Corrige 18
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Corrige 18
par
Weierstrass a montré en 1885 que si [a, b] est un intervalle de R, alors toute fonction
continue f : [a, b] → R est limite uniforme de polynômes. L’essentiel du problème est
inspiré par la question : quelles fonctions continues sur [a, b] sont limites uniformes de
polynômes à coefficients entiers? Le premier résultat dans cette direction est dû à Pál,
qui a montré en 1914 que si 0 < a < 1, alors une fonction continue f : [−a, a] → R est
une limite uniforme de polynômes à coefficients entiers si et seulement si f (0) ∈ Z. La
même année, Kakeya a traité le cas de l’intervalle [−1, 1] (voir la question 4.12) et des
intervalles de longueur ≥ 4 (question 3.6). Après d’autres résultats partiels dus à divers
auteurs, le résultat général (qui fait l’objet des questions 4.11 et 7.7) a été démontré
par Hewitt et Zuckerman en 1959 dans [HZ59]. Nous renvoyons à [HZ59], à l’article
de survol [Fer06] et à la monographie [Fer80] (en particulier les notes historiques et
remarques) par Le Baron O. Ferguson pour plus de références, ainsi qu’à [Ber00] dont
le problème est en grande partie inspiré.
1.4. Comme f (xi ) = q(xi ) et comme f et q sont des fonctions continues, pour tout i il
existe δi tel que |f (x) − q(x)| < ε si |x − xi | < δi . On prend alors δ = mini δi .
1.5. Si x ∈ Uδ , alors |f (x) − pt (x)| = |(1 − t)(f − p)(x) + t(f − q)(x)| ≤ (1 − t)m + t|(f −
q)(x)| ≤ (1 − t)m + tε. Si x ∈ / Uδ , alors |f (x) − pt (x)| ≤ |f (x) − p(x)| + t|p(x) − q(x)| ≤
t` + supy∈I\Uδ |f (y) − p(y)|.
1.6. La fonction y 7→ f (y) − p(y) est continue sur I \ Uδ qui est compact, et elle y admet
donc un maximum m0 . On a m0 < m, comme Uδ contient tous les xi . Prenons ε < m/2 et
0 < t < 1 tel que t`+m0 < m. Si x ∈ Uδ , alors |f (x)−pt (x)| ≤ (1−t)m+tm/2 = m(1−t/2)
/ Uδ , alors |f (x)−pt (x)| ≤ t`+m0 . On voit donc que kf −pt kI < m, contradiction.
et si x ∈
L’équation |f (x) − p(x)| = m admet donc au moins n + 2 solutions distinctes dans I.
1.7. Soit p = (p1 + p2 )/2. On observe que kf − pkI = m. L’équation |f (x) − p(x)| = m
admet au moins n + 2 solutions distinctes dans I par la question précédente. Si x est une
telle solution, alors l’inégalité |(f − p1 )(x)/2 + (f − p2 )(x)/2| ≤ |(f − p1 )(x)/2| + |(f −
p2 )(x)/2| est une égalité et donc (f − p1 )(x)/2 = (f − p2 )(x)/2 = ±m. Ceci implique que
p1 (x) = p2 (x). Les deux polynômes p1 et p2 sont de degrés au plus n et coïncident en au
moins n + 2 points, ils sont donc égaux.
2.1. Soit f la fonction f (x) = xn . Le même raisonnement qu’en 1.1 montre que la
fonction g 7→ kf −gkK , de Rn−1 [X] dans R, admet un minimum en un point g ∈ Rn−1 [X].
On peut alors poser p = f − g, qui est un polynôme unitaire de degré n. Si K = [a, b],
alors g (et donc p) est unique par le résultat principal de la partie précédente.
M = max0≤r≤a−1 `r et q0 tel que M/q0 < ε/2. On a alors `qa+r < ε/2 + M/q < ε pour
q ≥ q0 et donc `n < ε pour tout n ≥ q0 a en écrivant n = qa + r.
