Sante environnementCQDS
Sante environnementCQDS
Sante environnementCQDS
Réalisation
Rédaction : Julien Aimé (Ireps Grand Est)
Groupe de travail : Julien Aimé, Coline Barbay, Sébastien Biard, Cathy Noell (Ireps Grand Est),
Stéphanie Moniot (ARS Grand Est), Tiphaine Gambini (Région Grand Est), Sonia Doisy (Dreal
Grand Est)
Relecture : Marie Persiani, Marie Flipo-Gaudefroy, Cathy Noell, Emilie Feriel (Ireps Grand Est),
Stéphanie Moniot (ARS Grand Est)
Conception graphique : Emilie Christophe (Ireps Grand Est)
Utilisation et reproduction
L’Ireps Grand Est autorise l’utilisation et la reproduction du contenu de ce document, sous réserve
de la mention des sources.
Citation proposée
Aimé J, Santé-environnement : qu’en disent les sciences ? Une revue de la littérature de l’Ireps
Grand Est. Laxou : Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé Grand Est ; 2022. 47
p.
Cette revue de la littérature a été réalisée grâce au soutien financier de l’ARS Grand Est.
Janvier 2022
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Sommaire
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
A l’heure actuelle, il semble qu’aucune revue de littérature francophone n’existe au sujet de la santé-
environnement qui ambitionnerait de définir précisément ses contours et ses implications. Ce travail
mené par l’Ireps Grand Est s’est avéré complexe à réaliser pour au moins deux raisons :
La première est que l’expression “santé-environnement” est souvent utilisée sans être
précisément définie et qu’il n’y est pas toujours fait référence sous ce signifiant ; d’autres termes
étant souvent utilisés (santé environnementale, bio-santé…).
La seconde est qu’il s’agit d’une notion mobilisée par de nombreux domaines et disciplines : la
médecine, la santé publique, les sciences vétérinaires, la biologie, les neurosciences, la
psychologie, les sciences politiques, etc. Le médecin Georges Salines parle, à propos du champ
de la santé-environnement, d’un véritable « champ de mines » (Salines, 2010). Cette
transversalité suppose un effort particulier pour « circuler » d’un univers scientifique à un autre.
Cette revue de littérature a été réalisée à partir d’une cinquantaine d’articles scientifiques issus de
différentes disciplines et sur des rapports produits par des institutions diverses dans le champ politique,
dans celui de la santé ou de l’écologie. Une partie des documents utilisés pour cette revue de littérature
a été sélectionnée par un chargé de projets en documentation de l’Ireps Grand Est. Ensuite, une
deuxième sélection a été menée en prenant appui sur la première. En effet, les travaux scientifiques de
la première sélection faisaient référence à d’autres travaux, lesquels ont été étudiés pour cette revue de
littérature. Une recherche a été menée sur Google Scholar et Cairn.info à partir des mots clés « santé »
et « environnement » ou « environnementale ». Les articles tirés de cette recherche ont ensuite été
sélectionnés selon des critères d’inclusion suivants :
Critères d’inclusion principaux :
La période de publication comprise entre 2010 et octobre 2021,
La présence dans le titre ou le corps du texte de « santé-environnement », « santé
environnementale » ou « PRSE »,
La compréhensibilité du contenu des publications.
Critères d’exclusion :
Les articles en doublon,
Les articles hors-sujets.
Les travaux accessibles d’un point de vue théorique et plutôt issus du domaine de la santé publique ou
des sciences humaines et sociales ont été conservés en priorité. Quelques notions ont été approfondies
par des recherches spécifiques, lorsqu’elles revenaient régulièrement dans les documents ou bien
qu’elles présentaient un intérêt spécifique. Ce fut le cas par exemple des concepts d’exposome, de One
Health et de co-bénéfices qui étaient mobilisés dans différents textes et semblaient particulièrement
intéressant à approfondir. Les deux premiers concepts sont notamment mentionnés dans le Plan
National Santé-Environnement 4 (PNSE4).
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Définir la santé et l’environnement
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
La santé
Il est aujourd’hui évident, du moins dans le champ de la santé, que le mot santé n’est pas synonyme
d’une « absence de maladie » et qu’il recouvre une réalité bien plus large. La définition que propose
l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) dans sa charte constitutive de 1946 considère la santé
comme « un état de complet bien-être physique, mental et social ». Il s’agit d’une définition positive au
sens où elle postule que ce bien-être, et donc la santé, existe en soi (Aïach et Vernazza-Licht, 1996).
Si cette définition fait référence et qu’elle est devenue incontournable, elle n’a pas échappé à la critique
et ce en raison, par exemple, de son caractère utopique, la santé devenant un horizon à atteindre, une
norme qui s’impose aux individus et aux états. Une autre définition critique vis-à-vis de la conception
de l’OMS postule que la santé ne peut être définie de façon abstraite mais qu’elle doit l’être en prenant
en compte les situations dans lesquelles se trouvent les personnes. Ainsi la santé, d’un point de vue plus
pragmatique, caractérisera un « état physique et mental relativement exempt de gêne ou de souffrance
qui permet à l’individu de fonctionner aussi efficacement et aussi longtemps que possible dans le milieu
où le hasard ou le choix l’ont placé » (Dubos cité par Raimondeau, 2018, p. 17).
La définition de l’OMS a été amendée à de nombreuses reprises lors des cinquante dernières années. La
Charte d’Ottawa (1986) a consisté, entre autres choses, en une redéfinition de la santé pour y inclure les
moyens permettant d’atteindre l’état de complet de bien-être social, physique et mental. Ainsi, dès le
premier paragraphe de la Charte d’Ottawa il est écrit que la santé « est perçue comme une ressource de
la vie quotidienne, et non comme le but de la vie ; il s’agit d’un concept positif mettant en valeur les
ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques » (Ferron et Deschamps, 2016).
Considérée de la sorte, la santé n’est plus considérée comme une norme universelle à atteindre mais
comme une ressource permettant de faire face aux épreuves de l’existence (Martuccelli, 2006). En 1989,
le Fonds des Nations Unis pour l’enfance (Unicef) propose une définition de la santé spécifiant l’existence
de déterminants de la santé qui, est « un sentiment plus profond de bien-être qui ne dépend pas
seulement des services de santé, mais du travail, du revenu, de l'éducation, de la culture, des droits et
des libertés » (Lajarge et al., 2017, p. 8). Il est aussi possible de définir la santé et d’en restituer toute la
complexité en formulant qu’il s’agit d’un « processus dynamique par lequel l’individu chemine,
processus qui inscrit dans le corps, dans la personne, les empreintes du travail, des conditions de vie,
des événements, des douleurs, du plaisir et de la souffrance, de tout ce dont est fait une histoire
individuelle dans sa singularité, mais aussi collective par l’influence des multiples logiques au cœur
desquelles elle s’insère » (Thébaud-Mony citée dans Daubas-Letourneux, 2005, p. 22). La santé est donc
largement influencée par les conditions d’existence des personnes et par ce qui survient dans
cette existence.
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
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Reconnaitre cette influence et parler des conditions d’existence c’est ouvrir la possibilité de traiter des
inégalités sociales et territoriales de santé. Ce terme désigne l’ensemble « des écarts de morbidité et
de mortalité entre groupes sociaux qui occupent des positions hiérarchisées dans l’échelle des
professions, dans celle des revenus ou encore dans celle de l’accès aux savoirs » (Niewiadomski et
Aïach, 2008, p. 10). Ce sont ces positions, qui vont de pair avec la possibilité d’accéder à des
ressources permettant de faire face aux épreuves de la vie, et le cumul des avantages ou des
inconvénients liés à ces positions qui constituent la pluralité des conditions d’existence Les
disparités devant la mort et devant la vie sont donc résolument liées. Les inégalités sociales, fruit de la
« répartition différentielle des capitaux économique, social, linguistique, culturel, symbolique et de santé
s’organise de manière particulièrement inégalitaire en fonction de la position des acteurs dans la
structure sociale » (Niewiadomski et Aïach, 2008, p. 10), ont des conséquences très concrètes sur le corps
des êtres humains. C’est ce qu’affirme le sociologue et médecin Didier Fassin lorsqu’il écrit que les
inégalités inscrites dans le corps sont sociales et donc politiques (2008). La santé d’une personne
singulière dépendra donc de la hiérarchisation du monde social autour du travail, du genre, du
relationnel (ce que la sociologie appelle le capital social), de la « question raciale » (la manière dont la
société traite de façon défavorable certains de ses membres en raison de leur couleur de peau,
apparence, etc.), de la « validité », tant de dimensions à prendre en considération lorsqu’il est question
de traiter ces inégalités à la racine. Il est possible ici d’introduire la notion de gradient social de santé
qui souligne la corrélation entre position sociale et état de santé, et qui permet de rendre compte de la
pluralité des inégalités sociales de santé et de leur dimension structurelle.
Les conséquences pour la santé des inégalités sociales sont largement documentées. Aussi les ouvriers
vivent en moyenne moins longtemps que les cadres (environ 7 ans) et les personnes vivant sous le seuil
de pauvreté sont plus nombreuses à déclarer certaines pathologies comme l’asthme, des maladies
infectieuses, à souffrir d’obésité (Pol, 2009). Il est également notable que les personnes « sans domicile
fixe» décèdent en moyenne à l’âge de 49 ans, une espérance de vie inferieur de 30 ans à la moyenne
(Allan, 2017). Les femmes, de leur côté, sont plus nombreuses à développer des troubles musculo-
squelettiques (TMS) causés par leurs conditions de travail. Dans un article de 2013 consacré « au genre
des TMS » des chercheuses en sciences humaines et en ergonomie écrivent :
« En 2005, les chiffres de la dernière Enquête nationale sur les conditions de travail du ministère du Travail
viennent encore nous rappeler que 70 % des ouvrières mentionnent que leur travail est répétitif (contre
43 % des ouvriers), 51 % d’entre elles ne peuvent pas faire varier les délais fixés (41 % pour les ouvriers),
30 % ont un rythme de travail imposé par la cadence automatique d’une machine (19 % pour les hommes
ouvriers) et 27 % par le déplacement automatique d’un produit ou d’une pièce (17 % pour les hommes
ouvriers). » (Caroly et al., 2013, p. 51)
D’autres travaux mettent en exergue les processus discriminatoires selon l’origine supposée, lesquelles
jouent un rôle dans l’accès au soin (Carde, 2007), les obstacles liés aux soins de santé chez les personnes
transgenres (Scime, 2019), la surreprésentation chez les entrants en prison de troubles mentaux (Protais,
2016), l’invisibilisation des violences sexuelles subies par des personnes handicapées (Aulombard, 2019).
L’accumulation des logiques inégalitaires en matière de santé encourage à emprunter une perspective
intersectionnelle, à même de rendre compte de leur articulation (Carde, 2021).
