran A, Fortier C, Giovannini-Chami L, et al. Evaluation of the Bladder Stimulation Technique to Collect
Midstream Urine in Infants in a Pediatric Emergency Department. PLoS One 2016; 11(3): e0152598.
9. Andes D, Craig WA. Animal model pharmacokinetics and pharmacodynamics: a critical review. Int J
Antimicrob Agents. 2002;19(4):261-8.
10. Madhi F, Jung C, Timsit S, et al. Febrile urinary-tract infection due to extended-spectrum beta-lactamase-
producing Enterobacteriaceae in children: A French prospective multicenter study. PLoS One 2018;
13(1): e0190910.
11. Toubiana J, Timsit S, Ferroni A, Grasseau M, Nassif X, Lortholary O, Zahar JR, Chalumeau M. Medicine
(Baltimore). Community-Onset Extended-Spectrum ß-Lactamase-Producing Enterobacteriaceae
Invasive Infections in Children in a University Hospital in France. 2016;95(12):e3163.
12. Jacmel L, Timsit S, Ferroni A, Auregan C, Angoulvant F, Chéron G. Extended-spectrum ß-lactamase-
producing bacteria caused less than 5% of urinary tract infections in a paediatric emergency centre.
Acta Paediatr. 2017;106(1):142-147.
13. Lagree M, Bontemps S, Dessein R, Angoulvant F, Madhi F, Martinot A, Cohen R, Dubos F; GPIP. Extended-
spectrum ß-lactamase-producing Enterobacteriaceae, national study of antimicrobial treatment for
pediatric urinary tract infection. Med Mal Infect. 2018;48(3):193-201.
14. Birgy A, Cohen R, Levy C, et al. Community faecal carriage of extended-spectrum beta-lactamase-
producing Enterobacteriaceae in French children. BMC Infect Dis 2012; 12: 315.
15. Hain G, Goldbart A, Sagi O, Ben-Shimol S. High Rates of Antibiotic Nonsusceptibility in Gram-negative
Urinary Tract Infection in Children With Risk Factors Occurring in the Preceding Month: Considerations
for Choosing Empiric Treatment. Pediatr Infect Dis J 2021; 40(7): 639-44.
16. Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Antibiotiques de la famille
des quinolones et fluoroquinolones administrés par voie systémique ou inhalée : risque d’effets
indésirables invalidants, durables et potentiellement irréversibles et restrictions d’utilisation. Available
at: https://ansm.sante.fr/informations-de-securite/antibiotiques-de-la-famille-des-quinolones-et-
fluoroquinolones-administres-par-voie-systemique-ou-inhalee-risque-deffets-indesirables-invalidants-
-durables-et-potentiellement-irreversibles-et-restrictions-dutilisation. Accessed 29 July.
17. Poey N, Madhi F, Biscardi S, Bechet S, Cohen R. Aminoglycosides Monotherapy as First-Line Treatment
for Febrile Urinary Tract Infection in Children. Pediatr Infect Dis J 2017; 36(11): 1104-7.
18. Polat M, Tapisiz A. Amikacin Monotherapy for Treatment of Febrile Urinary Tract Infection Caused by
Extended-Spectrum beta-Lactamase-producing Escherichia coli in Children. Pediatr Infect Dis J 2018;
37(4): 378-9.
19. Han SB, Lee SC, Lee SY, Jeong DC, Kang JH. Aminoglycoside therapy for childhood urinary tract infection
due to extended-spectrum beta-lactamase-producing Escherichia coli or Klebsiella pneumoniae. BMC
Infect Dis 2015; 15: 414.
20. Bingen E, Bidet P, Birgy A, Sobral E, Mariani P, Cohen R. In vitro interaction between cefixime and
amoxicillin-clavulanate against extended-spectrum-beta-lactamase-producing Escherichia coli causing
urinary tract infection. J Clin Microbiol. 2012;50(7):2540-1.

58 2023 SOMIPEV
Antibiothérapies curatives des infections urinaires de l’enfant

21. Lignieres G, Birgy A, Jung C et al. Relay oral therapy in febrile urinary tract infections caused by
extended spectrum beta-lactamase-producing Enterobacteriaceae in children: A French multicenter
study. PLoS One. 2021 Sep 16;16(9):e0257217.
22. Somipev. Recommandations sur les infections urinaires de l’enfant. www.Somipev.ma
23. Bouskraoui M et al. Epidemiology of urinary tract infection in children in Marrakech. Arch Pediatr 2010
Sep;17 Suppl 4:S177-8.

2023 SOMIPEV 59
Tableau : Traitement des infections urinaires de l’enfant (excluant le nouveau-né)

60
Situations cliniques Antibiotiques Alternatives en Commentaires
préférentiels cas d’allergie
(Traitement initial
probabiliste)
Guide de l’antibiothérapie

2023 SOMIPEV
Infection urinaire Patients hospitalisés (1) (1) L’hospitalisation est recommandée chez les
fébrile (Pyélonéphrite Cefotaxime Aminoside enfants de < 3 mois ou suspects de sepsis ou
probable) 150 mg/kg/j (amikacine) présentant une uropathie connue sévère.
toutes les 8 heures IV si allergie aux (2) Après vérification d’une fonction rénale normale.
Bactérie cible : Maximum 6 g/j ß-lactamines (3) Du fait d’un pourcentage de résistance plus
E. coli ou élevé que les C3G injectables et des performances
Ceftriaxone PK-PD modestes, le traitement initial par le céfixime
Autres bactéries 50 mg/kg/j doit être réservé aux patients à bas risque de
- Proteus en une injection IV ou IM cicatrice rénale :
- Klebsiella Maximum 2 g/j - > 3 mois
- Enterocoque + - Pas d’uropathie sous-jacente
- Staphylococcus Amikacine (2) - Absence de sepsis
saprophyticus 20 à 30 mg/kg/j - PCT basse
en une injection IVL (30 - Bonne compliance, pas de vomissement, possibilité
minutes) de reconsulter si besoin
Maximum 1 g/j
Le traitement initial est prescrit pour une durée
de 2 à 4 j qui correspond généralement à la fois
à l’obtention de l’apyrexie et des résultats de
l’antibiogramme (ATBG). La durée totale (IV + per
os) du traitement est de 10 jours.
Avant un mois, privilégier le céfotaxime.

Tableau : Traitement des infections urinaires de l’enfant (excluant le nouveau-né)


Situations cliniques Antibiotiques Alternatives en Commentaires
préférentiels cas d’allergie
(Traitement initial
probabiliste)

Patients ambulatoires Le relais oral doit être adapté en fonction de l’ATBG


Amikacine avec dans l’ordre de préférence :
20 à 30 mg/kg/j 1) Cotrimoxazole (> 1 mois) 30 mg/kg/j de
en une injection IVL (30 sulfaméthoxazole, en 2 prises
minutes) 2) Céfixime 8 mg/kg/j en 2 prises
Maximum 1 g/j 3) Amoxicilline si infection à Entérocoque ou
ou Proteus sp sensible. Pour E. coli, l’amoxicilline
Ceftriaxone est utilisée par certaines équipes. Cependant, les
50mg/kg/j performances PK-PD sériques de l’amoxicilline sur E.
en une injection IV ou IM coli, même sensibles, sont modestes (20 à 30% du
Maximum 2 g/j temps au-dessus de la CMI)
ou 4) Association céfixime + amoxicilline-acide
Cefixime (3) clavulanique pour les E-BLSE résistantes au
8 mg/kg/j cotrimoxazole (voir arbre décisionnel)
toutes les 12 heures PO
Maximum 400 mg/j Eviter les quinolones en traitement initial ou de relai
oral autant que possible.
Attention si cocci Gram
positif au direct de l’ECBU Si impossibilité d’avoir un E-test ou résistance de
Amoxicilline Teicoplanine la souche à la pipéracillin-tazobactam, plusieurs
100 mg/kg/j 10 mg/kg toutes les options sont possibles (après avis infectiologue) :
toutes les 8 heures IVL 12 heures 3 fois,  Relais oral par des quinolones si souche
Maximum 3g/j puis sensible (+ acide nalidixique sensible)
+ 10mg/kg/j  Amikacine 5 jours au total
Gentamicine Pour les entérobactéries BLSE, certaines équipes
5 mg/kg/j utilisent l’amikacine 5 jours en cas d’absence
en une injection IVL (30 d’alternative au relai oral (du fait de la longue demi-
minutes) vie dans le parenchyme rénal et dans les urines)
Maximum 320 mg/j

2023 SOMIPEV
61
Antibiothérapies curatives des infections urinaires de l’enfant
Tableau : Traitement des infections urinaires de l’enfant (excluant le nouveau-né)

62
Situations cliniques Antibiotiques Alternatives en Commentaires
préférentiels cas d’allergie
(Traitement initial
probabiliste)
Guide de l’antibiothérapie

2023 SOMIPEV
Infection urinaire non Avant ATBG Cotrimoxazole (4) Pour l’Amox/ac. clav, la dose journalière doit être
fébrile (Cystites) Amox/ac. clav (4) 30 mg/kg/j de divisée par deux (ex. pour un enfant de 15kg : 1
80 mg/kg/j sulfamethoxazole dose poids et ½ toutes les 12 heures).
Bactérie cible  toutes les 12 heures PO toutes les 12 (5) en l’absence d’uropathie sous-jacente.
E. coli Maximum 3g/j heures PO Les conseils d’hygiène doivent être associé au
(5 j) Max 1,6 g/j traitement antibiotique.
Autres étiologies ou Si évolution clinique favorable sous Amox/ac.clav,
bactériennes Cefixime aucune nécessité de modifier le traitement selon
- Enterococcus 8 mg/kg/j l’ATBG. Les concentrations élevées et prolongées
- Proteus toutes les 12 d’acide clavulanique dans les urines permettant
- Klebsiella heures PO d’inhiber la majorité des ß-lactamases, expliquent
- Staphylococcus Max 400 mg/j que les concentrations critiques sont différentes
saprophyticus (5 j) pour une infection urinaire haute ou basse. Ainsi,
le même E. coli pourra être classé comme sensible
à l’association amoxicilline-acide-clavulanique pour
une cystite et résistant pour une pyélonéphrite.

Si évolution défavorable sous Amox/ac. clav, il faut


modifier le traitement selon l’ATBG et privilégier
dans l’ordre selon la sensibilité :
- Cotrimoxazole
- Cefixime
NB : Staphylococcus saprophyticus est
naturellement résistant à la fosfomycine
Tableau : Traitement des infections urinaires de l’enfant (excluant le nouveau-né)

Situations cliniques Antibiotiques Alternatives en Commentaires


préférentiels cas d’allergie
(Traitement initial
probabiliste)

Infections urinaires dues à Avis de l’infectiologue


- Pseudomonas sp
- Bactéries hautement-résistantes
- Bactérie productrice de carbapénémases
- Entérocoque résistant aux glycopeptides
- Infections urinaires compliquées : abcès, lithiase…

Prostatites Se référer aux recommandations adultes


Urétrites

IV : Intraveineuse ; IM : Intramusculaire ; IVL : Intraveineuse lente ; PO : Orale ; Amox-ac. clav : Association amoxicilline acide-clavulanique.

2023 SOMIPEV
63
Antibiothérapies curatives des infections urinaires de l’enfant
64 2023 SOMIPEV
Traitement anti-infectieux
des infections digestives
chez l’enfant
Résumé
Les gastro-entérites sont le plus souvent d'origine virale, rotavirus et
norovirus étant les virus les plus fréquemment en cause chez les jeunes
enfants.

Les PCR multiplex effectuées à partir des selles permettent de détecter


des bactéries, des virus ou des parasites responsables ou non de la gastro-
entérite. Si le profil étiologique de ces infections digestives a grandement
bénéficié de la PCR, la présence de pathogènes potentiels ne justifie pas de
traitement anti-infectieux en dehors de pathologies sous-jacentes.

En effet, parmi les causes bactériennes, très peu nécessitent un


traitement antibiotique en dehors des shigelloses, des formes graves
de salmonellose et une partie des infections à Campylobacter sp.
L’évolution de la résistance aux antibiotiques des salmonelles, shigelles
et campylobacter est préoccupante dans le monde, limitant les options
thérapeutiques. Les antibiotiques proposés dans ce guide sont en accord
avec les recommandations communes de l’European Society of Pediatric
Infectious Diseases et l’European Society of Pediatric Gastroenterology
and Nutrition. L’azithromycine est préférentiellement utilisée pour
traiter les infections à Shigella sp. ou à Campylobacter sp. La ceftriaxone
et la ciprofloxacine sont recommandées pour traiter les salmonelloses
nécessitant une antibiothérapie. Les traitements empiriques, sans
identification bactérienne, ne sont pas indiqués en dehors d’un sepsis
sévère ou chez des sujets à risque (drépanocytose par exemple). La
prescription de métronidazole pour une amibiase intestinale aiguë ne
doit être faite qu’après confirmation microbiologique.

2023 SOMIPEV 65
Guide de l’antibiothérapie

1. Diarrhées bactériennes :
Les gastro-entérites de l’enfant, comme celles de l’adulte, sont le plus souvent
d’origine virale (rotavirus et norovirus). Le plus souvent, les enfants présentant une
gastro-entérite ne nécessitent pas d’investigation étiologique. Cependant, il peut y
avoir des circonstances particulières dans lesquelles des examens microbiologiques
peuvent être nécessaires pour le diagnostic et le traitement : enfants souffrant
d’affections chroniques sous-jacentes (immunodépression, maladies oncologiques,
maladie inflammatoire du tube digestif, etc.), ceux dont la situation clinique le
justifie (syndrome dysentérique, état septique, entourage d’une shigellose
confirmée, suspicion de toxi-infection alimentaire collective) ou ceux qui présentent
des symptômes prolongés et pour lesquels un traitement spécifique est envisagé.

Le diagnostic par PCR multiplex à partir des selles permet de détecter des bactéries,
des virus ou des parasites. Ces techniques, très couteuses, constituent un apport
important pour le diagnostic étiologique (facilité, rapidité, sensibilité) mais nombre
d’agents pathogènes impliqués dans les gastro-entérites sont aussi retrouvés
chez des sujets sains : les résultats doivent donc être interprétés avec prudence
[1]. Parmi les patients souffrant de diarrhées dont la cause est bactérienne, seuls
ceux présentant une shigellose prouvée doivent systématiquement recevoir des
antibiotiques, même dans les formes bénignes, quelle que soit l’espèce de Shigella,
y compris S. sonnei et S.boydii réputées moins sévères [2,3]. Les infections sévères
à Campylobacter sp. doivent être également traitées, particulièrement à la phase
initiale. Il en est de même pour les patients souffrant de fièvre typhoïde (S. typhi, S.
paratyphi A, B ou C). Les infections causées par les autres espèces de salmonelles
doivent être traitées seulement en cas de forme grave ou survenant chez des
patients à risque (nouveau-nés et nourrissons < 3 mois, drépanocytaires ou
porteurs de déficits immunitaires congénitaux ou iatrogènes) pouvant développer
une salmonellose invasive ou des foyers secondaires. Un traitement antibiotique, le
plus souvent par voie parentérale, s’impose au cours des bactériémies à Salmonella
sp.. Toutefois, les antibiotiques ne raccourcissent ni la durée de la diarrhée, ni le
portage de Salmonella sp.. En résumé, l’indication des antibiotiques au cours d’une
salmonellose digestive repose avant tout sur le diagnostic clinique, à la recherche
d’une mauvaise tolérance de la maladie et des signes d’invasion ou d’un terrain à
risque de formes graves.

Les choix des anti-infectieux proposés dans ce guide (Tableau 1) sont en accord
avec les dernières recommandations de l’European Society of Pediatric Infectious

66 2023 SOMIPEV
Traitement anti-infectieux des infections digestives chez l’enfant

Diseases et l’European Society of Pediatric Gastroenterology and Nutrition de


2009, actualisées en 2014 [2] et la SOMIPEV 2022. L’azithromycine est la molécule
préférentielle pour les infections à Shigella sp. et Campylobacter sp..La ceftriaxone
et la ciprofloxacine sont des molécules de choix pour les infections à Salmonella
nécessitant un traitement.

Il est noté une augmentation des résistances des Shigella sp. à l’ampicilline, au
cotrimoxazole, à la ciprofloxacine, aux céphalosporines (BLSE) et à l’azithromycine
pour atteindre en 2018 respectivement à des taux de 51%, 85%, 13%, 6%
et 20% [4]. Chez l’enfant, la résistance à l’azithromycine parait un peu plus
faible. Si les gastro-entérites à S. sonnei ou à S. boydii guérissent le plus souvent
spontanément, une antibiothérapie permet d’améliorer rapidement la diarrhée et
de raccourcir la durée d’excrétion de la bactérie.

La résistance aux antibiotiques touche d’autres espèces impliquées dans les


gastro-entérites : Salmonella (ampicilline, cotrimoxazole, ciprofloxacine et
céphalosporines de 3ème génération (BLSE) et Campylobacter (quinolones). Il est
donc impératif de tenir compte de l’antibiogramme pour permettre des choix
adaptés d’antibiothérapie, en particulier dans les infections sévères à Salmonella
ou à Shigella.

Clostridies difficile, est un bacille anaérobie à Gram positif, présent dans la flore
intestinale normale. Le portage asymptomatique est commun chez le jeune enfant
(50-70% chez les nourrissons). L’incidence des infections à Clostridies difficile
(souvent secondaires à une antibiothérapie préalable) semble augmenter mais la
présence de toxines dans les selles avant 2 ans n’a pas de valeur diagnostique
(absence de récepteur pour la toxine et bactérie commensale du microbiote
intestinal à cet âge) sauf en cas d’obstruction intestinale [3]. D’autres facteurs
favorisants, outre une antibiothérapie préalable, ont pu être identifiés : un
traitement par inhibiteur de pompe à protons, nutrition par gastrostomie ou
par jéjunostomie, déficit immunitaire, transplantation et maladie inflammatoire
chronique intestinale [6,7].

2. Diarrhées parasitaires (Tableau 2) [9]

L’infection intestinale par des amibes pathogènes (E. histolytica) s’exprime le plus
souvent par un tableau dysentérique et non par une diarrhée. Le diagnostic est

2023 SOMIPEV 67
Guide de l’antibiothérapie

complexe car l’examen microscopique des selles ne permet pas de différencier


E. dispar non pathogène, d’E. histolytica, pathogène. Il faut avoir recours à des
techniques spécialisées, dont la biologie moléculaire. Il est possible d’être porteur
asymptomatique d’E. histolytica. A l’inverse, les explorations de troubles digestifs
peuvent conduire à la découverte d’amibes non pathogènes, qui ne nécessitent
le plus souvent pas de traitement. Le traitement des amibiases intestinales repose
sur un imidazolé, souvent suivi d’un traitement intra-luminal (le plus souvent
paromomycine disponible uniquement en ATU). Les infections à Giardia doivent
toujours être traitées, mais les gastro-entérites aiguës vraies à Giardia sont rares. Il
s’agit le plus souvent de diarrhées peu importantes mais prolongées.

Les cryptosporidies peuvent donner des diarrhées le plus souvent d’évolution


spontanément favorable chez l’enfant immunocompétent. Le diagnostic en est
difficile et repose sur des techniques spécifiques. Les patients immunodéprimés
peuvent faire des formes sévères. Il n’y a pas de traitement bien codifié. Le
nitazoxanide est efficace mais n’est pas disponible. Des résultats positifs en PCR
à Dientamoeba fragilis, Blastocystis hominis ou Cyclospora cayetanensis sont à
discuter en fonction du contexte clinique.

3. Infections intra-abdominales [10,11]

Elles compliquent le plus souvent une perforation intestinale, mettant en contact


les bactéries présentes dans le microbiote intestinal particulièrement riche
(entérobactéries et anaérobies, ainsi qu’entérocoques) et le péritoine (normalement
stérile). Le geste chirurgical joue un rôle crucial dans le processus de guérison,
expliquant pourquoi les études comparant différents schémas thérapeutiques
sont peu contributives, montrant presque toujours une non-infériorité entre des
antibiotiques peu performants et les plus actifs. L’antibiothérapie, lorsqu’elle est
indiquée, doit être active à la fois sur les anaérobies et les entérobactéries les
plus fréquentes. Il s’agit soit de l’amoxicilline-acide clavulanique ou pipéracilline-
tazobactam, soit de l’association d’une céphalosporine de 3ème génération
injectable avec le métronidazole.

L’émergence des entérobactéries productrices de ß-lactamases à spectre étendu


(E-BLSE) reste à ce jour, à un niveau suffisamment modeste pour ne pas modifier
les choix thérapeutiques. Tout au plus, si un aminoside est indiqué, il est
préférable d’utiliser l’amikacine. Dès maintenant, par contre, il faut promouvoir

68 2023 SOMIPEV
Traitement anti-infectieux des infections digestives chez l’enfant

les prélèvements microbiologiques (hémocultures, péritoine) pour guider au mieux


l’antibiothérapie en cas d’échec.

