Instant Download Window On Humanity A Concise Introduction To General Anthropology 8th Edition Ebook PDF PDF FREE
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«Madame la comtesse,
»Je pouvais tirer de vous une vengeance de brigand, j’ai
préféré me donner un plaisir de prince, mais, pour qu’en vous
réveillant vous ne croyiez pas avoir fait un rêve, je vous ai
laissé une preuve de la réalité: regardez-vous dans votre
miroir.
»PASCAL BRUNO.»
Gemma se sentit frissonner par tout le corps, une sueur glacée
lui couvrit le front; elle étendit la main vers la sonnette pour appeler;
mais, s’arrêtant par un instinct de femme, elle rassembla toutes ses
forces, sauta en bas de son lit, courut à la glace et poussa un cri:
elle avait les cheveux et les sourcils rasés.
Aussitôt elle s’enveloppa d’un voile, se jeta dans sa voiture et
ordonna de retourner à Palerme.
A peine y fut-elle arrivée, qu’elle écrivit au prince de Carini que
son confesseur, en expiation de ses péchés, lui avait ordonné de se
raser les sourcils et les cheveux, et d’entrer pendant un an dans un
monastère.
IX.
Quelques instans après, Ali rentra portant sur son épaule quatre
fusils du même calibre et un panier plein de cartouches. Pascal
Bruno ouvrit toutes les fenêtres, pour faire face à la fois des différens
côtés. Ali prit un fusil et s’apprêta à se placer à l’une d’elles.
—Non, mon enfant, lui dit Pascal avec un accent d’affection toute
paternelle, non, cela me regarde seul. Je ne veux pas unir ainsi ta
destinée à la mienne; je ne veux pas t’entraîner où je vais. Tu es
jeune, rien n’a poussé encore ta vie hors de la voie ordinaire; crois-
moi, reste dans le chemin battu par les hommes.
—Père, dit le jeune homme avec sa voix douce, pourquoi ne
veux-tu pas que je te défende comme Lionna t’a défendu? Tu sais
bien que je n’ai que toi, et que, si tu meurs, je mourrai avec toi.
—Non point, Ali, si je meurs, je laisserai peut-être derrière moi à
accomplir sur la terre quelque mission mystérieuse et terrible que je
ne pourrais confier qu’à mon enfant, il faut donc que mon enfant vive
pour faire ce que lui ordonnera son père.
—C’est bien, dit Ali. Le père est le maître, l’enfant obéira. Pascal
laissa tomber sa main, Ali la prit et la baisa.
—Ne te servirai-je donc à rien, père? dit l’enfant.
—Charge les fusils, répondit Bruno. Ali se mit à la besogne.
—Et moi? dit le Maltais du coin où il était assis.
—Vous, commandeur, je vous garde pour vous envoyer en
parlementaire.
En ce moment Pascal Bruno vit briller les fusils d’une seconde
troupe qui descendait de la montagne, et qui s’avançait si
directement vers l’olivier isolé au pied duquel gisait le corps de
Placido, qu’il était évident que cette troupe venait à un rendez-vous
indiqué. Ceux qui marchaient les premiers heurtèrent le cadavre;
alors un cercle se forma autour de lui, mais nul ne pouvait le
reconnaître, tant les dents de fer de Lionna l’avaient défiguré.
Cependant, comme c’était à cet olivier que Placido leur avait donné
rendez-vous, que le cadavre était au pied de cet olivier, et que nul
être vivant ne se montrait aux environs, il était évident que le mort
était Placido lui-même. Les miliciens en augurèrent que la trahison
était découverte, et que par conséquent Bruno devait être sur ses
gardes. Alors ils s’arrêtèrent pour délibérer. Pascal suivait tous leurs
mouvemens debout à la fenêtre. En ce moment la lune sortit de
derrière un nuage, son rayon tomba sur lui; un des miliciens
l’aperçut, le désigna de la main à ses camarades; le cri: Le bandit!...
le bandit!... se fit entendre dans les rangs et fut immédiatement suivi
d’un feu de peloton. Quelques balles vinrent s’aplatir contre le mur;
d’autres passèrent en sifflant aux oreilles et au-dessus de la tête de
celui à qui elles étaient adressées, et allèrent se loger dans les
solives du plafond. Pascal répondit en déchargeant successivement
les quatre fusils que venait de charger Ali: quatre hommes
tombèrent.
Les compagnies, qui n’étaient pas composées de troupes de
ligne, mais d’une espèce de garde nationale organisée pour la
sûreté des routes, hésitèrent un instant en voyant la mort si prompte
à venir au-devant d’elles. Tous ces hommes, comptant sur la
trahison de Placido, avaient espéré une prise facile: mais, au lieu de
cela, c’était un véritable siége qu’il fallait faire. Or, tous les ustensiles
nécessaires à un siége leur manquaient; les murailles de la petite
forteresse étaient élevées et ses portes solides, et ils n’avaient ni
échelles ni haches; restait la possibilité de tuer Pascal au moment
où il était forcé de se découvrir pour ajuster par la fenêtre; mais
c’était une assez mauvaise chance pour des gens convaincus de
l’invulnérabilité de leur adversaire. La manœuvre qu’ils jugèrent la
plus urgente fut donc de se retirer hors de portée pour délibérer sur
ce qu’il y avait à faire; mais leur retraite ne s’opéra point si vite que
Pascal Bruno n’eût le temps de leur envoyer deux nouveaux
messagers de mort.
Pascal, se voyant momentanément débloqué de ce côté, se
porta vers la fenêtre opposée, qui plongeait sur le village, les coups
de fusil avaient donné l’éveil à cette première troupe; aussi à peine
eut il paru à la fenêtre qu’il fut accueilli par une grêle de balles; mais
le même bonheur miraculeux le préserva de leur atteinte; c’était à
croire à un enchantement; tandis qu’au contraire chacun de ses
coups, à lui, porta sur cette masse, et Pascal put juger, aux
blasphèmes qu’il entendit, qu’ils n’avaient point été perdus.
Alors même chose arriva pour cette troupe que pour l’autre: le
désordre se mit dans ses rangs; cependant, au lieu de prendre la
fuite, elle se rangea contre les murs mêmes de la forteresse,
manœuvre qui mettait Bruno dans l’impossibilité de tirer sur ses
ennemis sans sortir à moitié le corps par la fenêtre. Or, comme le
bandit jugea inutile de s’exposer à ce danger, il résulta de ce double
acte de prudence que le feu cessa momentanément.
—En sommes-nous quittes, dit le Maltais, et pouvons-nous crier
victoire?
—Pas encore, dit Bruno; ce n’est qu’une suspension d’armes; ils
sont sans doute allés chercher dans le village des échelles et des
haches, et nous ne tarderons pas à avoir de leurs nouvelles. Mais
soyez tranquille, continua le bandit remplissant deux verres, nous ne
demeurerons pas en reste avec eux, et nous leur donnerons des
nôtres... Ali, va chercher un tonneau de poudre. A votre santé,
commandeur.
—Que voulez-vous faire de ce tonneau? dit le Maltais avec une
certaine inquiétude.
—Oh! presque rien... vous allez voir.
Ali rentra avec l’objet demandé.
—C’est bien, continua Bruno; maintenant prends une vrille et
perce un trou dans ce baril.
Ali obéit avec cette promptitude passive qui était la marque
distinctive de son dévoûment. Pendant ce temps, Pascal déchira