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
L’environnement
Comme cela a été précisé plus haut, l’environnement apparait comme un déterminant de santé ;
dont l’influence sur la santé sera notamment dépendante des catégories socio-économiques et
des conditions d’existences. Définir le concept d’environnement conduit, comme pour la santé, à
préciser ce à quoi il ne se réduit pas. L’environnement ne se réduit ni à la nature ni à la pollution des
« milieux naturels » ni à tout ce qui entoure physiquement un individu. Cette réduction se comprend en
adoptant une perspective socio-historique puisqu’au début des années 1970, la création du Ministère
de l’Environnement fait résolument entrer le terme « environnement » dans le champ de l’écologie pour
désigner l’impact négatif des activités humaines sur les réalités biophysiques (Lévy et Lussault, 2013 ;
Merlin et Choay, 2015).
L’environnement c’est ce qui se trouve autour de quelque chose ou de quelqu’un, c’est ce qui,
littéralement, environne. Cette définition minimale suppose deux choses, tout d’abord que
l’environnement n’existe que dans l’interaction avec l’être qu’il entoure et ensuite qu’il est toujours
présent autour de cet être. Il correspond à tout ce qui est extérieur à un individu, où que celui-ci se
trouve.
L’environnement peut faire référence tant à ce qui est naturel qu’à ce qui est construit. Il se joue à tous
les niveaux, du local au global, du visible à l’invisible, du matériel à l’immatériel. Si l’environnement
apparaît peuplé de « non-humains » en raison notamment du développement de l’écologie politique,
certaines définitions proposent d’adopter un regard plus large incluant l’environnement social des
personnes. Cette idée, soutenue notamment par les sciences sociales au premier rang desquelles la
psychologie sociale, consiste à refuser la distinction entre environnement physique et environnement
social, et à affirmer que tout environnement est social et qu’il s’apparente au cadre de vie dans lequel
une personne évolue et qui en partie le façonne (Fischer, 2011). Cette manière de penser
l’environnement invite à y ajouter aussi les autres individus, les groupes sociaux, les normes socio-
culturelles, les institutions, les activités sociales. L’environnement est donc par essence
multidimensionnel.
Car plus que d’entourer un individu, l’environnement est ce à quoi celui-ci est exposé, de sa naissance à
sa mort. L’idée d’exposition conduit à envisager l’influence, positive ou négative, de cet élément sur
l’existence humaine et en particulier sur la survenue de maladies et notamment de maladies chroniques
(Harpet et al., 2019). Parallèlement, cela conduit à s’interroger sur la façon dont l’environnement offre
des prises ou des ressources pour faire face aux épreuves de l’existence et dont ce qu’il offre peut-être
saisi par les individus qui dépendent de lui et qui le modifient en retour.
Les effets de l’environnement sur les individus varient pour différentes raisons.
> La première peut tenir dans la particularité même de l’espace auquel un individu est exposé. Le
terme environnement englobe différents types d’espaces. Ainsi l’environnement global renvoie aux
effets des milieux « naturels » et exposent les humains aux conditions climatiques, à la qualité de
l’air ou des sols, aux bruits, aux déchets, etc. L’habitat est un environnement dont l’étude des effets
a beaucoup contribué à l’élaboration de la santé publique (Fassin, 2005). On y retrouve des
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
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substances chimiques ou radioactives, des moisissures, des allergènes. Enfin les environnements de
travail constituent à leur tour des lieux où les individus sont exposés à des rayonnements, des
substances chimiques propres aux activités industrielles et professionnelles, à d’autres bruits que
ceux liés aux milieux naturels. Il serait possible de désigner d’autres environnements particuliers par
l’exposition qu’ils entrainent mais l’objet de cette revue n’est pas d’en dresser une liste exhaustive.
> La deuxième tient dans la pluralité des dimensions de l’environnement, non seulement la
« dimension écologique (pollution, nitrates dans l’eau, amiante, bruit), mais aussi dans toutes (les)
autres dimensions (proximité ou éloignement des services de santé, des infrastructures sportives et
culturelles, conditions économiques, temps de déplacement quotidiens...) » (Broussouloux et
Houzelle-Marchal, 2006, p. 112). Cette idée souligne combien l’exposition est individualisée et
dépend de la situation particulière de chaque individu.
> Dans le même ordre d’idées, il est possible d’ajouter une troisième raison qui tient à la dynamique
propre à la relation entre un individu et son environnement. Comme l’indiquent les épidémiologistes
Joëlle Le Moal, Daniel Eilstein et Georges Salines, l’étude des effets d’une exposition sont à
comprendre tant au regard du moment de l’exposition, de la durée de celle-ci que de la « réponse
biologique de l’individu (activation des voies métaboliques, de détoxification, de réparation de
l’ADN, etc.) » (Moal, Eilstein et Salines, 2010, p. 285). Pour le dire autrement, une personne change
tout au long de sa vie et passe par des états où il est plus ou moins vulnérable aux expositions. Les
effets des expositions sont aussi très différents selon que la personne y reste longtemps exposée ou
très peu, selon le niveau de concentration des produits toxiques par exemple, etc. Tous ces éléments
à prendre en compte rendent particulièrement complexe l’étude des effets de l’environnement sur
l’être humain. Insister sur la dynamique propre à la relation individu/environnement c’est aussi se
donner les moyens de penser les effets des individus, des êtres humains sur l’environnement.
Comme l’affirme le philosophe Thierry Paquot dans un ouvrage collectif consacré à la philosophie
de l’environnement et des milieux urbains, « l’environnement n’est pas donné une fois pour toutes,
prêt à être consommé par les actions des hommes ou l’usure du temps, mais ne cesse de se
transformer, notamment en transformant ce qui le transforme » (Paquot, 2010, p. 20). Les actions
des êtres humains, mais aussi leur santé, sont largement déterminées par l’environnement qui les
entoure. Ceux-ci, en agissant, modifient l’environnement qui modifie par là même les ressources
qu'il offre et les effets qu’il produit.
Ces différentes conceptions de l’environnement et de ses effets sur l’être humain permettent d’introduire
de nouveau la question des inégalités de santé, qui sont au cœur du PNSE4 (PNSE4, 2021a, p.10). Ainsi,
les personnes les plus vulnérables face aux inégalités de santé vivent tendanciellement dans des
espaces plus à risque et plus pollués que les personnes les moins exposées aux inégalités sociales
de santé. Il est alors possible de parler d’inégalité environnementale, entendue à la fois comme
une « inégalité d’exposition aux nuisances et aux risques environnementaux, et une inégalité
d’accès aux aménités et ressources environnementales » (Emelianoff, 2008, p. 20). Dans un article
consacré au paysage conceptuel des inégalités environnementales, Cyria Emelianoff, docteure en
géographie et professeure des universités, évoque quelques faits à ce sujet. Elle explique notamment
que la moitié des Zones Urbaines Sensibles (terminologie utilisée jusqu’en 2014), autrement dit les
quartiers périphériques populaires, sont affectés par un point noir de bruit (lieu où le bruit dépasse les
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
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valeurs limites règlementaires), en raison notamment des grandes infrastructures. Par ailleurs, les
communes accueillant ces infrastructures sont plus nombreuses à être soumises au risque industriel
(Ibid.). Une étude de 2014 pointait également que lorsque la population immigrée d’une commune
augmentait, cela augmentait d’autant plus le risque d’y voir s’installer un incinérateur, potentiellement
sources de maladies chroniques (Laurian et Funderburg, 2014). Aux États-Unis, dans les années 1980, le
mouvement pour la « justice environnementale » a émergé et a largement contribué à documenter les
inégalités en matière de risques environnementaux et a notamment forgé la notion de « racisme
environnemental » qui met en avant la tendance à la surexposition de personnes en raison de leur
couleur de peau, de leur nationalité ou de leur origine sociale (Harpet, 2016).
Plus généralement un consensus semble exister à propos du fait que « les pauvres – ou les plus
défavorisés – souffrent de façon disproportionnée d’une pollution environnementale qui est produite
par la société dans son ensemble » (Dale Jamieson Cité dans Larrère, 2009, p. 156). Ce phénomène
apparaît tant à l’échelle des pays qu’à l’échelle mondiale, où les populations des pays les plus pauvres
sont ceux qui sont déjà et seront le plus affectés par le dérèglement climatique (Guivarch et Taconet,
2020). En dépassant la question des expositions à des polluants ou à des nuisances, et en s’intéressant
à l’accès aux ressources favorisant la santé, aux facteurs protecteurs, il est possible de constater que les
inégalités demeurent, selon les mêmes variables (genre, origine, catégorie socio-professionnelle, etc.).
Le sociologue Yves Raibaud a étudié la ville sous le prisme du genre. Il note notamment que les mesures
locales de développement durable, comme le fait de favoriser les mobilités alternatives à l’automobile,
défavorisent généralement les femmes, et ce dès le plus jeune âge dans la mesure où les aménagements
sportifs urbains visent principalement un public de jeunes hommes (Raibaud, 2015c, 2015b, 2015a).
Il est aussi possible d’aborder les inégalités en matière d’effets sur l’environnement. En effet, si les êtres
humains sont inégaux face à l’environnement et aux risques environnementaux, ils le sont aussi face à
l’impact qu’ils ont sur l’environnement. En 2011, l’Observatoire du Bilan Carbone (volume de gaz à effets
de serre émis par une personne ou un groupe de personnes) soulignait que les catégories d’ouvriers,
d’employés et les professions intermédiaires avaient un bilan carbone inferieur à la moyenne globale de
la population, tandis que les cadres et professions supérieures avaient un plus « mauvais bilan carbone »,
et ce même si les ménages les plus modestes étaient ceux qui consacraient une part plus importante à
la consommation énergétique en raison de la précarité énergétique (IPSOS, 2011). D’autres rapports ou
écrits confirment cette tendance des ménages les plus aisés à produire plus de gaz à effets de serre que
les ménages les plus modestes (Malliet, 2020)
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Quelle définition de la santé-environnement ?
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
L’expression « santé-environnement » rend compte, pour sa part, de la qualité du lien unissant les deux
termes en posant l’équivalence de « santé » et « d’environnement » à travers l’usage du trait d’union.
Aussi l’enjeu ici ne porte-t-il pas uniquement sur les effets de chaque terme sur l’autre mais bien plutôt
de la dynamique propre à la relation entre les deux termes. C’est donc cette seconde expression qui sera
utilisée dans cette revue de littérature.
La littérature consultée pour cette revue permet de dégager trois entrées pour cette définition : l’entrée
par les définitions existantes, l’entrée par les déterminants de santé, l’entrée par les thématiques.
L’une des définitions récurrentes propose d’y voir « l’ensemble des interactions entre l’homme, son
environnement et les effets sur la santé liés aux conditions de vie (expositions liées à la vie privée ou
professionnelle) et à la contamination des différents milieux (eau, air, sol) ; conditions de vie dans
lesquelles les personnes naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent (Valliet, Rousseau et
Boussouar, 2016, p. 742). Cette définition semble largement partagée puisqu’on la retrouve tant citée
dans le PNSE2, sur le site internet de la DREAL, dans des articles scientifiques que dans le monde
associatif.
