Brochure Transfos 2022-2023 - defCORRIGE-compressé
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Enseignantes :
contacts : [email protected] ;
[email protected] ; yasmine.siblot@univ-
paris8.fr ; [email protected]
1
Sommaire de la brochure
Page
Organisation et objectifs du 2
cours………………………………………….............................
Calendrier des séances………………………………………………………………... 4
Chronologie politique, périodisation générale, chronologies thématiques…………............. 5
Texte 1 et 19
questions…………………………………………………......................................
Texte 2 et 31
questions…………………………………………………......................................
Documents sur l’étude des biographies et des 49
trajectoires…………………………………...
Documents sur l’étude de la parenté et de la 55
transmission…………………………………...
Guide 57
d’entretien……………………………………………………………………………..
Contenu du dossier final et indications sur les 61
parties……………………………………….
2
Organisation et objectifs du cours
Cet enseignement aborde plusieurs transformations centrales qui ont traversé la société française au
XXème siècle : recompositions du monde du travail et des groupes sociaux ; développement puis
libéralisation de l’État social ; restructurations du système scolaire et croissance de la scolarisation ;
évolution de la place des femmes et des inégalités entre femmes et hommes ; migrations intérieures et
rapports entre villes et campagnes ; migrations internationales et immigration, etc.
Ces évolutions sont resituées dans le cadre de l’histoire politique du XXème siècle.
D’autre part ces transformations seront abordées à travers l’analyse de l’histoire personnelle et familiale
d’une personne âgée d’au moins 60 ans.
Chaque étudiant·e va réaliser la biographie d’une personne âgée (de son entourage, ou non) : après avoir
rencontré et avoir interrogé cette personne, il s’agira d’analyser son parcours pour comprendre comment
les grands événements du XXème siècle et l’histoire sociale collective de la France et d’autres pays ont
façonné son histoire individuelle et familiale.
Les cours reprennent en présentiel, avec port du masque et respect des gestes barrières et de la
distanciation. L’organisation du cours est susceptible d’évoluer en fonction de la situation sanitaire.
Les documents remis en cours sous forme papier sont tous disponibles sur l’espace moodle du cours.
Veillez à bien consulter la brochure et l’ensemble des supports régulièrement.
Les travaux sont à taper sur un ordinateur et à rendre imprimés, ou sur le Moodle, en fonction des
consignes données par chaque enseignant.e
Modalités d’évaluation
3
Ce cours repose sur une évaluation en contrôle continu. L’assiduité au cours est obligatoire. Trois
absences justifiées sont autorisées au maximum. L’appel est fait durant les séances en classe. Les rendus
se feront sous forme papier - documents mis au propre sur traitement de texte et imprimés – (pour info :
impressions possibles à Paris 8, https://www.univ-paris8.fr/Salles-informatiques-en-libre-service),
sinon sur moodle.
Si vous avez toujours vos manuels d’histoire du lycée, des « annabacs », des chronologies, des notes de
cours, des fiches de révision etc., utilisez-les !
Si vous avez accès à une encyclopédie papier ou en ligne (type Larousse ou Universalis), utilisez-la !
Wikipédia est une encyclopédie en ligne collaborative (ce sont les internautes qui écrivent les articles,
et ils ne sont pas toujours de spécialistes), qui comporte parfois des erreurs (il n’y en a pas trop en
histoire, mais il y en a beaucoup en sociologie !), il faut donc compléter la lecture des articles de cette
source par d’autres.
Il existe de très nombreux manuels universitaires d’histoire sur la France au XXème siècle, mais aussi
sur de nombreux autres pays. Vous les trouverez à la Bibliothèque Universitaire (BU), en histoire, salle
rouge.
4
Calendrier des séances
date Cours Travail en classe Travail à faire chez Travail à rendre sur
soi papier ou Moodle
1 Présentation du Moodle. Remplir le questionnaire Finir la fiche famille.
semaine du 19 Présentation du cours et de rentrée.
septembre travail à réaliser. Commencer la fiche sur
Périodisation du sa propre famille.
XXème siècle.
2 Poursuite du travail sur Présentation du texte 1 Devoir sur le texte 1. Fiche famille complète
Semaine du 26 la périodisation du Lire la périodisation.
septembre XXème siècle en
France.
3 La sociologie et les Analyse de la trajectoire Trouver son enquêté.e Devoir sur le texte 1
semaine du 3 octobre biographies : du père d’Annie Ernaux (Texte d’Annie
trajectoires et mobilités Ernaux – texte et
sociales. questions pages 19-30)
4 La sociologie et les Correction du texte 1. Lire les documents sur
semaine du 10 octobre biographies (suite) l’arbre généalogique
Présentation du texte 2 Devoir sur le texte 2
Présentation de la Trouver son enquêté.e
conduite d’un entretien Lecture du guide (dernier délai)
biographique d’entretien et des
consignes pour l’entretien
et le dossier.
5 L’anthropologie et les Point sur les entretiens Réaliser l’entretien. Devoir sur le texte 2
semaine du 17 octobre arbres généalogiques : (texte de Stéphane
parenté et transmission. Consignes sur le compte Rédiger le compte Beaud – texte et
rendu d’entretien rendu d’entretien questions pages 31-44)
10 Jalons sur Retour sur les tableaux Faire l’analyse de la Arbre généalogique
semaine du 28 l’immigration au XX°s. chronologiques des mobilité sociale
novembre enquêté.e.s
5
Chronologie politique très sommaire depuis la fin du XIXème
6
7
Périodisation politique, économique et sociale générale
1879-1899 :
Alternance entre des républicains « centristes » (Gambetta ou Jules Ferry) et des radicaux (Clémenceau ou
Waldeck Rousseau). Les socialistes ne sont pas dans les gouvernements, sont considérés comme trop extrêmes
Très critiques des réformes menées, ils demandent des réformes sociales.
Beaucoup de réformes sont menées, notamment dans le domaine scolaire, et des droits politiques.
A partir de 1875 la constitution réaffirme l’élection des députés au suffrage universel (masculin).
1881-82 : réformes scolaires, lois Ferry : gratuité, puis l’obligation et la laïcité (dans les écoles
publiques). En 1986, recrutement d’un personnel laïc, financé par l’État.
Le système scolaire est très divisé entre le primaire court et le système des lycées bourgeois.
1884 : loi Waldeck Rousseau sur la liberté de créer des associations professionnelles, c’est-à-dire les
syndicats de salariés et patronaux (la loi le Chapelier de 1791 interdisait les syndicats et la grève ; la
grève était autorisée mais très réprimée depuis 1864).