Le raisonnement pour ` = −∞ est similaire.
2.6. Quel que soit p unitaire de degré n, le déterminant de la matrice est, par opérations
élémentaires sur les colonnes, le même que pour p(X) = X n . Ce déterminant est alors de
Vandermonde et vaut 1≤i<j≤n+1 (xj −xi ). On en déduit l’égalité demandée en choisissant
Q
Par ailleurs, on a wn+1 ≤ (n + 1)wn tn par la question 2.6 et ceci implique par le même
genre de raisonnement que d2 (K) ≤ d1 (K).
3. Polynômes de Tchebychev
3.1. Le polynôme est unique car cos(θ) parcourt l’intervalle [−1; 1] et deux polynômes
qui coïncident sur [−1; 1] sont égaux.
Montrons l’existence; on a cos(nθ) + i sin(nθ) = (cos(θ) + i sin(θ))n et donc cos(nθ) =
Pbn/2c
n Pbn/2c
n
k=0 cos(θ)n−2k (−1)k sin(θ)2k 2k
= k=0 cos(θ)n−2k (cos(θ)2 − 1)k 2k
. On peut donc
Pbn/2c n−2k 2
k n
prendre Tn (X) = k=0 X (X − 1) 2k .
Pbn/2c n
Ce polynôme est de degré au plus n et le coefficient de X n est k=0 2k
> 0. Le
polynôme Tn est donc de degré n.
Pbn/2c n Pn
n Pn
n
3.2. Le coefficient de X n est k=0 2k
. On a j=0 j
= (1 + 1)n et j=0 (−1)
j
j
=
n Pbn/2c n n−1 1−n
(1 − 1) = 0 ce qui fait que k=0 2k
= 2 . Le polynôme 2 Tn est donc unitaire.
Si x ∈ [−1, 1], alors on peut écrire x = cos(θ) avec θ ∈ [0, π] d’une et une seule manière.
On en déduit que kTn k[−1,1] = 1, et que si x ∈ [−1, 1], alors Tn (x) = ±1 précisément
quand x est de la forme cos(kπ/n) avec 0 ≤ k ≤ n. La restriction du polynôme 21−n Tn à
l’intervalle [−1, 1] admet donc n + 1 extrema dans cet intervalle.
3.3. Si x ∈ [−1, 1], alors Tn (x) = ±1 quand x est de la forme cos(kπ/n) avec 0 ≤ k ≤ n.
On en déduit que si kf − qkI < 21−n , alors 21−n Tn (x) − (f − q)(x) est strictement positif
quand x = cos(θ) avec θ = 0, 2π/n, . . . et strictement négatif quand x = cos(θ) avec
θ = π/n, 3π/n, . . . Ceci implique que 21−n Tn − (f − q) change de signe au moins n fois
dans [−1, 1], et admet donc au moins n racines distinctes dans [−1, 1].
Comme 21−n Tn et f − q sont unitaires de degré n, le polynôme 21−n Tn − (f − q) est de
degré au plus n−1. S’il a au moins n racines, c’est qu’il est nul. Comme k21−n Tn kI = 21−n ,
on a une contradiction. Donc kf − qkI ≥ 21−n .
On déduit de ceci que kTnI kI ≥ 21−n . Comme par ailleurs, k21−n Tn kI = 21−n , on en
déduit que kTnI kI = 21−n , et par unicité de TnI , on a TnI = 21−n Tn .
n
b−a
Ceci implique kTn[a,b] k[a,b] = 2 4
et d1 ([a, b]) = limn→+∞ 21/n (b − a)/4 = (b − a)/4.
4.1. Si l’on avait kpkI ≥ 1 pour tout polynôme unitaire, alors on aurait tn ≥ 1 pour
tout n et donc (b − a)/4 = d1 ([a, b]) = limn→+∞ t1/n
n ≥ 1.
