1 Hematimetrie
1 Hematimetrie
1 Hematimetrie
Faculté de Médecine
Département de Médecine
Module d’Onco Hematologie : cours destiné aux étudiants de 4ème Année Médecine
M.Y Bouchakor /MCA
L’ HEMATIMETRIE Le 08/01/2022
I. Généralités
Le sang est un tissu comportant d’une part le sang périphérique, et d’autre part les organes
hématopoïétiques.
Le sang périphérique se compose de deux phases :
- Une phase liquide le plasma constituée d’eau، de sels minéraux، de protéines de globines à
activité anti corps، de facteurs de coagulation، de facteurs de nutrition.
- Une phase cellulaire constituée de globules rouges (hématie، érythrocytes) ,de globules
blancs (leucocytes), de plaquettes sanguines (thrombocytes)
II- L’hématopoïèse
L'hématopoïèse - dont le nom signifie « production du sang » - est la fonction par laquelle
l'organisme produit et renouvelle les éléments figurés du sang (hématies, leucocytes et
plaquettes). Cette production, très finement régulée, est issue de cellules souches
hématopoïétiques, capables de s'autorenouveler, ce qui permet le maintien d'un nombre
constant de cellules souches, et de se différencier pour assurer le renouvellement des cellules
qui meurent physiologiquement (et même assurer un renouvellement encore plus rapide en
cas d'accroissement des besoins).
Au sein de l'hématopoïèse, on distingue la myélopoïèse, permettant la production des cellules
myéloïdes (hématies, polynucléaires, monocytes, plaquettes), et la lymphopoïèse permettant
la production des lymphocytes. La régulation de l'hématopoïèse est sous le contrôle de
nombreux facteurs de croissance.
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III- Localisation de l’hématopoïèse
Pendant la période embryonnaire, trois localisations distinctes de l’hématopoïèse ont été
caractérisées correspondant chacune approximativement à un trimestre.
La première phase a lieu dans une région mal définie appelée AGM (Aorta-Gonado-
Mesonephros) localisée au niveau du mésoderme, exclusivement érythroblastique
La deuxième phase a lieu essentiellement dans le foie et la rate
À partir du sixième mois, l'hématopoïèse devient médullaire. À la naissance, l'hématopoïèse
est quasi exclusivement médullaire. Elle se fait dans tous les os, y compris le crâne et les
phalanges.
La moelle est, à cet âge, presque entièrement hématopoïétique, avec très peu de cellules
graisseuses.
Au cours du vieillissement, l’hématopoïèse subit une régression « centripète » qui, chez
l'adulte, se limite aux os plats : sternum, côtes, vertèbres et bassin.
Chez le sujet âgé, la richesse médullaire décroît progressivement, surtout après 70 ans, mais
sans diminution notable du nombre de cellules sanguines circulantes. Il n'y a pas d'aplasie
physiologique du sujet âgé.
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1- Les cellules souches hématopoïétiques
Il s’agit de cellules rares (ne représente qu’un très faible pourcentage des cellules
médullaires), caractérisée par des capacités d’autorenouvèlement et d’engagement en
différenciation (totipotentes, c'est-à-dire qu'une seule cellule souche va pouvoir donner
naissance à des globules rouges, des polynucléaires, des monocytes , des mégacaryocytes et
des lymphocytes).
Une population de cellules souches hématopoïétiques caractérisée par des marqueurs
antigéniques spécifiques peut-être purifiée ; des cellules souches sélectionnées CD34+
greffées chez l’homme après irradiation corporelle totale sont capable de reconstituer
l’hématopoïèse lymphoïde et myéloïde.
Les cellules souches humaines sont généralement quiescentes (hors cycle cellulaire), ce qui
leur confère une grande résistance aux effets toxiques des radiations et des chimiothérapies.