En partant de la définition de l’OMS, il est aussi possible d’affirmer que l’expression « santé-
environnement » désigne « tous les aspects de la santé et de la qualité de vie qui résultent de l’action
positive ou négative sur l’Homme des facteurs biologiques, chimiques et physiques de l’environnement,
qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique1. Les facteurs environnementaux sont un des principaux
déterminants de l’état de santé des populations. La qualité de l’eau, de l’air intérieur et extérieur, des
aliments, le niveau de radioactivité, du plomb ou du bruit, le milieu de travail, tous influencent de façon
directe la survenue de nombreuses maladies » (Salomon, Carmès et Merlo, 2021, p. 71). Il faut noter que
cette formulation intègre l’idée d’une action « positive ou négative » sur l’homme, là où les définitions
de l’environnement tendaient plutôt à présenter essentiellement les effets négatifs sur la santé.
Cependant cette définition reste limitée à l’effet des milieux naturels sur les êtres humains et laisse de
côté d’autres facteurs.
1
Ce terme signifie : ce qui est dû à l’activité humaine.
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
D’autres définitions abordent, dans leur formulation, les questions esthétiques (beauté du paysage, du
cadre bâti, etc.) et psychosociales (relations sociales, mixités sociales, interactions sociales, etc.) que
soulève l’environnement, mais aussi, dans certains cas, les facteurs de risque liés aux comportements.
Comme l’expliquent Eric Lajarge, Hélène Debiève et Zhour Nicollet dans un manuel consacré à la Santé
Publique, cette façon d’intégrer les comportements dans la définition de la santé-environnement est
l’apanage des définitions anglo-saxonnes. Selon ces auteurs, les définitions françaises ne prennent
généralement pas en compte les comportements tabagiques ou les comportements alimentaires par
exemple (Lajarge et al., 2017).
Dans un travail de mémoire soutenu auprès de l’École des Hautes Études en Santé Publique, Cécile
Gauffeny-Gillet propose de distinguer, parmi les déterminants de santé, ceux qui relèvent du champ de
la santé-environnement (Figure 1). Bien qu’il soit nécessaire d’opérer une distinction pour faciliter la
compréhension de ces interactions, il faut garder à l’esprit que les déterminants influent les uns sur les
autres.
Figure 1: Champs et déterminants de la santé en lien avec les activités de santé-environnement en ARS (Source :
Gauffeny-Gillet, 2014).
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
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La deuxième catégorie renvoie aux milieux de vie, aux lieux et aux espaces avec lesquels une
personne entre en relation. Au-delà du cadre bâti, le milieu de vie correspond aussi à l’organisation
communautaire. Le concept de milieu renvoie, en sciences humaines et sociales, aux cadres sociaux et
aux espaces (physiques ou sociaux) qu’ils constituent. Pour le dire autrement, les institutions sociales
(l’école, la famille, le travail, l’administration politique, le monde associatif, etc.) produisent des espaces
(physiques ou sociaux) qui participent à la construction sociale des personnes, qui agissent sur elles ainsi
que sur le cours de leur vie, et dans lesquelles elles se socialisent. Le milieu de vie d’une personne renvoie
donc à tous les groupes sociaux auquel elle appartient et à la façon dont ces appartenances agissent sur
elle2. Pour Cécile Gauffeny-Gillet, « la capacité d’une communauté à résoudre ses problèmes et à
favoriser la santé dépend de la place faite aux citoyens et de la gouvernance locale » (Gauffeny-Gillet,
2014, p. 15), donc de l’existence d’un milieu de vie favorable à la participation et à l’action publique ou
politique. Pour le dire autrement, la participation citoyenne, au sens le plus fort du terme, et la
communauté qui nait de cet effort de participation participe de l’existence d’un environnement social
favorable à la santé.
Les troisièmes et quatrièmes catégories concernent, entre autres, les politiques et institutions locales.
On y trouve notamment l’aménagement du territoire ou encore la gestion des biens communs que
sont l’eau, les déchets, etc.
Trois catégories renvoient au contexte global. Il s’agit du contexte politique et législatif (les lois,
règlements, traités, politiques publiques), du contexte technologique et scientifique (état des
connaissances scientifiques et des savoir-faire techniques en matière de développement ou de mobilité
durable) et de l’environnement naturel et des écosystèmes (qualité des sols, ressources en eau, climat,
particularité du territoire, niveau de pollution, etc.).
Ces 7 catégories proposées et mises en relief par Cécile Gauffeny-Gillet dans son mémoire en santé-
publique se retrouvent chez d’autres chercheurs provenant d’autres disciplines. C’est le cas par exemple
2
En sciences humaines et sociales, la différenciation des termes « environnement » et « milieu » est toujours en
cours et des débats ont lieu. Sur ce sujet, voir notamment Paquot et Younès (2010).
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
des anthropologues de la santé Daniel Bley, Nicole Vernazza-Licht et Marc-Eric Gruénais qui, dans un
ouvrage collectif, proposent de regrouper les déterminants selon quatre catégories, à savoir :
Les activités humaines (niveau d’exposition, mobilité, contact avec les zones à risque, types
d’activités) ;
Les politiques publiques (aménagement des espaces, veille sanitaire et déclenchement des
alertes, mise en place de programmes, etc.). » (Bley, Gruénais et Vernazza-Licht, 2013, p. 23)
Si ces catégories n’apportent pas d’éléments nouveaux par rapport à la représentation proposée par
Gauffeny-Gillet, elles ont l’avantage de synthétiser encore le propos et elles témoignent du relatif
consensus dans les sciences sociales autour de cette question.
La présentation qui a été faite ici du concept de santé-environnement, par le prisme des déterminants
de la santé, témoigne de la diversité et de l’étendue des sujets et des thématiques auxquels il fait
référence. Cette présentation sous-tend aussi des stratégies d’actions à déployer toutes aussi diverses,
et ce afin d’agir sur l’ensemble des déterminants environnementaux de la santé.
Certains articles scientifiques qui ont été consultés pour cette revue de littérature font référence aux
différentes thématiques qui appartiennent au champ de la santé-environnement et qui rappellent celles
présentées dans le paragraphe consacré aux déterminants de santé.
En voici une liste non-exhaustive tirée du travail mené par une équipe de chercheurs en sciences
humaines et sociales et de professionnels de santé publique et promotion de la santé : Cyrille Harpet,
Jérôme Templon, Rose Fonteneau, William Sherlaw et Éric Breton à propos de la place que prenait la
santé-environnement dans les diagnostics locaux de santé (2019) :
Éducation, sensibilisation à Légionellose,
l’environnement, Habitat et air intérieur,
Alimentation, Aménagement territoire, urbanisme,
Qualité́ de l’eau potable, Air extérieur, pollens,
Qualité́ des eaux de loisirs, Bruit et environnement sonore,
Pesticides et produits chimiques, Ondes électromagnétiques,
Qualité des sols et sous-sols, Vecteurs biologiques de maladies.
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Les différentes définitions proposées ici permettent d’en proposer une nouvelle qui tient compte des
observations et des remarques formulées dans cette partie :
Ces effets résultent de la combinaison de différents déterminants qui tiennent par exemple
aux manières d’utiliser l’espace, aux activités humaines, aux milieux naturels et à leur état, aux
caractéristiques individuelles, aux formes d’organisations collectives ou encore aux politiques
publiques, et dont l’articulation est à l’origine d’inégalités sociales et territoriales de santé. Le
champ de la santé-environnement se caractérise par la diversité de ses thématiques :
aménagement du territoire, urbanisme, sensibilisation à l’environnement, éducation au
développement durable, qualité des eaux, de l’air, des sols ou des sous-sols, relations sociales,
alimentation, pollution sonore, type d’habitat, biodiversité, pesticides, politiques écologiques,
dérèglement climatique, gestion des déchets et de l’énergie, accès aux équipements et
services, cadre de vie, ondes électromagnétiques, vecteurs biologiques de maladie, pollution
lumineuse, pollens, etc.
Si cette définition élargie embrasse la totalité du sujet de la santé-environnement, il est
important de noter que sa traduction en action publique conduit à sa dilution dans les
différents secteurs qui structurent cette action. Pour le dire autrement, il existe différents
plans3 et différents services de l’état qui interviennent en santé-environnement. L’articulation
de ces plans qui permet d’agir dans l’ensemble des dimensions de la santé-environnement
telle qu’elle est définie dans ce rapport.
3 L’interface des différents plans avec lesquels s’articule le PNSE 4 est visible sous forme de schéma au début du
plan national (PNSE 4, 2021, pp. 12-13). Pour illustrer, il est possible d’y trouver le Plan National Nutrition Santé
déployé par le Ministère de la Santé, le Programme National pour l’Alimentation déployé par le Ministère de
l’Agriculture et de l’Alimentation, la Stratégie de Développement de la mobilité propre du ministère de la transition
écologique, etc.
14
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Les documents, textes, articles scientifiques et ouvrages servant de base à la revue de littérature
affichent, dans de nombreux cas, des données chiffrées permettant de quantifier et de calculer le coût,
tant humain qu’économique, de la pollution et d’objectiver le lien santé-environnement. Il s’agit ainsi de
rendre compte, le plus objectivement possible, du risque environnemental. Une hypothèse peut être
posée à ce sujet à savoir que l’objectivation des coûts issus de l’impact de l’environnement
(surtout de la pollution) sur la santé a contribué à restreindre la définition de la santé-
environnement à la question du risque et l’action publique à la gestion du risque sanitaire.
Pour François Bourdillon, médecin en santé publique et ancien directeur de Santé Publique France,
l’enjeu de la santé-environnement est majeur pour les années à venir. Pour lui en effet « il est indéniable
que les expositions liées à la combinaison des environnements généraux et professionnels sont la source
probable d’impacts sur la santé. Elles sont, encore aujourd’hui, difficiles à quantifier» (Bourdillon, 2020,
p. 171). En dépit de cette difficulté, le coût humain et économique est abordé dans différents textes et
notamment dans des documents officiels qui encouragent à agir afin de réduire ces coûts.
> Le risque environnemental est parfois traité sous l’angle du coût humain :
La mortalité liée aux facteurs environnementaux : d’un point de vue humain, on note que
l’OMS, dans une étude publiée en 2006, considérait que 25% de la morbidité mondiale était liée
à des facteurs environnementaux, un taux qui représentait jusqu’à 33% pour les maladies de
l’enfant. Plus récemment, l’OMS estimait que les facteurs environnementaux étaient
responsables de près de 20% de la mortalité en Union Européenne (PNSE4, 2021a). Des
inégalités importantes existent face à ces risques environnementaux entre les pays du Sud et les
pays du Nord. En 2001, par exemple l’OCDE estimait à 5% la charge morbide 4 liée à
l’environnement. De leur côté l’OMS et l’Union Européenne ont identifié quatre grandes priorités
en matière d’effet de l’environnement sur la santé : les cancers, les effets sur la reproduction, les
maladies respiratoires et les atteintes neurologiques (Morelle et Tabuteau, 2017).
En lien avec les cancers attribuables à l’environnement : dans une étude publiée en 2018 un
groupe de chercheurs a estimé à 7% la part des cancers attribuables à l’environnement en France
métropolitaine. Ce chiffre a été obtenu en additionnant le taux de cancers liés aux expositions
professionnelles, aux rayonnements ultraviolets et aux radiations ionisantes (Marant Micallef et
al., 2018).
