COURS DROIT COMMUNAUTAIRE - Ok
COURS DROIT COMMUNAUTAIRE - Ok
COURS DROIT COMMUNAUTAIRE - Ok
LE DROIT COMMUNAUTAIRE
KESSOUGBO Koffi
Maître Assistant FDD/UL
SYLLABUS DU COURS DE DROIT INSTITUTIONNEL
COMMUNAUTAIRE
Présentiel : Présentiel
-analyser les traités constitutifs des -Lecture et explication en
Connaître les 2 communautés : le cas de la CEE devenue salle des traités constitutifs -Ordinateur
sources écrites UE des communautés -Support de cours
du droit -Le contenu des traités -Les rapports entre ces
communautaire -Leur rapports avec les engagements inter traités et les engagements
nations conclus par les Etats membres. souscrits antérieurement ou
postérieurement par les
Etats membres.
QUELQUES REFENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1- Pierre-Henri TEITGEN : droit institutionnel communautaire, Bruylant, 1ère
édition, Paris, 2019 ;
2- GAUTRON Jean-Claude : Droit européen, 11ème édition, Paris, 2004 ;
3- MAURY Jean-Pierre : La construction européenne, la sécurité et la
défense, Paris, 1996 ;
4- QUERMONE Jean-Louis : Le système politique de l’Union européenne,
Montchrestien, Coll. Clefs, 6ème 2dition, Paris, 2005 ;
5- BOULOUIS ET CHEVALLIER : Les grands arrêts de la jurisprudence
communautaire, Dalloz, 2 vol, Paris ;
6- MASCLET Jean-Claude : Les grands arrêts du droit communautaire, PUF,
Que sais-je ? n° 3014 ;
7- RIDEAU Joël : Droit institutionnel de l’Union européenne et des
communautés européennes, LGDJ, 6ème édition, Paris, 2006.
PLAN DU COURS
1-Les traités conclus avec les Etats tiers antérieurement aux traités
communautaires
2-Les accords conclus par les Etats membres avec des pays tiers postérieurement
aux traités communautaires.
III- La révision du traité communautaire
A- La solution de principe
B- Des procédures de révision simplifiées prévues par les traités communautaires
C- Des procédures purement communautaires permettant de compléter les
traités.
2
III- Les accords dits ‘’décisions des représentants des gouvernements des Etats
membres réunis au sein du conseil’’
IV- Les conventions conclues par la communauté avec les Etats tiers
3
I/ La solution affirmée par la jurisprudence de la cour des communautés
II/ Les jurisprudences nationales
IIe partie : Les institutions des communautés
Chapitre1 : L’autorité communautaire de direction et de décision : la
commission et le conseil
Section 1 : La commission
Sous-section 1 : La composition et l’organisation de la commission
I/ La composition de la commission
II/ L’organisation de la commission
Sous-section2 : Les attributions de la commission
I/ Les pouvoir propres de décision
II/ Les pouvoirs propres de contrôle et de sanction attribués à la commission
III/ Les pouvoirs d’initiative de la commission
IV/ Les pouvoirs de décision attribués à la commission par le conseil pour l’exécution
des délibérations du conseil
V/ Les pouvoirs d’administration et de gestion de la commission
VI/ Le rôle de la commission face au parlement européen
Section 2 : Le conseil
Sous-Section1 : La composition et l’organisation du conseil
I- La composition du conseil
II- L’organisation du conseil
Sous-section2 : Le conseil
Sous –Section2 : Les attributions du conseil
I- Le pouvoir de la décision
II- Le pouvoir de coordination des politiques économiques générales des états
membres
III- Les relations extérieures
IV- Le conseil : un cadre de concertation entre états membres
Sous-Section3 : La marginalisation progressive de la commission
CHAPITRE 2 : LE PARLEMENT EUROPEEN
Section1 : Composition actuelle et fonctionnement de parlement européen
4
Sous-secton1 : La composition actuelle du parlement européen
I- Le système actuel : désignation des membres du parlement européen au
suffrage direct
II- Le système à l’avenir : élection des membres du parlement européen au
suffrage universel
Sous-section2 : Le fonctionnel actuel du parlement européen
Les procédures de contrôle
Section 2 : Les compétences du parlement européen
Sous- section1 : Le contrôle politique de la commission et du conseil
I- Les procédures de contrôle
II- La motion de censure
5
INTRODUCTION
Le droit communautaire est formé de l’ensemble des règles qui régissent la
structure, les compétences et l’activité des communautés Européennes.
