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Etude de l’hydrodynamique des procédés de traitement

des eaux usées à biomasse fixée - application aux lits


bactériens et aux biofiltres
Frédéric Séguret

To cite this version:


Frédéric Séguret. Etude de l’hydrodynamique des procédés de traitement des eaux usées à biomasse
fixée - application aux lits bactériens et aux biofiltres. Dynamique des Fluides [physics.flu-dyn].
Université Sciences et Technologies - Bordeaux I, 1998. Français. �NNT : �. �tel-00080989�

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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
N° d’ordre : 1922

THÈSE
PRÉSENTÉE À

L’UNIVERSITÉ BORDEAUX I
ÉCOLE DOCTORALE DE SCIENCES PHYSIQUES ET DE L’INGÉNIEUR

Par M. Frédéric SÉGURET

POUR OBTENIR LE GRADE DE

DOCTEUR
SPÉCIALITÉ : MÉCANIQUE

Etude de l’hydrodynamique des procédés de traitement des eaux usées à biomasse fixée

Application aux lits bactériens et aux biofiltres

Soutenue le : 17 juillet 1998

Après avis de : MM. Michel SARDIN Rapporteurs


Michel ROUSTAN

Devant la commission d’examen formée de :

MM. Vladan MILISIC, professeur Président rapporteur


Rémi GAUDU, professeur, directeur de thèse Examinateurs
Michel SARDIN, directeur de recherche
Michel ROUSTAN, professeur
Denis BALLAY, directeur de l’ENGREF
Yvan RACAULT, chargé de recherche

— 1998 —
Remerciements

Merci à...

Yvan Racault qui m’a accueilli et guidé au Cemagref de Bordeaux au sein de l’équipe épuration,

Rémi Gaudu qui a accepté de diriger cette thèse,

Michel Sardin et Michel Roustan pour vos conseils scientifiques et pour avoir accepté la tâche de
rapporteurs,

Denis Ballay et Vladan Milisic pour votre participation au jury de thèse.

Je remercie également les concepteurs et exploitants des sites qui nous ont servis de terrain
d’expérimentation, en particulier les sociétés Anjou Recherche et Degrémont.

Je tiens également à exprimer toute ma reconnaissance aux nombreuses personnes, stagiaires et per-
manents, qui ont contribué à ce travail au Cemagref.

Cette thèse a été financée par le Cemagref avec la participation de la Région Aquitaine.

2
Sommaire

NOTATIONS 6

TABLEAUX 8

FIGURES 10

INTRODUCTION 12

I — HYDRODYNAMIQUE ET MODELISATION DES PROCEDES


A BIOMASSE FIXEE 17
1. LA DISTRIBUTION DES TEMPS DE SEJOUR 17
1.1. Définition 17
1.2. Moments de la distribution des temps de séjour 19
2. LES MODELES DE DISTRIBUTION DES TEMPS DE SEJOUR 20
2.1. Les réacteurs idéaux 20
2.2. Les modèles d’écoulement simples 20
2.2.1. Ecoulement dispersif 21
2.2.2. Ecoulement dans des réacteurs en cascade 23
2.3. Les modèles d’écoulement avec échanges lents 26
2.3.1. Piston dispersif avec échanges lents 26
2.3.2. Réacteurs en cascade avec échanges lents 28
3. ELABORATION D’UN MODELE HYDRODYNAMIQUE ADAPTE AU CAS DES REACTEURS A
BIOMASSE FIXEE 30
3.1. Interprétation des distributions des temps de séjour dans les réacteurs à biomasse
fixée 30
3.2. Schématisation du film biologique et hypothèses de base 31
3.3. Calcul de la fonction de transfert 32
4. APPLICATION A LA MODELISATION DES PERFORMANCES DES PROCEDES A BIOMASSE
FIXEE 33
4.1. Modélisation du film biologique 34
4.2. Calcul des vitesses de réaction à la surface du biofilm 35
4.3. Couplage substrat - oxygène 38
4.4. Association du modèle hydrodynamique et de la cinétique biologique 40

3
II — METHODE ET TECHNIQUE DE MESURE DES DISTRIBUTIONS DES TEMPS
DE SEJOUR SUR INSTALLATIONS EN VRAIE GRANDEUR 42
1. CHOIX DU TRACEUR 42
1.1. Critères de choix 42
1.2. Le chlorure de lithium 43
1.3. Le chlorure de sodium 44
1.4. Les traceurs radioactifs 45
1.5. Les colorants 45
1.6. Conclusion 47
2. INJECTION DU TRACEUR 48
3. PRISE EN COMPTE DES RETOURS DE TRACEUR 48
3.1. Forme des signaux de concentration à l’entrée et à la sortie du réacteur 49
3.2. Calcul de la réponse impulsionnelle 50
4. CALCUL DES MOMENTS DE LA DISTRIBUTION DES TEMPS DE SEJOUR 52
5. NOMBRE D’ECHANTILLONS A PRELEVER POUR CONSTITUER LA DISTRIBUTION DES
TEMPS DE SEJOUR ET DUREE DE L’ECHANTILLONAGE 53

III — APPLICATION AUX LITS BACTERIENS 55


1. LE PROCEDE LIT BACTERIEN 55
1.1. Description 55
1.2. Contexte d’étude 57
2. MATERIEL ET METHODE 58
2.1. Sites expérimentaux 58
2.2. Mesures de débit 59
2.3. Injection du traceur 60
2.4. Mesure des volumes liquides 60
2.5. Données de la bibliographie 61
3. RESULTATS 62
3.1. Volumes drainés et temps de séjour moyens 62
3.2. Distributions des temps de séjour 63
4. DISCUSSION 65
4.1. Temps de séjour et volume drainé 65
4.2. Modélisation de la distribution des temps de séjour 67
4.3. Les différentes fractions de volume 69
5. CONCLUSIONS 71

IV — APPLICATION AUX BIOFILTRES DE NITRIFICATION TERTIAIRE 74


1. DESCRIPTION DU PROCEDE BIOFILTRE 74
2. CONTEXTE D’ETUDE 75

4
3. SITES EXPERIMENTAUX 75
3.1. Description des sites 75
3.1.1. Saint Fons 75
3.1.2. Achères 76
3.2. Caractéristiques des biofiltres étudiés 77
4. MESURES REALISEES 78
5. RESULTATS 82
5.1. Forme des courbes de concentration 82
5.1.1. Saint Fons 82
5.1.2. Achères 83
5.2. Masses de traceur 83
5.2.1. Saint Fons 84
5.2.2. Achères 84
5.2.3. Conclusion 85
5.3. Temps de séjour moyens 85
5.3.1. Saint Fons 85
5.3.2. Achères 86
5.4. Etude du lit de matériau 87
5.4.1. Saint Fons 88
5.4.2. Achères 88
6. DISCUSSION 89
6.1. Influence du système d’admission de l’effluent et de la géométrie du biofiltre 89
6.2. Homogénéité des temps de séjour au sein du matériau 90
6.3. Dispersion hydrodynamique 91
7. CONCLUSION 91

V — HYDRODYNAMIQUE ET PERFORMANCES DES PROCEDES 93


1. CAS DES LITS BACTERIENS 93
1.1. Modélisation dans le cas d’un biofilm épais 93
1.2. Application du modèle aux lits bactériens à garnissage traditionnel 94
1.3. Cas des lits bactériens à arroseur motorisé 97
1.3.1. Considérations théoriques 97
1.3.2. Exemple de la station de Villafranca 99
1.3.3. Conclusion 101
2. CAS DES BIOFILTRES 102
2.1.1. Simulation en régime permanent 104
2.1.2. Simulation en régime transitoire 104
2.1.3. Conclusion 107
3. CONCLUSION 108

CONCLUSION 110

BIBLIOGRAPHIE 114

LISTE DES ANNEXES I

5
Notations

a [L2L-3] surface spécifique du matériau de remplissage


A [L2] surface de la section horizontale
ad [L] longueur de dispersion
ae [L2L-3] surface spécifique disponible pour échanger avec le biofilm
b [T-1] constante de mortalité de la biomasse
c [ML-3] concentration au sein du réacteur
cim [ML-3] concentration dans la zone stagnante
cm [ML-3] concentration dans l’écoulement principal
cx(t) [ML-3] concentration à l’entrée du réacteur
cy(t) [ML-3] concentration à la sortie du réacteur expérimentale
)
cy [ML-3] concentration à la sortie du réacteur calculée
CNaCl [ML-3] concentration en NaCl
d [−] nombre de pas de temps
dg [L] diamètre de grain
D [L2T-1] coefficient de dispersion hydrodynamique
DB [L2T-1] coefficient de diffusion moléculaire du traceur dans la biomasse
Df,O2 [L2T-1] coefficient de diffusion moléculaire de l’oxygène dans la biomasse
Df,s [L2T-1] coefficient de diffusion moléculaire du substrat dans la biomasse
Dr [L2T-1] coefficient de dispersion hydrodynamique radiale
Dz [L2T-1] coefficient de dispersion hydrodynamique axiale
e [L] épaisseur du film biologique
E(t) [T-1] distribution des temps de séjour
G(s) [−] fonction de transfert
I [−] indice de proximité entre 2 courbes
JE [ML-2T-1] flux à l’interface du biofilm
k [MSL-3T-1] coefficient de dégradation du substrat dans le biofilm
k0f [MSL-3T-1] coefficient de dégradation du substrat dans le biofilm d’ordre 0
k0f,O2 [MO2L-3T-1] coefficient de dégradation de l’oxygène dans le biofilm d’ordre 0
k1f [T-1] coefficient de dégradation du substrat dans le biofilm d’ordre 1
k1f,O2 [T-1] coefficient de dégradation de l’oxygène dans le biofilm d’ordre 1
k1/2a [M0,5L-0,5T-1] coefficient de dégradation apparent à la surface du biofilm d’ordre ½
Kim [−] rapport θim/θm
KS,s [MSL-3] paramètre de la ½ saturation en substrat
KS,O2 [MO2L-3] paramètre de la ½ saturation en oxygène
kM [T-1] coefficient de transfert dans le modèle piston avec échanges
kNaCl [M2T-3I-2] facteur de conversion de la conductivité en concentration de NaCl
L [L] longueur du réacteur
M [M] masse
M(s) [−] groupe dans l’expression de la fonction de transfert
n [−] nombre de réacteurs en série
nb [−] nombre de bras d’arrosage
nz [−] nombre de points sur la hauteur
N [−] nombre de points de la courbe expérimentale
p [L3T-1] taux d’échange dans le modèle des n réacteurs en série
Pe [−] nombre de Péclet
q [L3T-1] débit
qa [L2T-1] charge hydraulique périphérique
r [L] ordonnée radiale
rA,s [MSL-2T-1] vitesse de dégradation du substrat apparente à la surface du biofilm
rA,O2 [MO2L-2T-1] vitesse de dégradation de l’oxygène apparente à la surface du biofilm
rf [MSL-3T-1] vitesse de dégradation du substrat au sein du biofilm

6
Re [−] nombre de Reynolds
s [T-1] variable de Laplace
Sf [MSL-3] concentration en substrat à l’intérieur du biofilm
Smin [MSL-3] concentration en substrat sous laquelle le biofilm n’a pas d’activité
SO2 [MO2L-3] oncentration en oxygène dans l’effluent
Ss [MSL-3] concentration en substrat à l’interface effluent - biofilm
Str [MSL-3] concentration de transition entre les cinétiques d’ordre 1 et 0
SK [L] force d’irrigation
t [T] temps
t0 [T] paramètre de temps dans les modèles hydrodynamiques
tb [T] temps caractéristique de diffusion dans la biomasse
tc [T] temps caractéristique de diffusion
tm [T] temps caractéristique de convection dans la zone mobile
tM [T] temps caractéristique de transfert entre zones mobile et stagnante
ts [T] temps de séjour moyen
u [LT-1] vitesse moyenne de l’écoulement (interstitielle en milieux poreux)
v [LT-1] charge hydraulique moyenne
vlocal [LT-1] charge hydraulique locale
V [L3] volume du réacteur
Va [L3] volume accessible au fluide
Vd [L3] volume drainé
Vim [L3] volume immobile
Vm [L3] volume mobile
Vr [L3] volume résiduel
Xf [MXL-3] concentration de la biomasse dans le biofilm
Y [MXMS-1] taux de conversion du substrat en biomasse
z [L] ordonnée axiale

LETTRES GRECQUES

α [−] fraction stagnante dans le modèle des n réacteurs en série


δ(t) [T-1] fonction delta de Dirac
∆t [T] pas de temps
Γ(n) [−] fonction gamma
ε [−] fraction vide du volume de réacteur
φ(c) [ML-3T-1] taux de production du substrat
λ, ν, γ [T-1] paramètres du modèle
λ0 [ML-3] constante pour la conversion de la conductivité en concentration
λm [M-1L-3T3I2] conductivité électrique
µ [T-1] taux de croissance spécifique
µk [Tk] moment d’ordre k
µ’k [Tk] moment centré d’ordre k
µ* [MSMX-1T-1] vitesse de dégradation maximale du substrat S par la biomasse X
ν [MS/MO2] coefficient stoechiométrique
ν [L2T-1] viscosité cinématique
θd [−] fraction du volume vide occupé par le volume drainé
θim [−] fraction volumique immobile
θm [−] fraction volumique mobile
σ2 [T2] variance de la distribution des temps de séjour
τ [T] temps caractéristique de drainage du lit bactérien
ω [T-1] vitesse de rotation du sprinkler

7
Tableaux

Tableau 1. Expression de la DTS et de la fonction de transfert des réacteurs idéaux...........................................20


Tableau 2. Conditions aux limites possibles à l’entrée et à la sortie d’un réacteur soumis à un écoulement en
piston avec dispersion axiale .................................................................................................................................22
Tableau 3. Fonction de transfert du modèle piston avec dispersion axiale, en fonction des conditions aux limites
choisies...................................................................................................................................................................23
Tableau 4. Calcul de la vitesse apparente de consommation du substrat à la surface du biofilm.........................37
Tableau 5. Valeurs type pour le coefficient stoechiométrique ν ............................................................................39
Tableau 6. Références d’études de l’hydrodynamique de réacteurs de traitement des eaux utilisant différents
traceurs ..................................................................................................................................................................43
Tableau 7. Quelques caractéristiques du chlorure de lithium ...............................................................................44
Tableau 8. Exemples du nombre d’itérations nécessaires pour satisfaire le critère I=99,8% lors du calul de
déconvolution des courbes de traceur....................................................................................................................51
Tableau 9. Caractéristiques et conditions d’exploitation des lits bactériens étudiés ............................................59
Tableau 10. Méthode de mesure utilisée sur chaque site.......................................................................................60
Tableau 11. Caractéristiques des lits bactériens dans les études sélectionnées ....................................................61
Tableau 12. Résultats sur lits bactériens : volumes liquides et temps de séjour moyens.......................................62
Tableau 13. Résultat des corrélations pour le temps de séjour moyen et la fraction drainée ...............................66
Tableau 14. Résultats des ajustements de modèles aux DTS de lit bactérien ........................................................68
Tableau 15. Valeurs des paramètres du modèle de biodiffusion applicables aux garnissages cailloux et plastique
étudiés ....................................................................................................................................................................71
Tableau 16. Dimensions et caractéristiques nominales des deux biofiltres étudiés...............................................78
Tableau 17. Situation des points haut et bas lors des essais réalisés à Achères et Saint Fons..............................79
Tableau 18. Conditions de réalisation des essais à Saint Fons et Achères ...........................................................81
Tableau 19. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) calculés aux points bas à Saint Fons ...........................................84
Tableau 20. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) calculés aux points hauts à Saint Fons ........................................84
Tableau 21. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) obtenus aux points inférieurs à Achères .......................................84
Tableau 22. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) obtenus aux points supérieurs à Achères......................................84
Tableau 23. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus dans la zone inférieure à Saint Fons........................85
Tableau 24. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus dans la zone supérieure à Saint Fons ......................85
Tableau 25. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus aux points inférieurs à Achères................................86
Tableau 26. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus aux points supérieurs à Achères ..............................86
Tableau 27. Volume actif et longueur de dispersion pour le matériau « Biostyr » ...............................................88
Tableau 28. Volume actif et longueur de dispersion pour le matériau « Biofor » (point F exclu) ........................88
Tableau 29. Ratio des temps de séjour maximal et minimal observés aux différents points des biofiltres pour
chaque essai. ..........................................................................................................................................................89
Tableau 30. Calcul de k1/2A à Mondonville et Montoison ......................................................................................95

8
Tableau 31. Valeurs caractéristiques des paramètres des biofilms hétérotrophes en condition aérobie ; relevées
dans la littérature...................................................................................................................................................96
Tableau 32. Caractéristiques des lits bactériens à Villafranca .............................................................................99
Tableau 33. Résultat des mesures de volume drainé à Villafranca. ....................................................................100
Tableau 34. Performances des lits bactériens de Villafranca..............................................................................101
Tableau 35. Paramètres cinétiques utilisés dans la simulation numérique des biofiltres....................................102
Tableau 36. Caractéristiques hydrodynamiques des colonnes représentant le matériau des biofiltres ..............103
Tableau 37. Résultat de la simulation sur biofiltre en régime transitoire, épaisseur de biofilm 150 µm. ...........106
Tableau 38. Résultat de la simulation sur biofiltre en régime transitoire, épaisseur de biofilm 350 µm. ...........106

9
Figures

Figure 1. Représentation du modèle d’écoulement à n réacteurs parfaitement mélangés en série. ......................24


Figure 2. DTS dans une série de n réacteurs parfaitement mélangés, pour diverses valeurs de n........................25
Figure 3. Représentation du modèle piston dispersif avec échanges lents. ...........................................................27
Figure 4. Représentation du modèle n réacteurs parfaitement mélangés avec échanges lents .............................28
Figure 5. Représentation du modèle d’écoulement dans un réacteur à biomasse fixée avec biodiffusion ............31
Figure 6. Schéma de biofilm simplifié....................................................................................................................34
Figure 7. Approximation du modèle de Monod par des cinétiques d’ordre zéro et un dans le biofilm.................36
Figure 8. Limitation de la cinétique d’élimination du substrat par l’oxygène (exemple)......................................40
Figure 9. Exemple de configuration d’une installation à lit bactérien avec recyclage de l’effluent traité............49
Figure 10. Exemple de signaux à l’entrée et à la sortie d’un lit bactérien. Traçage réalisé à la station
d’épuration de La Destrousse (13) en Janvier 1992..............................................................................................50
Figure 11. Exemple d’évolution de la précision du calcul du temps de séjour moyen et de l’écart type d’une
DTS, en fonction du nombre de points utilisés pour le calcul. La DTS utilisée a été obtenue sur lit bactérien à La
Destrousse (13) ; les points utilisés sont répartis entre t=0 et t=2,5 t ..................................................................53
Figure 12. Différents stades de développement du film bactérien. ........................................................................55
Figure 13. Schéma d’un lit bactérien en coupe verticale ......................................................................................56
Figure 14. Divers types de matériau plastique pour le remplissage des lits bactériens ........................................59
Figure 15. Comparaison des valeurs de t /L pour différents garnissages de lits bactériens. Les points marqués
d’un _ repèrent les résultats de nos essais.............................................................................................................63
Figure 16. Exemple de réponse en sortie de lit bactérien après une injection δ de Dirac, obtenue sur la station
d’Ensuès.................................................................................................................................................................64
Figure 17. Exemple de réponse en sortie de lit bactérien, lorsque la vitesse de rotation du sprinkler est faible.
Courbe obtenue à Rousset......................................................................................................................................65
Figure 18. Fraction mobile θm (obtenue par ajustement du modèle de biodiffusion) en fonction de la charge
hydraulique périphérique qa. .................................................................................................................................71
Figure 19. Représentation des différents volumes dans le lit bactérien.................................................................73
Figure 20. Coupe schématique du biofiltre « Biostyr » .........................................................................................76
Figure 21. Coupes schématiques du biofiltre « Biofor » .......................................................................................77
Figure 22. Emplacement des points de mesure à Saint Fons.................................................................................79
Figure 23. Position des points de mesure à Achères .............................................................................................80
Figure 24. Exemple d’ajustement du modèle piston avec dispersion axiale à la DTS du matériau. Essai à Saint
Fons n°3, point E. ..................................................................................................................................................80
Figure 25. Exemple d’ajustement du modèle piston avec dispersion axiale donnant un indice d’efficacité faible.87

10
Figure 26. Volumes accessibles obtenus au sein du matériau à Saint Fons..........................................................90
Figure 27. Volumes accessibles obtenus au sein du matériau à Achères. .............................................................90
Figure 28. Représentation d’une « tranche » de lit bactérien de volume dV.........................................................98
Figure 29. Variation théorique de la rétention liquide dans les deux lits bactériens de Villafranca ..................100
Figure 30. Modélisation du biofiltre de Saint Fons .............................................................................................103
Figure 31. Modélisation du biofiltre d’Achères...................................................................................................103
Figure 32. Simulation des concentrations de sortie à Saint Fons (à gauche) et Achères (à droite)....................104
Figure 33. Concentrations calculées en sortie de biofiltre aux différents points, e=150 µm. A gauche : Saint
Fons ; à droite : Achères......................................................................................................................................106
Figure 34. Concentrations calculées en sortie de biofiltre aux différents points, e=350 µm. A gauche : Saint
Fons ; à droite : Achères......................................................................................................................................107

11
Introduction

Les techniques de traitement des eaux usées sont nées pour corriger quelques-unes
des conséquences les plus déplorables de la première révolution industrielle. Les premières
réalisations font appel à des procédés biologiques extensifs. Ainsi dès 1850, les propriétés
épuratoires des sols sont connues en France et en Grande Bretagne. La plus ancienne instal-
lation de lagunage naturel date de 1901, et est toujours en service : elle comprend 275 hec-
tares de bassins, profonds de 1,40 m, à San Antonio (Texas). Cependant les techniques de
traitement se sont véritablement développées avec l’introduction des procédés biologiques
intensifs, à l’extrême fin du XIXe siècle : les lits bactériens deviennent opérationnels vers
1889, les boues activées vers 1915, et les biodisques à partir de 1929 (Boutin, 1986 a,b,c).

L’activité microbienne de ces procédés permet d’assimiler les diverses substances


indésirables dans le milieu naturel. Ces dernières peuvent être classées en plusieurs grou-
pes. En premier lieu, les matières organiques biodégradables, qui causent la chute de la
concentration en oxygène dans les eaux de surface, sont caractérisées par des paramètres
globaux, souvent la DCO ou la DBO. Ensuite, les matières azotées et phosphorées, ou
« nutriments », sont à l’origine des phénomènes d’eutrophisation. L’azote ammoniacal
contribue en plus à diminuer la concentration en oxygène du milieu et peut avoir des effets
toxiques.

Les stations de traitement de l’eau apparaissent souvent au visiteur comme des sys-
tèmes complexes de cuves, tuyauteries, pompes, compresseurs, mélangeurs, dans lesquels
s’écoule un liquide dont les caractéristiques sont en perpétuelle fluctuation. Au cœur de ces
systèmes on trouve un ou plusieurs réacteurs de traitement. Ils sont constitués le plus sou-
vent par une cuve agitée ou non dans le cas des « cultures libres » (boues activées) : bassin
d’aération, chenal d’activation ... Dans le cas de cultures fixées, ils peuvent revêtir d’autres
formes : lit fixe noyé (biofiltre) ou non (lit bactérien), ou disquesen rotation en partie dé-

12
noyés (biodisques). Dans le cas des traitements biologiques, ces réacteurs doivent assurer
deux fonctions :

− mettre en contact la boue, qui contient les micro-organismes, et les substances à


dégrader ;

− apporter l’oxygène éventuellement nécessaire à la dégradation des substances.

Dans le cas des procédés à culture fixée, deux fonctions supplémentaires doivent
être assurées par le réacteur :

− offrir aux bactéries un support d’accrochage ayant une grande surface,

− permettre le contrôle de la croissance du film biologique et l’évacuation de la


biomasse en excès, afin d’éviter le colmatage du réacteur.

Le présent travail s’intéressera à la première de ces fonctions, en cherchant à explo-


rer comment l’effluent est mis en contact avec la biomasse. Cela implique l’étude des phé-
nomènes hydrodynamiques de transport des substances dans le réacteur, ainsi que des phé-
nomènes de mélange.

Nous n’utiliserons pas pour cela les méthodes de la mécanique des fluides. En effet,
l’exploration des lignes de courant est rarement possible in situ. Les réacteurs de traitement
des eaux, animés de vitesses généralement faibles et non parallèles, constituent des systè-
mes opaques à l’expérimentateur. Quant à la simulation numérique, elle est difficile à ap-
pliquer compte tenu des nombreuses singularités géométriques des réacteurs réels. De plus
elle est coûteuse en temps de calcul, et ne s’applique pas dans les cas de mélanges triphasi-
ques, rencontrés par exemple dans les biofiltres.

En revanche, les méthodes du génie chimique, et plus particulièrement la distribu-


tion des temps de séjour, sont bien adaptées à l’exploration de systèmes auxquels on ne
peut accéder. Les mesures reposent sur l’utilisation d’un traceur et sont mises en œuvre ai-
sément. Les résultats permettent de déterminer le temps de séjour au sein du réacteur ainsi
que le degré de mélange. Par rapprochement avec des modèles hydrodynamiques, les dis-
tributions des temps de séjour permettent de quantifier l’importance d’éventuelles zones
mortes ou stagnantes, de cheminements préférentiels, etc.

13
L’enjeu est important pour la modélisation des processus d’épuration et la conduite
des procédés. En effet, l’hydrodynamique a sur les performances du réacteur une influence
toute aussi importante que la cinétique des transformations qui s’y opèrent (Villermaux,
1993). Or bien souvent, les bassins d’aération des procédés à boue activées sont considérés
comme des mélangeurs parfaits, et les réacteurs à biomasse fixée sont supposés être le
siège d’écoulements purement piston. Ces hypothèses sont parfois réalistes, car bien que
les écoulements dans les réacteurs réels ne soient jamais idéaux, ils peuvent s’en appro-
cher. Dans d’autres cas, l’écart à l’idéalité peut être considérable.

L’existence de cheminements préférentiels dans le réacteur, ou la présence de zones


stagnantes ne participant pas à l’écoulement principal sont des exemples d’anomalies de
l’écoulement qui modifient l’hydrodynamique (Levenspiel, 1972). Une connaissance ap-
profondie des phénomènes de transport et de mélange est alors nécessaire pour calculer les
dimensions des ouvrages.

Par exemple, Murphy et Timpany (1967) indiquent que, dans le cas d’une boue ac-
tivée à haut rendement d’élimination, l’efficacité dépend du mélange dans le réacteur. Dans
ce type de système, la connaissance de la cinétique des réactions n’est donc pas suffisante
pour calculer l’efficacité. Il faut l’accompagner d’une estimation du degré de mélange dans
le bassin.

Stairs et Moore (1994) ont étudié l’écoulement dans un bassin de lagunage à ma-
crophytes. Ils montrent que cet écoulement ne peut pas être représenté par un simple mo-
dèle constitué de réacteurs infiniment mélangés, en raison de la présence de zones stagnan-
tes.

Stefan et al. (1990) ont cherché à optimiser le mélange dans un bassin de déchlora-
tion. Ils indiquent que l’écoulement, en particulier la distribution des vitesses et la turbu-
lence, peuvent influer de manière importante sur les performances du procédé de traite-
ment. Ils ont étudié le comportement hydraulique d’une maquette afin d’améliorer le
mélange dans une installation réelle.

Certains auteurs ont réalisé des études hydrodynamiques sur pilote en vue de di-
mensionner des unités réelles. C’est par exemple la démarche de Heertjes et Van der Meer

14
(1978) avec un réacteur de traitement anaérobie à courant ascendant formé par un lit de
boues surmonté d’un décanteur.

La connaissance du comportement hydraulique des installations en assainissement


peut aussi être un enjeu pour leur exploitation. Ainsi, la mesure des temps de séjour dans le
réseau des eaux usées de la ville de Bâle a permis d’y élaborer un plan de protection des
installations de traitement et du milieu récepteur (Schudel, 1991).

Le présent travail s’intéressera à l’hydrodynamique des procédés d’épuration à cul-


ture fixée. Dans ces réacteurs, les temps de séjour sont peu élevés, et il est essentiel pour
l’efficacité du traitement que l’effluent circule à la surface du biofilm de manière à y per-
mettre un renouvellement continu. A ce titre, l’efficacité dépend dans une large mesure de
la manière dont le contact entre le biofilm et l’effluent est organisé (Harremoës et Henze,
1995).