1901 : loi Waldeck Rousseau sur les associations : leur donne statut juridique, mais les soumet à
autorisation préfectorale. C’est un moyen de contrôler les congrégations religieuses.
1899-1914 : Période dite a posteriori de la Belle Époque sur plan culturel, rayonnement international de la France.
Le clivage droite-gauche se constitue à ce moment-là, les termes entrent dans le vocabulaire. Jusque-là,
l’opposition était plutôt entre centre et extrêmes.
1894-1899 : Affaire Dreyfus. Un capitaine juif est accusé d’avoir trahi la France au profit de
l’Allemagne, et condamné à la dégradation et à la déportation. C’est un procès antisémite, aucune preuve
ne permettait d’établir la culpabilité de Dreyfus. Campagne politique et médiatique d’ampleur pour faire
reconnaitre son innocence : condamné à nouveau en 1898, il est gracié en 1899. Il faut attendre 1906
pour qu’il soit innocenté et réhabilité.
Affaire qui cristallise le clivage droite-gauche : à droite, on invoque l’autorité de l’armée, affaiblie si son
jugement est désavoué ; à gauche, on invoque les droits de l’homme et le respect de la dignité de toute
personne.
1901 : constitution du premier parti radical : parti surtout électoral mais qui rend visible le
positionnement à gauche
1902-1905 : Bloc des Gauches : première alliance gouvernementale entre radicaux et socialistes.
8
1905 : création de la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière, futur parti socialiste), et
regroupement des différents partis socialistes qui entrent dans le jeu électoral et parlementaire. Le
dirigeant est Jean Jaurès, et le journal est L’Humanité.
1905 : Loi sur séparation des Eglises et de l’État
Grande dépression des années 1880. Crise agricole (viticole notamment) et crise bancaire.
Puis croissance forte de 1895 à 1914, portée par l’industrialisation et les colonies : industrie du caoutchouc,
chimie, électricité (ex. : création de l’entreprise de cinéma Pathé, en 1896), métallurgie, automobile (ex. : création
de Renault en 1899). Agriculture massive mais en relatif déclin, exode rural. Prolétariat urbain exploité et mal
logé.
Mouvements sociaux
1895 : création de la CGT (Confédération Générale des Travailleurs), réunion de divers syndicats et
bourses du travail. Secrétaire général : Léon Jouhaux. Le syndicalisme révolutionnaire domine.
1906 : grève générale, pour réclamer la journée de 8h.
1907 : Midi rouge, soulèvements réprimés
1908 : répression sanglante à Draveil-Villeneuve St Georges. Plusieurs morts, centaines de blessés.
§ Contexte de montée des fascismes en Europe (arrivée au pouvoir de Mussolini (dès 1922), victoire
des nazis en Allemagne (1933) ; guerre d’Espagne à partir de 1936 et prise de pouvoir de Franco en
1938).
9
- 1935- 1936 Front Populaire : alliance des différents partis de gauche (PCF-SFIO-radicaux), victoire
électorale et gouvernement de Léon Blum. Grève générale en mai-juin 36. Quelques mesures sociales
(cf. paragraphe suivant)
- 1938 : chute du gouvernement Blum, retour d’un gouvernement de droite.
- 1929 : Krach de Wall Street, aux Etats-Unis. Début d’une crise économique mondiale.
- 1932 : début de crise en France, plus tardive mais plus longue qu’ailleurs à cause de politiques de
restrictions budgétaires (absence d’investissements). En Grande-Bretagne, J.M. Keynes théorise une
politique alternative fondée sur l’intervention de l’Etat, mais pas d’écho en France à l’époque.
- 1928-1930 : création des assurances sociales
1936 :
- 05/06 : formation du gouvernement Léon Blum
- 11/05 : grèves avec occupations d'usine
- Accords Matignon avec augmentation des salaires, généralisation des conventions collectives ; congés
payés (deux semaines) et semaine de 40h.
- 18/06 : dissolution des ligues d'extrême droite
- 02/07 : scolarité obligatoire prolongée jusqu'à 14 ans
- Changement de politique économique : intervention de l’État, contrôle des prix.
- 1938 : Après chute gouvernement Blum, répressions syndicale et recul sur les accords de 1936.
- 1938 : Politique nataliste (allocations familiales, primes).
En France, c’est politiquement une période très violente, avec une immense faute morale de l’État français dans
la collaboration active avec les Nazis. Des historiens soulignent aujourd’hui que cet épisode tragique de l’histoire
de France a été longtemps masqué ou euphémisé, et l’est sans doute encore.
- Sept 1938 : accords de Munich : Hitler impose l'annexion des sudètes en Tchécoslovaquie
- Sept 1939 : la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne
- Juin 1940 : l'armistice est signé à Rethondes. Défaite et reddition de la France.
Résistance
On parle de Résistance intérieure et extérieure, nombreuses mouvances selon positions politiques, selon les
zones, en France ou à l'étranger. Tensions mais unification progressive.
18/06/1940 : appel « du 18 juin » à la résistance du général de Gaulle
- 1941 : le Parti communiste fonde le “Front national” de la résistance
- Juin 1943 : création du Conseil national de la résistance, CNR
- Mars 1944 : programme du CNR qui préfigure la politique économique et sociale de l’après-guerre.
- Juin 1944 : gouvernement provisoire de la république française ; Débarquement allié en Normandie
- Août 1944 : libération de Paris
10
- 1944-1946 : Gouvernement provisoire, Assemblée constituante.
- Sept-décembre 1944 : épuration légale, d’ampleur limitée.
- Avril 1944 : une ordonnance accorde le droit de vote aux femmes
Bilan des victimes très lourd (selon des modalités différentes de Ière guerre mondiale). Pour la France moins de
victimes numériquement. (France : Estimation à 600 000 morts, 76 000 déportés juifs, seuls 2500 ont survécu,15
000 déportés Tziganes, presque aucun survivant, et 86 000 déportés « non raciaux » dont 40 % sont morts ;
Monde : entre 40 et 60 millions de morts. Parmi eux, 5 millions de Juifs, et 250 000 Tziganes).
Guerre d’Algérie, crise politique, fin de la IVe République, début Vème République
- 1954 : début de la guerre d’Algérie, qui va durer 8 ans.
