Problemes TFJM2017

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TFJM2

Problèmes du 7ème Tournoi Français


des Jeunes Mathématiciennes et Mathématiciens

VERSION 1.2 MISE À JOUR LE 27 JANVIER 2017

Préambule
Ces problèmes sont difficiles et sont proposés par des chercheurs et étudiants en mathéma-
tiques. Ils n’admettent pas toujours, à la connaissance du jury, de solution complète et sont
accessibles à des lycéens, c’est-à-dire que les auteurs sont certains qu’un travail de recherche élé-
mentaire peut être mené sur ces problèmes. Le jury n’attend pas des candidats qu’ils résolvent
entièrement un problème, mais qu’ils en comprennent les enjeux, résolvent des cas particuliers,
repèrent les difficultés et proposent des pistes de recherche. Attention, les questions ne sont pas
toujours classées par ordre croissant de difficulté. Enfin, il n’est pas nécessaire de traiter tous
les problèmes : chaque équipe peut en refuser un certain nombre sans pénalité. On se reportera
au règlement pour plus de détails.
Ces problèmes sont distribués sous licence CC-BY-SA 4.0. En cas de questions concernant le
tournoi ou les énoncés, consulter le site www.tfjm.org ou contacter les organisateurs à l’adresse
[email protected].

Table des matières


Préambule 1
Notations 1
1. Le retour des labyrinthes 2
2. L’arbre qui cache la forêt 3
3. Téléphones à crabes 4
4. Coupes d’arbres 6
5. Jeu sur le plan 7
6. Et les menteurs, mon cher Watson ? 7
7. Nombre mystère 8
8. Organiser un tournoi efficace 9
9. L’interconnexion n’est pas assurée 10

Mots-clés : 1. combinatoire, coloriages — 2. géométrie — 3. géométrie, systèmes dyna-


miques — 4. graphes — 5. géométrie, jeux — 6. logique, combinatoire — 7. analyse, arithmé-
tique, jeux — 8. combinatoire — 9. optimisation.

Notations
N = {0, 1, 2, 3, . . .} ensemble des entiers positifs
Z, Q ensembles des nombres entiers et rationnels
R, R2 droite réelle, plan
|E | cardinal de l’ensemble E (nombre d’éléments de E, si E est fini)
[a, b], ]a, b[ intervalle fermé et ouvert de R
bxc partie entière du réel x (plus grand entier inférieur ou égal à x)
Problèmes du 7ème TFJM2 2

1. Le retour des labyrinthes


On considère un grand carré de côté n ∈ N∗ , quadrillé par des petits carrés de côté 1. Dans
chaque petit carré, on trace une et une seule diagonale qui délimite deux petits triangles. On
appelle labyrinthe de taille n la donnée de ces tracés. Les petits segments divisent le bord du
grand carré en segments de longueur 1, numérotés de 1 à 4n comme sur la figure 1. On appelle
chemin de i à j une suite de petits triangles (t1 , . . . , t` ) deux à deux distincts tels que :
— ti et ti+1 ont exactement un côté en commun qui n’est pas l’une des diagonales tracées ;
— le segment i est un côté de t1 et le segment j est un côté de t` .
On dit que ` est la longueur du chemin de i à j. On appelle profondeur d’un labyrinthe la
longueur maximale d’un chemin du labyrinthe. On appelle complexité d’un labyrinthe la somme
de toutes les longueurs des chemins.

1 2 3 1 2 3 1 2 3

12 4 12 4 12 4

11 5 11 5 11 5

10 6 10 6 10 6

9 8 7 9 8 7 9 8 7
Profondeur = 5 Profondeur = 9 Profondeur = 9
Complexité = 14 Complexité = 18 Complexité = 18

Figure 1. Trois exemples de labyrinthes pour n = 3.

