PLAN DELTA - 1.1 - EDL-RT - Socio Eco - Oct 2019
PLAN DELTA - 1.1 - EDL-RT - Socio Eco - Oct 2019
PLAN DELTA - 1.1 - EDL-RT - Socio Eco - Oct 2019
Programme OmiDelta
Composante Gestion Intégrée des Ressources en Eau
Acteurs étatiques
Octobre 2019
OMIDELTA
Programme OmiDelta
Composante Gestion Intégrée des Ressources en Eau
Acteurs étatiques
Octobre 2019
Elaboré : OmiDelta-INE
Contrôlé : PM-ODA-INE
Approuvé : D-INE
Assistance
technique : COWI – Royal Haskoning-DHV
TABLE DES MATIERES
Liste des Figures ............................................................................................................................. 6
Liste des Tableaux .......................................................................................................................... 7
Abréviations et acronymes ............................................................................................................. 9
Résumé ........................................................................................................................................ 11
1 Introduction ............................................................................................................................ 13
2 Caractéristiques socioéconomiques et démographiques du Bénin ............................................ 15
2.1 Caractéristiques sociodémographiques ......................................................................................15
2.2 Tendances démographiques selon les régions ...........................................................................17
2.3 Migration et urbanisation ...........................................................................................................18
2.4 Caractérisation des ménages ......................................................................................................19
2.5 « Qualité de vie » : accès à l’éducation, soins de santé, sécurité sociale et services publiques 20
2.6 Analyse de l’offre et de la demande de l’eau au Bénin ..............................................................21
3 Description du delta et la zone côtière ..................................................................................... 23
4 Evolution des tendances macroéconomiques ........................................................................... 27
4.1 Description générale de l’économie du Bénin ............................................................................27
4.2 Les principales caractéristiques macroéconomiques .................................................................28
4.2.1 PIB produit intérieur brut, par région, par secteur ..........................................................28
4.2.2 Bilans commerciaux ..........................................................................................................30
4.2.3 Revenus, salaires, pauvreté, GINI, équité et égalité.........................................................31
4.2.4 Politiques économiques et stabilité .................................................................................33
4.2.5 Rôles des bailleurs fonds ..................................................................................................34
4.2.6 Investissements directs étrangers (IDE) ...........................................................................35
4.2.7 L’inflation et le rôle du FCFA.............................................................................................36
4.2.8 Analyse des performances dans le domaine des infrastructures .....................................37
5 Caractéristiques économiques du delta de l’Ouémé ................................................................. 41
5.1 Les services écosystémiques du delta de l’Ouémé .....................................................................41
5.2 Les services écosystémiques à caractère économique du delta de l’Ouémé .............................42
6 Enjeux socio-économiques et démographiques du delta et la zone côtière ............................... 45
6.1 Caractéristiques socio-économiques des ménages dans le delta de l’Ouémé ...........................45
6.2 Profil de pauvreté dans le delta de l’Ouémé ..............................................................................50
6.3 Déterminants économiques des dépenses dans le delta de l’Ouémé........................................52
7 Conclusion .............................................................................................................................. 57
Références ................................................................................................................................... 59
ANNEXES...................................................................................................................................... 61
Annexe 1 Evolution du PIB désagrégé de 2007 à 2017 (en milliards de FCFA) ........................... 61
Annexe 2 Poids démographique des communes dans le delta et au Bénin ............................... 62
Annexe 3 Echantillon des personnes interrogées dans le delta de l’Ouémé.............................. 63
Annexe 4 Répartition des personnes interrogées dans le delta de l’Ouémé selon le sexe ......... 64
La maîtrise humaine des ressources en eau doit être comprise ici comme la capacité des sociétés à
mobiliser et contrôler l’eau à travers l’espace et le temps. Elle représente un véritable outil de
développement socioéconomique durable.
Au Benin, l’importance économique de la maîtrise des ressources hydriques réside dans deux
fonctions : de production de la biomasse et production industrielle. En ce qui a trait à la fonction de
production de biomasse, son importance tient surtout à l’agriculture irriguée qui permettra de
nourrir la population grâce à une augmentation des productions devenue nécessaire dans un
contexte de croissance et de densification démographiques. Pour ce qui est de la fonction de
production industrielle de l’eau, de grandes quantités de la ressource sont également nécessaires à
l’industrie pour divers procédés, notamment la transformation, le transport, la production
énergétique. Ainsi, la GIRE, tenant compte des besoins parfois concurrentiels des différents usages
humains, de l’environnement et de l’intérêt économique des sociétés, est aujourd’hui cruciale, et
relève d’un impératif de développement.
C’est dans ce cadre que le présent rapport fait l’état des lieux des activités socio-économiques tout en
ressortant le potentiel économique, les opportunités encore disponibles, les menaces et les options
économiques possibles à faire par le Bénin pour le valoriser, afin que le pays puisse pleinement
profiter, au plan économique et social, des ressources du delta de l’Ouémé.
Les observations faites indiquent que plupart des activités menées dans le delta ont un lien direct ou
indirect avec les ressources en eau. Il s’avère donc nécessaire que l’état des lieux et l’analyse
Delta de l’Ouémé et zone côtière : une zone à forte potentialité démographique où des défis restent
à relever dans les dommaines de l’eau, hygiène et assainissement
Le delta compte 35,57% de la population béninoise avec 51,5% des femmes contre 48,60%
d’hommes. A l’échelle nationale, les statistiques montrent que les hommes du delta de l’Ouémé
représentent 35,40% de la population masculine du Bénin. Quant aux femmes, elles occupent 35,73%
de la population féminine du Bénin. Dans cette zone, 21,45% des ménages disposent encore d’une
source d’eau à boire non potable s’approvisionnant en eau de surface (8,27%) et via des puits
traditionnels non protégés (13,18%). Ceci justifie d’ailleurs l’importance de la GIRE au regard des
réserves en eau potentielles dont dispose le Bénin. Dans le domaine de l’hygiène et de
l’assainissement, 82% des ménages du delta utilisent une toilette non-améliorée dont 59%
fréquentent encore les brousses. Cette proportion renforce la nécessité de mener une politique
rigoureuse d’hygiène et d’assainissement dans la région afin d’éviter des maladies hydriques.
Des performances économiques mitigées avec toutefois des espoirs en matière de développement
des infrastructures
Le Bénin a connu ces dernières années une performance économique erratique en termes de
l’évolution du taux de croissance du PIB/tête. Le record a été atteint en 2007 avec 7,2% de taux de
croissance contre 1,3% en 2016. L’instabilité notée dans la performance économique du Bénin est
tirée en générale par les facteurs exogènes comme les crises financière et alimentaire ainsi que les
facteurs endogènes tels que les inondations, la sécheresse, etc.
Les indicateurs liés aux infrastructures en ce qui concerne le transport, les Technologies de
l’information et de la communication (TIC), l’énergie et l’hydraulique dont l’amélioration permet de
soutenir le développement économique et d’améliorer le bien-être social laissent entrevoir de
bonnes perspectives. Le Bénin a, de façon globale, enregistré des avancées quoique faibles par
endroit dans la plupart des domaines.
La Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) tenant compte des besoins des populations, de
l’environnement et de l’intérêt économique des sociétés est aujourd’hui d’une importance cruciale et
relève d’un impératif de développement durable. Il est indispensable de disposer d’un outil de
gestion rationnelle des ressources en eau. C’est à cet objectif que répond la réalisation du plan delta
couvrant le delta de l’Ouémé et la zone côtière du Bénin.
Le présent rapport thématique relatif à la socio-économie montre les enjeux économiques du delta
de l’Ouémé pour le développement du Bénin à partir de l’analyse de la situation démographique et
socio-économique du Bénin en général et du delta de l’Ouémé et de la zone côtière en particulier. Il
s’intéresse d’abord à la contribution de l’économie et de la sociologie dans la planification delta. La
structure démographique du Bénin et du delta de l’Ouémé ainsi que les caractéristiques
socioéconomiques sont ensuite discutées et l’importance de la population du delta par rapport à
celle du Bénin est mise en évidence. Enfin, une analyse comparative des indicateurs
macroéconomiques et de pauvreté est faite pour une mise en perspective de la nécessité d’une
planification delta en vue de favoriser des choix rationnels dans le processus de gestion intégrée des
ressources en eau.
L’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’investissement cohérent pour la gestion intégrée des
ressources en eau du delta de l’Ouémé exigent d’internaliser les différents éléments de coûts et
d’opportunité susceptibles d’affecter l’opérationnalisation du plan. Ces éléments peuvent être
appréhendés sous l’angle aussi bien économique que sociologique.
D’un point de vue économique, il convient de mettre en évidence plusieurs types d’activités
économiques liées à l’eau représentant des occupations professionnelles pour les populations. Par
exemple, la pêche constitue l’une des principales activités économiques liées à la ressource en eau du
delta et qui génère des revenus significatifs aux hommes et femmes vivant dans le delta. Autour de
cette activité gravitent d’autres activités dites ‘‘secondaires’’ telles que le mareyage, la fabrique
d’engins de navigation etc. apportant elles-aussi des compléments de revenus aux ménages. De
même, la production agricole, le transport des marchandises, le transport des personnes, le transport
des produits pétroliers, le commerce du sable lagunaire et fluvial et les échanges commerciaux très
poussés avec le Nigéria, pays voisin, sont également des activités exercées par les populations du
delta.
