Propagation Milieux Anisotropes
Propagation Milieux Anisotropes
Propagation Milieux Anisotropes
7.1 Introduction
7.1.1 biréfrigence
Il arrive qu’un rayon lumineux traversant certains cristaux transparents donne
naissance à deux rayons lumineux réfractés. On appelle cela la double réfrac-
tion. Les milieux qui donnent naissance à ce phénomène sont des milieux ani-
sotropes. Ce phénomène a été découvert en 1669 par le danois Erasmus Bar-
tolinus (1625-1692) dans le calcite CaCO3 (encore appelé Spath d’Islande). Le
calcite est un milieu biréfringent. L’origine de cette biréfrigence est naturelle.
La biréfrigence naturelle provient de la levée de l’isotropie de l’espace dans
lequel se propage l’onde électromagnétique. C’est l’arrangement des atomes
à l’intérieur de la maille cristalline qui est responsable de cette anisotropie.
Les propriétés de polarisation du cristal sont ici directement liés à la symétrie
du réseau cristallin. On peut également rendre artificiellement biréfrigent un
milieu isotrope en modifiant la symétrie de son environnement, par exemple
sous l’action d’une contrainte mécanique ou bien en appliquant un champ
électrique ou magnétique. On parle alors de biréfringence induite.
129
130 CHAPITRE 7. MILIEUX ANISOTROPES
P~ = ε0 [χe ] E
~ ext
Notons qu’avec l’apparition des sources Laser à impulsions courtes, les effets
non linéaires prennent une place très importante en optique. Ainsi si l’hy-
pothèse sur la linéarité du matériau n’est plus valide, le vecteur P~ sera le
résultat d’une superposition de vecteurs polarisations volumiques oscillant
aux fréquences harmoniques :
ρp = −div P~ .
DY = εY X EX + εY Y EY + εY Z EZ
DZ = εZX EX + εZY EY + εZZ EZ
Ce tenseur peut donc toujours être exprimé sous la forme d’une matrice
diagonale dans la base orthogonale formée par ses vecteurs propres. On peut
donc effectuer un changement d’axes de coordonnées permettant de passer du
système d’axe (OXYZ) dans lequel la matrice est non diagonale, au systèmes
d’axes propres (Oxyz) dans lequel la matrice prend une forme diagonale plus
simple. Dans le cas général on note :
ε1 0 0
[ε] = 0 ε2 0 .
0 0 ε3
Si une des valeurs propres (εi ) n’est pas strictement positive alors le matériau
est absorbant ; en fait il absorbe les ondes polarisées dans la direction du vec-
teur propre correspondant. On parle alors de dichroı̈sme ou de pléochroı̈sme
en pétrologie ce qui correspond à de l’anisotropie d’absorption.
Dans la suite sans autre précision, nous ne nous intéresserons qu’à des milieux
non absorbants par conséquent nous pouvons faire apparaitre des indices de
réfraction comme défini au chapitre 3 pour les isolants non absorbants :
2
n1 0 0
[ε] = ε0 0 n22 0
0 0 n23
Rappelons que lorsque les 3 valeurs propres sont identiques le matériau est
isotrope, car un indice unique suffit à caractériser le matériau. Dans le cas
contraire, il est anisotrope uniaxe si 2 valeurs propres sont égales ou biaxe si
elles sont toutes les trois différentes.
1. Lorsque les vecteurs propres correspondent à des polarisations circulaires on parle
d’anisotropie circulaire du matériau. A l’inverse lorsqu’ils correspondent à des polarisations
linéaires on parle d’anisotropie linéaire. Remarquons que ces deux types d’anisotropie
peuvent exister en même temps dans les matériaux ; les états propres sont alors elliptiques.
134 CHAPITRE 7. MILIEUX ANISOTROPES
→ ~
∂B → ~
∂D
~ = 0,
div D ~ = 0,
div B ~+
rot E = ~0 et ~ − µ0
rot B = ~0.
∂t ∂t
Le champ électrique associé à cette onde s’écrit donc en notation complexe
~ 0 ei(~k·~r−ωt) .
~ =E
E
~k · D
~ = 0 et ~k · B
~ =0
~ ~
~ = −k ∧ B
D
µ0 ω
et n’est donc pas (en général) parallèle au vecteur d’onde ~k. Rappelons que
l’énergie (i.e. le rayon lumineux) se propage selon Π~ et que le vecteur d’onde
~∧ B
2. Rappelons que A ~ ∧C
~ = A ~·C
~ B ~− A~·B
~ C.~
7.2. ONDES DANS LES MILIEUX ANISOTROPES 135
~ ~ n2 h ~ ~ i
D = [ε]E = 2 E − ~u · E ~u . (7.1)
c µ0
En nous plaçant dans le repère propre du milieu c’est-à-dire celui dans lequel
le tenseur de permittivité est diagonal, et en notant (α, β, γ) les coordonnées
du vecteur unitaire ~u qui représente la direction de propagation de l’onde, on
obtient la relation tensorielle suivante :
Nous ne résoudrons pas ce système dans le cas général mais il est facile
de vérifier qu’il conduit à une équation du second degré en n2 qui s’appelle
équation de Fresnel. Ainsi on peut montrer que cette équation possède quatre
solutions réelles (±n′ et ±n′′ ) qui dépendent de la direction de propagation
de l’onde incidente c’est-à-dire de ~u (le signe ± correspond au sens de propa-
gation). En supposant n1 > n2 > n3 , on aura de façon générale n1 ≥ n′ ≥ n2
et n2 ≥ n” ≥ n3 .
Figure 7.4 – Coupes de la surface des indices dans les plans (Oxy), (Oyz) et
(Oxz). OB’=OC’=n1 ; OA’=OC”=n2 , OA”=OB”=n3 (avec n1 > n2 > n3 ).