Ces cellules souches sont localisées essentiellement dans la moelle. Cependant, on en retrouve
aussi un pourcentage très faible dans la circulation, ce qui permet leur isolement à partir de
sang stimulé par des facteurs de croissance ou de sang du cordon ombilical récupéré à la
naissance des nouveau-nés.
2- La myélopoïèse
Les progéniteurs myéloïdes
Entre les cellules souches et les cellules différenciées a lieu une étape de différenciation, sous
forme de progéniteurs détectables en culture en milieu semi-solide. Des colonies de cellules
s'y développent à partir d'une seule cellule. Ces progéniteurs subissent de très nombreuses
divisions et sont caractérisés par l'acquisition progressive d'une différenciation fonctionnelle
graduelle, se manifestant par la perte progressive des potentialités jusqu'à la spécialisation
dans une seule lignée (érythroïde, granuleuse, monocytaire ou mégacaryocytaire).
L’engagement d’une cellule souche dans la différenciation résulte des lois du hasard
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(phénomène dit stochastique), ce hasard dépendant de l'acquisition ou de la perte par ces
cellules de récepteurs spécifiques pour les facteurs de croissance. C'est pourquoi la
concentration de facteurs de croissance et la localisation de cellules mésenchymateuses
supportant la différenciation hématopoïétique (niches hématopoïétiques) permet l’ajustement
du nombre des cellules en fonction des besoins.
3- La lymphopoïèse
La lymphopoïèse est caractérisée par des étapes de différenciation successives. La
différenciation des cellules lymphoïdes est caractérisée par l'importance des échanges
intercellulaires (présentation de l’antigène,…). Une première différenciation très précoce se
fait entre la cellule lymphoïde B (qui va participer à la réponse humorale en produisant des
anticorps) et la cellule lymphoïde T (qui va participer à la régulation de la réponse
immunitaire).
La lettre B vient du nom de l'organe de production des cellules lymphoïdes B chez les
oiseaux, la bourse de Fabricius. La lettre T quant à elle provient de thymus, organe de
production et de différenciation des cellules lymphoïdes T.
Les cellules lymphoïdes B se différencient successivement en lymphoplasmocytes, puis en
plasmocytes et sécrètent successivement des immunoglobulines IgD et IgM puis IgG, IgA ou
IgE.
Les cellules lymphoïdes T se différencient principalement en cellules dites auxiliaires, en
cellules tueuses ou suppressives.
4- Les facteurs de croissance hématopoïétiques
Les facteurs de croissance de la lignée myéloïde sont principalement le stem cell factor (SCF),
l'interleukine 3 (IL 3), le GM-CSF (CSF signifie colony stimulating factor), le M-CSF, le G-
CSF, l'érythropoïétine et la thrombopoïétine.
Dans la lignée rouge, l'érythropoïétine, est indispensable à la différenciation définitive
enérythroblastes.
Dans les lignées granuleuses, l'IL 3 suffit à induire une différenciation définitive en granuleux
ou en monocytes mais moins efficacement que le GM-CSF.
Les facteurs de croissance spécifiques (M-CSF pour les monocytes, G-CSF pour les
granuleux) augmentent le nombre de colonies respectivement monocytaires et granuleuses.
La thrombopoïétine favorise la différenciation terminale des plaquettes. L’IL 5 est une
cytokine essentielle de la différenciation et l’activation des polynucléaires éosinophiles.
Certains de ces facteurs sont depuis devenus des molécules fréquemment utilisées en
thérapeutique comme l’érythropoïétine.
III. Définition de l’Hématimètrie
C’est l’étude quantitative des éléments figurés du sang c'est-à-dire les cellules sanguines.
L’hémogramme traduit cette étude quantitative qui comporte :
- La numération des globules rouges (GR), globules blancs(GB), plaquette sanguine (Plq).
- Le dosage de l’hémoglobine.
- Les mesures de l’hématocrite.
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- L’étude des constantes hématimetriques: VGM، CCMH، TGMH.