L’une des questions qu’il convient de se poser pour mieux évaluer le rôle de l’économie et de la
sociologie dans la planification delta est de savoir si les activités qui reposent sur les ressources en
eau du delta profitent-elles aux différentes communautés. En d’autres termes, les économies locales
sont-elles essentiellement tirées par les activités ayant un lien direct ou indirect avec les ressources
en eau du delta de l’Ouémé ? Pour répondre à cette interrogation, il s’avère nécessaire de procéder à
De même, sur le plan sociologique, la connaissance des processus de transformation sociale induits
par la présence de l’eau est un préalable pour une gestion efficiente de la ressource. En effet, les
rapports humains aux usages de l’eau sont déterminés par les us et coutumes, la structure
démographique ainsi que le mode de vie des sociétés. De ce point de vue, l’analyse des
caractéristiques sociologiques devrait fournir des éléments d’appréciation quant à l’importance de la
planification delta pour la communauté et son acceptation par les populations bénéficiaires. De plus,
une meilleure connaissance de la sociologie du milieu peut permettre de capitaliser les bonnes
pratiques et mieux de reconstruire une solidarité autour d’une gestion intégrée et communautaire.
Le relief du pays est peu accidenté. Cinq régions naturelles se distinguent à savoir : la région côtière,
qui est une région sablonneuse bordée par des lagunes ; le plateau de "La Terre Barre" ; un plateau
silica-argileux avec une savane herbeuse s’étendant du nord d’Abomey jusqu’aux sommets de
l’Atacora ; les régions montagneuses de l’Atacora avec une élévation de 800 mètres d’altitude ; les
plaines du Niger, qui représentent une vaste terre fertile et argileuse.
Le Bénin, sur le plan administratif, comporte 12 départements pour 77 communes. Ces communes
sont subdivisées en 566 arrondissements constitués de villages et quartiers de ville.
Cette situation montre que la maîtrise de l’eau est essentielle à la survie et au développement
socioéconomique de la population béninoise, alors que son effectif et sa densité ne permettent plus à
chaque individu d’accéder facilement à cette ressource. Sans une maîtrise technique et collective des
ressources hydriques, la société devient donc affectée par les conditions d’hygiène difficiles, les
installations sanitaires déficientes et les maladies hydriques; de plus, les individus doivent dépenser
temps et énergie pour s’assurer d’un approvisionnement minimal.
La population béninoise est en majorité composée de femmes (Figure 2.1). S’agissant de la zone de
résidence, le milieu rural concentre une proportion importante de la population béninoise comme
l’indique la Figure 2.1.
60
40
20
0
Masculin Féminin Urbain Rural
Figure 2.1 : Structure de la population du Bénin selon le sexe et le milieu de résidence (Source :
RGPH-4 INSAE, 2013)
La Figure 2.2 présente la structure de la population par classe d’âge selon le sexe et le milieu de
résidence. Il est à observer que la population béninoise est essentiellement constituée de jeunes.
Environ 47% de la population ont moins de 15 ans. En revanche, les personnes âgées de plus de 60
ans représentent 4,4% de la population. La proportion des individus considérés comme
potentiellement actifs est d’environ 49% en 2013. Cette jeunesse de la population est un atout
potentiel pour l’économie béninoise. Elle est en effet le fer de lance de l’activité car susceptible de
fournir de la main-d’œuvre quantitativement et qualitativement.
Figure 2.2 : Structure de la population du Bénin par âge selon le sexe et le milieu de résidence
De manière détaillée, les enfants ayant moins de 15 ans vivent majoritairement en milieu rural. Cette
tendance est inversée à partir de 15 ans. On observe que de 15 à 59 ans, la frange de la population
vivant en milieu urbain devient plus importante que celle vivant en zone rurale. Cette inversion de la
tendance peut s’expliquer par plusieurs facteurs parmi lesquels se trouvent l’exode des scolaires et
des jeunes en quête d’un mieux-être dans les centres urbains. En effet, la majorité des collèges et
lycées d’enseignement sont concentrés dans la partie urbaine des différentes régions du pays. De
plus, à la fin de leur parcours scolaire et académique, les jeunes ont tendance à rester en ville étant
donné que la plupart des activités industrielles et autres activités économiques sont concentrées
dans les grands centres urbains.
De nombreuses ethnies sont présentes au Bénin. Les Fon et apparentés sont l’ethnie dominante
suivie des Adja et apparentés, Yoruba et apparentés, Bariba et apparentés, Peulh ou Peul, Gua ou
Otamari et apparentés, Yoa et Lokpa et apparentés, Dendi et apparentés… (Figure 2.3). Ainsi, les
principales langues parlées sont le Fon, l’Adja, le Yoruba, le Bariba, le Peulh… et enfin les langues
étrangères (Français, Anglais, etc.).
Figure 2.3 : Répartition de la population béninoise par ethnie (Source : Données RGPH4, 2013)
S’agissant de la religion, l’Islam est désormais la religion la plus pratiquée au Bénin. En effet, environ
27,7% de la population pratiquent l’Islam en 2013 contre 24,4% en 2002. La religion catholique et le
culte vodoun viennent respectivement après l’Islam avec 25,5% et 11,6% en 2013 (resp. 27,1% et
17,3% en 2002). De même, des religions telles que Céleste, Protestant ainsi que d’autres religions
chrétiennes et traditionnelles sont aussi présentes.
Les pratiques religieuses peuvent avoir une influence sur les ressources en eau. En effet, nombreuses
sont les religions au Bénin qui intègrent l’eau dans des rituels d’ordre spirituel. Certaines de ces
religions considèrent l’eau comme capable de nettoyer les impuretés. D’autres religions associent
l’eau à des rites funéraires le long des berges. Ces différents usages peuvent affecter la qualité de
l’eau ou être source de conflits.
La migration concerne en moyenne 1 à 2 personnes par ménage et constitue une stratégie de survie
pour les ménages dont la plupart sont très vulnérables et vivant soit de crédit ou de l’emprunt pour la
1
Analyse Globale de Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire
Ces mouvements migratoires conduisent à une concentration urbaine de plus en plus forte. Poussés
par le niveau élevé du taux de chômage et la pression démographique non maîtrisée ainsi que le
faible taux de scolarisation, la plupart des jeunes des villes secondaires et des campagnes du pays
sont souvent conduits à migrer vers les principales agglomérations du pays en quête d’un mieux-être.
Ainsi, les villes du grand Nokoué faisant partie du delta de l’Ouémé que sont Cotonou, Porto-Novo,
Abomey-Calavi, Ouidah et Sèmè-Kpodi deviennent des destinations privilégiées.
Les migrations se distinguent suivant leur nature. Elles peuvent avoir pour but la recherche de
meilleures terres agricoles (migration agricole), la recherche d’un emploi plus rémunérateur
(migration ouvrière). Dans un cas comme dans l’autre, les mouvements migratoires ont eu pour effet
une pression accrue sur l’occupation des sols ainsi qu’une forte pression sur les ressources naturelles.
Les migrants, à la recherche d’abris, finissent par s’installer dans des zones initialement inhabitables
telles que les bas-fonds et les lits d’eau. Cette situation est souvent à l’origine de catastrophes en cas
d’inondation, c’est-à-dire lorsque l’eau devient source de mort et de destruction plutôt que de vie.
Ces mouvements migratoires représentent donc des menaces pour les ressources naturelles ainsi
qu’une source d’insécurité dans les principales agglomérations du pays en général et du delta de
l’Ouémé en particulier. La maîtrise de l’eau est de ce fait essentielle à la protection des populations et
de l’agriculture.
100
49,4 50,6
25,3 23 24,1
La taille moyenne des ménages est de six (06) personnes avec un nombre moyen d’individus par pièce
estimé à 1,8. Ce nombre important d’individus par ménage n’est pas sans conséquences sur l’utilisation
La qualité de vie dans un pays peut être appréciée à partir de l’indice de développement humain
(IDH) qui est l’un des nombreux indicateurs synthétiques utilisés pour analyser le niveau de
développement d’un pays. L’IDH intègre outre le revenu, les données agrégées à la fois sur l’éducation
et la santé. La Figure 2.6 présente l’évolution de l’IDH et ses trois principales composantes entre 1980
et 2014 pour le Bénin. Il est à observer que l’IDH est en constante évolution avec un accroissement
moyen annuel de 1,5% sur la période 1980-2014. En dépit de ces performances, le niveau de
développement humain au Bénin reste faible. La valeur affichée par l’IDH reste encore en deçà de 0,5
qui est la norme admise.
Figure 2.6 : Evolution de l’IDH et ses composantes entre 1980 et 2014 au Bénin (Source : PNUD,
2015)
L’amélioration de l’IDH est impulsée principalement par les progrès réalisés dans les domaines de la
santé et de l’éducation, et dans une moindre mesure par les gains liés à la croissance économique.
En relation avec la baisse de la mortalité et l’amélioration des conditions de vie, l’espérance de vie au
Bénin s’est accrue de 12,3 ans, situant l’espérance de vie à la naissance au Bénin à 59,6 ans en 2014.