4.3. Montrons par récurrence sur n le résultat suivant: si q est un polynôme de degré n,
il peut s’écrire q = r + z + t, où chacun des polynômes r, z, t est de degré ≤ n, r est de
la forme 0≤i≤d−1, `≥`0 bi,` X i p(X)` avec les bi,` dans [0, 1] (la condition sur le degré de r
P
revient alors à demander que bi,` = 0 pour d`+i > n), z est à coefficients entiers, et t est de
degré au plus m−1 et à coefficients dans [0, 1]. Lorsque n < m, il suffit de décomposer les
coefficients de q en leur partie entière et leur partie fractionnelle, et de prendre r = 0. Si
n ≥ m, écrivons n = d`+i avec 0 ≤ i ≤ d−1 et ` ≥ `0 , et soit an le coefficient dominant de
q. On peut alors écrire an X n = (an −ban c)X i p(X)` +ban cX n −(an −ban c)(X i p(X)` −X n ).
On écrit q − an X n − (an − ban c)(X i p(X)` − X n ) = r + z + t en appliquant l’hypothèse de
récurrence, et on obtient la décomposition q = ((an −ban c)X i p(X)` +r)+(ban cX n +z)+t.
Pour obtenir le résultat demandé, on applique ceci à q = p(X)k − X kd , et on pose
rk = r, zk = z + X kd , pk = t.
0
4.4. On a kzk0 − zk kI ≤ krk0 − rk kI + kpk − pk kI + kpk0 − pk kI .
Comme kpkI < 1, on a krk kI ≤ (1 + kXkI + · · · + kX d−1 kI )(kpk`I0 + kpk`I0 +1 + · · · ) ≤
(1 + kXkI + · · · + kX d−1 kI ) · kpk`I0 /(1 − kpkI ). Il existe donc `0 tel que krk kI < 1/6
et donc krk0 − rk kI < 1/3. Ensuite, il existe k0 tel que kpk kI < 1/6 si k ≥ k0 et donc
0
kpk −pk kI < 1/3 si k, k 0 ≥ k0 . Enfin comme pk est de degré au plus m−1 et à coefficients
6 LAURENT BERGER & SANDRA ROZENSZTAJN
dans [0, 1], le principe des tiroirs implique qu’il existe k 0 > k ≥ k0 tels que les coefficients
de pk0 et pk sont suffisamment proches pour que kpk0 − pk kI < 1/3.
On en déduit que q = zk0 − zk est un polynôme unitaire non constant à coefficients
entiers vérifiant kqkI < 1.
4.5. Dans le premier cas, le polynôme p(X) = X est à coefficients entiers et vérifie
kpkI < 1. On a donc J(I) ⊂ {0}. Réciproquement, si p est à coefficients entiers et vérifie
kpkI < 1, alors p(0) ∈ Z et |p(0)| < 1, ce qui fait que p(0) = 0. On a donc J(I) = {0}.
Dans le deuxième cas, le polynôme p(X) = X 2 (1 − X 2 ) est à coefficients entiers et
vérifie kpkI = 1/4 < 1. On a donc J(I) ⊂ {−1, 0, 1}. Réciproquement, si p est à
coefficients entiers et vérifie kpkI < 1, alors p(−1) = p(0) = p(1) = 0 comme ci-dessus et
donc J(I) = {−1, 0, 1}.
4.7. Par la question 4.4, on a un polynôme q qui est unitaire non constant à coefficients
entiers et qui vérifie kqkI < 1. L’ensemble J(I) est un sous-ensemble des racines de q. Si
on a égalité, c’est terminé. Sinon, soit m le nombre de racines de q qui ne sont pas dans
J(I). Soit qm = q et x tel que qm (x) = 0 et x ∈ / J(I). Il existe donc un polynôme px à
2n
coefficients entiers tel que kpx kI < 1 et px (x) 6= 0. Si n ≥ 1, alors le polynôme qm + p2x
est à coefficients entiers, vérifie kq 2n + p2x kI < 1 pour n 0, et est unitaire pour n 0.