- La mesure de la réticulocytose.
L’étude du frottis sanguin traduit l’étude qualitative :
- L’analyse morphologique des GR
- L’analyse morphologique des GB
- L’analyse morphologique des Plq
IV- Etude du sang
La dérégulation de l’homéostasie sanguine, physiologique ou pathologique, aboutit à une
atteinte de l'intégrité de l'organisme, touchant à l’oxygénation des tissus, à la défense de
l'organisme contre les agents infectieux et à la dérégulation de l’hémostase.
Signes cliniques : La dérégulation de l’homéostasie sanguine est évoquée sur des signes que
l'on peut recueillir lors de l'interrogatoire du patient et de son examen clinique. Ils peuvent
être physiques, fonctionnels ou généraux.
Signes physiques : Ce sont les signes que l'on voit (ex. pâleur), que l'on palpe (ex.
splénomégalie), que l'on percute (ex. matité).
Signes fonctionnels : Ce sont les signes que ressent le malade, ses plaintes (ex. douleurs,
céphalées, vertiges).
Signes généraux : Ce sont les signes qui accompagnent une affection sur le plan général :
fièvre, sueurs, amaigrissement...
Plusieurs signes cliniques et symptômes peuvent être regroupés autour d'un même processus
pathogénique formant un syndrome (ex. syndrome anémique, infectieux, hémorragique,
polyglobulique, hémolytique).
V- Hémogramme
L'hémogramme constitue l'expression du résultat de la numération des éléments cellulaires du
sang circulant (hématies, leucocytes et plaquettes) accompagné de paramètres permettant de
caractériser la population érythrocytaire (constantes érythrocytaires).et de la proportion des
différents types de leucocytes (polynucléaires [neutrophiles, éosinophiles et basophiles],
lymphocytes, monocytes et la détection éventuellement d'autres cellules anormalement
rencontrées dans le sang ; l’expression de cette proportion étant désignée par le terme de
formule leucocytaire).
1- Etude quantitative et qualitative des globules rouges
La numération des globules rouges se fait :
En mode manuel : Numération en cellules de malassez qui est basée sur le décompte
au Microscope Optique de GR contenus dans un volume de sang déterminé ; elle est
peu pratiquée remplacée par la méthode automatisée
Automatisé par compteur électronique : elle est disponible dans tous les laboratoires
d’analyse
- Le taux de GR moyen est de 5 millions/mm3
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Le dosage de l’hémoglobine (Hb) : le dosage de l’hémoglobine se fait après transformation
de l’hémoglobine en cyanmethehémoglobine puis lecture de la densité optique = 500 nm par
calorimétrie.
Le taux d’hémoglobine moyen est de 15g/100ml.
La mesure de l’hématocrite : c’est le volume occupé par les éléments figurés du sang sur le
volume sanguin total. Hte = v / V
On réalise le taux de l’hématocrite grâce à des micro tubes dont lesquels on a prélevé du sang
et on centrifuge pendant 5 mn à 2000 tour/min.
le taux moyen d’hématocrite est de 45%
Calcul des indices hématimetriques
Le VGM = Hématocrite x 10 / GR en millions = 80 à 100 fl (fentolitre ou micron) : c’est le
premier indice pour typer l’anémie
Microcytose si le VGM est inférieur à 80 fl
Macrocytose si le VGM est supérieur à 100 fl
Normocytaire si le VGM ˃ 80 <100
CCMH: la concentration corpusculaire moyenne d’hémoglobine.
CCMH = Hémoglobine x100 / Hématocrite ; normale = 32 % à 38% : C’est le deuxième
indice pour typer l’anémie
Normochromie : 32% ˂ CCMH ˂ 38%
Hypochromie : ˂ 32%
Il n’existe pas de l’hyperchromie
TGMH : teneur globulaire moyenne d’hémoglobine. Indique le poids moyen d’hémoglobine
contenue dans chaque GR ; sa variation est parallèle au VGM.