2
Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages (EMICOV). Note sur la pauvreté au Bénin en 2015.
INSAE, octobre 2015.
Le pays dispose de trois (03) grands fleuves le Niger, le Mono et l’Ouémé. Le Niger et le Mono sont
des fleuves internationaux dont les bassins sont partagés par d’autres pays. Le bassin de l’Ouémé est
le plus grand bassin en territoire béninois qui abrite le plus long fleuve du Bénin (510 Km). Le
potentiel en eau des cours d’eau excepté les eaux du fleuve Niger est estimé en moyenne à 13
milliards de m3 par an. Entre 1992 et 2015, le total des ressources en eau superficielle renouvelables
est passé 59,1 milliards de m3 à près de 80 milliards de m3 (Figure 2.7). S’agissant des eaux
souterraines, il est actuellement difficile de quantifier les réserves d’eau contenues dans les aquifères
du Bénin compte tenu des données limitées dont on dispose. La capacité de recharge des eaux
souterraines est cependant évaluée à environ 1,9 milliard de mètres cubes par an en moyenne.
300
26,09 26,09
26,09 26,09 16,09 16,09
250 26,09 16,09
26,09 16,09 16,09
200 16,09 84,2 85,2
79,1 81,6
73,9 76,5
150
65,3 70,2 72,1
55,6 60,5
100 50,8
0
1992 1997 2002 2007 2012 2015
Ressources en eau superficielle renouvelables totales (10^9 m3/an)
Eaux superficielles: flux extérieur total renouvelable (10^9 m3/an)
Population urbaine ayant accès à de l'eau potable (%)
Population rurale ayant accès à de l'eau potable (JMP) (%)
Population totale ayant accès à de l'eau potable (%)
Figure 2.7 : Indicateurs des ressources en eau au Bénin (Source : AQUASTAT, FAO 2016)
L’utilisation actuelle des eaux de surface est très peu significative et ne concerne que l’alimentation
en eau potable de quelques villes, l’abreuvement du bétail et l’irrigation d’environ 9000 hectares de
cultures diverses. Toutefois, les projections de développement de l’irrigation au Bénin prévoient un
accroissement progressif de la demande en eau. Quant aux eaux souterraines, elles sont
essentiellement utilisées pour l’alimentation en eau potable des villes et des campagnes. Les
prélèvements annuels sont de l’ordre de 0,03 milliard de m3 par an. Ce qui représente à peine 2% de
la recharge annuelle des aquifères.
Le bassin de l’Ouémé revêt une importance capitale pour la diversification des filières agricoles
(riziculture, pisciculture, maraîchage, etc.), la création de la valeur ajoutée, le développement du
Bénin et donc dans la lutte contre la pauvreté. Cependant, ce bassin peine à jouer convenablement
ce rôle en raison notamment d’un déficit de mise en œuvre de la Gestion Intégrée des Ressources en
Eau (GIRE) à l’échelle du bassin. En outre, l’abondance des eaux souterraines n’est que relative
puisque dans les régions de socle (80% du territoire national au Centre et au Nord), le potentiel en
La situation ainsi présentée amène à penser que les ressources en eau du Bénin pourraient satisfaire
globalement les besoins à long terme de notre économie à condition que ces ressources soient
correctement maîtrisées et qualitativement préservées. Mais actuellement, seul un pourcentage très
insignifiant des ressources connues est effectivement utilisé. Pour le Bénin, le problème de
l’adéquation Ressources/Besoins à long terme se pose donc, non pas en termes de déficit de la
ressource, mais en termes de maîtrise des ressources existantes.
De manière générale, les ressources en eau du Bénin sont très peu utilisées. La Figure 2.8 présente la
répartition des prélèvements de 100 millions de m3 d’eau pour l’agriculture, l’élevage et les usages
domestiques en l’année 2001 évalués sur la base des hypothèses de dimensionnement ou de
consommation couramment utilisées et des données recueillies auprès de la Société béninoise
d’électricité et d’eau (SBEE). L’analyse montre que 45 millions de m3 sont destinés à l’irrigation des
cultures et 14 millions de m3 pour l’abreuvement du bétail. L’alimentation en eau potable des
populations est évaluée à 41 millions de m3 dont 25 millions de m3 alloués à la population urbaine et
16 millions de m3 à la population rurale.
Elevage
11% Industrie
23%
Collectivités
urbaines
19%
Collectivités
rurales
12% Irrigation
35%
Les prévisions pour 2025 sont de 1,068 milliards de m3 de prélèvements totaux pour l’agriculture,
l’élevage et les usages domestiques répartis ainsi qu’il suit :
- agriculture et élevage (45 000 ha + 3 291 000 têtes de bétail) 653 millions de m3,
- usages domestiques 415 millions de m3.
La Figure 3.2 présente le poids démographique des différentes communes appartenant à la zone
géographique couverte par le delta de l’Ouémé. Le delta de l’Ouémé dispose d’une population totale
de 3 560 089 habitants (cf. annexe 2). Il représente donc plus du tiers de la population béninoise3.
S’agissant du sexe, le Delta de l’Ouémé compte 1.730.164 hommes contre 1.829.925 femmes. Ainsi,
les individus de sexe féminin sont majoritaires avec une proportion de 51,5% dans le delta contre
48,60% pour ceux de sexe masculin. A l’échelle nationale, les statistiques montrent que les hommes
du delta de l’Ouémé représentent 35,40% de la population masculine. Quant aux femmes, elles
occupent 35,73% de la population féminine du Bénin. Sur les 22 communes qui composent le delta
de l’Ouémé, les communes de Cotonou et d’Abomey-Calavi viennent en tête avec un poids
démographique respectif de 19,07% et 18,44%. Ces communes sont suivies de celles de Porto-Novo
3
L’effectif de la population présente sur l’aire du delta fait en effet 35, 57% de la population béninoise.
Le delta de l’Ouémé concentre donc une partie importante de la population béninoise. Cette forte
concentration de la population représente à la fois une opportunité mais aussi un défi en ce sens que
la zone delta dispose de plusieurs potentialités insuffisamment valorisées surtout dans l’agriculture,
l’élevage et la pêche. En effet, des mesures de politiques économiques conçues et mises en œuvre
sur cette aire géographique sont susceptibles d’avoir des impacts considérables à moyen-long terme
sur une importante proportion de la population. De ce point de vue, le plan delta devra mettre
l’accent sur un schéma de croissance fondé sur l’inclusivité et la durabilité intégrant les variables
démographiques comme paramètres à maîtriser dans un processus durable de transfert de la main
d’œuvre des activités à faible productivité vers les activités plus dynamiques à forte productivité.
Cependant, l’absence de maîtrise de la croissance démographique dans le delta de l’Ouémé ne
permet ni au secteur productif de bénéficier d’une main d’œuvre qualifiée ni d’assurer le relèvement
du bien-être de la population. Cet accroissement, lié à la forte natalité et aux mouvements
migratoires internes, constitue des sources de pression sur les ressources en eau dans le delta de
l’Ouémé. Or, l’état des lieux montre que les communes se situant dans cette zone ne sont pas logées
à la même enseigne.
En effet, dans le delta de l’Ouémé, 21,45% des ménages disposent en moyenne d’une source d’eau à
boire non potable (AGVSA, 2013). Une observation importante se dégage de l’analyse des
statistiques. En effet, 72% des ménages de la municipalité de Cotonou disposent d’une source d’eau à
boire potable. Cette situation se justifie par le niveau d’urbanisation atteint dans cette commune qui
est une ville à statut particulier et en même temps représente la capitale économique du Bénin. Dans
le même temps, la commune d’Abomey-Calavi qui dessert la commune de Cotonou et ses environs en
Le même constat est fait dans la commune des Aguégués excepté la source du forage. De même, les
ménages des communes de Sô-Ava, Bonou, Ouinhi et Zagnado ne fréquentent pas les puits protégés
tandis que ceux de Sô-Ava et d’Adja-Ouèrè ne fréquentent pas les puits traditionnels. Sur le plan
national, les ménages fréquentent également les autres sources telles que le forage, les puits
Toujours dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement, une part importante des ménages du
delta dispose de toilettes non-améliorées (Tableau 3.2). Cette proportion renforce la nécessité de
mener une politique rigoureuse de cette région en matière d’eau et d’assainissement. Les communes
lacustres telles que les Aguégués, Sô-Ava et Dangbo comptent généralement une proportion
importante de ménages utilisant ce type de toilette. Cependant, les types de toilettes comme la
latrine à fosse ventilée, la latrine à fosse non ventilée, la latrine publique, la toilette à chasse, la
latrine sur pilotis, la brousse et autres sont utilisés par les ménages dans le delta de l’Ouémé. Il
ressort de ces statistiques que le type de toilette majoritairement fréquenté dans cette zone reste la
brousse/nature, soit 59%. Cette statistique appelle à la mise en œuvre d’une politique
d’assainissement et d’hygiène rigoureuse dans cette zone.