Un premier chapitre rappellera brièvement la notion de distribution des temps de sé-


jour et sa modélisation. Dans les réacteurs à biomasse fixée, les substrats sont transportés
au sein du biofilm par un phénomène de diffusion moléculaire. Lors d’un essai hydrody-
namique, la forme de la distribution des temps de séjour peut être influencée par l’échange
de traceur entre le biofilm et le film liquide en écoulement. C’est pourquoi un modèle hy-
drodynamique permettant de prendre en compte ce phénomène sera introduit. Il sera éga-
lement indiqué comment ce modèle hydrodynamique peut être couplé avec un modèle ciné-
tique de biofilm.

Notre étude s’intéressera uniquement à des réacteurs en grandeur réelle. Le compor-


tement hydrodynamique des installations varie souvent largement entre les grandes et les
petites unités. De fait, les résultats obtenus ne sont pas toujours transposables en grandeur
réelle (Levenspiel, 1972). De plus, les mesures en grandeur réelle intègrent l’ensemble des
paramètres qui agissent sur l’écoulement, même non connus a priori (Racault et al, 1984).
En revanche, elles ne permettent pas de maîtriser tous les paramètres et sont soumises aux
contraintes de l’exploitation des ouvrages. Le second chapitre précisera quelques éléments
de la technique employée pour obtenir les distributions des temps de séjour, en particulier
le choix du traceur et la prise en compte des retours de traceur.

15
Les deux chapitres suivants abordent l’application de ces techniques à deux procé-
dés particuliers : les lits bactériens et les biofiltres de nitrification tertiaire. La problémati-
que est différente dans les deux cas.

Pour les lits bactériens, nous déterminerons sur plusieurs installations un certain
nombre de paramètres hydrodynamiques comme la rétention liquide et le temps de séjour
moyen. Ensuite, nous chercherons à déterminer quels facteurs peuvent influencer la varia-
tion de ces paramètres : charge hydraulique, hauteur du réacteur, nature du matériau sup-
port, ... Dans l’interprétation des distributions des temps de séjour, nous porterons une at-
tention particulière aux échanges de traceur entre le biofilm et le film liquide.

Pour les biofiltres, le problème est de déterminer si la distribution de l’effluent et sa


progression au sein du matériau sont homogènes en différents points. Pour cela, nous dé-
terminerons la distribution des temps de séjour, non pas à la sortie du réacteur comme pour
les lits bactériens, mais en différents points à l’intérieur de celui-ci. Cette méthode sera ap-
pliquée sur deux installations différentes, et nous nous intéresserons à l’influence de la
géométrie du système d’admission de l’effluent sur les résultats.

Pour terminer, nous essayerons d’exploiter ces résultats hydrodynamiques en liaison


avec les performances des procédés. Ce dernier chapitre sera plus spéculatif que les précé-
dents, car il se basera sur des simulations numériques, et non sur le résultat de mesures.
Pour les lits bactériens, nous déterminerons les constantes cinétiques dans le cas d’un bio-
film épais. Nous nous intéresserons également à l’influence de la vitesse de rotation de
l’arroseur sur l’hydrodynamique. Pour les biofiltres, nous tenterons de déterminer si les hé-
térogénéités hydrodynamiques observées expérimentalement peuvent avoir une influence
sur les performances du procédé.

Au fil des chapitres se juxtaposeront donc les descriptions de travaux effectués sur
des systèmes différents. Le fil conducteur est l’utilisation de la distribution des temps de
séjour, en tant qu’outil permettant d’appréhender la manière dont l’effluent et la biomasse
sont mis en contact. Le but final est de montrer que ce type d’étude, en améliorant la com-
préhension du fonctionnement des procédés, permet d’optimiser leur dimensionnement et
de préciser leurs conditions d’exploitation.

16
Chapitre I

Hydrodynamique et modélisation des pro-


cédés à biomasse fixée

1. La distribution des temps de séjour

Considérons un flux de matière entrant dans un réacteur, composé de différentes


« fractions ». Ces « fractions » sont définies comme des parties cohérentes du flux, qui
peuvent être soit de simples molécules, soit des agrégats de matière de taille plus ou moins
importante. Toutes les particules d’une même « fraction » séjournent un temps identique
dans le réacteur. Mais lorsque le flux de matière franchit l’entrée du réacteur en régime
permanent, les différentes fractions du flux ne franchissent généralement pas la section de
sortie du réacteur au même instant. De ce fait, le temps passé par les différentes fractions à
l’intérieur du réacteur est variable. Ce phénomène peut être représenté par une distribution
des temps de séjour, en abrégé DTS (Danckwerts, 1953).

C’est au cours d’une pause thé d’un matin de 1952 à l’université de Cambridge que
P.V. Dankwerts eut l’idée du concept de DTS, dont nous rappellerons le principe dans ce
chapitre. La DTS constituait alors une solution à un problème auquel il réfléchissait depuis
quelque temps : parvenir à un outil qui permette de décrire de manière quantitative le com-
portement d’un système en écoulement, à l’aide d’une expérience simple à réaliser (Dank-
werts, 1979). Aujourd’hui, le concept de DTS est très largement utilisé dans le domaine du
génie chimique, par exemple pour calculer les dimensions de réacteurs, mais aussi dans de
nombreux autres domaines comme l’hydrologie, la physiologie ou le génie climatique.

1.1. Définition

Chapitre I 17
Considérons un système de volume constant V, dans lequel un régime permanent
d’écoulement s’est établi au débit q. Le temps de séjour t d’une fraction de matière est égal
au temps qu’il lui a fallu pour parcourir la distance comprise entre l’entrée et la sortie du
système. A l’entrée du système, considérons l’injection instantanée d’une masse M d’un
traceur qui se conserve au cours de l’écoulement, et qui n’était pas présent initialement. Si
cy(t) est la concentration moyenne du traceur dans le flux franchissant la section de sortie
du système, alors qcy(t)dt est égal à la masse de traceur qui a séjourné au sein du système
dans la période comprise entre t et t+dt. La distribution des temps de séjour E(t) du traceur
est obtenue en normalisant qcy(t) :

qc y (t ) q
E (t ) = ∞ = c y (t ) (1)
M
∫ qc y (t )dt
0

Il en résulte que, par définition :


∫0 E (t )dt = 1 (2)

Dans la mesure où le traceur est supposé se comporter comme le liquide en écoule-


ment (traceur idéal), E(t) est aussi la DTS du liquide considéré. Par définition, la DTS d’un
écoulement est la réponse en concentration du système à une injection instantanée de tra-
ceur idéal, c’est à dire à une fonction d’entrée delta de Dirac δ(t). On sait par ailleurs que
les transformées de Laplace Cx(s) et Cy(s) des fonctions normalisées d’entrée cx(t) et de sor-
tie cy(t) d’un système linéaire sont liées par une fonction de transfert G(s), avec s la varia-
ble de Laplace :

C y ( s)
G ( s) = (3)
C x ( s)

Si l’injection de traceur est instantanée, on a :

M
cx (t ) = δ (t ) (4)
q

La transformée de Laplace de la fonction δ(t) étant égale à 1 :

q
G (s) = C (s) (5)
M y

Chapitre I 18
La fonction de transfert d’un système en écoulement est donc la transformée de La-
place de la DTS, autrement dit :


G ( s) = ∫ E (t )e − st dt (6)
0

1.2. Moments de la distribution des temps de séjour

Les distributions des temps de séjour peuvent être caractérisées par leurs moments.
Le moment du ke ordre est défini par :


µ k = ∫ t k E (t )dt (7)
0

Le moment du premier ordre µ 1 donne le temps de séjour moyen, également noté


t :


µ1 = t = ∫0 tE (t )dt (8)

On définit également les moments centrés :


µ ′k = ∫0 ( t − t ) k E (t )dt (9)

Le moment centré d’ordre 2 caractérise la dispersion de la distribution des temps de


séjour autour du temps de séjour moyen. Il est appelé variance et noté σ2 :


µ ′2 = σ 2 = ∫ (t − t ) 2 E (t )dt (10)
0

Quelque soit l’écoulement envisagé, le moment d’ordre un ne dépend que du débit


q et du volume accessible au fluide, Va. On a :

Va
t = (11)
q

Chapitre I 19
2. Les modèles de distribution des temps de séjour

2.1. Les réacteurs idéaux

Il est généralement défini deux réacteurs, qui sont le siège d’écoulements parfaits :
le réacteur piston, et le réacteur mélange intégral. Les DTS et fonction de transfert de ces
réacteurs sont rappelées dans le tableau suivant, en considérant le paramètre de temps t0 :

V
t0 = (12)
q

avec V le volume liquide du réacteur.

Tableau 1. Expression de la DTS et de la fonction de transfert des réacteurs idéaux

réacteur piston mélange intégral

DTS E(t) ∂ ( t − t0 ) 1 − t / t0
e
t0
fonction de transfert G(s) e−t0 s 1
st0 + 1

2.2. Les modèles d’écoulement simples

L’écoulement siégeant dans les réacteurs réels peut parfois être considéré comme
proche d’un écoulement en piston ou en mélange intégral. Toutefois, il est des cas où les
besoins de l’étude, ou encore la complexité de l’écoulement, nécessitent de faire appel à
des modèles d’écoulement plus proches de la réalité.

Chapitre I 20
2.2.1. Ecoulement dispersif

Le traceur injecté dans un réacteur subit une dispersion au sein du fluide en écou-
lement, qui dans le cas des réacteurs idéaux peut être nulle (réacteur piston) ou instantanée
(réacteur infiniment mélangé). La dispersion du traceur peut être due à la configuration des
profils de vitesse ainsi qu’aux phénomènes de diffusion moléculaire. Les données relatives
à la description des profils de vitesse dans un réacteur ne sont généralement pas disponibles
pour les réacteurs réels. Par conséquent la description de l’écoulement s’appuie sur des
modèles à paramètres empiriques, qui doivent approcher la DTS réelle. L’un des modèles
les plus fréquemment utilisés consiste en un écoulement piston, sur lequel est superposé un
mécanisme de dispersion. Ce modèle est parfois appelé piston dispersif (Wen et Fan,
1975). Considérant la concentration c d’un réactif, l’expression mathématique générale
pour ce modèle est :

∂c
= ∇.( D∇c) − u . ∇c + φ (c) (13)
∂t

avec D le coefficient de dispersion [L2T-1], u la vitesse moyenne de l’écoulement


[LT-1] (dans le cas d’un écoulement en milieu poreux, il s’agit de la vitesse interstitielle
moyenne), et φ (c) le taux de production ou de consommation du réactif [ML-3T-1].

Dans le cas de l’écoulement incompressible dans un réacteur cylindrique, la symé-


trie axiale permet de définir un axe longitudinal d’ordonnées z et une distance par rapport à
cet axe r, et de réécrire l’équation sous la forme :

∂c ∂ 2c  ∂ 2 c 1 ∂c  ∂c
= Dz 2 + Dr  2 +  − u + φ (c) (14)
∂t ∂z  ∂r r ∂r  ∂z

Dz et Dr sont respectivement les coefficients de dispersion axiale et radiale [L2T-1].


Dans certains cas, particulièrement lorsque le rayon du réacteur est petit devant la longueur,
on peut négliger l’effet de la dispersion radiale devant celui de la dispersion axiale.
L’équation devient alors :

∂c ∂ 2c ∂c
= Dz 2 − u + φ ( c) (15)
∂t ∂z ∂z

Chapitre I 21
La solution de ces équations dépend des conditions de l’écoulement aux points
d’entrée et de sortie du traceur. Lorsque le point d’entrée consiste en un étranglement de
section, le traceur ne peut pas se disperser en amont de la section d’entrée. Au contraire,
si la section d’entrée du traceur est identique à la section du réacteur, le traceur peut se dis-
perser vers l’amont. De même, si la section de sortie est étranglée, le traceur ne peut re-
tourner par dispersion dans le réacteur une fois qu’il a franchi la section de sortie. Ce n’est
pas le cas si le signal de sortie est constitué par un prélèvement de traceur dans une section
quelconque du réacteur. Le tableau suivant donne les différentes conditions aux limites
pour chaque cas, en considérant que le traceur est injecté à z = 0 et sa concentration de sor-
tie considérée à z = L (Wen et Fan, 1975).

Tableau 2. Conditions aux limites possibles à l’entrée et à la sortie d’un réacteur soumis à un écoulement en
piston avec dispersion axiale

entrée ouverte à la diffusion entrée fermée à la diffusion

entrée du traceur entrée du traceur


 ∂c   ∂c   ∂c 
uc x = Dz   − Dz   uc x = u c − Dz  
+
 ∂z  z → 0 −  ∂z  z → 0 + z→0  ∂z  z → 0 +
sortie ouverte à la diffusion sortie fermée à la diffusion

mesure du traceur mesure du traceur


c y = cz = L  ∂c 
  =0
 ∂z  z = L

La résolution de l’équation différentielle avec les diverses conditions aux limites


conduit à introduire le nombre sans dimension de Péclet, Pe, défini ainsi :

uL
Pe = (16)
Dz

Le tableau suivant donne les différentes fonctions de transfert correspondant aux


diverses possibilités de conditions aux limites, en faisant l’hypothèse que le traceur ne ré-
agit pas : φ(c)=0.

Chapitre I 22
Tableau 3. Fonction de transfert du modèle piston avec dispersion axiale, en fonction des conditions aux li-
mites choisies

temps de
type de réacteur fonction de transfert variance
séjour moyen
 (1 − β ) 
ouvert aux deux exp  Pe   2  2 Pe + 8 
 2  t 0 1 +  t02  
extrémités  Pe   Pe 2 
β
ouvert à une  (1 − β ) 
2 exp  Pe   1  2 Pe + 3
extrémité, fermé  2  t 0 1 +  t02  
 Pe   Pe 2 
à l’autre
(1 + β )
 (1 − β )  2 Pe − 2 + 2e − Pe
fermé aux deux 4β exp  Pe  t0
extrémités  2  Pe2
(1 + β ) 2 − (1 − β ) 2 e− Peβ × t 02

avec β = 1 + 4 sDz / u 2 et t 0 = L / u

Notons que si Pe est grand (supérieur à 100), c’est à dire si la dispersion axiale Dz
est faible, le temps de séjour moyen se rapproche de t0, la variance de 2t02/Pe, et la distribu-
tion des temps de séjour est bien approchée par une distribution de Gauss quelles que
soient les conditions aux limites (Levenspiel, 1972) :

1 Pe  Pe(1 − t / t )2 
exp −
0 
E (t ) ≈ (17)
2t0 π  4 
 

2.2.2. Ecoulement dans des réacteurs en cascade

La modélisation peut utiliser une combinaison d’écoulements idéaux pour représen-


ter les écoulements réels. Les réacteurs servant de base à l’élaboration de tels modèles
sont :

− le réacteur piston

− le mélange intégral

− le court-circuit.

Chapitre I 23
Ces réacteurs sont placés en série ou en parallèle dans un réseau de noeuds et de
branches. La DTS du système ainsi formé est obtenue en écrivant le bilan de matière à cha-
que noeud, et en calculant le produit de convolution des fonctions de transfert dans chaque
branche. Ceci est réalisé facilement dans le domaine fonctionnel de Laplace, où le produit
de convolution est transformé en produit simple. Ce calcul se prête aisément à une implé-
mentation logicielle, ce qui a permis la mise au point de programmes pour l’élaboration de
modèles (Leclerc et al, 1995 ; Barnett et al, 1994).

Le modèle simple des n réacteurs identiques, parfaitement agités, placés en série est
souvent utilisé. La DTS d’un tel système est donnée par l’expression suivante :

n −1
1 nn  t   nt 
E (t ) =   exp −  (18)
t 0 (n − 1)!  t 0   t0 

n cellules identiques en série

Figure 1. Représentation du modèle d’écoulement à n réacteurs parfaitement mélangés en série.

Le temps de séjour moyen t est égal au paramètre t0. La variance σ2 de ce modèle


est égale à t02/n. Plus n est grand, plus on se rapproche d’un écoulement piston, à variance
nulle (Figure 2).

Chapitre I 24
4

3.5

2.5
n=100

2
C/C0
1.5 n=10

n=1 n=2
1

0.5

0
0 10 200 300 400 500 600
0 temps écoulé depuis l'injection (unité arbitraire)

Figure 2. DTS dans une série de n réacteurs parfaitement mélangés, pour diverses valeurs de n.

Pour identifier le modèle à une courbe expérimentale, le seul paramètre à détermi-


ner est n, le temps de séjour moyen étant en principe donné par le volume liquide et le dé-
bit. Le paramètre n peut être pris égal à l’inverse de la variance σ2 de la courbe expérimen-
tale. Il est aussi possible de déterminer n en utilisant le maximum de la courbe, qui
apparaît à t = t0(n-1)/n. Quelle que soit la méthode, on aboutit le plus souvent à un n non
entier.

Lorsque n n’est pas entier, la signification physique du modèle est perdue. Cepen-
dant, il est possible de calculer la distribution à l’aide de la fonction gamma. On a la rela-
tion, pour n entier, (n-1)!=Γ(n), d’où par analogie avec l’expression précédente :

n −1
1 nn  t   nt 
E (t ) =   exp −  (19)
t 0 Γ ( n)  t 0   t0 

Chapitre I 25
Pour estimer la fonction Γ(n), on peut utiliser l’approximation de la formule de Stir-
ling :

1
−n n− 2  1 1 139 571 
Γ(n) ≅ e n 2π  1 + + − −  (20)
 12n 288n 2 51840n 3 2488320n 4 

Lorsque n est grand, disons supérieur à 25, les DTS calculées à partir du modèle des
n réacteurs en série se superposent aux DTS calculées à partir du modèle de piston disper-
sif, en prenant (Villermaux, 1993) :

Pe = 2(n − 1) (21)

Par conséquent, le modèle à n réacteurs parfaitement mélangés en série est aussi


bien approché par une courbe de Gauss (Figure 2) lorsque n est supérieur à 25.

2.3. Les modèles d’écoulement avec échanges lents

Dans certains réacteurs, on peut distinguer un volume liquide en écoulement et un


volume liquide stagnant. Les échanges de traceur entre la partie stagnante et l’écoulement
principal sont à l’origine de l’apparition d’une traînée sur la DTS (Van Swaaij et al, 1969).
Ce phénomène n’est pas pris en compte dans les modèles simples de mélangeurs en cas-
cade ou de piston dispersif, et nécessite l’introduction d’une zone stagnante.

Dans la suite, nous noterons θm la fraction du volume vide en écoulement (fraction


mobile), θim la fraction stagnante (fraction immobile), et le rapport des deux Kim :

θim
Kim = (22)
θm

2.3.1. Piston dispersif avec échanges lents

Ce modèle a été introduit par Van Swaaij et al. en 1969. Il est décrit par le schéma
d’écoulement ci-après (Figure 3). En réalisant un bilan de masse entre les ordonnées z et
z+dz, on obtient les équations 23 et 24.

Chapitre I 26
z z+dz

cm u
écoulement principal

∂cm k M (cim − cm )
− Dz
∂z

zone stagnante

Figure 3. Représentation du modèle piston dispersif avec échanges lents.

Dans la zone mobile :

∂cm θim ∂cim ∂ 2 cm ∂c


+ = Dz −u m (23)
∂t θm ∂t ∂z 2 ∂z

avec cm et cim les concentrations dans les zones mobile et immobile, respective-
ment, et Dz le coefficient de dispersion axiale. Dans la zone immobile :

∂cim
θim = k M (cm − cim ) (24)
∂t

avec kM un coefficient de transfert [T-1]. En supposant que le système est fermé à


ses deux extrémités (Tableau 2), on obtient la fonction de transfert dans le domaine de La-
place, et on peut calculer le temps de séjour moyen et la variance (Sardin et al., 1991) :

 Pe 
4ω exp  (1 − ω ) 
 2 
G( s)= (25)
(1 + ω ) − (1 − ω ) exp( − Peω )
2 2

s[1 + M ( s)]
ω = 1 + 4t m (26)
Pe

Kim
M ( s) = (27)
1 + st M

Chapitre I 27
L
avec Pe le nombre de Péclet, L longueur du réacteur, t m = temps caractéristique
v
θ
de convection dans la zone mobile, t M = im temps de transfert caractéristique.
kM

t = t m (1 + Kim ) (28)

σ 2 = t 2
 2 2
(
− 2 1 − e − Pe +
 Pe Pe
)
2 Kim t M 
1 + Kim t 
 (29)

2.3.2. Réacteurs en cascade avec échanges lents

Ce modèle reprend la configuration des n réacteurs parfaitement mélangés de vo-


lume V/n, mais chaque réacteur possède une zone stagnante, de volume αV/n (Figure 4).

(1-α)V/n

q p

αV/n

n cellules identiques en série

Figure 4. Représentation du modèle n réacteurs parfaitement mélangés avec échanges lents

Les échanges entre chacune de ces zones se font au taux p. Introduisons la nota-
tion :

nq np np
λ= ;ν= ;γ = (30)
(1 − α )V (1 − α )V αV

Ces quantités peuvent être interprétées sous l’angle des probabilités (Levich et al,
1967). Ainsi, λ est la probabilité de transfert par unité de temps d’un élément de fluide ar-
bitraire de la zone mélangée dans la cellule suivante. ν est la probabilité de transfert du
même élément de fluide vers la zone stagnante. Enfin, γ est la probabilité de disparition
d’un élément de fluide qui se trouverait dans la zone stagnante.

Chapitre I 28
En écrivant le bilan de masse dans la zone active et dans la zone stagnante, puis en
passant aux transformées de Laplace, on trouve l’expression de la fonction de transfert G(s)
pour une cellule :

λ( s + γ )
G ( s) = 2 (31)
s + ( λ + υ + γ ) s + λγ

Pour les n cellules, il faut élever la fonction à la puissance n. D’autres auteurs (J.
Villermaux et B. Antoine, 1978) proposent d’utiliser comme paramètres un temps de trans-
fert caractéristique entre les deux fractions tM, le temps de passage t0=V/q, et le rapport en-
tre la fraction stagnante et la fraction mélangée Kim=α/(1-α). La fonction de transfert s’écrit
alors :

−n
 st 0  Kim  
G ( s) = 1 + 1 +  (32)
 n(1 + Kim )  1 + t M s  

En procédant par identification entre les deux fonctions, on trouve les relations sui-
vantes :

1 n(1 + Kim ) Kim


γ = ; λ= ;ν= (33)
tM t0 tM

Le temps de séjour moyen dans les n cellules et la variance sont :

t 02 2t 0 Kim
t = t0 ; σ 2
= +
n (1 + Kim ) M
t (34)

Hovorka (1961) donne l’expression dans le domaine réel de la DTS pour n compris
entre 1 et 5. Levich et al. (1967) donnent des expressions approchées en distinguant :

− les milieux de grande longueur, dans lesquels la DTS est proche


d’un piston dispersif,

− les milieux de faible longueur, dans lesquels la contribution des


échanges lents à la valeur de E(t) devient prépondérante lorsque
t est supérieur à n/λ.

Chapitre I 29
3. Elaboration d’un modèle hydrodynamique adapté au
cas des réacteurs à biomasse fixée

Certains réacteurs de traitement des eaux usées utilisent une biomasse fixée sur un
support. C’est le cas en particulier des lits fluidisés, des lits bactériens, des biodisques et
des biofiltres. L’interprétation des DTS observées sur ces réacteurs nécessite la définition
d’un nouveau modèle, que nous expliquons ici.

3.1. Interprétation des distributions des temps de séjour dans


les réacteurs à biomasse fixée
Dans les réacteurs à biomasse fixée, le traceur utilisé pour obtenir la DTS subit un
phénomène de transport à l’intérieur du biofilm par diffusion moléculaire. Le biofilm
échange lentement du traceur avec l’écoulement principal, et se comporte comme une zone
stagnante, ce qui accentue considérablement la traînée sur la queue de courbe de la DTS.
Ce phénomène a été observé par Riemer et al. (1980), ainsi que par Canziani (1988) au
sein de biofiltres, et par Stevens et al. (1986) dans un lit fluidisé. Le flux échangé entre le
biofilm et l’écoulement principal dépend du gradient de concentration de traceur qui s’est
établi au sein du biofilm, lui même lié au coefficient de diffusion du traceur. Les modèles à
échanges lents exposés plus haut (piston dispersif et réacteurs en cascade) ne prennent pas
en compte le gradient de concentration dans la zone stagnante, en considérant cette dernière
comme homogène. Par conséquent, un nouveau modèle hydrodynamique, prenant en
compte la diffusion du traceur dans la biomasse, est nécessaire pour expliquer la DTS ob-
servée dans les systèmes à biomasse fixée.

La modélisation de la consommation du substrat par les biofilms, et donc la prévi-


sion des performances épuratoires, nécessite également de prendre en compte la diffusion
moléculaire du substrat au sein du biofilm (Harremoës et Henze, 1995). Le nouveau mo-
dèle hydrodynamique se basant sur des bilans de masse similaires, sera particulièrement fa-
cile à coupler avec le modèle cinétique de consommation du substrat.

Chapitre I 30
3.2. Schématisation du film biologique et hypothèses de base

Un modèle hydrodynamique prenant en compte la diffusion du traceur au sein du


biofilm a déjà été élaboré par Riemer et al. (1980), et appelé « modèle de biodiffusion ».
Dans la suite, nous utiliserons des hypothèses similaires, mais avec des conditions aux li-
mites modifiées.

Tout comme dans le modèle de piston dispersif avec échanges, le réacteur est mo-
délisé sous la forme d’un tube vertical comprenant une fraction de volume immobile θim
représentant le biofilm, et un film liquide de fraction volumique θm. Dans le film liquide,
l’écoulement est supposé en piston avec dispersion axiale.

écoulement biofilm
air principal (zone immobile)
(zone mobile)

cm u JE

dz
∂cm
− Dz
∂z

x
surface ε θm A épaisseur e

Figure 5. Représentation du modèle d’écoulement dans un réacteur à biomasse fixée avec biodiffusion

Etant donné une tranche élémentaire dz, il est possible d’établir un bilan de matière.
Le traceur est transporté par le flux convectif cm u . La vitesse interstitielle u est égale à

q/εθmA, où q est le débit, A la section du réacteur, et ε le taux de vide. Le flux dispersif dé-
pend du coefficient de dispersion axiale Dz. L’échange lent de traceur avec le biofilm pro-
duit un flux JE à l’interface entre l’écoulement principal et le biofilm.

Chapitre I 31
Le bilan de matière dans la zone mobile conduit à l’équation différentielle :

∂cm ∂ 2 cm ∂c 1
= Dz − u m + ae J ( z) (35)
∂t ∂z 2 ∂z εθm E

 ∂cim 
J E ( z ) = − DB   (36)
 ∂x  x = 0

où ae est la surface spécifique [L2L-3] disponible pour échanger avec le biofilm par
unité de volume de réacteur, et DB le coefficient de diffusion moléculaire du traceur dans la
biomasse [L2T-1]. Le réacteur est supposé fermé aux deux extrémités, ce qui conduit aux
conditions aux limites exposées Tableau 2. Dans la zone immobile, le traceur est soumis à
un phénomène de transport par diffusion moléculaire, qui défini un profil de concentration
cim(x). Pour une tranche élémentaire dx perpendiculaire à l’axe des z, le bilan de matière
conduit à :

∂cim ∂ 2 cim
= DB (37)
∂t ∂x 2

Deux conditions aux limites supplémentaires sont nécessaires pour définir le sys-
tème complètement :

cim ( x = 0) = cm ( z ) (38)

 ∂cim 
  =0 (39)
 ∂x  x = e

où e est l’épaisseur du biofilm.

3.3. Calcul de la fonction de transfert

En faisant l’hypothèse qu’il n’y a pas de traceur présent à t = 0, la résolution du sys-


tème conduit à une fonction de transfert similaire à celle présentée pour le piston dispersif
avec échanges (expression 25). Seul le calcul de M(s) est modifié ainsi :

M ( s) = Kim
th( st b ) (40)
st b

Chapitre I 32
avec tb le temps caractéristique de diffusion dans la biomasse :

tb = e 2 / DB (41)

Sardin et al. (1991) indiquent que M(s) peut souvent être approché avec une préci-
sion suffisante par une expression de premier ordre similaire à celle du modèle de piston
dispersif avec échanges :

1
M ( s) = (42)
1 + st c

où le paramètre tc représente un temps caractéristique de diffusion et peut être ex-


primé en fonction de tb :

t
tc = b (43)
3

Cela signifie que lorsque le modèle de biodiffusion donnera un bon ajustement à la


DTS expérimentale, le modèle piston dispersif avec échange pourra également donner un
bon ajustement, en prenant un temps de transfert caractéristique (tM) égal à tb/3. De ce fait,
la qualité de l’ajustement ne permettra pas de décider lequel des deux modèles est le plus
pertinent.