On dit que deux labyrinthes sont de même type s’il est possible de passer de l’un à l’autre
par une rotation du grand carré. Par exemple, parmi les trois labyrinthes ci-dessus, celui au
centre est du même type que celui de droite, mais n’est pas du même type que celui de gauche.
1. Étant fixée la taille n du labyrinthe, combien existe-t-il
a) de labyrinthes ?
b) de types différents de labyrinthes ?
2. On fixe n ∈ N∗ .
a) Quelles sont les valeurs possibles pour la complexité d’un labyrinthe de taille n ?
b) Quelles sont les valeurs minimales et maximales pour la profondeur ?
Étant donné un labyrinthe L de taille n, on classifie les entiers de 1 à 4n de sorte que i et j
sont dans la même classe lorsqu’ils sont reliés par un chemin dans le labyrinthe L. On appelle
partition de L l’ensemble de ces classes.
3. Trouver des conditions nécessaires ou suffisantes pour qu’étant donnée une partition de
{1, . . . , 4n}, il existe un labyrinthe dont c’est la partition.
On dit que deux chemins (t1 , . . . , t` ) et (t01 , . . . , t0`0 ) sont adjacents s’il existe des triangles tp
et t0q ayant une diagonale tracée en commun. On colorie les chemins avec différentes couleurs
(comme dans la Figure 2) : on appelle nombre chromatique d’un labyrinthe L, noté χL , le nombre
minimal de couleurs pour que deux chemins adjacents de L soient de couleurs différentes.
4. Quelles valeurs peut prendre le nombre chromatique d’un labyrinthe de taille n ∈ N∗ fixée ?
5. Proposer et explorer d’autres pistes, éventuellement sur d’autres labyrinthes.
Problèmes du 7ème TFJM2 3

1 2 3

12 4

11 5

10 6

9 8 7

Figure 2. Pour ce labyrinthe, n = 3 et χL = 2.

∗ ∗ ∗

2. L’arbre qui cache la forêt


Gaston le mouton est enfermé dans un enclos au milieu de la forêt. En regardant les arbres
qui l’entourent, il remarque que certains arbres ne sont pas visibles depuis tous les points de
l’enclos. Par exemple, sur la figure, lorsque Gaston se place en G, l’arbre X cache l’arbre Y .
Gaston décide alors de compter les arbres qu’il ne pourra jamais faire disparaître de son champ
de vision.

Figure 3. Lorsque Gaston est en G il ne voit pas Y .

L’enclos de Gaston est noté E et délimité par des piquets, placé sur des points du plan à
coordonnées entières. On considère que les piquets font partie de l’enclos et ne cachent pas les
arbres. On suppose de plus que E est convexe, c’est-à-dire que si deux points G1 et G2 sont
dans E, alors tout le segment [G1 G2 ] est inclus dans E. On suppose que la forêt est constituée
des arbres plantés sur chaque point à coordonnées entières qui ne fait pas partie de l’enclos,
soit Z2 \ E . On note G(E) l’ensemble des arbres que Gaston ne peut pas faire disparaître de
son champ de vision.
1. Déterminer G(E) dans les cas suivants :
a) E est un triangle rectangle isocèle de côté 1.
b) E est un point.
c) E est un segment de longueur 1.

d) E est un segment de longueur 2.
e) E est un rectangle de côté parallèle aux axes.
f) E est un triangle rectangle dont les petits côtés sont parallèles aux axes.

2. Pour un entier n donné, peut-on trouver E tel que |G(E)| = n ?


1
3. Quelles valeurs peut prendre |G(E)| pour E d’aire 2
? Pour E d’aire 1 ?
Problèmes du 7ème TFJM2 4

Figure 4. G(E) est constitué des 13 arbres rouges. Pour tous les autres arbres,
Gaston peut trouver un point de son enclos d’où il ne verra pas cet arbre.

4. Dans quels cas G(E) est-il fini ? Dans ce cas, peut-on borner la taille de G(E) en fonction
des caractéristiques de E (nombre de sommets, nombre de points dans E, sur les bords de E,
périmètre, aire . . . ) ? Peut-on caractériser G(E) précisément de façon géométrique ? de façon
algébrique ?
5. Étant donné un sous-ensemble F de Z2 , que dire des sous-ensembles E du plan vérifiant
G(E) = F ? Peut-on déterminer si un tel ensemble E existe ?
On fixe un sous-ensemble E0 du plan et on définit la suite d’ensembles (En )n∈N par la relation
de récurrence En+1 = Conv(G(En )). Ici, Conv(A) désigne l’enveloppe convexe de l’ensemble A,
c’est-à-dire le plus petit ensemble C contenant A tel que, si deux points X et Y sont dans C,
alors tout le segment [XY ] est inclus dans C.
6. Que peut-on dire de la suite (En )n∈N ? Est-ce que l’union des ensembles En est égale à
l’ensemble du plan ? Peut-on déterminer comment se comporte la suite (|G(En )|)n∈N ?
7. Proposer et étudier d’autres pistes de recherche.