Chacun de ces choix thérapeutiques présente des inconvénients et des avantages :


• L’amoxicilline-acide clavulanique a une activité relativement médiocre sur les
entérobactéries (concentrations minimales inhibitrices élevées et paramètres
PK-PD médiocres même sur les souches sensibles) et doit être réservé aux
infections les moins sévères.
• L’association pipéracilline-tazobactam a certes de meilleurs paramètres PK-PD
que le précédent, mais nettement inférieur au C3G sur les entérobactéries,
conduisant à prescrire des doses élevées et surtout à l’administrer en 4 injections
par jour. Pipéracilline-tazobactam reste actif sur 70 à 80% des E-BLSE ce qui est
un avantage, mais pourrait favoriser l’émergence de souches productrices de
carbapénèmases.
• Les céphalosporines outre l’absence d’activité sur les entérocoques, les E-BLSE et
les anaérobies (imposant l’association du métronidazole) promeuvent l’émergence
de E-BLSE

4. Infection à Helicobacter pylori [8,9]

Plusieurs recommandations ont déjà été publiées concernant la prise en charge de


l’infection à Helicobacter pylori (H. pylori) chez l’enfant. La diminution importante
de l’efficacité du traitement d’éradication de cette bactérie, liée principalement à
l’émergence de souches bactériennes résistantes, a conduit à revoir les anciennes
recommandations pédiatriques. Ces nouvelles recommandations sont applicables
uniquement chez les sujets de moins de 18 ans et dans les pays Européens et Nord-
Américains. Pour éviter les échecs d’éradication et l’émergence de résistances
bactériennes, il est essentiel de tenir compte des résultats de l’antibiogramme
lorsqu’il est disponible, et d’insister sur la bonne observance du traitement. Un
taux d’éradication satisfaisant n’est obtenu que si plus de 90% du traitement
prescrit a été ingéré.

Actuellement, la meilleure association thérapeutique est celle qui est basée sur les
données de l’antibiogramme des biopsies gastriques en utilisant une triple thérapie
pendant 14 jours en 2 prises par jour :
• Oméprazole ou ésoméprazole 2 mg/kg/j (jusqu’à 80 mg),
• Amoxicilline 50 mg /kg/j (jusqu’à 3 G/j),

2023 SOMIPEV 69
Guide de l’antibiothérapie

• Métronidazole 30 mg/kg/j (jusqu’à 2 g/j) en cas de résistance à la clarithromycine


• ou clarithromycine 25 mg/kg/j (jusqu’à 1 g/j) en cas de résistance au
métronidazole.
Journal Identification = MTP Article Identification = 0677 Date: October 8, 2018 Time: 5:40 pm

A noter qu’il existe sur le marché des tests PCR qui permet de rechercher H. Pylori
dans les selles
Helicobacter pyloriavec l’étude de sensibilité à la clarithromycine [12].
chez l’enfant

Non Résistance CLA ou Oui


traitement
antérieur Résistance au MET
avec CLA ?
Inconnue Oui Oui Non

Dose élevée Dose élevée


IPP-AMO-MET IPP-AMO-CLA IPP-AMO-MET IPP-AMO-MET
ou traitement par bismuth ou traitement par bismuth

Figure 1. Algorithme pour la sélection du traitement d’éradication de H. pylori chez l’enfant basé sur la connaissance de la susceptibilité
aux antibiotiques. CLA : clarithromycine, MET : métronidazole, AMO : amoxicilline, IPP : inhibiteur de la pompe à protons.

Tableau 3. Les doses standard de différents régimes thérapeutiques et les fortes doses d’amoxicilline.

Médicaments Poids corporel Dose du matin Dose du soir

15 à 24 kg 20 mg 20 mg

Références
IPP* 25 à 34 kg 30 mg 30 mg

> 35 kg 40 mg 40 mg

1. Le Goff J, Laurent F. Approches 15 à 24 kg moléculaires multiplex 500 mgdans les gastroentérites.500 Lamglettre de
l’infectiologue.
Amoxicilline ££ https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/23506.pdf
25 à 34 kg 750 mg 750 mg

2. Guarino A, Ashkenazi S, Gendrel D et al. European Society


> 35 kg formgPediatric Gastroenterology,
1 000 Hepatology,
1 000 mg

and Nutrition/European Society 15 à 24for


kg Pediatric Infectious250 Diseases
mg evidence-based guidelines 250 mg for the

management of acute gastroenteritis


Clarithromycine 25 à 34 kg in children in Europe: 500 update
mg 2014. J Pediatr Gastroenterol
250 mg Nutr.
2014 Jul;59(1):132-52 file:///Users/Robert/Downloads/2014_Guidelines_for_the_Management_of_
> 35 kg 500 mg 500 mg

Acute_Gastroenteritis_in_children_in_Europe.pdf
15 à 24 kg 250 mg 250 mg

3. Métronidazole
Gendrel D, Cohen R Diarrhées bactériennes
25 à 34 kg et antibiotiques
500 mg Arch Pediatr. 2008;15 Suppl 250 mg 2:S93-6.

https://www.pasteur.fr/fr/file/43720/download
> 35 kg 500 mg 500 mg**

4. The European Union Summary < 10Report


ans on Antimicrobial Resistance
262 in zoonotic
(4 fois par jour) and indicator bacteria
Sels de bismuth£
from humans, animals and food in 2019–2020, EFSA Journal
> 10 ans 2022;20(3):7209www.efsa.europa.eu/
524 (4 fois par jour)

IPP : efsajournal)
inhibiteur de la pompe à protons. *Les doses de différentes IPP ne sont pas équivalentes, ces doses correspondent à l’oméprazole et
l’ésoméprazole. **En cas d’utilisation d’une suspension orale de métronidazole, la dose pourrait être divisée en deux fois toutes les 12 heures.
5. £ Les sels
McDonald
de bismuthLC, Gerding
utilisés DN,etJohnson
au Canada S, etsont
aux États-Unis al. du
Clinical practice
sub-salicylate. guidelines
££ Les fortes doses for Clostridium
d’amoxicilline difficile
: de 15 à 24 kg infection
: 750 mg
matin et soir, de 25 à 34 kg : 100 mg matin et soir, et > 35 kg : 1 500 mg matin et soir.
in adults and children: 2017 update by the Infectious Diseases Society of America (IDSA) and Society
traitement [1, 2]. La première ligne de traitement actuel- traitement doit être adapté en fonction des résultats de
lement recommandée est indiquée dans le tableau 2 et l’antibiogramme/PCR de la souche isolée chez le patient.
la figure 1. Le traitement doit être adapté en fonction Les doses d’IPP et d’antibiotique dépendent du poids de
des résultats de l’antibiogramme. En effet, d’une part le l’enfant (tableau 3).
70 2023 SOMIPEV
taux de résistance à la clarithromycine varie selon les La suppression de l’acidité gastrique améliore
pays et d’autre part, un échec d’éradication augmente le l’efficacité des antibiotiques, en particulier celle de
risque de développer une résistance secondaire rendant l’amoxicilline et de la clarithromycine. La dose d’IPP/kg
Traitement anti-infectieux des infections digestives chez l’enfant

for Healthcare Epidemiology of America (SHEA). Clin Infect Dis. 2018;66(7):e1-e48


6. Van Prehn J, Reigadas E, Vogelzang EH, Bouza E, Hristea A, Guery B, et al. European Society of
Clinical Microbiology and Infectious Diseases: 2021 update on the treatment guidance document for
Clostridioides difficile infection in adults. Clin Microbio
7. N. Kalach, M. Bellaïche, J. Raymond. Helicobacter pylori chez l’enfant : diagnostic et traitement. https://
pap-pediatrie.fr/hepato-gastro/helicobacter-pylori-chez-lenfant.
8. (http://www.helicobacter.fr/wp-content/uploads/2022/01/Diagnostic-et-traitement-de-linfection-
%C3%A0-Helicobacter-pylori-chez-l%E2%80%99enfant.pdf
9. American Academy of Pediatrics. [Chapter title.] In: Kimberlin DW, Barnett ED, Lynfield R, Sawyer MH,
eds. Red Book: 2021 Report of the Committee on Infectious Diseases. Itasca, IL:American Academy of
Pediatrics: 2021
10. Montravers P, Dupont H , Leone M et al. Prise en charge des infections intraabdominales.
Anesth Reanim. 2015; 1: 75–99. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/
S2352580014000112?via%3Dihub.
11. Somipev. Recommandations sur les diarrhées aigues infectieuses de l’enfant. WWW.Somipev.ma
12. Raymond J & Kalach N. L’infection à Helicobacter pylori chez l’enfant. mt pédiatrie 2018 ; 21 (2) :
57-65

2023 SOMIPEV 71
Tableau 1. Traitement antibiotique des gastro-entérites bactériennes :

72
Situations cliniques Antibiotiques Alternatives en cas Commentaires
Préférentiels d’allergie
(Traitement initial)
Guide de l’antibiothérapie

Salmonella Antibiotiques le plus Les antibiotiques ne raccourcissent ni le portage,

2023 SOMIPEV
souvent non nécessaires ni la durée des symptômes.

Antibiothérapie Ceftriaxone Ciprofloxacine Cependant, une fièvre prolongée ou


recommandée si : 50 mg / kg / J IVL 10 mg / kg x2 /J IV une diarrhée persistante imposent une
- S. typhi et paratyphi Maximum 2g / j ou antibiothérapie.
- < 3 mois (3 à 5 j) 15 mg / kg x2 / J PO
- Sepsis Maxi 1500 mg/j
- Drépanocytose ou (3 à 5 j)
immunodépression Azithromycine
- Bactériémie PO 20 mg / kg /j /j
(3 j)

Shigella Azithromycine PO Ciprofloxacine PO Toute shigellose diagnostiquée doit être traitée


20 mg / kg / j 10 -15 mg/kg même s’il s’agit d’une diarrhée en apparence
Max 500 mg / j 2 X/ j banale.
(3 j) Max 1500 mg/j
(3 j)
Ceftriaxone
50 mg / kg / J IVL
Max 2g / j
(3j)

Campylobacter jejuni Azithromycine PO Clarithromycine PO Les antibiotiques ne sont pas indiqués si


20 mg / kg / j 15 mg/kg/j en 2 prises le patient est asymptomatique ou pauci-
Max 500mg /j pour 7 jours symptomatique lors du résultat de la culture.
(3 j) Dans les 3 premiers jours, les antibiotiques
Ciprofloxacine PO raccourcissent le portage et la durée de la
10 à 15 mg / kg maladie.
2 fois par j
Max 1500 mg/j
(5 j)
Tableau 1. Traitement antibiotique des gastro-entérites bactériennes :

Situations cliniques Antibiotiques Alternatives en cas Commentaires


Préférentiels d’allergie
(Traitement initial)

Clostridium difficile Le portage de C. difficile, y compris les souches


(Recherche de toxines sécrétrices de toxines, est très fréquent chez
A& B) le jeune enfant. Il ne faut pas rattacher
systématiquement les symptômes à la présence
Formes modérées Metronidazole PO Vancomycine PO de ce germe. La présence de toxines n’a pas
30mg / kg / j 40 mg / kg / j de valeur diagnostique avant l’âge de 2-3 ans
en 3 prises en 4 prises par j
Max 1.5g/j sauf en cas d’obstruction intestinale. Après cet
(10 j)
(10 j) âge l’interprétation doit se faire en fonction du
contexte clinique.
Arrêt des antibiotiques
Les patients asymptomatiques ne doivent pas
ayant favorisés l’épisode
d’infection à C. difficile à être traités.
chaque fois que possible L'arrêt des traitements anti-microbiens
déclencheurs est un principe fondamental de
la lutte contre les infections à C. difficile. Il
Metronidazole + permettra à la flore intestinale de réapparaître
Vancomycine PO et, ainsi, de limiter le développement de C.
Formes sévères difficile. [6,7]
40 mg / kg / j
en 4 prises par j Pour les formes récidivantes ou résistantes ou
(10 j) survenant chez un immunodéprimé, un avis
spécialisé est nécessaire pour discuter la
transplantation de matières fécales.

2023 SOMIPEV
73
Traitement anti-infectieux des infections digestives chez l’enfant
Tableau 1. Traitement antibiotique des gastro-entérites bactériennes :

74
Situations cliniques Antibiotiques Alternatives en cas Commentaires
Préférentiels d’allergie
(Traitement initial)
Guide de l’antibiothérapie

Yersinia Cotrimoxazole PO Doxycycline

2023 SOMIPEV
(30 mg / kg / j de 4 mg / kg/ j
sulfamethoxazole) en 2 prises
en 2 prises max 200 mg /j
ou (5 j)
Ceftriaxone IV
50 mg / kg / j Ciprofloxacine
(5 j) 10 à 15 mg / kg
2 fois par j
Max 1500 mg/j
avant 8 ans
(5 j)

Helicobacter pylori Amoxicilline Clarithromycine Les règles du traitement sont (9) :


+ + 1) Association avec un inhibiteur de la pompe
Clarithromycine Metronidazole à protons
ou ou 2) Association de 2 antibiotiques (amoxicilline
Métronidazole Pylera® + un des deux autres antibiotiques) selon
(> 12 ans) la sensibilité connue ou probable.
*Le Pylera® (Traitement récent par macrolides ou
est une association de souches résistantes dans l’entourage) doit
Bismuth, Tétracycline faire remplacer la clarithomycine par le
et métronidazole. metronidazole
En principe contre- 3) La durée de traitement est de 14 jours
indiquée avant 12 ans, 4) Toujours vérifier l’éradication après le
certainement avant 9 ans. traitement (2 à 6 semaines après) et
La posologie est de 3 cp 4 quelques mois après (test respiratoire).
fois par jour
Tableau 2. Traitement des gastro-entérites parasitaires [9].

Entamœba histolytica Metronidazole PO Tinidazole Discuter un amoebicide de contact au


30-40 mg / kg / j 50 mg / kg / j en prise unique décours :
en 2 ou 3 prises (max 1,5 g) Paromomycine en ATU 25-30 mg/kg/j en 3
(7 à 10 j) (4 à 5 j) prises (10 j).
Maximum 1.5g/j ou Toujours faire une coproculture pour
Ornidazole éliminer une cause bactérienne.
30 mg / kg (enfant)
(7 j)

Giardia Metronidazole PO Tinidazole Répéter éventuellement le traitement après


30-40 mg / kg / j 50 à 70 mg / kg / j (max 2 g) 10 à 15 j.
en 2 ou 3 prises en prise unique
(5 j) Ou
Albendazole
400 mg /j
(5 j)
ou
Ornidazole
30 mg / kg /j
(5 j)

Dientamoeba Pas de traitement Sujet immunodéprimé


Cryptosporidum

PO : Per os
IV : Intra veineuse
IM : Intra musculaire
IVL : Intra veineuse lente

2023 SOMIPEV
75
Traitement anti-infectieux des infections digestives chez l’enfant
Tableau 3. Infections intra-abdominales pédiatriques [10].

76
L'antibiothérapie et sa durée dépendent des constatations per opératoires.

Appendicite aiguë non Amoxicilline/Ac.


compliquée avec prise Clavulanique
en charge chirurgicale 50 mg/kg
Guide de l’antibiothérapie

2023 SOMIPEV
en 1 prise per opératoire puis
arrêt

Si dose donnée en
préopératoire > 2h, refaire une
dose per opératoire

Péritonite localisée ou Céfotaxime Amoxi– ac.clav


généralisée libre sans 100 mg/kg/J 150 mg/kg/j en 3 injections
signe de gravité en 3 IVL IVL
+ Pendant 5 jours
Métronidazole +
30 mg/kg/j Amikacine
3 IVL 15 mg/kg en 1 IVL sur 30
pendant 5 jours min pendant 2 jours

Puis adaptation de la durée Puis adaptation de la durée


en fonction de la gravité du en fonction de la gravité du
tableau initial, de l’évolution tableau initial, de l’évolution
clinique et des résultats clinique et des résultats
bactériologiques. bactériologiques

Péritonite vieillie Pipéracilline-Tazobactam


(fausses membranes) ou 300 mg/kg/j
péritonite avec signe de en 4 IV
gravité +
ou Amikacine
abcès / plastrons 15 à 25 mg/kg en IVL sur 30
avec prise en charge min (en 1 adm/j) pendant 48h
chirurgicale
Tableau 3. Infections intra-abdominales pédiatriques [10].

Abcès et plastrons Céfotaxime Discussion médico-chirurgicale


appendiculaires 100 mg/kg/J spécialisée. Suivi hospitalier indiqué.
sans prise en charge en 3 IVL
chirurgicale initiale pendant 3 jours Respect de la présence de tous les
+ critères d’éligibilité et l’absence des
Métronidazole critères d’inéligibilité.
30 mg/kg/J en 3 IVL (soit 30
mg/kg/j) pendant 3 jours Critères d’éligibilité :
Symptômes > 3 jours, masse palpée
Puis relais per os par +/- blindage localisé. Abcès et/ou
Amox-Ac. clav plastron sur imagerie.
80 mg/kg/ j en 3 prises pr j
pour 10 à 14 j Critères d’inéligibilité :
Défense généralisée, AEG majeure,
troubles hémodynamiques, occlusion,
mauvaise évolution au cours du suivi.

Cholécystite Amo-ac.clav
150 mg / kg/ j
en 3 IVL max 3 g /j
7 jours

Angiocholite Ceftriaxone
50mg / kg / j en 1 IVL
Max 2g/ j
+
Metronidazole
500mg x 3/j (max 1.5 g /j)

Si forme sévère
+
Amikacine
15mg /kg / J

2023 SOMIPEV
En 1 IV lente 30’minutes pour
2 jours

77
Durée totale
3 jours après le drainage
Traitement anti-infectieux des infections digestives chez l’enfant
Tableau 3. Infections intra-abdominales pédiatriques [10].

78
Abcès hépatique Ceftriaxone Ciprofloxacine
50mg / kg / j 15 mg/kg/j
en en 3 IV jour
1 IVL +
Guide de l’antibiothérapie

Max 2g/ j Metronidazole

2023 SOMIPEV
+
Métronidazole Si forme sévère
30 mg/kg/j +
3 IVL Amikacine
pendant 5 jours 15mg /kg / J
En 1 IVL 30’minutes pour
2 jours
Antibiothérapie des
infections cutanées

Résumé
Les infections cutanées bactériennes sont fréquentes chez l’enfant et ne
nécessitent pas toujours une antibiothérapie par voie générale notamment
pour les formes superficielles. La détersion de la lésion est alors le point
clé du traitement. Une analyse sémiologique doit précéder toute décision
thérapeutique pour évaluer la pertinence de l’antibiothérapie, la nécessité
ou non d’un drainage qui peut être spontané ou chirurgical et l’existence
éventuelle de signes toxiniques qui constituent toujours des signes de
gravité. Les germes les plus fréquemment en cause chez l’enfant sont
Staphylococcus aureus et Streptococcus pyogenes.

L’antibiothérapie de première intention est l’amoxicilline-acide clavulanique


à laquelle on pourra ajouter un traitement anti-toxinique comme la
clindamycine pour les patients présentant des signes manifestes.

Les infections cutanées sont parmi les plus fréquentes des infections bactériennes
de l’enfant. Les préconisations qui suivent sont, dans l’ensemble, conformes
à ces recommandations mais tiennent compte de la non-disponibilité de
certaines molécules, de l’évolution des connaissances et de certaines évolutions
épidémiologiques.

Du fait de leur caractère très souvent superficiel, ces infections, bien que
bactériennes, ne nécessitent pas toujours une antibiothérapie générale car le lavage
au savon et surtout le rinçage soigneux permettent une élimination très efficace
des bactéries impliquées. Ce lavage, avec utilisation d’un détergent (savon) élimine
les squames et les croûtes mais détruit également les lipides composant la paroi
des bactéries. Il devra donc être systématiquement prescrit dès lors qu’il existe
une lésion superficielle. De même, en cas de lésions abcédées, c’est le drainage

2023 SOMIPEV 79
Guide de l’antibiothérapie

du pus, qu’il soit spontané ou chirurgical, qui permettra la guérison bien plus
que l’antibiothérapie qui, dans ce cas, diffusera très mal au sein du pus. Pour
les impétigos, l’antibiothérapie locale doit être privilégiée car elle est efficace et
son impact écologique est moindre puisqu’elle ne diffuse pas dans les microbiotes
digestifs, rhino et oropharyngés. Les infections cutanées ne doivent cependant
pas être négligées car elles peuvent parfois évoluer vers des situations gravissimes
associant des lésions de nécrose étendue et/ou un syndrome de choc toxinique de
pronostic redoutable. La peau peut également constituer la porte d’entrée pour
des infections profondes, notamment staphylococciques.