4. Application à la modélisation des performances des


procédés à biomasse fixée

Les expressions qui seront utilisées pour calculer les performances des réacteurs
d’épuration sont introduites ici. Seuls sont considérés les procédés à biomasse fixée, dans
lesquels un biofilm a colonisé un support (parfois appelé garnissage). L’effluent s’écoule
autour du biofilm et est au contact de l’air, afin de permettre la pénétration d’oxygène dans
le film bactérien. Dans les lits bactériens, il s’agit de l’air atmosphérique. Dans les biofil-
tres, le support est immergé, et l’air est apporté sous formes de bulles.

Chapitre I 33
4.1. Modélisation du film biologique

Le film bactérien est une matrice composée de cellules bactériennes, de polymères


extracellulaires insolubles, et dans une grande proportion, d’eau.

AIR EFFLUENT couche BIOFILM SUPPORT


limite
S

S0
Ss

lim
substrats ta
tio

i
n par
l a cin
étiqu
e de d
égradation
O2
lim
ita
t io
np
ar
ef
l
lux
de substrat

produits 0

CO2
biomasse active
env. 100-150 µm

épaisseur du biofilm
environ 150-600 µm
Figure 6. Schéma simplifié de biofilm

L’effluent qui s’écoule sur le support à une vitesse connue contient un substrat
transformé dans le biofilm. Par exemple, le substrat est constitué de DBO facilement assi-
milable pour les biofilms hétérotrophes, ou d’azote ammoniacal dans le cas de lits nitri-
fiants. Le film liquide contient également une concentration SO2 d’oxygène.

Avant d’atteindre le biofilm, le substrat et l’oxygène doivent traverser une « couche


limite », zone de transition entre l’écoulement en film liquide et le biofilm. La couche li-
mite crée une résistance au transfert de matière, qui provoque une diminution de la concen-
tration en substrat et en oxygène à l’interface biofilm - effluent. Ce phénomène est encore
peu documenté (Harremoës et Henze, 1995). Dans la suite, nous ne tiendrons pas compte
du transport dans la couche limite.

Chapitre I 34
4.2. Calcul des vitesses de réaction à la surface du biofilm

La cinétique de Monod permet d’exprimer la vitesse de dégradation du substrat


dans le biofilm. Pour une concentration Sf de substrat à l’intérieur du biofilm, on a :

∂S f Sf
rf = = µ* X f (44)
∂t S f + KS , s

avec µ* la vitesse de dégradation maximale [MSMX-1T-1], Xf la concentration de


biomasse [MXL-3], et KS,s la concentration de ½ saturation [MSL-3]. En général, la concen-
tration de biomasse Xf est inconnue, mais on peut déterminer une valeur k [MSL-3T-1] du
produit µ*Xf :

k = µ* X f (45)

On peut montrer que l’équation différentielle à résoudre pour obtenir le profil de


concentration dans la biomasse est, compte tenu du transfert de substrat par diffusion (Wil-
liamson et McCarty, 1976) :

∂ 2S f Sf
D f ,s = k (46)
∂z 2 KS , s + S f

avec Df,s coefficient de diffusion moléculaire du substrat dans la biomasse [MSL-2].

Il s’agit d’une équation qui n’a pas de solution analytique. Certains auteurs ont pro-
posé des solutions numériques à l’aide d’algorithmes de calcul (Williamson et McCarty,
1976). Il est toutefois possible de simplifier l’expression. L’équation est remplacée par
deux cinétiques d’ordre 0 et 1 :

S f 〈〈 K S , s ⇒ r f = k1 f S f (cinétique d’ordre un) (47)

et :

S f 〉〉 K S , s ⇒ r f = k 0 f (cinétique d’ordre zéro) (48)

avec k1f le coefficient de dégradation d’ordre 1 [T-1], et k0f le coefficient de dégrada-


tion d’ordre 0 [MSL-3T-1].

Chapitre I 35
Si k est connu, on a :

k k0 f
k 0 f = k et k1 f = = (49)
KS , s KS , s

1.2

ordre 0
1
ordre 1
Monod
0.8
r f /k

0.6

0.4

0.2

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
S f /K s

Figure 7. Approximation du modèle de Monod par des cinétiques d’ordre zéro et un dans le biofilm.

La vitesse apparente de dégradation du substrat à l’interface effluent - biofilm dé-


pend de deux critères :

− la cinétique de dégradation du substrat à l’intérieur du biofilm (cinétique de


Monod simplifiée en ordre zéro ou un) ;

− l’épaisseur du biofilm (fin ou épais).

Les données de départ du problème sont :

− la vitesse de dégradation maximale dans le biofilm, k0f [MSL-3T-1]

− l’épaisseur du biofilm, e [L]

− la concentration de substrat à l’interface effluent - biofilm, SS

− le coefficient de diffusion dans la biomasse, Df,s [L2T-1]

− la constante de ½ saturation, KS,s

Chapitre I 36
Le Tableau 4 montre la marche à suivre pour calculer la vitesse de dégradation ap-
parente à la surface du biofilm. Cette vitesse est donnée par unité de surface du biofilm, et
notée rA,s. Nous ne donnons pas les détails du calcul, que l’on trouvera expliqué ailleurs
(Harremoës et Henze, 1995). Notons toutefois que l’on simplifie le résultat à l’aide de deux
approximations :

− dans le cas de l’ordre zéro, on applique la cinétique sur toute l’épaisseur du bio-
film, alors que dans la partie profonde, il est possible que s’établisse une cinéti-
que d’ordre un, du fait de la diminution de la concentration ;

− on suppose que la concentration la plus faible que l’on peut obtenir est nulle,
alors qu’il a été montré en régime permanent que l’activité du biofilm s’arrête
lorsque la concentration atteint un seuil minimal non nul, Smin (Rittmann et
McCarty, 1981). Il serait possible de calculer la valeur de ce seuil :

K S , sbm
S min = (50)
µ − bm

avec Smin = concentration au-dessous de laquelle le biofilm n’a pas d’activité signi-
ficative [MSL-3] et bm = constante de mortalité de la biomasse [T-1].

Tableau 4. Calcul de la vitesse apparente de consommation du substrat à la surface du biofilm

calculer la concentration
de transition  α  k1 f e 2
S tr = min 2; K avec α =
 tanh α  S , s D f ,s
critère 1 S s < S tr S s > S tr
cinétique interne ordre 1 ordre 0
α Ss α 2
Ss α2
critère 2 α 〈〈1 α 〉〉1 > <
quelconque KS ,s 2 KS ,s 2

type de biofilm mince quelconque épais mince épais


cinétique apparente rA,s tanh α k1 f eSs
-2 -1 k1 f eSs 2 D f , s k0 f Ss
= ... [MSL T ] k1 f eSs α α k0 f e

ordre apparent 1 0 ½

Chapitre I 37
On notera qu’une cinétique d’ordre un dans le biofilm donne une cinétique appa-
rente à la surface du biofilm également d’ordre un. En revanche, avec une cinétique d’ordre
zéro dans le biofilm, la cinétique apparente est d’ordre ½ à la surface du biofilm, si le bio-
film est épais.

4.3. Couplage substrat - oxygène

La dégradation du substrat (matière organique ou azote ammoniacal) nécessite la


fourniture d’oxygène. L’oxygène est transféré de l’air vers l’effluent puis de l’effluent vers
le biofilm. Ce dernier transfert est contrôlé par les mêmes phénomènes que le transport du
substrat à dégrader, qui sont la diffusion à travers la couche limite puis à travers le biofilm.
Ce processus peut être limitant et provoquer l’apparition d’une zone anaérobie dans la par-
tie profonde du biofilm.

Du fait de ces phénomènes de transfert, la cinétique de dégradation peut être limitée


soit par le substrat à dégrader, soit par l’oxygène. On peut montrer (Harremoës et Henze,
1995) que dans le cas d’une réaction d’ordre zéro dans le biofilm, le critère déterminant
est :

S O2 D f ,s 1
> ⇒ le substrat est limitant (51)
Ss D f , O2 ν

S O2 D f ,s 1
< ⇒ l’oxygène est limitant (52)
Ss D f , O2 ν

avec SO2 la concentration en O2 dans l’effluent [MO2L-3], Df,O2 le coefficient de dif-


fusion de l’oxygène dans le biofilm [L2T-1] et ν le coefficient stoechiométrique [MS/MO2].

Plus généralement, pour un ordre quelconque, le calcul de la cinétique limitante né-


cessite la connaissance des paramètres suivants :

− la constante de demi - saturation pour l’oxygène, KS,O2

− le coefficient de diffusion de l’oxygène dans la biomasse, Df,O2

− le coefficient stoechiométrique de la réaction de dégradation, exprimant la masse


de substrat dégradé par unité de masse d’oxygène consommé, ν .

Chapitre I 38
Tableau 5. Valeurs type pour le coefficient stoechiométrique ν

substrat ν (gS/gO2) source


DBO non précisée 1,0 - 2,0 Gönenç et Harremoës, 1985
DCO non précisée 1,79 Chen et al., 1989
1,67 Arvin et Harremoës, 1990
ammoniaque N-NH4+ 0,24 Gönenç et Harremoës, 1985
0,22-0,23 Toettrup et al, 1994
0,23 Chen et al., 1989
0,25-0,29 Arvin et Harremoës, 1990

Lorsque ni les phénomènes de transport, ni la concentration en oxygène, ni la con-


centration en substrat ne sont limitants, la vitesse de dégradation du substrat et la consom-
mation de l’oxygène sont maximaux. On a :

r A , s = k 0 f e = υk 0 f , O 2 e (53)

avec k0f,O2 = vitesse de consommation maximale de l’oxygène par le biofilm


[MO2T-1]. On a donc :

k0 f
k 0 f ,O2 = (54)
ν

On peut calculer la constante de dégradation d’ordre 1 pour l’oxygène :

k 0 f , O2
k1 f , O 2 = (55)
K S , O2

Pour déterminer la vitesse apparente de dégradation du substrat, on pratique ainsi :

1. Calculer la vitesse apparente de dégradation du substrat rA,s

2. Calculer la vitesse apparente de consommation de l’oxygène rA,O2 en utili-


sant la même procédure (Tableau 4) mais en remplaçant les paramètres rela-
tifs au substrat (KS,s, Df,s, k0f, k1f) par ceux relatifs à l’oxygène (KS,O2, Df,O2,
k0f,O2, k1f,O2);

3. on retient comme vitesse de dégradation apparente :

(
r A = min νr A, O2 ; r A, s ) (56)

Chapitre I 39
Pour illustrer l’effet de la limitation par l’oxygène, nous prenons comme exemple
des paramètres cinétiques qui pourraient correspondre à un lit bactérien traitant de la DCO
(Arvin et Harremoës, 1990). Lorsque la concentration de l’effluent dépasse une certaine va-
leur, la vitesse de dégradation du substrat ne dépend plus que de la concentration en oxy-
gène.

18
Paramètres cinétiques
k 0f = 40 kg/m3.j [O2] non limitant
16
L = 400 µm
D f = 0,6 cm2/j
14 D f,O2 =1,2 cm2/j
K s = 10 mg/l [O2]=9 mg/l
12 K s,O2 = 0,1 mg/l
ν=1,7 gDCO/gO2 [O2]=7 mg/l
r A , g/m .j

10
2

[O2]=5 mg/l

0
0 10 20 30 40 50 60 70
S mg/l

Figure 8. Limitation de la cinétique d’élimination du substrat par l’oxygène (exemple).

4.4. Association du modèle hydrodynamique et de la cinétique


biologique

Supposons connus les paramètres cinétiques du biofilm (k0f, KS,s, ν, ...), la concen-
tration en oxygène de l’effluent ainsi que les divers coefficients de diffusion et de transfert.
On peut alors calculer rA en fonction de Ss. Comme Ss varie en fonction de la hauteur dans
le lit, il est nécessaire d’intégrer les valeurs de rA sur toute la hauteur. Pour cela, il faut
avoir des données sur l’écoulement au sein du lit.

Chapitre I 40
L’écoulement au sein de l’effluent est supposé de type piston avec dispersion
axiale. La consommation de substrat à un point donné φ(Ss) [MSL-3T-1] est égale à :

φ(Ss ) = − rA ( S s )
ae
(57)
εθm

avec ε la porosité du lit, θm la fraction de volume vide occupée par du liquide, et ae


la surface disponible pour échanger par unité de volume [L2L-3]. En combinant cette ex-
pression avec l’expression (15), on obtient l’équation différentielle suivante :

∂S s ∂ 2 Ss ∂S
− u s − e rA ( S s )
a
= Dz (58)
∂t ∂z 2 ∂z εθm

Cette équation peut être résolue à l’aide d’un algorithme d’intégration. Finalement,
la résolution du modèle complet nécessite la connaissance de :

− 4 paramètres liés à la cinétique intrinsèque du biofilm : k0f, Ks, ν, Ks,O2

− l’épaisseur du biofilm e

− 2 paramètres liés au transfert de matière dans le biofilm : Df,s et Df,O2,

− un paramètres décrivant le transfert de matière dans l’effluent : Dz.

Chapitre I 41
Chapitre II

Méthode et technique de mesure des dis-


tributions des temps de séjour sur installa-
tions en vraie grandeur

1. Choix du traceur

Les traceurs les plus utilisés sont le LiCl, le NaCl, les traceurs radioactifs et les co-
lorants. Il n’existe pas d’unanimité sur le choix du traceur (Tableau 6).

1.1. Critères de choix

Le choix doit s’effectuer en tenant compte des contraintes de la mesure, ainsi que
des moyens analytiques disponibles. Un traceur idéal, s’il existait, aurait les caractéristi-
ques suivantes :

− utilisable en petites quantités

− mesure et détection faciles

− possibilité de réaliser la mesure en continu sur le terrain

− neutralité vis à vis des réactions dans le système

− pas de toxicité

− pas de rétention par la biomasse

− prix de revient raisonnable

Chapitre II 42
Tableau 6. Références d’études de l’hydrodynamique de réacteurs de traitement des eaux utilisant différents
traceurs

traceurs utilisés pour les études hydrodynamiques


LiCl NaCl radioactif colorant
lits bacté- − Vandevenne, 1986 − Sinkoff et al, 1959 − Eden et Melbourne, − Hinton et Stensel, 1991
riens ou lits − Van Swaaij et al, 1969 1960 − Ileri et Muslu, 1996
fixes ruisse- − Cook et Katzberger, − Kshirsagar et al.,
lants 1977 1972
− Särner, 1978 − Tariq, 1975
− Mezaoui, 1979
− Nyadziehe, 1980
− Sant’Anna, 1980
− Gray, 1981
− Muslu, 1986 (a, b)
− Toure, 1986
biofiltres − Canziani, 1988 − Riemer et al, 1980 − Riemer et al, 1980
− Fdz-Polanco et al., 1996 − Fdz-Polanco et al,1996
lagunes − Racault et al., 1984 − Moreno-Grau et al, − Kilani et Ogunrombi,
naturelles 1984 1984
− Moreno, 1990
autres − Heertjes et Van Den − Thampi et Sorber, 1987 − Young et Young, − Thirumurthi, 1969 (dé-
réacteurs Meer, 1978 (réacteur (chambre UV) 1988 (réacteur anaé- canteur)
anaérobie) robie) − Murphy et Timpany, 1967
− Grobicki et Stuckey, 1992 (bassin d’aération)
(réacteur anaérobie avec − Stevens et al., 1986 (lit
biomasse) fluidisé)
− Schudel, 1991 (réseau − Stefan et al., 1990 (bassin
d’assainissement) de déchloration)
− Grobicki et Stuckey, 1992
(réacteur anaérobie sans
biomasse)
− Young et Young, 1988
(réacteur anaérobie)
− Ruhaut et al., 1993 (fer-
menteur à lit fixe)
− Schudel, 1991 (réseau
d’assainissement)

1.2. Le chlorure de lithium

Le chlorure de lithium est utilisé par de nombreux auteurs (Tableau 6), en particu-
lier dans des réacteurs fonctionnant avec de la biomasse. Le LiCl n’aurait pas
d’interférence avec celle-ci.

Il peut être dosé à l’aide d’un spectrophotomètre à émission de flamme. La plus pe-
tite concentration détectable est de l’ordre du microgramme par litre. Le LiCl est peu pré-
sent dans les effluents urbains (de 5 à 10 µg/l). Dans ces conditions, il est possible de réali-
ser des traçages avec de petites quantités, même sur des installations de taille importante.
On peut prendre par exemple 150 mg par m3 de volume liquide du réacteur.

Chapitre II 43
L’inconvénient de cette méthode est qu’elle nécessite un spectrophotomètre, qui est
un appareil d’analyse peu courant. De plus, les échantillons doivent être ramenés au labora-
toire, il n’est donc pas possible de réaliser une mesure en continu sur le terrain.

Le LiCl se présente sous la forme d’une poudre blanche très hygroscopique.


L’obtention d’un sel anhydre pur n’est pas aisée. Nous donnons dans le tableau suivant
quelques autres caractéristiques.

Tableau 7. Quelques caractéristiques du chlorure de lithium

masse molaire LiCl 42,39 g/mol


masse molaire Li 6,94 g/mol
densité (a) 2,07
solubilité à 0°C (b) 637 g/l
densité d’une solution à 206 g/l (a) 1,1013
et 18,3°C
prix du produit qualité (c) 2390 F HT pour 5 kg
« purifié »

(a) : A.P. Rollet, 1966 ; (b) : Techniques de l’Ingénieur, constantes physico-chimique ; (c) : tarif
commercial Prolabo 1995

1.3. Le chlorure de sodium

Gray (1981) a réalisé des traçages sur lit bactérien à l'aide de chlorure de sodium
(NaCl). Il calcule les concentrations en sel à l’aide de la conductivité de la solution de sor-
tie, avec une relation du type :

C NaCl = k NaCl λ m + λ 0 (59)

avec kNaCl, λ0 des constantes, λm la conductivité mesurée [M-1L-3T3I2] et CNaCl la


concentration correspondante [ML-3].

Cette méthode est avantageuse parce qu’elle utilise un matériel courant. Sa mise en
œuvre est simple et son coût peu élevé. Jimenez et al. (1988) indiquent toutefois que les ef-
fets de la température doivent être corrigés pour obtenir des résultats satisfaisants.

Il est nécessaire de suivre la concentration de l’effluent à l’entrée du réacteur pour


s’assurer que sa conductivité varie peu au cours de la mesure. De plus, la masse à mettre en
œuvre est importante dès que le volume de liquide dans le réacteur dépasse quelques mè-

Chapitre II 44
tres cubes. Pour doubler la conductivité de base de l’effluent, il faut prévoir au moins 0,5
kg de sel par m3 de volume liquide du réacteur.

1.4. Les traceurs radioactifs

On rapporte l’utilisation d’eau tritiée pour réaliser un traçage sur des lagunes
d’épuration (Moreno-Grau et al, 1984 ; Moreno, 1990). Riemer et al. (1980) utilisent éga-
lement du tritium pour un traçage sur biofiltre et indiquent que son adsorption est négligea-
ble. La concentration est mesurée à l’aide d’un spectrophotomètre à scintillement.

La mise en œuvre de ce traceur est lourde et nécessite d’utiliser un appareil de me-


sure peu courant. Ces inconvénients majeurs expliquent que cette technique est peu ren-
contrée.

1.5. Les colorants

Les traçages avec des colorants fluorescents sont utilisés couramment en hydrologie
pour la détermination des débits. Leur concentration peut être mesurée à l’aide de spectro-
fluorimètres, de fluorimètres ou de fluocolorimètres, qui sont des appareils plus courants
que les spectrophotomètres.

L’utilisation de colorants organiques dans des réacteurs biologiques pourrait poser


des problèmes de conservation du traceur. Nous rapportons ici les observations de diffé-
rents auteurs. Parmi les principaux colorants utilisés on cite :

− les fluorescents bleus : Acide Aminé G, Photine CU

− les fluorescents verts : Fluoresceïne, Lissamine FF, Pyranine

− les fluorescents oranges : Rhodamine B, Rhodamine WT, Sulpho rhodamine B

Smart et Laidlaw (1977) ont réalisé une évaluation de ces différents colorants. Les
principales recommandations qu’ils émettent sont :

Chapitre II 45
− la présence d’une fluorescence naturelle aux longueurs d’ondes du bleu et du
vert fait préférer les colorants oranges. La rhodamine WT et la rhodamine B sont
trois fois plus fluorescents que la sulpho-rodhamine B, ce qui permet de les utili-
ser à plus faible concentration ;

− la fluorescence dépend de la température. La correction de température est possi-


ble, il faut donc l’enregistrer en permanence pendant l’essai. Une autre méthode
consiste à prélever des échantillons et à les analyser ensuite au laboratoire à tem-
pérature ambiante (Stairs et Moore, 1994) ;

− la dégradation biologique du traceur ne pose pas de problème en milieu naturel ;


toutefois les pertes de colorant pourraient devenir significatives dans un milieu
biologique hostile ;

− la rhodamine B est adsorbée sur de nombreuses surfaces et doit donc être évitée.
La pyranine et l’acide aminé G sont très résistants à l’adsorption, tant sur des
surfaces minérales qu’organiques. La rhodamine WT et la fluoresceïne ont une
résistance moyenne ;

− la rhodamine WT est finalement recommandée, puisqu’elle ne présente pas


d’inconvénient majeur et que son coût d’utilisation est parmi les plus faibles.

Jimenez et al. (1988) ont également étudié différents colorants. Ils indiquent que le
choix doit être guidé par les caractéristiques du réacteur à étudier, en considérant en parti-
culier les conditions de pH, la présence d'une phase gazeuse ou de biomasse. Les colorants
qu'ils suggèrent sont le bromocrésol vert, le bromophénol bleu, le dextran bleu, l'éosine Y
et le mordant violet.

Schudel (1991) a utilisé de la fluoresceïne et du chlorure de lithium pour mesurer la


distribution des temps de séjour dans le réseau et les installations d’épuration (à boues acti-
vées) de la ville de Bâle. Après une injection par impulsion, il constate que la totalité de la
fluoresceïne est récupérée. Il indique aussi que la possibilité de suivi visuel de la progres-
sion du traceur est un avantage non négligeable vis à vis du chlorure de Lithium.

Chapitre II 46
Stevens et al. (1986) indiquent que l’adsorption de traceur colorant sur la biomasse
d’une boue activée a entraîné une perte de traceur inférieure à 5% après 6 heures de con-
tact. L’influence de l’adsorption sur la DTS pourrait être négligée.

Toutefois, tous les auteurs ne sont pas unanimes sur la possibilité d’utiliser des co-
lorants en présence de biomasse, en particulier dans les réacteurs anaérobies. Ainsi, Gro-
bicki et Stuckey (1992) réalisent un traçage à la fluoresceïne en eau claire, pour la facilité
et la rapidité de l’analyse. Mais ils préfèrent utiliser le chlorure de lithium en présence de
biomasse, indiquant que celui-ci n’est pas adsorbé sur les particules de boue, ni utilisé
comme nutriment par les micro-organismes. De la même manière, Young et Young (1988)
utilisent la fluoresceïne pour mettre au point le protocole de leurs mesures, mais préfèrent
utiliser ensuite un traceur radioactif pour éviter les problèmes d'adsorption.

Riemer et al. (1980) ont réalisé un traçage sur un biofiltre avec de l’éosine Y. Ils
montrent que ce colorant est adsorbé dans le réacteur, et concluent qu’il n’est pas conserva-
tif dans le cas d’un système contenant de la biomasse.

1.6. Conclusion

Certains colorants peuvent être utilisés, pour des applications où ils ne risquent pas
d’être dégradés : traçages en eau claire, en réseau avec des eaux usées, ou avec les procédés
à boues activées. Dans ces cas d’utilisation, ils permettent un suivi direct sur le terrain, en
utilisant des détecteurs portables et en enregistrant la température. Dans le cas où les colo-
rants doivent transiter à travers des réacteurs où l’activité biologique est intense, comme les
biofiltres, ou avec des réacteurs anaérobies, l’utilisation de ces traceurs semble nécessiter la
vérification préalable de leur conservation.

Dans le cas de notre étude, les traçages se feront en présence de biomasse, ce qui
conduit à écarter les colorants. Nous écartons également les traceurs radioactifs, dont la
manipulation est complexe. Les essais étant réalisés sur installations industrielles, les vo-
lumes liquides sont importants, ce qui conduit à écarter aussi le chlorure de sodium, car la
quantité à mettre en œuvre est importante. Notre choix se porte donc sur le chlorure de li-
thium.

Chapitre II 47
2. Injection du traceur

La détermination de la distribution des temps de séjour peut se faire à l’aide d’une


injection de traceur en impulsion ou en échelon. En théorie, ces deux manières de procéder
conduisent au même résultat, si le système est linéaire.

Riemer et al. (1980) montrent que dans le cas d’un traçage dans un biofiltre, la dé-
termination de la DTS avec une injection par impulsion et avec une injection en échelon ne
donnent pas le même résultat. Lors d’un traçage par impulsion, le traceur est en contact
plus longtemps avec la biomasse et, en particulier, il peut y diffuser dans des couches plus
profondes. Ceci montre un comportement non linéaire des réacteurs avec biomasse.

Il y a d’autres problèmes pratiques liés à l’injection du traceur. En particulier,


l’injection prend un temps fini. Pour se rapprocher d’une injection de type δ de Dirac,
l’injection est réalisée de manière à être aussi courte que possible.

Par ailleurs, l’introduction du traceur risque de modifier le régime d’écoulement en


raison de problèmes physiques liés aux différences de température, de densité, de viscosité,
de diffusivité entre la solution de traceur et le flux étudié. Pour éviter ces problèmes, on di-
lue préalablement la solution d’injection dans l’eau alimentant le réacteur.

La méthode et le lieu de prélèvement peuvent également affecter la réponse obser-


vée. Young et Young (1988) indiquent que pour obtenir des résultats reproductibles, il faut
procéder avec beaucoup de soin. Grobicki et Stuckey (1992) ont testé la reproductibilité de
leurs mesures de DTS, en répétant certains essais. Ils concluent que les résultats dépendent
beaucoup de la technique employée. Stairs et Moore (1994) soulignent également que la
reproductibilité des mesures dépend des conditions expérimentales, en particulier la tech-
nique d’injection.

3. Prise en compte des retours de traceur

Pour simplifier le traitement des résultats, il est préférable d’avoir un signal à


l’entrée du réacteur ayant la forme d’une impulsion δ de Dirac. Malheureusement, cela
n’est pas toujours possible sur les installations industrielles de traitement de l’eau, dans
lesquelles une fraction de l’effluent traité est recyclé en tête d’installation. C’est souvent le

Chapitre II 48
cas dans les installations à lit bactérien (Figure 9). Il faut alors tenir compte du retour à
l’entrée du réacteur d’un signal de concentration de traceur additionnel.

point d’injection du
traceur puits de
pompage
alimentation
en effluent à
traiter recyclage
clarificateur
lit bactérien

point de prélève-
ment de sortie

Figure 9. Exemple de configuration d’une installation à lit bactérien avec recyclage de l’effluent traité

3.1. Forme des signaux de concentration à l’entrée et à la sor-


tie du réacteur

A l’entrée, on obtient un premier pic de concentration à t = 0, correspondant à


l’injection delta de Dirac. Dans le cas où l’injection est réalisée en amont de l’entrée, par
exemple dans le puits de pompage, le pic initial est décalé par rapport au temps zéro et peut
être relativement étalé (Figure 10). Un second pic, correspondant au retour de traceur, ap-
paraît ensuite.

Le signal de sortie est relié au signal d’entrée par une relation de convolution (ex-
pression 3) avec la fonction de transfert. La réponse du réacteur à une fonction δ de Dirac
est donnée par la fonction de transfert, qu’il faut donc calculer à partir des signaux d’entrée
et de sortie obtenus expérimentalement. Cela est possible à l’aide d’une transformée de
Fourier. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle est coûteuse en temps de calcul. De
plus, ce traitement mathématique appliqué à des courbes entachées d’erreurs expérimenta-
les, même légères, engendre une série d’harmoniques rendant le résultat inutilisable (Na-
mèche et Vasel, 1996). Nous avons donc élaboré une méthode alternative.

