Droits Voisins
Droits Voisins
Droits Voisins
DROITS VOISINS
DES ARTISTES
INTERPRÈTES
Fiche Droit Juillet 2020
C’est une loi du 3 juillet 1985, insérée dans le code de la propriété intellectuelle (CPI), qui
introduit cette notion de droits voisins pour les artistes interprètes et les producteurs de
phonogrammes et de vidéogrammes.
Cette fiche s’adresse uniquement aux artistes interprètes et plus particulièrement aux
danseurs interprétant une chorégraphie.
Depuis 1985, l’artiste interprète est donc titulaire de droits voisins pour son interprétation et
doit donner son autorisation préalablement à toute utilisation secondaire de sa prestation
enregistrée (diffusion télévisée, internet, DVD, etc.).
Néanmoins, rien ne s’oppose à ce que l’artiste interprète soit aussi l’auteur des œuvres qu’il
interprète (s’il a mis en forme une œuvre originale, empreinte de sa personnalité). Dans ce
cas, il est titulaire du droit d’auteur pour la création de son œuvre et des droits voisins pour
son interprétation.
L’artiste interprète est défini à l’article L. 212-1 du CPI comme « la personne qui chante,
récite, déclame, joue ou exécute de toute autre manière une œuvre littéraire ou artistique, un
numéro de variétés, de cirque ou de marionnettes ». Cette définition n’étant pas exhaustive.
Les artistes de complément (artistes dont le rôle a un caractère anonyme ou tout à fait
secondaire tel que des figurants ou des silhouettes) sont exclus de la définition des artistes
interprètes.
Enfin, l’artiste interprète n’est titulaire de droits voisins que s’il interprète une œuvre de
l’esprit au sens du droit d’auteur (peu importe que celle-ci soit protégée ou dans le domaine
public).
L’exigence d’une œuvre n’implique pas la nécessité d’être un artiste interprète professionnel,
un artiste amateur peut être qualifié d’artiste interprète et avoir droit à la protection de sa
prestation, quelle que soit la qualité de celle-ci.
Ainsi, un danseur amateur participant à un spectacle professionnel sera titulaire de droits
voisins.
L’objet de cette fiche est de définir les droits voisins des artistes interprètes et de déterminer
comment et sous quelles conditions un artiste peut céder ces droits.
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1/ PRINCIPES DES DROITS VOISINS
Les droits voisins de l’artiste interprète se composent d’un droit moral et d’un droit patrimonial.
Le droit moral
Le droit patrimonial
Le droit patrimonial de l’artiste interprète lui permet d’autoriser ou d’interdire l’utilisation de
son interprétation d’une œuvre.
Passé ce délai, l’interprétation tombe dans le domaine public et il n’est plus nécessaire
d’obtenir l’autorisation de l’artiste interprète pour l’exploiter.
• Cessible : L’artiste ou son ayant droit peut céder par contrat son droit patrimonial afin
de permettre l’utilisation de son interprétation. Cette cession de droits voisins vaut
autorisation de l’artiste (cf. ci-dessous).
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Les sanctions en cas de violation de droits voisins de l’artiste interprète
Le non respect du droit moral ou du droit patrimonial de l’artiste interprète est constitutif de
contrefaçon. La contrefaçon est le fait d’exploiter, de quelque manière que ce soit,
l’interprétation d’autrui sans en avoir obtenu l’autorisation.
Le code de la propriété intellectuelle prévoit, dans ce cas, une sanction pénale (jusqu’à 300
000 euros d’amende et 3 ans d’emprisonnement) et une sanction civile (des dommages et
intérêts afin d’indemniser le préjudice de la victime).
Depuis un arrêt de la Cour de cassation en date du 1er mars 2005, le statut d’agent public
retire aux artistes interprètes le droit d’autoriser ou non l’exploitation de leur interprétation.
Dès lors, c’est la collectivité employeur qui est « investie des droits pécuniaires sur leur
exécution et seule habilitée à en autoriser l'usage ».
Les danseurs de Ballets municipaux exerçant donc leur activité dans le cadre du service
public, ils ont, de fait, cédé à la collectivité les droits patrimoniaux sur leur interprétation et ne
peuvent s’opposer à son exploitation.
L’artiste interprète peut céder ses droits patrimoniaux (fixation, reproduction, communication
au public) afin de permettre l’exploitation ou l’utilisation de son interprétation.
Le code de la propriété intellectuelle impose la présence d’un écrit entre les parties pour
toute cession, sous peine de nullité.
Ainsi, dans le cas d’une captation d’un spectacle chorégraphique, l’autorisation écrite de
l’artiste interprète est indispensable.
L’article L. 212-4 du code de la propriété intellectuelle impose la signature d’un contrat écrit
entre l’artiste interprète et le producteur (une compagnie chorégraphique, un producteur de
vidéogrammes, par exemple) afin de protéger les intérêts de l’artiste.
Le CPI ne prévoit pas de mentions obligatoires pour le contrat de cession de droits voisins.
Il est cependant conseillé d’être précis quant à :
• la nature des droits cédés (fixation, reproduction, communication au public),
• la destination des droits cédés (les droits doivent être cédés pour une destination
précise : exploitation à des fins commerciales, promotionnelles …),
• la durée de la cession (la cession doit être limitée dans le temps),
• la délimitation du territoire (le lieu d’exploitation doit être déterminé).
En outre, la cession est d’interprétation restrictive : tout ce qui n’est pas explicitement cédé
dans le contrat reste la propriété de l’artiste.
