Panneaux BD 3
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Taillées pour
la récolte du pollen
Tout comme de nombreux insectes, les abeilles sont des pollinisateurs. Les
abeilles récoltent nectar et pollen pour nourrir leurs larves et leur colonie, et
ce faisant, elles permettent aux plantes de se reproduire en disséminant leurs
gamètes (cellules sexuelles) d’une fleur à l’autre. Grace à elles, les fleurs de-
viennent des fruits et des légumes...
Tandis que le nectar est absorbé avec la langue et stocké dans le jabot, une
sorte d’estomac qui ne le digère pas, le pollen, lui, est collecté grâce aux pattes
et aux poils plus ou moins denses et durs, et répartis différemment selon les
espèces. Seules les femelles sont équipées pour récolter le pollen.
L’espèce d’abeille la plus connue est celle utilisée en apiculture, Apis mellifera,
celle qui produit du miel, aussi appelée abeille domestique. Elle appartient à la
famille des Apidés, qui ont une longue langue.
Poussoir
Brosse
Hanche
Fémur
Tibia
Corbeille
Apis mellifera, l’abeille à miel, est une abeille sociale qui vit en colonie. Les abeilles, d’astucieuses petites machines à récolter le pollen.
POLLINIS est une ONG indépendante qui se bat pour la protection des abeilles
et des pollinisateurs sauvages en militant notamment pour une agriculture sans pesticide en Europe.
Financée exclusivement grâce aux dons des citoyens, POLLINIS est une association loi 1901 sans but lucratif.
plus d’infos : www.pollinis.org
Pollinisation et agriculture
Une indispensable histoire d’amour entre les abeilles et les fleurs
Un service essentiel
à l’agriculture
La pollinisation est d’une importance capitale pour la production agricole. Ce
service équivaut à environ 10 % de la valeur de l’ensemble de la production ali-
mentaire mondiale.
Sauvages ou domestiques, les abeilles sont les actrices majeures de cette ac-
tivité essentielle à la qualité et au rendement des productions agricoles. Sans
les butineuses, la plupart des cultures n’atteindraient pas une production sa-
tisfaisante.
L’abeille, délicate et mobile, s’est révélée être la compagne idéale des fleurs
pour assurer leur reproduction. La co-évolution entre ces butineuses et les
plantes fleuries, sur environ 100 millions d’années, s’est fondée sur un échange
de bons procédés : pour les abeilles, une source de nourriture (le nectar et le Les abeilles,
pollen) ; pour les fleurs, le déplacement des grains de pollen.
nouvelles esclaves
Les abeilles sont des vecteurs de pollen particulièrement efficaces et précis. de l’agriculture industrielle ?
Elles sont pourvues de sensilles (poils) sur tout leur corps, auxquels des di-
zaines de milliers de grains de pollen s’accrochent. En visitant les différentes Les hommes ont commencé à fournir un toit aux abeilles pour pouvoir
fleurs pour recueillir le nectar, les abeilles en déposent de grandes quantités prélever une partie de leur miel, seule source de sucre disponible. La
sur les stigmates des fleurs et assurent ainsi la fécondation des plantes, qui pollinisation des cultures se faisait alors naturellement car on trouvait
deviendront des fruits et des légumes. partout des pollinisateurs en abondance.
Les fleurs ont développé d’extraordinaires stratégies de séduction pour attirer Avec l’agriculture industrielle intensive, la pollinisation est devenue un
les butineuses : le parfum, le nectar sucré produit en quantité suffisante pour enjeu majeur pour les producteurs. A cause de l’utilisation massive de
être régulièrement visitée par plusieurs abeilles, l’apparence… Aucune fleur pesticides, les immenses cultures homogènes sont devenues de véri-
n’est négligée par les abeilles, toutes ont une chance d’être visitées. Mais elles tables déserts biologiques : tous les auxiliaires (lombrics, oiseaux, pol-
sont toutes en concurrence pour attirer les abeilles dans leurs corolles ! linisateurs…) sont progressivement éradiqués. Or, sans pollinisation, les
rendements s’effondrent. Ce service rendu par la nature, essentiellement
Les abeilles mellifères par exemple, qui vivent en colonies, se transmettent les par les abeilles, est désormais chiffré : 178 milliards de dollars par an*.