- 1956 : élections parlementaires mouvementées. L’alliance socialistes-radicaux l’emporte de peu, avec
notamment la concurrence du mouvement poujadiste (petits commerçants refusant la modernisation, et
partisans de l’Algérie française). Guy Mollet (SFIO), chef du gouvernement, défend la « paix en
Algérie » et refuse l’indépendance. La guerre s’instaure, avec les appelés : allongement du service
militaire, pleins pouvoirs à l’armée à Alger en 1957, torture et massacres. Opposition croissante à
Guy Mollet, sur sa droite, et sur sa gauche. Crise politique.
1958 :
Mai projet de prise du pouvoir par colons et militaires à Alger, De Gaulle s’impose comme figure
salvatrice.
Juin : Fin de la IVème République : Charles De Gaulle, président du conseil, impose nouvelle
constitution, acceptée par référendum puis votée par l’assemblée. Régime toujours bicaméral, mais le
pouvoir exécutif (le Président et le gouvernement) ont un pouvoir étendu.
1958-61 :
- échec de la politique d’écrasement du FLN (Front de Libération Nationale, pour l’indépendance de
l’Algérie) et échec des négociations politiques de De Gaulle.
- Avril 61 : putsch des généraux (échoue), attentats de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète, refus de
l’indépendance de l’Algérie).
1962 :
- 18 mars 1962 : accords d’Evian, chaos en Algérie.
11
- Septembre : République démocratique et populaire d’Algérie, gouvernement Ben Bella.
- Octobre : Modification de la Constitution, passage en force contre les députés, par référendum. Le
Président sera élu au suffrage universel direct.
1965 : premières élections présidentielles. Contre toute attente, De Gaulle n’est pas élu au premier tour, il est mis
en ballotage par Mitterrand (premier sondage d’opinion le « prédit »).
Mai 1968 :
- mouvement étudiant puis grève générale à partir du 13 mai. Jusqu’à fin mai : 5 millions de grévistes.
Accords de Grenelle : hausse du SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti), création des
sections syndicales d’entreprise.
- De Gaulle, alors président de la République, quitte brièvement la France, puis revient et dissout
l’Assemblée Nationale. Elections législatives en juin : victoire de la droite, la peur l’emporte.
Avril 1969 : référendum sur les régions. De Gaulle est battu, il démissionne.
Juin 1969 : Georges Pompidou, chef du gouvernement de 1962 à 68, est élu Président de la République.
1969-1974 : Georges Pompidou président
Politique économique
Période de croissance et d’industrialisation dans un contexte de croissance mondiale.
Au niveau de la production :
- hausse de la productivité très importante (industrie, agriculture …) et exode rural massif.
- planification étatique d’une partie de la production (logements sociaux, routes) ;
- Déclin des petits commerçants, qui deviennent travailleurs peu qualifiés.
Au niveau de la consommation :
- Intégration du marché mondial et européen : plan Marshall, CECA (Communauté Européenne du
Charbon et de l’Acier) en 1951, traité de Rome en 1957 qui fonde la Communauté Economique
Européenne. Développement du commerce international.
- Croissance de la consommation intérieure : croissance démographique, hausse des salaires et prestations
sociales. Les ménages s’équipent pour la première fois en voitures, télé, électroménager…
L’expression « Trente Glorieuses » : référence à l’ouvrage d’un économiste, Jean Fourastié (1979). Les historiens
contemporains portent un regard plus critique sur cette période: un mode de production très polluant, urbanisation
et modernisation agricole à outrance sans anticipation des conséquences sociales et environnementales.
Mouvements sociaux
La société des Trente Glorieuses très conservatrice : rapports de travail autoritaires, interdiction de la
contraception et de l’avortement. Les années 1960 et 1970 : début de changements importants dans ces domaines.
Dans cette période, les immigrés subissent une forte ségrégation sociale, au travail et par le logement.
Mobilisation sociales importantes pendant toute la période, avec de grandes grèves : 1947-48, 1953 (postiers),
1961-63 (mineurs)…
- Ces mobilisations concernent par exemple la durée du travail (très dur et long : 46h/semaine en 1966) ;
ou bien les inégalités de salaires, qui sont très importantes.
Lois concernant l’égalité femmes/hommes (voir chronologie égalité) : en 1965 : loi autorise les femmes à ouvrir
compte en banque sans autorisation de leur mari ; 1967 : loi Neuwirth autorise la pilule (non remboursée),
l’avortement reste interdit. 1970 : partage de l’autorité parentale entre les deux parents (auparavant : autorité
paternelle)
Après Mai 1968, au cours des années 1970 : « nouveaux mouvements sociaux ». Ex : à l’usine Lip, en 1973,
expérience d’autogestion par les ouvriers.
Lois sociales :
- 1944 : unification des assurances sociales au sein de la Sécurité sociale avec 3 branches : maladie,
famille, vieillesse. Collecte et gestion étatique.
12
- 1958-1967 extension des régimes d’assurances vieillesse ; Création de l’ANPE (Agence Nationale Pour
l’Emploi), pour l’indemnisation du chômage.
- 1955, 1962 : 3ème et 4ème semaine de congé payés
- 1968 Accords de Grenelle (hausse du Smig, création des sections syndicales d’entreprise).
1974-1981 Valéry Giscard d’Estaing président, qui mène une politique de droite « moderne » :
1974 :
- majorité à 18 ans (et non plus 21 ans)
- fin de l’ORTF (Organisme de Radiodiffusion-Télévision Française) et du contrôle de l’information,
création de chaînes de radios et télé (publique) ;
- politique de fermeture des frontières et contrôle de l’immigration
13
- 1995 : le FN obtient 15% des voix aux présidentielles
- 1995 : très grande grève du secteur public en décembre contre la réforme des retraites (Juppé)
- 1997 : Chirac dissout l’Assemblée Nationale, mais victoire de la gauche aux législatives. Jospin premier
ministre.
- 2002 : élections présidentielles. Pour la première fois, le FN (JM Le Pen) passe au second tour. Très forte
abstention (28%). Réélection de Jacques Chirac.
