DM 13
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DM 13
MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch
DM no 13 : Polynômes
Alors R est inclus dans une union finie d’intervalles fermés bornés deux à deux disjoints I1 , . . . , It tels que
ℓ(I1 ) + · · · + ℓ(It ) 6 4,
On démontrera ce dernier théorème dans la partie IV. La démonstration utilise un résultat dû à Tchebychev, qui fait
l’objet de la partie II :
Théorème 3 (Tchebychev) Soit P ∈ R[X] un polynôme unitaire de degré n > 1. Alors :
1
max |P (x)| > .
−16x61 2n−1
La partie I est quant à elle consacrée à des résultats préliminaires sur les polynômes, utiles pour la partie IV.
Les théorèmes ci-dessus ne peuvent bien sûr être utilisés dans la copie que pour les questions ultérieures à leur
démonstration. On pourra admettre en cours de copie les résultats des questions non démontrées à condition de
l’indiquer clairement sur la copie.
La partie II est indépendante de la partie I. La partie III est indépendante de la partie I et de la partie II. La partie
IV utilise des résultats des trois parties précédentes.
Partie I – Préliminaires
Dans toute cette partie P ∈ R[X] est un polynôme de degré n > 1, dont toutes les racines (dans C) sont réelles.
On note r1 < · · · < rk les racines de P deux à deux distinctes, et α1 , . . . , αk leur multiplicité.
1. En localisant les racines de P ′ par rapport à celles de P , montrer :
Lemme 4 Si r est racine au moins double de P ′ , alors r est racine de P .
2. Montrer :
Lemme 5 Pour tout x ∈ R, on a : P ′ (x)2 > P (x)P ′′ (x).
1
Partie II – Polynômes et théorème de Tchebychev
On définit une suite de polynômes (Tn )n∈N (appelés polynômes de Tchebychev de première espèce) par la relation de
récurrence suivante :
(
T0 = 1; T1 = X;
∀n > 1, Tn+1 = 2XTn − Tn−1 .
1. Un premier exemple
Soit P ∈ C[X] un polynôme unitaire de degré 1. On écrit P = X − a, a ∈ C.
(a) Décrire géométriquement l’ensemble C = {z ∈ C | |P (z)| 6 2}, puis déterminer R = {Re(z), z ∈ C} sous la
forme d’un intervalle dont on donnera les bornes en fonction de a.
(b) En déduire que le théorème 1 est vrai pour les polynômes de degré 1.
2. Un deuxième exemple
Soit P = X 2 − 2, et C et R les ensembles associés définis dans l’introduction.
(a) Montrer que pour tout couple (x, y) de réels, x + i y appartient à C si et seulement si
(x2 + y 2 )2 6 4(x2 − y 2 ).
3. Réduction du problème
Soit P ∈ C[X] un polynôme unitaire de degré n > 1, C et R les ensembles associés. On note r1 , . . . , rk ses
racines deux à deux distinctes de multiplicité α1 , . . . , αk . On note, pour tout i ∈ [[1, k]], ti = Re(ri ). On définit
alors Q ∈ R[X] par :
Y k
Q(X) = (X − ti )αi ,
i=1
2
(a) Montrer que pour tout z ∈ C, |Q(Re(z))| 6 |P (z)|.
(b) En déduire que R ⊂ S.
(c) Justifier que si le théorème 2 est vrai, alors le théorème 1 est également vrai.
D’après la partie précédente, il suffit donc de montrer le théorème 2. Dans toute cette partie, on se donne un polynôme
unitaire P de degré n > 1 et dont toutes les racines dans C sont réelles.
(e) Conclure
3. Une description de S
Soit E l’ensemble des solutions de l’équation |P (x)| = 2, donc E = {x ∈ R | P (x) = 2 ou P (x) = −2}.
(a) Montrer que E est un ensemble fini et non vide.
On note N le cardinal de E, et β1 < . . . < βN les éléments de E que l’on a ordonné.
(b) Montrer que pour tout i ∈ [[1, N − 1]], soit [βi , βi+1 ] ⊂ S, soit ]βi , βi+1 [∩S = ∅.
(c) Justifier que ] − ∞, β1 [∩S = ∅ et ]βN , +∞[∩S = ∅.
(d) En déduire que S est une réunion d’un nombre fini t d’intervalles fermés deux à deux disjoints.
On note I1 , . . . , It ces intervalles, rangés dans l’ordre croissant. On note pour tout entier j ∈ [[1, t]], Ij =
[aj , bj ]. Ainsi, on a : a1 6 b1 < a2 6 b2 < · · · < at 6 bt .
3
(a) Que vaut t si m = n ? En déduire que le théorème 2 est vrai dans ce cas.
On suppose à partir de maintenant que t > 2.
(b) Montrer que m < n.
(c) Soit c1 , . . . , cm les racines de P situées dans It (éventuellement répétées autant de fois que leur multiplicité),
et cm+1 , . . . , cn les autres racines. Soit :
Q = (X − c1 ) . . . (X − cm ).
Justifier l’existence et l’unicité d’un polynôme R de degré au moins 1 tel que P = QR. Donner une factori-
sation de R en produit de facteurs irréductibles dans R[X].