En lien avec la pollution de l’air : si l’on prend en considération les décès et la mortalité liée
à la pollution de l’air, il est notable que la pollution aux particules fines est considérée comme
4La charge morbide est un indicateur de l’OMS qui évalue l’impact des problèmes de santé en calculant le
nombre de décès en pleine santé d’une population.
15
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
la cause de 43 000 et 48 000 décès par an, ce qui représente près de 10 % de la mortalité
française (Santé Publique France, 2016). Une étude menée par l’Agence européenne de
l’environnement datant de 2015 estimait pour sa part que l’on pouvait attribuer 400 000 décès
en Europe à cette pollution qui avait, par ailleurs entrainé une baisse de l’espérance de vie à 30
ans d’environ 2 ans. Au niveau mondial, l’OMS estimait à 3,7 millions par an le nombre de décès
provoqués par la pollution de l’air extérieur (Morelle et Tabuteau, 2017). La pollution dont il est
question peut sembler produire ses effets sur plusieurs dizaines d’années. Or, les effets sanitaires
de cette pollution peuvent se faire sentir aussi à très court terme. En effet, un article portant sur
15 années de surveillance de la pollution de l’air en France et en Europe a permis de montrer
qu’une augmentation des concentrations d’ozone et de particule fine de 10 microgrammes par
mètre cube sur 24 h entrainait une augmentation de la mortalité et des hospitalisations
respectivement de 2 et 3% (Pascal et al., 2013).Il est possible d’ajouter à ces chiffres les 10 000
décès par an au niveau européen et qui seraient directement liés à l’exposition au bruit.
> Le risque environnemental peut aussi être traité sous l’angle du coût monétaire :
Les coûts non-sanitaires : ils sont évalués à 4 milliards et touchent d’autres pans de la société,
parfois moins évaluables d’un point de vue monétaire comme la perte de la biodiversité ou la
baisse de la fertilité des sols, des rendements agricoles, voire de la qualité des produits agricoles
(Trésor, 2020). Le PNSE4 apporte également quelques éléments de chiffrage puisqu’il y est fait
référence au coût de dépollution de l’eau afin de la rendre potable. En prenant appui sur un avis
du Conseil National de l’Alimentation, le Plan National estime que cela coûte entre 440 000 et
1, 5 millions d’euros par jour en France (PNSE4, 2021a, p.8).
Ces chiffres, de la mortalité et du coût sanitaire, conduisent à un certain paradoxe en « chiffrant » le lien
entre santé et environnement. Le paradoxe est que la santé-environnement, pour être prise au sérieux
et pour devenir un problème public reconnu et vis-à-vis duquel l’État se positionne et agit, s’est vue
contrainte d’objectiver ces coûts et de fait de se centrer, presque exclusivement, sur la question du
risque. Cette centralité du risque rend alors difficile de penser autrement la question du lien entre santé
et environnement et notamment en termes de bienfaits ou de ressources possibles ; ce qui peut avoir
un impact très concret sur la façon d’aborder, en termes de politiques publiques, le sujet. La santé-
16
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
environnement n’est pas seulement une notion théorique, il s’agit d’une « catégorie de l’action
publique », produit de l’objectivation institutionnelle de problèmes qui s’imposent à un moment donné
(Dubois, 2009).
Ce point permet d’aborder l’idée selon laquelle la santé-environnement n’est pas qu’une notion
théorique. Il s’agit d’une « catégorie de l’action publique », produit de l’objectivation institutionnelle de
problèmes qui s’imposent à un moment donné (Dubois, 2009). Le fait d’avoir centré le lien
santé/environnement sur le risque a permis, sans doute, cette institutionnalisation de la question et
permis de faire de ce sujet une thématique sur laquelle les pouvoirs publics se jugent légitimes à agir.
Or, le résultat du processus de construction des problèmes publics, tout comme l’action publique qui
en découle, dépend beaucoup des mobilisations sociales visant à faire reconnaitre un problème social
comme un problème public, des raisons de ces mobilisations, ainsi que de la qualité des définitions de
ce qui relève ou non du problème.
Cette idée de co-bénéfices s’inscrit dans la continuité du mouvement social écologiste qui postule que
l’idéal de durabilité affiché dans les pays européens occidentaux ne pourra se passer d’une
transformation des systèmes de santé comme des modes de production. A l’inverse, et la documentation
ne manque pas à ce sujet, le dérèglement climatique a un effet négatif sur la santé.
17
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
En parlant de co-bénéfices, les auteurs affirment l’impact favorable pour la santé des mesures de
préservation de l’environnement et, dans le même temps, de l’effet favorable pour l’environnement de
mesures de promotion de la santé. En mobilisant cette notion ils privilégient une approche globale et
positive de la santé, envisageant l’environnement extérieur comme une ressource pour la santé, la
qualité de vie et le bien-être, et non seulement comme un espace dangereux et risqué pour l’être humain
et sa santé.
Les exemples sont nombreux pour témoigner de la valeur scientifique d’un tel concept. J. Gonzalez-
Holguera et N. Senn prennent appui sur des études montrant les effets positifs de l’environnement sur
la santé. Ces études indiquent, entre autres, que :
Les espaces verts ou aquatiques ont un impact positif sur la santé mentale, notamment chez les
personnes les plus jeunes,
Les actions menées dans les villes pour limiter les émissions de gaz à effet de serre sont
bénéfiques à la santé des habitants de ces villes,
Le contact avec des espaces verts entraine une réduction de la pression sanguine, du rythme
cardiaque, de l'incidence du diabète de type II et d'AVC, ainsi que des incidences bénéfiques sur
les grossesses, les taux de cholestérols, etc.,
Les mesures visant à atténuer le dérèglement climatique entrainent des co-bénéfices dans des
secteurs différents comme l’économie ou le social.
Le chômage entrainant une augmentation des troubles dépressifs et du risque suicidaire, la
création d’emploi dans le champ de l’environnement bénéficie donc à la fois aux personnes mais
aussi à la biodiversité.
La participation de patients à des activités de conservation de la nature est bénéfique pour la
santé.
Pour les auteurs, utiliser le concept de co-bénéfices permettrait de faire converger les objectifs des
différents champs politiques (économie, environnement, santé, etc.) et ainsi d’aider à identifier les
synergies positives Ceci peut contribuer à renforcer leur efficacité́, en assurant une meilleure
coordination entre différents secteurs, institutions et acteurs. » (Holguera et Senn, 2021, p. 2). Les co-
bénéfices apparaissent comme des leviers pour dépasser les résistances au changement et notamment
en matière de pratiques écologiques. Le changement climatique, et les menaces qu’il fait peser sur la
santé des personnes, est souvent perçu comme quelque chose d’abstrait et de distant, d’autant que les
pays européens et leurs citoyens seront ceux qui souffriront le moins des conséquences du dérèglement.
Aussi semble-t-il nécessaire d’identifier les bienfaits pour la santé, et notamment sur le court terme, des
actions favorables à l’environnement afin de renforcer la légitimité des interventions politiques en
matière d’environnement ou de santé.
Les deux auteurs invitent les professionnels en promotion de la santé, et plus largement l’ensemble des
professionnels du champ de la santé, du social, du sanitaire, de l’éducation ou du médico-social, à se
saisir de la question des co-bénéfices. Ils cherchent notamment à penser la mobilisation des
professionnels de santé, lesquels pourraient, dans leur pratique clinique, aborder avec leurs patients les
questions liées au développement durable. Pourtant les questions écologiques et le changement
climatique demeurent des thématiques et des enjeux peu traités dans les relations
professionnels/patients. Les auteurs considèrent pour leur part que cela s’explique par un manque de
18
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
connaissances des professionnels de santé sur ce sujet. Parmi les propositions qu’ils esquissent dans
leurs articles figure celle de « prescription verte ». Il s’agit pour des médecins de prescrire à des patients
plus de contacts avec la nature. Cela peut être décliné en activités telles que l’horticulture thérapeutique,
des activités de conservation de la nature, le soin avec ou aux animaux, les activités artistiques dans la
nature, etc. Un article publié en 2021 par la philosophe et directrice de recherche au CNRS Marie Gaille,
fait état de trois façons différentes pour le corps médical pour agir face au dérèglement climatique :
l’adaptation, pour tenter de guérir les maladies émergentes et liées au dérèglement ;
l’information/sensibilisation sur les liens entre dérèglement climatique et santé ;
l’action d’atténuation par la prise en compte du dérèglement dans leurs pratiques (limitation
de l’impact climatique des pratiques médicales) ou en incitant à des pratiques favorables en
termes de co-bénéfices, ce qui n’est pas sans poser de problèmes tant les programmes de santé
visant les changements de comportements offrent des effets contrastés (Gaille, 2021).
19
Retour sur quelques concepts abordés dans le
4ème Plan national Santé environnement
20
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Le concept d’exposome
La notion d’exposome a été forgée au milieu des années 2000 au sein du monde médical. Construit en
référence, et d’une certaine manière en opposition au génome, il vise à « encourager les travaux sur les
déterminants environnementaux des pathologies chroniques chez l’homme (cancer, diabète, maladies
cardiovasculaires...), par opposition aux déterminants génétiques » (Griset, 2021, p. 8). Il a donc été créé
pour encourager les acteurs du soin à décentrer leur regard du corps des individus pour s’intéresser à
ce qui l’entoure. Certains auteurs parlent à ce titre d’un changement de paradigme dans la prévention
des risques pour la santé liés à l’environnement (Tissier-Raffin et al., 2020).
Le succès rencontré par le concept conduit à son introduction dans la loi française par le biais du PNSE3
(2015-2019). Le lien avec le champ de la santé-environnement est ainsi clairement posé dans le droit.
Quelques années plus tard, sous le ministère de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la
santé entre 2012 et 2017, le terme est utilisé dans l’article 1 de la loi de modernisation du système de
santé. Il est alors directement associé au premier axe de définition de la politique de santé française qui
comprend :
« La surveillance et l'observation de l'état de santé de la population et l'identification de ses principaux
déterminants, notamment ceux liés à l'éducation et aux conditions de vie et de travail. L'identification de
ces déterminants s'appuie sur le concept d'exposome, entendu comme l'intégration sur la vie entière de
l'ensemble des expositions qui peuvent influencer la santé humaine. » 5
Le concept d’exposome sert ici à désigner « l’ensemble des expositions environnementales auxquelles
est soumis un individu tout au long de son existence, y compris à l’état fœtal, et qui peuvent influencer
sa santé et sa durée de vie » (Tissier-Raffin et al., 2020, p. 41).
5 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000031912641
21
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Avec l’apparition de ce concept, la définition de la santé humaine s’enrichit et, celle-ci est reconnue
comme dépendante de deux éléments en interaction constante, le génome et l’exposome.
Contrairement au génome, l’exposome implique une évolution constante puisque, par définition, une
personne se confronte à des lieux, des espaces et des environnements différents tout au long de sa vie.
L’exposome se caractérise par une composition en trois domaines, lesquels se recouvrent partiellement
au point de se télescoper parfois. Parmi ces domaines on retrouve les expositions dites internes, les
expositions externes spécifiques et les expositions générales :
Le premier domaine correspond à l’environnement interne d’une personne et à l’ensemble des
caractéristiques physiologiques qui lui sont propres. Aussi l’âge, la morphologie, le sexe, l’état
des organes internes en font-ils partie.