Malgré le caractère visible des lésions, le diagnostic précis des infections cutanées
peut être difficile et est sujet à de fréquents désaccords entre médecins. Dans ce
guide, les infections de l’épiderme, croûteuses ou bulleuses, sans atteinte du derme
profond (c’est à dire, érythème ne dépassant pas la lésion de plus de 2-3 cm) sont
désignées sous le terme d’impétigo. Les dermo-hypodermites simples se traduisent
par un érythème plus ou moins étendu, sensible au toucher et peu induré alors que
les dermo-hypodermites nécrosantes sont caractérisées par un érythème très induré,
très douloureux à la fois à la pression et spontanément, cette induration douloureuse
dépassant souvent la taille de l’érythème ce qui traduit une extension en profondeur.
Or, l’atteinte des couches profondes du derme entraine le plus souvent une
altération importante de la vascularisation et donc des lésions de nécrose. Les signes
d’atteinte profonde et de nécrose, très souvent associés, constituent toujours des
signes de gravité. Les signes généraux (fièvre, asthénie) sont constants et marqués
dans ce dernier cas. Enfin, le terme d’abcès cutané désigne une lésion souvent bien
limitée, initialement dure et douloureuse et évoluant vers la fluctuation qui traduit
la transformation purulente. L’abcès se fistulise spontanément (les manipulations
intempestives, sources de complications, sont proscrites) avec issue de pus et, si le
drainage du pus est complet, il s’agit d’un mode de guérison.

Les bactéries impliquées sont rarement les germes commensaux « vrais » de la


peau (staphylocoques à coagulase négative, corynébactéries, Propionibacterium)
peu virulents. Les infections cutanées sont le plus souvent dues à deux
hôtes intermittents de la peau qui, eux, possèdent des facteurs de virulence
très nombreux : Staphylococcus aureus (SA) et Streptococcus pyogenes ou
streptocoque du groupe A (SGA). Il conviendra cependant d’être vigilant en cas
d’infection faisant suite à une inoculation, chez l’enfant immunodéprimé et en cas
de localisation particulière, notamment dans la région périnéale. Dans ces derniers
cas, d’autres bactéries peuvent être impliquées telles que les entérobactéris, les
anaérobies ou les Pseudomonas. En dehors de ces situations très particulières,

80 2023 SOMIPEV
Antibiothérapie des infections cutanées

l’antibiothérapie devra donc cibler SA et SGA, d’autant qu’ils sont assez


fréquemment associés [1]. Le SGA est constamment sensible aux béta-lactamines
(amoxicilline et céphalosporines) et, le plus souvent, sensible aux macrolides, à la
clindamycine et au cotrimoxazole. Au Maroc, la majorité (90%) des souches de
SA sont sensibles à la méticilline (SASM) mais elles produisent une béta-lactamase
(pénicillinase) responsable de la résistance du SA à l’amoxicilline. Ces souches de
SASM sont sensibles aux pénicillines M et aux céphalosporines de 1ère ou seconde
génération et également à l’association amoxicilline + acide clavulanique car
l’’acide clavulanique inhibe l’action de la béta-lactamase. Les patients allergiques
aux béta-lactamines et les infections dues au SARM pourront être traités par le
cotrimoxazole ou la doxycycline. Par voie orale, l’association amoxicilline + acide
clavulanique (AAC), du fait de ses excellentes propriétés pharmacocinétiques dans
le tissu cutané, sera le choix préférentiel en cas d’infections pour lesquelles une
antibiothérapie générale est indiquée. En effet, par voie orale, les pénicillines M ne
permettent pas d’atteindre les critères prédictifs d’efficacité pharmacocinétiques-
pharmacodynamiques et la seule céphalosporine orale disponible est la céfalexine.
Ce choix d’une béta-lactamine en première intention peut paraitre contradictoire
avec certaines recommandations issues notamment de publications nord-
américaines. Ceci s’explique par l’épidémiologie propre des USA, du Canada mais
aussi de certains pays du pourtour méditerranéen qui sont confrontés à de véritables
épidémies d’infections communautaires à SA résistants à la méticilline (SARM) et
qui peuvent représenter jusqu’à 60% des souches dans ces pays. Cette incidence
très élevée de SARM communautaires est néanmoins en diminution dans la plupart
des pays. Excepté dans le cas d’abcès primitifs qui vont guérir par drainage, la
prévalence de ces SARM est nettement moins élevée au Maroc (<10%) et est aussi
en régression. Cette incidence basse ne justifie donc pas l’utilisation en première
intention d’antibiotique actif sur les SARM [2]. Le dernier point à prendre en
considération dans le traitement des infections cutanées est l’existence ou non de
signes toxiniques. En effet, aussi bien le SGA que le SA ont la capacité de produire
de grandes quantités d’exotoxines qui peuvent avoir des propriétés nécrosantes
locales comme la leucocidine de Panton et Valentine (LPV), des propriétés super-
antigéniques (responsables d’une production massive de cytokines entrainant un
retentissement hémodynamique et viscéral), voire les deux [3]. L’implication de
ces toxines sera évoquée devant l’association d’une infection cutanée avec des
signes de nécrose extensive et/ou une érythrodermie généralisée scarlatiniforme
et/ou une instabilité hémodynamique pouvant aller jusqu’au choc avec défaillance
multiviscérale [3]. En cas de signes toxiniques, l’adjonction au traitement initial d’un
antibiotique à activité anti-toxinique comme la clindamycine est recommandée
[1,2] mais non disponible au Maroc, la gravité potentielle imposant de débuter

2023 SOMIPEV 81
Guide de l’antibiothérapie

par voie injectable. La persistance d’une activité anti-toxinique en cas de souche


résistante à la clindamycine ou de souche présentant un risque de résistance
inductible (souche clinda S mais résistante à l’erythromycine) est très discutée.
Dans les cas d’infections à SA résistant à la clindamycine et/ou à l’érythromycine,
l’alternative anti-toxinique la plus logique est l’utilisation du linézolide, y compris
chez le jeune enfant (hors AMM dans ce cas mais justifié par la gravité de ces
infections). Malgré ses excellentes propriétés pharmacocinétiques et son effet anti-
toxinique certain, la rifampicine doit être évitée en première intention du fait de
sa sensibilité aux forts inocula et du risque d’acquisition rapide de résistances.
Dans ces infections graves, l’antibiothérapie seule est insuffisante et devra toujours
être complétée par des mesures symptomatiques de réanimation, un débridage
chirurgical s’il est possible et parfois par l’utilisation de traitement complémentaire
par des immunoglobulines IV.

Le tableau suivant reprend les différentes situations avec le traitement de première


intention et les alternatives possibles en cas d’allergie. Il prend en compte les
dernières recommandations de la HAS publiées en 2019 [4,5].

Références
1. Lorrot M, Bourrat E, Doit C et al. Superficial skin infections and bacterial dermohypodermitis. Arch
Pediatr 2014;2: 906-12.
2. Stevens DL, Bisno AL, Chambers HF et al Practice guidelines for the diagnosis and management of skin
and soft tissue infections: 2014 update by the infectious diseases society of America. Clin Infect Dis.
2014; 59: 147-59.
3. Bidet P, Bonacorsi S. Streptococcus pyogenes pathogenic factors. Arch Pediatr 2014 ;21 Suppl 2:S54-61
4. Jung C, Amhis J, Levy C, Salabi V et al Group A Streptococcal Paronychia and Blistering Distal Dactylitis
in Children: Diagnostic Accuracy of a Rapid Diagnostic Test and Efficacy of Antibiotic Treatment.
Pediatric Infect Dis Soc. 2020 Dec 31;9(6):756-759. doi: 10.1093/jpids/piz079.
5. Cohen R, Levy C, Bonacorsi S et al Diagnostic accuracy of clinical symptoms and rapid diagnostic test
in group A streptococcal perianal infections in children. Clin Infect Dis. 2015 Jan 15;60(2):267-70. doi:
10.1093/cid/ciu794. Epub 2014 Oct 13.

82 2023 SOMIPEV
Tableau. Traitement de première intention et alternatives en cas d’allergie :

Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Impétigo Soins d’hygiène à l’eau et Soins d’hygiène à l’eau et Nettoyage et détersion sont toujours utiles,
Cibles bactériennes savon savon souvent suffisants.
S. aureus et et L’antibiothérapie locale doit être privilégiée à
S. pyogenes chaque fois que possible.
Prise en charge dermatose sous-jacente
- Si impétigo localisé ATB locale par (Eczéma..).
(croûteux ou bulleux) Acide fusidique Éviction scolaire 72H si lésions non
(surface cutanée < 2% 3 fois / j couvertes.
< 5 sites lésionnels) pendant 7 jours *L’allergie croisée entre les pénicillines et la
céfalexine est rare mais possible. A éviter
- Si impétigo Amox-ac. clav Cefalexine dans les allergies graves avant l’enquête
étendu ou profond 80 mg / kg / j PO2 en 2 ou 50 mg / kg / j PO allergologique.
(> 5 sites lésionnels) 3 prises en 2 prises
* Extensif (maximum 3g/jour) (maximum 2g/jour)
* Immunodéprimé pendant 7 jours
Clarithromycine
15 mg/kg/jour PO
toutes les 12 heures
Max 500 mg x2/j

Cotrimoxazole Le cotrimoxazole est susceptible de donner


30 mg / kg / j de des réactions cutanées graves (syndrome
Sulfaméthoxazole PO de Lyell) et doit donc être réservé aux
en 2 prises allergies graves en l’absence d’alternative
(max 1600mg/jour) thérapeutique.

2023 SOMIPEV
83
Antibiothérapie des infections cutanées
Tableau. Traitement de première intention et alternatives en cas d’allergie :

84
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Panaris Pansements humides Herpès simplex virus Type 1 peut donner des
Guide de l’antibiothérapie

+/- pseudo- panaris.

2023 SOMIPEV
Cible bactérienne Incision + Drainage
S. aureus éventuels
Pas d’antibiotique

Infection périnéale TDR SGA anal Cefpodoxime TDR anal systématique.


(Anite) Si + 8 mg / kg / j PO Traitement antibiotique uniquement si
Amox-ac. clav en 2 prises positif.
Cible bactérienne 80 mg / kg / j PO (maximum 400mg / j) La pénicilline V et l’amoxicilline donnent de
S. pyogenes en 2 ou 3 prises pendant 10 jours moins bons résultats en termes de récidives
(maximum 3g / jour) que les antibiotiques résistants aux ß-
pendant 10 jours lactamases.

Érythème migrans Si < 8 ans : Si allergie pénicilline et Pas de traitement systématique des piqures
Amoxicilline céphalosporine : de tiques.
Cible bactérienne 50mg / kg / j PO Azithromycine Cf chapitre “morsures”
Borrelia burgdorferi en 2 ou 3 prises 20 mg / kg / j PO
(maximum 3g / jour) en 1 prise
pendant 14 à 21 jours (max 500mg/jour)
pendant 10 jours
Si > 8 ans : ou
Doxycycline Doxycyclinezz
4 mg/kg/j PO en 2 prises 4 mg/kg/j PO en 2 prises
(max 200 mg/jour) (max 200 mg/jour)
pendant 14 à 21 jours pendant 14 à 21 jours
Tableau. Traitement de première intention et alternatives en cas d’allergie :

Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Furoncle « simple » et Pas d’ATB Pas d’ATB Antibiothérapie peu utile si drainage correct.
abcès cutané
Cible bactérienne Pansements humides Pansements humides
S. aureus Incision et drainage Incision et drainage
(dont SARM % ?) si nécessaire si nécessaire
Production LPV
fréquente (> 90% si
récidivant) : à ne pas
rechercher !

Furoncle « à risque » Soins locaux Soins locaux Avis infectiologue pour décontamination si
• Taille > 5 cm* (cf supra) (cf supra) forme récidivante.
• Dermo-hypodermite et et
associée Amox-ac. clav Cotrimoxazole
• S. systémiques 80mg / kg / j PO 30 mg de sulfaméthoxazole/ Pas d’adaptation si guérison clinique après
• Age < 1 an en 2 ou 3 prises kg / j PO drainage (même si SARM).
• Co morbidité (maximum 3g / jour) en 2 prises
• Drainage difficile pendant 7 j (max 1600mg / jour)
• Localisation face ou pendant 7 jours
• Absence de réponse Cefalexine
au drainage initial 50 mg / kg / j PO
en 2 prises
(maximum 2g/jour)
pendant 7 jours

2023 SOMIPEV
85
Antibiothérapie des infections cutanées
Tableau. Traitement de première intention et alternatives en cas d’allergie :

86
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Tourniole (4) Pansements humides Pansements humides Si le TDR est positif,


Guide de l’antibiothérapie

(Panaris péri-unguéal) Si TDR SGA + : Cefalexine incision et drainage le plus souvent inutiles.

2023 SOMIPEV
Cibles bactériennes Amoxicilline 50 mg / kg / j PO Antibiothérapie suffisante.
S. pyogenes 50 mg / kg / j PO en 2prises
S. aureus en 2 prises (maximum 2g/jour) Dans le cas contraire traiter comme un
(maximum 3g / jour) pendant 7 jours panaris classique.
pendant 7 jours ou
Cotrimoxazole
Faire TDR SGA sur le pus Si TDR SGA- : 30 mg / kg / j de
Pas d’antibiotique Sulfaméthoxazole PO
Pansements humides en 2 prises
+/- (max 1600mg/jour)
Incision + Drainage pendant 10 jours
éventuels

Epidermolyse aiguë Amox-ac. clav Cefalexine Pas d’intérêt des traitements anti-toxiniques.
staphylococcique 80 mg / kg / j PO 50mg / kg / j PO
en 2 ou 3 prises en 2prises Pas de recherche de portage.
Décollements localisés (maximum 3g / jour) (maximum 2g/jour)
(< 20%) pendant 10 jours pendant 7 à 10 jours Pas de décontamination.
Signes généraux ou
modérés ou absents CotrimoxazoleZ
30 mg / kg / j PO
Cible bactérienne en 2 prises
Staphylococcus (max 1600mg/jour)
aureus (producteur pendant 10 jours
d’exfoliatine)
Tableau. Traitement de première intention et alternatives en cas d’allergie :

Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Dermo-hypodermite Amox-ac. clav Cefalexine Facteurs de risque :


sans signe toxinique, 80 mg / kg / j PO 50 mg / kg / j PO • Altération de l’état général
sans nécrose en 2prises • Âge (< 1 an)
Cibles bactériennes (maximum 2g/jour) • Immuno-dépression
S. pyogenes pendant 7 jours • Lésion étendue ou d’évolution rapide
S. aureus • Echec d’une antibiothérapie orale
Si allergie cotrimoxazole • Présomption d’une localisation
Sans facteur de risque secondaire (arthrite ...)
et sans signe clinique de • Mauvaise compliance thérapeutique
gravité

Avec facteurs de risque Amox-ac. clav Céfuroxime


ou signes de gravité 100mg / kg / j 100 mg / kg / j
ou en 3 IVL
céfazoline
en 3 IVL
pendant 2 à 3 jours
Puis relais per os rapide (dès
l’amélioration clinique en
moyenne 2-3 jours)

2023 SOMIPEV
87
Antibiothérapie des infections cutanées
Tableau. Traitement de première intention et alternatives en cas d’allergie :

88
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Dermo-hypodermite Amox-ac. clav Céfuroxime Si allergie aux céphalosporines


Guide de l’antibiothérapie

avec syndrome 150 mg / kg /j 150 mg / kg / j Ou SARM

2023 SOMIPEV
toxinique en 3 IVL en 3 IVL Avis infectiologue.
Cibles bactériennes ou Céfalotine
S. pyogenes
S. aureus
En cas d’infection nécrosante :
débridement chirurgical en urgence.

Dermohypodermite Piperacilline-tazobactam En cas de choc toxinique :


nécrosante discuter Immunoglobulines polyvalentes
Fasciite nécrosante (2 g / kg / j).
Co-infections fréquentes Prophylaxie des sujets contacts si présence
avec Pseudomonas et/ou d’un sujet à risque dans l’entourage proche.
entérobactéries si formes (http://www.sante.gouv.fr/avis-et-rapports-
nécrosantes ou sur du-cshpf.html)
terrain immunodéprimé
Tableau. Traitement de première intention et alternatives en cas d’allergie :

Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Dermo-hypodermite Piperacilline-tazobactam Cefépime Débridement chirurgical en urgence.


post-chirurgicale 300 mg / kg / j IVL en 4 150 mg / kg / j
(abdomen, périnée) injections en 3 ou 4 IVL
+ = alternative en cas
Cibles bactériennes Amikacine
Polymicrobiennes d’allergie bétalactamines ?
20-30 mg / kg / j +
S pyogenes en 1 IVL 30’ 3 jours
S. aureus Amikacine
Durée totale du traitement
Entérobactéries 20-30 mg / kg / j
= 10-20 jours
Anaérobies… en 1 IVL 30’
+
Métronidazole
30 mg / kg / j
en 3 injections
pendant 10 à 20 jours

Folliculite Pas d’ATB.


Cible bactérienne Mesures d’hygiène et éventuellement
S. aureus antiseptiques.

2023 SOMIPEV
89
Antibiothérapie des infections cutanées
Morsures Pédiatrie

90
Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Morsures de chien, de Ne traiter que si facteurs Ne traiter que si facteurs *Facteurs de risque : :
Guide de l’antibiothérapie

chat de risque de risque - morsure de chat

2023 SOMIPEV
- localisation de la morsure : face, proximité
d’un tendon, d’une articulation, parties
Cibles bactériennes Amox-ac. Clav Doxycycline génitales
Pasteurella 80 mg / kg / j PO 4 mg / kg / j PO - morsure profonde,
Anaérobies en 2 ou 3 prises en 2 prises morsure délabrante
S. aureus (maximum 3g / jour) (max 200 mg/jour) - terrain : immunodéprimé,
Capnocytophaga sp (chien) pendant 3 à 7 jours selon pendant 3 à 7 jours asplénique (Capnocytophaga).
l’évolution selon l’évolution Prophylaxie du tétanos et de la rage
en fonction du contexte (avis centres
antirabiques).

Morsures humaines Amox-ac. clav Doxycyclinezz Prophylaxie de l’hépatite B en fonction du


80 mg / kg / j PO 4 mg / kg PO contexte.
Cibles bactériennes en 2 ou 3 prises en 2 prises
Anaérobies (maximum 3g / jour) (max 200 mg/jour)
S. aureus pendant 5 à 7 jours

Morsures de vipère Amox-ac. clav


Lésions potentiellement 80 mg / kg / j PO
nécrotiques en 2 ou 3 prises
(maximum 3g /jour)
- pendant 7 jours
uniquement si
envenimation
- arrêt du traitement si pas
de signe d’envenimation
Morsures Pédiatrie

Situation clinique Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Morsures de tiques Antibioprophylaxie * L’antibioprophylaxie peut être discutée,


systématique non en zone d’endémie, chez des sujets avec
Cible bactérienne recommandée un risque élevé de contamination (piqures
B. burgdorferi A envisager si facteur de multiples et durée d’attachement présumée
risque * supérieure à 48-72H).
Doxycyclinezz
monodose 200 mg
ou
Amoxicilline si <8 ans
50 mg / kg / j PO
en 2 ou 3 prises
pendant 10 jours

- Amox-ac. clav : Amoxicilline- acide clavulanique.


- PO : Per os.
- IVL : Intra Veineuse Lente.
- TDR : Test de diagnostic rapide.
- Amox-ac. Clav : Association amoxicilline-acide clavulanique.
- W : si souche clinda S et Ery S, sinon Linezolide.
- X : La josamycine n’est plus disponible en France et ce définitivement ou pour plusieurs années.
- Z : A partir de l’âge d’un mois.
- Zz : Doxycycline possible avant 8 ans.

2023 SOMIPEV
91
Antibiothérapie des infections cutanées
92 2023 SOMIPEV
Traitement antibiotiques des
méningites bactériennes

Résumé
La vaccination pneumococcique conjuguée a considérablement modifié
le profil des méningites à pneumocoque en faisant disparaître les souches
virulentes les plus résistantes aux béta-lactamines. Selon les données de
notre Observatoire National des méningites bactériennes de l’enfant
encadré par la SOMIPEV, on n’a pas répertorié de cas de méningite due à
des pneumocoques résistants aux céphalosporines de troisième génération
(C3G), mais des souches non incluses dans le vaccin PCV10, utilisé dans
notre Programme National d’Immunisation et de profil moins favorable,
ont émergé depuis 2015. Ces données récentes justifient de reconduire les
recommandations de 2012 et à limiter l’usage de la vancomycine à la phase
secondaire de traitement des méningites à pneumocoque lorsque la CMI de
la souche isolée vis-à-vis des C3G injectables est >0,5 mg/l.