coordonnées de tous les nouveaux emplacements fleuris. Pratiquement, au-
cune fleur n’échappe à leur vigilance. La quantité de fleurs butinées, la mo- Les abeilles ne sont plus uniquement exploitées pour leur miel mais de
bilisation rapide du nombre adapté de butineuses à l’intérieur de la colonie, plus en plus pour la pollinisation elle-même. L’exemple le plus frappant
l’énorme capacité d’adaptation de chaque ouvrière et de toute la colonie à la est la culture intensive des amandiers aux Etats-Unis. Là-bas, les api-
« situation florale» rencontrée dans les champs, font des abeilles le partenaire culteurs vendent aux arboriculteurs la pollinisation de leurs abeilles.
idéal des plantes à fleurs. Ils déplacent leurs ruches dans les interminables champs d’amandiers,
par ailleurs copieusement traités aux pesticides. Les abeilles pollinisent
comme des esclaves, désorientées et épuisées. Leur miel est ensuite
L’abeille à miel : récolté industriellement en totalité. Les colonies qui ne survivent pas aux
déplacements et aux récoltes brutales de miel sont automatiquement
championne de la pollinisation remplacées.
*Source : INRA 2016
En un jour, une seule colonie d’abeilles à miel peut visiter plusieurs mil-
lions de fleurs ! Au mieux de sa forme, une abeille peut visiter jusqu’à
3 000 fleurs par jour, et une belle colonie d’abeilles peut abriter de 30 à
40 000 individus... Petit calcul : même en admettant que dans cette colo-
nie, seules 2 000 abeilles iront butiner, environ 6 000 000 de fleurs seront
visitées et fécondées dans la journée !
Les abeilles (apoïdes apiformes) sont capables de butiner 170 000 es-
pèces de plantes à fleurs différentes. Parmi elles, 40 000 dépendraient
exclusivement des abeilles pour exister.
Source : L’Etonnante abeille, Jürgen Tautz, 2009.
© TV5 monde
© Louis Sauvignet
Les cultivateurs d’amandiers en Californie utilisent les abeilles pour la pollinisation de leurs
arbres à une échelle industrielle.
Les insectes de la super-famille des Apoïdes sont les pollinisateurs les plus efficaces.
POLLINIS est une ONG indépendante qui se bat pour la protection des abeilles
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L’apiculture au fil des saisons
Un lien millénaire entre l’abeille domestique et les hommes
Toit
Couvre cadre
Hausse
© lubman04
L’apiculteur veille sur ses abeilles et ne doit pas trop les déranger.
Cadres
Printemps
En février-mars, les abeilles commencent à se réveiller de leur hivernage et
les apiculteurs peuvent effectuer la visite de printemps : ils ouvrent la ruche Corps
pour voir si ses habitantes sont en forme et ont bien passé l’hiver. La reine re-
commence à pondre et les abeilles épuisent leurs dernières réserves de miel. Entrée
Dans les champs, les premières fleurs apparaissent : buis, saule, prunellier,
amandiers… En zone méditerranéenne, les arbres fruitiers – pêchers, pruniers,
abricotiers, cerisiers… - commencent à avoir besoin des butineuses pour être
pollinisés et ainsi pouvoir transformer leurs fleurs en fruits savoureux.
Plan d’envol
En avril, les abeilles butinent aubépines, pissenlits, trèfles… Elles effectuent le
travail de fécondation des vergers des pommiers et poiriers. La colonie s’agran-
dit, les faux-bourdons (ou abeilles mâles) apparaissent, et l’essaimage peut L’intérieur d’une ruche, abri artificiel des abeilles.
d’ores et déjà se produire : la colonie se scinde en deux et une partie s’exile
avec l’ancienne reine. L’apiculteur peut récupérer les essaims fugueurs en les
capturant dans des ruchettes vides mises à proximité des colonies.