Le deuxième domaine, celui des expositions spécifiques, désigne l’ensemble des polluants
environnementaux auxquels sont exposés les êtres humains. Ce domaine particulièrement vaste
englobe tout à la fois les expositions physiques, chimiques, radiologiques ou biologiques.
Enfin, les expositions externes générales, troisième domaine dont est composé l’exposome,
renvoient aux déterminants socioéconomiques d’une personne et aux comportements
individuels de celle-ci.
Depuis que sa définition a été proposée il y a une quinzaine d’années, des apports successifs ont
contribué à l’extension des limites de l’exposome en direction des « facteurs comportementaux,
épigénétique, processus endogènes, impacts biologiques des expositions, etc. » (Nicolle-Mir, 2017,
p. 261). Cela conduit à en faire un concept utile mais fourre-tout, qui recouvre un ensemble extrêmement
large d’éléments. D’un point de vue pratique, celui-ci parait peu opérant du fait de son étendue et de
son caractère dynamique (évoluant sans cesse au cours de la vie). Il est en effet impossible, en l’état
actuel des connaissances, de définir l’exposome de chaque individu et ce pour plusieurs raisons :
Les expositions multiples : une personne est exposée chaque jour à plusieurs centaines de
polluants (Tissier-Raffin et al., 2020) donc certains à petites doses et dont les effets sont encore
mal connus.
Les expositions chroniques : l’exposition sur la durée d’une vie à des substances potentiellement
dangereuses pour la santé. Aussi les effets peuvent-ils apparaître des dizaines d’années après
une exposition.
La fenêtre d’exposition : certains âges de la vie rendent plus sensibles les personnes aux
expositions et entrainent des fragilités passagères.
Pour ces différentes raisons, l’analyse de la chaine causale, autrement dit savoir quelle substance produit
quel effet sur quelle personne, est rendue particulièrement complexe. Par ailleurs ces difficultés rendent
le concept politiquement et juridiquement inopérant. C’est en tout cas ce qu’indique, en substance, une
note scientifique remise aux sénateurs français en décembre 2020 6.
6 https://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/opecst/quatre_pages/OPECST_2020_0061_note_exposome.pdf
22
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
One Health
Assez récemment, et notamment dans le sillage des recherches des origines de la pandémie de Covid-
19, la notion de « One Health » ou « une seule santé » semble s’imposer dans le débat public et a
tendance à être associée à celle de santé-environnement. Cette notion apparaît par ailleurs dans le
PNSE4, même si elle est moins récurrente que celle d’exposome et le gouvernement souhaite accélérer
la prise en compte à l’échelle nationale qui s’est imposée avec la crise liée à la pandémie.
Pour comprendre cette notion, et saisir les enjeux qu’elle véhicule, il peut sembler important de revenir
sur son histoire. A l’origine, la notion de « One Health » désigne une vision qui justifie le rapprochement
entre les sciences médicales et les sciences vétérinaires. Les animaux et leur étude ont permis des
avancées scientifiques et médicales considérables et, des praticiens des sciences médicales ou
vétérinaires ont lutté pendant de nombreuses années pour que leurs disciplines se rapprochent
davantage, arguant du fait qu’il n’y avait qu’une seule médecine (« One Medecine »). Force est de
constater qu’avec la domestication animale, une part importante des agents pathogènes des animaux
se sont adaptés à l’homme, au point que 75% des maladies nouvelles ou des nouveaux agents
pathogènes sont d’origine animale (Parodi, 2021).
Si le terme « One Health » apparait officiellement en 1984 (suite aux travaux de l’épidémiologiste Calvin
Schwabe), il faut attendre 2004 pour que celui-ci devienne un principe politique. C’est par le biais de
l’organisation non-gouvernementale World Conservation Society (WCS) que se structurent les douze
principes de Manhattan, lesquels posent les bases de « One Health »(Zinsstag et al., 2020). Certains de
ces principes affirment qu’il est impératif de tenir compte de l’interdépendance entre le monde humain
et le monde animal. Le 3ème principe par exemple indique qu’il est nécessaire d’étudier la santé des
23
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
animaux sauvages pour prévenir les risques sur la santé humaine. Dans le même ordre d’idée, le
cinquième principe « recommande le développement d’approches proactives et intégratrices pour
comprendre et prévenir le développement des maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes, en
prenant mieux en compte toutes les interconnexions complexes qui existent entre les espèces dans les
écosystèmes » (Morand, Guégan et Laurans, 2020, p. 2). Le lien entre environnement, santé humaine et
santé animale est donc affirmé dès l’origine du concept, même si celui-ci ne donne pas lieu à des actions
concrètes. Toutefois, la WCS acte que « seules des solutions communes, multidisciplinaires, anticipées
et capables d’évoluer sont à même d’affronter les menaces présentes et à venir » (Parodi, 2018).
En 2008, cinq organisations internationales – l’OMS, l’organisation mondiale de la santé animale (OEI) et
l’organisation pour l’alimentation, l’agriculture (FAO), l’UNICEF, la banque mondiale et le bureau du
coordonnateur du système des Nations unies pour l’enfance – consacrent l’expression « One Health » à
travers un rapport visant à poser, pour reprendre son titre, le cadre stratégique permettant de réduire
les risques de maladies infectieuses à l’interface entre les animaux, les humains et les écosystèmes (Fao
et al., 2008).
Ces quelques actes fondateurs ont permis de faire entrer le concept dans le débat public. Il est possible
de dégager à grands traits trois objectifs opérationnels que vise « One Health » et qui ambitionnent
principalement de limiter et de surveiller la survenue de maladie à l’interface du monde animal, humain
et environnemental (Destoumieux-Garzón et al., 2018). Le premier objectif concerne la surveillance à
l’échelle internationale, nationale et locale des maladies infectieuses émergentes. Les différentes
professions sont alors encouragées à collaborer pour favoriser la détection et le diagnostic de ces
maladies nouvelles ou ré-émergentes. Le deuxième objectif concerne la lutte contre les résistances aux
anti-infectieux, par l’usage raisonné des antibiotiques tant pour les humains que pour les animaux et
afin d’encourager le déploiement d’alternatives. Cet objectif permet de comprendre qu’en donnant aux
animaux et aux humains des antibiotiques, cela contribue à modifier l’environnement et les éco-
systèmes en favorisant le développement d’agents infectieux résistants et potentiellement plus
dangereux, responsable d’environ 1, 27 millions de décès à l’échelle mondiale en 2019 selon un article
publié dans la revue The Lancet (Murray et al., 2022). Une étude publiée début 2022 et réalisée par la
Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) auprès de médecins
généralistes indiquent que l’antibiorésistance est un sujet de préoccupation important des généralistes
français puisqu’un médecin sur deux y est confronté (DREES, 2022). Le troisième objectif concerne la
reconnaissance ou la surveillance des perturbations environnementales qui peuvent favoriser
l’apparition ou l’extension de maladies. Dans cette perspective, l’environnement « englobe notamment,
le réchauffement climatique, les altérations de la biodiversité liées aux activités humaines telles que la
déforestation, la conversion des habitats naturels en terres agricoles, l’expansion des zones urbaines,
l’introduction de certaines espèces animales et végétales invasives, la surexploitation de ressources
naturelles, certains nouveaux produits alimentaires » (Parodi, 2021, p. 660).
A la lecture d’une partie de la littérature au sujet de « One Health » plusieurs limites et critiques se font
jours, accompagnées de pistes de réflexion :
> Malgré le message multidisciplinaire et holistique de « One Health », visant à dépasser les
barrières entre les disciplines et à privilégier une perspective globale, le concept semble très marqué
24
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
par son empreinte infectiologique (Morand, Guégan et Laurans, 2020). Cette difficulté à faire
communiquer/dialoguer ensemble sciences médicales et vétérinaires, agronomie, sciences de
l’environnement, sciences biologiques ou encore sciences de l’évolution, et les professions qui en
découlent, pourra sans doute, et avec le temps, être levée par la création d’un lexique commun et
partagé, par une véritable interconnaissance pluridisciplinaire. Cela passera par l’introduction dans
les formations initiales dans chaque discipline, de savoirs tirés des autres disciplines, par la
structuration de réseaux pluridisciplinaires et internationaux, par le décloisonnement des politiques
(Destoumieux-Garzón et al., 2018)
> La collaboration entre les ONG qui a consacré l’expression « One Health » est restée un principe
et ne s’est pas traduit dans un programme d’action et de coopération national et financé à la hauteur
des ambitions portées par les ONG.
> Le concept prend ses racines durant la période coloniale, notamment en répondant au besoin de
garantir la sécurité sanitaire des colons et a pu être mobilisé à des fins de contrôle des populations
locales. Pour l’anthropologue Nicolas Lainé et l’écologue Serge Morand (2020), le concept est encore
chargé de ce passé colonial et conduit parfois, dans sa traduction en acte et en particulier sur le
continent africain, à nier le savoir des populations locales en imposant un rapport à la nature
déconnecté des savoirs locaux. Cette critique concerne plus largement les relations entre les pays
occidentaux et les pays africains ou orientaux au sujet de l’écologie (Blanc, 2020 ; Ferdinand, 2019).
N. Lainé et S. Morand estiment alors, avec d’autres, que le concept « One Health » gagnerait à faire
une place plus importante aux sciences sociales qui lui permettraient d’accéder aux savoirs locaux,
aux connaissances ethnomédicales, etc. (Lainé et Morand, 2020 ; Lapinski, Funk et Moccia, 2015 ;
Zinsstag et al., 2020).
> Le concept est particulièrement anthropocentré, c’est-à-dire qu’il est principalement concentré
sur la santé humaine, et gagnerait à adopter d’autres perspectives qui incluraient les animaux et les
non-humains en changeant « notre vision de la faune sauvage et des animaux domestiques, et ne
pas les considérer nécessairement comme des objets passifs, ou dans le cas de la santé, comme des
victimes de pathogènes ou coupables de les transmettre. Au contraire, il faut les reconnaitre comme
coproducteurs de savoir au sujet de la biodiversité » (Lainé et Morand, 2020, p. 8, traduit par l’Ireps
Grand Est).
En dépit de ces limites, l’approche One Health, et sa mise en pratique, témoigne d’un effort pour
dépasser le grand partage (Descola, 2019), autrement dit l’opposition moderne et occidentale entre
nature et culture. Dans la pratique, ce grand partage a contribué à opposer la lutte contre les inégalités
de santé à la lutte pour la protection de l’environnement, opposition qu’il conviendrait aujourd’hui de
dépasser afin d’accompagner des changements en termes d’équité de santé, de transition énergétique,
de défense de la biodiversité et de prévention des risques sanitaire (Ferron, 2021).