14
Repères chronologiques sur l’égalité entre les femmes et les hommes
15
Repères sur les droits sociaux et du travail en France au XXème siècle
III. La nouvelle question sociale (milieux des années 1970 à années 2000)
- 1975 : Allocation Adulte Handicapé
- 1976 : Allocation Parent Isolé (familles monoparentales)
- 1979 : assouplissement du recours au CDD
- 1982 : 5ème sem. de congés payés ; institutions représentatives du personnel, CHSCT
- 1982 : ordonnances sur le recours au CDD, le travail temporaire, le travail à temps partiel
- 1983 : loi sur l’égalité professionnelle (Roudy)
- 1984 : création des TUC (travaux d’utilité collective)
- 1986 : suppression de l’autorisation administrative de licenciement
- 1997 : création des emplois jeunes
- 1998 et 2000 : lois Aubry sur les 35h
- 1984 : Allocation Spécifique de Solidarité (chômeurs en fin de droit)
- 1988 : Revenu Minimum d'Insertion (RMI)
- 1999 : Couverture Maladie Universelle (CMU)
- 2008 : Revenu de Solidarité Active (RSA)
- 2008 : création de Pôle emploi (fusion ANPE-ASEDIC)
16
Repères sur la famille et la parenté
17
1984 : congé parental ouvert à chacun des parents salariés sans distinction de sexe. Possibilité de faire recouvrir les
pensions alimentaires non payées par les caisses d’allocations familiales.
1985 : La discrimination à l’égard des homosexuels devient un délit. Création de l’allocation parentale d’éducation
(APE) pour le 3eme enfant de moins de trois ans. Egalité des époux, disparition de toute référence au sexe des
conjoints. Possibilité d’ajouter au nom de l’enfant le nom de l’autre parent.
1987 : autorité parentale, conjointement exercée par les deux parents, qu’ils soient mariés ou non, séparés ou divorcés.
Assouplissement des conditions d’accès à l’APE.
1991 : Autorisation partielle de publicité sur les contraceptifs.
1992 : Aggravation des peines pour les conjoints coupables de violences.
1993 : Loi sur l’entrave à l’IVG. Loi posant le principe de l’autorité parentale conjointe à l’égard de tous les enfants
quelle que soit la situation des parents. Réforme de l’accouchement sous X et maintien du secret.
1999 : Loi sur la reconnaissance légale des unions homosexuelles avec le pacte civil de solidarité (Pacs).
2000 : nouvelle loi sur l’IVG.
2001 : loi concernant le choix du patronyme de son enfant. Réforme du droit des successions, suppression des
discriminations successorales à l’égard de l’enfant adultérin, suppression de la notion d’enfant adultérin.
janvier 2002 : Création d’un Conseil national d’accès aux origines personnelles (Cnaop), lequel a pour tâche de faciliter
l’accès des adoptants, des enfants et des parents de naissance, s’ils le veulent, à des éléments d’une identification
réciproque. Congé paternel de 15 jours rémunéré pour la naissance d’un enfant (ou l’adoption).
2003 : Loi sur la garde alternée après séparation des parents.
26 mai 2004 : loi instaurant des procédures rapides sur le divorce, facilité après 2 ans de séparation, accords
patrimoniaux possibles ;
4 juillet 2005 : Ordonnance supprimant la reconnaissance de l’enfant par la mère hors mariage, maintien de
l’accouchement sous X.
16 janvier 2009 : Loi ratifiant l’ordonnance de 2005.
17 mai 2013 : la loi dite du « mariage pour tous », ouvrant le mariage aux personnes de même sexe.
18
Repères sur la politique du logement et la politique de la ville en France au XXème siècle
19
Repères sur le système scolaire français au XXème siècle
20
Repères sur les politiques migratoires en France au XXème siècle
21
Texte 1 :
- Partie 1 : extraits du récit autobiographique La place d’Annie Ernaux (éditions Gallimard, 1983)
- Partie 2 : fiche biographique sociologique sur A. Ernaux d’après ce récit.
- Questions sur le texte 1
22
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24
25
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Annie Ernaux, fille de petits commerçants
Fiche rédigée par Anaïs Collet (sociologue à l’Université de Strasbourg), reprise (coupes et compléments) par Y. Siblot
Présentation
La place est une courte autobiographie (102 pages) d’écriture neutre, concernant la figure du père, et la relation d’ “ amour
séparé ” qui le liait à sa fille, séparé en raison de la distance sociale qui s’est peu à peu introduite entre eux. A. Ernaux
raconte l’histoire de ses parents, leur ascension sociale, leurs conditions de vie et de travail, leurs espoirs, évoquant
notamment des lieux, des gestes, des expressions. Il s’agit, comme elle le dit à la fin du texte, de “ l’héritage qu’(elle) a du
déposer au seuil du monde bourgeois et cultivé quand (elle) y est entrée ”.
1. Une mobilité ascendante sur trois générations : origine sociale, formation, emplois, mobilité d’Annie, de ses parents
et de ses grands-parents
Au début, les parents sont étonnés de gagner de l’argent aussi facilement, c’est-à-dire avec un effort physique si réduit.
Rapidement, ils se partagent le travail, le père préférant tenir le café, la mère à l’épicerie. Importance du couple. Mais le
commerce marche mal, car les clients n’ont pas d’argent. Ils craignent de devoir revendre la boutique et “ retomber
ouvriers ”.
Finalement, le commerce ne rapportant pas plus qu’une paye d’ouvrier, le père se fait embaucher en même temps sur un
chantier de construction de la basse Seine. La mère tient seule le commerce et le café dans la journée: elle est patronne à
part entière, ce qui se voit à sa blouse blanche; lui garde son bleu de travail pour servir. La porosité des catégories d’emplois
est bien illustrée : non seulement le père alterne des emplois d’ouvrier et de commerçant, mais ensuite il cumule ces deux
emplois.
Il est donc à la fois commerçant et ouvrier; non syndiqué, méfiant à la fois des Croix-de-Feu et des communistes “ qui lui
prendraient son commerce ” : politiquement, le monde ouvrier pas encore quitté, le père a déjà acquis une mentalité de petit
propriétaire. Il garde ses idées pour lui: “ Il n’en faut pas dans le commerce ”. On comprend à travers cet avis le peu de
cohésion politique du monde des petits commerçants.
Les parents trouvent peu à peu leur place dans la Vallée, “ liés à la misère et à peine au-dessus d’elle ”, faisant crédit aux
familles nombreuses ouvrières. La mère insiste pour que le père retourne à la messe, où il a cessé d’aller après le régiment,
et pour qu’il perde ses “ mauvaises manières ”, c’est-à-dire ses manières de paysan ou d’ouvrier: la mobilité sociale est
recherchée également à travers les façons de parler, de se tenir, etc. Le père fait des efforts pour “ tenir sa place ”, pour
paraître plus commerçant qu’ouvrier.
30
Le père entre aux raffineries de pétrole Standard, dans l’estuaire de la Seine; il y travaille de nuit. Il gagne beaucoup plus
que sur le chantier, et y a de l’avenir : il deviendra en effet contremaître par la suite. Mais les conditions de travail y sont
dures.