Hiérarchisé et coordonnées dans un corps de droit systématisé, ces règles du
Droit communautaire constituent ce que l’on appelle l’ordre juridique
communautaire.
Le Droit communautaire se caractérise par trois traits essentiels :
- C’est un droit autonome,
- bien qu’autonome , le droit communautaire est largement
intégré dans l’ordre juridique interne des Etats membre de la
communauté ;
- intégrée dans l’ordre juridique interne des Etats membre , la
règle communautaire y prime la règle nationale contraire .
7
l’Autorité Communautaire, sous le contrôle d’une juridiction autonome : la
Cour de Justice des Communautés .
§ II – Bien qu’autonome, le droit communautaire est un droit largement
intégré dans l’ordre juridique interne des pays membres.
L’ordre juridique interne des Etats est un ordre juridique complexe, il
n’est pas simplement composé des normes établies par le législateur national.
Il est également composé , dans les pays « monistes », des règles du droit
international puisque dans ces pays ces règles sont, en tant que telles,
applicables dans l’ordre interne par les juges nationaux. Mais aussi il est
composé dans tous les pays de normes émanant d’autres source que le
législateur :
- De normes établies, dans les limites de leur compétence, par les
collectivités territoriales et personnes de droit public décentralisées de
ces pays ;
- De normes établies, dans les limites de leur compétence, par les
institutions de droit deprivé habilitées à élaborer des règles de droit
pour les besoins de leur fonctionnement et de leur activité( statuts,
délibérations, décisions des sociétés, des syndicats , des associations,
etc .) ;
- De normes établies par voie de conventions collectives ou de
contrats individuels ( les contrats légalement faits « font la loi » des
parties).
Toutes ces normes subsidiaires sont intégrées dans le droit interne des
Etats pour constituer avec la loi, à leur place dans la hiérarchie interne
des règles juridiques, l’ordre juridique interne de l’Etat.
De même, une grande partie des normes communautaires, bien qu’elles
émanent d’une source autonome, sont, en tant que telles, intégrées dans
l’ordre juridique interne des Etats membres et y sont immédiatement
applicables par les juges nationaux.
8
§ III- Intégrée dans l’ordre juridique interne des Etats membres, la règle
communautaire y prime la règle nationale contraire.
C’est du moins ce qu’affirme, dans le silence des traités
communautaires mais dans une interprétation de leurs dispositions conforme à
leur esprit et à leur finalité, la Cour de Justice des Communautés, en dépit des
résistances ( en voie de régression) de certaines juridictions nationales.
C’est en tête de la hiérarchie des règle de droit qui composent l’ordre juridique
interne des Etats membre que doit être situé la norme communautaire
intégrée dans cet ordre juridique.
Il est des domaines dans lesquels les traités communautaire eux-mêmes ,
parlant de l’essentiel ( autonomie du droit communautaire-intégration du droit
communautaire dans l’ordre juridique interne des Etats membres-primauté de
la règle communautaire sur la règle nationale contraire), nous étudierons
successivement :
▪ les sources du Droit communautaire.
▪ la primauté du droit communautaire sur le Droit national.
9
CHAPITRE I : LES SOURCES DU DROIT COMMUNAUTAIRE
Ce sont en la forme des traités internationaux de type classique : ils ont été
conclus et ratifiés par les États membres, selon les procédures traditionnelles.
Que faut-il entendre plus précisément par les traités consécutifs de la
communauté économique Européennes ?