25
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
En mars 2021, une conférence portant sur la mise en pratique du concept One Health est organisée en
région lyonnaise, dans les locaux de VetAgro Sup (un institut d’enseignement supérieur et de la
recherche) par plusieurs associations, à savoir Humanité et Biodiversité, l’association Santé-
environnement France, France Nature Environnement, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité
ainsi que la Fédération des syndicats vétérinaires de France. La conférence donnera lieu à la publication
d’un cahier de propositions afin d’appeler à une stratégie nationale, européenne et internationale portée
par des politiques ambitieuses, mais aussi la création de lieux de gouvernance interministérielle et
interdisciplinaire afin de poursuivre l’avancée des connaissances au sujet des liens entre santé humaine,
santé animale et santé des écosystèmes (2021b). Parmi les propositions formulées, il est possible d’y
trouver des recommandations visant explicitement les actions publiques locales :
> La première d’entre elles concerne le rôle des conseils régionaux et vise à conforter leurs
mobilisations « une seule santé », afin qu’ils apparaissent comme des chefs de file au niveau local
capables de soutenir des actions « une seule santé ». Pour assoir ce rôle, les conseils régionaux
peuvent profiter les dynamiques autour des Schémas Régional d’Aménagement, de Développement
Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) pour y inclure et mobiliser autour de One Health ; ils
peuvent s’appuyer sur les PRS (Plan régional de Santé) et leurs objectifs de réduction des inégalités
sociales et territoriales de santé ou ordonner la mise en cohérence des documents tels que le
SRADDET, le PRS, le PRSE, le Plan Régional d’Agriculture Durable (PRAD).
> La deuxième recommandation vise à intégrer dans les politiques locales les enjeux « une seule
santé ». Cela passe notamment par l’intégration dans les codes de la santé publique et de
l'urbanisme de la mention « une seule santé » afin que les collectivités locales (au premier rang
desquelles les intercommunalités) s’en saisissent. Les participants à la conférence proposent
également d’intégrer systématiquement One Health dans les diagnostics locaux de santé-
environnement.
> La troisième recommandation porte sur la coordination des professionnels concernés par la
prévention sanitaire environnementale afin d’éclairer l’action publique. Le rapport propose des
pistes d’expérimentation pour traduire cette recommandation en acte.
> Enfin, la quatrième recommandation traite de la formation afin de favoriser des nouvelles
pratiques professionnelles et pour contribuer à l’émergence de nouvelles organisations locales. Ces
formations croisées pourraient concerner tant les professions médicales et paramédicales que les
professionnels des politiques publiques, les professions liées à l’écologie, à l’alimentation ou à
l’agriculture, la sensibilisation des élus, etc.
Dans d’autres recommandations, portant exclusivement sur la question de la formation au sujet de One
Health, les auteurs du rapport proposent d’introduire ce sujet dans les programmes des collèges et des
lycées mais aussi dans l’enseignement supérieur (pour les professions de santé mais aussi les directeurs
d’établissements, les agronomes, les sociologues, les géographes, les urbanistes, les architectes, les
sciences politiques, etc.).
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Les recherches au sujet de la santé-environnement ont montré une proximité entre ce concept et celui
de santé-travail et le PNSE 4 encourage les acteurs publics à créer ou renforcer les liens entre ces deux
concepts.
Dans un article paru en 2019 en partenariat avec le groupement d’intérêt scientifique sur les cancers
d’origine professionnelle dans le département du Vaucluse, les chercheurs Moritz Hunsmann et
Benjamin Lysaniuk, respectivement sociologue et géographe, proposent de « faire entrer en résonnance
santé-travail et santé-environnement » (Hunsmann, Lysaniuk, et L’équipe du Giscop 84, 2019), de penser
leur articulation pour dépasser les limites qui leurs sont propres. Les discussions qu’ils engagent sont
présentées ici7.
A partir de ces constats, les chercheurs en sciences sociales proposent de mettre en lien les domaines
de santé-travail et de santé-environnement en tirant profit des avantages de l’un et de l’autre, de les
articuler en dépassant les clivages théoriques, pratiques et politiques, et ainsi d’encourager le
désenclavement.
7Plus récemment, en 2021, un numéro de la revue de sciences humaines et sociales « Sociétés contemporaines »
portait sur ce sujet et proposait des conclusions et des réflexions semblables à celles présentées ici (Bécot,
Malfilatre et Marchand, 2021).
27
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Pour le dire autrement, le champ de la santé-environnement possède des propriétés que ne possède
pas le champ de la santé-travail et inversement. Or ces propriétés absentes pourraient être compensées
par l’association des deux champs.
Pour rendre compte des débats initiés par les auteurs cités plus tôt et des caractéristiques propres aux
différents champs, un tableau a été réalisé. Ce tableau favorise la compréhension et illustre les points
d’articulations intéressant.
Santé-environnement Santé-travail
Désenclavement politique + -
SE à l’intersection du ministère Prérogative du ministère du
de l’écologie et de celui de la travail.
Santé.
Inacceptabilité sociale + -
Visibilité et inacceptabilité Relative invisibilité de la santé-
sociale des sujets de SE travail.
Potentiel préventif - +
Faible potentiel préventif. Fort potentiel préventif car
porte sur les lieux de pollution
Capacité d’action sur les - +
sources de la pollution Cherche à réduire les effets des Proximité avec les sources de la
pollutions pollution
Méthodes d’études de - +
l’impact des pollutions sur les Méthodes macro (à grande Méthodes micro (à l’échelle
personnes échelle) et études en d’une entreprise par exemple)
population générale. sur des populations
spécifiques.
> La santé-travail possède un potentiel préventif qui fait défaut à la santé-environnement. En effet,
cette dernière s’intéresse à ce qui se situe après la pollution et, pour cette raison, est rendue inapte
à travailler et à intervenir directement sur les lieux de production de la pollution. Aussi constate-t-
elle les dégâts « quand la contamination a déjà débordé du lieu de production » (Hunsmann,
Lysaniuk et Giscop 84, 2019, p. 104). La santé-travail, au contraire, traite le problème à la racine, au
plus proche des lieux de productions tandis que la santé-environnement a tendance à s’intéresser
à des populations larges, peu affectées par les substances toxiques, ce qui tend à diluer le risque
environnemental et contribue à négliger le danger Autrement dit le domaine de la santé-travail
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
permet une approche « micro » et préventive, bien plus que la santé-environnement. Elle peut
faciliter l’étude les effets des expositions à des polluants, notamment les polluants industriels, sur
des petits groupes d’individus, mais aussi de tester des méthodes de réductions des risques. Par
ailleurs, dans bien des cas c’est au niveau de la production, donc au niveau du travail, que se situent
les pollutions. On peut penser à l’épendage de pesticide, à la pollution industrielle des cours d’eaux
ou de l’air, etc. Ces enjeux de santé-environnement, ne peuvent être traités comme si le travail, son
organisation et ses logiques n’avaient rien à voir. En adoptant une perspective qui dépasse la
question du risque, il est notable que la pratique du télétravail peut avoir des conséquences
positives sur l’environnement et peut donc apparaître à ce titre comme un sujet de santé-
environnement.
> Les méthodes d’études des liens entre environnement et santé, dans le domaine de la santé-
travail, offrent une vision fine, à l’échelle de petits groupes d’individus des effets des expositions
toxiques. Cet avantage méthodologique permet de mettre en évidence des risques qui ne sont pas
observables dans les domaines de la santé publique et de l’épidémiologie – qui privilégient une
échelle large – alors qu’ils affectent des riverains, des consommateurs ou des citoyens. Les auteurs
concluent alors que « les ouvriers en milieu de travail sont, au niveau des risques, des sentinelles
du milieu environnemental » (Pézerat cité dans Hunsmann, Lysaniuk et Giscop 84, 2019, p. 103).
Toutefois, les auteurs appellent à la précaution. En effet, bien que les deux domaines relèvent
globalement d’un même univers, ils insistent sur le risque de voir les problématiques
spécifiques liées à la santé-travail reléguées au second plan et « diluées » dans la santé-
environnement, ce qui aurait pour conséquence le « maintien dans l’invisibilité des
expositions professionnelles et de leurs effets sanitaires – et ce, alors même que les
expositions sur le lieu de travail sont souvent bien plus fortes que les expositions strictement
environnementales » (Hunsmann, Lysaniuk et Giscop 84, 2019, p.97).
29
Leviers d’actions fondés sur les données
probantes en matière de santé-environnement
30
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Les données probantes agrègent les savoirs issus du monde scientifique, de la recherche fondamentale
ou de la recherche appliquée, les savoirs expérientiels objectivés par des méthodes qualitatives
spécifiques et les savoirs tirés de méthodologies reprenant la rigueur de la méthode scientifique (Méta-
analyse, Analyse systématique de la littérature, recommandations nationales, etc.).
La pratique fondée sur des données probantes, ou données issues de la recherche, fait l’objet d’un débat
au sein du champ de la promotion de la santé, du travail social, de la médecine et des sciences en
général. En l’état actuel des connaissances, aucun consensus ne semble se dégager à ce sujet. A mesure
que la thématique des données probantes s’impose dans le débat public, plusieurs auteurs mettent en
garde sur les limites de cette hégémonie (Briffault, 2017 ; Bruno, 2015 ; Maunier, 2019). Certains auteurs
mettent en question l’idée même de données probantes et la hiérarchie des preuves qu’elle soutient,
d’autres reprennent le concept à leur compte et cherchent à en préciser la portée (Banta, 2003). L’essai
randomisé, au sommet de cette hiérarchie, s’avère très efficace pour produire des preuves scientifiques
en recherche clinique mais connait de nombreuses limites dès lors qu’il s’agit d’étudier des systèmes
complexes comme le sont les interventions en santé publique ou en promotion de la santé. C’est
d’ailleurs pour pallier ces difficultés qu’un concept comme celui d’exposome a vu le jour. Aussi est-il
possible, pour obtenir des données probantes en santé publique ou en promotion de la santé, d’intégrer
l’expérience des acteurs, les méthodes issues des sciences sociales, l’étude du contexte et de la
transférabilité des interventions dans la définition des données probantes.
Le chapitre suivant recense des données probantes en santé-environnement sans être exhaustif. Deux
bases de données ont servi pour rédiger ce chapitre. La première est la base de données du système
d’information régional en Santé de l’ORS de PACA (SirséPaca) et la seconde est celle du Centre de
collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE) situé au Canada. Le site du système
d’information régional en Santé de l’ORS de PACA a mis en ligne sur son site internet des « fiches
d’actions probantes en santé-environnement »8. Les documents, articles scientifiques, études ou
rapports qui servent de source aux fiches ne sont pas repris ici mais sont tous accessibles sur le site
internet du SirséPaca. Le site internet du Centre de collaboration nationale en santé environnementale
(CCNSE), installé au Canada, répertorie un grand nombre de données probantes, d’analyse semi-
systématique de la littérature en santé environnementale 9. Parce qu’il est impossible de rendre compte
8 http://sirsepaca.org/territoires-actions-probantes/sante-environnement
9 http://ccnse.ca/publications-products/evidence-reviews/desc
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
ici de la totalité des articles rédigés et mis en ligne sur le site du CCNSE, le choix a été fait de ne traiter
que des thématiques portant au moins 10 références, soit les thématiques concernant les agents
chimiques, l’air extérieur, l’air intérieur, l’Eau10. Pour chacune de ces thématiques, le Centre canadien
propose des articles dont une partie porte sur des actions probantes et d’autres sur des données
probantes. Le choix a été fait de rendre compte des données probantes pour agir en santé-
environnement, et de privilégier celles qui concernent des problématiques qui touchent aussi la France
(certains documents concernent par exemple la culture du cannabis à domicile, légal au Canada, où la
santé des peuples dits autochtones).