Chapitre II 49
70
q =145 m3h-1
entrée (échantillons v = 2,8 mh-1
concentration de traceur [µg.l ] (Li)

60 prélevés au sommet du lit)


masse de traceur injecté
-1

50 dans le puits de
sortie (échantillons pompage : 358 mg(Li).
prélevés à la base
40 du lit) Le traceur est recyclé
vers le puits de pompage
par la canalisation de
30
recyclage.

20
réponse impulsionnelle
calculée
10

0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
temps écoulé depuis l'injection [s]

Figure 10. Exemple de signaux à l’entrée et à la sortie d’un lit bactérien. Traçage réalisé à la station
d’épuration de La Destrousse (13) en Janvier 1992.

3.2. Calcul de la réponse impulsionnelle

Les concentrations de traceur à l’entrée et à la sortie du réacteur sont mesurées à in-


tervalle de temps régulier, ∆t. On note cx,i et cy,i les concentrations mesurées au temps ti, à
l’entrée et à la sortie du réacteur, et Ei la valeur de la distribution des temps de séjour au
temps ti, E(ti).

Pour élaborer la procédure de déconvolution, nous nous sommes inspiré de la mé-


thode de van Cittert, citée par Biraud (1976). Il s’agit d’une méthode itérative dans le do-
maine réel. La procédure est la suivante :

1. on calcule le nombre d de pas de temps ∆t entre le maximum des cx,i et


l’origine des temps

2. on donne les valeurs cy,k+d aux Ek, jusqu'à k = N-d

Chapitre II 50
)
3. on calcule le signal de sortie c y comme le produit de convolution de E et cx,

à l’aide de l’expression :

k
)
c y , k = ∆t ∑ c x ,i E k − i (60)
i=0

4. on corrige les valeurs de E en fonction de la différence entre le signal calcu-


)
lé c y et le signal mesuré cy :

E k nouveau = E k précédent +
q
M
( )
c y, k + d − c y, k + d ) (61)

)
5. on continue à l’étape 3 jusqu'à ce que c y soit proche de cy.

)
Le critère utilisé ( c y proche de cy) garantit que, si la méthode converge, elle con-
)
verge bien vers la solution du problème. L’indice de proximité entre c y et cy est le suivant :

∑ (c)y,i − c y ,i )
2

I = 1− i (62)
∑ (c y ,i − c y ,i )
2

En pratique, on constate que la méthode converge dans la plupart des cas. Dans le
cas où il n’y a pas de convergence d’emblée, la modification de la valeur de d de plus ou
moins une ou deux unités permet souvent d’obtenir un résultat. Une dizaine d’itérations
)
seulement suffisent à obtenir c y proche de cy, avec I = 99,8 %, comme le montrent quel-

ques exemples de calcul (Tableau 8).

Tableau 8. Exemples du nombre d’itérations nécessaires pour satisfaire le critère I=99,8% lors du calul de
déconvolution des courbes de traceur.

Site n° essai nombre d’itérations


La Destrousse 1 - 92 9
2 - 92 9
3 - 92 16
1 - 93 12
2 - 93 20
Nîmes 1 4
2 20
St Jean d’Illac A1 4

Chapitre II 51
4. Calcul des moments de la distribution des temps de sé-
jour

L’arrêt des prélèvements de traceur est généralement effectué avant que la totalité
du traceur introduit aie franchi la section de sortie du réacteur. De ce fait, la DTS expéri-
mentale est obtenue jusqu’au temps tfin, et E(tfin) est différent de zéro. Pour tenir compte du
traceur restant dans le réacteur, on extrapole la DTS au-delà de tfin à l’aide d’une exponen-
tielle décroissante. Ainsi on obtient :

pour t > tfin, c y (t ) = bm t (63)

La valeur des paramètres b et m est ajustée en utilisant les points situés sur la partie
décroissante de la réponse, en commençant par le premier point venant après le pic de con-
centration.

Les moments d’ordre zéro et un de la réponse peuvent alors être calculés entre t = 0
et t→∞. Ils donnent respectivement une masse de traceur et le temps de séjour moyen du
traceur (auquel s’ajoute le temps d’injection).

Le calcul s’effectue à l’aide des expressions suivantes :

− masse de traceur :

 N −1
M = q ∑ (t i + 1 − ti )

( −
)
c y (t i + 1 ) + c y (t i ) bm t fin 
 (64)
 2 ln(m) 
 i =0 

avec cy(t) la concentration du traceur, q le débit, M la masse de traceur injecté.

− temps de séjour moyen :

 N −1
 ∑ (t
( )
c y (ti + 1 ) + c y (t i ) ( ti + t i + 1 ) bm t fin  

i +1 − ti )
q 1
t = − − + t fin  (65)
M  4 ln(m)  ln(m) 
 i =0 

Chapitre II 52
− écart type :

 N −1
(
c y ( t i + 1 ) + c y ( t i ) (t i + t i + 1 )
2
) t
bm fin  2t fin 
 ∑ (t i + 1 − t i )
q  2
σ= −  − + t fin   − t 2
2
 (ln(m))
M 8 ln(m)  2 ln( m )
 i = 0 

(66)

5. Nombre d’échantillons à prélever pour constituer la dis-


tribution des temps de séjour et durée de
l’échantillonage

Pour augmenter la précision des résultats, on peut souhaiter avoir autant de points
que possible, mais il faut faire face aux problèmes de transport, de stockage et d’analyse
des échantillons. Pour déterminer le nombre de points minimal permettant d’avoir une pré-
cision satisfaisante, nous avons calculé sur plusieurs courbes expérimentales le temps de
séjour moyen et l’écart type, puis recommencé en prenant un point sur deux, puis un sur
trois, etc. Les calculs sont effectués à l’aide des expressions 64 à 66. Les résultats sont
comparés avec les valeurs de référence obtenues sur la courbe complète.

0.1 80
écart relatif à la valeur de référence

ts C, µg/l 40

0.08 écart type 0


0 400 800
temps secondes

0.06

0.04

0.02

-0.02
0 20 40 60 80
nombre de points utilisés pour le calcul

Figure 11. Exemple d’évolution de la précision du calcul du temps de séjour moyen et de l’écart type d’une
DTS, en fonction du nombre de points utilisés pour le calcul. La DTS utilisée a été obtenue sur lit bactérien à
La Destrousse (13) ; les points utilisés sont répartis entre t=0 et t=2,5 t .

Chapitre II 53
Nous avons constaté que 20 points seulement suffisent généralement à obtenir une
erreur inférieure à 5% sur le temps de séjour moyen et l’écart type (exemple Figure 11).
Cette erreur est réduite si on choisit les points en utilisant un pas de temps variable, de ma-
nière à obtenir une meilleure résolution sur le pic initial de concentration, et une résolution
moins élevée sur la queue de courbe.

Le temps minimal d’échantillonnage nécessaire pour obtenir un résultat d’une pré-


cision satisfaisante a également été déterminé, selon une méthode identique. Nous avons
constaté, en utilisant 20 points, qu’il est nécessaire de réaliser des prélèvements pendant au
moins 2 t . Nous avons toutefois observé certains cas de distribution des temps de séjour où
la queue de courbe n’a pas une forme d’exponentielle décroissante régulière.
L’extrapolation à l’infini de la queue de courbe devient erronée et modifie de manière im-
portante le résultat du calcul de t et σ. Il est donc nécessaire de prélever les échantillons
pendant un temps plus important, jusqu’au retour de la DTS à E(t) = 0, ou d’utiliser un au-
tre modèle que la simple exponentielle décroissante pour extrapoler la DTS à l’infini.

Chapitre II 54
Chapitre III

Application aux lits bactériens

1. Le procédé lit bactérien

1.1. Description

Le lit bactérien est un procédé d'épuration biologique aérobie. L'épuration de la


phase liquide repose sur l'activité biochimique de micro-organismes qui dégradent la ma-
tière organique en présence d’oxygène. Cette oxydation transforme une partie de la matière
organique en eau, gaz carbonique et énergie. Le reste est transformé en biomasse, concen-
trée sous forme de boues.

Dans le lit bactérien, les micro-organismes sont retenus sur un support, appelé gar-
nissage, sous la forme d’un biofilm. Il s’agit d’une couche dense de bactéries, qui ont la
capacité de produire des polymères leur permettant de former un film et d’adhérer à un
support. Le garnissage est arrosé avec l’eau usée à traiter, après une décantation primaire
ou un simple tamisage fin. Le temps de passage de l’eau au sein du système est très court,
de l’ordre de quelques minutes.

zone anaérobie formation de méta-


profonde bolites gazeux

Film bacté- support


rien aérobie

(a) (b) (c)

Figure 12. Différents stades de développement du film bactérien.

Chapitre III 55
Lorsque les conditions d’arrosage le permettent, la force de cisaillement exercée par
le film liquide en écoulement est suffisante pour maintenir une épaisseur constante de bio-
film. L’épaisseur du film bactérien atteint un état d’équilibre, dans lequel la quantité de
biomasse détachée par l’érosion compense sa croissance (Figure 12, a).

Si au contraire les conditions d’arrosage ne permettent pas une érosion suffisante, la


croissance du film bactérien n’est pas freinée. Il finit par atteindre une épaisseur telle que la
diffusion de l'oxygène n'est plus possible jusqu'à la base du film. Il se crée alors une zone
anaérobie profonde où des germes spécifiques se développent (Figure 12, b). Un équilibre
s'établit entre la zone anaérobie et la zone aérobie, jusqu'à épuisement des réserves de la
zone profonde. La masse du biofilm augmente et des métabolites gazeux se dégagent à sa
base, qui diminuent la surface de contact avec le garnissage (Figure 12, c). Finalement le
film se détache et le processus recommence (Hoehn et Ray, 1973).

sprinkler

garnissage

ouïes
caillebotis d'aération

regard de sortie

Figure 13. Schéma d’un lit bactérien en coupe verticale

Ces cycles de croissance suivie de décrochage sont peu favorables au traitement, car
ils peuvent altérer temporairement la qualité du traitement, s’ils se produisent simultané-
ment sur une large surface. De plus, la présence de micro-organismes anaérobies
n’augmente pas l’élimination des polluants. Un détachement continu et uniforme est donc
préférable à un décrochage périodique. A ce titre, les conditions d’arrosage sont un facteur
important pour expliquer les performances, car elles déterminent le détachement du bio-
film.

Chapitre III 56
Pour augmenter la vitesse du film liquide et permettre ainsi une érosion continue du
biofilm, on peut augmenter la charge hydraulique, en recyclant une partie de l’effluent trai-
té, ou diminuer la fréquence de rotation du bras d’arrosage du lit. Le ratio de ces deux pa-
ramètres apparaît dans les normes de dimensionnement des lits bactériens en Allemagne
(ATV, 1989). Il est appelé force d’irrigation, en abrégé SK, de l’allemand Spülkraft.

v
SK = 1000 (67)
nbω

en mm par tour et par bras, avec ν la charge hydraulique admise sur le lit (mh-1), nb
le nombre de bras d’arrosage et ω la vitesse de rotation du bras d’arrosage (tours par
heure). On définit la charge hydraulique v (mh-1) par :

q
v= (68)
A

où q est le débit (m3h-1) et A la surface de la section horizontale du lit (m2).

1.2. Contexte d’étude

La complexité et l’importance de la conduite hydraulique de ce procédé ont justifié


de nombreuses études hydrodynamiques, qui ont commencé dix ans à peine après sa mise
en œuvre en Angleterre. En 1907-1909, C. Frye réalisa des traçages avec du chlorure de li-
thium sur des lits remplis de divers matériaux afin de déterminer l’influence de ces derniers
sur le temps de séjour. En 1916, G. Tatham mis au point une expression pour prévoir les
performances du lit en fonction d’un « temps moyen de contact » et d’une « constante
d’affinité ». C’est seulement en 1948 que ce type d’études fut repris par Velz, qui montra
que le temps de séjour et la surface spécifique du matériau sont deux facteurs susceptibles
d’affecter les performances du procédé (Boutin, 1986 b). Plus tard, d’autres auteurs étudiè-
rent le temps de séjour en fonction de divers facteurs comme la surface spécifique et la
charge hydraulique. Ces recherches ont abouti à de nombreuses formules permettant
d’évaluer les performances sur la base d’un écoulement piston, d’une réaction du premier
ordre et d’un coefficient défini par ajustement statistique (par exemple Schulze, 1960 ; Ec-
kenfelder et Barnhart, 1963 ; Germain, 1966). Aujourd’hui le dimensionnement des lits
bactériens repose toujours sur ces formules empiriques.

Chapitre III 57
Malheureusement, ces formules simples ne permettent pas d’expliquer les perfor-
mances des lits bactériens telles qu’elles sont observées en vraie grandeur. Pour évaluer le
comportement des lits, on peut avoir recours aux modèles mécanistes qui se basent sur la
cinétique et la structure du biofilm. Un modèle simple a été décrit plus haut (voir I.4.1), et
il en existe de plus élaborés, qui prennent par exemple en compte la dynamique de la popu-
lation bactérienne (Wanner et Gujer, 1984 ; Wanner et Reichert, 1996).

Pour utiliser ces modèles, il est nécessaire de déterminer la concentration du subs-


trat à l’interface entre film liquide et biofilm. Il faut pour cela connaître les mécanismes de
transport du substrat dans le réacteur. Notre objectif est de contribuer à cette connaissance
en examinant la rétention liquide et les DTS de différents lits bactériens en grandeur réelle,
en y ajoutant des données bibliographiques.

2. Matériel et méthode

2.1. Sites expérimentaux

Les traçages ont été réalisés sur 8 stations d’épuration traitant des effluents urbains,
dont les caractéristiques sont données ci-après (Tableau 9). Les charges indiquées sont les
charges moyennes en conditions d’exploitation normales : la charge hydraulique (v), la
charge organique (Bv) en kg de DBO par m3 de matériau et par jour, la force d’irrigation
(SK) en mm/tour. Elles ont été mesurées pendant 48 heures avant les traçages (sauf les va-
leurs entre parenthèses qui sont des estimations).

Les matériaux de remplissage sont de plusieurs types. Les matériaux ordonnés ver-
ticaux sont constitués par des bandelettes (Sessil) ou des tubes (Cloisonyle, Figure 14 a) de
plastique. Le matériau vrac est constitué par des anneaux (Biopac) de plastique. Le maté-
riau « cross-flow » est constitué de feuilles de plastiques gaufrées formant des courants
croisés (Plasdek, Figure 14 d). Les matériaux traditionnels sont constitués par des cailloux.

Chapitre III 58
(a) (b)

(c) (d)

(a) : sections de matériau plastique vertical (tubes Cloisonyle) ;


(b) : matériau vrac (anneaux Flocor R à droite, anneaux Actifil à gauche) ;
(c) : matériau cross-flow (Trelleborg) [Särner, 1978] ; (d) matériau cross-flow (Plasdek) [Särner, 1978]

Figure 14. Divers types de matériau plastique pour le remplissage des lits bactériens

Tableau 9. Caractéristiques et conditions d’exploitation des lits bactériens étudiés


Matériau de remplissage conditions d’exploitation
station designation type A L V a ε v Bv nb SK
(m2) (m) (m3) (m–1) (%) mh-1 DBO bras (mm/tr)
Destrousse 92 Cloisonyle 102.8 Vertical 52 5,9 307 180 94 2,3 0,90 4 2.4
Destrousse 93 Cloisonyle 102.8 Vertical 47 5,9 277 180 94 3,5 0,57 4 3.9
Nîmes Sessil Vertical 406 3,5 1420 150 (95) 2,2 1,0 6 3.0
Le Barp Biopac Vrac 28,3 4,8 136 125 93 (2,5) (0,62) 2
Ensues Cloisonyle 102.8 Vertical 15,3 4 61 180 94 1,6 0,32 2 4.3
Rousset Cloisonyle 102.8 Vertical 26,6 5,9 157 180 94 3,1 0,11 2 4.6
Oloron Plasdek Cross-flow 100 2,4 240 100 95 (1,0) (1,4) 4
Mondonville cailloux 160 mm Traditionnel 33,4 1,95 65 (80) (60) 0,5 0,24 2
Montoison cailloux 60 mm Traditionnel 28,8 2,65 76 (80) (60) (0,5) (0,75) 4 4.0

Notes : A = aire de la surface horizontale, L = hauteur de matériau, V = volume de matériau, a = surface spécifique du
matériau, ε = fraction vide, nb = nombre de bras d’arrosage en service. Les chiffres entre parenthèses ne sont pas des indica-
tions exactes mais donnent un ordre de grandeur ; toutes les autres valeurs de a et ε sont les données du fabriquant.

2.2. Mesures de débit

Les débits ont été mesurés en canal à l’aide d’un débitmètre enregistreur bulle à
bulle associé à un déversoir à mince paroi, conformément à la norme NF X 10-311. En rai-
son des difficultés rencontrées sur les sites, certains résultats sont peu fiables. Ils figurent
alors entre parenthèses dans les tableaux.

Chapitre III 59
2.3. Injection du traceur

Le traceur utilisé est le LiCl. La masse injectée est d’environ 150 µg par litre de vo-
lume liquide du lit. La concentration de Li+ dans l’effluent est mesurée avant l’injection et
est supposée constante pendant la durée de l’essai. Les valeurs trouvées sont comprises en-
tre 5 et 21 µg/L. Les valeurs de cy(t) sont données par la concentration de traceur en sortie,
moins la concentration initiale de l’effluent. L’échantillonnage est constitué de 60 prélè-
vements pendant 30 minutes.

Sur deux sites, cette méthode n’a pas pu être appliquée, en raison du retour de tra-
ceur à l’entrée (Figure 9). Il a donc fallu procéder à des prélèvements simultanés à l’entrée
et à la sortie, puis recalculer la DTS à l’aide de la procédure de déconvolution exposée plus
haut (II.3). Le tableau suivant précise la méthode employée sur chaque site.

Tableau 10. Méthode de mesure utilisée sur chaque site

Site date type de mesure point d’injection du traceur


Destrousse 92 01/92 avec déconvolution puits de pompage
Destrousse 93 10/93 - "" - puits de pompage
Nîmes 06/92 - "" - pot du sprinkler

Le Barp 12/91 directe canalisation d’alimentation


Ensues 02/92 - "" - pot du sprinkler
Rousset 03/93 - "" - pot du sprinkler
Oloron 06/92 - "" - pot du sprinkler
Mondonville 10/92 - "" - canalisation d’alimentation
Montoison 06/96 - "" - pot du sprinkler

2.4. Mesure des volumes liquides

Le volume liquide qui s’écoule librement du lit bactérien, appelé volume drainé, est
mesuré en collectant l’effluent à la sortie du lit après avoir arrêté la pompe d’alimentation.
Le temps nécessaire pour drainer la quasi totalité du volume liquide est estimé à 30 minu-
tes pour les lits bactériens à garnissage plastique, et 60 minutes dans le cas de garnissages
traditionnels. Les volumes écoulés ont été obtenus soit en intégrant le débit mesuré en sor-

Chapitre III 60
tie de lit sur un déversoir à mince paroi, soit en mesurant la remontée de niveau dans une
capacité de stockage, en général le clarificateur aval.

2.5. Données de la bibliographie

Les données supplémentaires ont été extraites de la bibliographie, concernant le


temps de séjour et le volume liquide des lits bactériens. De nombreux résultats d’essais
sont disponibles, mais la plupart ont été obtenus sur des installation pilotes de taille réduite
avec un arroseur fixe, alors que les lits bactériens étudiés ici sont en grandeur réelle et pos-
sèdent un sprinkler rotatif. Nous n’avons donc retenu que les études concernant des lits à
distributeur rotatif, pour permettre la comparaison avec nos données. Nous avons égale-
ment exclu les données provenant d’essais réalisés sur des colonnes de moins de 1 m2, les
effets de bords étant susceptibles d’altérer les résultats. Le Tableau 11 résume les caracté-
ristiques des données retenues.

Tableau 11. Caractéristiques des lits bactériens dans les études sélectionnées
caractéristiques du matériau charge hydraulique
référence désignation type biofilm A L V a ε SK v
(m2) (m) (m3) (m–1) (%) (mm/tr) (mh-1)
Särner 1978 Hydropak Vertical avec 1,77 4,05 7,16 200 2-5

Vandevenne Filterpak 1120 M Vrac sans 2,03 1,7 3,46 95 96 0,1-0,4


1986 Filterpak CR Vrac sans 2,03 1,7 3,46 220 95 0,1-0,4
cailloux Cailloux avec 2,03 1,72 3,50 114 57 0,23
Filterpak 1120 M Vrac avec 2,03 1,7 3,46 95 96 0,23
Filterpak CR Vrac avec 2,03 1,7 3,46 220 95 0,15

Tariq 1975 Whinstone 5.1 cm Cailloux avec 2,63 1,83 4,81 80 46 2-11 0,02-0,1
Slag 6.4 cm Cailloux avec 731 1,9 1388 0,02

Kshirsagar 1972 cailloux Cailloux avec 445 3,7 1646 3,2-3,7 0,3-0,7

Chapitre III 61
3. Résultats

3.1. Volumes drainés et temps de séjour moyens

Les volumes de liquide drainés (Vd) et les temps de séjour moyens ( t ) obtenus sont
indiqués dans le tableau ci-dessous. Nous avons également mentionné la vitesse de rotation
du sprinkler (ω) et l’écart type (σ) de la distribution des temps de séjour. La fraction du vo-
lume vide occupé par le volume liquide drainé, θd, est calculé par :

Vd
θd = (69)
εV

Le volume accessible au traceur (Va) est calculé en multipliant le temps de séjour


moyen par le débit (expression 11). La différence entre Va et Vd est appelée volume résiduel
(Vr).

Vr = Va − Vd (70)

Tableau 12. Résultats sur lits bactériens : volumes liquides et temps de séjour moyens
Site q v ω Vd θd t σ Va Vr note
(m3h-1) (mh-1) (tr mn-1) (m3) (%) (s) (s) (m3) (m3)
matériaux plastique
Destrousse 92 145 2,79 7,5 2,6 366 465 14,7 7,2
120 2,31 4,0 6,8 2,4 310 365 10,3 3,5
Destrousse 93 163 3,40 3,2 8,5 3,2 (169) (105) (7,7) (-0,8) (a)
143 2,98 2,5 7,3 2,7 288 238 11,4 4,1
Nîmes 980 2,41 2,0 35 2,6 158 181 43,0 8,0
480 1,18 1,0 26,5 2,0 (207) (146) (27,6) (1,1) (b)
Le Barp 55,1 1,95 2,8 2,2 465 454 7,1 4,3
44,6 1,58 2,5 2,0 700 910 8,7 6,2
32,8 1,15 2,0 1,6 588 593 5,4 3,4
Ensues 38,7 2,53 6,0 1,1 2,0 236 280 2,5 1,4
24,9 1,63 1,8 0,90 1,6 675 980 4,7 3,8
18,4 1,20 3,2 0,84 1,5 734 927 3,8 2,9
Rousset 27,6 1,04 1,6 -- -- 1123 1275 8,6 -- (b)
24,7 0,93 1,6 -- -- 926 964 6,4 -- (b)
Oloron 190 1,90 1,8 -- -- 634 710 33,5 -- (b)
matériaux traditionnels
Mondonville (43,3) 1,30 20 (3,7) 9,4 284 281 (3,4) (-0,3)
28,5 0,85 10 2,4 6,0 524 612 4,1 1,7
Montoison (27,1) 0,94 6,8 2,4 8,1 1035 1271 (7,8) (5,4)
12,8 0,44 1,6 5,3 1277 1512 4,5 2,9

notes (a) : la déconvolution n’a pas permis d’obtenir une DTS plausible
(b) : en raison de la faible vitesse de rotation du sprinkler la DTS n’est pas régulière

Chapitre III 62
Nous avons représenté (Figure 15) les valeurs de t /L en fonction de la charge hy-
draulique périphérique qa (m2h-1) définie par :

v
qa = (71)
a

Les points concernant chaque type de garnissage sont regroupés le long d’une
droite. Lorsque les lits bactériens sont recouverts de biomasse, les garnissages traditionnels
permettent les rétentions de liquide les plus importante. Viennent ensuite les garnissages
vrac, puis les garnissages verticaux. Les droites des garnissages vrac avec et sans biofilm
montrent que la présence de biofilm augmente la rétention liquide.

10000
TRADITIONNEL avec
biofilm : Tariq 1975,
Kshirsagar 1972,
Vandevenne 1986, nos
essais

1000
VRAC avec biofilm :
t
(s/m) Vandevenne 1986,
H nos essais

100 VERTICAL avec


VRAC sans biofilm : biofilm : Särner
Vandevenne 1986 1978, nos
essais

10
0.0001 0.0010 0.0100 0.1000
v 2
qa = (m /h)
a

Figure 15. Comparaison des valeurs de t /L pour différents garnissages de lits bactériens. Les points mar-
qués d’un _ repèrent les résultats de nos essais.

3.2. Distributions des temps de séjour

Les courbes expérimentales sont reportées en annexe A.

Les DTS obtenues avec une injection δ de Dirac présentent un pic aigu et une queue
de courbe prolongée (Figure 16). Les DTS obtenues par déconvolution ont une traînée

Chapitre III 63
moins prononcée et sont parfois irrégulières (Figure 10). Cela suggère que la réponse des
lits bactériens pourrait dépendre de la nature du signal. Pour vérifier cette observation, il
faudrait réaliser un essai avec une injection δ de Dirac et une injection de forme quel-
conque, sur le même site.

Lorsque la vitesse de rotation du sprinkler était inférieure à 1,8 tour par minute, les
DTS obtenues sont irrégulières. Cela est probablement dû au fait que, dans ce cas, le tra-
ceur n’a pas recouvert toute la surface du lit bactérien. Lorsque le sprinkler passe au-dessus
d’une zone ne contenant pas de traceur, l’effluent traverse le lit et est mélangé à la base
avec l’effluent contenant du traceur, ce qui diminue la concentration en sortie. Lorsque le
sprinkler passe au-dessus d’une zone où le traceur a été déversé, l’effluent lessive le traceur
contenu dans le filtre, et la concentration en sortie augmente (Figure 17).

140
q =18,4 m3h-1
concentration (µg/l Li )

120
+

v =1,20 mh-1
+
100 Masse de traceur injecté = 210 mg(Li )
80
60
40
20
0
0 500 1000 1500 2000
temps écoulé depuis l'injection (s)
Figure 16. Exemple de réponse en sortie de lit bactérien après une injection δ de Dirac, obtenue sur la sta-
tion d’Ensuès.

Chapitre III 64
160
q =24,7 m3h-1
140 v =0,93 mh-1
Masse de traceur injecté = 1118 mg
120
concentration, µgl (Li )
+
-1

100

80

60

40

20

0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
temps écoulé depuis l'injection (s)

Figure 17. Exemple de réponse en sortie de lit bactérien, lorsque la vitesse de rotation du sprinkler est fai-
ble. Courbe obtenue à Rousset.

4. Discussion

4.1. Temps de séjour et volume drainé

Les résultats obtenus concernant Vd (Tableau 12) sont cohérents puisque Vd aug-
ment avec la charge hydraulique, quelque soit le site. En revanche, le temps de séjour
moyen devrait diminuer avec la charge hydraulique, or ce n’est pas le cas pour La Des-
trousse (92), Le Barp et Ensuès. Toutefois, nos résultats se placent correctement dans les
corrélations lorsqu’ils sont comparés avec les données de la bibliographie (Figure 15). Cela
suggère que le calcul de t donne un ordre de grandeur satisfaisant, mais avec une précision
faible. Cela pourrait s’expliquer par des erreurs expérimentales inhérentes au travail sur site
réel. Une autre source potentielle d’erreur est l’ajustement de l’exponentielle décroissante
pour extrapoler la queue de courbe à l’infini.

Le volume traversé par le traceur (Va) est supérieur au volume drainé (Vd). Cette ob-
servation est systématique, sauf pour quelques essais réalisés dans des conditions défavo-

Chapitre III 65
rables (valeurs entre parenthèses). Apparemment, il n’est pas possible d’expliquer les va-
riations de Vr en fonction du débit. Cela pourrait être dû à la faible précision de t .