Pour la communauté Européenne du charbon et de l'acier, cette expression
vise non seulement le traité C.E.C.A. lui-même, mais aussi ses protocoles, ses
annexes et la convention relative aux dispositions transitoires jointe au traité,
10
cet ensemble de textes ayant été signé le 18 Avril 1951 à Paris et étant entré
en vigueur le 23 Juillet 1952.
Pour la communauté Économique Européenne, elle a été instituée par le 1 er
Traité de Rome complété par des protocoles et annexes également signé le 25
mars et le 17 avril 1957 et entré en vigueur le 14 janvier 1958.
À quoi s'ajoutent :
- la convention « relative à certaines institutions communes », signée et
ratifiée en même temps que le traité de Rome, et entrée en vigueur à la
même date;
- le traité « instituant un conseil et une commission des communautés
Européennes » et ses annexes, signé à Bruxelles le 8 Avril 1965 et entré en
vigueur le 1er juillet 1967;
- le traité « portant modification de certaines dispositions budgétaire des
traités instituant les communautés Européennes et du traité instituant un
conseil et une commission de la communauté Européenne », signé à
Luxembourg le 22 Avril 1970.
- Le traité de Bruxelles du 22 janvier 1972, relatif à l'adhésion à la
communauté Européenne de la Grande-Bretagne, de l'Irlande et du
Danemark.
Cet ensemble important de textes constitue ce que l'on a coutume d'appeler le
Droit communautaire originaire par opposition au Droit communautaire dérivé,
ce dernier étant constitué par les règles établies, en application des Traités,
soit, plus rarement, par accord des États membres.
11
- Des principes très généraux qui commandent l'application du traité :
principes de « coopération », principe de « non-discrimination » ( art. 5 et
7du traité C.E.E.) .
- Des dispositions qu'on peut appeler de Droit institutionnel ou même
constitutionnel communautaire, la détermination de leurs compétences et de
leurs rapports.
- Des dispositions de droit financier communautaire : celle qui régissent les
ressources et les dépenses des communautés ainsi que les règles
d'établissement et exécution de leurs budgets.
- Des règles de droit administratif communautaire : ce sont celles qui
concernent, par exemple, les relations de la communauté Européenne avec
leur personnel, les contrats et la responsabilité administrative.
- Des dispositions constituant (pour une part, car une « législation » émanant
de l'autorité communautaire) le droit économique, commercial et social des
communautés : ce sont les celles qui règlent l'activité opérationnelle de ladite
communauté, les modalités de fonctionnement de l'Union économique.
Mais ici, une observation très important doit être faite.
Le traité C.E.C.A., et dans une certaine mesure le traité Euratom, peuvent être
considérés comme des traités-lois : en effet, le Traité C.E.C.A., tout
spécialement, détermine lui-même, pour l'essentiel, les règles selon laquelle
devra fonctionner le Marché commun du Charbon et de l’Acier. C'est le
« code » de ce Marché Commun.
Il en va tout autrement du Traité C.E.E. : il constitue ce que l'on a coutume un
traite-cadre, sinon dans sa partie consacrée à l'établissement de l'Union
douanière, du moins dans celle qui concerne l'établissement de l'Union
économique générale. Traité-cadre? Que faut-il entendre par cette expression
? Cela signifie que le Traité s'en tient, pour le domaine dont il s'agit, à fixer les
objectifs généraux que devra atteindre la communauté et, ces objectifs une
12
fois fixés, à déterminer les compétences et les pouvoirs attribués aux
institutions communautaires pour les atteindre.
A- Les traités conclus entre eux même par des États membres.
La règle est très simple : ces Traités demeurent valables dans la mesure où ils
sont compatibles avec les Traités communautaire. C'est ainsi que l'article 233
du Traité C.E.E. déclaré :
« Les dispositions du présent Traité ne font pas obstacle à l'existence et à
l'accomplissement des unions régionales entre la Belgique, le Luxembourg et
les Pays-Bas, dans la mesure où les objectifs de ces unions régionales ne sont
pas atteints en application du présent Traité ».