Le Front Populaire reste selon Annie Ernaux “ le souvenir d’un rêve, l’étonnement d’un pouvoir qu’il n’avait pas soupçonné,
et la certitude qu’ils ne pouvaient le conserver ” : peu de confiance dans l’avenir des réformes. De plus, le père passe ses
congés payés de l’usine à servir au café, maintenant sa poly-activité.
En 1939, le père n’est pas appelé: il est trop vieux. Les raffineries sont incendiées par les Allemands. Les parents quittent
Lillebonne sous les bombardements, la mère enceinte de 6 mois. Ils rentrent rapidement à Lillebonne, où naît Annie.
Annie entre comme élève-maîtresse à l’école normale de Rouen, nourrie et blanchie. Mais elle quitte l’école en cours d’année
“ pour une question de liberté ”. Son père ne la comprend pas, elle à qui l’Etat offrait d’emblée une place dans le monde.
Elle passe du temps à Londres, puis entre en licence de lettres à Rouen. Elle est boursière.
Elle présente à ses parents un étudiant en sciences politiques avec qui elle va se marier : “ Ils n’ont pas cherché à savoir,
comme ils l’auraient fait pour un ouvrier, s’il était courageux et ne buvait pas. ” Annie et son mari s’installent à Annecy :
“ On tendait les murs de toile de jute, on offrait du whisky à l’apéritif, on écoutait le panorama de musique ancienne à la
radio. (…) J’ai glissé dans cette moitié du monde pour laquelle l’autre n’est qu’un décor. ”
Le père n’a alors plus d’ambition, il est résigné à ne plus attirer de nouvelle clientèle, “ à ce que son commerce ne soit qu’une
survivance qui disparaisse avec lui ”. Face à la concurrence des supermarchés, il envisage de vendre le commerce, et de se
mettre en retraite. Ses aspirations : emporter du bon vin et des conserves, élever quelques poules pour les œufs frais, aller
voir sa fille dans les Alpes. “ Déjà, il avait la satisfaction d’avoir droit, à 65 ans, à la Sécurité Sociale. Quand il revenait de
la pharmacie, il s’asseyait à la table et collait les vignettes avec bonheur. ” Il n’a pas le temps de réaliser cette retraite ; il
meurt le 25 juin 1967, deux mois exactement après le succès d’Annie au Capès, succès qui entérine son ascension sociale.
“ Peut-être sa plus grande fierté, ou même, la justification de son existence : que j’appartienne au monde qui l’avait
dédaigné ”.
(…)
a. De paysan
Annie considère qu’en entrant à la corderie, son père est “ sorti du premier cercle ”. Il s’agit d’une vision littéraire (renvoie
aux subdivisions concentriques de l’Enfer qu’on trouve dans La Divine Comédie de Dante) de la mobilité sociale ascendante.
“ Le pire, c’était d’avoir les gestes et l’allure d’un paysan sans l’être ”, c’est-à-dire de porter encore les traces fraîches de
son ascension sociale.
b. D’ouvrier
A la corderie : “ Il était sérieux, c’est-à-dire, pour un ouvrier, ni feignant, ni buveur, ni noceur. Le cinéma et le charleston,
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mais pas le bistrot. Bien vu des chefs, ni syndicat ni politique. Il s’était acheté un vélo, mettait chaque semaine de l’argent
de côté. ” Quand le commerce marche mal, peur omniprésente de devoir retourner à l’usine, de “ retomber ouvriers ”, ce
statut qu’ils avaient réussi à quitter. Faisant crédit aux familles nombreuses ouvrières, “ ils ne sont plus ici du bord le plus
humilié ”. Le statut d’ouvrier est donc le plus stigmatisant, celui à quitter à tout prix. L’ascension sociale est le rêve des
parents.
c. De commerçant
Au café-épicerie d’Yvetot, la clientèle est variée, en moyenne des “ gens pas fiers ”: buveurs réguliers d’avant ou après le
travail, équipes de chantiers, un contrôleur de la sécurité sociale, quelques clients moins populaires; le dimanche, une
clientèle familiale pour l’apéritif, et les vieux d’un hospice voisin l’après-midi. Son père a “ conscience d’avoir une fonction
sociale nécessaire, d’offrir un lieu de fête et de liberté ”; mais ce café était aussi “ un “ assommoir ” pour ceux qui n’y
auraient jamais mis les pieds ”. Son rêve: “ Tenir un beau café au cœur de la ville, avec une terrasse, des clients de passage,
une machine à café sur le comptoir. Manque de fonds, crainte de se lancer encore, résignation. Que voulez-vous. ”
d. De professeur
Annie réussit bien à l’école. Son père voit cela un peu comme une faveur du destin, qu’il craint de voir cesser; chaque
composition, puis chaque examen réussi est "autant de pris ”; il espère qu’elle sera “ mieux que lui ”. Il dit de sa fille qu’elle
“ apprend bien ”, jamais qu’elle “ travaille bien ”: “ travailler, c’était seulement travailler de ses mains ”. Devant les clients,
la famille, les amis, le père est gêné, a presque honte qu’Annie ne gagne pas encore sa vie à 17 ans ; “ autour de nous toutes
les filles de cet âge allaient au bureau, à l’usine ou servaient derrière le comptoir de leurs parents ”. Cependant fierté du
père : à sa mort, Annie découvre, dans son portefeuille, une coupure de journal annonçant les résultats du concours d’entrée
à l’école normale, où elle est deuxième.
Chronologie
1899: naissance du père
1906: naissance de la mère
1928: mariage des parents
1931: achat du café-épicerie de Lillebonne
1932: naissance de la sœur d’Annie
1938: mort de la sœur d’Annie
1940: naissance d’Annie
1945: retour des parents à Yvetot. Achat du café-alimentation.
1964: mariage d’Annie; naissance de son premier enfant
1967: 25 avril: succès à l’épreuve pratique du Capes
25 juin: mort du père
1968: naissance du second enfant d’Annie
1970: la mère vend son fonds de commerce et s’installe chez ses enfants à Annecy
1971: succès à l’agrégation de lettres modernes
1974: 1er ouvrage : Les armoires vides
1982-83: rédaction de La place
1984 : La place, obtient le Prix Renaudot
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Questions sur le texte 1
Vos réponses peuvent être courtes, mais elles doivent être précises et bien rédigées. La rédaction sera
prise en compte dans la notation.