∗ ∗ ∗

3. Téléphones à crabes
Au fond des océans, il existe une espèce de crabes bien particuliers. Chacun se déplace
toujours en ligne droite, à vitesse constante. Lorsque plusieurs crabes se rencontrent en un
même point, chacun fait demi-tour et continue de se déplacer sur la droite qui lui a été assignée
à la naissance, à la même vitesse mais en sens inverse.
Un crabe est caractérisé à l’instant t par sa position P (t) ∈ R2 (en coordonnées cartésiennes
du plan) et sa vitesse (non-nulle) ~v (t) ∈ R2 \ {(0, 0)}. Chaque  crabe est donc  identifié à un
couple. C(t) = (P (t), ~v (t)). On appelle disposition à n crabes C1 (t), . . . , Cn (t) la donnée d’un
n-uplet de crabes Ci (t) = (Pi (t), v~i (t)) deux à deux distincts. On note vi = k~ vi (t)k la valeur de
la vitesse du i-ème crabe, qui ne dépend pas de t.
On dit
qu’une disposition 
àn

crabes est stable s’il existe un réel strictement positif T ∈ R∗+
tel que C1 (T ), . . . , Cn (T ) = C1 (0), . . . , Cn (0) , c’est-à-dire que chaque crabe a retrouvé sa
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~v2 P2 ~v2 P2 P2 ~v2


~v1
~v1 P1
P1
P1 ~v1

t=0 t = 0.5 t=3


( ( (
C1 = ((0, 0), (0, 1)) C1 = ((0, 0.5), (0, 1)) C1 = ((0, 1), (0, −1))
C2 = ((4, 2), (−2, 0)) C2 = ((3, 2), (−2, 0)) C2 = ((2, 2), (2, 0))

Figure 5. Un exemple avec deux crabes.

position initiale et part dans le même sens ; un tel T > 0 est une période de la disposition. On
appelle tempo de la disposition sa plus petite période.
1. Soit v, T > 0. Pour quelles valeurs de n ∈ N∗ existe-t-il une disposition stable à n crabes et
de tempo T , telle que v = v1 = · · · = vn ?
2. Soit n ∈ N∗ .
a) Existe-t-il une disposition stable à n crabes dont la famille des constantes vi vérifie les
inégalités vi > 2vi+1 ?
b) Pour quelles familles de constantes (v1 , . . . , vn ) existe-t-il une disposition stable à n
crabes ?
On dit qu’une disposition à n crabes est :
— asymptotiquement stable si elle est stable à partir d’un certain temps, à savoir qu’il existe
T, u > 0 tels que pour tout i, Ci (T + u) = Ci (u) ;
— semi-stable si la situation initiale subit une translation à intervalles de temps réguliers,
c’est-à-dire qu’il existe T > 0 et un vecteur L ~ tel que pour tout i ∈ {1, . . . , n} on a
~ et ~vi (T ) = ~vi (0) ;
Pi (T ) = Pi (0) + L
— bornée si aucun crabe ne s’éloigne arbitrairement du point (0, 0), c’est-à-dire qu’il existe
un réel M > 0 tel que pour tout i ∈ {1, . . . , n} et tout t > 0 la distance entre (0, 0) et
Pi (t) soit d’au plus M .
3. a) Une disposition bornée est-elle nécessairement stable ?
b) Dans une disposition bornée, chaque crabe a-t-il nécessairement un mouvement pério-
dique ?
4. a) Pour quelles valeurs de n ∈ N∗ existe-t-il une disposition asymptotiquement stable mais
pas stable ?
b) Pour quelles valeurs de n ∈ N∗ existe-t-il une disposition semi-stable mais pas stable ?
On appelle degré d’une configuration stable le plus grand entier d tel qu’à chaque instant où
2 crabes se rencontrent, au moins d crabes se rencontrent.
5. Soit n ∈ N∗ . Quel est le plus petit degré possible pour une configuration stable à n crabes ?
Les crabes étant des êtres sociables, ils s’échangent l’intégralité de leurs connaissances chaque
fois qu’ils se rencontrent. On considère une disposition stable à n crabes.
Initialement, chaque crabe ne connaît que lui-même. Lors d’une rencontre (qui peut avoir
lieu à t = 0), chaque crabe y prenant part donne aux crabes qu’il rencontre l’intégralité de ses
connaissances et reçoit les leurs. On dit qu’une disposition stable à n crabes est un téléphone à
Problèmes du 7ème TFJM2 6