Par contre, les Conventions qui ont été conclues antérieurement aux Traités
instituant les Communautés Européennes par des États membres entre eux,
cessent d'être applicables s'ils sont contraires aux dispositions des Traités
communautaires. La ratification de ces derniers Traités par les États membres
en cause vaut abrogation implicite de leurs accords antérieurs contraires.
En application de ce principe, l'article 87 , 219 du Traité C.E.E. obligent les
États membres à ne pas se prévaloir de traités ou conventions existant entre
eux pour soumettre un différend relatif à l'interprétation ou à l'application des
13
Traités communautaire à un mode de règlement autre que ceux prévus dans
ces Traités.
C'est la Cour de Justice qui est seule compétente pour juger des litiges
survenus entre les États membres en cette matière. Ainsi toute convention qui
aurait prévu des procédures particulières pour régler les différends entre
certains États membres serait ispo facto inapplicable dans les domaines
réservés à la compétence communautaire.
B- Traités conclus par des États membres avec des pays tiers.
Il faut distinguer suivant la date de conclusion de ces accords.
1- Traités conclus avec les États tiers antérieurement aux Traités
communautaire. En application du Droit international public les États membres
doivent exécuter les obligations que leur imposent ces Traités, même si
certaines de leurs clauses de leurs sont contraires à celles des traités
communautaires. Voyez en ce sens l'article 284 du Traité C.E.E.
Ainsi l'article 234 C.E.E. déclare :
<< Les droits et obligations résultant de conventions conclues antérieurement
à l'entrée en vigueur du présent Traité, entre ou plusieurs États membres
d'une part et un ou plusieurs États tiers d'autre part, ne sont pas affectés par
les dispositions du présent Traité>>.
C'est en application de ce principe qu'un important arrêt de la Cour des
Communautés du 12 décembre 1972(aff.21 à 24/72, Rec. 1972,p. 1219)
affirme que la Commission et le conseil des Communautés doivent dans leurs
décisions respecter les prescriptions des accords du GATT parce que, liant tous
les États membres, elles lient la communauté.
Toutefois, cela dit, et conformément encore au Droit international public, les
États membres ne peuvent pas opposer à la communauté, pour se soustraire à
la leurs obligations communautaires, des Droits qui leur ont été reconnus par
des États tiers dans des Traités antérieurs. En signant les traités
14
communautaires, ils ont ipso facto renoncé à ces droits, contraires à leurs
nouveaux engagements. Ainsi, si les États membres ne peuvent se prévaloir à
l'encontre des Communautés de droits qu'ils tireraient de ces mêmes
conventions. (Voir en ce sens l'Arrêt de la Cour de Justice du 27 février 1962,
aff. 10/61, Rec. Vol. VIII, p.22).
Cependant, après avoir consacré la validité des traités antérieurs, les
traités communautaires ajoutent que les États membres doivent s’efforcer de
se délier de leurs engagements antérieurs contraires aux règles
communautaires par négociations appropriées et au besoin avec l’aide de la
communauté et des autres États membres.
Ainsi l’article 234, al. 2, du Traité C.E.E dispose :
« Dans la mesure où ces conventions ne sont pas compatibles avec le présent
Traité, le ou les États membres en cause recourent à tous les moyens
appropriés pour éliminer les incompatibilités constatées. En cas de besoin, les
États membres se prêtent une assistance mutuelle en vue d’arriver à cette fin,
et adoptent le cas échéant une attitude commune ».
2) Accords conclus par les Etats membres avec des pays tiers postérieurement
aux traités communautaires.
En application du Droit international public, les États membres ne peuvent
valablement souscrire, dans les pareils accords, des obligations contraires à
leurs obligations communautaires. Ces traités, s’ils étaient cependant signés,
seraient inopposables à la communauté.
Pour éviter de tels errements, les traités européens ont prévu un certain
nombre de dispositions.