Dans la bibliographie on trouve plusieurs types de corrélations empiriques pour ex-


pliquer les variations de θd. En général, θd est proportionnel à une puissance de la charge
hydraulique v, ou de la charge périphérique qa, ou encore du nombre de Reynolds Re. Ce
dernier est défini ainsi :

vd g
Re = (72)
ν

Dans le nombre de Reynolds, dg est le « diamètre de grain » [L] et ν la viscosité ci-


nématique [L2T-1]. Ici dg a été pris égal à la granulométrie moyenne pour les matériaux tra-
ditionnels, et au diamètre externe pour les garnissages vrac. Nous n’avons pas calculé le
nombre de Reynolds pour les garnissages verticaux, car il n’est pas possible de définir la
valeur de dg dans ce cas. La viscosité cinématique ν n’a pas été mesurée lors de nos essais.
Elle est supposée égale à 10-6 m2s-1.

En ce qui concerne le temps de séjour moyen t , il est généralement décrit comme


proportionnel à L, et à une puissance de v, qa ou Re. Pour déterminer quel paramètre est le
plus pertinent pour décrire les variations de θd et t / L , nous avons recherché la meilleure
corrélation, en utilisant nos résultats et ceux de la bibliographie sélectionnée (Tableau
11). Les résultats figurent Tableau 13. Les nuages de points correspondant sont en annexe
B.

Tableau 13. Résultat des corrélations pour le temps de séjour moyen et la fraction drainée
Type de garnissage biofilm t /L (sm-1) r2 n θd r2 n
-0.381 0.231
Cailloux avec 731 Re 0,89 12 0,0253 Re 0,87 9
Cross-flow avec pas assez de données 1 pas assez de données 1
Vertical avec 2,615 qa-0.655 0,63 14 0,392qa 0.654 0,82 9
Vrac sans 3,075qa-0.605 0,94 8 pas de données 0
Vrac avec 1,795qa-0.813 0,99 5 0,0147qa 0.644 0,99 3

Note - La valeur indiquée dans la colonne « n » est le nombre de points de chaque corrélation.

Le nombre de Reynolds est le paramètre le plus pertinent pour décrire t / L et θd


avec le garnissage traditionnel. Cela suggère que la taille des éléments joue un rôle signifi-
catif dans le comportement hydrodynamique de ce type de matériau. Pour les matériaux en
vrac et vertical, le paramètre pertinent est la charge hydraulique périphérique. Les coeffi-
cients de corrélation ne sont pas très élevés lorsque le nombre de points dépasse 5. Cela

Chapitre III 66
s ‘explique par les conditions d’exploitation et la conception des lits, qui ont probablement
une influence sur les valeurs du temps de séjour moyen et du volume drainé.

4.2. Modélisation de la distribution des temps de séjour

Les DTS expérimentales présentent une traînée importante sur la queue de


courbe. Nous interprétons ce phénomène comme un échange lent de traceur par diffusion
entre le film liquide et le film retenu sur le support. C’est pourquoi le modèle de biodiffu-
sion, exposé au paragraphe I.3, a été ajusté aux DTS obtenues. Pour comparer les résultats,
nous avons également ajusté le modèle du piston dispersif avec échanges lents (PDE), bien
que les hypothèses de ce dernier ne correspondent pas au cas du mécanisme de diffusion.
Chacun de ces deux modèles a quatre paramètres : tm, Pe, Kim, et un temps caractéristique,
tb pour le modèle de biodiffusion et tM pour le modèle de piston dispersif avec échanges.
Les valeurs de tm et Kim permettent de définir des volumes mobiles et immobiles, et de cal-
culer le moment d’ordre un t0 :

Vm = qt m (73)

Vim = Kim qt m (74)

t 0 = (1 + Kim )t m (75)

D’après l’expression (41) il est possible, en ayant obtenu la valeur de tb par ajuste-
ment du modèle de biodiffusion, de calculer l’épaisseur du biofilm, supposée homogène
sur la hauteur. Toutefois cela nécessite de connaître le coefficient de diffusion du traceur
dans la biomasse. Cette valeur, inférieure à celle du coefficient de diffusion en eau pure, est
difficile à estimer (Hinson et Kocher, 1996).

Les valeurs des paramètres ont été ajustées pour minimiser la distance entre les
courbes expérimentales et les modèles. Les résultats de l’ajustement sont donnés dans le
tableau suivant. Etant donné la similarité des deux modèles, on s’attend à obtenir des va-
leurs de Vim et Vm proches pour les deux modèles, et des valeurs de tM proches de tb/3 (ex-
pression 43).

Chapitre III 67
Tableau 14. Résultats des ajustements de modèles aux DTS de lit bactérien
modèle piston dispersif avec échanges modèle biodiffusion
Site q v Vm Vim tM Pe Vm Vim tb Pe
m3h-1 mh-1 m3 m3 s m3 m3 s
matériaux plastiques
Destrousse 92 145 2,79 7,49 6,69 405 3,72 5,70 9,16 1215 5,30
120 2,31 5,54 6,05 470 5,52 4,18 6,38 947 8,24
Destrousse 93 163 3,40 7,54 0,00 4,34 7,55 0,00 4,32
143 2,98 10,1 0,00 2,86 7,40 4,41 512 5,33
Nîmes 980 2,41 32,2 8,66 140 4,50 29,4 11,0 306 4,98
480 1,18 23,2 11,2 246 3,36 17,3 15,9 431 5,36
Le Barp 55,1 1,95 3,63 3,32 313 7,21 2,66 4,26 792 10,4
44,6 1,58 3,33 3,91 477 5,66 2,23 5,07 1285 9,33
32,8 1,15 2,63 2,58 382 7,61 1,89 3,30 973 11,3
Ensues 38,7 2,53 1,10 1,14 132 8,90 0,79 1,57 401 13,0
24,9 1,63 1,20 2,25 333 1,53 0,79 2,48 1154 2,15
18,4 1,20 1,12 2,31 385 2,11 0,43 3,25 1472 5,46
Rousset 27,6 1,04 2,75 4,53 365 2,38 1,06 6,49 1306 6,08
24,7 0,93 2,23 3,62 280 2,61 1,36 4,61 874 3,39
Oloron 190 1,90 15,4 9,51 181 2,83 12,0 12,9 467 3,46
matériaux traditionnels
Mondonville 43,3 1,30 1,68 1,50 171 12,7 1,28 1,91 443 18,3
28,5 0,85 1,34 2,09 247 11,0 0,86 2,76 807 18,0
Montoison 27,1 0,94 2,67 4,72 784 5,31 1,48 6,11 2421 11,2
12,8 0,44 1,47 2,95 863 4,40 0,64 3,98 2870 12,2

Les deux modèles décrivent correctement les DTS expérimentales. Une analyse de
sensibilité a montré que les valeurs de tm et Kim ont une forte influence sur la distance entre
la courbe expérimentale et le modèle. L’influence des autres paramètres, tM, tb et Pe est
moins importante.

Les valeurs des paramètres du modèle piston dispersif avec échanges sont corrélées
avec celles du modèle de biodiffusion. Les corrélations obtenues pour chaque paramètre
sont données ci-dessous. Les valeurs du r2 sont proches de 1 pour t0, Vm et Vim. Les valeurs
de Pe et des temps caractéristiques d’échange (tM et tb) sont plus dispersées, ce qui pourrait
être dû à la plus faible sensibilité de l’ajustement de ces paramètres.

t0 (biodiffusion) = 1,02 t0 (PDE) r2 = 0,99 (76)

Vm (biodiffusion) = 0,83 Vm (PDE) r2 = 0,98 (77)

Vim (biodiffusion) = 1,33 Vim (PDE) r2 = 0,98 (78)

Pe (biodiffusion) = 1,56 P (PDE) r2 = 0,84 (79)

tb (biodiffusion) = 2,96 tM (PDE) r2 = 0,91 (80)

Le moment d’ordre un (t0) est identique, à 2% près, pour les deux modèles. Cela si-
gnifie que le volume total traversé par le traceur (Va) obtenu par ajustement ne varie pas en

Chapitre III 68
fonction du modèle choisi. En revanche, la répartition de ce volume entre zone mobile et
zone immobile n’est pas la même. Le modèle de biodiffusion conduit à une zone immobile
plus grande qu’avec le modèle de piston dispersif avec échanges. Le nombre de Péclet de la
zone mobile (Pe) est également plus grand avec le modèle de biodiffusion. Les valeurs de
tb sont proches de 3 tM, ce qui était attendu (expression 43).

Le calcul des volumes mobiles et immobiles par l’intermédiaire d’un modèle hy-
drodynamique conduit donc à des résultats qui dépendent du modèle choisi. Nous pensons
que le modèle de biodiffusion reflète mieux la réalité, car les échanges entre zones mobile
et immobile sont régis par le mécanisme de diffusion dans le biofilm. Toutefois, cette hy-
pothèse reste à vérifier.

4.3. Les différentes fractions de volume

Le volume mobile Vm obtenu à l’aide du modèle de biodiffusion et le moment du


premier ordre t0 peuvent être comparés au volume drainé Vd et au temps de séjour moyen
t , obtenus expérimentalement. Nous avons établi les corrélations suivantes (les nuages de
points sont en annexe C) :

Vm (biodiffusion) = 0,77 Vd (r2 = 0,97) (81)

t0 (biodiffusion) = 0,92 t (r2 = 0,96) (82)

Le volume mobile est inférieur au volume drainé. Cela est cohérent avec
l’hypothèse faite par Suschka (1987), qui estime qu’une partie du volume drainé après
l’arrêt de l’alimentation est en fait emprisonné dans les anfractuosités de la biomasse, et
n’est en réalité pas mobile en conditions normales d’alimentation. Si tel est le cas, ce vo-
lume est compté avec le volume immobile Vim. Dans le cas des lits bactériens de cette
étude, l’expression (81) indique que ce volume emprisonné représente 23% du volume
drainé.

Le temps de séjour moyen est plus élevé que le moment d’ordre un du modèle.
L’expression (82) montre que la différence est de l’ordre de 8%. Cela laisse penser que le
temps de séjour moyen est surestimé, probablement en raison de l’ajustement de
l’exponentielle décroissante sur la queue de courbe. Nous pensons que le premier moment

Chapitre III 69
obtenu par l’ajustement de modèles est une meilleure estimation du temps de séjour moyen
que le calcul direct sur la courbe expérimentale. En effet, nous avons constaté dans le cas
des lits bactériens que l’ajustement de l’exponentielle décroissante donne des résultats dif-
férents selon que l’on ajuste sur le début ou la fin de la queue de courbe.

La valeur des paramètres de la modélisation dépend du matériau de garnissage ainsi


que des conditions d’exploitation du lit bactérien. Nous avons calculé les fractions volumi-
ques suivantes :

Vm
θm = (83)
εV

Vim
θim = (84)
εV

Les valeurs obtenues pour θim et tb ne peuvent pas être expliquées par des paramè-
tres hydrauliques comme v ou qa. Le volume Vim est théoriquement égal au volume de bio-
masse, mais nous avons vu qu’il faut y ajouter un volume liquide immobile piégé dans ses
anfractuosités. Le paramètre tb dépend de l’épaisseur du film constitué par la biomasse et
les anfractuosités renfermant un volume liquide, ainsi que du coefficient moyen de diffu-
sion du traceur applicable dans ce milieu hétérogène.

La quantité et l’épaisseur de la biomasse étant régulés par l’apport de matière orga-


nique et par la force d’irrigation (SK), on peut penser que θim et tb en dépendent également.
Or ces paramètres varient dans le temps sur un site donné. C’est sans doute pour cette rai-
son que les valeurs de θim et tb que nous avons obtenues sont très dispersées. Il semble dif-
ficile de déterminer ces valeurs a priori. Notons toutefois que les valeurs de θim et tb sont
plus élevées sur les matériaux cailloux que les matériaux plastiques (Tableau 15). Ce résul-
tat est logique, les matériaux traditionnels retenant plus de biomasse que les garnissages
plastiques.

Le nombre de Péclet de la zone mobile Pe est également plus élevé dans le cas des
matériaux traditionnels que dans le cas des garnissage verticaux. La dispersion axiale est
donc plus importante dans ces derniers. Les valeurs de θm (Figure 18) peuvent être corrél-
ées avec la charge hydraulique périphérique qa. Les valeurs trouvées pour θim, θm, tb et Pe
sont résumées dans le tableau suivant.

Chapitre III 70
0.1
Cailloux
(Mondonville,
Vm
θm = Montoison)
εV

0.01

Vertical et vrac
(Destrousse, Nîmes,
Ensues, Rousset, Le Barp)
0.001
0.001 0.01
qa = v 0.1
a

Figure 18. Fraction mobile θm (obtenue par ajustement du modèle de biodiffusion) en fonction de la charge
hydraulique périphérique qa.

Tableau 15. Valeurs des paramètres du modèle de biodiffusion applicables aux garnissages cailloux et plas-
tique étudiés
Type de matériau et sites
matériaux plastiques vrac et vertical matériau traditionnel cailloux
Destrousse 92, Destrousse 93, Nîmes, Mondonville,
Ensues, Rousset, Le Barp Montoison
min max corrélation min max corrélation
θim (%) 0,8 5,7 aucune 4,9 13,4 aucune
θm (%) 0,7 2,9 θm=1,02qa 0.93 r2=0,84 1,4 3,3 θm=1,09qa 0.83 r2=0,89
tb (s) 306 1472 aucune 443 2681 aucune
Pe (-) 2,15 13,0 aucune 11,2 18,3 aucune

5. Conclusions

Nous avons déterminé les distributions des temps de séjour sur les lits bactériens de
8 stations. Sur deux d’entre elles, les DTS ont été déterminées sans arrêt de la recirculation
de l’effluent traité, grâce à une déconvolution des concentrations en entrée et sortie de lit.
Toutefois les courbes obtenues dans ces conditions n’ont pas le même aspect que les cour-
bes obtenues par une injection δ de Dirac directe. Cela laisse penser que la DTS d’un lit
bactérien pourrait dépendre de la forme du signal d’injection.

Ces déterminations sont soumises aux difficultés de l’expérimentation en site réel.


De ce fait, certains résultats sont moins précis que s’ils avaient été obtenus sur pilote. Mal-
gré ces difficultés, les résultats obtenus fournissent des ordres de grandeur satisfaisants.

Chapitre III 71
Nos résultats, ajoutés à ceux des études sélectionnées dans la bibliographie, mon-
trent que la nature du garnissage a une influence sur sa capacité de rétention. Dans la
gamme des charges hydrauliques étudiées, les valeurs de t /L les plus élevées sont obte-
nues avec un garnissage traditionnel, des valeurs plus faibles avec un garnissage plastique
vrac, et les valeurs les plus faibles avec les garnissages plastiques verticaux. La présence du
biofilm augmente la capacité de rétention du lit, dans le cas du garnissage vrac.

Les valeurs de t /L et de θd provenant de nos essais et de la bibliographie peuvent


être corrélées avec le nombre de Reynolds pour les garnissages cailloux, et la charge hy-
draulique périphérique pour les garnissages plastique verticaux et vrac. Toutefois les coef-
ficients de corrélation ne sont pas toujours élevés, en raison des différences importantes de
conception et d’exploitation des lits étudiés.

Les modèles du piston dispersif avec échanges et de biodiffusion peuvent tous deux
être ajustés sur les DTS expérimentales. Ils peuvent tous deux être utilisés pour obtenir une
estimation du temps de séjour du lit et donnent le même résultat. Cette méthode est préfé-
rable au calcul du temps de séjour directement sur la courbe expérimentale, dont
l’extrapolation à l’infini est source d’erreurs. En revanche, les deux modèles ne donnent
pas la même répartition des volumes entre zone mobile et immobile, ni le même nombre de
Péclet dans la zone mobile. En se basant sur l’hypothèse que le mécanisme qui provoque la
traînée apparente sur les queues de DTS est un échange de traceur avec la biomasse, nous
suggérons que le modèle de biodiffusion est plus réaliste que le piston dispersif avec
échanges.

Le volume de la zone mobile fourni par le modèle de biodiffusion est inférieur au


volume drainé, ce qui peut signifier qu’une partie du volume drainé après arrêt de
l’alimentation est en réalité emprisonné dans la biomasse, en conditions d’alimentation
normales. Le cas échéant, ce volume est donc compté dans la fraction immobile du modèle
de biodiffusion.

Il est possible de corréler la fraction mobile avec la charge hydraulique périphéri-


que. Les autres paramètres, c’est à dire la fraction immobile, le temps caractéristique de
diffusion et le nombre de Péclet ne semblent pas liés aux paramètres hydrauliques et sont
probablement fonction d’autres paramètres de l’exploitation du lit, comme la charge orga-
nique et la force d’irrigation (SK). La comparaison entre les fractions immobiles des lits à

Chapitre III 72
garnissage plastique et des lits à matériau traditionnel montre que ce paramètre pourrait
être un bon indicateur du volume de biomasse.

La Figure 19 résume l’interprétation que nous suggérons pour les volumes Vim et Vm
obtenus à partir du modèle de biodiffusion. Il serait intéressant de poursuivre des investiga-
tions expérimentales dans le but de valider les hypothèses de ce modèle et la répartition des
volumes obtenus. Le cas échéant, on disposerait d’un outil relativement simple pour accé-
der à l’épaisseur de la biomasse, point clé de l’exploitation des lits bactériens.

Figure 19. Représentation des différents volumes dans le lit bactérien.

Va

Vm Vim

Vd = volume drainé

volume de biomasse

Chapitre III 73
Chapitre IV

Application aux biofiltres de nitrification


tertiaire

1. Description du procédé biofiltre

La biofiltration est une nouvelle technologie de traitement des eaux usées. Elle met
en jeu trois phases (Pujol, 1991) :

− une phase solide constituée par un matériau dont la granulométrie varie entre 2 et
6 mm. Ce matériau sert de support au biofilm, permet d’obtenir une concentra-
tion de biomasse très élevée (10 à 20 fois supérieure à celle des boues activées),
et assure la rétention des matières en suspension ;

− une phase liquide, constituée par l’eau à épurer,

− une phase gazeuse du fait de l’injection de bulles d’air, qui apporte l’oxygène
nécessaire à l’activité bactérienne.

La production de boues colmate progressivement le massif filtrant. Ces boues sont


constituées de la biomasse en excès et des matières en suspension retenues. Elles sont dé-
crochées périodiquement du matériau par des phases de lavage, impliquant des débits éle-
vés d’eau et d’air. Ces lavages sont généralement réalisés toutes les 24 ou 48 heures.

Les biofiltres possèdent de nombreux avantages : faibles dimensions spécifiques,


intégration facile au site, possibilité de traiter les odeurs, modularité, ... Ils sont principale-
ment utilisés pour le traitement de la DBO (Canler et Perret, 1993), et pour la nitrification
tertiaire (Canler et al, 1996).

Chapitre IV 74
2. Contexte d’étude

La construction de très grandes unités industrielles, ayant plus de 100 m2 de surface


horizontale, soulève des interrogations sur une possible hétérogénéité de l’écoulement au
sein du lit de matériau. En particulier, Boller et al. (1994) suggèrent que l’écoulement de la
phase air dans le lit pourrait créer des écoulements préférentiels. Le cas échéant, la concen-
tration en substrat dans une section horizontale donnée ne serait pas homogène. Les condi-
tions à la surface du biofilm seraient alors différentes d’un endroit à l’autre, ce qui est sus-
ceptible d’altérer l’efficacité du procédé.

Nous avons étudié deux biofiltres de taille industrielle. Outre la compréhension du


comportement hydrodynamique, l’objectif est d’évaluer l’homogénéité de l’écoulement,
sous le matériau et au sein de celui-ci. Pour cela nous avons comparé les distributions des
temps de séjour obtenues à différents endroits sous le matériau et dans sa partie supérieure.
Lors de l’étude d’un procédé similaire à l’échelle pilote, Tschui et al. (1993) ont observé
des différences de temps de séjour entre différents points qui dépassent généralement 40%.

3. Sites expérimentaux

3.1. Description des sites


3.1.1. Saint Fons

La station d’épuration de Saint Fons traite une partie des effluents de la communau-
té urbaine de Lyon. Elle a une capacité de 700 000 équivalent habitants. Le procédé de trai-
tement utilisé est une boue activée. Pour améliorer la qualité des eaux du Rhône, il a été
décidé d’y adjoindre un système de nitrification des effluents. Dans un premier temps, un
prototype industriel, qui ne traite que 25 % du débit de la station, a été achevé en 1995. Il
est alimenté par l’effluent issu de la boue activée et constitué d’un ensemble de 5 cellules
de biofiltration, de 112 m2 chacune. Nous avons étudié uniquement la cellule 2, qui a par
ailleurs fait l’objet d’un suivi sur une période d’un an par le Cemagref, concernant ses per-
formances épuratoires (Durand, 1996).

Chapitre IV 75
Le matériau de garnissage est constitué de billes de polystyrène de 3,5 mm de dia-
mètre (« Biostyr »). Il est retenu à l’intérieur de la cellule par un plafond, percé d’orifices
équipés de buses. Le réseau d’alimentation en air est situé à la base du biofiltre, et couvre
toute la surface du radier. L’effluent est introduit sous ce réseau, par un canal
d’alimentation central. Les fluides (air et eau) circulent à cocourant. Au dessus de la cel-
lule, une hauteur d’eau de 1,47 m permet de stocker la quantité d’effluent traité nécessaire
aux lavages à contre courant (Figure 20).

canal de
distribution
effluent à traiter

effluent traité
eau de lavage

plafond
air de
procédé matériau 2,8 m
flottant

1,8 m
canal
d’alimentation 15,1 m canal 7,4 m
d’alimentation

Figure 20. Coupe schématique du biofiltre « Biostyr »

3.1.2. Achères

La station d’épuration d’Achères traite une partie importante des eaux usées de
l’agglomération parisienne. Le biofiltre étudié est un prototype industriel de nitrification
tertiaire d’une capacité de 100 000 équivalents habitant, constitué par une seule cellule de
biofiltration, d’une surface horizontale de 144 m2. Il s’agit de la plus grande unité réalisée à
ce jour. Elle a fait l’objet d’un suivi de 5 ans par son constructeur et par le syndicat pour
l’assainissement de l’agglomération parisienne, dans le cadre d’un concours visant à doter
la station d’épuration d’Achères d’équipements de nitrification (Pujol et al, 1998).

Chapitre IV 76
Le garnissage est constitué d’un matériau de densité supérieure à 1, dont la granu-
lométrie moyenne est de 3,5 mm. Ce matériau repose sur un plancher percé de buses, repo-
sant lui-même sur un système de poutres et poteaux. Le système d’aération est situé à la
base de ce plancher, et en couvre toute la surface. L’effluent est introduit par une canalisa-
tion alimentée par une pompe et débouchant dans la partie inférieure du biofiltre, au niveau
d’une cheminée d’équilibre (Figure 21).

Une hauteur d’eau d’environ un mètre se trouve au-dessus du matériau. Cela per-
met d’éviter les pertes de matériau lors de lavages, qui sont réalisés à cocourant.

cheminée d’équilibre

perte de
charge
≈1m

1m
hauteur de
matériau
4m

12 m 12 m

alimentation
Figure 21. Coupes schématiques du biofiltre « Biofor »

3.2. Caractéristiques des biofiltres étudiés

Les deux biofiltres étudiés sont utilisés pour la nitrification tertiaire et ont une sur-
face horizontale proche (Tableau 16). La géométrie du biofiltre est toutefois différente, le
ratio longueur / largeur étant de 1 à Achères et de 2 à Saint Fons.

La granulométrie nominale du matériau est de 3,5 mm dans les deux cas, mais la
nature du matériau est très différente. A Saint Fons, ce sont des billes de polystyrène qui
sont retenues par un plafond, alors qu’à Achères, le matériau (« biolite ») a une densité su-
périeure à 1 et repose sur un plancher. La hauteur de matériau est plus importante à Achè-
res (4 m au lieu de 2,8 m).

Chapitre IV 77
La circulation des fluides est à cocourant. Les vitesses admissibles en eau et en air
sont plus importantes à Achères. Les systèmes d’admission de l’eau et de l’air sont diffé-
rents sur les deux filtres. A Saint Fons l’eau est distribuée par un canal longitudinal sur
toute la longueur du filtre, alors qu’à Achères, l’alimentation donne directement dans la
zone inférieure du biofiltre, sans système de répartition. L’air est amené à la base du maté-
riau à Achères, alors qu’il est amené sous le matériau, à la base de la zone inférieure, à
Saint Fons.

Tableau 16. Dimensions et caractéristiques nominales des deux biofiltres étudiés.

Saint Fons Achères


opération unitaire nitrification tertiaire nitrification tertiaire
nom du procédé « Biostyr » « Biofor »
constructeur OTV Degrémont
longueur (m) 15,1 12
largeur (m) 7,4 12
aire de la surface horizontale (m2) 112 144
hauteur du lit (m) 2,8 4,0
volume du lit (m3) 316 575
granulométrie (mm) 3,5 3,5
vitesses superficielles nominales
effluent (mh-1) 6-8 8 - 10
air (Nm3m-2h-1) 18 21

4. Mesures réalisées

Plusieurs points de la section horizontale ont été étudiés : 8 à Saint Fons, 6 à Achè-
res. Le nombre de points était limité par le nombre d’analyses de lithium à effectuer : au to-
tal, les essais présentés ici ont nécessité plus de 2 500 déterminations. Les points ont été
répartis sur l’axe longitudinal central, et sur un axe latéral, afin de pouvoir déterminer le
comportement hydrodynamique selon les deux axes du plan horizontal (Figure 22, Figure
23).

A chaque point, les distributions des temps de séjour ont été déterminées à deux
hauteurs différentes, dans la partie supérieure et dans la partie inférieure du biofiltre
(Tableau 17). Les points hauts sont repérés par les lettres A* à H*, les points bas par les
lettres A à H (Figure 22, Figure 23). Les points d’une même paire (par exemple A et A*)
ont été placés aussi près que possible sur le plan horizontal, de manière à pouvoir en dé-
duire le comportement du matériau sur l’axe vertical.

Chapitre IV 78
Tableau 17. Situation des points haut et bas lors des essais réalisés à Achères et Saint Fons
Saint Fons Achères
point bas Environ 10 cm sous le matériau Environ 20 cm au-dessus de la base du
matériau (plancher)
point haut Au niveau du plafond Environ 30 cm au dessous de la surface
supérieure du matériau

Les distributions des temps de séjour ont été obtenues par une injection de Li+, 40 à
50 g à Saint Fons, 75 à 80 g à Achères. Le traceur a été injecté dans la conduite
d’alimentation du biofiltre, au niveau du canal de distribution à Saint Fons (Figure 20), et
à l’aspiration de la pompe d’alimentation à Achères (Figure 21). La forte turbulence ré-
gnant à ces emplacement laisse espérer que le traceur s’est bien répartit sur toute la section
de la conduite d’alimentation, bien que cela n’a pas été vérifié en pratique.

Vingt échantillons ont été prélevés pour chaque point à Saint Fons, et 30 à Achères,
à l’aide de pompes péristaltiques. On a vérifié que le temps de parcours de l’eau dans la
tuyauterie de ces pompes n’est que de quelques dizaines de secondes et n’intervient donc
pas dans l’interprétation des résultats.

7,4 m

A
1,40
m
1,85 B
m

2,15 E
m G C H
E*
2,15 0,90
m D plafond
m
2,15 lit
m 3,7 m filtrant
E

2,15
F

3,27
m

alimentation

Figure 22. Emplacement des points de mesure à Saint Fons

Chapitre IV 79
0,05 m 1,55
A
crépine supé-
rieure
déversoir
3,6 m
cheminée F E D C
d’équilibre

1,5 2,9 3,2 2,25 2,1


crépine infé-
rieure
B
0,18 m 1,5

Figure 23. Position des points de mesure à Achères

La déconvolution entre les points bas et les points hauts permet d’obtenir le com-
portement du matériau. A Saint Fons comme à Achères, les DTS obtenues par déconvolu-
tion ne présentent pas de traînée, malgré la présence de biomasse. Nous avons donc ajusté
sur ces courbes le modèle de l’écoulement piston avec dispersion axiale (Figure 24). Pour
réaliser cet ajustement, nous n’avons pas utilisé le résultat de la déconvolution, car il pré-
sente parfois des oscillations dues au calcul numérique. A la place, nous avons cherché à
minimiser la distance entre la courbe de la zone supérieure et le produit de convolution de
la DTS de la zone inférieure par le piston à dispersion axiale.