n crabes s’il existe un temps T auquel chaque crabe connaît tous les autres. On appelle latence
du téléphone à crabes la plus petite valeur T2 > 0 possible d’un tel T .
6. Pour quelles valeurs de n ∈ N∗ existe-t-il un téléphone à n crabes ?
7. On note T1 le tempo d’une disposition et T10 la plus petite période d’un crabe de la disposition.
a) Quelles valeurs peut prendre le rapport T2 /T1 ?
b) Quelles valeurs peut prendre le rapport T2 /T10 ?
8. Qu’en est-il lorsque les vitesses des crabes suivent uniquement des verticales ou des horizon-
tales ?
9. Suggérer et étudier d’autres directions de recherche.

∗ ∗ ∗

4. Coupes d’arbres

1 •
• 1
• 1 •
2 3
• 1 • 2 • 5 •
1 1 •

Figure 6. Un exemple avec n = 11. On a ici C (T ) = {1, 2, 3, 5}.

On appelle graphe un ensemble de sommets et d’arêtes, deux sommets étant voisins lorsqu’ils
sont reliés par une arête. On appelle arbre un graphe connexe (c’est-à-dire tel qu’il existe
toujours un chemin entre deux sommets quelconques) et sans cycle (ce chemin est unique si on
interdit de passer deux fois par un même sommet).
Soit n > 2 fixé. Si T est un arbre à n sommets et e une de ses arêtes, en coupant l’arête
e, on obtient deux arbres T1 et T2 . On écrit sur l’arête e le nombre de sommets du plus petit
des deux arbres T1 et T2 (voir figure 6). L’ensemble des nombres ainsi écrits sur les arêtes est
appelé ensemble des coupes de T et noté C (T ). On dit qu’un sous-ensemble A de {1, 2, . . . , n}
est n-sécable s’il existe un arbre T à n sommets tel que C (T ) = A.
1. Soit k > 1. Pour quelles valeurs de k les ensembles suivants sont-ils n-sécables ?
a) A = {k},
b) A = {1, k},
c) A = {1, 2, . . . , k}.
2. Quels sont le plus grand et le plus petit cardinaux possibles d’un sous-ensemble n-sécable ?
3. Donner des conditions nécessaires et/ou suffisantes pour qu’un sous-ensemble de {1, 2, . . . , n}
soit n-sécable.
4. On note cn le nombre de sous-ensembles n-sécables de {1, 2, . . . , n}. La suite (cn )n>0 est-elle
croissante ? Estimer cn .
5. Soit k > 2. On dit qu’un arbre est binaire si tous les sommets de l’arbre ont soit 1 soit 3
voisins. On dit qu’un sous-ensemble A de {1, 2, . . . , n} est binairement n-sécable s’il existe un
Problèmes du 7ème TFJM2 7

arbre binaire T à n sommets tel que C (T ) = A. Reprendre les questions précédentes dans ce
cadre.
6. Proposer et étudier d’autres pistes de recherche. On pourra par exemple s’intéresser à d’autres
catégories d’arbres que les arbres binaires.