Afin de structurer ce chapitre, il a été décidé de prendre appui sur les thématiques de santé-
environnement définies plus tôt dans le chapitre consacré à la définition du concept11. Il faut noter un
certain déséquilibre entre certains thématiques dans la mesure où certaines données sont plus faciles à
obtenir que d’autres et sont plus facilement accessible. C’est notamment le cas des thématiques liées à
l’aménagement du territoire et à l’urbanisme, a celle liée à l’habitat et l’air intérieur et enfin à celle portant
sur la qualité de l’eau. En plus de ces thématiques identifiables, un point sera réalisé au sujet de la mixité
et de la cohésion sociale, une thématique très peu travaillée et presque pas identifiée comme relevant
de la santé-environnement.
Les aménagements, qu’il s’agisse du paysage urbain, des espaces verts ou des équipements
sportifs, peuvent favoriser l’activité physique et les mobilités dites actives tout en contribuant à
la réduction des pollutions (sonores, lumineuses, etc.) et à l’amélioration de la qualité de l’air
extérieur. Il s’agit ici d’un enjeu important du PNSE4 puisque celui-ci fait mention d’actions à
mener pour sensibiliser les urbanistes et les aménageurs afin qu’ils prennent en compte la santé-
environnement dans leurs pratiques professionnelles.
> Le fait d’avoir des lieux proches du domicile, accessibles gratuitement, perçus comme sécurisés,
encourage la pratique d’une activité physique. La fiche prend appui sur une étude européenne
montrant que le fait de vivre et d’habiter dans un environnement vert contribuait à réduire de 40
% le risque de surpoids ou d’obésité et que les habitants étaient 3 fois plus nombreux à pratiquer
une activité physique.
10 D’autres thématiques présentes sur le site présentent plus d’une dizaine de références, seulement il s’agit de
thématiques transversales et donc déjà présentées ailleurs.
11
Pour rappel, les thématiques sont : alimentation ; qualité des eaux ; pesticides et produits chimiques ; qualité des
sols et des sous-sols ; légionellose ; habitat et air intérieur ; aménagement du territoire et urbanisme ; air extérieur,
pollens ; bruit et environnement sonore, ondes électromagnétiques, vecteurs biologiques de maladies.
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
> Un aménagement urbain de mauvaise qualité peut occasionner des chutes chez les personnes
âgées et conduire à un repli sur le domicile, ce qui entraine une baisse de l’activité physique et
participe à l’isolement social des personnes âgées. On retrouve ce même constat pour les personnes
à mobilité réduite.
Accès aux équipements publics, aux services de santé et aux activités économiques
Les équipements publics sont des structures ou des bâtiments publics ou privés considérés comme
utiles à la collectivité et répondant aux besoins des habitants. L’accès aux équipements publics,
aux professionnels de santé et à l’emploi est un facteur de la qualité de vie des habitants et de
l’attractivité d’un territoire.
La qualité des équipements publics présents sur les territoires et le taux de services de santé sur un
territoire ainsi que les difficultés d’accès à ces équipements et ces services pour certaines populations,
peuvent avoir un impact défavorable sur la santé.
Les habitants des quartiers prioritaires ou Politique de la Ville sont particulièrement touchés par les
inégalités de santé pour des raisons diverses. Les quartiers dans lesquels ces personnes résident sont
moins pourvus en professionnels de santé de proximité avec un taux d’équipements près de 2 fois plus
faible que les autres territoires urbains. Cet écart augmente encore pour ce qui concerne les médecins
spécialistes. Les difficultés rencontrées pour accéder aux soins peuvent entrainer des retards de
diagnostic ou de prise en charge.
Les espaces verts contribuent à la santé des populations. La présence d’espace verts en ville
favorise tout d’abord l’environnement en permettant d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau, en
limitant les ilots de chaleur, en atténuant le bruit lié au trafic routier et à la vie en ville.
La présence de parcs, et plus largement de végétaux, en ville, a de très nombreux effets bénéfiques pour
la santé. Elle réduit la mortalité, permet aux personnes de se percevoir comme étant en meilleure santé,
aide à réduire la fatigue et le stress, réduit les risques de dépression ou de maladies cardiovasculaires,
etc.
Le SirséPaca indique à partir d’une étude que l’augmentation du nombre d’espaces verts d’une dizaine
de pourcent permettrait une amélioration de l’état de santé équivalente à un rajeunissement de cinq
ans, un impact positif dont les effets seraient encore accrus dans les quartiers populaires.
La fréquentation par les enfants des espaces verts apporte une aide au développement moteur, cognitif,
émotionnel, social et physique.
L’existence de parcs réduit aussi les inégalités de genre dans l’accès à l’espace et à la pratique sportive
en encourageant la pratique du sport des femmes.
33
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Cependant la présence d’espaces verts est susceptible d’augmenter le risque d’être touché par la
maladie de Lyme, d’augmenter les réactions allergiques liés à la pollinisation plus importante en milieu
urbain ou à la présence de chenilles processionnaires.
La fréquentation des espaces verts conduit également les personnes à s’exposer aux rayons du soleil, ce
qui peut avoir des conséquences néfastes. Ces tensions et paradoxes apparents invitent dès lors à
penser l’articulation entre des politiques d’accès aux espaces verts/naturels et rendre ces espaces
protecteurs de santé.
L’existence de jardins collectifs impacte positivement la santé physique et mentale de ceux qui s’en
occupent en favorisant le lien social, en encourageant des pratiques alimentaires favorables à la santé,
en contribuant à la pratique d’une activité physique et en améliorant les facultés de concentrations et la
confiance en soi des personnes.
Les îlots de chaleur définissent un phénomène où s’observe une augmentation localisée des
températures. En période de forte chaleur, ces îlots accentuent les effets négatifs sur la santé. Ils
peuvent également occasionner des variations climatiques locales et entrainer des phénomènes
violents pouvant être dangereux pour la santé humaine.
La différence chaud/froid entre le centre et les périphéries contribue à une concentration des polluants
au-dessus des centralités urbaines. Les îlots de chaleurs dégradent aussi la qualité de l’air intérieur, ce
qui peut impacter les habitants.
Pour lutter contre les îlots de chaleur plusieurs actions ont fait leurs preuves, telles que le verdissement
des bâtiments et des extérieurs, privilégier l’usage de couleurs claires, créer des « îlots de fraicheur » et
intégrer des espèces végétales rafraichissantes, privilégier la construction d’espaces publics végétalisés
et réduire la minéralisation de la ville.
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Plusieurs articles ou études publiés sur le site du CCNSE traitent de la qualité de l’air extérieur.
La régulation et la gestion du trafic automobile est un sujet important pour réduire la pollution de l’air.
Parallèlement, une politique allant dans le sens de l’amélioration de la qualité de l’air peut avoir un
impact sur la diminution des risques liés au bruit. Dans un article publié par la Environmental Health
Review, les auteurs pointent l’efficacité plus grande pour diminuer la pollution et le bruit lié au trafic, et
ainsi faire diminuer le risque cardiovasculaire, des actions cherchant à intervenir sur la source de la
pollution plutôt que sur le choix des consommateurs ou des conducteurs. Ces interventions sont
également moins coûteuses et leurs effets sont plus égalitaires, mais encore leur mise en œuvre est plus
simple, rencontre moins de résistance. Les actions portant à la fois sur la réduction du bruit et de la
pollution ont des effets sur la santé maximisés comparativement à des actions portant sur l’un ou l’autre
et courant le risque d’encourager l’un en limitant l’autre. Les auteurs en appellent donc aux constructeurs
automobiles mais aussi aux collectivités locales pour qu’elles choisissent des revêtements réduisant les
bruits (Curran et al., 2013). Cette production entre en résonance avec un autre article concernant la
réduction de l’exposition non-résidentielle des enfants à la pollution d’origine automobile (Ries, Hystad
et Gouge, 2010). Les auteurs remarquent que les enfants sont principalement exposés dans les milieux
scolaires, dans les crèches et garderies. Ils encouragent les collectivités à éloigner le plus possible les
lieux accueillant des enfants des routes principales et considèrent qu’il est nécessaire de doter ces lieux
de systèmes de ventilation de qualité. Les auteurs proposent aussi d’encourager la pratique d’itinéraires
évitant les zones fortement polluées. En revanche, et malgré l’utilité de telles pratiques, le coût et les
avantages de mesures de réduction de l’exposition des enfants restent peu calculés.
La réduction du bruit peut avoir un impact important sur la qualité de vie des personnes, notamment
pour celles vivant en milieu urbain. Près de 40% des français sont exposés à des niveaux de bruits
supérieurs aux recommandations de l’OMS. Différentes actions peuvent être menées pour diminuer le
bruit en ville. Parmi celles-ci on compte les actions visant à réduire le nombre de voitures, la vitesse de
circulation et à penser la régulation de la circulation. On compte aussi les actions visant à réduire la
propagation du bruit par l’installation de murs ou de rangées de végétaux, les actions de rénovation et
d’entretien des chaussées, etc. La construction des bâtiments, leur aménagement, leur distance par
rapport à des sources de bruits sont aussi abordés pour améliorer la qualité de vie des personnes.
Les agents chimiques renvoient à des produits ayant des effets négatifs sur la santé. Ceux-ci peuvent
être cancérogènes, mutagènes, génotoxiques ou toxiques pour la reproduction. On y retrouve par
exemple les colles, les résines, les colorants, la peinture, l’essence, les pesticides, etc. Le CCNSE propose
quelques pistes d’interventions pour réduire l’exposition ou les effets des expositions sur la santé. Ces
pistes rejoignent d’une certaine manière celles tracées dans l’axe 1 du PNSE4, plus précisément de
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
l’action 5, qui concerne l’amélioration de l’information au sujet des effets, tant sur la santé que sur
l’environnement, des produits ménagers.
Les antimicrobiens servant à la désinfection des surfaces peuvent avoir des impacts négatifs sur la santé
et notamment pour les travailleurs. Plutôt que de s’intéresser aux actions qui porteraient sur
l’information ou la sensibilisation des travailleurs, un article du CCNSE évalue l’efficacité et l’intérêt
d’équiper les structures de nettoyage d’agents antimicrobiens de substitutions. Celui-ci note l’intérêt
d’utiliser, pour des petites surfaces, du vinaigre, du bicarbonate de soude ou du citron. Or, l’utilisation
de ces produits est limitée pour une application industrielle. En conséquence, les auteurs proposent
l’utilisation d’eau ozonée ou d’eau électrolysée, ou encore l’utilisation d’huile de melaleuque ou d’huile
de lin. Toutefois les huiles peuvent présenter une toxicité pour la santé humaine, laquelle est moindre
que les produits utilisés classiquement pour la désinfection. Enfin, l’article estime que l’usage de l’argent,
lequel possède des propriétés antimicrobiennes en limitant la croissance des microbes, peut être élargi
(Fong et al., 2014).