Tableau 3.2 : Type de toilettes utilisé par les ménages
Commune Pourcentage de Principal type de toilette utilisé par le ménage
ménages qui Latrine à Latrine à Latrine Toilette à Latrine Brousse/ Autres
utilisent une fosse fosse non publique chasse/ suspendue/ Nature
toilette non- ventilée ventilée Réseau sur pilotis
améliorée d’égout
Abomey-Calavi 26% 64% 8% 0% 10% 0% 17% 1%
Allada 84% 15% 11% 0% 1% 0% 72% 0%
Ouidah 70% 22% 38% 0% 8% 1% 30% 0%
So-Ava 95% 5% 1% 3% 0% 29% 58% 4%
Toffo 83% 17% 8% 0% 0% 0% 74% 0%
Torri-Bossito 98% 2% 21% 1% 0% 2% 75% 1%
Ze 91% 9% 4% 4% 1% 1% 83% 0%
Cotonou 22% 64% 16% 3% 14% 0% 4% 0%
Athiémé 96% 3% 8% 18% 1% 0% 70% 0%
Bopa 98% 2% 5% 0% 0% 0% 92% 1%
Come 72% 28% 16% 4% 0% 0% 52% 0%
Grand-Popo 81% 19% 7% 4% 0% 0% 71% 0%
Houéyogbé 91% 8% 16% 1% 1% 1% 73% 1%
Lokossa 66% 32% 13% 0% 1% 0% 53% 0%
Adjarra 86% 8% 49% 0% 6% 1% 31% 6%
Adjohoun 97% 1% 12% 0% 1% 1% 84% 0%
Aguégués 100% 0% 2% 37% 0% 0% 61% 0%
Akpro-Missérété 90% 9% 28% 0% 2% 0% 58% 3%
Avrankou 85% 15% 32% 1% 0% 1% 46% 5%
Bonou 93% 7% 17% 8% 0% 0% 68% 0%
Dangbo 98% 2% 2% 3% 0% 0% 93% 0%
Porto-Novo 24% 66% 21% 0% 10% 0% 2% 0%
Sèmè-Kpodji 53% 41% 10% 10% 6% 0% 31% 3%
Adja-Ouèrè 90% 9% 19% 0% 1% 1% 70% 0%
Cove 95% 5% 61% 2% 0% 0% 31% 0%
Ouinhi 98% 2% 8% 0% 0% 1% 89% 0%
Zagnanado 98% 2% 31% 0% 0% 0% 67% 0%
Za-Kpota 99% 1% 13% 4% 0% 1% 82% 0%
Zogbodomey 95% 5% 9% 0% 0% 0% 85% 1%
Delta de
82% 16% 17% 4% 2% 1% 59% 1%
l’Ouémé
Bénin 74% 23% 16% 2% 4% 1% 55% 0%
Source : AGVSA 2013
Figure 4.1 : Evolution du taux de croissance du PIB/tête entre 2007 et 2017 (en %)
La Figure 4.3 présente l’évolution de la contribution au Produit Intérieur Brut réel par secteur de
l’économie béninoise. De manière générale, le secteur primaire tiré essentiellement par l’agriculture
vient en deuxième position après le secteur tertiaire en termes de contribution à l’économie
nationale. L’impact de la production de coton et celui du commerce portuaire sont mis en évidence
par la part importante et croissante des secteurs primaire et tertiaire dans la croissance du PIB
(Figure 4.2). Le secteur secondaire est étroitement lié à la production agricole et bénéficie d’un essor
de l’égrenage du coton. Dans l’ensemble, le secteur manufacturier lié au coton représente 33% de la
valeur ajoutée dans le secteur secondaire. Ce secteur secondaire vient en troisième position avec une
contribution moyenne de 20% sur la période 2007-2017. Cette situation illustre parfaitement le
problème lié à la transformation structurelle de l’économie béninoise. Le secteur primaire contribue
pour une part importante au PIB mais reste encore très peu développé.
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
2007
Figure 4.3 :
12,56%
7,56%
17,01%
3,30%
7,95%
0,50%
2008
12,86%
17,45%
Electricité et eau
3,40%
7,43%
0,38%
2009
11,90%
16,46%
3,41%
6,83%
0,55%
2010
11,12%
8,52%
16,24%
2011
12,92%
8,52%
16,07%
3,35%
6,94%
0,72%
2012
12,43%
8,58%
Commerce, restaurant et hôtels
15,99%
3,23%
6,74%
2013 0,69%
12,90%
8,49%
Pêche syviculture et exploitation forestière
15,88%
3,13%
6,73%
0,67%
2014
13,25%
8,47%
15,67%
3,07%
6,79%
0,66%
2015
12,82%
Industrie Agro-Alimentaire
8,83%
Transports, postes et télécoms
16,02%
3,02%
6,87%
0,65%
2016
12,63%
8,75%
16,31%
2,92%
6,90%
0,65%
2017
12,46%
8,70%
Page 29
Le développement du secteur tertiaire (commerce et services) prend le pas sur les deux autres
secteurs, ce qui témoigne d’une désarticulation de l’économie béninoise. En effet le développement
du secteur tertiaire doit faire suite au développement consécutif des secteurs primaire et secondaire
au sens de Colin Clark.
La croissance de l’agriculture est instable et elle apparaît comme insuffisante pour relever de façon
significative le niveau de vie de la population. Elle n’arrive pas à couvrir l’ensemble des besoins de
base, amenant à recourir aux importations. Cette situation s’explique, dans une large mesure, par les
schémas de production agricole peu dynamiques en dépit des potentialités dont regorge le Bénin
dans le domaine agricole.
Les échanges commerciaux du Bénin avec l’extérieur connaissent une évolution erratique marquée
par un déficit structurel. Ainsi après une légère amélioration entre 2014 et 2015, le déficit
commercial s’est progressivement détérioré de 2015 pour atteindre en 2017 le niveau le plus
important ces cinq dernières années après celui de 2014. En dépit de cette dégradation de la balance
commerciale, les exportations nationales de marchandises ont enregistré entre 2016 et 2017 un
accroissement de 96,5%. En revanche, les importations, quant à elles se sont accrues sur la même
période avec une hausse de 18,1%. L’augmentation des exportations nationales n’a pas été suffisante
pour compenser le niveau des importations qui ont également enregistré une augmentation quoique
faible.
Depuis 2015, la balance commerciale du Bénin connait une détérioration annuelle continue et
progressive (Figure 4.4). Malgré la hausse des exportations nationales et des importations en 2017
comparativement à 2016, le Bénin enregistre en 2017, le second niveau de déficit commercial le plus
important de ces cinq (05) dernières années derrière celui de 2014.
Figure 4.4 : Evolution globale des flux commerciaux du Bénin (Source : INSAE, 2017)
Le déficit récurrent de la balance commerciale montre que l’absorption interne est régulièrement
supérieure à l’offre domestique. Ce déficit structurel maintient le Bénin dans une dépendance vis-à-
vis de l’extérieur et réduit les marges de manœuvre du pays en termes de politique économique.
Le Bénin est encore l’un des pays les moins développés au monde classé 167ème sur 188 avec une
valeur de 0,485 pour l’Indice de Développement Humain en 2015 (PNUD, 2016). Entre 2015 et 2016,
le pays a stagné au même niveau. Le Bénin présente une marginalisation sociale qui est
quantitativement et qualitativement extensive et structurellement enracinée (IDH corrigé des
inégalités à 0,304). Presque tous les indicateurs pertinents, tels que le revenu, le genre et l’éducation,
indiquent de graves inégalités, bien que les indicateurs sociaux se soient améliorés au cours des
dernières années. La scolarisation dans le primaire a cru, promettant un avenir meilleur dans ce
secteur dans les années à venir. Les nouvelles données par rapport à 2012 confirment que près des
trois quarts de la population vivent avec un revenu inférieur à 2 dollars par jour, ce qui signifie que
cette part est restée constante pendant au moins une décennie.
L’accès aux soins de santé de base est extrêmement faible : six médecins pour 100 000 personnes
(Bertelsmann Stiftung BTI, 2016). En outre, le développement n’est pas également réparti au niveau
régional ; les zones urbaines et côtières bénéficient beaucoup plus du développement que les zones
rurales. La montée des inégalités a suscité des migrations internes (« hyperurbanisation ») et une
insatisfaction accrue parmi les personnes défavorisées et les jeunes diplômés universitaires au
chômage. Un pourcentage considérable de la population est engagé dans une économie de
subsistance et pratique des activités commerciales informelles (notamment avec le Nigéria). Au total,
le Bénin n’a pas les conditions socioéconomiques indispensables à une liberté de choix globale.
Selon les résultats de l’Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages (EMICOV-
2015), la pauvreté reste un sujet de préoccupation majeure dans la mesure où 36,2 % des Béninois
vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté, contre 35,2 % en 2009. La croissance
économique relativement bonne ne s’est pas traduite par une réduction de la pauvreté. Au contraire,
l’incidence de la pauvreté monétaire a augmenté, passant de 36,1 % en 2011 à 40,1% en 2015, alors
qu’elle avait faiblement diminué entre 2006 et 2011. A un niveau désagrégé, l’incidence de la
pauvreté monétaire s’est aggravée dans tous les départements4 à l’exception du Littoral qui se situe
sur la ligne de stabilité comme le montre la Figure 4.5.
4
Lesquels se situent au-dessus de la ligne de stabilité (cf. figure 1-15).