L’observatoire national des méningites de l’enfant est un outil précieux en


raison de sa bonne exhaustivité et de sa pérennité depuis 12 ans. Le maintien
de la surveillance épidémiologique permettra d’adapter si nécessaire, les
nouveaux schémas thérapeutiques à l’évolution des profils de sensibilité
des pneumocoques et aux changements sérotypiques éventuels à venir.

La méningite bactérienne est une infection gravissime du système nerveux central


qui met en jeu le pronostic vital et fonctionnel (séquelles neurocognitives) du patient.
Ce pronostic peut être significativement amélioré si un traitement antibiotique
adapté à la sensibilité du germe peut être débuté dans un très court délai après
le début de l’infection. Tout retard thérapeutique est préjudiciable au patient. Le
choix du traitement initial est par nécessité empirique et probabiliste car, même

2023 SOMIPEV 93
Guide de l’antibiothérapie

si désormais l’identification du germe à partir du liquide cérébrospinal (LCS) est le


plus souvent très rapide (parfois 1 à 2 h seulement grâce à la mise à disposition
des techniques de PCR en temps réel), la connaissance de la sensibilité du germe
responsable aux antibiotiques usuels (beta-lactamines) nécessite le plus souvent au
moins 12 à 24 heures de culture. Par ailleurs, la diffusion des antibiotiques à travers
la barrière hémato-méningée est limitée (10%) et conditionne le choix des molécules
ayant les meilleurs paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques
(PK-PD) prédictifs d’efficacité. Les recommandations thérapeutiques des méningites
bactériennes du nourrisson et de l’enfant s’appuient sur les données de surveillance
clinique et épidémiologique de l’Observatoire national des méningites de l’enfant
de la Somipev qui est devenu un outil précieux en raison de sa bonne exhaustivité
et de sa pérennité depuis 12 ans. Les recommandations intègrent ces différents
paramètres mais doivent être régulièrement actualisées pour prendre en compte
l’évolution des profils de sensibilité aux antibiotiques des principaux germes, en
particulier le pneumocoque. Son profil de sensibilité s’est en effet profondément
altéré sous l’impact des excès de prescriptions antibiotiques [1].

Les données de notre observatoire ont conduit la Somipev à recommander de ne


pas prescrire de vancomycine dans la phase initiale de traitement des méningites à
pneumocoque (confirmées ou seulement suspectées) en maintenant toutefois de
fortes doses de C3G (300 mg/kg/j) dans l’attente des résultats de l’antibiogramme.
Selon la sensibilité du pneumocoque isolé en culture, le passage à dose méningée
habituelle (200 mg/kg/j) pouvait être envisagé si la CMI aux C3G était ≤ 0.5 mg/l
et l’association à la vancomycine avec maintien de fortes doses de C3G n’étant
recommandée que dans les cas où la CMI de la souche isolée vis-à-vis des C3G
injectables serait > 0,5 mg/l [7]. Ces recommandations ont été renouvelées en 2021
à l’occasion de la révision de la 2ème conférence de consensus sur la prise en charge
des méningites bactériennes aiguës communautaires (à l’exclusion du nouveau-né)
de la Somipev [8,10].

En 2022, la surveillance épidémiologique à Marrakech des pneumocoques


(Laboratoire Pr Soraa) a montré une augmentation des isolements de souches
invasives (sérotypes 3 et 19A). Ces résultats constituent certes une alerte mais ne
justifient pas pour l’instant de modifier les recommandations actuelles de prise
en charge initiale des méningites à pneumocoque. Le maintien de la surveillance
épidémiologique permettra d’adapter si nécessaire, les nouveaux schémas
thérapeutiques à l’évolution des profils de sensibilité des pneumocoques et aux
changements sérotypiques éventuels à venir.

94 2023 SOMIPEV
Traitement antibiotiques des méningites bactériennes

Le Tableau présente les agents pathogènes les plus souvent impliqués (cibles
du traitement antibiotique) dans les méningites, le choix thérapeutique initial
préférentiel ainsi que les alternatives en cas d’allergie sévère aux béta-lactamines.

Références
1. Geslin P, Fremaux A, Sissia G, Spicq C. Streptococcus pneumoniae: serotypes, invasive and antibiotic
resistant strains. Current situation in France Presse Med 1998; 27 Suppl 1:21-7. French
2. Anonymous: 9th French Consensus Conference (SPILF 1996 Saint Etienne), Bacterial meningitis. Med
Mal Infect 1996; 26:1-8.
3. Anonymous. Bureau et Conseil Scientifique du GPIP. Bacterial meningitis observatory in children in
France. Arch Pediatr. 2008;15 Suppl 3:S97-8.
4. Pai R, Moore MR, Pilishvili T,et al. Post vaccine genetic structure of Streptococcus pneumoniae serotype
19A from children in the United States. J Infect Dis. 2005;192:1988-95.
5. [17th Consensus conference. Consensus conference on bacterial meningitis. Short text]. Société de
pathologie infectieuse de langue française. Med Mal Infect. 2009 Mar;39(3):175-86. French.
6. Levy C, Varon E, Taha MK et al. Changes in bacterial meningitis in French children resulting from
vaccination]. Arch Pediatr. 2014 Jul;21(7):736-44.
7. Cohen R, Raymond J, Haas H, Grimprel E. Treatment of pneumococcal meningitis in children in 2014.
Position statement of the French Group for Pediatric Infectious Diseases. Arch Pediatr. 2014;21:681-2
8. 2018 update of the 17th consensus conference (2008) on anti-infective agents. Management of
acute community-acquired bacterial meningitis (excluding newborns). Long version with arguments.
Médecine et maladies infectieuses 49 (2019) 405–441.
9. Tauzin M, Ouldali N, Levy C, et al. Combination therapy with ciprofloxacin and third-generation
cephalosporin versus third-generation cephalosporin monotherapy in Escherichia coli meningitis
in infants: a multi-centre propensity score-matched observational study. Clinical Microbiology and
Infection 25 (2019) 1006e1012
10. Recommandations Marocaines de la prise en charge des méningites purulentes de l’enfant. Somipev
2021.

2023 SOMIPEV 95
Tableau 1. Traitement des méningites bactériennes de l’enfant

96
Cibles Antibiotiques Alternatives Commentaires
bactériologiques préférentiels

Pas de germe au direct. Céfotaxime Ciprofloxacine L’absence de germe à l’examen direct est un
Guide de l’antibiothérapie

50 mg/kg x 4/j IVL 10 mg/kg x 3/j IVL fort argument en faveur du Méningocoque

2023 SOMIPEV
ou +
Ceftriaxone Vancomycine
100 mg/kg en 2 prises IVL 15 mg/kg x 4/j IVL (60’)
à J1 puis 1 seule prise par
la suite

S. pneumoniæ Céfotaxime Vancomycine Ajouter Vancomycine 15 mg/kg x 4/j IVL (60’)


(Cocci à Gram + en 75 mg/kg x 4/j IVL 15 mg/kg x 4/j IVL (60’) Si CMI > 0,5 mg/l à la vancomycine peut aussi
diplocoque au direct) ou + être administrée en continue à la dose de 60
Ceftriaxone Rifampicine mg/kg/J.
100 mg/kg en 2 prises IVL 10 mg/kg x 4/j IVL (60’) Il est impératif de faire une dose de charge de
à J1 puis 1 seule prise par 15 mg/kg
la suite

Neisseria meningitidis Céfotaxime Ciprofloxacine


(Cocci Gram - au direct) 50 mg/kg x 4/j IVL 10 mg/kg x 3/j IVL
ou
Ceftriaxone
100 mg/kg en 2 prises IVL
à J1 puis 1 seule prise par
la suite

H. influenzæ b Céfotaxime Ciprofloxacine


(petit bacille à Gram – 50 mg/kg x 4/j IVL 10 mg/kg x 3/j IVL (60’)
au direct) ou
Ceftriaxone
100 mg/kg en 2 prises IVL
à J1 puis 1 seule prise par
la suite
Tableau 1. Traitement des méningites bactériennes de l’enfant

Cibles Antibiotiques Alternatives Commentaires


bactériologiques préférentiels
L. monocytogenes Amoxicilline Vancomycine
50 mg/kg x 4/j IVL 15 mg/kg x 4/j IVL (60’)
+ ou
Gentamicine Trimethoprime
4 mg/kg x 2 IV 30’ sulfamethoxazole
à la dose de 20 mg/kg (de
trimethoprime) 2 à 4 fois/J +
Gentamicine
4 mg/kg x 2 IV 30’

Escherichia coli (Bacille Céfotaxime En cas de méningite à E. coli producteur de


à Gram – au direct) 50 mg/kg x 4/j IVL ß-lactamase à spectre étendu le céfotaxime
Ciprofloxacine doit être remplacé par Méropenème 40 mg/
- 5 premiers jours du kg x 3/j IVL
traitement:
20 mg/kg/j IVL dans
la première semaine
de vie
- 30 mg/kg/j au- delà

Streptocoque du Amoxicilline Céfotaxime


groupe B 50 mg/kg x 4/j IVL 50 mg/kg x 4/j IVL
+ +
Gentamicine Gentamicine
7 mg/kg x 1, IV 30’ 7 mg/kg x 2 IV 30’

IVL : intra- veineuse lente


* Dose journalière maximale chez l’enfant : céfotaxime = 24 g, ceftriaxone = 4 g.

2023 SOMIPEV
** La perfusion journalière continue et la dose de charge doivent être mise en route de façon concomitante.

97
Traitement antibiotiques des méningites bactériennes
98 2023 SOMIPEV
Abcès et empyèmes
cérébraux communautaires
de l’enfant

Généralités & épidémiologie

Il y a très peu de travaux spécifiques à la pédiatrie concernant les abcès et empyèmes


cérébraux. De plus, il existe souvent un amalgame entre les abcès post-opératoires
compliquant les interventions neuro-chirurgicales et les abcès et empyèmes
communautaires, compliquant le plus souvent une infection loco-régionale. Or,
l’épidémiologie, les facteurs favorisants et bien entendu les aspects bactériologiques
sont extrêmement différents d’une situation à l’autre. Très schématiquement, les
abcès post opératoires surviennent fréquemment en présence de matériel, sur
des terrains débilités et/ou associés à une immunosuppression et sont dûs à des
bactéries de la flore cutanée et à des bactéries nosocomiales, souvent résistantes
aux antibiotiques. A l’inverse, les abcès et empyèmes primitifs surviennent plutôt
chez des enfants antérieurement sains et les bactéries responsables sont issues
de la flore communautaire. Nous ne traiterons ici que des abcès et empyèmes
communautaires, survenant en dehors de tout contexte neuro-chirurgical.

Il existe également des différences liées aux contexte et à l’âge de survenue. Une
partie des empyèmes sous ou extra-duraux communautaires surviennent dans
un contexte de méningite purulente dont ils constituent une complication. Les
bactéries responsables sont donc la flore retrouvée dans les méningites de l’enfant
(cf chapitre méningites). Il est vraisemblable que la fréquence de ces complications
soit variable en fonction de la bactérie même s’il y a peu d’études récentes sur
ce sujet. Ainsi, le méningocoque est classiquement peu pourvoyeur d’empyème
alors que le pneumocoque et surtout l’Haemophilus influenzae sont plus souvent
associés à cette complication [1]. Il est possible que la réapparition actuellement
observée des méningites à Haemophilus s’accompagne d’une réaugmentation

2023 SOMIPEV 99
Guide de l’antibiothérapie

de l’incidence des empyèmes compliquant les méningites de l’enfant. Chez


le nouveau-né, les méningites dues à des entérobactéries, notamment Proteus
mirabilis, se compliqueraient plus fréquemment de collections intra-crâniennes qui
sont dans ce contexte plus souvent des abcès [2].

Par ailleurs, les abcès et les empyèmes cérébraux peuvent compliquer une
infection loco-régionale avec une bactériologie différente, là aussi en fonction de
l’âge. Chez le jeune enfant, le point de départ est souvent une otite trainante
ou compliquée. Les germes responsables seront donc les bactéries des otites
compliquées. On retrouvera donc le pneumocoque, l’Haemophilus influenzae, le
streptocoque A et plus rarement le staphylocoque doré. L’impact de la vaccination
contre le pneumocoque sur l’épidémiologie des empyèmes de l’enfant est très
probable mais, compte tenu de leur rareté, est beaucoup moins bien documenté
que pour les méningites et même les otites. Lorsque la porte d’entrée est une
infection plus traînante, évoluant vers la chronicité, la part des bactéries anaérobies
(particulièrement Fusobacterium necroforum) augmente ainsi que la fréquence des
infections pluri-microbiennes.

Chez l’enfant plus grand et l’adolescent, les abcès et empyèmes cérébraux


compliquent le plus souvent des infections naso-sinusiennes [3] avec une
prédominance des streptocoques et plus rarement des staphylocoques dorés et des
bactéries à gram-négatif. Parmi les streptocoques, il s’agit souvent de streptocoque
du groupe milleri c’est-à-dire essentiellement les espèces Streptococcus
constellatus, S. intermedius et S. anginosus. Ces trois espèces bactériennes ont
pour caractéristique commune d’être très fréquemment associées à d’autre
bactéries anaérobies de la flore bucco-dentaire et de générer des abcès dont la
paroi très épaisse gène considérablement la diffusion des antibiotiques. En outre,
ces bactéries anaérobies sont fréquemment productrices de béta-lactamases
qui peuvent in situ inhiber l’action par exemple de l’amoxicilline à laquelle le
streptocoque est habituellement très sensible.

Enfin, les abcès cérébraux de l’enfant peuvent compliquer une endocardite du cœur
gauche (ou survenant dans un contexte de shunt droit-gauche) ou compliquer
certaines thromboses veineuses compliquant des infections cervicales responsable
d’emboles septiques d’abord pulmonaires puis systémiques réalisant un syndrome
de Lemierre. Le Fusobacterium necroforum est alors pratiquement toujours la
bactérie en cause.

100 2023 SOMIPEV


Abcès et empyèmes cérébraux communautaires de l’enfant

Documentation bactériologique
Elle est bien entendu extrêmement utile et, très souvent, un abord chirurgical direct
de l’abcès sera nécessaire. Un prélèvement de l’infection initiale peut également
être utile mais il faudra privilégier les prélèvements protégés, profonds (ponction
de sinus, de mastoïde, paracentèse avec aspiration rétrotympanique) car les
prélèvements superficiels sont d’interprétation extrêmement difficile, les bactéries
des abcès communautaires de l’enfant étant le plus souvent des bactéries de
portage. Néanmoins, il est important de garder en mémoire le caractère souvent
pluri-microbien de ces abcès, certaines bactéries pouvant « masquer » les autres
lors de la culture. Ainsi, la pousse des germes anaérobies étant souvent fastidieuse
et très facilement masquée par une autre bactérie, il conviendra d’être prudent
lors de l’interprétation des résultats microbiologiques et de toujours considérer la
possibilité d’une bactérie anaérobie sous-jacente.

Principe de l’antibiothérapie

L’antibiothérapie des abcès et empyèmes cérébraux doit impérativement avoir


une bonne diffusion cérébrale et ce d’autant plus que l’épaisseur de la paroi
ainsi que la présence de pus gênent considérablement l’action des antibiotiques.
La voie intraveineuse et l’utilisation de posologie les plus élevées possibles sont
donc indispensables. Compte-tenu de la diffusion médiocre des inhibiteurs de
béta-lactamases (acide clavulanique, tazobactam et autres), les associations
béta-lactamines + inhibiteurs sont à proscrire dans ce contexte. L’antibiothérapie
probabiliste doit cibler les bactéries de l’infection initiale et doit bien entendu
être adaptée en fonction d’une éventuelle documentation. Du fait des difficultés
d’interprétations des prélèvements évoqués plus haut, il conviendra de garder une
molécule active contre les anaérobies, au moins à la phase initiale du traitement.
Compte-tenu de la complexité des situations, un avis spécialisé en infectiologie
pédiatrique est fortement recommandé pour guider la prise en charge.

Traitement antibiotique des empyèmes compliquant une méningite.

Dans ce cas, la survenue d’un empyème ne modifie pas le traitement initial qui
sera le même, en termes de molécule et de posologie, que celui recommandé pour
une méningite non compliquée (cf. tableau « méningites »). La couverture des

2023 SOMIPEV 101


Guide de l’antibiothérapie

bactéries anaérobies n’est pas indiquée car elles sont très exceptionnellement en
cause dans ce contexte. Seule la durée du traitement sera modifiée avec une durée
plus longue sans qu’il soit possible de définir une durée optimale, faute d’études.
Il parait raisonnable, si l’évolution clinique est favorable, de traiter pendant 3 à 4
semaines par voie intraveineuse et ce même si des collections persistent lors des
contrôles d’imagerie. Les récidives après l’arrêt d’un traitement bien conduit sont
en effet exceptionnelles [2]. Compte tenu des difficultés de diffusion, l’utilisation
de la voie orale même en relais +/- prolongé ne parait pas logique et doit être
déconseillée.

Traitement des abcès compliquant une infection ORL

Le traitement probabiliste doit être à spectre suffisamment large pour traiter rapidement
tous les germes potentiellement en cause. Une association d’une céphalosporine de
3ème génération à forte dose (dose « méningée ») et d’une molécule anti anaérobie telle
que le métronidazole parait la plus appropriée. L’utilisation de bétalactamines à spectre
plus large ne parait pas utile sauf peut-être dans les otites chroniques compliquées dans
lesquelles le Pseudomonas aeruginosa peut être impliqué. La C3G sera alors remplacée
par la Ceftazidime jusqu’à réception des résultats bactériologiques. En revanche, la
couverture des staphylocoques doré résistant à la méticilline (SARM) est inutile compte
tenu de leur fréquence très faible dans ces infections communautaires. De même,
l’utilisation des aminosides est inutile dans ce contexte et doit donc être proscrite.

Place de la chirurgie

En dehors des gestes à visée diagnostique, le drainage des abcès est souvent utile
mais est souvent techniquement difficile. L’aspiration du contenu est souvent
plus « facile » que l’excision de la coque de l’abcès et semblerait suffisante pour
certaines équipes [2]. Quoi qu’il en soit, l’avis d’une équipe neurochirurgicale
expérimentée est bien entendu fortement encouragé. Il est important d’envisager
également le traitement chirurgical de la porte d’entrée qui est souvent plus
accessible. En revanche, les empyèmes compliquant une méningite ne semblent
pas bénéficier d’un traitement chirurgical et, en dehors des indications en lien avec
une hypertension intracrânienne non contrôlée, le traitement médical est souvent
suffisant dans ce contexte.

102 2023 SOMIPEV


Abcès et empyèmes cérébraux communautaires de l’enfant

Durée du traitement

Faute d’études spécifiques, il est mal codifié mais une durée de 4 à 6 semaines parait
suffisante si l’évolution clinique est satisfaisante. Le traitement anti anaérobie parait
pouvoir être plus court et peut être interrompu après 10 à 15 jours. La persistance
de collection liquidienne en imagerie n’indique pas forcément une prolongation
du traitement sauf peut-être en cas d’augmentation significative de leur taille. Une
concertation pluri disciplinaire, impliquant entre autres un infectiologue pédiatre,
est là encore fortement recommandée.

Références:
1. Muzumdar & al. Subdural empyema in children Child’s Nervous System (2018) 34:1881–1887.
2. Gilard V, et al. Brain abscess in children, a two centre audit: outcome and controversies Arch Dis Child
2019;105:288–291.
3. Germiller JA & al. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2006.

2023 SOMIPEV 103


104 2023 SOMIPEV
Antibiothérapie des
infections ostéo-articulaires

Résumé
Les infections ostéo-articulaires (IOA) de l’enfant (arthrite septique,
ostéomyélite, spondylodiscite) sont, le plus souvent, des infections aiguës
d’origine hématogène. Leur pronostic est lié à la rapidité du diagnostic
et de la prise en charge afin d’éviter les complications. Le traitement
est débuté lors d’une hospitalisation initiale. Il comporte le drainage
chirurgical des collections (arthrites septiques, abcès compliquant certaines
ostéomyélites) et, après la réalisation systématique de 2 hémocultures,
le début d’une antibiothérapie intraveineuse probabiliste ciblant, chez
l’enfant âgé de plus de 3 mois, Staphylococcus aureus à tout âge, et Kingella
kingae, entre 6 mois et 4 ans (très peu de données marocaines actuelles).
Au Maroc, la majorité des S. aureus communautaires est sensible à la
méticilline (prévalence de la résistance au Maroc <%5). L’antibiothérapie
de première intention recommandée par la Somipev est la céfazoline à la
posologie de 150 mg/kg/jour en 4 injections. Chez les enfants présentant
une IOA non compliquée, le relais oral de l’antibiothérapie est effectué
après 3 jours d’antibiothérapie intraveineuse si l’évolution est favorable
(disparition de la fièvre et des douleurs) et la majorité du traitement
s’effectue en ambulatoire. Si la bactérie n’est pas isolée, le relais oral est
effectué avec l’association amoxicilline-acide clavulanique à la posologie
de 80 mg/kg/jour ou la céfalexine à la posologie de 150 mg/kg/jour. Si la
bactérie responsable de l’IOA est identifiée, l’antibiothérapie sera adaptée
à son antibiogramme. La durée totale minimale de l’antibiothérapie est de
14 jours pour les arthrites, de 3 semaines pour les ostéomyélites et de 6-4
semaines pour les IOA du bassin, les spondylodiscites et certaines IOA plus
graves, d’évolution lente sous traitement ou sur terrain médical sous-jacent
(nouveau-né et < 3 mois, immunodéprimé).