2n
Fixons un tel n et posons qm−1 = qm + p2x . L’ensemble des racines de qm−1 est inclus
dans celui des racines de qm privé de x. Ceci permet de construire le polynôme q = q0
par récurrence descendante sur m.
4.8. Si b(X) est un polynôme, soit bbc(X) le polynôme dont les coefficients sont les
parties entières des coefficients de b et {b}(X) = b(X) − bbc(X). Écrivons p(X) =
b0 (X)+b1 (X)q(X)+· · ·+bm (X)q(X)m comme dans la question 4.2. Si p̃(X) = (bb0 c(X)+
bb1 c(X)q(X) + · · · + bbm c(X)q(X)m ), alors p̃(X) est à coefficients entiers et p(X) =
p̃(X) + {b0 }(X) + {b1 }(X)q(X) + · · · + {bm }(X)q(X)m . Par ailleurs, si n = deg(q), alors
k{b0 }(X) + {b1 }(X)q(X) + · · · + {bm }(X)q(X)m kI ≤ (1 + kXkI + · · · + kX n−1 kI )(1 +
kqkI + kq 2 kI + · · · ) = (1 + kXkI + · · · + kX n−1 kI )/(1 − kqkI ) et on peut donc prendre
M = (1 + kXkI + · · · + kX n−1 kI )/(1 − kqkI ).
CORRIGÉ MATHS D ULM 2018 7
4.9. Remarquons que f /q k n’est pas définie aux zéros de q mais s’y prolonge par 0
en une fonction continue. Si k ≥ 1, alors par le théorème de Weierstrass, il existe un
polynôme rk tel que kf /q k − rk kI < 1. Dans les notations de la question précédente, on a
kf /q k − r̃k kI < 1 + M et donc kf − q k r̃k kI < (1 + M )kqkkI . Pour ε > 0, il existe k tel que
(1 + M )kqkkI < ε. Le polynôme p = q k r̃k est alors à coefficients entiers, et kf − pkI < ε.
4.10. Étant donnée la question précédente, il suffit de montrer que pour tout ε > 0, il
existe fε telle que kf − fε kI < ε et telle que pour tout x ∈ I vérifiant q(x) = 0, il existe
δ > 0 tel que fε (y) = 0 si y ∈ I et |x − y| < δ. Le polynôme q admet un nombre fini
de racines x1 , . . . , xn dans I. Pour tout i, il existe δi tel que si x ∈ I et |x − xi | ≤ 2δi ,
alors |f (x)| ≤ ε/3. Quitte à rapetisser δi on peut de plus supposer que les intervalles
[xi −2δi , xi +2δi ] sont disjoints. Soit u la fonction affine par morceaux définie par u(x) = 0
si x ∈ [xi −δi , xi +δi ], u(x) = 1 si |x−xi | ≥ 2δi pour tout i, et u(x) = t si |x−xi | = δi (1+t)
avec t ∈ [0, 1] (faire un dessin!). On a |(f − uf )(x)| = 0 si |x − xi | ≥ 2δi pour tout i et
|(f − uf )(x)| ≤ 2ε/3 sinon et donc fε = uf convient.
4.11. Le fait que si f est une limite uniforme de polynômes à coefficients entiers, alors
il existe un polynôme p à coefficients entiers tel que f (x) = p(x) pour tout x ∈ J(I)
a été montré à la question 4.6. Réciproquement, soient f et p vérifiant ces conditions.
La fonction f − p est nulle en tout x ∈ J(I), c’est-à-dire nulle en tous les zéros de
q. On peut donc lui appliquer la question précédente. Si f − p = limn→+∞ pn alors
f = limn→+∞ pn + p.