La formule de l’article 103 du Traité C.E.E.A. est particulièrement nette à cet
égard. Aux termes de cet article :
15
Les États membres sont tenus de communiquer à la commission leurs projets
d’accord ou de conventions intéressent le domaine d’application du présent
Traité.
Si la Communauté estime qu’il y a incompatibilité entre le contenu d’une
convention qu’un État membre s’apprête à signer avec un État tiers et les
obligations qui découlent pour cet État des Traités communautaires, elle fait
connaître à l'État en cause ses observations ; il ne peut dès lors signer cet
accord avoir levé les objections de la Communauté, ou avoir obtenu de la Cour
de Justice qu’elle reconnaisse sa comptabilité avec les dispositions
communautaires.
C’est en application de ces dispositions que le Conseil, sur proposition de la
Commission, a pris, au départ, des mesures pour réserver les chances de la
politique commerciale commune prévu à l’article 113 du Traité C.E.E.
Aux termes de cet article, les Etats membres de la communauté perdaient, à
l’expiration de la période transitoire (1er Janvier 1970), compétence pour
conclure avec des pays tiers des accords commerciaux bilatéraux.
Dès lors, il fallait craindre qu’avant l’expiration de la période transitoire nos
États se hâtent de signer des accords de longue durée qu’ils proposeraient
ensuite à la Communauté. Pour éviter cette manœuvre, le Conseil a pris deux
décisions, l’une du 20 juillet 1960, l’autre du 9 octobre 1961.
17
pas en l’espèce d’une modification d’importance, et tous les États membres
étaient d’accord.
Tout le monde était d’accord sur le fond, mais la procédure utilisée, celle de
l’acte contraire, a soulevé de très vives protestations, non seulement dans la
doctrine, mais au sein du parlement européen.
Ces critiques ont peut être été entendues, car lorsqu’il s’est agi d'instituer un
Conseil et une Commission unique des communautés, les procédures prévues
aux Traités Communautaires ont été respectées : en effet, le Traité du 8 avril
1965 a été négocié avec une participation active des autorités
communautaires. Il a été de même pour le Traité de Luxembourg du 22 avril
1970.
21
Les actes de l’Autorité communautaire (Commission-Conseil) constituent du
Droit communautaire dit « dérivé » parce que, pris dans l’exercice des
compétences instituées par les Traités et pour assurer l’application de leurs
dispositions, ils dérivent des Traités, source « originaire » du Droit
communautaire.
L’une des questions capitales que pose la distinction faite par nos Traités :
- Du règlement,
- De la directive,
- De la décision,
est celle de savoir quelle est la période portée juridique respective, dans le
droit interne des pays membres, de ces actes.
C’est pratiquement la question de savoir quels sont ceux d’entre eux qui
engendrent directement, dans l’ordre juridique interne des États membres,
des droits individuels au bénéfice des personnes privées, droits individuels
que les tribunaux nationaux de ces États membres sont tenus de
sauvegarder et de sanctionner.
Selon les termes mêmes de l’article189 du Traité C.E.E., on affirmait que le
règlement dont cet article nous dit qu’il est « directement applicable dans
tout État membre » est, de ce fait, susceptible d’engendrer par lui même,
directement, dans l’ordre national interne des droits individuels au bénéfice
des personnes privées.
S’agissant des directives et des décisions adressées aux Etats membres par
l’Autorité Communautaire, on affirmait au contraire que ces actes, dont
l’objet est de prescrire aux Etats destinataires d’établir telles ou telles
règles dans leur droit national, sont insusceptibles d’engendrer par eux-
mêmes, directement, dans l’ordre juridique interne des droits individuels au
bénéfice des ressortissants des États en cause.
L’article 189, disait-on, se garde d’attacher pareille portée juridique aux
directives et décisions adressées aux États.
22
Ce ne sont pas les directives ou décisions communautaires adressées aux
États qui peuvent, par elles-mêmes, puisqu’elles ne « sautent » pas
l’échelon étatique, modifier les situations juridiques dans l’ordre interne.