2023 SOMIPEV 105


Guide de l’antibiothérapie

La plupart des infections ostéoarticulaires (IOA) de l’enfant surviennent par voie


hématogène avec 2 germes majoritaires : Staphylococcus aureus, à tout âge, et
Kingella kingae, entre l’âge de 6 mois et 4 ans (très peu de données marocaines
actuelles). Elles peuvent également être dues au streptocoque de groupe A, plus
rarement au pneumocoque ou au méningocoque. Le streptocoque de groupe B et
Escherichia coli sont responsables d’IOA survenant chez le nourrisson âgé de moins
de 3 mois et Salmonella sp. d’IOA chez les patients drépanocytaires. L’infection
peut toucher la métaphyse des os longs, à proximité du cartilage de croissance
(ostéomyélite), la cavité articulaire (arthrite septique), le corps vertébral ou l’arc
postérieur de la vertèbre (spondylodiscite). L’ostéo-arthrite associe ostéomyélite et
arthrite. Elle survient plus fréquemment chez les nourrissons d’âge inférieur à 18
mois car l’infection diffuse, par un réseau vasculaire commun, de la métaphyse à
l’épiphyse, puis dans l’articulation. Chez l’enfant plus âgé, les réseaux vasculaires
épiphysaire et métaphysaire sont séparés, cependant une infection de la partie
intra-articulaire de la métaphyse peut se fistuliser dans l’articulation et générer une
ostéo-arthrite.

Les risques sont, à la phase initiale d’une IOA, le sepsis sévère (à S. aureus ou à
streptocoque A) et/ou les complications suppuratives (arthrite, abcès sous-périosté
ou des parties molles) et, à distance, les séquelles fonctionnelles (nécrose de la tête
fémorale, lésion du cartilage articulaire, trouble de croissance d’un os long par
stérilisation du cartilage de croissance).

L’impotence fonctionnelle, complète à type de pseudo-paralysie ou incomplète,


constitue le principal signe clinique d’appel, la fièvre est le plus souvent présente
mais peut manquer. Les tableaux cliniques de ces infections sont variés, allant
de l’IOA aiguë associant une fièvre, une impotence fonctionnelle complète, des
douleurs importantes et des signes locaux inflammatoires et parfois un sepsis à
certaines ostéomyélites subaiguës, pauci-symptomatiques, peu ou non fébriles.

Le traitement des IOA associe une antibiothérapie, toujours débutée par voie
intraveineuse en hospitalisation après la réalisation systématique de 2 hémocultures,
même en l’absence de fièvre. Les IOA d’emblée sévères, compliquées de sepsis ou
de collections (épanchement articulaire, abcès sous périosté...) nécessitent un avis en
urgence auprès d’un orthopédiste pédiatrique. Les gestes chirurgicaux de ponction
et/ou de drainage sont effectués chez l’enfant sous anesthésie générale [1-9].

Les modalités de prise en charge des IOA de l’enfant diffèrent en fonction de


leur gravité. Pour certaines IOA d’emblée sévères (très fébriles, avec choc septique

106 2023 SOMIPEV


Antibiothérapie des infections ostéo-articulaires

ou toxinique), le traitement antibiotique doit être débuté en urgence avant les


procédures chirurgicales, parfois retardées par la nécessité de stabiliser l’enfant
et d’effectuer les imageries complémentaires (échographies, IRM) utiles au
chirurgien. Pour d’autres IOA moins graves, l’antibiothérapie sera débutée après
la réalisation des prélèvements profonds lors de la prise en charge chirurgicale.
Certains enfants, en particulier ceux entre 1 et 4 ans, présentent des tableaux
évocateurs d’ostéomyélite subaiguë avec une impotence fonctionnelle incomplète,
peu ou pas de fièvre, un examen physique normal, des radiographies normales et
une CRP normale ou peu élevée. Dans ces cas, l’antibiothérapie peut être différée
jusqu’à 48-72 heures, permettant de confirmer l’ostéomyélite par une imagerie
(scintigraphie osseuse ou IRM) avant de débuter l’antibiothérapie [2,9].

Ces dernières années, des études ont montré la possibilité de raccourcir le


traitement antibiotique des IOA communautaires de l’enfant [10]. Il est important
de préciser que ces traitements courts sont conditionnés par la bonne évolution
clinico-biologique des patients. Un traitement antibiotique plus long peut être
nécessaire en cas d’évolution complexe ou défavorable. En 2008, le Groupe de
Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) a fait des propositions thérapeutiques
simplifiant et raccourcissant l’antibiothérapie de ces infections [10,11,13,14,15].
Une monothérapie est privilégiée, ciblant les germes les plus fréquemment
retrouvés : S. aureus (sensible à la méticilline dans > 90%) et K. kingae (sensible à
l’amoxicilline et aux céphalosporines) et le traitement (IV et PO) est raccourci. Les
IOA d’emblée très sévères (choc septique initial, IOA plurifocales, association à une
fasciite, à une myosite, à une thrombose veineuse septique ou à une pneumonie)
doivent faire évoquer la responsabilité d’un S. aureus producteur de la leucocidine
de Panton Valentine (LPV) et nécessitent l’adjonction à l’antibiothérapie initiale
d’un antibiotique antitoxinique comme la clindamycine [16,17].

Sous traitement adapté, la majorité de ces infections a une évolution rapidement


favorable permettant un relais oral de l’antibiothérapie et la poursuite du traitement
en ambulatoire. En cas d’évolution défavorable après 48-72 heures de traitement
(persistance de la fièvre et des douleurs), il faut vérifier que l’antibiothérapie
administrée est optimale (molécules, posologies, nombre d’administration par 24
heures), poursuivre le traitement antibiotique par voie veineuse et rechercher une
complication (abcès, arthrite, thrombophlébite septique) par l’imagerie (IRM, TDM,
échographie), guidée par la clinique [2,9].

En cas de spondylodiscite, en l’absence d’études cliniques permettant de réduire


la durée du traitement, une antibiothérapie prolongée doit être maintenue pour

2023 SOMIPEV 107


une durée totale de 4 à 6 semaines. Des radiographies standards du rachis et
une imagerie (IRM rachidienne) sont réalisées de façon systématique et un avis
orthopédique est pris pour évaluer la nécessité d’une immobilisation (corset à visée
antalgique) ou d’une prise en charge chirurgicale (rarement) [2].

Le tableau suivant présente les différentes situations cliniques, les agents


pathogènes les plus souvent impliqués (cibles du traitement antibiotique), les choix
thérapeutiques préférentiels ainsi que les alternatives en cas d’allergie.

Références :
1. Grimprel E, Cohen R. Epidémiologie and physiopathologie des infections ostéoarticulaires de l’enfant
(nouveau né exclu). Arch Pediatr. 2007;14 Suppl 2:S81-5.
2. Bone and joint infections. Saavedra-Lazano J, O Falup-Pecurariu, Faust S, H Girchick, N Hartwig,
S. Kaplan, M. Lorrot, E Mantadakis, H, Peltola, P Rojo, T Zaoutis, A Lemair. ESPID Clinical Practice
Guideline. Pediatr Infect Dis J. 2017; 36(8):788-799.
3. Laurent E, Petit L, Maakaroun-Vermesse Z, Bernard L, Odent T, Grammatico-Guillon L. National
epidemiological study reveals longer paediatric bone and joint infection stays for infants and in general
hospitals. Acta Paediatr. 2017 6: 10.1111/apa.13909.
4. Ilharreborde B, Bidet P, Lorrot M, et al. .New real-time PCR-based method for Kingella kingae DNA
detection: application to samples collected from 89 children with acute arthritis. J Clin Microbiol. 2009;
47(6):1837-414)
5. Dubnov-Raz G, Ephros M, Garty BZ, Schlesinger Y, Maayan-Metzger A, Hasson J, Kassis I, Schwartz-
Harari O, Yagupsky P. Invasive pediatric Kingella kingae Infections: a nationwide collaborative study.
Pediatr Infect Dis J. 2010;29(7):639-43
6. Basmaci R, Bidet P, Mallet C, Vialle R, Bonacorsi S. Distribution of Kingella kingae Capsular Serotypes
in France Assessed by a Multiplex PCR Assay on Osteoarticular Samples.J Clin Microbiol. 2018
27;56(12):e01491-18.
7. Aupiais C, Ilharreborde B, Doit C, Blachier A, Desmarest M, Job-Deslandre C, Mazda K, Faye A, Bonacorsi
S, Alberti C, Lorrot M. Aetiology of arthritis in hospitalised children: an observational study. Arch Dis
Child. 2015; 100(8):742-7.
8. Ferroni A, Al Khoury H, Dana C, Quesne G, Berche P, Glorion C, Péjin Z. Prospective survey of acute
osteoarticular infections in a French paediatric orthopedic surgery unit. Clin Microbiol Infect.
2013;19(9):822-8.
9. Woods CR, Bradley JS, Chatterjee A, Copley LA, Robinson J, Kronman MP, Arrieta A, Fowler SL, Harrison
C, Carrillo-Marquez MA, Arnold SR, Eppes SC, Stadler LP, Allen CH, Mazur LJ, Creech CB, Shah SS,
Zaoutis T, Feldman DS, Lavergne V. Clinical Practice Guideline by the Pediatric Infectious Diseases
Society and the Infectious Diseases Society of America: 2021 Guideline on Diagnosis and Management

108 2023 SOMIPEV


of Acute Hematogenous Osteomyelitis in Pediatrics..J Pediatric Infect Dis Soc. 2021 23;10(8):801-844.
10. Peltola H, Pääkkönen M.Acute osteomyelitis in children. N Engl J Med. 2014 23;370(4):352-60
11. Grimprel E, M Lorrot, H Haas, et al. Infections ostéo-articulaires : propositions thérapeutiques du
Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) de la Société Française de Pédiatrie. Arch Pediatr.
2008; 15 Suppl 2:S74-80.
12. Lorrot M, Gillet Y, Gras Le Guen C, Launay E, Cohen R, Grimprel E. Antibiotic therapy of bone and joint
infections in children: proposals of the French Pediatric Infectious Disease Group. Arch Pediatr. 2017;
24 (12S):S36-S41.
13. Lemoine A, Baudin F, Vialle R, Grimprel E. Traitement et évolution des infections ostéo-articulaires
aiguës communautaires chez les enfants bien portants : Une étude rétrospective monocentrique de 64
patients. Arch Pediatr. 2016;23(11):1124-1134.
14. Filleron A, Laurens ME, Marin G, Marchandin H, Prodhomme O, Alkar F, Godreuil S, Nagot N, Cottalorda
J, L’Kaissi M, Rodiere M, Vigue MG, Didelot MN, Michon AL, Delpont M, Louahem D, Jeziorski E. Short-
course antibiotic treatment of bone and joint infections in children: a retrospective study at Montpellier
University Hospital from 2009 to 2013. J Antimicrob Chemother. 2019 1;74(12):3579-3587.
15. Bréhin C, Claudet I, Dubois D, Sales de Gauzy J, Vial J, Chaix Y, Grouteau E. Assessing the management
of pediatric bone and joint infections according to French guidelines. Med Mal Infect. 2020;50(6):515-
519
16. Dohin B, Gillet Y, Kohler R, et al. Pediatric bone and joint infections caused by Panton-Valentine
leukocidin-positive Staphylococcus aureus. Pediatr Infect Dis J. 2007; 26(11):1042-8.
17. Bocchini CE, Hulten KG, Mason EO Jr, et al. Panton-Valentine leukocidin genes are associated with
enhanced inflammatory response and local disease in acute hematogenous Staphylococcus aureus
osteomyelitis in children. Pediatrics. 2006; 117(2):433-40.
18. Recommandations Marocaines sur la prise en charge des infections ostéo-articulaires chez l’enfant.
Somipev 2018.

2023 SOMIPEV 109


Tableau 1 : Antibiothérapie probabiliste des infections ostéo-articulaires communautaires de l’enfant.

110
Bactéries Antibiotiques
Situation clinique Alternatives Commentaires
ciblées : préférentiels
Ostéomyélite, Staphylococcus Céfazoline En cas d’allergie aux béta- Chez l’enfant > 4 ans,
Guide de l’antibiothérapie

Spondylodiscite, aureus sensible 150 mg/kg/j en 4 IV lactamines : oxacilline et cloxacilline

2023 SOMIPEV
Arthrite à la méticilline 200 mg/kg/j en 4 IV
(SASM) Durée antibiothérapie IV : Chez enfant peuvent être utilisées
Enfant > 3 mois Kingella kingae 3 jours avec relais oral de 6 mois- 4 ans (efficacité seulement sur
(KK) majoritaire l’antibiothérapie à J4 si (KK, SASM) : SASM)
entre 6 mois et évolution favorable Sulfaméthoxazole
Avant de débuter les 4 ans triméthoprime Si SASM :
ATB (même si l’enfant Antibiothérapie à adapter SMZ+TM 60 mg/kg/j - R clindamycine dans
n’est pas fébrile): si bactérie identifiée en 3 IV 15% des cas (24% si
-2 hémocultures SARM)
aérobie par ponction Antibiothérapie orale de Chez enfant > 4 ans - R au SMZ + TMP dans
unique à refaire au relais en l’absence de (SASM majoritaire) : 12% des cas (13% si
bloc en cas de geste documentation : Vancomycine SARM)
chirurgical Amoxicilline/Ac. Clav 60 mg/kg/j en 4 perfusions
Volume minimal à 80 mg/kg/j en 3 PO de 1 heure ou IV continue Kingella kingae est
adapter au poids de ou après dose de charge sensible aux béta-
l’enfant (volume minimal Céfalexine de 15 mg/kg en une lactamines et SMZ +
8 mL/ flacon chez 150 mg/kg/j en 3 PO perfusion de 1 heure puis TMP mais naturellement
l’adulte)  dose d’entretien de 60 résistant à la clindamycine
-ponction de pus Durée totale minimale mg/kg/j et à la vancomycine
(abcès, liquide antibiothérapie (IV+PO) :
articulaire) 14 jours pour les arthrites
L’inoculation directe 3 semaines pour les
du pus et du liquide ostéomyélites
articulaire dans un 4-6 semaines pour les
flacon d’hémoculture spondylodiscites
améliore le diagnostic
bactériologique.
Tableau 1 : Antibiothérapie probabiliste des infections ostéo-articulaires communautaires de l’enfant.

Bactéries Antibiotiques
Situation clinique Alternatives Commentaires
ciblées : préférentiels
Patient Salmonella sp. Céfotaxime Avis spécialisé Choix du céfotaxime par
drépanocytaire (Streptococcus 300 mg/kg/j en 4 IV rapport à la ceftriaxone
pneumoniae et car:
Staphylococcus Relais oral et durée : - plus actif sur SASM
aureus possible) avis spécialisé - pas de toxicité biliaire
ni de risque d’anémie
Relais oral : hémolytique.
Si isolement de
Salmonella. sp sensible à Pas de ciprofloxacine
la ciprofloxacine : en traitement initial
Ciprofloxacine probabiliste.
45 mg/kg/j en 2-3 PO

Patient < 3 mois Streptocoque Céfotaxime Avis spécialisé


de groupe B 200 mg/kg/j en 4 IV
Staphylococcus +
aureus sensible Gentamicine
à la méticilline 6 mg/kg/j en 1 IVL (30’)
(SASM) pendant 48 h
E. coli
Durée IV (7 à 14 jours) et
relais PO :
Avis spécialisé

2023 SOMIPEV
111
Antibiothérapie des infections ostéo-articulaires
Tableau 1 : Antibiothérapie probabiliste des infections ostéo-articulaires communautaires de l’enfant.

112
Bactéries Antibiotiques
Situation clinique Alternatives Commentaires
ciblées : préférentiels
Patient avec tableau Staphylococcus Céfazoline Avis spécialisé Adapter l’antibiothérapie
Guide de l’antibiothérapie

septique grave aureus LPV 150 mg/kg/j en 4 IV à la bactérie isolée.

2023 SOMIPEV
évocateur d’IOA à (Leucocidine +
germe toxinogène de Panton et Vancomycine Arrêt de la vancomycine si
(sepsis grave, rash Valentine) 60 mg/kg/j en 4 IVL (60’) pas de SARM.
cutané, infection Streptococcus ou IVC 60 mg/kg/j après
multifocale, thrombose pyogenes dose de charge de
veineuse, myosite) 15 mg/kg en 1 heure

Durée IV et relais PO :


Avis spécialisé
Tableau 2 : Adaptation de l’antibiothérapie des infections ostéo-articulaires communautaires de l’enfant en fonction de la
bactérie identifiée et de son antibiogramme.

Antibiothérapie après
Antibiotiques Alternatives si allergie
identification du Commentaires
préférentiels béta-lactamines
germe

Staphylococcus aureus IV IV: Amoxicilline-acide clavulanique


Meti S Céfazoline Rifampicine ? Suspension buvable 100 mg/12,5mg/ml :
150 mg/kg/ j en 4 IV une dose poids fournie par le dispositif
ou doseur répartie en 3 prises par jour
Cloxacilline Relais oral: correspond à la posologie de 80 mg/kg/
200 mg/kg/j en 4 IV Enfant 6 mois-4 ans: jour d’amoxicilline.
SMZ-TMP (susp buv) Enfant ≥ 40 kg : utiliser comprimé ou
Relais oral : 60 mg/kg/j SMZ en 3 PO sachet plus adaptés (Dose max : 1000
Enfant < 6 ans (suspension buvable) : mg 3 fois par jour).
Amox/Ac. Clav
80 mg/kg/j d’amoxicilline en 3 PO
ou
Céfalexine
150 mg/kg/j en 3 PO

Enfant > 6 ans


(Cp ou gélule possible):
Céfalexine
150 mg/kg/j en 3 PO

Kingella kingae IV: IV:


Amoxicilline Céfotaxime
100 mg/kg/j en 4 IV 200 mg/kg/j en 4 IV
ou
Relais oral : Ceftriaxone

2023 SOMIPEV
Amoxiciline 75 mg/kg/j en 1 IVL
80 mg/kg/j en 3 PO Relais oral :
Ciprofloxacine
ou SMZ-TMP

113
Antibiothérapie des infections ostéo-articulaires
114 2023 SOMIPEV
Antibioprophylaxies
chirurgicales et médicales
courtes

Résumé
Les infections du site opératoire sont une cause importante de mortalité et
de morbidité post-opératoire en plus d’un surcoût financier non négligeable.
Parmi les mesures de prévention, l’antibioprophylaxie, lorsqu’elle est
indiquée, diminue significativement ce risque. Des recommandations
sont régulièrement mises à jour et publiées pour l’adulte. Bien que
les données pédiatriques soient rares, ces recommandations peuvent
être majoritairement extrapolées à l’enfant à l’exception de la période
néonatale. Pour les interventions justifiant une antibioprophylaxie, la
molécule de choix est une céphalosporine de première génération, non
utilisée en curatif, comme la céfazoline avec un ajustement de posologie.
Une injection per-opératoire est généralement suffisante et la durée de
l’antibioprophylaxie ne doit pas dépasser 24 h sauf situation exceptionnelle.
Par rapport aux précédentes recommandations, la posologie et la vitesse
d’administration de la Vancomycine, lorsqu’elle est indiquée, ont été
adaptées pour respecter au mieux les paramètres pharmacocinétique et
pharmacodynamique.

L’antibioprophylaxie médicale courte peut être indiquée dans certaines


situations très bien définies comme la post exposition à des infections
invasives (méningococcémie, coqueluche, infection invasive à streptocoque
du groupe A) ou la prévention de l’endocardite lors de certains gestes
invasifs chez des patients porteurs de cardiopathies à risque.

2023 SOMIPEV 115


Guide de l’antibiothérapie

Les infections du site opératoire sont une cause importante de mortalité et de


morbidité post-opératoire et engendrent un surcoût financier non négligeable.
Parmi les mesures de prévention, l’antibioprophylaxie, lorsqu’elle est indiquée,
diminue significativement ce risque. Des recommandations sont régulièrement
mises à jour et publiées pour l’adulte [1]. Bien que les données pédiatriques soient
rares, ces recommandations peuvent être majoritairement extrapolées à l’enfant, à
l’exception de la période néonatale [2].