1200
déconvolution numérique
concentrations Li+ µg/l

900
E
modèle piston avec dispersion
axiale
600

E*
300

0
0 500 1000 1500 2000
temps écoulé depuis l'injection (s)

Figure 24. Exemple d’ajustement du modèle piston avec dispersion axiale à la DTS du maté-
riau. Essai à Saint Fons n°3, point E.

Chapitre IV 80
Plusieurs essais ont été menés sur chaque biofiltre : quatre à Saint Fons, cinq à
Achères. Le nombre d’essais était limité par les contraintes d’exploitation du biofiltre, et
par le nombre d’analyses à réaliser. Certains essais ont été réalisés en absence d’aération,
afin de déterminer l’influence de ce paramètre. A Saint Fons, deux essais ont été réalisés à
la moitié du débit nominal, afin de déterminer si la vitesse d’écoulement peut avoir une in-
fluence sur l’homogénéité des résultats. A Achères tous les essais ont été réalisés au même
débit, car les résultats de Saint Fons ont montré que le facteur vitesse n’a pas d’influence
importante. Cela a permis de vérifier que les distributions des temps de séjour obtenues
sont reproductibles. Les conditions de réalisation des essais sont récapitulées Tableau 18.

Tableau 18. Conditions de réalisation des essais à Saint Fons et Achères


Saint Fons Achères
essai 1 2 3 4 1 2 3 4 5
date 11/03/96 12/03/96 15/03/96 15/03/96 11/06/97 11/06/97 12/06/97 12/06/97 12/06/97
heure 16h00 11h30 11h00 15h30 18h00 19h40 10h00 12h00 17h15
débit q m3h-1 418 412 724 744 1155 1154 1160 1164 1156
charge v mh-1 3,7 3,7 6,5 6,7 8,02 8,01 8,06 8,08 8,02
vit. air Nmh-1 ≈ 18 0 ≈ 18 ≈ 18 20,9 20,9 0 0 20,9
perte charge mCE 1,00 1,01 0,9 0,8 1,3
remarque essai essai essai essai
après après après après
lavage lavage lavage lavage

Les débit ont été déterminés par la hauteur dans un canal de mesure à surface libre.
A Saint Fons, les débits obtenus par cette méthode donnent un valeur pour les 5 cellules,
qui a donc été divisée par 5 pour obtenir le débit de l’unité étudiée. Cela repose sur
l’hypothèse que le débit est répartit de manière identique sur les 5 cellules. Une tentative de
vérification à l’aide d’un débitmètre à temps de transit posé directement sur la canalisation
d’alimentation a été réalisée. Elle n’a pas malheureusement pas pu donner de résultat, la
mesure sur canalisation descendante contenant de l’air étant difficile.

Chapitre IV 81
5. Résultats

Nous examinerons successivement pour chaque biofiltre la forme des courbes de


concentration, les masses de traceur obtenues aux différents points, les temps de séjour
moyens, et les paramètres concernant le lit de matériau.

5.1. Forme des courbes de concentration

Les courbes obtenues figurent en annexe E. Il y a deux groupes de courbes pour


chaque essai : celles obtenues au niveau inférieur et celles du niveau supérieur. On a déduit
la concentration de l’effluent brut en Li+.

5.1.1. Saint Fons


Aux points inférieurs, la première concentration non nulle apparaît après 2 minutes
(3 minutes lorsque la vitesse est réduite à 3,7 mh-1), et 6 mn 30 dans la zone supérieure (10
minutes à vitesse réduite).

Les courbes présentent un premier pic aigu, puis une queue de courbe ayant la
forme d’une exponentielle décroissante.

Pour les essais réalisés avec aération, aussi bien à 3,7 qu’à 6,5 mh-1, les courbes des
points situés sur l’axe central sont relativement groupées. Le pic des courbes des points si-
tués à l’extrémité opposée de l’alimentation (points A et B) ont le plus souvent les concen-
trations maximales les plus élevées.

Les courbes des points situés sur le côté (G et H) forment un groupe nettement dif-
férencié des points longitudinaux. Le pic est plus tardif et la concentration maximale plus
faible. Les zones latérales sont donc alimentées plus tard que l’axe central.

Le comportement hydrodynamique de l’essai sans air (essai 2) est différent des es-
sais avec air. L’hétérogénéité observée avec air disparaît, toutes les courbes sont groupées.
Ainsi l’aération semble avoir pour effet de réduire la dispersion latérale du traceur et de
« figer » l’hétérogénéité de la distribution par le canal de distribution central.

Chapitre IV 82
5.1.2. Achères
Aux points inférieurs, la première concentration non nulle apparaît après deux mi-
nutes, et environ 10 minutes dans la zone supérieure.

Le pic de concentration apparaît en premier au point F, puis aux points E, D, C. Le


traceur est donc réparti progressivement selon l’axe longitudinal central, depuis le point
d’entrée de l’effluent jusqu’au déversoir de sortie. Par ailleurs les pics de concentration
s’atténuent lorsqu’on progresse de l’entrée vers la sortie, du fait de la dilution progressive
du traceur dans le volume liquide.

Les deux point situés sur le côté du biofiltre (A et B) reçoivent le traceur plus tardi-
vement que les points de l’axe central. Cela montre que la répartition latérale est retardée
par rapport à la répartition longitudinale. De plus la répartition latérale n’est pas symétri-
que. Le point B, situé du côté droit en regardant le sens de l’écoulement, est systématique-
ment privilégié. Ceci s’explique par la configuration du système d’admission de l’effluent.

Au niveau supérieur, on observe une anomalie de l’écoulement au point F, situé à


proximité de la cheminée d’équilibre. Lors des essais 1 et 2, ce point présente une atténua-
tion particulièrement importante. Les concentrations obtenues sont très faibles. De plus les
courbes présentent une traînée, ce qui est le signe d’échanges lents entre la zone où a été
prélevé le traceur et l’écoulement principal. Le point F retrouve un comportement logique
lors des essais 4 et 5. Cela laisse penser que l’anomalie observée est due à un colmatage
temporaire du matériau filtrant.

5.2. Masses de traceur

Les courbes expérimentales permettent de calculer des masses de traceur, en utili-


sant pour q le débit s’étant écoulé à travers la section de mesure (expression 64) . Dans le
cas de nos essais, on ne peut pas associer une section de mesure à chaque point de prélè-
vement. Par ailleurs on ne sait pas si la vitesse ascensionnelle est homogène sur toute la
section. Nous avons donc calculé M en prenant pour q le débit admis sur le biofiltre. Si la
répartition du traceur et les vitesses sont homogènes, on doit trouver M proche de la masse
de traceur injectée dans le biofiltre.

Chapitre IV 83
5.2.1. Saint Fons

Tableau 19. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) calculés aux points bas à Saint Fons
points moy. ecart
Essai débit m3h-1 A B C D E F G H A-H type %
1 418 49,2 50,6 50,8 53,1 51,9 49,4 50,8 2,9
2 412 48,1 45,6 45,7 46,3 52,4 45,9 47,8 47,4 5,1
3 724 47,2 48,5 43,0 46,8 47,1 47,6 45,8 43,6 46,2 4,2
4 744 41,6 40,9 42,0 40,9 42,3 44,0 48,3 41,3 42,7 5,8

Tableau 20. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) calculés aux points hauts à Saint Fons
points moy. ecart
Essai débit m3h-1 A* B* C* D* E* F* G* H* A*-H* type %
1 418 49,8 50,4 51,5 54,5 52,8 51,4 44,8 50,8 6,0
2 412 47,9 46,7 51,1 47,1 54,2 49,4 49,8 47,8 49,2 5,1
3 724 46,3 43,2 40,8 43,7 46,5 43,4 38,4 51,3 44,2 8,9
4 744 44,1 44,0 50,0 43,4 52,7 48,1 49,2 50,6 47,8 7,3

Les masses de traceur calculées aux points bas sont peu différentes des masses au
point haut. Si on calcule l’écart entre les valeurs deux à deux, on obtient des valeurs com-
prises entre 0 et 20 % (point E, essai 4). La moyenne des écarts est de 7,6 %.

5.2.2. Achères

Tableau 21. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) obtenus aux points inférieurs à Achères
Points Moyennes écart
Essai débit m3h-1 A B C D E F A-B C-F A-F type %
1 1155,5 78,5 69,8 81,4 74,9 77,1 82,4 74,2 79,0 77,4 5,4
2 1154 72,5 78,9 75,3 75,8 76,2 78,7 75,7 76,5 76,2 2,9
3 1160 79,7 70,9 71,2 76,9 72,5 78,1 75,3 74,7 74,9 4,6
4 1164 78,7 76,9 65,9 75,0 71,9 74,2 77,8 71,7 73,8 5,6
5 1156 84,8 84,7 81,2 84,9 80,8 85,4 84,8 83,1 83,6 2,3

Tableau 22. Moments d’ordre zéro (en g-Li+) obtenus aux points supérieurs à Achères
Points Moyennes écart
Essai débit m3h-1 A* B* C* D* D* F* A*-B* C*-F* A*-F* type %
1 1155,5 78,1 67,6 75,2 69,8 76,7 75,5 72,8 74,3 73,8 5,1
2 1154 65,2 73,3 76,1 72,7 75,3 79,2 69,2 75,8 73,6 5,9
3 1160 75,6 67,4 72,3 74,7 71,1 72,3 71,5 72,6 72,2 3,7
4 1164 75,0 73,7 77,1 70,0 77,7 75,3 74,3 75,1 74,8 3,4
5 1156 84,0 81,4 78,0 74,9 78,4 84,1 82,7 78,9 80,1 4,2

La différence entre les masses de traceur aux points bas et aux points hauts est au
maximum de 15 % (point C, essai 4) et en moyenne pour toutes les mesures de 4,9 %.

Chapitre IV 84
5.2.3. Conclusion

Les variations d’un point à l’autre semblent aléatoires. Pour chaque essai, l’écart
type des valeurs observées est faible (maximum 9% à Saint Fons et 6% à Achères). Cela
permet de faire l’hypothèse que les flux entrant dans le biofiltre sont correctement répartis
sur toute la surface. Par ailleurs les valeurs obtenues aux points hauts sont proches de celles
obtenues aux points bas.

5.3. Temps de séjour moyens


5.3.1. Saint Fons

Tableau 23. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus dans la zone inférieure à Saint Fons
points moyennes
Essai A B C D E F G H A-F G-H A-H
1 24,7 24,1 32,5 27,2 31,5 33,9 27,1 32,7 29,0
2 24,6 27,6 27,6 26,6 27,5 30,0 27,6 26,8 28,8 27,4
3 12,8 11,5 17,1 13,8 14,7 13,8 18,1 19,2 13,9 18,7 15,1
4 13,4 11,8 16,2 14,4 15,2 14,4 18,4 18,7 14,2 18,6 15,3

Tableau 24. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus dans la zone supérieure à Saint
Fons
points moyennes
Essai A* B* C* D* E* F* G* H* A*-F* G*-H* A*-H*
1 39,2 45,7 41,9 38,1 35,2 43,1 58,0 40,0 50,6 43,0
2 40,9 44,7 48,3 45,8 49,8 47,3 51,3 43,4 46,1 47,4 46,4
3 18,6 20,3 22,3 20,9 22,6 20,2 26,6 26,4 20,8 26,5 22,2
4 20,1 20,0 22,8 21,2 22,1 21,1 27,7 28,7 21,2 28,2 22,9

Les temps de séjour des essais 1 et 2 sont plus élevés, car les essais ont été réalisés
à débit réduit.

Pour chaque essai, la case du temps de séjour le plus faible est entourée. On cons-
tate que la zone des points A-B, située du côté opposé à l’alimentation, a le temps de séjour
le plus faible, à une exception près. Cette zone est donc alimentée en premier. Les moyen-
nes montrent que les points latéraux (G-H) ont un temps de séjour 20 à 35 % supérieur aux
points situés sur la longueur centrale. Ce n’est toutefois pas le cas de l’essai 2 (sans air),
pour lequel la différence de temps de séjour moyen entre les zones latérale et centrale est
beaucoup plus faible (inférieure à 8 %).

Chapitre IV 85
5.3.2. Achères

Tableau 25. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus aux points inférieurs à Achères
points Moyennes
Essai A B C D E F A-B C-F A-F
1 19,2 10,8 5,43 3,57 2,63 1,51 15,0 3,29 7,18
2 19,7 12,8 4,93 4,27 3,39 4,58 16,3 4,29 8,28
3 19,7 10,9 5,86 5,09 3,44 2,69 15,3 4,27 7,96
4 18,2 11,5 6,36 5,25 3,79 2,66 14,9 4,51 7,96
5 19,6 13,4 6,58 4,85 3,39 1,93 16,5 4,19 8,29

Les temps de séjour à la base du lit de « biolite » varient peu d’un essai à l’autre.
L’écart type des résultats obtenus lors des différents essais pour un même point est infé-
rieur à 13,4 %. Il y a toutefois une exception, le point F, lors de l’essai 2 (valeur entourée,
Tableau 25), donne une valeur supérieure à celle attendue, pour une raison inexpliquée.
Mis à part ce point particulier, les résultats obtenus dans des conditions similaires ne sont
pas influencés par l’aération et ont une reproductibilité satisfaisante.

La position du point de mesure influence fortement le temps de séjour moyen. Les


points latéraux (A et B) ont un temps de séjour en moyenne 3,8 fois plus élevé que les
points situés sur l’axe central. De plus le temps de séjour du point situé sur le bord gauche
est 1,6 fois supérieur à celui du bord droit. Cette dissymétrie s’explique par la géométrie du
système d’alimentation, qui est susceptible de favoriser le bord droit (Figure 23).

Tableau 26. Temps de séjour moyens (en minutes) obtenus aux points supérieurs à Achères
Points Moyennes
Essai A* B* C* D* E* F* A*-B* C*-F* A*-F*
1 26,6 19,9 15,2 13,3 10,6 32,0 23,3 17,8 19,6
2 26,2 19,9 14,6 12,7 10,7 28,2 23,1 16,5 18,7
3 27,9 20,7 17,3 16,3 13,9 19,2 24,3 16,7 19,2
4 26,9 20,7 17,3 15,9 14,9 19,4 23,8 16,9 19,2
5 28,2 20,8 14,8 14,3 12,3 11,1 24,5 13,1 16,9

Le temps de séjour est élevé au point F*, particulièrement lors des deux premiers
essais, ce que nous avons déjà interprété plus haut comme le fait de la présence d’un col-
matage temporaire. Le temps de séjour est également plus important lorsque l’aération est
arrêtée. En effet, le volume liquide augmente, les bulles d’air ayant disparu. Toutefois ce
phénomène n’apparaît pas aux points latéraux (A* et B*).

Chapitre IV 86
5.4. Etude du lit de matériau

Le comportement hydrodynamique du matériau entre deux points situés sur une


même verticale est décrit par un écoulement piston avec dispersion axiale. Pour vérifier
que ce modèle est satisfaisant, nous avons calculé à partir du modèle et de la DTS sous le
matériau, la DTS théorique dans la zone supérieure. Nous avons ensuite comparé cette
courbe théorique et la courbe expérimentale à l’aide d’un indice d’efficacité I décrit plus
haut (expression 62). Dans tous les cas, nous avons obtenu I compris entre 97,5 et 99,9.
Même dans le cas de la valeur la plus faible (Figure 25), nous avons considéré le résultat
satisfaisant.

900
Achères essai 5
800 I = 97,5

700 Zone inférieure (D)


Zone supérieure (D*)
concentration Li µg/L

600 Zone supérieure calculé


Piston avec dispersion axiale calculé
500

400

300

200

100

0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
temps (secondes)

Figure 25. Exemple d’ajustement du modèle piston avec dispersion axiale donnant un indice
d’efficacité faible.

Le lit de matériau est donc caractérisé par les deux paramètres de l’ajustement du
modèle à dispersion axiale, t0 et Pe. Ces paramètres permettent de calculer le temps de sé-
jour moyen entre les deux points de prélèvement (Tableau 3, réacteur ouvert aux deux ex-
trémités) et permet de calculer le volume accessible au fluide, Va (expression 11). Le nom-
bre de Péclet Pe permet de déterminer une longueur caractéristique de dispersion, ad.

D
ad = 1000 (85)
24u

Les résultats complets sont reportés en annexe D.

Chapitre IV 87
5.4.1. Saint Fons

La valeur du volume liquide à l’essai 2 est plus importante que celles des autres es-
sais, ce qui est attribué à l’absence d’aération lors de cet essai. La disparition partielle ou
totale des bulles libère un espace qui devient accessible au fluide. En revanche le volume
accessible au fluide ne semble pas modifié par le débit.

Les longueurs de dispersion obtenues aux différents points pour un même essai sont
réparties sur une large gamme de valeur. Ces valeurs ne semblent pas modifiées par la pré-
sence ou l’absence d’air, mais augmentent pour les deux essais à débit plus élevé.

Tableau 27. Volume actif et longueur de dispersion pour le matériau « Biostyr »

Essai v Va (m3) ad (mm)


(mh-1) moyenne min – max moyenne min - max
1 3,7 80,3 72 – 88 62,7 50 - 75
2 3,7 106 99 – 118 66,2 48 - 97
3 6,5 78,1 65 – 91 98,6 35 - 181
4 6,7 76,8 64 – 90 96,8 64 - 142

5.4.2. Achères

Pour comparer les valeurs obtenues aux différents essais, nous avons écarté le point
F, dont le comportement est particulier, en raison du colmatage évoluant dans le temps.

Concernant le volume accessible au fluide, les deux essais sans air ne présentent pas
une valeur nettement supérieure aux essais avec air. Il est possible que le volume libéré par
l’absence de bulles d’air soit compensé par une moindre expansion du matériau lorsque
l’aération est arrêtée.

Tableau 28. Volume actif et longueur de dispersion pour le matériau « Biofor » (point F exclu)

Essai v Va (m3) ad (mm)


(mh-1) moyenne min - max moyenne min - max
1 8,0 162 150 – 173 172 102 - 263
2 8,0 157 146 – 166 167 134 - 201
3 8,1 169 159 – 184 238 128 - 294
4 8,1 178 159 – 190 224 108 - 283
5 8,0 166 144 – 198 277 181 - 392

Chapitre IV 88
6. Discussion

6.1. Influence du système d’admission de l’effluent et de la


géométrie du biofiltre

Les DTS de la partie supérieure du matériau reproduisent les DTS de la zone infé-
rieure. Le passage à travers le matériau ne fait que décaler la courbe vers la droite, et aug-
menter son étalement, en raison de la dispersion axiale subie par le traceur dans le maté-
riau. Par conséquent, la forme des DTS est principalement déterminée par le comportement
hydrodynamique de la zone inférieure.

Plusieurs facteurs sont susceptibles d’influencer ce comportement. L’examen des


résultats suggère le système d’admission de l’effluent, la position du système d’injection
d’air et la géométrie du biofiltre.

A Saint Fons, le canal central permet une distribution plus homogène à la base du
matériau qu’à Achères. Cette affirmation se base sur l’observation des séries de DTS pour
chaque essai (courbes en annexe). On peut aussi considérer le ratio des temps de séjour
maximal et minimal observé pour chaque essai. Ce ratio est plus élevé à Achères qu’à Saint
Fons (Tableau 29).

Tableau 29. Ratio des temps de séjour maximal et minimal observés aux différents points des
biofiltres pour chaque essai.
Saint Fons Achères
Essai ratio temps de séjour max / min Essai ratio temps de séjour max / min
1 1,4 1 12,7
2 1,1 2 5,8
3 1,7 3 7,3
4 1,6 4 6,8
5 10,1

On peut penser également que la géométrie du biofiltre à Saint Fons est plus favo-
rable à la dispersion du flux de traceur vers les zones latérales qu’à Achères. En effet, à
Saint Fons la distance à parcourir pour atteindre les bords depuis l’axe central est de 3,7 m
à Saint Fons et 6 m à Achères, pour une surface horizontale peu différente.

Chapitre IV 89
A Saint Fons, l’hétérogénéité des temps de séjour observés à la base du biofiltre
diminue en absence d’air. Ce n’est évidemment pas le cas à Achères, l’air étant injecté à la
base du matériau, la zone inférieure ne reçoit jamais d’air. On peut donc penser qu’il est
préférable, vis à vis de la dispersion du traceur à la base du matériau, de placer l’injection
d’air au-dessus de la zone inférieure.

6.2. Homogénéité des temps de séjour au sein du matériau

120,0
volume accessible calculé
au sein du matériau (m3)

110,0

100,0

90,0

80,0

70,0
point
60,0
A B C D E F G H
Essai 1 84,3 88,0 71,7 77,1
Essai 2 98,8 112,7 99,9 103,7 118,1 104,0 104,1
Essai 3 66,6 89,5 65,4 78,1 78,9 73,4 91,1 81,7
Essai 4 63,6 86,5 67,6 75,3 74,9 76,0 90,2 80,7

Figure 26. Volumes accessibles obtenus au sein du matériau à Saint Fons.

240

220
volume accessible (m3)

200

180

160

140

120
point
100
A B C D E F
Essai 1 139,7 148,1 155,0 153,5 140,4 394,2
Essai 2 137,5 147,3 148,2 147,0 132,8 351,0
Essai 3 149,1 140,0 157,8 149,2 145,0 222,6
Essai 4 149,5 151,5 158,0 167,9 158,1 238,1
Essai 5 143,1 134,2 124,3 145,1 164,5 191,3

Figure 27. Volumes accessibles obtenus au sein du matériau à Achères.

Chapitre IV 90
Les temps de séjour au sein du matériau sont relativement homogènes, contraire-
ment à ce qui est constaté dans la zone inférieure. Nous n’avons pas observé les écoule-
ments préférentiels évoqués plus haut (paragraphe IV-2), mis à part un colmatage tempo-
raire à la verticale de l’un des points à Achères. Le ratio du temps de séjour observé le plus
fort sur le plus faible varie, pour les deux biofiltres, entre 1,14 et 1,40 selon les essais. Il est
difficile d’expliquer les différences de temps de séjour d’un point à l’autre, qui semblent
aléatoires (Figure 26, Figure 27).

6.3. Dispersion hydrodynamique

Les valeurs de la dispersion hydrodynamique sont très variables d’un point à l’autre
et d’un essai à l’autre. On observe à Saint Fons (Tableau 27) que les valeurs des essais 3 et
4, réalisées à débit supérieur, sont plus élevées que les valeurs des essais 1 et 2. On peut en
déduire que la dispersion augmente avec la vitesse ascensionnelle de l’effluent. Toutefois il
est aussi possible que cette différence soit due à une modification de la configuration du
matériau, les essais 3 et 4 ayant été réalisés environ 48 h après les deux premiers.

A Achères (Tableau 28), les longueurs de dispersion sont beaucoup plus élevées
qu’à Saint Fons, ce qui pourrait être dû à la vitesse ascensionnelle plus élevée, ainsi qu’à
l’expansion du matériau, susceptible de créer des courants de matériau au sein du lit fil-
trant. On observe également que le coefficient de dispersion est plus élevé le second jour
(essais 3, 4, 5). A nouveau, on peut penser que cela est dû à une réorganisation du maté-
riau, ou à une modification du colmatage.

7. Conclusion

L’un des objectifs de l’étude des deux biofiltres de nitrification tertiaire de Saint
Fons et d’Achères était d’estimer si, à l’échelle industrielle, ces unités permettent une ré-
partition homogène de l’effluent. La seule observation des temps de séjour à la surface du
matériau peut laisser croire le contraire. En effet, le ratio entre le temps de séjour le plus
élevé et le plus faible observés pour un même essai atteint jusqu’à 1,65 à Saint Fons, et 2,5
à Achères. En fait, cette hétérogénéité observée à la surface reproduit le mélange imparfait
dans la zone inférieure, et non une disparité de temps de séjour au sein du matériau. L’écart

Chapitre IV 91
type des volumes accessible au traceur dans le matériau à différentes verticales est compris,
selon l’essai entre 6 et 12 %.

Le mélange dans la zone inférieure est lié à la présence ou à l’absence d’air. Il subit
l’influence de la conception du système d’admission de l’effluent ; en particulier la pré-
sence d’un canal de répartition favorise l’homogénéité de la distribution de l’effluent. La
géométrie du biofiltre (ratio longueur / largeur) pourrait également intervenir.

Les temps de séjour au sein du matériau peuvent être considérés comme homogè-
nes. Toutefois, la méthode utilisée a mis en évidence la possibilité d’un colmatage tempo-
raire et localisé, sur l’un des biofiltres.

L’écoulement au sein du matériau peut être assimilé de manière satisfaisante à un


piston avec dispersion axiale. Les résultats obtenus ont mis en évidence une variabilité im-
portante du paramètre de dispersion axiale. Il n’a pas été possible de déterminer de manière
certaine les facteurs de variation de la dispersion. Les résultats suggèrent la vitesse ascen-
sionnelle et l’expansion du matériau ; la configuration du matériau, modifiée par les cycles
de lavage, pourrait également intervenir.

Plusieurs facteurs influencent le mélange du traceur dans la zone inférieure. Les


trois facteurs identifiés lors de cette étude sont la configuration du système d’admission de
l’effluent, la présence ou l’absence d’air, ainsi que la géométrie du biofiltre.

Chapitre IV 92
Chapitre V

Hydrodynamique et performances des


procédés

1. Cas des lits bactériens

1.1. Modélisation dans le cas d’un biofilm épais

Pour simplifier, nous nous plaçons dans le cas d’un biofilm épais (de l’ordre du
mm). En se basant sur le modèle cinétique exposé au paragraphe I.4, on constate que la vi-
tesse d’élimination du substrat ne dépend plus de l’épaisseur du biofilm. Deux cinétiques
d’ordre 1 et ½ coexistent, en fonction d’une concentration de transition Str :

k1/ 2 A
S < S tr ⇒ rA,s = Ss (86)
S tr

S > S tr ⇒ r A,s = k1/ 2 A S s (87)

avec k1/2A un coefficient cinétique d’ordre ½ [M0,5L-0,5T-1]. Si la concentration de


transition est connue, il suffit de déterminer k1/2A pour caractériser complètement la cinéti-
que du biofilm.

Supposons que l’arroseur tourne à une vitesse suffisante pour assurer la présence
d’un film liquide d’épaisseur et de vitesse d’écoulement constante sur toute la surface du
lit. Le transport du substrat dans ce film liquide peut être modélisé par un écoulement pis-
ton avec dispersion axiale. Nous appliquerons à ce modèle les paramètres obtenus lors de
nos essais en grandeur réelle.

Chapitre V 93
Pour le calcul, nous décomposons le lit en éléments de hauteur ∆z, d’indice i, afin
de calculer la concentration en substrat ci pour chaque hauteur i∆z. Un bilan de matière
(Figure 5) donne :

− entrée dans la tranche :

(ci −1 − ci )
ci −1u εθ m A + Dz Aεθ m (88)
∆z

− sortie de la tranche :

(ci − ci +1 )
ci uAεθ m + Dz Aεθm + ∆za e Ar A,s ( ci ) (89)
∆z

Après calcul on obtient :

 − 2L   L  L ∆za e rA,s ( ci )
ci  − 1 + ci −1  1 +  + ci +1 = (90)
 Pe∆z   Pe∆z  Pe∆z v

Pour la première tranche (i=0), la concentration c0 est connue. Pour la dernière


(i=nz) tranche, on a :

 −L
cnz 
 
− 1 + cnz −1  1 +
L  ∆za e r A,s cnz
=
( ) (91)
 Pe∆z   Pe∆z  v

On obtient ainsi un système de nz équations avec autant d’inconnues, que l’on peut
résoudre à l’aide d’un algorithme de Gauss-Seidel. Nous utiliserons arbitrairement nz = 50.

Notons que les seuls paramètres à préciser pour obtenir la concentration en sortie
sont la hauteur du garnissage (L), le nombre de Péclet (Pe), la concentration de transition
(Str), le coefficient cinétique (k1/2A), la charge hydraulique (v) et la concentration à l’entrée
du lit (c0).

1.2. Application du modèle aux lits bactériens à garnissage


traditionnel

Il est difficile d’appliquer le modèle théorique aux lits bactériens à garnissage plas-
tique en grandeur réelle. En effet, il n’est pas possible de connaître l’épaisseur du film bac-

Chapitre V 94
térien (e). Par ailleurs, Crine et al. (1996) ont montré que la surface accessible au fluide est
inférieure à la surface spécifique. Il est donc difficile de connaître ae.