En mai, les journées longues permettent aux abeilles de ramener plus de pollen
Automne
et de nectar à la ruche. En zones de grandes cultures, le colza est en fleurs. Les floraisons tardives permettent un ultime approvisionnement des abeilles.
Dans le Midi, le thym, la bruyère blanche et le ciste attirent les butineuses. La colonie commence déjà à préparer l’hivernage, période pendant laquelle les
abeilles ne sortent plus. La reine reprend sa ponte pour remplacer les abeilles
Au printemps, les ruches sont pleines de pollen, de nectar et de miel. L’api- d’été qui vont bientôt mourir par les abeilles d’hiver (moins nombreuses). Les
culteur peut faire une première récolte (acacia, thym, pissenlit…). Il doit aussi dernières réserves de miel sont emmagasinées au cœur de la ruche.
surveiller l’état sanitaire de la ruche et du couvain (les œufs et larves d’abeilles).
C’est le moment où l’apiculteur protège ses ruches avant l’hiver, contre l’hu-
midité (en isolant la ruche du sol), le vent (en fixant le toit avec une pierre par
exemple), le froid (en plaçant un isolant thermique sous le couvercle de la
ruche), les rongeurs (en disposant des grilles d’entrée)…
Hiver
La période hivernale est la moins active. Dans la ruche, les abeilles forment
une grappe pour se tenir chaud et consomment leurs réserves de miel. Les
abeilles, sensibles au froid, ne sortent que par une belle journée pour effectuer
des vols de propreté (elles vont déféquer). Si elles se posent dans la neige, elles
y meurent frigorifiées.
Août : les abeilles prennent le pollen sur les maïs. Elles se nourrissent du miel-
© Pompi
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Les abeilles
se cachent pour mourir
Qu’est ce qui décime les abeilles partout dans le monde ?
Cet inquiétant phénomène pourrait avoir des effets catastrophiques sur la pro-
duction agricole mondiale, car les abeilles sont des pollinisateurs essentiels à
la survie de nombreuses espèces de plantes.
Hécatombe en France
Le taux de mortalité annuel cumulé des abeilles est naturellement de
l’ordre de 5 à 10 %.
Mais en France, comme dans de nombreux pays, ce taux de mortalité
atteint des niveaux catastrophiques :
© C.T erres
La Bretagne perd ainsi chaque année un quart de ces colonies, et dans
certaines régions - Midi-Pyrénées ou Centre – ces taux dépassent même Le varroa est un parasite vorace, très répandu en France.
les 30%...
Sources : Epilobee (European Union Reference Laboratory for Honeybee Health), 2014
et ITSAP, 2013. - La loque américaine, une bactérie qui affecte le couvain (les larves d’abeilles).
- La noséma, un champignon qui infecte l’intestin de l’abeille et finit par la tuer.
Toutes ces maladies sont aggravées lorsque les abeilles sont exposées aux pes-
ticides. De la même façon, les abeilles fragilisées par ces maladies deviennent
ATTAQUéES DE TOUTE PART plus sensibles aux pesticides…
La surmortalité des abeilles s’explique par un ensemble de facteurs qui, com- Le frelon asiatique
binés entre eux, provoquent des synergies mortifères.
Arrivée en France en 2004, cette espèce invasive ne cesse de se propager
sur le territoire européen. Redoutables prédateurs, ces frelons attendent les
Les pesticides butineuses chargées de pollen devant la ruche, sectionnent leur abdomen et
l’emportent pour nourrir leurs larves. Les abeilles n’osent plus sortir et ne rap-
Ils sont l’une des causes principales du déclin des abeilles. Largement utilisés portent plus assez de nourriture pour la ruche. Si les abeilles sont de surcroît
dans les champs, ils affectent par exemple l’orientation des pollinisateurs : les affaiblies par une maladie ou des pesticides, toute la ruche finit par disparaître.
abeilles ne retrouvent plus leur ruche, se perdent et meurent. Leur utilisation
massive détruit aussi les plantes sauvages en bordure des champs qui permettent
aux abeilles et aux pollinisateurs sauvages de diversifier leur alimentation.