4.12. On a vu à la question 4.5 que J([−1, 1]) = {−1, 0, 1}. Une fonction f ∈
C 0 ([−1, 1], R) est donc une limite uniforme de polynômes à coefficients entiers si et
seulement s’il existe un polynôme p à coefficients entiers tel que p(x) = f (x) pour tout
x ∈ {−1, 0, 1}. Si un tel polynôme existe, alors f (−1) ∈ Z, f (0) ∈ Z, f (1) ∈ Z et f (−1)
et f (1) sont de même parité car p(1) ≡ p(−1) mod 2. Réciproquement, si ces conditions
sont vérifiées, alors on peut prendre
! !
2 f (1) + f (−1) f (1) − f (−1)
p(X) = X − f (0) + X + f (0).
2 2
5. Polynômes symétriques
5.1. Si ni l’une ni l’autre de “soit i est plus petit que j, soit j est plus petit que i” n’est
vérifiée, alors ik = jk pour tout 1 ≤ k ≤ n et donc i = j.
8 LAURENT BERGER & SANDRA ROZENSZTAJN
5.3. Soit (i1 , . . . , in ) le degré de p. Si i1 < ik alors, comme p est symétrique, il con-
tiendrait aussi un monôme dont le degré est (i1 , . . . , in ) avec i1 et ik échangés, et ce degré
serait plus grand que (i1 , . . . , in ). Ceci montre que i1 = maxj (ij ), puis le résultat par
récurrence.
6. Entiers algébriques
6.1. Il est clair que tout élément de Z est un entier algébrique. Réciproquement, soit
x ∈ Q qui est un entier algébrique. Écrivons x = a/b avec a et b premiers entre eux, et
p(X) = p0 + · · · + pn−1 X n−1 + X n . On a p0 bn + · · · + pn−1 an−1 b + an = 0. Si ` est un
nombre premier qui divise b, il divise alors an et donc a, ce qui n’est pas possible. On en
déduit que b = ±1 et donc que x ∈ Z.
6.2. Comme c(na) = c(a)n si n ∈ Z, il suffit de montrer que si c(a) = c(b) = 1, alors
c(ab) = 1. Soit ` un nombre premier. Soit i et j tels que ` ne divise pas ai mais divise
ai+1 , . . . , an et ` ne divise pas bj mais divise bj+1 , . . . , bm . Le coefficient de X i+j dans ab
est alors la somme de ai bj et de multiples de `. Ceci montre que ` ne divise pas c(ab), et
donc que c(ab) = 1.
6.3. Soit p(X) ∈ Z[X] un polynôme unitaire de plus petit degré tel que p(x) = 0. Si p
est réductible dans Q[X], alors p = qr avec q, r ∈ Q[X] unitaires, de degré strictement
inférieur à celui de p. Il existe q0 , r0 ∈ Z tels que q0 q, r0 r ∈ Z[X] et c(q0 q) = c(r0 r) = 1.
On a alors c(q0 q)c(r0 r) = c(q0 r0 p) = q0 r0 et donc q, r ∈ Z[X]. Comme x annule q ou r
et que le degré de p est minimal, ceci n’est pas possible et donc p est irréductible dans
Q[X]. On peut donc prendre px = p.
CORRIGÉ MATHS D ULM 2018 9
Si px avait des racines multiples, alors le pgcd de px et p0x serait un polynôme de Q[X]
qui annule x et divise px , et px serait alors réductible dans Q[X].
6.4. Le pgcd de r et px dans Q[X] est non trivial et divise px dans Q[X]. Comme px
est irréductible dans Q[X], ce pgcd vaut px et donc px divise r dans Q[X].
6.7. Le polynôme q(T1 ) · · · q(Tn ) est symétrique et s’écrit donc sous la forme
r(S1 , . . . , Sn ) avec r à coefficients entiers par la question 5.5. Les (−1)i Si (x1 , . . . , xn )
sont les coefficients de X n−i dans px (X) et appartiennent donc à Z. On en déduit que
q(x1 ) · · · q(xn ) ∈ Z.