Au contraire, les lits à garnissage traditionnel (cailloux) ayant un biofilm épais, on


peut leur appliquer le modèle simplifié ci-dessus, dans lequel l’épaisseur du biofilm
n’intervient pas. En ce qui concerne l’accessibilité de l’effluent au garnissage, Crine et al.
(1996) ont montré que celle-ci est quasiment totale en ce qui concerne des morceaux de ro-
ches en vrac. On peut alors prendre ae égal à la surface spécifique du garnissage (ae = a).
Les lits bactériens à garnissage traditionnel se prêtent donc bien à l’application du modèle.

Les deux sites de la présente étude ayant ce type de garnissage sont Montoison et
Mondonville. Sur chacun de ces sites, nous avons estimé la concentration en substrat à
l’entrée et à la sortie du lit, en moyenne sur 48 h. En se basant sur le modèle ci-dessus,
nous pouvons calculer les valeurs de k1/2A (Tableau 30).

Tableau 30. Calcul de k1/2A à Mondonville et Montoison

Mondonville Montoison
L (m) 1,95 2,65
ae (m2m-3) 80 80
v (mh-1) 0,5 0,5
Pe 18 12
DBO entrée (gm-3) 98 117
DBO sortie (gm-3) 22* 27
Résultat
k1/2A (g0,5m-0,5j-1) 0,967 0,782
Note * : valeur estimée à partir de la DCO.

Nous avons choisi pour caractériser le substrat carboné les valeurs de la DBO plutôt
que celles de la DCO. En effet, la DCO possédant généralement un talon non biodégrada-
ble, le modèle cinétique n’est pas applicable pour les faibles valeurs de la DCO. Nous
avons utilisé les valeurs de DBO obtenues sur un échantillon décanté (à l’entrée) ou clarifié
(à la sortie). Les valeurs de k1/2A obtenues rendent donc essentiellement compte de
l’élimination de la DBO soluble.

La concentration de transition (Str) choisie est de 40 mgL-1. Cette valeur a été choi-
sie au vu des observations de Särner (1978) qui a constaté que les performances de lits bac-
tériens pilotes ont tendance à diminuer lorsque la DBO soluble à l’entrée du lit devient in-
férieure à 40 mgL-1.

Chapitre V 95
Il faut garder à l’esprit que les valeurs de k1/2A ainsi calculées ne peuvent être que
des estimations, du fait de l’imprécision des paramètres utilisés. Les valeurs de ae sont des
estimations grossières ; par ailleurs certaines parties du garnissage peut être inaccessibles à
l’effluent, du fait de colmatages non décelables. Malgré cela, les résultats sont tout à fait
vraisemblable, au regard des valeurs disponibles dans la littérature (Tableau 31).

Par rapport aux valeurs de k1/2A pour la « DCO non précisée », nos résultats pour la
DBO soluble sont plus faibles, ce qui s’explique par l’existence d’un rapport DCO/DBO de
l’ordre de 2 à 3 pour l’effluent non traité. De plus, le biofilm des deux lits bactériens étu-
diés ici a probablement des performances moins élevées qu’un biofilm contrôlé en labora-
toire.

Tableau 31. Valeurs caractéristiques des paramètres des biofilms hétérotrophes en condition aérobie ; rele-
vées dans la littérature

Substrat Ref. ½ saturation Cte d’ordre ½


( S) Ks k1/2A
mgL-1 g0.5m-0.5j-1
benzoate
Arvin et Harremoës (1990) (d) 12 6,26
acétate
Rittmann et McCarty (1981) 3,9 ± 0,58 2,95
Arvin et Harremoës (1990) (a) 4 282,7
Arvin et Harremoës (1990) (g) 3,5-6,2
oxygène Arvin et Harremoës (1990) (g) 3,2-4,1
glucose
Arvin et Harremoës (1990) (g) 3,2
Arvin et Harremoës (1990) (i) 3,8
Arvin et Harremoës (1990) (j) 3,3
oxygène Arvin et Harremoës (1990) (g) 3,3
DCO non précisée
Arvin et Harremoës (1990) (b) 22 2,19
Arvin et Harremoës (1990) (c) 5 3,16
oxygène Arvin et Harremoës (1990) (c) 0,1 3,55
Notes : (a) Namkung, 1983, cité dans Arvin et Harremoës (1990) — (b) Rittmann, 1980, cité dans Arvin
et Harremoës (1990) — (c) Wanner, 1984, cité dans Arvin et Harremoës (1990) – (d) Kissel, 1984, cité
dans Arvin et Harremoës (1990) — (g) Jansen (1980), cité dans Arvin et Harremoës (1990) — (i) Onuma
(1982) cité dans Arvin et Harremoës (1990) pour un tambour en rotation — (j) Harremoës (1978) cité
dans Arvin et Harremoës (1990) pour un tambour en rotation

Chapitre V 96
1.3. Cas des lits bactériens à arroseur motorisé

Les lits bactériens actuellement en service ont pour la plupart un système d’arrosage
dont la rotation est assurée par la force de réaction des jets d’eau sortant des bras de
l’arroseur. L’avantage de ce système est qu’il est économique. L’inconvénient est que la vi-
tesse de rotation obtenue est élevée (plusieurs tours par minute) et ne peut être maîtrisée.
Cela ne permet pas d’atteindre une force d’irrigation (SK) suffisante pour assurer un déta-
chement régulier du biofilm (voir III.1.1). Pour augmenter le SK, il est nécessaire d’utiliser
un moteur, qui permet de faire tourner l’arroseur à la vitesse voulue.

Les études disponibles dans la littérature ont montré que le SK d’un lit bactérien ne
peut pas être augmenté de manière illimitée, car l’augmentation du SK provoque une dimi-
nution du temps de séjour moyen du liquide dans le lit, qui va de pair avec une diminution
des performances. Par conséquent, il existe une vitesse optimale de rotation de l’arroseur
(Cook et Crame 1976, WEF-ASCE 1992). Nous apporterons ici quelques éléments com-
plémentaires sur les conséquences de la diminution de la vitesse de l’arroseur.

1.3.1. Considérations théoriques

Considérons une verticale du lit bactérien. Si le temps entre deux arrosages consé-
cutifs de cette verticale devient du même ordre de grandeur que le temps nécessaire au
drainage du matériau, il n’est plus possible d’appliquer le modèle décrit plus haut (expres-
sion 90), car θm varie dans le temps.

Pour illustrer ce phénomène, plaçons-nous à la verticale d’une surface horizontale


élémentaire du lit bactérien, balayé par le système d’arrosage. Supposons que le volume li-
quide apporté sur la surface l’est de manière instantané ; tandis que ce volume est drainé
suivant une exponentielle décroissante.

Chapitre V 97
ωdt

Figure 28. Représentation d’une « tranche » de lit bactérien de volume dV.

Soit dVm le volume liquide se trouvant dans la tranche élémentaire. A chaque pas-
sage de l’arroseur, ce volume est augmenté de qdt. La période de cet événement est 2π/nbω,
où nb est le nombre de bras et ω la vitesse de rotation. Le reste du temps, le volume dVm va-
rie proportionnellement à e-t/τ, où τ est le temps caractéristique de drainage. On peut mon-
trer que, dans ces conditions, on a :

q exp( − t / τ )
dVm =
( )
dt (92)
nb 1 − exp( − 2π / nb ωτ )

et

Vm
τ= (93)
q

où Vm est le volume en écoulement total et q le débit admis sur le lit bactérien.

Au niveau d’une tranche élémentaire, la rétention liquide n’est pas constante. Elle
augmente à chaque passage de l’arroseur, puis diminue selon une exponentielle décrois-
sante. On peut calculer ainsi la valeur de la rétention liquide :

dVm 2πv exp( − t / τ )


εθ m = =
( )
(94)
dV Lωnb 1 − exp( − 2π / nbωτ )

Chapitre V 98
De même, on pourrait montrer que pour une tranche élémentaire donnée, la charge
hydraulique vlocal varie dans le temps :

− 2πv exp( − t / τ )
v local =
( )
(95)
nbωτ 1 − exp( − 2π / nbωτ )

où v est la charge hydraulique moyenne. En revanche, on pourrait montrer que la vi-


tesse interstitielle reste constante :

L
u= (96)
τ

Dans ce contexte, il n’est plus possible de considérer qu’il existe dans le lit un ré-
gime permanent d’écoulement. L’équation à résoudre devient :

j  − 2L
ci  −1+
∆z  ∆z j +1
−
j 
ci + ci −1  1 +
L  j
 + ci +1
L
=
∆za e r A,s ci ( ) j

(97)
 Pe∆z u ∆t  u ∆t  Pe∆z  Pe∆z v local

où cij est la concentration en substrat au temps tj et la hauteur zi.

Nous ne résoudrons pas ici ce problème, mais l’illustrons par un exemple réel.

1.3.2. Exemple de la station de Villafranca

La station d’épuration de Villafranca (Espagne) est dotée de deux lits bactériens de


taille identique, alimentés au même débit par le même effluent. Seule diffère sur ces deux
lits la vitesse de rotation de l’arroseur et le nombre de bras en service. Le Tableau 32 ré-
sume ces caractéristiques.

Tableau 32. Caractéristiques des lits bactériens à Villafranca

lit 1 lit 2
diamètre (m) 20,8
hauteur L (m) 2,50
volume V (m3) 853
charge hydraulique v (mh-1) 0,083
vitesse de rotation ω (tr.mn-1) 0,0303 0,522
nombre de bras nb 2 4

Chapitre V 99
Le volume drainé par ces deux lits a été mesuré, à une charge hydraulique supé-
rieure à la charge habituelle. Le volume obtenu a été enregistré en fonction du temps, puis
extrapolé à l’infini après 1h30 de mesure. En se basant sur ce résultat, nous avons calculé
la valeur de τ. Les résultats sont consignés dans le Tableau 33.

Tableau 33. Résultat des mesures de volume drainé à Villafranca.

lit 1 lit 2
charge hydraulique v (mh-1) 0,14
volume Vd (m3) 13,1 17,2
τ (h) 0,27 0,36
période d’arrosage 2π/nbω (h) 0,27 0,0080
2π/nbωτ 1,02 0,0222

Le volume drainé est plus faible pour le lit à rotation lente (lit 1), ce qui conduit à
une vitesse interstitielle plus élevée (expression 96). Logiquement, les performances du lit
1 devraient être plus faibles que celles du lit 2.

Les valeurs de τ et ω permettent d’estimer la variation de la rétention liquide théori-


que en fonction du temps pour une tranche élémentaire, à l’aide de l’expression 94. On ob-
serve (Figure 29) que pour le lit 1, cette variation est très importante, alors que pour le lit 2,
elle est faible.

0.03
rétention liquide εθm

0.025 lit 2

0.02

0.015
lit1
0.01

0.005

0
0 5 10 15 20
temps (minutes)

Figure 29. Variation théorique de la rétention liquide dans une tranche élémentaire pour les deux lits bacté-
riens de Villafranca

Chapitre V 100
Les performances de traitement des deux lits ont été mesurées. Les résultats moyens
sur 48 heures sont donnés ci-dessous.

Tableau 34. Performances des lits bactériens de Villafranca.

lit 1 lit 2
-3
DCO à l’entrée, gm 701
DCO à la sortie, gm-3 101 51
élimination DCO, % 85,6 92,7
DBO à l’entrée, gm-3 375
DBO à la sortie, gm-3 25 11
élimination DBO, % 93,3 97,1

Le lit 1 a une performance nettement inférieure, donnant des concentrations en sor-


tie environ deux fois plus élevées que le lit 2. Cette différence peut être imputée à la diffé-
rence de vitesse de rotation de l’arroseur, qui est le seul paramètre différent entre les deux
lits.

1.3.3. Conclusion

La motorisation des arroseurs de lit bactérien a pour objectif de permettre un déta-


chement régulier de la biomasse. En réduisant la vitesse de rotation, on augmente la force
d’irrigation, ce qui est propice à l’érosion du biofilm. Toutefois, si on diminue trop la vi-
tesse de rotation (ω), la période entre 2 passages successifs de l’arroseur devient non négli-
geable devant le temps caractéristique de drainage du lit (τ). Cela a pour conséquence une
diminution de la rétention liquide, et la disparition des conditions d’écoulement en régime
permanent. Cela se traduit par une baisse des performances. Nous avons constaté à Villa-
franca que cette baisse peut être importante.

Ce résultat est basé sur une modélisation grossière de l’évolution du volume liquide
dans le lit, ainsi que sur une seule confirmation de terrain. Il mériterait d’être approfondi
par de plus amples investigations, ce qui participerait ainsi à l’optimisation des vitesses de
rotation des arroseurs de lit bactérien.

En attendant des résultats ultérieurs, on peut conseiller dans une première approche
d’avoir en pratique des vitesses de rotation telles que la période entre deux arrosages suc-
cessifs ne pas supérieure au 10e du temps caractéristique de drainage Vd/q. On peut aussi

Chapitre V 101
envisager d’arroser à fort SK en période nocturne de faible charge pour diminuer
l’épaisseur du biofilm, et à faible SK le jour, pour préserver un temps de séjour élevé en pé-
riode de forte charge (Albertson, 1995).

2. Cas des biofiltres

Les essais exposés au chapitre IV ont révélé une hétérogénéité importante de la dis-
tribution du traceur à la base, et une relative homogénéité au sein du matériau. Cela peut-il
avoir un impact sur les performances du système ? Pour répondre à cette question, nous al-
lons procéder à une simulation numérique de la dégradation du substrat, dans différentes
configurations.

Nous utilisons à cette fin le modèle cinétique du biofilm, déjà exposé (I.4). Les va-
leurs des coefficients cinétiques n’ont pas été mesurées, mais sont tirées d’essais réalisés
sur des biofiltres de type « Biostyr » en grandeur réelle par Toettrup et al. (1994) (Tableau
35).

Tableau 35. Paramètres cinétiques utilisés dans la simulation numérique des biofiltres

paramètre description valeur


coefficient de diffusion du substrat dans la
Df,s 1,47 10-4
biomasse (m2j-1)
coefficient de diffusion de l’oxygène dans la
Df,O2 1,73 10-4
biomasse (m2j-1)
ν coefficient stoechiométrique (gN/gO2) 0,23
coefficient de dégradation de N-NH4 dans le
k1f 6 000
biofilm (j-1)
KS,s concentration de demi-saturation en N-NH4 (gm-3) 0,9
KS,O2 concentration de demi-saturation en oxygène (gm-3) 3,4

Pour modéliser l’hétérogénéité rencontrée, nous avons divisé le volume de matériau


remplissant le biofiltre en colonnes de taille identique. Chaque point de mesure correspond
à une colonne. Comme nous n’avons qu’un seul point de mesure sur les bords, nous avons
affecté à toutes les colonnes latérales la même valeur.

Chapitre V 102
H H H H H H
A B C D E F

G G G G G G
z
matériau
alimen-
tation
partie inférieure Ce(t)

Figure 30. Modélisation du biofiltre de Saint Fons

B B B B
C D E F

A A A A
z
matériau alimen-
tation
partie inférieure Ce(t)

Figure 31. Modélisation du biofiltre d’Achères

Pour chaque biofiltre, nous avons testé deux configurations :

− dans la configuration « hétérogène », les valeurs des paramètres hydrodynami-


ques pour chaque colonne sont pris égaux à la moyenne des valeurs expérimenta-
les avec aération trouvés au point concerné (Tableau 36) ;

− dans la configuration « homogène », les paramètres sont identiques pour toutes


les colonnes et égaux à la valeur moyenne de la configuration hétérogène.

Tableau 36. Caractéristiques hydrodynamiques des colonnes représentant le matériau des biofiltres

Saint Fons
config. hétérogène homog.
colonne A B C D E F G H A-H
V (m3) 71,5 88,0 73,7 76,7 75,2 74,7 86,1 81,2 78,4
D (m2 j-1) 80,6 86,2 46,9 79,8 70,9 111,1 76,3 161,9 89,2
Achères
config. hétérogène homog.
colonne A B C D E F(*) A-F
V (m3) 140,1 143,2 142,5 148,5 145,9 144,0 144,0
D (m2 j-1) 101,8 143,6 154,9 135,4 141,0 139,1 139,1

Note (*) : pour le point F d’Achères, nous avons utilisé la valeur moyenne des autres points.

Chapitre V 103
2.1.1. Simulation en régime permanent

Le régime permanent est obtenu lorsque la concentration Ce(t) de l’effluent qui en-
tre dans le biofiltre est constante. La concentration dans la partie inférieure est alors homo-
gène, et égale à Ce. Les performances des biofiltres ne sont alors affectées que par
l’hétérogénéité dans le matériau. Seuls les paramètres caractéristiques de chaque colonne
ont une influence. Le comportement de la partie inférieure n’a pas d’incidence.

Nous avons calculé la concentration de sortie des biofiltres à l’aide du modèle pour
diverses concentrations d’entrée. La concentration en oxygène dans le biofiltre a été suppo-
sée constante égale à 7 mgL-1. Le débit a été pris égal à 740 m3h-1 à Saint Fons et 1300
m3h-1 à Achères. Dans les deux cas, il est pratiquement impossible de distinguer la concen-
tration de sortie entre les deux configurations, la différence maximale étant de 0,04 mgL-1
(Figure 32).

2 2
-1

-1

C O 2 = 7 mgL-1
sortie mgL

C O 2 = 7 mgL-1
sortie mgL

1.5 e = 150 µm 1.5


e = 150 µm
1 q = 740 m3h-1 1 q = 1300 m3h-1
0.5 0.5
0 0
8 13 18 8 13 18
entrée mgL-1 entrée mgL-1

Figure 32. Simulation des concentrations de sortie à Saint Fons (à gauche) et Achères (à droite)

2.1.2. Simulation en régime transitoire

En régime transitoire, la concentration d’entrée Ce(t) n’est plus constante, mais va-
rie dans le temps. Ces variations sont transférées à la base du lit en fonction de la distribu-
tion des temps de séjour de la zone inférieure.

Le même profil Ce(t) a été utilisé dans tous les cas : il s’agit d’une variation brutale
de 21 mgL-1 à 40 mgL-1, pendant 47 minutes. Ces valeurs ont été choisies par référence à la
station de Saint Fons : la concentration moyenne à l’entrée en N-NH4 y est de 21 mgL-1, le
temps de séjour moyen dans le système de 47 minutes environ. Nous avons voulu observer

Chapitre V 104
la réponse du système lorsque l’on double brusquement la concentration d’entrée, pendant
une durée égale au temps de séjour. Le système est ainsi placé dans une situation transitoire
particulièrement défavorable. Nous avons conservé les mêmes caractéristiques du signal
Ce(t) à Achères, pour faciliter la comparaison.

Des simulations ont été réalisées dans ces conditions, dans plusieurs configura-
tions de la zone inférieure :

− avec des DTS pour chaque colonne identiques aux DTS observées expéri-
mentalement (configuration hétérogène)

− avec des DTS identiques pour toutes les colonnes, en prenant une DTS
moyenne élaborée à partir des DTS observées expérimentalement (configu-
ration homogène)

− avec une DTS piston,

− avec une DTS de mélange intégral.

Pour chaque biofiltre et chaque configuration, nous avons testé deux cas : le cas
d’un biofilm « mince » de 150 µm, et le cas d’un biofilm plus épais, de 350 µm.

Dans le cas du biofilm de 150 µm, la concentration de l’effluent en sortie est supé-
rieure à la concentration de transition entre les cinétiques d’ordre 0 et 1. La cinétique de
dégradation est donc d’ordre zéro sur toute la hauteur du biofiltre. Cela signifie que tout le
potentiel de dégradation du substrat par le biofilm est utilisé. Logiquement, le supplément
de charge n’est pas éliminé et se retrouve donc en sortie, quelle que soit la configuration de
la zone inférieure. Dans le Tableau 37, nous avons calculé le supplément de charge en en-
trée et sortie du biofiltre dû à l’échelon. La Figure 33 montre les concentrations calculées
aux différents points en fonction du temps, dans la configuration hétérogène, pour les deux
sites.

Chapitre V 105
Tableau 37. Résultat de la simulation sur biofiltre en régime transitoire, épaisseur de biofilm 150 µm.

Supplément de charge kg N-NH4


Saint Fons Achères
entrée sortie entrée sortie
mélange intégral 10,9 9,49 19,2 18,6
homogène 10,9 10,9 19,2 18,6
hétérogène 10,9 10,9 19,2 18,6
piston 10,9 10,9 19,2 19,1

35 35
40 mg/L C O 2 = 7 mg/L 40 mg/L C O 2 = 7 mg/L
30 e = 150 µm 30 e = 150 µm
q = 740 m3/h
[N-NH4] mg/L

25

[N-NH4] mg/L
25 q = 1300 m3/h
20 20
15 15
10 10
5 5 t secondes
t secondes
0 0
0 2000 4000 6000 0 2000 4000 6000

Figure 33. Concentrations calculées en sortie de biofiltre aux différents points, e=150 µm. A gauche : Saint
Fons ; à droite : Achères.

Dans le cas où le biofilm est plus épais (350 µm), la concentration de sortie est ini-
tialement proche de zéro. La cinétique de dégradation du substrat est donc d’ordre un dans
la partie supérieure du biofiltre. Cette fois, le supplément de charge peut être assimilé en
partie par la zone du biofiltre qui est initialement sous l’influence d’une cinétique d’ordre
un. La simulation montre que les différentes configurations de la zone inférieure donnent
des résultats différents (Tableau 38). Le cas le plus favorable est lorsque la partie basse est
totalement mélangée. Les variations brusques de Ce(t) sont alors « diluées » dans toute la
zone inférieure. Au contraire, l’écoulement piston entre l’entrée du biofiltre et la zone infé-
rieure est le cas le plus défavorable, car les variations brusques de Ce(t) sont alors transmi-
ses sans déformation.

Tableau 38. Résultat de la simulation sur biofiltre en régime transitoire, épaisseur de biofilm 350 µm.

Supplément de charge kg N-NH4


Saint Fons Achères
entrée sortie entrée sortie
mélange intégral 10,9 1,94 19,2 3,92
homogène 10,9 2,99 19,2 4,29
hétérogène 10,9 3,03 19,2 4,51
piston 10,9 4,11 19,2 6,19

Chapitre V 106
35 C O 2 = 7 mg/L
35
C O 2 = 7 mg/L
30 40 mg/L e = 350 µm 30 40 mg/L e = 350 µm

[N-NH4], mg/L
[N-NH4] mg/L
25 q = 740 m3/h 25 q = 1300 m3/h
20 20
15 15
10 10
5 t secondes
5 t secondes
0 0
0 2000 4000 6000 0 2000 4000 6000

Figure 34. Concentrations calculées en sortie de biofiltre aux différents points, e=350 µm. A gauche : Saint
Fons ; à droite : Achères.

2.1.3. Conclusion

En ce qui concerne le régime permanent, les hétérogénéités observées dans le biofil-


tre ne modifient pas les performances, par rapport à un massif ayant des caractéristiques
similaires.

En régime transitoire, le comportement hétérogène de la zone inférieure affecte


l’élimination d’une pointe brutale de concentration brusque à l’entrée du biofiltre. L’idéal
serait d’avoir une zone parfaitement mélangée dans la partie inférieure.

Toutefois, cela nécessiterait un investissement supplémentaire de la part du cons-


tructeur, soit pour étudier une alimentation permettant un meilleur mélange de l’effluent à
traiter, soit pour installer un dispositif mécanique de mélange. Le gain serait pratiquement
nul dans la mesure où les pointes de concentration réelles ont dans la plupart des cas une
durée supérieure au temps de séjour moyen dans le lit, et ne sont pas brutales. De fait, les
constructeurs dimensionnent leurs installations pour garantir une concentration inférieure à
une valeur limite en sortie, lors d’un épisode de pointe de longue durée. La faible perte sur
la charge éliminée due au mauvais mélange ne représente pas un problème dans la mesure
où la concentration maximale n’est pas dépassée.

Dans le cas d’une application particulière où le biofiltre serait amené à recevoir des
pointes de concentration de courte durée, il faudrait au contraire considérer avec soin la
conception de la zone inférieure.

Chapitre V 107
3. Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons cherché les informations apportées par le couplage en-
tre nos mesures hydrodynamique et un modèle simple de cinétique du biofilm. Bien enten-
du, les résultats obtenus ont une valeur hypothétique dans la mesure où ils reposent sur une
modélisation théorique et que les paramètres choisis pour réaliser les calculs sont issus de
la littérature ou d’estimations grossières, plutôt que de résultats expérimentaux.

Dans le cas des lits bactériens, il a été possible, pour les garnissages traditionnels,
de calculer la constante cinétique en tenant compte de l’influence de l’hydrodynamique. Il
s’agit d’une donnée intéressante, car elle rend compte de la situation du biofilm en gran-
deur réelle. Cette valeur intègre donc tous les paramètres pouvant influencer les perfor-
mances biologiques : variation journalière de la température, du débit, de la concentration
de l’effluent à traiter, de sa composition, ... Elle est relativement facile à obtenir, puisqu’il
suffit de connaître la distribution des temps de séjour du lit, la surface spécifique du maté-
riau, et la concentration moyenne de l’effluent à l’entrée et à la sortie. Avec un nombre suf-
fisant de données, la cinétique des biofilms de lits bactériens en grandeur réelle pourrait
donc être mieux comprise. Cela contribuerait à améliorer les procédures de dimensionne-
ment, aujourd’hui essentiellement empiriques.

Nous avons voulu également aborder la question des lits bactériens à arroseur moto-
risé. Il s’agit d’une technique nouvelle, actuellement peu appliquée en France. Elle est ré-
putée prometteuse pour améliorer les performances des lits. La vitesse de rotation de
l’arroseur étant réduite, la force d’irrigation est augmentée, ce qui permet de maîtriser
l’épaisseur du biofilm. Nous avons montré que la modélisation des performances du lit est
alors plus compliquée car il n’est pas possible de considérer que le film liquide a une épais-
seur constante. De plus, nous avons constaté avec l’exemple de la station de Villafranca
que le volume drainé diminue lorsque la vitesse de rotation diminue, ce qui conduit à une
vitesse interstitielle plus élevée ; et que les performances du lit diminuent. En l’état des
connaissances, on peut conseiller d’appliquer sur des installations réelles une vitesse ré-
duite uniquement en période de faible charge organique (par exemple la nuit) pour assurer
l’érosion du biofilm, et une vitesse élevée en période de pointe, pour ne pas dégrader les
performances. La poursuite de l’étude de l’hydrodynamique et des performances des lits

Chapitre V 108
bactériens en fonction de la vitesse de rotation de l’arroseur semble une voie de recherche
intéressante.

Concernant les biofiltres, nous avons cherché à déterminer si les hétérogénéités que
nous avons observées peuvent avoir une influence sur les performances. En ce qui concerne
les hétérogénéités au sein du matériau, il semble que ce n’est pas le cas. Par contre, le pro-
cédé pourrait mieux éliminer la charge apportée par une pointe brutale de concentration si
la zone dans laquelle s’opère la distribution de l’effluent sous le matériau était mieux mé-
langée. Toutefois, sauf cas particulier, cette amélioration n’est pas économiquement envi-
sageable. Un tel événement de pointe est en effet improbable, et les critères de performance
du procédé sont basés sur la concentration maximale en sortie plutôt que sur la charge éli-
minée.

Chapitre V 109
Conclusion

Au cours de ce travail, la méthode de la distribution des temps de séjour a permis


d’apprécier le comportement hydrodynamique de deux procédés d’épuration à culture
fixée, les lits bactériens et les biofiltres. Pour travailler en grandeur réelle, un certain nom-
bre de problèmes liés à l’expérimentation sur des unités industrielles devaient être résolus.

La première étape consiste à sélectionner un traceur approprié. Une étude bibliogra-


phique a révélé que, en présence de biomasse, les colorants organiques risquent d’être non
conservatifs. Le chlorure de sodium aurait contraint à mettre en œuvre des masses considé-
rables de sel. Le chlorure de lithium a donc été choisi.

Sur certaines installations, il était impossible d’isoler l’entrée du réacteur de la sor-


tie en raison de la présence d’un recyclage de l’effluent. De ce fait, une partie du traceur
mesuré en sortie pouvait retourner à l’entrée. Ce problème peut être résolu en réalisant une
déconvolution entre les signaux d’entrée et de sortie. Pour cela, on a proposé un algorithme
numérique dans le domaine réel, qui s’est avéré efficace.