La lutte contre les punaises de lit a aussi fait l’objet de différentes études dont le CCNSE rend compte
en 2015. Malgré un manque de données et d’études de terrain, l’auteur de l’article invite à encourager
la sensibilisation des habitants touchés mais surtout la coopération entre les professionnels de la lutte
antiparasitaire, les propriétaires et les habitants, ce travail collaboratif des différents acteurs de l’habitat
étant jugé plus efficiente pour assurer le succès des stratégies de lutte, compte tenu des connaissances
actuelles (Stuart, 2015).
Le site du CCNSE propose différentes pistes d’actions pour intervenir sur la qualité de l’air intérieur. Un
article daté d’octobre 2010 s’intéresse à l’effet des purificateurs d’air sur la qualité de l’air domestique.
En dépit d’une grande diversité de produits existants, agissant plus ou moins efficacement sur la
pollution intérieure, les purificateurs tendent à améliorer la qualité de l’air intérieur dans les logements.
Ceux-ci, surtout lorsqu’ils sont équipés de filtre HEPA (acronyme anglais pour Filtre à air Haute qualité),
réduisent l’infiltration de particules fines produites à l’extérieur et éliminent celles présentes à l’intérieur
des domiciles. Cela contribue à améliorer l’état des vaisseaux sanguins ; permet de réduire certains
symptômes de l’asthme et des allergies liées à la présence de polluants dans l’air intérieur. Les effets
positifs des purificateurs d’air sur la santé se combinent à des effets positifs liés à l’emploi d’autres objets
permettant l’amélioration de la qualité de l’air comme les aspirateurs à filtre. L’amélioration de la qualité
de l’air intérieur est un élément central du PNSE4 et fait l’objet d’une action spécifique (action 14)
construite autour de 5 objectifs et ayant pour mission principale de dépasser les actions menées sur les
produits ménagers. Les 5 objectifs portent sur des enjeux diagnostics, politiques et sanitaires (voir
PNSE4, 2021 a, pp. 46-50).
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Le radon est un gaz radioactif présent dans le sol et notamment dans les roches granitiques et
volcaniques. On le retrouve donc prioritairement dans les zones montagneuses, mais aussi dans les
régions minières. Ce gaz, inoffensif à l’air libre, pénètre dans une grande partie des bâtiments existants
et y reste stocké. C’est à ce moment, lorsqu’il s’accumule dans des espaces confinés, qu’il devient
dangereux. Avec le tabagisme, le radon est considéré comme la principale cause des cancers du
poumon. Le site de Santé Canada et l’association canadienne des scientifiques et technologues en radon
proposent un guide d’action contre le radon, consultable en ligne12, à l’attention des collectivités locales.
Ce document repose sur des données issues de la science et définit les grandes orientations à suivre
pour lutter contre le risque lié au radon. Les actions envisagées concernent par exemple la combinaison
de dispositifs d’information au sujet du radon combinés avec les dispositifs de lutte contre le tabagisme,
dans la mesure où les deux (le tabac et le radon) atteignent les poumons. Elles peuvent aussi concerner
des dispositifs d’identification des acteurs qualifiés pour agir ou encore la surveillance des logements à
haut rendement énergétique qui, pour garantir leur efficacité énergétique, font parfois le sacrifice de la
circulation de l’air. Le document évoque également l’organisation de campagnes de dépistage
communautaire, de sensibilisation à la question du radon, et la production de documents permettant
de faire circuler l’information à ce sujet. Un point nodal du rapport concerne l’amélioration de la
détection et des méthodes d’évaluation des risques liés au radon. Une des modalités d’action concerne
également le travail en commun entre les propriétaires, les collectivités, les constructeurs du bâtiment
et les habitants pour agir efficacement.
Les actions probantes au sujet de l’eau portent tant sur les eaux de loisirs que l’eau potable.
Parmi les eaux de loisirs, les aires de jeux d’eau, qu’il est possible de retrouver dans de nombreuses villes,
constituent un risque pour la transmission de maladies gastro-intestinales, surtout lorsqu’il s’agit de jeux
d’eau à recirculation (qui sont alimentés en partie par les eaux usées). Un article publié en 2017 fait état
d’études pour diminuer le risque de transmission, souvent lié à une panne des systèmes de désinfection
de l’eau (Russel et Eykelbosh, 2017). Le moment le plus important est celui de la conception. Pour les
auteurs, les professionnels de santé publique doivent travailler avec les municipalités où se trouvent
installées les aires et les concepteurs. La conception est importante car elle permet, en amont, de réduire
les risques. Cela peut passer par la réflexion concernant le lieu d’installation, le plus loin possible des
sources de poussières et de débris, la fermeture des lieux (barrières), la taille des réservoirs et leur
conception pour faciliter l’entretien, l’utilisation à certains endroits précis d’eau potable et non issue de
la recirculation, la qualité des filtres, le type de surface utilisée (éviter le caoutchouc), etc. Par ailleurs les
auteurs considèrent que le cadre légal est un bon moyen pour encourager les concepteurs et les
gestionnaires de ces aires de jeux d’eau à entretenir convenablement les aires, et ce afin de réduire le
risque de transmission de maladies.
12 http://takeactiononradon.ca/wp-content/uploads/Radon-Action-Guide-for-Provinces-and-Territories-FC-
FRA.pdf
37
Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Quelques articles font état de l’eau potable et d’actions permettant son traitement. L’eau du robinet
peut être source de circulation de parasites, même si la prévalence en France est assez faible, comme
c’est le cas de la cryptosporidiose, une maladie diarrhéique qui touche 150 personnes par an. Pour
prévenir les risques, l’article canadien propose une étude des différents types de filtres au point
d’utilisation. Ils y montrent que tous les filtres sont efficaces pour garantir la sécurité microbienne, à
condition d’entretenir les filtres (2008).
Enfin un article publié en novembre 2013 traite de la chloration des puits privés afin de rendre l’eau
potable. La pratique existe au Canada comme en France. Si les effets de la chloration concentrée sur la
qualité de l’eau sont certains, celle-ci ne permet pas d’assurer la salubrité de l’eau potable. L’autrice de
l’article considère qu’il est important d’encourager à la gestion globale des puits par les propriétaires,
ce qui signifie l’entretien, la protection et une véritable surveillance de l’eau. L’autrice plaide également
pour la réalisation d’études plus précises concernant l’utilisation et la qualité de l’eau des puits. Ces
études manquent aux autorités locales pour définir des recommandations destinées aux propriétaires
de puits ou aux autorités compétentes pour décréter leur mise hors service.
Les relations qu’entretient une personne avec d’autres participent à sa santé et à sa longévité.
C’est une manière de rappeler que l’environnement est aussi une question de lien social,
d’interaction, de relation et d’attachement entre des individus.
Les relations sociales et le fait d’avoir un capital social élevé, atténuent notamment le niveau de stress,
réduisent les risques de dépression ou de déclin cognitif lié à l’âge, améliorent le sentiment de bien-être
et d’être en bonne santé. La participation à la vie sociale a un impact sur les comportements favorables
à la santé en contribuant à réduire les risques d’alcoolisme ou de tabagisme et en favorisant le sommeil
et une alimentation équilibrée. Un tissu socio-économique important favorise le capital social, lequel
apparaît comme un facteur déterminant de la santé.
A contrario l’isolement social et le sentiment de solitude ont des conséquences néfastes sur la santé
mentale des personnes qui connaissent alors un risque de décès prématuré 2 à 5 fois supérieur par
rapport à ceux possédant un fort capital social, un risque cardiovasculaire deux fois plus grand, et un
risque accru de suicide, de dépression, etc. Indirectement, l’isolement social des plus âgés peut entrainer
des retards de diagnostic pour différents types de maladie (cancer, diabète, déclin cognitif lié à l’âge,
etc.).
Il est intéressant de noter que la présence et la proximité d’un réseau de transport favorise la
participation sociale et permet d’éviter l’isolement social qui touche plus les villes que le monde rural.
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
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Synthèse de la revue de littérature Santé-
environnement
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
Ces effets résultent de la combinaison de différents déterminants qui tiennent par exemple aux
manières d’utiliser l’espace, aux activités humaines, aux milieux naturels et à leur état, aux
caractéristiques individuelles, aux formes d’organisations collectives ou encore aux politiques publiques,
et dont l’articulation est à l’origine d’inégalités de santé.
Cette définition suppose de s’accorder sur une vision positive de la santé, entendue comme l’état
permettant à une personne de cheminer dans le milieu dans lequel elle vit, et l’environnement défini
comme tout ce qui se trouve autour et interagit avec une personne, qu’il s’agisse d’humains ou de non-
humains. La prise en compte des effets, positifs ou négatifs, de la relation entre les êtres humains et leur
environnement ne peut être séparée des inégalités sociales, environnementales et territoriales de
santé.
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Santé environnement : qu’en disent les sciences ?
Une revue de la littérature de l’Ireps Grand Est
En dépit de la place centrale prise par la question du risque en santé-environnement, qui a permis d’en
faire une catégorie de l’action publique mais qui a restreint les capacités d’action des pouvoirs publics,
il peut être particulièrement intéressant de souligner l’intérêt de la notion de co-bénéfices en santé-
environnement qui porte l’idée que les actions permettant de réduire les atteintes à l’environnement
sont bénéfiques à la santé et inversement. L’avantage d’une telle notion est qu’elle affirme l’idée que
l’environnement, qu’il soit social ou naturel, est une ressource.
Le concept de « One Health » est souvent évoqué dans les articles ou les documents traitant de santé-
environnement. Celui-ci a été construit pour encourager les échanges entre les vétérinaires et les
médecins afin d’étudier et de surveiller l’interaction entre santé animale et santé humaine. La sphère
d’utilisation de ce concept s’élargit petit à petit en raison notamment de son utilisation dans le PNSE4.
Le concept d’exposome fait aussi l’objet d’une réflexion. S’il permet une mobilisation au sein des
sciences médicales en direction d’une meilleure prise en compte des effets de l’environnement sur
chaque partie du corps humain, et sur la survenue de maladies, ainsi que des “effets cocktails” liés à
l’exposition multiple auquel chaque individu fait face, le concept semble peu propice à une traduction
dans des politiques publiques.
Les leviers d’actions fondés sur des données probantes en santé-environnement concernent de
nombreux domaines et en particulier l’aménagement du territoire et l’urbanisme. Les données
disponibles attestent des effets bénéfiques pour les êtres humains de l’accessibilité et de la
présence d’espaces verts, des effets sur la santé de la mixité sociale, de l’intérêt de lutter contre
les îlots de chaleur, des actions permettant d’améliorer la qualité de l’eau ou de l’air dans les
habitats, etc. Deux bases de données proposent des revues de la littérature et la présentation de
données probantes, le site du système d’information régional en Santé de l’ORS de PACA (SirséPaca) et
celui du Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE). Quelques
enseignements sont à tirer de ces données probantes en vue d’enrichir l’action publique et notamment
pour ce qui concerne la stratégie de mise en œuvre des actions qui passe par la participation du plus
grand nombre et en particulier des premiers concernés.
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