Les situations juridiques individuelles ne seront modifiées dans l’ordre
interne que par la règle qu’en exécution de la directive ou de la décision
d’État ou les États destinataires introduiront dans leur Droit.
Dès lors, concluait on, ce n’est qu’après l’intervention de la règle nationale
prise par l’État pour rassurer l’exécution, dans son ordre interne, de la
directive ou de la décision qui lui a été adressée que ses ressortissants
peuvent se prévaloir devant leurs juges nationaux d’un droit personnel,
qu’ils tiennent alors, non pas directement de la directive ou de la décision
communautaire en cause, mais de la règle nationale établie dans leur Droit
en exécution de cette directive ou de cette décision.
L’arrêt rendu par la Cour des Communautés le 6 octobre 1970 ( aff. 9/70,
Rec. Vol. XVI, p.825) paraît avoir modifié profondément cette doctrine. Il me
faudra donc, après avoir exposé les dispositions expresses de l’article 189 du
Traité C.E.E., vous présenter l’interprétation audacieuse qu’en fournit
aujourd’hui la Cour des Communautés.
A- Définition du règlement
Vous vous reporterez à l’article 189 du Traité C.E.E. et vous lisez :
23
« Le règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses
éléments et il est directement applicable dans tout État membre ».
Les trois caractères principaux du règlement apparaissent à la lecture de cette
disposition :
1- Le règlement a une portée générale.
C’est, en effet, l'acte qui, comme la loi du Droit interne, fixe une règle,
impose une obligation ou accorde des droits à tous ceux qui sont
actuellement situés où se situeront dans l’avenir dans la catégorie qu’il
définit abstraitement selon des critères objectifs. On dirait, en langue
vulgaire, que le règlement, sans viser qui que ce soit individuellement,
oblige « à la cantonade » tous ceux qui se livreront aux activités ou aux
opérations qu’il définit.
Ainsi le règlement du Conseil n° 177/66 C.E.E. du 28 juillet 1968
établissant des règles communes pour les transports internationaux de
voyageurs par autocars formule des règles auxquelles sont ou seront
soumis tous ceux qui effectueront des transports des voyageurs par
autocars d’un pays membre à des destinations situées dans d’autres pays
membres.
C’est par ce premier caractère que le règlement se distingue de la décision
qui, elle, n’oblige que des destinataires limités et désignés.
C’est ce que confirme une importante jurisprudence de la Cour des
Communautés qui caractérise en les opposants le règlement et la décision.
Les arrêts du 14 décembre 1962 (affaires jointes 16 et 17/62, et affaires
jointes 29 à 22/62. Rec. VIII, p. 918) affirment :
« Les traits essentiels de la décision résultent de la limitation des
destinataires auxquels elle s’adresse, alors que le règlement de caractère
essentiellement normatif est applicable non à des destinataires limités,
désignés ou identifiables, mais à des catégories envisagées abstraitement
et dans l’ensemble, que portant dans les cas douteux pour déterminer si
24
on ne trouve en présence d’une décision ou d’un règlement, il faut
chercher si l’acte en question concerne individuellement des sujets
déterminés ».
25
règlement, nu soumettre les droits qu’il confère à des exigences
supplémentaires.
d- Il en est ainsi, que les mesures nationales à édicter pour rassurer la bonne
exécution d’un règlement communautaire relèvent, selon n le droit public
interne, du pouvoir central, des autorités fédérées d’un pays membre d’un
État fédéral ( Landiers de la R.F.A. ), d’autres entités territoriales ou bien
d’autorités que le droit national leur assimile.
e- Si certaines des dispositions du règlement leur paraissent obscures, les
États membres peuvent en fournir, elles ne peuvent le faire que dans le
respect des dispositions communautaires et sans pouvoir édicter des règles
d’interprétation ayant des effets obligatoires.
27
de les introduire dans le règlement « base » lui-même ou de déléguer à la
Commission (comme nous allons le voir ) le pouvoir d'établir ces règlements
dits « d'exécution ». Selon la jurisprudence de la Cour, cette distinction
conduit à deux règles importantes :
28