Cette augmentation de la pauvreté est due, entre autres, à la forte croissance démographique, qui a
continué d’atteindre 3,5% par an, soit une des plus fortes du continent africain. La croissance
moyenne annuelle du PIB par habitant a été de seulement 1,7% durant le quinquennat, taux
insuffisant pour avoir un impact positif significatif sur le niveau de pauvreté. L’accroissement de la
pauvreté associé à la faiblesse de la croissance économique maintient les populations dans une
incapacité à faire face efficacement aux besoins vitaux. Ainsi, les pauvres perdent davantage en
matière de résilience face aux problèmes liés à l’inaccessibilité à l’eau potable.
Les inégalités existent non seulement entre pauvres et non pauvres mais aussi parmi les pauvres.
L’indice de Gini qui mesure l’inégalité des dépenses de consommation par personne et qui varie entre
0 et 1, est l’indicateur le plus répandu même s’il existe tout un arsenal d’indices développés par les
chercheurs. Au plan national, même si les inégalités dans la distribution des dépenses de
consommation des ménages sont demeurées stables entre 2011 et 2015, ce taux traduit tout de
même un niveau relativement assez élevé5. Les inégalités sont toujours plus marquées en milieu
urbain qu’en milieu rural. Ainsi, en milieu urbain, l’indice de Gini a augmenté de 0,015 point en
passant de 0,452 à 0,467 durant la période tandis qu’il a augmenté deux fois plus en milieu rural
(0,03 point) en passant de 0,373 à 0,403 en milieu rural sur la même période. Ces chiffres dénotent
plus d’homogénéité dans les dépenses de consommation en milieu urbain par rapport au milieu
rural.
L’évolution spatiale des inégalités indique de fortes différentiations entre départements. Les
inégalités de dépenses par personne sont plus fortes pour le Borgou, l’Ouémé, les Collines et faibles
dans les départements de l’Atlantique et du Plateau. Par rapport à 2011, les inégalités se sont plus
accentuées dans les départements du Zou, des Collines, du Couffo et de l’Alibori. L’inégalité entre les
départements contribue à environ 92 % des inégalités au niveau national. Les déséquilibres spatiaux
représentent donc un déterminant avéré de la pauvreté, notamment en milieu rural. De ce fait, les
mesures de politique doivent intégrer la question des disparités entre départements pour plus
d’équité dans l’allocation ressources destinées au développement socioéconomique durable du pays.
5
L’indice de GINI entre 2011 et 2015 est passé de 0,464 à 0,470
Les politiques économiques menées depuis 28 ans de démocratie sont tournées vers l’économie de
marché ; c’est-à-dire le libéralisme économique. Ces politiques mises en œuvre par des
gouvernements successifs montrent que le Bénin présente de lents progrès vers l’atteinte des
résultats de développement durable (économique, social, environnemental et jouissance des libertés
individuelles) malgré le potentiel dont regorge le Bénin. Selon les statistiques de la Banque Mondiale
(2018)6, le Bénin a enregistré une croissance du PIB réel de 2,1 % et de 5,6 % respectivement en
2016 et 2017. Ce niveau du taux de croissance s’explique principalement par la baisse de la demande
au Nigéria. Selon les projections, le taux de croissance économique devrait atteindre 6 % en 2018. En
2025, le taux de croissance économique envisagé est de l’ordre de 10% d’après les grands objectifs
chiffrés du Plan National de Développement (PND) 2018-2025.
En dépit du taux de croissance annuel moyen relativement rapide de 5,2 % au cours des cinq
dernières années, le taux de pauvreté s’est accentué entre 2011 et 2015. Ainsi, sur le plan social, la
situation de la pauvreté demeure préoccupante avec 40,1% de la population qui vivent en dessous du
seuil de pauvreté monétaire. Elle s’est dégradée au fil du temps en passant de 37,5 % en 2006 à
35,2 % en 2009, de 36,2 % en 2011 à 40,1% en 2015. Dans ce contexte, l’Indicateur de
développement humain (IDH) est estimé à 0,48 en 2015 classant le Bénin au 166ème rang sur 188.
Toutefois, les dépenses budgétaires sont plus de plus orientées vers les secteurs sociaux. En effet, les
secteurs de l’éducation et de la santé occupent respectivement en moyenne 23 et 7 % des dépenses
publiques. Ils doivent faire l’objet d’une répartition géographique des ressources plus équitable, ainsi
que d’une gestion plus efficace.
En étroite collaboration avec le FMI et la Banque mondiale, le gouvernement a travaillé dur pour
maintenir une politique rigide en matière de dépenses publiques. La réduction du déficit budgétaire a
été l’une des missions principales du gouvernement, même si la masse salariale des fonctionnaires a
créé à maintes reprises des problèmes (augmentation de 25% entre 2011 et 2014). La dépendance
vis-à-vis des droits de douane (la moitié des recettes totales excluant l’argent des donateurs) n’a pas
entraîné de fortes baisses des recettes suite à la crise financière mondiale. Bien qu’une culture de
politique axée sur la stabilité ait pu émerger parmi les décideurs, il n’y a pas de garanties
institutionnelles en place à l’exception des objectifs fixés par les programmes d’intégration régionale
et du suivi strict par les donateurs internationaux. La performance du gouvernement a été
récompensée par plusieurs facilités de réduction de la pauvreté et de croissance (FRPC) et une facilité
de crédit élargie (FEC). Les dernières lettres d’évaluation indiquent toutefois clairement que le FMI
évalue les performances du Bénin comme étant bonnes, mais pas excellentes. Le FMI considère que
la gestion des ports, l’administration fiscale, l’investissement dans l’infrastructure et l’amélioration
des conditions du développement du secteur privé sont des éléments cruciaux pour la croissance
durable et la macrostabilité. Les dernières notations internationales de crédit souverain par Standard
& Poor et Fitch voient le Bénin au niveau B, c’est-à-dire un environnement hautement spéculatif. Il
convient également de noter que le Bénin a refusé de coopérer avec les agences de notation au cours
de la période considérée.
La gouvernance du pays dans ses différentes dimensions est marquée par des faiblesses notoires en
termes d’efficacité, de transparence et de redevabilité. De sérieuses déficiences ont été notées au
niveau de la capacité à définir et à mettre en œuvre les politiques publiques optimales. Ainsi, depuis
quelques années, le Bénin a opté pour la transformation structurelle de son économie afin de gagner
en productivité et par conséquent en compétitivité. Cette vision des régimes successifs s’est
6
BM (2018), Présentation du Bénin. Mise à jour du mois d’avril 2018.
Face aux problèmes d’insuffisance des ressources dans les pays en développement, nombreux sont
ceux qui sollicitent l’appui des bailleurs de fonds. Au nombre des bailleurs de fonds qui interviennent
au Bénin, on peut citer la Banque mondiale, la Commission européenne, l’Organisation de
coopération et de développement économiques OCDE, le Fonds international pour le développement
agricole (FIDA), le Royaume des Pays-Bas, l’Agence Française de Développement, l’USAID7 (United
State Agency for International Développent), etc. Ces organisations interviennent dans la gestion de
l’aide au développement dans les PED comme le Bénin. Selon le type de donateur, les aides prennent
généralement la forme de l’aide publique bilatérale, l’aide publique multilatérale et l’aide privée.
L’aide publique multilatérale constitue un groupe de pays qui agissent par l’intermédiaire d’une
organisation internationale comme le FMI, la Banque Mondiale, l’Union Européenne… Quant à l’aide
privée, elle provient de donateurs privés comme les entreprises multinationales, les ONG, les
fondations, etc.
Au Bénin, selon les sources disponibles8, il existe entre 1500 (USAID, 1998) et 2700 ONG (MCRI-SCBE,
2000) recensées. Cependant, la plupart des études qui ont été consacrées à ces nouvelles
associations montrent qu’une fraction réduite d’entre elles est véritablement active. Bien qu’ayant
pour vocation d'intervenir sur l’ensemble du territoire, elles sont installées principalement dans le
sud du pays, plus généralement à Cotonou (pour plus des 2/3 d’ONG répertoriées). Cette installation
leur permet de côtoyer un grand nombre de bureaux représentatifs des organismes internationaux
ainsi que l’essentiel des Ministères béninois, ce qui pénalise les populations des localités du centre et
du nord Bénin. L’apparition des associations de type ONG au Bénin est un phénomène plus récent
que dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina-Faso) où ces associations étaient apparues
à la suite d’interventions humanitaires (liées aux sécheresses et famines).
7
Agence chargée de l’aide au développement pour le compte des États-Unis.
8
MCRI, 2000
Les politiques de plus en plus libérales envers les Firmes Multinationales (FMN) dans les pays
développés, la multiplication des stratégies économiques mises en œuvre par ces firmes, conjuguées
avec les diverses mesures d’attraction des Investissements Directs Etrangers ont favorisé la montée
des flux mondiaux d’IDE. Les trois dernières décennies ont connu une très forte croissance des IDE
dans le monde. D’après la CNUCED (2008), les flux entrants d’IDE dans le monde sont passés de
53,708 milliards de dollars US en 1984 à 315 milliards de dollars US en 1995 (soit environ une
multiplication par six) pour atteindre un niveau record de 1.500 milliards de dollars US en 2007. Cette
hausse des flux d’IDE a également été perçue dans les Pays En Développement (PED). En effet, on
assiste depuis 1980 à une croissance graduelle des flux d’IDE dans les PED. Ceux-ci passent de 8,4
milliards de dollars US en 1980, à 115,9 milliards de dollars US en 1995. En 1999 ils sont estimés à
231,9 milliards de dollars US. Ils atteignent un montant record d’environ 660 milliards de dollars US
en 2006 (CNUCED, 2008)9.
