Introduction Aux Espaces Perfectoïdes
Introduction Aux Espaces Perfectoïdes
Introduction Aux Espaces Perfectoïdes
Dorian Berger
Séminaire des Jeunes Chercheurs du LMNO
2 octobre 2019
Introduction
Dans les années 60, John Tate introduit la géométrie rigide. Son but
est de développer un analogue arithmétique de la géométrie complexe : la
géométrie analytique p-adique. Depuis, plusieurs versions de tels espaces ont
été découvertes, comme les espaces adiques de Huber ou encore les espaces
de Berkovich.
Dans sa thèse de doctorat publiée en 2012, Peter Scholze introduit une
catégorie particulière de ces espaces analytiques : les espaces perfectoïdes. Ils
sont définis comme des espaces adiques particuliers et leur première propriété
fondamentale est de pouvoir basculer d’un espace en caractéristique nulle à
un espace en caractéristique p tout en conservant les propriétés géométriques.
Depuis, la théorie de Scholze a eu de très nombreuses applications et a ins-
piré la découverte de plusieurs autres notions : diamants, prismes, etc. Ces
travaux ont valu à Scholze d’obtenir une médaille Fields au cours du congrès
international de 2018.
Dans cet exposé, on commencera par introduire quelques topologies
usuelles sur des anneaux afin de donner les bases de la théorie des espaces
adiques. On verra ensuite comment définir un espace perfectoïde ainsi que
son basculé.
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Table des matières
1 Anneaux topologiques 3
3 Espaces adiques 8
4 Espaces perfectoïdes 10
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Chapitre 1
Anneaux topologiques
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Exemple 1.6. Les anneaux suivants sont de Huber :
— Un anneau commutatif adique
— La semi-norme d’un anneau adique s’étant de manière unique sur son
localisé en une partie régulière (ne contenant pas de diviseur de 0), en
faisant un anneau de Huber
— En particulier, Q muni de la topologie p-adique induite par celle de Z
Exemple 1.12. Un anneau adique est un anneau de Tate étant son propre
anneau de définition si et seulement si sa topologie est grossière (dans ce cas,
tout élément est une pseudo-uniformisante).
Le corps Q muni de la topologie p-adique est un anneau de Tate de pseudo-
uniformisante p.
Soit A un anneau commutatif et π ∈ A qui n’est pas un diviseur de 0. Si
on munit A de la topologie π-adique, π est topologiquement nilpotent. C’est
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donc une pseudo-uniformisante de A[1/π], qui est un anneau de Tate.
En particulier, le corps des nombres p-adiques Qp = Zp [1/p] est un anneau
de Tate.
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Chapitre 2
On définit ici les espaces adiques "affines", qui sont les briques élémentaires
de la théorie.
Définition 2.1. Si R est un anneau commutatif, une valuation sur R est une
application v : R → G∪{+∞} où G est un groupe abélien (additif) totalement
ordonné telle que v(1) = 0, v(0) = +∞, v(f + g) ≥ min{v(f ), v(g)} et
v(f g) = v(f ) + v(g) pour tout f, g ∈ R.
Si v : R → G ∪ {+∞} et v 0 : R → G0 ∪ {+∞} sont deux valuations sur R, on
dit qu’elles sont équivalentes si il existe des morphismes injectifs de groupes
ordonnés φ : G ,→ H et ψ : G0 ,→ H tels que φ ◦ v = ψ ◦ v 0 .
Remarque. Cette définition induit bien une relation d’équivalence sur l’en-
semble des valuations sur un anneau.
Définition 2.2. Si v est une valuation sur R, la topologie d’anneau engendrée
par les ensembles {f ∈ R | v(f ) ≤ g} avec g ∈ G est appelée topologie définie
par v.
Définition 2.3. Si R est un anneau topologique et v est une valuation sur
R, on dit que v est continue si la topologie de R est plus fine que la topologie
définie par v.
Définition 2.4. Le spectre adique d’une paire de Huber (R, R+ ) est l’en-
semble des classes d’équivalence de valuations continues sur R et positives
sur R+ . On le note Spa(R, R+ ).
Remarque. On notera Spa(R) si R+ est nul.
Définition 2.5. Si (R, R+ ) est une paire de Huber et f, g ∈ R, l’en-
semble {v ∈ Spa(R, R+ ) | v(f ) ≥ v(g) 6= +∞} est nommé domaine ra-
tionnel élémentaire. Un domaine rationnel est une intersection finie de do-
maines rationnels élémentaires. Par défaut, on considère que la topologie de
Spa(R, R+ ) est celle engendrée par les domaines rationnels élémentaires.
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Remarque. Si la topologie de R est discrète, R+ est simplement un anneau
intégralement fermé dans R et Spa(R, R+ ) est un espace spectral et peut donc
être vu comme un schéma.
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Chapitre 3
Espaces adiques
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l’ensemble des fonctions continues à valeur dans R est un faisceau. La diffé-
rence est que le fait d’être borné est une propriété globale lorsque le fait d’être
continu est une propriété locale.
Proposition 3.5. L’image directe d’un faisceau par une application continue
est un faisceau.
OSpa(R,R+ ) : U 7→ lim \
R[1/g]
←−
R(f1 ,...,fr /g)⊂U
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Chapitre 4
Espaces perfectoïdes
10
Définition 4.5. Soit R un anneau de Tate perfectoïde. On définit le basculé
de R comme la limite R[ = lim R. La projection sur la première coordonnée
←−
x7→xp
[ ]
R → R sera notée f 7→ f .
Proposition 4.6. Si (x(0) , x(1) , x(2) , ...) et (y (0) , y (1) , y (2) , ...) sont des élé-
n
ments de R[ , n→∞
lim (x(i+n) + y (i+n) )p existe pour tout i et sera notée z (i) .
Muni de l’addition donnée par (x(0) , x(1) , x(2) , ...) + (y (0) , y (1) , y (2) , ...) =
(z (0) , z (1) , z (2) , ...), de la multiplication terme à terme et de la topologie de
la limite projective, R[ est une Fp -algèbre perfectoïde.
∞ ◦
Exemple 4.7. On a (Qcycl [
p ) = Fp ((t
1/p
)). En effet, on a bien (Qcycl
p ) /p =
Zp [p1/p ]/p ∼
∞ ∞ ∞ n
= Fp [t1/p ]/t = Fp ((t1/p ))◦ /t où les éléments du type p1/p sont
n ∞
envoyés sur t1/p . Cet isomorphisme s’étend en une application Fp ((t1/p )) →
Qcycl
p qui envoie t sur p et qui sera noté x 7→ x] . Alors l’application
∞
Fp ((t1/p )) → (Qcycl [ ]
p ) définie par x 7→ (x , (x
1/p ]
) , ...) est un isomorphisme.
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Définition 4.12. Un espace perfectoïde affinoïde est un espace adique qui
est isomorphe à (Spa(R, R+ ), OSpa(R,R+ ) ) où R est perfectoïde. Un espace
perfectoïde est un espace adique qui admet un recouvrement par des espaces
perfectoïdes affinoïdes.
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