L’antibioprophylaxie (ABP) chirurgicale (ABPC) permet de diminuer le risque


d’infection du site opératoire dans certaines indications de chirurgies propres ou
propres-contaminées (classes 1 et 2 d’Altemeier). Lorsqu’une infection est déjà
en place (classes 3 et 4), il faut se référer aux pratiques d’antibiothérapie, et une
antibioprophylaxie n’est pas nécessaire.
• L’ABPC doit toujours précéder l’acte opératoire, dans l’idéal 30 mn avant l’incision.
Cependant, les contraintes de voies d’abord chez l’enfant ou l’utilisation de la
vancomycine dont le temps de perfusion ne doit pas être inférieur à 60mn,
peuvent augmenter ce délai qui ne doit cependant pas dépasser 1h30 à 2h, si
possible lors de l’induction de l’anesthésie.
• L’ABPC doit être brève, le plus souvent limitée à la période opératoire, parfois
à 24h, exceptionnellement à 48h, et consiste généralement en une dose
unique d’un antibiotique. La séquence d’injection doit être séparée de 5 à
10mn de l’induction anesthésique, pour faire la part de chaque produit en cas
de réaction allergique. L’injection est faite chez un patient éveillé, par voie IV
lente (dilution dans un volume de 50 à 100 ml de sérum physiologique). La
présence d’un drainage du foyer opératoire n’autorise pas à transgresser ces
recommandations. Le caractère ambulatoire de la chirurgie ne fait pas modifier
les protocoles habituellement utilisés.
• La dose unitaire n’est jamais inférieure à la dose thérapeutique standard.
La première dose (ou dose de charge, souvent la seule pour la majorité des
interventions) est habituellement le double de la posologie usuelle concernant
tous les sujets dont le poids est inférieur à 100 Kg et permet d’obtenir des
concentrations tissulaires suffisantes au niveau du site opératoire pour la durée
de l’intervention. Pour les sujets de plus de 100 Kg ou de BMI > 35 Kg/m2,
même en dehors de la chirurgie bariatrique, les posologies de ß-lactamines
doivent être le double de celles indiquées chez le patient non obèse.
• Des réinjections peuvent être nécessaires durant l’anesthésie, schématiquement
lorsque la durée de l’intervention dépasse deux fois la demi-vie de l’antibiotique
utilisé. Elles peuvent être nécessaires si la durée de l’acte chirurgical est prolongée,
en cas de saignement important, ou de situation où la demi-vie de l’antibiotique

116 2023 SOMIPEV


Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes

est raccourcie (exemple : brulures étendues). A l’inverse, dans les situations où


la demi-vie se trouve allongée (insuffisance rénale, nouveau-né...), l’espacement
des injections supplémentaires peut être augmenté. L’antibioprophylaxie ne doit
pas être prolongée en cas de drainage, de plaie ouverte ou de cathétérisme.
• Les patients déjà sous antibiotiques au moment de l’acte chirurgical ne justifient
pas d’antibioprophylaxie complémentaire si le spectre de ceux-ci est adapté aux
bactéries cibles et que le rythme d’administration couvre l’acte chirurgical.
• Le choix de l’antibiotique pour l’ABPC est guidé par le type de chirurgie, la
cible bactérienne (correspondant aux bactéries habituellement responsables
d’infection du site opératoire concerné) et les propriétés pharmacocinétiques
et pharmacodynamiques de l’antibiotique. Dans la mesure du possible, les
molécules utilisées fréquemment en thérapeutique ne doivent pas être utilisées
pour l’ABPC.
• En cas d’allergie à la pénicilline, l’allergie croisée avec les céphalosporines est
rare et exceptionnelle avec la céfalotine et le céfuroxime qui ne sont plus contre-
indiqués.
• Le rapport bénéfice/risque de l’utilisation de la céphalosporine ou de l’ABP
alternative doit être pesé. La majorité des patients, supposément allergiques aux
pénicillines, ont dans leurs antécédents parfaitement toléré les céphalosporines.
• Quand S. aureus est la principale espèce bactérienne visée et que le patient est
porteur d’une souche méti-R, la vancomycine doit être prescrite à la place de la
céfazoline ou de la clindamycine.
• En post-opératoire, les antibiotiques ne sont généralement pas nécessaires
excepté dans le cadre de la chirurgie cardiaque, des transplantations, de la
chirurgie cochléaire ou lorsqu’une infection est retrouvée en per opératoire.

Ces propositions d’ABPC sont conformes aux recommandations de la SFAR [1] et


ont été adaptées à la pédiatrie par le GPIP en collaboration avec des chirurgiens,
anesthésistes et réanimateurs, infectiologues, microbiologistes et pharmaciens.
La discussion des protocoles d’ABP au sein de chaque établissement avec tous
les acteurs concernés augmente leur acceptabilité. Les protocoles doivent être
validés par le CLIN et le comité du médicament ou des anti-infectieux de chaque
établissement.

Nous distinguerons deux types d’antibioprophylaxie : l’antibioprophylaxie


chirurgicale (Tableau 1) et l’antibioprophylaxie médicale de courte durée en situation
de prophylaxie post exposition (méningocoques, Haemophilus Influenzae type b,
streptocoque A invasif et coqueluche), et prévention de l’endocardite (Tableau 2).
L’antibioprophylaxie du per-partum en prévention des infections néonatales précoces

2023 SOMIPEV 117


Guide de l’antibiothérapie

à streptocoque B ne sera pas traitée ici, de même que les situations de prévention
des infections chez le sujet immunodéficient, asplénique ou drépanocytaire, ou de
la prévention des infections urinaires qui justifient des traitements de longue durée.
La prévention en cas de morsure humaine ou animale est traitée dans la partie
infections cutanées de ce guide.

La modification principale, par rapport aux précédentes recommandations de 2019


[2], concerne la posologie recommandée de la vancomycine à 30 mg/kg au lieu
de 15 mg/kg antérieurement afin d’assurer des concentrations sériques suffisantes
pour une efficacité améliorée. Cette augmentation de dose s’accompagne d’un
allongement de la perfusion qui doit dorénavant être d’un minimum de 120mn,
ceci afin de limiter les cas de «Red-Man» et «Red-Neck» syndrome. Dans le cadre
de la chirurgie bariatrique (IMC > 35 kg/m2), la dose de vancomycine de 30 mg/kg
est calculée sur le poids réel en ne dépassant pas 2 g et une vitesse d’administration
de 1000 mg/h.

Enfin, en cas de portage BMR connu, une antibioprophylaxie adaptée à la


sensibilité du germe est à discuter avec l’équipe d’infectiologie, une adaptation
étant rarement nécessaire pour les bactéries à Gram négatif.

Références
1. Martin C, Auboyer C, Boisson M, Dupont H, Gauzit R, Kitzis M, Leone M, Lepape A, Mimoz O,
Montravers P, Pourriat JL; Steering committee of the French Society of Anaesthesia and Intensive Care
Medicine (SFAR) responsible for the establishment of the guidelines. Antibioprophylaxis in surgery
and interventional medicine (adult patients). Update 2017. Anaesth Crit Care Pain Med. 2019
Oct;38(5):549-562.
2. Haas H , Launay E, Minodier P, Cohen R, Gras-Le Guen C. Surgical and medical antibiotic prophylaxis
Arch Pediatr. 2017 Dec;24(12S): S46-S51.
3. Direction générale de la santé Instruction no.DGS/RI1/DUS/2014/301 du 24 octobre 2014 relative
à la prophylaxie des infections invasives à méningocoque n.d.http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/cir
38936.pdf.

118 2023 SOMIPEV


Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires


préférentiels

Chirurgie digestive
Bactéries ciblées : E. coli et autres entérobactéries, Staphylococcus aureus méticilline sensible, bactéries anaérobies
(chirurgie sous-mésocolique).

Invagination intestinale non chirurgicale AUCUNE


Cure de hernie
Sténose du pylore
Cholécystectomie coelioscopique
Endoscopie des voies biliaires
Kyste pilonidal

Chirurgie gastroduodénale (cure RGO, Céfazoline


gastrostomie endoscopique) 40 mg/kg (max 2 g)
Chirurgie pancréatique Si durée > 4h, rajouter
Chirurgie hépatique 25 mg/kg (max 1g)
Chirurgie œsophagienne (sans plastie
colique) y compris dilatation
Chirurgie des voies biliaires
Pose de cathéter de dialyse péritonéale

Appendicite aiguë (stade 1) Céfazoline Métronidazole


Chirurgie colorectale avec ou sans 40 mg/kg (max 2 g) 15 mg/kg
préparation mécanique (y compris Si durée > 4h, rajouter +
coloplastie) 25 mg/kg (max 1g) Gentamicine
Chirurgie de l’intestin grêle (y compris + 5 mg/kg en 30 min
anastomose biliodigestive) Métronidazole Doses uniques
Plaies de l’abdomen 15 mg/kg (max 1g)
Ouverture accidentelle du tube digestif dose unique

2023 SOMIPEV
Œsophagocoloplastie
Invagination intestinale chirurgicale

119
Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

120
Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires
préférentiels

Splénectomie AUCUNE si programmée


Guide de l’antibiothérapie

Si urgence : ABP selon

2023 SOMIPEV
chirurgie associée

Chirurgie proctologique (sauf prolapsus) Métronidazole


15 mg/kg (max 1 g)
dose unique

Prolapsus Amoxicilline/acide Métronidazole


clavulanique 15 mg/kg
40 mg/kg (max 2 g) +
Si durée > 2h, rajouter Gentamicine
20 mg/kg (max 1g) 5 mg/kg en 30 min
Doses uniques

Chirurgie urologique
Bactéries ciblées : entérobactéries (Escherichia coli, Klebsiella, Proteus mirabilis...), Enterococcus, staphylocoques (S.
epidermidis surtout)

Circoncision AUCUNE
Ectopies testiculaires
Néphrectomie totale (hors contexte
infectieux)
Lithotripsie extracorporelle
Chirurgie scrotale
Urétroplastie simple (durée < 1 h)
Cystoscopie, urétroscopie diagnostique
Torsion testiculaire
Surrénalectomie
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires


préférentiels

Chirurgie propre avec effraction Céfazoline Gentamicine


de l’appareil urinaire 40 mg/kg (max 2 g) 5 mg/kg
Jonction pyélo- ou vésico-urétérale Si durée > 4h, 25 mg/kg Dose unique
Néphrectomie partielle (max 1g)
Urétérectomie
Lithiase urinaire par voie endoscopique
Urétéro-cystographie rétrograde
Valves urétrales > 1 mois
Injections anti-reflux
Néphrostomie
Pose sonde double J ou urétérale
Urétéroscopie

Chirurgie propre sans effraction Céfazoline Gentamicine si > 4 h : injection


de l’appareil urinaire 40 mg/kg (max 2 g) 5 mg/kg 25 mg/kg
Prothèse testiculaire Dose unique Dose unique
Urétroplastie (durée > 1 h)
Hypospadias

Chirurgie propre-contaminée Céfazoline Métronidazole


Entérocystoplastie 40 mg/kg (max 2 g) 15 mg/kg
Génitoplastie Si durée > 4h, rajouter +
Appendico-vésicostomie 25 mg/kg (max 1g) Gentamicine
+ 5 mg/kg en 30 mn
Métronidazole Doses uniques
15 mg/kg (max 1g) dose
unique

2023 SOMIPEV
Chirurgie orthopédique et traumatique
Bactéries ciblées : Staphylococcus aureus, staphylocoques coagulase négative, streptocoques, Propionibactérium acnes,
anaérobies (Clostridium perfringens), E. coli, E. cloacae, K. pneumoniae, Bacillus cereus.

121
Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

122
Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires
préférentiels

Aucun matériel inséré AUCUNE


Guide de l’antibiothérapie

Ablation de petit matériel

2023 SOMIPEV
Ponction articulaire diagnostique
Arthrographie, arthroscopie
Synoviorthèse
Kyste synovial
Injection de toxines
Ténotomies même multiples
Exostose, synostose
Tumeur des tissus mous
Chirurgie extra-articulaire des parties
molles sans implant

Mise en place de matériel quel qu’il Céfazoline Vancomycine Vancomycine si allergie


soit (résorbable ou non, ciment, greffe 40 mg/kg (max 2 g) 30 mg/kg en 120 min et si colonisation
osseuse, etc) par quelle que voie que Réinjection 25 mg/kg (max dose unique suspectée ou prouvée par
ce soit (percutanée, à ciel ouvert, 1g) si > 4h staphylocoque métiR.
vidéochirurgie …) Ré-intervention chez
Arthrotomie un malade hospitalisé
Chirurgie du rachis avec mise en place de dans une unité avec une
matériel prothétique écologie à staphylocoque
Ostéotomie métiR.
Fracture ouverte stade 1 de Cauchoix Antibiothérapie
Plaie articulaire antérieure.
Prothèse articulaire
Ligamentoplastie
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires


préférentiels

Fracture ouverte stade II-III de Cauchoix Amoxicilline/acide Durée ATB 48h max
Large plaie des parties molles contuse et clavulanique
souillée 40 mg/kg (max 2 g)
Réinjection 20 mg/kg
(max 1g) si > 2h

Chirurgie ophtalmologique
Bactéries ciblées : staphylocoques, streptocoques, H. influenzae, entérobactéries

Ponctions, injections intravitréennes AUCUNE


Chirurgie à globe fermé
Ponctions de chambre antérieure

Cataracte Céfuroxime Lévofloxacine* *Hors AMM


Intra-camérulaire (Per os)
1 mg dans 0,1 ml en fin – 10 mg/kg/12 h avant
d’intervention – 10 mg/kg/2 à 4 h avant
(max 500 mg/dose)

Chirurgie et Traumatisme à globe ouvert Lévofloxacine* *Hors AMM


(autre que cataracte) 10 mg/kg/ en IV à J1
puis 10 mg/kg/ per os à J2
(max 500 mg/dose)

2023 SOMIPEV
123
Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

124
Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires
préférentiels

Traumatisme des voies lacrymales Amoxicilline/acide Dose unique


Guide de l’antibiothérapie

clavulanique (réinjection 25mg/kg si

2023 SOMIPEV
50 mg/kg (max 2 g) >2h)

Chirurgie ORL
Bactéries ciblées : Streptococcus, bactéries anaérobies, S. aureus, K. pneumonie, E. coli.

Chirurgie de l’oreille moyenne AUCUNE


Adénoïdectomie
Amygdalectomie
Chirurgie de la parotide et des glandes
salivaires sans accès par cavité buccale
Plastie septale
Chirurgie vélopalatine
Chirurgie thyroïdienne
Biopsies/exérèses ganglionnaires
Cervicotomie
Fistules arcs branchiaux ou kyste du
tractus thyréoglosse

Chirurgie rhinologique avec mise en Céfazoline Amoxicilline/acide


place d’un greffon ou reprise chirurgicale 40 mg/kg (max 2 g) clavulanique
Implant cochléaire Dose unique 40 mg/kg (max 2 g)
Dose unique
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires


préférentiels

Chirurgie cervico-faciale avec ouverture Amoxicilline/acide


buccopharyngée clavulanique
Chirurgie nasopharyngienne avec 40 mg/kg (max 2 g), puis
méchage 20 mg/kg (max 1g) /2h en
peropératoire, puis
20 mg/kg (max 1g) /6h
pendant 24h

Extraction dentaire Amoxicilline


50 mg/kg (max 2 g)

Neurochirurgie
Bactéries ciblées : entérobactéries (surtout après craniotomies), staphylocoques (S. aureus et epidermidis, (surtout après
pose de dérivation ou craniotomies), bactéries anaérobies de la flore tellurique (surtout après plaie craniocérébrale).

Dérivation externe du LCR AUCUNE


Pose de PIC
Spina-lipome (si urines stériles)
Fracture base du crâne avec rhinorrhée

2023 SOMIPEV
125
Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

126
Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires
préférentiels

Dérivation interne du LCS Céfazoline Vancomycine Vancomycine si allergie


Guide de l’antibiothérapie

Ventriculo-cisternostomie 40 mg/kg (max 2 g) 30 mg/kg en 120 min et si colonisation

2023 SOMIPEV
Craniotomie Dose unique si durée < 4 h Dose unique et doit se suspectée ou prouvée par
Craniosténose (si > 4 h, réinjecter demi- terminer au plus tard lors staphylocoque métiR.
Neurochirurgie par voie trans-sphénoïdale dose) du début de l’intervention Ré-intervention chez
et trans-labyrinthique et au mieux 30 minutes un malade hospitalisé
Radicotomie avant. dans une unité avec une
Pompe à baclofène écologie à staphylocoque
Stimulateur du nerf vague métiR.
Antibiothérapie
antérieure.

Plaies cranio-cérébrales Amoxicilline/acide Vancomycine Vancomycine si allergie


clavulanique 30 mg/kg en 120 min, et si colonisation
40 mg/kg (max 2 g) toutes puis 30 mg/kg/j pendant suspectée ou prouvée par
les 8 heures pendant 48 48h max staphylocoque métiR.
h max Ré-intervention chez
un malade hospitalisé
dans une unité avec une
écologie à staphylocoque
métiR.
Antibiothérapie
antérieure.

Chirurgie cardiaque et vasculaire


Bactéries ciblées : S. aureus, S. epidermidis, Bacilles à Gram négatif

Drainage péricardique AUCUNE


Dilatation coronaire et pose de stent
ECMO
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires


préférentiels

Chirurgie cardiaque Céfazoline Vancomycine Vancomycine si allergie


Pose d’un stimulateur cardiaque 40 mg/kg (max 2g) + 30 mg/kg en 120 min et si colonisation
Geste endocavitaire 25 mg/kg (max 1 g) en dose unique suspectée ou prouvée par
priming staphylocoque métiR.
Puis 25 mg/kg/4h (max 1 Ré-intervention chez
g/dose) peropératoire un malade hospitalisé
dans une unité avec une
écologie à staphylocoque
métiR.
Antibiothérapie
antérieure.

Chirurgie de l’aorte, des artères des Céfazoline Vancomycine


membres inférieurs, des troncs supra- 40 mg/kg (max 2g) 30 mg/kg en 120 min
aortiques Si durée > 4h, rajouter 25 dose unique
Endoprothèse artérielle mg/kg (max 1g)
Chirurgie carotidienne avec patch

Amputation de membre Amoxicilline/acide


clavulanique
40 mg/kg (max 2 g)
puis 20 mg/kg (max 1g)/
6h pendant 48 h max

2023 SOMIPEV
127
Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes
Tableau 1 : Propositions pour l’antibioprophylaxie chirurgicale en pédiatrie.

128
Actes Chirurgicaux Antibiotiques Alternatives (Allergie) Commentaires
préférentiels

Chirurgie carotidienne sans patch AUCUNE


Guide de l’antibiothérapie

Chirurgie veineuse

2023 SOMIPEV
Médiastino-scopie, thoracoscopie
Drainage thoracique
Trachéotomie

Exérèse pulmonaire Céfazoline


Chirurgie du médiastin 40 mg/kg (max 2g)
Chirurgie du pneumothorax Si durée > 4h, rajouter
Décortication non infectée 25 mg/kg (max 1g)
Exérèse pariétale partielle
Tableau 2 : Propositions pour l’antibioprophylaxie médicale de courte durée en pédiatrie.

Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives Commentaires


(Allergie/CI)

Infection invasive à H. influenzae: Rifampicine : A proposer aux enfants


méningite, septicémie épiglottite… 20 mg/kg/j en 2 prises, pendant de plus de 3 ans, non ou
4 jours sans dépasser incomplètement vaccinés.
600 mg/jour dès l’âge de 1 mois.
Vaccination avant 5 ans

Infection invasive à N. Rifampicine : Ceftriaxone :


meningitidis: méningite, septicémie, 20 mg/kg/j en 2 prises, pendant 50 mg/kg
purpura fulminans, 2 jours sans dépasser ou Ciprofloxacine:
600 mg/jour 20 mg/kg (max
Vaccination si A, C, W, Y 500mg) Dose unique
Et B si cas groupés et selon
sérotype

Coqueluche azithromycine cotrimoxazole : Réservé aux sujets


20mg/kg/j en une seule prise 6 mg/kg/j de asymptomatiques non vaccinés
pendant 3 jours triméthoprime en ou avec une vaccination datant
2 prises par jour de plus de 5 ans.
ou pendant 14 jours Doit être administré le plus tôt
possible après le contage et
clarithromycine au maximum 21 jours après le
15mg/kg/j en 2 prises pendant dernier contact potentiellement
7 jours. infectant.
Concerne tous les contacts
proches.

2023 SOMIPEV
129
Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes
Tableau 2 : Propositions pour l’antibioprophylaxie médicale de courte durée en pédiatrie.