Dans un contexte mondial qui prône une plus grande ouverture économique, et en raison de
l’insuffisance des ressources disponibles pour financer son développement à long terme, le Bénin
n’est pas resté en marge de la compétition internationale en matière d’attraction pour les IDE. Le
Bénin est la destination depuis plusieurs décennies, des flux d’IDE. Ces flux s’évaluent à 62,7 millions
de dollars US en 1990, à -12,76 millions de dollars US en 2000, à -8,78 millions de dollars US en 2005
et à 405,20 millions de dollars US en 2014. Même si leur niveau est loin de satisfaire les attentes en
9
CNUCED (2008). Rapport sur l’investissement dans le monde, 2008’’
450.000.000,00
400.000.000,00
350.000.000,00
300.000.000,00
250.000.000,00
200.000.000,00
150.000.000,00
100.000.000,00
50.000.000,00
0,00
1994
1990
1991
1992
1993
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
-50.000.000,00
-100.000.000,00
IDE (dollars US)
L’analyse de cette figure montre que l’entrée nette des IDE au Bénin suit une évolution erratique sur
la période 1990-2009 avant de connaître un relèvement progressif jusqu’en 2014. De 2014 à 2016, les
flux nets d’IDE entrants ont connu une baisse drastique.
L’évolution du niveau général des prix au Bénin a suivi une évolution erratique depuis les
indépendances jusqu’à ce jour comme le montre la Figure 4.7. Ainsi, le taux d’inflation annuel moyen
oscille autour de la moyenne calculée sur la période sur la 1961-2017 estimée à 4,74%. Globalement,
ce taux moyen est au-dessus de la norme communautaire de l’UEMOA fixée à 3%.
Dans son évolution, le taux d’inflation annuel moyen a atteint son pic en 1994 avec un taux de 35,03%,
suivi de celui de 15,10% enregistré en 1995. Ce niveau du taux d’inflation enregistré en 1994 est tiré
principalement par le phénomène de la dévaluation connu par le Bénin en 1994 dont les effets se sont
poursuivis dans les années suivantes. Ce qui pourrait expliquer le niveau d’inflation de 15,10% noté en
1995. Par ailleurs, le plus bas taux d’inflation enregistré par le Bénin a été obtenu en 1989 ; il était de -
4,88%. Selon les statistiques de la Banque Mondiale (2017), l’inflation est estimée à 0,36 % pour 2017,
et devrait rester inférieure à l’objectif de 3 % fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine
en 2018.
35,00
30,00
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00 4,74
-
1971
2005
1961
1963
1965
1967
1969
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2007
2009
2011
2013
2015
2017
(5,00)
(10,00)
Taux d'inflation (%)
Taux Moyen (%)
En tant que membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Bénin ne peut
mener une politique indépendante sur les taux de change. La monnaie est rattachée à l’euro
(anciennement rattaché au franc français) et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
(BCEAO) est totalement indépendante mais fortement influencée par la politique anti-inflationniste
de la Banque Centrale Européenne (BCE). Après la dévaluation du franc CFA en 1994, l’inflation était
relativement faible dans l’union monétaire, en particulier au Bénin. Après une flambée de l’inflation
des prix à la consommation à 6,5% en 2012 due à la réduction des subventions aux carburants au
Nigeria, on estime que l’inflation moyenne a chuté à zéro en 2013 et 2014 (BTI, 2016). Une inflation
faible a été enregistrée dans les années suivantes. Elle a été de l’ordre de 0,30% et -0,93%
respectivement en 2015 et 2016 (Banque Mondiale, 2017).
Le Franc de la Communauté Financière d’Afrique (F CFA) est une monnaie stable et crédible du fait de
la maîtrise de l’inflation. La stabilité́ monétaire interne est garante de la stabilité́ monétaire externe,
c’est-à-dire de la parité́ fixe avec l’Euro et du maintien de la compétitivité-́ prix des économies,
mesurée par l’indice de taux de change effectif réel.
Les indicateurs liés aux infrastructures concernent ici le transport, les Technologies de l’information et
de la communication (TIC), l’énergie et l’hydraulique dont l’amélioration permet de soutenir le
développement économique et d’améliorer le bien-être social. Le Bénin a, de façon globale,
enregistré des avancées dans la plupart des domaines.
Transports
Dans le domaine des TIC, les principales avancées se résument : (i) au renforcement du cadre
règlementaire des communications électroniques et de la poste ; (ii) à la réalisation de l’e-état civil
dans sept communes du Bénin ; (iii) à l’aménagement et l’équipement du local du point d’échanges
Internet IXP ; (iv) à l’atterrissement et la mise en service du câble ACE et l'interconnexion des câbles
ACE et SAT3; (v) à l’acquisition d’équipements complémentaires (matériels et mobiliers) pour le
centre IXP ; et (vi) à la réalisation des études, notamment sur la cyber-sécurité, sur le déploiement
des infrastructures (téléphonie et haut débit) et sur la promotion des usages des TICs dans les
domaines de la santé, l’éducation et l’agriculture ainsi que l’innovation postale.
Energie
S’agissant de l’énergie, les actions initiées sur la période de mise en œuvre de la SCRP 2011-2015,
notamment avec l’électrification de 568 nouvelles localités, ont permis d’améliorer en 2015 le taux de
couverture et le taux d’électrification par rapport à 2010. La Figure 4.9 présente les performances du
secteur de l’énergie entre 2010 à 2015. Le taux de couverture nationale est passé de 34,9% en 2010 à
4% en 2015 pour une valeur cible de 47,2%, tandis que le taux national d’électrification est passé de
27,4% en 2010 à 33,2% en 2015 pour un objectif de 33%. La même tendance est observée au niveau
du taux d’électrification en milieu urbain qui est passé de 53,8% en 2010 à 61,2% en 2015 pour une
valeur cible de 62%. En milieu rural, grâce aux efforts du Gouvernement et des partenaires au
développement, le taux d'électrification rurale a atteint en 2015 la valeur cible de 8,2% contre 3,5 %
en 2010.
Sur les trois principaux indicateurs retenus pour apprécier les performances de ce sous-secteur, deux
ont dépassé les valeurs cibles prévues.
Eau potable
La Figure 4.10 présente l’évolution des performances du secteur hydraulique entre 2010 et 2015. Le
taux de panne est demeuré relativement stable entre 2010 et 2013 (9,6% en 2010, 10,1% en 2011,
9,0% en 2012 et 10,0% en 2013) avant de s’établir à 6,6% en 2015 pour une valeur cible maximale de
9 % sur la période.
La desserte en eau potable en milieu rural a enregistré globalement une progression régulière sur la
période 2010-2014 passant d’un taux de 57,2% en 2010 à 68,1% en 2014, pour une cible OMD fixée à
67,3% pour 2015. Ce taux a connu une baisse en 2015 en s’établissant à 67,6%. Ce recul, s’explique,
entre autres, par la quasi-non réalisation des points d’eau en 2015 et par l’accroissement annuel de la
population. Toutefois, avec la réalisation d’un taux de desserte de 68,1% en 2014, le défi de l’atteinte
de la cible 2 de l’OMD 7 est réalisé un an plus tôt.
En effet, les services écosystémiques sont les biens et services qu’offre une ressource naturelle à la
société (TEEB Foundations, 2010 ; MA, 2005). Parmi eux, ceux qui sont directement utilisés dans les
activités économiques sont qualifiés de services à caractère économique. Ainsi, le potentiel
économique du delta de l’Ouémé se conçoit, dans le cadre de ce travail, comme l’ensemble des
services écosystémiques à caractère économique qu’offre cet écosystème à la société béninoise. Ceci
indique la capacité du delta de l’Ouémé à directement contribuer aux activités économiques.
(I) Services de provisions : Ce sont des services écosystémiques qui ont une valeur d’usage direct
pour l’homme à savoir :
- La nourriture – poissons (pêche naturelle et aquaculture), viandes (chasse et élevage),
mollusques, fruits, cultures (par exemple le riz)
- L’eau – l’eau à boire, l’eau pour l’irrigation, le transport
- Les matières premières – carrières de matériaux de construction, eau minérale et thermale
de Hêtin-Sota, bois, engrais naturel, fourrage, fibres
- Les ressources médicinales – plantes et autres ressources utilisées dans la médecine
- Les ressources ornementales – ressources utilisées dans l’artisanat et la décoration
(II) Services de régulation : Ils regroupent les services qui ont une valeur d’usage indirect pour
l’homme :
- La régulation de la qualité de l’air – capture de la poussière fine et des substances chimiques
- La régulation du climat – séquestration du carbone, influence de la végétation sur les
précipitations
Ce sont des services dont la valeur d’usage pour l’homme est captée à travers les autres catégories de
services écosystémiques :
- Le maintien du cycle de vie des espèces migratoires – service de nursery
- Le maintien de la diversité génétique – maintien de la diversité biologique des espèces
Il s’agit de services écosystémiques qui disposent d’une valeur d’usage direct pour l’homme :
- Le paysage naturel – la beauté du paysage
- La récréation et le tourisme – opportunités pour la récréation et le tourisme
- La culture et l’art – inspiration pour la culture, l’art et le dessin
- Les services spirituels – les expériences et pratiques d’ordre spirituel
- Le développement intellectuel – l’éducation et la recherche sur la base des écosystèmes
naturels.