∗ ∗ ∗

5. Jeu sur le plan


On fixe un entier n > 1. Alice choisit un ensemble E de n points du plan, que Bob doit
trouver (il connaît n). Pour cela, à chaque tour, il propose un point P du plan. Alice lui indique
alors la droite passant par ce point P et le point de E le plus proche de P (en cas d’équidistance,
Alice choisit comme elle veut parmi les points les plus proches de P ). Si Bob tombe pile sur un
point, elle le lui indique et le retire de E.
Dans un premier temps, on suppose les points de E numérotés de 1 à n, et Alice donne en
plus à chaque tour le numéro du point de E le plus proche de P (celui par lequel passe la
droite).
1. Bob peut-il s’assurer de trouver tous les points ? Si oui, peut-il se l’assurer en un nombre fixé
de tours ? Si oui, quel est le nombre minimal de tours nécessaire ? On pourra commencer par
traiter les cas n = 1, 2, et trouver un encadrement aussi précis que possible dans le cas général.
2. Désormais, Alice ne répond plus le numéro du point le plus proche. Reprendre la question
précédente.
3. Désormais, lorsqu’un point est trouvé, Alice ne le retire pas de E et il peut donc être le point
le plus proche pour les demandes suivantes. Reprendre les questions précédentes.
4. Désormais, on suppose qu’Alice ne peut placer ses points que dans le disque unité. Bob peut
néanmoins toujours proposer ses points où il le souhaite. Reprendre les questions précédentes.
5. Lassée des droites, Alice indique maintenant le cercle centré sur le point de Bob et passant
par le point le plus proche de P . Reprendre les questions précédentes.
6. A chaque tour, Bob choisit s’il veut qu’Alice lui réponde le cercle ou la droite. Reprendre les
questions précédentes.
7. Proposer et explorer d’autres pistes de recherche.

∗ ∗ ∗

6. Et les menteurs, mon cher Watson ?


Il y a eu un vol au village. La police enquête. Il existe trois types de suspects :
— les vériteurs, qui disent toujours la vérité,
— les menteurs, qui mentent systématiquement,
— les lunatiques, qui, à chaque fois qu’on les interroge, répondent ce qu’ils veulent.
On note Cv,`,m l’ensemble des configurations possibles avec v vériteurs, ` lunatiques et m
menteurs. Par exemple, C1,0,1 contient deux configurations possibles : si les suspects sont Alice
et Bob, soit Alice est vériteur et Bob est menteur, soit c’est l’inverse.
L’inspecteur connaît les entiers v, ` et m. Pour résoudre son enquête, il doit déterminer à
quelle catégorie appartient chacun des suspects, c’est-à-dire quelle est la configuration réelle,
notée K par la suite.
Pour un sous-ensemble A ⊂ Cv,`,m , on note QA la question : « La configuration K appartient-
elle à A ? » Chaque jour, l’inspecteur interroge un suspect en lui posant une question de la
Problèmes du 7ème TFJM2 8

forme QA . Il doit déterminer K en minimisant la durée de l’enquête (dans le pire des cas). Il
peut interroger tous les suspects et leur poser autant de questions qu’il le souhaite.
On note qv,`,m le plus petit entier q tel que l’inspecteur peut s’assurer de terminer l’enquête
en au plus q jours. On pose qv,`,m = +∞ s’il n’existe pas de tel entier.
1. Pour n = 2, 3, 4, déterminer qv,`,m pour tous v, `, m tels que v + ` + m = n.
On suppose pour les questions 2), 3) et 4) qu’il n’y a pas de menteurs, c’est-à-dire m = 0.
2. a) Trouver une condition nécessaire et suffisante pour que qv,`,0 soit fini.
b) Dans ce cas, estimer qv,`,0 . On pourra chercher un encadrement de la forme f (v, `) 6
qv,`,0 6 c(`) × f (v, `), voire de la forme f (v, `) 6 qv,`,0 6 c(`) + f (v, `) avec c(`) aussi petit
que possible.
Pour les questions 3 et 4, les suspects ne se connaissent pas tous, mais tout le monde connaît
les valeurs de v, ` et m. L’inspecteur sait qui connaît qui. Il pose désormais à un suspect une
question Q0A avec A ⊂ Cv,`,m : « Es-tu sûr(e) que la configuration K appartient à A ? »
Par exemple, pour (v, `, m) = (3, 1, 0). Antoine, Bernardo et Cécile sont des vériteurs et David
est un lunatique. Antoine connaît Bernardo mais ni Cécile ni David. Soit K1 la configuration
« Antoine, Bernardo et Cécile vériteurs et David lunatique » et K2 la configuration : « Antoine,
Bernardo et David vériteurs et Cécile lunatique ». Alors Antoine répond « Non » aux questions
Q{K1 } et Q{K2 } , et « Oui » à la question Q{K1 ,K2 } .
3. On fixe p ∈ N. Les suspects sont disposés en cercle. Chacun connaît ses p voisins de gauche
et ses p voisins de droite. Reprendre la question 2 dans ce cas.
4. On fixe p ∈ N. Les suspects forment une grille carrée n × n. Chacun connaît les suspects à
distance au plus p, où la distance entre les points repérés par (x, y) et (z, w) est |x − z| + |y − w|,
comme illustré sur la figure. Reprendre la question 2 dans ce cas.