© The Detox Project
Les pesticides sont l’une des premières causes de mortalité des abeilles dans le monde.
La monoculture
© Danel Sollabarrieta
Le fait de ne cultiver qu’une seule espèce de plante sur de très grandes surfaces
appauvrit la diversité du régime alimentaire dont l’abeille a besoin. Une fois la
floraison de la culture terminée, les abeilles sont condamnées à parcourir de
très longues distances pour trouver pollen et nectar. Elles s’épuisent et s’af-
faiblissent. Le frelon asiatique attaque les abeilles à leur retour à la ruche.
© Getty Images
Le changement climatique
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Sauvons les abeilles !
Pour une agriculture et une apiculture responsables
Des systèmes fondés sur le travail du sol plutôt que sur le désherbage
chimique.
Le système agricole actuel, La mise en place d’une économie circulaire, dans lequel la ferme produit
funeste pour les pollinisateurs ses propres ressources (engrais naturel issu de l’élevage, replantation des
semences sélectionnées à la ferme…).
Une apiculture
qui respecte l’abeille
© POLLINIS
Le système agricole industriel n’est plus tenable : cultures homogènes et fragiles, résistance des
bioagresseurs aux pesticides…
L’agriculture est donc ainsi prise dans une spirale toxique de dépendance
chimique : à mesure qu’augmentent les résistances des insectes ravageurs, les Les ruches doivent être placées dans leur milieu naturel, fleuri et sans pesticides.
firmes agrochimiques développent des produits de plus en plus nocifs, et les
agriculteurs sont contraints de les combiner ou d’augmenter les doses pour Parmi les multiples facteurs qui contribuent à la disparition massive des abeilles
venir à bout d’insectes toujours plus résistants. se trouvent certaines pratiques apicoles. Dans les pays industrialisés, une fi-
lière apicole est en train de se mettre en place, qui tend lentement à industria-
Pendant ce temps, les organismes essentiels à l’agriculture, eux, sont éradi- liser l’apiculture, comme l’agriculture avant elle. Les apiculteurs et les citoyens
qués progressivement, aggravant ainsi les risques de maladies et d’attaques doivent être vigilants pour ne pas faire de l’abeille un animal de batteries.
de bio-agresseurs. L’utilisation de ces insecticides provoque des dommages
dont l’ampleur est confirmée par de nombreuses études indépendantes. Ils
déciment notamment un grand nombre d’animaux non-ciblés, des organismes
indispensables à la quantité, à la variété et à la qualité des productions agri- Les bonnes pratiques apicoles
coles. Parmi eux, les vers de terre, papillons, oiseaux, et aussi les abeilles et les
pollinisateurs sauvages…
Placer ses ruches dans un milieu naturel sain, sans pesticides, et proches
de plantes mellifères qui attirent les abeilles et leur permettent de produire
beaucoup de miel.
l’agro-écologie
pour préserver les abeilles Ne pas transhumer ses ruches, c’est-à-dire les déplacer aux endroits où
sont les ressources alimentaires des abeilles. La transhumance met en contact
un grand nombre d’abeilles entre elles ce qui favorise la transmission de mala-
dies. Elle épuise aussi les colonies d’abeilles qui sont sans cesse stimulées par
un nouvel environnement riche en ressources.
Selon l’ONU, l’agro-écologie permet ainsi d’obtenir des rendements importants, par-
fois supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle*. Cette méthode réhabilite en
effet les services environnementaux normalement rendus par la nature et dont les
cultures bénéficient, comme la pollinisation. Les chercheurs de l’Institut national de
© POLLINIS
la recherche agricole (INRA) évaluent ce service pour l’économie mondiale à 178 mil-
liards de dollars par an.
*Etude de l’International panel of experts on sustainable Food systems (IPBES), 2016. Autant que possible, les apiculteurs doivent utiliser l’abeille locale, l’abeille noire.