On peut remarquer que l’intersection de la surface des indices avec un plan
principal est toujours constitué d’un cercle et d’une ellipse. Dans le plan
(Oxz) on peut voir les points de croisement qui définissent les deux axes
optiques selon lesquels une onde de propage comme dans un milieu isotrope
avec un seul indice.
pour indice extraordinaire. Les surfaces des indices d’un milieu uniaxe sont
une sphère et un ellipsoı̈de. Les deux surfaces sont tangentes en leurs points
d’intersection avec l’axe optique (voir la figure 7.5).
138 CHAPITRE 7. MILIEUX ANISOTROPES
Figure 7.5 – coupe de la surface des indices d’un milieu uniaxe dans un
plan passant par l’axe optique (figure adaptée du Manuel d’optique de G.
Chartier). Les deux surfaces présentent un symétrie cylindrique autour de
l’axe optique.
n2o 0 0
[ε] = ε0 0 n2o 0
0 0 n2e
Remarquons que si l’onde incidente se propage selon l’axe (Oz), elle ne ”verra”
pas l’anisotropie du matériau puisque les deux modes de propagation se pro-
c
pageront à la vitesse vφ = . Cet axe (Oz) est appelé axe optique du ma-
no
tériau à ne pas confondre avec l’axe optique du montage optique ! Notre
système possédant une symétrie de révolution autour de l’axe (Oz), le ré-
sultat ne dépend pas de l’angle de longitude ϕ (en coordonnées sphériques).
Nous pouvons donc simplifier les calculs en prenant ϕ = 0 ce qui revient à
7.3. ONDE PLANE DANS UN MILIEU UNIAXE NON ABSORBANT139
−n2e sin θ
~ e = ae
E 0
n2o cos θ
n2o cos θ
~e = a2e n2o n2e
Π 0 .
µ0 c 2
ne sin θ
n2o 0 0
[ε] = ε0 0 n2e 0 .
0 0 n2o
L’onde plane arrivant en incidence normale sur la lame (~k = k~uz ), le champ
électrique avant la lame s’écrit en notation complexe
Ex
~ = ei(ωt−kz) E y .
E
0
Mode ordinaire : n = no
E ~ o = ε0 n o 2 E
~ o = E o ei(ωt−no k0 z)~ux , D ~ o, B ~ o //~k.
~ o = Bo~uy et Π
Mode extraordinaire : n = ne
E ~ e = ε0 n e 2 E
~ e = E e ei(ωt−ne k0 z)~uy , D ~ e, B ~ e //~k.
~ e = Be~ux et Π
7.4. ÉTUDE DES LAMES DE PHASE 143
~ux et ~uy correspondent donc à la fois à deux axes propres de la lame et aux
lignes neutres (pour cette incidence). De manière plus générale quand le vec-
teur d’onde est colinéaire à un axe propre du matériau, les lignes neutres sont
confondues avec les deux autres axes propres du matériau. Si ne > no l’axe
ordinaire est l’axe rapide et l’axe extraordinaire l’axe lent : le milieu est dit
positif (négatif dans le cas contraire).
où ∆n = ne − n0 .
~ ∗ = E0 2
~ ·E
La lame étant considérée comme non absorbante l’intensité I = E
est inchangée.
Lame d’onde
Une lame est dite lame d’onde pour une OPHPM si elle introduit un dé-
phasage ϕ entre les deux modes de propagation qui est un multiple de 2π.
En d’autres termes, une lame d’onde doit avoir une différence d’épaisseur
optique e∆n entre ses deux lignes neutres égale à un multiple de la longueur
7.4. ÉTUDE DES LAMES DE PHASE 145
d’onde λ de l’OPHPM.
Lame demi-onde
Une lame est dite demi-onde pour une OPHPM si elle introduit un dépha-
sage ∆ϕ = π + 2pπ avec p ∈ Z entre les deux modes de propagation. Le nom
”demi-onde” vient du fait que la lame a une différence d’épaisseur optique
λ
e∆n entre ses deux lignes neutres égale à (2q + 1) avec q ∈ Z et où λ est la
2
longueur d’onde de l’OPHPM.
π
α = (2p + 1) ) alors elle ressort polarisée circulairement :
4
√
1
~ = 2 E0 ei(ωt−no k0 e) ±i .
E
2
0
On éclaire cette lame avec une OPHPM polarisée rectilignement telle que son
champ électrique s’écrive en notation complexe
cos α
~ = E0 ei(k0 z)−ωt sin α .
E
0
Ainsi assez rapidement l’amplitude du champ selon l’axe (Oy) va tendre vers
zéro de sorte qu’à la sortie de la lame le champ s’écrive
~ = E0 cos αei(no k0 e−ωt)~ux .
E
soit (n21 − n2 ) αE = −n2 α (ααE + ββE + γγE ) = −n2 α~u · u~E De façon si-
mimaire à partir des seconde et troisème lignes de l’équation séculaire on
obtient :
n21 − n2 βE = −n2 β~u · u~E
où C est une constante. Cette relation permet d’obtenir trois relations faisant
apparaı̂tre le produits des cosinus directeurs de ~u et de u~D :
α2 n21 α2 n22 α2 n23
ααD = C ; ββ D = C ; γγ D = C
n21 − n2 n22 − n2 n23 − n2
Pour obtenir l’équation de la surface des indices, on exprime que le vecteur
excitation électrique est orthogonal à la direction de propagation : ~k et D
~
sont perpendiculaires donc ~u · u~D = 0
cag
rayons) ne sont pas des sphères mais des nappes. Il faudra de plus prendre
en compte deux nappes d’indice n’ et n” comme représenté sur la figure 7.9