1. Après avoir fait une recherche sur internet, présentez-en une ou deux phrases Annie Ernaux.
2. Choisissez un passage d’une ou deux pages qui vous a particulièrement intéressé·e et indiquez les
pages, le début et la fin du passage. Puis commentez le : à quelles dates se déroule ce dont parle
l’autrice dans ce passage? qu’est-ce que les détails et les anecdotes rapportés nous apprennent sur la
société de cette époque ? que nous apprennent-ils sur le regard que porte Annie Ernaux sur ses parents ?
3. Le texte est parfois allusif : indiquez s’il y a des passages que vous n’avez pas compris et dites
lesquels, nous y reviendrons en classe.
4. Après avoir fait une recherche sur internet, présentez en une ou deux phrases Anaïs Collet.
5. Comment peut-on décrire de façon synthétique la mobilité sociale de la famille d’Annie Ernaux sur
trois générations ?
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Texte 2
- texte : Stéphane Beaud, « Les trois sœurs et le sociologue. Notes ethnographiques sur la mobilité
sociale dans une fratrie d'enfants d'immigrés algériens », revue Idées économiques et sociales, vol. 175,
n° 1, 2014, p. 36-48.
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Erreur de l’article :
lire 1977 et non
1997
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Bac Pro BEP
Industrie
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41
42
43
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Questions sur le texte 2
1. Après avoir fait une recherche sur internet, présentez l’auteur de ce texte, Stéphane Beaud.
2. En vous appuyant sur la lecture de l’article et sur la vidéo présentez l’enquête sur laquelle est
fondée cet article : comment est-elle menée ? par qui ? quelles sont les questions qui guident
l’auteur dans la réalisation cette enquête ?
4. Résumez le parcours des 5 filles puis celui des 3 garçons. Qu’est-ce que leurs histoires ont en
commun ? qu’est-ce qui les différencie ?
5. Selon vous lequel des 8 enfants a connu vous la mobilité sociale ascendante la plus importante ?
Lequel a connu la mobilité la plus réduite ? Dites pourquoi.
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L’étude des trajectoires, le tableau chronologique : un exemple à partir du texte
du père d’Annie Ernaux (exercice à faire en cours)
1899 « Belle
Epoque »
Première
1914-1918 Guerre
mondiale
Années 1920
1928
Début
Années 1930 crise
économique
1931
1932
1936
Front populaire
1938
1939-1945
Seconde guerre
mondiale
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1940
1945 Libération,
reconstruction
1948
Années Période de
1950-1970 croissance
économique,
(« Trente développement
Glorieuses ») de la protection
sociale
Développement
du poujadisme
(mouvement
anti fiscal
A partir de réactionnaire –
1953 syndicat
commerçants
artisans – fort
sous 4ème
république)
1954-1962 :
guerre
d’Algérie
Période
d’allongement
de la scolarité
(collège).
1964
1967
1968 Manifestations
et grèves de
Mai 68
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L’étude de la parenté, de la transmission et les arbres généalogiques
Symboles utilisés par Chantal Collard et Françoise Zonabend dans La parenté, PUF, Que sais-
je ?, 2015
Exemple donné par Florence Weber dans Penser la parenté aujourd’hui, Éditions de l’ENS, 2013,
p 12 :
50
Glossaire
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Extraits de La vie ordinaire d’un soudeur. Pierre Rousselot raconte ses 30 ans dans la navale, par
Loïc Rousselot et Patrick Servain. Éditions de la maison des hommes et des techniques, Nantes,
2013, pp. 83-85.
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LEGENDE
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Guide d’entretien
L’entretien doit être réalisé avec une personne âgée afin d'identifier les transformations sociales au XXème siècle,
à travers l'évolution du statut social des membres de sa famille mais également à travers sa propre vie. L'idéal est
que l'enquêté.e ait au moins 65 ans (né.e avant 1957) ce qui correspond à une personne ayant très probablement
vécu les événements de Mai 68, et ayant traversé « les 30 glorieuses ». L’âge est la seule contrainte. Si l’enquêté.e
est né.e au cours des années 50, l’entretien reste possible. Homme, femme, héros ou personne ordinaire, proche
ou inconnu, c’est à vous de choisir.
L’entretien que vous allez réaliser doit vous permettre de déterminer et d’analyser avec précision la trajectoire
sociale de votre enquêté(e) dans ses multiples dimensions… mais aussi lui faire exprimer la perception qu’il a de
son positionnement social et de sa trajectoire.
Expliquez simplement la démarche : il s’agit d’un travail réalisé dans le cadre de vos études universitaires, où
vous allez demander à l’enquêté-e de raconter son parcours. Soyez clair quand vous vous présentez. Evitez « je
suis en L1 de sociologie » ou les termes « entretien » ou « trajectoires », qui sont trop techniques. Dites que ce
travail est lié à un cours sur les transformations sociales au XXeme siècle, en 1ere année de licence de sociologie,
et qu’il s’agit de recueillir un récit de vie, l’histoire d’une personne, son parcours.... Dès la prise de contact,
vous pouvez annoncer les grands thèmes du récit : sa histoire résidentielle, migratoire, professionnelle, scolaire,
d’où venaient ses parents, grands-parents et ce qu’ils faisaient…
Précisez que ce travail est avant tout pédagogique, et qu’il sera anonymisé, c’est-à-dire que le nom de la personne
ou son adresse seront modifiées de façon qu’elle ne puisse pas être identifiée.
Soyez très attentif aux réactions de la personne sollicitée lors de la prise de contact sur le thème que vous lui
annoncez (intérêt, gêne, amusement etc.), elles sont parfois révélatrices.
Pour observer le logement de l’enquêté, il est préférable de réaliser l’entretien à son domicile.
La préparation de l’entretien
Il faut relire le guide pour bien le connaître et pouvoir mener l’entretien comme une discussion, sans avoir besoin
de toujours relire vos questions.
Il faut bien préparer votre enregistreur numérique, le charger, le tester avant : beaucoup d’entretiens sont ratés
pour des détails pratiques. Entraînez-vous à l’utiliser.
Plus vous avez d’informations sur l’enquêté avant l’entretien, et mieux vous pourrez préparer le guide d’entretien.
Quand on interroge des dirigeants associatifs, des élus, des personnes ayant une visibilité publique, il est
indispensable de vous renseigner au préalable, par exemple en utilisant internet, pour éviter de poser des questions
trop naïves. Quand les personnes ont vécu des traumatismes ou des périodes très difficiles (guerres, maladies,
décès…) c’est bien de le savoir avant pour aborder ces points avec tact, ne pas « mettre les pieds dans le plat ».