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Sauver notre abeille locale
L’abeille noire, une perle de plus en plus rare
Intérêt écologique
Les pollinisateurs ne sont pas interchangeables : ils ne vivent pas dans les
mêmes milieux ni aux mêmes périodes de l’année et butinent des fleurs dif-
férentes en fonction de la longueur de leurs trompes. Plus adaptée au climat
local, l’abeille noire va assurer une pollinisation plus constante, régulière et
variée que les sous-espèces importées.
© Hubert Guerriat @Mellifica
Intérêt économique
Comment protéger
Une merveille d’adaptation l’abeille noire ?
Vive, frugale et résistante, l’abeille noire est présente des Pyrénées à la Scan-
dinavie depuis un million d’années environ. De couleur brun noir, elle est plus En accélérant la transition vers un modèle agricole qui ne repose plus sur
sombre que les autres sous-espèces européennes et plus grande, avec un ab- le tout-pesticide mais favorise la biodiversité,
domen particulièrement large et volumineux. Sa trompe est relativement courte
et ses nombreuses sensilles (poils) en font une excellente récolteuse et dis- En revalorisant les qualités de l’abeille noire auprès du grand public, du
séminatrice de pollen. Elle assure ainsi la survivance de nombreuses plantes politique et des apiculteurs,
sauvages et contribuant aux rendements et à la qualité d’une grande partie des
productions agricoles. En encourageant l’élevage de reines et la production locale d’essaims au-
près des professionnels,
Particulièrement bien adaptée au climat européen, cette abeille locale est plus
résistante aux maladies et les ouvrières sont reconnues pour leur longévité. En repensant les dogmes en matière de rentabilité apicole et en menant des
Elle est capable de faire face aux conditions extrêmes de l’hiver : la taille de la études sur la rentabilité d’une apiculture à base d’abeilles noires comparée à
colonie diminue alors et les abeilles consomment leurs réserves de miel avec une apiculture à base d’abeilles étrangères,
parcimonie, un processus de régulation qui augmente leurs chances de survie
En créant des conservatoires d’abeilles noires, comme il en existe déjà
une quarantaine en Europe, une zone définie au sein de laquelle les colonies
d’abeilles sont préservées dans le respect de l’espèce.
Le genre Apis comprend quatre groupes d’espèces dont Apis mellifera,
ou « abeille porteuse de miel », l’abeille que l’on trouve notamment
en Europe. Elle est venue d’Orient il y a un million d’années environ et
a donné quatre lignées évolutives principales. L’abeille noire, ou Apis
Pour valoriser et préserver l’abeille noire, une dizaine de conserva-
mellifera mellifera est donc une sous-espèce de l’une de ces lignées.
toires en France ont créé en décembre 2015, la Fédération européenne
des Conservatoires de l’abeille noire (FEdCAN) avec le concours de
l’ONG POLLINIS et de Lionel Garnery, chercheur du CNRS, spécialiste
de la génétique de l’abeille noire.
Disparition annoncée
Outre les multiples facteurs qui déciment les colonies d’abeilles à travers le
monde, des menaces spécifiques pèsent sur l’abeille noire.
On reproche aussi à l’abeille noire de produire peu de miel. Mais les connais-
seurs savent que ce supposé faible rendement est largement compensé par la
frugalité de cette butineuse et par le peu d’interventions qu’elle nécessite. C’est
aussi une abeille constante : les butineuses noires travaillant aussi par mauvais
temps et étant plus performantes sur les floraisons précoces et tardives.
L’importation massive
d’essaims
Du fait de cette réputation d’abeille nerveuse et peu productive, et en l’absence
de marché local d’abeilles noires, les apiculteurs professionnels français se
sont tournés vers l’importation de sous-espèces aux rendements plus impor-
tants à court terme. Il n’existe aucune mesure légale nationale ou européenne
qui permette de réguler ces importations d’un point de vue génétique.
© Matthias Nuß
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Comment choisir son miel ?
Et ne pas transformer l’abeille en animal de batterie…
Avec ces mélanges importés, le risque est plus grand de tomber sur du mau-
vais miel. Car au moins 10 % du miel contrôlé et commercialisé en France est
frauduleux. Le miel est un produit facilement falsifiable : il est facile et bon mar-
ché de le couper avec du sucre. Avant que la loi n’impose un taux maximum
(5g/100g de miel), les fraudeurs y ajoutaient du saccharose. Aujourd’hui ils
optent pour des sirops industriels provenant d’amidon hydrolysé, qui échappe
toujours à la réglementation.