Figure 7. Illustration de la distance pour p = 3, n = 11 :


les connaissances des points rouges sont représentées en bleu.

5. L’inspecteur change de méthode d’investigation. On fixe un entier r impair. L’inspecteur


choisit chaque jour une question et r suspects parmi les n. Le Dr. Watson leur pose cette
question puis donne à l’inspecteur la réponse majoritaire sans plus de détail. Reprendre l’étude
précédente dans ce cas. On ne suppose plus que m = 0.
6. Proposer et étudier d’autres pistes de recherche.

∗ ∗ ∗

7. Nombre mystère
Alice choisit un réel x > 0 et Bob cherche à l’estimer.
Alice commence par lui donner la valeur de a0 = bxc. Bob choisit alors un réel b1 > 0, Alice
lui répond a1 = bb1 xc ; Bob choisit un réel b2 > 0, Alice lui répond a2 = bb2 xc ; etc.
À chaque fois que Bob choisit bn , il calcule pn , le nombre de réponses possibles qu’il pourrait
obtenir (connaissant les valeurs ai précédentes). Par exemple, si Alice indique d’abord a0 = 1,
Problèmes du 7ème TFJM2 9

Bob sait que x ∈ [1, 2[. Si Bob choisit ensuite b1 = 2.5, comme b1 x ∈ [2.5, 5[, Alice peut alors
répondre 2, 3 ou 4, donc p1 = 3.
1. Soit (un ) une suite quelconque d’entiers. Bob peut-il s’assurer d’obtenir pn = un pour tout
n > 1?
2. On fixe un réel ε > 0. Bob cherche à estimer x en obtenant un encadrement de la forme
x0 ≤ x ≤ x0 + ε. Chaque fois que Bob demande une valeur à Alice, il doit payer cn . Bob cherche
à estimer x en minimisant le coût total dans le pire des cas.
Déterminer le coût minimal que Bob peut s’assurer en fonction de ε lorsque :

a) cn = an c) cn = ln(1 + bn ) + 1 e) cn = pn
b) cn = bn d) cn = pn − 1 f) cn = pn + A avec A ∈ R+ .

3. On fixe n ∈ N. Reprendre la question précédente en fonction de n lorsqu’on impose bxc = n.


4. On impose maintenant la suite (bn ) et Alice choisit x pour faire varier (pn ). Étudier les suites
possibles lorsque :
a) bn = k n avec k ∈ N∗ ;
b) bn = k n/d avec k, d ∈ N∗ ;
c) bn = tn avec t ∈ R∗+ .
On pourra commencer par déterminer l’ensemble des k-uplets de la forme (pk0 +1 , . . . , pk0 +k )
avec k0 ∈ N pour k fixé.
5. Proposer et étudier d’autres pistes de recherche.