TGMH = Hémoglobine × 10 /. GR (millions) = 27 – 31 pg (picogramme)
Normochromie : 27 ˂ TGMH ˂ 31 pg
Hypochromie : TGMH ˂ 27 pg
Taux de réticulocytes : ce sont des globules rouges jeunes qui viennent de perdre leurs
noyaux dans la moelle osseuse, elles sont capables de synthétiser pendant 24h à 48h avant
qu’elles soient des globules rouges définitives, elles sont actives à la coloration du bleu de
crésyl. Le taux de réticulocyte permet d’apprécier la production médullaire quotidienne des
globules rouge qui est de 0.5 à 2% chez un sujet adulte ↔ 25000 – 100 000 /mm³/j.
Lorsque le taux de réticulocyte est˂ 120.000 /mm³ → anémie arégénérative. Si le taux de
réticulocyte est˃ 120.000 /mm³ → anémie régénérative.
Le taux de réticulocyte permet donc de préciser le mécanisme périphérique ou central d’une
anémie.
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Hémoglobine: Chez l’♂ = 16 ± 2g/100ml.
Chez la ♀ = 14 ± 2g/100ml.
Chez l’enfant = 12 ± 2g/100ml.
Hématocrite : Chez l’ ♂ = 45 ± 5%.
Chez la ♀ = 42 ± 5%.
Chez l’enfant = 36 ± 5%.
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Les variations pathologiques :
- Si GB < 4000 → leucopénie.
- Si GB > 10 000→ hyperleucocytose.
- Si PNN < 600 → neutropénie.
- Si PNN > 7000 → polynucléose neutrophile.
- Si PNE > 700 → hyper éosinophile.
- Si PNB > 150 → hyper basophilemie.
- Si L < 800 → lymphocytopenie.
- Si L > 4000 → hyper lymphocytose.
- Si M < 120 → monocytopenie.
- Si M > 700 → hypermonocytose.
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VII- Interprétation de l’hémogramme
Une interprétation correcte de l'hémogramme permet d'orienter vers des pistes diagnostiques
et vers la prescription rationnelle d'examens complémentaires.
Ces données doivent être intégrées aux données de l'interrogatoire, de l'examen clinique ainsi
qu'aux autres résultats biologiques.
Les anomalies dépistées à l'hémogramme peuvent toucher différentes lignées. L'interprétation
de l'hémogramme comporte plusieurs étapes simultanées.
1- Analyse des données quantitatives : On exprime ces anomalies sous les termes de :
- Polynucléose neutrophile, éosinophilie, basocytose, pour l'excès des différents
polynucléaires
- Neutropénie en cas de diminution des PNN ; agranulocytose si les PNN sont presque
absents
- Lymphocytose et monocytose pour les excès de lymphocytes et monocyte
- Lymphopénie et monocytopénie en cas de baisse des lymphocytes ou des monocytes.
Ces anomalies peuvent être isolées ou associées et, modérée ou profonde.
2- Analyse des données qualitatives
- Présence dans le sang de cellules "physiologiques" de la moelle osseuse comme la myélémie
consistant en la présence dans le sang circulant de cellules immatures physiologiques de la
lignée granulocytaire (métamyélocyte, myélocyte, promyélocyte, myéloblaste ; si à ces
cellules s'associent des érythroblastes, on emploie le terme d'érythro-myélémie) ou la
plasmocytose consistant en la présence de plasmocytes à l'hémogramme,
- Cellules pathologiques issues d'un clone malin proliférant comme la leucoblastose consistant
en l’apparition dans le sang périphérique de cellules pathologiques issues d'une prolifération
maligne clonale médullaire (blastes).