(d) On définit le polynôme P1 par P1 (X) = Q(X + d)R(X), où d = at − bt−1 est la distance séparant les deux
derniers intervalles It−1 et It .
i. Soit x ∈ I1 ∪ · · · ∪ It−1 . Montrer que :
• pour tout i ∈ [[1, m]], |x + d − ci | < |x − ci |,
• |Q(x + d)| < |Q(x)|,
• |P1 (x)| 6 2.
ii. Soit x ∈ It . Prouver que :
• |R(x − d)| 6 |R(x)|
• |P1 (x − d)| 6 2.
(e) On note S1 = {x ∈ R | |P1 (x)| 6 2}, et on écrit S1 = J1 ∪· · ·∪Jt′ comme une union d’intervalles fermés deux
à deux disjoints, l’ordre des indices respectant l’ordre des intervalles. On note It′ l’intervalle [at − d, bt − d].
i. Montrer que I1 ∪ · · · ∪ It−1 ∪ It′ ⊂ S1 .
ii. Décrire les racines de P1 en fonction de celles de P , et montrer qu’elles sont dans I1 ∪ · · · ∪ It−1 ∪ It′ .
iii. Montrer que It−1 ∪ It′ est un intervalle. En déduire que It−1 ∪ It′ ⊂ Jt′ .
iv. Montrer que le nombre de racines de P1 situées dans Jt′ est strictement supérieur à m.
6. Terminer la preuve du théorème 2 puis du théorème 1.
4
1. Degré d’une extension
(a) Soit L une extension de K. Montrer que L est un espace vectoriel sur K. Si L est de dimension finie sur K,
on note [L : K] sa dimension, appelée degré de l’extension L sur K.
(b) Soit L une extension de K de degré fini [L : K], et M une extension de L de degré fini [M : L]. En
considérant la famille (ai bj ), où (ai ) est une base de L sur K et (bj ) une base de M sur L, montrer que M
est une extension de K de degré fini, et qu’on a la relation :
[M : K] = [M : L][L : K].
Partie II – Transcendance de π
Dans cette partie, on dira simplement que α ∈ C est « transcendant » ou « algébrique », à la place de « transcendant
sur Q » ou « algébrique sur Q ».
On démontre la transcendance de π par l’absurde. Pour cela, on suppose que π est algébrique. On admettra que π n’est
pas rationnel, propriété qu’on prouvera en exercice au courant de l’année.
1. Montrer que sous la supposition faite i π est algébrique.
2. Soit P un polynôme minimal unitaire annulant i π, et soit n son degré.
(a) Soit K un corps et L une extension de K. Soit Q et R deux polynômes de K[X]. Montrer que Q et R sont
premier entre eux dans K[X] si et seulement si ils sont premiers entre eux dans L[X].
(b) Justifier que P est irréductible dans Q[X], et que toutes ses racines dans C sont simples. On les note
α1 , . . . , αn , en adoptant une numérotation de ces racines de sorte que α1 = i π. Pourquoi peut-on affirmer
que n > 1 ?
3. On définit le polynôme Q0 ∈ Z[X, X1 , . . . , Xn ] = Z[X][X1 , . . . , Xn ] par
!
Yn Y Y X
Q0 = X (X − Xi1 − · · · − Xik ) = X− Xi .
k=1 16i1 <···<ik 6n I⊂[[1,n]] i∈I
5
(a) Montrer qu’en tant que polynôme des indéterminées X1 , . . . , Xn à coefficients dans Z[X], Q0 est symétrique
en X1 , . . . , Xn .
(b) On définit le polynôme Q1 ∈ C[X] par :
Q1 (X) = Q0 (X, α1 , . . . , αn ).
On note γ0 , · · · , γs les racines non nécessairement distinctes de Q1 , pouvant donc s’exprimer facilement en
fonction des αi . On adopte une numérotation de ces racines de sorte que γ0 = 0.
Justifier que Q1 ∈ Q[X].
Il existe donc un polynôme Q2 à coefficients entiers, dont les γi sont les racines, obtenu en multipliant
Q1 par un certain entier. On se donne un tel polynôme Q2 dans la suite du problème.
Yn
(c) En considérant le produit (eαi + 1), justifier que l’on a :
i=1
eγ0 + · · · + eγs = 0.
Quitte à regrouper les exponentielles égales à 1 et à réindexer les γi , on peut supposer qu’on a une relation
eγ1 + · · · + eγr + m = 0,
où les γi sont cette fois tous non nuls nuls, et m est un entier strictement positif. Ainsi, 0 est racine de
multiplicité m de Q2 . On définit Q ∈ Z[X] par Q2 = X m Q. Ainsi, les racines de Q sont exactement les γi ,
i ∈ [[1, r]].
4. Soit c le coefficient dominant de Q et p un nombre premier. L’entier r est comme ci-dessus. On définit :
crp−1
f (X) = X p−1 (Q(X))p et F (X) = f (X) + f ′ (X) + · · · + f (rp+p−1) (X).
(p − 1)!
puis que
r
X r
X Z 1
F (γj ) + mF (0) = − γj e(1−λ)γj f (λγj )dλ.
j=1 j=1 0