Bien que chaque service écosystémique de la quatrième catégorie (services culturels) possède une
valeur d’usage direct, seul le service de "récréation et tourisme" a été retenu. Ceci s’explique par le
fait que ce service est capable de révéler la valeur économique de la quasi-totalité des services
culturels.
Après cette exposition sur le delta de l’Ouémé et son potentiel économique, il est à présent
important de chercher à savoir l’usage économique réel qui est fait de cet écosystème naturel, aussi
bien par les populations locales que par l’Etat béninois.
Elle s’appuie sur les données provenant de l’Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des
ménages (EMICoV) réalisée en 2015 au Bénin par l’Institut National de Statistiques et d’Analyse
Economique (INSAE). Les informations collectées au cours de cette enquête réalisée périodiquement
sont représentatives au niveau national, au niveau du milieu de résidence (urbain et rural), au niveau
des douze départements et au niveau des soixante-dix-sept communes du pays. L’enquête a couvert
auprès de 21402 ménages sur toute l’étendue du territoire dont 10534 en milieu urbain, soit une
proportion de 49,2%.
73.5406
60
percent
40
26.4594
20
0
La proportion de ménages dirigés par des femmes est plus importante en milieu urbain que dans les
zones rurales du delta de l’Ouémé (Figure 6.2). Cette différence peut trouver sa source dans les
paramètres sociologiques du Bénin. Sur le plan sociologique en effet, les femmes chef de ménages ne
sont pas facilement acceptées par la société, en particulier dans les milieux ruraux.
25.5203
20
18.2614
10
8.19797
0
Urbain rural
Féminin Masculin
Par ailleurs, plus le niveau d’éducation de la zone est élevé, plus on y rencontre des femmes qui
dirigent un ménage. C’est le cas des localités comme Cotonou, Porto-Novo et Abomey-Calavi (Figure
6.3).
L’analyse de l’âge selon le sexe et la commune de résidence révèle que les femmes cheffes de ménage
sont en moyenne plus âgées que les hommes dans les 22 communes que comporte le delta de
l’Ouémé (Figure 6.4).
Cette tendance peut s’expliquer entre autres par le fait que l’espérance de vie à la naissance des
hommes au Bénin est en général plus faible que celle des femmes10. Dans ces conditions, la gestion
des ménages repose désormais globalement sur les femmes devenues cheffes de ménage. Il est
important de noter à ce titre que la gestion des ressources en eau dans le delta intègre la dimension
genre. Il est généralement reconnu que les femmes et les hommes contribuent de manière
différente, et souvent inégale, à la gestion de l’eau et de l’assainissement dans les pays du Sud, aussi
bien au niveau du ménage que de la communauté. Les femmes s’occupent de chercher l’eau
nécessaire pour le ménage. Elles s’assurent que l’approvisionnement est suffisant, s’occupent de la
stocker de manière adéquate dans la maison et sont de facto celles qui gèrent l’eau au sein du
ménage. C’est aussi aux femmes qu’incombe la responsabilité des cultures irriguées et pluviales. En
raison de ces rôles, les femmes ont des connaissances étendues en matière de ressources en eau, y
compris leur qualité et leur fiabilité, leurs restrictions et les méthodes correctes de stockage.
Cependant, les femmes sont marginalisées en ce qui concerne l’accès à l’éducation. Comme le
montre la Figure 6.5, la proportion de femmes cheffes de ménage instruites dans le delta de l’Ouémé
apparaît en dessous de celle des hommes et ce, quel que soit le niveau scolaire. Les hommes chefs de
ménage sans aucune instruction sont toutefois plus nombreux que leurs homologues femmes.
10
L’espérance de vie à la naissance des hommes est estimée à 59 ans contre 62 ans pour les femmes (PAM, 2018).
19.9746
20
16.2817
percent
15
12.132
10
7.85533 7.60152
4.92386
5
3.07107
1.29442 .888325
0
Féminin Masculin
Aucun Primaire
Secondaire1 Secondaire2
Superieur
En outre, lorsqu’on considère le milieu de résidence, il se trouve que les chefs de ménages sans
instruction sont plus nombreux dans les zones rurales que dans les zones urbaines (Figure 6.6). Ce
résultat traduit les problèmes d’accès à l’éducation dans les milieux ruraux au Bénin de manière
générale en raison de l’absence d’infrastructures scolaires en milieu rural. La conséquence en est que,
aux différentes échelles du parcours scolaire, les zones rurales présentent des proportions très faibles
par rapport aux milieux urbains.
21.8401
20.4188
20
18.3376
15
12.3858
percent
10
6.56091
7.56345 7.57614
2.81726
5
1.58629
.913706
0
Par ailleurs, les individus sont en moyenne plus âgés dans les milieux ruraux des communes du delta
de l’Ouémé à l’exception des communes d’Abomey-Calavi, d’Adjarra et d’Adjohoun où les plus âgées
se retrouvent en milieu urbain. La Figure 6.7 montre la pyramide des âges par milieu de résidence
dans le delta.
Suivant la taille moyenne des ménages et le sexe du chef ménage, les ménages du delta de l’Ouémé
dirigés par les hommes ont globalement une taille moyenne plus élevée que les ménages où les
femmes ont le statut de chef ménage (Figure 6.8).
Figure 6.8 : Taille moyenne des ménages selon le sexe du chef ménage et la commune de
résidence
Ainsi, on peut retenir que l’effectif moyen dans les ménages où les activités socio-économiques sont
dirigées par un homme est plus élevé que lorsque le chef de ménage est une femme. Ce résultat
permet de tirer une conclusion non moins importante à savoir : si les charges financières d’un
ménage incombent à une femme, elle se voit dans l’obligation de limiter le nombre d’enfants qu’elle
fera ou le nombre de personnes à supporter.
Figure 6.9 : Taille moyenne des ménages selon la commune et le milieu de résidence
Ce résultat traduit le constat selon lequel la fécondité au Bénin est plus élevée en milieu rural qu’en
milieu urbain. Les tailles des ménages dans les zones rurales ont tendance à s’élargir et confirment les
évidences théoriques selon lesquelles le taux de fécondité croit avec le niveau de pauvreté qui est
généralement plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain.
S’agissant de la pauvreté non monétaire, les résultats montrent qu’à l’instar du Bénin, l’incidence de
la pauvreté non monétaire dans le delta de l’Ouémé est plus élevée en milieu rural qu’en milieu
urbain (Figure 6.11). Cependant l’écart entre les deux milieux tend à se réduire dans le delta de
l’Ouémé. Ces différences observées au niveau de ces deux types de pauvreté confortent l’hypothèse
de multi-dimensionnalité de la pauvreté.
Dès lors, il serait intéressant de s’intéresser au cas des ménages qui cumulent simultanément les
différentes formes de la pauvreté. Les conditions de ces ménages devraient être particulièrement
critiques d’autant plus qu’ils sont affectés de plusieurs façons. Le noyau dur de la pauvreté est, à cet
égard, un indicateur approprié.
Le noyau dur de la pauvreté renvoie à l’ensemble des ménages qui ont à la fois de faibles dépenses de
consommation, des mauvaises conditions de vie et qui sont dépourvus d’actifs. Les résultats de
l’Enquête EMICoV-2015 montrent que le milieu rural concentre une proportion importante des
ménages figurant dans le noyau dur de la pauvreté (Figure 6.12). La proportion des ménages
50
40
40
percent
percent
30
20
20
10
0
0
Urbain rural Urbain rural
Figure 6.10: Incidence de la pauvreté monétaire au Bénin et dans le delta de l’Ouémé selon le
milieu de résidence
40
40
30
percent
percent
20
20
10
0
Figure 6.11 : Incidence de la pauvreté non monétaire au Bénin et dans le delta de l’Ouémé selon
le milieu de résidence
60
55.3254
44.6746
40
percent
20
0
Urbain rural
Figure 6.12 : Noyau dur de la pauvreté dans le delta de l’Ouémé selon le milieu de résidence
20.4142
20
15
14.497
percent
10
9.1716
5.47337
7.84024
4.28994
3.99408
6.36095
3.84615
3.40237
3.5503
2.81065
2.66272
2.07101
1.92308
5
1.77515
1.62722
1.18343
1.18343
.591716
1.0355
.295858
0
an è
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C u
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Ad ja
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Ad y-C
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om
Za
Zo
Ab
Figure 6.13 : Noyau dur de la pauvreté dans le delta de l’Ouémé par commune
6
+0
0e
Moyenne
2.
6
+0
5e
1.
6
+0
0e
1.