Comme |q(xi )| < 1 pour tout i, on a |q(x1 ) · · · q(xn )| < 1 et comme q(x1 ) · · · q(xn ) est
un entier, on a q(x1 ) · · · q(xn ) = 0. Il existe donc i tel que q(xi ) = 0 ce qui fait que
q(x) = 0 par la question 6.4.
Si x ∈ F (I), on a donc q(x) = 0 pour tout polynôme q à coefficients entiers tel que
kqkI < 1. Par définition de J(I), on a x ∈ J(I) et donc F (I) ⊂ J(I).
√
6.8. On voit que 0, ±1, ± 2 appartiennent à F ([−3/2, 3/2]). Comme ce sont les racines
de X(X 2 − 1)(X 2 − 2), et comme F (I) ⊂ J(I) par la question précédente, on voit que si
√
l’on peut montrer que kX(X 2 − 1)(X 2 − 2)k[−3/2,3/2] < 1, alors J(I) = I ∩ {0, ±1, ± 2}.
Le fait que kX(X 2 − 1)(X 2 − 2)k[−3/2,3/2] < 1 résulte d’une étude de fonction.
7. Le noyau de Fekete
7.1. Soit d le diamètre de P (la plus grande distance entre deux points de P ) et M un
entier positif. Soit CM = {x ∈ Zn tels que 0 ≤ xi ≤ M − 1 pour tout i}, de sorte que le
“cube” CM contient M n points. Si h + P et h0 + P sont disjoints pour tous h 6= h0 ∈ Zn ,
est de volume M n vol(P ). Par ailleurs, cet ensemble est contenu dans
P
alors h∈CM h + P
[−d, M + d] dont le volume est (M + 2d)n . On a donc M n vol(P ) ≤ (M + 2d)n et donc
n
10 LAURENT BERGER & SANDRA ROZENSZTAJN
7.6. Soit r le produit des px pour x parcourant F (I). Observons que r(x) 6= 0 si x ∈ S.
Par la question précédente, il existe p ∈ Z[X] tel que |p(x) − f (x)/r(x)| < miny∈S ε/r(y)
pour tout x ∈ S. On a donc |pr(x)−f (x)| < ε pour x ∈ S. Par ailleurs, pr(x) = f (x) = 0
si x ∈ F (I). Par le même raisonnement qu’à la question 4.10, il existe fε continue telle
que fε est nulle et plate autour de tout x tel que q(x) = 0, et kf − fε kI < ε. Il existe
alors (par la même question) un polynôme pε à coefficients entiers tel que kpε − fε kI < ε.
On a donc kf − pε kI < 2ε. Ceci implique le résultat.
7.7. Une fonction continue f est limite de polynômes à coefficients entiers si et seulement
s’il existe un polynôme p à coefficients entiers tel que f (x) = p(x) pour tout x ∈ J(I)
(par la question 4.11) et si et seulement s’il existe un polynôme p à coefficients entiers
tel que f (x) = p(x) pour tout x ∈ F (I) (par la question précédente). Si x ∈ J(I) \ F (I),
CORRIGÉ MATHS D ULM 2018 11
une fonction continue nulle en F (I) et valant 1/2 en x vérifie le deuxième critère mais
pas le premier (par les questions 6.1, 6.5 et 6.6), ce qui est une contradiction.
Références
[Ber00] Laurent Berger, L’approximation par des polynômes à coefficients entiers, Gaz. Math.
(2000), no. 84, 35–40.
[Fer80] Le Baron O. Ferguson, Approximation by polynomials with integral coefficients, Math-
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[Fer06] Le Baron O. Ferguson, What can be approximated by polynomials with integer coeffi-
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[GT96] Stéphane Gonnord and Nicolas Tosel, Topologie et analyse fonctionnelle, Thèmes
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[HZ59] Edwin Hewitt and Herbert S. Zuckerman, Approximation by polynomials with inte-
gral coefficients, a reformulation of the Stone-Weierstrass theorem, Duke Math. J. 26
(1959), 305–324.