130
Situations cliniques Antibiotiques préférentiels Alternatives Commentaires
(Allergie/CI)

Infection invasive à Streptocoque cefpodoxime-proxétil Azithromycine *Sujets à risque :


Guide de l’antibiothérapie

A : uniquement pour les sujets 8mg/kg/j en 2 prises 20mg/kg/j en 1 prise - > 65 ans.

2023 SOMIPEV
contact à risques*. pendant 3 jours - Varicelle évolutive.
Objectif : éradiquer le portage ou - Lésions cutanées étendues,
dont brûlures.
cefuroxime axétil - Toxicomanie intraveineuse.
30mg/kg/j en 2 prises - Pathologie évolutive (diabète,
cancer, hémopathie, VIH,
pendant 8 jours insuffisance cardiaque),
- Corticothérapie orale (> 5 mg/
kg/j de prednisone >5 j, ou > à
0,5 mg/kg/j de prednisone >30 j.

Prévention du risque Amoxicilline Les indications sont


d’endocardite : 50 mg/kg PO ou IV désormais limitées aux
– Prothèse valvulaire ou matériel (maximum 2 g) situations à haut risque
prothétique de réparation valvulaire
– Antécédent d’endocardite 30 à 60 minutes avant d’endocardite, justifiant
infectieuse la procédure une antibioprophylaxie
– Cardiopathie congénitale (et jusqu’à 2 heures plus en cas de soins touchant
cyanogène non corrigée, incluant tard) la gencive, la région péri-
les shunts palliatifs apicale des dents ou en cas
– Cardiopathie congénitale, corrigée
avec du matériel prothétique de brèche de la muqueuse
par chirurgie ou cathétérisme buccale.
interventionnel, dans les 6 mois qui L’ABP n’est pas
suivent la correction recommandée dans
– Cardiopathie congénitale corrigée les procédures invasives
avec défect résiduel, sur ou autour
du site réparé par patch ou par du gastro-intestinales
matériel prothétique ou génito-urinaires.
– Transplantation cardiaque
développant une valvulopathie
cardiaque
Tableau 3 : Indications de l’antibioprophylaxie autour d’un cas d’infection invasive à méningocoque.

SITUATIONS Antibioprophylaxie recommandée Antibioprophylaxie NON recommandé


sauf exceptions

Entourage proche

Milieu familial Personnes vivant ou gardées sous le même toit Personnes ayant participé à une réunion
familiale

Garde à domicile Personnes vivant ou gardées sous le même toit

Milieu extra familial Flirt Personnes ayant participé à une soirée ou à


Amis intimes un repas entre amis

Collectivité d’enfants

Structure de garde Enfants et personnels de la même section Enfants et personnels ayant partagé les
pour jeunes enfants mêmes activités
(crèches, haltes
garderies ...)

Centre de loisirs Amis intimes Voisins de réfectoire


Activités périscolaires Enfants ayant fait la sieste dans la même chambre Enfants et personnels ayant partagé les
mêmes activités

Centres ou camps de Amis intimes Voisins de réfectoire


vacances Enfants ayant dormi dans la même chambre Enfants et personnels ayant partagé les
mêmes activités

Milieu scolaire et autres structures apparentées

Ecole maternelle Amis intimes Enfants et personnels ayant partagé les


Tous les enfants et personnels de la classe mêmes activités

2023 SOMIPEV
Voisins du bus scolaire
Voisins du réfectoire

131
Antibioprophylaxies chirurgicales et médicales courtes
Tableau 3 : Indications de l’antibioprophylaxie autour d’un cas d’infection invasive à méningocoque.

132
SITUATIONS Antibioprophylaxie recommandée Antibioprophylaxie NON recommandé
sauf exceptions

École élémentaire Amis intimes Enfants et personnels ayant partagé les


Guide de l’antibiothérapie

Collège Voisins de classe mêmes activités

2023 SOMIPEV
Lycée Personnes ayant dormi dans la même chambre Voisins du bus scolaire
Internat Voisins du réfectoire

Université Amis intimes Cf. « Situations impliquant des contacts


potentiellement contaminants »

Situations impliquant des contacts potentiellement contaminants

Prise en charge Personnes ayant réalisé le bouche à bouche, une intubation ou Autres personnels ayant pris en charge le
médicale d’un malade une aspiration endotrachéale sans masque de protection avant malade
le début du traitement antibiotique du malade et jusqu’à la
première prise d’un antibiotique efficace sur le portage

Sports Partenaire(s) du malade [uniquement si le sport pratiqué Autres personnes présentes à


implique des contacts physiques prolonges en face à face: l’entrainement
judo, rugby, lutte]

Soirée dansante Personnes ayant eu des contacts intimes avec le malade (en Autres personnes ayant participé à la soirée
Boite de nuit dehors du flirt ou des amis intimes déjà identifiés)

Voyage : avion, bus, Personne ayant pris en charge le malade pendant le voyage
train Personnes identifiées comme ayant pu être exposées aux
secrétions du malade

Milieu professionnel Personnes travaillant dans les mêmes locaux

Institutions Personnes partageant la même chambre Toutes autres personnes de l’institution

Milieu carcéral Amis intimes Personnes ayant des activités partagées


Personnes partageant la même cellule
Traitement des infections
dues à des bactéries plus
rarement rencontrées chez
l’enfant ou plus résistantes
aux antibiotiques

Résumé
Ce chapitre résume l’antibiothérapie préconisée pour lutter contre des
bactéries plus rarement rencontrées, responsables de pathologies, qu’elles
soient communautaires ou associées aux soins, ainsi que contre les plus
résistantes aux antibiotiques. Il précise en fonction de chaque bactérie,
les principales situations cliniques induites ainsi que les antibiotiques
préférentiels à utiliser, en tenant compte des résistances naturelles ou
acquises les plus fréquentes et des paramètres pharmacocinétiques-
pharmacodynamiques des molécules.

L’avis spécialisé d’un infectiologue ou d’un bactériologiste est recommandé


le plus souvent possible.

Le choix des antibiotiques se fait généralement de façon probabiliste, avant


les résultats des cultures des prélèvements bactériologiques classiques et de
l’antibiogramme. La spectrométrie de masse raccourcit les délais d’identification
de la bactérie mais à ce jour ne permet pas de déterminer la sensibilité aux
antibiotiques. La PCR permet d’identifier des espèces bactériennes de culture
difficile et de mettre en évidence les principaux mécanismes de résistance, mais ne
permet pas d’obtenir un antibiogramme complet.

2023 SOMIPEV 133


Guide de l’antibiothérapie

L’antibiothérapie probabiliste a pour but de cibler les bactéries les plus fréquemment
responsables des pathologies bactériennes communautaires ou nosocomiales.
- N. meningitidis ou Pneumocoque pour les méningites de l’enfant.
- Pneumocoque, H. influenzae pour les infections respiratoires.
- Streptocoque du groupe A pour les angines, les infections ORL compliquées et
les infections cutanées.
- S. aureus pour les infections cutanées, osseuses et quelques infections
respiratoires graves.
- E. coli pour les infections urinaires.
- E. coli et Streptocoque du groupe B pour les infections néonatales.
- Shigella, Salmonella et Campylobacter pour les infections digestives.

Les traitements antibiotiques préférentiels pour chacune de ces espèces bactériennes


sont indiqués dans les chapitres correspondant aux différentes pathologies.

Certaines bactéries sont plus rarement responsables de pathologie infectieuse


pédiatrique.

La doxycycline occupe une place relativement importante soit en choix thérapeutique


préférentiel, soit en alternative. Des données récentes suggèrent que la doxycycline
ne provoque pas de coloration visible définitive des dents ou d’hypoplasie de
l’émail chez les enfants de moins de 8 ans. Ces données rassurantes appuient la
recommandation de l’AAP selon laquelle la doxycycline peut être administrée pour
de courtes durées (c’est-à-dire 21 jours ou moins) sans tenir compte de l’âge du
patient. Lorsqu’elle est utilisée, les patients doivent éviter une exposition excessive
au soleil en raison de la photosensibilité. La contre-indication avant 9 ans, ne
persiste donc que si les traitements sont prolongés ou qu’une alternative donnant
des résultats cliniques équivalents existent.

Le tableau 1 répertorie, par ordre alphabétique les espèces bactériennes, il en


précise leur rôle en pathologie ainsi que les antibiotiques préférentiels pour les
traiter, en prenant en compte les résistances naturelles ou acquises de la bactérie
et les paramètres pharmacocinétiques-pharmacodynamiques de l’antibiotique.

Elles sont en accord pour la plupart avec les recommandations officielles (Clostridium,
Helicobacter, agents du bioterrorisme) et la dernière édition du Redbook de
l’Académie Américaine de Pédiatrie [1] et du Manual of Childhood infections de
l’European Society of Pediatric Infectious Diseases [2].

134 2023 SOMIPEV


Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques

Le traitement de la majorité de ces infections bactériennes nécessite un avis spécialisé


(infectiologue et/ou bactériologiste) en particulier lorsqu’il s’agit de pathologies
survenant chez des patients présentant des facteurs de risque (immunodépression,
présence de matériel etc…) et que le diagnostic différentiel entre infection et
colonisation peut être difficile.

Références
1. American Academy of Pediatrics. [Chapter title.] In: Kimberlin DW, Barnett. ED, Lynfield R, Sawyer MH,
eds. Red Book: 2021 Report of the Committee on Infectious Diseases. Itasca, IL: American Academy
of Pediatrics: 2021.
2. Manual of Childhood infections de l’European Society of Pediatric Infectious Diseases. The Blue Book.

2023 SOMIPEV 135


Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

136
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Acinetobacter sp. • Son rôle pathogène ne Imipénème Selon Bithérapie considérée classiquement
comme nécessaire. Dès que la
Guide de l’antibiothérapie

doit être reconnu qu’après ou l’antibiogramme :

2023 SOMIPEV
une analyse critique Méropéneme Sulbactam sensibilité à la ß-lactamines est
(souillure fréquente) +/- Colimycine connue, aucune preuve que la
bithérapie soit utile.
• Infections nosocomiales Amikacine Tigecycline Souvent multi-résistantes notamment
• Septicémies Rifampicine aux pénèmes : ABRI (Acinetobacter
• Infections urinaires baumanii résistant à l’imipénème)
L’Imipénème a un profil PK-PD plus
favorable que le Méropéneme,
cependant ce dernier a aussi des
paramètres suffisant avec une
meilleure diffusion méningée et
tolérance chez le nouveau-né et
l’insuffisant rénal.
La colimycine ne peut être prescrite
qu’après vérification de la CMI.
Le sulbactam dans cette indication
n’agit pas comme un inhibiteur mais
comme un antibiotique actif sur
Acinetobacter

Actinomyces Infections localisées ou Penicilline G Ceftriaxone Durée du traitement très prolongée :


systémiques à point de ou Macrolides • 4 à 12 mois
départ Amoxicilline Doxycycline si > • IV 4 à 6 semaines
• Stomatologique 8ans Traitement chirurgical de drainage
• Thoracique souvent utile.
• Abdominal Résistant à la ciprofloxacine et au
metronidazole
• Pelvien
Considérées comme
pathogènes uniquement
lorsqu’isolées d’un site
normalement stérile.
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Aeromonas • Diarrhées Antibiothérapie Cotrimoxazole* *Les antibiotiques sont indiqués pour


hydrophila non nécessaire les formes systémiques et les formes
pour les diarrhées graves de diarrhées sanglantes.
banales
• Infections d’une plaie Céfotaxime ou
• Septicémies Cotrimoxazole Ceftriaxone
• Méningites Aminoglycosides
Chloramphénicol

Aggregatibacter • Septicémies Amoxicilline-ac. Cefotaxime Souvent associée à des anaérobies


(anciennement • Endocardites clav
Haemophilus • Abcès
aphrophilus) • Ostéites
• Localisation cérébrale Cefotaxime

Bacillus anthracis Zoonoses ou Bioterrorisme Ciprofloxacine Doxycycline (1) 1er agent candidat du bioterrorisme.
• Anthrax (charbon) après 8 ans Résistance naturelle aux
céphalosporines et cotrimoxazole.
• Infections systémiques Amoxicilline (si Antibiotique prophylactique en cas
par inhalation (sepsis), sensible) de contamination dans le cadre du
bioterrorisme
ingestion (Gastro-entérite, Durée du traitement : 60 jours du fait
forme oropharyngée), des spores.
injection (toxicomanie) La nécessité d’un traitement prolongé
(6 semaines) contre-indique la
• Infections cutanées (les Doxycycline chez les enfants < 8 ans.
plus fréquentes pour les D’autres alternatives sont
zoonoses) envisageables :
• En cas de forme systémique :
Méropénème, Imipénème,
Vancomycine

2023 SOMIPEV
• En cas d’atteinte du système
nerveux central : linezolide ou
rifampicine

137
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

138
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Bacillus cereus • Intoxications alimentaires Traitement Si intoxication Les intoxications alimentaires sont
Guide de l’antibiothérapie

 symptomatique grave : liées à la sécrétion de toxines et se

2023 SOMIPEV
Vancomycine manifestent par l’apparition précoce
per os (comme de vomissements après l’ingestion et /
Clostridium difficile) ou de diarrhées. Elles ne justifient pas
Vancomycine de prescription d’antibiotiques.
Cependant, les infections systémiques
• Infections nosocomiales Linezolide
sont souvent graves et justifient une
notamment chez les Aminoglycosides
antibiothérapie intraveineuse, précoce
prématurés et les Ciprofloxacine et l’ablation de la prothèse incriminée.
immunodéprimés Doxycycline (1) B. cereus est le plus souvent résistant
• Infections cutanées et Méropéneme aux béta-lactamines.
tissus mous (si sensible et B. cereus est une espèce ubiquitaire
• Septicémies méningite) et sporulée, expliquant sa résistance
• Endophtalmies, kératites à de nombreuses techniques de
désinfection

Bacillus sp. • Souillure fréquente Le plus souvent Le plus souvent A adapter en fonction de
• Ne retenir que plusieurs aucun traitement sensibles à l’antibiogramme et de la localisation.
prélèvements positifs de n’est nécessaire. l’amoxicilline.
milieux normalement
stériles

Bactéroides sp. • Infections abdominales Amoxicilline - Métronidazole Infections souvent polymicrobiennes


• Infections cutanées et ac.clav Pénèmes Drainage des abcès à chaque fois que
tissus mous ou possible
• Infections ORL et Pipéracilline-
stomato Tazobactam
• Septicémies en fonction de
• Abcès l’infection et/ou de
• Pneumonies d’inhalation la gravité
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Bartonella Maladie des griffes du chat La majorité des adénopathies


henselae (Zoonose) guérissent spontanément en
• Adénopathies  Pas d’antibiotiques quelques semaines. Différents
traitements ont été proposés (voir
liste) mais bien que B. henselae
• Maladies disséminées Azithromycine Doxycycline (1) y soit sensible, aucun n’a fait la
(angiomatose et péliose >8 ans preuve de son efficacité.
bacillaires) souvent Ciprofloxacine
chez des patients Ceftriaxone Formes systémiques : durée du
immunodéprimmés Gentamicine traitement très prolongée 3 – 4
Rifampicine mois
• Endocardites
• Syndrome de Parinaud,
• Spondylodiscites
Doxycycline (1) (>
• Neuro-rétinite  8 ans)

Bartonella Zoonose Azithromycine Doxycycline (1)


quintana • Fièvre des tranchées
• Angiomatoses bacillaires

Bordetella Coqueluche Clarithromycine Azithromycine (2) Résistance R aux pénicillines et


pertussis Cotrimoxazole céphalosporines
Durée de traitement
• 5 j pour l’azithromycine
• 7 jours pour la clarithromycine
• 10 à 14 jours pour le
cotrimoxazole

2023 SOMIPEV
139
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

140
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Borrelia (Maladie vectorielle)


Guide de l’antibiothérapie

burgdorferi Maladie de Lyme Le traitement dépend du stade et

2023 SOMIPEV
de la forme clinique de la maladie.
• Érythèmes migrans  Doxycycline (1) La doxycycline est le traitement
ou de référence pour l’ensemble des
Amoxicilline formes cliniques, mais la durée de
traitement varie :
• Bloc auriculo- Doxycycline (1) • 10 jours pour l’érythème migrans
ventriculaire  ou • 14 jours pour le bloc auriculo-
Amoxicilline ventriculaire,les paralysies faciales
et les méningites
Doxycycline (1) • 28 jours pour les arthrites
• Paralysies faciales  Amoxicilline

Doxycycline (1)
• Méningites  Ceftriaxone

Doxycycline (1)
• Arthrites  ou ceftriaxone

Borrelia (autres Fièvres récurrentes Doxycycline (1) Macrolides Durée de traitement : 5 à 10 jours,
que Lyme) (Maladie vectorielle : tiques, Pénicilline Monodose pour B. recurrentis
poux de corps)
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Brucella sp. Brucellose Doxycycline (1) Contamination principalement par


(Zoonose) >8 ans produits laitiers non pasteurisés chez
+ enfant
Rifampicine
La nécessité d’un traitement prolongé
Si < 8 ans (6 semaines) contre-indique la
Doxycycline chez les moins de 8 ans.
Cotrimoxazole
+
Forme sévère : 4-6 mois
Rifampicine

Formes
compliquées
+ gentamicine

Burkholderia Infections essentiellement Méropéneme Ceftazidime Bithérapie considérée classiquement


cepacia pulmonaires sur terrain +/- TMP-SMX comme nécessaire. Dès que la
à risque (mucoviscidose, Cotrimoxazole Ciprofloxacine sensibilité à la ß-lactamines est
granulomatose septique, Imipénème connue, aucune preuve que la
hémoglobinopathies, bithérapie soit utile.
cancers, prématurés) Résistance habituelle aux aminosides,
polymyxines, pénicillines, C1 et C2G
Pour les souches résistantes, parmi les
nouveaux antibiotiques, le Cefiderocol
apparait comme le plus intéressant.

Burkholderia Mélioïdose Ceftazidime Cotrimoxazole Si sévère


pseudomallei Symptomatologie très +/- Pénemes méropénème ou ceftazidime 10-30 j
variable Aminosides Doxycycline (1) Puis TMP-SMX 3-6 mois (prévention

2023 SOMIPEV
Asymptomatique récurrences)
Formes localisées
Formes septicémique

141
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

142
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Campylobacter • Diarrhées, souvent Azithromycine Autres macrolides Durée 3 j


Guide de l’antibiothérapie

sp. sanglante Ciprofloxacine L’Azithromycine est inadaptée

2023 SOMIPEV
• Septicémies, (si sensible) en cas d’exceptionnelles formes
essentiellement septicémiques.
immunodéprimés Ciprofloxacine
(si sensible)
• Complications C3G
immunologiques (Guillain- Pénèmes
Barré…)

Chlamydophila Pneumopathies Clarithromycine Azithromycine (2) 5 à 10 jours selon l’antibiotiques


pneumoniae Doxycycline (1)

Chlamydophila Psittacose Clarithromycine Azithromycine (2) 10-14 jours après arrêt fièvre
psittaci Doxycycline (1)

Chlamydophila Conjonctivites néonatales Azithromycine Doxycycline (1) Conjonctivites NN : azithromycine


trachomatis Pneumopathies 3 jours
interstitielles LGV : doxycycline 21j ou
Trachome Doxycycline (1) Clarithomycine azithromycine (1 fois/sem 3 sem)
Infections génitales, dont en cas de lympho- Autres formes : azithromycine
Lymphogranulomatose granulomatose monodose ou doxycycline 7 j
vénérienne (LGV) vénérienne Formes génitales : rechercher
Arthrite d’autres IST
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Citrobacter sp. Infections nosocomiales Céfépime Imipénème ou Même si la souche est initialement
Enterobacter sp. Septicémies +/- méropénème sensible au Céfotaxime ou à la
Serratia Infections Amikacine Fluoroquinolones Ceftriaxone, la résistance peut
Infections urinaires apparaitre en cours de traitement.
Pneumopathies Bithérapie considérée classiquement
Méningites comme nécessaire. Dès que la
sensibilité à la ß-lactamines est
connue, aucune preuve que la
bithérapie soit utile.
Si les souches impliquées sont
résistantes aux pénèmes par
production de carbapénèmases,
en fonction des résistance
plusieurs nouveaux antibiotiques
peuvent être actifs :
ceftazidine+avibactam…

Clostridium sp. • GEA (C. perfringens)  Traitement GEA : pas d’ATB


symptomatique
Métronidazole

• Tétanos (C. tetani)  Pénicillines 7-10j Tétanos : Immunoglobulines


spécifiques ou polyvalentes,
• Gangrène gazeuse  Pénicillines chirurgie si nécessaire
• Septicémies Métronidazole
Gangrène : chirurgie++,
• Botulisme (C. botulinum) pas d’ATB oxygénothérapie hyperbare

2023 SOMIPEV

Botulisme : Immunoglobulines
spécifiques ++

143
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

144
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Clostridium • Portage asymptomatique Pas de traitement Le portage de C. difficile y compris


Guide de l’antibiothérapie

difficile les souches sécrétrices de toxines

2023 SOMIPEV
est très fréquent chez le jeune
• Colites pseudo- Métronidazole Vancomycine enfant. Il ne faut pas rattacher
membraneuses (forme modérée) orale systématiquement les symptômes à
la présence de ce germe.
Vancomycine La présence de toxines n’a pas
• Diarrhées post- orale (forme de valeur diagnostique avant
antibiotiques sévère) l’âge de 2-3 ans sauf en cas
Vancomycine + d’obstruction intestinale. Après cet
âge l’interprétation doit se faire en
métronidazole
fonction du contexte clinique.
(forme L'arrêt des traitements anti-
compliquée) microbiens déclencheurs est un
principe fondamental de la lutte
contre les infections à C. difficile. Il
permettra à la flore intestinale de
réapparaître et, ainsi, de limiter le
développement de C. difficile.
En cas de forme grave, d’échec
ou de récidive précoce, le
métronidazole doit être remplacé
par la vancomycine. [5]
Pour les formes récidivantes ou
résistantes ou survenant chez un
immunodéprimé, un avis spécialisé
est nécessaire pour discuter la greffe
de flore fécale.