Les DTS expérimentales des lits bactériens présentent le plus souvent une forte
traînée, ce qui est le signe d’échanges lents à l’intérieur du réacteur. Plusieurs modèles hy-
drodynamiques décrivent les échanges lents de traceur entre un écoulement principal et une
zone stagnante, par exemple le piston dispersif avec échanges. Ce dernier a été ajusté aux
DTS expérimentales avec succès.

Toutefois, nous avons avancé l’hypothèse, comme plusieurs auteurs ayant étudié les
procédés à biomasse fixée, que les échanges lents de traceur sont dus à sa diffusion au sein
du film biologique. Dans ce cas, le modèle du piston dispersif avec échanges n’est pas ré-
aliste. En effet il considère la zone stagnante comme homogène, alors que la diffusion dans
le biofilm crée un gradient de concentration. C’est pourquoi un modèle basé sur un écou-
lement piston et un processus de diffusion dans la biomasse, appelé « modèle de biodiffu-

110
sion » a été introduit. Ce modèle s’ajuste correctement aux DTS expérimentales. Il donne
une répartition entre volume en écoulement et volume stagnant différente de celle du piston
dispersif avec échanges. Ce modèle de biodiffusion pourrait être un outil simple pour dé-
terminer le volume de biomasse présent dans un lit bactérien et surveiller son évolution.
Cela reste toutefois à confirmer, à l’aide d’études sur pilote par exemple.

Nous nous sommes intéressés aux différents volumes présents dans les lits bacté-
riens en grandeur réelle, en considérant nos résultats et ceux d’autres auteurs. Le volume
total traversé par le traceur est donné par le temps de séjour moyen, lui-même calculé à par-
tir de la DTS expérimentale. Ce volume dépend du type de matériau, de sa hauteur, et d’un
paramètre hydrodynamique : le nombre de Reynolds pour les cailloux ou la charge hydrau-
lique superficielle pour les garnissages plastiques. Il en est de même pour le volume drainé,
collecté après arrêt de l’alimentation. Pour les essais considérés, il apparaît que les maté-
riaux plastique verticaux ont la capacité de rétention la plus faible. Les matériaux plasti-
ques en vrac, puis les matériaux traditionnels, ont une capacité de rétention supérieure. La
répartition du volume traversé par le traceur entre volume en écoulement et volume de
biomasse a pu être réalisé grâce au modèle de biodiffusion. Le volume en écoulement est
inférieur au volume drainé, ce qui laisse penser qu’une partie du volume qui est collecté
après arrêt des pompes est en réalité immobile, en régime permanent.

Pour deux lits bactériens à garnissage traditionnel, il a été possible de déterminer


une constante cinétique d’ordre ½ représentative de la performance du biofilm pour
l’élimination de la DBO soluble. Cette possibilité ouvre des perspectives intéressantes pour
le dimensionnement de ces lits, à l’aide d’un modèle hydrodynamique couplé à un modèle
cinétique. Cela pourrait permettre d’améliorer la procédure de dimensionnement actuelle,
essentiellement empirique. Pour les lits à garnissage plastique, la détermination de la cons-
tante cinétique est plus difficile dans la mesure où il est nécessaire de connaître certains pa-
ramètres difficilement mesurables comme l’épaisseur du biofilm et la surface effectivement
colonisée par le biofilm par mètre cube de matériau.

Les lits bactériens à arroseur motorisé ont également été considérés, cette technolo-
gie permettant de rendre plus fiable le procédé. A l’aide d’hypothèses théoriques, on mon-
tre qu’il existe une influence de la vitesse de rotation de l’arroseur sur l’hydrodynamique :
lorsque le temps de passage entre deux arrosages devient non négligeable devant le temps

111
de drainage du lit, on ne peut plus considérer qu’il existe un régime permanent
d’écoulement dans le lit, ce qui complique la modélisation. L’étude de deux lits bactériens
identiques en parallèle dont l’arroseur tourne à une vitesse différente montre que la réten-
tion liquide et les performances sont liées à la vitesse de l’arroseur.

La méthode de la distribution des temps de séjour a également été appliquée à deux


biofiltres de nitrification tertiaire. Les prélèvements de traceur en différents points du sys-
tème ont permis d’apprécier l’homogénéité de l’écoulement et de séparer le comportement
hydrodynamique de la zone située sous le matériau support de l’écoulement au sein du ma-
tériau lui-même.

Les résultats montrent que la zone inférieure, dans laquelle l’effluent se répartit
avant de pénétrer dans le matériau, subit un écoulement pouvant être très hétérogène. Le
système d’admission de l’effluent, la géométrie du biofiltre et la présence ou non d’un sys-
tème d’aération à cet endroit ont une influence déterminante. Les simulations numériques
montrent que cette hétérogénéité affecte la charge éliminée par le système lors de brusques
pointes de concentration. Pour améliorer la situation, il faudrait un mélange plus efficace
dans la zone inférieure. Cependant, en exploitation réelle, les concentrations de l’effluent
ne connaissent que rarement des brusques variations, et les dimensions du biofiltre sont gé-
néralement calculées pour permettre l’élimination de la plus forte concentration attendue.
Dans ce contexte, l’amélioration du mélange dans la zone inférieure apparaît inutile, sauf
cas particulier.

Le massif de matériau est quant à lui le siège d’un écoulement que l’on peut assimi-
ler à un piston dispersif. Les volumes liquides obtenus en différents points sont relative-
ment homogènes, l’intensité de la dispersion l’est moins. Cette dernière apparaît dépen-
dante de la vitesse ascensionnelle de l’effluent, et de la nature du matériau, en particulier sa
capacité à l’expansion ou non. Toutefois cela reste à confirmer. Les volumes liquide dé-
pendent de la rétention gazeuse, de l’expansion du matériau, et de la présence possible de
colmatage au sein du matériau. La simulation numérique suggère que les variations des pa-
ramètres hydrodynamiques aux différents points de mesure n’ont pas d’influence sur les
performances du système.

Finalement, l’étude de l’hydrodynamique dans les procédés à biomasse fixée, à tra-


vers la détermination de la distribution des temps de séjour, accompagnée du volume drai-

112
né dans le cas des lits bactériens, est un outil précieux à divers titres. Son premier apport
est de permettre l’exploration et la compréhension de l’écoulement. Ainsi pour les lits bac-
tériens nous avons pu émettre des hypothèses sur les différents volumes en présence, et les
quantifier à l’aide de la modélisation. Pour les biofiltres, nous avons pu séparer le compor-
tement hydrodynamique des deux parties du filtre et en estimer l’homogénéité. Les mesures
hydrodynamiques permettent aussi de diagnostiquer la cause d’une éventuelle dégradation
des performances, et d’y remédier en cours d’exploitation. Pour les lits bactériens, on peut
ainsi chercher à régler la vitesse de l’arroseur pour avoir un temps de séjour important.
Avec les biofiltres, la méthode permet de détecter un colmatage du matériau.

Enfin, la modélisation permet de proposer une méthode de dimensionnement tenant


compte de l’hydrodynamique, ce qui constitue un progrès dans la mesure où les procédés
sont actuellement calculés sur une base empirique. Il faut toutefois connaître les paramètres
du modèle cinétique, généralement nombreux et difficiles à estimer. Cela a été possible
dans cette étude avec deux lits à garnissage traditionnel. La poursuite de l’expérimentation
en grandeur réelle et sur pilote pourrait combler le manque de données et permettre de va-
lider les modèles existants.

113
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118
LISTE DES ANNEXES

ANNEXE A : TRAÇAGES SUR LES LITS BACTERIENS II

La Destrousse, 1992 II

La Destrousse, 1993 III

Nîmes IV

Le Barp V

Ensues VI

Rousset VIII

Oloron IX

Mondonville X

Montoison XI

ANNEXE B : CORRELATIONS POUR LES LITS BACTERIENS (III.4) XII

ANNEXE C : CORRELATIONS POUR LE MODELE DE BIODIFFUSION (III.4.3) XIV

ANNEXE D : RESULTATS HYDRODYNAMIQUES OBTENUS AU SEIN DU


MATERIAU DES BIOFILTRES XV

Saint Fons XV

Achères XVI

ANNEXE E : DTS DES BIOFILTRES XVII

Saint Fons (Biostyr) XVII


Essai 1 XVII
Essai 2 (sans air) XVIII
Essai 3 XIX
Essai 4 XX

Achères (Biofor) XXI


Essai 1 XXI
Essai 2 XXII
Essai 3 (sans air) XXIII
Essai 4 (sans air) XXIV
Essai 5 XXV

I
Annexe A : traçages sur les lits bactériens

La Destrousse, 1992

La Destrousse, 1992
q=145 m3/h, v=2,79 m/h
140
120
entree
100
sortie
Li, µg/L

80
DTS calculée
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

La Destrousse, 1992
q=120 m3/h v=2,31 m/h
200
entree
150 sortie
Li, µg/L

DTS calculée
100

50

0
0 500 1000 1500
temps,s

II
La Destrousse, 1993

La Destrousse, 1993
q=163 m3/h, v=3,40 m/h
140
120 entree
100 sortie
Li, µg/L

80 DTS calculée
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

La Destrousse, 1993
q=143 m3/h, v=2,98 m/h
140
entree
120
sortie
100
Li, µg/L

DTS calculée
80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

III
Nîmes

Nîmes, 1992
q=980 m3/h, v=2,41 m/h
50

40 entree
sortie
Li, µg/L

30
DTS calculée
20

10

0
0 500 1000 1500
temps, s

Nîmes, 1992
q=480 m3/h, v=1,18 m/h
100

80 entree
sortie
Li, µg/L

60
DTS
40

20

0
0 100 200 300 400 500
temps, s

IV
Le Barp

Le Barp, 1991
q=55,1 m3/h, v=1,95 m/h
40
35
30
Li, µg/L

25
20
15
10
5
0
0 500 1000 1500
temps, s

Le Barp, 1991
q=44,6 m3/h, v=1,58 m/h
40
35
30
Li, µg/L

25
20
15
10
5
0
0 500 1000 1500
temps, s

V
Le Barp, 1991
q=32,8 m3/h, v=1,15 m/h
35
30
25
Li, µg/L

20
15
10
5
0
0 500 1000 1500
temps, s

Ensues

Ensues, 1992
q=38,7 m3/h, v=2,53 m/h
140
120
100
Li, µg/L

80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

VI
Ensues, 1992
q=24,9 m3/h, v=1,63 m/h
160
140
120
100
Li, µg/L

80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

Ensues, 1992
q=18,4 m3/h, v=1,20 m/h
140
120
100
Li, µg/L

80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

VII
Rousset

Rousset, 1993
q=27,6 m3/h, v=1,04 m/h
140
120 entree
100 sortie
Li, µg/L

80 DTS calculée
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

Rousset, 1993
q=24,7 m3/h, v=0,93 m/h
160
140 entree
120 sortie
100 DTS calculée
Li, µg/L

80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

VIII
Oloron

Oloron, 1992
q=190 m3/h, v=1,90 m/h
140
120
100
Li, µg/L

80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

IX
Mondonville

Mondonville, 1992
q=43,3 m3/h v=1,30 m/h
140
120
100
Li, µg/L

80
60
40
20
0
0 200 400 600 800 1000 1200
temps, s

Mondonville, 1992
q=28,5 m3/h, v=0,85 m/h
140
120
100
Li, µg/L

80
60
40
20
0
0 200 400 600 800 1000 1200
temps, s

X
Montoison

Montoison, 1996
q=27,1 m3/h, v=0,94
180
160
140
120
Li, µg/L

100
80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

Montoison, 1996
q=12,8 m3/h, v=0,44 m/h
180
160
140
120
Li, µg/L

100
80
60
40
20
0
0 500 1000 1500
temps, s

XI
Annexe B : corrélations pour les lits bactériens (III.4)

t/L en fonction de Re
garnissages traditionnels
10000.00
y = 731.14x-0.3811
R2 = 0.8916
1000.00
t/L, s/m

100.00
colonisés (nous, Tariq,
Kshirsagar, Vandevenne)
propres (Vandevenne)
10.00
colonisés

1.00
0.10 1.00 10.00 100.00
Re

θd en fonction de Re
garnissages traditionnels colonisés
10%

y = 0.0253x0.2308
R2 = 0.8733
θd

nous, Tariq, Kshirsagar,


Vandevenne
corrélation

1%
0.10 1.00 Re 10.00 100.00

XII
θd en fonction de qa
garnissages colonisés verticaux et vrac
10%
vertical : nous (Cloisonyle, Sessil), Särner (Hydropak)
Vrac : nous (Biopac)
correlation vertical
correlation vrac
θd

y = 0.3916x0.6544
R2 = 0.8157

y = 0.3291x0.6441
R2 = 0.9972

1%
0.0010 0.0100 0.1000
qa

t/L en fonction de qa
garnissages vrac et vertical
1000

y = 1.795x-0.8134
R2 = 0.9924

y = 3.0747x-0.6052
R2 = 0.9395
t/L

100
y = 2.6154x-0.6548
vertical colonisé : Särner 1978, nous R2 = 0.634
vrac propre : Vandevenne 1986
vrac colonisé : Vandevenne 1986, nous
correlation vrac propre
correlation vertical colonisé
correlation vrac colonisé

10
0.0001 0.0010 v 0.0100 0.1000
qa = 2
a (m /h)

XIII
Annexe C : Corrélations pour le modèle de biodiffusion
(III.4.3)

Vm (biodiffusion) en fonction de Vd

30
Vm (biodiffusion), m3

25
20
y = 0.7765x
15 R2 = 0.9737

10
5
0
0 10 20 30 40
Vd, m3

t0 (biodiffusion) en fonction du temps de séjour


moyen expérimental
1400
1200
t0 (biodiffusion), s

y = 0.9229x
1000 R2 = 0.9623

800
600
400
200
0
0 500 1000 1500
temps de séjour moyen expérimental, s

XIV
Annexe D : résultats hydrodynamiques obtenus au sein du
matériau des biofiltres

Saint Fons

Biostyr - Station d'épuration de Saint Fons


Essais hydrodynamiques du 11 au 15 mars 1996

Essai n° Point Débit Temps de u Va nombre D ad I


3 -1 -1 3 2 -1
mh séjour s mh m de Péclet m j mm %
1 A 418 726 15.5 84.3 41.6 27.8 75.0 98.9
1 B
1 C 418 758 14.8 88.0 44.2 25.1 70.6 99.1
1 D
1 E 418 617 18.2 71.7 62.1 21.9 50.2 99.3
1 F
1 G 418 664 16.9 77.1 56.6 22.4 55.1 99.9
1 H
2 A 412 864 13.0 98.8 36.7 26.5 85.0 98.9
2 B 412 985 11.4 112.7 58.5 14.6 53.3 99.8
2 C 412 873 12.9 99.9 65.0 14.8 48.0 98.8
2 D
2 E 412 906 12.4 103.7 61.0 15.2 51.1 97.5
2 F 412 1032 10.9 118.1 32.2 25.3 96.9 97.5
2 G 412 909 12.4 104.0 44.7 20.7 69.8 98.6
2 H 412 909 12.4 104.1 52.5 17.6 59.4 99.9
3 A 724 331 33.9 66.6 23.1 109.9 135.1 99.2
3 B 724 445 25.2 89.5 33.8 55.9 92.3 97.8
3 C 724 325 34.5 65.4 62.1 41.7 50.2 98.7
3 D 724 388 28.9 78.1 32.7 66.2 95.4 98.5
3 E 724 392 28.6 78.9 33.2 64.6 94.0 99.1
3 F 724 365 30.8 73.4 29.5 78.1 105.8 99.0
3 G 724 453 24.8 91.1 89.1 20.8 35.0 98.6
3 H 724 406 27.6 81.7 17.2 120.3 181.4 98.2
4 A 744 308 36.5 63.6 31.2 87.7 100.0 99.2
4 B 744 418 26.8 86.5 38.9 51.7 80.2 99.1
4 C 744 327 34.4 67.6 48.5 53.0 64.3 98.5
4 D 744 364 30.8 75.3 48.6 47.5 64.2 98.8
4 E 744 362 31.0 74.9 45.6 50.9 68.4 97.6
4 F 744 368 30.6 76.0 26.8 85.4 116.4 97.7
4 G 744 437 25.7 90.2 22.5 85.6 138.7 98.1
4 H 744 391 28.7 80.7 21.9 98.3 142.5 98.3

XV
Achères

Biofor - Station d'épuration d'Achères


Essais hydrodynamiques des 11-12 juin 1997

Essai n° Point Débit Temps de u Va nombre D ad I


3 -1 -1 3 2 -1
mh séjour s mh m de Péclet mj mm %
1 A 1155.5 435 28.3 139.7 25.11 92.5 136.2 99.5
1 B 1155.5 461 26.7 148.1 12.96 169.0 263.9 99.7
1 C 1155.5 483 25.5 155.0 17.00 123.1 201.2 97.9
1 D 1155.5 478 25.8 153.5 33.42 63.2 102.3 99.3
1 E 1155.5 437 28.2 140.4 21.75 106.3 157.3 99.0
1 F 1155.5 1228 10.0 394.2 3.81 215.7 896.7 99.1
2 A 1154.0 429 28.7 137.5 25.35 92.9 134.9 99.7
2 B 1154.0 459 26.8 147.3 16.98 129.5 201.4 99.4
2 C 1154.0 462 26.6 148.2 17.08 128.0 200.3 99.1
2 D 1154.0 459 26.8 147.0 25.49 86.4 134.2 99.1
2 E 1154.0 414 29.7 132.8 20.64 118.1 165.7 98.8
2 F 1154.0 1095 11.2 351.0 3.71 249.1 922.9 98.5
3 A 1160.0 463 26.6 149.1 26.67 81.9 128.2 99.9
3 B 1160.0 434 28.3 140.0 14.92 155.9 229.2 99.8
3 C 1160.0 490 25.1 157.8 11.98 172.2 285.4 98.9
3 D 1160.0 463 26.6 149.2 11.65 187.4 293.6 98.4
3 E 1160.0 450 27.4 145.0 13.53 166.0 252.8 98.6
3 F 1160.0 691 17.8 222.6 12.71 115.1 269.1 96.3
4 A 1164.0 462 26.6 149.5 31.66 69.0 108.0 99.6
4 B 1164.0 469 26.3 151.5 13.18 163.6 259.4 99.9
4 C 1164.0 489 25.2 158.0 13.70 151.0 249.7 98.6
4 D 1164.0 519 23.7 167.9 15.41 126.3 222.0 99.1
4 E 1164.0 489 25.2 158.1 12.08 171.1 283.1 97.9
4 F 1164.0 736 16.7 238.1 14.11 97.3 242.4 96.1
5 A 1156.0 446 27.6 143.1 18.90 120.0 180.9 99.9
5 B 1156.0 418 29.5 134.2 18.29 132.2 187.0 99.4
5 C 1156.0 387 31.8 124.3 12.23 213.5 279.7 99.2
5 D 1156.0 452 27.3 145.1 8.72 256.5 392.1 97.5
5 E 1156.0 512 24.0 164.5 9.94 198.5 344.2 97.9
5 F 1156.0 582 21.2 191.3 8.61 201.8 397.2 97.5

XVI
Annexe E : DTS des biofiltres

Saint Fons (Biostyr)

Essai 1

500
450
A*
400 C*
concentration µg/l (Li)

350 G*
E*
300 F*
250 H*
D*
200
150
100
50
0
0:00 0:15 0:30 0:45 1:00
temps écoulé depuis l'injection (hh:mn)

900

800
A
700 B
concentration µg/l (Li)

C
600
E
500 G
H
400

300

200

100

0
0:00 0:05 0:10 0:15 0:20 0:25 0:30
temps écoulé depuis l'injection (hh:mn)

XVII
Essai 2 (sans air)
300

250 A*
B*
C*
concentration µg/l (Li)

200 D*
E*
150 F*
G*
H*
100

50

0
0:00 0:15 0:30 0:45 1:00
temps depuis l'injection (hh:mn)

1200

A
1000
B
concentration µg/l (Li)

C
800
E

600 F
G
400 H

200

0
0:00 0:05 0:10 0:15 0:20 0:25 0:30
temps écoulé depuis l'injection (hh:mn)

XVIII
Essai 3
400

350
A*
300 B*
concentration µg/l (Li)

C*
250 D*
E*
200 F*
G*
150 H*

100

50

0
0:00:00 0:15:00 0:30:00 0:45:00
temps depuis l'injection (hh:mn)

800
A
700
B
600 C
concentration µg/l (Li)

D
500
E
400 F
G
300
H
200

100

0
0:00 0:05 0:10 0:15 0:20 0:25
temps écoulé depuis l'injection (hh:mn)

XIX
Essai 4
350

300

A*
concentration µg/l (Li)

250
B*
C*
200
D*
E*
150 F*
G*
100 H*

50

0
0:00:00 0:15:00 0:30:00 0:45:00
temps depuis l'injection (hh:mn)

600

500 A
B
concentration µg/l (Li)

400 C
D
E
300 F
G
200 H

100

0
0:00 0:05 0:10 0:15 0:20 0:25
temps depuis l'injection (hh:mn)

XX
Achères (Biofor)

Essai 1

450
A*
400 B*
C*
350
concentration µg/l (Li)

D*
300 E*
F*
250

200

150

100

50

0
0:00 0:10 0:20 0:30 0:40 0:50 1:00
temps écoulé depuis l'injection (hh:mn)

800
A
700 B
C
600
concentration µg/l (Li)

D
E
500
F
400

300

200

100

0
0:00 0:10 0:20 0:30
temps depuis l'injection (hh:mn)

XXI
Essai 2

600

500 A*
B*
concentration µg/l (Li)

400 C*
D*
E*
300 F*

200

100

0
0:00 0:10 0:20 0:30 0:40 0:50 1:00
temps depuis l'injection (hh:mn)

1000
900 A
800 B
concentration µg/l (Li)

C
700 D
600 E
F
500
400
300
200
100
0
0:00 0:10 0:20 0:30
temps écoulé depuis le début de l'injection (hh:mn)

XXII
Essai 3 (sans air)

400

350
A*
300
concentration µg/l (Li)

B*
C*
250
D*
200 E*
F*
150

100

50

0
0:00 0:10 0:20 0:30 0:40 0:50 1:00
temps depuis l'injection (hh:mn)

900
800
A
700
concentration µg/l (Li)

B
600 C
D
500
E
400 F
300
200
100
0
0:00 0:10 0:20 0:30
temps depuis l'injection (hh:mn)

XXIII
Essai 4 (sans air)

400

350
A*
300 B*
concentration µg/l (Li)

C*
250 D*
E*
200
F*
150

100

50

0
0:00 0:10 0:20 0:30 0:40 0:50 1:00
temps écoulé depuis l'injection (hh:mn)

900
A
800 B
C
700
D
concentration µg/l (Li)

600 E
F
500

400

300

200

100

0
0:00 0:10 0:20 0:30
temps écoulé depuis l'injection (hh:mn)

XXIV
Essai 5

700
A*
600 B*
concentration µg/l (Li)

C*
500
D*
400 E*
F*
300

200

100

0
0:00 0:10 0:20 0:30 0:40 0:50 1:00
temps depuis l'injection (hh:mn)

1200

A
1000
B
C
concentration µg/l (Li)

800 D
E
600 F

400

200

0
0:00 0:10 0:20 0:30
temps depuis l'injection (hh:mn)

XXV
SÉGURET, Frédéric. Etude de l’hydrodynamique des procédés de traitement des eaux usées à biomasse fixée - application
aux lits bactériens et aux biofiltres. - 118 pages + annexes, 82 références, 34 figures, 38 tableaux. Thèse de doctorat, méca-
nique, université Bordeaux 1, 1998, n°1922.

Etude de l’hydrodynamique des procédés de traitement des eaux usées à biomasse fixée -
application aux lits bactériens et aux biofiltres

Résumé - Le comportement hydrodynamique des procédés d’épuration à culture fixée est un facteur détermi-
nant de leur efficacité. Ce comportement peut être étudié par la méthode de la distribution des temps de séjour
(DTS) à l’aide d’un traceur, ici le lithium. La méthode est appliquée à 8 lits bactériens en grandeur réelle. Pour
interpréter les DTS obtenues, un modèle simulant les échanges de traceur entre le film liquide et le film bactérien
est introduit, ce qui permet d’expliquer la traînée importante observée sur les queues de courbe des DTS. Ce
modèle fournit par ajustement aux courbes expérimentales un volume mobile et un volume immobile. Le premier
est comparé au volume drainé par le lit, et le second pourrait être un indicateur du volume de biomasse dans le
lit, paramètre-clé pour l’exploitation. Par ailleurs, il a été possible de déterminer les paramètres cinétiques carac-
téristiques du biofilm, dans le cas de lits bactériens à garnissage traditionnels. L’hydrodynamique de deux biofil-
tres de nitrification tertiaire à flux ascendant de plus de 100 m2 de surface horizontale a été explorée. Il s’agit du
procédé « Biofor » à Achères et du procédé « Biostyr » à Saint Fons. Les DTS ont été déterminées à plusieurs
points de la section horizontale au sein du réacteur, afin d’estimer l’homogénéité de l’écoulement. Des prélève-
ments ont été réalisés à la base et au sommet du lit filtrant, afin d’isoler l’influence de la zone inférieure du biofil-
tre, dans laquelle l’effluent est distribué, du lit filtrant seul. Dans ce dernier, les caractéristiques hydrodynami-
ques comme le volume actif et la dispersion ont été calculées en considérant que l’écoulement est assimilable à
un piston avec dispersion axiale. Il a été conclu que les différences importantes de temps de séjour observées en
différents points de la surface du biofiltre peuvent en partie être expliquées par la distribution inégale de
l’effluent à la base du biofiltre. La méthode a aussi permis de détecter un colmatage temporaire du lit filtrant. Les
conséquences possibles sur les performances du procédé ont été estimées à l’aide d’un modèle cinétique du pro-
cessus de nitrification par le biofilm. Les résultats suggèrent que les conséquences sont limitées à l’occurrence
d’une brusque et importante variation de la concentration d’entrée.

Mots clés - Traitement de l’eau résiduaire - épuration de l’eau - hydrodynamique - écoulement - mélange -
modélisation - lit bactérien - biofiltre

Hydrodynamic behaviour of the fixed film wastewater treatment processes : study of the
trickling filters and biofilters.

Summary - The hydrodynamic behaviour of the fixed film wastewater treatment processes is a significant
factor affecting performance. This behaviour can be studied with the help of the residence time distribution
(RTD), using a tracer, here the lithium. The method was applied to 8 full scale trickling filters. To explain the
obtained RTDs, a model simulating the slow mass exchanges of tracer between the liquid film and the bacterial
slime is considered. This model successfully relates the significant tailing observed. This model yields a mobile
and immobile volume after being fitted to the experimental RTD curve. The mobile volume is compared to the
drainage volume, whereas the immobile volume may be a relevant parameter in order to assess the biomass
volume, which is a key parameter for the trickling filter operation. In more, characteristic kinetic parameters of
the biofilm process have been established in the case of the conventional filling media. The RTD method has
also been applied to two upflow biofilters used for tertiary nitrification, namely the ‘Biofor’ and ‘Biostyr’
processes. The RTDs have been determined at several points of the horizontal surface in order to assess the flow
homogeneity. Samples were taken at the top and bottom of the biofilter media, so as to separate the influence of
the bottom volume in which the effluent is distributed, from the biofilter media alone. Inside the later,
hydrodynamic parameters such as the active volume and the dispersion have been computed, assuming that the
flow is similar to a dispersed plug flow. It was concluded that the differences in residence time observed at the
biofilter surface from one location to the other can partly be explained by the uneven effluent distribution at the
filter bottom. The method also allowed the discovery of temporary clogging of the filling media. The possible
consequences on performance have been assessed with a biofilm kinetic model. Results suggests that detrimental
consequences can be feared only in the case of a dramatic increase of the influent substrate concentration.

Keywords - Wastewater treatment - hydrodynamic - flow - mixing - modelling - trickling filter - biofilter

CEMAGREF Groupement de Bordeaux - 50 avenue de Verdun, BP 3 - 33612 CESTAS CEDEX France


tel. 05 57 89 08 00 - fax 05 57 89 08 01 - http://www.cemagref.fr/

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