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Attention : Le contrat de travail conclu entre l’artiste et le producteur de spectacle vivant
n’emporte pas présomption de cession de droits voisins de l’artiste concerné. En d’autres
termes, ce n’est pas parce qu’un artiste a signé un contrat pour danser avec une compagnie
qu’il a autorisé celle-ci à capter et reproduire son interprétation (vidéo, photos, …).
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3/ LA REMUNERATION DE L’ARTISTE INTERPRÈTE
Lorsque l’artiste interprète cède ses droits voisins (= son droit patrimonial) à titre gratuit, le
consentement de l’artiste interprète doit nécessairement être clair et non équivoque (d’où la
nécessité d’une clause mentionnant la gratuité de la cession dans le contrat).
Lorsque l’artiste interprète cède ses droits voisins à titre onéreux, la rémunération versée en
contrepartie de cette cession peut prendre la forme d’un forfait ou d’un pourcentage sur
l’exploitation de l’interprétation.
Selon la situation, les rémunérations que perçoit l’artiste en contrepartie de la cession de ses
droits voisins, sont soit considérées comme des salaires, soit comme des redevances.
• La qualification de salaire :
En principe, la rémunération au titre des droits voisins est considérée comme un salaire
soumis à cotisations sociales.
• La qualification de redevance :
Dans certains cas, cette rémunération pourra être considérée comme une redevance, non
soumise aux mêmes cotisations sociales que les salaires mais en revanche assujettie aux
contributions sociales sur les revenus du patrimoine (article L. 136-6 du code de la sécurité
sociale et circulaire n°DSS/5B/2012/161 du 20 avril 2012 relative au régime social de
redevances et avances sur redevances).
Par exemple, une rémunération pour l’utilisation d’une prestation enregistrée (vente de DVD),
sera assimilée à une redevance.
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Cette rémunération est soumise à un prélèvement social global de 15,5% sous forme de
précompte directement versé à l’Urssaf par la structure qui paie les redevances à l’artiste
interprète.
En revanche, si ces 3 conditions ne sont pas réunies, les sommes versées en contrepartie
de la cession seront assimilées à du salaire au niveau du traitement social et donc soumises
à cotisations sociales.
Lorsque l’artiste bénéficie d’une avance sur redevances qui correspond au versement d’une
somme forfaitaire en amont de l’exploitation de sa prestation, celle-ci doit être également
requalifiée en salaire car elle ne dépend pas du produit de la vente ou de l’exploitation.
Exemple
2. Pour la fixation de la prestation : pour que l’artiste autorise la fixation de son interprétation
(une captation par exemple), il doit céder par écrit ses droits voisins. Cette cession peut être
gratuite ou onéreuse. Dans le cas d’une cession onéreuse, la rémunération en contrepartie
de cette cession sera assimilée à du salaire car la présence de l’artiste est indispensable
pour la fixation de son interprétation (les trois conditions ne sont pas réunies pour qualifier
cette rémunération de redevance pour le traitement social).
Il est donc important de vérifier, selon les cas, la nature de la rémunération versée à l’artiste
en contrepartie de la cession de droits voisins, notamment pour le traitement social de cette
somme.
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4/ LES SOCIETES DE PERCEPTION ET DE RÉPARTITION DES DROITS DES ARTISTES
INTEPRÈTES : ADAMI ET SPEDIDAM
Les artistes chorégraphiques peuvent décider de confier la gestion de leurs droits voisins à
une société de perception et de répartition des droits. L’artiste interprète est libre d’adhérer
ou non à une telle société.
L’adhésion à une société civile de gestion des droits des artistes interprète est un acte
volontaire. Il suffit pour y adhérer de compléter et de signer un acte d’adhésion (la simple
déclaration d’un enregistrement ne signifie pas pour autant être adhérent à la société).
L’artiste reste maître d’autoriser ou d’empêcher l’exploitation de son interprétation. Une fois
que ce dernier a accepté, la société civile exerce et administre ses droits en France, mais
aussi à l’étranger.
L’adhésion est donc une garantie de gestion étendue des droits des artistes interprètes.
Ces sociétés peuvent agir directement en justice pour défendre les intérêts de l’artiste en cas
de violation de ses droits voisins (par exemple enregistrement ou exploitation d’interprétation
sans autorisation de l’artiste).
Il existe, en France, deux sociétés civiles pour la gestion des droits des artistes interprètes :
• L’Adami (société civile pour l’Administration des Droits des Artistes et Musiciens
Interprètes)
L’Adami a pour but de collecter et répartir les droits voisins des artistes solistes dont le nom
apparaît notamment au générique de l’enregistrement audiovisuel (exemple : danseur
soliste).
Pour adhérer à l’Adami, l’artiste interprète doit pouvoir justifier d’une prestation ayant fait
l’objet d’un enregistrement.
A l’inverse, la Spedidam gère les droits des artistes interprètes non solistes, dont le nom
n’est pas mentionné au générique des œuvres audiovisuelles (chœur, danseur d’un corps de
ballet …), au titre de l’exception au droit à la paternité des artistes interprètes.
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5/ DROITS VOISINS ET DROIT À L’IMAGE
Le droit à l’image protège le droit au respect de la vie privée des personnes (article 9 du code
civil).
Toute personne (pas uniquement les artistes interprètes) a sur son image un droit exclusif
qui lui permet de s’opposer à la reproduction de son image sans son autorisation expresse.
Attention : Le fondement du droit à l’image ne pourra être invoqué par un artiste interprète
pour empêcher une fixation de son image au cours de sa prestation artistique car la fixation
ou la communication au public d’une interprétation d’un artiste sans son autorisation
constitue une violation des droits voisins de l’artiste et non de son droit à l’image.
C’est le code de la propriété intellectuelle qui protège l’artiste interprète dans cette situation
et non le code civil.
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