On a distingué des rubriques dans le guide, mais il n’y a pas d’ordre à suivre, les thèmes sont tous liés !
Il faut laisser la personne raconter son histoire, et suivre le fil de la discussion pour poser des questions sur les
thèmes qui n’ont pas encore été abordés. Lors de l'entretien, laissez l'enquêté.e parler de ce qui l'intéresse. Ainsi,
il faudra faire attention à ne pas trop orienter leurs propos par l'intermédiaire de questions trop précises dès le
départ. Plus l’entretien se rapproche de la conversation ordinaire, moins il ressemble à un interrogatoire (de
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police, ou de travailleur social), plus il a de chance d’être riche. Essayez d’être le plus proche possible de
l’échange et de la rencontre. La personne âgée aura sans doute la volonté ou le désir de vous transmettre ce qu’elle
sait… Soyez bon public !
Il est important de garder à l'esprit que les enquêté.es cherchent souvent à construire une cohérence dans leur
trajectoire et parfois mettre de l’ordre là où il n’y en a pas beaucoup. Vous pouvez avoir le sentiment que
l’enquêté.e vous « roule dans la farine » ou vous « baratine », ou ne vous « dit pas tout », voire « vous cache des
choses »… L’objectif du sociologue n’est pas de dévoiler toutes les facettes d’un individu, mais de faire avec et
de saisir celles que la personne enquêtée veut bien lui laisser voir. Il est important que l’enquêté.e ne perde pas
la face pendant l’entretien, qui n’est ni un interrogatoire de police, ni une interrogation scolaire.
- recueillir des données clairement situées dans le temps (âge et date), et dans l’espace géographique. Ainsi par
exemple, n’hésitez pas à demander des précisions sur la localisation des entreprises où l’enquêté a travaillé ou
sur les écoles auxquelles il pouvait avoir accès là où il habitait, sur les transformations des espaces habités
(quartier, ville..), des services publics (école, transport..).
- essayer de comprendre les bifurcations, les changements de profession, les formations, les migrations, les
nouveaux départs. Il convient de demander des précisions et des explications quand la vie de l'enquêté prend un
autre cap et de se méfier du hasard.
Lors de l’entretien, vous allez enregistrer la conversation pour pouvoir travailler ensuite sur l’enregistrement, ce
qui vous évite d’avoir à prendre en notes l’entretien dans le détail. Il faut néanmoins venir à l’entretien avec un
carnet et prendre des notes. Ces notes visent à :
1/ consigner ce qui ne s’entend pas et ne sera pas sur l’enregistrement. Notez vos impressions (est-ce que ça s’est
bien passé, est-ce que la personne était gênée, intéressée, pourquoi ?) et ce que vous avez observé : les lieux (le
logement), les personnes (votre enquêté).
2/ organisez l’entretien, en notant les informations que vous donne l’enquêté.e et sur lesquelles vous aimeriez
des renseignements complémentaires, ou qui vous permettront de poser d’autres questions. Autre façon de faire :
surligner ou cocher pendant l’entretien, les points du guide abordés par l’enquêté.e, permet de mieux repérer ceux
qui n’ont pas été traités et donc d’organiser la conversation.
3/ Prêtez attention aux émotions et décrivez-les à la sortie de l’entretien. Pendant un entretien, vous pouvez avoir
le sentiment que l’enquêté est gêné, ce qui peut produire en retour une gêne de votre part. Certaines questions
peuvent faire émerger des souvenirs douloureux que vous n’aviez pas anticipé. Il faudra vous ajuster, et
éventuellement ne pas hésiter à vous excuser.
Notez toutes vos impressions sur le déroulement de l’entretien, une fois celui-ci terminé. Si vous n’avez pas le
temps de prendre des notes, enregistrez-le. Ces notes, même si elles vous paraissent subjectives et peut-être peu
légitimes, vous seront ensuite utiles pour analyser l’entretien.
Parfois les enquêtés ont besoin d’éléments matériels pour reconstituer leur trajectoire, se remémorer leur vie :
album photos, documents de famille, fiche de paie, lettres, articles de presse découpés… Laissez les faire, c’est
toujours très intéressant. Si vous interviewez des proches qui vous autorisent à scanner de tels documents ou
photographies, vous pouvez les intégrer à votre dossier final.
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Guide d’entretien
Ce guide n’est pas un questionnaire : il comporte des rubriques qui ne doivent pas être abordées dans
un ordre précis, mais se présentent sous forme de thèmes à aborder au cours de l’entretien, qui sont
grosso modo basés sur un déroulement chronologique.
Les questions de la fin en particulier, sur la perception de sa position sociale doivent être posées quand
cela paraît le plus pertinent dans la conversation, et pas nécessairement toutes d’un coup.
Il ne s’agit pas de reprendre les questions à la lettre, mais de les reformuler à votre façon.
Seule la première question qui ouvre l’entretien vous est proposée pour faciliter l’entrée en matière
(mais elle n’est pas obligatoire). Cette question doit permettre à la personne de commencer à raconter
son parcours et l’histoire de sa famille. Les réponses peuvent ensuite aller dans des directions très
différentes, par exemple continuer sur les parents et les grands parents, ou bien sur l’enfance de la
personne. Il faut s’adapter à la direction que prend la conversation, et ne pas chercher à suivre l’ordre
du guide.
Question initiale : Pouvez-vous me dire où et quand vous êtes né.e, et ce que faisaient vos parents
à ce moment-là ?
Guide
Eventuellement (si vous avez le temps) : situation des grands parents (en plus court)
Pour chaque grand parent :
métier occupé à fin de carrière, et avant ?
formation, diplômes ?
région ou pays d’origine ? nationalité ? si migration, la faire raconter, avec des dates
Enfance
Lieu de résidence des parents dans votre enfance : ville, quartier, type de logement ?
Quelles conditions de vie dans l’enfance ?
Nombre de frères et sœurs, leur âge par rapport à vous ?
Vos études
où se sont-elles déroulées
jusqu’à quel diplôme ?
comment se sont-elles passé ?
est-ce que vous auriez voulu aller plus loin ?
quels projets professionnels dans votre jeunesse ?
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Métiers
situation professionnelle actuelle
différents métiers occupés, y compris « petits boulots »
périodes de chômage ?
reprise d’études ou de formation continue ?
des projets ou envie de faire autre chose , quoi ?