Les conditionneurs de miel peuvent également mélanger des miels qui ne sont
pas de l’année. Or, contrairement aux vins, les miels ne se bonifient pas avec
l’âge... Pour deux miels de même nature, le meilleur sera le plus fraîchement
récolté.
Des abeilles spécialisées operculent les alvéoles avec de la cire afin que le miel garde toutes
ses propriétés.
© JPS68
seulement elles pollinisent les fleurs qui, grâce à elles, deviendront fruits ou
légumes, mais en plus elles produisent le miel. Pour se faire, elles butinent le Pour le bien-être des abeilles, privilégier le miel toutes fleurs.
nectar et le stockent dans leur jabot, un estomac spécial dans lequel il n’est pas
digéré mais mêlé à de la salive et à des sucs digestifs. De retour à la ruche, elles On trouve sur le marché des miels monofloraux (acacia, colza, lavande, thym
le régurgitent à des abeilles receveuses qui, après avoir reproduit plusieurs fois etc.) et des miels polyfloraux (toutes fleurs). Les premiers posent plusieurs
le même processus, stockent le nectar ainsi traité dans des alvéoles. problèmes :
Le miel est alors longuement déshydraté par des ouvrières ventileuses qui Leur production se fait dans un milieu présentant une grande homogénéité
battent des ailes jusqu’à ce que l’eau ne représente plus que 18% de son poids. de fleurs et donc un régime alimentaire moins riche pour les abeilles.
Ensuite, d’autres abeilles spécialisées operculent les alvéoles avec de la cire
afin qu’il garde ses propriétés. Le miel sera utilisé durant l’hiver pour nourrir Pour aller chercher des essences particulières de fleurs, les apiculteurs
les larves et la colonie. ont souvent recours au déplacement des ruches (transhumance), qui contrarie
le cycle biologique naturel des abeilles et contribue à affaiblir la colonie.
Un produit sain et nutritif Pour mieux garder le parfum de la fleur, certains apiculteurs ont tendance
à récolter le miel avant l’operculation, une pratique répandue en apiculture
intensive qui entraîne un taux d’humidité dans le miel anormalement élevé et
Quelques semaines après l’operculation, les propriétés nutritives, antisep- des conséquences sur sa conservation : il fermente rapidement et devient im-
tiques et cicatrisantes du miel sont optimales. Ces multiples propriétés sani- propre à la consommation.
taires, reconnues depuis des millénaires, sont intimement liées à sa fonction : le
miel constitue la seule source d’alimentation des fragiles larves d’abeilles, dont
il doit aussi renforcer les défenses immunitaires (la gelée royale sécrétée par
les abeilles nourricières est réservée à la reine et aux futures reines). Non au gavage des
abeilles !
composition du miel L’apiculteur ne peut pas prélever tout le miel d’une colonie sans la faire mou-
rir. Il doit au contraire estimer pour chaque ruche la quantité nécessaire à ses
abeilles pour subsister, notamment l’hiver. A cette période de l’année, les fleurs
de sucres (glucose, fructose, saccharose et de
80 % nombreux sucres spécifiques)
se font rares et les apiculteurs nourrissent parfois leurs abeilles affaiblies avec
des solutions sucrées qu’elles transformeront en miel.
18 % d’eau Mais les apiculteurs industriels on tendance à sur-nourrir leurs abeilles, même
quand les conditions sont clémentes, dans le seul but d’augmenter leur pro-
duction. Or le miel issu de ces sirops ne présentent pas les mêmes qualités
de produits divers : pollen, acides aminés, vita-
2% mines, oligoéléments...
nutritives que celui issu du nectar des fleurs. Le meilleur miel est donc celui qui
est produit durant le printemps et pendant l’été, lorsque les fleurs sont les plus
abondantes et qu’il pleut moins.
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