3- L’analyse de l’hémogramme : L’analyse de l’hémogramme peut restreindre la démarche
diagnostique à l’intérieur d’un syndrome, permettant une démarche diagnostique simple et
rapide comme les anémies, les polyglobulies, les polynucléoses neutrophiles, les
neutropénies, les éosinophilies, les lymphocytoses, les lymphopénies, les monocytoses, les
syndromes mononucléosiques, les myélémies et érythro-myélémies, les thrombocytoses, les
thrombopénies, et les pancytopénies.
Bien entendu, ces données doivent être intégrées aux autres informations obtenues, qu'il
s'agisse des données de l'examen clinique, des autres informations biologiques ou des résultats
d'imagerie.
VIII- Indications de l'hémogramme en urgence
L'hémogramme doit être prescrit en urgence en cas de suspicion de :
- Anémie aiguë : asthénie majeure avec pâleur, polypnée, tachycardie, voire souffle
systolique, céphalées, "mouches volantes" et soif intense;
- Granulopénie majeure : fièvre, syndrome infectieux, surtout accompagné d'une angine et/ou
d'ulcérations buccales;
- Thrombopénie profonde : syndrome hémorragique avec purpura.
• Donc devant les symptômes suivants:
- État de choc
- Pâleur intense
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- Angine ulcéro-nécrotique ou résistante aux antibiotiques ;
- Fièvre élevée après prise de médicament, surtout après chimiothérapie anti-mitotique
- Fièvre résistante aux antibiotiques
- Purpura pétéchial avec syndrome hémorragique.
La constatation
- D'une anémie sévère (< 6 g/dL ou mal tolérée)
- D’un hématocrite supérieur à 60%
- D'une neutropénie majeure (< 200/μL)
- D’une hyperleucocytose faite de cellules immatures supérieure à 20 G/L ou d'une
thrombopénie inférieure à 10 G/L, même sans syndrome hémorragique, impose la prise en
charge en urgence en milieu spécialisé
IX-Myélogramme et biopsie médullaire
Exploration morphologique de la moelle osseuse : Deux examens apportent des
informations différentes, parfois complémentaires:
1- Le myélogramme
Le myélogramme se réalise par ponction aspiration sternale ou iliaque (épines postérieures ou
antérieures) ; acte peu douloureux (lorsqu'il est réalisé par un praticien aguerri) sous
anesthésie locale. Cette aspiration de suc médullaire permet :
- une étude cytologique fine et rapide (résultat disponible en quelques heures) des cellules
indépendamment de leur architecture, permettant d'établir les pourcentages des différentes
lignées
Des explorations complémentaires éventuelles : coloration spécifique du fer (Perls),
colorations cytochimiques utiles à la classification des leucémies aiguës (myéloperoxydase,
butyrates estérases), études immunocyto-chimiques (mise en évidence de marqueurs par
l'utilisation d'anticorps monoclonaux spécifiques)
- L'analyse cytogénétique avec établissement du caryotype de cellules médullaires,
- La culture de progéniteurs myéloïdes (lignées granulocytaire, érythroblastique et
mégacaryocytaire) qui, même si elle repose sur des techniques d'identification microscopique,
correspond à une étude fonctionnelle de la moelle osseuse, des analyses de biologie
moléculaire.
X- La biopsie ostéo-médullaire (BOM)
Ce prélèvement consiste en un fragment ostéo-médullaire ("carotte") au niveau de l’épine
iliaque postéro - supérieure, sous anesthésie locale avec un trocart ; elle permet :
- Une étude histologique moins détaillée sur le plan cyto-morphologique mais apportant plus
de précision sur la richesse cellulaire, la répartition du tissu hématopoïétique, l'architecture du
tissu de soutien et ses modifications pathologiques (fibrose, sclérose), la présence de cellules
anormales (métastases...), avec un délai de réponse plus long (3 à 5 jours)
- Les différentes colorations de l'anatomie pathologique dont certaines sont très utiles au
diagnostic des hémopathies (imprégnation argentique...)
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