Enfants
nombre et âge
situation et trajectoires scolaires et professionnelles des enfants
et des petits enfants ?
quels projets avez vous pour eux (enfants et petis enfants) ?
et éventuellement :
Comment caractérisez-vous votre milieu social d’origine et votre milieu social actuel ? par quel termes
caractérisez vous votre position dans la société ?
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Contenu du dossier final sur l’entretien biographique
Indiquez votre nom et numéro d’étudiant sur la première page. Paginez votre document et
relisez-vous en détail. La rédaction sera prise en compte dans la notation.
1. Compte rendu d’entretien (min. 1 page, max. 3 pages, time roman 12, intl 1,5)
- Comment s’est faite la prise de contact pour cet entretien ? quel est votre lien avec cette personne ?
- Où est quand s’est déroulé l’entretien ? Combien de temps a-t-il duré ? Est-il bien enregistré ? Qui
était présent ?
- Comment s’est déroulé l’entretien ? La personne était-elle à l’aise pour parler ? Et vous-
même comment vous sentiez-vous ? Avez-vous remarqué que certains thèmes étaient délicats à
aborder ? Quels sont les thèmes qui ont été le plus développés ? Pourquoi ?
- Y a-t-il selon vous des lacunes qu’il faudra compléter ? Si oui, lesquelles ?
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2 Fiche de synthèse des informations biographiques de votre enquêté.e (document préparatoire
pour le tableau chronologique et l’arbre chronologique).
Père Mère
Année de naissance (et évt décès) Année de naissance (et évt décès)
Niveau de diplôme obtenu (sinon : pas de diplôme ou inconnu) Niveau de diplôme obtenu (sinon : pas de diplôme ou inconnu)
Frère ou sœur 1 (de Frère ou sœur 2 Frère ou sœur 3 Frère ou sœur 4 Frère ou sœur 5
l’enquêté.e) Année de naissance Année de naissance Année de naissance Année de naissance
Année de naissance Niveau de diplôme, Niveau de diplôme, Niveau de diplôme, Niveau de diplôme, études
Niveau de diplôme, études en études en cours études en cours études en cours en cours
cours
Métier actuel Métier actuel Métier actuel Métier actuel Métier actuel
Métier exercé (si c’est Métier exercé (si Métier exercé (si c’est
Métier exercé (si c’est le cas) le cas) c’est le cas) le cas) Métier exercé (si c’est le
cas)
Petit Enfant 1 (de Petit Enfant 2 Petit Enfant 3 Petit Enfant 4 Petit Enfant 5
l’enquêté.e) Année de naissance Année de naissance Année de naissance Année de naissance
Année de naissance Niveau de diplôme, Niveau de diplôme, Niveau de diplôme, Niveau de diplôme, études
Niveau de diplôme, études en études en cours études en cours études en cours en cours
cours
Métier exercé (si c’est Métier exercé (si Métier exercé (si c’est Métier exercé (si c’est le
Métier exercé (si c’est le cas) le cas) c’est le cas) le cas) cas)
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Autres frères et sœurs si besoin :
-
-
Notes concernant événements marquants enfance et âge adulte : par exemple périodes de chômage, engagement
militant, changement d’orientation professionnelle, reprise d’études, travail gratuit effectué dans le cadre familial
(prise en charge enfants ou personnes âgées, tâches domestiques telles que ménage, jardinage, bricolage, repassage,
…)
-
-
-
3. Tableau chronologique
Pour parvenir à reconstituer ses trajectoires de façon chronologique et travailler leurs articulations vous
pouvez construire le tableau suivant ou un tableau adapté avec des intitulés de colonnes qui vous
conviennent mieux :
* Si la personne a vécu dans plusieurs pays vous pouvez faire une colonne par pays.
4. Arbre généalogique
Pour la construction de l’arbre relisez le cours à ce sujet. Il est souvent plus simple et plus précis de le
faire à la main puis de le scanner que de le faire directement sur votre ordinateur.
N’oubliez pas de l’accompagner d’une légende qui explique la signification des symboles et codes
utilisés (ego, femme, homme, alliance, séparation, filiation, liens entre germains (frères et sœurs), etc.).
Utilisez les prénoms des enquêté.e.s (ou inventez les) et l’initiale de leur nom de famille (par exemple
pour Yasmine Siblot : Yasmine S.), ou, si vous le souhaitez inventez des noms de famille. Vous devrez
trouver des noms et des prénoms sociologiquement équivalents (par exemple : Yasmine Serreau, ou
Leïla Serreau).
Indiquez pour chaque personne, quand vous les connaissez : sa date de naissance (et de décès le cas
échéant), son lieu/pays de naissance, ainsi que sa dernière profession ou sa profession actuelle et son
niveau de diplôme le plus élevé.
Utilisez les mêmes noms et prénoms que ceux indiqués dans le tableau !
5. Analyse de la mobilité sociale de l’enquêté.e (Min. 2 pages, max. 5 pages, time roman 12 intl
1.5)
Cette partie doit comporter une analyse de la mobilité sociale objective et de la mobilité sociale
subjective.
Tout d’abord à partir de caractéristiques objectives (professions, diplômes, conditions de vie) : comment
la situation sociale de la personne a-t-elle évolué au fil du temps, s’est-elle améliorée ou dégradée, et
en quoi ? Si on la compare à celle de ses parents ou de ses enfants : quelles sont les différences, y a t il
une ascension sociale ou un déclassement d’une génération à une autre ? Il s’agit à la fois de situer le
parcours de la personne dans un espace social plus large (classes populaires, moyennes, supérieures) et
de repérer les étapes qui scandent sa vie (ruptures mais aussi ce qui relève de l’héritage, de la
reproduction sociale).
Rendez compte également de la façon dont la trajectoire est vécue subjectivement : sentiment d’avoir
réussi ou au contraire sentiment d’échec, de déclassement, de ne pas être à sa place, sentiment d’injustice
… Repérez comment l’enquêté.e se positionne, se situe socialement, s’il se compare avec ses aprents,
frères et sœurs, voisins, collègues.
Utilisez les mêmes noms et prénoms que ceux indiqués dans l’arbre généalogique et le tableau !
Chosissisez quelques documents et photographies si vous en avez. Scannez les et intégrez les à votre
texte. Datez chaque document et donnez lui un numéro et titre (exemple : document n° 1 : photographie
de mariage de Y avec X, Bordeaux, 1962).
Utilisez les mêmes noms et prénoms que ceux indiqués dans l’arbre généalogique et le tableau !