00
00
50
0
0
Ak A djoh rra
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C u
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Sè rto uinh
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Ad y-C
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om
Za
Za
Zo
Ab
Ab
Ak
Figure 6.14 : Dépenses des ménages par commune et selon le milieu de résidence
En outre, l’analyse par box plot montre une dispersion des dépenses entre les ménages à l’intérieur
de chaque commune. De nombreux ménages affichent des valeurs extrêmes pour leurs dépenses
dans la plupart des communes aussi bien en milieu urbain que rural (Figure 6.15).
7
+0
0e
2.
7
+0
5e
1.
7
+0
0e
1.
6
+0
0e
5.
kp A joh rra
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A
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A y-C
A
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o
m
Za
Zo
bo
A
Urbain Rural
Figure 6.15 : Box des dépenses des ménages dans le delta de l’Ouémé
L’analyse de la structure des dépenses des ménages permet de relever des variations importantes
dans les différentes catégories de dépenses. La structure des dépenses présentée ici distingue les
dépenses en santé, les dépenses de logement, eau et électricité, les dépenses d’habillement, les
dépenses de transport et les dépenses d’alimentation (Figure 6.16).
200000 400000 600000 800000
Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural
Atlantique Littoral Ouémé Plateau Zou
Santé Education
Logement, Eau, Electricité... Habillement
Transport Alimentation
Figure 6.16 : Structure des dépenses par département et selon le milieu de résidence dans le
delta de l’Ouémé
Les dépenses de santé permettent d’apprécier la disparité d’état de santé entre les différents groupes
socio-économiques et déterminent la capacité des ménages à faire face aux problèmes de santé. Elles
reflètent les barrières financières à l’accès aux services de santé par les ménages et donc ont des
effets négatifs sur la demande des services de santé et le niveau de vie des ménages (Garg et Karan,
2009 ; Gertler et al., 1987).
L’analyse des dépenses de santé des ménages montre que dans la plupart des communes du delta de
l’Ouémé, les dépenses de santé sont en moyenne plus élevées en milieu urbain qu’en milieu rural
(Figure 6.17). La tendance est cependant inversée dans quelques communes à savoir Adjohoun,
Allada, Dangbo, Ouidah et Zè.
Ak A djo rra
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Po O ah
C u
Bo ou
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Ad èrè
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pr g ho
A ja
ui
Ad y-C
gb
e
om
Za
Zo
Ab
Urbain rural
Les inégalités observées précédemment dans la répartition des dépenses dans les ménages peuvent
être en partie imputées aux problèmes d’accès à certains services de base tels que l’électricité et
l’eau.
L’électricité représente par exemple une ressource indispensable pour le bon fonctionnement de tout
système ou organisation. L’énergie a un impact positif indéniable sur le bien-être des populations et
sa maîtrise offre un cadre favorable à la création de richesse. Mais force est de constater que 1
ménage sur 4 n’a pas accès à l’électricité en milieu rural dans le delta de l’Ouémé contre 1 ménage
sur 5 en milieu urbain (Figure 6.18). Dans l’ensemble, près de la moitié des ménages ne disposent pas
La situation énergétique du Bénin se caractérise en effet par une prédominance de la biomasse (bois
de feu, charbon de bois et déchets végétaux) (59,4%) et des produits pétroliers (38,4%) dans le
bouquet global. L’énergie électrique ne représente que 2,2% du mix. La demande actuelle du Bénin
en électricité se situe entre 200 et 250 MW. Cependant, la Société Béninoise d'Energie Electrique
(SBEE) ne fournit qu’environ 101 MW après déduction des pertes sur réseau ; soit un déficit de 99
MW si l’on considère la demande de 200 MW. La quasi-totalité de l'énergie électrique offerte dans le
pays est en grande partie satisfaite par les approvisionnements externes. 98% de l'énergie distribuée
par la SBEE en 2014 par exemple provient de l’extérieur (INSAE, 2015).
Tout comme l’électricité, l’eau est perçue comme une denrée précieuse qui conditionne et motive les
interactions humaines. Le constat actuel est que les ménages ruraux sont encore loin d'être
entièrement approvisionnés en eau potable. Seulement 23% des ménages en zone rurale ont accès à
l’eau améliorée (Figure 6.19). Si la situation s’améliore au niveau de la population urbaine, il demeure
toutefois que même la proportion des ménages ayant accès à l’eau améliorée dépasse à peine la
barre des 50%.
La situation dans les municipalités de Cotonou et de Porto-Novo montre une inégalité particulière. En
effet, la part des ménages ayant accès à une eau améliorée dépasse de loin celle des ménages qui en
sont privés (Figure 6.20). En revanche, dans les autres communes qui composent le delta de l’Ouémé,
la proportion des ménages privés d’accès à l’eau améliorée est presque aussi importante que celle
des ménages qui y ont accès.
25
20
percent
15
10
5 0
kp A joh ra
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A lla
Za n a
A dja
u
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or u
p
ui
A y-C
gb
e
m
Za
Zo
bo
A
L'approvisionnement en eau potable reste donc un défi dans le delta de l’Ouémé. De plus, les moyens
disponibles et dont se servent les populations rurales et urbaines sont limités et n'assurent plus
pleinement leurs fonctions. Parmi les ménages qui utilisent de l’eau améliorée comme non améliorée,
une faible proportion déclare recourir à des pratiques spécifiques en vue de la rendre potable (Figure
6.21).
80
73.033
60
percent
40
20
18.1345
2.99492 3.89594
.35533 .126904 1.25635 .203046
0
Cette étude a pour objectif d’explorer le potentiel économique du delta de l’Ouémé et d’identifier, au
vu de l’usage qui en est fait, des opportunités encore disponibles et des menaces qui pèsent sur le
delta, les options économiques possibles à faire par le Bénin pour le valoriser, afin que le pays puisse
pleinement profiter, au plan économique, de cette ressource naturelle tout en la préservant.
Ce rapport qui porte sur le diagnostic économique et socio-économique par rapport à la GIRE, du
Bénin en général et du delta de l’Ouémé en particulier, répond à quatre principaux objectifs. Il s’est
agi : (i) de mettre en évidence le rôle de l’économie et de la sociologie dans la planification delta ; (ii)
de présenter les caractéristiques socioéconomiques du Bénin avec un accent particulier sur le delta
de l’Ouémé et la zone côtière ; (iii) d’analyser l’évolution des tendances macroéconomiques du Bénin
et (iv) de présenter les caractéristiques socioéconomiques et démographiques du delta et la zone
côtière.
[2] BTI (2016). “Benin Country Report.” Gütersloh: Bertelsmann Stiftung, Transformation Index
2016.
[4] FAO (2016). Site web AQUASTAT. Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture. Site consulté le 02 juillet 2018. Adresse :
http://www.fao.org/nr/water/aquastat/countries_regions/BEN/indexfra.stm
[6] PNUD (2016). “Human Development Report 2016: Human Development for Everyone”,
Washington DC, USA, 288p.
Poids démographique
Division administrative Hommes Femmes Total Par rapport au Par rapport au
delta Bénin
Abomey-Calavi 323 574 332 784 656 358 18,44% 6,56%
Allada 62 148 65 364 127 512 3,58% 1,27%
Ouidah 78 596 83 438 162 034 4,55% 1,62%
Sô-Ava 60 020 58 527 118 547 3,33% 1,18%
Toffo 49 068 52 517 101 585 2,85% 1,01%
Zè 51 704 55 209 106 913 3,00% 1,07%
Cotonou 325 872 353 140 679 012 19,07% 6,78%
Adjarra 47 415 50 009 97 424 2,74% 0,97%
Adjohoun 36 385 38 938 75 323 2,12% 0,75%
Aguégués 22 198 22 364 44 562 1,25% 0,45%
Akpro-Missérété 62 267 64 982 127 249 3,57% 1,27%
Avrankou 62 298 65 752 128 050 3,60% 1,28%
Bonou 21 360 22 989 44 349 1,25% 0,44%
Dangbo 47 281 49 145 96 426 2,71% 0,96%
Porto-Novo 126 016 138 304 264 320 7,42% 2,64%
Sèmè-Kpodji 109 594 113 107 222 701 6,26% 2,23%
Adja-Ouèrè 56 856 59 426 116 282 3,27% 1,16%
Covè 24 508 26 739 51 247 1,44% 0,51%
Ouinhi 28 969 30 412 59 381 1,67% 0,59%
Zagnanado 26 817 28 244 55 061 1,55% 0,55%
Za-Kpota 61 945 70 873 132 818 3,73% 1,33%
Zogbodomey 45 273 47 662 92 935 2,61% 0,93%
Delta de l’Ouémé 1 730 164 1 829 925 3 560 089 100% 35,57%
Bénin 4 887 820 5 120 929 10 008 749 100%
Source : RGPH4, INSAE 2013
Commune Effectif
Abomey-Calavi 736
Adja-Ouèrè 263
Adjarra 277
Adjohoun 165
Aguégués 161
Akpro-Missérété 312
Allada 165
Avrankou 385
Bonou 138
Cotonou 1964
Covè 168
Dangbo 288
Ouidah 212
Ouinhi 168
Porto-Novo 777
Sèmè-Kpodji 576
Sô-Ava 144
Toffo 120
Zangnanado 168
Za-Kpota 312
Zè 142
Zogbodomey 239
Total 7880
Source : EMICoV, 2015