∗ ∗ ∗

8. Organiser un tournoi efficace


On organise un tournoi de mathématiques entre N joueurs, avec N ∈ N∗ . On suppose qu’il
existe un ordre total sur les joueurs, de sorte que, si A < B, le Aème meilleur joueur bat toujours
le B ème meilleur joueur. De plus, on suppose que cet ordre est strict, c’est-à-dire qu’il n’existe
pas deux joueurs de niveau égal. Notre but est d’identifier les K meilleurs joueurs, c’est-à-dire
de déterminer, pour tout A 6 K, quel est le Aème meilleur joueur. Pour des raisons sportives,
chaque joueur peut affronter au plus un adversaire par jour. On souhaite donc organiser les
matches de telle sorte que le tournoi dure le moins de jours possibles : on notera J(K, N ) la
plus petite durée possible du tournoi.
1. Que vaut J(1, N ) ? On pourra commencer par traiter des valeurs de N 6 10.
2. Que valent J(2, N ) ? J(3, N ) ? J(N, N ) ? J(K, N ) dans le cas général ?
Joon a longuement observé les joueurs durant leur entraînement. Il vous a indiqué ce qu’il
pense être le classement réel de chaque joueur. Muni de cette information supplémentaire, vous
souhaitez donc organiser des matches, tels que :
— si Joon a tort, le tournoi ne dure pas plus de J(K, N ) jours ;
— s’il a raison, le tournoi dure au plus J 0 (K, N ) jours, où J 0 (K, N ) est aussi petit que
possible.

3. Que vaut J 0 (K, N ) ?


4. Si on organise le tournoi simplement pour vérifier si Joon avait raison, combien de jours
dure-t-il au minimum ?
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Matthieu propose de faire s’affronter les joueurs lors de poules de 3 ou 4 joueurs : à l’issue de
chaque poule, on connaît les classements relatifs de chacun des joueurs de la poule. De même
que précédemment, chaque joueur ne peut participer à plus d’une poule par jour.
5. Reprendre les questions 1 à 3 en supposant que, au lieu de mettre en place des matches 1 vs
1, on met en place des poules de 3 ou 4 joueurs.
6. Proposer et étudier d’autres pistes de recherche.

∗ ∗ ∗
9. L’interconnexion n’est pas assurée
On considère une ligne de RER formée de n + 1 stations consécutives, sur laquelle circulent k
trains. Chaque train fait des aller-retours sur la ligne en s’arrêtant à certaines stations (chaque
train s’arrête aux mêmes stations dans les deux sens). Un plan d’exploitation est une manière
de choisir l’ensemble des stations où chaque train s’arrête. On suppose que le temps mis par
un voyageur pour aller d’une station i à une station j est égal au nombre de fois où son train
s’arrête entre i et j en comptant j mais pas i (voir la figure 8). Le temps de transport minimal
entre i et j, noté t(i, j), est le temps que met un voyageur pour aller de i à j en choisissant le
train pour lequel le voyage est le plus rapide. Enfin, on définit le diamètre du plan d’exploitation
comme le temps de transport minimal le plus long, soit max06i<j6n t(i, j).

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Figure 8. Un exemple de plan d’exploitation avec n = 10 et k = 2. Le temps


de transport de la station 4 à la station 10 est de 5 par le train bleu et 3 par le
train rouge. Le temps de transport minimal entre 4 et 10 est donc 3. Le diamètre
du plan d’exploitation est infini car il n’est pas possible d’aller de 3 à 9.

Igor, fraîchement nommé directeur de la RATP, cherche un plan d’exploitation de diamètre


le plus petit possible avec k et n fixés.
1. Si le diamètre du plan d’exploitation est fini, y a-t-il nécessairement un train qui dessert
toutes les stations ?
2. Estimer le diamètre minimal du plan d’exploitation dans les cas suivants :

a) k = 1, c) k = 3, e) k = n,
2
b) k = 2, d) k > n , f) n et k quelconques.

3. On suppose maintenant qu’il est possible d’effectuer des correspondances : pour se rendre de
i à j, le voyageur peut descendre dans une autre gare pour changer de train. Dans le temps
de transport, on ne prend en compte que le temps passé dans les trains (on suppose que les
correspondances sont instantanées). Reprendre la question 2 dans ce cadre.
4. On suppose maintenant que la durée d’un trajet dépend également de la distance parcourue :
chaque redémarrage prend un temps a et chaque intervalle parcouru entre deux stations prend
un temps b. Reprendre la question 2 dans ce cadre.
5. Proposer et étudier d’autres directions de recherche.

∗ ∗ ∗

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