Corynebacterium Diphtérie Amoxicilline Azithromycine Forme cutanée : soins de peau, pas


diphteriae • Forme cutanée, de sérothérapie
• Forme respiratoire Forme respiratoire : Sérothérapie
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Corynebacterium • Souillure fréquente Vancomycine Teicoplanine


jeikeium • Septicémies
nosocomiales
• Infections urinaires

Coxiella burnetti • Fièvre Q Doxycycline (1) TMP-SMX Durée : 14 jours


• Pneumopathies (+ Jusqu’à 18 mois en cas de forme
• Ostéomyélites (forme hydroxychloroquine si chronique
chronique) forme chronique)

Enterococcus • Infections urinaires Amoxicilline Vancomycine ou Bithérapie initiale conseillée.


faecalis • Endocardites + Teicoplanine Résistance naturelle aux
• Septicémies Gentamicine + céphalosporines et fréquente au
• Infections intra- Gentamicine cotrimoxazole
abdominales
• Infections nosocomiales

Enterococcus • Infections urinaires Vancomycine ou Linezolide Bithérapie initiale conseillée.


faecium • Endocardites Teicoplanine + Résistance naturelle aux
• Septicémies + Gentamicine céphalosporines et fréquente au
• Infections intra- Gentamicine cotrimoxazole
abdominales
• Infections nosocomiales

Eikenella • Infections de morsures Amoxicilline Doxycycline (1)


corrodens • Infections buccales
• Abcès

2023 SOMIPEV
• Méningites

145
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

146
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Francisella Tularémie Ciprofloxacine Gentamycine Résistant aux beta-lactamines et


Guide de l’antibiothérapie

tularensis (Zoonose) Doxycycline (1) pénèmes

2023 SOMIPEV
Chloramphénicol

Fusobactérium sp. • Commensaux de la Amoxicilline-ac. Métronidazole Résistant aux aminosides,


y compris cavité buccale clavulanique Cefotaxime, macrolides et fluoroquinolones
Fusobactérium • Infections bucco- Formes sévères : Ceftriaxone Infections fréquemment pluri-
necrophorum dentaires cefotaxime ou Pénèmes microbiennes.
• Infections sévères : ceftriaxone) + Piperacilline- Chirurgie si nécessaire
Syndrome de Lemierre métronidazole Tazobactam Anticoagulation si thrombose
Durée du traitement : plusieurs
semaines

Gardnerella Infections génitales Métronidazole Amoxicilline -


vaginalis (Vaginose) Ac.Clav

Hafnia alvei • Infections urinaires Cefotaxime Cotrimoxazole


• Septicémies ou Imipénème
• Infections nosocomiales Ceftriaxone Quinolones
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Hélicobacter • Portage asymptomatique Amoxicilline Clarithromycine Les règles du traitement sont les
pylori • Gastrite chronique + Metronidazole suivantes
• Ulcères gastriques et Clarithromycine Pylera®* 1) Association avec un inhibiteur
duodénaux ou de la pompe à proton
• Anémie ferriprive Métronidazole 2) Association de 2 antibiotiques
• Purpura thrombopénique selon la sensibilité prévisible ou
Risque cancer connue.
3) La durée de traitement est
de14 jours
4) Toujours vérifier l’éradication
après le traitement et quelques
mois après (test respiratoire)
*Le Pylera® est une association
de Bismuth, Tétracycline et
métronidazole. En principe
contre-indiquée avant 12 ans,
certainement avant 9 ans.

Kingella kingae • Ostéo-arthrite Amoxicilline Amoxicilline-Ac. Naturellement résistant à la


• Septicémies Clav clindamycine et la vancomycine.
Aminosides Quelques souches productrices de
Cotrimoxazole ß-lactamases.
• Endocardites  G3G IV ou C2 et C3G
amoxicilline
+ aminosides
(si S)

2023 SOMIPEV
147
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

148
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Klebsiella Donovanose Azithromycine Doxycycline (1) Durée 3 semaines


Guide de l’antibiothérapie

granulomatis (granulome inguinal ou Dépistage autres IST

2023 SOMIPEV
vénérien)
(Le plus souvent infection
sexuellement transmissible,
mais transmission possible
par le contact avec les
plaies

Klebsiella sp. • Infections urinaires Cefotaxime ou Méropénème Bithérapie considérée classiquement


Ceftriaxone Cotrimoxazole comme nécessaire. Dès que la
• Infections nosocomiales +/- Ciprofloxacine sensibilité à la ß-lactamines est
Amikacine connue, aucune preuve que la
bithérapie soit utile.

Vérifier l'antibiogramme et adapter


Septicémies Méropéneme l'antibiothérapie.
Pneumonies +/-Amikacine Souvent multi-résistants (en France,
Méningites en attente de > 15% de souches productrices de
l’antibiogramme ß-lactamases à spectre étendu, 2 à
3% productrice de carbapénémase)
Si les souches impliquées sont
résistantes aux pénèmes par
production de carbapénèmases, en
fonction des résistance plusieurs
nouveaux antibiotiques peuvent
être actif : ceftazidine+avibactam,
cefiderocol…
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Legionella sp. Légionellose Macrolides IV, Lévofloxacine Exceptionnelle chez l’enfant.


Pneumopathies puis relais oral Doxycycline (1) Documentation nécessaire
Cotrimoxazole (antigènes urinaires)
Association avec la Rifampicine
pour les formes graves.

Leptospira sp. Leptospirose Penicilline G Ceftriaxone


(Zoonose) ou Doxycycline (1)
Amoxicilline après 8 ans
Azithromycine

Listeria • Syndrome grippal Amoxicilline Cotrimoxazole Touche préférentiellement les


• Septicémie + Ciprofloxacine nouveau-nés, les femmes enceintes,
• Avortements Gentamicine Linezolide les immunodéprimés.
• Forme néonatale : Rifampicine Résistance naturelle à toutes les
- septicémie céphalosporines
- méningite Association considérée comme
nécessaire

Moraxella sp. • Pneumopathies Amoxicilline-Ac. C2 ou C3G Résistance naturelle à la


• Infections oculaires Clav TMP-SMX clindamycine, vancomycine,
• Infections ORL Macrolides amoxicilline
Fuoroquinolones

Morganella • Infections urinaires Cefotaxime ou Pénème Bithérapie considérée classiquement


morgani • Infections nosocomiales ceftriaxone Selon ATB comme nécessaire. Dès que la
+/- Aminosides sensibilité à la ß-lactamines est
connue, aucune preuve que la

2023 SOMIPEV
bithérapie soit utile.

149
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

150
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Mycobacterium • Adénites Clarithromycine Isoniazide Pas d’ATB si adénopathies isolées.


Guide de l’antibiothérapie

avium complex • Pneumopathies ou +

2023 SOMIPEV
• Infections disséminées Azithromycine(2) Rifampicine
(Immunodéprimés) + +
Rifampicine Ethambutol
Fluoroquinolones

Mycobacterium • Infections des tissus Amikacine Relais selon


fortuitum mous et plaies + sensibilité :
• Adénites Meropénème doxycycline (1),
• Infection sur cathéter clarithromycine,
TMP-SMX,
ciprofloxacine

Mycobacterium Pneumopathies Isoniazide INH forte dose


kansasii (Immunodéprimés) + (Bas niveau de R)
Rifampicine
+
Ethambutol

Mycobacterium Lèpre Dapsone Clofazimine


leprae +
Rifampicine

Mycobacterium • Abcès froid Doxycycline (1) Clarithromycine Souvent pas de traitement.


marinum • Papules Rifampicine
Cotrimoxazole
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Mycoplasma • Infections respiratoires Clarithromycine Azithromycine (2) La mise en évidence par PCR sur
pneumoniae hautes et basses Doxycycline (1) des prélèvements respiratoires ou
• Éruptions cutanées dont Ciprofloxacine une sérologie positive même avec
l’érythème polymorphe des IgM de signe pas l’infection
• Formes neurologiques à M. pneumoniae car le portage
• Formes cardiaques asymptomatique est très fréquent.
Les preuves du bénéfice de
• Formes hématologiques
l’antibiothérapie pour les enfants non
hospitalisés atteints de maladies des
voies respiratoires inférieures sont
limitées.
Certaines données suggèrent un
bénéfice d'une antibiothérapie
appropriée chez les enfants
hospitalisés.

Cependant, malgré la rareté des


études, il est raisonnable de traiter les
infections extra-pulmonaires graves
telles que les maladies du système
nerveux central ou l'arthrite septique
chez un patient immunodéprimé.

La durée habituelle de traitement


est de 7 à 10 jours (5 j avec
azithromycine)

Mycoplasma Urétrite non gonococcique Clarithromycine Azithromycine (2)


genitalium Doxycycline (1)

2023 SOMIPEV
Ciprofloxacine

151
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

152
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Mycoplasma • Infections néonatales Doxycycline (1) Ciprofloxacine La mise en évidence par PCR sur
Guide de l’antibiothérapie

hominis • Abcès intra abdominaux des prélèvement respiratoire ou

2023 SOMIPEV
• Arthrites génitaux même avec des IgM de
• Pneumonies signe pas l’infection à M. hominis
• Méningo-encéphalites car le portage asymptomatique est
• Abcès cérébraux très fréquent.
• Endocardites La preuve de l’infection est difficile
• Abcès à apporter.
• Infections intra-
abdominales

Neisseria • Gonococcie (IST) Ceftriaxone Pénème Résistance croissante aux :


gonorrhoeae • Ophtalmie néonatale pénicillines, macrolides,
• Formes disséminées tétracyclines, fluoroquinolones
néonatales Résistance à la ceftriaxone ou au
céfixime exceptionnelle
Gonococcie et ophtalmie neonatale :
monodose IM ou IV
Formes disséminées néonatales : 7 j
Dépistage des autres IST

Nocardia sp. Nocardiose Cotrimoxazole C3G + Amikacine Chirurgie de drainage des abcès,
• Infections cutanées + Imipéneme+ retrait des dispositifs infectés
• Pneumopathies chez Amikacine Amikacine
immunodéprimés Amoxicilline +
• Abcès Ac-Clav En cas d’abcès cérébral :
(Relais per os) Cotrimoxazole + Amikacine +
imipénème
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Pasteurella Pasteurellose (Zoonose) Amoxicilline- Doxycycline (1) 7-14 jours selon gravité
multocida • Cellulite sur morsures acide Cotrimoxazole 4-6 semaines dans infections
d'animaux clavulanique C3G osseuses
• Abcès, infections ostéo- Fluoroquinolones
articulaires
• Septicémies, méningites
(Immunodéprimés)

Peptostreptococcus • Septicémies Amoxicilline+Ac- Piperacilline- Souvent le témoin d’une flore


• Infections bucco- Clav. Tazobactam associée à des bactéries anaérobies.
dentaires Vancomycine
• Pneumopathies de Linezolid
déglutition Méropénème
• Infections intra-
abdominales

Plesiomonas • Diarrhées Cotrimoxazole Ciprofloxacine


shigelloides • Méningites Imipénème
ou
Méropénème

Propionibacterium • Infections cutanées Doxycycline (1) Ciprofloxacine Plusieurs prélèvements positifs


acnes (Acné)  sont nécessaires avant d’incriminer
Amoxicilline cette espèce bactérienne dans une
• Infections oculaires infection profonde.
• Septicémies La résistance aux macrolides n’est
• Infections osseuses pas rare.

2023 SOMIPEV
153
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

154
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Providencia sp. • Infections urinaires Céphalosporines Ciprofloxacine


Guide de l’antibiothérapie

• Infections nosocomiales de 3ème Aminosides

2023 SOMIPEV
génération Pénème

Rickettsia sp. • Fièvre boutonneuse Doxycycline (1) Chloramphénicol Durée habituelle : 7-14 jours
méditerranéenne
• SENLAT (TIBOLA)
• Lymphangitis-associated
rickettsiosis (LAR)
• Fièvre africaine à tique
• Rickettsial pox
• Typhus murin et Azithromycine
épidémique 
• Fièvre pourprée des Azithromycine
montagnes rocheuses 

Salmonella typhi Typhoïde Ciprofloxacine Ceftriaxone Les souches résistantes aux


et paratyphi Azithromycine quinolones sont en augmentation
Cotrimoxazole dans de nombreux pays : vérifier
l’antibiogramme.

Salmonella non • Gastroentérites Pas d’ATB dans Les souches résistantes aux
typhiques GEA non sévères quinolones sont en augmentation
sans terrain à risque dans de nombreux pays : vérifier
• Infections focales ou TMP-SMX l’antibiogramme
systémiques (terrain à Forme localisée : Ciprofloxacine
risque) azithromycine

Forme systémique
: ceftriaxone
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Shigella sp. • Gastroentérites Azithromycine Ciprofloxacine Les souches résistantes sont en


• SHU Ceftriaxone augmentation dans de nombreux
pays : vérifier l’antibiogramme

Staphylococcus • Souillure fréquente Vancomycine Cloxacilline Adaptation de la posologie


epidermidis • Infections nosocomiales ± Rifampicine Cotrimoxazole en fonction de la CMI à la
• Septicémies sur cathéter Vancomycine.
• Méningites sur dérivation

Staphylococcus Infections nosocomiales du Vancomycine Cloxacilline Adaptation de la posologie


haemolyticus et prématuré ± Rifampicine Cotrimoxazole en fonction de la CMI à la
capitis Vancomycine

Staphylococcus Infections urinaires de la Amoxicilline- Céfalexine


saprophyticus fille acide Cotrimoxazole
clavulanique

Stenotrophomonas • Surinfections des Cotrimoxazole Ciprofloxacine Bithérapie considérée classiquement


maltophilia mucoviscidoses + Aminosides comme nécessaire. Dès que la
• Infections nosocomiales Ceftazidine Rifampicine sensibilité à la ß-lactamines est
• Septicémies Colimycine connue, aucune preuve que la
• Pneumonies bithérapie soit utile.
Vérifier l'antibiogramme.

Streptobacillus Rat-bite fever (zoonose) Pénicilline G Doxycycline (1) Après morsure rongeurs, fièvre,
moniliformis rash, polyarthralgies
& Durée 7-10 jours

2023 SOMIPEV
Spirillum minus

155
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

156
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Streptococcus • Bactériémies Amoxicilline Vancomycine


Guide de l’antibiothérapie

groupes C, F, G et • Infections respiratoires + gentamicine Ceftriaxone

2023 SOMIPEV
viridans • Infections osseuses Linezolide
• Infections du SNC
• Endocardites

Treponema Syphilis primaire et Benzathine Doxycycline (1), L’amoxicilline n’est pas active sur les
pallidum secondaire Penicilline G 4.4 mg/kg en 2 tréponèmes in vivo.
(Extencilline) IM doses/j max Dépistage des autres IST
50 000 U/kg sans 200 mg pour 14 j
dépasser la dose
de 2.4 million U
en dose unique

Syphilis congénitale Penicilline G IV Ceftriaxone


(200.000 UI/J
divisé en 4
dosess)
pendant 10 jours

Ureaplasma • Infections uro-génitales Azithromycine Doxycycline (1) La positivité d’un prélèvement


urealyticum • Pneumopathies du >8 ans d’un milieu non stérile (respiratoire
prématuré fluoroquinolones ou génital) n’implique pas le rôle
pathogène de Ureaplasma.
Le traitement des formes
asymptomatiques n’est pas justifié.

Vibrio cholerae Cholera Traitement Doxycycline (1)


symptomatique ++ Azithromycine
Ciprofloxacine
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires


préférentiels

Vibrion non • Gastro-entérites


cholérique - Peu sévère  pas d’antibiotiques
- Sévère  Doxycycline (1) Cotrimoxazole
Fluoroquinolones
Aminosides

• Infections de plaies  Doxycycline (1)


• Septicémies  C3G + C3G +
doxycycline ciprofloxacine

Yersinia Tableaux pseudo- Tableaux Résistance naturelles aux pénicillines


enterocolitica appendiculaires digestifs et céphalosporines de première
et • Gastro-entérites sévères : C3G génération
Yersinia • Septicémies Cotrimoxazole Doxycycline (1)
pneudotuberculosis • Erythèmes noueux Ciprofloxacine
• Arthrites réactionnelles Septicémies :
• Syndromes fébriles C3G IV

2023 SOMIPEV
157
Traitement des infections dues à des bactéries plus rarement rencontrées chez l’enfant ou plus résistantes aux antibiotiques
Tableau 1. Traitement initial conseillé en fonction des bactéries

158
Bactéries Pathologies Antibiotiques Alternatives Commentaires
préférentiels

Yersinia pestis Peste (Zoonose ou Forme Gentamicine


Guide de l’antibiothérapie

bioterrorisme) pulmonaire : Ciprofloxacine

2023 SOMIPEV
• Formes buboniques Doxycycline (1) Levofloxacine
• Formes buboniques Chloramphénicol
étendues Forme bubonique (Méningite)
• Septicémies localisée ou
• Pneumonies pharyngée :
• Bioterrorisme gentamycine ou
ciprofloxacine

Forme sévère :
doxycycline +
gentamycine ou
ciprofloxacine ou
levofloxacine

1. La doxycycline, comme toutes les tétracyclines, est en principe contre-indiquée avant l’âge de 9 ans du fait du risque de coloration définitive des dents.
Des données récentes montrent que ce risque n’est pas partagé par la doxycycline aux doses habituelles et pour des traitements < 3 semaines (Redbook)
2. Les deux seuls macrolides disponibles au Maroc actuellement sont la Clarithromycine et l’Azithromycine. L’Azithromycine fait partie des antibiotiques
dit « critique » car plus susceptible du fait de sa très longue demi-vie d’induire des résistances bactériennes. De ce fait, en dehors de situation ou
l’Azithromycine est indispensable, la clarithromycine lui est préférée dans de nombreuses situations.
2023 SOMIPEV 159
Les maladies infectieuses et leurs traitements évoluent en permanence pour de
multiples raisons. De nouveaux agents infectieux sont régulièrement découverts,
essentiellement du fait de l'évolution des techniques d'identification,et notamment
grâce aux développements de la biologie moléculaire et de la spectrométrie de
masse.
Les évolutions de l'épidémiologie des maladies infectieuses ne sont pas toujours
explicables mais trois facteurs jouent incontestablement un rôle important : les
modifications des climats, de l'écologie, des modes de vie, l'impact des vaccinations,
et enfin les conséquences des antibiothérapies et de leurs excès d'utilisation.
Ce guide prend en compte les dernières recommandations, les conférences de
consensus et les avis des sociétés savantes: Groupe de pathologie infectieuse
pédiatrique (GPIP) de la Société française de pédiatrie, Société marocaine
d'infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (SOMIPEV), Société de pathologie
infectieuse de langue française (SPILF) et programmes nationaux de santé. Il a
pour but d'aider les cliniciens dans le choix et l'utilisation des antibiotiques dans
une perspective d'optimisation des prises en charge des maladies infectieuses
bactériennes du nourrisson et de l'enfant. Pour chaque situation clinique y sont
précisées, la ou les cibles bactériennes du traitement antibiotique (préalable
indispensable avant toute décision), le choix antibiotique préférentiel, les
alternatives thérapeutiques, ainsi que les commentaires les plus importants pour le
diagnostic et le traitement de l'affection.
Les alternatives thérapeutiques ne sont pas les traitements à proposer en cas
d'échec, mais d'autres possibilités de traitement offertes notamment en cas de
contre-indication, d'intolérance ou d'allergie reconnue ou fortement suspectée au
traitement préférentiel.

Contact Somipev : [email protected]


Site : www.somipev.ma

160 2023 SOMIPEV

Vous aimerez peut-être aussi